consecraton de myron 1660

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Eglise melkite

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  • Sophrone Ptrids

    Conscration du Saint-Chrme Damas en 1660In: chos d'Orient, tome 5, N2, 1901. pp. 76-81.

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    Ptrids Sophrone. Conscration du Saint-Chrme Damas en 1660. In: chos d'Orient, tome 5, N2, 1901. pp. 76-81.

    doi : 10.3406/rebyz.1901.3387

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1901_num_5_2_3387

  • CHOS D'ORIENT

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    Grce la libralit impriale, sur la demande de l'illustrissime Flavius Arsne, l'ouvrage de ce mur a t renouvel : Flavius Anastase rgnant avec l'aide du Christ. Indiction 3e.

    A la 6e ligne les lettres sont coupes par un trait horizontal.

    A remarquer l'itacisme de pour et de pour .

    Les abrviations ne sont pas sans difficult : l'interprtation que je propose semble lgitime par le contexte.

    Flavius Arsne n'a pas d'autre titre que celui d'illustrissime: c'est probablement le gouverneur de la ville ou de la province.

    Ce n'est pas sans hsitation qua nous proposons de lire dans l'abrviation ; elle n'est pourtant pas sans quelque vraisemblance.

    Le nom du prince rgnant nous permet d'arriver une date au moins approximative. L'indiction y, qui est marque, s'est prsente deux fois sous le rgne d'Anas- tase, en 495 et en 510. Aprs le chiffre de l'indiction, nous avons encore deux lettres qui paraissent tre G C; mais elles ne sont pas certaines.

    Jrusalem.

    J. Germer-Durand.

    CONSCRATION DU SAINT CHRME

    A DAMAS EN 1660

    Ceux de nos lecteurs qu'intressent les questions liturgiques n'ont srement pas oubli les curieux renseignements fournis par le R. P. L. Petit sur la composition actuelle du saint Chrme dans l'Eglise grecque (i). L'auteur faisait observer que cette composition a subi d'assez notables variations mme l'poque rcente : la prtendue immutabilit dont, sur ses propres affirmations, on gratifie trop souvent Y Orthodoxie , n'existe pas plus en effet sur ce point secondaire de discipline que dans le domaine essentiel du dogme.

    Les changements n'ont pas port seulement sur le nombre et l'espce des substances ajoutes l'huile et au baume, mais encore sur les crmonies et le mode de confection. Nous en avons une preuve nouvelle dans le rcit dtaill de la conscration opre en 1660 Damas, par

    (1) Echos d' Orient,- 1. III (1900), p. 129-142.

    le patriarche d'Antioche Macaire III, rcit que nous a laiss son chammas ou diacre Paul (1). En voici un rsum fidle qu'on pourra comparer fructueusement avec l'usage actuel de Constantinople.

    * * * Si complique et si coteuse est l'l

    aboration du Chrme que les patriarches, on ne l'ignore pas, en consacrent une grande quantit la fois pour n'avoir plus y revenir de longtemps. Lorsque Macaire rsolut de se livrer cette opration, il ne restait gure plus d'une mesure, ou, comme dit le traducteur anglais, d'un gallon, du Chrme consacr par un de ses prdcesseurs, Joachim-ben-Zidah, vers la fin du sicle prcdent (2).

    (1) The travels of Macarius, patriarch of Antioch, traduction de l'arabe par F. C. Belfour, Londres, 1836, t. II, p. 467 seq.

    (2) Ce patriarche assista en 1593 a un concile de Constantinople, Le Q.UN, Oriens christianiis, t. II, col. 772.

  • CONSCRATION DU SAINT CHRME A DAMAS EN l66o 77

    On se mit donc l'uvre au palais patriarcal de Damas, rsidence ordinaire des pasteurs titulaires d'Antioche, ce charmant palais dont Paul raconte avec complaisance la reconstruction accomplie l'aide des aumnes recueillies par Macaire lors de son voyage en Russie. Le digne chammas, administrateur et factotum de confiance du patriarche son compatriote, put dployer l'aise encore une fois ses talents d'homme pratique : il emploie toujours le pluriel dans son rcit, maison sent bien que c'est lui qui tient partout le premier rle dans l'importante affaire.

    D'abord la liste des drogues ncessaires fut releve sur un cahier spcial. Paul n'indique pas avec prcision o il s'est procur cette liste : c'est videmment dans le livre dont il citera plus loin les prescriptions, c'est--dire dans l'euchologe ou dans un extrait de l'euchologe, dans une , soit conserve dans le texte grec original, soit plus vraisemblablement traduite en arabe.

    On commena aussitt runir les parfums, les vases et autres objets indispensables; il fallut envoyer jusqu'en Egypte acheter l'huile de baume. Tout tait prpar aux approches de la semaine des Rameaux, c'est--dire, d'aprs la manire de compter propre aux Grecs, de la semaine qui prcde le dimanche des Rameaux et qui commence quatorze jours avant Pques.

    Deux mdecins de la ville furent engags pour prsider aux manipulations : sans leur aide, avoue le chroniqueur, on n'en serait pas venu bout, les traditions ayant t oublies pendant de si longues annes. Je ne comprends pas bien comment les mdecins pouvaient avoir gard mieux que d'autres la connaissance des traditions liturgiques !

    Quoi qu'il en soit, on fit des drogues cinq paquets spars, pour s'en servir en cinq fois comme nous le verrons. Pour obtenir le poids, on prit le triple des proportions indiques par le livre, afin d'avoir une triple quantit de Chrme. Les cinq paquets furent dposs chacun dans un

    grand papier qui portait inscrit le nom des divers parfums.

    La veille du samedi de Lazare, autrement dit le vendredi avant les Rameaux, le pa- 'riarche, accompagn des vques, des

    'tres et des diacres, se rendit aprs l'of- nce du matin l'glise Saint-Nicolas, o deux rchauds neufs taient, du ct de l'Orient, disposs sur le pav recouvert d'une natte. Macaire rcita sur eux une oraison, fit l'eau bnite (i)et les en aspergea, puis on plaa sur eux deux grandes chaudires de cuivre tam.

    Le lendemain, samedi o l'Eglise grecque fte la rsurrection de Lazare, on prit le premier paquet de drogues ; on broya en menus morceaux celles qui en avaient besoin, et on les dposa dans un vase avec de l'eau bnite et du vin vieux du pays, de sorte qu'elles fussent recouvertes par deux ou trois doigts du mlange liquide. Cette premire srie comprenait les ingrdients suivants:

    120 drames de fleurs de kandol, appel aussi dr chcha'n. C'est des Grecs, Yaspalathus de Pline : les commentateurs ne sont pas d'accord sur l'identification de cette plante. Dans les deux espces distingues parDioscorides, I, 19, Sprengel voit le Cytisus lanigertt le Spar- tium horridum ou le Cytisum spinosum; Fraas donne le gent acanthoclade et le calycotome villeux ; Littr le gent acanthoclade; Bussemaker, le spartium villo- sum ou horridum. En Algrie, c'est bien le gent pineux qu'on appelle kandol (2). Dans l'Ecclsiastique, l'aspalathe est associ au cinnamome (3);

    60 drames de bois de cassia rouge ou cannelle ; ce bois est produit par plusieurs espces des genres cinnamotnum et laurus en Chine et dans l'Hindoustan (4);

    (ij On trouve l'office dans , dit. Venise, 1 85 1, p. 33S.

    (2) Cf. surtout le Trait des Simples d'iBN el-Bethar, traduit et comment par L. Leclerc, dans les, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothque nationale, t. XXIH, 1; t. XXV, 1; t. XXVI, 1. Je renverrai cet ouvrage par les numros du traducteur : pour l'aspalathe, 842.

    (3) Eccli., xxiv, 20. (4) Trait des Simples, 1205. _

  • CHOS D'ORIENT

    60 drames de yakouti amomum . J'ignore ce que signifie le premier mot. Quant l'amomum, on y a vu le Cissus vitiginea ou Y Amomum racemosum (1) ;

    30 drames de rglisse. Il s'agit san. doute de la GlycyrrU^a glabra (2) ;

    30 drames de roseau aromatique : on y voit gnralement YAcorus calamus de la famille des arodes; d'autres le regardent comme tant Y Ophelia chiraita, une gn- tane (3).

    Rien de particulier le dimanche des Rameaux. Mais le Lundi Saint, aprs l'office de l'aurore, le patriarche, accompagn de son clerg et des fidles, vnt de nouveau l'glise. Les cinq substances nu- mres tout l'heure furent vides dans la plus grande des deux chaudires, et on versa par-dessus 28 livres d'huile pure et autant de vin vieux de Damas, avec de l'eau bnite. A chaque addition, le patriarche chantait : Au nom du Pre, et du Fils, et du Saint-Esprit, un seul Dieu. II ajouta ensuite une feuille de laurier, une feuille de myrte, une feuille de romarin, et une petite quantit de romarin mle, destins parfumer le mlange, tandis que le vin et l'eau ne servaient qu' empcher l'huile de brler. ',. Du tas de bois de chne bien sec prpar pour alimenter le feu, Macaire prit trois morceaux, avec trois tiges de chanvre et trois cierges allums, et mit le tout sur le premier foyer; il aspergea celui-ci et une partie du bois restant avec de l'eau bnite qu'on avait fait exprs chauffer dans la seconde chaudire, acheva de garnir le foyer et l'alluma. En face, brlait une grande torche.

    A partir de ce moment, le patriarche et les vques, revtus de l'tole et de Yomophorion,et les prtres, en simple tole, commencrent la lecture des quatre vangiles. Les diacres, en aube et avec Yora- rion, taient chargs de celle des ptres, des prophties et des. psaumes, le tout en-

    (1) Trait des simples, 695. (2) Ibid., 1250. (3) Ibid., 1799 et 2270.

    trecoup de chants et d'oraisons. D'autres, arms de leurs ventails, les agitaient autour de l'huile sainte. Tous gardaient la tte dcouverte.

    Un prtre, assis en face de la chaudire, entretenait un feu doux et rgulier, y jetant de temps autre des morceaux de bois pralablement aspergs d'eau bnite chaude., remuant constamment l'huile avec une cuiller de bois long manche pour que le liquide ne vnt pas dborder, et y ajoutant par intervalles de l'eau bnite. Tout cela selon les prescriptions minutieuses du livre dont Paul nous donne cette citation : Celui qui surveille le feu doit faire attention qu'il brle d'une faon modre. Si le rchaud s'chauffe trop fort, qu'il l'asperge d'un peu d'eau chaude, mais se garde bien d'y verser de l'eau froide, et qu'il ne cesse jamais d'agiter le mlange Quand l'eau a diminu, ajoutez de l'eau tide, peu la fois, mais n'usez pas d'eau froide. On reconnat que l'eau manque lorsque le bouillonnement cesse et que l'huile demeure tranquille : c'est alors qu'il faut verser l'eau bnite chaude.

    Lorsqu'un agitant le liquide on le trouva suffisamment pntr de la bonne odeur des parfums, le lundi soir, on recouvrit la chaudire d'un grand linge et on laissa refroidir toute la nuit. Le matin, on filtra le mlange travers une nappe, comme l'ordonne le livre; le Chrme fut plac dans un vase et les matires non dissoutes dans un autre.

    Cependant, ds le lundi matin, on avait prpar les substances du deuxime paquet :

    60 drames de costus amer de premire qualit. Le costus amer ne peut tre que le costus blanc ou marin des auteurs arabes qui le distinguent des autres varits par son amertume. On rapporte aujourd'hui le costus une plante de la famille des Composes, Y Auklandia costus (1);

    60 drames de roses rouges de l'Irak ou de Jor, dbarrasses de leurs tiges. L'Irak

    (1) lbid.t 1785 et 1789.

  • CONSCRATION DU SAINT CHRME A DAMAS EN 1 66o 79

    est la Perse. La rose de Perse, dit un auteur arabe, est la plus estime (i). Jor serait-il le district de Zor en Turquie d'Asie ?

    60 drames de sandal blanc. Le san- dal blanc est une des trois espces du genre santalum tablies par les Arabes et gnralement admises par les botanistes modernes (2) ;

    1 drame de ladanum. Leladanum est un arbrisseau (Arabie, Chypre, etc.) qui scrte au printemps une espce de rsine (3);

    1 drame d'encens djaori (non Jaoli comme transcrit le traducteur anglais) : ce mot dsigne, Damas, un encens de qualit suprieure (4) ;

    1 drame de gingembre. Le gingembre est fourni par plusieurs plantes du genre qingiber, de la famille des Amomes (5);

    1 drame de girofle (6) ; 1 drame d'agalloche ou bois d'alos,

    qu'il ne faut pas confondre avec l'alos (7). Letraducteur anglais n'a pas su comprendre le mot arabe ;

    30 drames de costus sec. Voir plus haut.

    Les drogues, finement broyes, avaient tremp dans l'eau bnite, du lundi midi jusqu'au mardi matin.

    Alors le patriarche ralluma le feu, on versa le paquet dans le Chrme et on fit bouillir de nouveau pendant quatre heures, avec les mmes crmonies et les mmes prcautions que la veille. On laissa refroidir et on dcanta.

    L'aprs-midi, on procda la troisime cuisson, de midi jusqu'au soir. Les parfums taient plongs dans l'eau bnite depuis le matin de bonne heure; en voici la nomenclature :

    60 drames de \erneb. On a fait de cette plante un Eleagnus ; on y a vu le Salix

    (1) Trait des Simples, 2274. (2) Ibid., 1418. Le traducteur anglais dit sandal blanc

    makasiri ; je crois que makasiri veut dire doses. (3) Ibid., 1999. (4) Ibid., 1974. (5) Ibid., 1 125. (6; Ibid., 1748. (7) Ibid., 1603.

    gyptiaca, VA triplex odor ata, le Flacourtia cataphracta ; il semble que ce soit plutt le Curcuma qerumbet ( ) ;

    20 drames d'corce de cannelle (red cassia du traducteur). Voir plus haut ;

    15 drames de noix de muscade. C'est le fruit de la Myristica officinalis (2) ;

    30 drames de nard de la meilleure qualit. Il s'agit ici du nard indien, sonbol el- assfr, dont on a fait longtemps un An- dropogon nardus et dont on s'accorde aujourd'hui faire la valriane Jatamansi(^)',

    30 drames de girofle de la meilleure qualit. Voir plus haut;

    30 drames demacis. C'est l'arillode qui recouvre la noix de muscade (4).

    Le quatrime paquet resta dans l'eau bnite toute la nuit du mardi au mercredi, et cuisit la matine de ce dernier jour. Il comprenait :

    30 drames de cinnamome et de girofle. Nous avons parl du girofle. Le mot arabe pour cinnamome est dr sny, bois de Chine : on l'a souvent pris tort dans le sens de cannelle (5) ;

    60 drames de myrrhe rouge 'd'Arabie, de la meilleure qualit. La myrrhe est fournie par le Balsamodendron myrrha, de la famille des Trbinthaces (6) ;

    30 drames de bois d'alos de bonne qualit. La dtermination de l'alos n'offre aucune difficult : c'est le produit de diverses espces du genre Aloe (7) ;

    30 drames de safran de Perse, premier choix. Il s'agit d'une varit du Crocus sativus (8). ' Le mercredi aprs-midi, on ne mit dans le Chrme que 120 drames de storax rouge de Falak, de la meilleure qualit, avec trois livres de miel cume et de l'eau bnite. Le storax est le produit du Styrax officinalis; j'ignore le sens du mot falak (9).

    (1) Trait des Simples, 1603. (2) Ibid., 526. (3) Ibid., 1237. (4) Ibid., 281. (5) Ibid., 841. (6) Ibid., 2102. (7) Ibid., 1388. (8) Ibid., 463. (9) Ibid., 2196.

  • 8 CHOS D'ORIENT

    Le soir, un des mdecins qui suivaient les oprations reconnut leur pleine russite ce signe : il prit une mche de coton neuve, la trempa dans le Chrme et l'alluma; or, elle brla sans vaciller ni lancer de crpitation, preuve que l'eau avait, par ebullition, totalement disparu.

    On pesa ensuite les lments du dernier paquet:

    1 28 drames de cinnamome et de girofle ; 60 drames du meilleur nard indien ; 30 drames de la plus belle corce de

    cannelle ; 24 drames de macis; 60 drames du meilleur bois d'alos. J'ai

    parl plus haut de toutes ces substances. Une fois rduites en poudre, elles furent

    passes dans un tamis de soie et verses par le patriarche dans le Chrme auquel il les mlangea.

    Un des mdecins ajouta 150 drames d'huile de baume qu'on fit fondre au feu dans un vase de cuivre, 14 miskals du plus pur musc en poudre et 14 miskals du meilleur ambre, ces deux derniers produits mls une gale quantit de l'ancien Chrme consacr prs de trois quarts de sicle auparavant. L'huile de baume est extraite de l'amande du bau- mier, YAmyris gileadensis, de la famille des Trbinthaces (1). Le musc est trop connu pour qu'il soit ncessaire d'y insister (2). Quant l'ambre, il s'agit ici de l'ambre gris, un des parfums les plus estims des Orientaux (3).

    Aprs que le patriarche eut bien remu le liquide, on recouvrit la chaudire jusqu'au lendemain.

    Le ciel ne pouvait que rcompenser par un prodige tant de soins et de si savantes combinaisons. En effet, le soir venu, plusieurs des images de l'iconostase se mirent laisser suinter^une matire inconnue qui en dcoulait comme un filet d'eau, et les pieux assistants enthousiasms crirent au miracle.

    (1) Trait des Simples, (2) Ibid., 2 127. 0) Ibd., 1 587.

    Le matin du Jeudi-Saint, le patriarche versa le Chrme dans des vases de verre n'ayant jamais servi, tandis que le clerg, tte dcouverte, chantait les tropaires indiqus par le livre et le psaume xxn.

    Patriarche et clerg allrent ensuite revtir les ornements sacrs, et revinrent prendre les vases qu'on transporta pro- cessionnellement jusqu' l'glise ou chapelle intrieure de la Sainte Vierge, o on les dposa sur l'autel. Les porteurs marchaient deux deux, prcds de cierges et suivis de sept paires d'ventails qu'agitaient les diacres. On chantait le psaume l.

    La messe commena. A la grande entre, les prtres portrent, comme il est ordonn, les vases de Chrme devant les oblats, puis les replacrent sur l'autel. Le pa

    triarche, la tte incline, rcita sur eux les oraisons prescrites. Le Chrme tait consacr.

    Aprs la messe, on dposa les vases sous l'autel, o ils devaient rester jusqu'au matin de Pques. Ce jour-l enfin, on les dposa dans le trsor du Chrme ou myrothque.

    La myrothque de Damas tait place dans le narthexde la chapelle des Saints-Cyprien et Justine. Ce semble avoir t une espce de placard ou de puits profond creus dans un mur ancien. Paul y fit faire un tage de division avec une porte-trappe en chtaignier; le grand vase de Chrme fut plac l'tage infrieur, les petits en haut. On ferma l'entre avec une porte de fer munie d'un verrou, et le tout fut masqu d'une porte extrieure en pierre que l'on recouvrit de mortier pour en cacher l'emplacement.

    Ce jour de Pques, on inaugurait aussi un ambon nouveau dans l'glise patriarcale. Inspir par tant d'vnements importants, le prtre Jean Ibn 'Iddib composa une kasidaou pome en l'honneur du patriarche et surtout de la conscration du Chrme. On me saura peut-tre gr de traduire ici ce qui concerne ce dernier fait : c'est d'ailleurs la plus grande partie du pome.

    II (Macaire) commena recueillir vases, drogues et racines aromatiques

  • CONSCRATION DU SAINT CHRME A DAMAS EN l66o 8l

    pour la cuisson du Chrme saint, sacr et vnrable, et il fit une bonne uvre pour laquelle sa mmoire restera jusqu' la fin des temps Il s'informa de ce qui restait du Chrme prpar par le patriarche Ibn Zidah, et n'en trouva pas plus d'une mesure.

    Il commena l'opration le GrandLundi, premier jour de la semaine de la Passion, continuant jusqu'au soir du Jeudi-Saint, o tout fut achev. Cela eut lieu en prsence du corps entier des vques et des prtres dignitaires, des diacres, des ministres et des moines.

    Le patriarche tait revtu de Yomophe- rion et de l'tole, et lut les vangiles, avec les doxologies, les Kyrie eleison et les alleluia. Aussi les vques, vtus des mmes ornements, lurent avec les prtres les vangiles, les ptres et les psaumes avec le chant. Quelques- uns des prtres et des diacres surveillaient le feu ; d'autres s'employaient remuer le mlange, sans ngliger en mme temps de glorifier Dieu. Les diacres surtout ventaient avec leurs ventails, chantant alleluia, et tous, dans l'glise et au dehors, taient dans l'admiration.

    La chapelle de Saint-Nicolas est devenue comme un jardin royal, embelli et rendu parfait par ce grand et magnifique mystre. Et quelle merveille, lorsque, le soir du Jeudi-Saint, la vertu divine coula abondamment des images ! Toute l'assemble, grands et petits, en sentit le parfum, et loua le Dieu tout-puissant dans sa Trinit sainte.

    Puis, toute l'Eglise chrtienne, avec les femmes et les enfants, se prcipita pour rendre gloire Dieu et demander la bndiction du patriarche. Les uns prirent les cendres, comme une bndiction pour eux et une protection pour leurs enfants; d'autres prirent le reste des drogues, comme un remde dans les maladies; d'autres prirent ce qu'on avait retir du Chrme et l'cume, pour la

    sanctification des infirmes et la gurison des bestiaux malades.

    Le Jeudi-Saint, qui tait le 16 nisan, l'an 7168 du monde (16 avril 1660), notre seigneur le patriarche fit une grande procession : les vques et les prtres portaient les vases avec un profond respect; les diacres agitaient leurs ventails au milieu des chants et des hymnes. Ils transfrrent le Chrme de l'glise Saint-Nicolas dans l'glise intrieure, et le placrent sur l'autel appel alfila. A la grande entre, ils le portrent autour du sanctuaire, travers toute l'glise, et revinrent la cit sublime. Quand le seigneur patriarche eut lu sur lui les prires dtermines, nous le dposmes sous l'autel magnifique.

    Le Samedi-Saint, l'archidiacre rigea un nouvel ambon dor dans la belle et vnrable grande glise intrieure; c'est l qu'il lut l'vangile de Pques pour la premire fois, parce que ce jour-l la clbration de la messe eut lieu dans cet difice. Ensuite, les vases de Chrme furent transports leur local particulier, et dposs, selon la coutume, la place prpare pour les y conserver, derrire la porte de la chapelle des Saints-Cyprien et Justine. L'archidiacre y fit faire un second plancher neuf; on y plaa, dessus et dessous, tout le Chrme, y compris le vase ancien. Sur les vases, j'crivis la date de la conscration en grandes lettres. L'archidiacre avait encore fait faire une porte de fer au trsor, et il y mit une serrure pour sa scurit

    Le pome du khouri Hanna, fils de Rizk 'Illah, fils de 'Iddib, ne brille pas sans doute par un excs de lyrisme ; mais il confirme au moins les dtails donns par le chammas Paul et nous fournit la date laquelle Macaire III termina la conscration du Chrme : 16 avril 1660.

    S. Ptrids. Constantinople.

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