dh magazine 128 - octobre 2009

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Numéro 128 octobre 2009 Journées françaises de radiologie Journées internationales de biologie Euro Cos : L’hôpital hors les murs Après la psychiatrie, la médecine devrait-elle devenir citoyenne ? TERRES HOSPITALIÈRES L CH d’Aubagne L CH de Châlon-sur-Saône L CH de Chambéry L Hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine L Hôpitaux du Léman L CH de Rumilly L CH de Salon-de-Provence

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Le magazine du Décideur Hospitalier

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Page 1: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Numéro 128 octobre 2009

Journées françaises de radiologie

Journées internationales de biologie

Euro Cos : L’hôpital hors les murs

Après la psychiatrie, la médecine devrait-elle devenir citoyenne ?

TERRES HOSPITALIÈRESL CH d’Aubagne L CH de Châlon-sur-Saône L CH de Chambéry

L Hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine L Hôpitaux du Léman L CH de Rumilly L CH de Salon-de-Provence

Page 2: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 3: DH Magazine 128 - Octobre 2009

n°128

octobre 2009

04 Trafalgar ou Mers el-Kébir ? SEILER

05 L’hôpital, tout simplement Editorial de Dominique Mathis

Politiques et problématiques

06 Santé durable : Après la psychiatrie, la médecine devrait-elle devenir citoyenne ?

10 Billet : Internet mieux que le divan

Billet : Tabac, images gore and trash

12 Les bonnes et moins bonnes lectures

16 Colloque Euro Cos : L’hôpital hors les murs - Des relais : Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?

28 Art & culture : CH William Morey – Chalon-sur-Saône : restauration de L’Adoration des Bergers

Techniques, gestions et logistiques

15 Carte SESAM-Vitale : importance de la télémise à jour

31 JIB : 54e édition

34 Panorama de l’actualité en imagerie médicale

35 Journées françaises de radiologie : la SFR fête son centenaire

37 Imagerie partagée : vers des solutions adaptatives

39 Radiologie numérique : des équipements au service de la qualité

41 Une reconnaissance vocale toute en Nuance

43 Le défi d’une parfaite intégration entre SIH et PACS

50 Des équipements verts pour des cuisines plus économiques

77 La conduite du changement ne s’improvise pas

79 AMO : A chaque situation sa solution…

Actualités44 Disparition : Emile Papiernik

45 Actualité législative et réglementaire

48 Fiche pratique : mémento de la loi HPST

50 Actualité de la jurisprudence

Terres hospitalières

52 CH d’Aubagne : Du cœur de la Provence aux portes de Marseille

55 Hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine : Unicité de la gériatrie, diversité de ses thématiques

61 CH de Rumilly : Une petite taille pour un grand hôpital

65 CH de Chambéry : A la porte des Alpes, un hôpital avec des atouts majeurs

71 Hôpitaux du Léman : Un hôpital bien ancré dans un territoire pertinent

81 CH de Salon-de-Provence : Ecoute, attention et management

85 CH de Châlon-sur-Saône : Perspective 2011 : le Nouvel Hôpital du Chalonnais

Sommaire

DH MAGAZINELE MAGAZINE DU DECIDEUR HOSPITALIER

fONDATEUR

Marc GUILLOCHON

Titre enregistré INPI n° 1716 633

BIMESTRIEL - 5 000 exemplaires

n° CPPAP : 73325

dépôt légal : à parution

RéDACTION

rédacteur en chef

Dominique MATHIS

4 square Pierre de Geyter - 93200 SAINT-DENIS

[email protected]

09.51.76.04.67 ou 06 80 637 687

rédacteur en chef adjoint

Patrice ABLAIN [email protected]

conseiller médical

Dr Jacques HASSIN [email protected]

comité de rédaction

Maurice BIREE - Jean-Noël CABANIS

Gisèle CALMES - Bernard COTTENCIN

Jean-Claude DEFORGES - Hugues DESTREM

Jean-Pierre DIDIER - René DUCLOS

Didier FABRE - Gaston GUICHET

Yves HAREL - Patrick HOUSSEL - Guy LANG

Jacques LESIMPLE - Michel MORENVAL

André-Gwenaël PORS - Pierre-Henri THOREUX

journalistes

Ludivine AUBIN-KARPINSKI [email protected]

Melinda DAVAN-SOULAS [email protected]

Amandine HOELLINGER [email protected]

Dominique MATHIS [email protected]

Julien MONCHANIN [email protected]

Catherine PLUVINAGE [email protected]

Reportages Terres hospitalières

programmation et contact :

Gaston GUICHET

[email protected] - 0 494 410 937

contributeurs :

Michel AMBROSINO, Pierre BECHET, Jean-Yves BEINIS,

Xavier BERTRAND, Eric DE BIGAULT, Dominique BIHAN,

Chantal BORNE, Christine BOUSSOUAK, Michel BRAVAIS,

Alain BRETSZTAJN, Corinne CAMBON, Michel CAMUS,

Pierre CARLIER, Christian CARMAGNAC, Amale CHEBIB,

Hervé DANY, Arnaud DELLINGER, Véronique DESJARDINS,

Philippe DIEUDONNE, Thérèse DULUC, Bernadette FERRARI,

Guy GINEYT, Sylvia GOTTELAND, Nicole GRAVE, Sandra

GRIMALDI, Philippe GUILLEMELLE, Geneviève JAVET, Dominique

JULLIAN, Didier LABBE, Brigitte LE PRINCE, Yann LHOMME,

Armelle LONGE, Philippe LORIN, Guy-Pierre MARTIN, Christine

MARTINELLI,

Charlotte MESTRALLET, Michel PORET, Laetitia RIBES,

Claude SEBBAN, Jean SUZANNE, Christian TRIQUARD

dessinsSEILER

[email protected] - http://monsite.wanadoo.fr/seiler

crédit photo de couverture

(CH de Châlon-sur-Saône)

AbONNEMENTS & PETITES ANNONCES

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abonnement annuel :

institution : 90 € - à titre personnel : 45 € prix au numéro : 15 €

ADMINISTRATION & fAbRICATION

DH Communication SARL

Siège

67 rue du Général Michel Audéoud

BP 50643 - 83053 TOULON CEDEX

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associés principaux

Gaston GUICHET - Dominique MATHIS

gérant - directeur de publication

Gaston GUICHET

maquette

HOYBOX (Romain CUENCA) [email protected]

impression

HéMISUD - La Valette-du-Var

PUbLICITé

DH Communication

Cathy DECHAVANNES

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Diffusion : Membre actif de l’Association pour le contrôle de la diffusion des médias

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 03

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DH Magazine n°128 K OctObre 200904

Page 5: DH Magazine 128 - Octobre 2009

L’hôpital, tout simplement

édito

Les hospitaliers français raffolent des grands débats d’idées, où de fortes convictions peuvent s’exprimer, des indignations s’épancher et, parfois, de coléreuses banderoles se déployer et de superbes postures se draper.Et puis, une fois passées ces glorieuses épopées, retour au quotidien. Le chirurgien retrouve ses bistouris, le médecin ses auscultations, le pharmacien ses molécules, le radiologue ses clichés, l’infirmière ses injections, le directeur ses dossiers et Bernard Debré son secteur privé…

Il est vrai qu’aucun point de vue tranché ou définitif n’est pertinent. L’hôpital n’appartient ni à ces rares espaces de la vie sociale (en est-il au fait ?) où tout est absolument rose, passionnant, irénique, ni à ces contextes hélas trop réels où tout est noir, désespérément noir. Les acteurs de santé s’activent entre les deux : dans un mélange des genres joyeux et tragiques, une combinaison d’espoirs et d’ombres, sans qu’on sache jamais à un instant donné et pour une situation particulière ce qui va l’emporter. Sauf que le trend - comme disent les économistes qui nous dictent un peu tout un peu trop souvent – la tendance globale à long terme, est quand même faite d’éclatantes victoires sur la maladie et d’une espérance de vie toujours améliorée.

Dans notre pays colbertiste et bonapartiste, les réformes succèdent aux réformes. En période faste, leur enchaînement est darwinien : une espèce réglementaire obsolète est remplacée par un organisme mieux adapté, plus fonctionnel. Mais le plus souvent, trop souvent en tout cas, ces créatures juridiques s’ajoutent à celles très anciennes ou toutes récentes qu’on ne peut, ou n’ose, ou ne sait supprimer. Alors elles s’empilent, s’enchevêtrent inextricablement, au grand dam des gestionnaires dont le devoir de réserve (ce fossile anthropologique sans aucune base légale !) confine au mutisme, et à la grande joie de médecins, pas tous libéraux, pour lesquels le safari au dahu administratif est un sport consensuel et sans danger.

Cependant la réalité vraie demeure, elle évolue dans ses manifestations mais observe trois constantes : la naissance, la maladie, la mort. Et donc perdure le devoir pour toute société évoluée de les prendre en charge et d’adapter les moyens pour le faire. Là-dessus, les « décideurs » disputent encore et encore des solutions juridiques, administratives et financières ; tout autant que la communauté médicale se divise ou débat du bien-fondé des saignées, de la pertinence des vaccinations, de l’utilité des simples et des onguents.

Pourtant un point focal requiert notre attention et peut être notre vigilance : la santé humaine est un bien de nature très particulière, qui réclame à sa préservation des outils de service public ou d’intérêt général ; et c’est là sans doute la question centrale qui va agiter notre superstructure socio-politique dans les prochaines années, à rebours de la marchandisation qui semble triompher de tout et de tous. Dans ce champ de la santé, je veux bien que l’initiative privée trouve sa place, toute sa place… c’est-à-dire une place subsidiaire. Parce que, dans leur essence, les besoins de santé qui relèvent du superflu ou du facultatif le sont aussi, subsidiaires. Et le reste, tout le reste doit échapper aux logiques du profit.

A cet égard, l’obstination récurrente, tenace et maligne des opérateurs de santé à but lucratif à exiger une « convergence » qui serait en réalité une totale ouverture des vannes à leur irruption sur ce « marché » est parfaitement éclairante ; comme est encore plus inquiétante la « fermeté »… à éclipse du pouvoir politique qui, dès qu’on ne le surveille plus, tend à donner des gages à cette appétence.

A l’heure où certains semblent baisser les bras, au moment crucial ou s’opère une relève des générations, entre ceux qui ont fait l’hôpital public d’aujourd’hui, tel qu’il est, et ceux qui aspirent à le refonder en échappant aux controverses archaïques, la pierre angulaire est là et nulle part ailleurs. Toutes distinctions secondaires, entre établissements publics ou privés non lucratifs, entre statuts ou conventions collectives, toute théorie momentanément en vogue jusqu’à preuve de son inefficacité, tout sigle à la mode - T2A ou HPST - jusqu’à démonstration de ses limitations, devraient être relativisés. Une idée neuve ressurgit, qui vaut un investissement intellectuel de grande ampleur et réclame de chacun un positionnement clair : le service public hospitalier.

Dominique Mathis [email protected]

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Une réforme de la psychiatrie est annoncée, elle inquiète les psychiatres…

Après la psychiatrie,la médecine devrait-elle devenir citoyenne ?

Pr Jean-Pierre DiDier [email protected]

Alors que l’OMS rap-

pelle que les mala-

dies mentales se

classent au troisiè-

me rang des mala-

dies en termes de

prévalence, elle en

retient cinq parmi

les dix pathologies

les plus préoccupantes pour le XXe siècle, la

schizophrénie, le trouble bipolaire, l’addiction,

la dépression et les troubles obsessionnels

compulsifs. L’ensemble des estimations indi-

quent que ce bilan devrait s’alourdir dans les

prochaines années, si des mesures ne sont

pas prises rapidement.

Les études épidémiologiques menées dans

plusieurs pays européens montrent que la

prévalence des différentes pathologies psy-

chiatriques est relativement élevée en France,

les troubles psychiatriques sont responsables

de 12 000 morts par suicide. Une réforme de

la psychiatrie est annoncée, elle inquiète les

psychiatres, essayons de faire le point.

La psychiatrie citoyenne, une nouvelle sémantique,

un nouveau paradigme

La réforme s’inspire d’une vision de l’évolution

de la psychiatrie communautaire à la psy-

chiatrie citoyenne proposée il y a près de 15

ans par Murielle GOMEZ (1). Certes l’épithète

« citoyen » est maintenant adjointe à tout, la

politique, l’économie, l’école, les vacances, le

journalisme, la voiture. La médecine n’a pas

échappé à cette nouvelle manie, mais s’agit-il

seulement du résultat d’un tic d’expression ?

Voyons tout d’abord comment l’idée de la

psychiatrie citoyenne a évolué. Deux rapports

ont été élaborés et remis au ministre de la

santé de l’époque en 2001 et 2002 (2,3). Le

premier intitulé De la psychiatrie vers la santé

mentale, corédigé par Eric PIEL et Jean-Luc

ROELANDT, avait pour objectif d’intégrer la

psychiatrie dans la ville, d’implanter fortement

les dispositifs de santé mentale dans la cité,

de redynamiser les pratiques de soins dans

la proximité et le partenariat avec les acteurs

sociaux et élus locaux. Le second rapport,

rédigé par Jean-Luc ROELANDT, intitulé La

démocratie sanitaire dans le champ de la

santé mentale, insistait plus particulièrement

sur la place des usagers en santé mentale.

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Page 7: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Après la psychiatrie,la médecine devrait-elle devenir citoyenne ?

SANtÉ DUrAbLe

La dynamique ainsi initiée a sans doute été

accélérée par les drames survenus mi-décem-

bre 2004 à l’hôpital psychiatrique de PAU et

en novembre 2008 à GRENOBLE. Un rapport

sur les Missions et organisation de la santé

mentale et de la psychiatrie a été remis par

Edouard COUTY en janvier 2009 à la ministre

de la santé et des sports, recommandant l’éla-

boration d’une loi de santé mentale pour les

malades et leur famille intégrant les soins, la

réinsertion et l’accompagnement (4).

Enfin sous le double sceau de l’Assemblée

Nationale et du Sénat un rapport sur La prise en

charge psychiatrique en France était présenté

en mai 2009 par Alain MILON annonçant un

changement important : De la psychiatrie

vers la Santé Mentale : le changement de

paradigme européen et français (5).

Les psychiatres craignent de devenir

des santémentalistes.

Cette évolution a inquiété les psychiatres en

donnant lieu à une certaine agitation média-

tique, reflétant un assez profond malentendu.

Les uns, réformateurs, arguent que la psy-

chiatrie est à un tournant de son histoire mais

que bien entendu Aucune politique de santé

mentale ne peut s’envisager sans ou contre

les psychiatres. Néanmoins les autres, appe-

lés à être réformés, ne sont pas définitivement

rassurés, pensant comme Marcel CZERMAK

que pivotant de la psychiatrie à la santé men-

tale, les psychiatres seront désormais des

santémentalistes par décret (6).

Le malaise à l’annonce de la réforme de la psy-

chiatrie n’a peut être pas été perçu avec toute

sa puissance, compte tenu des préoccupa-

tions concomitantes liées au développement

de la pandémie grippale ; il peut pourtant être

rapproché des manifestations enregistrées

lors de la discussion parlementaire de la loi

Hôpital, Patients, Santé et Territoire (HPST).

En effet il existe dans ces deux approches de

la réforme du système de santé une même

intention de recadrer le pouvoir médical, en

le diminuant au profit d’un pouvoir émergent,

celui des patients.

Comme le mentionne Pierre JOUANNET : Le

médecin n’est plus en mesure d’exercer ses

nouveaux pouvoirs de manière isolée. Il doit les

partager avec ses patients et, éventuellement,

avec d’autres praticiens. Il doit être en mesure

de rendre compte de ses choix ou de ses non-

choix à ceux qui le consultent, mais aussi à

la société. Il devient nécessaire d’inventer de

nouvelles formes d’exercice, de relations, de

décision (7).

L’expression « Psychiatrie citoyenne » ne

serait donc pas simplement le fruit d’un tic

de langage, né au sein de la psychiatrie, mais

il s’accorderait avec le souci du législateur

de tenir compte d’une évolution signifiante

des mentalités et de la médecine. Il

concrétiserait ce qui pourrait bien être un

tournant programmé non seulement d’une

spécialité médicale mais de l’ensemble de

la médecine afin de mieux la resituer dans

le cadre des préoccupations actuelles de

santé publique, en lui faisant intégrer une

« dimension citoyenne ».

L’évolution des mentalitésdepuis la définition

de la santé par l’OMS en 1946

L’OMS rappelait alors, que la santé est un état

de bien être complet, physique, mental et so-

cial qui ne constitue pas seulement l’absence

de maladie ou d’infirmité mais qui est un des

droits fondamentaux de tout être humain,

quelles que soient sa race, sa religion, ses

opinions politiques, sa condition économique

ou sociale.

Une telle définition est conforme aux principes

hippocratiques, qui situent la médecine dans

un ensemble associant d’une part l’analyse et

le traitement du trouble vécu par le malade et

d’autre part la prise en compte de son environ-

nement y compris social et affectif, mais une

évolution significative est intervenue.

D’une part les mentalités se sont progressive-

ment formatées à la revendication du principe

de précaution et de la reconnaissance des

droits des patients, au respect de l’égalité et

des droits de l’Homme et à l’exigence de la

protection, sinon de l’intervention de l’Etat.

D’autre part la mutation progressive de

la médecine, d’un art vers une science

a logiquement conduit le médecin à être

de moins en moins artisan pour devenir

de plus en plus technicien. Les mêmes

principes hippocratiques l’enjoignent à guérir

son patient ; ayant progressivement à sa

disposition une meilleure connaissance

des phénomènes biologiques, des moyens

d’investigation et des outils thérapeutiques

de plus en plus fiables et efficaces grâce au

prodigieux essor des progrès scientifiques,

sa vision de la santé s’est logiquement peu à

peu focalisée sur la partie la plus technique

du spectre couvert par la santé, rendant ainsi

sa perception moins holistique que celle qui

découle de la définition de l’OMS.

Cette divergence entre un concept admis

au plan international et son application pra-

tique n’a pas posé de problème, notamment

en France, pendant une bonne partie de la

seconde moitié du XXe siècle. Le besoin de

« bien être complet » n’a vraisemblablement

pas été perçu à l’époque comme trop utopi-

que dans le contexte de ce qui allait devenir

bientôt les « trente glorieuses », expression

créée pour désigner les années 1945-1975

de forte croissance économique, de plein em-

ploi et d’essor de la consommation. De plus

la naissance de la sécurité sociale et la mise

en place des caisses d’assurance maladie,

immédiatement rassurante pour la bourse du

citoyen, ont conduit à ne retenir de la définition

de la santé que la dimension qui l’oppose à la

maladie. Cela était d’autant plus prévisible que

le système de santé français allait bientôt être

considéré comme le meilleur du monde. Alors

il est possible de comprendre que l’essentiel

pour le citoyen étant d’être en bonne santé, il

lui fallait afin de la conserver, faire confiance

aux médecins et surtout aux progrès de la

médecine devenue remarquablement perfor-

mante à la fois en termes de diagnostic et de

traitement, sans plus se poser d’autres ques-

tions, fussent-elles citoyennes, notamment

quant à son coût !

Au début du XXIe siècle la prise de conscience

des transformations du paysage est brutale.

Il serait facile et vraisemblablement excessif

de voir tout en noir. Pourtant la société s’est

« fracturée » et le « trou » de la sécurité so-

ciale est devenu chaque année de plus en

plus abyssal, le déficit du régime général de-

vrait dépasser 20 milliards d’euros en 2009 et

approcher 30 milliards d’euros en 2010. Les

économistes comme les prévisionnistes de

tout poil ne voient plus clair ou ne voient pas

les mêmes choses, au point qu’on les croit

d’autant moins qu’on ne les entend plus et

que l’oxymore de la « croissance négative »

fait florès. Pendant ce temps l’accès aux

soins n’est plus égalitaire, les médecins ont

des états d’âme lorsqu’il leur est demandé de

contribuer à l’équilibre financier du système

de protection sociale, les directeurs d’hôpitaux

ont des vapeurs lorsqu’ils voient leur budget

dangereusement déséquilibré, le citoyen souf-

fre de la crise et se demande si les droits de

l’Homme, c’est-à-dire les siens, seront encore

respectés alors que précisément le pouvoir du

patient vient à émergence.

Bref rien ne va plus et l’appréhension de la

santé qui pouvait être assez proche pour le

profane le professionnel et le politique autour

de la définition de l’OMS en 1946, devient de

plus en plus divergente en suscitant désac-

cords, conflits et insatisfactions.

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 07

Page 8: DH Magazine 128 - Octobre 2009

La santé, les trois visions du profane, du médecin

et du politique

Le mot santé est naturellement source de

conflit, chacun ayant sa propre définition,

éventuellement à géométrie variable en fonc-

tion des circonstances.

Pour le profane, le mot santé revêt une dimen-

sion subjective habituellement exprimée par

l’association à un adjectif qui renseigne sur

la nature de la perception. Il se dit en bonne

ou en mauvaise santé, il envie celui qui a une

santé robuste ou se félicite de ne pas avoir

une santé fragile. Lorsqu’il est en bonne santé,

il peut goûter l’harmonie du fonctionnement de

ses organes, mais le plus souvent il n’en prend

pas conscience puisqu’il est précisément ca-

ractérisé par le silence de leur fonctionnement,

selon l’expression attribuée à René LERICHE.

Lorsqu’il perçoit qu’il n’est plus en bonne san-

té, alors il aspire logiquement à recouvrer au

plus vite l’état d’équilibre antérieur, voire un

nouvel état d’équilibre adapté à d’éventuelles

séquelles. Cette approche est conforme à la

définition de la santé rapportée par Georges

CANGUILHEM qui correspond à la capacité

de surmonter les crises.

Pour le professionnel, la santé revêt une

dimension technique ; l’essentiel de la signi-

fication de cet état lui est conféré par le pas-

sage du silence au bruit de la maladie, c’est-à-

dire à l’état pathologique. C’est la maladie qui

impose un diagnostic et un traitement en vue

de sa guérison. Dès lors la médecine se situe

à la frontière entre le normal et le pathologi-

que, la normalité étant définie à travers des

valeurs standardisées prenant la dimension

statistique de normes ou à travers des grilles

d’évaluation également validées. Le domaine

d’élection du professionnel est l’ « anormal »

concrétisé par des symptômes, des écarts

mesurables par rapport aux normes.

La préoccupation principale du médecin est

de prévenir si possible le passage de la fron-

tière vers le pathologique mais surtout de

permettre au patient de retourner vers la nor-

malité lorsqu’il s’en est écarté. Cette frontière

est définie à partir de données objectives qui

caractérisent la médecine basée sur les preu-

ves et lui confèrent une garantie de qualité.

Pourtant le problème réside dans l’acceptation

de cette normalité. Le normal en renvoyant à

une majorité statistique impose pourtant de

tenir compte du contexte singulier de chacun

d’entre nous et cette démarche pragmatique

impliquant une information de l’ensemble

des acteurs n’est pas toujours pertinente.

La recherche d’une meilleure maîtrise des

dépenses conduit au respect de références

médicales opposables avec éventuellement

sanction des pratiques déviantes par rapport

aux normes établies. Toutefois un tel encadre-

ment économique suscite irritation, incompré-

hension, voire incompatibilité entre la logique

de soins des uns et la logique comptable des

autres.

Pour le politique, le mot santé est un casse-

tête dans la mesure où il évoque des impé-

ratifs difficilement conciliables entre un devoir

de santé publique et son intégration dans une

dimension économique.

Il a en effet le devoir vis-à-vis des citoyens de

tout mettre en œuvre pour prévenir la mala-

die, prolonger la vie, améliorer la vitalité men-

tale et physique par des actions collectives

concertées et appropriées. Afin de satisfaire

ce besoin, il commande à des experts des

rapports. Ceux-ci sont construits à partir du

constat d’un état des lieux permettant de défi-

nir des objectifs, des domaines d’intervention

et des propositions ou recommandations.

Reste à sortir les rapports des tiroirs, à les

exploiter, à appliquer les recommandations

sélectionnées en fonction de leur faisabilité à

travers des plans ou autres programmes, au

besoin légiférer et enfin évaluer l’efficacité de

tout cet ensemble !

Bien entendu le tout intervient dans le cadre

d’une stratégie et une ligne de progression né-

gociées, conformes aux besoins, mais aussi

aux possibilités notamment économiques et

financières ainsi qu’aux pressions de divers

groupes, plus ou moins représentatifs et res-

ponsables….

Le mot santé devient alors pour le politique

un épouvantail puisqu’il constate que les éco-

nomistes de la santé ne sont pas d’accord, la

plupart d’entre eux proclament qu’il faut impé-

rativement réduire les dépenses médicales,

d’autres crient au contre sens en proclamant

exactement l’inverse et que les médecins

ont la préoccupation prioritaire de continuer

à faire profiter leurs malades des meilleures

avancées dans les domaines diagnostique et

thérapeutique. Concilier le point de vue mé-

dical et l’équilibre des finances publiques de-

vient de plus en plus acrobatique alors que les

dépenses de santé ne cessent d’augmenter

du fait conjugué des progrès des techniques

médicales et du vieillissement.

Il est évident qu’à ces trois approches cor-

respondent des fonctions, des domaines

d’intervention et des points de vue différents,

pourtant la réforme du système de santé doit

transcender ces divergences. Au niveau de

l’hôpital, le directeur général est en première

loge pour les observer et…. les gérer, il n’est

pas surprenant que l’essentiel des manifesta-

tions contre la loi HPST ait été orienté contre

les mesures de gouvernance et la « toute

puissance » du directeur général !

Le pouvoir médical,la gouvernance

et la médecine citoyenne

La réforme de la psychiatrie avec notamment

la création de groupements locaux de coopé-

ration pour la santé mentale (GLC) préconi-

sée dans le rapport COUTY, la gouvernance

inscrite dans la loi HPST au chapitre II du

titre Ier consacré à la modernisation des éta-

blissements de santé, témoignent du souci de

recadrer l’intervention des médecins dans une

perspective « citoyenne » de santé publique,

c’est-à-dire pour parler vrai, de limiter ce qu’il

est convenu d’appeler le « pouvoir médical ».

Patrick HASSENTEUFEL (8) lui attribue quatre

facettes :

- le pouvoir professionnel qui renvoie à l’auto-

nomie de la pratique médicale (c’est-à-dire

l’autocontrôle), à la monopolisation de l’exer-

cice des soins (c’est-à-dire la domination sur

les autres soignants) et aux rapports de pou-

voir vis-à-vis des patients ;

- le pouvoir politique qui renvoie à la capacité

d’intervention des médecins comme groupe

organisé sur les décisions publiques en ma-

tière de santé ;

- le pouvoir économique qui renvoie au niveau

de revenu des médecins (c’est-à-dire à leur

position dans l’échelle des revenus) et à son

évolution

- le pouvoir social, enfin, qui renvoie au pres-

tige social des médecins, à leur image auprès

de l’opinion publique.

C’est en intervenant sur la première facette que

la réforme du système de santé a déjà érodé

le pouvoir médical. C’est une réalité, attestée

par Patrick HASSENTEUFEL, qui en utilisant

un éclairage européen associant Allemagne,

France et Grande Bretagne, confirme que les

éléments de remise en cause du pouvoir mé-

dical sont étroitement liés aux différentes dis-

positions adoptées en matière de protection

maladie dans les trois pays.

Il est légitime que cette érosion inquiète les

médecins. Pourtant il serait trop facile de rap-

porter la contestation médicale enregistrée au

seul conservatisme de l’ensemble des méde-

cins et à leur réticence au changement. Plus

sérieusement elle traduit leur perception des

DH Magazine n°128 K OctObre 200908

Page 9: DH Magazine 128 - Octobre 2009

risques d’inadaptation du virage prévu par les

pouvoirs publics en faveur de la santé vue

sous l’angle d’un hypothétique bien être, car

il conduirait à s’éloigner de la route qui doit

conduire la médecine à un authentique pro-

grès scientifique et technique.

Concernant la loi HPST ce n’est pas tant la

crainte de l’omnipotence du directeur général

qui était avancée, d’autant qu’un climat de

confiance réciproque s’était peu à peu installé

dans bon nombre d’établissements, mais plu-

tôt celle de la non prise en compte des préoc-

cupations des médecins vis-à-vis de la mis-

sion de soin qui leur appartient en propre et de

leur subsidiarité vis-à-vis de préoccupations

économiques, qui devenait intangible.

De même concernant la réforme de la psy-

chiatrie, la perspective de la création des GLC

avec ce qui a été dénoncé comme un « dé-

peçage » du secteur psychiatrique à travers

la disparition de son « monopole » et la re-

distribution des rôles entre médecin, infirmier

et psychologue a retenu toute l’attention. Pour

le réformateur, ce qui s’apparente à un glisse-

ment des fonctions, est sensé être économi-

que en termes de dépenses de santé mais il a

peut être aussi l’avantage d’éroder encore un

peu plus le pouvoir médical.

Pour les médecins il s’agit d’une dérive pré-

occupante clairement exprimée par le prési-

dent de l’Association des psychiatres français,

Jean-Pierre CAPITAIN : « On risque une des-

truction du secteur de la psychiatrie et une

disparition de notre spécialité au bénéfice de

la santé mentale » (9). Mais remarquons le, ce

souci peut animer l’ensemble des spécialités

médicales dès lors que le virage annoncé pré-

tendrait bénéficier à la santé du seul fait de

son orientation vers un champ citoyen.

En effet dans une période d’incertitude où les

valeurs de référence perdent de leur crédibi-

lité, l’irrationnel devient une solution d’autant

plus attractive qu’elle s’auréole de la magie

d’une mise en œuvre non contraignante. Un

climat de suspicion vis-à-vis de la pollution,

d’éventuels effets nocifs accompagnant les

nouvelles technologies, s’installe d’autant

plus facilement que la transparence sur ces

questions n’est pas toujours parfaite. Dans

ces conditions il est commode d’imaginer de

nouvelles références, admises sans démons-

tration. Il est commode d’élaborer sur ces

prétendues bases un pseudo-savoir opposé

à la médecine basée sur des preuves. Le

goût actuel pour des médecines alternatives

s’exacerbe. Le risque, de voir des groupes

de pression se constituer autour de vrais faux

mandarins dont la légitimité paraît d’autant

plus évidente que les institutions médicales

conservatrices avec leurs vrais mandarins

refusent de les admettre, représente un réel

danger pour peu que le principe de précaution

et un soupçon de démagogie ne les aident,

dans une démarche citoyenne, à trouver….

droit de cité. Plus que jamais méfions nous

des faux prophètes ; la rigueur et la science

doivent être de règle, la santé n’est pas qu’un

problème de perception.

Conclusions

Quelle entreprise difficile que de réformer un

système de santé, lorsque le mot santé est

défini par un bien être qui devrait être complet,

physique mental et social !

Il est déjà bien difficile de s’accorder sur une

définition du bien-être ; alors savoir si le bien

être perçu est normal, anormal, complet ou

partiel, et dans quel secteur du spectre phy-

sique, mental et social existe une anomalie et

comment la palier, mieux vaut encore se pen-

cher sur la normalité de l’amour synchrone,

tant la formule je t’aime moi non plus est la

règle entre tous les acteurs de la santé !

Le normal du citoyen, n’est pas exactement

celui du médecin, et pas davantage celui du

politique. Il en est de même des logiques qui

les animent tous. Le problème de la gouver-

nance est ainsi posé, chacun répond à sa pro-

pre logique, chacun possède sa propre vérité

pourtant il doit y avoir un décideur. Quel qu’il

soit battons nous pour que celui-ci accepte

d’être éclairé, et ne laissons pas se dessiner

une réforme de santé qui conduise à distin-

guer la médecine citoyenne d’une médecine

qui ne le serait pas, même si paraît-il il existe

un normal et un paranormal ! K

SANtÉ DUrAbLe

Références

1- GOMES M et coll., De la psychiatrie com-

munautaire à la psychiatrie citoyenne, in La

réhabilitation psychosociale en psychiatrie,

sous la direction de Gilles VIDON, Ed Paris,

1995, 433-467

2- PIEL E. et ROELANDT J.-L., De la psychia-

trie vers la santé mentale, rapport de mis-

sion, juillet 2001, http://www.sante.gouv.fr.

3- ROELANDT J-L, La démocratie sanitaire

dans le champ de la santé mentale. Place

des usagers et développement des partena-

riats, rapport de mission, avril 2002 http://

www.sante.gouv.fr.

4- COUTY E, Mission et organisation de la

santé mentale et de la psychiatrie, janvier

2009 www.sante-sports.gouv.fr/...sante/

rapports/.../Rapport_Missions_et_organi-

sation_de_la_sante_mentale_et_de_la_

psychiatrie

5- MILON A, Office parlementaire d’évalua-

tion des politiques de santé. Rapport 328 sur

la prise en charge psychiatrique en France,

mai 2009. www.senat.fr/rap/r08-328/r08-

3281.pdf

6- CZERMAK M, Destruction de la psychia-

trie, disparition du citoyen ? Journal Français

de Psychiatrie 2004, 19 ; 2

7- JOUANNET P, Principes éthiques, pouvoir

médical et responsabilités du praticien. In Le

pouvoir médical, Pouvoirs, 1999, 89 ; 5-14

8- HASSENTEUFEL P, Vers le déclin du

pouvoir médical ? Un éclairage européen :

France, Allemagne, Grande Bretagne. In Le

pouvoir médical, Pouvoirs, 1999, 89 ; 51-64

9- Bientôt une réforme de la psychiatrie en

France. Le Figaro 13 février 2009

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 09

Page 10: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Tabac : images gore and trash

La dernière idée pour contribuer à limiter les dégâts du tabac

consiste à apposer sur les paquets des images choc, des

images gore comme ils disent, du type tumeur de la bou-

che, dents cariées et déchaussées, photos de poumons

cadavériques noircis par les goudrons, afin d’inciter les

acheteurs à ne pas fumer des produits aussi dangereux.

Cette idée peut être discutée et le président de la Fédération des bu-

ralistes d’Ile-de-France a écrit une lettre ouverte au Président de la

République où il s’inquiète d’une erreur de stratégie, les jeunes ris-

quant d’être attirés par ces images chocs qui pourraient devenir « les

nouvelles vignettes Panini ».

Alors là, je ne suis plus d’accord ! D’abord il n’y a pas de rapport entre

les vignettes Panini et les images dont il est question. Vous savez ces

vignettes étaient plutôt sympathiques avec la photo des vedettes du

foot que les gamins achetaient par paquets, précisément chez le bu-

raliste, puis qu’ils échangeaient dans l’espoir d’avoir la photo rarissime

et donc introuvable d’une super-vedette. Aujourd’hui c’est le catch qui

fait fureur dans les cours de récré. Quoi qu’il en soit, faire l’amalgame

entre la photo de David Beckman espérée par le gamin de CM1 et la

photo d’un cancer du poumon, qu’aimerait collectionner le collégien ou

le lycéen… il n’y a pas photo comme qui dirait.

Certes, on peut remarquer que les ados d’aujourd’hui ont un goût

prononcé pour les films d’horreur, avec de préférence du sang qui

gicle partout, ou des jeux vidéo où la pratique du shooting à tout va

paraît vraiment jouissive. Mais quand même, je ne peux pas suivre le

président de la Fédération des buralistes d’Ile-deFrance. Ou bien il se

déguise en chevalier blanc de la Santé Publique, et il dessert son com-

merce alors il n’est pas crédible. Ou bien il est le chevalier noir animé

par une démarche encore plus douteuse que celles de la jeunesse qu’il

dénonce, et plus gore que lui tu meurs.

Entre nous, je rêverais d’un temps où le buraliste vendrait aux enfants

des surprises, des autos miniatures et des mistrals gagnants… mais

au fait n’a-t-il pas l’obligation de ne pas vendre de tabac précisément

à ceux là ? K

Alain Solland vous salue bien...

BILLET

Internet mieux que le divan

Les nouvelles technologies sont en passe de nous of-

frir tout et le superflu. En ce qui concerne l’informa-

tion, la communication, les jeux et les loisirs elles n’ont

plus rien à prouver, mais penser que le psychiatre

pouvait être remplacé par un ordinateur, avouez qu’il y a de

quoi en ravaler son ego.

C’est pourtant ce que vient de prouver une récente étude néerlandaise.

Pour traiter la dépression des chercheurs ont eu l’idée de concevoir

un cybertraitement utilisant un programme informatique disponible

sur Internet…. C’est ainsi que plusieurs centaines de personnes de

tous âges ayant besoin d’un traitement pour une dépression ont été

réparties au hasard soit dans un groupe bénéficiant des soins de leur

médecin traitant, soit dans un groupe utilisant le cyberpsy soit dans un

groupe exploitant les deux approches.

Après six mois d’un tel suivi figurez-vous qu’il n’y a pas de différence

entre les trois groupes. On peut voir ça de deux manières : soit on

regrette que la consultation du praticien n’ait pas été plus efficace que

les confidences faites à l’ordinateur, soit on se réjouit que le cyberpsy ne

soit pas plus efficace que le praticien. Mais de toute manière voilà une

proposition intéressante alors que le nombre de psy paraît insuffisant

par rapport au nombre de malades !

Les plus sceptiques auraient même une autre explication : les malades

seraient eux aussi des cybers patients c’est-à-dire des patients virtuels

qui n’auraient jamais eu besoin de divan.

Quoi qu’il en soit, c’est bon de rêver à un monde meilleur où, dans une

structure 3D que l’on appellerait HP, les malades, comme les médecins

seraient virtuels et le tout gouverné par une sorte de big brother, que

l’on appellerait DG, pour direct governor ; le meilleur des mondes,

quoi !! K

DH Magazine n°128 K OcTOBrE 200910

Page 11: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Stephen est directeur des ressources humaines,

en charge du développement durable, chez

Quiksilver, une entreprise qui met le respect

et la protection de l’environnement au cœur

de ses choix quotidiens.

« Avec l’offre kWh Equilibre d’EDF Entreprises,

nous participons concrètement au

développement des énergies renouvelables :

nous avons souscrit cette offre pour l’intégralité

de notre consommation d’électricité ; ainsi pour

chaque kWh que nous achetons, EDF s’engage

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Pour Stephen Le Bot, changer l’énergie,

c’est faire du développement durableune seconde nature pour son entreprise.

L’énergie est notre avenir, économisons-la !

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Page 12: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Les bnnes ou mKins bLnnes lectures

Un énième livre sur le dopage dans le cyclisme et sur le retour de la légende Lance Amstrong. Oui, mais par un homme, médecin fédéral régional du sport cycliste en 1972, médecin

du tour de France dont il a claqué la porte en 1975, qui connaît bien et depuis longtemps l’histoire du dopage. L’auteur en est l’un des grands spécialistes mondiaux. Dès 1896, un cycliste meurt deux mois après la course Bordeaux-Paris d’une surconsommation de caféine. Grand journaliste cycliste, Pierre Charny, en 1959, évalue à 22 sur 25 le nombre de coureurs « chargés » au Grand prix des Nations. Il écrit dans le Miroir des sports « Si trois des vingt-cinq sélectionnés affirment avoir refusé le secours d’une drogue miracle, j’abandonne ma prochaine mensualité à la caisse de secours des cyclistes professionnels. Mais je peux dormir tranquille ». Le produit miracle de l’époque se prend en injection intramusculaire, intraveineuse ou sous-cutanée et se nomme Méthédrine® (amphétamine). Vient ensuite l’hormone de croissance ; les transfusions sanguines autologues, etc. Les premiers contrôles anti-dopage sur le tour de France débutent en 1966. Résultat : 52 % des coureurs ont utilisé des « stimulants ». En 1997 les taux de positifs aux corticoïdes atteignent 80 %. En 1998, 67 % des échantillons se sont révélés positifs à l’EPO, dont six échantillons d’Amstrong sur le tour 1999. Mais cela n’a été révélé qu’en 2000 seulement, après la mise au point du test ad hoc. Ce décalage rend d’ailleurs suspecte la « présomption d’innocence » dont se targuent les coureurs professionnels. Les auteurs du livre s’estiment alors en droit de renverser la charge de la preuve et d’invoquer la « suspicion légitime », en particulier concernant le retour de Lance Amstrong.

En réalité, depuis 1947, de Jean Robic à Lance Amstrong, tous les vainqueurs du tour de France ont été impliqués dans des affaires de dopage, à l’exception notable de Greg Lemond. Une poire avec de l’urine propre, un système complexe de petits tuyaux, des produits masquant, un grain de riz de protéase introduit dans le méat urinaire, un préservatif dans l’anus avec un tuyau scotché au périnée qui sort sous la verge, du fond de teint sur une épaule ou un bras pour masquer les traces d’injection, des ordonnances médicales rédigées a posteriori… tout est bon pour essayer de tricher. Feignant d’ignorer l’existence de substances encore indécelables, Amstrong use et abuse de l’argument « pas vu pas pris ». Au-delà de l’itinéraire emblématique et fantasmé du « miraculé du cancer », alors qu’il faut rappeler que le cancer des testicules est l’un des ceux où les chances de guérison sont les plus grandes, qui est certainement le

plus facile à soigner et avec le moins de retentissement sur l’activité et l’exercice professionnel. Près de 100 % des malades atteints de ce cancer, très chimio-sensible, guérissent, même avec des métastases cérébrales. D’ailleurs Amstrong n’a jamais arrêté de s’entraîner. A titre d’exemple, le cas du nageur Eric Shanteau est remarquable. Peu de temps avant les sélections américaines pour les JO de Pékin, il apprend qu’il a un cancer des testicules. Ses médecins l’autorisent à différer l’intervention après Pékin. Il termine deuxième de l’épreuve de qualification et il échoue en demi-finale du 200 m brasse. Dès le début 2009, complètement rétabli, il remporte le grand prix du Texas en 100 m brasse !

En 2004, Amstrong s’enfuit par une fenêtre pour échapper à un contrôle inopiné. En 2009, lors d’un contrôle, il échappe à la vigilance d’un contrôleur pendant 20 mn en raison d’une « nécessité urgente de prendre une douche » ; pour faire disparaître toute trace de dopage ? En effet, on peut en 30 mn installer un cathéter pour fournir de l’urine exogène, ou encore boire des litres d’eau. Autre exemple parlant : un nouveau produit, l’Actovégin® apparaît. C’est un médicament miracle. Injecté en intraveineuse ou en intramusculaire, il apporte oxygène et glucose aux tissus musculaires et fluidifie le sang. Le sang de veau déprotéïné qu’il contient masque la prise d’EPO en abaissant le taux d’hématocrite. Il est en plus indécelable. Sa commercialisation a été interdite en France après l’affaire de la vache folle. Lance Amstrong déclarera ne pas connaître les effets de ce produit, affirmant que le produit trouvé était destiné à soigner les blessures et appartenait d’ailleurs à un mécanicien de l’équipe diabétique…. Pourtant, le frère de Lance Amstrong a soutenu sa thèse de pharmacie sur…. l’Actovégin® !

Pourquoi cette note de lecture dans DH Magazine ? Parce que sous le vocable suranné de « soigneur » se cachent un certain nombre de médecins qui déshonorent la profession médicale, dont le fameux Dr Michele Ferrari « ami d’Amstrong », sorti de l’ombre depuis qu’il est poursuivi en Italie pour fraude sportive et exercice illégale du métier de pharmacien. Il prenait 600 € par consultation et jusqu’à 35 000 € à un coureur pour le suivre à l’année. Mais aussi pour rendre hommage à ces rares coureurs qu’on oblige à mettre un terme prématuré à leur carrière pour avoir dénoncé les pratiques de tricherie, pour avoir utilisé la médecine uniquement pour se soigner et qui quittent le milieu sous l’opprobre, l’humiliation et les menaces. On pense en particulier au coureur Christophe Bassons….

La grande imposture : un tour de trop ?

Dr Jean-Pierre de Mondenard - Entretiens avec David Garciajuin 2009 - 207 pages – 12,95 €Editions Hugo & Cie1 rue Eugène et Armand Peugeot - 92500 Rueil-Malmaison

 Un pamphlet réjouissant comme le chamboule-tout sur les effigies des grands hommes à la foire du trône

DH Magazine n°128 K OctObre 200912

Page 13: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Lecture possiblet

 Intéressant

Vous ne regretterez pas d’avoir pris le temps

de le lire

 De grande qualité

Doit figurer dans votre bibliothèque  

Exceptionnel

Fera date, vous ne vous en passerez plus !

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ou à offrir à votre belle-mère

LL A éviter absolument ou à offrir à

votre DARS  

K Inégal. Du meilleur au moins bon !  

KK Inclassable

Vous le lirez d’une traite... ou ne pourrez le

terminer

80 énigmes médicales En médecine, la vérité n’apparaît pas toujours du premier coup

Dr Christian Oosterbosch

avril 2009 - 344 pages – 18,50 €JC Lattès - 17 rue Jacob - 75006 Pariswww.editions-jclattes.fr

 Un honnête livre grand public

Des histoires quotidiennes, tantôt gaies, tantôt tragiques, prises sur le vif, souvent dans l’intimité des patients qui appellent le médecin en urgence. La vie défile avec ses accidents, ses peurs et ses traumatismes, ses grands mystères du corps et dé l’âme.

Le patient raconte une histoire mais l’homme de l’art doit entendre ce que le malade ne dit pas, ce qui n’a pas retenu son attention et qui pourtant est l’élément clé du diagnostic. Le docteur Christian Oosterbosch a consacré sa vie à la médecine générale. Il raconte les doutes du débutant, craignant l’erreur fatale, consultant avec boulimie tous les ouvrages avant d’oser se prononcer, puis les passions et les combats du praticien expérimenté qui défend une approche plus humaine et privilégie l’écoute et le respect de chacun. Ses patients, il les suit souvent depuis de longues années. Il connaît leur histoire, leur vie, leurs maux. Généraliste belge, Christian Oosterbosch, alias docteur Fontaine, a fondé une revue de médecine ; il est également l’auteur de nombreux traités. Il a aussi enseigné les urgences médicales à l’université de Liège.

Penser l’hôpital autrement

Qualité de soin et contraintes économiques

Eliane Ferragut & coll. avril 2009 - 150 pages - 32 €

Elsevier-Masson62 rue Camille-Desmoulins - 92442 Issy-

les-Moulineaux cedexwww.elsevier-masson.fr

Une approche intéressante

Durant ces trente dernières années nous avons assisté à une transfor-mation profonde de l’hôpital dans

son organisation, son fonctionnement et ses objectifs. Gestion du personnel, mana-gement des équipes soignantes, économies demandées, l’hôpital public, comme les médecins libéraux, se retrouve confronté et soumis aux mêmes défis qu’une entreprise avec comme impératifs supplémentaires la nécessité de maintenir le système de soins français à un niveau de qualité satisfaisant et de répondre aux transformations de la société. L’ouvrage aborde la problématique de la difficile gestion qualité de soin—con-traintes économiques à travers des thèmes tels que I le vieillissement de la population I la gestion des unités de soins palliatifs I la gestion et promotion du don d’organe I l’équilibre à trouver entre réponse techni-que et écoute I les nouvelles formes d’ac-compagnement et de responsabilisation de l’individu à sa santé I l’importance de la décision thérapeutique.

Cet ouvrage, fruit d’une méthodologie rai-sonnée, se base notamment sur l’expé-rience de l’équipe de l’unité de psychoso-matique et psychopathologie de la douleur de Montpellier pour proposer des réponses concrètes et adaptées à ces changements irréversibles : comment concilier éthique, échelle de valeurs, qualité d’écoute et de soin avec les plans comptables, comment gérer les ressources humaines et encou-rager la pluridisciplinarité. Il s’adresse à tous les praticiens intéressés par la psy-chosomatique, la douleur et confrontés aux pathologies fonctionnelles ainsi qu’à tous les professionnels de la santé ouverts à une vision novatrice de l’exercice de la médecine.Éliane Ferragut, qui a coordonné l’ouvrage, est psychiatre, psychanalyste, responsa-ble de l’unité de psychosomatique et psy-chopathologie de la douleur du CHU de Montpellier, co-responsable de la capacité d’évaluation et de traitement de la douleur et du diplôme universitaire de psychoso-matique, présidente de l’institut de psycho-somatique de Montpellier.

LectUreS

Chroniques d’un médecin légisteMichel Sapanet

avril 2009 - 285 pages - 19,90 €Jean-Claude Gawsewitch Editeur - 130 rue de Rivoli - 75001 Pariswww.jcgawsewitch.com

 Bien mieux qu’Agatha Christie !

L’auteur vous fera irrésistiblement penser au Dr Pluvinage de Boulevard du palais. Car ces histoires de cadavres sont goûteuses à merveille… On tue en France, tous les jours, toutes les heures. Les faits divers envahissent les journaux, les séries

télévisées autour de la médecine légale prolifèrent : les histoires criminelles, réelles ou fictives, exercent sur le public une fascination sans borne. À la suite de Michel Sapanet, médecin légiste, nous voilà sur le terrain, sur les lieux du crime et dans l’intimité des victimes. Sa vie, c’est la mort. Égorgés, poignardés, étranglés, pendus, noyés, tués par balle, tous finissent par parler. Sur sa table en inox, avec un immense respect, le légiste leur inflige l’ultime violence, celle de l’autopsie. Exploration des boîtes crâniennes, inspection des chairs mortes, ouverture des cœurs, voici le quotidien extraordinaire d’un homme ordinaire. Quelle vérité enferme ces corps anonymes, bien souvent méconnaissables ? Au médecin légiste d’aller la chercher. Suicide déguisé, sombre accident de chasse ou infanticide inexplicable, le Dr Sapanet passe en revue les nombreuses affaires criminelles survenues ces dernières années dans la région poitevine. Avec humour, il nous propose une plongée en apnée dans l’univers captivant de l’autopsie, et accomplit cet art insolite de faire parler les morts.Michel Sapanet dirige l’unité de médecine légale du CHU de Poitiers. Expert judiciaire, maître de conférences des universités, il pratique et enseigne depuis vingt ans une médecine légale de terrain.

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 13

Page 14: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 15: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH Magazine : Peut-être faut-il rappeler à nos

lecteurs la mission et le périmètre actuel de

SESAM-Vitale ?

Pierre KERHOAS : La mission du GIE SESAM

Vitale est de concevoir, d’exploiter et de sécuriser

l’infrastructure électronique commune GIE SESAM

Vitale d’échanges sécurisés entre les professionnels

de santé ou établissements (hôpitaux, cliniques) et

les organismes d’assurance maladie obligatoire et

complémentaire.

Aujourd’hui 257 000 professionnels de santé s’y

connectent via 210 000 lecteurs de cartes, 30 ser-

veurs d’accueil des flux et 27 000 points de télémise

à jour des cartes Vitale. Le dispositif traite annuelle-

ment un milliard de feuilles de soins électroniques.

Les résultats sont éloquents : le remboursement de

l’assuré intervient en moyenne en 5 jours contre 2

à 3 semaines du temps du circuit papier, cela avec

une productivité administrative accrue. La deuxième

génération de cartes, Vitale 2, est en cours de dif-

fusion.

DH Magazine : La carte Vitale est délivrée et renou-

velée à l’assuré directement par sa caisse d’assu-

rance maladie : quelle est la nécessité ou l’intérêt de

mettre à jour les données qu’elle contient ?

Pierre KERHOAS : Pour le professionnel de santé,

la télémise à jour systématique de la carte est sour-

ce d’économies car elle minimise le risque d’impayé

de l’assurance maladie en évitant les rejets ou dif-

férés, et cela facilement et rapidement. Au patient,

cela permet de valider tout changement de situation

(nouvel ayant droit, changement d’adresse, etc.) et

d’éviter ainsi la non-prise en charge du tiers payant.

La mise à sa disposition d’un lecteur de télémise à

jour est un véritable « plus » en termes de service

offert au public et Telfix équipe avec ses bornes de

télémise à jour plus d’un tiers des 27 000 points ac-

tuels de télémise à jour des cartes Vitale.

DH Magazine : La télémise à jour des cartes peut-elle

s’effectuer sur tous les lecteurs ?

Pierre KERHOAS : Il faut distinguer les lecteurs

de cartes Vitale reliés aux logiciels d’information et

de facturation des professionnels de santé. Ceux-ci

autorisent la lecture des droits spécifiques inscrits

dans les cartes Vitale des assurés (affection de lon-

gue durée, ticket modérateur,…) pour l’élaboration et

la transmission des feuilles de soins électroniques et

nécessitent l’introduction dans le lecteur de la carte

professionnelle de santé (CPS). Les bornes de té-

lémise à jour sont elles disponibles pour tout public

professionnel de santé ou non et ne nécessitent pas

l’introduction d’une carte CPS.

Le GIE SESAM Vitale et la CNAM ont voulu pour

la télémise à jour, et ce dès l’origine, disposer d’un

service totalement indépendant des systèmes d’in-

formation existants, sans introduction de carte

CPS, tout public et respectant la loi informatique et

libertés.

Cette orientation majeure a facilité le déploiement

de la télémise à jour et a assuré progressivement

la cohérence des données des assurés contenues

dans les ordinateurs des divers régimes d’assurance

maladie et les données en carte.

Le challenge pour Telfix est de réunir les deux fonc-

tions sur un même lecteur, ce qui sera très bientôt

strictement proposé aux professionnels de santé,

tout en respectant scrupuleusement les obligations

imposées dans l’un et l’autre cas, pour les feuilles de

soins électroniques et les télémises à jour.

DH Magazine : Fonctionnalité qu’offrent évidem-

ment les appareils que vous allez maintenant

proposer…

Pierre KERHOAS : Bien entendu ! Nous avons pro-

posé historiquement en libre service aux établisse-

ments de santé le Telfix 100 qui utilisait le réseau

téléphonique commuté pour effectuer les télémises

à jour. Aujourd’hui nous proposons le remplacement

gratuit de ces bornes initiales par le TELFIX 200 IP/

ETHERNET/ADSL, qui optimise l’utilisation du ré-

seau informatique de l’établissement puisque les

télémises à jour y sont par nature gratuites, illimitées

et ultra rapides.

Le Telfix 500 trifente permettra aux professionnels

de santé libéraux travaillant dans l’établissement la

liaison avec leur propre logiciel de facturation, et à

l’établissement lui même la liaison avec son propre

système d’information, tout en permettant la télémise

à jour de la carte dans les conditions technologiques

du Telfix 200. Les Telfix 200 et 500 ne sont donc pas

antinomiques mais parfaitement complémentaires,

le grand public ne pouvant avoir accès au Telfix 500

trifente réservé aux seuls professionnels de santé.

DH Magazine : Mais au fait, pourquoi choisir

TELFIX ?

Pierre KERHOAS : Créée en 2002, première socié-

té homologuée en décembre 2003 pour la télémise à

jour des cartes Vitale 1, TELFIX est à nouveau la pre-

mière société homologuée en décembre 2006 pour

la télémise à jour des cartes Vitale 2 et pour la prise

en compte des complémentaires de santé. Notre

service est le seul n’ayant jamais fait l’objet d’aucune

demande de dérogation, car respectant totalement

et strictement le cahier des charges de l’assurance

maladie. Notre offre Telfix 200 IP/Ethernet ADSL a

également été retenue par la Fédération Nationale

de la Mutualité Française en octobre 2008.

Enfin, notre investisseur historique, le Groupe Chè-

que Déjeuner, préside maintenant entièrement de-

puis avril 2008 aux destinées de Telfix et lui donne

les moyens industriels de son développement dans

le secteur de la santé et des services à la personne.

DH Magazine : Faut-il changer de lecteur pour met-

tre à jour les cartes Vitale 2 ?

Pierre KERHOAS : Toutes nos générations de lec-

teurs permettent à la fois de mettre à jour les cartes

Vitale 1 et 2, de visualiser les informations consulta-

bles de la carte Vitale 2 et le choix de la complémen-

taire santé. Nos lecteurs sont prêts pour la télémise

à jour des données relatives à ces complémentaires

santé lorsque cette fonctionnalité sera mise à dispo-

sition par la CNAM et le GIE SESAM Vitale.

DH Magazine : Sur quelle technologie de télécom-

munications repose votre offre ?

Pierre KERHOAS : Notre offre est déclinée dans

toutes les technologies, pour répondre à l’ensemble

des besoins des professionnels de santé. Le lecteur

TELFIX 100, lecteur « historique » utilise le réseau

téléphonique commuté. Le lecteur TELFIX 200 uti-

lise les réseaux Ethernet et ADSL. Le lecteur TEL-

FIX 300 se connecte en mode GPRS en toute sécu-

rité grâce à sa carte SIM dédiée. Développés avec

notre partenaire INGENICO, nos lecteurs bénéficient

ainsi du savoir faire du numéro 1 de la monétique et

de la fiabilité et de la sécurité de ses terminaux de

paiement fabriqués en très grandes séries et diffusés

dans le monde entier. Nous proposons à tous nos

abonnés et particulièrement à nos abonnés hôpitaux

et cliniques l’échange gracieux de bornes utilisant le

réseau téléphonique commuté au profit de bornes

Internet Ethernet ADSL.

DH Magazine : A quels professionnels vous

adressez-vous ?

Pierre KERHOAS : Nos premiers et très nombreux

clients sont évidemment les pharmacies d’officine,

mais s’y ajoutent tous les autres professionnels ou

lieux de santé : hôpitaux, cliniques, laboratoires

d’analyses, centres de soins, les différents régimes

d’assurance maladie obligatoires ou complémentai-

res, les mutuelles.

DH Magazine : Et vos services ?

Pierre KERHOAS : Ils sont complets, incluant

K la maintenance (accès à l’assistance téléphonique

6 jours sur 7 et si besoin, échange du lecteur sous

24 heures) K les transmissions de données via le

réseau ADSL ou via le réseau GPRS K les évolutions

logicielles.

DH Magazine : Y a-t-il une vulnérabilité de SESAM-

Vitale quant à la fraude à l’assurance maladie qu’on

évoque ces temps-ci ?

Pierre KERHOAS : Il faut ici saluer le travail re-

marquable du GIE SESAM-Vitale, qui dès l’origine

à consacré à la fiabilité et à la sécurité du dispositif

toute l’attention nécessaire. Dans l’année qui vient,

une évolution va intervenir pour délivrer un certificat

individualisé par lecteur et la sécurité en sera ainsi

renforcée. Pareil constat en ce qui concerne la confi-

dentialité : Telfix met à jour en moyenne 600 000 car-

tes par mois et je n’ai jamais eu connaissance d’un

accroc à la confidentialité des données.

DH Magazine : Quelles perspectives discernez-vous

à court terme ?

Pierre KERHOAS : D’abord l’arrivée en masse des

cartes Vitale 2. Outre la dotation initiale aux assu-

rés atteignant 16 ans et le remplacement des cartes

perdues ou volées, l’assurance maladie va lancer

en janvier 2010 un échange Vitale 1 / Vitale 2 à rai-

son d’un million de cartes par mois. Les cartes Vi-

tale 2 étant plus complètes et leur sécurisation étant

renforcée, leur télémise à jour gagne à s’effectuer

par une liaison rapide, d’où l’intérêt de basculer en

Internet Ethernet / ADSL. Par ailleurs, la demande

des professionnels de santé est forte de disposer

d’un unique lecteur multifonctions feuilles de soins

électronique, télémise à jour et paiement. L’autre

élargissement va concerner le volet organismes

complémentaires, qui va monter en charge. Et l’on

parle d’instaurer une obligation réglementaire pour

l’assuré d’effectuer une télémise à jour au moins une

fois par an. K

Carte SESAM-Vitale : importance de la télémise à jour

PAROLES D’EXPERT

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 15

Propos recueillis par Dominique Mathis auprès de Pierre KERHOAS, directeur général de TELFIX

Page 16: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH Magazine n°128 K OctObre 200916

DoMinique MaTHiS - [email protected]

L’hôpital hors les murs Des relais : Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?

Il est parfois cruel d’être rédacteur en chef

d’une revue à la pagination et à la périodi-

cité limitées : lorsque pendant deux jours

vous assistez à un colloque de haute tenue

au cours duquel vous entendez une douzai-

ne d’interventions passionnantes suivies de

débats de grande densité, comment ensuite

remplir correctement les dix pages imparties ?

Rendre-compte de chaque sujet, mais en le

résumant excessivement et en dénaturant les

idées émises ? Ou faire le choix radical de

quelques interventions, non pas les meilleures

(?) mais celles qui vous semblent indispen-

sables entre toutes. C’est ce parti que nous

avons retenu, puisque le lecteur pourra inces-

samment se procurer les actes intégraux des

Journées et, d’ores et déjà, passer commande

des actes des sessions précédentes…

Nouvelles technologiespour un hôpital

hors les murs

Roseline RICCO, psychologue chercheu-

se, Centre pour la science, la société et la

citoyenneté, Rome, Italie

« Je suis vieux (...) et malade. C’est si peu

réel... l’âge, c’est abstrait comme les chiffres.

(...) On ne change pas, Anna, c’est le monde

qui change, les hommes qui se pressent, les

bouches qui chuchotent, et les hivers les plus

froids, et les étés plus lourds, les marches plus

hautes, les livres écrits plus petit, les soupes

qui manquent de sucre, l’amour qui perd son

goût... c’est une conspiration des autres, car

au fond de soi on ne change pas. (...) Vois-tu,

le drame de la vieillesse, Anna, c’est qu’elle

ne frappe que des gens jeunes ». Le Visiteur,

E-E. Schmitt

Le drame le plus grand de la vieillesse c’est

les obstacles à l’autonomie quotidienne qui

obligent les personnes à vivre leurs dernières

années à l’hôpital. Les conséquences de l’hos-

pitalisation sont évidentes : un isolement de la

vie active, un sentiment de perte de contrôle

de sa propre vie, un sens de dépaysement

(vivre constamment dans un milieu étranger),

une coupure avec des objets souvenirs, une

obligation de suivre des rythmes de vie d’une

communauté, une cohabitation forcée...

Imaginons alors de doter la maison de sen-

seurs, de capteurs qui permettent de vivre à la

maison. La domotique nous aide à surmonter

les obstacles et adapter notre maison en un

hôpital sur mesure, individuel et familier.

Si les progrès technologiques et la téléméde-

cine sont impressionnants, il est temps, avant

de se laisser prendre par l’enthousiasme, de

donner un sens à l’emploi des nouvelles tech-

nologies, afin de promouvoir le changement

qualitatif, mais aussi d’éviter une « science

sans conscience ».

En tant que psychologue, je ne peux pas

donner de réponses, mais me contenter de

questionner : les nouvelles technologies qui

permettent de se soigner chez soi répondent-

elles au désir du malade ? Comment peut-on

garantir une meilleure qualité de vie aux per-

sonnes nécessitant de soins continus ? De

quelle manière « la conspiration des autres »

pourrait, grâce à l’apport des nouvelles tech-

nologies, faciliter la cohabitation forcée et

prolongée de la maladie et de la santé pré-

caire avec ce légitime désir de vivre au mieux.

L’abus ou le mauvais usage des nouvelles

technologies pourrait-il devenir un ultérieur

obstacle aux relations humaines ?

Le but de ma présenta-

tion est de questionner sur les avantages et

les périls de l’Habitat intelligent pour la santé

(HIS), en ayant soin de suivre le principe de

dignité humaine (liberté de choisir d’appliquer

la nouvelle technologie), le respect de l’auto-

nomie (notre corps, un stock d’information qui

doit être en équilibre permanent entre donner

et recevoir des informations), principe de res-

ponsabilité (qui est responsable d’un mauvais

fonctionnement et sommes-nous prêts à pou-

voir identifier tout de suite le mauvais fonction-

nement), privacy (qui ne comprend pas exclu-

sivement la protection de données privées) et

le consensus informé. Face à ces questions, il

est important de relever les changements que

les nouvelles technologies peuvent apporter

et les conséquences qu’elles engendrent.

Ma présentation s’articulera autour de trois

axes : 1° Le monde médical et les nouvelles

technologies 2° Le rapport entre le malade et

la collectivité 3° Le réseau de soins virtuels et/

ou humains et surtout le rôle du malade dans

ce réseau. Chaque axe sera analysé selon

trois aspects : l’espace, le temps et les rela-

tions, afin de comprendre comment le domai-

ne privé du malade (la maison) peut se trans-

former en hôpital individuel et personnalisé.

Nous avons choisi de nous focaliser sur les

personnes âgées, car elles représentent

Lorsque la maladie et le handicap s’installent, quelle réponse apporter, de l’hôpital ou du domicile, pour que le patient soit «le moins mal possible» ? Les 30 et 31 janvier, à la Clinique Sainte-Barbe à Strasbourg, Euro Cos Humanisme & Santé avait choisi de réfléchir sur l’évolution des modes de prises en charge, ainsi que sur les enjeux et les conséquences qu’elle génère pour le malade et son entourage.

Page 17: DH Magazine 128 - Octobre 2009

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 17

cOLLOQUe

paradoxalement le futur de notre civilisation.

Non seulement parce que les papy-boomers

augmentent, mais parce que l’espérance vie

s’allonge. Et le degré de civilisation se mesure

dans le traitement de la société des classes

sociales plus fragilisées. La manière dont les

soins continus sont prodigués nous interroge

sur ce qu’est la qualité de vie. Et le meilleur

indicateur social de qualité de vie ne peut être

que les soins sanitaires proposés aux person-

nes âgées.

Le monde médical et les nouvelles technologies

La télémédecine redéfinit l’aménagement du

territoire. Ce n’est plus l’hôpital qui est hi-

gh-tech, mais la domotique qui nous permet

d’avoir une maison répondant aux désirs de

l’homme. Ce n’est plus le confort de l’habitat

qui est recherché, c’est l’intelligence.

Ce qui est intéressant dans les nouvelles tech-

nologies, c’est qu’elles se modèlent de plus en

plus sur la vie pratique. Le design se base sur

la simplicité de l’emploi. Les guides d’instruc-

tions multilingues et difficiles à lire dans sa

propre langue sont terminés. Le visuel sup-

plante le verbal. Tout est intuitif et propose

une simplification de la vie quotidienne où le

moderne se fait discret, mais indispensable

une fois que l’utilisation a été expérimentée.

Des capteurs qui sentent quand le gaz a été

ouvert et qui discrètement l’éteignent. Une

ceinture qui permet d’avertir les personnes

si elles risquent de tomber en faisant un faux

mouvement. Une maison dotée de capteurs,

senseurs qui, discrètement, comblent les la-

cunes, les faiblesses du locataire. Les dia-

gnostics pourraient se faire chez soi, évitant

d’aller dans un lieu comme l’hôpital, qui peut

mettre mal à l’aise.

La maison devient alors un endroit de soins

personnalisés. L’espace familier devient soi-

gnant, paternel et de plus en plus virtuel. La

télémédecine, en effet, permet de réduire

l’espace entre le monde médical et le monde

des patients. Les personnes sentent que tout

est construit sur mesure, sur leurs besoins.

Se soigner ou avoir sous contrôle permanent

notre maladie devient alors une routine. Notre

maison devient une prolongation de notre

corps. Nous ne percevons plus nos faiblesses

à l’intérieur de la maison et la jeunesse que

nous ressentons encore peut être vécue réel-

lement chez soi. L’espace entre notre corps et

notre maison se réduit tout en améliorant la

qualité d’une vie affectée.

En effet, la maladie provoque des sentiments

semblables au deuil : refus, colère, résigna-

tion pour le malade. La famille du malade os-

cille entre le devoir de l’aide et le besoin de

s’évader. L’espace de la maladie prend une

place de plus en plus importante dans la vie

familiale. C’est pour cette raison que la do-

motique rendrait la vie plus aisée : toutes les

pratiques quotidiennes difficiles à gérer dans

la maladie seraient prises en charge par les

nouvelles technologies.

Le temps gagné par les nouvelles technolo-

gies permettrait-il d’améliorer la qualité de la

vie ? Grâce à la télémédecine, le temps pour

se soigner se réduit : fini le temps perdu à aller

chez le médecin, les queues avec les patients.

Il suffit de se connecter et nous parlons avec

un médecin qui peut être dans un autre pays.

Le médecin est toujours joignable et peut ef-

fectuer ses diagnostics quand il veut. Il est

très important de souligner comme le temps

du soin chez soi transforme le vécu des soins.

En effet, la visite chez le médecin demandait

un temps, une préparation où l’on se répétait

dans la tête ce que l’on devait dire : exploi-

ter le temps de la visite médicale pour don-

ner un tableau complet de nos soins. Avec

les nouvelles technologies, il sera possible de

rappeler, de laisser un message. Le médecin

nous rappellera quand il aura le temps et nous

pourrons effectuer notre visite médicale aussi

sur notre lieu de travail. Les temps pour se

soigner sont réduits au strict essentiel.

Les relations entre patient et médecin se

transforment. En effet, la prise en charge pu-

rement médicale serait entrain de décliner.

L’introduction des nouvelles technologies au

sein de la médecine apportent de nouveaux

acteurs : architectes qui construisent l’espace

de soins, les informaticiens, les scientifiques...

Le médecin deviendrait alors le chef d’orches-

tre du soin donné au malade. D’un point de

vue légal si tout le monde est responsable, qui

est coupable si ce système de soins faillit ?

Le rapport entre le malade et la collectivité

Les visites médicales faites de chez soi défor-

malisent le rapport. Le contexte ou le setting

hospitalier se confond avec le privé.

Dans l’impossibilité de vivre seul à la maison

à cause des risques, le malade était obligé de

vivre à l’hôpital. S’ajoutait la difficulté de coha-

bitation avec un autre malade. La collectivité

ne peut garantir un suivi individuel pour cha-

que patient, mais créer un réseau. Les nou-

velles technologies facilitent cette création de

réseau. L’espace se réduit et il est possible de

pouvoir mettre en place une équipe multicultu-

relle. L’équipe médicale peut être plurinationa-

le. Les soins médicaux peuvent être élargis en

suivant les indications des meilleurs experts

mondiaux, assurant en plus un progrès scien-

tifique commun à chaque pays impliqué. Les

nouvelles technologies seraient les bottes du

chat botté où les soins médicaux élargiraient

les soins médicaux. La maison deviendrait

alors le lieu de rencontre des meilleurs soins

médicaux. Le tourisme médical et ses aléas

négatifs seraient combattus.

Mais alors la maison ne serait plus une re-

présentation de nous-mêmes, mais de notre

maladie ou de nos limites physiques. Tout

chez nous nous rappellerait alors notre mala-

die, le privé étant notre maladie. Et le malade

deviendrait le centre de soins médicaux. Ce

rappel constant, même discret, pourrait lais-

ser trop d’espace à la maladie, puisque notre

domicile deviendrait un hôpital sur mesure où

la maladie nous enferme. Qui pourrait définir

combien de temps devraient durer les soins ?

Saurons-nous capables d’arrêter de nous

contrôler continuellement ? Si notre maison

devient un centre de soins, pourrons-nous ac-

cepter de simples maladies comme un rhume,

une grippe ? La souffrance devrait être défi-

nitivement bannie, exclue. Les faiblesses de

notre corps ne seront plus tolérables. Suivant

le principe de responsabilité, qui devra sou-

tenir les coûts de l’habitat intelligent pour la

santé ? L’HIS risquerait de devenir une discri-

mination sociale entre qui peut se permettre

d’équiper son domicile et qui devrait recourir

à l’hôpital, faute de moyens. Il faut ajouter

à ces questions la valeur thérapeutique des

soins physiques prodigués par des humains

à d’autres êtres humains. Imaginons que les

machines intelligentes soignent, prennent en

charge les patients. N’oublions pas l’importan-

ce du contact humain dans les soins. Parler,

écouter, permet d’établir un lien, un contact

humain. Le toucher du médecin sur un corps

souffrant peut soulager psychologiquement

plus que l’exposition de ce même corps à une

machine. En plus, qui deviendrait responsable

si le diagnostic n’est pas bien effectué ? Le

patient pourrait être accusé de ne pas avoir su

employer la nouvelle technologie.

Les relations entre malades et collectivité se

transforment aussi avec l’apport des nouvel-

les technologies. En effet, la famille pourrait

se sentir soulagée à l’idée que la maison soit

vigilante. Mais le malade pourrait être dé-

laissé. Les personnes âgées nécessitent de

trouver quelqu’un à qui parler et leurs enfants

appellent pour s’assurer que tout aille bien. La

pensée que des machines, des capteurs nous

avertiraient s’il y avait un problème, pour-

rait porter les familles à délaisser le malade.

L’autonomie acquise grâce aux nouvelles

technologies deviendrait alors motif d’un iso-

lement majeur. Être indépendant signifierait

vivre seul ? Souvent les malades ont besoin

d’être entourés, pas seulement d’être soignés.

Page 18: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH Magazine n°128 K OctObre 200918

Une recherche avait été faite en effectuant

une comparaison entre des nouveau-nés qui

avaient été abandonnés à l’hôpital et ceux qui

vivaient avec leur mère dans des conditions

hygiéniques précaires. Le résultat avait relevé

une plus grande mortalité de nouveau-nés

à l’hôpital. En effet, les bébés suivis par leur

mère résistaient plus facilement aux maladies.

Le réseau de soins virtuels et/ou humains

Quel espace donner alors au malade ? Les

nouvelles technologies donneraient la possi-

bilité de limiter aux êtres humains les tâches

les plus dures et laisseraient plus de temps

aux soignants de se concentrer sur l’humain.

L’espace n’est plus réel, mais virtuel. L’emploi

de la télémédecine crée un réseau où les per-

sonnes peuvent se concentrer sur le patient.

L’équipe médicale intègre des profession-

nels de l’informatique et les architectes. Avoir

un projet dans la construction du domicile

en tant que dispenseur de soins et de be-

soins, devient alors la première étape pour la

construction d’une maison. Au Royaume-Uni,

des quartiers se construisent pour se mettre

au service des personnes âgées : créer des

appartements, des quartiers qui répondent à

leurs besoins et soins. L’espace se met au

service des patients, des malades recréant

cette atmosphère de confiance et de liens so-

ciaux qui se sont perdus.

Mais la construction d’un espace de soins

autour du malade pourrait transformer sa

maison en boîte de Skinner où des capteurs

mesurent sa santé et les hommes viennent

seulement au moment de soigner. Est-ce que

la qualité de la vie s’améliore si l’espace, le

chez soi devient un hôpital-prison où la haute

technologie devient un prétexte pour délaisser

nos malades ?

Le temps gagné pour des soins difficiles ou

pour faire une visite médicale serait un temps

ultérieur de solitude du malade. Cela repré-

senterait une coupure plus grande avec la vie

active. Seul en face de la télécommande, le

malade jouerait une partie d’échec avec sa

maladie ou sa mort. Le temps dédié au ma-

lade deviendrait un e-mail en plus, un coup

de téléphone et une distance toujours plus

accrue entre le corps souffrant et son docteur.

Ce ne serait plus alors une communication en-

tre personnes, entre malade et docteur, mais

entre senseurs qui prélèvent des informations

et qui sonnent le tocsin quand la vie est en

péril. Le corps serait alors séparé de l’être hu-

main et deviendrait une source d’informations.

Qui garantira l’écoute de la souffrance ? Un

malade hors les murs, chez soi, est un ma-

lade que l’on contrôle pour qu’il reste vivant,

mais en le privant du sens de la vie. Comme

disait Camus : « S’il y a quelque chose à quoi

l’homme aspire et qu’il obtient quelques fois,

c’est la tendresse humaine ». Les soins ne se

réduisent pas à maintenir en vie, mais à amé-

liorer la qualité de vie.

Il nous semble important de rappeler le

concept de robo-éthique de Gianmarco

Veruggio (2002). En effet, les progrès scien-

tifiques sont très rapides et les robots sont

construits en étant dotés de plus en plus d’in-

telligence. Dernièrement, une équipe anglaise

a construit un robot qui serait capable de faire

des expériences de laboratoires, proposant

même des hypothèses. Veruggio remarque

qu’il est important de définir une robot-éthique

qui n’est pas focalisée sur les robots, mais sur

ceux qui construisent les robots. En effet, plus

les robots sont intelligents, plus il est impor-

tant de veiller l’usage de ces robots. Veruggio

remarque les effets nocifs que pourraient

avoir l’emploi de robots programmés à tuer

dans une guerre.

Selon les principes de la robo-éthique, il est

important que les scientifiques, lors de la pro-

grammation des robots, fassent attention à

respecter : 1° la dignité humaine 2° l’autono-

mie des personnes humaines 3° la responsa-

bilité de chaque scientifique 4° la privacy et

consensus informé 5° le principe de solidarité

6° le principe d’égalité.

Avant de terminer, nous aimerions rappeler

l’expérience de Harlow sur des petits sin-

ges qui avaient été séparés de leur mère.

L’expérience avait proposé deux mères subs-

titutives : une en fer, qui donnait à manger ;

une en peluche. L’hypothèse était qu’entre

les deux, les petits singes auraient préféré la

mère qui donnait la nourriture. Mais si les pe-

tits singes avaient appris à manger, pour s’en-

dormir ou pour se consoler, ils se réfugiaient

vers la mère en peluche.

L’anthropomorphie est bien tentante si on ne

se laisse pas prendre au jeu de transformer

les relations humaines en relations technolo-

giques où gagner du temps signifie gagner du

temps dans les soins « humains ».

J’aimerais conclure cette présentation avec les

recommandations du projet SENIOR (projet

européen) : • d’impliquer les patients dans la

création de nouvelles technologies • d’analy-

ser les retombées psychologiques et sociales

dans l’application des nouvelles technologies

• de vérifier les relations qui se créent entre

robot et patient. Aux États-Unis, les personnes

âgées reçoivent comme cadeaux des cyber-

chiens qui remplacent les animaux domesti-

ques, évitant ainsi les inconvénients des ani-

maux. Toutefois, cela peut devenir dangereux,

car il faut se demander sur quoi se construit

une relation d’affection : une autosatisfaction

de son besoin de tendresse, sans donner ou

sans perdre • de définir l’espace des nouvel-

les technologies dans le monde médical • de

savoir faire la différence entre les patients

et leurs différents besoins • de respecter les

différences culturelles • d’être conscient que

l’on survole ou que l’on abat les obstacles

de la maladie. L’exemple d’Oscar Pintorius

est remarquable, où la prothèse devient une

discrimination vers ce qui est « normal » • de

garantir l’accessibilité pour tous.

La prise en charge de la mucoviscidose à domicile

Yves ALEMBIK, généticien, pédiatre,

service de génétique médicale, Hôpitaux

Universitaires de Strasbourg, France

Isabelle BRILLANT, infirmière coordinatrice,

Centre de ressources et de compétences

pour la mucoviscidose (CRCM), Strasbourg

Laurence WEISS, pneumo-pédiatre, CRCM,

Strasbourg

En pédiatrie, de nombreuses affections béné-

ficient actuellement d’une prise en charge ex-

trahospitalière. On peut citer, en particulier, le

diabète, les affections rhumatismales, l’asth-

me, et d’autres affections chroniques. Nous

souhaitons donner ici l’exemple phare de la

mucoviscidose. Le diagnostic de cette affec-

tion génétique, qui aboutit à une insuffisance

respiratoire grave, a longtemps été tardif et la

durée de vie des patients réduite à l’enfance.

Il y a 20 ans, la prise en charge a été catastro-

phique, avec des escalades thérapeutiques et

des enfants hospitalisés, de façon prolongée.

L’observation de l’organisation des soins et du

diagnostic, dans les pays nordiques, a conduit

les pouvoirs publics à modifier l’organisation

des soins, concernant la mucoviscidose en

France. La création des centres de ressour-

ces et de compétences pour la mucoviscidose

(CRCM) en 2002, dans l’ensemble du terri-

toire français, a permis aux patients d’être pris

en charge par des équipes pluridisciplinaire

(médecin, pédiatre, pneumologue, gastro-en-

térologue, généticien, infirmière coordinatrice,

kinésithérapeute, diététicienne, psychologue,

assistante sociale, secrétaire, etc.).

La création et le fonctionnement des CRCM

En 2000, le ministère de l’emploi et de la so-

lidarité décide de généraliser le dépistage

néonatal de la mucoviscidose et de mettre en

place une organisation structurée en réseaux

placés sous la responsabilité des CRCM. Au

niveau de la région Alsace, c’est un centre

mixte incluant un secteur pédiatrique et un

secteur adulte. Le secteur pédiatrique fait par-

tie du pôle médico-chirurgical de l’Hôpital de

Page 19: DH Magazine 128 - Octobre 2009

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 19

cOLLOQUe

Hautepierre, le CRCM adulte étant intégré au

Nouvel hôpital civil (NHC). En 2009, la cohorte

pédiatrique compte plus de 120 patients.

Le fonctionnement du CRCM est basé sur

un suivi régulier du patient, en consultations

spécialisées pluridisciplinaires et lors des

hospitalisations, soit en hôpital de jour, soit

en hospitalisation conventionnelle. L’équipe

pluridisciplinaire du CRCM suit le patient

dans son parcours hospitalier et extrahospi-

talier. L’équipe est composée d’un médecin

pneumo-pédiatre référent, d’une infirmière

coordinatrice, d’un kinésithérapeute, d’une

diététicienne, d’une assistante sociale, d’une

psychologue et d’une secrétaire.

Le CRCM Alsace assure la prise en charge du

patient atteint de mucoviscidose au sein du

CHU, mais également avec les professionnels

de santé libéraux, médicaux et paramédicaux,

impliqués dans la prise en charge des soins à

domicile. Une collaboration avec les équipes

médicales et paramédicales des CHR est en

place et des échanges réguliers on lieu, dans

le cadre d’un réseau régional de soins, pour

les patients atteints de mucoviscidose.

Le rôle de l’infirmière coordonnatrice

L’infirmière coordinatrice assure, en collabo-

ration avec les professionnels de proximité,

la gestion des soins à domicile ; elle organise

notamment les cures d’antibiotiques intravei-

neuses réalisées à domicile, elle fait le lien

entre l’hôpital et les différents intervenants

paramédicaux à domicile, quelle que soit la

thérapeutique mise en place. Au besoin, l’infir-

mière coordinatrice peut se rendre au domicile

des patients. Elle peut se déplacer également

dans les écoles, lors de la mise en place de

projets d’accueil individualisés (PAI) et ren-

contre l’équipe enseignante.

L’infirmière coordinatrice a également un rôle

d’informations et d’éducation thérapeutique

auprès des patients et de leurs familles.

La prise en charge thérapeutique,

sur le plan respiratoire

Prévention : par la vaccination obligatoire (et

recommandée) et antigrippale, ainsi que par

l’éviction du tabac et bien sûr des mesures

d’hygiène à domicile. Kinésithérapie respira-

toire : drainage bronchique quotidien à domi-

cile. Aérosolthérapie quotidienne à domicile :

Fluidifiants bronchiques, antibiotiques inha-

lés. Si besoin, oxygénothérapie à domicile :

concentrateurs ou O2 liquide. Si insuffisance

respiratoire chronique avec hypercapnie chro-

nique : mise en place de la ventilation nasale

nocturne (VNI).

La prise en charge de l’antibiothérapie

à domicile

Lors d’exacerbations aiguës ou d’antibiothé-

rapie séquentielle (colonisation chronique à

Pseudomonas Aéruginosa) : mise en place

d’antibiothérapie IV double ou triple adaptée

aux germes 14 à 21 jours, à l’hôpital et/ou sur-

tout à domicile, sur VVP ou sur cathéter cen-

tral à chambre implantable. 1 à 3 passages

par jour de l’infirmière libérale au domicile du

patient.

La prise en charge à domicile,

sur le plan nutritionnel

Pour une insuffisance pancréatique externe :

mise en place d’extraits pancréatiques, des

anti-acides et des vitamines liposolubles

ADEK. Alimentation hypercalorique (120 à

130 % des apports caloriques journaliers re-

commandés), hydratation suffisante, supplé-

mentation sodique. Si besoin, mise en place

de l’assistance nutritionnelle : par des com-

pléments nutritionnels et/ou nutrition entéral à

débit constant (NEDC).

Conclusion

La prise en charge à domicile permet de limiter

les risques de transmissions croisées, d’éviter

l’isolement lié à une hospitalisation prolongée

(90 % des cures intraveineuses se sont à do-

micile) et d’améliorer l’intégration scolaire et

professionnelle, tout ceci dans un seul but :

d’avoir une vie sociale comme tout le monde.

La prise en charge actuelle du patient, dans le

cadre d’un réseau de soins régional contré sur

le patient et sa famille, a pour objectif principal

d’améliorer la qualité de vie du patient et de

sa famille.

Vœux du patient ?

Jean-Christophe WEBER, laboratoire éthi-

que et pratiques médicales, IRIST (EA 3424)

Université de Strasbourg, professeur de mé-

decine interne, praticien hospitalier, HUS

Mon propos s’inspire de considérations sur

une pratique hospitalière dans un CHU de pro-

vince. Le service de médecine interne com-

prend une consultation externe, des places

d’hôpital de jour et une unité d’hospitalisation

conventionnelle de vingt-trois lits. L’évolution

des dernières années esquisse une tendance

forte à une séparation en deux populations :

les malades ambulatoires pour lesquels vont

être aménagées tant bien que mal des alter-

natives à l’hospitalisation, et les malades de

l’unité conventionnelle. Ce sont surtout des

admissions non programmées de malades

entrés dans l’hôpital par le service d’accueil

et des urgences. Population âgée, ou fra-

gilisée par un handicap physique ou social

(Insuffisance respiratoire, cirrhose alcoolique,

séquelles neurologiques d’affections diverses,

personnes sans domicile, logement insalubre,

etc.). Ces personnes n’ont pas vraiment choisi

d’aller à l’hôpital, elles y sont adressées après

un malaise sur la voie publique, un état confu-

sionnel dans la maison de retraite, une détres-

se respiratoire au domicile, une altération de

l’état général, un syndrome infectieux, etc. La

phase aiguë passée, le problème concret est

celui de la suite des soins, ou de la convales-

cence, voire tout simplement de la précarité

de la situation antérieure : isolement, sévérité

des tares physiques, perte d’autonomie qui

obèrent le retour au statu quo ante. Ce dernier

n’a perduré que sous l’effet conjugué d’une

adaptation aux performances dégradées,

d’habitudes prises, parfois d’un manque de

sollicitude des proches. Un équilibre fragile a

été rompu par l’épisode aigu, dont la guérison

augure d’un avenir nouveau, mais sombre, à

l’horizon bouché.

Plaçons-nous dans une situation particulière :

cet homme de 76 ans vit seul depuis son veu-

vage dans un appartement au premier étage

d’une résidence privée. Sa fille, qui travaille

encore, n’est pas disposée à l’accueillir chez

elle : appartement trop petit, mauvaise en-

tente, etc. Elle habite trop loin pour le visiter

régulièrement. Par contre, elle vous somme

de le garder, le temps qu’il soit complètement

guéri ou qu’une place en maison de retraite se

libère, car il est hors de question que son père

rentre chez lui, « l’appartement est dans un tel

état, cela montre bien qu’il n’est plus capable

de vivre seul ». Ses propos vous font hésiter :

ce retour n’est-il pas, en effet, hasardeux ? De

fait, sa mémoire a quelques ratés, des trou-

bles de l’équilibre modérés gênent la marche.

Mais monsieur ne veut rien entendre de vos

préventions et vous signifie que toute autre

décision ne lui conviendrait pas. Il minimise

les propos alarmistes de sa fille, qui aurait

des vues sur le logement qu’il occupe. « Une

maison de retraite ? Jamais ! Plutôt crever ! ».

Pris entre ces deux feux, voici que s’en allume

un troisième : la durée de séjour prend des

libertés avec les moyennes recommandées.

Ce monsieur coûte bien plus que le tarif de

votre activité à son égard, et si vous pouvez

vous le permettre de temps en temps, il n’est

pas possible que cette situation se multiplie.

Vous avez déjà cédé pour le voisin de cham-

bre... Le quatrième feu est celui du service

des urgences, qui réclame des lits pour pou-

voir accueillir tous les nouveaux malades qui

se pressent à la porte. Une solution moyenne

et prudente, raisonnable et réfléchie est éla-

borée par l’équipe de soins : un accueil tem-

poraire dans un établissement, le temps pour

le patient de se remettre mieux de sa récente

chute, et pour l’assistante sociale d’organiser

la mise en place d’une série de soutiens et

d’aides à domicile (portage de repas, téléalar-

me, aide-ménagère, passage d’une infirmière

pour la prise de médicaments, kinésithérapie

pour entretien de l’équilibre et de la marche,

un médecin généraliste qui continue de faire

Page 20: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Nous sommes présents à MEDICA : Hall 14 , Stand A20., du 18 au 21 novembre 2009, Düsseldorf/Allemagne.

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des visites à domicile, etc.). Tout le monde est

satisfait, sauf le malade, qui n’en veut pas.

Son unique volonté : rentrer chez lui. Ses pro-

pos deviennent un peu véhéments, mais il es-

time avoir le droit de décider de son sort.

Dans un monde peuplé d’individus autonomes,

rationnels et raisonnables, respectueux de

l’autonomie d’autrui, parce que faisant fonds

sur la rationalité de chacun et le bon sens par-

tagé, le patient veut ce qui est le meilleur, à la

fois pour lui-même, pour ses proches et pour

la collectivité. Il veut ce que veut aussi pour lui

le médecin, qui lui expose loyalement la pro-

cédure retenue pour arbitrer avec sagesse. Il

limite sa volonté aux buts accessibles. Dans le

monde réel, le patient ne sait pas toujours ce

qu’il veut, ce qu’il veut n’est pas raisonnable,

et d’ailleurs il n’en veut rien savoir. Son en-

tourage ne manque de saisir l’occasion de la

maladie, pour lui dénier toute initiative légitime

et faire main basse sur sa liberté. Le méde-

cin hospitalier prend des décisions variables,

selon sa réceptivité aux désirs les plus fous

de ses malades, à la quérulence processive

des familles et aux indices de performance du

service.

Parmi les problèmes sous-jacents à ce type

de situations, énumérons les suivants : la pos-

sibilité ou le droit de disposer de soi, l’étendue

du droit au refus de soins, l’évaluation de la

capacité à décider, les rapports entre désir

et volonté. Une des questions éthiques sou-

levées peut être formulée ainsi : jusqu’à quel

point un être humain peut-il être laissé libre

(par son entourage, et par son médecin hos-

pitalier) de gaspiller sa vie comme il l’entend,

c’est-à-dire sans considération évaluative sur

le côté raisonnable ou non de son choix ?

Saisie dans l’opposition marquée par Lacan

entre le service des biens et l’éthique du désir,

cette question s’énoncerait ainsi : la médecine

doit-elle se ranger toute entière dans le ser-

vice des biens, ou bien peut-elle ménager une

place au désir ? Il ne sera pas possible ici d’al-

ler au-delà de quelques pistes de réflexion.

Disposer de soi

On peut croire, aujourd’hui, se trouver dans

un monde où est reconnu un réel droit de

disposer de son corps. La notion connaît un

véritable succès, y compris dans la doctrine

juridique. Ainsi, un éminent juriste écrit : « le

droit de disposer de son corps et le droit à

l’intégrité physique sont les plus fondamen-

tales des libertés physiques. Elles ont pour

point commun de reconnaître à la personne

humaine la maîtrise exclusive de son corps,

la première positivement, en lui garantissant

la libre disposition (…), la deuxième néga-

tivement, en interdisant à autrui d’y porter

atteinte ». Pourtant, et Stéphanie Hennette-

Vauchez le montre bien, le droit de disposer

de son corps n’est à aucun moment énoncé

en tant que tel dans le droit positif. Certes, le

droit protège l’intégrité de la personne en son

corps, mais même là, la souveraineté de la vo-

lonté se heurte à la nécessité médicale. Ainsi,

l’article 16 du Code civil, inséré par la loi de

1994, dispose dans son 3e alinéa qu’ « il ne

peut être porté atteinte à l’intégrité du corps

humain qu’en cas de nécessité médicale pour

la personne (…) [et que] le consentement de

l’intéressé doit être recueilli préalablement

hors le cas où son état rend nécessaire une

intervention thérapeutique à laquelle il n’est

pas à même de consentir ».

Cet article vise plutôt les actes, notamment

chirurgicaux, de la thérapeutique ordinaire,

plutôt que notre cas. Mais ne peut-on pas

songer qu’une décision contraire au souhait

du patient, de rentrer chez lui, est aussi une

atteinte à son intégrité corporelle ? Plaçons-

nous dans cette hypothèse. Deux points ap-

paraissent délicats : la nécessité médicale de

l’atteinte à l’intégrité est-elle établie ? Le plus

souvent le médecin ne possède pas suffisam-

ment d’éléments tangibles pour se forger une

opinion. D’autre part, se trouve-t-on dans un

cas où l’état de la personne la rend inapte à

donner ou refuser son consentement ? Car le

refus de soin est un champ où peut s’exami-

ner le droit à disposer de son corps, et même

de sa vie. Sans le droit au refus, la notion de

consentement n’est que spéculation. Son ex-

pression la plus générale n’émerge qu’avec la

loi du 4 mars 2002, qui s’applique aussi aux

hôpitaux, et qui prolonge les dispositions de

l’article 16 du Code civil. Par exemple, l’arti-

cle L. 1111-4 inséré dans le CSP dispose que

« aucun acte médical ni aucun traitement ne

peut être pratiqué sans le consentement libre

et éclairé de la personne et ce consentement

peut être retiré à tout moment ». Il n’a toute-

fois fallu que cinq mois au Conseil d’État pour

le limiter dans un cas de témoin de Jéhovah

refusant une transfusion vitale.

Dans les situations que nous voulons exami-

ner aujourd’hui, les médecins hésitent consi-

dérablement à accorder un tel droit à leurs

patients, pour des motifs variables qui géné-

ralement se renforcent mutuellement : • La fa-

mille va réclamer, et si survient un accident au

domicile, on risque une réclamation, voire une

plainte. Par contre, la plainte du patient que

l’on a contraint à se résigner semble moins

probable. • Il faut diminuer la durée moyenne

de séjour. • Au fond et surtout, le malade ne

sait pas quel est son bien, il n’est plus raison-

nable, l’inconséquence de son désir en donne

la preuve formelle. D’ailleurs, son agressivité

ne témoigne-t-elle pas contre les performan-

ces cognitives qu’il prétend détenir encore ?

Sauf état démentiel avéré, le médecin n’ira

pourtant pas jusqu’à en tirer la conséquence

ultime que serait la demande de mise sous

tutelle.

Tout porte à penser que le malade va devoir

en rabattre sur son vœu, sur son désir (Que

ce soit le lot des personnes d’un certain âge

n’est certes pas nouveau. Ainsi, dans l’Évan-

gile de Jean, cette adresse à l’apôtre Pierre :

« En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu

étais plus jeune, tu mettais toi-même ta cein-

ture et tu allais où tu voulais ; mais quand tu

seras vieux, tu tendras les mains et c’est un

autre qui attachera ta ceinture et te conduira

où tu ne voudras pas ».) La requête du patient,

son souhait, son vœu, sa demande - laissons-

là une certaine indétermination - sont-ils vrai-

ment illégitimes ? Si la loi ici n’est pas muette,

n’est-ce pas aussi qu’il a paru important de

faire contrepoids aux excès de la tutelle bien-

veillante du médecin, bien qu’elle ne soit déjà

plus qu’un avatar attiédi des recommandations

qu’on peut trouver dans le passé, comme cel-

le, au XIVe siècle, de Guy de Chauliac pour

qui la personne nécessitant des soins devait

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 21

cOLLOQUe

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Page 22: DH Magazine 128 - Octobre 2009

obéir au médecin « comme un serviteur à son

maître », ou plus récemment sous la plume de

Louis Portes, en 1964 : « Tout patient est, et

doit être, pour lui (le médecin) comme un en-

fant à apprivoiser, à sauver ou simplement à

guérir ». Aujourd’hui, la loi dit que « le médecin

doit respecter la volonté de la personne après

l’avoir informée des un traitement met sa vie

en danger, le médecin doit tout mettre en œu-

vre pour la convaincre d’accepter les soins in-

dispensables ». On voit qu’il y a une place ré-

servée pour toute une rhétorique persuasive :

la liberté de refuser devra affronter l’étendue

des ruses de la bienveillance. De plus, « lors-

que la personne est hors d’état d’exprimer sa

volonté », aucune intervention ou investigation

ne peut être réalisée, sans consultation de la

personne de confiance ou de la famille. C’est

le point central : notre malade est-il hors d’état

d’exprimer sa volonté ? Qu’est-ce qu’être en

état d’exprimer sa volonté ? Comment se jau-

ge cet état ?

Consentement et volonté

Dans son avis 5813, le CCNE (Comité consul-

tatif national d’éthique) affronte le problème

de la capacité à consentir (entendons aussi :

à refuser). Mise à part la capacité de droit, qui

est bien délimitée (est capable celui qui n’est

pas incapable : le mineur, le majeur protégé),

il y a une capacité de fait, qui suppose une

double compétence : pouvoir comprendre et

se déterminer librement, clarté de l’entende-

ment et autonomie de la volonté. Cette distinc-

tion de deux facultés, entendement et volonté,

est plus qu’un clin d’œil au discours de la mé-

thode. La pratique du doute oblige Descartes

à suspendre ses jugements, mais en atten-

dant d’avoir réussi à déterminer par l’entende-

ment ce qu’est le bien, il se donne une morale

par provision, une morale provisoire, qui tient

en trois maximes : • suivre les coutumes de

son pays - soit être conformiste - • être résolu

une fois une option prise - soit faire preuve

d’obstination - • et changer ses désirs plutôt

que l’ordre du monde - c’est-à-dire être parci-

monieux quant à son désir. Ordre, parcimonie,

entêtement, trois traits du caractère anal, ce

qui n’est pas si étonnant quand on sait que

l’obsessionnel affronte la folie du doute, que

Descartes érigeait en méthode. Si la volonté

de la personne de refuser ou d’interrompre

l’adaptation, le besoin d’ordre, la soif de sé-

curité, de garantie, de bonne gestion, ne sont

pas que des idéaux de notre nouvelle gouver-

nance, ils peuvent aussi être des symptômes

névrotiques. S’il y a chez Descartes une forme

de liberté du vouloir par rapport à l’entende-

ment, notons toutefois que « notre volonté ne

se porte naturellement à désirer que les cho-

ses que notre entendement lui représente en

quelque façon comme possibles ». Faire de

nécessité vertu, voilà une volonté raisonna-

ble. Et c’est bien ainsi que l’entend le CCNE :

« Tester la compétence suppose des critères

permettant de tester la capacité de compré-

hension, et des critères permettant de tester

la rationalité du vouloir ».

N’est-ce pas le bon sens à l’œuvre ? Le mé-

decin serait tout prêt à acquiescer au vœu que

le patient exprime, dès lors qu’il lui semble

raisonnable. Mais s’il paraît déraisonnable,

la volonté pas vraiment autonome, l’entende-

ment peu clair ? Admettons qu’il y a des si-

tuations peu tranchées, des zones grises. La

personnalité du médecin, son caractère, ses

représentations de la liberté, du désir, de la

volonté, interviennent alors plus massivement

que des critères objectifs sur les aptitudes à

consentir, qui ne sont rien moins qu’utopiques.

Au-delà de tel score, sur une échelle d’apti-

tudes cognitives, votre compétence n’est plus

valable ? Utopie à haut risque totalitaire de la

garantie !

Morale des biens, éthique du désir

L’insistance sur les compétences cognitives

permet d’occulter la place du désir, d’ailleurs,

c’est une notion qui semble mal vieillir. On par-

lera plutôt des préférences du patient, de son

choix. Le désir discrédité, minoré. Non pas par

méchanceté. Mais parce qu’on sait que le dé-

sir est turbulent, il peut être dangereux, d’où

les garde-fous. La disqualification du désir

œuvre pour le bien du patient. Une certaine

morale valorise de longue date le service des

biens, depuis la mesure, la prudence, la voie

médiane d’Aristote. Une telle éthique repose

toujours aujourd’hui sur un ordonnancement

idéal du monde : non plus celui de la nature,

mais l’ordre des pouvoirs, pouvoir politique et

gestionnaire, pouvoir de la raison, raison mé-

dicale, raison du maître. L’équilibre est possi-

ble, nous allons le produire, entre raison, bien

individuel et bien commun. Règne du principe

de plaisir, c’est-à-dire régime du bien-être, de

l’apaisement des tensions et des turbulences.

La médecine est presque toujours ordonnée à

ce régime là, et il n’y a à cela rien d’étonnant

ni de scandaleux.

Mais les situations que vivent les malades

à l’hôpital sont-elles à jauger à cette seule

aune ? Le malade qui heurte le bon sens des

autres en voulant rentrer chez lui doit-il être

jugé selon ces vertus -clarté de l’entendement

et autonomie de la volonté- pour que son vœu

puisse être accueilli et considéré, sinon rejeté

comme inaudible ? Ne faudrait-il pas plutôt

rapporter ce vœu au désir, problématique ici

quand il feint de s’opposer à cette finalité du

bien-être en santé globale ? Ce malade qui

entend décider de son sort, fût-il funeste du

point de vue des biens, n’attend-il pas de son

médecin autre chose que d’être rabroué ? Ce

qui est reconnu au malade en fin de vie dans

les dispositions de la loi Léonetti, ne doit-il pas

être étendu à de toutes autres situations ?

On objectera que « le désir est un attrait que

l’on subit, la volonté un pouvoir que l’on exer-

ce », qui suppose une maîtrise coordonnée

des tendances, la pensée des moyens dans

l’anticipation des fins bonnes. C’est une op-

tion. Mais on peut, au contraire, penser avec

Kant, peu suspect de faire l’apologie de la ten-

dance, que la volonté bonne n’est pas réglée

sur les conséquences heureuses prévisibles.

Et c’est pourquoi « la loi morale, comme prin-

cipe déterminant la volonté, par ceci qu’elle

porte préjudice à toutes nos inclinations, doit

produire un sentiment qui peut être appelé de

la douleur ».

Retenons simplement que la volonté est plus

complexe qu’il n’y paraît. Or, tous les discours

du moment sur l’autonomie du patient sont

soutenus par le concept d’un moi synthétique,

vis-à-vis duquel Nietzsche déjà indiquait qu’il

nous conduit à des jugements erronés sur la

volonté, qui est un agrégat composite de senti-

ments, de pensée, et de passion de comman-

der. À la limite, ce n’est pas parce qu’une action

apparaissait bonne à l’issue d’une délibération

rationnelle que nous l’avons faite, mais parce

que nous avons décidé de la tenir pour bonne.

Saut irrationnel éventuel, peu importe, mais il

n’est jamais certain que le consentement du

patient soit parfaitement éclairé et libre. Si on

tient que néanmoins le consentement existe,

alors il faut tenir aussi que c’est toujours une

décision singulière, disjointe du mouvement

de savoir qui le conditionne, et irréductible

« au dispositif intellectuel et institutionnel qui

le rend possible ».

Tirons-en les conséquences. Si c’est ainsi,

nous devons renoncer, quoiqu’il en coûte,

à définir des critères permettant de faire la

check-list des aptitudes du malade à consen-

tir ou à refuser.

Le bricolage de la pratique

À vouloir creuser le questionnement, nous

sommes renvoyés, il faut bien l’avouer, à un

certain bricolage dans la pratique. Il manifeste

l’impasse où nous conduit la boussole trom-

peuse de l’exaltation de l’autonomie : jamais

la volonté n’a semblé autant mise en avant, et

pourtant jamais les vœux du patient n’auront

aussi peu pesé dans la balance des décisions

qui le concernent au premier chef. Ces vœux

n’ont voix au chapitre que s’ils sont conformes

à l’ordonnancement raisonnable que met en

place la raison médicale au nom du principe de

plaisir. Indiquons tout de même, pour conclure,

que Freud avait décrit un « au-delà du princi-

DH Magazine n°128 K OctObre 200922

Page 23: DH Magazine 128 - Octobre 2009

pe du plaisir », en s’appuyant notamment sur

la préférence pour la mauvaise volonté telle

qu’elle se manifeste comme résistance au

traitement du médecin, réaction thérapeutique

négative. Mais la pulsion de mort n’est pas

demande de laisser ou de faire mourir. Lacan

dira à ce propos : volonté d’autre chose, mise

en cause de tout ce qui existe, de la stabilité,

de l’équilibre, mais aussi volonté de recom-

mencement, à nouveaux frais. C’est ce désir

de création, de récréation, qui ne se règle pas

- ou plus - sur le seul bien-être rassurant et

raisonnable, qu’il s’agit aussi d’entendre dans

la bouche de nos patients. On pourrait alors

inclure dans notre « boîte à outils » celui-ci,

dont on ne limitera pas l’usage : une certaine

retenue quant à l’investissement de la fonction

dans laquelle nous sommes commis, de prê-

cher le service des biens.

Quand la famille disparaît. La place de la famille dans le soutien

et l’accompagnement du patient. Réflexions sur un cas de clinique

transculturelle

Jean-Michel VIDAL, professeur associé

en anthropologie médicale, Université de

Montréal, Québec, Canada

Dans l’ouvrage de Michel Foucault La nais-

sance de la clinique, on apprend l’importance

du projet biomédical, et ce dès la création des

hôpitaux en Occident, de sortir le malade de

son contexte social et familial (ce que Foucault

désigne par la « distanciation du corps souf-

frant ») afin de mieux pouvoir « objectiviser »

sa maladie dans un lieu neutre : l’hôpital. Qu’en

est-il quand, au XXIe siècle, ce rapport s’inver-

se ? C’est-à-dire lorsqu’il convient désormais

de sortir justement le malade et sa maladie de

l’hôpital pour une meilleure optimisation des

soins ? Ce retour du patient dans la sphère du

social et familial conduit immanquablement à

recentrer notre propos sur le réseau social et

familial du patient. Mais, encore une fois, ce

renversement du regard n’est pas sans signifi-

cation lorsque l’on étudie les réseaux sociaux

et familiaux en Occident qui, comme tous l’at-

testent, tendent à se redéfinir, à s’amoindrir et

parfois à disparaître.

Partant de ce constat, ma communication ten-

tera, à l’aide d’un exemple pris dans ma prati-

que de Clinique transculturelle à Montréal, de

faire ressortir justement la place importante,

tant symbolique que physique, de la famille

dans la prise en charge du patient et de sa

maladie. Et si, comme le cas clinique choisi le

propose, la patiente se retrouve dans l’univers

forclos de l’hôpital, il n’est pourtant question

que de cet ailleurs hors hôpital qui permet de

guérir, de vivre et parfois aussi et surtout de

mourir.

Cas clinique

Natacha est une dame de 40 ans, originaire

de la République démocratique du Congo,

arrivée au Canada trois ans avant que nous

fassions connaissance dans l’unité de soins

palliatifs de l’Hôpital Notre Dame de Montréal.

Natacha, pleine d’espoir d’une nouvelle vie,

est arrivée seule au Canada. Elle a vécu seule

à Montréal, sans famille ni amies, si ce n’est

le pasteur de l’église pentecôtiste, église dans

laquelle elle allait prier hebdomadairement. Et

puis, un an à peine après son arrivée, le dia-

gnostic est tombé. Natacha est atteinte d’un

cancer de l’utérus, en phase terminale. Ainsi,

elle ne connaîtra l’occident que par le biais de

ces institutions hospitalières. Du service de

gynéco-obstétrique au service d’oncologie,

Natacha va effectuer de nombreux et longs

séjours en institution.

Natacha veut sortir de l’hôpital, rentrer chez

elle, retrouver sa famille. À part qu’elle vit seu-

le à Montréal, sans amis, sans contacts signi-

fiants et que, vu son état de son santé et son

état financier, il lui est impossible de rentrer

au Congo. Natacha, en désespoir de cause,

est admise dans l’unité de soins palliatifs. Bien

que le personnel du service lui ait expliqué ce

que représentait une telle unité, Natacha est

dans le complet déni de sa maladie et de sa

mort proche. Son séjour dans l’unité se passe

mal. Natacha en a marre des structures hospi-

talières et elle veut rentrer chez elle. Souvent,

par exemple, elle fait sa valise et veut quitter

l’unité, car ici, dit-elle, elle n’y fait rien et on ne

la soigne pas. Ayant du mal à tenir debout, on

la retrouve souvent étalée dans le couloir, sa

valise à la main.

Natacha, atteinte d’une volumineuse ascite,

réclame quasi quotidiennement à être ponc-

tionnée. Natacha a refusé l’hystérectomie

palliative qui lui était proposée lorsque son

diagnostic avait été posé. Natacha a, dans

l’unité qui l’accueille, des comportements

qualifiés par le personnel du service d’incom-

préhensibles. Natacha tient à ce que la porte

de sa chambre soit ouverte en permanence

et elle rabat systématiquement le drap qui la

recouvre, dévoilant ainsi sa nudité. L’équipe

se réunit, convoque le pasteur, qui va parler

à Natacha. Natacha émet le vœu de pou-

voir parler avec sa mère, restée en Afrique.

L’équipe se mobilise, contacte l’ambassade

du Congo à Ottawa, mais n’obtient pas de nu-

méro de téléphone, car la famille de Natacha

vit en brousse, dans un endroit reculé, sans

téléphone.

Des semaines passent, Natacha offre une ré-

sistance à la mort hors du commun. Soudain,

un membre de l’équipe a l’idée d’un DVD. Le

service audiovisuel de l’hôpital peut mettre à

disposition de Natacha un agent avec une ca-

méra et, en présence du pasteur, elle pourra,

par l’intermédiaire de la caméra, parler à sa

famille. Le pasteur, qui rentre au Congo à la

fin du mois, se chargera de porter en mains

propres à la famille le DVD de Natacha. Un or-

dinateur portable, prêté à cet effet au pasteur

par l’ambassade, pourra parfaitement rediffu-

ser ces images.

Natacha accepte ce compromis de dialogue

et, durant plus d’une heure, va s’adresser en

lingala, par le truchement de la vidéo, à sa

mère et à sa famille. L’enregistrement termi-

né, Natacha mourra dans la nuit. Le DVD a

été remis au pasteur et, à son retour, il nous a

donné l’assurance que la famille de Natacha

l’avait visionné dans un grand émoi.

Les repères en éthique et particulièrement en bioéthique

Les règles de bioéthique viennent nous offrir

quelques repères pour solutionner les problè-

mes rencontrés dans notre pratique clinique.

Il s’agit des principes : • de respect de l’auto-

nomie de la personne • de bienfaisance • de

non-malfaisance • de justice.

Le principe directement en cause dans le

soulagement de la douleur est celui de bien-

faisance. Dans le cas présent, c’est celui qui

retiendra notre attention. Ce principe peut être

interprété de différentes façons. Cependant, il

nous impose le devoir (code de déontologie)

d’agir dans le sens du bien-être du malade,

incluant la prévention et le soulagement de la

douleur.

Pratiquement, il s’agit donc (Saint-Armand,

1999) de choisir le type d’intervention qui

maximise les bénéfices que le malade en re-

tirera, tout en minimisant les torts. On devine

ici les paradoxes et les ambiguïtés culturelles

que peuvent prendre alors les interventions,

surtout dans le cas clinique ci-avant présenté.

Car, le choix final qui s’imposera, on l’a dit,

devra être celui qui maximise le bien-être du

malade... et non celui de l’équipe soignante ou

de sa famille.

Certes, il existe bien, entre le malade, sa

famille et l’équipe soignante (médecin, in-

firmière, travailleuse sociale, bénévole) qui

l’entoure, une entente tacite qui fera que tous

les membres de l’équipe soignante agiront

dans l’intérêt du patient. Dans cette optique, il

s’établit alors une relation de confiance entre

tous ces acteurs. Relation de confiance qui,

immanquablement, sera ressentie par le pa-

tient et l’aidera dans le soulagement de ses

douleurs.

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 23

cOLLOQUe

Page 24: DH Magazine 128 - Octobre 2009

En fait, le principe de bienfaisance va plus

loin. Il impose désormais à l’équipe soignante

une obligation morale et non plus un devoir

moral. Je m’explique : si un malade ne veut

pas être soulagé ou veut être trop soulagé (cf.

l’insistance de Natacha à voir son ascite être

ponctionnée), sa volonté doit être entendue...

même si elle peut nous sembler illogique et

absurde, même si elle n’est pas partagée par

l’équipe de soins ou parfois dans d’autres cas

par la famille, même si elle vient à l’encontre

des principes moraux et politiques de la fonc-

tion même des soins palliatifs. Ici, le principe

de bienfaisance peut entrer en conflit avec le

respect de l’autonomie de la personne.

Cependant, il est pourtant clair pour tous, que

les buts poursuivis par l’intervention des mé-

decins de différents services de l’hôpital, des

infirmières, des travailleuses sociales et des

bénévoles, incluent le soulagement de la dou-

leur (c’est tout du moins un de leur mandat).

Ce qui l’est moins, ce sont les limites de cette

intervention.

Jusqu’où soulager la douleur ? Mais surtout

quelles sortes de douleurs doit-on soulager

de façon prioritaire ? Douleur physique ?

Souffrance morale ? Car les conséquences de

l’intervention ou des interventions qui seront

pratiquées, risquent d’entraîner le malade et

l’équipe soignante dans une spirale qui, rapi-

dement, peut devenir incontrôlable. Lorsque

Natacha décide, en raison de cette inadéqua-

tion dans le soulagement de ses douleurs,

qu’elle veut quitter le service (car sa souf-

france est essentiellement morale et non plus

physique… à ce moment précis, en tout cas),

lorsqu’on la retrouve gisant sur le sol, à la ré-

ception, avec sa valise faite dans la main, il se

passe là quelque chose qui a à voir avec une

incompréhension totale de part et d’autre, au

sujet d’une angoisse existentielle qui, même si

on la comprend parfaitement, n’en laisse pas

moins l’équipe soignante démunie, confrontée

à ses propres impasses, ses propres limites et

ses propres paradoxes.

Les repères en anthropologie médicale

En anthropologie médicale nous pensons, en

effet, qu’un grand nombre de problèmes rela-

tifs aux traitements et aux soins trouvent leurs

solutions et leurs efficacités curatives ou pal-

liatives, dans une bonne communication entre

des éléments aux contenus différents. Il y a

d’abord et avant tout le malade, mais aussi

avec lui son histoire de vie passée et présente

(qui souvent se confrontent, qui le dépasse et

qu’il aura du mal à maîtriser du fait même qu’il

soit malade), il y a aussi son niveau socio-

éducatif et son cadre culturel dans lequel on

retrouve la langue, les pratiques alimentaires,

les visions de vie, la religiosité, le rapport à

l’autre, l’identité. Ce cadre socio-éducatif et

l’inscription socioculturelle, souvent eux aussi

se confrontent chez le malade, se complexi-

fient. Il faut dire qu’aujourd’hui, on ne peut

penser les cultures comme des blocs mono-

lithiques, les cultures du monde d’aujourd’hui

se définissent en des syncrétismes et par

des phénomènes d’acculturation. Et puis, il y

a l’équipe de soignants (médecins, infirmiè-

res, travailleuses sociales, bénévoles, et j’en

oublie). Cette équipe, qui est elle aussi par

définition syncrétique, qui est aussi porteuse

d’une vision, qui représente une approche, un

cadre et qui peut (on s’en doute) aussi être

animée de conflits et de contradictions.

Alors, on comprend bien que les notions rela-

tives aux « décodages culturels » et à « l’em-

pathie » deviennent centrales et trouvent ici

tout leur sens.

En pratique, les réunions pluridisciplinaires

incluant la participation du malade et de sa

famille ne peuvent venir que clarifier le sens

de l’intervention à pratiquer, en tenant compte

des volontés du malade dictées par son histoi-

re personnelle, sa culture, sa religion ou son

système de croyance. Et c’est à ce moment

précis que l’équipe soignante (et non plus le

malade, bien trop occupé par sa maladie et

sa souffrance) se retrouve comme renvoyée

à sa propre étrangeté, à sa propre différence,

confrontée à un profond relativisme culturel.

Dans cette perspective, la responsabilité du

soulagement adéquat de la douleur (qu’elle

soit physique ou morale) doit être partagée

par les différents intervenants (médecins,

infirmières, travailleuses sociales et bénévo-

les), mais aussi par le malade lui-même et sa

famille.

C’est cette responsabilité qui, à mon sens,

aura permis à l’équipe de l’unité des soins pal-

liatifs de l’Hôpital Notre-Dame de proposer à

Natacha un « dialogue virtuel » avec sa mère

restée là-bas, loin, dans ce pays qu’elle ne re-

verra plus. Cet acte responsable, imposé par

l’équipe et le pasteur zaïrois (qui joue ici un

grand rôle, à la fois celui du médiateur culturel

et celui de la famille absente), aura permis ce

soulagement extrêmement bienfaiteur, auquel

Natacha aspirait tant dans son chaos, même si

elle ne l’avait jamais demandé clairement. Ce

dialogue par images vidéo permet à Natacha

de parler à sa mère dans sa langue « ma-

ternelle », de pouvoir verbaliser ses doutes,

ses souffrances, et de dire enfin son histoire

aux êtres qui comptent le plus au monde (sa

famille, sa mère), et ceci même (et mon pro-

pos ici dépasse le cas clinique de Natacha et

devient global) si ces êtres chers ne sont pas

toujours prêts à entendre, ne veulent entendre

ou ne peuvent entendre.

Mais au même moment, cet acte responsable

imposé par l’équipe permet aussi à Natacha

de se parler à elle-même, à travers sa mère,

d’enfin s’accepter en tant que mourante, et

de pouvoir s’éteindre calmement, rapidement

même, dans les heures qui suivent l’enregis-

trement de ce « dialogue » sur support DVD.

En conclusion : vers une approche éthico-culturelle

Il faut insister sur le fait que le principe de

bienfaisance corresponde au questionnement

étique de l’équipe de Soins Palliatifs. Ce prin-

cipe nous impose, à nous soignants, un devoir

d’agir, sous-tendu par une obligation morale,

dans le sens du bien-être du malade. Car, le

bien-être du malade n’est pas seulement un

bien-être physique, somatique, c’est aussi et

dans le même temps, un bien-être expérien-

tiel, moral, identitaire, religieux et culturel qui,

immanquablement, passe par la famille, les

liens de sang. Et ceci avec ou sans la famille

réelle. Cela, l’équipe du service de soins pal-

liatifs le réalise avec peut-être plus d’acuité

que leurs collègues, ailleurs dans d’autres

services hospitaliers.

Ce bien-être est donc multidimensionnel (les

liens de sang constituent une dimension im-

portante dans ce bien-être), tout comme la

douleur d’ailleurs, voilà pourquoi plusieurs

types d’interventions (de la ponction d’ascite

à l’intervention du pasteur zaïrois) sont toutes

aussi nécessaires les unes que les autres.

Toutes aussi importantes pour Natacha. Les

dimensions culturelles et symboliques de la

douleur de Natacha sont nombreuses. Ainsi,

la symbolique reliée à la distension abdomina-

le provoquée par l’ascite entraîne une visuali-

sation de la maladie devenant trop apparente,

trop évidente pour Natacha qui veut la cacher,

mais surtout se la cacher.

Également reliée à celle-ci, l’importance sym-

bolique de la ponction d’ascite qui permet à la

fois, certes, un bien être physique indubitable,

mais aussi l’illusion de la disparition du mal et

l’illusion d’un traitement curatif auquel Natacha

veut croire, envers et contre tous. Autre élé-

ment hautement symbolique aussi pour cette

jeune femme africaine, celui de voir son mal

se localiser dans sa matrice, dans ce qui la fait

femme et mère, cela même qui auparavant l’a

conduite au refus de l’hystérectomie qui, pour

elle, signe l’arrêt définitif de toutes possibilités

de grossesse.

En Afrique, au sud du Sahara, la notion de

soi et d’identité, contrairement à l’Occident,

DH Magazine n°128 K OctObre 200924

Page 25: DH Magazine 128 - Octobre 2009

est une notion qui passe par les filiations, par

l’ascendance (les parents, les ancêtres) et

par la descendance (les enfants et les petits

enfants). Ce sont eux qui viendront définir la

personne. Contrairement à l’occident, on peut

dire que la notion de personne qui prévaut

chez les Kongo, est une conception exocen-

trique et non égocentrique. D’où, les nom-

breux conflits et paradoxes que cette jeune

femme va expérimenter à ses dépends : se

retrouver comme « enceinte » (en être à la

fois fière lorsqu’elle rabat systématiquement

son drap et offre à la vue de tous son ventre

distendu, sans pudeur a-t-on pu penser), mais

aussi dans le même temps, le désir de faire

disparaître ce mal qui la ronge, lui donnant

l’illusion d’une rémission, parfois d’une cure,

tout en acceptant à chaque fois d’en mourir un

petit peu plus. On comprend alors facilement

que les douleurs de Natacha ne sont pas que

somatiques.

Ces dimensions symboliques de ces méta-

phores corporelles sont toutes à lire sur l’hori-

zon culturel qui les sous-tend. Les sens et les

signifiants culturels sont nombreux, mais ils

ne constituent que des dimensions parmi tant

d’autres. Sur le même niveau que les autres,

penserai-je, mais trop souvent, paradoxale-

ment, oubliées par tous. À ce sujet, le dossier

médical de Natacha est éloquent. On note une

différence marquée dans la prise en charge

de la patiente lors de son arrivée dans l’unité

de soins palliatifs. Il existe, c’est indéniable,

des différences essentielles dans la prise en

compte de ces dimensions culturelles et sym-

boliques lors de ses passages successifs en-

tre le service d’onco-radiologie, le service de

gynécologie et l’unité de soins palliatifs. C’est

dire que, souvent, ces dimensions symboli-

ques de la douleur sont régulièrement mises

de côté par les intervenants eux-mêmes, mais,

soulignons-le, par les malades eux-mêmes et

par leurs proches, qui à ce moment précis de

leurs histoires, sont dans le chaos !

De part et d’autre, il n’est jamais aisé de se

remettre en question. Du côté des équipes

soignantes, il n’est jamais aisé, à l’intérieur

de notre propre système biomédical, de re-

mettre en question notre façon de fonctionner,

pas simple non plus d’éviter, par exemple, les

rapports hégémoniques à l’intérieur de nos

services, de nos équipes pluridisciplinaires,

mais aussi à l’intérieur même de nos propres

structures hospitalières (rapports entre les dif-

férents services d’un même hôpital). Il n’est

pas aisé non plus, dans un tel contexte, pour

Natacha de dire et d’agir en fonction d’une

logique qui serait commune à tous, partagée

par l’équipe soignante et par son entourage,

qui se résume à un pasteur.

Pourtant, en ce début de troisième millénaire,

les dimensions culturelles, linguistiques et

identitaires de nos patients nous assaillent de

toutes parts à Montréal dans nos pratiques

médicales quotidiennes et pas seulement aux

soins palliatifs. Car, nous avons tous ici (tou-

tes celles et ceux qui sont impliqués auprès du

malade, sa famille comprise) la responsabilité

morale de prendre désormais en considéra-

tion le principe de bienfaisance, non seule-

ment en fonction des dimensions familiales,

culturelles, sociales, linguistiques, identitaires

et morales de nos patients, mais aussi et sur-

tout nous devons désormais savoir conjuguer

ces dimensions (celles qui appartiennent au

malade) aux nôtres (c’est-à-dire ici à celles

qui nous appartiennent intimement) et réaliser

alors parfois nos propres limites, nos propres

arbitraires, nos propres préjugés (sociaux,

moraux, religieux, culturels) qui, en pratique,

doivent, lorsque nous les appliquons pour ce

que nous pensons être moralement le mieux

pour le patient, s’articuler aussi à nos services

autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de struc-

tures hospitalières et médicales en pleine

mutation.

Enfin, si j’ai tenu à évoquer le cas, à la fois

tragique et pourtant hyper contemporain, de

la vie et de la mort de Natacha, c’est certaine-

ment pour réaffirmer la part importante, quoi

qu’on en pense, quoi qu’on en dise, de la pla-

ce de la famille pour le patient dans sa prise

en charge et cela même comme l’exemple

de Natacha a pu l’évoquer, si celle-ci semble

être complètement absente, voire même avoir

complètement disparue physiquement.

Devenir du patient, avenir de l’hôpital

Didier SICARD, président d’honneur du

Comité consultatif national d’éthique, Paris,

France

“Il est difficile d’être global sans être contra-

dictoire”. Montaigne

La contradiction réside ici dans l’écart, voire

l’affrontement qui existe entre la reconnais-

sance de l’autonomie croissante des person-

nes et la rationalisation des soins au nom de

l’économie de santé et d’un ordonnancement

idéal du monde. Cet affrontement entre service

rendu et technologie est à la source de malen-

tendus souvent exploités avec de mauvaises

intentions. Cet écart ne cesse de se creuser

en raison de la démographie du vieillissement,

de l’augmentation des maladies chroniques et

de l’innovation technologique. De plus en plus

de personnes âgées font du vieillissement un

marché déconnecté de tout esprit d’économie,

mais pas de caractère lucratif.

L’hôpital public n’a donc plus de choix réel :

• Soit il s’adapte à la situation qui n’a rien de

potentielle, mais est une réalité, c’est-à-dire

est le lieu d’un savoir-faire, d’une concentra-

tion de moyens techniques, d’une high tech

et tisse en même temps des liens avec les

acteurs qui l’entourent comme un porte-avion

nucléaire s’entoure de frégates ; l’hôpital du

futur n’existera, en effet, que s’il est capable

d’établir une relation avec les structures « hors

les murs » • Soit il sombre ou plutôt régresse

en devenant l’hospice du passé qui accueille

sans moyens la détresse du monde, refusée

par les structures privées qui s’adaptent très

vite au marché ; cet hospice côtoie quelques

unités suréquipées en vivant sans cesse la si-

tuation de forteresse assiégée.

Le malade, lui aussi, a changé. La maladie

aigüe ou subaigüe le tuera de moins en moins,

mais le laissera dans un état de maladie chro-

nique avec des traitements continus ou dis-

continus. Les maladies autrefois mortelles, en

quelques mois ou quelques années, s’accom-

pagnent de traitement qui peuvent durer la vie

entière. Les malades ainsi dépendent de plus

en plus de la médecine. Le paradigme de l’in-

suline à vie se généralisera et le Sida n’en est

pas le moindre exemple. L’hôpital devra donc

s’adapter à cette nouvelle morbidité.

Ainsi, un hôpital contraint à la révolution, un

malade devenu chronique et qui vieillit, à

l’autonomie décroissante, mais à la revendica-

tion croissante, justifient une réflexion en pro-

fondeur, dénuée des éternels atermoiements

des professionnels, une main sur le cœur et

l’autre sur l’équilibre des comptes !

Dans un rapport récent remis à l’AP-HP sur le

futur de la gériatrie 2010-2020 à l’AP-HP, je

concluais en disant que l’hôpital du futur sera

gériatrique..., qu’il ne s’agissait pas tellement

de la mise en forme de structures gériatriques

ou d’entités spécifiques comme la cardiologie

ou la neurologie, mais de la gériatrisation de

l’ensemble de spécialités, orthopédie, neu-

rologie, cardiologie, etc. La gériatrisation de

spécialités ne signifie pas que toutes les per-

sonnes âgées doivent aller à l’hôpital, mais

qu’elles doivent pouvoir continuer à bénéficier

des ressources hospitalières, tout en restant

le plus possible à domicile. Se pencher sur

l’assistance respiratoire, l’insuffisance car-

diaque des personnes âgées seules, pose un

redoutable problème d’échange de l’hôpital

avec l’extérieur.

Dans ce domaine spécifique de la gériatrie,

que peut-on attendre dans le futur comme

modélisation ?

1. L’augmentation financée de la domotique

à domicile facilitant les déplacements, la nu-

trition, l’hydratation, les soins d’hygiène, etc.

Mais cette domotique invite tout de suite à

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 25

cOLLOQUe

Page 26: DH Magazine 128 - Octobre 2009

réfléchir pour qu’une « robot-éthique » fasse

l’objet d’une réflexion approfondie, afin de ne

pas transférer sur des prothèses l’humanisa-

tion de la relation humaine.

2. L’intégration de l’hôpital dans des structu-

res complémentaires, cohérentes et coordon-

nées, sans que l’hôpital ne joue nécessaire-

ment le rôle de tutelle ou de tuteur, maintenant

un hospitalo-centrisme paternaliste ; mais au

contraire un hôpital qui se met au service

d’autres entités, qui quitte son côté centripète

pour être préoccupé par le service rendu par

un réseau. La question du pilotage est impor-

tante afin d’éviter ce que certains nomment le

« bazar » qui finirait par faire du malade un

otage de la confusion.

3. La création de nouveaux métiers de coor-

donnateur des soins hospitalier et extrahos-

pitalier, qu’ils soient médicaux, infirmiers ou

médico-sociaux.

4. L’intégration universitaire de cette dimen-

sion médico-sociale aussi importante que la

génétique ou la réanimation.

5. Le développement de la télé-médecine, qu’il

s’agisse des capteurs d’information, des ré-

seaux d’images transmises, des téléconféren-

ces, des aides à la meilleure prise en charge,

aide à la distribution des médicaments, mate-

las actimétriques, afin d’éviter les escarres. Il

faut cependant être attentif aux conséquences

excessives de cette télé-médecine, au sens

large du terme, qui finit par méconnaître le dé-

sir de la personne de rencontrer un regard ou

une main d’un être humain avant un écran.

6. L’attention à de nouvelles pathologies.

L’insuffisance cardiaque du sujet âgé va justi-

fier le développement de boîtiers miniaturisés

de cœur artificiel ; mais leur coût prohibitif,

qui a probablement peu de chance de bais-

ser rapidement, se heurtera à la sélection des

personnes qui pourraient en bénéficier. Les

valvulopathies aortiques sous la forme du ré-

trécissement aortique serré, des troubles de la

conduction des sujets âgés justifiant la pose

de pace maker, l’augmentation des fractures

du col, les problèmes psychiques des sujets

âgés, de l’insuffisance rénale justifiant des

dialyses performantes à domicile, la prévalen-

ce de la démence qui devrait atteindre peut-

être 30 à 40 % des populations de grand âge

demandent des initiatives nouvelles.

7. L’encadrement médical des médecines

interventionnelles et des actes chirurgicaux

s’impose avant et après les actes, afin d’éviter

au maximum les mauvaises indications, les

mauvaises préparations, et les décomman-

dassions de postes opératoires (nutrition, psy-

chologues, etc.).

8. L’ouverture sur une prise en charge globale

avec une dimension plus préventive que cura-

tive hors les murs.

9. Un déplacement des compétences, plutôt

que des personnes. C’est dire l’importance

des unités mobiles actuellement largement

insuffisantes. Il paraît tout de même légitime

que les spécialistes se déplacent au chevet

des malades, plutôt que le contraire.

10. Le changement de la tarification.

Actuellement, celle-ci est fixée sur les actes

prescrits et réalisés, peu sur le service rendu.

Tant que cette dimension ne sera pas prise en

compte, on connaît les difficultés de finance-

ment des actions complexes en réseau.

11. Une reconnaissance de la place de la

famille. Toute maladie chronique a un im-

pact considérable sur les proches, avec des

conséquences importantes sur l’isolement, le

maintien du travail. Des soutiens à l’aidant, la

formation d’auxiliaires de vie s’imposent dans

le futur.

L’hôpital « hors les murs », dans cette nouvel-

le relation entre usagers et prestataires, pour-

rait ainsi devenir un partenaire fondamental,

mais il faut tout faire pour éviter que l’hôpital

ne donne le sentiment qu’il veut se débarras-

ser des inopportuns pour faire des économies.

L’hôpital hors des murs pour faciliter la T2A

actuelle sera un échec. Au contraire, l’hôpital

doit s’intéresser aux personnes avant d’en fai-

re un élément économique et s’il s’intéresse à

leur destin avant et après l’hospitalisation, tout

changera. L’hôpital ne peut pas être indifférent

au statut du domicile, à son existence même,

ni à l’environnement humain du malade. S’il

témoigne de cet intérêt, alors la confiance re-

deviendra centrale. L’hospitalisation à domi-

cile n’est pas un argument économique, mais

le respect de la personne. Ces problèmes

d’organisation autour de la personne repo-

sent autant sur une filière de soins verticale

que horizontale, filière fluide de soins qui le

conseille et le prend en charge au mieux, ré-

seau fluide de soins qui lui assure une véri-

table pluridisciplinarité. Le problème n’est pas

de transformer la prise en charge du malade

sous la forme d’un « plan de métro », mais

avec l’existence de référents. Il ne s’agit pas

de faire des structures consommatrices de

moyens excessifs qui tendraient à leur propre

inertie, mais de réfléchir au statut de la per-

sonne.

Et l’éthique dans tout cela ? L’hôpital le plus

rationnel finira toujours par privilégier l’offre

plutôt que la demande et tentera de reléguer

l’imprévisible sur des structures extérieures.

Or, l’imprévisible fait partie de la maladie ;

c’est pourquoi la rationalité doit intégrer une

dose d’irrationnel, en renforçant la collabo-

ration entre la médecine hospitalière et non

hospitalière et les professionnels des soins à

domicile. Il s’agit de transférer l’obsession de

la responsabilité médico-légale sur l’écoute

des besoins réels, en respectant les désirs

des personnes, fussent-elles versatiles et dé-

nuées d’autonomie réelle. Il faut tout faire pour

que l’argument sécuritaire, qui devient l’alpha

et l’oméga de la prise en charge hospitalière

et contribue à la précarité, ne soit pas le re-

père numéro un. Une hospitalisation à durée

identique pour une femme en couches vivant

dans un milieu privilégié et une femme dans la

même situation vivant dans un milieu précaire

est inacceptable.

En un mot, le futur sera ce que sera la ca-

pacité imaginative d’un hôpital déléguant à

d’autres structures de soins des responsa-

bilités pour s’adapter à la modernité, sans

exclusion, ni orgueil. L’accès équitable aux

soins doit rester une préoccupation. Certes,

on n’arrivera jamais à gommer l’inégalité,

mais il faut tout faire pour tenter au moins de

la corriger, pour faire, et c’est le paradoxe, de

la prise en charge de la précarité une donnée

économique positive. À ce titre, la santé est

politique, et pas seulement médicale. Un hô-

pital qui, comme Saturne, dévore ses enfants,

fini par perdre de vue son objectif central, qui

est l’accueil du plus vulnérable. Un hôpital ne

doit pas se débarrasser des inopportuns, des

vieux, des précaires, mais au contraire, tout

faire pour qu’il retrouve sa fonction initiale

d’hospitalité. K

Euro Cos Humanisme et Santé

Groupe pluri-professionnel européen de réflexion et de formation en santé, Euro Cos a été créé en 1992 à l’initiative de quelques personnes d’horizons professionnels différents et grâce à une convention de coopération signée entre les Universités Louis Pasteur, Marc Bloch et les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Euro Cos fut nommé ainsi en référence à l’île de Cos, réputée dans l’Antiquité pour son courant de pensée humaniste et lieu symbolique où Hippocrate fonda la première école de médecine. Euro Cos Humanisme & Santé réfléchit en pluridisciplinarité à la santé en Europe, en alliant les savoir-faire, les compétences, les complémentarités et les différences de chacun de ses membres, et propose des journées de réflexion, d’échanges et de débats.

Euro Cos est animé avec flamme et conviction par Claude-Marie LAEDLEIN-GREISALMER, que nous lecteurs connaissent pour sa prise en charge des dossiers de coopération européen-ne au CHU de Strasbourg (cf. DH Magazine n° 93 et n° 124).

Euro CosHôpital Civil - 1, place de l’Hôpital67091 Strasbourg cedexTel : 03 88 11 50 06 – Fax : 03 88 11 50 68Mail : [email protected]://eurocos.u-strasbourg.fr

DH Magazine n°128 K OctObre 200926

cOLLOQUe

Page 27: DH Magazine 128 - Octobre 2009

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Page 28: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Centre hospitalier William MoreyChalon-sur-Saône

Retour du tableau L’Adoration des Bergers après restauration

Cette page Art & culture donne dans chaque numéro la parole à un établissement pour qu’il expose ses réalisations et ses projets...

DH Magazine n°128 K OctObre 200928

Cécile RENON - Anne [email protected]

Adoration des Bergers - anonyme fin XVIIe siècleInscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiquesPropriété du CH William Morey

Pourquoi restaurer ce tableau ?

Cette œuvre était exposée dans le

grand escalier de l’hôpital, en très

mauvais état de conservation et

présentant de nombreuses altéra-

tions. Suite à un acte de vandalisme, un carré

de toile avait notamment été découpé au cut-

ter dans la partie inférieure mais avait heureu-

sement pu être conservé. La toile présentait

de nombreuses déformations. La couche pic-

turale était elle aussi très altérée. On consta-

tait de nombreuses retouches anciennes, des

mastics représentatifs de trous anciens, des

fentes, craquelures et soulèvements. Enfin, le

tableau était recouvert d’un vernis brunâtre et

d’une importante couche de salissures.

En accord avec la direc-

tion du CH, l’association

Abigaïl Mathieu a donc

décidé de faire restau-

rer cette œuvre. Les

travaux se font faits en

trois étapes, chacune

réalisée par un res-

taurateur différent :

Restauration du support : traitement effectué

sur le support toile et la couche picturale, par

Monsieur Michel HUET – Atelier Artop à Héry

(89) de novembre 2003 à février 2006.

Restauration de la couche picturale :

traitement effectué sur la couche picturale

du tableau, par Madame Françoise AUGER-

FEIGE à Semur-en-Auxois (21) du printemps

2006 à fin 2008.

Restauration du cadre : par Monsieur

Bertrand LOTTEAU et Madame Laëtitia

DESHAIES – Atelier des Ors et Laques à

Vaux-en-Pré (71) de début 2007 à fin 2008.

Financement de la restauration

Le coût de cette restauration s’élève à

23 957,49 € et se répartit ainsi : • restauration

du support : 6 309,31 € • restauration de la

couche picturale : 13 019,66 € • restauration

du cadre : 4 628,52 €.

Le tableau étant inscrit à l’ISMH, le CH a ob-

tenu des aides financières pour sa restaura-

tion auprès de l’Etat, représenté par la DRAC,

et auprès du Conseil général de Saône-et-

Loire. Le montant total des subventions s’élè-

ve à 17 901,05 €. L’Etat a versé 11 934 €. Le

Conseil général a attribué 5 967 €. Le solde,

6 056 €, a été pris en charge par l’association

Abigaïl Mathieu.

Première étape : le support

Avant de procéder à la restauration du

support, il faut protéger la couche picturale

par à un cartonnage : coller sur la face un

papier de texture et grammage adaptés.

Durant les opérations de nettoyage du revers

et d’enlèvement du résultat des interventions

anciennes, la peinture ainsi maintenue ne

risque pas de se décoller, ni de subir des

pertes.

Vue générale avant restauration

Page 29: DH Magazine 128 - Octobre 2009

cULtUre

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 29

L’ancien châssis, sur lequel

la toile est tendue, est dé-

monté. La partie découpée

du tableau est alors repo-

sitionnée. Le dos est net-

toyé et refixé à la Colletta,

colle de grande pénétra-

tion qui permet de refixer

la couche picturale à son

support toile.

Les pièces ancien-

nes sont retirées

et remplacées par

trois incrustations de

toile, découpées aux

formes exactes des

manques puis col-

lées. Le restaurateur

procède alors au

rentoilage.

Pour finir, l’ensemble est remonté sur un

châssis neuf à clefs. Ce type de support

annexe peut être agrandi par enfoncement

des clefs grâce à un assemblage non collé.

Les clefs sont de petites pièces triangulaires

insérées dans les rainures des angles

d’assemblage.

Deuxième étape : la couche picturale

Le très mauvais état de conservation de la

couche picturale ainsi que les restaurations

anciennes et successives entreprises pour

assurer sa pérennité en rendait la lecture

très difficile et l’appréciation esthétique

problématique.

Outre des problèmes structurels importants

(déchirures, lacunes de toile, perte d’adhésion

et de cohésion de la couche picturale

au support), l’œuvre était recouverte d’un

vernis très roux et de différentes couches de

repeints débordants masquant des lacunes

et des usures importantes. La restauratrice

a proposé un allègement du vernis et un

enlèvement des repeints pour mettre au jour

la couche picturale, suivis d’une intervention

de retouches des lacunes.

Le rentoilage et la pose de protections de

surface ont favorisé l’apparition d’un chanci

de la couche de vernis. Le vernis apparaît

blanchâtre et opacifié. Il s’est oxydé et il a

perdu sa transparence et sa solubilité. Ce

chanci met en évidence tous les repeints (qui

apparaissent sombres) et certaines lacunes

dégagées de leurs mastics et repeints avant

rentoilage. Les repeints recouvrent l’original et

en modifient le dessin et le coloris. Le rectangle

dans l’angle supérieur dextre correspond au

test de régénération du vernis.

Pour l’Adoration des Bergers, la restauratrice

a mis au point des gels de solvants, dont le

contact plus intime avec la matière a permis

d’enlever une partie des repeints issus de

deux ou trois campagnes de restauration. Un

dernier type de repeints demeurait insoluble

dans les solvants qui ne présentaient pas de

danger pour la matière d’origine. Par ailleurs,

le dégagement des repeints a mis au jour

des mastics de comblement des lacunes :

insolubles et très durs, ils étaient impossibles

à nettoyer mécaniquement par abrasion au

bistouri.

Elle a ensuite procédé au masticage et à la

réintégration des lacunes. Toutes les lacunes

récentes ou mises au jour ont été retouchées

de manière illusionniste pour un examen à

moyenne distance mais visible à faible dis-

tance. Les repeints les plus gênants pour la

lecture de l’image ont été masqués par des

retouches. Pour éviter les problèmes de res-

tauration à long terme, les retouches ont été

réalisées avec des matériaux très stables

dans le temps qui resteront solubles dans des

solvants non dangereux pour la matière pictu-

rale. La pose d’un mastic dans les lacunes de

la couche picturale permet de rétablir le même

niveau sur toute la surface du tableau.

La dernière étape consiste à poser un vernis

de protection. Ce vernis doit être stable dans

le temps. Il restera, comme les liants de retou-

che, réversible dans des solvants ne présen-

tant pas de danger.

Troisième étape : le cadre

Le cadre est en chêne sculpté, doré et poly-

chrome. Il présente de nombreuses lacunes

de sculpture. Les bois sont très sains, à l’ex-

ception d’une partie piquée sur une trentaine

de centimètres.

On remarque également que les baguettes

(les pièces de bois formant le cadre) ont été

recoupées dans la longueur, ce qui explique

que les sculptures ne correspondent pas. Il

s’agit d’un cadre de réemploi : une semelle

en chêne a été rapportée sous la baguette

pour réaliser une feuillure. Cet espace vide en

creux permet de caller le châssis du tableau.

Une partie des ors de l’ornementation peut

être conservée, les ors anciens servant de ré-

férence pour la patine des ors neufs.

L’intervention se déroule en cinq étapes : • Dé-

gagement des repeints • Reprise de la sculp-

ture • Restauration des apprêts • Reprise des

ors • Reprise de la polychromie.

La dorure à l’eau ou à la détrempe est le pro-

cédé traditionnellement utilisé sur le bois. Ce

procédé utilisé sur du bois sculpté nécessite

une vingtaine d’opérations successives et per-

met d’obtenir une finesse et un niveau de dé-

tail exceptionnels après la mise en valeur par

brunissage. Le brunissage consiste à écraser

l’or avec une pierre d’agate pour le rendre

brillant. Elle permet de créer un contraste avec

les parties restées mates. L’aspect après bru-

nissage est semblable à celui de l’or massif.

Un encollage de matage a été effectué sur les

ors. Il se fait sur les surfaces non brunies et

permet de changer l’aspect initial de l’or pour

obtenir des contrastes décoratifs. La patine a

été réalisée en accord avec les ors anciens.K

Détail avant restauration

Détail après restauration

Angle après restauration des apprêts.

Angle à l’ocre jaune Angle à l’assiette

Page 30: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Organisé par

LE MAROC À L’HONNEUR www.jib-sdbio.fr

3*-4-5-6 NOV. 2009 • CNIT Paris la Défense*Congrès uniquement

1 SALON / 1 CONGRÈSLA BIOLOGIE AU SERVICE DU PROGRÈS MÉDICAL

Appel à Poster

JOURNÉESINTERNATIONALESDE BIOLOGIE

DH_mag2.indd 1 26/08/09 18:25:03

Page 31: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Organisé par

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Appel à Poster

JOURNÉESINTERNATIONALESDE BIOLOGIE

DH_mag2.indd 1 26/08/09 18:25:03

Les JIB 2009 et la biologie des cancers

La recherche en cancérologie progresse

aujourd’hui rapidement et pour une large part,

c’est à la biologie qu’elle doit ses avancées

scientifiques. La prise en charge des patients

va être profondément modifiée avec l’émer-

gence des traitements personnalisés. Les JIB,

rendez-vous annuel de la biologie française,

ont choisi de dédier l’édition 2009 à la biologie

des cancers, l’espoir de demain.

Les JIB 2009 consacreront de nombreuses

communications à cette nouvelle approche

des cancers : marqueurs moléculaires dans

les cancers hormonodépendants comme

aide aux traitements personnalisés, rôle des

cellules tumorales circulantes, vitamine D et

cancers, l’apport de biologie dans la chirurgie

digestive… Ces journées seront l’occasion de

faire le point sur la réforme de la biologie au vu

de la loi HPST, qui après de nombreux débats,

définit les conditions de l’exercice, le nouveau

rôle du biologiste et ses missions.

« La biologie témoigne depuis 50 ans des

évolutions fulgurantes de la médecine. Elle a

toujours su exploiter au mieux les avancées

technologiques pour offrir aux praticiens et à

leurs patients des moyens d’investigation tou-

jours plus performants », indique Jean Benoit,

président du Syndicat des biologistes. Cette

54e édition propose une nouvelle fois à l’en-

semble de la profession un programme de

qualité sur des thèmes majeurs pour la profes-

sion comme la cancérologie ou sur des avan-

cées notoires, comme les nanotechnologies.

Conjuguant un congrès scientifique et un sa-

lon en pleine expansion, les JIB réunissent

chaque année un nombre croissant de bio-

logistes privés et hospitaliers, sociétés, cher-

cheurs, techniciens, internes... En 2008, ils

étaient près de 10 000 (dont 23 % d’interna-

tionaux) à se réunir pour s’informer, échanger

et découvrir les nouveautés de 178 exposants

(fournisseurs de matériel et de réactifs pour

laboratoires, prestataires en informatique, so-

ciétés de service ou associations...).

Le congrès scientifique, carrefour des dé-

veloppements majeurs de la biologie et des

grandes questions de santé publique, a choisi

de présenter les dernières avancées et les

espoirs attendus d’une biologie des cancers

permettant le développement d’une médecine

personnalisée. « Le programme du congrès

illustre combien, dans le domaine de la can-

cérologie, les liens sont nécessaires dans la

communauté des biologistes entre chercheurs

et cliniciens pour permettre aux patients de bé-

néficier des traitements les plus performants »

commente le Pr Gilles Favre, coordonnateur

du programme scientifique des JIB 2009.

Au cours du congrès, seront également

abordées les actualités liées à la profession,

l’accréditation des laboratoires et la réorgani-

sation de la biologie prévue dans le cadre la

réforme.

La réforme de la biologie française : le caractère médicalisé de la profession

de biologiste, la réorganisation de la profession et l’accréditation des

laboratoires

Jean Benoit, président du Syndicat des

biologistes

L’article 69 de la loi HPST introduit la réforme

de la biologie médicale en France. Cette ré-

forme a fait couler beaucoup d’encre chez les

biologistes : plus d’un an de rencontres et de

concertations avant l’entrée en phase parle-

mentaire du projet de loi en février dernier et

son adoption par le Sénat en juin et par les

députés le 21 juillet 2009.

Cet article fixe pour de nombreuses années

le cadre de l’exercice de la biologie médicale

en France. Commun à la biologie libérale et à

la biologie hospitalière, il définit les conditions

de l’exercice, le nouveau rôle des biologistes

et ses missions. Ces derniers vont devoir s’y

plier même s’ils désapprouvent que des me-

sures aussi importantes que la mutation de

leur profession et la nature du capital des la-

boratoires d’analyses aient été prises par voie

d’ordonnance (rendue possible par l’article 38

de la Constitution).

Les points importants sont : la non ouver-

ture du capital des LAM aux investisseurs, la

médicalisation de la profession de biologiste

médical, l’accréditation obligatoire des labora-

toires publics et privés et la réorganisation de

la profession.

Les marqueurs moléculaires dans les cancers hormono-dépendants,

aide aux traitements personnalisés

Pr Jean-Michel Bidart, département de biolo-

gie et pathologie médicales, Institut Gustave

Roussy, Villejuif

L’apport actuel de la biologie moderne dans le

domaine de la cancérologie permet de remet-

tre en question la notion de cancer hormono-

dépendant... Par exemple, le cancer du sein

n’est plus aujourd’hui considéré comme une

entité unique puisqu’on estime qu’il s’agit d’au

moins cinq maladies tout à fait distinctes.

On en est actuellement à l’ère de la biopatho-

logie moléculaire tumorale. Amorcée depuis

4-5 ans, cette nouvelle démarche fondée sur

une approche moléculaire globale du tissu tu-

moral, est rapidement en train de se mettre en

place sur l’ensemble de la France. L’analyse

moléculaire de la tumeur permet de la clas-

ser dans un groupe particulier puis de choisir

le traitement le plus approprié en fonction de

son classement. A terme, c’est sur l’identifica-

tion moléculaire des tumeurs que reposera le

choix des traitements spécifiques ciblés.

Les cellules tumorales circulantes

Pr Jean-Yves Pierga, oncologie médicale,

Institut Curie, Paris

La mise en évidence des cellules cancé-

reuses en dehors du site de la tumeur est

un important champ de recherche en biolo-

gie. Pendant de nombreuses années, cette

recherche a essentiellement été concentrée

sur la moelle osseuse. Depuis peu, grâce à

l’essor des technologies modernes en bio-

54e éditionles 3, 4, 5 et 6 novembre 2009 au CNIT Paris-La Défense

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 31

Page 32: DH Magazine 128 - Octobre 2009

SALON

logie, il est devenu possible, à partir d’un

simple prélèvement de sang, d’isoler de telles

cellules, les cellules cancéreuses circulantes

(CTC), puis de les quantifier, voire de les ana-

lyser grâce à la technique de détection auto-

matisée CellSearch de Veridex® (publication

en 2004).

Depuis, plusieurs équipes, dont celle de l’Ins-

titut Curie qui a été le premier centre français

à s’équiper de cet appareil, ont mené des

études cliniques pour préciser la place de cet

examen en oncologie et son intérêt diagnosti-

que, pronostique et prédictif de réponse aux

traitements, en particulier dans le cancer du

sein, et son utilité dans la caractérisation bio-

logique de la tumeur. Les résultats sont en-

courageants mais il reste, avant d’envisager

une utilisation large de cet examen, à résou-

dre certains problèmes techniques, notam-

ment en termes de spécificité, de sensibilité et

de reproductibilité.

Vitamine D et cancers

Pr Jean-Claude Souberbielle, explorations

fonctionnelles, Hôpital Necker, Paris

La vitamine D est bien connue pour son rôle

dans le métabolisme phospho-calcique et

donc osseux. Depuis une dizaine d’années

seulement, on sait qu’elle intervient également

dans les maladies cancéreuses, le cancer du

sein en particulier, les maladies cardiovas-

culaires, l’hypertension artérielle et certaines

maladies auto-immunes. L’évaluation du sta-

tut vitaminique D est récemment devenue plus

aisée par la mise à disposition de techniques

de dosage combiné de la vitamine 25 hydroxy-

vitamineD [25OHD] sous ses deux formes D2

et D3. Dans ce contexte, la correction puis le

maintien d’un statut vitaminique D optimal,

sous contrôle des taux sériques est devenu

un nouvel enjeu de santé publique.

Le chirurgien digestif, le biologiste et le cancer

Pr Marc Pocard, chirurgie digestive,

Hôpital Lariboisière, Paris et Inserm U 965

Angiogenèse - recherche translationnelle

Aujourd’hui, le chirurgien en cancérologie

digestive souhaite disposer de plus d’outils

biologiques l’aidant à poser les bonnes indi-

cations opératoires, situer le moment le plus

propice de l’intervention, réussir une exérèse

la plus complète possible et la plus limitée à

la fois, raccourcir la durée du geste, amélio-

rer la cicatrisation et affiner la surveillance

ultérieure. Ainsi que sélectionner les patients

à très haut risque, candidats à une chirurgie

prophylactique. Quels sont les apports réels

de la biologie moderne et quels sont les liens

entre chirurgien et biologiste ?

Présentation du salon et des temps forts

de l’édition 2009

Le Café scientifique : animation vedette du salon

Le Café scientifique est un véritable lieu de

débats sur des sujets pratiques apportant des

réponses claires aux biologistes praticiens.

En 2009, 12 sessions sont au programme :

des thèmes médicaux et scientifiques com-

me Santé de la femme et bilan pré-natal :

prééclampsie et trisomie 2 ; Toxoplasmose :

nouvelles données et nouvelles perspective ;

Actualités sur les tests VIH ; Pour mieux ser-

vir le malade, une solution : la convergence

de l’imagerie et de la neurobiologie ; Biotech

et biologie médicale, et des thèmes liés à

l’exercice de la profession, au fonctionne-

ment des laboratoires et aux nouvelles tech-

niques et technologies tels que : Le recours

européen contre le système de détention du

capital des SEL de biologie médicale ; Décret

Confidentialité, Accréditation et relance du

DMP : quels impacts sur les outils informati-

ques du laboratoires ? ; Démarche qualité en

hématologie : vers une validation médicale

des analyses ? Pratique des restructurations

et des regroupements des sociétés de labo-

ratoires ; Lancement des Lab tests Online

France et l’expérience de 20 ans d’existence

du GIE RNLI-SOMABIO, un réseau de labora-

toires indépendants.

Libre d’accès de 10 h à 18 h du 4 au 6

novembre

La biologie moléculaire et les nanotechnologies,

le futur de la biologie

Parce que les JIB cherchent depuis plusieurs

années à s’approcher toujours plus de l’inno-

vation technologique en biologie médicale, le

pôle BioMI (Biologie Moléculaire Initiatives)

est toujours à l’honneur en 2009 et valo-

rise sur un espace dédié différentes sociétés

spécialisées présentant leurs dernières

découvertes. Trois nouvelles sociétés seront

sur le pôle : Buhlmann Laboratoires AG, Gatc

Biotech, Gen Probe et Helvetica Health Care.

L’espace Nano in Bio a été créé pour mieux

comprendre le potentiel scientifique et médical

des nanotechnologies et ouvrir ainsi les voies

d’une nouvelle biologie. Cet espace s’adresse

aux sociétés et centres de recherche qui dé-

veloppent des procédés à l’échelle nanomé-

trique. Encore en devenir, la nanobiologie fait

l’objet de toute l’attention de la profession.

Les JIB ont choisi cette année de mettre en

avant cette spécialité qui sera le fer de lance

de demain.

Le Maroc, à l’honneur

Le Maroc, pays francophone et francophile,

sera le « Pays à l’honneur » de l’édition 2009.

Une Journée scientifique du congrès, organi-

sée par le Collège marocain de biologie qui

regroupe les représentants des instances or-

dinales, syndicales et associatives de la biolo-

gie clinique marocaine, consacrera une large

part au cancer et à la pratique de la biologie

médicale.

Lancé en 2009, le plan de lutte contre le can-

cer au Maroc sera présenté par l’Association

LALLA SALMA à travers l’aide aux malades

et à leur famille, l’information et la prévention,

le soutien au corps médical et à la recher-

che clinique, ainsi que l’aide et l’assistance

à la création de centres d’oncologie et à leur

équipement. K

Les Journées Internationales de Biologie sont organisées sous les auspices de l’IFCC (International Federation of Clinical Chemistry and Laboratory Medicine) avec le soutien de l’EFCC (European Federation of Clinical Chemistry and Laboratory Medecine) et en partenariat avec : la SFBC (Société Française de Biologie Clinique), les JBL (Journées Biologiques de Lariboisière) l’Inserm la SFVB (Société Française Vitamines et Biofacteurs) la SFERETE (Société Française d’Etude et de Recherche sur les Eléments Toxiques et Essentiel) les JIPPIF (Journées de l’Internat de Paris) la FNSPBHU (Fédération Nationale de Praticiens Biologistes Hospitaliers et Hospitalo-Universitaires).La programmation 2009 a permis d’engager des interactions avec l’Institut National du Cancer (INCa), la Ligue nationale contre le Cancer et l’ensemble des acteurs de la cancérologie française.

La profession en chiffres en FranceI Environ 10 700 biologistes exercent en secteur privé et hospitalierI 76% sont des pharmaciens biologistesI 24% sont des médecins biologistesI 5 840 laboratoires d’analyses de biologie médicale (LABM), dont 4 234 en secteur libéral, 1 300 en secteur public hospitalier et 167 laboratoires des Etablissements Français du Sang.I 64% des analyses de biologie médicale sont réalisés par les LABM privés (36% à l’hôpital)I « densité biologique » la plus élevée d’Europe avec en moyenne 65 laboratoires par million d’habitants ; 9 biologistes libéraux/100 000 habitants en moyenneI 2/3 des LABM participent à la démarche qualité BioQualité.I Les dépenses de Biologie représentent 2,6% des dépenses remboursées du régime général de l’Assurance maladie, soit 3,9 milliards d’euros (chiffres 2005)I 5% des patients représentent 43% de la consommation globaleI 11 examens concentrent 42% des dépenses.

DH Magazine n°128 K OctObre 200932

Page 33: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 34: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Journées françaisesde radiologie : la SFR fête son centenaire

DH Magazine n°128 K OctObre 200934

L’imagerie est au cœur de la prise en charge du patient

Cette phrase clé de ce 57e salon illustre le

rôle essentiel joué par le radiologue en 2009,

année où la Société française de radiologie,

organisatrice du congrès, fête ses 100 ans.

C’est aujourd’hui au radiologue - en concer-

tation avec le patient et les médecins interve-

nant dans sa prise en charge – d’accompa-

gner pleinement les différentes étapes médi-

cales que sont le dépistage, le diagnostic, le

traitement et le suivi.

A partir des années 70 l’apparition de l’image-

rie par ultrasons et de l’imagerie en coupe par

rayons X, puis de l’IRM, permet en effet de

visiter les moindres recoins du corps humain.

L’approche anatomique par l’imagerie devient

alors extraordinaire. Puis des données fonc-

tionnelles essentielles peuvent être obtenues

conjointement, avec une réduction considé-

rable des désagréments autrefois imposés

par des techniques aujourd’hui révolues.

L’imagerie est réellement au cœur de la prise

en charge des patients.

La SFR fête ses 100 ans

Pour ses 100 ans, la Société française de

radiologie donne la parole aux patients, à

travers l’organisation d’une séance « Grand

public » et la mise en ligne d’un questionnaire

sur le ressenti des personnes ayant passé un

examen d’imagerie.

Partager autour d’une séance grand public

Pour la 1re fois et pour son centenaire, la SFR

organise une séance ouverte au grand public

pour faire partager les avancées médicales

en radiologie interventionnelle, spécialité

mêlant l’imagerie et les actes de traitement

les plus révolutionnaires. Animée par Patrice

Romedenne, cette séance aura lieu le samedi

17 octobre de 12 h 30 à 13 h 30 dans le grand

amphithéâtre du Palais des Congrès.

La projection de quatre reportages télévisés

permettra de découvrir et de se faire expli-

quer l’impact de la radiologie interventionnelle

et son rôle thérapeutique, qui font du radio-

logue non seulement un maillon essentiel du

diagnostic mais également un acteur décisif

du traitement. Une démonstration en quatre

temps qui montre des radiologues, leaders en

imagerie interventionnelle, en train de stopper

des hémorragies (traitement des saignements

lors de l’accouchement), détruire des tumeurs

hépatiques (par les radiofréquences), prévenir

un handicap (par traitement endovasculaire

de l’anévrysme intracrânien) et soulager des

douleurs osseuses par la cimentoplastie.

Ces quelques exemples illustrent les nom-

breux aspects méconnus du métier de méde-

cin radiologue, qui ne se consacre pas exclusi-

vement au diagnostic mais soigne aussi, avec

de nouveaux modes de traitement incluant en

cancérologie les prélèvements réalisés sous

guidage de l’image, pour mieux individualiser

les traitements pour chaque patient.

La séance grand public sera enregistrée en

direct et retransmise sur le site de la SFR.

Examens d’imagerie, quel ressenti pour le patient ?

La SFR lance, sur son site Internet, une

consultation sur le thème : « Quel est le res-

senti des patients qui ont passé un examen

d’imagerie ? ». En répondant à une dizaine de

questions mises en ligne sur son site www.sfr-

net.org chacun pourra s’exprimer afin de faire

évoluer la prise en charge et la relation entre

les personnes, le personnel médical et le mé-

decin radiologue.

Une société savante

La SFR est la société savante de la radiolo-

gie. Elle a pour mission de dresser des états

de l’art, d’organiser et mettre en œuvre des

programmes de FMC en imagerie médicale et

d’informer à la fois les professionnels et les

consommateurs de soins des avancées scien-

tifiques en matière d’imagerie médicale. Elle

se réunit tous les ans, lors des Journées fran-

çaises de radiologie, sur de nombreux thèmes

pour observer les avancées scientifiques et

techniques, édicter des guides de bonnes pra-

tiques, améliorer sans cesse les processus de

contrôle qualité et réfléchir à l’étude des effets

de l’irradiation.

Un salon scientifique, technique et médical

Le salon scientifique permettra cette année

encore d’appréhender les évolutions tech-

nologiques, tout en mesurant leur impact

pratique, organisationnel et économique, à

travers 101 séances scientifiques et didac-

tiques, plus de 500 posters et 298 heures

d’enseignement.

Les objectifs d’information médicale et de

management de ces journées permettront

l’élaboration de propositions innovantes en

matière de réseaux de soins et d’intégration

de l’image radiologique dans le dossier

Les Journées Françaises de Radiologie se tiennent à Paris du 16 au 20 octobre. Avec 17 200 participants en 2008, les JFR sont l’un des congrès les plus importants d’Europe. A la fois salon scientifique, congrès de management et exposition technique, elles s’adressent non seulement aux radiologues et aux mani-pulateurs mais aussi à des médecins non spécialistes en imagerie, aux industriels, aux ingénieurs et aux

directeurs d’hôpitaux.

Page 35: DH Magazine 128 - Octobre 2009

SALON

médical. Véritable interface entre imagerie

et informatique, elle seront l’occasion

de présenter des démonstrations et des

applications informatiques intégrées à la

santé sur des thèmes essentiels, tels que

l’aide au diagnostic et à la décision, la sécurité

des transactions, les réseaux, l’enseignement

et la recherche ou encore le dossier médical

informatisé.

Enfin, l’exposition technique compte parmi

les plus importantes en Europe, avec plus de

10 symposiums et 120 exposants venus pré-

senter leurs produits, équipements et nouvel-

les technologies.

Au-delà des ateliers spécifiques, les objectifs

généraux du salon sont de promouvoir l’utilisa-

tion optimale des différentes méthodes d’ima-

gerie, de promouvoir des notions relatives à

la sécurité des procédures, notamment en

terme d’irradiation et d’iatrogénie, de proposer

des solutions adaptées à un contexte régle-

mentaire en évolution, en particulier dans le

domaine de l’information à donner au patient,

de l’accréditation, de l’évaluation médico-éco-

nomique et de l’irradiation, d’appréhender les

évolutions technologiques à court ou moyen

terme et de mesurer leur impact pratique, or-

ganisationnel et économique, d’élaborer des

propositions innovantes en matière de ré-

seaux de soins et d’intégration de l’image ra-

diologique dans le dossier médical, de contri-

buer au dépistage des cancers, et de préciser

la place de la radiologie interventionnelle pour

contribuer au diagnostic et à la prise en char-

ge thérapeutique.

AVC, thrombolyse et IRM

Les JFR 2009 seront notamment l’occasion

de faire le point sur le traitement de l’AVC. En

2008, les résultats d’une étude européenne

ont en effet élargi la durée de la fenêtre thé-

rapeutique à 4 h 30, tout en sachant que le

bénéfice de la thrombolyse est moindre après

3 h.

L’AVC est une urgence médicale qui représen-

te en France la troisième cause de mortalité,

la deuxième cause de démence et la première

cause de handicap chez l’adulte. Il correspond

le plus souvent à une baisse brutale du flux

sanguin cérébral par formation ou migration

d’un caillot entraînant l’occlusion du vaisseau.

Le territoire ischémié peut être responsable

d’une paralysie ou d’un trouble du langage

à l’origine de séquelles parfois irréversibles.

Devant tout AVC, une IRM cérébrale doit être

réalisée en urgence, afin de détecter et appré-

cier l’étendue des lésions et permettre, pour

environ 1 % des patients, l’administration in-

tra-veineuse (IV) d’un agent thrombolytique.

L’objectif de ce traitement est de dissoudre le

caillot, rétablir un flux sanguin normal et per-

mettre ainsi la régression partielle ou totale

des symptômes.

L’étude internationale NINDS sur la thrombo-

lyse IV, a montré l’intérêt du rt-PA (Alteplase)

administré par voie IV dans les 3 h suivant le

début des signes cliniques d’un accident is-

chémique. Ce traitement permettait d’éviter

un déficit ou un décès pour 10 patients traités.

Son efficacité a été confirmée par le registre

européen SITS-MOST. Les résultats de l’étu-

de européenne ECASS III ont montré en sep-

tembre 2008 l’efficacité et la bonne tolérance

du rt-PA IV administré entre 3 h et 4 h 30 après

les premiers symptômes.

Une thrombolyse par voie endovasculaire a

également été proposée pour améliorer l’effi-

cacité du traitement. Cette méthode consiste

à injecter le rt-PA au contact du thrombus

(thrombolyse chimique intra-artérielle) et/ou à

extraire le caillot à l’aide d’un système méca-

nique (thrombolyse mécanique ou thrombec-

tomie). Cette approche est encore peu utilisée

et intéresse un nombre limité de patients, car

elle pose le problème du délai de mise en

route et de l’accessibilité à une salle d’angio-

graphie 24H / 24 avec des équipes entraî-

nées et disponibles. Les résultats publiés sur

la thrombolyse par voie endovasculaire sont

favorables en termes de recanalisation, mais

aucune étude multicentrique n’a encore com-

paré la thrombolyse par voie endovasculaire à

la thrombolyse IV.

Les études les plus récentes sont orien-

tées sur une approche combinée, asso-

ciant une thrombolyse IV suivie d’une

thrombolyse par voie endovasculaire

encore appelée bridging therapy.

Cette stratégie est séduisante car elle

associe la rapidité de mise en route

du traitement par voie IV à la plus

grande efficacité en terme de reca-

nalisation de la thrombolyse réali-

sée par voie endovasculaire. Elle

pose néanmoins le problème de

l’accessibilité au bloc d’imagerie,

car la revascularisation du vais-

seau doit pouvoir être effectuée

rapidement après le début du

traitement par rt-PA IV. Une

étude récente, publiée dans

le Lancet Neurology, a éva-

lué l’intérêt de cette approche

combinée chez 53 patients admis dans les

3 h pour un AVC. Les résultats ont montré un

taux de recanalisation de l’artère occluse de

87 % par approche combinée, alors qu’il était

de 52 % lorsque la thrombolyse IV était uti-

lisée seule. Les résultats encourageants sur

le taux de désobstruction doivent cependant

être nuancés par les aspects cliniques. En

effet, si la récupération des signes neurologi-

ques était significativement meilleure dans les

suites immédiates du traitement par approche

combinée, il n’existait pas de différence signi-

ficative de l’état neurologique à trois mois en-

tre les deux groupes de patients (ceux traités

par thrombolyse IV seule et ceux traités par

thrombolyse IV et par voie endovasculaire).

En attendant les résultats des études interna-

tionales sur l’intérêt de cette approche combi-

née, il semble nécessaire de réduire encore

les délais de prise en charge et d’améliorer

l’accessibilité à l’IRM. Il a en effet été montré

que la réduction du délai entre les premiers

symptômes et la thrombolyse et la décision de

traitement sur les données de l’IRM permet-

taient d’améliorer significativement le pronos-

tic des patients à 3 mois. K

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 35

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Page 36: DH Magazine 128 - Octobre 2009

PANORAMA de l’actualité en imagerie médicale

DH Magazine n°128 K OctObre 200936

PANOrAMA

Des PACS de plus en plus performants

Telemis présentera la nouvelle version 4.1 de

son PACS. Cette dernière propose trois axes

de progression :

• L’amélioration des

outils de visualisa-

tion et de diagnos-

tic (MPR amélioré,

mise en page et

outils dans le filming,

nombreux outils de

mesure, rendu filtré

des images).

• Avec la simplification de la gestion du PACS,

les référents du système auront désormais

de nouveaux outils sous la main, comme la

gestion personnalisée des utilisateurs, la

consultation de statistiques, l’optimisation de

l’archivage, le dashboard, etc.

• Le renforcement des intégrations donnera la

possibilité de scanner la demande d’examen

et de la lier dans le PACS aux images qui

seront produites.

Une tablette PC durcie pour le milieu médical

Tetra Computer annonce la dernière née de

sa ligne de tablettes PC durcies : la Tetra Y10.

Conçu pour s’adapter au milieu de la santé,

cet assistant clinique mobile intègre un lecteur

RFID et code-barres, un appareil photo / ca-

méra, la technologie mobile 3G+ et l’intégra-

lité des fonctions d’une tablette PC complète.

Le développement de l’imagerie par capteur plan

PrimaX dévoilera un stand entièrement dédié

à l’imagerie par capteur plan : • table télécom-

mandée avec capteur plan scopie-graphie

CLISIS EXEL DRF • nouveau système de

radiologie bi-capteur EIDOS DUO DRX qui

combine les avantages de l’image numérique

par capteur plan fixe et ceux du capteur plan

mobile wifi • appareils mobiles de radiographie

avec capteur plan mobile wifi.

Le nouveau système digital par capteur plan

mobile HIRIS Rad 2 WF peut être introduit

dans tous les potter/bucky sans modification

de l’installation grâce à ses dimensions iden-

tiques à celles d’une cassette 35 x 43 cm ;

de plus, son utilisation en complément d’un

capteur fixe, soit graphie soit scopie-graphie

est très facile et offre une flexibilité accrue,

notamment pour les clichés au lit et les tirs

directs.

Une élasticité des tissus précisément quantifiée

SuperSonic Imagine démontrera, lors de

quatre conférences, les bénéfices de sa

technologie d’élastographie ShearWave™

pour le diagnostic des lésions du sein, du foie

et de la thyroïde. Cette dernière va en effet

au-delà des techniques classiques d’imagerie.

Elle est la seule à pouvoir quantifier en

temps réel et de façon objective l’élasticité

(ou dureté) des tissus, paramètre clinique

essentiel pour le diagnostic puisque souvent

lié à une pathologie.

Dictée numérique et reconnaissance vocale :

des solutions intégréeAprès plusieurs mois de collaboration sur le

terrain, McKesson et Anticyclone signent

un protocole de partenariat autour du produit

DIC’T en vue de proposer aux établissements

de santé une solution de workflow de dic-

tée numérique et de reconnaissance vocale

qui s’intègre avec les solutions de PACS, de

dossier patient et de portail diffusées par

McKesson.

Recherche fondamentale biomédicale

L’imagerie non-invasive appliquée aux ani-

maux de laboratoire permet d’éviter leur sacri-

fice inutile, en accord avec les recommanda-

tions éthiques. Useful Progress s’y emploie.

La visualisation 3D d’un examen au scanner

à rayon X permet d’observer la distribution

de la densité osseuse. Le gain de temps sur

l’analyse est important, car la perte osseuse

est visible sans recours à la dissection. Grâce

à un système de variation de couleur, un sim-

ple examen permet aussi de détecter une

réaction auto-immunologique sur une souris.

L’imagerie permet également de faire passer

le temps d’analyse des phénomènes de miné-

ralisation pour les traitements en odontologie

(dentisterie) de 3 mois à 48 h.

Rayons X : une exposition maîtrisée

Présenté au dernier congrès américain

d’imagerie médicale (RSNA) le SOMATOM

Definition Flash de Siemens est destiné à

transformer les pratiques médicales en limi-

tant le nombre d’examens. Ce nouveau scan-

ner peut délivrer un diagnostic cardiaque en

250 millisecondes. Ce qui « fige » les orga-

nes en mouvement et permet de voir les ar-

tères coronaires lors d’un scanner pulmonaire

standard. Sur les 27 premiers patients ayant

passé un coroscanner sur le SOMATOM au

Centre cardio-thoracique de Monaco, la dose

moyenne reçue a été de seulement 1,2 mSv,

soit 10 fois moins que l’irradiation moyenne

reçue sur les scanners de la génération pré-

cédente.

De nouveaux produits de contraste pour l’imagerie moléculaire

Iseult est un projet de recherche financé dans

le cadre d’un programme de coopération fran-

co-allemand initié en 2006. Piloté en France

par Guerbet, il consiste à mettre au point de

nouveaux produits de contraste pour l’ima-

gerie moléculaire par IRM, pour le dépistage

précoce et le suivi thérapeutique de la maladie

d’Alzheimer, des AVC et des tumeurs céré-

brales.

Cette année encore, près de 120 entreprises seront présentes à l’exposition technique des JFR. L’occasion de faire le point sur les nouvelles pratiques d’imagerie…

Amandine Hoellinger

[email protected]

Page 37: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet ?Un des buts principaux de PACSTIM est d’améliorer

la prise en charge du patient sur le territoire en

associant tous types d’acteurs. L’objet du projet

est la mutualisation d’une solution informatisée de

gestion de l’imagerie médicale dans le cadre d’un

partenariat entre huit structures publiques et privées :

Le CH de Calais, le CH de la Région de Saint-Omer,

la SIMLL (Société d’Imagerie Médicale Libérale du

Littoral), et une SCP de cinq docteurs. Compte tenu

de l’éloignement géographique et des collaborations

existantes, le découpage technique et fonctionnel du

projet est le suivant :

Système 1 : système multi-sites de gestion et de

stockage d’images regroupant les images réalisées

aux cabinets de radio de Saint-Omer, de Aire sur la

Lys, et à la clinique de Saint-Omer.

Système 2 : système multi-sites de gestion, de

stockage d’images pouvant en assurer la diffusion à

destination des correspondants internes et externes.

Prise en charge de l’activité des sites de l’hôpital de

Calais et de 3 cabinets.

Système 3 : système de gestion, de stockage

d’images pouvant assurer la diffusion des images et

des comptes rendus d’imagerie au sein du CH de la

région de Saint-Omer.

Le CH de Calais porte le projet, soutenu par la

Région Nord Pas de Calais, et bénéficiant d’un

cofinancement Région/Feder. PACSTIM s’inscrit

dans la stratégie régionale à travers le choix d’outils

fiables et sécurisés, respectant réglementation et

éthique professionnelle. Le projet régional de télé-

imagerie a pour but de faciliter l’organisation et le

fonctionnement des réseaux de télé-imagerie, et de

développer une infrastructure mutualisée d’échange

et de partage d’images et de documents.

Quels critères ont été décisifs dans le choix de FUJIFILM ?Au-delà du fait que FUJIFILM était le mieux disant, la

solution Synapse nous a surtout paru la plus adaptée

à notre problématique de dossier d’imagerie partagé.

Elle correspondait aux principes qui sous-tendent le

projet. Il fallait une solution Web modulaire de type

Portail patient orienté « imagerie » pouvant s’intégrer

dans le système d’information des diverses structures

concernées (Dossier médical). Il fallait aussi obtenir

un RIS, commun ou au moins communicant avec les

systèmes interne et externes, pour l’harmonisation

des comptes-rendus. Le système devait pouvoir

s’appuyer sur des normes (IHE, HL7, DICOM) afin

d’en faciliter la compatibilité avec l’existant. Enfin, il

était nécessaire de stocker les comptes-rendus dans

le PACS et de les rendre disponibles à toutes les

structures de PACSTIM.

Quels avantages concrets supplémentaires propose la solution dans votre cas ?La diversité et le nombre d’intervenants imposaient

une solution pouvant s’adapter à des réseaux Internet

lents ou du vieux matériel informatique, avec des

temps d’accès performants et la garantie de données

fiables à la sortie. La grosse partie du travail réside

dans l’intégration des SI, en particulier avec les

systèmes différents. Nous voulions disposer d’une

architecture modulaire avec la même suite logicielle.

Les composants doivent pouvoir être déployés sur

un serveur ou répartis sur une architecture plus

importante.

Comment organisez-vous le déploie-ment de l’outil ? Quel est votre calendrier ?Nous avons signé fin 2008 pour un déploiement

achevé mi-2010. Le système est déjà opérationnel

pour les services d’imagerie des CH de Saint-Omer,

Calais, et le cabinet de Blériot-Plage. Au CH de Ca-

lais, les urgences et la réanimation sont en déploie-

ment. La traumatologie suivra vite. Les difficultés

sont d’intégrer la solution à notre système déjà com-

plètement transversal, et d’assurer toute la gestion

de projet associée, en termes de sensibilisation du

personnel, mais aussi des partenaires extérieurs.

La nécessité de déployer rapidement suit le rythme

imposé par la création de notre nouvel hôpital pour

2012, et de démontrer rapidement la valeur ajoutée

du projet aux investisseurs. Au final, le projet se dé-

roule en cinq phases : installation des logiciels et

matériels, paramétrage, connexion des modalités de

toutes les structures ; intégration de la solution avec

les SIH de toutes les structures ; déploiement de la

solution dans les services des structures concer-

nées ; mise en œuvre opérationnelle de la solution

complète et communicante dans toutes les struc-

tures ; et enfin mise en œuvre opérationnelle de la

solution chez les partenaires extérieurs.

Comment se délimitent les rôles du CH et du prestataire ? Qui assure formation et accompagnement au déploiement ?Nous avons rédigé avec un plan d’assurance

qualité et sommes assistés pour la partie technique.

Radiologues, service informatique et manipulateurs

ont été formés à l’outil par FUJIFILM, et nous nous

chargeons ensuite de former et de sensibiliser

les différents services. Quatre personnes sont

directement impliquées dans le projet au CH :

un cadre à plein temps qui réalise la démarche

d’explication auprès des parties prenantes, un

technicien, l’administrateur réseau et une personne

en charge des interfaces. Mais la formation est

facilitée par la simplicité d’utilisation de l’outil.

Au-delà de la qualité de la prise en charge, où résident les autres avantages ?Du côté des gains, il est évident que ce genre de

système favorise la productivité de nos services, et

par conséquent la prise en charge d’un nombre plus

important de patients en un temps donné. Ce qui est

finalement lié à la qualité de la prise en charge elle-

même, avec également une meilleure concertation

avec les structures proches de la nôtre comme

Saint-Omer ou notre partenaire privé de la SIMLL. K

Julien Monchanin - [email protected]

Imagerie partagée : Vers des solutions adaptatives

PAROLES D’EXPERT

Les projets SI associés à la gestion partagée de l’information médicale

et de l’imagerie se font de plus en plus ambitieux et exigeants. Après

les déploiements au niveau de l’hôpital, il faudra de plus en plus parler

de projets collectifs, avec système logiciel commun aux établissements

d’un réseau, mais aussi accessible aux correspondants extérieurs tels

que les médecins traitants. Du côté de l’offre, on semble prêt à suivre avec des

solutions « nouvelle génération ».

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 37

Questions à Sylvie Delplanque, directeur du service informatique et téléphonie au CH de Calais, porteur du projet PACSTIM.

Page 38: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 39: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Radiologie numérique : des équipements au service de la qualité

Interview de Pierre Moncla et Jean-François Rheinart, radiologues libéraux à Libourne

PAROLES D’EXPERT

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 39

Des déplacements limités pour une autonomie accrue

Le cabinet d’imagerie médicale de Libourne

est équipé, depuis 2003, d’un système Regius

190 et de reprographes DryPro 793.

Chacune de nos salles est équipée d’un

numériseur à plaque phosphore, associé

à des consoles de post traitement CS-2

permettant la mise en page depuis les salles

d’intervention.

Grâce au « système de partage absolu des

ressources », nous bénéficions d’un éloigne-

ment physique des consoles et des lecteurs

qui n’affaiblit ni la rapidité ni la qualité de la

vérification des images. Tous les clichés peu-

vent ainsi être envoyés depuis la salle d’inter-

vention, sans que les manipulateurs aient à

se déplacer jusqu’aux lecteurs. Cette organi-

sation centralisée permet de limiter les dépla-

cements et de créer un flux de travail adapté à 

la configuration du cabinet. 

Un chargeur multi K7 à 2 entrées permet en

outre la numérisation de 90 plaques/heure et

la reconstruction des images grands format.

L’ensemble de ces installations offre un envi-

ronnement très efficace et très ergonomique. 

La lecture est rapide, l’utilisation facile, et la

qualité d’image excellente sur les extrémités.

A l’écran, les opérations sont simples et diver-

ses fonctions de développement automatique

sont proposées, de l’inscription du patient à la

vérification de l’image. A cela s’ajoute la recon-

naissance automatique des parties du corps

et les fonctions d’apprentissage automatiques

des paramètres de développement. Au mo-

ment du choix, en 2003, l’entreprise proposait

le meilleur rapport qualité/prix. Aujourd’hui,

les manipulateurs se félicitent de leur équipe-

ment, fiable et performant.

L’avenir appartient désormais aux capteurs

plans, qui suppriment les supports d’images.

Nous avons déjà adopté ce système pour la

mammographie, qui s’est très bien synchro-

nisée à nos reprographes DryPro 793. C’est

pour nous une grande évolution et un énorme

gain de temps. La qualité de l’image est en

effet particulièrement déterminante dans le

cadre du dépistage organisé où la lecture

s’effectue encore sur film. 

Pierre Moncla, radiologue

Fiabilité et simplicité

Le cabinet d’imagerie médicale de Libourne

est implanté sur 2 sites. L’établissement prin-

cipal, situé en centre ville, et le cabinet secon-

daire, interne à la clinique du Libournais.

L’ensemble de notre équipement d’imagerie

a été modernisé en 2007. Notre choix s’est

porté sur la gamme Regius, dotée de plaques

phosphore. Les numériseurs sont reliés à des

consoles de pagination VRS permettant la

mise en page des radiographies.

Le système permet l’installation de logiciels

adaptés à nos besoins et aux différents exa-

mens que nous pratiquons. Nous avons ainsi

équipé un de nos numériseurs d’un logiciel de

traitement  Konica  spécifiquement  dédié  à  la 

mammographie. Ce dernier offre une analyse

d’image suffisamment fine  (40 microns) pour 

ne passer à côté d’aucune lésion. Cette gran-

de qualité de traitement permet de respecter

le cadre réglementaire et le cahier des char-

ges du dépistage systématique.

L’ensemble du système est très souple d’uti-

lisation. Simple, intuitif et rapide, il limite les

pertes de  temps. Enfin,  l’encombrement  des 

machines s’est sensiblement réduit au cours

des dernières années.

Nous renouvelons régulièrement nos équipe-

ments pour rester à la pointe de la modernité

et sommes fidèles à Konica Minolta depuis 15 

ans. Notre métier nécessite en effet le recours

à des équipements fiables qui limitent le nom-

bre de pannes.

Nous avons toujours entretenu d’excellents

rapports avec la société. En cas de problème,

un interlocuteur est à notre écoute. Le par-

tenariat  instauré  simplifie  nos  accords  pour 

le  renouvellement  et  le  financement  de  nos 

équipements.

Jean-François Rheinart, radiologue

« La France est un des grand pays au monde

ayant les meilleurs hôpitaux et cliniques. Le

traitement médical est considéré comme ex-

cellent et la couverture médicale disponible

pour tous. Ce n’est donc pas étonnant, que

l’équipement médical soit de très haute quali-

té. Cela inclut les équipements de radiologie,

secteur dans lequel Konica Minolta propose

des produits de très haute technologie ».

Kazunari Hanada,

Président de Konica Minolta Medical

Amandine Hoellinger- [email protected]

Les Journées Françaises de la Radiologie nous le rappellent chaque année : la révolution numérique impacte directement la qualité de nos prestations. A l’heure où la généralisation du dépistage du cancer du sein entraîne de profondes modifications dans les pratiques, ces évolutions sont plus que jamais déterminantes. Pierre Moncla et Jean-François Rheinart, radiologues libéraux à Libourne, disposent tout deux d’un système CR Ils nous font part de leur expérience.

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Page 41: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH : Dans quel contextece projet a-t-il vu le jour ?Plus qu’un simple projet d’imagerie, la mise

en place de la reconnaissance vocale est

un projet institutionnel fondé sur 2 axes

prioritaires : l’amélioration des conditions de

travail et l’optimisation du circuit des comptes-

rendus.

Le passage de l’analogique au numérique

permet d’intégrer de nouvelles notions, telles

que la traçabilité et l’intégration au dossier

patient partagé et informatisé. Les acteurs

chargés du compte-rendu sont identifiés, et les

doublons supprimés. Le support numérique

facilite en outre l’échange, le stockage et la

gestion à distance des données.

DH : Concrètement, comment s’est-il mis en place ?Un important travail amont consiste à recen-

ser l’ensemble des postes de travail suscep-

tibles de matérialiser des points de dictée,

que ce soit au niveau du bloc opératoire, de

la maternité, des Urgences ou de l’imagerie.

L’enjeu est de définir le nombre d’utilisateurs

du système en fonction de leurs spécificités. Il

s’agit de répartir, au cas par cas, les besoins

de dictée numérique simple ou de reconnais-

sance vocale.

Cette dernière option permet aux praticiens

de dicter leur compte-rendu en temps réel,

devant le patient. Les grands pourvoyeurs

de documents - tels que les services de

consultations - sont donc des secteurs cibles.

Concrètement, nous avons commencé par

faire de l’imagerie médicale un site pilote.

Le déploiement du système au sein du

service de cardiologie et du pôle de chirurgie

viscéral, orthopédique et gastro-entérologie

est aujourd’hui achevé. Chaque praticien

dispose d’un PC transportable sur leurs lieux

de consultation.

Nous nous apprêtons désormais à équiper

les Urgences. Les anesthésistes, peu

pourvoyeurs de documents, n’utiliseront que

la dictée numérique du workflow DIC’T. Les

urgentistes bénéficieront en revanche de

la reconnaissance vocale intégrée dans la

solution, qui permettra aux patients de partir

avec leur courrier, y compris le week-end et

la nuit.

Enfin, le pôle de médecine devrait être

opérationnel d’ici une vingtaine de jours. Les

deux premières semaines seront consacrées

à l’implantation et l’observation du système.

Les équipes techniques d’Anticyclone,

maître d’oeuvre du projet, reviendront alors,

au cours d’une troisième semaine, parfaire

l’installation.

L’ensemble de l’établissement devrait tourner

en routine à partir du 15 novembre.

DH : Quelles en sont les premiers retours observés ?Jusqu’alors, chaque praticien déployait son

propre système personnel et isolé de dictée

numérique et/ou de reconnaissance vocale.

Nous avons aujourd’hui homogénéisé le parc

sur l’ensemble de la structure hospitalière.

L’intégration de DIC’T à notre SIH et PACS est

particulièrement intéressante dans la mesure

où elle permet une gestion au fil de l’eau des

comptes-rendus des patients.

Cette nouvelle organisation revêt enfin un ca-

ractère managérial. L’ensemble des missions

des secrétaires médicales peut aujourd’hui

être repensé. La « frappe au kilomètre » laisse

désormais place à la relecture, l’agencement

et la présentation des comptes-rendus, et une

gestion beaucoup plus réactive des dossiers.

Le temps ainsi dégagé sera réattribué à l’ac-

cueil physique et téléphonique des patients.

La traçabilité du numérique facilitera en outre

la répartition des tâches en fonction de la

charge de travail des différents pôles.

DH : Votre choix s’est porté sur le workflow documentaire DIC’T d’Anticyclone intégrant la plate-forme SpeechMagic de Nuance… Anticyclone nous a en effet proposé une

solution pluridisciplinaire, adaptable à toutes

les spécialités médicales, grâce au moteur

de reconnaissance vocale SpeechMagic de

Nuance, dont l’antériorité permet de disposer

d’un dictionnaire particulièrement complet.

Le workflow documentaire propose également

une traçabilité performante qui nous permet

d’observer en temps réel le positionnement du

compte-rendu, son émission, son retraitement

ou sa validation. C’est un outil qui offre une

grande souplesse d’utilisation, aussi bien pour

les praticiens que pour les secrétaires.

Avec le recul, nous estimons que le moteur de

reconnaissance vocale est un outil performant,

rapide, qui ne fait que très peu d’erreurs de

retranscription malgré les différents accents

des praticiens. De plus, l’outil s’optimise

au fil de son utilisation. Ainsi, lorsqu’un

terme médical est corrigé 2 fois, celui-ci est

automatiquement intégré au dictionnaire.

Nous avons enfin bénéficié d’un accompa-

gnement particulièrement adapté du maître

d’oeuvre, que ce soit par télémaintenance ou

par la présence physique des 2 personnes dé-

diées sur site, véritable fil rouge du projet. K

Amandine Hoellinger- [email protected]

Une reconnaissance vocale tout en Nuance

PAROLES D’EXPERT

L’Hôpital toulousain Joseph Ducuing a entrepris le déploie-ment d’une solution de workflow de dictée numérique et de reconnaissance vocale sur l’ensemble de son établisse-ment. Jean-Christophe Paulo, cadre de santé et responsa-ble du projet, témoigne.

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 41

Questions à Jean-Christophe Paulo, cadre de santé et responsable du projet

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Page 43: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Pouvez-vous préciser à nos lecteurs comment vous définissez une intégration ?

L’intégration pour moi, ce sont les meilleurs

spécialistes de chaque discipline qui s’unissent

pour créer le meilleur produit. L’adage « on ne

peut pas être bon en tout » vaut pour la vie

courante mais également pour l’informatique

médicale. Une navette spatiale ou une voiture

de course est construite par l’assemblage des

meilleures technologies fournies par différents

acteurs. Aussi puissants qu’on puisse les

imaginer, ni Airbus, ni la N.A.S.A., ni Porsche

ne peuvent créer seuls le meilleur produit. Il

va de soi que la qualité finale dépendra de la

qualité d’intégration et d’assemblage.

Comment peut-on dire qu’une intégration est réussie ?

Moins il y a de clics, plus l’intégration est réus-

sie. C’est un savoureux mélange entre inté-

gration et intuitivité, convivialité du système.

Pour réaliser une bonne intégration, il faut

se mettre à la place de l’utilisateur, dans son

quotidien, ou encore mieux, l’accompagner

en situation de travail. En tout cas, c’est ce

que nous faisons. Cela peut paraître curieux,

mais moins l’intégration se voit, plus elle est

réussie !

Pouvez-vous donner une idée de comment se déroule une mission d’intégration ?

Le PACS de Telemis est intégré avec le DMI/

RIS de CYNARA. Grâce à cette intégra-

tion, les utilisateurs de l’hôpital Oasis auront

accès non seulement aux informations admi-

nistratives et financières, aux données des

dossiers médical, infirmier et des spécialités,

aux processus de soins, au circuit du médica-

ment, mais ils pourront également visualiser,

interpréter et partager tout type d’image médi-

cale ainsi que les comptes rendus produits au

sein de l’hôpital et stockés sur le réseau.

Au début, après avoir installé la première fois

les deux produits côte à côte sur un ordinateur

médecin, on avait deux listes de travail :

celle du PACS et celle du RIS/DMI. Après

discussion, il était plus logique de laisser le

RIS/DMI prendre la main sur la liste de travail.

La liste de travail «PACS» a été «cachée», et

l’ensemble des commandes dont on pouvait

encore avoir besoin a été déplacé dans

l’interface «image» du PACS. Cette interface

est la seule que l’on voit encore aujourd’hui

lorsque les images médicales sont affichées à

la demande du RIS/DMI.

Nous avons également rajouté dans cette

interface « PACS-image » des fonctions qui

permettent de consulter directement le RIS/

DMI sur des résultats particuliers (dernier

résultat de laboratoires, taux de créatinine,

etc.). Nous ne nous limitons pas au clivage

habituel des stations intégrées où les fenêtres

se superposent et finissent par «noyer» l’écran

du médecin.

C’est à ce stade-ci que commence le vrai

travail sur mesure. Outre les classiques

« SSO » (single sign on = mot de passe unique

valable pour les deux solutions) et les appels

contextuels, qui sont des impératifs de base

de l’intégration. Les interfaces graphiques des

deux produits ont également été uniformisées.

Le PACS a joué au caméléon en copiant le

« thème » du RIS/DMI : police de caractère,

couleurs, forme des boutons, etc. On compte

sur le feedback de nos clients pour nous

emmener jusqu’à la perfection.

Cela peut paraître accessoire, mais c’est dans

le détail que se cache la satisfaction d’une

bonne intégration : le radiologue ne sait pas à

quel logiciel appartient le bouton sur lequel il

vient de cliquer, il sait juste que le bouton est

bien placé et qu’il fait ce qu’il doit faire !

Le mot de la fin ?…

Techniquement parlant, une intégration c’est

comme un mariage : il faut que les 2 partenaires

industriels soient d’accord et motivés par cet

engagement. Mais c’est un mariage entre des

personnes intelligentes qui comprennent que

l’intérêt de l’utilisateur passe par du travail

d’intégration et que sa satisfaction est un des

objectifs clés de tout produit informatique, si

pas l’objectif unique.

Je pense que le défi de nos systèmes informa-

tiques d’aujourd’hui n’est pas tant de gagner

1 à 2 secondes dans un téléchargement, mais

plutôt d’avoir des systèmes intuitifs, utilisa-

bles avec facilité voire plaisir par nos utilisa-

teurs médecins. Le métier du médecin est de

soigner : faisons lui gagner du temps en lui

évitant des manipulations longues, complexes

pour qu’il puisse faire son vrai métier... c’est

ça l’intégration.

Benoit VAN DEN BULCKE, directeur marketingTél 01 30 09 69 00 – [email protected]

Le défi d’une parfaite intégration entre le SIH et le PACS en environnement hospitalier

PAROLES D’EXPERT

En novembre 2009, L’hôpital OASIS à Al Ain (Emirats Arabes Unis) sera le premier à pouvoir bénéficier d’une intégration complète entre le SIH global CYNARA de MAIDIS et le PACS de Telemis. Une parfaite intégration qui s’inscrit dans l’objectif d’assurer la cohérence et la bonne organisation des informations médicales au sein de l’hôpital. Bruno Piscaglia, CTO chez Telemis et un des chefs d’orchestre de cette

intégration, dévoile les secrets d’une intégration réussie et témoigne du travail en amont réalisé.

Interface du dossier médical MAIDIS

Nous avons uniformisé les couleurs, police de caractère et fait disparaître la liste de travail PACS au profit de la liste de travail RIS..

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 43

Avant l’intégration, le médecin avait deux listes de travail, dont celle du PACS avec ses propres couleurs.

Page 44: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Émile Papiernik est mort à

l’âge de 73 ans, le 8 août

à Sceaux, d’une longue

maladie. Il était officier de

la Légion d’Honneur depuis 2008.

Dans l’hommage qu’il lui a rendu,

le Président de la République a

souligné ‑ entre autre ‑ son rôle de

tout premier plan dans la lutte contre

l’infertilité et son combat contre les

injustices et pour l’égalité de l’accès

aux soins pour les plus défavorisés.

Il incarnait selon le Président les

valeurs d’humanité et de générosité

de la médecine française.

Emile Papiernik-Berkhauer est né le 14 février

1936 dans le Xe arrondissement de Paris. Il

est le fils d’un couple d’émigrés juifs Polonais,

entrés clandestinement en France un an avant

sa naissance. Ses parents viennent d’un petit

village de Pologne et le yiddish est sa langue

maternelle. Son père, tailleur, est déporté et

meurt à Auschwitz. Lui-même porte l’étoile

jaune et il est sauvé par une famille de Justes

qui le cache.

Il poursuit de brillantes études à la faculté de

médecine et des sciences de Paris et sort

major de l’internat de Paris. Il se prépare

d’abord à l’oncologie comme interne à

l’Institut Gustave Roussy de Villejuif. Mais,

choqué par les conditions de surveillance et

d’accouchement de son épouse, il change

d’orientation. Il devient, très jeune, docteur en

médecine et diplômé d´études approfondies

de biologie de la reproduction. A partir de

1966, Emile Papiernik occupe le poste de chef

de clinique assistant des Hôpitaux de Paris à

la maternité de Port-Royal. En 1969, il invente

une technique de prévention de la naissance

prématurée. Cette technique est appliquée

partout en France, pour chaque grossesse,

et dans de nombreux pays du monde. Ses

idées ont d’ailleurs été la base de la politique

du gouvernement en matière de sécurité

à la naissance. Il est à l’origine du premier

plan Périnatalité de 1971, promu par Robert

Boulin, ministre de la santé. Ce plan permettra

de réduire la mortalité infantile et de placer

la France au premier rang mondial pour la

sécurité de la grossesse et de l’accouchement.

Il est aussi à l’origine du congé maternité

supplémentaire de deux semaines pour les

femmes malades ou fatiguées.

En 1972, Emile Papiernik devient à 36 ans

chef du service de gynécologie-obstétrique

de l´hôpital Antoine Béclère à Clamart. Contre

l’avis de l’administration, qui lui refuse le bud-

get d’achat d’un échographe. Il fait « rentrer

l’appareil en douce avec l’aide d’un fabricant

qui y croyait et il a fonctionné dix huit mois en

toute illégalité », d’après le témoignage de son

collaborateur de l’époque, Roger Bessis, jeu-

ne obstétricien devenu un spécialiste mondial

de l’échographie.

Il ouvre un des tout premiers services d’inter-

ruption volontaire de grossesse après le vote

de la loi Veil de 1975, et décide symbolique-

ment de pratiquer lui-même la première IVG

du service.

C’est dans le service qu’il dirige qu’il crée avec

René Friedman le premier « bébé-éprouvet-

te » français : Amandine, née en 1982.

En 1993 il est le rédacteur d’un rapport sur la

restructuration des maternités. Récemment il

a pris position contre le projet de loi HPST et

militait en faveur de l’euthanasie.

Professeur émérite à l’Université Descartes

Paris V, Emile Papiernik a également été le

président de l’Association pour la prévention

des accidents à la naissance et a dirigé une

unité de recherches de l’Institut national de la

santé et de la recherche médicale. Ses mé-

rites ont aussi été reconnus par les sociétés

professionnelles à l’étranger. Il était - entre

autre - membre d’honneur du Royal College of

Obstetricians and Gynaecologists de Londres

et de l’American Academy of Pediatrics.

Il est l’auteur d’ouvrages d’information grand

public relatifs à la grossesse et de nombreux

travaux, articles et communications scientifi-

ques concernant la périnatalité, la prématurité,

l’organisation des soins en obstétrique et en

pédiatrie néonatales. Il a beaucoup travaillé

à l’amélioration de la sécurité à la naissance,

pour la mère et pour l’enfant. Son dernier

ouvrage La maternité, progrès et promesses

est publié en 2008 chez Odile Jacob. K

Disparition Emile papiernik

Dr Jacques HassIN - [email protected]

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rf

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DH MagazINe N°128 K OctObre 200944

Page 45: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Actualitélégislative réglementaire

Dominique mathis - [email protected]

Sous cette rubrique, D.H. inventorie les textes ayant incidence sur nos établissements et s’attarde plus volontiers sur ceux qui, sortant du champ sanitaire et social traditionnel, auraient pu échapper à votre sagacité de lect(rice)eur du J.O...

&Organisation de l’Etat

Le décret n° 2009-846 du 8 juillet 2009 fixe les attri-butions de Mme Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée des aînés.Un arrêté du 10 juillet 2009 détaille le financement en 2009 des missions nationale, régionales et inter-régionales d’appui à l’investissement, de l’ATIH et des missions nationale, régionales et interrégionales d’expertise et d’audit hospitaliersLe décret n° 2009-878 du 20 juillet 2009 fixe les attributions de Mme Nadine Morano, secrétaire d’Etat chargée de la famille et de la solidarité.Le décret n° 2009-945 du 29 juillet 2009 crée un tribunal administratif à Montreuil.

Santé publique

Le décret n° 2009-1113 du 11 septembre 2009 proroge jusqu’au 31 décembre 2010 les mandats des membres de la Conférence nationale de santé arrivant à échéance le 20 septembre 2009.

Recherche biomédicale

Le décret n° 2009-851 du 8 juillet 2009 institue une prime d’excellence scientifique pour certains person-nels de l’enseignement supérieur et de la recherche et abroge les décrets n° 90-51 du 12 janvier 1990 et n° 2007-927 du 15 mai 2007.

La loi n° 2009-892 du 24 juillet 2009 autorise la ra-tification du traité sur le droit des brevets de l’Organi-sation mondiale de la propriété intellectuelle, signé à Genève le 14 septembre 2000.

Dispositifs médicaux

Le décret n° 2009-839 du 7 juillet 2009 modifie le décret n° 2006-1637 du 19 décembre 2006 relatif aux prestataires de services et distributeurs de ma-tériels, y compris les dispositifs médicaux, destinés à favoriser le retour à domicile et l’autonomie des personnes malades ou présentant une incapacité ou un handicap.Le décret n° 2009-1088 du 2 septembre 2009 modifie les commissions mentionnées aux articles R. 5212-7 du CSP (Commission nationale de sécurité sanitaire des dispositifs médicaux) et L. 165-1 du CSS (Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé).

Education pour la santé

Un arrêté du 23 juin 2009 fixe le programme d’enseignement de prévention santé environnement pour les classes préparatoires au certificat d’aptitude professionnelle.

Lutte contre les maladies transmissibles

Deux arrêtés du 27 juillet 2009 édictent les obli-gations des aéroports, ports et gares ferroviaires ouverts au trafic international et des compagnies aériennes dans le cadre de la pandémie de grippe A/H1N1 et remplacent les arrêtés des 1er mai et 19 juin 2009.Le décret n° 2009-1094 du 3 septembre 2009 mo-difie le décret n° 2008-733 du 25 juillet 2008 créant un Comité de lutte contre la grippe.Deux arrêtés du 3 septembre 2009 édictent les obligations des transports collectifs urbains et socié-tés concessionnaires ou exploitantes d’autoroutes en situation de phase 5 B et 6 du plan national de prévention et de lutte contre la pandémie grippale.

Eaux

Un arrêté du 8 juillet 2009 fixe la liste des labora-toires agréés pour la réalisation des prélèvements et analyses du contrôle sanitaire des eaux.

Rayonnements ionisants

Un arrêté du 29 juillet 2009 modifie l’arrêté du 19 novembre 2004 relatif à la formation, aux mis-sions et aux conditions d’intervention de la personne spécialisée en radiophysique médicale.

Déchets

L’ordonnance n° 2009-894 du 24 juillet 2009 ins-taure les mesures de police et sanctions applicables aux transferts transfrontaliers de déchets.Le décret n° 2009-1139 du 22 septembre 2009 encadre la mise sur le marché des piles et accu-mulateurs et leur élimination et modifie le code de l’environnement.

Hygiène alimentaire

Le décret n° 2009-1121 du 16 septembre 2009, d’application de l’article L. 214-1 du code de la consommation, concerne l’hygiène des produits et denrées alimentaires autres que les produits d’origine animale et abroge le décret n° 91-409 du 26 avril 1991.

Maternité, enfance, adolescence

Deux arrêtés du 23 juin 2009 fixent les règles de bonnes pratiques l’information, la demande et le consentement de la femme enceinte, prévues à l’arti-cle R. 2131-1 du CSP, en matière de dépistage et de diagnostic prénatals avec utilisation des marqueurs

sériques maternels de la trisomie 21, et remplacent les arrêtés des 27 mai et 30 septembre 1997.

Organisation des secourstransports sanitaires

Un arrêté du 18 août 2009 modifie l’arrêté du 19 décembre 2001 concernant l’horaire de service dans le transport sanitaire.Un arrêté du 20 août 2009 fixe la liste des examens médicaux relatifs à l’engagement dans la réserve sa-nitaire en remplaçant l’arrêté du 21 mars 2008.Un arrêté du 22 août 2009 mobilise la réserve sani-taire afin d’apporter appui aux services de santé de Nouvelle-Calédonie.Un arrêté du 26 août 2009 mobilise la réserve sani-taire afin d’apporter appui aux services de santé du territoire des îles Wallis et Futuna.

Cancer

Le décret n° 2009-959 du 29 juillet 2009 définit cer-taines conditions techniques de l’activité de soins de traitement du cancer.

IVG

Un arrêté du 4 août 2009 modifie l’arrêté du 23 juillet 2004 relatif aux forfaits afférents à l’IVG.

Transfusion sanguine

Un arrêté du 15 juillet 2009 modifie l’arrêté du 3 décembre 2007 relatif aux qualifications de certains personnels des dépôts de sang.

Professions de santé : formation

Un arrêté du 3 juillet 2009 fixe le nombre de postes offerts aux épreuves classantes nationales en méde-cine ainsi que leur répartition par subdivision d’inter-nat pour l’année universitaire 2009-2010.La loi n° 2009-833 du 7 juillet 2009 crée une pre-mière année commune aux études médicales, odon-tologiques, pharmaceutiques et de sage-femme. Elle entre en vigueur à compter de l’année universitaire 2010-2011.Un arrêté du 20 juillet 2009 modifie l’arrêté du 26 mai 2009 fixant le nombre d’étudiants à admettre en 1re année d’études du DE d’infirmier.Trois arrêtés du 27 juillet 2009 : l’un précise l’or-ganisation des épreuves classantes nationales donnant accès au 3e cycle des études médicales, du concours spécial d’internat en médecine à titre européen et du concours spécial d’internat en mé-decine du travail et abroge l’arrêté du 6 décembre 2007 ; le second modifie l’arrêté du 17 octobre 1994 organisant le concours d’internat en odontologie ; le

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Dh magazine n°128 K OctObre 200946

troisième modifie l’arrêté du 19 juillet 2001 organisant le concours d’internat en médecine à titre étranger. Un arrêté du 30 juillet 2009 fixe les taux des droits de scolarité dans les établissements publics d’en-seignement supérieur en remplaçant l’arrêté du 29 juillet 2008.Un arrêté du 30 juillet 2009 fixe à 198 € la cotisation forfaitaire d’assurance maladie des étudiants pour l’année 2009-2010.Un arrêté du 30 juillet 2009 modifie la liste des établissements agréés dispensant une formation en ostéopathie.Un arrêté du 31 juillet 2009 redéfinit le DE d’in-firmier ; il abroge les arrêtés des 23 mars 1992, 30 mars 1992, 6 septembre 2001 et 5 janvier 2004.Deux arrêtés du 18 août 2009 fixent les taux et les plafonds de ressources des bourses d’enseignement supérieur pour l’année 2009-2010.Un arrêté du 11 septembre 2009 révise les moda-lités d’agrément des écoles de sages-femmes et de cadres sages-femmes.

Professions de santé : ordres, règles d’exercice

Un arrêté du 16 juin 2009 retire l’arrêté du 24 mai 2009 relatif au niveau d’études exigé pour les étu-diants sages-femmes sollicitant l’autorisation d’exer-cice en qualité de remplaçant.Un arrêté du 28 juillet 2009, d’application de l’article L. 4132-1 du CSP, modifie la composition du Conseil national de l’ordre des médecins et abroge l’arrêté du 2 mars 1973.Le décret n° 2009-955 du 29 juillet 2009 révise les modalités d’élaboration du bilan kinésithérapique.Le décret n° 2009-956 du 29 juillet 2009 organise la prise en charge par l’assurance maladie de cer-tains produits de santé prescrits par les pédicures-podologues.Le décret n° 2009-983 du 20 août 2009 traite des actes professionnels accomplis par les pédicures-podologues.Le décret n° 2009-1036 du 25 août 2009 encadre l’exercice en commun des professions paramédica-les sous forme de société d’exercice libéral.Un arrêté du 25 août 2009 modifie les arrêtés du 23 février 2007 relatifs aux professions de prothésis-te et d’orthésiste pour l’appareillage des personnes handicapées.

Pharmacie

Le décret n° 2009-1037 du 25 août 2009 revoit la composition et les règles de fonctionnement de la commission des préparateurs en pharmacie et des préparateurs en pharmacie hospitalière.Un arrêté du 1er septembre 2009 fixe la nature des informations et de la documentation fournies à l’appui des demandes d’AMM et abroge l’arrêté du 6 mai 2008.

Laboratoires de biologie médicale

Un arrêté du 18 août 2009 réforme les conditions d’habilitation des laboratoires en application de l’article R.* 1321-52 du CSP.

Législations fondamentales

La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant ré-forme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, eu égard à son importance ne sera pas traitée dans le format limité de cette rubrique : on en trouvera un descriptif dans une fiche pratique du présent numéro.

Le décret n° 2009-926 du 29 juillet 2009 organise l’examen en Conseil d’Etat des propositions de loi.La loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de program-mation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement comporte de nombreuses disposi-tions à décliner par voie réglementaire. Un plan de rénovation énergétique et thermique des bâtiments existants et de réduction des consommations éner-gétiques des constructions neuves sera réalisé. Le programme de rénovation du parc existant prendra systématiquement en compte l’objectif d’accessibi-lité aux personnes présentant un handicap.La réglementation thermique applicable aux constructions neuves sera renforcée. Les demandes de permis de construire déposées à compter de la fin 2012 et, par anticipation à compter de la fin 2010 s’il s’agit de bâtiments publics et de bâtiments affectés au secteur tertiaire, présenteront une consommation d’énergie primaire inférieure à un seuil de 50 kWh par m2 et par an en moyenne. Les demandes de permis de construire déposées à compter de la fin 2020 pré-senteront une consommation inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces construc-tions. Les normes seront adaptées à l’utilisation du bois comme matériau et, d’une façon plus générale, des biomatériaux sans conséquence négative pour la santé des habitants et des artisans.L’Etat se fixe l’objectif de réduire les consommations du parc des bâtiments existants d’au moins 38 % d’ici à 2020. Les bâtiments de l’Etat seront soumis à un audit d’ici à 2010. L’objectif est d’engager leur rénovation d’ici à 2012 avec l’objectif de réduire d’au moins 40 % leur consommation et d’au moins 50 % leur émission de gaz à effet de serre dans les huit ans. L’Etat incitera les collectivités territoriales à engager le même programme. Il pourra être fait appel à des contrats de partenariat pour réaliser ces travaux.Le droit de la commande publique prendra en compte l’objectif de réduction des consommations en autorisant le pouvoir adjudicateur à recourir à un contrat de performance énergétique, notamment sous forme d’un marché global regroupant les pres-tations de conception, réalisation et exploitation ou maintenance.Un deuxième plan national santé environnement sera élaboré en 2009. Pour la période 2009-2012, il comportera notamment : un plan de réduction des rejets des substances les plus préoccupantes, au sens du règlement REACH, ainsi que les résidus médicamenteux et l'exposition à ces substances des mesures destinées à améliorer l'anticipation des risques liés à ces substances un plan de réduc-tion des particules dans l'air des mesures d'amé-lioration de la qualité de l'air intérieur des mesures concernant les relations entre santé et transports un programme de biosurveillance permettant de mettre en relation la santé de la population et l'envi-ronnement et d'évaluer les politiques publiques en la matière ; ce programme s'appuiera notamment sur les registres de maladies des mesures destinées à renforcer l'équité face aux impacts sanitaires des atteintes à l'environnement et portant notamment sur des consultations en santé environnementale pour les personnes vulnérables, spécialement les enfants en bas âge ; une attention particulière sera apportée aux facteurs pouvant impacter le développement de l'embryon et du fœtus la création de pôles de re-cherche pluridisciplinaires en santé environnemen-tale, associant les sciences du monde vivant et de centres de recherche clinique, de prévention et de soins communs à plusieurs CHU.L'interdiction de l'utilisation des produits phytophar-maceutiques et biocides contenant de telles subs-tances sera édictée dans les lieux publics dans les six mois. La réduction de l'exposition aux substan-ces préoccupantes en milieu professionnel nécessite

une meilleure information des entreprises et de leurs salariés. Un dispositif visant à assurer un meilleur suivi des salariés aux expositions des substances classées CMR 1 et CMR 2 sera expérimenté. Il sera généralisé avant le 1er janvier 2013.Les émissions de lumière artificielle de nature à pré-senter des dangers ou à causer un trouble excessif ou entraînant un gaspillage énergétique feront l’objet de mesures de prévention, de suppression ou de li-mitation. Les points noirs du bruit seront inventoriés.La surveillance des risques émergents pour l’envi-ronnement et la santé sera intensifiée par renfor-cement de la coordination et de la modernisation des réseaux de surveillance sanitaire existants. L’utilisation des substances à l’état nanoparticulaire ou de matériaux contenant des nanoparticules fera l’objet d’un débat public avant fin 2009. L’Etat mettra en place un dispositif de surveillance et de mesure des ondes électromagnétiques.

Droits des personnes accueillies

Un arrêté du 9 juillet 2009 fixe les indicateurs des services mandataires judiciaires à la protection des majeurs et des services délégués aux prestations familiales et leurs modes de calcul pris en applica-tion de l’article R. 314-29 du CASF, en remplaçant l’arrêté du 20 décembre 2007.

Organisation sanitaire

Un arrêté du 23 juillet 2009, d’application de l’ar-ticle L. 6121-4 du CSP, dresse la liste des activités de soins faisant par dérogation l’objet d’un SROS en Ile-de-France et à La Réunion.

Actions de coopération

Un arrêté du 26 mars 2009 approuve un avenant à la convention constitutive du GIP - SYMARIS ayant pour objet d’admettre comme membres de nouveaux EPS.

Sécurité sociale

Un arrêté du 13 juillet 2009 codifie le chapitre 1er du titre II de la liste des produits et prestations rembour-sables prévue à l’article L. 165-1 du CSS.Le décret n° 2009-881 du 21 juillet 2009 organise le recouvrement des indus de prestations familiales, d’allocations aux adultes handicapés et d’aides per-sonnelles au logement.Le décret n° 2009-882 du 21 juillet 2009 traite de la trésorerie des organismes de sécurité sociale et des organismes en relation avec l’ACOSS.Le décret n° 2009-908 du 24 juillet 2009 et un ar-rêté du même jour réforment la prestation d’accueil du jeune enfant.Le décret n° 2009-938 du 29 juillet 2009 révise la procédure d’instruction des déclarations d’accidents du travail et maladies professionnelles.Le décret n° 2009-939 du 29 juillet 2009 relève le plafond des avances de trésorerie au régime général.Le décret n° 2009-976 du 20 août 2009 définit les ressources prises en compte pour le calcul du droit aux prestations familiales et allocations de loge-ment.Le décret n° 2009-982 du 20 août 2009 ins-taure les pénalités financières prévues à l’article L. 162-1-14 du CSS et diverses mesures de lutte contre la fraude.Le décret n° 2009-988 du 20 août 2009 habilite les directeurs des organismes de sécurité sociale à re-couvrer les prestations indues par voie de contrainte.

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LÉGISLAtION

Le décret n° 2009-1050 du 27 août 2009 abroge les dispositions du CSS relatives à la compensation entre les régimes des prestations complémentaires vieillesse.Un arrêté du 28 août 2009 fixe à 13,68 € au 1er juillet 2009 la valeur du point d’indice de pension militaire d’invalidité.

Etablissements médico-sociaux

Un arrêté du 31 juillet 2009, d’application de l’article L. 314-4 du CASF, fixe les dotations régionales de fonctionnement des CHRS.Un arrêté du 29 septembre 2009, d’application de l’article L. 314-4 du CASF, fixe les dotations régiona-les de fonctionnement des établissements et servi-ces d’aide par le travail.

Personnes âgées - handicapées

Un arrêté du 13 juillet 2009 détaille la mise en ac-cessibilité des véhicules de transport public guidé urbain aux personnes handicapées et à mobilité réduite.Le décret n° 2009-984 du 20 août 2009, d’applica-tion des articles L. 442-3-1 et L. 482-1 du code de la construction et de l’habitation, traite des aménage-ments nécessaires pour faire face à la perte d’auto-nomie physique et psychique.

Aide sociale - Action sociale

Un arrêté du 10 juillet 2009 revoit le titre d’admis-sion au bénéfice de l’aide médicale de l’Etat.Le décret n° 2009-1026 du 25 août 2009 organise la prise en charge par l’aide médicale de l’Etat des frais pharmaceutiques et de soins infirmiers des per-sonnes placées en garde à vue.Le décret n° 2009-1084 du 1er septembre 2009 et un arrêté du même jour réforment le DE de conseiller en économie sociale familiale et modifie le CASF. Les arrêtés des 9 mai 1973 et 23 mars 1978 sont abrogés.Le décret n° 2009-1112 du 11 septembre 2009 fixe la composition du comité d’évaluation de l’impact du RSA.

Droit communautaire

Trois arrêtés du 13 juillet 2009 fixent les listes et les conditions de reconnaissance des titres de for-mation : de médecin et de médecin spécialiste de praticien de l'art dentaire de praticien de l'art dentaire spécialiste, délivrés par les Etats membres de la Communauté européenne ou parties à l'ac-cord sur l'Espace économique européen visées aux 2° de l'article L. 4131-1, 3° de l'article L. 4141-3 du CSP et remplacent les arrêtés des 19 novembre 1980, 6 février 1981, 18 juin 1981, 6 août 1985, 15 mai 1986, 31 juillet 1990, 16 juillet 1991, 9 mai 1994, 7 février 1996, 19 novembre 1997 et 15 septembre 1998.Le décret n° 2009-957 du 29 juillet 2009 édicte la reconnaissance des qualifications profession-nelles des ressortissants des Etats membres de la Communauté européenne ou parties à l’accord sur l’Espace économique européen pour l’exercice des professions de préparateur en pharmacie et pré-parateur en pharmacie hospitalière, d’auxiliaires médicaux et de conseiller en génétique. Le décret n° 2009-958 du même jour en fait de même pour les professions de médecin, de chirurgien-dentiste, de sage-femme, de pharmacien, de directeur et di-recteur adjoint de laboratoire d’analyses de biologie médicale.Le décret n° 2009-1027 du 25 août 2009 organise

la reconnaissance des qualifications profession-nelles des ressortissants des Etats membres de la Communauté européenne ou parties à l’accord sur l’Espace économique européen pour l’exercice des professions de prothésiste et d’orthésiste pour l’ap-pareillage des personnes handicapées et modifie le CSP.Un arrêté du 7 septembre 2009 fixe la liste des di-plômes, certificats ou autres titres de formation de médecine générale délivrés par un Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l’accord sur l’Espace économique européen, admis en dispense du DES de médecine générale, en application de l’article 32 du décret n° 2008-744 du 28 juillet 2008 portant dispositions relatives aux personnels ensei-gnants des universités, titulaires et non titulaires de médecine générale.

Organisation administrative générale

Le décret n° 2009-1124 du 17 septembre 2009 mo-difie le décret n° 79-1037 du 3 décembre 1979 relatif à la compétence des services d’archives publics et à la coopération entre les administrations pour la collecte, la conservation et la communication des archives publiques.

Fonctionnement financier

Un arrêté du 6 juillet 2009 porte application de l’article 8 du décret n° 2008-227 du 5 mars 2008 re-latif à la responsabilité personnelle et pécuniaire des régisseurs.Un arrêté du 27 juillet 2009 modifie l’arrêté du 22 octobre 2007 relatif au recensement économique des contrats, marchés publics et accords-cadres dont le montant initial est compris entre 4 000 et 90 000 € HT.Le décret n° 2009-975 du 12 août 2009, un arrêté du même jour et un autre du 13 août 2009 fixent les tarifs réglementés de vente de l’électricité et abrogent les décrets n° 88-850 du 29 juillet 1988 et n° 2001-678 du 26 juillet 2001 et l’arrêté du 3 janvier 2007.Le décret n° 2009-1086 du 2 septembre 2009 tend à assurer l’effet utile des directives 89/665/CEE et 92/13/CEE et modifie certaines dispositions applica-bles aux marchés publics.

Personnels médicaux

Un arrêté du 29 avril 2009 fixe la procédure de recrutement des PU et des MCU de médecine gé-nérale et les modalités de constitution des dossiers et dépôt des candidatures pour le recrutement des CCU de médecine générale.Un arrêté du 26 juin 2009 fixe l’indemnité d’activité sectorielle et de liaison prévue aux articles 26-6, 30 et 38 du décret n° 84-135 du 24 février 1984.Cinq arrêtés du 18 août 2009 réévaluent, à compter du 1er juillet 2009, les rémunérations des personnels médicaux, l’indemnisation des gardes effectuées par les internes, résidents en médecine, étudiants FFI, étudiants, et l’indemnisation de la continuité des soins et de la permanence pharmaceutique dans les EPS et EHPAD.Un arrêté du 31 août 2009 modifie l’arrêté du 23 juillet 2003 relatif aux conditions de mobilité exigées des candidats au concours de PU-PH des CHU.

Personnels non médicaux

Un arrêté du 30 juin 2009 organise l’ouverture d’une classe préparatoire intégrée aux concours externes

de recrutement des personnels de direction, D3S, attachés d’administration hospitalière et inspecteurs de l’action sanitaire et sociale : pour encourager et diversifier l’accès à l’EHESP, cette formation a pour mission de préparer les bénéficiaires aux concours externes en leur dispensant des enseignements.Le décret n° 2009-824 du 3 juillet 2009 majore à compter du 1er juillet 2009 la rémunération des per-sonnels de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics d’hospitalisation et porte attri-bution de points d’indice majoré.Un arrêté du 16 juillet 2009 définit la formation d’adaptation à l’emploi des aides-soignants et des agents de service mortuaire chargés du service des personnes décédées.Deux arrêtés du 21 juillet 2009 modifient les arrê-tés du 15 décembre 2008 fixant les listes des éta-blissements dont la direction appartient à la classe normale ou permet l’accès à l’échelon fonctionnel de la hors-classe du corps des D3S.Treize arrêtés du 21 juillet 2009 fixent la composi-tion du jury et les modalités des concours externes ou internes, sur épreuves ou sur titres, ou examen professionnel ouvrant l’accès ou permettant l’avan-cement à divers corps et grades de l’AP-HP : in-génieurs, agents-chefs de classe exceptionnelle, agents-chefs, maîtres ouvriers, agents techniques de coordination, agents de maîtrise, blanchisseurs maî-tres ouvriers, blanchisseurs ouvriers professionnels qualifiés, ouvriers professionnels qualifiés, conduc-teurs ambulanciers. Sont abrogés des arrêtés des 24 juin 1992, 14 décembre 1993, 6 juin 2002.La loi n° 2009-972 du 3 août 2009 organise la mo-bilité et les parcours professionnels dans la fonction publique. Tous les corps et cadres d’emplois sont accessibles aux fonctionnaires civils par la voie du détachement ou par la voie de l’intégration directe, nonobstant l’absence de disposition ou toute dispo-sition contraire de leurs statuts particuliers.Un arrêté du 12 août 2009 modifie l’arrêté du 26 novembre 2004 relatif à la retraite additionnelle de la fonction publique.Le décret n° 2009-1149 du 24 septembre 2009 modifie le décret n° 2006-501 du 3 mai 2006 relatif au fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique.

SIH

Le décret n° 2009-834 du 7 juillet 2009 crée le ser-vice à compétence nationale Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.Un arrêté du 8 septembre 2009 approuve la convention constitutive du GIP Agence nationale des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé).

Maîtrise d’ouvrage

L’ordonnance n° 2009-864 du 15 juillet 2009 traite des contrats de concession de travaux publics, contrats administratifs dont l’objet est de faire réa-liser tous travaux de bâtiment ou génie civil par un concessionnaire dont la rémunération consiste soit dans le droit d’exploiter l’ouvrage, soit dans ce droit assorti d’un prix.

Sécurité incendie

Le décret n° 2009-1119 du 16 septembre 2009 révise les conditions d’évacuation dans les ERP et les dispositions de sécurité relatives aux IGH. K

OctObre 2009 K Dh magazine n°128 47

Page 48: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Fiche pratique : mémento de la loi HPSTRésultat de l’urgence déclarée par le Gouvernement le 22 octobre 2008

Gisèle CAlMes, directeur des affaires médicales cHu de [email protected]

Objectifs et déclinaison de la loi

L’objectif de ce texte est d’incarner une

modernisation globale du système de

santé et d’apporter des réponses aux

grands enjeux que sont l’accès de tous aux

soins, le décloisonnement entre l’ambulatoire,

l’hôpital et le médico-social, l’amélioration de

la prise en charge des maladies chroniques, la

santé des jeunes et, d’une manière générale,

la coordination du système de santé.

Le 2 juillet 2009, saisi d’un recours, le Conseil

constitutionnel, a rendu le 16 juillet 2009 une

décision validant l’essentiel du texte. La loi

dite communément HPST a été promulguée

le 21 juillet 2009 et a été publiée au Journal

officiel du 22 juillet 2009.

La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant

réforme de l’hôpital et relative aux patients,

à la santé et aux territoires comporte quatre

titres consacrés respectivement

•  aux  établissements  de  santé  (missions, 

coopérations, statut et gouvernance des

établissements publics de santé) ;

• à organisation de l’offre de soins, accès de 

tous à des soins ;

•  aux  mesures  de  santé  publiques  et 

prévention ;

•  à  la  création  des  agences  régionales  de 

santé (ARS) chargées de coordonner dans un 

cadre territorial l’ensemble des politiques de

santé.

Principales dispositions de la loi (135 articles)

•  La  loi  distingue  trois catégories

d’établissements de santé : publics, privés

et privés d’intérêt collectif. L’appellation

établissements privés d’intérêt collectif se

substitue  à  établissement privé sans but

lucratif. Les missions de service public ne

sont plus l’apanage des seuls établissements

publics de santé (article 1er).

•  Le contrat pluriannuel d’objectifs et

de moyens (CPOM), conclu avec l’agence

régionale de santé pour une durée maximale

de cinq ans, détermine les orientations

stratégiques des établissements de santé

ou des titulaires de l’autorisation et des

groupements de coopération sanitaire, sur la

base du projet régional de santé sur la base

du schéma régional d’organisation des soins

ou du schéma interrégional (article 6). 

• Le dispositif de non-concurrence pour les

praticiens démissionnaires « Dans un délai de

deux ans suivant leur démission, il peut être

interdit aux praticiens hospitaliers ayant exercé

plus de cinq ans à titre permanent dans le

même établissement d’ouvrir un cabinet privé

ou d’exercer une activité rémunérée dans un

établissement de santé privé à but lucratif,

un laboratoire privé d’analyses de biologie

médicale ou une officine de pharmacie où

ils puissent rentrer en concurrence directe

avec l’établissement public dont ils sont

démissionnaires » (article 7).

• Les établissements publics de santé sont des 

personnes morales de droit public dotées de

l’autonomie administrative et financière. Leur 

objet principal n’est ni industriel ni commercial

et sont soumis au contrôle de l’État. Ils peuvent

créer des fondations hospitalières dotées

de la personnalité morale et de l’autonomie

financière (article 8). 

•  La  gouvernance  des  établissements 

publics de santé est réformée. Désormais le

conseil de surveillance remplace le conseil

d’administration  (article  9)  et  le  directoire

se substitue au conseil exécutif, chargé

d’approuver le projet médical, de préparer

le projet d’établissement et de conseiller le

directeur dans la gestion et la conduite de

l’établissement (article 10).

• Les pouvoirs du directeur de l’établissement

public de santé sont renforcés. Président du

directoire, il nomme les chefs de pôles (sur liste 

présentée par le président CME) et conduit

la politique générale de l’établissement. Il

représente l’établissement dans tous les actes

de la vie civile et agit en justice au nom de

l’établissement (article 10). 

•  Désormais,  pourront  être  nommés  aux 

fonctions de directeur d’établissement public

de santé des personnes non fonctionnaires

(article 11).

• Les établissements publics de santé auront 

toute liberté de définir leur organisation

interne en pôles d’activités conformément au

projet médical d’établissement (article 13).

• Les établissements publics de santé  feront 

désormais l’objet d’une certification des

comptes par un commissaire aux comptes ou

par la Cour des comptes (article 17).

• La création d’un groupement d’intérêt public 

Agence nationale d’appui à la performance

des établissements de santé et médico-

sociaux, entre l’État, l’Union nationale des

caisses d’assurance maladie, la Caisse

nationale de solidarité pour l’autonomie

et les fédérations représentatives des

établissements de santé et médico-sociaux

(article 18). 

•  Une  nouvelle  modalité  de  statut  pour  le 

recrutement de médecins praticien clinicien

contractuel est prévue (article 19) 

•  Des  communautés hospitalières de

territoire (CHT) pourront être conclues par

les établissements publics de santé. La

finalité est de mettre en œuvre une stratégie 

commune et de gérer en commun certaines

fonctions et activités grâce à des délégations 

ou des transferts de compétences entre les

établissements et au recours à la télémédecine 

(article 22). 

•  Une  nouvelle  définition de groupements

de coopération sanitaire  (GCS).  Ces 

DH MAGAzine n°128 K OctObre 200948

Page 49: DH Magazine 128 - Octobre 2009

derniers pourront se constituer afin d’organiser 

ou gérer des activités administratives,

logistiques, techniques, médico-techniques,

d’enseignement ou de recherche, ou pour

réaliser ou gérer des équipements d’intérêt

commun, ou encore pour permettre les

interventions communes de professionnels

médicaux et non médicaux exerçant dans les

établissements ou centres de santé membres

du groupement ainsi que des professionnels

libéraux membres du groupement.

• De même,  le directeur général de  l’agence 

régionale  de  santé  pourra  demander  à  des 

établissements publics de santé de conclure

une convention de communauté hospitalière

de territoire ou de créer un groupement de

coopération sanitaire (article 23).

• Les missions du médecin généraliste de

premier recours sont définies afin de favoriser 

une organisation de l’offre de soins de premier

et second recours (article 36). 

•  Le  rôle  des  pôles de santé  sont  définis, 

à  savoir  :  assurer  des  activités  de  soins  de 

premier recours, le cas échéant de second

recours, et participer aux actions de prévention,

de promotion de la santé et de sécurité

sanitaire. Ces pôles sont constitués entre des

professionnels de santé et, le cas échéant,

des maisons de santé, des centres de santé,

des réseaux de santé, des établissements

de santé, des établissements et des services

médico-sociaux, des groupements de

coopération sanitaire et des groupements

de coopération sociale et médico-sociale

(article 40). 

• La possibilité pour les étudiants en médecine

de signer avec le centre national de gestion

un contrat leur accordant une allocation

mensuelle en sus de leur rémunération en

contrepartie de l’engagement d’exercer

leurs  fonctions  à  titre  libéral  ou  salarié,  en 

zones déficitaires à  l’issue de  leur  formation. 

La  durée  de  leur  engagement  est  égale  à 

celle pendant laquelle l’allocation leur a été

versée et ne peut être  inférieure à deux ans 

(article 43).

• La mission de service public de permanence

des soins est assurée, en collaboration avec

les établissements de santé, par les médecins

dans le cadre de leur activité libérale

(article 49).

• L’interdiction pour un professionnel de santé 

de refuser de soigner une personne par

discrimination  à  raison  de  l’origine,  du  sexe, 

de l’état de santé ou l’un des autres motifs

prévus au 1er alinéa de l’article 225-1 du code

pénal  ou  au motif  qu’elle  est  bénéficiaire  de 

la protection complémentaire, du droit à l’aide 

au paiement d’une assurance complémentaire

de  santé  ou  du  droit  à  l’aide  médicale  de 

l’État.

•  Toute  personne  qui  s’estime  victime  d’un 

refus de soins illégitime peut saisir le directeur

de l’organisme local d’assurance maladie

ou le président du conseil territorialement

compétent de l’ordre professionnel concerné

des faits qui permettent d’en présumer

l’existence (article 54). 

•  Désormais,  les  assurés  ou  ayants  droit 

âgés de seize à vingt-cinq ans pourront

bénéficier chaque année d’une consultation

de prévention, réalisée par un médecin

généraliste, pour laquelle ils seront dispensés

de l’avance des frais (article 55). 

•  La  définition  de  la  télémédecine : forme

de  pratique  médicale  à  distance  utilisant 

les technologies de l’information et de la

communication. Elle met en rapport, entre

eux ou avec un patient, un ou plusieurs

professionnels de santé, parmi lesquels figure 

nécessairement un professionnel médical

et, le cas échéant, d’autres professionnels

apportant leurs soins au patient. Elle permet

d’établir un diagnostic, d’assurer, pour un

patient  à  risque,  un  suivi  à  visée  préventive 

ou un suivi post-thérapeutique, de requérir

un avis spécialisé, de préparer une décision

thérapeutique, de prescrire des produits, de

prescrire ou de réaliser des prestations ou des

actes, ou d’effectuer une surveillance de l’état

des patients (article 78). 

•  L’éducation thérapeutique s’inscrit dans

le parcours de soins du patient. Elle a pour

objectif de rendre le patient plus autonome

en facilitant son adhésion aux traitements

prescrits et en améliorant sa qualité de vie

(article 84). 

•  L’organisation  territoriale  du  système  de 

santé trouve sa traduction par la création

dans chaque région, d’une agence régionale

de santé (ARS) se substituant notamment à 

l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH). 

Elle  a  notamment  pour mission  de  définir  et 

de mettre en œuvre un ensemble coordonné 

de programmes et  d’actions  concourant à  la 

réalisation, à l’échelon régional et infrarégional, 

des objectifs de la politique nationale de santé

(article 118). 

• Les éléments de la planification régionale

de la politique de santé  sont  définis 

(article 118).

OctObre 2009 K DH MAGAzine n°128 49

Page 50: DH Magazine 128 - Octobre 2009

MODIFICATION D’ATTRIBUTIONS ET MESURE D’ORDRE INTERIEUR

La décision qui modifie l’affectation d’un cadre de santé sans porter atteinte à ses garanties statutaires ou de carrière constitue une mesure d’ordre intérieur insusceptible de recours.Il en est ainsi de la décision qui affecte Madame X, précédemment chargée des fonctions « d’infirmière coordinatrice » du service de soins infirmiers à domicile et lui confie la responsabilité des soins infirmiers d’un service de 90 lits.CE 6 mai 2009n° 304 977

Actualité de la jurisprudence

Patrice aBLaiN, directeur du centre hospitalier de Fougères, correspondant de l’association pour le développement du droit hospitalier

[email protected]

TITULARISATION ET MENTIONS PORTEES AU CASIER JUDICIAIRE

Si la décision refusant de titulariser un stagiaire en raison de son inaptitude à exercer ses fonctions révélée au cours du stage probatoire n’est pas au nombre de celles qui doivent être motivées, la décision refusant cette titularisation pour un autre motif que l’appréciation portée sur son aptitude professionnelle doit être précédée d’une procédure contradictoire permettant à l’agent de faire valoir sa défense.Il en est ainsi du refus de titularisation qui repose sur l’incompatibilité des mentions portées au casier judiciaire avec l’exercice des fonctions.En l’espèce n’est pas entachée d’erreur manifeste d’appréciation la décision qui refuse la titularisation de l’agent affecté au service communication d’une communauté d’agglomération et repose sur des faits d’escroquerie et tentative d’escroquerie eu égard à la diversité des fonctions dévolues à cette catégorie d’agent administratif qui exercent dans des locaux où sont détenus divers formulaires et documents officiels.CCAA Marseille 17 mars 2008n° 07MA02422 (B)

REVOCATION IRREGULIERE, INTERET A CONTESTER

LA NOMINATION DU SUCCESSEUR

L’agent dont la révocation a été annulée par le juge n’a pas intérêt à contester la nomination de son successeur dans la mesure où l’annulation de sa révocation lui confère un droit à réintégration sans que la nomination de son successeur ne puisse lui être opposée. Il peut d’ailleurs déposer des conclusions tendant à ce qu’il soit enjoint à l’administration de le réintégrer sous astreinte.

Dans cette décision le Conseil d’Etat précise que l’agent évincé n’a pas d’intérêt à agir parce qu’il n’existe pas de lien indivisible entre la décision de révocation et la nomination du successeur. Il en irait donc autrement si les deux actes étaient indivisibles ce qui recouvre l’hypothèse dans laquelle la nomination du successeur est la cause du départ du titulaire.CE 8 avril 2009n° 289 314(à publier au Recueil Lebon)

INFORMATION SUR LES SOUS CRITERES D’ATTRIBUTION D’UN MARCHE

Les sous critères d’attribution d’un marché doivent figurer dans les documents de consultation dès lors qu’ils représentent un élément important d’attribution du marché.Ainsi est irrégulière la procédure de passation qui attribue un coefficient de 30 % pour le jugement des offres à la rapidité d’intervention de la maintenance d’un autocommutateur sans indiquer précisément le délai requis dans les documents de consultation.Le Conseil d’Etat juge que l’autorité chargée du marché : « ne pouvait régulièrement faire de la rapidité d’intervention en matière de maintenance de l’équipement un sous-critère de l’appréciation de la valeur technique des offres, dès lors que ce sous-critère, dont le résultat représentait le tiers de l’appréciation sur le service après-vente, lui même affecté d’un coefficient de 30 %, n’était pas prévu dans les documents de la consultation ; que ce manquement ayant pu léser la société LTM Technologies, qui a obtenu sur le critère « service après-vente et assistance technique » une note très inférieure à celle du candidat retenu, en l’empêchant de présenter une offre mieux adaptée... »CE 1er avril 2009 - n° 321752Il convient également d’observer que le pouvoir adjudicateur ne peut, sans entacher le marché d’irrégularités, fixer ultérieurement des sous critères et des coefficients de pondération qui ne figuraient pas dans le cahier des charges ou l’avis d’appel à la concurrence.TA Strasbourg 16 mars 2009 - n° 0901056

DUREE EXCESSIVE D’UNE PROCEDURE

Une collectivité territoriale peut être indemnisée des préjudices qu’elle subit du fait d’une procédure anormalement longue sur le fondement des principes généraux de la procédure française, les justiciables disposent en effet d’un droit à ce que leur requête soit jugée dans un délai raisonnable.Ce délai raisonnable s’apprécie de manière globale en prenant en compte, la complexité du dossier, l’exercice des voies de recours, les conditions de déroulement de la procédure, l’attitude des parties et l’intérêt qui peut exister pour le justiciable à ce que le différend soit tranché rapidement.CE 17 juillet 2009 - n° 295653(à publier au Recueil Lebon)

CONCOURS

En fixant à 8/20 la note nécessaire pour que les candidats puissent se présenter à l’épreuve d’entretien alors que le décret organisant les épreuves avait institué la note de 5/20 et qu’aucune autre disposition ne l’autorisait à le faire, le jury de l’examen professionnel a méconnu les conditions du déroulement des épreuves qui s’imposaient à lui et ne pouvait donc légalement refuser au candidat qui avait obtenu la note de 7,5/20 à l’issue de l’preuve écrite, de participer à l’épreuve d’entretien.CAA Nancy 29 janvier 2009n° 08 NC 00192 (C+)

DH MagaziNe N°128 K octobre 200950

Page 51: DH Magazine 128 - Octobre 2009

teXtes

LE REGIME DISCIPLINAIRE DES AGENTS DES ETABLISSEMENTS SANITAIRES ET SOCIAUX PUBLICS

Pour la 25 ème année consécutive l’Association pour le développement du droit hospitalier a réédité Le régime disciplinaire des agents des établissements sanitaires et sociaux publics, édition 2009 actualisée au 31 décembre 2008.

Les abonnés à cet ouvrage de référence ont reçu le CD-ROM d’actualisation du document.

Les établissements qui souhaitent en faire l’acquisition peuvent s’adresser à l’association pour le développement du droit hospitalier 133, rue de la Forêt 35305 Fougères cédex Tél 20 99 17 70 20 ( Classeur et intercalaires + CD-ROM 270 € TTC port compris).

Rappelons que Patrice Ablain est l’auteur de la chronique « Actualité de la jurisprudence » de la revue « Agir Actualités » qui est devenue votre revue DH, depuis plus de 20 ans, voir ci-dessus sa dernière publication.

Son ouvrage, unique dans le domaine du droit disciplinaire mais également dans les domaines voisins de la discipline (diminution de note, licenciement d’un agent stagiaire, abandon de poste) est le seul ouvrage de référence en la matière et rassemble plus de 2.500 décisions des juridictions administratives. Seuls quelques exemplaires de la dernière édition sont encore disponibles.

FORMATION A L’EMPLOI ET REFUS DE TITULARISATION

L’absence de formation d’adaptation à l’emploi fonde l’annulation du refus de titularisation de l’adjoint des cadres stagiaire.CE 27 mai 2009 - n° 313 773

ACCIDENT DE TRAVAIL AGENT CONTRACTUEL

Alors qu’il manipulait une débroussailleuse sans protection, un agent non titulaire est victime d’un accident de service qui lui cause la perte de la vue de l’œil droit. Il recherche alors la responsabilité du centre hospitalier qui l’emploie dans les conditions du droit commun sur le fondement de la faute commise par ce dernier pour lui avoir demandé d’utiliser une débroussailleuse démunie de protection.Le tribunal administratif accueille ses conclusions mais son jugement est annulé par la cour administrative d’appel aux motifs qu’aux termes de l’article L 454-1 du code de la sécurité sociale : « sous réserve des dispositions (…) aucune action en réparation des accidents et maladies mentionnées par le présent livre ne peut être exercée, conformément au droit commun, par la victime ou ses ayants droit ».Le régime de réparation des accidents de travail des agents non titulaires est donc diffèrent de celui des titulaires qui sont autorisés à exercer une action contre leur employeur dans les conditions du droit commun pour obtenir réparation des dommages qui ne sont pas indemnisés par la pension qui leur est concédée et ceci depuis la décision CE 4 juillet 2003 n° 411106 (rapportée dans la présente revue).CAA Nancy 29 janvier 2009n° 07 NC 00638 (C+)

JURIDICTION COMPETENTE EN CAS D’ACCIDENT DE TRAVAIL CAUSE PAR UN VEHICULE ADMINISTRATIF

On sait que le litige résultant d’un accident causé par un véhicule appartenant à l’administration relève de la compétence du juge judiciaire depuis la loi du 31 décembre 1957 qui avait été votée afin que le même régime de responsabilité soit appliqué aux victimes quel que soit le propriétaire du véhicule.Un agent communal, blessé par une benne à ordures, s’était vu appliquer le régime statutaire des accidents de travail avec allocation temporaire d’invalidité et prise en charge des frais médicaux et pharmaceutiques. Après diverses instances devant les juridictions judiciaires afin d’obtenir une indemnisation plus favorable suite à une aggravation de son état de santé, il a saisi le tribunal administratif de Nice pour obtenir l’indemnisation de la totalité du préjudice consécutif à l’accident. Le tribunal s’est déclaré incompétent pour connaître d’une action relative à un dommage causé par un véhicule.Le tribunal de conflits saisi de cette question a jugé : « que le litige ainsi soulevé a trait à la réparation par une collectivité publique des conséquences dommageables de l’accident de service survenu à l’un de ses agents titulaires à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ; qu’un tel litige n’entre pas dans le champ du régime de droit commun de l’indemnisation des accidents du travail institué par le code de la sécurité sociale ; qu’il relève par suite de la compétence de la juridiction de l’ordre administratif… »TC 8 juin 2009 - n° 3697(à publier au Recueil Lebon)

octobre 2009 K DH MagaziNe N°128 51

Page 52: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Berceau des romans de Marcel Pagnol, Aubagne incarne la Provence. Le CH Edmond Garcin, implanté au cœur de ces paysages qui ont inspiré tant d’artistes, bat les cartes de son positionnement géographique. Située entre la grande agglomération marseillaise et Cassis, le CH entend préserver longtemps une offre des soins dédiée aux habitants de ce territoire pluriel.

Du cœur de la Provence aux portes de Marseille

CH d’AubAgne

ProPos recueillis auPrès de Hervé DANY, directeur adjoint

un univers concurrentiel

La Ville d’Aubagne, qui compte plus de 45 000 habi-

tants, est située à 20 km de la grande agglomération

marseillaise. Son hôpital public de court séjour doit

ainsi faire face à une problématique singulière : être

implanté dans la banlieue d’une grande métropole,

ce qui est peu courant.

La communauté urbaine Marseille Provence

Métropole ne manque pas d’établissements privés

de tous types et de toute nature. L’hôpital Saint-

Joseph, particulièrement réputé, se présente ainsi

comme un concurrent direct. Le positionnement

des établissements de l’Assistance Publique des

Hôpitaux de Marseille (APHM) n’est pas défavorable

au CH d’Aubagne. Leurs activités de court séjour

se concentrent autour de deux grands pôles, situés

au cœur de Marseille et au nord de la ville. Aucune

implantation ne vient donc directement empiéter

notre zone de chalandise. Marseille représente en

effet 2,5 fois la superficie de Paris et 5 fois celle

de Lyon. Une étendue qui permet de comprendre

l’hésitation des marseillais quant au choix de leur

établissement de santé.

La concurrence se manifeste à une échelle plus

locale. Bien que doté d’une activité plus réduite,

la Ciotat dispose ainsi d’un hôpital public et d’une

clinique privée. Les deux établissements se sont

rapprochés par la création d’un pôle public - privé. La

présence d’une clinique privée MCO extrêmement

active (scintigraphie, chirurgie interventionelle, IRM)

à Aubagne place également notre CH dans une

situation de concurrence locale sur la majorité de

ses activités.

bien faire ce que l’on sait faire

Aucun doute, le patient a le choix ! Le réflexe de ve-

nir à l’hôpital n’est donc pas évident. Loin de jouer

la concurrence sur l’ensemble des activités, le CH

d’Aubagne promeut la coopération. Peu performant

en chirurgie ophtalmologique, il a par exemple re-

noncé à cette spécialité mais renforcé son activité de

pédiatrie où il a le monopole.

La volonté de l’établissement est donc de favoriser

autant que possible la coopération entre les établis-

sements publics et privés en matière médicale, pour

un confort sanitaire maximal de tous. Cette mutuali-

sation des moyens s’est notamment traduite par la

mise en place d’un syndicat interhospitalier, regrou-

pant les CH d’Aubagne, d’Allauch et de la Ciotat. Ce

SIH est à l’origine de nombreuses activités transver-

sales, telles que la constitution d’équipes mobiles de

soins palliatifs et d’évaluation gériatrique. Les trois

ProPos recueillis auPrès de Hervé DANY, directeur adjoint

un CH dans la banlieue de Marseille

DH : Quelles sont les principales

caractéristiques du CH d’Aubagne ?

HD : Le CH Edmond Garcin est un établissement

de proximité desservant un bassin de population de

près de 150 000 habitants. Implanté sur un site prin-

cipal et deux sites annexes, il est aussi doté d’une

activité de gériatrie, d’un IFSI et d’un centre d’action

médico-sociale précoce. Avec près de 40 000 pas-

sages en urgence par an, l’établissement est un point

d’accueil important.

L’hôpital semble particulièrement apprécié pour ses

services de pédiatrie et de maternité. La cardiologie

est également le premier service du territoire pour

la prise en charge de l’insuffisance cardiaque des

personnes âgées. L’établissement dispose d’un bloc

opératoire entièrement informatisé, d’une filière gé-

riatrique complète et d’un SMUR. Il propose enfin un

nombre croissant de consultations et compte déve-

lopper ses activités d’HAD.

DH : Comment expliquer ce phénomène ?

HD : A l’instar de nombreux établissements publics,

le CH se trouve aujourd’hui en difficulté financière.

Son déficit est lié à une baisse d’activité générée

par la situation contrainte de l’établissement. Le CH

souffre en effet du caractère très concurrentiel de

son territoire. Malgré quelques difficultés, l’établisse-

ment présente des points forts.

DH : Le CH s’est également investi dans de

nouveaux projets…

HD : Nous avons amorcé l’extension et la restructu-

ration du service de réanimation. L’actuel service de

6 lits ne répondait plus aux normes réglementaires.

Nous aurons en complément des 2 lits supplémen-

taires, une unité de surveillance continue polyva-

lente. Le projet, actuellement en phase d’étude et

de diagnostic, affiche un coût total de 5 M €. Il sera

financé à 76 % par le Plan Hôpital 2012 et complété

à 100 % par l’ARH. Ces subventions témoignent de

l’intérêt des autorités pour notre CH, démentant ainsi

les rumeurs sur l’avenir de la structure.

DH : un rapprochement avec une autre struc-

ture est-elle à l’ordre du jour ?

HD : Le CH envisage une collaboration renforcée

avec l’AP-HM dans le cadre d’une future CHT. De

nombreuses actions sont d’ores et déjà mises en

œuvre dans le cadre des relations médicales de

spécialités : il faut renforcer ces collaborations dans

le cadre de véritables filières de soins.

DH MAgAziNe N°128 K octobre 200952

Page 53: DH Magazine 128 - Octobre 2009

structures développent en outre des coopérations

croisées. Dans le cadre du traitement du cancer,

par exemple, le CH d’Aubagne a déposé un dossier

sur le volet chimiothérapie, pendant que le CH de la

Ciotat privilégiait le traitement chirurgical du cancer

du sein. Enfin, le nouveau directeur de l’AP‑HM a

clairement affirmé sa volonté de travailler en

partenariat et non en prédateur.

L’adage du CH d’Aubagne serait donc de

« bien faire ce que l’on sait faire », à savoir

un hôpital de proximité au service de la po-

pulation, dans les domaines courants de la

MCO et de la pédiatrie. L’établissement en-

registre d’ailleurs une importante activité de

consultations externes, avec une évolution

sociologique : l’augmentation du nombre de

consultations sans rendez-vous. L’hôpital

veille en outre à ne pas concentrer l’essentiel

de son activité autour des urgences, au détri-

ment d’une patientèle programmée. Son rôle

social reste cependant indéniable, tous les

habitants du territoire ne disposant pas des moyens

nécessaires pour se rendre à Marseille ou dans les

établissements privés.

un contexte réglementaire discordant

Si la concurrence n’est pas un phénomène nouveau,

le CH se trouve actuellement dans une situation

extrêmement contrainte. En effet, le passage de la

dotation globale à la T2A n’a pas été bénéfique à

l’établissement. L’ARH a aujourd’hui arrêté l’EPRD

du CH en crédits limitatifs et demandé la mise en

œuvre, malgré le refus du conseil d’administration,

d’un plan de redressement comportant un certain

nombre de restructurations, parfois difficiles à mettre

en œuvre et à appliquer. Ce plan prévoit notamment

une diminution du nombre de lits en chirurgie,

une modification de la permanence médicale en

pédiatrie et en anesthésie, ainsi que le

non remplacement d’un certain nombre de

départs en retraite.

De nombreuses mesures ont ainsi été prises

dans l’ensemble des domaines de l’activité

médicale : concentration des activités

de chirurgie, réorganisation de l’activité

d’ophtalmologie, optimisation du service

de biologie, poursuite de la réorganisation

de la permanence médicale des soins.

Des restructurations ont également

été engagées au sein des services

administratifs et logistiques avec l’activation

de la concurrence pour la blanchisserie

et le développement de mesures éco citoyennes,

notamment par l’augmentation du ratio déchets

ménagers / aux déchets à risques infectieux.

L’accueil de jour Alzheimer et pathologies apparentées

Deux centres d’accueil de jour Amista de 12 pla-

ces ont vu le jour, d’abord à Aubagne puis à La

Ciotat, sous l’impulsion de l’association 3A (Accueil,

Amitié, Alzheimer) et de son président, Jean Raoul

MONTIES. Ces « maisons » ont été réalisées avec

le soutien des conseils général et régional et un mé-

cénat actif du Lions Club. La structure aubagnaise

est gérée par le CH. Elle a ouverte ses portes en mai

2002, avant la publication des textes officiels.

Pour toute inscription sur Amista Aubagne, les

aidants doivent remplir un dossier préalable. Un en-

tretien d’admission avec la neuropsychologue et un

agent de la structure fait le point sur la situation du

patient et de son niveau d’autonomie. Une journée

d’essai est alors programmée. Chaque patient reçoit

un cahier de liaison assurant le lien entre les aidants

et les acteurs de la structure.

Le service est ouvert du lundi au vendredi, de 8 h 30

à 18 h 00. Il est régi par une équipe composée de

médecins gériatres, d’un cadre infirmier, de cinq

« maîtresses de maison », d’une neuropsycholo-

gue et de l’assistante sociale du pôle gériatrique du

CHEG.

La thérapie occupationnelle

La structure d’accueil prend l’apparence d’une mai-

son familiale. Après avoir passé le jardin, le patient

entre dans le salon, équipé à la fois d’une chaîne hi‑fi

et d’un gramophone pour allier modernité et mémoi-

re ancienne. Dans la cuisine, les placards et services

d’assiettes remplacent les plateaux impersonnels du

CH. Comme à la maison, ce sont les patients qui

dressent le couvert.

Chaque geste vise ainsi à favoriser la stimulation

cognitive des patients en vue de les revaloriser,

de préserver leur autonomie et de maintenir le lien

social. L’équipe pluridisciplinaire recourt pour ce faire

à la thérapie occupationnelle (exercices de mémoire,

lecture du journal, activité manuelle, peinture et

poterie, gymnastique douce, chants, danse...), alliant

fonctions exécutives et ateliers de réminiscences.

Les premiers contacts avec les patients sont parti-

culièrement importants. L’équipe doit les mettre en

confiance, apprendre à les connaître et, avec l’aide

des familles, reconstituer leur histoire de vie. Les

ateliers sont toujours réalisés par groupes d’apti-

tudes afin que personne ne soit mis en échec. Les

activités peuvent évoluer en cours de journée en

fonction des besoins manifestés. « Lorsque nous les

accueillons le matin, nous prenons ensemble le café

et nous voyons s’ils sont bien ou non », témoigne

Corinne Cambon.

La structure propose des sorties à l’extérieur en

groupe restreint. La visite de Notre Dame de la

Garde, de l’île des Embiez ou du musée des Mines

sont autant de lieux choisis pour faire ressurgir les

souvenirs. L’occasion pour les patients de s’apprêter

et de s’adonner à des discussions animées. Enfin,

l’équipe organise des échanges intergénérationnels

avec des écoles locales et des fêtes institutionnelles

auxquelles les familles sont conviées.

Trois fois par an, le service organise des réunions

pour communiquer avec les familles sur la maladie

d’Alzheimer et les pathologies associées. La struc-

ture projette en outre l’organisation de soirées ren-

contres en comité restreint afin de donner la parole

aux accompagnants, de parler des problèmes qu’ils

rencontrent et d’évoquer l’avenir.

un maillon du pôle de gérontologie

L’évaluation gériatrique est particulièrement ap-

préciée par les familles. Ces dernières sont parfois

amères vis-à-vis de leur médecin référent qui - faute

de ne pouvoir observer le patient plus d’un quart

ProPos recueillis auPrès de THérèse DULUC, cadre de santé et CoriNNe CAMBoN, aide soignante

bienvenue à la Maison !

CH d’AUBAGNE

octobre 2009 K DH MAgAziNe N°128 53

Page 54: DH Magazine 128 - Octobre 2009

une nouvelle gestion informatisée des blocs opératoires

ProPos recueillis auPrès de NiCoLe grAve, cadre suPérieur de santé

CH d’AUBAGNE

d’heure - pose parfois un diagnostic encourageant

sur une personne confuse après sa sortie du cabinet.

Lorsqu’une baisse cognitive ou un changement est

avéré, diverses solutions sont proposées. Le pôle

de gérontologie dispose en effet de 19 lits de SSR,

permettant des séjours provisoires pour le patient ou

des séjours de rupture pour la famille. Ces patients

peuvent également bénéficier des soins infirmiers à

domicile. Lorsque les patients sont en perte d’auto-

nomie et ne peuvent plus demeurer à domicile, ils

sont alors orientés vers l’USLD et l’EHPAD.

Face à la multiplicité des acteurs susceptibles

d’intervenir dans l’accompagnement, les familles

peuvent recourir au Fil Rouge, auquel participe le

CH. Ce réseau est l’union de plusieurs partenaires

médico-sociaux au service des personnes âgées et

de leurs proches.

Améliorer la cohérence du circuit

Le CH a entrepris début 2007 l’installation d’un logi-

ciel informatique de gestion des blocs opératoires.

L’objectif est d’améliorer le partage des informations

et de sécuriser au maximum la programmation des

interventions en offrant aux utilisateurs les outils né-

cessaires aux activités pré, per et post opératoires

(fiche d’annonce, programme opératoire, synoptique

du bloc, reporting d’activité, compte-rendu). Nicole

Grave, cadre supérieur de santé, a été détachée six

mois de son poste pour piloter ce projet.

Le logiciel choisi - BlocQual de McKesson – pro-

pose des fonctions interactives qui répondent aux

enjeux organisationnels et facilitent la coopération

entre les acteurs au profit d’une meilleure cohérence

des informations. « Ce logiciel a pu être formaté aux

besoins de l’établissement. Avec l’aide des ingé-

nieurs informatiques de McKesson, nous avons lon-

guement travaillé à l’amélioration de l’ergonomie et

l’ajout de certaines fonctionnalités. Par exemple une

alerte directe sur le poste du cadre de bloc pour les

demandes d’interventions en urgence. Désormais,

un compteur signale les urgences à programmer.

De même la demande d’un matériel spécifique à l’in-

tervention est instantanément affichée au niveau du

poste du cadre de bloc dès qu’elle est saisie par le

chirurgien », explique Nicole Grave.

Tout visualiser en temps réel

Après configuration du matériel, le CH a procédé à la

formation de l’ensemble des acteurs du bloc. Cette

étape s’est avérée très chronophage pour la cadre

supérieure de santé qui, en raison des emplois du

temps de chacun, a dû former individuellement les

utilisateurs médicaux. Les infirmiers des services de

soins, non chargés de la programmation, disposent

quant à eux d’un logiciel de visualisation des entrées

et des interventions.

En avril 2007, l’établissement a engagé l’emploi du

logiciel en temps réel, avec les aléas engendrés par

un tel changement de comportements. « Aux yeux

des utilisateurs, rien ne fonctionnait, c’était compli-

qué. Ils n’avaient pas l’habitude de manipuler le logi-

ciel », témoigne Nicole Grave.

Le synoptique du bloc permet aux utilisateurs d’ob-

server l’activité du bloc opératoire par « push » d’in-

formation. Les acteurs sont ainsi visuellement infor-

més de l’état d’avancement de la prise en charge des

patients et de l’organisation générale du service. Le

CH a enregistré les premiers bénéfices dès janvier

2008. Le logiciel permet en outre de tracer l’ensem-

ble des informations et de produire les statistiques

cliniques et médico économiques du CH à partir des

indicateurs recommandés par la MEAH.

Le logiciel présente toutefois quelques dysfonction-

nements. « L’interface entre le logiciel de gestion et

de facturation n’est pas encore totalement fonction-

nelle soulevant de nouvelles problématiques. En cas

d’erreur dans une codification validée et envoyée au

logiciel de facturation, rien n’empêche actuellement

le praticien de retourner dans BlocQual et d’effectuer

le changement. Si nous ne somme pas vigilants, ceci

peut entraîner une double facturation. Enfin, par re-

fus des anesthésistes, le dossier d’anesthésie infor-

matisé n’a jamais pu être exploité. Malgré les nom-

breuses modifications proposées par les ingénieurs

informatiques de McKesson, les anesthésistes ont

estimé le logiciel peu intuitif et difficile à mettre en

place dans la réalité de la consultation. De plus l’im-

pression papier du dossier n’était absolument pas

satisfaisante. Il n’a pas été possible à l’époque de

l’améliorer », déclare Nicole Grave.

De la rigueur et…encore de la rigueur !

Chaque donnée manquante induit des difficultés

dans toute la chaîne de programmation. Certains

acteurs estiment subséquemment la manipulation

trop compliquée ou ne relevant pas de leurs fonc-

tions. Les praticiens ont ainsi tendance à la considé-

rer comme un travail administratif qu’ils délèguent à

leurs secrétaires. Ces dernières ne distinguent pas

les nuances d’un codage CCAM parfois peu évo-

cateur. Si la programmation informatique des actes

est sans conséquence pour le patient – le médecin

contrôlant le dossier avant l’intervention - il peut en-

traîner des confusions dans la préparation du ma-

tériel. L’informatique oblige donc les acteurs à se

rendre à l’évidence : le travail de chacun interfère

avec celui des autres. Si la programmation n’est pas

correctement enregistrée, le bloc ne reçoit pas l’in-

formation et c’est toute la chaîne qui dysfonctionne.

Pour le suivi des indicateurs, si une donnée est ab-

sente, le dossier est mis en attente et n’est pas inté-

gré dans les statistiques.

« BlocQual est un logiciel de gestion de bloc très

puissant dont nous n’exploitons pas l’ensemble des

possibilités. Avec le recul, j’estime que l’intervention

des ingénieurs informatiques ne devrait pas se limi-

ter à son installation. Au démarrage, nous sommes

prioritairement axés sur le fonctionnement informa-

tique du bloc. Lors de l’exploitation et de la montée

en charge des fonctionnalités, de nouveaux besoins

se créent. De nouveaux ajustements seraient alors

nécessaires mais les délais de mise en œuvre sont

expirés.

Aujourd’hui, les cadres de bloc et d’anesthésie ont

pris mon relais et cela leur demande un investisse-

ment important. Malgré tout, si nous devions retirer

le logiciel, je ne suis pas sûre que les utilisateurs

reviendraient au papier et au crayon. Cela prouve

quand même que les progrès apportés par ce logiciel

ont porté leurs fruits. », conclut Nicole Grave.

RepoRtage Réalisé paR amandine [email protected]

DH MAgAziNe N°128 K octobre 200954

Page 55: DH Magazine 128 - Octobre 2009

La France adore, on le sait, les controverses théoriques et les débats de principe. La gériatrie, dernière-née des spécialités médicales, n’y a pas échappé à travers la nécessité réelle ou ressentie de s’affirmer d’aucuns diront de s’émanciper de la médecine interne comme des spécialités d’organes. A Charles Foix, établissement de l’AP-HP sis à Ivry en banlieue Sud, la réponse à ces interrogations s’apporte aussi par les pratiques…

Unicité de la gériatrie, diversité de ses thématiques

HOPITAL Charles Foix - IVRY

ProPos recueillis auPrès de Jean-Yves BeInIs, PH cHef du service gérontologie i et resPonsable du ssr tHématique

ortHoPédique, amale CHeBIB, PH en oncologie médicale et animatrice du ssr tHématique onco-Hématologique,

véronIque DesJarDIns, directrice de l’établissement, Yann lHomme, directeur de l’organisation médicale et de

la qualité, et ClauDe seBBan, mcu-PH resPonsable des exPlorations fonctionnelles, resPonsable du Pôle activités

sPécialisées transversales et ambulatoires et Président du comité consultatif médical

Appartenance à un groupe hospitalier et spécificités du site

Chacun sait que Charles Foix à Ivry-sur-Seine,

850 lits dont 250 en SSR et 400 en SLD, fait réfé-

rence en matière de gériatrie ; il propose toute la pa-

lette des activités nécessaires à la prise en charge

de la personne âgée quels que soient sa patholo-

gie ou son niveau de dépendance. Charles Foix est

structuré en quatre pôles : • activités spécialisées

transversales et ambulatoires : centre de bilans et

de consultations, hôpitaux de jour diagnostiques et

thérapeutiques, gérontopsychiatrie, MPR, odonto-

logie • pôle court séjour, soins de suite et de réa-

daptation (médecine interne gériatrique, médecine

nutritionnelle, onco-hématologie, plaies et cicatrisa-

tions, soins palliatifs et prise en charge de la douleur,

SSR gériatriques et SSR spécialisés (oncologie,

orthopédie) et développement en cours de SSR di-

gestif, pneumologie, cardiovasculaire…) • pôle soins

de longue durée • pôle médico-technique : biologie

médicale (biochimie, hématologie, microbiologie),

radiologie, explorations fonctionnelles.

Ces dernières années, Charles Foix s’est focalisé

sur son ouverture sur la ville avec ses partenaires li-

béraux médicaux et médico-sociaux ; ainsi que sur le

développement des activités ambulatoires, des soins

palliatifs et, nous allons le voir, des SSR spécialisés.

Cette excellence se traduit aujourd’hui, dans le ca-

dre de la réorganisation d’ampleur de l’AP-HP, par

l’élaboration d’un projet médical ambitieux. Ce projet

médical s’insère dans la perspective de constituer

un groupe commun avec la Pitié-Salpêtrière. Car

ces deux structures sont complémentaires et ont

tout à gagner à constituer des filières : Charles Foix

apporte son expertise en matière de prise en charge

gériatrique ; la Pitié-Salpêtrière accroît son offre de

MCO en bénéficiant de cet aval. Le groupe appor-

tera ainsi une offre de soins complète aux patients

de leurs deux territoires (n° 94-2 du Val de Marne et

n° 75-2 de Paris).

Dans un cadre plus général, la plupart des établis-

sements de l’AP-HP disposent désormais de lits de

court séjour gériatrique, de lits de soins de suite et de

lits de SLD. Les lits de court séjour gériatrique, pro-

portionnellement plus importants à Charles Foix (une

centaine) que dans la moyenne des autres établisse-

ments, servent le plus souvent en aval des SAU ; les

lits de soins de suite interviennent en aval du court

séjour gériatrique, ou moins souvent d’autres servi-

ces de court séjour ; ici, 83 % des entrées en SSR

proviennent du court séjour de Charles Foix. Quant

à l’admission en SLD elle intervient, presque exclusi-

vement, par transfert interne des soins de suite.

Longtemps Charles Foix, comme tous les établisse-

ments de SSR, n’était pas dédié à un secteur sa-

nitaire : sa vocation était indéterminée, du local au

régional. Les choses ont évolué dans le cadre de la

préparation du nouveau SROS-SSR. Les territoires

assignés seraient ceux qu’on vient de citer. En prati-

que actuelle d’ailleurs, 50 % des patients viennent de

Paris et 50 % du Val-de-Marne.

Ce projet médical de l’hôpital Charles Foix intervient

aussi dans une problématique de vétusté du patri-

moine bâti peu adapté aux activités hospitalières ac-

tuelles : mauvaises conditions d’hébergement, taille

non optimale des salles variant de 9 à 33 lits, fortes

consommations d’énergie.

La réflexion sur le projet stratégique s’est faite selon

deux directions :

• Tout d’abord, dans le cadre de l’élaboration du pro-

jet médical gériatrique du groupe Pitié-Salpêtrière/

Charles Foix, Charles Foix a participé aux missions

animées par le directoire préfigurateur du groupe.

Ces travaux ont eu trait à la mise en place de filiè-

res entre les deux hôpitaux. Ils ont permis, sur des

thématiques précises (oncologie, cardiologie, pneu-

mologie, suites de chirurgie digestive…) d’associer

des praticiens des deux sites et de réfléchir à la mise

en œuvre d’activités aux modalités précisément dé-

finies, en termes de définition des patients accueillis,

de convention de retour en aigu lors des épisodes

d’aggravation, de formations conjointe des person-

nels, d’évaluation des dispositifs…

• Des groupes de travail locaux ont été constitués

pour les thématiques spécifiques à Charles Foix :

soins de longue durée, soins palliatifs, activités

ambulatoires, prise en charge des escarres. Leurs

conclusions seront rendues prochainement.

octobre 2009 K DH magazIne n°128 55

véronIque DesJarDIns

Yann lHomme

Page 56: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 57: DH Magazine 128 - Octobre 2009

octobre 2009 K DH magazIne n°128 57

A l’AP-HP, on a pensé répondre au problème géria-

trique en implantant dans les grands hôpitaux des

unités gériatriques de court séjour hospitalo-univer-

sitaires. Mais la « greffe » s’est heurtée à de réelles

difficultés du fait d’un certain nombre de pesanteurs

médicales… d’autant que la plupart du temps ces

créations ont été réalisées à moyens constants,

donc prélevés sur d’autres services. Et la gériatrie

souffre encore de ses origines comme « sous-ca-

tégorie » de la médecine interne. Les équipes mo-

biles de gériatrie, qui apportent une expertise et un

avis sans intervenir dans les enjeux de pouvoirs et

de compétences, peuvent permettre de dénouer ce

genre de situations. Une autre marge de progression

se situe dans une plus grande possibilité d’admissi-

ons directes dans la filière de gériatrie, sans passage

obligé par le SAU.

Les quatre volets d’un projet médical d’envergure

Notre projet médical gériatrique se déploie sur qua-

tre axes : 1° Continuer de développer une filière gé-

riatrique de territoire 2° Développer des filières de

prise en charge spécialisées 3° Poursuivre la mise

en place d’organisations spécifiques aux soins de

longue durée 4° Continuer à alimenter une politique

de recherche dynamique sur le vieillissement.

Continuer de développer une filière gériatrique de territoire

Charles Foix souhaite animer une filière gériatri-

que labellisée dont il serait l’établissement support.

Les premières analyses montrent qu’il pourrait être

membre de deux filières : • de façon naturelle, avec

la Pitié-Salpêtrière en tant que partenaire du même

groupe et où Charles Foix pourrait être établissement

support pour les patients venant de Paris intra-muros

• avec Bicêtre pour les patients du Val de Marne, où

Charles Foix serait établissement associé au même

titre que Paul Brousse. La possibilité de maintenir

des partenariats forts avec Tenon / St Antoine devra

également être étudiée, au moins jusqu’à ce que la fi-

lière avec Rothschild soit suffisante en aval du SAU.

A travers la mise en place de ces filières, Charles

Foix en coordonnera avec les SAU partenaires l’en-

semble des étapes. L’amélioration de la qualité des

soins sera favorisée, notamment en termes de flui-

dité des parcours de santé, d’orientation au sein de

la filière, d’orientation suite à l’accueil aux urgences,

de la succession des différentes étapes d’hospita-

lisation, consultations et hôpitaux de jour à la fois

gériatriques et spécialisés, de psycho-gériatrie qui

correspond à un fort besoin exprimé du territoire de

santé, et d’unité de soins palliatifs.

Les relations avec la ville seront développées. Tout

d’abord avec les médecins traitants, notamment en

développant l’activité de consultations et hôpitaux de

jour, en facilitant aussi les possibilités d’hospitalisa-

tion directe en unité de gériatrie aiguë, ainsi qu’en

mettant en œuvre des animations locales sur le

thème de la gériatrie en lien avec le CLIC. Ensuite

avec les EHPAD, en continuant de développer les

admissions directes et en facilitant les retours en ins-

titution. Enfin avec les acteurs sociaux et médico-so-

ciaux, au travers des activités de liaison et de coordi-

nation pour améliorer les retours à domicile.

L’offre d’aval pour la filière gériatrique sera complé-

tée par l’implantation sur le site de deux EHPAD de

70 places chacun.

Enfin, pour élargir les prises en charge en aval d’une

hospitalisation, Charles Foix commence à réfléchir

avec la ville à la possibilité de devenir point d’appui

de la coordination d’activités offertes aux habitants

âgés du territoire : petites unités de vie en ville,

appartements thérapeutiques, programmes de

prévention…

Développer des filières de prise en charge spécialisées

Charles Foix a commencé à mettre en place des

filières spécialisées et se propose d’en développer

d’autres : SSR cardio-vasculaire, pneumologie, ap-

pareil digestif, à l’instar des SSR orthopédiques et

onco-hématologiques... Ces filières spécialisées

viennent enrichir la filière gériatrique en répondant à

plusieurs objectifs :

• Continuer à développer la gériatrie en réussissant

l’union entre celle-ci et spécialités. Ces filières susci-

tent en effet la création d’équipes et de réseaux pluri-

disciplinaires de spécialistes et de gériatres.

• Contractualisation entre hôpitaux. Si elles fixent les

modalités de fonctionnement de la filière (type de pa-

tients accueillis, organisation médicale, modalités de

retour en MCO pour les patients qui s’aggravent...),

ces conventions formalisent aussi des liens forts :

présence sur site de spécialistes en lien avec les

services adresseurs (chirurgien, médecin de MPR,

pneumologue, cardiologue…), formation des équi-

pes à ces nouvelles prises en charge, évaluation

régulière du fonctionnement.

• Impact médico-économique sur les services de

court séjour. Offrant un aval rapide, la filière spéciali-

sée permet de réduire les DMS et donc d’accroître le

nombre de personnes incluses dans la filière ; or cel-

les qui sont envoyées à Charles Foix ont justement

des DMS longues en raison de leur polypathologie

et de leur risque de dépendance, tout en présentant

des PMCT supérieurs à la moyenne.

• Certains types de SSR répondent à des besoins

jusqu’à maintenant non satisfaits en Ile-de-France

(cardiologie, pneumologie).

• La mise en œuvre de filières spécialisées permet

de développer des activités ambulatoires spéciali-

sées (oncologie, chutes…) qui viennent compléter

l’offre de soins du site.

• Après quelques mois de fonctionnement, ces filiè-

res spécialisées ont révélé un impact en termes de

recrutement infirmier, alors que les postes vacants

constituent un handicap majeur pour Charles Foix au

point de conduire à fermer des lits : la spécialisation

attire en mobilisant plus fréquemment des savoirs

techniques. Et l’état d’esprit évolue car l’objectif prin-

cipal devient le retour à domicile. Elles permettent

d’attirer et de fidéliser les médecins sur des modali-

tés de prise en charge diversifiées.

• La mise en place de ces prises en charge spéciali-

sées permet la production accrue d’études cliniques

sur des thématiques nouvelles disposant du recrute-

ment suffisant.

En termes de fonctionnement, ces filières nécessi-

tent d’être adossées à des services de court séjour

sur le site : ces lits servent de sas pour achever la

stabilisation de l’état de santé avant passage en SSR

et peuvent également servir en cas de décompensa-

tion. Les filières ne sont pas exhaustives les unes

des autres et fonctionnent en grappe : un patient

peut très bien d’abord nécessiter des soins de suite

de chirurgie digestive, avant de passer en oncologie

pour suivre son programme de chimiothérapie. Les

consultations et hôpitaux de jour permettent aussi de

mettre à disposition ces avis spécialisés à disposi-

tion des autres filières de l’établissement. Enfin, ces

filières imposent de disposer d’un plateau médico-

technique performant et sur site. C’est notamment le

cas pour la biologie en lien avec l’hémato-oncologie.

Poursuivre la mise en place d’organisations spécifiques aux

soins de longue duréeAvec la labellisation des filières spécialisées, Charles

Foix continuera de développer des partenariats avec

les différents EHPAD en vue de fluidifier la filière.

L’implantation sur le site en 2011 de deux EHPAD

médicalisés gérés par le Refuge des cheminots pour

un total de 140 lits permettra d’avoir un accès privilé-

gié pour les patients de Charles Foix. L’établissement

devra accompagner la partition sanitaire des SLD,

ceux qui subsisteront seront orientés vers la prise

en charge de patients plus lourdement dépendants.

Enfin, l’établissement réfléchit avec la ville d’Ivry à la

HOPITAL Charles Foix - IVRY

ClauDe seBBan,

Page 58: DH Magazine 128 - Octobre 2009

possibilité de développer de petites unités de vie en

lien avec les projets de la ville.

Continuer de développer une politique de recherche sur le vieillissement

Charles Foix est depuis longtemps un lieu de forma-

tion et de recherche : • au DESC de gériatrie • prépa-

ration à la capacité en gérontologie • à neuf diplômes

universitaires : gérontologie, plaies et cicatrisation,

géronto-psychiatrie, infectiologie du sujet âgé, nutri-

tion du sujet âgé, troubles de la mémoire, maladie

d’Alzheimer et troubles apparentés, maladies car-

dio-vasculaires, technologie au service de la santé

mentale des personnes âgées et en situation de han-

dicap • il comporte un IFSI.

Pour le court terme, au sein du groupe Pitié-

Salpêtrière / Charles Foix et sous l’impulsion de

l’Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, avec le

soutien de la région Ile-de-France, du département

du Val-de-Marne et de la ville d’Ivry-sur-Seine, l’éta-

blissement souhaite continuer de développer une

politique de recherche sur le vieillissement. L’objectif

consiste à tirer parti des atouts des deux sites pour

créer un axe fort de recherche, en lien avec l’implan-

tation sur le site de Charles Foix de l’Institut de la

longévité, dont l’ouverture est prévue fin 2009. En

associant ces nombreux acteurs, l’établissement

cherchera à développer un continuum entre recher-

che fondamentale et recherche clinique, en favori-

sant les croisements entre approches.

Le SSR thématique onco-hématologique

Malades pris en chargeL’objectif est de répondre à une demande en forte

croissance par le développement d’une filière géria-

trique hospitalière permettant l’accès aux traitements

anticancéreux de patients âgés atteints de cancer ou

d’hémopathie maligne et nécessitant : • une prise

en charge médicale gériatrique (renutrition, autono-

misation…) avant mise en route de traitement anti-

tumoraux • et/ou une gestion médicalisée des inter-

cures justifiant d’une surveillance hospitalière • et/

ou une prise en charge gériatrique de co-morbidités

décompensées, les décompensations étant ou non

liées à la pathologie maligne ou aux traitements an-

ticancéreux. La spécialisation d’une unité SSR per-

met ici d’améliorer la connaissance et le savoir-faire

technique qu’il est difficile d’exiger d’un service de

SSR polyvalent. La part respective de la gériatrie et

de l’oncologie sont là proches de 50 % - 50 %. Nous

avons commencé il y a deux ans avec 10 lits, nous

proposons actuellement 22 lits et il y a encore une

demande à satisfaire.

Notre unité est l’une des trois qui en Ile-de-France

participent au dispositif initialement dénommé

UPCOG (15 unités pilotes de coordination en on-

cogériatrie) mis en place en 2006 sous l’impulsion

de l’INCa pour développer la recherche, diffuser les

bonnes pratiques en oncogériatrie et permettre ainsi

d’optimiser la prise en charge de la personne âgée

atteinte de cancer, et auxquelles sont assignées trois

missions : • formation du personnel soignant (méde-

cins et non médecins), des étudiants (enseignement)

et d’information (médecins, soignants, pharmaciens,

patients et familles, grand public) • recherche épidé-

miologique, fondamentale comme vieillissement et

cancer, ou clinique avec des protocoles thérapeu-

tiques dédiés aux personnes âgées • soins, avec

élaboration de référentiels pour personnes âgées

atteintes de cancer, évaluation de gériatrie avant la

décision thérapeutique, participation d’un gériatre

aux réunions de concertation pluridisciplinaire. Leur

généralisation est prévue au Plan Cancer 2009-2013

sous le label d’UCOG (unités de coordination en

oncogériatrie).

Les services de court séjour adresseurs (autres que

le recrutement propre à Charles Foix, au sein d’une

unité d’onco-hémato-gériatrie dans le service de mé-

decine interne) sont principalement ceux d’oncologie

médicale, d’hématologie clinique, de chirurgie diges-

tive, viscérale et endocrinienne installés à la Pitié-

Salpêtrière, à St Louis, à l’Institut Gustave Roussy,

à Henri Mondor, à St Antoine ou au CHIC de Créteil.

Le dispositif s’inscrit dans l’organisation en réseaux

Onco 94 et OncoEst 94.

Circuit du maladeLe mode d’entrée se fait par une admission en

service de médecine (dans l’unité d’onco-hémato-

gériatrie) avec évaluation et expertise médicale ini-

tiale. Le passage en SSR se fait à l’issue de cette

étape ; la DMS en court séjour varie de 3 à 7 jours.

Inversement, le passage des patients de SSR en

médecine intervient pour la réalisation des traite-

ments anti-tumoraux ; la DMS est fonction du pro-

jet thérapeutique fixé pour chaque patient (par ex.

48 h pour une chimiothérapie parentérale de courte

durée). Un passage est possible en unité de soins

palliatifs gériatriques.

L’activité prend aussi la forme de consultations spé-

cialisées d’hématologie, d’oncologie, d’évaluation

gériatrique en oncologie (en moyenne une vingtaine

par semaine), d’une dizaine de séances de chimio-

thérapie ambulatoire par semaine (hôpital de jour

thérapeutique) et d’organisation des RCP d’onco-gé-

riatrie en partenariat avec l’équipe d’oncologie médi-

cale à la Pitié-Salpêtrière.

FonctionnementDans cette unité de 20 lits, la permanence des

soins est assurée par : • un spécialiste oncologue

ou hématologue présent sur le site tous les jours

de la semaine • un interne présent sur place pour

les nuits, le WE et les jours fériés • un gériatre

d’astreinte téléphonique pour les nuits et passage le

matin les dimanches et jours fériés • un spécialiste

oncologue ou hématologue joignable par téléphone

en permanence.

La visite médicale quotidienne est assumée par un

interne et un attaché, plus un senior gériatre. S’y

ajoutent une visite spécialisée onco-hématologique,

une réunion de synthèse gériatrique et une réu-

nion de synthèse multidisciplinaire hebdomadaires.

L’accueil des familles est organisé sur trois demi-

journées hebdomadaires.

Projet thérapeutiqueL’objectif est de prévenir ou réduire les conséquen-

ces fonctionnelles, physiques, psychologiques et

sociales liées à la maladie, ainsi que de faciliter la

surveillance et/ou la poursuite des traitements liés

aux affections onco-hématologiques. Il s’agit d’une

prise en charge médicale gériatrique (renutrition,

autonomisation…) qui vise à la poursuite de la stabi-

lisation des fonctions vitales et avant la mise en route

de traitements anti-tumoraux ; d’une gestion médi-

calisée des intercures justifiant d’une surveillance

hospitalière ; d’une prise en charge gériatrique de

co-morbidités non liées à la pathologie maligne.

Des psychologues prennent en charge les patients et

leur famille, et interviennent auprès des personnels

soignants. Une assistante sociale est partagée avec

l’unité de SSR thématique gériatrie. Une diététicienne

identifiée est associée à l’unité.

Thèmes de recherche clinique actuelle ou envisagés

Le premier porte sur l’évaluation gériatrique et on-

co-hématologique des critères de choix et de la fai-

sabilité des traitements tumoraux chez les patients

âgés fragiles. Le second sur l’évaluation des com-

plications des traitements anti-tumoraux spécifiques

aux patients âgés fragiles.

Connexions avec le pôle médico-technique

Charles Foix dispose d’un plateau d’investigations

médico-techniques complet, incluant :

• Des laboratoires de biologie : pluridisciplinaires

universitaires, assurant les activités biologiques

de diagnostic et de suivi des pathologies aiguës et

chroniques du sujet âgé. L’expertise de biologie gé-

riatrique est développée à la fois pour les analyses

usuelles, les examens spécialisées et l’activité de

recherche bioclinique.

• Un laboratoire d’hématologie : il est en mesure

de rendre, dans un délai inférieur à une heure, des

analyses de qualité en hématologie cellulaire et en

hémostase ; prélèvements médullaires pour hémo-

pathies malignes réalisés par les biologistes à la de-

mande ; interconnexions avec l’axe de recherche sur

les myélodysplasies, ainsi que sur la maladie throm-

boembolique et sa prise en charge (incidence de

DH magazIne n°128 K octobre 200958

amale CHeBIB

Page 59: DH Magazine 128 - Octobre 2009

cette pathologie majorée en onco-hémato-gériatrie).

• Un service de biochimie : outre les analyses de

biochimie usuelle (incluant l’urgence aux heures

d’ouverture du laboratoire), il permet l’évaluation bio-

logique spécialisée de l’inflammation aiguë et chro-

nique, de la dénutrition/renutrition, les marqueurs

cellulaires de suivi des pathologies tumorales, de

leur évolution sous traitement et de leurs récidives.

Il mène une activité de recherche biologique sur les

biomarqueurs systémiques des processus inflamma-

toires, et l’évaluation des réponses cytokiniques aux

pathologies et à leurs traitement (méthodologie de

type protéomique clinique).

• Un laboratoire de microbiologie-hygiène ; il as-

sure le diagnostic et le suivi des infections aiguës et

chroniques : identification des germes, antibiogram-

mes, conseils en antibiothérapie, sérologies… en re-

lation directe (personnel, localisation, gestion) avec

l’équipe opérationnelle d’hygiène.

• Une unité d’imagerie médicale : son activité de

radiologie conventionnelle et d’échographie, adap-

tée à la prise en chargé du sujet âgé ou très âgé se

complètera mi 2010 d’un scanner 16 barrettes, avec

un renforcement de l’équipe médicale d’imagerie et

développement de l’activité spécialisée et de recher-

che en imagerie vasculaire et neurologique.

La mise en place d’un SSR orthopédique

Malades pris en chargeL’objectif est le développement d’une filière d’or-

thopédie gériatrique en lien avec la chirurgie or-

thopédique de l’Hôpital de Bicêtre. Elle s’adresse

aux patients sortant de chirurgie de façon précoce

aux alentours de J+3, présentant une pathologie

des membres inférieurs (essentiellement fractures

du col, rotule, bassin, etc.) et des membres supé-

rieurs, des fractures multiples, ainsi que tassements

vertébraux non compliqués. Les patients ayant des

atteintes médullaires ou septiques sont a priori ex-

clus. Une prise en charge spécialement adaptée à la

personne âgée permet d’affirmer que plus de 50 %

des patients retournent à leur mode de vie antérieur,

alors que traditionnellement la fracture « signe » trop

souvent une altération irréversible de l’autonomie.

Circuit du maladeLe patient est transféré en SSR orthopédique idéa-

lement à J+3 après l’ablation des redons, ce qui per-

mettra une fluidification optimale de la filière orthopé-

dique. Le transfert ne peut avoir lieu que lorsqu’il n’y

a pas de pathologie septique initiale définie connue.

En cas de complication post-chirurgicale, le patient

sera repris par le service adresseur. Un passage une

fois par semaine d’un gériatre ou d’un médecin réé-

ducateur est assuré, ainsi que des contacts télépho-

niques correspondants aux visites des chirurgiens.

L’objectif en termes de DMS du SSR orthopédique

se situe aux alentours de 30 jours, pour les patients

lucides ayant l’appui autorisé. Cette durée sera cer-

tainement dépassée pour les patients déments pré-

sentant des problèmes sociaux complexes (le pour-

centage initial prévu de ces patients avec troubles

intellectuels est de 10 à 15 %) et pour les patients

ayant un appui différé. La DMS sera fonction de la

proportion relative de ces divers patients. La présen-

ce d’une démence non seulement aggrave le risque

de rechute pour le patient qui est moins ou pas vigi-

lant, mais alourdit les conditions de fonctionnement

de l’unité, et c’est là que l’exigence d’une architec-

ture et d’une disposition adaptées des locaux devient

déterminante.

FonctionnementLa permanence des soins est assurée, la nuit, le

W-E et les jours fériés, par intervention du ou des

internes de garde de gériatrie présent sur place. Un

gériatre senior est d’astreinte téléphonique pour l’en-

semble de l’hôpital toutes les nuits et passe en mati-

née des dimanches et des jours fériés. Bien entendu

le contact avec les médecins du service est possible

si nécessaire, indépendamment de l’organisation de

la garde. Un spécialiste de médecine physique est

joignable au besoin, ainsi qu’un spécialiste d’ortho-

pédie du service adresseur.

La visite médicale quotidienne est effectuée par un

médecin attaché et/ou senior gériatrique, sauf le di-

manche. La quasi totalité des médecins du service

est titulaire d’une capacité de gériatrie. La présence

d’un médecin de médecine physique est assurée du

lundi au vendredi. Une réunion de synthèse multi-

disciplinaire a lieu hebdomadairement. L’accueil des

familles est organisé.

Projet thérapeutiquePour ces personnes âgées ayant une pathologie

orthopédique, il s’agit d’assurer toutes les suites

d’opérations orthopédiques ; de leur redonner toute

l’autonomie possible, d’organiser leur retour à domi-

cile (avec des aides si besoin) et de le pérenniser.

Dans le cas des patients âgés polypathologiques,

chez qui la fracture est associée à d’autres patho-

logies, il faut gérer les co-morbidités et démences et

organiser la prise en charge ultérieure, soit en retour

à domicile soit par départ éventuel en MR ou autre

institution ; ceci nécessite une prise en charge glo-

bale, sans oublier une coopération éventuelle avec

l’HAD. Dans ces cas, la prise en charge sociale de-

vient individuelle, importante et complexe.

Dans certains cas complexes, le patient relèvera de

l’unité de soins de suite gériatrique (24 lits dans le

service), où il sera éventuellement transféré.

Thèmes de recherche clinique actuelle ou envisagés

Ils concernent actuellement le bilan de l’ostéoporose

ou de l’équilibre, ses relations avec le risque de réci-

dive. Une collaboration avec Bicêtre, service d’ortho-

pédie et unité Inserm, est à développer. K

RepoRtage Réalisé paR Dominique mathis

[email protected]

HOPITAL Charles Foix - IVRY

octobre 2009 K DH magazIne n°128 59

Jean-Yves BeInIs

Page 60: DH Magazine 128 - Octobre 2009

EMPLACEMENT RÉSERVÉ

Page 61: DH Magazine 128 - Octobre 2009

ProPos recueillis auPrès de ChRiSTiAN TRiQUARD, directeur et PiERRE BEChET, maire de rumilly

Ce CH est à l’image de sa ville : bien que souvent méconnue, celle-ci, cité industrielle de 17 000 habitants, se singularise en effet par un secteur économique particulièrement dynamique marqué par la présence de grandes entreprises nationales. Non content de répondre à la demande de soins de l’Albanais, l’hôpital

haut-savoyard se lance à son instar dans de nombreux projets d’avenir, dont l’envergure n’a rien à envier aux « grands ».

Faire mieux avec moins de moyens

Une petite taille pour un grand hôpital

CH de RUMILLY

octobre 2009 K Dh MAgAziNE N°128 61

DH : Comment caractérisez-vousl’établissement que vous dirigez ?Le CH de Rumilly est en très bonne santé morale.

Comme tous les établissements de petite taille, il

a su se recentrer sur ses missions propres, articu‑

lées autour de trois axes : une prise en charge de

proximité et de qualité, des stratégies efficaces sur

la rééducation spécialisée et la complémentarité, un

continuum gériatrique complet et abouti.

Les choix stratégiques des années 90 ‑ dont le

plus notable est la fermeture des urgences et de la

chirurgie au profit des services de rééducation ‑ ont

apporté un souffle nouveau à l’établissement. Ces

bouleversements ont toutefois été suivis, de 1993 à

2002, par une nouvelle stagnation et un manque de

visibilité sur l’évolution hospitalière.

Entre 2003 et 2008, le CH de Rumilly a alors dé‑

veloppé son premier projet d’établissement, nommé

fort à propos « des valeurs, des hommes, des pro-

jets : un contrat pour l’avenir ». Le CH a su partir

de ses forces et de ses faiblesses pour souder le

collectif. Le projet a ainsi été porteur de notre dimen‑

sion humaine, de nos compétences et de notre dyna‑

misme. Notre stratégie, résolument offensive, s’est

progressivement orientée vers une plus grande com‑

plémentarité avec le CH d’Annecy. Nous constatons

avec fierté que l’objectif des précédentes décennies

est aujourd’hui atteint : l’hôpital peut vivre de ses

spécialités, à l’ombre d’une grande structure.

DH : Quelles sont les enjeux actuels ?Le CH se compose actuellement de deux entités phy‑

siques : un bâtiment principal de 80 lits de médecine

et de soins de suite et de réadaptation implanté en

centre ville, et un pôle de gérontologie en périphérie

de la ville. C’est un établissement où « tout se tient »,

doté d’une cohérence et d’une harmonie d’activités

remarquable pour un hôpital de cette dimension.

La construction du nouvel hôpital sur un site unique

aurait pu être un handicap si nous avions commencé

par là. Mais le CH s’est au contraire efforcé de ren‑

forcer son offre de soins et son positionnement avant

d’envisager sa rénovation. C’est parce que nous

avons travaillé sur le contenu que le contenant appa‑

raît désormais comme une évidence pour tous.

DH : Le CH de Rumilly regarde l’avenir sereinement… L’hôpital n’a de cesse de légitimer sa place et son

rôle entre les deux grandes structures que sont les

CH d’Annecy et de Chambéry. Pour exister, nous

devons faire « mieux qu’ailleurs ». Les petits établis‑

sements ont toujours eu une obligation de résultat.

Souvent sous‑estimés, ils doivent fournir des efforts

démesurés de démonstration et de qualité, là où

d’autres se défendent parfois par leur seul position‑

nement régional ou départemental.

Le CH de Rumilly ne se contente pas de s’acquitter

de son utilité de soins. Il est à l’origine de projets

de développement originaux, de savoir‑faire et de

compétences qu’il souhaite aujourd’hui valoriser et

faire connaître, notamment par la mise en place de

nouvelles stratégies de communication. L’avenir d’un

établissement se construit en effet sur une vision

collective et stratégique, fondée sur des indicateurs

objectifs et rassurants. Le premier concerne les fon‑

damentaux financiers : avec une gestion prévoyante

et vertueuse, l’hôpital présente depuis 7 ans des

comptes sains et équilibrés, avec en endettement

quasi nul (moins de 9 %). Dans tous les domaines,

nous essayons de faire, avec moins de moyens,

beaucoup mieux… c’est notre seul chemin.

Page 62: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Un petit à côté d’un grand

Le CH de Rumilly est implanté à une vingtaine

de km du CH de la Région d’Annecy (CHRA).

Le rapport d’activité entre les deux structures

est de l’ordre de 1 pour 10. Alors que le

CH de Rumilly compte 80 lits MCO et SSR, le CHRA

en propose 700. Lorsque l’établissement rumillien

enregistre 1 500 entrées, son confrère en comptabilise

15 000. Il ne peut donc pas y avoir de concurrence

mais une complémentarité utile et intelligente Ce

rapport se retrouve également dans le bassin de

population d’Annecy (400 000 habitants) et de l’Albanais

(30 000 habitants).

L’hôpital de Rumilly présente en outre une particularité

économique : avec près de 350 emplois il est seulement

le quatrième employeur de la ville, mais est intégré à un

bassin d’emploi important, marqué par la présence de

nombreuses entreprises nationales (TEFAL, NESTLE,

VULLI…) et un tissu de PME et d’artisans particulièrement

vivace. Ce dynamisme local nécessite une offre de soins,

de transports, de loisirs et d’enseignement adapté qui

crédibilise le positionnement de la structure hospitalière.

En 30 ans, la population de la Haute‑Savoie a augmenté

de 75 % et se démarque par son caractère particulière‑

ment jeune (55 % de la population du bassin a moins de

40 ans). Face à ces besoins, les deux établissements

font le choix de la complémentarité. Une coopération

qui se concrétise par la mise en place progressive d’une

dizaine de conventions qui a abouti, en 1999, à la nais‑

sance de la Communauté d’établissements de soins

Annecy - Rumilly (CESAR).

Une histoire qui s’écrit par la réouverture officielle

des urgences

La construction du nouvel hôpital est l’aboutissement

des nombreux éléments constitutifs de son histoire et de

sa capacité d’adaptation. En 1993, l’hôpital a entrepris

d’importantes restructurations stratégiques. La fermeture

de la chirurgie et des urgences a alors permis le renfor‑

cement de ses activités de rééducation, véritable fer de

lance de l’établissement. L’institution compte aujourd’hui

20 lits et places de SSR médicalisés, 20 lits de réadap‑

tation neurologique (10 lits d’états végétatifs chroniques,

complétés en 1997 par 10 lits de soin de rééducation

post‑réanimation) et 15 lits de rééducation cardiaque ac‑

cueillant 90 % des séjours de la Haute‑Savoie.

Des assistants seniors ont continué, à la fermeture des

urgences, à prodiguer des soins externes à des patients,

sans rendez‑vous : le service était rendu à la population,

mais l’activité n’était pas reconnue. Le CH s’est alors

lancé dans un projet innovant qui a abouti, en 2003, à la

constitution d’une fédération des urgences cogérée par

le CHRA. Le chef de service annecien est ainsi médica‑

lement responsable des deux postes d’assistants bud‑

gétés par l’hôpital de Rumilly. Le service, accessible les

jours ouvrés de la semaine, enregistre 5 000 passages

par an. Une activité qui profite aux 30 000 habitants de

l’Albanais et désencombre le service des urgences d’An‑

necy. Le CH de Rumilly se propose aujourd’hui de créer,

selon le même principe, 10 lits post‑AVC. La convention

aurait pour objectif de désengorger le CHRA en propo‑

sant des lits d’aval à son unité d’urgence de traitement

des AVC.

La certification sans réserve par l’HAS en 2006 témoigne

de la qualité de la prise en charge et de notre dynamis‑

me collectif. La visite de certification, en juin dernier, a

confirmé l’excellence de la prise en charge des patients.

L’établissement a en outre opéré un véritable change‑

ment culturel en organisant les 35 heures effectives

sans RTT pour l’ensemble des personnels (une mise en

place réelle des 35 heures en supprimant les journées de

RTT). Les modifications d’organisation et le développe‑

ment de l’activité ont permis d’augmenter le recrutement

de personnel.

En dépit de son périmètre restreint, le CH propose donc

une importante continuité et diversité des soins qui ga‑

rantit l’autonomie de la structure entre soins de proxi‑

mité et spécialités à dimension départementale voire

au‑delà.

Une nouvelle page, celle de la construction

Fort de ses atouts, le CH avait entamé une politique de

réhabilitation patrimoniale, qui a vite montré ses limites :

onéreuse et complexe, elle sera délaissée au profit d’une

nouvelle construction. Grâce à un terrain cédé par la

commune, l’hôpital principal, actuellement situé en cen‑

tre ville, s’implantera à l’horizon 2013 sur le site unique

de la Salle, dans un cadre environnemental exceptionnel

en contiguïté du pôle de gérontologie. Une proximité qui

permet une re‑concentration des soins et une organisa‑

tion fonctionnelle, économique et logistique performante

et obligatoirement efficiente.

L’ARH a aujourd’hui donné son accord de principe pour

la construction d’un nouvel hôpital de 120 lits. Un pro‑

grammiste a d’ores et déjà procédé au recueil de besoin

et finalise le programme technique détaillé pour une opé‑

ration en conception –réalisation, plus rapide à réaliser.

Le CH souhaite ainsi concevoir des unités fonctionnelles

de 30 lits pour le secteur MCO et les trois unités de SSR.

La modernisation et la coordination de l’offre de soins

devraient aboutir à l’extension du service de médecine,

qui passerait de 25 à 30 lits. Ce projet de nouvel hôpital

est envisagé comme une véritable plateforme de soins

publique –privée : en effet des médecins libéraux, le la‑

boratoire privé de la ville et le cabinet de radiologie privé

intégreront ce nouvel ensemble.

Comme en 1993, l’hôpital est à la croisée des chemins.

Et pour que le nouvel établissement soit vraiment celui

des Rumilliens, le futur hôpital de Rumilly portera le nom

du Docteur Gabriel Déplante, chirurgien, Résistant émé‑

rite, grande figure morale de la cité ; cette volonté a été

actée par le député, président de l’Assemblée Nationale,

Bernard Accoyer, avant la pose de la première pierre.

Un continuum gériatrique

Le CH offre une continuité de soins qui permet

une prise en charge adaptée à tous les stades

de la vie. Les patients âgés entrant à l’éta‑

blissement sont ainsi connus des personnels

hospitaliers, qui ont souvent été acteurs de leur histoire

et témoins de leur évolution. Le continuum gériatri‑

que comporte l’EHPAD Résidence de Baufort (80 lits),

l’USLD Résidence des Cèdres (84 lits) et le Foyer d’hé-

bergement temporaire de 18 lits, ouvert six mois par an

du 1er novembre au 1er mai. Ce dernier a été conçu il

y a une vingtaine d’années pour répondre au problème

d’isolement des personnes âgées en milieu rural. Malgré

la mise en place du portage des repas et des soins infir‑

mier à domicile, le CH tient à maintenir cette activité qui

contribue paradoxalement au maintien à domicile. Cette

structure originale permet une adaptation progressive

des personnes âgées à la vie en institution.

Le CH propose une consultation mémoire, non labellisée

en raison de son volume d’activité insuffisant, qui permet

le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. L’institution sou‑

haite enfin parfaire le parcours par la mise en place d’une

unité cognitivo‑comportementale.

Associer liberté et sécurité

Pour compléter le dispositif, l’hôpital ouvre en mars 2010

une structure entièrement dédiée aux personnes souf‑

frant de la maladie d’Alzheimer et pathologies apparen‑

tées. Elle abritera 48 lits spécialisés, un accueil de jour

de 10 places et le foyer d’hébergement temporaire. Le

projet, qui s’inscrit dans le cadre d’un plan de construc‑

tion élaboré par le conseil général, offrira un environne‑

ment moderne et dynamique.

Jusqu’alors, les patients les plus dépendants étaient

accueillis dans la structure polyvalente des Cèdres qui

regroupait, selon le concept des années 90, l’ensemble

des pathologies. Le personnel s’est aperçu à l’usage que

la cohabitation avec des patients déambulants, intrusifs,

Un nouvel hôpital... dans le sens de l’Histoire

ProPos recueillis auPrès de BRigiTTE LE PRiNCE, directrice des soins infirmiers et JEAN SUzANNE, Président de la cme

Les Coquelicots : une nouvelle structure d’hébergement dédiée aux patients Alzheimer

ProPos recueillis auPrès de gENEVièVE JAVET, directrice adjointe et MiChEL CAMUS, PH

Dh MAgAziNE N°128 K octobre 200962

Page 63: DH Magazine 128 - Octobre 2009

CH de RUMILLY

octobre 2009 K Dh MAgAziNE N°128 63

ne facilitait pas une prise en charge ciblée et adaptée.

Les quatre unités de 12 places sont donc regroupées à

proximité immédiate du pôle de gérontologie pour des

raisons de commodité logistique. La contiguïté avec les

Cèdres permettra aux patients de bénéficier d’une cou‑

verture médicale durant la journée et d’une permanence

infirmière pendant la nuit. La conception architecturale

conviviale, composée de plusieurs espaces de vie, limite

la désorientation du patient et le nombre de visages à

identifier. Un regroupement par pathologie unique, selon

un niveau d’évolution homogène, favorise la mise en pla‑

ce d’activités adaptées aux besoins. Enfin, le cahier des

charges, bien qu’élaboré avant la parution des textes,

respecte l’ensemble des conditions requises pour les

unités d’hébergement renforcé (UHR) à travers un projet

de vie innovant qui associe liberté d’aller et de venir au

sein d’unité sécurisées.

Une prise en charge familiale et conviviale

La structure se compose de trois bâtiments conçus selon

le modèle des grandes fermes en pierre de l’Albanais.

Cette architecture originale facilite son identification com‑

me lieu de résidence et offre un environnement familial.

Une galerie arrière rassemble les bureaux, les locaux

techniques et la galerie de liaison. Les trois premières

unités, destinées aux patients porteurs des symptômes

de déambulation, sont réparties sur un rez‑de‑chaussée

et un rez‑de‑jardin. L’établissement s’est également

interrogé sur la prise en charge des personnes

grabataires. Leur présence au sein des unités soulève

en effet le problème de la monopolisation du personnel

au détriment du groupe. Leur transfert dans une autre

structure créerait cependant une rupture au sein de

leur prise en charge. Le CH a donc opté pour la

création d’une quatrième unité qui leur sera spécifique‑

ment dédiée afin d’éviter le traumatisme d’un nouveau

déménagement.

La nouvelle structure Alzheimer ne sera pas une unité

de diagnostic : le projet thérapeutique du patient sera

élaboré en amont. L’enjeu est de proposer une prise en

charge la moins médicalisée possible et la plus axée sur

la vie traditionnelle, avec une ritualisation importante de

la vie. Le temps consacré au repas sera prolongé et in‑

dépendant des impératifs d’organisation, comme cela se

voit dans les unités médicalisées classiques. Les profes‑

sionnels seront partie prenante de la vie quotidienne. Les

agents responsables du repas déjeuneront avec les pa‑

tients dans une ambiance conviviale. L’équipe soignante

en charge du fonctionnement quotidien sera respon‑

sable de l’animation, afin que celle‑ci reste spontanée

et fondée sur la vie quotidienne. A l’instar des familles

pratiquant diverses activités extraprofessionnelles, une

animatrice se rendra ponctuellement sur site en vue de

proposer des activités plus spécifiques. K

Le service de réadaptation de chirurgie cardia‑

que de 15 lits et places est unique en Haute‑

Savoie. Autorisé… sans moyen, il a d’abord

connu quelques vicissitudes avant de connaître

depuis deux ans un essor important. Son ambition est

aujourd’hui de devenir le service de rééducation publique

du bassin annecien. Doté d’un plateau technique perfor‑

mant, il décline ses missions selon trois axes principaux :

surveillance cardiologique, reprise de l’activité et éduca‑

tion thérapeutique.

La surveillance cardiologique

Un cardiologue est présent sur site 24h / 24 pour régler

les problèmes post‑opératoire, traiter les complications,

adapter le traitement et adapter les doses en fonction

des recommandations et de la tolérance du patient.

Depuis un an, l’organisation médicale fait l’objet d’une

coopération forte avec le CH d’Annecy.

Un cardiologue annecien se rend à mi‑temps sur site. Un

échange appréciable qui permet à l’Hôpital de Rumilly

d’avoir recours à un service d’aigu. Le CHRA bénéficie,

quant à lui, d’une structure d’aval qui lui permet d’appré‑

hender la réadaptation et d’envisager son activité par la

vision coordonnée des deux services.

Un projet d’extension de 15 lits est en cours de négo‑

ciation. Le CHRA, qui envisage d’augmenter son activité

par l’ouverture d’une deuxième salle de coronographie,

soutient ce projet qui lui permettrait de désengorger son

service.

L’entraînement physiqueLe service est composé d’une partie hospitalisation et

d’une partie ambulatoire. Les patients se partagent le

plateau technique pour la pratique d’activités physiques

adaptées (APA), encadrés par une équipe pluridiscipli‑

naire, composée notamment d’infirmières, de kinésithé‑

rapeutes et d’un thérapeute de rééducation segmentaire.

Le CH propose en outre des marches hebdomadaires,

de la kinésithérapie respiratoire et des séances de

relaxation.

Une épreuve physique en début de programme permet

l’évaluation de la capacité physique et la programmation

des montées en charge. Une évaluation en fin de réa‑

daptation permet aux patients de faire le point sur leurs

possibilités sportives. Le CH ambitionne aujourd’hui la

création d’une phase 3 destinée à maintenir les acquis

de la phase 2 et de renforcer l’observance du nouveau

mode de vie.

L’éducation thérapeutique

Le service est également doté d’une mission d’éducation

thérapeutique de prévention des maladies cardio-vascu-

laire. Les patients choisissent entre différents ateliers,

tels que le traitement anti‑coagulant, les maladies coro‑

nariennes, l’assistance cardiaque ou encore le diabète.

L’atelier cœur et sport, plus technique, propose un ac‑

compagnement spécifiquement dédié aux sportifs. Les

patients sont vivement encouragés à se concentrer sur

un ou deux objectifs prioritaires. Le personnel les oriente

parfois, mais la décision finale leur appartient.

L’ensemble de l’équipe a notamment été formé, sous la

responsabilité du Dr Charly Cungi, psychiatre spécialisé

en thérapie comportementale et cognitive, au program‑

me HeartMath. Importée des Etats‑Unis, cette méthode

vise une meilleure cohérence cardiaque. En effet, les

recherches tendent à démontrer que les interactions en‑

tre nos émotions et notre corps sont nombreuses et les

impacts non négligeables. Concrètement, le patient est

amené dans un premier temps à réussir une « crise de

calme » dans un environnement reposant. Une fois cette

étape réussie, il lui est demandé de penser à une situa‑

tion stressante. Des capteurs lui permettent d’observer

sa fréquence afin de l’aider à réguler les tensions et à

aborder par la suite ces situations avec plus de sérénité.

Au‑delà du module, le service propose une approche

générale de la gestion du stress au sein de tous ces

ateliers.

Le CH envisage en outre la mise en place de séances

sur le sevrage tabagique en vue d’accompagner avec

méthode et psychologie les demandes souvent très

cartésiennes des cardiologues. L’objectif serait de faire

de Rumilly une antenne délocalisée du service de taba‑

cologie d’Annecy, avec une équipe unique et une trans‑

mission des dossiers évitant au patient l’impression de

repartir de zéro. Cette organisation pourrait également

être déclinée pour le traitement du diabète. K

La rééducation cardiaque, fleuron de l’établissementProPos recueillis auPrès de ChARLoTTE MESTRALLET, cardiologue

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Page 64: DH Magazine 128 - Octobre 2009

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17

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Page 65: DH Magazine 128 - Octobre 2009

ProPos recueillis auPrès de Guy-Pierre MArTiN, directeur général, SylviA GOTTelAND,directeur général adjoint et ChriSTiAN CArMAGNAC, Président de la cMe

Au carrefour des grands axes de circulation alpins Lyon-Turin et Grenoble–Genève, le CH de Chambéry occupe le quatrième rang des structures hospitalières après les trois CHU de Lyon, Grenoble et Saint Etienne. Il développe un projet médical ambitieux pour répondre aux besoins croissants d’un territoire dynamique.

Il s’engage dans deux projets stratégiques majeurs : à court terme, le développement des coopérations entre hôpitaux pour créer une communauté hospitalière de territoire ; à moyen terme, la construction d’un nouvel hôpital pour remplacer l’actuel Hôpital Jacques Dorstter.

L’avancement du projet Nouvel Hôpital

A la porte des Alpes,un hôpital avec des atouts majeurs

CH de CHAMBERY

octobre 2009 K Dh MAGAziNe N°128 65

DH Magazine : Quelles sont les particularités

du territoire de santé que vous couvrez ?

CHC : La région Rhône-Alpes est divisée en

13 bassins de santé. Le bassin 11 auquel

nous appartenons couvre le département de

la Savoie et le secteur de Belley dans l’Ain.

Le territoire compte environ 470 000 habi-

tants, mais la population double en période

hivernale. Les agglomérations voisines de

Chambéry et d’Aix représentent à elles seu-

les 250 000 habitants, plus de la moitié de la

population du territoire. Cette population conti-

nue de croître, au rythme de 1 % par an, du

fait de l’attractivité économique de la région.

Ici comme ailleurs, la population vieillit, mais

nous sommes aussi « importateurs » de per-

sonnes âgées venues s’installer à Chambéry

ou aux alentours. Pour les dix prochaines

années, nous prévoyons une augmentation

de 12 % de la population, chiffre atteignant

40 % pour le seul segment des personnes

âgées. Le territoire est aussi caractérisé par

son étendue et son relief. Malgré cela, il reste

cohérent, Chambéry se situant au débouché

naturel de deux vallées alpines (Maurienne et

Tarentaise), du bassin aixois, de l’avant-pays

Savoyard et du secteur de Belley.

DH : Comment cette situation se traduit-elle

pour l’hôpital ?

CHC : L’hôpital de Chambéry est l’établisse-

ment référence du bassin de santé. Il couvre

la quasi-totalité des disciplines médicales et

réalise entre 55 et 60 % de l’activité MCO ;

le reste se partage entre les hôpitaux d’Alber-

tville-Moutiers, Bourg- Saint-Maurice, Saint-

Jean-de-Maurienne et Belley. Plus proche de

nous, le CH d’Aix-les-Bains est un établisse-

ment avec lequel nous développons beau-

coup de complémentarités avec la perspec-

tive d’un rapprochement. Depuis 2004, nous

avons connu une forte accélération, en termes

de moyens, d’activités, de restructuration, de

rénovation et d’investissement.

DH : Comment se déclinent vos projets en

fonction de l’organisation en pôles ?

CHC : Chacun des sept pôles du CHC se dé-

veloppe suivant quelques axes de travail prin-

cipaux. En chirurgie, il s’est agi de compléter

l’offre tout en renforçant spécialités et com-

pétences, faisant la part belle à l’ambulatoire,

dont la capacité a été augmentée. Côté can-

cérologie, s’engagent de nouvelles capacités

technologiques pour réaliser des bilans d’ex-

tension de cancers, grâce au TEP dont le ser-

vice de médecine nucléaire sera doté fin 2009.

Le pôle s’est également enrichi d’un service

d’HAD qui couvre le territoire, ainsi que d’un

projet de centre spécialisé en addictologie, qui

devrait se voir attribuer des lits identifiés. Le

pôle urgences s’est enrichi ces dernières an-

nées, avec une capacité croissante en réani-

mation, l’ouverture d’une unité de surveillance

continue pour couvrir les cas intermédiaires et

la création d’une unité neuro-vasculaire pour

améliorer l’efficience de la prise en charge des

AVC. Le CHC réfléchit également à une unité

post-urgences pour une meilleure régulation

interne. Dans cet esprit, l’accueil des urgen-

ces sera également amélioré avant la fin de

l’année.

Le pôle Mère Enfant s’est doté de consulta-

tions spécifiques destinées à la détection de

troubles psychologiques avant ou après une

naissance, et créera à terme des lits d’hospi-

talisation de courte ou moyenne durée, tout en

cherchant à améliorer l’accueil des enfants et

des adolescents. Il renforce son intégration au

tissu régional avec une réanimation néonatale

de référence au sein d’un réseau d’une dou-

zaine d’établissements. Le pôle hébergement

mènera quant à lui un projet phare en 2010 :

l’identification de lits Alzheimer, qui entraînera

l’adaptation des locaux et des compétences.

Enfin, le pôle santé publique a inauguré un

espace dédié début 2008. Ce pôle est aussi

associé aux spécialités médicales que sont

néphrologie, dialyse et endocrinologie.

Toutes ces ambitions doivent à terme s’ac-

complir dans un cadre à leur mesure, d’où ce

projet d’hôpital nouveau.

Page 66: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 67: DH Magazine 128 - Octobre 2009

CH de CHAMBÉRY

octobre 2009 K Dh MAGAziNe N°128 67

DH : Quelques mots sur ce nouvel hôpital ?

CHC : Nous en sommes encore au stade des

études, mais arrivons au terme de la rédac-

tion du programme. Nous pouvions choisir de

rénover l’ancien bâtiment, mais cela rendait le

maintien de l’activité impossible, et ne garan-

tissait pas de conditions d’hygiène suffisantes.

L’ancien bâtiment sera donc détruit après la

construction du nouveau, qui sera édifié près

de l’actuel, en centre-ville. Un projet indisso-

ciable des évolutions du secteur de la santé

autant que de celles de la population.

Ces locaux accueilleront les activités nouvel-

les et absorberont la croissance de l’activité,

de l’ordre de 7 à 8 % en 2008, cela sur 8 ni-

veaux au lieu de 11 actuellement. Le finance-

ment s’inscrira dans le cadre du Plan hôpital

2012 et le calendrier provisoire est déjà ar-

rêté : finalisation du programme et lancement

d’un appel d’offres unique de conception -

réalisation fin 2009, présélection et choix du

groupement d’ici l’été 2010 et lancement du

chantier avant la fin de l’année 2010. La ré-

flexion en amont est essentielle pour ce genre

de projet. Le calendrier est prudent… mais le

projet d’envergure.

DH : Pour conclure, comment se décline votre

stratégie sur le territoire ?

Depuis plus d’un an, les hôpitaux du territoire

ont amorcé une réflexion pour développer leurs complémentarités et préparer la création

d’une CHT. Dans ce cadre le rapprochement

entre les CH de Chambéry et d’Aix-les-Bains,

dans les esprits depuis longtemps, revêtira

une importance particulière puisque nous

avons engagé ensemble une réflexion pour

parvenir à un projet médical unique dans

quelques mois. Un élément nouveau est ap-

paru récemment, qui donne à notre démarche

une dimension beaucoup plus ambitieuse : le

projet de restructuration de l’offre de soins de

la Clinique Générale de Savoie (à Chambéry)

et de la Clinique Herbert (à Aix-les-Bains) qui

s’accompagne d’un transfert d’activités vers

le CH de Chambéry. Cette perspective de re-

composition de l’offre de soins est une oppor-

tunité stratégique intéressante, mais aussi un

défi qu’il appartient à l’hospitalisation publique

de relever.

La direction des ressources humai-

nes est engagée depuis longtemps

dans une démarche qualitative. Une

procédure spécifique avait déjà été

créée en 1998 pour amorcer une dynamique

interne, puis est venue la certification de l’HAS

en 2008. Mais la structure a souhaité aller plus

loin et anticiper sur un cadre normatif de plus

en plus tourné vers le concept de performance

des ressources humaines. D’où le parti de se

conformer à la norme ISO 9001, auparavant

l’apanage d’acteurs économiques du privé.

Pourquoi ce choix ? «  La  norme  définie  par 

l’HAS nous a parue assez floue, et nous étions 

désireux de travailler avec un cadre plus pré-

cis et plus structurant, tout en apportant l’idée 

d’amélioration continue », détaillent A. Longe

et L. Ribes, associées au projet.

S’appuyer sur l’expérience du privé

Ainsi, 11 processus ont été clairement définis

pour la gestion des ressources humaines de

l’établissement, parmi lesquels l’accueil et

l’intégration, le recrutement, la gestion des

carrières et des paies, la formation, le mana-

gement de la qualité, le développement des

compétences, la sécurité, la contractualisation

et l’organisation des effectifs, le management

de la relation sociale ou encore la qualité RH.

Trois processus ont été certifiés en juin 2008,

auxquels l’hôpital souhaite voir s’ajouter ac-

cueil et gestion des carrières dès cette année,

et enfin les six derniers dès 2010.

Les avantages de cette orientation se font

déjà sentir : «  Notre  recrutement  est  mieux 

tourné  vers  les  clients  internes  et  externes, 

nous avons pu organiser des groupes de tra-

vail, mener une démarche qualité en continu, 

mais également valoriser notre action au sein 

de  l’établissement  ». De même, les 110 ca-

Gestion des ressources humaines :anticiper sur les normes de demain

ProPos recueillis auPrès d’ArMelle lONGe, adjoint des cadres à la drH, et lAeTiTiA riBeS, attacHée d’adMinistration HosPitalière à la drH

Page 68: DH Magazine 128 - Octobre 2009

dres du CHC, amenés à faire des ressources

humaines sur le terrain, sont désormais mieux

pilotés en la matière par la DRH, qui fournit

les outils et définit les procédures spécifiques.

Cette norme ISO améliorerait donc les rela-

tions en interne.

ISO 9001 : pour anticiper sur des normes

hospitalières futures

Jusqu’ici, le CHC n’a pu rencontrer d’autres

établissements dans lesquels une démarche

similaire a été initiée. C’est donc vers le privé

que la structure s’est tournée pour s’enrichir de

retours d’expérience. Des contacts ont été pris

à la RATP ou avec le Groupe Crédit Agricole.

Si la première entreprise a permis de mettre

au jour un savoir-faire administratif, dans l’ap-

port d’outils RH ou encore le « service client »,

la seconde a permis de tirer quelques conclu-

sions sur « l’attractivité d’un recrutement, re-

crutement tourné vers la performance et la re-

cherche d’un retour sur investissement ». Un

judicieux partage d’expérience, d’autant que

le CHC en a fait bénéficier ses voisins hos-

pitaliers, dans le cadre de rencontres trimes-

trielles entre les DRH de Savoie et de Haute-

Savoie. Certains pourraient bien s’inspirer de

cette démarche dans l’avenir.

L’impact en interne est également important,

la blanchisserie s’étant également lancée

dans la démarche ISO : «  cette  orientation 

s’inscrit et s’inscrira dans une démarche, plus 

générale, d’établissement ». Une expérience

qualité en DRH qui devrait servir à l’heure de

l’intégration du concept de performance aux

hôpitaux publics. Mais qui aura imposé un

effort de communication, pas nécessairement

insurmontable dans un milieu qu’on croit

pourtant souvent assez réfractaire au

changement !

Nous ne pourrions conclure

sans aborder l’une des

grandes réussites récentes de

l’établissement en matière de

gestion économique : grouper la quasi-

totalité des dépenses alimentaires d’environ

95 établissements de la région Rhône-Alpes,

soit une enveloppe de 33,6 M €. A priori, le pari

semblait osé, mais le GRAAL (Groupement

Rhône-Alpes Alimentation) a bel et bien

été créé. Généralement, les groupements

d’achats de cette taille sont d’envergure

départementale, mais ici le GRAAL couvre

des besoins régionaux. Objectif : « Massifier 

le besoin, et piloter des dépenses régionales 

sans perdre en qualité, le tout en maintenant 

un  niveau  de  proximité  optimal  avec  nos 

adhérents ».

Qualité des denrées : aucun sacrifice à déplorer

Un comité de pilotage de cinq personnes est

chargé de réguler les approvisionnements et

de gérer le quotidien des dépenses de façon

centralisée, en dialoguant avec les acteurs

locaux, clients et fournisseurs. Une interface

appréciée des adhérents, qui voient leur tâche

simplifiée, n’ayant plus qu’à passer comman-

de au gré du besoin. Cela se traduit par un

panel fournisseur plus réduit, sans entamer

les besoins spécifiques de chacun, le catalo-

gue de 1 500 produits prenant l’intégralité des

cas particuliers en compte. Seule exception :

le pain, dépense encore gérée par chaque

établissement de façon indépendante. « Nous

avons fait  le choix de négocier annuellement 

ou  à  partir  de  contrats-cadres  sur  des  mar-

chés restreints renégociés en courte période. 

Ainsi,  plusieurs  fournisseurs  de  viande  sont 

remis en concurrence mensuellement ». À la

clé, des gains économiques ou qualitatifs as-

sociés au volume d’activité ainsi regroupé et

au pouvoir de négociation du GRAAL.

Les dépenses se répartissent entre denrées

alimentaires classiques (23 fournisseurs,

26 M €), les produits diététiques (8 fournis-

seurs, 1,2 M €), les fruits et légumes frais

(12 fournisseurs, 3,5 M €) et enfin viandes

fraîches (12 fournisseurs, 2 M €). En compa-

raison, les frais de gestion, matérialisés par la

cotisation adhérent « ne dépassant pas 0,3 % 

du budget global du groupement » sont basés

ProPos recueillis auPrès de MiChel AMBrOSiNO, directeur des services éconoMiques, et eriC De BiGAulT, resPonsable restauration

Restauration : un groupement d’envergure pour des achats ambitieux

Dh MAGAziNe N°128 K octobre 200968

Page 69: DH Magazine 128 - Octobre 2009

sur le poids de l’établissement dans le groupe-

ment. La plus élevée est donc celle du CHC,

qui dépense entre 2 et 3 M € via le Graal, pour

une contribution de l’ordre de 4 000 €. Si la

mesure des gains économiques est préma-

turée avec une seule année de fonctionne-

ment de recul, aucun adhérent n’a encore

manifesté de véritable mécontentement et

chacun apprécie la démarche à sa façon,

d’autant qu’elle le déleste d’un grand poids :

le temps/homme consacré à la gestion de

l’approvisionnement.

Des obstacles à lever, une démarche complexe

Si ce fonctionnement semble convenir à tous,

c’est qu’un important effort de communication

a permis de lever les doutes de chacun et de

rassurer sur les ambitions avec une grille de

valeur simple et détaillée. Celle-ci est basée

sur la solidarité, l’exhaustivité en matière de

produits, la proximité et le maintien d’une

partie décentralisée de l’achat, la qualité

comme critère de sélection n° 1 des offres,

la transparence vis-à-vis des établissements

et des fournisseurs, l’efficience basée sur la

renégociation fréquente et le renouvellement

des marchés, la non-gratuité avec une parti-

cipation financière de chacun, et enfin la plus

grande rigueur en matière de gestion. Une

renégociation fréquente qui permet en effet

de tenir compte des aléas de la conjoncture,

alors même que le lancement du groupement

a correspondu aux premiers grands effets de

la crise, à commencer par la diminution des

prix des matières premières alimentaires.

De plus, il a bien sûr fallu rassurer les uns et

les autres sur leurs possibilités de fonctionner

seuls pour certaines dépenses, voire d’inté-

grer certaines références au catalogue. Pour

2009, première année de fonctionnement,

300 lignes de produits ont été ajoutées à la

proposition initiale de Chambéry, par les ad-

hérents. « En moyenne, 80 % des dépenses 

alimentaires  d’un  établissement  passent  par 

le groupement ». Un succès après seulement

8 mois.

Seul obstacle : la logistique, assez complexe

de par un maillage rendu plus difficile par la

géographie de la région et par la recherche

des bonnes cadences de livraison. Plusieurs

réflexions sont menées pour résoudre ce pro-

blème de coût et de qualité spécifique, qui

paraît peser davantage sur les gros établisse-

ments que sur les petits, ces derniers béné-

ficiant plus largement de la solidarité écono-

mique en ce sens que leurs problématiques

logistiques et leur accessibilité sont parfois

plus complexes que pour l’adhérent de grande

taille. Comme on le voit, ce succès renferme

encore quelques recettes de gestion poten-

tielles qui pourraient n’en faire que davantage

croître l’efficacité. K

Le CH de Chambéry en chiffres

- 1 165 lits- 30 000 entrées en hospitalisation- 170 000 consultations- 42 000 passages aux urgences- 2 370 naissances- 960 000 repas servis

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CH de CHAMBÉRY

octobre 2009 K Dh MAGAziNe N°128 69

Page 70: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Emplacement réservé

Page 71: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Cela fait longtemps ‑ les lecteurs de DH Magazine l’ont lu (n° 72, 84 et 98) ‑ que les Hôpitaux du Léman ont engagé leur regroupement pour mieux s’adapter aux besoins de leur territoire de santé, le Chablais, et proposer une offre de soins de qualité. Le moment semble approcher où cette longue patience va porter tous ses fruits… à condition du moins que la création d’un territoire de santé démesurément étendu à toute la Haute‑Savoie ne vienne remettre en cause l’effort accompli.

Un hôpital bien ancré dans un territoire pertinent

HÔPITAUX du LEMAN

ProPos recueillis auPrès de Pierre CArLier, dsio ; SAndrA GriMALdi, directeur du Pôle gériatrie ;

PhiLiPPe GUiLLeMeLLe, drH ; didier LABBe, coordonnateur du Pôle gestion des ressources et

directeur Par intérim ; PhiLiPPe LOrin, directeur des soins et de la qualité ; ChriStine MArtineLLi,

directrice des services économiques et des travaux et MiCheL POret, Président de la cme

Lors de notre dernier reportage

fin 2004 1, nous avions laissé les

Hôpitaux du Léman fortement enga-

gés dans une entreprise de fusion

des deux sites d’Evian et de Thonon, mais au

prise avec de fortes difficultés budgétaires du

fait d’un CPOM un peu décevant…

Une gouvernance concrétisée

DH Magazine : Parlez-nous de vos pôles…Didier LABBE : Ils le méritent, car au CH du

Léman nous fûmes parmi les précurseurs :

c’est dès 2005 en effet qu’ont été mis en pla-

ce les pôles. Nous avons structuré six pôles

d’activités médicales : • gériatrie (court sé-

jour gériatrique, SSR, EHPAD, centre d’éva-

luation gériatrique, unité mobile de gériatrie)

• médecine (gastroentérologie, pneumolo-

gie / maladies infectieuses, soins palliatifs,

endoscopies, conduites addictives, hôpital de

jour médico-chirurgical, cardiologie, explora-

tion fonctionnelle neurologique, explorations

fonctionnelles cardiologiques, néphrologie,

dialyse, neurologie, rhumatologie, HAD, en-

docrinologie) • mère-enfant (néonatologie &

unité Kangourou, pédiatrie, espace naissance

- bloc obstétrical, hébergement maternité)

• chirurgie (UHCD, SMUR, urgences, réa-

nimation, bloc opératoire / anesthésie, bloc

opératoire / chirurgie, consultations, hospitali-

sation appareil locomoteur, hospitalisation vis-

céral / urologie / gynécologie / ORL) • psychia-

trie (CMPI, pédopsychiatrie de liaison, CATTP,

hôpital de jour - unité de l’enfance, hôpital de

jour - psychiatrie, hôpital de jour - unité de la

petite enfance, hospitalisation USN) • médico-

technique (radiologie & imagerie médicale,

biologie, pharmacie, hygiène, information mé-

dicale et dossiers médicaux).

DH : Et les activités administratives ?Didier LABBE : Nous avons eu la volonté

de créer également des pôles « activités

de support » au nombre de trois : le pôle

Environnement hôtelier du patient, le pôle

Gestion des ressources, et le pôle Qualité et

prise en charge du patient. De fait, les pôles

prennent en compte l’ensemble des activités

de l’établissement.

DH : Au service de quelle gouvernance ?Didier LABBE : Avant de mettre en exergue

l’aspect formel, la signature de contrats et

chartes, nous avons d’abord impulsé un travail

sur le contenu : chaque pôle a été encouragé

à élaborer son projet de pôle, certes dans

le cadre des missions institutionnelles qui

nous sont imparties et des autorisations qui

nous sont délivrées, mais en toute liberté de

réflexion et de proposition. La participation

des professionnels aux élections des conseils

de pôles, qui fut bonne, est un indicateur non

négligeable que cette nouvelle gouvernance

rencontre intérêt et assentiment. Le conseil

exécutif, que nous appelons ici comité

stratégique, fonctionne particulièrement bien.

Philippe GUILLEMELLE : Les pôles ont

reçu des délégations de gestion concrètes,

par exemple quant à l’élaboration du plan

de formation puisque 50 % de l’enveloppe

annuelle leur est déléguée… De même en

matière de recrutements des personnels

de soins, puisque c’est au niveau des pôles

qu’ils s’opèrent désormais, la DRH n’assurant

plus qu’un rôle de légalité des procédures de

publication et de sélection. Nos organisations

syndicales ont du mal à trouver leur place

dans la structuration en pôles, dans laquelle ils

voient un risque de cloisonnement et d’inégalité

entre agents et où ils estiment les agents

insuffisamment associés. Il faut reconnaître

que le dispositif de la nouvelle gouvernance

les prive d’une partie de leurs marges d’action

puisque les décisions autrefois centralisées et

soumises à leur avis sont maintenant gérées

dans les pôles.

Christine MARTINELLI : En matière d’équi-

pements, c’est la quasi-totalité des crédits

octobre 2009 K dh MAGAzine n°128 71

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annuels qui sont soit subdivisés et mis à dis-

position des pôles, soit discutés avec eux

avant toute affectation.

Philippe LORIN : Reste à développer une

collaboration plus approfondie entre le cadre

supérieur et le responsable de pôle pour

tirer meilleur profit de leurs compétences

respectives.

Dernière étape de la fusion

DH Magazine : Pouvez-vous en rappeler à nos lecteurs les principales étapes ?Didier LABBE : La fusion juridique, adminis-

trative, entre les CH d’Evian et de Thonon-les-

Bains, distants de 10 km, fut initiée en 1993 et

officialisée en 1998. Pour la traduire en actes,

nous avons d’abord construit sur le site de

Thonon, en partie nord du bâtiment Georges

Pianta et en lien direct avec celui-ci, un nou-

veau plateau technique mis en service en juin

2003, qui a permis de rapatrier sur Thonon

toute l’activité de chirurgie et d’obstétrique. A

l’époque, la politique d’un site unique n’était

pas à l’ordre du jour, au contraire prévalait

l’option d’un partage des activités : médecine

à Evian, chirurgie et obstétrique à Thonon.

C’est donc en parallèle que nous avons mené

la création d’un pôle mère-enfant à Thonon

et la rénovation des services de médecine à

Evian.

DH : Ensuite : évolution logique ou revi-rement complet ?Didier LABBE : Un peu des deux : l’ARH,

longtemps fermement opposée à la perspec-

tive d’un site unique, s’est résolue à partir de

2007 à nous le « recommander » lorsque nous

lui avons montré qu’il était la condition de

réussite du plan de retour à l’équilibre budgé-

taire qu’elle nous avait assigné. Les élus ont

également évolué. Enfin les contraintes diffi-

cilement contournables, celles de la qualité

comme celles de la T2A, ont plaidé pour que

la médecine soit réinstallée dans des locaux

fonctionnels à proximité immédiate des urgen-

ces, de la chirurgie et de l’obstétrique.

DH : Mais alors, les bâtiments d’Evian récemment rénovés vont constituer une perte sèche ?Didier LABBE : Non, car nous les vendons

pour un montant de 10 M € qui va participer

au financement du nouveau bâtiment de

médecine.

DH : J’imagine : une opération immo-bilière juteuse sur le site enchanteur d’Evian !Didier LABBE : Et vous vous trompez : ces

bâtiments sont cédés à la MGEN, qui va y

impulser une activité hospitalière sans but

lucratif, sur le créneau des soins de suite et

réadaptation.

DH : Et l’impact psychologique ?Michel PORET : On ne peut éviter qu’à Evian

l’abandon du site, qui avait une histoire, où

nombre d’agents travaillaient depuis de lon-

gues années et où il y avait de fortes per-

sonnalités médicales, suscite une certaine

nostalgie. Cela requiert donc une pédagogie

attentive ; mais sur le fond quasiment tout

le monde a admis la logique de la migration

sur un site unique. D’autant que la distance

entre les deux sites n’est pas considérable

et que la perspective d’exercer bientôt dans

un nouveau bâtiment sensiblement plus fonc-

tionnel atténue beaucoup cette tristesse. A

cet égard, la création de la nouvelle maternité

en 2004 a été décisive, elle a montré que la

fusion était possible et bénéfique, chacune

des deux équipes ayant pu amener sa part

à la conception de la nouvelle unité et à son

fonctionnement. Les richesses des uns et des

autres ont été additionnées et il n’y a pas eu

de « perdants ».

Christine MARTINELLI : Bien entendu nous

portons une attention très particulière à la di-

mension humaine de cette évolution de notre

institution. Le « projet migration » est élaboré

depuis le printemps dernier et mis en œuvre

par treize groupes de travail spécifiques, par

domaine ou filière : accueil et consultations,

prise en charge médicale, hôtellerie, logisti-

que, système d’information, GPEC, etc. Ces

groupes réfléchissent tant aux questions prati-

ques du déménagement qu’au suivi budgétai-

re. Ils recueillent une bonne participation des

professionnels concernés. Nous avons éga-

lement demandé la mise à disposition d’une

chambre témoin.

Michel PORET : La notion centrale, essentiel-

le au-delà des bénéfices budgétaires attendus,

est que la migration sur un site unique va nous

permettre de franchir un pas considérable et

décisif en termes de qualité et de fiabilité. Le

parcours patient va se trouver enrichi par ces

possibilités de travailler en voisinage proche.

C’est cet aspect que nous voulons mettre en

avant. Nous sommes persuadés qu’il va en

résulter un renforcement important de l’homo-

généité médicale, parce que chacun va devoir

remettre en cause sa façon de travailler et la

refonder sur des bases plus proches de celles

des autres.

Un projet emblématique…

DH Magazine : Donc ce nouveau bâti-ment va reloger les activités d’Evian ?Christine MARTINELLI : Oui, puisque le site

d’Evian sera cédé ; cela concerne la neuro-

logie, la rhumatologie, la néphrologie-dialyse,

l’endocrinologie ; mais vont s’y adjoindre des

activités nouvelles ou actuellement à l’étroit à

Thonon, comme les soins palliatifs.

DH : Comment avez-vous engagé le projet ?Christine MARTINELLI : D’abord, classique-

ment, par une phase de programme fonction-

nel en 2007. D’emblée nous posions quatre

impératifs majeurs : que le bâtiment soit

fonctionnel puisqu’il devra nous permettre de

réaliser plus d’un million d’euros d’économies

annuelles en dépenses d’exploitation (à cet

égard nous nous fondons sur un gain de 48 %

pour les consommations d’énergies par rap-

port à un bâtiment conventionnel…) ; que le

bâtiment soit discret car il va s’implanter sur

un site déjà fortement occupé et de surcroît

en vis-à-vis de la façade principale ; que les

liaisons avec les bâtiments existants soient

directes, aisées et respectent une séparation

des flux de personnes et logistiques ; enfin

qu’il réponde à nos attentes non seulement en

normes HQE mais en développement durable

et respectueux de l’environnement.

DH : Ensuite ?Christine MARTINELLI : Nous avons retenu

la procédure de conception – réalisation qui

raccourcit considérablement les délais et

simplifie la démarche, puisque le maître

Hôpitaux du Léman

octobre 2009 K dh MAGAzine n°128 73

Page 74: DH Magazine 128 - Octobre 2009

d’ouvrage a un interlocuteur unique. Ce pro-

moteur-mandataire, retenu en mai 2009, est

Eiffage, qui a constitué son équipe avec le ca-

binet d’architecture Chabanne & partenaires

et les BET IOSIS pour les fluides et la HQE et

ESBA pour la structure. Ceci étant, nous de-

meurons fortement impliqués pour vérifier que

la phase de conception évolue dans le droit

fil de notre programme fonctionnel. Mais le

dialogue permanent avec Eiffage se déroule

bien.

Le permis de construire est en cours d’ins-

truction. Les travaux vont s’engager en janvier

2010 pour une mise en service à l’automne

2011. Le coût d’objectif prévisionnel est de

22,3 M € de travaux et 1,6 M € d’équipements

pour 90 lits plus un plateau de consultations,

sur 7 000 m2. Le financement est constitué de

14 M € en autofinancement (notamment par

emprunt) et de 10 M € produits par la vente

du site d’Evian.

DH : Avez-vous déjà dégagé les idées-force du fonctionnement médical ?Christine MARTINELLI : La réalisation

du programme fonctionnel fut évidemment

indissociable d’une réflexion sur les

organisations. Nous avons dégagé quatre

principes : un guichet unique pour la gestion

des admissions, accompagné d’une centrale

de réservation, une organisation des soins

revue pour favoriser avant tout la présence

des soignants auprès du patient, enfin un large

recours au multimédia au bénéfice du patient

dans les chambres. Pour le reste et nourrir

la phase de conception, nous avons mis en

place des groupes de travail qui fonctionnent

correctement.

… parmi d’autresréalisations en cours

Ouvertures

DH Magazine : Votre territoire de santé, le Chablais, semble confiné entre le Lac, la montagne et la Suisse ; comment dans ce cadre resserré développer des coopérations ?Michel PORET : Après une longue période

où les deux établissements publics de santé

du territoire, Annemasse et nous-mêmes,

n’avaient aucun lien particulier, nous avons

initié une logique de filières et menons des

réflexions franches et sérieuses qui permet-

tent d’inventorier les domaines d’excellences

de l’un ou de l’autre, les activités à mettre

en synergie, les carences à combler, par

exemple en urologie, en chirurgie ORL, en

cancérologie. Nous avons également engagé

une réflexion sur la permanence de soins du

territoire. Par ailleurs la concurrence privée

de la Générale de Santé est forte et s’accroît

ces derniers temps : il faut y faire face.

DH : Et les perspectives d’unification d’un territoire de santé ?Michel PORET : L’ARS voudra-t-elle consti-

tuer un ou deux territoires sur notre départe-

ment ? Pour notre part, une réflexion globale

s’est engagée avec tous les acteurs hospi-

taliers qui inclinent à proposer deux commu-

nautés hospitalières, nord et sud. Le souhait

de l’ensemble des intervenants est de mieux

coordonner l’implantation des équipements

et des activités afin d’éviter les redondances.

Nous voulons résolument nous inscrire dans

une logique de filières de soins qui sublime

en quelque sorte la notion d’hôpital référent.

C’est donc plus vers l’émergence de pôles

d’excellence que nous voulons aboutir dans

le nord de notre département où le poids des

établissements est sensiblement égal.

SIH

DH Magazine : Quels projets dévelop-pez-vous actuellement ?Pierre CARLIER : Par principe, dans nos dif-

férents projets, la dimension de collaboration

est bien présente. Par exemple, nous avons

élaboré une coopération avec la médecine de

ville en partenariat avec l’URML pour mettre

en service une messagerie sécurisée. Ce pro-

jet intéresse plus de 50 % des médecins libé-

raux. Cela leur permet de recevoir de l’hôpital

courriers et comptes-rendus. Nous sommes

sollicités par l’ARH pour alimenter le dossier

patient partagé et réparti, développé par le

GCS SISRA (Système d’information de santé

Rhône-Alpes). Dans ce projet le mot important

est celui de « partage » et nous avons donc

choisi d’entrée de jeu d’y associer les méde-

cins libéraux.

Un autre chantier a été ouvert pour un SI

partagé avec les partenaires d’une HAD in-

Equipements logistiques : innovations aussi

On a tendance à en parler moins souvent que des grands chantiers ou des plateaux techniques médicaux. pourtant ils conditionnent la vie quotidienne des établissements. ainsi aux Hôpitaux du Léman il a été fait appel récemment à la Sté Medi-Math pour :

• mettre en place un système plein/vide• l’équipement du nouvel EHPAD• l’équipement du plateau technique (armoires à médicament, chariots…)• l’équipement de la pharmacie avec des systèmes de stockage semi modulaire• l’équipement des salles de soins de l’IFSIOu encore : en territoire de montagne, on le sait bien, les risques de la foudre sont réels. A la suite d’inci-dents dus aux orages les Hôpitaux du Léman avaient lancé un appel d’offres pour l’expertise des évène-ments,  la conformité des  installations de protection  foudre existantes  (paratonnerres, parafoudres) ainsi que la validation des dossiers contractuels (cahier des charges, réception, carnet de bord des contrôles et maintenance). RG Consultants a constaté que  l’essentiel de  la protection foudre de ces établissements reposait  sur  la protection par paratonnerre à  sources  radioactives  (désormais  interdites) ou à amorçage (obsolète) et une descente de mise à la terre passant dans les combles.

Les protections par parafoudres protégeant les courants forts et faibles n’avaient pas fait l’objet d’une dé-marche globale et homogène, ce qui pouvait être préjudiciable pour la continuité électrique dont la maîtrise est cependant essentielle en établissement de soins.

Cette mission d’étude et d’ingénierie a donc permis d’analyser  les  risques, étudier  les  implantations de nouvelles protections, apporter assistance au maître d’ouvrage pour la rédaction du DCE et la réception des travaux. Elle a pu également apporter des conseils sur la démarche de prévention (alerte foudre) du person-nel et le démarrage de groupe électrogène, et mettre en forme les carnets de bords délivrant la traçabilité des documents et évènements orageux.

dh MAGAzine n°128 K octobre 200974

Page 75: DH Magazine 128 - Octobre 2009

Roparun 2010

Le départ est échelonné du samedi 22 mai en début d’après-midi au dimanche 23 mai  à 9 h,  au Parc de La Courneuve à Paris. L’arrivée est  le  lundi 24 mai dans  l’après-midi sur  le Coolsingel 

à Rotterdam.Chaque équipe doit donner à l’avance sa vitesse moyenne (minimum 11  km  / heure). D’après  cette moyenne,  l’équipe  reçoit  son heure de  départ. Le maximum d’équipes participantes est de 275. Il est primor-dial de donner une vitesse moyenne exacte, afin d’arriver à Rotterdam dans le laps de temps prévu sinon vous risquez d’être pénalisé.

Il y aura une soirée de clôture quelques semaines plus  tard et pen-dant  laquelle  les  trois équipes ayant collecté  le plus d’argent seront connues.Droits d’inscription : ils s’élèvent à 2 600 € (TVA comprise) ; ils permet-tent de couvrir une partie des frais de l’organisation. Après réception 

de votre formulaire d’inscription, nous vous ferons parvenir un n° d’équipe et une facture. Le paiement de la facture doit être effectué avant la date de délai. Pas de restitution : une fois payée, l’inscription n’est pas restituée, l’organisation ayant exposé des frais pour l’équipe.Stichting ROPARUN Evenementen (Fondation ROPARUN Évènements)Jan van Galenstraat 40 - 3115 JG Schiedam - Pays-BasTel : 00 31 10 4 34 11 65 depuis la France - Fax : 00 31 10 4 34 86 22 depuis la France - [email protected]

terhospitalière qui a démarré début 2008, au

sein d’un GCS associant 5 EPS du départe-

ment et qui a pour effet de mutualiser la garde

entre les praticiens de ces établissements. Et

donc pour cela il fallait évidemment un sys-

tème d’information commun. Dès le début les

partenaires ont mené une démarche de projet

commune.

Avec quatre autres EPS de Haute-Savoie,

fortement sollicités par l’ARH, nous avons

constitué un groupement de commandes et

une structure de pilotage aux fins de nous do-

ter d’un PACS d’imagerie au terme d’un pro-

jet commun. Nous sommes dans la phase de

recherche d’un fournisseur. Ce dispositif sera

adossé au dossier patient partagé et réparti

régional.

Pôle gériatrique

DH : Dans ce domaine, dont l’importance ne cesse de croître, où en êtes-vous ?Sandra GRIMALDI : Notre offre d’héber-

gement et de soins est actuellement répar-

tie sur trois sites, l’un à Evian, l’EHPAD Les

Verdannes de 120 lits, et deux à Thonon,

l’EHPAD La Prairie qui offre 102 lits et l’EH-

PAD La Lumière du Lac qui en propose 53 .

Les Hôpitaux du Léman disposent également

de trente lits d’USLD. Un quatrième EHPAD

verra le jour en 2012 sur la commune de

Publier (80 lits).

DH : Quelle part dans leur fonctionnement quotidien entre le local et le central ?Sandra GRIMALDI : Dans chaque établis-

sement il y a un cadre de santé, un médecin

responsable et une secrétaire, qui gèrent et

prennent en charge la vie quotidienne des

résidants et l’organisation des prises en

charge.

La Roparun

DH Magazine : Que se cache-t-il derrière ce sigle Roparun ?Philippe LORIN : C’est une abréviation pour

la course de relais Rotterdam – Paris. C’est

la plus longue course non-stop du monde

(530 km). Elle a été créée en 1992. La dis-

tance est à couvrir en 1 jour ½ à 2 jours.

Chaque équipe est constituée de 8 coureurs.

Donc chaque coureur couvre à peu près une

distance de 65 km, c’est-à-dire la valeur d’un

marathon et demi ! Chaque équipe comprend

aussi des masseurs, chauffeurs, responsa-

bles pour les repas, la logistique…. entre 20

et 25 personnes.

DH : Quel impact sur le domaine de la santé ?Philippe LORIN : Le Roparun n’est pas seule-

ment une course. C’est une aventure d’équipe

et c’est surtout une performance humanitaire

pour son prochain. Car le but de cette course

est de collecter le plus d’argent possible au

bénéfice des malades atteints d’un cancer.

Le Roparun est la concrétisation d’une idée

de Peter van der Noord et Sjaak Bril qui ont

imaginé ce moyen de soutenir des projets

pour améliorer la qualité de vie des malades

du cancer avec la devise « ajouter de la vie à

leurs jours quand il n’est plus possible d’ajou-

ter des jours à leur vie ».

DH : Qui finance ?Philippe LORIN : La Fondation Roparun dé-

pend entièrement de ses 300 bénévoles actifs.

50 bénévoles sont actifs toute l’année pour

l’organisation de l’évènement et les 250 autres

le sont pendant l’évènement même, aussi

bien pour préparer le terrain du départ à Paris

que pour l’organisation le long de la route et à

l’arrivée à Rotterdam. Les fonds nécessaires

au financement des projets des hôpitaux sont

réunis à la fois par la fondation et par les équi-

pes participantes. Non seulement les sportifs

courent bénévolement et autofinancent leur

course, mais ils participent au démarchage

des entreprises pour le financement des pro-

jets des hôpitaux.

Depuis 1992 Roparun a récolté 30 M € qui

ont financé l’acquisition d’appareils médicaux,

d’équipements de prise en charge de la dou-

leur, de rémunérer des psychologues, de sou-

tenir des centres de soins palliatifs, des kios-

ques d’accueil, d’installer des équipements

permettant aux malades de garder le contact

avec leurs familles, l’école et leurs amis

(central téléphonique, ordinateurs) ainsi que

d’équipements de loisirs (télévisions, biblio-

thèques, etc.), d’acheter des maisons de va-

cances pour les malades et leurs familles…

La fondation Roparun soutient des projets non

seulement en Hollande, mais en France de-

puis 1995 ; par exemple le Groupe hospitalier

Necker Enfants Malades à Paris, le CHI André

Grégoire à Montreuil, l’Envol pour les enfants

européens près de Fontainebleau et le service

des enfants de l’Hôpital Jeanne de Flandre à

Lille. Pour ce qui nous concerne, en 2008,

Roparun nous a versé 25 000 € qui ont per-

mis l’aménagement de l’accueil des familles

à notre unité de soins palliatifs, et en 2009,

6 200 €. K

(1) DH Magazine n° 98

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Hôpitaux du Léman

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octobre 2009 K dh MAGAzine n°128 75

Page 76: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 77: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH Magazine : Que propose DaVaci aux établissements hospitaliers ?Notre spécialisation porte sur la conduite du changement et l’obtention de résultats tangibles. Pour mener à bien ce double objectif, nous menons toujours parallèlement une analyse des processus et un étroit et intense contact avec les acteurs concernés : 70 à 80 % du temps que nous consacrons à une mission se déroule sur le terrain avec les intervenants de tous niveaux, de la direction jusqu’aux exécutants. Nos missions dans le secteur de la santé représentent la moitié de notre activité, l’autre étant constituée par des interventions dans l’industrie.

DH : Justement, quelle spécificité présente à votre avis le secteur hospitalier ?La conduite du changement y est beaucoup plus ardue et son délai de réalisation y est nettement plus long ; cela ne dépend pas du pays : en Allemagne, en Espagne, en France c’est pareil. Pour nous, cela tient à plusieurs facteurs. D’abord les cultures médicale et soignante sont très spécifiques et la notion de l’humain et de la psychologie est bien plus prégnante que dans d’autres organisations ; avec une approche plus philosophique que tournée d’emblée vers l’efficacité ; plus qualitative que productiviste. Or il est évidemment plus difficile de faire changer l’individu dans sa conception de l’humain que dans celle des processus techniques.D’autres raisons tiennent aussi à la position de pouvoir relatif des médecins, ou encore dans la formation des directeurs et des cadres, bien différente de celle des managers de l’industrie. Si cela intéresse vos lecteurs, nous avons publié une analyse recensant 18 points de résistance au changement qu’on retrouve partout en Europe dans le domaine de la santé.

DH : Pour revenir à vos résultats, sont-ils réellement mesurables ?Nous avons déjà une base de référence d’une centaine d’hôpitaux européens où nous avons appliqué notre concept. Les résultats obtenus au terme de notre mission tiennent soit dans une réduction des coûts, soit dans une amélioration des bénéfices par une amélioration du codage ou de la facturation, avec en moyenne un gain de 20 à 30 %.

DH : Evoquons l’exemple précis des Hôpitaux du Léman…A Thonon, dans le service de radiologie, se posait il y a deux ans la problématique de l’activité réalisée, bien inférieure à ce qu’elle

aurait pu être ; cela l’hôpital l’avait déjà constaté. Nous nous sommes donc attachés aux causes, en commençant par différencier les processus et les flux de patients arrivant à l’hôpital, bénéficiant d’examens radiologiques, comment ils sortaient, selon qu’ils venaient de l’extérieur ou étaient déjà hospitalisés.A l’issue de l’analyse menée selon nos méthodes, nous avons établi que le problème était avant tout organisationnel et qu’il fallait remettre à plat le système de management. Nous avons dressé le constat détaillé des rôles et responsabilités de chacun par rapport à ses obligations et engagements envers l’hôpital.

DH : Pour aboutir à quelles conclusions ?Que les comportements des intervenants dans le processus n’étaient pas cohérents. Les radiologues qui avaient la possibilité d’exercer une activité libérale au sein de l’hôpital sur certaines plages horaires l’utilisaient d’une manière ne facilitant pas l’organisation. Et le cadre de santé ne pouvait faire prévaloir une organisation neutre ou objective face à sa sujétion culturelle traditionnelle et aux jeux de pouvoir.Il y a un temps disponible médical, il y a un temps soignant disponible et il y a un temps machine : l’idée fut de remettre ces trois temps en cohérence. Cela pour d’abord produire une activité à hauteur des moyens que l’hôpital engage et atteindre un niveau de ressources suffisant pour entretenir la structure. Mais aussi pour dégager des recettes supplémentaires, moderniser l’outil en acquérant de nouveaux équipements et offrir au patient une qualité de service accrue.Car nous nous sommes aussi attachés à mesurer la qualité de service offert et à polariser les responsabilités et rôles de chacun vers le patient, ce « client » vers lequel toute la structure doit être tournée.

DH : Ensuite, la mise en œuvre ?La difficulté fut de contractualiser sur des objectifs entre les acteurs, radiologues et personnels soignants. Il a fallu reconstruire des plannings en mettant à plat le temps de chacun selon ses compétences et obligations statutaires et redéfinir ses objectifs l’engageant envers l’administration, ses collègues et l’ensemble du personnel même subordonné.Cette première étape a débouché sur la rédaction d’une charte pour chaque profession. Puis le dispositif fut mis en place et testé, dans une démarche itérative, en veillant à fonctionner en mode projet pour échapper à tout affect.

Nous avons contractualisé officiellement avec la direction et l’ensemble du pôle. Puis commencé à mesurer et à vérifier que ce nouveau dispositif avait des chances d’être pérenne, car c’est l’objectif de DaVaci de réussir sur le long terme.

DH : Comment pérenniser, justement ?La dernière phase comporte la formation du personnel d’encadrement et des acteurs les plus concernés à la maintenance d’outils d’évaluation périodique, permettant de mesurer les résultats, recenser les dysfonctionnements et y remédier.

Annuellement nous procédons avec l’équipe à une révision des objectifs, soit pour les augmenter soit, s’ils n’ont jamais été atteints pour des causes structurelles, les revoir à la baisse. Ces outils sont gérés par les cadres et cadres supérieurs de santé qui sont les clefs de voûte du système.

DH : Dans ce processus, qu’est-ce qui est décisif ?L’important est de responsabiliser les personnes sur des rôles construits et définis par elles-mêmes. Des centres de décision et de coordination sont installés, multifonctions et collégiaux, associant un cadre du secrétariat, un cadre soignant et un médecin et se réunissant chaque semaine pour faire le point.

DH : Alors, vos résultats chiffrés aux Hôpitaux du Léman ?La nouvelle organisation fut mise en place en mai 2008 ; donc nous avons le recul pour vérifier qu’elle tourne comme prévu et chiffrer ses résultats. Au plan qualitatif, c’est une meilleure satisfaction des patients quant à l’accueil et aux soins ; une amélioration de l’image de l’hôpital et l’accroissement de la demande externe ; l’amélioration des temps de réponse aux autres services. Sur le plan de la productivité, c’est 15 % de temps médical en plus dédié à l’accroissement de l’activité et 500 000 € de recettes supplémentaires annuelles. Donc le coût du projet fut amorti en un an.

DH : Et vos délais de réalisation ?Notre analyse préliminaire dure en général trois ou quatre semaines sur place. La phase de développement du projet s’est étalée sur une trentaine de semaines.

[email protected]@davaci.eu

La conduite du changement ne s’improvise pas

Interview d’Arnold SLIK, PDG, fondateur de DaVaci et de Carlo BAGGIANI, chef de projet DaVaci aux Hôpitaux du Léman

PAROLES D’EXPERT

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 77

Page 78: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 79: DH Magazine 128 - Octobre 2009

A chaque situation sa solution…

Propos recueillis par Dominique Mathis auprès de Nicolas GRANGE, gérant et directeur de projet chez AMOME Conseils

PAROLES D’EXPERT

OcTObRE 2009 K DH Magazine n°128 79

AMOME Conseils, structure fortement imprégnée de la culture et du droit des travaux publics et des ouvrages collectifs, appuie plusieurs projets des Hôpitaux du Léman ; parmi eux, celui d’un nouveau bâtiment hospitalier, avec une consommation énergétique de - 48% par rapport à la réglementation, assez original et

donc intéressant pour nos lecteurs de par les contraintes rencontrées et les choix opérés…

DH Magazine : De quoi s’agit-il ?Nicolas GRANGE : L’opération décidée par les

Hôpitaux du Léman (HDL) consiste en l’implantation

sur le site de Thonon d’un bâtiment hospitalier

permettant d’accueillir des activités de médecine

jusqu’alors déployées sur le site d’Evian, qui va être

désaffecté. Ces activités concernent la rhumatologie,

la néphrologie-dialyse, l’endocrinologie, ainsi que

des activités de neurologie et de soins palliatifs.

Le souci premier est d’offrir à ces activités reloca-

lisées de hautes conditions d’accueil et de confort

des patients, une amélioration importante de la fonc-

tionnalité pour les personnels, en permettant notam-

ment une organisation rationnelle des soins, mais

aussi un gain en termes de gestion économique…

De surcroît, l’espace devra faire une large place aux

activités de soins externes et d’hospitalisation de se-

maine, dont chacun s’accorde à pronostiquer à court

terme un fort développement, lequel constitue dans

le projet médical des HDL un axe stratégique majeur.

Tout cela justifie la création d’une surface de plus de

7 000 m2.

DH : Jusque là, rien que de très banal pour un projet hospitalier…N. GRANGE : Mais ensuite, cela se complique sin-

gulièrement lorsqu’il s’agit d’intégrer deux contrain-

tes et une volonté politique fortes…

DH : Lesquelles ?N. GRANGE : Des deux contraintes, l’une est

fonctionnelle : le motif principal sinon essentiel de

la migration des activités du site d’Evian vers le site

désormais unique de Thonon étant de concrétiser

des synergies médicales et d’induire au moins un

million d’euros d’économies de gestion annuelles,

il faut impérativement que le lien de fonctionnalité

entre le bâtiment hospitalier existant et le bâtiment

à créer soit parfait, sans discontinuité. L’autre est

topographique : l’emprise patrimoniale du site de

Thonon n’est pas extensible et la réserve foncière

restante comporte une forte dénivellation.

Quant à la volonté politique et citoyenne, elle est de

respecter au maximum l’environnement, d’aboutir

à un bâtiment peu consommateur d’énergie, avec

un bon confort thermique d’été, et de réussir une

parfaite intégration au site. On conçoit d’ailleurs

que tous ces aspects soient profondément liés et

interdépendants…

DH : Et donc, en amont du travail de concep-tion architecturale, quelle réflexion avez-vous accompagnée ?N. GRANGE : Le bâtiment ne pouvait être implanté

qu’en vis-à-vis d’une des façades du bâtiment

principal existant, son autre façade étant déjà reliée

à d’autres extensions réalisées au début des années

2000. Donc sur un terrain… en forte déclivité. Mais

cette contrainte forte pouvait être un atout dans la

mesure où le projet se situerait à proximité immédiate

de l’entrée actuelle tout en demeurant surbaissé à la

vue de ses patients.

Nécessairement le projet devait donc être

imaginé compact, pour ménager la consommation

énergétique, et sur trois niveaux seulement, afin que

sa terrasse supérieure ne crée aucune nuisance

visuelle pour les chambres des patients du bâtiment

actuel, même celles du premier étage.

Ces trois niveaux seront (du rez-de-chaussée actuel

vers le bas du terrain) :

• Un rez-de-chaussée, en vis-à-vis du rez-de-

chaussée du bâtiment actuel ; il comprendra une

quarantaine de lits de rhumatologie, de néphrologie,

de neurologie et un plateau de consultations

externes polyvalentes ; sa toiture sera végétalisée,

ménageant un visuel naturel de qualité et procurant

de surcroit une isolation thermique de haut niveau.

130 m2 de capteurs solaires y seront installés pour

minimiser une consommation énergétique déjà

conçue a minima.

• Le rez-de-jardin haut contiendra lui aussi une

quarantaine de lits, de gastrologie, d’endocrinologie,

de dialyse et d’hospitalisation de semaine.

• Le rez-de-jardin bas abritera un parking couvert,

une dizaine de lits de soins palliatifs et différents

locaux techniques.

DH : Et quels choix techniques et constructifs avez-vous préconisés ?N. GRANGE : Bien entendu une conception HQE

a été mise en place. Nous avons déjà évoqué la

qualité thermique de l’enveloppe et la production

d’ECS solaire. Au-delà, nous avons intégré dans

les préconisations délivrées aux concepteurs des

choix innovants mais déjà éprouvés : un chauffage

par radiateurs à basse température ; une ventilation

double flux avec surventilation nocturne ; un rafraî-

chissement réel mais maîtrisé ; un éclairage naturel

généreux grâce à de larges patios.

DH : Quant aux fonctionnalités, de plus en plus cruciales pour l’activité hospitalière ?N. GRANGE : La liaison directe avec le bâtiment

existant était le point décisif et aussi l’une des

difficultés majeures du projet ; mais essentielle à

surmonter puisqu’il s’agit de garantir une parfaite

unicité de fonctionnement entre les différents

services du site. A cette fin fut retenue une solution

radicale mais simple : une nouvelle entrée principale,

unique sera positionnée dans une galerie transver-

sale débouchant directement sur chacun des deux

bâtiments.

Pour le reste, le bâtiment de médecine différenciera

clairement et simplement les flux d’hospitalisation

(galerie médicale spécifique), de consultation et de

logistique (galerie spécifique entre les deux sous-

sols), les accès piétons et véhicules, avec un accès

spécifique dédié à la dialyse…

DH : Le calendrier ?N. GRANGE : Les modifications de voierie débutent

fin 2009 ; et le chantier proprement dit démarrera

début 2010. Les travaux doivent s’achever début

2011 pour que les contrôles, équipements et

déménagements interviennent lors de l’été de cette

même année. Le délai d’exécution est donc très

court ; mais le recours à la formule de conception –

réalisation et la dévolution à une entreprise générale

doivent permettre de le respecter, tout en préservant

les prérogatives essentielles de la maîtrise d’ouvrage.

C’est l’un des avantages majeurs reconnus à la

procédure conception – réalisation par rapport à un

montage en MOP classique.

DH : Le « secret » d’une démarche efficace ?N. GRANGE : L’équipe qui a été constituée pour

cette mission d’assistance au maître d’ouvrage sur

un tel projet aux multiples facettes et composantes

réunit la diversité des compétences nécessaires, des

personnes émanant de structures professionnelles

pointues : un directeur de projet (d’Amome Conseils)

pour la synthèse indispensable ; une équipe (du ca-

binet H3C-énergies) pour les énergies et la HQE ;

un avocat (du cabinet Guimet) pour la sécurité juridi-

que ; un expert administratif en montages complexes

(du cabinet Clément & Associés) et enfin un écono-

miste de la construction (du cabinet GEC Rhône –

Alpes). Enfin, une présence très forte de l’équipe que

nous avons constituée tout au long de l’opération est

le gage de la réussite.

Ajoutons encore que la même équipe d’assistance

au maître d’ouvrage viendra en appui des Hôpitaux

du Léman pour la réalisation d’une autre opération,

la construction d’un EHPAD de 83 lits, avec là aussi

un montage en conception-réalisation et des objectifs

énergétiques et HQE ambitieux. K

Page 80: DH Magazine 128 - Octobre 2009
Page 81: DH Magazine 128 - Octobre 2009

DH : Comment caractérisez-vous l’établisse-

ment que vous dirigez ?

CB : Le CH de Salon-de-Provence est un

hôpital de taille moyenne qui couvre 80 %

des besoins de son bassin de population.

Avec 140 000 habitants et une augmenta-

tion démographique de près de 8 % par an,

les Bouches-du-Rhône Nord est un territoire

dynamique.

Contrairement aux grandes structures où le

patient est souvent anonyme, la priorité de

notre établissement est de proposer une ré-

ponse adaptée à chaque individu, à travers

une écoute et une prise en charge de qualité.

L’établissement a d’ailleurs obtenu en 2008

la certification V2 de l’HAS. En évaluant 90 %

des items en « A » et « B », les experts ont

souligné la réactivité des équipes, les projets

mis en œuvre et l’implication des acteurs sur

les évaluations des pratiques professionnels

(EPP). Nous nous trouvons aujourd’hui dans

une belle dynamique que nous souhaitons

poursuivre. Le rôle de la direction est d’en-

courager cette spirale qualité, en motivant et

valorisant les équipes.

DH : Le CH a pourtant traversé une période

plus difficile…

CB : A mon arrivée en 2006, le CH laissait

en effet apparaître un déficit d’1,4 M € et n’af-

fichait aucun programme. Nous avons donc

mis en œuvre, pour la période 2007-2011, le

premier projet d’établissement. L’enjeu était

d’atteindre les capacités minima nécessaires

aux seuils de rentabilité et d’organiser les pri-

ses en charges, en garantissant la qualité et la

maîtrise des coûts. Pour ce faire, nous avons

développé les synergies entre les activités.

Nous commençons à entrevoir les premiers

bénéfices de ces nouvelles démarches com-

munes.

Le projet d’établissement comprend un projet

management. 90 % de la bonne gestion d’un

hôpital dépend des qualités managériales de

ses acteurs. C’est pourquoi nous travaillons

sur des objectifs de résultats, développons la

transversalité et les démarches projets. Nous

bénéficions d’un personnel d’encadrement de

très grande qualité, amandé par l’interaction

exemplaire du service de gestion financière et

du DIM.

Enfin, le CH de Salon, ouvert sur l’extérieur,

s’efforce de travailler en bonne collaboration

avec les acteurs locaux. Un GIE nous per-

met ainsi de bénéficier depuis 2007 d’un IRM

en partenariat avec les radiologues libéraux.

Nous avons également inauguré une associa-

tion privée pour la prise en charge de la dia-

lyse, partageons des praticiens et des méde-

cins avec la clinique voisine, et réfléchissons à

l’organisation d’une filière gériatrique avec les

EHPAD voisins, qu’ils soient publics et privés.

Avec trois exercices excédentaires, la situa-

tion budgétaire de l’établissement est en re-

dressement. Le CH vise d’ailleurs l’équilibre

budgétaire dès 2011. Cette situation favorable

permet de développer nos activités et de re-

cruter des médecins supplémentaires, en vue

de conforter la dynamique interne.

DH : Quels points du projet d’établissement

restent-ils à mettre en place ?

CB : Nous allons entamer la restructuration et

la remise aux normes du bâtiment MCO, ainsi

que la réhabilitation du bâtiment de 1930,

autrefois consacré aux personnes âgées. Le

nouveau centre de gérontologie a ouvert ses

portes en 2006. L’ancien bâtiment consacré,

après travaux, aux soins palliatifs, aux SSR et

aux bureaux administratifs.

Le long du couloir rhodanien, entre Aix et Avignon, le CH de Salon-de-Provence est un établissement à taille humaine, résolument tourné vers ses patients. Pour ce faire, la ville de Nostradamus ne compte pas sur les astres : chaque action - qu’il s’agisse de l’élaboration

du projet de soin, de la restauration ou de la libre expression des usagers - fait l’objet d’une écoute minutieuse. Bienvenue dans un établissement où l’encadrement veille à la qualité… de vie.

Ecoute, attention et management

CH de SaLon-DE-ProvEnCE

L’écoute du patient au cœur de toutes les actions

ProPos recueillis auPrès de chantal Borne, directeur, et Guy Gineyt, Président de la cMe

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 81

Page 82: DH Magazine 128 - Octobre 2009

répondre à des besoins

Le projet de soin est né d’un groupe de tra-

vail pluridisciplinaire, animé par le directeur et

le coordinateur des soins. L’analyse de l’offre

sanitaire, de l’accueil et de la prestation ali-

mentaire s’est construite autour d’un ques-

tionnaire réalisé par la DRH. Une démarche

en entonnoir - du général au particulier - a ac-

compagné son affinage et aboutit, après un an

de procédure, à la proposition d’un nouveau

formulaire. Ce dernier a alors été présenté à

l’ensemble des personnels en vue de recueillir

leurs commentaires et leurs besoins.

Ce procédé a permis la mise en exergue

d’axes particuliers d’amélioration, points de

départ à la définition des objectifs et des indi-

cateurs. L’enjeu était de rendre possible une

évaluation rapide de l’ensemble des actions

mises en place.

Le projet de soins achevé a été présenté à

l’ensemble des instances, de l’encadrement

et du personnel médical en vue d’obtenir leur

adhésion. Sa rédaction s’est accompagnée

d’une définition des valeurs professionnelles

du CH que sont l’équité, le respect et l’huma-

nisme, ainsi que les concepts de soin.

Servir la qualité

Trois grandes priorités ont été fixées pour

2009. Ce choix s’est opéré en fonction des

souhaits exprimés par le personnel, mais aus-

si des manques observés par l’encadrement

et des résultats de la certification de l’HAS.

- la prise en charge du patient : Le CH a ain-

si réalisé un audit du traitement de la douleur

portant sur quatre axes : la traçabilité de l’éva-

luation, la prescription systématique, la réé-

valuation et l’homogénéisation de la prise en

charge par l’équipe de jour et de nuit. Il oeuvre

également pour une prise en charge aboutie

et pérenne des esquarres. Des formations de

deux jours sur sa prise en charge, générale

puis thérapeutique, ont été proposées en ce

sens aux infirmières et aux aides-soignantes.

Le signalement des évènements indésirables,

par la certification de l’HAS, a fait l’objet d’une

attention particulière. « La traçabilité n’est pas

innée. Nous devons expliquer qu’écrire, ce

n’est pas faire de la délation mais décrire ob-

jectivement des évènements dangereux pour

le patient. Nos échanges trimestriels avec la

cellule qualité sont d’ailleurs plutôt motivants.

Ils nous permettent de nous rendre compte de

la portée de nos actions », explique Christine

Boussouak.

Les retours du terrain ont quant à eux révélé

le besoin d’organiser la prise en charge de la

dénutrition. Le service de soins a notamment

oeuvré, en collaboration avec le service éco-

nomique, à l’obtention de lève-malades avec

pesée intégrée destinés aux personnes dé-

pendantes.

- l’organisation des soins au service du pa-

tient. Le CH doit harmoniser l’ensemble des

pratiques afin de faciliter la prise en charge

globale du patient et permettre à chaque ac-

teur de disposer des mêmes bases de travail.

Le dossier de soins a ainsi été entièrement re-

manié. « Avec le temps, chaque acteur ajou-

tait des spécificités relatives à son activité.

Pour éviter toute nouvelle déviance et faire

apparaître les évolutions récentes, le dossier

est régulièrement réévalué », ajoute Christine

Boussouak. Cette optimisation de l’organisa-

tion passe en outre par la mise en place de

la transmission ciblée, d’un décloisonnement

des équipes de jour et de nuit et d’une com-

munication accrue entre les services médico-

techniques.

- le management de proximité. L’encadrement

est un levier du changement sur lequel les

services doivent s’appuyer pour maintenir le

personnel médical dans un professionnalisme

constant. La fonction contrôle sera d’ailleurs

renforcée par une évaluation des personnels

de santé.

Un projet à faire vivre

Un projet dans un tiroir est inutile et poussié-

reux. Trois bilans annuels permettent ainsi de

reconsidérer régulièrement les objectifs fixés,

avec les actions et les moyens mis et à mettre

en œuvre. Un bilan nécessaire pour ne pas se

laisser dépasser par le quotidien.

L’hôpital propose également une réunion de

cadre de santé supérieur par semaine et une

réunion de cadre de santé par mois. De nom-

breux intervenants, tels que les directeurs,

praticiens et professionnels de la qualité, ont

déjà demandé à intervenir dans ces réunions

d’information et d’échanges.

La direction générale organise en outre une

réunion plénière annuelle, au cours de laquel-

le chaque acteur présente à son niveau les

objectifs atteints et à venir, avec les délais de

mises en place. Le maintien des objectifs ne

peut en effet s’opérer qu’avec une cohésion,

une implication et une responsabilisation mo-

tivante des agents.

Projet de soins 2007-2011 :donner du sens à l’action des soignants

ProPos recueillis auPrès de christine BoussouaK, directeur des soins

DH Magazine n°128 K OctObre 200982

Page 83: DH Magazine 128 - Octobre 2009

CH de Salon-de-ProvenCe

OctObre 2009 K DH Magazine n°128 83

D’un bout à l’autre de la chaîne

La chaîne alimentaire s’étend du recueil des

besoins aux questionnaires de sortie, en pas-

sant par le choix des menus, la commande, la

réception des denrées, la cuisine, la distribu-

tion et le débarrassage. En 2008, 311 583 re-

pas ont ainsi été distribués aux patients et aux

personnels de l’hôpital de Salon.

Le CH est affilié aux groupements de com-

mandes intercommunaux des Bouches-du-

Rhône et du Vaucluse. L’établissement parti-

cipe activement aux essais afin de connaître

et analyser la future assiette des patients. Il

dispose notamment d’un groupe de travail plu-

ridisciplinaire affilié aux choix des produits du

groupement pour la réalisation des petits dé-

jeuners. Les cuisiniers et diététiciens sont les

premiers dégustateurs des produits. Ils sont

suivis par les gestionnaires, également partie

prenante des tests. « Le CH ne se contente

pas d’acquérir les produits bas de gamme. Si

le produit ne nous paraît pas satisfaisant, ou

que nous n’obtenons pas celui qui nous inté-

resse, nous le prenons hors marché », expli-

que Bernadette Ferrari.

Si le choix est essentiellement fonction du plan

nutritionnel et gustatif, d’autres critères entre

néanmoins en compte. L’aspect économique,

le service rendu par le distributeur et l’étendu

de sa gamme font ainsi partie intégrante de

la décision. Une diététicienne, également ges-

tionnaire des achats, apporte des arguments

nouveaux dans les négociations.

Le CLAN, dont elle fait partie, a initié en sep-

tembre 2008 des protocoles pour la distribu-

tion des repas et la prévention de la dénutri-

tion chez l’adulte et la personne âgée. Un kit

pratique de nutrition à l’usage des soignants

est également en cours d’élaboration, ainsi

que la prise en charge nutritionnelle péri-opé-

ratoire de l’adulte.

Pour une qualité toujours supérieure

La qualité recherchée par le CH n’engendre

pas pour autant un surcoût important, malgré

l’augmentation notable des denrées alimen-

taires observée au cours de ces deux derniè-

res années.

En sus des choix des produits et des négo-

ciations de longues haleines, l’établissement

mise en effet sur la valorisation des produits et

le savoir-faire des équipes de cuisine. L’équipe

doit pour se faire contourner les contraintes

de la liaison froide, adapter le produit à l’en-

vironnement et au matériel à disposition, et

veiller au respect des normes réglementai-

res qui interdit les viandes saignantes et les

omelettes baveuses. Le goût passe enfin par

l’œil, et donc l’apparence des plats cuisinés.

« C’est une lapalissade, mais ce travail com-

mence déjà par l’adéquation du plat avec la

fiche menu. Si le patient s’attend à manger

du chou-fleur et goûte du céleri, il y a peu de

chance qu’il le trouve à son goût », explique

Dominique Jullian.

L’ensemble de ces repas prend en compte les

recommandations nutritionnelles du GEMRCN

(Groupe d’étude des marchés de restauration

collective et de nutrition). Dans le cadre de

son contrat avec le laboratoire, le CH effectue

un audit par trimestre et obtient d’excellents

résultats de la part des services vétérinaires

et de la certification V2.

Avec 84 compositions différentes pour un seul

et même menu, la prestation est individuali-

sée. La restauration est un service particu-

lièrement soumis à l’approbation de l’usager.

L’établissement analyse régulièrement leurs

retours, notamment au travers des enquêtes

de satisfaction et des questionnaires de sor-

tie, révélant un taux de satisfaction qualité de

73 %. Une faiblesse apparaît toutefois pour le

recueil des aversions. « Nous pouvons et nous

devons toujours faire mieux. Notre objectif est

d’améliorer chaque année notre prestation »,

explique Bernadette Ferrari.

allier plaisir et santé

Le repas est souvent le moment le plus agréa-

ble dans la journée du patient. C’est un mo-

ment distrayant où le personnel entre dans

la chambre pour une raison extérieure aux

soins. « Manger est un plaisir. Si nous ratons

leur seul moment agréable, nous ratons le sé-

jour du patient. Le jugement sur la prestation

alimentaire peut altérer le jugement de l’éta-

blissement dans son ensemble. S’il est difficile

d’estimer la qualité d’un médecin, le repas fait

appel à des références communes », précise

Dominique Jullian.

La fonction alimentaire est encore plus im-

portante dans le service de gériatrie où les

patients résident à l’année. La pathologie en-

traînant une perte du goût et de la mémoire, il

est parfois plus difficile de les satisfaire. Pour

pallier à ce problème, le CH programme la ro-

tation des menus sur quatre semaines au lieu

de deux, favorise les repas à thème et tient

compte de la culture locale daube de taureau,

soupe au pistou ou aïoli). Des résidents parti-

cipent à la commission des menus en vue de

faire part de leurs propositions d’amélioration.

Le service d’accueil de jour Alzheimer propo-

se des ateliers mémoire destinés à « remettre

un nom sur un goût ».

L’établissement suit enfin l’action nationale

« Fraîch’Attitude » et les recommandations

sur le poisson par une présence plus fréquen-

te et des recettes plus approfondies.

ProPos recueillis auPrès de Bernadette Ferrari, directeur des achats

et des ressources loGistiques, et doMinique Jullian, resPonsaBle cuisine

restauration : la qualité hôtelière

Page 84: DH Magazine 128 - Octobre 2009

CH de Salon-de-ProvenCe

réduire le fossé

Au lieu de vivre les retours des usagers com-

me une contrainte, le CH a choisi, en tant

qu’établissement de proximité, de les res-

sentir comme un indicateur. Ces indices qua-

litatifs, analysés par la direction, ne peuvent

toutefois être influents que si le corps médical,

et notamment le médecin conciliateur, joue

pleinement leur rôle.

La CRUQPEC est un moyen de contact pri-

vilégié avec les représentants des usagers.

« Les patients se manifestent parce qu’ils ont

été, à un moment donné, insatisfaits de notre

travail, que ce soit en raison du comporte-

ment inapproprié d’un agent, du confort hôte-

lier ou encore d’une erreur médicale ou dans

les soins. Nous le vivons comme un élément

moteur *d’amélioration et traitons les doléan-

ces avec la plus grande attention, en faisant

preuve de transparence et *d’humanité. Nous

reconnaissons à la plupart des usagers le cou-

rage de s’être plaint et la pertinence de leurs

griefs. Nous les analysons scrupuleusement

pour comprendre, pour déceler jusqu’à très en

amont la ou les défaillances observées et pour

proposer en interne des pistes correctives ».

Les objectifs du CH sont de chercher à rétablir

la confiance qui s’est perdue entre les usa-

gers et leur hôpital sur des plaintes justifiées

ou non. « Il faut expliquer les évènements et

reconnaître sobrement, s’il y a lieu, les défauts

de fonctionnement et les erreurs humaines,

mais ce n’est pas toujours évident », témoi-

gne Alain Bretsztajn. L’hôpital public, institu-

tion fondamentale d’une ville, souffre de préju-

gés historiques et un contentieux minime peut

résonner bruyamment dans la ville et effacer

les améliorations patentes qui passent ainsi

inaperçues.

a la recherche de la qualité

A l’écoute de ses usagers, l’hôpital renferme

une dimension humaine et se doit de propo-

ser une prestation sanitaire de qualité. Les

doléances permettent d’observer l’hôpital d’en

haut, avec ses points forts et ses points fai-

bles. Alain Bretsztajn, à la fois médecin conci-

liateur et médecin gestionnaire des risques

fait le parallèle : « toutes les doléances sont

répertoriées, analysées, classées et cotées au

même titre que les événements indésirables

déclarés par les agents. Des enquêtes com-

plémentaires sont conduites comme celle sur

l’attente aux urgences pratiquée par la MEAH

et qui a débouché sur des indicateurs IOA ».

L’implication des usagers présente offre un

intérêt stratégique pour l’hôpital. Dans un

contexte concurrentiel marqué par la proximité

de Marseille et d’Avignon, le CH de Salon se

présente comme un hôpital à taille humaine

présentant une prestation de soins de qualité

et certifié V2.

Des usagers consommateurs

Les personnels s’étaient dans un premier

temps montrés réticents à la CRUQPEC. Le

CH vivait alors dans la culture du secret mé-

dical. Au cours des cinq dernières années,

l’établissement est progressivement passé du

monde du non-dit à celui de la transparence.

« L’usager est désormais pleinement inclus,

on l’écoute, on répond à sa demande, on re-

lativise parfois. Dans 80 % des cas, nous arri-

vons à répondre à une demande individuelle.

Leur suivi doit être explicité, car toutes nos

démarches ne sont pas visibles des patients.

Et si nous avons été en retard, nous l’admet-

tons », explique Xavier Bertrand.

L’hôpital distingue deux types de plainte : la

« doléance mille-feuilles », constituée d’un

ensemble de petites contrariétés, et la « do-

léance établie », qui met le doigt sur un dys-

fonctionnement réel. L’ensemble nécessite

une réponse structurée du médecin concilia-

teur et de la direction. La dernière appelle en

outre une réponse institutionnelle.

La loi Kouchner et le droit à l’information

qu’elle implique a modifié le rapport des usa-

gers avec leur établissement. Ce sont désor-

mais des consommateurs à part entière avec

leur autonomie, leur réflexion et leur droit à

la parole. Jusqu’alors otages des praticiens,

les patients n’exposaient pas toujours leur

consentement de manière posée. L’enjeu est

aujourd’hui d’éviter les sources de souffrance

de part et d’autre.

Il y a quelques années, l’hôpital répondait

aux différents problèmes par la construction

de nouveaux bâtiments. Les personnels ré-

forment aujourd’hui l’hôpital de l’intérieur,

en écoutant les usagers et en travaillant sur

la qualité, comme en témoignent les quinze

audits en cours dans l’établissement. K

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ProPos recueillis auPrès d’alain BretsZtaJn, Médecin conciliateur, et Xavier Bertrand, directeur adJoint

La relation aux usagers, une question de confiance

rePortaGe réalisé Par aMandine [email protected]

DH Magazine n°128 K OctObre 200984

Page 85: DH Magazine 128 - Octobre 2009

ProPos recueillis auPrès de Michel BRAVAiS, directeur, de BRuno leGouRD, secrétaire général, de DoMinique BihAn, directrice des soins et chargée de mission cellule nhc et de PhiliPPe DieuDonne, ingénieur resPonsable de la direction des services techniques et chef de Projet cellule nhc

Il n’aura pas fallu longtemps au Centre hospitalier William Morey de Chalon-sur-Saône pour concrétiser le projet d’un hôpital neuf. L’établissement quittera le site de l’île St Laurent pour les berges de la Thalie en 2011. Gros plan sur le travail méthodique de préparation à cette échéance, dont le maître-mot est l’anticipation.

L’avancement du projet Nouvel Hôpital

Perspective 2011 : le Nouvel Hôpital du Chalonnais

CH William Morey - CHALON SUR SAÔNE

Questions à Michel Bravais, directeur

DH : Pouvez-vous rappeler pour nos lecteurs

la situation de votre établissement ?

MB : Le Centre hospitalier William Morey (CHWM),

établissement de taille moyenne et pivot pour le

nord Saône et Loire répond aux besoins de santé

d’une population de 250 000 personnes. La vétusté,

l’étroitesse et l’inadaptation des locaux actuels

implantés sur l’île Saint-Laurent, sans possibilité

d’extension ni de véritable rénovation, nous ont

conduits à lancer dans les années 2000 le projet

du Nouvel hôpital du Chalonnais (NHC), élaboré

en 2003 et que votre revue a déjà présenté1.

DH : Où en est sa réalisation ?

MB  :  Les  travaux  ont  débuté  fin  2007.  Le  gros 

œuvre est terminé depuis l’été. Le calendrier ne

connaît aucun retard; la réception des travaux est

prévue au printemps 2011 et le déménagement à 

l’automne 2011. Le budget prévisionnel est  tenu, 

seule l’actualisation économique est plus élevée

que prévu (voir encadré)2. Une démarche projet est

mise en place depuis mars 2008 avec 20 groupes 

de travail (voir encadré). A la conduite des travaux

s’ajoute la réflexion sur les futurs équipements et 

organisations, leur mise en œuvre et la préparation 

des personnels, services cliniques, techniques et

de gestion à de nouvelles méthodes de travail. 

DH : Quel est le dispositif de pilotage ?

MB : Le projet est piloté au CHWM par un

comité décisionnel de quatre personnes, dont

Bruno Legourd et moi-même,  la « cellule Nouvel 

hôpital », dotée d’un secrétariat et structurée

suivant deux axes, l’un pour le suivi du chantier

sous la responsabilité de Philippe Dieudonné, et

l’autre chargé de toutes les questions afférentes à 

l’organisation et au fonctionnement du NHC dirigé 

par Dominique Bihan. Les choix importants au

niveau des organisations médicales sont effectués 

bien évidemment en concertation avec le président

de la CME, le bureau de la CME et le Conseil

exécutif.  Une  adresse  mail  commune  permet 

une  meilleure  identification,  une  communication 

aisée et une circulation rapide de toutes les

informations,  en  interne  et  avec  les  partenaires 

extérieurs. L’intranet permet la mise à disposition

de l’ensemble des documents relatifs au projet.

Le projet architectural

Le chantierIl  faut  d’abord  souligner  que  l’anticipation  est  le 

maître-mot  d’une  gestion  efficace;  il  est  notable 

qu’aucune modification du projet n’est  intervenue 

depuis 2003. Celui-ci a été pensé pour s’inscrire

dans la durée avec assez de souplesse pour intégrer 

de nouvelles activités. La réintégration au sein du 

CHWM de la conduite d’opération, initialement

confiée par contrat à la DDE, a nécessité d’engager 

un  ingénieur  supplémentaire.  Le  planning 

d’exécution  des  travaux  est  rigoureusement 

respecté au prix de cadences de travail soutenues.

Les  équipements  lourds  (groupes  électrogènes) 

octobre 2009 K Dh MAGAzine n°128 85

Page 86: DH Magazine 128 - Octobre 2009

sont  installés  dans  le  bâtiment  énergie,  le 

raccordement  effectué  au  réseau  de  chauffage 

urbain.  Le  gros-œuvre  a  pu  être  terminé  à  l’été 

2009 grâce notamment à l’utilisation de la nouvelle 

technique des « prémurs » pour monter les murs 

extérieurs, c’est à dire d’éléments de construction

préfabriqués  en  béton  armé  composés  de  deux 

plaques  parallèles  coffrées  liées  l’une  à  l’autre 

par une armature; lorsque ces éléments sont

positionnés sur le chantier, l’espace qui sépare

les plaques est comblé par coulage de béton. Leur 

face  extérieure,  prête  aux  finitions,  sera  ensuite 

recouverte d’un parement coloré pour les patios

intérieurs et de verre sérigraphié pour les façades. 

En toiture, l’hélistation est prête. Deux des quatre 

grues sont déjà démontées. A présent  trois mois 

sont  nécessaires  pour  la  pose  des  fenêtres  des 

2 500 locaux et le clos-couvert est prévu pour fin 

novembre 2009. Les locaux témoins sont réalisés

et les plaquistes sont à pied d’œuvre.

Le NHC et son environnementL’implantation du nouvel établissement participe à

un projet global d’aménagement de la vallée de la 

Thalie et de la zone des Prés Devant. Jouxtant le

NHC, un pôle santé dont les terrassements sont

réalisés comprendra un centre médical, un cabinet

dentaire, un centre de médecine nucléaire et une

antenne du Centre de médecine physique et de

réadaptation de Mardor. La création d’un parc

de  cinq  hectares  et  la  remise  en  eau  de  l’étang 

nord en bordure de  l’hôpital, outre  leur agrément 

paysager,  permettront  de  conserver  les  mêmes 

surfaces de zone humide qu’avant l’aménagement 

du site. L’accessibilité sera aisée grâce aux voies 

aménagées  tant  pour  les  véhicules  collectifs  ou 

individuels (nouvelle rocade ouest) que pour

les piétons et les cyclistes qui emprunteront une

« voie douce » et une passerelle enjambant la voie 

ferrée.

Évaluation intermédiaireLes points très positifs sont, outre le respect strict 

du planning, la qualité de la « synthèse » assurée 

par la maîtrise d’œuvre, c’est à dire la coordination

de tous les plans d’exécution permettant de

prévoir l’ensemble des réservations, ainsi que la

qualité de la main d’œuvre employée et l’absence

de  recours  massif  au  travail  intérimaire… 

conséquence inattendue de la crise économique.

En revanche, l’implantation nouvelle en dehors

de  l’enceinte  hospitalière  actuelle,  si  elle  assure 

un fonctionnement du CHWM non perturbé, rend 

plus difficile son appropriation par les personnels. 

C’est pourquoi deux journées portes ouvertes ont

été organisées en février 2009 pour  le personnel 

et  la  population.  De  même  les  locaux  témoins, 

inaugurés  le 16 octobre, seront présentés à plus 

de 500 personnes, médecins, conseils de pôles,

cadres... Les visites se poursuivront au rythme de

l’avancée du chantier. Pour le public, deux sites

internet, celui du CHWM et un site consacré au

NHC3 proposent de nombreuses illustrations et

informations sur le déroulement des travaux. 

A projet d’enverguremanagement spécifique

Le  management  du  projet  exige  des  outils 

précis  et  spécifiques,  demande  une  capacité 

d’anticipation permanente et dans tous les

domaines, un traitement rapide d’une masse

énorme  d’informations  et  une  mise  en  œuvre 

constante d’explications et de communications au

personnel hospitalier et aux différents prestataires. 

Les équipes techniques doivent s’approprier le

bâtiment dès maintenant pour être opérationnelles 

à  l’ouverture.  Pour  entretenir  l’intérêt  des 

personnels et les aider à s’approprier le projet,

depuis  février  2009  un  journal  interne  bimestriel 

distribué  à  tous  informe  de  son  évolution.  Les 

expériences similaires d’autres établissements

apportent une aide précieuse au management du 

projet. Deux ans avant le déménagement, les axes 

prioritaires de travail visent les organisations et le 

transfert. 

Organisations et fonctionnement

Principes Les  organisations  devront  être  innovantes

par  rapport  à  l’existant.  Elles  seront  également 

rationnelles tant sur le plan des équipements

qu’en terme de personnels (effectifs constants pour 

les  activités  transférées  et  recrutement  nouveau 

pour les 40 lits et places des nouvelles activités

médicales). Certaines  formes de mutualisation et 

de regroupement permettront de meilleurs ratios. Le 

soignant sera mieux positionné auprès du patient. 

Les  organisations  seront  également  évolutives

et  adaptables  aux  éventuels  changements.  Elles 

doivent  répondre  aux  exigences  de  qualité  et 

aux normes de sécurité et s’avérer sans faille

au  niveau  des  dispositifs  mis  en  place  et  des 

compétences.

Projets en chantierStructuration des activités médicales : la priorité

est donnée aux organisations médicales, préalable

à  l’organisation  des services, à leur ajustement

aux nouvelles activités et aux chantiers ayant un

impact  fort  sur  l’aspect  architectural  pour  éviter 

difficultés et surcoûts. Nous pouvons citer l’unité de 

soins intensifs neuro vasculaire, la restructuration 

des hôpitaux de jour de médecine ou l’unité de

soins palliatifs. Des  regroupements sont projetés 

comme la centralisation de la décontamination

des  endoscopes,  gage  d’une  meilleure  sécurité 

des  personnels,  ou  déjà  effectués  comme  la 

centralisation de la biberonnerie pour répondre

aux normes drastiques.

Projets organisationnels : parmi les projets en-

gagés  (logistique,  accueil/secrétariat/archives...), 

au niveau des prestations hôtelières,  la  réflexion 

débouche sur la mise en place d’un nouveau mé-

tier,  l’assistante hôtelière,  dont  chaque pôle  sera 

doté.

Plans d’équipements : citons entre autres I le

plan d’équipement biomédical : équipement de 1/3 

des chambres dans des secteurs définis de  rails 

lève-malade intégrés au plafond, ce qui constitue 

une amélioration importante des conditions de

travail  des  soignants,  pilotage  des  équipements 

biomédicaux à distance, numérisation des images 

et  distribution… I  le  plan  d’équipement  système 

d’information : réseau très haute densité sécurisé, 

mise à disposition de terminaux multimédias au

lit de chaque patient (accessibilité directe des

informations médicales , géolocalisation,…)

Au niveau de chaque pôle : les équipes se pré-

parent  progressivement  aux  nouvelles  organisa-

tions : d’abord l’appropriation de l’architecture, des

plans du NHC et de la disposition des locaux ; un

véritable  travail  de  fond est engagé sur  le  circuit 

du  patient  :  accueil,  séjour  et  sortie,  la  définition 

des besoins en équipements et en personnel, la

mobilité des professionnels et la reconstitution des 

équipes.

Dh MAGAzine n°128 K octobre 200986

Page 87: DH Magazine 128 - Octobre 2009

CH William Morey - CHALON SUR SAÔNE

Calendrier prévisionnelI fin 2009  :  le schéma général définit  les organi-

sations médicales et de soins avec les capacités

d’hospitalisations complètes et ambulatoires 

I  fin  2010  :  les  organisations  du  travail  et  des 

horaires sont précisées à l’intérieur de chaque

pôle et les effectifs sont déterminés

I  début  2011  :  neuf  mois  avant  le  transfert,  les 

équipes du nouvel hôpital sont constituées à partir

de la consultation individuelle du personnel et des

vœux émis. Des visites sur  le futur  lieu de travail 

et  des  formations  sont  prévues  pour  favoriser  la 

transition vers le NHC.

I automne 2011 : le transfert sur le nouveau site et 

le  redémarrage  les activités doivent être  rapides, 

évidemment  pour  une  bonne  prise  en  charge 

des patients mais aussi pour ne pas pénaliser

financièrement le CHWM du fait de la tarification à 

l’activité. Ensuite, il faudra procéder éventuellement 

aux ajustements.

Le Nouvel hôpital : une réalité présente

Il n’est plus possible de traiter des problématiques

afférant à notre vie hospitalière sans tenir compte 

du  NHC,  même  s’il  est  provisoirement  encore 

un « objet » séparé du CHWM. Au contraire  :  le 

délai de deux ans qui nous sépare encore du

transfert permet de nous préparer à exercer dans 

de  nouvelles  structures  et  offre  la  possibilité  de 

revoir dès maintenant les organisations médicales 

en fonction de l’organisation future et de les faire 

évoluer quand faire se peut.

Une étape importante pour préparer le personnel

au changement est celle de l’appropriation directe 

des nouveaux espaces de travail. Connaître le

NHC sur plans est nécessaire, mais très insuffisant 

pour prendre conscience de la disposition des

lieux, des volumes, des distances... Actuellement,

les  responsables  sont  familiers  avec  le  nouveau 

site. Des visites sont organisées progressivement 

pour  tous  les personnels,  la première étant  celle 

des locaux témoins à partir du 16 octobre pour les 

membres des conseils de pôles dont les réactions

et commentaires seront attentivement recueillis.

Organisations médicales

« Anticiper quand c’est possible »De  nouvelles  activités  et  certaines  organisations 

peuvent  être  mises  en  place  dans  les  locaux 

actuels, préfigurant l’avenir et évitant ainsi d’ajouter 

à l’opération de déménagement une confrontation 

difficile  à  de  nouvelles  organisations.  Ainsi  cinq 

places  de  chirurgie  ambulatoire  sur  les  dix  que 

comptera  le  NHC  ont  été  ouvertes  dès  janvier 

2009,  permettant  de  «  rôder  »  les  organisations 

(admissions,  fonctionnement,  sorties,  contrôle) 

et  de  former  dès  à  présent  le  personnel.  Il  est 

souhaitable d’étendre ce type de préparation

à l’ensemble des activités nouvelles quand les

locaux l’y autorisent. Dans le pôle 1, à l’unité de

huit  lits  de  soins  intensifs  de  cardiologie  sera 

associée  une  nouvelle  unité  de  soins  intensifs 

neurovasculaire (quatre lits). Mais dès maintenant 

les deux spécialités travaillent ensemble. Le pôle 4

a pu déjà effectuer le rapprochement du service de 

rhumatologie vers la médecine interne.

Activités futuresEn revanche, du fait de la configuration du CHWM et 

de la dispersion géographique des locaux, d’autres 

activités projetées devront attendre le transfert pour 

être mises en place. Quelques exemples : I dans

le pôle 1 (cardiologie / neurologie / diabétologie) la 

fusion prévue des trois secteurs de consultations 

et de techniques avec un personnel commun,

impossible aujourd’hui est cependant projetée en

théorie et préparée par la formation du personnel 

aux trois domaines I l’organisation de l’hôpital de

jour commun de médecine, (10 places prévues),

impossible sur le site actuel est préparée par le

regroupement  entre  le  secteur  de  diabétologie-

Enjeux médicauxPropos recueillis auprès d’Arnaud DELLINGER, président de la CME

Le nouvel hôpital s’expose : Architecture et Hôpital - Chalon au XXIe siècle

Du 19 septembre 2009 au 28 février 2010, le Nouvel hôpital du Chalonnais fait l’objet d’une exposition à l’Espace Patrimoine, 24, quai des Messageries, Chalon sur Saône.

L’exposition réalisée par le service animation du patrimoine de la Ville de Chalon-sur-Saône, le Centre hos-pitalier William Morey, l’Association Abigaël MATHIEU et le Conseil architecture urbanisme et environnement de Saône et Loire a pour thème l’architecture hospitalière contemporaine. Depuis quelques années, on assiste à une phase de construction / reconstruction / rénovation des struc-tures hospitalières, dont le Nouvel hôpital du Chalonnais est un bon exemple. En effet, il s’agit du seul cas en Bourgogne de création ex-nihilo restant en plein cœur de ville. Il a donc un intérêt général dans l’histoire architecturale contemporaine des hôpitaux mais aussi dans l’histoire de la ville et du bassin chalonnais.

Un film, réalisé par le vidéaste Luc Torres, retrace l’évolution du projet du nouvel hôpital avec en particu-lier des témoignages des acteurs du chantier, du personnel hospitalier et des usagers. Au delà, grâce à des panneaux illustrés, l’exposition s’attache à présenter les enjeux et les défis de l’architecture hospitalière contemporaine aujourd’hui, en France et en Europe. Comment l’hôpital peut-il s’intégrer à une ville et à un territoire, dans un contexte dé développement durable et de qualité environnementale ? Il doit faire preuve de qualité et d’efficacité, notamment par une médicalisation très poussée et pouvoir s’adapter rapidement aux évolutions médicales et technologiques, mais dans le même temps, il est primordial qu’il reste à taille humaine et préserve l’intimité des patients.

Pour affiner cette réflexion, diverses animations sont prévues (conférences, ateliers pédagogiques) qui ont débutées avec les Journées du Patrimoine et se poursuivent les mois suivants.

octobre 2009 K Dh MAGAzine n°128 87

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La conduite du projet NHC

La conduite du projet NHC repose sur une démarche participative avec pour objectif l’organisation d’un nouvel outil hospitalier permettant d’améliorer la prise en charge des patients et l’efficience hospitalière globale.Le groupe de pilotage: la « cellule Nouvel hôpital »animé par Michel BRAVAIS directeur, Bruno LEGOURD secrétaire général, Philippe DIEUDONNE chef de projet NHC et Dominique BIHAN chargée de mission aux organisations NHC.Le groupe projet référent comprenant :- la cellule Nouvel Hôpital- les directeurs adjoints et les ingénieurs (Biomédical, Service Informatique et Qualité-Risques)- les représentants du corps médical et des instances (le président et le vice-président de la CME, les secrétaires CHSCTi et CTE, le représentant CSIRMTii, le président du CLIN),- des membres du service d’hygiène hospitalièreLes groupes de travail pluridisciplinaires (projets transversaux) Vingt groupes-projet sur des thématiques précises - Plans d’équipements: 4 groupes (biomédical ; mobilier ; logistique; SI)- Organisations du travail et effectifs: 6 groupes (soins; plateau technique; accueil/secrétariat/archives; hôtellerie; logistique/technique/standard; gestion)- Transfert/ déménagement: 6 groupes (prépa-ration/formation/adaptation; accompagnement « culturel »; préparation technique et matérielle de : biens/équipements, hospitalisés, déménagement des serveurs; libération du site île St Laurent)- Impacts financiers- Internat- IFSI- Impact transitoire sur le Centre gérontologique du ChalonnaisIls élaborent des projets selon une même mé-thodologie : I diagnostic de l’existant, I intégra-tion des éléments et équipements significatifs à la nouvelle structure, I proposition d’un schéma général d’organisation.Les neuf pôles cliniques et médico-techniquesEn cohérence avec le schéma général d’organisation, étudient et arrêtent les ajustements d’organisation des activités médicales internes à chacun des pôles.

endocrinologie (pôle 1) et le secteur de médecine 

interne (pôle 4) pour l’hospitalisation de semaine

I une unité de court séjour gériatrique de

20 lits sera créée au NHC I une unité de soins

palliatifs de 10 lits est envisagée dans le nouvel 

établissement, modifiant le fonctionnement actuel 

de l’unité mobile de soins palliatifs.

D’autres projets sont à l’étude comme la création

d’un secteur dédié à l’addictologie. En cardio-

logie interventionnelle, la révision du SROS

conduira  peut  être  à  la  création  d’un  centre  de 

coronarographie/angioplastie dans le département 

de Saône-et-Loire, le seul département de plus de

500 000 habitants à en être dépourvu. Le CHWM 

se portera candidat pour accueillir ce centre.

Un transfert opportunL’hôpital neuf est une opportunité pour faire évoluer 

les organisations en optimisant la prise en charge 

des patients et son efficience. Ceci à condition que 

les changements soient soigneusement préparés 

et  que  de  nouveaux  repères  existent  avant 

même  le  transfert.  Les améliorations potentielles 

dans  la  prise  en  charge  des  patients,  conditions 

d’accueil, de travail, de soins etc. sont évidentes!

Encore  faut-il  savoir  et  pouvoir  s’adapter  aux 

changements. Par exemple, dans le NHC, le pôle 

devient la véritable unité de travail. Les cadres

infirmiers  d’un  pôle  seront  capables  de  gérer 

les  problèmes  de  remplacements  à  l’intérieur  du 

pôle. Cela suppose d’avoir défini  l’équilibre entre 

polyvalence  et  expertise  spécialisée.  De  même 

le  rapprochement  entre  gestion  administrative 

et admissions, secrétariats médicaux, etc. qui

permet d’augmenter  les plages d’ouverture exige 

de croiser les compétences des personnels.

Dans cette optique, les formations indispensables 

vont être offertes en 2010 et 2011 aux agents en 

fonction de leurs vœux et des choix effectués.

Le rôle du NHC sur le territoire

Nouvelle attractivitéLe nouveau site, implanté à proximité de la voie

express est-ouest et de l’autoroute nord-sud,

exercera son pouvoir d’attraction au delà du

Chalonnais. Des activités se développeront à une

plus  grande  échelle,  territoire  ou  département. 

Certaines ont déjà une vocation départementale

comme  le  SAMU  71  (du  fait  de  la  position 

géographique de Chalon dans le département), - un 

hélicoptère permettrait d’assurer les déplacements 

rapides entre les différents hôpitaux -, ou la prise 

en  charge  des AVC  :  le  CHWM  possédant  une 

équipe  de  cinq  neurologues  a  développé  une 

nouvelle unité neurovasculaire avec une astreinte

de  neurologie  qui  permet  de  fibrinolyser  les 

patients en phase aiguë d’infarctus cérébral.

Rôle pivotPar ailleurs, le CHWM est l’hôpital pivot du territoire

de santé ; à l’ouest de celui-ci, les établissements

du Creusot et de Montceau-les-Mines connaissent

une reconversion avec la présence à moins de 30

minutes du NHC. L’ensemble des établissements

du  territoire  a  intérêt  à  travailler  en  coopération 

et à éviter une rivalité fratricide pour des activités 

critiques, dont certaines se développeront au NHC

comme la prise en charge des traumatisés lourds, 

la prise en charge de  l’infarctus du myocarde ou 

de l’AVC au bénéfice de la population du territoire 

ainsi que des autres établissements qui verront

leurs  recrutements médicaux  facilités.  Le Centre 

de  réadaptation  en  neurologie,  cardiologie, 

pneumologie  de  Mardor,  à  proximité  du  NHC, 

conforte d’ailleurs notre position. Autres exemples : 

●  en  néphrologie,  le  CHWM  assure  un  rôle  de 

soutien pour tous les centres de dialyse du territoire ;

●  dans  le  service  des  maladies  infectieuses  le 

CHWM a recruté un PH, seul dans sa spécialité

sur le territoire. Les collaborations doivent donc

être développées avec les partenaires privés,  les 

PSPH et les établissements publics. K

CH William Morey - CHALON SUR SAÔNE

Le NHC : données chiffrées

DimensionsSurface du terrain: 70 000 m2Surface utile construite: 55 000 m2Cinq niveauxBâtiment monospace de 200 m X 100 mStationnement : 1 000 places

Accueil et soins544 lits et places (médecine, chirurgie, obstétrique et SSR)1 SAU et SAMU 718 salles d’opération1 plateau de laboratoires12 salles d’imagerie médicale24 lits de réanimation - surveillance continue6 salles d’accouchement1 service de néonatalogie80 % de chambres individuelles

Budget (estimation valeur 2011) : 240 000 000 € dont :Coût des travaux: 139 200 000 € HT soit 58 % du coût totalÉtude (juin 2003): 19 200 000 € HT soit 8 % du coût totalHausses économiques (entre juin 2003 et mai 2011): 43 200 000 € HT soit 18 % du coût totalTVA (à 19,6 %): 38 400 000 € soit 16 % du coût total.

FinancementPar le CHWM essentiellement réalisé par empruntsFrais financiers pris en charge par l’ARH (plan hôpital 2007)

Importance du chantier : des chiffres parlants100 à 400 personnes travaillant en même temps sur le chantier40 000 m3 de béton2700 tonnes d’acier80 000 m2 de cloisons 2 500 locaux4 000 portes200 000m2 de peinture40 000 m de conduites d’eau15 000 luminaires

Principaux intervenants :MOE : Cabinet BRUNET SAUNIER, MandataireOPC : Planitec BTPEntreprises principales : VINCI Construction France, TUNZINI, INEO ENERSYS, OTIS, EUROVIA, SNC LAVALIN Santé / SIRR Ingénierie SAS, SPIE / MOUILLOT.

INEO

L’équipe site d’INEO Enersys a rapidement trouvé ses marques et son intégration a été grandement facilitée par le professionnalisme de l’ensemble des interlocuteurs intervenant dans la conception, la réalisation et le suivi de ce grand projet. A ce jour, l’avancement des travaux est en parfaite confor-mité avec le planning prévisionnel.

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DH : Les technologies de construction hospitalière ont-elles sensiblement évolué ces dernières années ou restons nous dans une phase de consolidation d’innovations antérieures ?1°  Les  grands  principes  s’inscrivent  dans  la  conti-

nuité  :  Les  critères  principaux  sont  la  flexibilité  et 

l’évolutivité du bâtiment : ossature poteaux poutres

avec peu de voiles béton,  trame régulière, possibi-

lités de surélévation ou d’extension: A cet égard,  le 

projet  du Nouvel  Hôpital  du Chalonnais  conçu  par 

le cabinet d’architectes Brunet - Saunier (le concept

du monospace) est assez exemplaire. Il se traduit

par une structure assez simple mise au service de

la fonctionnalité.

La  trame  classique  (disons  7,20  m)  a  tendance  à 

s’élargir  (notamment  du  fait  de  la  réglementation 

handicapés), pour aller vers des trames supérieures

à 7,50 m

2° Les réglementations évoluent  (thermique, hygiè-

ne, sécurité  incendie, acoustique, handicapés…) et 

les préoccupations environnementales deviennent

très  fortes  (énergies,  choix  des  matériaux,  cibles 

de confort  : visuel, qualité de  l’eau et de  l’air...). Le 

respect de ces contraintes est très présent dans les 

projets d’hôpitaux qui sont des bâtiments très techni-

ques, des ERP, et accueillant des personnes fragiles 

ou handicapées.

3° La part des lots techniques est sans cesse plus

importante  et  innovante  :  les  systèmes  de  traite-

ment  d’air  (filtration,  rafraîchissement),  les  fluides, 

les  techniques de communication et systèmes d’in-

formation  (vidéotransmission,  technologies  sans fil, 

écrans multimédia auprès du malade...),  la gestion 

technique centralisée, les matériels médicaux so-

phistiqués.

DH : Que change concrètement l’organisation en pôles médicaux dans le travail demandé aux constructeurs ?Elle a peu d’incidence au niveau de la construction ;

elle se traduit toutefois par une standardisation des 

unités pour en permettre la polyvalence, et la mutua-

lisation de certains espaces.

DH : La HQE : en dehors de toute sa dimension développement durable et citoyenne, pour les constructeurs, quels enjeux ?La  HQE  appliquée  au  bâtiment  n’est  qu’une  des 

composantes de la notion de développement dura-

ble.  Dans  le  domaine  environnemental,  le  groupe 

VINCI Construction France développe une approche 

et des outils d’éco conception, dont la portée est

toutefois limitée dans le cas des appels d’offres, où 

les  projets  sont  déjà  conçus  par  la maîtrise  d’œu-

vre. Nos marges de manœuvre sont plus importan-

tes  dans  le  cadre  des  opérations  en  montage  ou 

concours conception-réalisation, voire en PPP, où le 

volet maintenance/ exploitation permet de raisonner 

davantage en «coût global» et de comparer différen-

tes solutions.

Aujourd’hui,  la  «locomotive»  environnementale  est 

celle de la performance énergétique !

Nous voyons ainsi chaque jour s’affirmer l’exigence 

de bâtiments  très économes en énergie  (labels ef-

finergie, BBC, soit 50 % inférieurs à la réglementa-

tion RT 2005, limitation des consommations d’eau et

d’électricité..). Toutefois ces objectifs sont difficiles à 

atteindre pour l’instant dans les bâtiments hospita-

liers, dont l’activité est pour partie de type process

(blocs opératoires, urgences,  réanimation, stérilisa-

tion…) et dont  les exigences sanitaires et  fonction-

nelles priment sur celles liées à la consommation

énergétique.

Cependant, la performance de l’enveloppe s’amélio-

re sans cesse (isolation thermique par l’extérieur, vi-

trages performants, protections solaires passives…), 

des systèmes innovants se vulgarisent (eau chaude 

solaire, panneaux photovoltaïques...).

La HQE se décline  ici à partir du  référentiel  santé, 

qui reprend les 14 cibles HQE appliquées au secteur 

sanitaire. En dehors de l’énergie, les efforts portent 

par exemple sur :

-  la pérennité des  façades  : qualité des matériaux, 

pas d’entretien...

- la qualité de l’eau et de l’air

- les choix de matériaux sains et dont le cycle de vie

est  plus  vertueux  :  sols  sans PVC,  peintures  sans 

solvants nocifs, ce qui nous demande d’innover dans 

la recherche de fournisseurs et dans les pratiques de 

mise en œuvre

- le confort visuel et acoustique

- l’entretien et la maintenance (concevoir des instal-

lations simples, diminuer les coûts...)

Dans la phase réalisation, l’entreprise est aussi en

première ligne pour :

- Un chantier vert : propreté, tri des déchets de

chantier, et limitation des nuisances (bruit, vibrations,

pollutions). Ces thèmes rejoignent aussi de manière 

concrète  les  préoccupations  de  l’entreprise  en 

matière de sécurité et de santé des travailleurs.

DH : Quels sont les surcoûts ?Il est difficile d’évaluer ces surcoûts. Probablement 

de l’ordre de quelques %. Ils se superposent à ceux 

entraînés par les autres évolutions techniques : ré-

glementation incendie ou handicapés...

DH : Et quel allongement des délais de réalisation ?La  réalisation  n’est  pas  sensiblement  allongée  par 

la mise en place de principes procédant de la dé-

marche HQE. On peut même dire que la conception 

doit être plus cohérente et réfléchie, avec parfois un 

retour à des règles de bon sens et de bonnes prati-

ques, donc la réalisation en est facilitée !

DH : Les architectes mettent l’accent de plus en plus sur l’aspect convivial, séduisant, «soft», des bâtiments publics : quelles en sont les contraintes et implications pour les constructeurs ?Oui, une attention de plus en plus soutenue est ap-

portée au choix des matériaux, coloris, signalétique 

conviviale, décoration intérieure, conception lumière, 

agencement sur mesure et mobiliers, afin de créer 

des  ambiances  agréables.  Cela  se  traduit  par  un 

budget  croissant  mis  sur  ces  postes  et  un  travail 

de détail de mise au point plus long et précis. Dans 

l’hébergement hospitalier se généralise par exemple 

la réflexion sur des chambres plus hôtelières et ac-

cueillantes, ce qui demande de sortir des solutions

toutes faites et des produits standards du commerce 

(gaines têtes de lit...)

-  les  spécificités  (plus  ou  moins  fortes)  du  projet 

Brunet-Saunier : leurs contraintes et avantages dans 

leur mise en œuvre (hélistation en toiture, réseau

pneumatique,  manutention  automatique  lourde,  fa-

çades en vitrage respirant, raccordement de l’hôpital 

au réseau de chauffage urbain, etc.)

Beaucoup de ces  thèmes sont  récurrents dans  les 

grands bâtiments hospitaliers.

Au  sein  du  macrolot  confié  à  VINCI  Construction 

France (fondations spéciales, structures, charpente 

métallique - clos et couvert, façades, étanchéité, bar-

dages…et second œuvre et finitions), les spécificités 

concernent  beaucoup  l’enveloppe:  Les  façades  en 

vitrages respirants et stores incorporés ont nécessité 

une mise au point  très  technique. La  taille du bâti-

ment exige aussi une précision de  réalisation sans 

faille (tolérances géométriques).

L’infrastructure  du  projet  a  dû  s’affranchir  des 

contraintes  du  sol  :  fondations  sur  pieux  profonds, 

grands  vides  sanitaires  pour  remédier  aux  risques 

d’inondabilité, avec des réseaux enterrés résistant

aux sous-pressions...

Concernant  les  prestations  de  finitions,  l’architecte 

recherche  une  grande  précision  du  détail.  Pour 

y  répondre,  nous  avons  fait  le  choix  de  réaliser 

nous-mêmes,  très  en  amont,  les  plans  d’exécu-

tion de tous les corps d’état secondaires (plans de

cloisons, calepinages de plafonds, carnets de détail 

etc..), soumis au visa de l’architecte, et qui s’impo-

sent maintenant à tous nos sous-traitants pour l’exé-

cution sur l’ensemble du projet.

DH : à l’expérience, les macro-lots : avanta-ges, inconvénients ?C’est un vaste débat ! Le principe des macrolots est

un compromis entre les lots séparés (dont les déra-

pages financiers et calendaires ont des conséquen-

ces catastrophiques sur ce type de projets) et l’en-

treprise générale, considérée (probablement à tort à 

l’heure du bilan final ?) comme plus chère au stade 

de l’appel d’offres !

Les  quatre  «  risques  »  principaux  récurrents  pour 

le constructeur, liés à l’allotissement des travaux

dans le domaine hospitalier, sont : la mission de

synthèse,  le pilotage  (OPC),  la gestion des  interfa-

ces entre les lots et la gestion des modifications de 

programme. Dans la configuration en macrolots, ces 

risques  demeurent.  Le  succès  de  l’opération  exige 

qu’ils soient maîtrisés ! C’est pourquoi du point de

vue du constructeur, l’entreprise générale est préfé-

rable, car elle lui permet d’avoir prise sur l’ensemble

du chantier et de contrôler les risques de dérapages 

(technique, coûts, délais) en déployant  les moyens 

nécessaires. En outre, cela donne l’opportunité en

phase  d’appels  d’offres  de  proposer  des  solutions 

d’optimisation tous corps d’état.

Dans le cas du Nouvel Hopital du Chalonnais, lors

de la phase de mise au point du marché, nous avons

beaucoup  travaillé,  avec  le  maître  d’ouvrage  et  la 

maitrise d’oeuvre, à préciser ensemble des sujets im-

portants tels : le calendrier de la cellule de synthèse, 

les limites de prestations avec les lots techniques, et

le maitre d’ouvrage a convenu d’une démarche vo-

lontariste visant à limiter fortement les modifications 

apportées au projet en phase travaux. Ces principes

sont un gage de succès de l’opération. K

Quelques questions à l’entrepreneur principal

octobre 2009 K Dh MAGAzine n°128 91

CH William Morey - CHALON SUR SAÔNE

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Les points clefs d’un projet : un point de vue d’entreprise

La société Tunzini, appartient au groupe Vinci-Energies ; ses

équipes étudient, conçoivent et réalisent des installations de

génie climatique dans les domaines de l’industrie, du nucléaire et

du bâtiment à usage tertiaire ou hospitalier.

DH : Comment la société Tunzini intervient-elle dans le secteur hospitalier ?TLR : Tunzini est présent sur le marché hospitalier depuis une dizaine

d’années, ce qui représente près de 20 % de ses activités. Nous avons

participé à de nombreux chantiers hospitaliers : CHU de Nîmes, CH

d’Antibes, Hôpital de la Timone à Marseille, HIA Ste Anne à Toulon, etc.

Les chantiers des hôpitaux de Vesoul et du Lamentin en Martinique se

terminent ; sont en cours les chantiers du CHU de Dijon et du Nouvel

hôpital du Chalonnais (NHC).

DH : Quels travaux avez-vous en charge au NHC ?TLR : Tunzini réalise en groupement le lot n° 3 réseaux humides qui

représente un marché de 33 M €, comprenant les lots chauffage,

ventilation, climatisation, désenfumage, production d’énergies, GTC,

plomberie, fluides médicaux, transports pneumatiques et chambres

froides. Trois partenaires de Tunzini se sont associés à la réalisation de

ce projet. La société SPIE Est s’occupe de la partie production d’énergies

et réseaux primaires, la société Mouillot de la plomberie, Air liquide Santé

de la partie fluides médicaux. Tunzini a en charge directe 50 % du lot 3 :

distribution et traitement de l’air, désenfumage, distribution secondaire du

chauffage, climatisation, distribution de froid...1

DH : Suivant quel calendrier ?

TLR : Après l’attribution des marchés fin 2007, les études de synthèse et

d’exécution ont duré un an et demi sur l’année 2008 et le premier semestre

2009 ; le montage de réseaux a débuté en mai 2009 et s’achèvera à

l’automne 2010 ; suivront les réglages et mises au point jusqu’en mai

2011.

DH : Comment caractériser ce chantier?TLR : Les quatre enjeux d’un chantier sont la conception initiale, les études,

le montage, les finitions. A Chalon, la conception initiale s’est avérée

robuste avec une définition très aboutie du besoin final par la maîtrise

d’ouvrage, allant jusqu’à reporter d’un an le lancement de l’opération,

ceci évitant les modifications majeures du cahier des charges en cours

d’exécution. De même, le bon niveau des études de conception de la

maîtrise d’oeuvre, qu’elles soient techniques ou architecturales, a permis

un lancement de l’opération dans les temps. La phase de synthèse, qui

permet de définir les besoins en matière de réservations et de positionner

l’ensemble des réseaux, a été dirigée de manière tout à fait remarquable

par le bureau de synthèse TKDES. Tunzini a mis fortement l’accent sur ces

études préliminaires au montage et a joué un rôle moteur pour la synthèse

au niveau du lot réseaux humides, lot très contraignant qui a nécessité

la mise en place d’une cellule spécifique pour accélérer le projet. Ainsi le

gros oeuvre s’est terminé deux mois plus tôt que prévu, car les omissions

ou erreurs en matière de réservations ont été mineures. Ceci permettra

d’approfondir les détails d’études d’exécution en matière de position de

terminaux pour donner le meilleur rendu architectural.

DH : Donc une phase d’études réussie... Et pour le montage ?TLR : Le lot 3 représente 250 000 heures de travail en montage ; 20 % à

25 % sont déjà effectués ; il va falloir « tenir » maintenant une moyenne

de 5 % à 8 % par mois pour respecter des délais tendus tout en gardant

le souci de peaufiner tous les détails. Au cours des six prochains mois,

il sera nécessaire de développer le maximum de travaux pour éviter de

bloquer les autres corps d’état et maintenir le délai global. Dans la phase

de montage, il faut compter sur un pilote OPC hors pair, à long terme et

au quotidien, mais aussi sur la bonne volonté de toutes les entreprises,

pour éviter les blocages, assurer la coordination sur place et anticiper le

plus possible.

Production d’eau glacée par 4 groupes à condensation à eau de 1130 KW unitaire.

Le refroidissement des groupes est assuré par 20 aéroréfrigérants secs.

Production de chaleur sur réseau urbain et distribution par 8 sous-stations primaires.

65 CTA (débit total d’air neuf 524 600 m3/h) dont 29 de type hygiène pour traitement des

services sensibles: stérilisation, pharmacie, laboratoires, 4 salles d’opération ISO 5, 4 salles

d’opération ISO 7, réanimation, soins intensifs, etc...

Traitement des locaux selon leur destination par radiateurs (1600), ventiloconvecteurs (180),

plancher chauffant (1380 m2), armoires de climatisation (6)

Réseaux de liaison: 250 tonnes de gaines, plus de 100 km de canalisations

Entretien avec Thomas Le Roux,chef de projet Tunzini Vinci Énergies

LDCABATTOIR DE vOLAILLES

71500 BRANGES

LABORATOIRE CHATONNIERLABORATOIRE DE

PROTHèSES DENTAIRES7 Rue de Macon

71210 MONTCHANIN

MAjUSCULE CHALONFOURNITURES DE BUREAUX

BEAUX ARTS - REPRODUCTIONIMPRESSION NUMÉRIQUE

6 Place de la République71100 CHALON-SUR-SAÔNE

REMERCIEMENTS

RepoRtage Réalisé paR CatheRine pluvinage

[email protected]

(1) Voir DH n°98 (novembre/décembre 2004) pages 47 et sq et DH n°115 (octobre 2007) pages 51 et sq

(2) Le taux d’actualisation des dépenses a été évalué à 2,25 % en 2004 dans le contrat de financement passé 

avec l’ARH, alors que l’indice INSEE du bâtiment a progressé de 5 à 7 % par an jusqu’en 2008 !

(3) Adresse des sites: http://www.ch-chalon71.fr et http://www.nhchalonnais.fr

(4) Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail 

(5) Commission du service de soins infirmiers, de rééducation et médico-technique

CH William Morey - CHALON SUR SAÔNE

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