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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Février 2018, n°40 [ Culture/Médias « Le droit algérien, quoi de neuf ?» Mémoire Société Economie En Algérie, il y a une crise de stratégie Arezki Benali Génération Bouteflika Marwane Ben Yahmed 2017, L’ANNÉE DE L’AFFIRMATION YENNAYER : entre politique, fête populaire et tradition inventée Yassine Temlali R . C

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Février 2018, n°40

[

Culture/Médias

« Le droit algérien, quoi de neuf ?»

Mémoire

Société

EconomieEn Algérie, il y a une crise de stratégie

Arezki Benali

Génération BouteflikaMarwane Ben Yahmed

2017, L’ANNÉE DE L’AFFIRMATION

YENNAYER : entre politique, fête populaire et tradition inventéeYassine Temlali

R . C

Page 2: DOSSIER Dossier - ovh.net

Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Idir : «Je ferai une sorte de tournée d’adieu en Algérie»,Hamid

Arab,P.13

Il a été diffusé par le ministère de l’intérieur : le premiercommuniqué en Tamazight !,Amel Benabi,P13

La neige recouvre les dunes de sables à Ain Sefra,Amir Hani,P13

Culture/Médias

2017, L’ANNÉE DE L’AFFIRMATION, R . C ,p.14

APPELÉ À FIGURER AU PATRIMOINE IMMATÉRIEL DEL’HUMANITÉ Le raï est à l’étude à l’Unesco,Salim BENALIA,p.15

Mémoire

YENNAYER : entre politique, fête populaire et tradition in-ventée, Yassine Temlali,p16

PLACE DES MARTYRS : Les chantiers de la station de métroet du musée souterrain se dévoilent en photos,p17

Bibliographie

Dossier

« Le droit algérien, quoi de neuf ?»

Le projet de loi relative aux compétences du conseil d'Etat, SalimaEttouahria, p.4

Apn ; compétences du Conseil d'Etat, p.5

Recrutement dans la fonction publique, Ismain, p.5

Les nouvelles dispositions sur les Sociétés à responsabilité limitée,p.6

Tribunal criminel ce qui va changer,Nissa Hammadi, P.7

Santé, ce qui va changer, Abdou Semmar, p.8

[email protected]

N° 40, Février 2018

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NRP, Février 2018, n°40

Economie

En Algérie, il y a une crise de stratégie, Arezki Benali,p.9

L'Algérie l'économie à la recherche d'équilibre,Farid Alilat, p.10

Société

Génération Bouteflika, Marwane Ben Yahmed,p.11-12

Yennayer / L’ambassadeur des États-Unis exprime ses vœux endehors des canaux officiels,P.13

le CDES a le plaisir de vous informer de la parution du N° 3 de la NRP en Arabe

Page 3: DOSSIER Dossier - ovh.net

Editorial

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NRP, Février 2018, n°40

Nasrou OUENZAR

Depuis 1999, le législateur algérien a définiune révision complète du système législatif national et une vaste activité visantà réformer le système législatif et à promouvoir les éléments d’une justiceindépendante et particulièrement forte. L’activité du Parlement définit laprotection des droits et libertés, l’instauration de l’Etat de droit, la promotionde la justice et des libertés fondamentales. En plus, il s’agit de moderniser lesecteur de la justice en utilisant les derniers médias, la communication et latechnologie moderneL’amélioration de la qualité du service public semble faire tache d’huile dansplusieurs secteurs dont la justice, l’administration et la santé.Le projet de loi sur la modernisation de la Justice débattue par les députés del’Assemblée Populaire Nationale permettra «principalement» de faciliter l’actionjudiciaire ainsi que les services offerts au citoyen. Il améliore les prestations duservice public des instances judiciaires, en étendant les compétences desjuridictions en matière d’actes et l’utilisation des moyens électroniques commele procès à distance.La réforme de la politique punitive dans le pays repose désormais sur dessanctions alternatives, pas seulement sur la dissuasion, comme le remplacementde la prison par le bracelet électronique. Cette politique vise à renforcer laprotection de la présomption d’innocence et les droits des victimes,¡surtout aprèsla mise à jour du Code de procédure pénale et les changements qui ont eu lieuau tribunal criminel. Il fera l’objet d’une réforme dans sa composition et sonfonctionnement. Il est procédé à l’installation d’un tribunal d’appel au niveaude chaque cour et à¡l’augmentation du nombre des assesseurs jurés et àl’annulation de la prise de corps.D’un autre coté¡le secteur de lasanté a eu d’autresréformes ¡en vue de mettreles établissements hospitaliers et les différentes structures de santé sur la voiede la modernisation par exemple avecl’introductiond’unmédecin de référence,ce qui est connu sous l’appellation de médecin de la famille et la possibilité quiest désormais offerte pour es soins à domicile.

Au cours des dernières années, le législateur algérien a promulgué un grandnombre de lois, dont la plupart ont été ratifiées par le Parlement, mais le plusimportant, c’est l’application correcte des lois et pas seulementde l’encre surle papier.

« Le droit algérien, quoi de neuf ? »

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NRP, Février 2018, n°40

DOSSIER

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Le projet de loi relative aux compétences du Conseil d’Etat

au Conseil de la Nation : Protection des droits et des libertésLe ministre de la Justice, garde desSceaux, M. Tayeb Louh, a présenté, hier,deux projets de loi devant les membresdu Conseil de la nation, lors d’une séanceplénière présidée par M. AbdelkaderBensalah, en présence du ministre desrelations avec le Parlement, M. TaharKhaoua.

Il s’agit du projet de loi organiquemodifiant et complétant la loi organiquen° 01-98 relative aux compétences, àl’organisation et au fonctionnement duConseil d’État, et du projet de loicomplétant l’ordonnance n° 05-04 quicomprend la loi sur l’organisation desprisons et la réinsertion sociale desdétenus.

Lors de sa présentation du projet de loiorganique relative aux compétences, àl’organisation et au fonctionnement duConseil d’État, adopté par l’Assembléepopulaire nationale (APN) en décembredernier, le ministre de la Justice a affirméque la révision permettra de consacrerles dispositions prévues dans laConstitution révisée, notammentl’article 142 qui permet au Conseil d’Étatd’émettre un avis sur les projetsd’ordonnances promulgués par lePrésident de la République durant lesvacances parlementaires. Parmi lesamendements introduits, le texteprévoit qu’en cas de vacance de l’APNou durant les vacances parlementaires,le Président de la République peut,concernant des questions urgentes,légiférer par ordonnance, après avis duConseil d’État. La révision a égalementmaintenu les réformes engagées dans lesystème judiciaire depuis l’adoption dela dualité juridictionnelle dans la Constitution de 1996. Créé officiellementle 17 juin 1998, le Conseil d’État est laplus haute instance dans le systèmejudiciaire administratif. Outre safonction juridique définie par la loi 98-01, le Conseil d’État a un rôle consultatifet jouit de nombreuses prérogatives. Ildonne, à ce titre, son avis sur les projetsde loi qui lui sont soumis, avant leurprésentation au Conseil des ministres.Cette instance contribue à la protectiondes droits et des libertés, en veillant à laconformité des textes avec la législationnationale, en tenant compte des traitéset accords internationaux ratifiés parl’Algérie. Le Conseil d’État est composédu président du Conseil d’État, du vice-président, du commissaire d’État, desprésidents de chambres et d’au moins5 conseillers d’État désignés par lePrésident de la République et unprésident de section jouissant desmêmes prérogatives que le président dechambre.

La réinsertion sociale et la réductions desfrais, objectifs majeurs de la nouvelle loi

Le ministre a ensuite présenté, devantles membres du Conseil de la nation, ledeuxième projet de loi portantorganisation pénitentiaire et réinsertionsociale des détenus. Le texte consacrele système de mise sous surveillanceélectronique, intégré dans le systèmejudiciaire en 2015 comme alternative à ladétention provisoire, à travers le portpar le détenu du bracelet électroniquequi permet de le localiser dans le lieu fixédans la décision du juge d’application despeines. Le projet de loi a pour objectif laréinsertion sociale du bénéficiaire en luipermettant de purger sa peine ou lapeine restante à l’extérieur del’établissement pénitentiaire et, partant,de limiter les cas de récidive. Il viseégalement, selon M. Louh, à réduire lesdépenses de prise en charge des détenusdans les établissements pénitentiaires età pallier le problème de surcharge.Cette disposition de la loi permettra deréduire de moitié les frais de prise encharge des détenus qui grèvent le Trésorpublic, a précisé M. Louh. Outre lesconditions permettant de bénéficier decette mesure, le projet de loi adopté parl’APN en décembre 2017 explique lesméthodes de mise sous surveillanceélectronique ainsi que les mécanismesde suivi et de contrôle de sa mise enapplication. Il renseigne aussi sur sesméthodes d’annulation et lesconséquences du non respect de cettesurveillance. Le texte dispose en outreque le placement sous surveillanceélectronique «intervient sur décision dujuge d’application des peines, d’office ousur demande du condamnépersonnellement ou par le biais de sonavocat, en cas de condamnation à unepeine privative de liberté ne dépassantpas 3 ans, ou lorsqu’il reste au condamnéà purger une peine privative de libertén’excédant pas cette durée». Leplacement sous contrôle électroniquene peut être prononcé qu’avecl’approbation du détenu ou de sonreprésentant légal s’il est mineur. Il intervient uniquement sur desjugements définitifs au profit de détenusayant élu un domicile f ixe et à lacondition que le port du bracelet neporte pas atteinte à sa santé et que leconcerné ait réglé le montant desamendes auxquelles il a été condamné.La mesure prend également en compte,lors de l’établissement des horaires etlieux contenus dans la décision du juge,l’exercice par le détenu d’une activitéprofessionnelle, le suivi d’un parcoursscolaire ou de formation, d’un traitementmédical ou d’un stage. Le suivi et lecontrôle de cette mesure, supervisée parun juge d’application des peines sont

confiés aux services externes del’administration pénitentiairechargés de la réinsertion socialedes détenus, lesquels servicesdoivent informer immédiatementle juge en cas de non-respect deshoraires relatifs au placement souscontrôle judiciaire et luitransmettre des rapportspériodiques à cet effet. Le jugepeut révoquer la décision deplacement sous surveillanceélectronique, «en casd’inobservation par le condamnéde ses obligations, en cas denouvelle condamnation ou à lademande du condamné».

Les membres du Conseil saluentles dispositions des deux lois

Les deux projets de loi ont suscitéun grand intérêt de la part desmembres du Conseil de la nationqui, en général, ont exprimé leursatisfaction quant à cette initiative,en saluant l’ensemble desdisposions prévues par le nouveauprojet de loi. MoulekhlouaAbdelkader, du RND, a estimé quele projet de loi relative auxfonctions du Conseil d’Étatcomprend plusieurs points positifs,mais également des point négatifs,tels que la désignation desmembres de la commissionconsultative par le président duConseil, et la non-définition desdélais, d’autant plus qu’il s’agit deprojet de loi à caractère urgent.Son collègue du FLN, AbdelkaderMazouz, a quant lui salué lesdispositions du même projet,même s’il relève quelqueremarque à ce propos. Quant audeuxième projet, relatif àl’organisation des prisons et laréinsertion sociale des détenus, lemême membre du Conseil de lanation a estimé qu’il vientconsolider les libertés et renforcerles peines alternatives. Il a relevétoutefois que le dit projet nedéfinit pas les crimes qui entredans le cadre de l’application de lamise sous surveillanceélectronique. AbdelwahabBenzaïm a salué, pour sa part, lefait que toutes les lois adoptéessoient appliquées au niveau destribunaux...

19 Juin 2017

Salima Ettouahria

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NRP, Février 2018, n°40

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APN: présentation des projets de loi relatifs aux compétences duConseil d’Etat, à la Poste et les TIC

ALGER- L’Assemblée populaire nationale (APN)reprendra dimanche ses travaux, en séances plénièresconsacrées à la présentation et au débat du projet de loiorganique relatif aux compétences du Conseil d’Etat (CE)et du projet de loi fixant les règles générales relatives àla Poste et les Technologies de l’information et de lacommunication (TIC), a indiqué, mardi, un communiquéde l’APN.

Selon la même source, Il a étédécidé «lors de la réunion dubureau de l’APN, présidée parM. Said Bouhadja, de la reprisedes séances plénières à partir dedimanche, 10 décembre, avec laprésentation du projet de loiorganique modif iant etcomplétant la Loi organique n 01-98 relative aux compétences, àl’organisation et aufonctionnement du Conseild’Etat. La 2e séance qui aura lieu lundi sera consacrée audébat du projet de loi fixant les règles générales relativesà la poste et au TIC.

Le projet de loi relatif aux compétences du Conseild’Etat, son organisation et son fonctionnement seraprésenté pour adoption, le lundi 18 décembre, et ce,après la tenue de la séance consacrée aux questionsorales qui auront lieu jeudi, 14 décembre.

En outre, et après adoption des deux procès-verbauxdes précédentes réunions, un nouveau projet de loi

f ixant les règles en matière de formationprofessionnelle, a été soumis à la Commission del’Education, de l’Enseignement supérieur, de larecherche scientif ique et des affaires religieuses.

L’ordre du jour contient également l’examen de laproposition d’une loi relative au règlement foncier

et à la conformité desconstructions. Le bureaucompte demander auxauteurs de la reformuler entenant compte du fond etde la forme et en se basantsur la nouvelleconstitution, sachant qu’ilexiste une autre loi envigueur traitant du mêmesujet.

Par ailleurs, le bureau aexaminé 13 questions

écrites et 10 orales et décidé de les soumettre augouvernement.

Le bureau a également examiné une requêteintroduite par la commission de l’Agriculture, de lapêche et de la protection de l’environnement poureffectuer des missions sur le terrain.

06 Décembre 2017

LE RECRUTEMENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE :

Le casier judiciaire n’est plus exigéLe ministre de la Justice Tayeb Louha fait savoir que les candidats auxdifférents concours de recrutementdans la fonction publique ne serontplus contraints de fournir un casierjudiciaire dans leur dossier. Lamesure a été ficelée dans un projetde loi que le gouvernement a validérécemment.

Présentant de façon sommaire lecontenu de ce projet de loi dont lamouture va être présentée à l’APNincessamment, M. Louh a faitsavoir que des exceptions sontcependant à observer. « On nepeut embaucher dans une crècheune personne qui a étécondamnée pour un crime sexuelcomme on ne peut embaucher uncomptable qui a été jugé pour undétournement », a-t-il expliquéajoutant qu’à part dans des cas bienprécis, le casier judiciaire neconstituera plus une entrave dans leprocessus de recrutement.Cependant, « Le casier judiciaire nepeut nullement constituer une

contrainte pour les embauches quece soit dans le service public ou chezle privé », a indiqué le ministre de laJustice. Par ailleurs, Tayeb Louh a

appelé, jeudi à Alger, à «s’éloignerdes slogans politiciens qui critiquentla performance de la justice»,soulignant que les réformes opéréesdans le secteur «sont profondes et 5 Janvier 2018

Ismain

ciblées». Dans une déclarationà la presse en marge d’uneséance plénière au conseil de

la Nation consacrée auxquestions orales, le ministrea indiqué que «les sloganspoliticiens qui critiquent laperformance de la justicen’ont pas d’impact surl’orientation des réformes»,appelant la famillemédiatique à «accompagnerles réformes profondes dansle secteur de la Justiceexécutées sous lasupervision directe duprésident de la Républiquequi a souligné la nécessité degarantir les l ibertés, derespecter la dignité ducitoyen et de rétablir laconf iance en l’institutionjudiciaire».

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NRP, Février 2018, n°40

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Les nouvelles dispositions sur les Sociétés à responsabilité limitée

Ce texte, qui amende trois articlesdu code de commerce et y introduitdeux autres, prévoit de nouvellesdispositions relatives aux Sarl en vued’encourager la créationd’entreprises et de contribuer à lalutte contre l’économie informelle.Ilprévoit notamment la suppressionde l’exigence d’un capital minimumpour la création d’une Sarl,l’extension des apports de la sociétéaux apports en industrie, laprotection des associés etl’augmentation du nombre de cesderniers. Ainsi, l’article 566 du codede commerce est modif ié etcomplété pour stipuler que «lecapital minimum pour la création dela Sarl est f ixé librement par lesassociés dans les statuts de lasociété.

Le capital social doit êtrementionné dans tous lesdocuments de la société». Ce texte consacre ainsi lanon limitation préalable ducapital minimum, puisqueles associés pourrontdéterminer, eux-mêmes etlibrement, le minimum ducapital social. Concernantles apports pour une Sarl,deux articles (567 bis et 567bis1) sont introduits dans lecode de commerce:«L’apport en Société àresponsabilité limitée peutêtre en industrie.

L’évaluation de sa valeur etla fixation de la part qu’il génère dansles bénéfices sont f ixées dans lesstatuts de la société. Cet apportn’entre pas dans la composition ducapital de la société» (567 bis). «Si lasociété n’est pas constituée dans undélai de 6 mois à compter du dépôtdes fonds, tout associé peutdemander au notaire la restitution dumontant de son apport» (567 bis1).Concernant le nombre des associés,l’article 590 y afférent a aussi étémodifié dans le sens où «le nombredes associés d’une Sarl ne peut êtresupérieur à cinquante (50)», sachantque le nombre maximal des associésd’une Sarl était f ixé, auparavant, à20 personnes. A rappeler que pourla suppression de l’exigence d’un

capital minimum pour la créationd’une Sarl, les concepteurs de la loiont expliqué que cela s’inscrivaitdans le cadre de l’encouragementde la création des PME.

Cette exigence n’est plus justifiéepuisque les apports effectués pourconstituer le capital peuvent êtrelibrement utilisés et entièrementdépensés ou investis juste après laconstitution, et les pertes peuventatteindre même le capital social,expliquent les auteurs de cenouveau texte. En réalité, seloneux, la valeur de la société estévaluée à travers sa capacitéd’investir et non du montant de soncapital social, et les associés peuventrecourir à d’autres moyens definancement, notamment les crédits

bancaires. Par ailleurs, le montant ducapital minimum de la Sarl, qui étaitfixé à 100.000 DA, est insignif iant etne peut constituer une garantie pourles créanciers Quant àl’augmentation du nombre desassociés à 50 associés (contre 20auparavant), le législateur l’expliqueque c’est pour éviter latransformation de la Sarl en unesociété par actions, et permettreainsi aux associés de continuer àexercer leur activité en la forme dela Sarl dans le cas où le nombred’associés venait à connaître uneaugmentation supérieure au seuillégal existant. En effet, notent lesconcepteurs de cette nouvelle loi, laSarl est souvent qualifiée de PME à

vocation familiale dont les partssociales sont l ibrementtransmissibles entreascendants et descendants. Dés lors, le nombre d’associéspeut connaître uneaugmentation supérieure auseuil maximum d’associés.

Or, leur imposer detransformer leur société en uneautre forme de société risquede s’opposer à leur volonté decontinuer à exercer leuractivité en la forme de Sarl. Enfait, cette loi vise aussi à faciliteret à encourager la créationd’entreprises sous forme depersonnes morales, et ce,notamment pour les Sarl dontle nombre est encore

insuffisant en Algériemême si c’est la formede sociétés la plusrépandue dans lepays. En outre, le grosdu tissu économiqueprivé national estconstitué à hauteur deplus 90% de personnesphysiques, alors queles pouvoirs publicsveulent renverser latendance et privilégierla création, le pluspossible, de sociétés. A f in 2014, le tissuéconomique nationalétait composé de 1,7million d’opérateurséconomiques inscrits

au registre du commerce dont157.122 seulementreprésentant des personnesmorales, soit moins de 10% dunombre global des inscriptions.

Le nombre de Sarl était à134.301 à fin 2014, soit 85% dunombre global des sociétésinscrites au registre ducommerce.

Les nouvelles dispositions sur les Sociétés à responsabilité limitée (Sarl), contenues dans l’ordonnanceportant code de commerce modifiée et complétée, ont été publiées dans le journal officiel no 71.

03 Février 2016

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NRP, Février 2018, n°40

DOSSIER

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Tribunal criminel : ce qui va changerDans le cadredes amendements introduits au codede procédure pénale, le tribunal criminelfera l’objet d’une réforme dans sacomposition et son fonctionnement.Des spécialistes nousdécryptent l’impact de ces changementsdans la pratique judiciaire et sur lesjusticiables. Le ministère del a J u s t i c e c o m p t e p r o c é d e r àl’installation d’un tribunal d’appel auniveau de chaque cour, l’augmentationdu nombre des assesseurs jurés etl’annulation de la prise de corps. Cesnouveaux mécanismes aurontune répercussion conséquente surl’examen et le traitement des affairescriminelles. Me Mebarki Ali, professeurà la faculté de droit de Tizi

Ouzou, explique : »Dans l’actuel codede procédure pénale et dans la pratique,on ne dispose que d’un seul degré dejuridiction. C’est-à-dire qu’une décisionrendue par le tribunal criminel n’est passusceptible d’appel. On peut seulementrecourir au pourvoi encassation auprès de la Cour suprême.Celle-ci ne tranche pas sur les faits maisuniquement sur le droit et la procédure.Alors que l’instance d’appel a le droitde revoir l’affaire et la rejuger à nouveau.On va ainsi se conformer au droituniversel qui stipule que tout accusé a ledroit d’être jugé à deux degrés. Si lapremière instance se trompe,la deuxième rattrape l’erreur.»Ce principe est déjà appliqué pour lesaffaires civiles et celles relevant dela correctionnelle, mais jusqu’à présent,pas pour les dossiers relevant de lacriminelle. «C’est une réformeattendue et

r é c l a m é e d e p u i s l o n g t e m p s » ,commente Me Mebarki. Le juge d’appelest tenu de rejuger, en fait et en droit,la décision qui lui est dévolue. Il peutinfirmer la décision, partiellement oucomplètement, ou la confirmer. Lacomposante du tribunal criminel subiraaussi unchangement substantiel. Actuellement,le tribunal criminel siège sous laprésidence d’un juge aidé par deuxmagistrats conseillers et deux membresde jury choisis, selon untableau préétabli, parmi lasociété civile.«La nouvelle composantedu tribunal criminel sera comme suit :trois magistrats qui sont les deuxconseillers et le président du tribunal. Onpasse aussi de deux membres du jury à

quatre. Théoriquement, le verdict estissu d’un vote. Donc, si les quatremembres du jury votent pour la relaxe,l’accusé sera libre. Mais je ne suis pas sûrque cela sera le cas.» La cour et lejury vont-ils réellement délibérerensemble sur la culpabilité et sur lapeine, sans que lesmagistrats disposent dans la pratique devoix prépondérantes ?Me Mebarki préjuge que le législateur apensé à un mécanisme pour que les voixdes quatre jurés ne surclassent pas cellesdes magistrats. «Je n’ai pas luintégralement ce projet de loi, car leParlement ne publie malheureusement plus le contenu des textes de loien examen à son niveau, mais jepense qu’il contient une disposition quidonne la suprématie à la composante desjuges par rapport aux quatremembres du jury.» La

trois ième réforme touchantle tribunal criminel consiste enl’annulation de l’ordonnancede prise de corps en application duprincipe dela présomption d’innocence et sonremplacement par l’obligationpour le prévenu poursuivi pourcrime, qui n’a pas été mis sousmandat de dépôt pendantl’instruction, de comparaître libre.«On sera alors devantdeux situations possibles : si leprévenu a fait l’objet d’un mandatde dépôt durant l’instruction, il seprésentera devantle tribunal criminel en tant quedétenu. Sinon, il se présentera libreaprès avoir répondu à uneconvocation. Si durant l’audience,il n’a pas été mis sous mandat dedépôt, il restera libre jusqu’àl’épuisement de toutes les voiesd’appel», précise Me Mebarki. Leprésident de la Ligue algériennede défense des droits de l’Homme,Noureddine Benissad, rappelle que« p o u r l e s a f f a i r e sde droit commun, il existe undeuxième degré de juridiction.Mais pour les affaires plusgraves dont les peinesrequises peuvent aller jusqu’àla condamnation à mort, il n’y apas pour l’instant de recourspossible. Dans ce domaine, onest vraiment en retard. Notrelégislation devrait rapidement se c o n f o r m e r a u xconventions internationales signées».Il se souvient qu’avant, »lesjurés étaient numériquement pluspuissants que les magistrats professionnels. Avec la miseen place des tribunaux spéciaux dutemps du terrorisme, on a réduitle nombre des jurés pour fairedavantage conf iance auxmagistrats professionnels. Depuis,les choses ont été laissées en l’état.Dans certains pays, letribunal criminel estcomposé d’une vingtainede jurés, et au Japon d’unetrentaine. La philosophie de lajustice est qu’elle est rendue aunom du peuple. Donc, il estnormal que le nombre desjurés soit important. Surtout quele tribunal criminel se base surl’intime conviction»…

15 Février 2017

Nissa Hammadi

Page 8: DOSSIER Dossier - ovh.net

NRP, Février 2018, n°40

DOSSIER

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Une nouvelle loi est en préparation :ce qui va bientôt changer en matière de Santé en Algérie

Avant même sa présentation devantles députés de l’Assembléepopulaire nationale, la

nouvelle loi sanitaire suscite de lacontroverse. Actuellement àl’étude au niveau de la commissionde la santé, des affaires sociales, dutravail et de la formationprofessionnelle de l’Assembléepopulaire nationale (APN), le projetde loi ne fait toujours pasl’unanimité parmi lesprofessionnels du secteur.

A commencer par les responsablesde certaines caisses de sécuritésociale et de catégoriesprofessionnelles. Cela sans parler desmédecins qui sont les premiers àmonter au créneau pour dénoncerqui un manque de concertation, quides ratés.

Ainsi, selon les rares informations quinous proviennent des débats au seinde la commission parlementaire dela santé, des affaires sociales, dutravail et de la formationprofessionnelle, le président del’Ordre national des médecins,Mohamed Bekkat-Berkani est celuiqui a le plus soulevé de remarquessur le projet de loi. A commencer parle fait d’imposer l’inscription à l’Ordreaux seuls médecins exerçant dans lesecteur privé. Les praticiensexerçant dans les milieux hospitaliersne sont pas soumis aux mêmesexigences. Ce qui a fait dire aureprésentant des médecins qu’il faut« supprimer cette obligation », à

partir du moment où elle met enopposition deux corps de santé.

Des nouveautés…

Les critiques n’émanent pas que dessyndicats et professionnels. Mêmedes représentants dugouvernement, à commencer parcelui du le directeur de la préventiondu handicap au ministère de laSolidarité nationale, de la Famille etde la Condition de la Femme. Il asouligné l’importance de «clarifier lapartie habilitée à prononcerl’inf irmité d’une personnehandicapée exerçant dans ledomaine médical, de même que soitmentionnée la conformité du travailde la concernée avec la nature decelui-ci», tout en proposant desubstituer le vocable d’«incapable»dans le projet de loi par un autre, enraison de sa «connotationpéjorative».

Sur le plan pratique, la nouvelle loisanitaire, qui devra remplacer cellequi a été élaborée en 1985, se veutun cadre réglementaire pour lesecteur privé. Ce dernier deviendracomplémentaire du secteur public,prédominant jusque-là.

Le projet précise égalementl’instauration d’un médecin deréférence, ou ce qui est connu sousl’appellation de « médecin defamille ». Le ministre de la Santé,Mokhtar Hesbellaoui a précisé que le médecin de référence est lemédecin généraliste, pour ne

recourir aux médecinsspécialistes qu’en casd’urgence, et ce, « dans le butd’assurer un bon suivi dudossier du malade dans le caded’un système intégré où lesecret médical est préservé ».

L’autre nouveauté apportéepar cette loi est la possibilitéqui est désormais offerte pourdes soins à domicile. Lenouveau projet de loiréglementera et organisera laprise en charge thérapeutiqueet les soins à domicile, devenus «impératifs», avait ajoutéHasbellaoui, pour maitriser lescouts des soins et garantir laqualité des prestationssanitaires à travers la réductionla durée des hospitalisations eten privilégiant la chaleur dufoyer familial pour les patientsatteints de pathologies lourdeset personnes âgées.

Le texte du gouvernementmet également l’accent sur laprise en charge des maladieschroniques et spécifiques. Ilprivilégie, également, laprévention.

04 Décembre 2017

Abdou Semmar

Page 9: DOSSIER Dossier - ovh.net

NRP, Février 2018, n°40

[ECONOMIE]L’expert Farid Benyahia :

«En Algérie, il y’a une crise de stratégieet un manque d’expertise dans tous les secteurs»

«La politique économiquealgérienne depuis 1962 jusqu’àaujourd’hui, c’est la même, et la loide f inances 2018 est la même queles précédentes», a indiqué cemercredi, M. Farid Benyahia, Experten économie, relationsinternationales et diplomatie etspécialiste des technologiesavancées et développées invité duforum du journal Ech-chaab.

En effet, lors de la conférenceorganisée sur le thème «lecture duprojet de loi de f inances 2018», M.Benyahia a rappelé que «notreéconomie est très dépendante deshydrocarbures. Quand on regarde

nos exportations hors-hydrocarbures, elles ne dépassentpas les 3%, alors, si nous on retire lesrevenus pétroliers, on trouvera quel’algérien ne dépassera pas les 500dollars en matière de PIB parhabitant par année, et l’Algérie seclasserait parmi les pays les pluspauvres au monde».

Selon l’expert, «La crise n’est niéconomique, ni financière mais unecrise de trésor», a-t-il estimé, enajoutant que «le gouvernement n’apas su maintenir les équilibres de sabalance, pour pouvoir construireune base économique». Selon lui,avec les 1000 milliards de dollars quiont fait couler beaucoup d’encre«certes, l’Etat a pu construire

quelques structures de base, mais, iln’a pas construit d’économie réelle».

«Les recettes actuellement sontcelles du pétrole». «L’Etat pourmettre en œuvre, la loi de finances2018, il lui faut de l’argent qu’elletrouve par la vente du pétrole et dugaz, mais, suite à la chute du prix dubaril, l’Etat a fait ce qu’on appelle leglissement de la monnaie (ladépréciation du Dinar)», a-t-il ajoutéen précisant que «cettedépréciation a été faite, dans le butde renflouer les caisses du trésor etmaintenir les équilibres». Pour M.Benyahia, il y a «deux crises en

Algérie», qui consistent selon lui en«une crise de vision et de stratégieet le manque d’expertise dans tousles secteurs», car selon lui «on n’apas pu garder l’excellencescientif ique des années 1970 et1980», en expliquant que «lesétudiants qui sortent des universitésaujourd’hui en termes de quantité,c’est bon, mais, la qualité estinexistante». Dans ce sens, il adéploré le mauvais classement desuniversités algériennes au niveaumondial et régional, et ce malgrél’existence d’une matière grise pasdes moindres, qui ne cherche qu’àtrouver le bon environnement.

Egalement, le conférencier a relève,l’explosion démographique de 800 14 décembre 2017

Arezki Benali

000 naissances par an, qui va pesersur l’Etat, si on n’arrive pas à la gérer.L’économiste a déploré aussi, leclimat des affaires en Algérie, carselon lui, «l’Etat permis à quelques-uns d’investir et pas à d’autres».

Interrogé en marge de la conférencesur le poids du politique surl’économie algérienne, M. Benyahiaa estimé que «notre économie estface à un double problème : unproblème politique qui est la vraiereprésentation des élus ; et que lepolitique ne demande jamais conseil,il travaille seul, à l’exemple du projetde loi de finances réalisé pas une

direction du budget au niveau duministère des finances, alors qu’il y ades experts qu’on pourrait solliciterpour dire ce qu’ils pensent, parrapport à la, politique monétaire, lesf inances, qu’est-ce qu’on doitfaire…etc». «La cause principale,c’est que le politique veut faireparfois de bonnes choses, mais, desfois il se trompe de chemin».

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[ECONOMIE]Algérie : l’économie à la recherche d’équilibre

L’économie algérienne est en pleincrise. Les réserves du pays fondentet la stratégie du gouvernementalgérien est risquée. Il doitabsolument diversif ier sonéconomie af in de retrouverl’équilibre.

Comment sortir du système de rentequi obère l’avenir de l’Algérie ? Il ya urgence à diversif ier l’économietant la crise qui affecte le pays depuisle choc pétrolier de 2014 continue dese faire sentir, et les indicateurséconomiques attendus pour 2018confirment cette vulnérabilité. Quasistratosphérique, la facture desimportations va encore lourdementpeser sur les f inances publiques.L’enveloppe ne doit pas dépasser les30 milliards de dollars (environ 25milliards d’euros) pour 2018, contre41 milliards en 2017, selon lesobjectifs du gouvernement qui ainstauré des mesures restrictives(licences d’importationsnotamment).

C’est que les réserves du paysfondent à un rythme inquiétant pourune économie pratiquement àl’arrêt. Les bailleurs de fondsannoncent que la croissance nedépassera pas 0,8 % en 2018, quandles autorités algériennes tablaientsur 4 %. Et l’embellie du cours dubaril, repassé au-dessus de 50 dollars,ne suff ira pas à rééquilibrer lescomptes. Le déf icit budgétairedevrait se situer autour de 15 milliardsde dollars malgré les 35 milliards derecettes en devises attendues.

Sur le million de PME que comptaitle pays en 2016, 35 000 ontfermé leurs portes

Aucun équilibre n’est espéré avantcinq ans, délai fixé par les pouvoirspublics, notamment en faisanttourner la planche à billets. Avec lerisque de faire repartir une inflationà peine contenue, dont les effets nemanqueraient pas de se faire sentirauprès de la population. Le taux dechômage dépasse toujours 10 % etreste élevé chez les jeunes (27 %) etles femmes (20 %). Sur le million dePME que comptait le pays en 2016,35 000 ont fermé leurs portes.

Programme de réformes

Si les cours du pétrole repartent à labaisse et que le gouvernementn’arrive pas à diminuer la facture desimportations, l’économie algériennesera en grande difficulté. Le pays ne

dispose plus de l’épargne amasséedurant les années fastes dans leFonds de régulation des recettes(FRR), aujourd’hui presque épuisé,alors que les réserves de change, quiassurent les importations, perdent1,5 milliard de dollars chaque mois.De 194 milliards début 2014, ellessont passées à 102 milliards enseptembre 2017 et pourraients’établir, d’après les chiffres dugouvernement, à 85,2 milliards fin2018, soit l’équivalent de 18,8 moisd’importations.

Les dirigeants connaissent pourtantla formule qui permettrait derelancer l’économie. Et le FMIn’hésite pas à marteler sesrecommandations : rééquilibragebudgétaire, renforcement desfinances publiques et maîtrise desdépenses de l’État, accroissementdes recettes hors hydrocarbures,réduction des subventions… Leprogramme de réformes est aussigrand que le potentiel économiquede l’Algérie lui-même.Legouvernement doit égalementredonner conf iance au secteurprivé, sans lequel le pays ne pourrapas développer les infrastructuresdont il a tant besoin. Vaste chantieren perspective, alors que l’Algérievient de perdre 10 places dans leclassement « Doing Business » de2018, qui la classe en 166e positionsur 190 pays. Farid Alilat

08 janvier 2018

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[SOCIETE]

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Algérie : génération Bouteflika

De quoi l’Algérie a-t-elle le plusbesoin aujourd’hui ? La quêtequasi obsessionnelle de stabilité,dans un pays traumatisé par ladécennie noire, confine désormaisà l’inertie. On remet à plus tard larésolution des problèmes de fond, ondissimule la poussière sous le tapis,en espérant que personne ne lesoulèvera un jour.

L’extraordinaire manne pétrolièretombée du ciel dans les années 2000et 2010 a longtemps différél’aggiornamento dont l’Algérie, aupotentiel inouï, a tant besoin. Car cequi lui fait le plus défaut, dans unmonde qui évolue à grande vitessesans attendre les retardataires, c’estla modernité, au sens large.

Besoin de renouveau

En politique, d’abord, pour instaurerun véritable débat démocratique etrenouveler les cadres qui ont fait leurtemps. La nation ne peut se priverplus longtemps des idées neuvesd’hommes et de femmes qui sesoucient moins de cirer lesbabouches du zaïm que d’apporterleur écot à l’édification d’un futurplus radieux, notamment en faisantbouger les lignes. On s’évertue àtraiter les symptômes d’une maladiechronique sans jamais s’attaquer àses causes

Dans les méandres del’administration, ensuite, qui tuentdans l’œuf l’esprit d’initiative etnoient la population sous desmonceaux de paperasse,transformant ainsi la vie quotidiennedes citoyens lambda en suicidaireParcours du combattant.

Réfléchir en profondeur

Dans la sphère économique, aussi,pour en finir une fois pour toutes

avec la déf iance maladive à l’égarddu secteur privé, qui empêchel’indispensable diversification d’uneéconomie prise en otage par lesrichesses du sous-sol et qui n’utilisequ’à dose homéopathique lacréativité dont font preuve chaquejour les Algériens.

Sur le plan social, enfin, car inonderde dinars ceux qui ne s’en sortentpas sans se pencher sur les raisonsde leurs difficultés, c’est s’évertuerà traiter les symptômes d’unemaladie chronique sans jamaiss’attaquer à ses causes.

Les Algériens se racontent

Pour parler de cette Algérie si peuaccessible aux profanes, celled’aujourd’hui comme cellequ’appellent de leurs vœux sesenfants, nous nous sommesintéressés à la « générationBouteflika ». Des jeunes nés dans lesannées 1990 et qui n’ont connuqu’un seul président.

Nous en avons sélectionné sept, auxprofils différents, qui ont accepté deparler de leur pays avec leurs mots,de livrer sans fard leur perception dela vie politique, de la légitimité

historique de la génération denovembre 1954 et d’évoquer leursmotifs de satisfaction, leursdéceptions, leurs rêves, leurs espoirs.Esquissant ainsi, en filigrane, l’Algériede demain.

Ziad Rabia, âgé de 27 ans, est chefd’entreprise. Comme les six autresjeunes dont Jeune Afrique vous livrele témoignage, il n’a connu qu’unseul président.

« Je suis né dans la région deBerrouaghia, à une centaine dekilomètres à l’ouest d’Alger. Là-bas,dans les années 1990, c’était la mortet la peur au quotidien. Un jour, desterroristes ont fait exploser unebombe dans notre immeuble. J’en aiété traumatisé. J’ai dû consulter despsychiatres pour guérir. Ce typed’expérience marque une vie.

D’immenses progrès

C’est à l’aune de ces épreuves qu’onmesure le chemin parcouru pourvivre aujourd’hui en sécurité. C’estle peuple algérien qui a ramené lapaix en acceptant la réconciliationnationale proposée par Bouteflika.Je n’ai pas connu ses prédécesseurs,je ne peux donc les jugerobjectivement. Je pense queBouteflika est un excellent politique.Il a beaucoup fait pour le pays, mêmes’il y a encore des manques, descarences dans l’éducation, dans lasanté ou en économie.

On oublie souvent que nous sommesune jeune nation

Les logements, les écoles, lesautoroutes ne suff isent pas à fairede l’Algérie un pays développé.Beaucoup reste à faire. Mais onoublie souvent que nous sommesune jeune nation. Bien sûr, le climatdes affaires n’est pas vraiment

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[SOCIETE]

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encourageant. On ne peutcependant en rejeter tout le tempsla faute sur les gouvernants.

Une économie plus humaine

La crise est la responsabilité de toutle monde. Pas seulement desdirigeants. C’est à nous tous de faireen sorte que la situation s’améliore.Il y a un potentiel énorme chez lesjeunes entrepreneurs, qui nedemandent qu’à travailler, investir,créer des emplois et des richesses.

Nous ne pouvons plus compteruniquement sur le pétrole et le gaz.Il faut aussi miser sur l’humain

Hélas, l’encadrement, la confianceet les finances font défaut. Si l’onveut vraiment avancer et surmonterla crise, il faut impérativementinvestir dans une économiediversif iée. Nous ne pouvons pluscompter uniquement sur le pétroleet le gaz. Il faut aussi miser surl’humain.

Un bon système éducatif produit descompétences. RamtaneLamamra[ex-ministre des Affairesétrangères] est un bon exemple àsuivre. Il est compétent, parle bienet donne une bonne image desAlgériens à l’intérieur et àl’extérieur. Et c’est ce dont le pays agrandement besoin.

Donner sa chance à l’Algérie

Partir ? J’y ai pensé quand j’étaisencore étudiant. Maintenant que j’aicréé mon entreprise, je n’y songeplus. Pourquoi partir avant d’avoirtout tenté pour réussir ici ? Jesuis heureux chez moi. J’aide masœur dans ses études parce qu’ellereprésente, comme des millions dejeunes Algériens, l’avenir. L’Algériesans Bouteflika ? Je n’arrive pas àme projeter à cinq ou dix ans. Je rêve

d’un État qui aura réussi à diversifierl’économie. Un État qui nous donnela possibilité de rêver d’un lendemainmeilleur. »

Dalal Sahraoui, âgée de 20 ans, estétudiante. Comme les six autresjeunes dont Jeune Afrique vous

livre le témoignage, elle n’a connuqu’un seul président.

« J’ai tellement envie d’aimer monpays. Mais je n’y arrive pas, parce que

je ne suis pas acceptée commefemme libre. La plupart des hommesont peur des femmes libres,épanouies, affirmées. Ici, je ne suispas considérée comme citoyen àpart entière au même titre qu’unhomme.

Dans la rue, je me sens oppressée,épiée, harcelée. Dans la société, jeme sens sous tutelle permanente.C’est dur de vivre pleinement saféminité parce qu’il faut faire faceaux pesanteurs sociales, au poids dela religion et des traditions et aux loisdiscriminatoires. J’ai vraiment prisconscience que la femme estquantité négligeable lors de laséparation de mes parents. Ma mèrea galéré pendant cinq ans avantd’obtenir le divorce.

La justice refusait de lui accorder ledroit à la séparation. Un jour, un jugelui a dit : «Pourquoi veux-tudivorcer ? Qu’est ce qui temanque ? Ton mari a une maison,il vit bien.» Sur les bancs de l’école,on enseigne aux enfants que lafemme est une sous-citoyenne

Le juge s’adressait à ma mèrecomme si elle avait commis un délit,une offense à l’égard de son père.Bref, il voulait qu’elle s’écrase. Elleavait remis en question l’ordre établi,l’autorité de son époux et de celui

qui était censé lui rendre justice.C’était d’une violence inouïe.

Des progrès insuffisants

Le divorce de mes parents m’aconduite à m’intéresser au code dela famille, voté en 1984 et qui,aujourd’hui, est tant décrié par lesfemmes. Je l’ai lu de bout en bout. Ilfaut reconnaître que le présidentBouteflika l’a fait amender en 2005pour accorder plus de droits auxfemmes. Il faut aussi lui savoir gréd’avoir fait voter les lois contre leharcèlement.

Il faut du temps pour le changement.Une ou deux générations. La miennesemble avoir été sacrifiée

Malheureusement, ces avancées nesont pas suff isantes. Nous sommesencore loin de l’égalité entre les deuxsexes.

À 40 ans, la femme a-t-elle besoind’un tuteur pour se marier ?Est-il raisonnable que l’homme et lafemme n’aient pas les mêmes droitset devoirs dans l’héritage ?C’est une aberration au troisièmemillénaire.

Sur les bancs de l’école, on enseigneaux enfants que la femme est unesous-citoyenne. Dans un manuelscolaire, je lis : «La petite Aïcha,sœur de Mohamed, part à lacuisine.» Déjà, on associe la petite àla cuisine comme si c’était sa placenaturelle. Ensuite, elle n’existe qu’àtravers son frère Mohamed.

C’est l’éducation et le savoir quichangeront les mentalités, pas les lois

Nous existons à travers nos pères,nos frères ou nos maris. Pas en tantque femmes. Il faut apprendre auxenfants dès le primaire que l’hommeet la femme sont égaux.

C’est l’éducation et le savoir quichangeront les mentalités, pas leslois. Il faut du temps pour lechangement.

Une ou deux générations. La miennesemble avoir été sacrifiée. »

Marwane Ben Yahmed

05 décembre 2017

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[SOCIETE]Yennayer / L’ambassadeur des États-Unis exprime ses vœux en dehors

des canaux officiels

L’ambassadeur américain John Desrocher et sa compagne sontapparus dans une vidéo vêtus d’habits traditionnels amazighspour souhaiter une bonne année berbère aux Algériens. Vêtud’un burnous marron, l’ambassadeur des États-Unis à Alger asouhaité une bonne année amazighe aux Algériens. «Assegasameggaz », a-t-il prononcé avant que sa compagneemboite le pas en souhaitant « lahna d talwit » autrement dit :paix et prospérité. Le diplomate a pris habitude d’intervenirlors de la célébration de dates phares afin de partager avec lesAlgériens les joies et les douleurs. Ce type d’interventions’inscrit dans le cadre de ce qui est connu sous le nom de l’USPublic diplomacy. Ces 70 dernières années, les États-Unis onteu recours à ce type de diplomatie non-conventionnelle afinde susciter la sympathie des peuples en s’adressantdirectement à eux. Le but étant de se garantir l’appui despopulations et leur soutien concernant la politique étrangèreaméricaine.

Idir : «Je ferai une sorte de tournéed’adieu en Algérie»

Idir signera son retour artistique en Algérie en janvier prochain.L’artiste n’est plus à présenter. Sa tournée, très attendue parses fans, sera un peu le retour de l’enfant prodige à la terrenatale. Dans ce bref entretien réalisé au téléphone, il nous aexpliqué les tenants et aboutissants de sa tournée en Algérie.

Le Matindz : Vous allez donc chanter en Algérie. Comment vaavoir lieu votre retour ?

Idir : Oui, le premier concert devait être le 12 janvier 2018 à laCoupole, mais comme je suis tenu par des engagements pourdes concerts programmés auparavant en Europe, ce sera unautre jour mais ce sera bien en janvier à Alger. Je chanteraiensuite à Tizi-Ouzou, Bgayet, Batna et Bouira. Ce sera uneespèce de tournée d’adieu.

Qu’est-ce qui vous a fait décider de faire ce retour enAlgérie après 38 ans d’absence ?

Beaucoup de choses. Il y a d’abord l’âge et la santé qui estencore là. Je me suis dit que c’est le moment ou jamais d’allerchanter en Algérie pour tous ces jeunes et ces générationsque je n’ai pas eu la chance de rencontrer dans les différentsconcerts et qui ne m’ont jamais vu sur scène. Il y a une attentemutuelle.

Grandes retrouvailles alors avec votre public ?

Oui. Autant ici en Europe je connais les attentes du public, enAlgérie, il faudra voir, beaucoup de choses ont changé. Maisj’irai pour le public. Ces derniers temps, je me suis rendu compteen fait que ce public ne doit pas être l’otage de décision qui luiéchappe. Donc je chanterai tout ce que j’ai l’habitude dechanter, même les chansons les plus dérangeantes.

Il a été diffusé par le ministère del’intérieur : le premier communiqué en

Tamazight !

Chose promise chose due. Le gouvernement vient de donnerde la substance à l’instruction du président de la Républiquelors du dernier Conseil des ministres de «ne ménager aucuneffort pour la généralisation de l’enseignement et de l’usage deTamazight, conformément à la lettre et à l’esprit de laConstitution». Et c’est au ministère de l’intérieur qu’est revenul’honneur et la symbolique de pondre son tout premiercommuniqué en langue Amazigh à l’occasion de la célébrationofficielle et nationale de Yennayer.En effet, le départementde Noureddine Bedoui a rendu public aujourd’hui mercredi uncommuniqué entièrement rédigé en Tamazight consacré auxinscriptions pour l’accomplissement du Hadj2018, dans le cadrede la promotion de cette langue après sa constitutionnalisationen 2016 dans le sillage de la révision de la Constitution.Il s’agitsymboliquement d’une geste historique qui marque l’entréede Tamazight dans la sphère off icielle après avoir acquis sonstatut dans la constitution. Et c’est une première dans l’historiede l’Algérie indépendante que Yennayer soit célébrée dansune ambiance festive et de ressourcement dans les quatrecoins du pays.

La neige a recouvert la désert de Ain Sefra dans le sud dupays. Ces images féeriques sur ont été partagé par lesinternautes sur les réseaux sociaux. Un bulletin spécial (BMS)de l’Off ice national de météorologie avait annoncé hier leretour du froid et de la neige dimanche soir sur le Nord dupays. En ce sens, des chutes de neige sont prévues sur lesreliefs de l’Ouest et du Centre-Ouest qui dépassant 1.000 mètresd’altitude, La même source précise que les chutes de neigeaffecteront dans un premier temps les wilayas de Naâma, ElBayadh et Laghouat, de dimanche à 18h au lundi à 6h. Par lasuite, les chute de neige gagneront les wilayas des Hautsplateaux à Tiaret, Tissemsilt, Ain Defla, Médéa et Djelfa, àcompter de lundi à minuit jusqu’à midi. L’épaisseur de la neigeatteindra ou dépassera localement 10 à 15 cm, précise la mêmesource. Le mauvais temps devrait persister jusqu’à la fin decette semaine.

La neige recouvre les dunes de sablesà Ain Sefra

31 Janvier 2018

Entretien réalisé par Hamid Arab

Amel Benabi

10 Janvier 2018

Amir Hani07 janvier 201821 Octobre 2017

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[CULTURE/MEDIAS]

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2017, L’ANNÉE DE L’AFFIRMATION

De nombreuses œuvres serontprimées cette année, bien plus queles années précédentes notammentdans le genre romanesque qui,désormais, a détrôné le récit et lapoésie face aux priorités deséditeurs et de la critique.

Les haltes les plus importantes de lalittérature algérienne en 2017 sontcelles des romanciers AbdelwahabAissaoui et Said Khatibi.

Ils ont remporté à Qatar le prix Katarapour leurs œuvres respectivesVoyage des œuvres oubliés (romannon publié) et Quarante ansà attendre Isabelle (Eberhardt).

Il en de même pour le poète BachirDhifallah pour son ouvrage Etudes etrecherches du roman arabe. Aissaouia, lui, déjà remporté le Prix Souad AlSabah de la création intellectuelle etartistique pour son romanAdawairwa el abwab, édité par lamaison Mim.

Ce dernier sera aussi sur la liste duprix pour le Concours de dramaturgieorganisé par l’Etablissement arabedu théâtre. Dans le même concours,il y a aussi Ben Alia Rabhi avec sontexte Rihlatoubour et MohamedBen Rabi pourMawetedhatethalitha. Les auteursHassan Miliani, Mohamed Soltani etAhmed Lakhal seront égalementprimés.

De son côté, la jeune écrivaineKaoutherAdimi a créé l’événementen France et en Algérie avec sonroman Nos richesses, décrochant leprix Renaudot des lycéens et le prixdu Style.

La jeune critique littéraireRahmatoullah Ourissi est égalementprésente sur la liste des lauréats enrecevant à Sharjah aux Emiratsarabes unis un prix Sharjah de la

créativité arabe. Djamila Yahiaoui aréussi à décrocher le prix dulivre spécialisé dans le domaine deswakfs et de l‘action caritative auKoweït avec son texte Sahib elmidhallaessaoudaa.

Les deux romanciers MohamedLamine Benrabie et BelkacemMerzouchen ont pu décrocher le prixTahar Ouettar pour le roman enlangue arabe dans sa premièreédition. L’année sera clôturée parl’attribution du Grand prix AssiaDjebar du roman à MerzakBagtachepour son Elmataryaktoubousiratahou par lequelle romancier a amorcé son retour surla scène littéraire.

Mustafa Zarouri sera primé pour sonroman en langue amazighe Dwagi darisem-iw, et celui en languefrançaise est revenu à feuNoureddine Saâdi, pour Boulevardde l’abîme.

Au dernier Salon international dulivre d’Alger, les éditeurs ontprésenté plus de 180 romansd’expression arabe, amazighe etfrançaise, dont plus de 90% sont enarabe, la moitié étant les premièresœuvres de leurs auteurs, ce qui fait

de 2017 l’année des premièresœuvres romanesques publiées parexcellence.

De nouvelles maisons d’édition ontémergé, elles ont opté pour desœuvres de nouveaux auteurs quitentent de s’imposer sans se soucierde la qualité et de la f inalité del’écriture.

L’édition El Watan s’est engagée,elle, dans la publication de livres depoche à 200 DA, une expériencepionnière dans le domaine. Cetteannée sera également celle desinitiatives favorisant la lecture par desforums de lecteurs sur les réseauxsociaux et par l’échange de livres etla promotion de la lecture.

27 Décembre 2017

R . C

La littérature algérienne a marqué sa présence durant l’année 2017 par les prix décrochés mais aussi parl’émergence, au niveau local, de nouveaux éditeurs et auteurs, suscitant une polémique autour du genre et de la

qualité de l’ouvrage.

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[CULTURE/MEDIAS]

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APPELÉ À FIGURER AU PATRIMOINE IMMATÉRIEL DE L’HUMANITÉLe raï est à l’étude à l’Unesco

Le dossier du raï est «prêt» et seraexaminé en 2019 pour soninscription dans la liste de l’Unesco.Ce genre musical algérien s’estinternationalisé à partir des années1990.

Le dossier de la musique raï est«prêt» et sera examiné en 2019 pourson inscription dans la l istereprésentative du patrimoineculturel immatériel de l’humanité, a-t-on appris auprès de l’Unesco.«Déposé officiellement par l’Algérie

en mars 2016, le dossier de lamusique raï est prêt et sera examinépar le Comité intergouvernementalde sauvegarde du patrimoineculturel immatériel de l’Unesco aucourant de l’année 2019», a préciséune source au fait du dossier, qui ainfirmé les écrits de presse faisantétat qu’un autre pays de la régionavait déposé un dossier pour cegenre musical propre à l’Ouestalgérien.

«Pour l’instant, aucun autre pays n’adéposé de dossier pour le raï», a-t-ilaff irmé. En janvier dernier, ledirecteur du Centre national derecherches préhistoriques,anthropologiques et historiques

(Cnrpah), Slimane Hachi, avaitindiqué, rappelle-t-on, dans unedéclaration, que le dossier del’inscription du raï, commepatrimoine culturel immatériel del’humanité, «est en cours d’examenpar les différents organes et expertsde l’Unesco, et doit suivre toutes lesétapes d’évaluation». Le Comitéintergouvernemental de sauvegardedu patrimoine culturel immatériel del’Unesco se réunit en session chaqueannée, a-t-on encore précisé. Le raï,

genre musical algérien, s’estinternationalisé à partir des années1990, notamment, à travers ses deuxgrands interprètes, cheb Khaled etcheb Mami. Pour le couscous, unespécialité culinaire de la région duMaghreb et plat préparé à base desemoule de blé dur, notre source aexpliqué que plusieurs séances detravail ont été effectuées entreexperts de l’Algérie, du Maroc et dela Tunisie qui «se sont mis d’accordpour présenter un dossier communtransnational». Selon la mêmesource, une réunion est prévue, àcet effet, en avril prochain entre lesmêmes experts pour déterminer lapériode du dépôt du dossier àl’Unesco afin qu’il soit inscrit dans laliste du patrimoine culturel

immatériel de l’humanité. SlimaneHachi avait affirmé que le dossier duclassement du couscous, en tant quepatrimoine universel, «est un projetcommun aux pays du Maghreb»,précisant que son montage «est encours et des réunions d’experts deces pays se tiendrontprochainement». Selon des experts,le couscous qui est un plat «plusieursfois millénaire», qui remonte àl’Antiquité, appartient à plusieurspeuples de la région. Pour rappel,

l’Algérie compte six faits culturelsclassés à la liste représentative dupatrimoine culturel immatériel del’humanité.Il s’agit d’Ahellil duGourara (2008), du costume nuptialféminin de Tlemcen (2011), dupèlerinage du Rakb de Sidi Cheikh(2013), de l’Imzad (2013), de la fêtede la Sbeiba à Djanet (2014) et duSboua de Timimoun (2015).

Salim BENALIA

10 Fevrier 2018

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[MEMOIRE]

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YENNAYER : entre politique,fête populaire et tradition inventée

Le 27 décembre 2017, le présidentBouteflikaa annoncé en Conseil desministres sa décision d’instituerYennayer journée chômée et payéeà partir du 12 janvier 2018. La liste desjours fériés en Algérie comprendainsi, désormais, une fête dont lesorigines remontent probablement àl’époque de l’occupation romaine del’Afrique du Nord, sinon plus loinencore.Yennayer, pour rappel, est lejour de l’an dans le calendrier agrairenord-africain. Celui-ci étant calquésur le calendrier dit « julien », l’annéecommence plusieurs jours après lejour de l’an du calendrier grégorien,en usage presque partout dans lemonde. Le décalage entre les deuxcalendriers ne cesse de se creuserdepuis le XVIe siècle. Il est actuelle-ment de treize jours, et Yennayerdevrait être célébré cette année le14 janvier…Le mot « Yennayer », quidésigne le mois du même nom etson premier jour, est souvent reven-diqué comme un mot authentique-ment « amazigh ». Il n’en dérive pasmoins du latin Ýanuarius signifiant,simplement, « janvier ». La thèseselon laquelle il est un motberbère composé de yen (un)et ayer (mois) relève d’une étymo-logie plus « identitaire » que réelle-ment scientif ique. D’abord, si onprête crédit à cette étymologie,tous les premiers jours de tous lesmois devraient s’appeler Yennayer !Ensuite, le mois de janvier porte unnom presque identique, Yanayer,sous d’autres cieux, comme, parexemple, en République arabed’Égypte.Dans ses commentaires decette décision présidentielle, lapresse algérienne a qualif iéYennayer de « jour de l’an amazigh ».Ce qui ne fait pas le communiqué duconseil des ministres du 27 décem-bre 2018, car l’estampiller officielle-ment comme étant « berbère »,alorsqu’il est célébré à Tlemcen et Ténèsaussi bien qu’en Haute-Kabylie etdans les Aurès, réduirait sonaspect« intégrateur ». D’ailleurs, lecalendrier qu’inaugure Yennayerreste en vigueur, quoi qu’à uneéchelle très restreinte, dans d’autrepays. En Algérie, il était utilisé par lesberbérophones aussi bien que par lesarabophones, et avec la modernisa-tion des travaux agricoles, il a étémalheureusement abandonné parles uns comme par les autres !Il estici intéressant d’observer que les

noms de certains mois de ce calen-drier en voie de disparition surviventd’une curieuse manière, dans l’édi-tion arabe du solennel JORA, oùaoût est appelé ghoucht,juin younyou et juillet youlyou. Les-quels noms, sans cesser d’être par-faitement autochtones, se retrou-vent dans les calendriers officielsd’États du Proche-Orient, preuveque le monde ancien était moinsculturellement cloisonné que notre« village »contemporain.Tel que fêtéen Algérie, ce que les Kabyles de

H a u t e - K a b y l i eappellent thabbourthuseggwas, laporte de l’année, consistait en un en-semble de rituels remplissant unefonction magique et donnant lieu àde grandes réjouissances. Les bom-bances qui le marquaient étaient cen-sées tempérer l’angoisse d’agricul-teurs dont les récoltes dépendaientd’un ciel versatile. Elles étaient des-tinées à conjurer le spectre de la di-sette qui, avant les pétrodollars, pla-nait en permanence sur lescampagnes.Ces développementssur l’étymologie de Yennayer et sursa signification magico-agraire origi-nelle ne seraient pas d’un grand in-térêt s’ils ne démontraient que sa cé-lébration à date fixe, les 12 janvier,en tant que « jour de l’an amazigh »,est une « tradition inventée » pouremployer la terminologie des histo-riens britanniques Eric Hobsbawm etTerence Ranger. Elle n’entretientqu’un rapport lointain avec le sym-

bolisme initialde thabbourthuseggwas, fête popu-laire nord-africaine.Cependant, cen’est pas parce qu’une tradition– icila célébration de Yennayer comme« jour de l’an berbère »–ne remontepas à l’Antiquité qu’elle est forcé-ment sans ancrage dans la société.Et les Algériens ne sont pas seuls àfaire passer pour très anciennes destraditions culturelles tout à faitcontemporaines…D’ailleurs, tout enétant un phénomène récent, la cé-lébration de Yennayer sous le nom

de « nouvel an amazigh » – et nonpas comme fête agraire populaire –est, d’une certaine manière, plusancrée dans la culture nord-africainequ’une autre « traditioninventée » :l’usage du calendrier del’Académie berbère qui - revanchepolitico-magique sur Nasser et lenassérisme ? - commence avec l’ins-tallation sur le trône d’Egypte, il y après de trois millénaires, deShoshenq, général libyque (autre-ment dit proto-berbère) de l’arméeégyptienne.

13 Janvier 2018

Yassine Temlali

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NRP, Février 2018, n°40

[MEMOIRE]

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PLACE DES MARTYRS : Les chantiers de la stationde métro et du musée souterrain se dévoilent en photos

Le musée souterrain de la station de métro de la Place des Martyrs ne sera pas livré à la même date que celle-ci. LesAlgérois, qui ont déjà découvert la partie extérieure de ce musée, après le retrait des clôtures qui ceignaient la Placedepuis 2011, peuvent en attendant apprécier l’état d’avancement des travaux grâce aux images du photographe etdesigner, Faouzi Louadah. La station de métro reliant la Grande Poste à la Place des Martyrs sera officiellementouverte le 8 février. Toutefois, selon AbdelwahabZekkar, directeur général de l’Office national de gestion et d’ex-ploitation des biens culturels protégés (OGEBC), une structure relevant du ministère de la Culture, le musée souter-rain de cette station ne sera pas livré à la même date.M.Zekkar a révélé à que l’entreprise chargée de la réalisationde ce musée n’a pas même été désignée, expliquant que, pour des considérations «purement techniques, il a étédécidé de se consacrer en premier lieu à l’achèvement des travaux de la station de métro.Mais les Algériens ontdéjà découvert la semaine passée la partie extérieure du musée à deux étages de la station, après le retrait desclôtures de la Place des Martyrs. Les vestiges d’une cité romaine datant de 2000 ans ont ainsi été dévoilés. Lesobjets découverts lors des fouilles entamées en 2013 par une équipe de chercheurs en archéologie ont maintes foisfait l’objet d’expositions au musée national des antiquités. En attendant, le photographe Faouzi Louadah a ainsi étéautorisé de visiter les deux chantiers, en l’occurrence la station de métro et de son musée, partageant ses photossur Facebook. A notre grand bonheur. 31 Janvier 2018

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[BIBLIOGRAPHIE]

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Deux petits êtres mal-aimés, frère et sœur, se cognentet se couvent l’un l’autre. Chacun connaît et partage lessouffrances de l’autre… le poids de l’abandon… les er-rances inévitables avant une éventuelle éclaircie...

Les Hommes et ToiSelma Guettaf

APIC EDITION, Alger 2017

Confluences Méditerranée

2017/4 (N° 103)

Genre et violences de guerre au Moyen-Orient

[FILM]

Le Moyen-Orient est plus que jamais une région ébranléepar la guerre : guerres civiles en Syrie et en Irak, guerreinterposée entre l’Iran et l’Arabie Saoudite au Yémen. Desconflits plus anciens perdurent et d’autres menacent (Li-ban), aggravés par la militarisation de la région...

ENQUÊTE AU PARADIS

Réalisateur : Merzak Allouache 2018

[REVUE]

MADINATI

N° 05 Décembre 2017

L’Habitat au Maghreb

[MUSIC]"Lemma", un 1er CD dédié au patrimoine

musical féminin de la Saoura

Nedjma, jeune journaliste dans un quotidien, mène uneenquête sur les représentations du Paradis véhiculéespar la propagande islamiste et les prédicateurs salafistesdu Maghreb et du Moyen-Orient