coom. 1912

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JOURNAL DES SAVANTS t 9t 2

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  • JOURNAL

    DESSAVANTS

    t 9t 2

  • J~~AL

    DES ~~ANTS

  • COMIT DU JOURNAL DES SAVANTS.

    MM. SALOMON REtNACH,

    LOUIS LEGEn,

    EDOUARD CHAVANNES,

    MM. EUE BEUGEH,BEHNAnD HAUSSOULHEtt,

    Et MM. les Membres composant l Bureau de l'Acadmie.

    Z)!ec

  • JOURNAL

    DES SAVANTS'4'

    r~~tLESAUSPICES

    DE\~NSTL~/TDE FRANCE

    (ACADMIE D~8~mSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES)

    NOUVELLE SERIE. 10~ ANNEE

    PARISHACHETTE ET C- LIBRAIRES-DITEURS

    BOULEVARDSAINT-GERMAIN,~()

    MDCCCCXII

  • edn;:l

    SN,r"!

  • DES-SAVANTS.

    LES STATUES Ff/E~ DANS L'ART GREC.

    M; CoLUGNON.Les statues funraires dans l'art grec. Paris,Ernest Leroux, 1911.

    M. Maxime Collignon, dont les beaux livres sur l'antiquit sontdevenus classiques et dont l'enseignement, en Sorbonne, formedepuistrente ans les jeunes gnrations d'archologues franais, nousdonne avec Les statues funraires dans l'art grec une sorte de compl-ment son ouvrage sur l'Histoire de la

  • 6 E. POTTIER.

    de rappeler que l'auteur reprend ici une ide que j'ai soutenueen divers ouvrages. Les sculpteurs, dit-il, qui excutaient cesstatues comme des uvres industrielles, n'avaient sans doute pas lesouci de les adapter un usage qu'ils pouvaient ignorer eux-mmes c tait la volont des donateurs qui faisait pour ainsi direleur tat civil (p. y5). )) C'est textuellement ce que j'ai expos dansma thse latine (jf~M! Sigilla, i883, p. 93 et suiv.) et rsum dansLes~a

  • L
  • 8 E. POTTIER.

    expriment. Entre la Dmter de Cnide et la belle statue de la col-lection Trentham, toutes deux au Muse Britannique, il y a lesressemblances d'une mre et d'une fille, avec la barrire qui spareune desse et une femme. Jamais art n'a t dans ses sujets plusmonotone, plus traditionnel que l'art grec, et c'est ce qui dcon-certe un peu les modernes, quand ils ne russissent pas pntrerles mouvements par o le gnie de ce peuple, inflexible dans sarecherche unique de la beaut humaine, progresse et volue sanscesse. C'est aussi la raison d'admirer que nous dcouvrons dansles arts industriels de la Grce vases peints, statuettes de terrecuite,, pierres graves, monnaies; partout une pense concentre surun petit nombre de motifs, toujours transforms et rajeunis. C'estbien ce que M. Collignon nous montre dans ce volume qu'onpourrait croire au premier abord, en le feuilletant, une simplerptition de quelques chapitres de sa Sculpture grecque. Les fins'amateurs de la beaut antique ne s'y tromperont pas; ils dcouvri-ront eux~~gj~gg dans la sensible loquence de ces marbres, cequi fait le prix de cette monographie excellente.

    Aprs cette apprciation sur l'ensemble du livre, je voudraisrevenir la question qui forme comme le point de dpart du tra-vail. Ds le dbut, M. Collignon s'est trouv aux prises avec leproblme toujours obscur des origines et il a t amen recher-cher pour quelles causes, et dans quelles conditions, les Grecsavaient cr la statue funraire. Il me semble qu'il aurait d mar-quer plus fortement combien la conscration funraire a eu, enGrce, une physionomie spciale et locale, malgr les influencesvenues du dehors, en particulier de l'Egypte. Sur ce point il asuivi les ides indiques par M. Kuhnert et par M. Dragendorff(p. a, 4, t4). Je crois pourtant que les croyances fondamentales sont,de part et d'autre, trs diffrentes. En gypte, tout mort est undieu; il devient un Osiris. La vie entire est tourne vers le passagedcisif, menant de la terre un autre sjour qui sera, en somme, leperptuel et vritable domicile de l'homme. L'existence terrestren'est qu'un accident ou un stage, un moment d'attente. Elle n'est,comme le diront aussi les Chrtiens, qu'une prparation la mort.La conception grecque est tout justement l'oppos de cette doctrine.La vie seule compte pour quelque chose; la vie seule est un bien.

  • LES STATUES FUNRAIRES DANS L'ART GREC. 9

    SAVANTS. 9

    La mort, surtout dans les croyances anciennes, reste vague, morne,odieuse dans sa monotonie dsesprante. J'aimerais mieux, dit leplus ardent des Grecs, Achille, tre le dernier des bouviers que leroi de toutes ces ombres mortes. Et Thognis rpte encore aume sicle. Je reposerai comme une pierre sans voix et je neserai plus qu'un peu de terre noire . Sophocle continue Malheu-reux le mort qui n'est plus rien; rien que de la terre . Assurmentla religion et les philosophes ont bien essay, au cours des sicles,de ragir contre ce sentiment et de jeter en pture aux espritsquelques promesses de flicits futures. Mais il est certain qre lefonds des croyances grecques reste pessimiste l'gard de la mortet se rattache dsesprment, par tous les moyens, aux raisonsd'aimer la vie. C'est prcisment ce qui explique la nature de sonart funraire, tel que l'a dcrit M. Collignon, et c'est ce qu'il ett important, mon avis, de dire.

    De plus, comment se fait-il que les Grecs aient attendu si tardpour crer la statue tombale? Nous n'en avons pas d'exemplesavant le vie sicle (p. y). Dira-t-on que c'est l un fait commun ala plupart des reprsentations plastiques de pierre ou de marbreque nous a laisses la Grce, et qu'on aurait tort de conclure uneabsence totale de monuments de ce- genre? N'a-t-on pas supposque la sculpture en bois, florissante au dbut, avait disparu sanslaisser de traces? L'objection ne serait gure valable, car noussavons assez exactement en quoi consistait le dcor de la tombeentre le vm" et le vi" sicle, et M. Collignon l'a expos fort exacte-ment (p. 8) des tertres, des tumulus surmonts de grands vases,des tables de pierre servant d'autels pour les libations et le repasdu dfunt, des o"/j~.KTK.en colonnes ou en cippes. 11 n'y a pas encoretrace d'effigies. Je crois que la raison en est justement dans laconception personnelle et particulire des Grecs sur le caractre dumort comme puissance surnaturelle. M. Collignon, rsumant lesremarques de Rohde, d'Helbig et de Dragendorff (p. 6-8), a montrquelle importance avait eu le changement des rites funraires aprsl'invasion dorienne. Le monde prhellnique ensevelissait et inhu-mait ses morts, comme en gypte. Le monde hellnique les inci-nre La socit homrique, tout en reproduisant la physionomiegnrale de la civilisation mycno-crtoise, se spare d'elle sur ce

  • 10 E. POTTIER.

    point elle brle ses morts. LeMKMO/t,dpouille de son soutien

    corporel, devient une ombre faible et inconsistante, prive de forces.L'me de Patrocle en est rduite aux prires l'ombre d'Achille selamente au fond des Enfers. Ce n'est pas du tout un progrs, unesorte d'puration des anciennes croyances, trop attaches la mat-rialit de la survivance corporelle, comme l'ont cru divers savants(voy. G. Perrot, Hist. de /4r

  • LES STATUES FUNRAIRES DANS L'ART GREC. 11

    qui s'coula avant qu'on vt paratre la premire image commmo-rative du mort.

    M. Collignon pense qu'on y arriva par deux voies par l'habi-tude de dresser sur le tumulus un pilier, une stle, une colonne,qui, peu peu dgrossie, devint une figuration humaine en qui lapersonnalit du mort trouvait son soutien; par l'habitude aussi dedposer dans les tombeaux des figurines charges de reprsenter l'es-corte du mort, servantes et serviteurs, guerriers, puis oiseaux ttehumaine qui personnifient l'me du mort la faon gyptienne,enfin personnages couchs et buvant qui sont de vraies images dela flicit d'outre-tombe. Cette marche est, en effet, logique. Ceque je veux marquer ici, c'est que cette volution, qui avait lutter contre une dfiance instinctive et atavique l'gard du mort,dut s'accomplir trs lentement, et que l'apparition de la statuetombale concide, vers la fin du vn" et le dbut du vi" sicle, avecle moment o la Grce entre en contact dfinitif avec l'gypte et enretire, sans doute, outre quelques formules artistiques, certainsadoucissements ses ides sur les rites funraires. La sirne, lesphinx, les cuisiniers'et boulangers, entrent dans le rpertoire cou-rant des coroplastes. Les barrires s'abaissent entre l'humanitvivante et la lgion redoutable des morts. La conciliation se fait, etl'image souriante du dfunt se dresse sur la base de marbre, en pleinair, au soleil, dans l'hroque nudit de l'athlte vainqueur. Lesnoires terreurs se sont envoles. Mais, mme ce moment, le con-traste reste grand, avec la religion gyptienne qui cache ses innom-brables statues funraires, toujours vtues, dans les tnbres del'hypoge. Comme toujours, la Grce s'instruit avec les autres etne les imite pas. C'est une adaptation ses murs et, si je puisdire, une cooptation.

    En lisant les premiers chapitres de M. Collignon, on y retirouverabien des dtails que nous venons de rappeler et une pense dirigedans un sens analogue au ntre. Mais j'ai cru devoir prciser etcomplter certains points de la dmonstration qui me semblait resterun peu vague. Peut-tre trouvera-t-on, d'ailleurs, que j'ai eu tort etque dans ce tableau des origines, si difficile tracer, l'auteur avaitagi plus sagement, en appuyant moins fort sur les contours de sonesquisse. E. POTTIER.

  • 12~)~ L. LEGER.

    LES ~7~

    TIHOMIROsTojic. Uskoci u junackim narodnim pe~~a~a'. (LesUskoks dans la posie populaire serbe.) Novi Sad, dition dela ~f~'ca! 6'rpN~ 1911.

    Parmi les uvres les plus oublies de George Sand, figure unroman intitul L'~co~ue. A l'poque o j'ignorais. encore la langueet l'histoire des Slaves mridionaux, j'avoue que ce titre m'intri-guait fort. George Sand avait videmment entendu parler desUscoques durant son sjour Venise. Le rcit qu'elle a donn sousce titre est effroyablement romanesque et mlodramatique. Onne peut pourtant dire qu'il ait dpass les limites de la vraisem-blance, si l'on considre d'un ct les lments mystrieux et tra-giques de l'histoire de Venise, de l'autre l'esprit aventureux de cesSlaves tour tour croiss, brigands, hros, corsaires, qui ont jouun si grand rle dans l'histoire du littoral adriatique du xvi auxvnt" sicle. Si George Sand avait pu lire dans une traduction lepetit volume que j'annonce ici, elle en et t enchante etMrime aurait reconnu qu'il fait plir les pages les plus fantasti-ques de sa Guzla.

    1

    Expliquons d'abord ce que veut dire ce mot uscoque, que nousavons pris de l'italien uscocco et qu'il serait plus exact d'crire enfranais uskok, ou si l'on tient compte de la prononciation, OMS/:oA;.1.Ce mot vient d'un verbe serbe uskociti qui veut dire proprementsauter par-dessus la frontire, se sauver. La traduction littraleserait les fuyards. Disons pour employer un mot plus noble lesmigrs.

    Lorsque les pays serbes furent dfinitivement soumis par lesTurcs, un grand nombre d'indignes orthodoxes ou catholiques nepurent se rsoudre supporter la domination des Musulmans. Ilssautrent par-dessus la frontire, pntrrent dans la Dalmatie alors

  • LES USKOKS. 13

    occupe par les Vnitiens et ils se grouprent autour de la forte-resse de Klis (italien Clissa), situe 13 kilomtres de Spalato.En i53y cette ville tomba aux mains des Turcs; elle ne devaitleur tre reprise qu'en 648. Les Uskoks se rfugirent sur le litto-ral croate et se transportrent autour de la ville de Senj (Zengg).Le gouvernement autrichien les accueillit avec bienveillance. Iltrouvait en eux de prcieux auxiliaires pour la lutte incessantecontre les Turcs. On finit par donner leur nom tous ceux qui,sur le littoral dalmate-vnitien, dfendaient la chrtient contre leTurc, de mme que chez nous on a appel zouaves ou turcos les

    Europens qui en Afrique se sont groups autour d'un noyau pri-mitif de troupes indignes. Leur vie fut une lutte continuelle

    pour la dfense du sol chrtien contre les musulmans. Leursexploits devaient ncessairement inspirer les pomes populaires,Chez les Serbo-Croates, tout est matire pique et les hros lesplus obscurs donnent lieu des pomes o l'historien a bien de lapeine dmler la part de la fiction et celle de la ralit.

    Les Uskoks constiturent pendant prs d'un sicle la garde dela frontire autrichienne contre les Turcs. Ils taient rpartis en

    quatre compagnies commandes chacune par un chef nommvoivode~. Nous avons des recensements officiels. En i55() leureffectif tait de 253 hommes, de 35a en i5y3 et de 5oo 600 en1602. Il s'leva un peu plus tard jusqu' i.aqo. Comme nos zouavesou nos turcos, ils constiturent une troupe d'lite. Ils taientd'admirables tireurs. Ils allaient au combat avec le fusil, la hacheou parfois le handjar (poignard ou courte pe). Ils supportaientsans murmurer toutes les privations, toutes les souffrances.

    Ils recevaient parfois une solde, mais fort irrgulire. Ils taientsouvent rduits vivre de pillage et chercher leur vie assez loin.La rgion de Senj est pauvre et dsole; ils vivaient aux dpensdes Turcs; par terre ils pntraient en Bosnie, par mer ils allaientravager le littoral de cette province et celui de l'Herzgovine.L'Autriche tolrait, si elle ne l'encourageait, cette existence aven-tureuse. Les Vnitiens lorsqu'ils taient en guerre avec le Turc,

    Voivode veut dire proprementchef d'arme, par suite tout simple-

    ment chef. C'est la traduction littralede l'allemand ~e/'sog- (~M.c).

  • 14 L. LEGER.

    n'taient pas fchs d'avoir leur service quelques bandes d Uskoks.Parfois le pape leur envoyait des subsides. N'taient-ils pas contreles infidles l'avant-garde de la chrtient? a

    En revanche, lorsque Venise tait en paix avec la Porte, elledevait s'engager ne pas laisser les Uskoks passer sur le territoireottoman. Alors ils s'en prenaient aux navires de la Rpublique,exeraient le mtier de corsaire ses dpens et pillaient les mai-sons de commerce. Leurs lgres barques se dissimulaient aismentderrire les nombreux lots, les cueils du littoral dalmate etdouaient les galres de Saint Marc. Un contemporain comparecette lutte de Venise contre les Uskoks celle du lion, contreles moustiques. Ils avaient parmi leurs congnres les Schiavoni,autrement dit les Serbo-Croates au service de la marine vnitienne,des agents et des espions qui les tenaient au courant des mouve-ments de la flotte. Prenez garde aux gens de Senj, disait un pro-verbe de, ce temps-l (Cuvaj se Senjske ruke).

    Chez nous au moyen ge les mercenaires licencis en temps depaix avaient form les grandes compagnies. Les Uskoks rduits vivre d'expdients devinrent des corsaires et retournrent contreVenise l'esprit d'aventure qu'ils avaient exerc d'abord contre lesmcrants. Le gouvernement de Vienne dut intervenir pour ramener la discipline et l'obissance des allis trop compromettants. En i6o 1,un commissaire imprial fut envoy pour rtablir l'ordre. Il fut-assassin. Cependant la Rpublique de Venise insistait pour qu'on ladbarrasst de ces voisins turbulents. En 1617 les Uskoks furentinterns dans l'intrieur du pays croate, aux environs des villesd'Otocac et de Zumberak o ils se fondirent avec la populationindigne compose en partie d'autres Uskoks dj tablis dans cesrgions, qui, vivant loin de la mer n'inspiraient aucune apprhensionaux Vnitiens). Ils eurent l'occasion plus d'une fois de lutter parmiles armes impriales contre leur ennemi traditionnel le Turc, quid'autre part avait sur son propre territoire fort faire avec lespartisans indignes, les hedouks.

    Quelques-uns des chefs des Uskoks, ne nous sont pas seulement

    Anciennement Sichelburg, sur les frontires de la Croatie et de laCarniole.

  • LES USKOKS. 18

    connus par les chants qui les clbrent, mais par des documentshistoriques. Tel est cet Ivo Senianin (Jean de Scnj on Zengg) queces pomes appellent Ivo Senkovic. Il s'appelait de son vrai nomIvan Vlaskovic et avait jou un rle glorieux, ainsi que son frreMichel, dans la campagne contre les Turcs. Malheureusement il selivrait au brigandage sur terre et sur mer et osa mme s'attaquer auxmagasins de la ville de Senj. En 1611 il ft arrt, jet en prisonet l'anne suivante condamn mort par un conseil de guerre. Nousconnaissons encore lanko Mit vie que les chants appellent lanko deCattaro, qui en t64y dfendit Sibenik (Sibenico) contre les Turcs etson fils Stojan qui commanda les Uskoks de Cattaro et qui mouruten combattant (1688), Ilia Smiljani6 auquel la Rpublique deVenise avait assign une pension de 600 ducats et dont la familleexistait encore en Dalmatie en 83a, Alija Bojici qui ft surprispar les Turcs dans une grotte et tu par eux en i663. La plupart deces hros sont aussi chants par le moine Kacic Miosi dans leschansons piques, qui constituent le clbre recueil intitul NobleDtscoM~ de la nation slave, lequel est encore aujourd'hui populaire.

    II

    Les chants qui figurent dans le volume publi par la Matica serben'apportent qu'une faible contribution l'histoire ou sont mmeencontradiction avec elle. Ils offrent d'ailleurs une singulire lacune.Les exploits des Uskoks ont t le plus souvent accomplis sur mer;.ils taient avant tout des corsaires ou des pirates. Or ces exploitsmaritimes sont passs sous silence par les pesme. videmment ceux

    qui les improvisaient taient des terriens qui n'accompagnaient pasles expditions des corsaires et qui les ignoraient. Le texte de certains

    pomes a t recueilli fort loin de la rgion o s'taient accompliesles aventures qu'ils clbrent. Il n'est donc pas tonnant que l'onrencontre parfois des oublis et des contradictions.

    Les chants relatifs aux Uskoks nous offrent le mme style et lesmmes procds que ceux qui sont relatifs aux luttes antrieures,au cycle de Kosovo celui de Marko Kralievic; mais ils renfer-ment un nouvel lment, l'lment romanesque et chevaleresque. Il

  • 16 L. LEGER.

    remarquer plus haut, un personnagehistorique.

    Autrement dit Ivo de Senj(Zengg). C'est, comme on l'a fait

    est d videmment aux influences italinnes que les Uskoks sujetsou adversaires de Venise ont eu a subir par suite de leur contact avecles Italiens. Tel fragment semble un chant de la Jrusalem dlivre.Si Byron avait connu ces pomes, j'imagine qu'il en et travi. Les Serbes ou Croates combattent sous les drapeaux deVenise ou de la maison d'Autriche; mais il n'ont qu'une ide bien

    vague de l'tat ou du souverain qu'ils sont censs servir. Ce quiinspire leurs exploits c'est la foi chrtienne, c'est la haine dumusulman. Mme avec ce musulman on observe dans certains casles formes courtoises de la Chevalerie. tudions par exemple la

    pesma qui raconte le duel entre Ivo Senkovic et l'aga de Ribnik.

    L'aga de Ribnik a entendu clbrer la valeur de Senkovic. Il luienvoie un dn

    Si tu es vraiment un hros de combat et de sabre tranchant, viens metrouver dans la ville blanche de Ribnik, viens que nous fassions connaissanceen combat singulier. Si tu ne veux pas venir, alors tisse-moi une culotte etune chemise en signe de soumission.

    Senkovic s'indigne et pleure, il est vieux et ne peut relever led. Il expose son nls la cause de ses larmes

    Je suis trs vieux; je ne peux pas me tenir cheval, plus forte raison,lutter contre un Turc et je n'ai pas appris tisser; je ne peux pas tisser deschemises aux Turcs.

    C'est, baisse d'un ton, la scne de Don Digue et de RodrigueIvo le fils du vieillard lui offre d'aller combattre pour lui. Le prehsite et ne tient pas tout d'abord le langage de Don Digue

    Va! Tu fais ton devoir et le fils dgnreQui survit un moment l'honneur de son pre.

    Il lui dit

    Tu iras, mais tu ne reviendras pas. Tu n'as pas seize ans. Le Turc est unhros sans pareil. il a des armes terribles. Tu perdras la vie et que deviendraaprs toi ton pauvre pre? Qui le nourrira? Qui l'ensevelira aprs sa mort?

  • LES USKOKS. 17

    SAVANTS. 3

    Le fils rpond dans un langage viril

    Donne-moi avec ta bndiction la permission d'aller au combat. Tant queton fils Ivo sera de ce monde tu ne tisseras point de chemise au Turc.

    Le pre consent, selle le cheval de son fils et lui apprend les qua-lits de ce merveilleux animal qui sait seconder son matre dans lescombats.

    Le fils se rend dans la tente de l'aga et le trouve buvant du Mal-voisie. Voil, soit dit au passant, un bien mauvais musulman. L'agamprise ce jeune rival indigne de lui, ce jeune prsomptueux .Il ne lui fera pas l'honneur de le tuer en combat singulier (( Jele ferai prisonnier; son pre a, dit-on, beaucoup d'argent; il le rach-tera pour six sous d'or .

    Avant d'entamer les hostilits le Turc fait son jeune adversaireun accueil chevaleresque. Il l'invite boire le vin avec lui et racheter sa tte sans combattre. Ivo refuse

  • 18 L. LEGER,."1Il lui coupe la tte, la met dans le sac qu'il porte sa ceinture.

    Le pome pourrait finir ici, mais, comme nous 1 avons fait remar-

    quer tout l'heure, les auteurs de ces pomes se plaisent intro-duire dans leurs rcits toute espce d'lments romanesques.

    Le jeune vainqueur dpouille l'aga de son costume, l'endosse a laplace du sien. Les Turcs qui ont vu la dfaite de leur aga veulenten tirer vengeance. Deux d'entre eux montent cheval et se met-tait la poursuite du vainqueur. Ivo s'enfuit dans une fort paisseo leurs chevaux ne peuvent pntrer. Ils attachent leurs chevaux al lisire et entrent dans les taillis. Le jeune Uskok russit leurfaire perdre sa trace, sort de la fort, trouve les deux chevaux,enfourche l'un des deux et emmne l'autre.

    En cet quipage il arrive devant la maison paternelle. Sa mre nele reconnat pas sous le costume de sa victime et ne reconnat pasnon plus son cheval. Elle croit son fils mort

    Voii venir l'aga de Ribnik; il va s'emparer de notre maison etnous faire esclaves.

    L vieux pre saisit un sabre, saute sur le premier cheval venu~~s~lane pour venger son fils. H interpelle celui qu'il croit trele meurtrier d'Ivo.

    arrte, aga de Ribnik. H t'a t facile de faire prir un enfant de moins deseize ans. Eh bien maintenant fais prir un vieillard 1

    Ivolui rpond pour lui dire qu'il est son fils. Mais le vieillardgar par la douleur ne l'entend pas et veut lui couper la tte. Lejpune homme s'enfuit. Son pre le poursuit avec fureur. Maistout coup Ivo jeta devant lui la tte de l'aga qu'il portait dans lesac suspendu sa ceinture~ Le vieillard reconnat son fils, l'em-brasse avec enthousiasme et lui demande pourquoi il a pris ce dan-gereux dguisement.

    Le fils lui rpond:

    Quand j'entrerai au conseil comment aurait-on pu connatre que j'ai livrce combat? Les seigneurs ne m'auraient pas cru si je n'avais pas rapport unepreuve visible.

    Un autre pome nous raconte le mariage non moins romanesqued'Ivo do Senj avec une musulmane.

  • LES USKOKS. 19

    ivo boit du vin avec trente de ses compagnons. Ils lui deman-dent pourquoi il ne se marie pas. Si c'est faute d'argent ils luioffrent leur bourse; si c'est faute de tiance ils lui oftrent, les unsleur sur, les autres leur fille.

    Ce n'est point faute d'argent rpond Ivo; j'ai de quoi btirdix monastres. Si je ne me marie pas, c'est que je suis amoureuxd'une Turque, de la ville d'Udbina lajka la sur de FrtsaIbrahim. A celui qui me la ferait avoir je donnerais les prsents les

    plus magnifiques. )) Komnen le porte-drapeau prend au mot l'amou-reux Ivo et les trente compagnons l'engagent entreprendre avec luiune expdition pour enlever la belle Hajka. Mais en route les com-

    pagnons se dcouragent la pense des preuves qu'ils auront subir; ils abandonnent peu peu Komnen qui pntre seul dansUdbina. Il se cache dans la cave d'une auberge; la femme de l'auber-

    giste lui enseigne par quelle ruse et sous quel' dguisement il pourrapntrer prs de la belle musulmane. Il y russit et enlve la jeunefille sur son cheval, tue successivement tous les Turcs qui se sontlancs a sa poursuite, s'enfonce dans une fort, mais la soif l'oblige s'arrter. Il dcouvre une source. Pour se dsaltrer il dpose sonfardeau, attache son cheval un arbre, Hajka a un autre, repoussedes Musulmans qui viennent l'attaquer, dlivre trente chrtiennes

    captives qu'il ramen avec lui et revient dans la nuit au chteau de

    Senj. Le chteau est illumin. Mais ce n'est pas pour une fte. Ivoa runi ses compagnons pour clbrer un service funbre lammoire de Komnen qu'il croit dj perdu. Le hros arrive avecla musulmane qu'il a enleve et les captives qu'il a dlivres. Le

    pome se termine par un embrassement gnral. Il semble vraiment

    qu'on retrouve dans ces rcits tout pntrs de fantaisie orientalecomme un cho des Mille et une Nuits.

    Louis LEGER.'*t

    Cette ville, nagure occupe par les Turcs, appartient aujourd'hui laCroatie.

  • 20 P. MONCEAUX..

    TIMGAD CHRTIEN

    d'aprs les ~e7'nt'7'eafouilles.

    A. BALLu.Les ruines de Timgad. Sept annes de dcouvertes.i vol. in-8. Paris, Neurdeiu, 1911.

    PREMIER ARTICLE.

    Les fouilles de Timgad, en ces dernires annes, ont tir del'ombre un second Thamugadi, qui s'tait largement panouiautour de la cit de Trajan, et que l'on oubliait un peu le Thamu-gadi chrtien. Tant qu'on dblayait la partie centrale du champdes ruines, l'enceinte primitive, on n'y rencontrait gure, naturel-lement, que les constructions de la premire priode, celles dun" sicle ou du in" la colonie de Trajan, ramasse sur elle-mmeorhme dans un camp, serre dans l'espace troit de son rduitrectangulaire, avec ses portes symtriques et ses arcs, avec sonJ~cHWanM~~ Carc~o se coupant angles droits, avec le rseaude ses rues dalles, tires au cordeau, avec ses fontaines, avec sestrottoirs parfois bords de portiques, avec ses maisons occupant lalargeur de l'lot et flanques souvent de boutiques, avec son Forum

    peupl de statues et entour d'difices, sa Curie, ses temples et sabasilique judiciaire, avec son Capitole, son thtre, ses marchs,ses bains publics ou privs, sa bibliothque municipale. Aujour-d'hui, le dblaiement de l'enceinte de Trajan est presque achev;et dj, depuis des annes, les chantiers de fouilles s'tendent auloin, hors des portes, sous l'habile direction de M. A. Ballu, archi-tecte en chef des Monuments historiques de l'Algrie'

    0 Sur les dcouvertes de Timgad,voir surtout Bswiltwald, Cagnatet Ballu, Timgad, une cit a/t'caMesoMN~jE'/?~t/'e/'oy?!atM, Paris, t8c)t-tgo5;Gsell, AfonM/MeKfsa~/MMes de ~~e/'te,Paris, 190!; Atlas a/'c~eo~g't~Me der~4~ey':e, feuiUe a~ (Batna), n. 255,pp. 21,-3o de la Notice; Ballu et Gagnt,

    Muse de Timgad, Paris, !()oa; Ballu,Les y'MMesde Timgad, I, Paris, i8c~;II, Nouvelles ~ecoM~e/'

  • TIMGAD CHRTIEN. 21

    Sur ces terrains neufs, M. Ballu et ses collaborateurs n'ont paseu la main moins heureuse. Ils y ont dcouvert successivementune srie d'difices et de quartiers, qui voquent pour nous, sousdes aspects nouveaux et varis, la vie de l'ancien Timgad. D'abord,autour des remparts, une ceinture de thermes, grands ou petits,souvent luxueux, qui feraient l'admiration de nos hyginistes.Puis de vastes faubourgs, toute une ville neuve, qui sans doute a

    pouss toute seule suivant les besoins, une ville trace au hasard,sans apparence de rgularit ni de symtrie, et, par l, complte-ment diffrente de la colonie primitive. Dans ces faubourgs,diverses constructions utilitaires qui nous initient . la vie cono-

    mique de la cit un quartier industriel, une fabrique de cramique,des ateliers, l'usine d'un fondeur de mtaux avec son outillage, des

    magasins, des entrepts.C'est surtout dans ces quartiers neufs que s'est rvl le Timgad

    chrtien. Sans doute, dans l'enceinte mme de Trajan, on avaitrencontr dj des constructions de basse poque qui se rappor-taient au culte chrtien; on avait constat que des chapelles et des

    baptistres avaient t amnags sur l'emplacement de maisons enruines, mme de rues. Mais c'taient l des constructions mdiocres,de date incertaine, sans signification, sans caractre bien dfini.Au contraire, dans les quartiers neufs, les fouilles ont ramen lalumire un ensemble imposant d'dinces religieux plus anciens,construits et amnages spcialement pour le culte chrtien des

    chapelles, de grandes basiliques avec leurs dpendances, des baptis-tres, mme un vaste couvent. On a dcouvert des restes impor-tants de la dcoration de ces difices, surtout des mosaques. On atrouv aussi des ncropoles, des pitaphes ou autres inscriptionschrtiennes, et beaucoup d'objets divers qui portent galement la

    marque du christianisme, fragments d'architecture ou de sculpture,chapiteaux, tuiles de couverture, bnitiers, vases, lampes, bijoux,objets en pierre, en terre cuite ou en bronze. Bref, il est dsormais

    impossible de visiter les ruines de Timgad sans songer au Thamu-

    gadi chrtien, et sans chercher voquer son histoire.Nous nous proposons ici de passer brivement en revue les prin-

    cipales dcouvertes de monuments chrtiens, pour dgager ensuite,de ces dcouvertes, les conclusions historiques.

  • 22 P. MONCEAUX.

    1

    Il y a trente, ans, lorsque Timgad dormait encore sous son lin-ceul de dcombres prs de son arc demi enfoui, une ruine majes-tueuse, au Sud, dominait la plaine la citadelle, byzantine, quidressait au sommet d'une colline son imposant rempart flanqu detours. a et l, autour du fort, dans la plaine, au bord d'un ravin,

    mergeaient de vagues soubassements, quelques-uns arrondis enforme d'abside, o l'on reconnaissait presque uniformment des

    chapelles. C'tait tout; et longtemps encore, jusqu' la fin de la

    premire priode des fouilles, quand dj le Forum de Tnngadtait devenu l'une des principales curiosits de l'Afrique, ce fut

    tout ce que l'on connaissait des monuments chrtiens de Tha-

    mugadi.~IJn~jpur, cependant y a quelque vingt ans, on trouvaau ~prd-Ouest des ruines les restes d'une basilique assez vaste,

    qU'pn Baptisa cathedra.le. En ces dernires annes, mesure quefouilles s'tendaient aux faubourgs, les dcouvertes se sont

    multiplies, de plus en plus importantes. Elles ont t si nom-breuses, que la difficult est aujourd'hui de s'y orienter.

    notre visite aux monuments du Timgad chrtien, noussuivrons un ordre topographique qui correspond peu prs aux

    tapes des dcouvertes. Nous partirons du fort byzantin, qui n'a

    jamais t enseveli, pour aller droit au cur de la ville ressuscite,aux sanctuaires chrtiens qu'on a rencontrs, non sans surprise, aumilieu des ruines de la colonie de Trajan. Puis, franchissant les

    portes de la cit primitive, pour gagner les quartiers neufs, nousirons de faubourg en faubourg, de chapelle en chapelle, de labasilique du Nord-Est celle du Nord-Ouest, puis la basiliqueet au monastre du Sud-Ouest.

    La c~aeMe byzantine. La forteresse byzantine de Timgad estl'une des plus belles et des mieux conserves que l'on visite enAfrique, o l'on en voit tant. Elle se dresse sur une colline, versl'extrmit du faubourg Sud, avec sa vaste enceinte rectangulaire,

  • TMGAD CHRETIEN. 23

    ses hautes murailles, ses portes, ses tours quadrangulaires. Commeelle est connue depuis longtemps, nous n'en parlerions pas, si l'on

    n'y avait rcemment entrepris des fouilles.Dans l'intrieur de l'enceinte, on avait cru jadis reconnatre les

    soubassements d'une basilique. Ce n'tait qu'une illusion, commel'ont prouv les fouilles de i()io. En trois points diffrents del'enceinte, M. Ballu a fait ouvrir de profondes tranches, qui duNord au Sud, d'une muraille l'autre, coupaient la largeur de laforteresse. Ces sondages n'ont donn aucun rsultat. Il est probableque pendant tout le Moyen Age, et jusque dans les temps modernes,les Berbres de la rgion ont utilis le fort byzantin, d'abord commerduit, puis comme carrire ils n'ont pargn que les mursd'enceinte.

    Cependant, l'on y a fait, ces derniers mois, une importantedcouverte pigraphique. Prs de la poterne Sud de la citadelle, ona trouv un gros bloc de pierre qui porte une ddicace byzantine~.

    Cette ddicace, admirablement conserve, est date de la trei-zime anne du rgne de Justinien, ce qui correspond a l'an 53gde notre re. Elle nous apprend qu'en cette anne la cit de Th-

    mugadi fut dine depuis les fondations , .c'est--dire rdifie,

    par les soins de Solomon, matre de l milice et prfet d'Afrique.C'est pourquoi la dcouverte de cette inscription est un vnementmmorable dans l'histoire de Timgad, surtout du Timgad chrtien.

    J~ce.s chrtiens -situs dans l'enceinte de Trajan. Cette dcou-

    verte en claire d'autres, en expliquant un fait que l'on avaitconstat antrieurement, et qui jusqu'ici, dans l'hypothse d'unedestruction dfinitive de Thamugadi au temps des Vandales, restait peu prs inexplicable l'existence de sanctuaires chrtiens dansl'enceinte de Trajan, sanctuaires btis comme au hasard, au mprisdes traditions, dans le damier de la colonie primitive, non seule-ment sur des ruines de maisons, mais en travers de rues, Evi-

    demment, ces constructions pieuses, en contravention flagranteavec les rglements romains de la voirie municipale, toutes ce~

    0 Ballu et Diehl, jP/'oee~e/M: des sances de la Co~KMsMHde ~/rt

  • 24 P. MONCEAUX.

    constructions leves la hte, dans la fivre d'une rsurrection,sont postrieures au sac de Thamugadi par les Berbres, et datentde la restauration byzantine':

    Tel est, assurment, le caractre d'un groupe assez importantde constructions que l'on visite non loin du Forum, dans le quar-tier Nord-Ouest de la vieille enceinte. On voit l une glise, unbaptistre, un atrium, une grande galerie et diverses dpendancesle tout, d'une architecture mdiocre, fait de pices et de morceaux,avec des matriaux d'emprunt, des colonnes enleves des dificesromains, des murs bigarrs, tantt en pierres de taille, tantt enblocage avec chanes. On reconnat l les procds ordinaires del'architecture byzantine, au moins en Afrique. Et l'architecte op-rait librement, sans aucune gne, dans un quartier en ruines; caril a dvelopp ses constructions sur l'emplacement de deux mai-sons romaines et d'une rue. A l'Ouest, sur un des flots de la citantrieure, la galerie du vestibule, l'atrium et le baptistre; l'Est, la basilique, sur le trac de l'ancienne rue dite de la Curie ,et sur l'lot o s'levait jadis la maison de Januarius.Les autres difices du culte chrtien, qui ont t trouvs dansl'enceinte de Trajan, paraissent tre encore de plus basse poque.C'est, d'abord, une chapelle situe l'Est du Forum, contre lemur mridional d'un march, sur l'emplacement d'une rue parallleau Decumahus. Ailleurs, dans le quartier septentrional de la ville,tout prs de la porte de Cirta et des petits thermes Nord, une gliseet un baptistre furent installs au milieu des ruines de bains privs,qui dpendaient d'une maison en bordure sur le Cardo. C'taientl des installations de circonstance, qui ne peuvent tre antrieures la restauration byzantine.

    Chapelles des yaH&our~. Pour remonter plus haut dansl'histoire monumentale du Timgad chrtien, il faut' sortir del'enceinte de Trajan, et, par l'une ou l'autre des portes, gagner lesfaubourgs o, de bonne heure, s'est dploye librement la villeneuve. C'est l qu'on rencontre les plus importants, les plus ancienset les plus vastes des difices chrtiens qui ont t rcemmentdblays. Mais, avant d'tudier les grandes basiliques et leursdpendances, nous donnerons un coup d'il aux chapelles des

  • TIMGAD CHRTIEN. 25

    SAVANTS. 4

    faubourgs, o l'on reconnat encore bien des constructions et desremaniements de basse poque.

    Au faubourg Nord-Est, non loin de la porte de Cirta, tout prsdu rempart de Trajan, dans un ensemble assez confus de btiments,on voit deux salles abside qui ont pu tre des chapelles. D'autreschapelles abside ont t dcouvertes dans le faubourg occidental.prs de la porte de Lambse. L'un de ces sanctuaires, situ entreles thermes de l'Ouest et le prolongement du Decumanus, s'levaitau milieu d'un cimetire chrtien. C'tait sans doute une de ceschapelles funraires (c

  • 26 P. MONCEAUX.

    spirale, ont t pris des difices antrieurs. A la place de l'absides'tend une salle rectangulaire, qui occupe toute la largeur del'difice, avec une grande porte au centre devant la nef principale,comme cela se voit dans bien des glises d'Orient. Dans l'angleNord de cette salle, on a recueilli une petite caisse en cramique,qui renfermait beaucoup d'ossements sans doute, un reliquaire,cach l lors d'une invasion.

    Le mur latral de droite est perc d'une porte. Il y avait proba-blement une autre porte sur le bas-ct de gauche, et une entre

    principale au milieu de la faade, qui est presque entirementdtruite. Diverses constructions entouraient le sanctuaire. A droite,on voit un portique de quatre colonnes et des restes de murs. Ons'tait demand s'il n'y avait pas l un clotre, et si la chapelle ne

    dpendait pas d'un monastre. Les fouilles entreprises l parM. Ballu en 1007 n'ont pas donn de rsultat dcisif. Le portique quatre colonnes pouvait tre simplement un porche amnagdevant l'entre latrale. A gauche de l'glise, on a reconnu l'exis-tence d'une salle, sans doute une sacristie.Ge qu'il y a de plus intressant dans cette chapelle, c'est

    l'inscription qu'on y a trouve~. Le cadre de la porte de droite at form avec les morceaux d'une frise romaine en marbre blanc,assez richement sculpte. L'un de ces fragments servait de linteau.Lors de la construction du sanctuaire, on y a grav sur deux lignesune ddicace. L'inscription nous apprend que la chapelle (domusDei) fut construite par Joannes, dux de Tigisi, sous le rgne d'un

    empereur Constantin, aux temps du patrice Gregorius. Ce Grego-rius gouvernait l'Afrique au milieu du vu' sicle; en 6~7, il com-mandait l'arme byzantine Sufetula, o il essayait d'arrter lapremire invasion arabe. Quant l'empereur Constantin, nommdans la ddicace, c'est Constantin III, empereur phmre en 6~1,ou plutt Constant II, qui s'appelait galement Constantin, et quirgna de 6/t 668. D'aprs les indications chronologiques qu'ellecontient, la ddicace a t grave vers 645.

    La chapelle du patrice Grgoire est probablement la dernirequ'on ait construite Thamugadi. Elle est de construction trs

  • TIMGAD CHRTIEN. 27

    -E -1 d' 1'. C d.mdiocre, avec des matriaux d'emprunt. Cependant, on y sur-JL v

    prend encore des traces de remaniements postrieurs deux

    reprises, le sol y a t surlev, avec des lits de bton, sans doute

    par des Berbres chrtiens, au temps des luttes contre les Arabesou au dbut de leur domination. Voil qui parat attester une assez

    longue survivance de la chrtient de Thamugadi.

    Basilique du faubourg 7Vorc!-'s

  • 28 P. MONCEAUX..11 '1-trois ans, on y poursuit de nouvelles fouilles, qui ont mis au jourles dpendances de l'glise, et qui ont modifi beaucoup la physio-nomie de l'ensemble.

    La basilique en question est enferme dans une vaste enceinte,qui est relie, vers le Sud, par une rue longue d'une centaine demitres, la voie de Lambse, prolongement occidental du Decu-manus. Cette enceinte, oriente de l'Ouest l'Est, est peu prsrectangulaire: Elle mesure environ cent mtres de long. Elle paratavoir une cinquantaine de mtres de largeur; mais le dblaiementn'est pas entirement termin sur le ct mridional.

    A l'Ouest, o tait l'entre principale, un portique occupaittoute la largeur de l'enceinte. Derrire cette galerie s'alignaientune srie de petites pices carres ou rectangulaires, qui avaient lamme profondeur, et dont l destination est inconnue. Au milieudu portique s'ouvrait un long vestibule, qui conduisait l'gliseet au baptistre.

    Cette glise tait assurment l'une des plus importantes deThamugadi: Elle avait environ ~d mtres de long, sur i8 mtres delarge. L'intrieur tait divis en trois nefs par deux doublesportiques. Au fond du vaisseau central, le presbyterium, terminpar une abside, pav en mosaque, et surlev d'un mtre; on y'montait par deux petits escaliers, disposs aux deux bouts. A droitedu presbyterium, une sacristie; gauche, une grande chapelle,dalle en mosaque, et termine par une abside. On distingueencore en partie l'amnagement de la nef centrale l'emplacementdu chur, ferm jadis par des grilles fixes des piliers dontplusieurs sont en place, et, au fond du chur, un rectangle paven mosaque, bord de pierres de taille o sont creuses les quatremortaises destines maintenir les montants d'un autel de bois.

    Le baptistre communiquait, par deux portes et deux escaliers,d'une part avec le vestibule, d'autre part avec la basilique. C'taitune salle rectangulaire, d'environ g mtres sur 7 mtres. Au centre,quatre colonnes, espaces de 3 mtres, dessinaient un atrium, quiencadrait une cuve ronde (diamtre i m. ao~), deux degrs. Lesol tait partout tapiss de mosaque. Le motif central est malheu-reusement dtruit. Mais il reste des fragments de la bordure, gros cubes, o l'on voit des feuillages sortant d'un vase.

  • TIMGAD CHRTIEN. 29

    Autour de la basilique et du baptistre, dans toute l'tendue del'enceinte qui les enfermait, on rencontre des salles de toutedimension, des galeries, des cours. A l'Ouest, c'est le large por-tique d'entre, avec la srie des petites pices rectangulaires qui lebordent. Au Nord-Ouest, gauche du vestibule, c'est un labyrinthede chambres, avec une chapelle et des mosaques ornementales:Au Nord-Est, autres salles avec mosaques, et peut-tre, encore,une chapelle. Enfin, au Sud et l'Est, s'tendaient deux grandescours portiques, sortes de clotres.

    Ces cours, ces galeries, ces chapelles, ces salles de toutedimension, disposes autour d'une grande basilique, formaient unensemble imposant. Rien ne prouve, cependant, qu'il y ait eu lun monastre; et l'on n'y aperoit pas de cellules. Cette vasteenceinte du faubourg Nord-Ouest nous prsente simplement un

    spcimen assez complet d'une grande basilique avec ses dpen-dances varies. Les parties les plus anciennes, et peut-tre le pland'ensemble, peuvent remonter au tV sicle; mais, presque partout,l'on rencontre des traces de constructions plus rcentes, de rema-niements, de sols ou de dallages superposs. Il y a l des archi-tectures d'poques assez diffrentes.

    Basilique et monastre du faubourg Sud-Ouest. C'est ce que'l'on constate encore, mais plus nettement, avec une entirevidence, dans la grande enceinte du faubourg Sud-Ouest, quipourrait rsumer elle seule toute l'histoire monumentale du

    Timgad chrtien. Ici, les constructions d'ges divers sont si bien

    juxtaposes, que l'on doit, pour s'y reconnatre, les classer et lestudier dans l'ordre de leur dveloppement chronologique.D'ailleurs, cet ordre chronologique correspond assez bien unordre topographique.

    L'enceinte chrtienne du faubourg Sud-Ouest, rcemment dcou-verte, et dblaye de 1006 i()0(), occupe une superficie de

    18,700 mtres carrs, suprieure, et de beaucoup, celle duForum ou du Capitole, ou de la citadelle, ou des plus grandsthermes. Il n'y a pas d'ensemble aussi considrable Timgad, 'ni

    pour l'tendue, ni pour le nombre et la varit des difices, ni

    pour la complexit du plan et du contenu. Cette vaste enceinte

  • 30 P. MONCEAUX.

    renferme, non seulement une basilique de premier ordre avec ses

    dpendances ordinaires, mais une autre enceinte intrieure, et unmonastre annex plus tard l'glise.

    i5o mtres environ au Sud-Ouest du Capitole, au del duravin, on rencontre le mur d'un immense quadrilatre irrgulier.C'est presque un rectangle allong, qui mesurerait 170 mtressur 110 mtres. Les deux petits cts sont tourns vers le Nord-Ouest et le Sud-Est; les deux grands cts, vers le Sud-Ouest etle Nord-Est. Dans cette enceinte se dessine un autre quadrilatre,dont la forme est analogue. Le mur de celui-ci laisse, entre lesdeux enceintes, un espace assez large au Nord-Est et au Sud-Est,une bande relativement troite au Sud-Ouest et au Nord-Ouest. Aucentre et dans la partie occidentale du quadrilatre intrieur, sedveloppe une grande basilique avec ses dpendances. Ces diversesconstructions appartiennent des poques trs diH'rentes d'autantplus rcentes, qu/on s'loigne du centre vers la priphrie. C'estdonc du centre qu'il faut partir pour s'orienter dans ce ddale,pour voir natre, grandir et se complter l'ensemble.

    Le noyau primitif se composait de la basilique et de ses dpen-dances immdiates atrium, baptistre, chapelle.

    La basilique, si l'on fait abstraction de quelques remaniements,date du v" sicle. Elle prsente les dispositions ordinaires, les traitscaTctristiques, des sanctuaires construits dans cet ge d'or del'architecture chrtienne en Afrique un vaste rectangle, long de63 mtres, large de a3 mtres, orient du Nord-Ouest au Sud-Est;trois nefs, longues de 56 mtres; dans la faade de la grande nef,trois portes donnant sur le portique de l'atrium, et, au bout, uneabside demi-circulaire. Le vaisseau central tait spar des bas-cts par deux ranges de seize piliers supportant une doublecolonne. Ces portiques taient d'un beau style, en juger parl'lgance de leurs chapiteaux corinthiens.

    Devant la faade de l'glise, suivant l'usage, s'tendait l'atrium,une cour carre et dalle, avec ses quatre portiques, son bassin etsa fontaine. Prs de l'angle occidental de l'atrium tait le baptis-tre, une salle rectangulaire, qui contenait une grande cuvehexagonale, trois degrs, et qui a conserv presque partout sonOFHMnentation primitive. Cette dcoration en mosaque, qui tapisse

  • TIMGAD CHRTEN. 31

    la cuve et tout le sol du baptistre, est d'un effet charmant; d'aprsle style des mosaques, et d'aprs la forme des chrismesqui y figurent, elle date de la fin du v sicle ou desdbuts du v\ A ct du baptistre proprement dit, on voitune salle annexe, avec une piscine et deux cuves hexagonales. Au

    groupe primitif des dpendances de l'glise, il faut sans douterattacher encore une grande chapelle latrale, dont on retrouve lestraces sous une chapelle byzantine.

    Tel est, semble-t-il, dans la vaste enceinte du Sud-Ouest, le

    plus ancien groupe d'dices. Il constitue un ensemble harmonieux,de dispositions classiques. D'aprs les chrismes et les mosaquesdu baptistre, comme d'aprs le style de la basilique et de seschapiteaux, il doit dater de la fin du tv sicle.

    Plus tard, probablement dans le cours du v sicle, la basiliqueet ses dpendances furent enveloppes dans une premire enceinte,qui avait peut-tre pour objet de les dfendre contre les incursionsdes indignes de l'Aurs ou des Vandales. Ce quadrilatre intrieurest long, en moyenne, de 35 mtres, large de 65 mtres. Outrela basilique et ses anciennes dpendances (chapelle latrale, atrium, ilbaptistre et annexes), qui occupaient peu prs la moiti de sa

    superficie, le quadrilatre renfermait un grand nombre de salles, decours, de galeries.

    Enfin, une poque ultrieure, sous la domination byzantine,on imagina d'annexer la basilique un monastre. L'enceinte

    prcdente fut elle-mme englobe dans une nouvelle enceinte,beaucoup plus vaste un immense quadrilatre, qui, en moyenne,tait long de 170 mtres, large de 110 mtres. Cet agrandissement teut pour rsultat de doubler, avec la superficie de l'enceinte, lenombre des btiments, des salles de tout genre, des galeries et descours.

    Ce qu'il y a de plus net et de plus frappant dans cet ensembled'additions byzantines, et ce qu'il en faut surtout retenir, c'est la

    triple srie des cellules qui, sur trois cts, bordent intrieurementle rempart. On en compte encore prs d'une centaine. Elles ont

    gnralement trois mtres de profondeur, avec une largeur variable..Dans ces petites pices, disposes symtriquement le long desmurs, il n'est gure possible de voir autre chose que des cellules

  • 32 P. MONCEAUX.

    de moines. C'est ce que confirme, d'ailleurs, la comparaison avecd'autres monastres, comme celui de Tebessa.

    En cette vaste enceinte de Timgad, comme Tebessa, on suitdonc une curieuse volution monumentale, qui correspond des

    changements dcisifs dans les circonstances historiques commedans les murs et les ides chrtiennes. D'abord, une gliseconstruite vers la fin du iv sicle une grande basilique, avec ses

    dpendances ordinaires, atrium, chapelle latrale, baptistre etannexes. Puis une enceinte continue, amnage autour de cette

    glise dans le courant du v sicle un quadrilatre qui enveloppaces constructions primitives avec d'autres, et qui mit le tout l'abri d'un coup de main. Enfin une nouvelle enceinte, deux foisplus vaste, btie probablement au vt" sicle, sous la domination

    byzantine un quadrilatre immense, qui engloba le prcdentavec la basilique, et o put se dvelopper, tout autour, le rseaudes galeries, des cours, des salles varies d'un grand monastre,avec une ceinture de cellules.

    Ncropoles chrtiennes. Tout ce que l'on connat jusqu'ici dela vie funraire du Timgad chrtien, c'est quelques cimetiresd'occasion, presque tous de trs basse poque et trs pauvres; etl'un d'eux seulement a livr des pitaphes.

    La plus vaste, des ncropoles connues Timgad est celle quel'on 'a rcemment dcouverte au faubourg Sud-Ouest, dans lesruines du monastre. D'abord, le sol btonn de la grandebasilique a t tabli sur une couche de, tombes chrtiennes, quisont situes un mtre en dessous. Hors de la basilique, et unpeu partout, dans les parties les plus diffrentes de l'enceinte, ona rencontr des spultures, qui sont naturellement trs tardives,postrieures la destruction du monastre. Elles sont constituespar des ranges de tuiles de couverture, disposes en dos. d'ne.D'ailleurs, elles ne contenaient que des ossements. Les spulturestaient particulirement nombreuses dans les ruines d'un long bti-ment bassin rectangulaire, que l'on voit au Nord-Ouest dumonastre. L se mlent trois sortes de tombes. Ce sont tantt dessarcophages grossirement faonns avec deux moitis d'auge engrs, et surmonts d'un couvercle de pierre; tantt, des fosses, larges

  • T!MGAD CHRTIEN. 33

    - ~~1~ t~' ~

    1 USAVANTS. 5

    d'un mtre environ, tapisses de tuiles plates ou de briquesd'hypocauste; tantt, des tombes en dos d'ne, faites avec deuxgrandes tuiles ou deux dalles de terre cuite qui sont simplementappuyes l'une contre l'autre. Quelle' que soit la forme, l'intrieurdu tombeau est gnralement rempli de chaux. Souvent, dans cettechaux qui entoure les dbris du squelette, le corps tout entier alaiss son empreinte. Mais c'est tout ce que nous ont laiss d'eux-mmes, dans cette ncropole, les derniers chrtiens de Thamugadi.

    Tel est aussi, peu prs, l'aspect des tombes dans la plupart desautres ncropoles qu'on a signales jusqu'ici Timgad soit autourde la basilique du faubourg Nord-Ouest, soit au sommet de la col-line qui domine au Sud le Capitole, soit mme dans l'enceinte de

    Trajan.Un petit cimetire chrtien, beaucoup plus intressant que tous

    les prcdents, tait situ l'Ouest de la ville neuve, prs de la

    porte de Lambse, entre les thermes de l'Ouest et le Decumanus.Des ncropoles jusqu'ici connues Timgad, c'est la seule qui n'ap-partienne pas entirement aux derniers temps du christianisme.C'est aussi la seule o l'on ait rencontr des pitaphes. On y aouvert une cinquantaine de tombeaux, prs des ruines d'un petitbtiment abside qui devait tre une chapelle funraire.

    Cette ncropole de l'Ouest renfermait des tombes de trois priodestrs diffrentes. D'abord, des spultures de basse poque, analogues celles que nous avons prcdemment dcrites des spulturesformes avec des dbris d'dinces romains, tuiles de couverture,dalles de pierre, briques d'hypocauste enleves aux thermes voisins.Puis, au-dessus d'autres fosses, une srie de mosaques tombales,qui ne peuvent tre postrieures au vi" sicle. Enfin, sous l'une deces mosaques, celle de Getula, un beau sarcophage avec inscrip-tion, qui porte l'pitaphe d'une Flavia Albula, et qui, d'aprs laforme du chrisme, date certainement de la fin du v sicle.

    Objets divers. Les fouilles de ces dernires annes ont ramenau jour, outre les fragments d'architecture ou de dcoration, divers

    objets qui portent la marque du christianisme, et dont plusieursoffrent de l'intrt des mosaques ornementales avec chrismes; uneassez riche srie de lampes symboles ou sujets chrtiens; d'autres

  • 34 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.

    terres cuites, patres, plats, tuiles, dcores de chrismes ou decroix; des ustensiles ou des bijoux de bronze, dcoration ana-

    logue des intailles, qui paraissent prsenter des symboles chr-tiens. Deux objets, surtout, mriteraient une description dtailleun beau candlabre de bronze, richement cisel, avec une anse volutes que domine une croix grecque; un grand bnitier de pierre, dcoration sculpte, qui porte ds inscriptions avec des mono-

    grammes constantiniens, et qui a d servir pour l'usage liturgique,au iv*~sicle, dans l'une des glises de Thamugadi.

    (La un ~0f/t

  • NOUVELLES ET CORRESPONDANCE. ?

    qu' l'Ouest et au Sud elle dominait la petite valle de l'Oued Khoman ouOued Faraoun, tribtttaire de l'Oued Redom. Au Nord un autre ravin moins

    profond servait aussi de dfense, mais l'Est le site tait faible. Primitive-ment la ville s'est renferme sur le plateau, emplacement du Forum, o sevoient de nos jours les deux seuls montiments qui subsistent, et sur leflanc occidental; mais dans la suite, il semble que deux, puis trois muraillesde moellons aient enserr le petit ravin du Sud-Est c'est au del deces murailles dans la partie orientale que j'ai relev des traces de faubourg,tandis que Tissot avait galement signal l'existence d'un autre faubourgdans la partie basse de la valle de l'Oued Khoman au del de la rivire.

    (Voy. la carte p. 37.)Volubilis commandait les abords de la Valle de l'Oued Redom, tandis que

    l'horizon occidental est ferm au loin par une chane de hauteurs quis'tendent du Djebel Kafes au Sud jusqu'au Djebel Outita dans le Nord;plus prs au Sud se Voient les hauteurs o tait situe l'ancienne ville deTbColdsida bu Tacalosida.

    Leftancde la ville qui n'avait pas de dfenses naturelles parait avoir tmuni d'un ouvrage en dehors des remparts, et une minence, sorte detUmUlUs, l'extrmit du Forum, qui n'est plus de nos jours qu'un amasde dcombres boulevers par les chercheurs de trsors, a peut-tre servide base une tout de garde.

    ?~. Le monument le plus important qui soit demeur jusqu'nous, le seul dont les ruines se voient encore au loin est un temple queTissot assimilait une basilique une inscription ddie l'EmpereurHadrien, que j'ai mise au jour, permet de supposer que c'tait uti sanc-tuaire de la

  • 36 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.

    Ce temple tait un peu plus lev que le Forum, on y accdait par quatrelarges marches sur le terre-plein devant la faade j'ai retrouv le dallageenlev en partie, et on voit la fondation de chaux et de mortier; aux basses

    poques les ouvertures de certaines parties, notamment les deux entres du,

    parvis, furent mure par un appareil de moellons..4rc de Ty-to/M~e. A 93 mtres, au Nord se trouvent les ruines de

    l'arc dont le mme Windus nous a laiss un dessin intressant, ce monu-ment tant encore trs bien conserv lors de son passage. On y distingue deuxniches au niveau du sol et deux autres plus allonges la partie mdiane del'dince. L'arc n'avait perdu qu'une partie de son entablement, mais notre

    poque la vote s'est croule; les pieds droits et une faible portion d'unvoussoir seuls subsistaient il y a vingt ans.

    Je n'ai pu retrouver traces des monolithes qui formaient les montants desfausses niches, et dont parle Tissot.

    Quant la grande inscription que Windus avait recueillie, et que Tissotle premier tudia en reconstituant le texte, elle avait en grande partie disparuen t8oo. On sait que cet arc avait t lev en l'honneur de Caracalla et deJulia Domna; Tissot en place la construction en l'an 216.

    Un buste de grandeur naturelle inscrit dans un mdaillon a t dessin

    par Windus, il provenait de ce mme monument; j'ai'pu le retrouver le

    long de la pente du terrain qui s'ouvre devant l'arc et o devait passer lavoie d'honneur; une photographie que j'en ai prise montre quel point ce

    fragment a souffert./~o/'Mw. Le Forum s'tendait dans la partie qui spare le.. temple del'arc de triomphe et en face sur le versant occidental dbouchait la, voie

    triomphale. A peu de distance de l'arc, presque angle droit, s'levait undifice de petites dimensions 6 m. 5o de faade sur 4 m. 4o, mais d'archi-tecture soigne, o j'ai relev des dbris de colonnes engages avec de trsdlicates cannelures. Les substructions taient alors visibles, l'examen de

    l'emplacement et des ruines laisse supposer qu'un petit monument officiel, l'extrmit du Forum, dominait l'extrmit de la voie triomphale.

    Toute cette partie de la ville porte des traces d'un violent incendie. Le

    dallage du sol antique du Forum tait o m. 46 de profondeur.J'ai trouv dans le Forum une petite tte de divinit et deux fragments

    de sculpture. L'un reprsente des soldats casqus et l'autre, d'une poquediifrente et surtout d'un art dissemblable avec un trac assez lourd, est unedivinit assise. Enfin un gros bloc portait un fragment de dcoration avecune tte de face et un ornement en torsade. Puis peu de distance un autrebloc laissait voir une sculpture de divinit avec tte d'animal.

  • NOUVELLES ET CORRESPONDANCE. 37

    VOMJBILtS.

  • 38 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.

    Enceinte de la ville. J'ai relev les substructions ou les traces de

    plusieurs enceintes, mais grand'peine, car au milieu du dispersement desmatriaux on ne peut souvent se fier leur direction apparente pour dgagerla physionomie de la ville antique

    I. Dans le haut de la ville le long du plateau o tait le Forum devantle temple, o m. 83 de profondeur, substructions d'une muraille romaine dela belle poque avec des traces de colonnes elle se continue en un mur debasse poque compos de diffrents lments dans les dbris duquel j'airecueilli de nombreux textes pigraphiques.

    On se trouve en face d'un systme de dfense du haut de la ville,malais par places suivre et identifier au milieu des remaniements suc-cessifs c'est ainsi que j'y ai relev des moellons madrporiques runisavec du ciment, pareil celui qui avait t employ dans l'enceinte du basde la ville. Une tranche que j'ai continue sur toute la face occidentale

    du plateau a fait apparatre des chapiteaux et des bases emprunts des di-hces dont il ne reste plus rien notre poque. C'est dans une ligne de murs

    que j'ai notamment trouv le texte de la flaminique de la Tingitane. DanSangle, au Sud-Ouest de cette mme muraille, on voyait les vestiges trsteconlissN~ des fondations d'une porte avec quelques blocs d'un ageti-cement encore parfait.~1. A mi-cte de la colline sur le versant occidental une enceinte, dontertaines parties datent de l'poque romaine et dont'certaines autres ont tremani une poque postrieure.III. La grande muraille qui enserrait toute la ville. Elle remontait au

    del du plateau de l'acropole et parat avoir franchi le petit ravin qui dfen-dait Volubilis, au Sud-Est; elle a inscrit une certaine poque dansson pri-intre un faubourg qui s'tendait dans cette direction. Les substructionsexistant lors de mon dernier sjour taient en moellons; de rares pierrestaiUs y apparaissaient seules, et seulement la partie occidentale de l~ille. Le trac n'en tait par endroits perceptible que par un simple renfle-ment du terrain en dos d'ne.

    Tissot qui semble avoir vu cette enceinte bien plus apparente que je ne l'aitrouve lui donne 4,58o pas ou 3,6~ mtres. Il y discerna trois portes surles quatre que possdait suivant lui Volubilis. Pour ma part j'ai eu ls plusgrandes difficults la suivre, et il m'a fallu un soin extrme pour tablirle trac approch des diffrentes substructions souvent peu apparentes.

    Dans le haut de la ville, dans le terrain o passe le sentier suivi de nosjours par les indignes de Fartassa; quelques vestiges indiqueraient qu'unouvrage de dfense compltait la garde du site naturellement faible en ce

  • NOUVELLES ET CORRESPONDANCE. 39

    1, _4 _ point. C'est l que passait la canalisation souterraine qui amenait l'eau dessources de Fartassa.

    Au sommet de la montagne qui domine le village berbre de Fartassaexistent des vestiges d'enceinte en moellons.

    tS'~M~M~'es. Quand on aborde Volubilis par la route habituelle) soit envenant de Mekns soit en descendant du Nord et que l'on remonte le petitchemin de la valle de l'Oued Khoman ou Faraoun, les quelques sarcophagesque l'on y rencontrait il y a vingt ans provenaient de la ligne croule desremparts de la basse poque. On trouve du reste des monuments funrairesun peu dans toutes les constructions. Nombre d'entre eux ont t utilissj'en ai dterr qui portaient des traces de gonds de portes, des rigolestailles, etc. En ralit le cimetire paen tait en dehors de la ligne desremparts, au Nord sur l'une des hauteurs qui dominaient le chemin descaravanes de Mekns vers le Djebel Tselfat. Il y a l une colline allonge,qui porte son extrmit un four chaux indigne, et. o, aprs de longuesinvestigations, j'ai pu mettre au jour deux monuments funraires, compossde caveaux avec niches et urnes ossements, situs a 3m. 2o de profon-deur on,y descendait par un escalier. Le pas de la porte et les montantstaient en pierres tailles, la hauteur des marches tait de o m. 27. Le soltait btonn. La longueur totale de !.a chambre tait de a m. 65. L'un deces monuments renfermait six niches de o m. 5o de profondeur et de hauteurplusieurs contenaient encore des urnes de terre cuite avec des ossementscalcins. L'un de ces vases est au Louvre. Le plafond tait constitu par Unevote couverte intrieurement de ciment pouzzolane. L'entre tait fermepar une dalle de pierre exactement applique en avant de la premire marche.

    Aux alentours de ces monuments j'ai dblay plusieurs spultures recou-vertes d'une dalle grossire. Dans l'une le corps tait a i m. 20; dans uneautre gisaient deux squelettes en positions alternes, les pieds de l'un latte de l'autre. Une pierre la place de la tte portant une encoche prot-geait le crne. Le fond de la spulture tait pav; ces tombes intressantesindiquent videmment une survivance punique ou berbre. Non loin dece tombeau, dans un sol dj remanie j'ai mis au jour un beau vase deplomb ornement avec Inscription bris la partie suprieure il formaittui une urne de verre qui contenait des ossements calcins. Ce vase estau Louvre. Enfin une tranche ouverte sur l mme terrain a permis deconstater de nombreux dbris de verre, de fragments funraires. C'est de l

    que proviennent les briques avec figures d'ornementation que j'ai rapportes,et qui sont au Louvre. Dans une tombe grandes dalles o gisaient des dbrisd'ossements avec un vase bris la tte j'ai recueilli une inscription juive,

  • 40 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.

    qui a t tudie par M. Philippe Berger. La plupart de ces spul-tures avaient dj t fouilles par les chercheurs de trsor. Les caveaux

    paraissent avoir t dfoncs par la vote, qui en s'croulant a combl l'en-semble du monument.

    Aucun indice ne m'a permis de reconnatre le cimetire chrtien. Untrs ancien cimetire arabe se voit encore dans le bas ,de la ville.

    Faubourgs. Dans la plaine au Sud et au del de l'oued, Tissot a

    signal des ruines parses de moellons provenant, dit-Il, d'un faubourg ol'on accdait par un pont qui existait encore en 18~2, ainsi qu'en tmoignaitune note manuscrite de l'ancien consul gnral britannique Tanger, et queson fils communiqua notre compatriote.

    D'autre part, j'ai retrouv des ruines galement trs parses dans la partiequi s'tendait entre la ville et les bois d'oliviers de Fartassa. J'y ai recueilliun torse trs mutil de statuette d marbre blanc, o l'on discerne un sujetadoss une fontaine..).jE&M.r. Volubilis tait alimente par une conduite d'eau que j'ai mise

    au jour o m. 45 du sol; elle mesurait o m. 65 de large et o m. 4a de pro-fondeur. Elle avait t construite avec grand soin une paisse couche demoellons supportait la rigol faite de ciment pouzzolane et d'un mortier trsdur de grandes dalles la recouvraient sous l terre. Par l arrivaient dans la

    partie suprieure de la ville les eaux des diffrentes sources qui jaillissent Fartassa et dans les bois d'oliviers avoisinants. Dans ces mmes bois j'aiconstat des substructions diverses, dont quelques-unes semblent romaines.

    Au milieu des vergers de la valle de l'Oued Khoman j'ai trouv lesruines d'aine citerne; il n'en restait plus il y a vingt ans que le fond; cemonument fut utilis aux basses poques comme entrept et peu dedistance dbouchait un gout, dont l'ouverture tait bien conserve en 1800.

    Dans un sondage. effectu prs de cette citerne j'ai recueilli le petit encen-soir de bronze avec croix qui est au muse du Louvre; c'est le seul objet deculte chrtien provenant de la Tingitane.

    ()ccM/M

  • LIVRES NOUVEAUX. 41

    _r_SAVANTS. g

    marque distinctive de ces temps; c'est--dire deux lits de pierres tailles,empruntes aux diffrents difices et spares par un remplissage de mortier,ce qui est la caractristique d'une poque trs basse, mais non arabe. Enfinl'encensoir avec la croix grecque et des monnaies byzantines d'or que jepossde, une trouve au Forum, une autre achete aux indignes, parais-sent des lments non dterminants la vrit, mais qui tmoignent del'importance de la localit aux basses poques.

    Le t8 dcembre tgn est dcd Prague, M. Emmanuel Picz, ancienprofesseur l'Universit, Conservateur du Muse national. Il s'tait parti-culirement occup de l'archologie de la Bohme et des pays slaves. Sonprincipal ouvrage a pour objet la Bohme prhistorique dont certainesparties ont t traduites en franais et en allemand. M. Picz s'est suiciddans un accs de neurasthnie, la suite de polmiques inconvenantes dontil avait t pniblement affect.

    M. GSELL. Atlas archologique derj[/ge/e. Alger, tf)n.

    M. Gsell, professeur la Facultdes lettres d'Alger, vient, sous letitre d'.4

  • 42 LIVRES NOUVEAUX.

    dices subsistants. Jamais nous neparlons de leur historique, qui nous a

    paru devoir tre rserv pour quelqueautre travail de caractre diffrent;cet historique figure d'ailleurs, dj,au Co/'pMs :n&'c/p

  • LIVRES NOUVEAUX. 43

    de Latran de nn5. Il est donc assezdifficile de dterminer ce qui est sp-cial la France, et l'poque de saintLouis ou de ses premiers successeurs.M"" 0. Dobiache-Rojdestvensky avu la difficult, et s'est applique lasurmonter en recherchant quelles sontles prescriptions dont la constante

    rptition et le dveloppement prou-vent qu'elles correspondent bien l'tat de choses existant au XIIIe sicle, en tenant compte de je ne sais quoide personnel dans la forme, de vifdans les exemples, qui nous avertitque le prcepte vieilli se rpte en vued'abus toujours vivants M. Il y a d'ail-leurs quelques variantes selon lesrgions, les clercs normands jouis-sent d'une rputation bien tablied'ivrognerie; ceux des provincesmridionales semblent plus particu-lirement enclins la luxure. Maisl'ide principale des rdacteurs 4estatuts, celle autour de laquelleM" Dobiache-Rojdestvensky a sugrouper pour les classer toutes lesdispositions de dtail, c'est celle dumaintien de l'unit del paroisse, basede toute l'organisation ecclsiastiqueet mme administrative. Il s'agit d'as-surer cette paroisse un chef digne dela mission qui lui est confie, au pointde vue spirituel, et mme temporel,puisque le cur a de multiples attribu-tions en ce qui touche la police desmurs. Le clerg du xn~ sicle tait-il toujours la hauteur de sa tche? Ilest permis d'en douter quand on voitla multiplicit des prescriptions des-tines maintenir chez les clercs lerespect des bonnes murs, mais ilfaudrait videmment se garder de

    tomber sur ce point dans l'exagra-tion. Faible, plong dans le mondeauquel on veut l'opposer, nullementascte, un peu ivrogne, un peu gour-mand, un peu faraud, un peu avide,un peu lche, bonhomme, pre defamille telles sont, d'aprs lesdocuments tudis par l'auteur, lescaractristiques du cur franais duxm" sicle. C'est ce personnage quiest charg d'assurer le bon fonction-nement de l'organisme paroissial, etles rdacteurs des statuts ont pris demultiples prcautions pour le mettre l'abri des empitements soit des la-ques, soit des ecclsiastiques. Il doitveiller avant tout ce que ses ouaillesdemeurent groupes autour de lui,sans aller remplir' leurs devoirs reli-gieux auprs des prtres voisins ouauprs des clercs errants sculiersou rguliers si nombreux au moyenge. Il doit aussi user de son autoritpour la rpression de certains crimesde droit commun (adultre ou avorte-ment, par exemple), et pour maintenirl'intgrit du patrimoine de l'glise,que les laques sont toujours enclins ne point respecter. Pour assurerl'excution de ses prescriptions,l'glise n'a qu'une arme, l'excommu-nication, et elle multiplie les occasionsde s'en servir. M* Dobiache-Roj-destvensky a bien fait ressortir quellescomplications effroyables eussent d~entraner dans la pratique la multi-plicit des sentences d'excommunica-tion et la varit des mesures prisespour en assurer l'excution, si cetteexcution avait t rigoureusementpoursuivie.

    R. P.

  • 44 OUVRAGES RCEMMENT PARUS.

    Aug. Biel, ZMr ~M/'MKg' K~ ~e.A?'tL. Franchet, Ce~'a~~Me ~7't/Kt

  • OUVRAGES RCEMMENT PARUS. 48

    /7!ent,acecMHe~y'e/o;cea!eM. Collignon.lu-8", xi-35: p., 9 pi. hors texte etun atlas in-folio de '~i pi. Paris,H. Champion, tgi

    Conrad von Orelli, Allgemeine Reli-

    gionsgeschichte, Zweite Auflage. 1 Bd.In-8, 420 p. Marcus und E. Weber,Bonn, K):i.

    lob. Paulson, 7n~e~ ZMcy'etMnM~,continens copiam ce/'&orM/?:quam e.bent editiones Zac/t~Kan~t, Bernaysi,MMn/'oHM, ~'te~ert et Giussani. In-8,vt-~Q p. Gotenhurg, Wettergren,'9"-

    Herm. v. Rohden, Architektonischey'OAHMC/feyon/'eHe/s der Kaiserzeit.t. Theil (Die antiken Terrakotten. m

    Auftrag des archaolog. Instituts desDeutschen Reichs, hrsg. v. Rhard.Kekule v. Stradonitz, IV Bd.) In-folio, x-56, 3i8 p., t43 pl. Stuttgart,W. Spemann, t

  • 46 OUVRAGES RCEMMENT PARUS.

    xH-3()6p. Paris, Hachette et G' ign.Herold Kurt, Der MMKc/;e7!e/' Tris-

    tan. Ein Beitrag zur J7~e/'He/e7'Kn~-geschichte und Kritilc des Tristan Go-frieds von Strassburg. In-8, tx-go p.(Quellen und Forschungen zur Sprach-und ulturgeschichte der gerrnani-schenVOlker. Heft ti4). Strasbourg,Karl J. Trbner, 19 n.

    Cunibert Mohlberg, Radulph de

    ~:no, ~ey 7e~

  • ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. 47

    DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

    15 ~eee/M~e. M. Jullian annonce,d'aprs une lettre de M. Mommja,conservateur du Muse d'Agen, quel'on vient de dcouvrir Sos (Lot-et-Garonne) les restes d'un o~:

  • ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

    ACADMtEDES SCIENCESDE VIENNE.CLASSEDE PHILOSOPHIEET D'HISTOIRE.

    Sance dit 28 avril ~909. E.. Schn-bach, Cesat/'e a'~eMtey'&ac/t, 777. Cettetude a pour but de prciser le carac-tre et les pratiques de Csaire, encontrlant ces donnes par une com-paraison avec Jacques de Vitry ettienne de Bourbon. R. 'Geyer,Contributions au Z)~a~ de ~K'~a/;ibn a~< Malgr les efforts dudernier diteur, Ahlwardt, il restaitbeaucoup faire pour amliorer ce

    M. J. Toutain exposeles rsultatsde la sixime campagne de fouilles effec-tue par la Socit des Sciences deSemur sur le Mont-Auxois. Le prin-cipal rsultat de cette campagne at la dcouverte d'un atrium rectan-gulaire se rattachant par son extrmitmridionale au monument crypte

    ACADMIEDES INSCRIPTIONS

    Nrrologie. M. BAILLY, correspon-dant de FAcadmie, est dcd.

    lections. L'Acadmie a lu cor-respondants le i5 dcembre ionM. KENYON, directeur du British~.seK/K, membre de la ~M/; ~tca

  • SAVANTS.

    JOURNAL

    DES SAVANTSFVRIER~2.

    LA SIXIME LETTRE ATTRIBUE A ~?~(~7W~V~.

    Parmi les lettres attribues Dmosthnes, la sixime offre assezd'intrt pour qu'il vaille la peine d'en discuter l'authenticit. Ellefut crite pendant la guerre Lamiaque, dans les jours qui suivirentla rencontre entre Lonnatos et l'arme des allis. Dmosthnes,qui tait encore en exil, fait connatre l'tat des esprits dans lesvilles du Ploponnse, et comment les partisans de la Macdoineexploitent contre Athnes une lettre d'Antipater et mme une lettretrop rserve du gnral athnien, au sujet de ces vnements. Sonpatriotisme, inquit par l'incertitude des nouvelles, a trouv durconfort dans le rcit d'un homme sr, qui avait assist labataille. Il juge utile d'adresser aussi au conseil et au peuple cetmoin oculaire, dont les paroles leur rendront confiance pour leprsent et pour l'avenir.

    Une lettre d'Antiphilos, adresse aux syndres des allis, est arrive; pourceux qui veulent esprer de bons rsultats, elle est rdige en termes satisfai-sants, mais pour ceux qui sont au service d'Antipater, elle leur fournitmatire bien des observations fcheuses. Ces gens, ayant reu le messagequ'Antipater crivit Dinarchos, Corinthe, ont rempli toutes les villes duPloponnse de paroles telles, que les dieux puissent-ils les faire retomber surleur tte. Pour le moment, est arriv, avec le messager charg de ma corres-pondance, un homme que Polmestos vient d'envoyer son frre Epinicos, quivous est dvou et qui est mon ami; mon messager m'ayant amen cethomme, j'ai jug bon, aprs avoir entendu ce qu'il disait, de vous l'envoyer,afin que vous appreniez clairement tout ce qui s'est pass dans le camp, de labouche d'un homme qui a t prsent au combat, et qu'alors vous preniez

  • 50 P. FOUCAUT.50 r. il v.m.

    confiancedans le prsent et que, pour la suite, vous prsumiez d'obtenir, avecla volont des dieux, ce que vous dsirez <

    Nous devons tout d'abord retracer les circonstances historiquesdans lesquelles la lettre fut crite. Il est ncessaire, en effet, de lesconnatre aussi exactement que possible, afin de comprendre lesbrves allusions que l'auteur a faites aux vnements contemporainset surtout afin d'apprcier si son langage s'accorde avec les docu-ments littraires ou pigraphiques que nous possdons..

    Aprs la mort de Losthnes, tu devant Lamia, le commande-ment de l'arme grecque fut confi l'Athnien Antiphilos, gnraldistingu par ses capacits militaires et par son courage~. Il euttout d'abord prendre parti dans une situation embarrassante. Lestentatives inutilement rptes de Losthnes avaient montr qu'onne pouvait emporter de force la ville de Lamia; le temps faisaitdfaut pour rduire Antipater par la famine; car une arme mac-donienne, commande par Lonnatos, approchait pour le dbloquer.Antiphilos prit une rsolution nergique levant le sige de Lamia,il marcha au-devant du nouvel ennemi, dans l'espoir de le battre.Il russit en partie la cavalerie thessalienne crasa les MacdoniensLonnatos fut tu, et les Grecs purent lever un trophe. Mais lavictoire tait loin d'tre dcisive l'infanterie macdonienne, retiresur les hauteurs, n'avait pu tre ni force ni mme entame, et lelendemain de la bataille, Antipater, sorti de Lamia, faisait sa jonc-tion avec les troupes de Lonnatos et prenait le commandement. Sila supriorit. de la cavalerie thessalienne ne lui permettait pas dedescendre dans la plaine, il put, en suivant les hauteurs, gagner la

    ~Tf)U.OCOeV);T.'7j6ou~?j X~ TMS~M7

  • LA SIXIME LETTRE DE DMOSTHNES. Si

    frontire et y attendre en sret l'ouverture de la prochaine cam-pagne. Antiphilos prit ses quartiers d'hiver en Thessalie, affaibli parle dpart de nombreux soldats trop presss de retourner chez eux,mais retenu par la ncessit de ne pas abandonner les villes alliesqui lui avaient fourni le meilleur de sa cavalerie'

    Pour l'issue de la lutte, un point important tait le parti queprendraient les villes du Ploponnse. Elles ne s'taient pas encoredcides, car Sicyone, la premire qui chassa sa garnison mac-donienne, n'entra dans la ligue qu' la fin de l'anne 3a3~. Lesautres cits restaient incertaines les ambassadeurs athniens etmacdoniens cherchaient les entraner de leur ct. Dmosthnes,alors exil, secondait avec zle les efforts de ses compatriotes, etson loquence leur gagna l'alliance de plusieurs villes~ Il paratnaturel que, dans ces circonstances, il ait crit au conseil et aupeuple d'Athnes pour leur faire connatre l'tat des esprits et lesimpressions que produisaient les lettres d'Antipater et d'Antiphilos.

    Trs habilement, Antipater avait pris la forme d'une lettre prive,ce qui permettait plus de hardiesse dans l'apprciation des faits etles prvisions d'avenir. Le correspondant tait bien choisi c'taitle Corinthien Dinarchos, un des tratres que Dmosthnes a fltriscomme vendus la Macdoine' Par les soins de Dinarchos, lalettre fut colporte dans les villes du Ploponnse, et elle fournitaux partisans d'Antipater des raisons spcieuses que, sans doute,Dmosthnes vit souvent opposer ses discours enflamms pour lagloire d'Athnes et la libert de la Grce. On s'imagine sans peinece que disait le gnral macdonien. Sans contester la dfaite de lacavalerie de Lonnatos et la mort de celui-ci, il montrait que c'taitune dfaite partielle et sans consquences graves; le commandantdes allis n'avait pu ni disperser les troupes de pied, ni empcherleur jonction avec les forces d'Antipater; si lui-mme n'avait pasvoulu risquer une nouvelle bataille, c'est qu il avait pour le prin-

    0 Diod. XVIII, i5. Plutarch.Phocio, 25.(~ Co/?KS Msc/ attic. t. IV, a3t

    Ut missum ab Atheniensibus

    Hypcridem legatum cognvit,qui Pelo-

    ponnesum in societatem armorum sol-

    licitaret, secutus eum Sicyona, Argoset Corinthum cetcrasque civitateseloquentia sua Atheniensibus junxit.Justin. t3, 4. Cf. Plutarch.-De/Ho~/i.2~; vit. X. Orat. De/Nos~ 38.

    W Demosth. ~y'o Cor., a()5.

  • M p. FOUCART.temps des chances assures de succs les renforts amens par Cra-tros, la supriorit de la flotte macdonienne. C'tait, pour ses par-tisans du Ploponnse des arguments faire valoir, afin de dtournerleurs concitoyens de se dclarer contre la Macdoine ils n'hsitaientpas prdire la victoire finale d'Antipater et l'crasement d'Athnes.

    Malheureusement, et Dmosthnes en exprime le regret, la lettred'Antiphilos, si elle tait suffisante pour ceux qui voulaient esprerle succs, laissait place aux discours malveillants. Cette lettre taitadresse aux syndres des allis, titre dont il importe de rendrecompte. Les auteurs anciens qui nous sont parvenus n'ont pas parlde ce conseil compos de reprsentants des villes qui faisaient partiede l ligue et qui tait en communications directes avec le gnral enchef. Mais une inscription supple leur silence. C'est un dcretdu peuple athnien en l'honneur d'un certain Timosthns deCarystos; entre autres services, on rappelle que, pendant la guerreLamiaque, sa ville l'avait envoy comme syndre au camp des allis,o il n'avait pas cess de faire et de dire ce qui tait le plus utilepour Athnes et Carystos. La moiti des lignes seulement est con-serve, mais on peut faire fond sur la restitution de Khler et deDittenberger, qui est trs acceptable

    XOH~pOTSpOV':S e[~ TM!.Tl6~S[JLMt.0~TTS'Ho)~[JL7)Xe]-v o 5'y~o; o 'AO'/i~Mv jjnpo~'Av~TM.Tpovu~Epr~

  • LA SIXIME LETTRE DE DMOSTHNES. 53

    Mais, en levant le sige de Lamia, Antiphilos les avait laisses enarrire Mlitaea, pour marcher avec les seuls combattants larencontre de Lonnatos(Diod. XVIII, 15); il ne communiquait plusavec eux que par messages. Ainsi s'explique l'envoi de la lettre qu'illeur adressa pour les mettre au courant de ce qui venait de se passer.Cette lettre, qui devait tre un vritable rapport militaire, fut bienttrpandue et commente dans les villes du Ploponnse. Nous avonsvu qu'elle ne rpondait pas compltement l'attente et aux dsirsde Dmosthnes. Sans doute, le gnral athnien vantait l'entraindes allis, les exploits de la cavalerie thessalienne, constatait leurvictoire qu'attestait l'rection d'un trophe; mais, en homme deguerre expriment, il ne se laissait pas blouir par un succs incom-plet, il avouait qu'il n'avait pu dtruire l'infanterie de Lonnatosni empcher sa jonction avec' l'arme d'Antipater; c'tait autantd'arguments qu'exploitaient les adversaires d'Athnes et quidevaient faire impression.

    Nous avons relev des dtails, tels que le nom du correspondantd'Antipater, la mention des syndres des allis auxquels crivitAntiphilos, dtails dont l'exactitude est atteste par d'autres docu-ments; c'est dj un indice d'authenticit. En outre, il fautreconnatre que la lettre convient bien aux circonstances et aupersonnage. Dmosthnes, que les deux lettres d'Antipater et d'An-tiphilos avaient troubl, se rassura au rcit qu'un tmoin lui fit dela bataille et de ce qui s'tait pass dans le camp (probablement lenombre des allis qui taient retourns dans leur pays). Il se per-suada qu'un tel rcit, entendu par les Athniens, produirait sureux le mme euet que sur lui-mme et raffermirait les courages.Dans cet espoir, il se pressa d'expdier le messager et crivit salettre avec toute la hte d'un homme qui croit avoir dcouvert lemoyen de sauver sa patrie.

    Que Dmosthnes ait crit aux Athniens dans les circonstancesque nous venons de rappeler, que sa lettre exprime bien les senti-ments qu'il dut alors prouver, je crois qu'il n'y a pas lieu d'endouter. Le fond est authentique; je n'oserais pas affirmer qu'ellen'ait pas t retouche en quelques passages. Et voici la raison dudoute que j'prouve. Lorsqu'on voulut runir les uvres de Dmos-thnes, on grossit le recueil en y insrant des discours et des

  • 54 P. FOUCART.

    plaidoyers qui furent rellement prononcs par des contemporains,mais que la critique ancienne ou moderne a reconnu ne pas tre delui; on y joignit aussi certaines pices dont les originaux n'exis-taient plus, mais qu'on emprunta des historiens. Nous avonsappris, par le tmoignage formel de Didymos, que la Lettre de

    Phillipe et la Rponse attribue Dmosthenes furent tires del'Histoire c~naa;t/?< C'est de l'ouvrage du mme auteur qu'mon avis provient la Sixime Lettre. Il est peu probable, en effet,qu'on ait pris la peine d'aller chercher l'original dans les archivesdu Mtroon, lorsqu'il tait si facile de l'extraire de l'Histoire

  • TIMGAD CHRTIEN. 8S

    TIMGAD CHRTIEN

    ~*

  • 56 P. MONCEAUX.

    tudes cellules d'un grand monastre. Jamais l'on n'auraitpu soup-onner, avant les fouilles, que la chrtient de Thamugadi et tassez nombreuse pour btir et peupler tant de lieux saints. Lesncropoles mmes, si imparfaitement connues jusqu'ici, laissent une

    impression analogue si mdiocres qu'elles soient par la date et laqualit des tombes, elles n'en occupent pas moins de vastes sur-faces, tmoignant ainsi, leur faon, que la chrtient de Thamu-gadi, jusque dans les temps de misre et d'invasion, conservaitnombre de fidles.

    Ce qui rsulte encore des fouilles, c'est que cette glise de Tha-mugadi fut opulente, au moins jusqu' l'arrive des Vandales. Lestrois grandes basiliques, bties au iv sicle, taient des monumentsassez remarquables. On s'en aperoit au plan harmonieux des di-fi ces,' a la disposition des colonnades, l'lgant profil des chapi-teaux, des consoles et des corbeaux sculpts, aux dtails de l'orne-mentation, la profusion des mosaques. Le baptistre de l'en-ceinte Sud-Ouest, par le dessin et le coloris de ses tapis de~pa~ des bijoux de l'art chrtien primitif.La richesse de la communaut n'clate pas moins dans ce qu'onretrouve du mobilier liturgique: tmoin, le beau candlabre a croixgrecque, et le bnitier inscriptions. Les plus humbles fidlesdevaient avoir quelque souci d'art, si l'on en juge par les usten-siles symboles ou sujets chrtiens qu'on- recueille dans les mai-sons des faubourgs ces lampes, ces menus objets de terre cuiteou de bronze, qui sortaient probablement des fabriques locales,encore visibles au Sud du Capitole, l'usine de cramique et la fon-derie de mtaux.

    Tout cela donnerait l'ide d'une communaut nombreuse, sin-gulirement active, pleine de ressources et d'initiative, riche etsoucieuse d'taler sa richesse. Or nous savons qu' Thamugadi,pendant un sicle au moins, deux communauts chrtiennes furenten prsence, c'est--dire en lutte l'une catholique, l'autre dona-tiste. La premire, en relations avec les glises officielles deConstantine, de Carthage et de Rome, pouvait compter sur l'appuide l'empereur, reprsent par le gouverneur de la province. Mais,longtemps, les Donatistes de la cit purent tenir tte leurs adver-saires, et victorieusement, car ils avaient pour eux le nombre, et

  • TIMGAD CHRTIEN. 87

    SAVANTS. 8

    Thamugadi tait l'une des capitales de l'glise de Donat, quidominait en Numidie. ]~ul doute que les deux communauts enne-mies, dans la construction et l'amnagement de leurs dificesreligieux, aient rivalis de luxe et d'ambitions monumentales, pourfrapper les yeux et gagner les mes. Il est remarquer que lapriode des belles architectures chrtiennes Thamugadi corres-pond exactement aux temps de la lutte entre les deux glises.

    Une autre consquence historique , tirer des fouilles, c'est quela chrtient de Thamugadi n'a pas t anantie, comme on l'acru longtemps, au dbut du vie sicle. D'aprs les textes histori-ques et littraires, on supposait que l'glise locale avait durmoins de trois cents ans, depuis le milieu du m" sicle jusqu'aupremier tiers du vi. Or les rcentes dcouvertes pigraphiques etarchologiques attestent nettement, d'une part, la rsurrection dela ville en 53g, et, d'autre part, l'existence Timgad d'une nom-breuse population chrtienne jusqu' la fin de la domination byzan-tine, mme au del.

    Rsumons brivement les faits. L'glise de Thamugadi apparaiten a 56, avec son vque Novatus, qui, cette anne-l, prend part un concile de Carthage' Elle semblait disparatre de l'histoiredans le premier tiers du vie sicle, au moment o, suivant Procope,les Berbres de l'Aurs dvastrent la ville et en chassrent leshabitants Un autre passage de Procope mentionnait bien Thamu-gadi parmi les cits construites ou reconstruites en Afrique parordre de Justinien, pour contenir les barbares de l'Aurs~. Mais ons'accordait penser que ce texte visait simplement la citadellebyzantine, reste debout dans le faubourg Sud.

    Il est vident, aujourd'hui, que l'uvre de Justinien, ou de songnral Solomon, eut Timgad une tout autre importance. Solo-mon ne se contenta pas de btir le fort; il fit rebtir la ville elle-mme. C'est ce qu'indique, tout d'abord, la ddicace rcemmentdcouverte ddicace date de la treizime anne du rgne deJustinien, c'est--dire de 53, anne de la campagne de Solomon~.

    ~en~entM?e/)Meo~or/Mde /

  • 58 P. MONCEAUX.

    Voici la traduction de ce nouveau et prcieux document Avecla faveur de Dieu, en l'anne XIII du rgne fortun de nos matresJustinien et Theodora, perptuellement Augustes, a t difie de-

    puis les fondations la cit de Thamugadi (edificata est a ~H~efa~en

  • TIMGAD CHRTIEN. 89Dans tous les quartiers de Timgad, on rencontre des restes fort

    importants des constructions byzantines des murs, des colonnes,des chapiteaux, des fragments sculpts, qui prsentent tous lescaractres de l'architecture byzantine en Afrique. D'ailleurs, desdifices entiers datent de cette priode. Dans la vieille enceinte deTrajan; que protgeait un nouveau rempart, c'est l'glise avecbaptistre construite au Nord-Ouest du Forum, en partie sur une rue,en partie sur les ruines de la maison de Januarius c'e&t la cha-pelle voisine des petits thermes Nord; c'est encore la chapelle btie l'Est du Forum sur l'emplacement d'une autre rue. Et, si nousne voulions nous en tenir aux monuments du culte, nous devrionsajouter que le march de Sertius fut alors remis en tat, et que laplupart des maisons furent rdifies avec des dbris d'anciensdifices. Dans les faubourgs, o ils taient plus l'aise~ les archi-tectes de la priode byzantine se sont donn carrire. Ils ont enve-lopp de nouvelles constructions et d'une muraille la basilique duNord-Ouest. Autour de la grande glise du Sud-Ouest, ils ontdmesurment agrandi l'enceinte, pour y difier, avec une autrechapelle latrale et un autre baptistre, les salles multiples, lesoratoires et les portiques, les clotres et les cellules d'un monas-tre. Enfin, toutes les chapelles des faubourgs ont t ou bties ouremanies pendant la mme priode. Partout, les rcentes dcou-vertes archologiques attestent la rsurrection et la longue survi-vance du Thamugadi chrtien.

    Son existence s'est mme prolonge bien aprs la chute de ladomination byzantine. La chapelle du patrice Grgoire , con-struite au milieu du vn" sicle, prsente, avec plusieurs sols super-poss, des traces certaines de restaurations ultrieures. La plupartdes ncropoles sont installes dans les ruines mmes des dificesreligieux byzantins, et, par consquent, sont d'une poque tout fait basse; ce que confirme, d'ailleurs, l'aspect des spultures.Tout porte croire que les derniers tombeaux et les derniers rema-niements des difices sont, pour le moins, contemporains de laconqute arabe.

    Comme on le voit, les rcentes fouilles nous fournissent desindications intressantes sur l'histoire monumentale du Timgadchrtien et sur les diffrentes priodes de cette histoire. Au

  • GO P. MONCEAUX.< Ttv" sicle sans que l'on puisse encore distinguer entre la part

    respective des Catholiques et celle des Donatistes, au iv" sicle

    appartiennent les plus belles constructions religieuses de la villela basilique du Nord-Est, l'glise du faubourg Nord-Ouest, la basi-

    lique de l'enceinte Sud-Ouest, avec son lgant atrium et son

    magnifique baptistre mosaques. De la mme priode datent la

    partie la plus ancienne de la ncropole de l'Ouest, le sarcophagede Fia via Albula, le bnitier sculptures et inscriptions. Auv" sicle, on doit probablement rapporter les clotres et autres

    dpendances de la basilique du Nord-Ouest; les cours, galeries etsalles qui, dans l'enceinte du Sud-Ouest, furent construites entre

    l'glise prim