côte d'ivoire, abidjan

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Armes, munitions, explosifs instables... La ville porte

les traces des combats entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara

après l’élection présidentielle. Des spécialistes français

du déminage sont à pied d’œuvre pour plusieurs semaines.

Côte-d’Ivoire :dépollution d’Abidjan

après la bataille

P a r B a r t h é l e m y G r u o t – P h o t o s : S é b a s t i e n D u p o n t / E C P A D

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Ci-contre :Après avoir fouillé et «nettoyé» les abords d’unerésidence, les hommes du Génie travaillent à l’intérieur du bâtiment. Des munitions de toute sorte seront découvertes dans plusieurspièces.

Ci-dessous à gauche :Un EOD s’apprête à sectionnerune grenade enfouie dans un jardin de la résidence.

Ci-dessousà droite :Découverte d’une roquetteantichar de type RPG-7.

T rois coups de klaxon résonnent sur lalagune d’Abidjan, signe qu’il faut semettre à couvert. «Trois, deux, un…»L’explosion retentit. Les équipes Nedex(neutralisation, enlèvement, destruction

des explosifs) sont à l’action. Les hommes du31e Régiment du génie (31e RG) de Castelsarrasinet du 13e RG de Valdahon de spécialité EOD(élément opérationnel de dépollution et de démi-nage) se livrent à leur travail de fourmi quotidien:dépolluer les zones qui ont été le théâtre d’af-frontements durant la crise ivoirienne de toutesles munitions abandonnées ou non explosées.Aujourd’hui, c’est une résidence ayant servi derefuge aux forces de Laurent Gbagbo. Les lieuxsont vides depuis plusieurs semaines. Entre descarcasses de voitures, des munitions jonchent lesol : grenades, cartouches, douilles, roquettes… Ces forces interviennent à la demande des auto-rités locales. «Dès la fin de la crise, mi-avril, lacapacité d’intervention Nedex en vue d’assurerla dépollution d’Abidjan a été mise sur pied,explique le capitaine P. Nous avons deux équipes,composées chacune de deux sous-officiers EOD4– le niveau le plus élevé – et de deux auxiliairesmilitaires du rang.» Il faut agir vite, particulière-ment sur les anciennes zones de combat, avantque la végétation ne reprenne le dessus etdissimule les munitions au regard. Les équipesinterviennent en priorité sur les sites civils. Unnuméro d’appel a été diffusé auprès de la popu-lation. Les Nedex se sont déjà rendus dans14 écoles et dans plusieurs villages. «La plupartdu temps, c’est le champ de bataille après labataille, poursuit le capitaine P. On trouve desmunitions abandonnées, certaines neuves, d’au-tres tirées, mais aussi brûlées. Celles-ci, les plusinstables, présentent un vrai danger. » Sur lesgros chantiers, les EOD travaillent avec un déta-chement de 16 sapeurs qui ratissent la zone à larecherche de munitions, qu’ils « traitent » eux-mêmes si elles sont jugées inoffensives. Dès qu’ily a risque, ils marquent l’endroit avec un drapeauet les EOD prennent le relais.

Véhicules suspectsNon loin des bâtiments de la résidence, l’adju-dant-chef G. découvre une grenade dans l’herbe.«Le percuteur a frappé l’amorce mais la chargen’a pas explosé. Je vais sectionner l’allumeur endeçà du percuteur, explique-t-il. Une grenadecomme celle-ci est mortelle jusqu’à 80 mètres.Il suffit de la bouger de quelques centimètrespour que ça pète!» Le canon de sectionnementen place, la ligne de tir est installée. Les hommesse placent à l’abri derrière un véhicule de l’avantblindé (VAB). Une charge électrique va

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« Il faut agir viteavant que la végétation ne reprenne le dessus et ne dissimule les munitions au regard.»

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Ci-contre : Cartouches soigneusement conditionnées, armes, munitions à demi explosées, les experts ont à traiter un vaste échantillon d’explosifs présentant des dangers divers.

Ci-dessous : Le coffre des voitures abandonnées est ouvert le plus «proprement» possible avec de petites charges. Il n’est pas rare d’y trouver des armes ou des munitions.

«Les munitions instables sont détruites dans une carrière à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici. »

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déclencher le percuteur au bout duquel unburin va venir couper la grenade. Après avoirrespecté la procédure de sécurité (trois coups deklaxon), un bruit sourd parvient jusqu’au VAB. Lagrenade est coupée en deux parties. Un autregroupe se prépare à ouvrir un coffre de voiture.«Nous plaçons une petite charge au niveau de laserrure pour la faire sauter et vérifier qu’il n’y aitpas de munitions à l’intérieur. Un ferrailleur pourraensuite récupérer la voiture », explique l’adju-dant L. La manœuvre s’effectue à distance. Levéhicule pourrait être piégé ou des munitions s’ytrouvant pourraient déclencher une explosion. Ducoffre encore fumant, sont extraites quatregrenades en parfait état… Les munitions encore utilisables et sûres sontrendues à l’armée ivoirienne. Celles qui sontinstables sont détruites dans une carrière àplusieurs dizaines de kilomètres d’ici. «Depuisnotre arrivée en Côte-d’Ivoire, nous avons faitune dizaine de fourneaux de plus de 200 kilosd’explosifs, confie un membre de l’équipe. Lesmunitions s’altèrent avec le temps. La tempé-rature importante et une hygrométrie dépassantles 60% n’arrangent rien.»

CatalogueLe travail ne manque pas autour de la résidence.Après avoir fait quelques pas dans le jardin, uneéquipe découvre une roquette antichar de typeRPG-7, dont seul le propulseur d’éjection a fonc-tionné. Ce type de munition est traité différem-ment. «Je mets en place une charge d’explosifsur la charge creuse, une autre sur le propulseurde croisière», précise l’adjudant O. Pour éviterla projection d’éclats, deux sacs de terre sontdisposés latéralement.Les équipes fouillent maintenant le bâtiment.Avec pour seul éclairage leur lampe frontale,quatre hommes progressent à l’intérieur. Chacuninvestit une pièce. Puis, c’est un véritable cata-logue qu’on entend réciter. «Une caisse de car-touches de 9 mm» dans une pièce, «une kalachedans la cuisine », plus loin un « projectile demortier bulgare de 90 mm», et ainsi tout au longde l’investigation. Fouillant une caisse decartouches de 7,62 mm, l’adjudant G. reste surses gardes. «Des grenades peuvent se trouverdans les caisses de munitions, mieux vautprendre toutes les précautions.»C’est sur cette fouille et après six heures de travailque la journée se terminera pour les EOD. A rai-son de six jours par semaine, il leur faudra dutemps pour dépolluer la ville, sans pour autantavoir le sentiment d’avoir tout « nettoyé ». Enrevanche, grâce à leur action, aucune victime civileou militaire n’est à déplorer à ce jour.

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