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Celivreestdédiéàtousceuxquiontdéjàvécudanslecaniveau.

Cen’estpasl’endroitoùvousêtesquicompte,c’estcequevousenfaites.

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«Noussommestousdanslecaniveau,maiscertainsd’entrenousregardentlesétoiles.»

OSCARWILDE

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Introduction

Ecrirecettesérieetpasserdutempsaveccespersonnagesmerendtellementheureuse.J’aimelesdéfis.J’aimeledésordre.J’aimeleschosesdifférentesquimepoussentàfaireplusetàallerplusloindanslaréflexion.

Jesouhaiteremercierchacund’entrevousquimesuivezdanscetteaventureexcitante.Grâceàvous, jepeuxm’épanouir,écrireunautre typede livres,etcelacompteénormément.J’ai tellementd’idées, d’histoires à raconter, que jeme demande si je pourrai toutes les écrire, et je sais que jecrouleraissouslepoidsdemacréativitésij’étaisobligéed’écrirelamêmechoseencoreetencore.Jevousaimeetj’aimel’idéequenouscontinuonsensemblecevoyageinsensé.

JesaisqueThePointetlesgarsquiyviventnesontpaspourtoutlemonde.JecomprendsmêmequeRaceneplaisepasàtoutesleslectricespuisqu’ilesttrèsloindemesmâlesbrutsdedécoffragehabituels.Alorsc’esttoujoursformidabled’entendrequecertainsd’entrevousaimentlechangement,dedécoretdepersonnages,parcequevousconnaissezça,parcequevousavezvécudansl’adversité,ou que vous connaissez quelqu’un qui a vécu ça, et vous aimez que le caniveau reçoive autantd’amourque lagrandevillebienpolie etbienpropre.Lecôté sombreest amusant…Lesgarsquiévoluentlàsontdifférents.

J’écriraitoujourssurcequim’intéresse,cequimeparle,cequimetoucheetcequimefascineetm’intrigue.Surmaroute,j’airencontrébeaucoupdegensdumondelittérairequiaimentcetteidée.

JevouslaissedoncappréciercenouvelépisodedelasérieBAD…Aunomduchaos,dusang,de la famille,durisque,duhasard,etsurtoutduchangement,carsans luinotrevisionn’évolueraitjamais,quelquesoitl’endroitd’oùnousregardons.

Jay.BienvenuedansThePoint…oùcettefois,lachancesouritauxcourageux!

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1

Brysen

Ilyadeshommesqu’onnepeutpasignorer.Commesi,autourd’eux,lesgenssedéplaçaientauralenti, ennoiretblanc,etqueceshommesétaient l’uniquepointdecouleur, la seulepersonneenmouvement.RaceHartmanétaitdeceshommes-là.Mêmesi lafêtebattaitsonpleinetqu’unepiècerempliedepersonnesbruyantes,soûlesetexcitéesnousséparait,mêmesijedoutaisqu’ilsachequej’étaislà,jenevoyaisquelui.Grandetblond,dotéd’uncorpsetd’unvisageconçuspourrendrelagent féminine follededésir, il était indéniablementmagnifiqueetdélicieux,comme toutcequiestmauvaispourvous.Jenevoulaispasleregarder,maisjenepouvaispasm’enempêcher.Ildégageaittoutsimplementtropd’énergie,devie,d’audace,etdansmonmonde,oùtoutétaitgrisetsansvie,ilreprésentaitunfestinsensorieldontj’étaisraviedemegaver.

Jeregrettaisl’époqueoùmesseulespréoccupationsétaientd’allerencoursetdefairelafêteetoù jeme comportais comme si je n’avais pas lemoindre problème.Mais cette période était loinderrière moi. Il fallait que j’arrête de le dévorer du regard comme une idiote et que j’essaie deprofiterdecettesoiréependantlaquelle,pourunefois,jenetravaillaispasetonn’avaitpasbesoindemoi à lamaison.Ma petite sœur dormait chez une amie et mon père avait accepté de rester à lamaisonavecmamère.Jen’avaisquerarementl’occasiondemecomportercommeunefillenormaledevingtetunans,etj’étaisentraindelagâcherenbavantsurlegrandfrèredemameilleureamie.Sansdoutelepiremecdumondeentiersurquicraquer.

—Tuleconnais?C’était mon amie Adria qui m’avait convaincue de sortir ce soir-là. Dans mon souvenir, on

s’amusaitplusqueçadanscegenredesoirées.JebusunegorgéedebièretièdedansmongobeletenplastiquerougetoutenluttantpourempêchermesyeuxdesanscesseseposersurRace,commes’ilsétaientaimantésparlui.

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—C’estlegrandfrèredeDovie.—Sérieux?Son étonnement était justifié. Tandis que Race avait tout d’un dieu majestueux paré d’or,

descendusur terrepournousgouverner,pauvresmortels,DoviePryceétaitunerousseébouriffée,couverte de taches de rousseur et on ne peut plus passe-partout.Mignonne, aumieux,mais pas àcouper lesoufflecommesonfrère.C’étaitaussi lapersonne laplusgentilleaumonde.J’auraispuparierqueRace,enrevanche,n’avaitpasuneoncedegentillesseenlui.

Mesdoigtsseresserrèrentsurmongobeletlorsqu’iltournalatêteetquesesyeuxvertmoussecroisèrentlesmiens.

—Sérieux,répondis-jed’unevoixplusrauquequed’ordinaire.—Commentest-cepossible?J’aimaisbienAdria.Nousétionsensembleencoursdefinanced’entrepriseetc’était l’unedes

rarespersonnesànepasm’avoirlaisséetomberquandj’avaisétéobligéederetournerhabiterchezmesparents,lorsquetoutétaitpartienvrilleavecmamère.Jeneprenaisplusbeaucoupdebontemps,cequisignifiaitquejen’avaisplusbeaucoupd’amisnonplus.Celadit,jen’avaispasl’intentiondepasserlasoiréeàtenterdeluiexpliquerl’histoirecompliquéedelafamilleHartman.LerécitdelalignéedeRaceetDovien’avaitriendebienamusant,etcesoir-là,jecomptaisjustementm’amuser.

J’avalaid’untrait lecontenudemonverrequandjevisRacesefrayeruncheminà travers lafouled’étudiantsentraindedanserlascivementpoursedirigerversnous.Instinctivement, lesgenss’écartaientsursonpassage.Onauraitditqu’unchampdeforcel’entourait,unmélangedeclasseetd’autorité,queseulslesplusaventureuxetlesplustémérairesosaientfranchir.Jen’étaispascegenredepersonne.C’estdumoinscequejemedisaischaquefoisquejemeretrouvaisensaprésence.

Evidemment, j’étais dangereusement attirée par lui, et ce depuis la première fois où il avaitdéposéDovieautravail.Maisiln’ensauraitjamaisrien.Racen’étaitpasuntypebienetjemenaisunevie assez difficile comme ça sans que j’y ajoute le genre de complications qu’il y apporteraitforcément.

PourgarderRaceetcessentimentstraîtresàdistance,jemecomportaiscommeunevraiepesteaveclui.J’étaisfroide,indifférente,malpolieetparfoispurementméchante.J’agissaiscommesijeletrouvais insupportable, comme s’il n’était qu’une créature infâme et repoussante. Et quand cela nesuffisaitpas,jel’ignorais,commes’iln’étaitpasdignedemontemps.C’étaitdeplusenplusdifficile,et plus je lui envoyaisdemépris à la figure, plus ilme renvoyait de charmeet depur sex-appeal.Nousnousétionsembarquésdansunjeuexcitantetj’étaisterrifiéeàl’idéedeperdrelapartie.Racemedésiraitetiln’enfaisaitpasunsecret.Jenesavaispascombiendetempsencorejepourraisteniràdistancemonpropredésirfaceauxattaquesdecesyeuxinfinimentvertsetdecettesublimetêteauxcheveuxblondclair.Ilm’adressaunsourireàdixmillewattsets’arrêtatoutprèsdemoi,demanièreàmeregarderdehaut.Malgrémestreizecentimètresdetalons,ilmedépassaitdebeaucoup.

—Tiensdonc,bonsoir,Brysen.Jelevailesyeuxaucieletportaimonverreàmeslèvrespourdissimulermontroublealorsque

savoixrauquecaressaitmapeau.—Race.Adriamedonnaunpetitcoupdecoudedanslescôtes.Jemeraclai lagorgeet inclinai la tête

danssadirection.—Jeteprésentemonamie,Adria.Iltenditsagrandemainetserracelledemonamie,beaucouppluspetite.Adrialedévoraitdes

yeux;j’imaginaisaculottedéjàtrempées’illuminerd’uneenseigne«Bienvenue»clignotante.

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—Quefais-tuici?C’étaitplutôtàmoideluiposercettequestion.Ils’agissaitd’unefêteétudiante,pleinedefilles

soûles et de première année. Je suivais des cours à l’université au coin de la rue,maisRace avaitdepuislongtempstroquésoncursusacadémiquecontreuneautreécole,celledelacriminalitéetdesactivitésillégalesentoutgenre.C’étaitluiquin’avaitrienàfaireici.

—Jesors.Jem’amuse,répondis-je,tentantdegarderuntonneutreetindifférent.Maiss’ilavaitpuentendrebattremoncœur,ilm’auraittoutdesuitedémasquée.Il haussa un sourcil blond et esquissa un demi-sourire. Raaah… il avait même une fossette

irrésistible sur la joue gauche. Je mourais d’envie de la lécher. J’enfonçai mes ongles dans mespaumesetprisunegrandeinspiration.

—Surprisquetusachesfaireça,Bry…t’amuser.Ilavaitraison.Jenepusqueplisserlesyeuxetrevêtirlemasquedereinedeglacequejeportais

toujoursensaprésence.—Ettoi,Race,quefais-tuici?Tuviensterroriserlespauvresgaminsdelafacpourqu’ilste

filentleurprêtétudiant?Sondeuxièmesourcilselevaàsontouretlegrandsourirequ’ilnousdécochamanquadenous

fairetomberàlarenverse,Adriaetmoi.Uneexpressionplussombreapparutdanssesyeuxverts,etjefaillisreculerd’unpas.Raceétaitdangereuxàplusd’unégard,jenedevaispasl’oublier.

— La plupart des jeunes étudiants sont dépourvus de bon sens et adorent les défis. C’est unexcellent vivier pour les gens comme moi. Et puis, la saison de football commence la semaineprochaineetj’avaisbesoindefairelepointavecquelquesnouveauxclients.

Sonregardglissaduhautdemacoupeaucarréjusqu’àlapointedemestalonsaiguillesnoirs.—Jesuisrestépourprofiterdelavue.Adriaseraclalagorgeetnousregardaàtourderôle.—Desclients?Aunefête?Qu’est-cequetufaisexactement?demanda-t-elle.Siseulementellesavaitàquelgenred’activitésillicitesRaceselivrait…Ilpenchala têtesur lecôtéet lesourireaveuglantqu’ilbrandissaitcommeunearmes’effaça.

RaceHartmanpossédaitdenombreusesfacettes,etcecôtéplussombre,plusdur,n’étaitapparuquelorsqu’ilavaitdécidédereprendrelesrênesd’uneorganisationcriminellemajeure,aprèsavoirjouéunrôledécisifdanslachutedesonbaron,Novak.Racen’étaitpasunsimplemauvaisgarçon,ouundélinquant,c’étaitlegangsterparexcellence.Ilmontaitdescoups,faisaitdesprêtsvéreux,géraitdesparisillégaux,aidaitsonmeilleuramiàdémonteretàsedébarrasserdevoituresvolées.Etilveillaitàceque,danslequartier,absolumenttoutlemondesachequec’étaitluiquifaisaitlapluieetlebeautemps.Ilsemblaittropmignonpourêtreaussihorrible,maisgrâceàDovie,jesavaisàquelpointils’était sali les mains depuis la reprise de l’empire de Novak. Sans mentionner que son nouveaupartenaire en affaires était un proxénète, blanchisseur d’argent, totalement froid et impitoyable.Nassir se devait d’être secret et énigmatique, étant donné qu’il gérait la totalité des opérationsclandestinesdelacité.Apparemment,beaucoupdesescaractéristiquesavaientdéteintsurRace.

—Jegagnedel’argent,majolie.Etc’étaitvrai.Jemeredressainonsansdifficultésurmestalonstrophautsettentaideluicacher

l’emballementdemonpouls sous son regard inébranlable.EtredésiréeparunhommequipouvaitmettreK-On’importequidans lapièce,çafaisaitquelquechose. Iln’yavaitaucuneraisondes’enréjouir, ou de sentir ses cuisses s’embraser et son cœur s’emballer,mais c’était ce quim’arrivait.C’étaitl’effetqu’ilmefaisait.

Jeluiadressaiunsouriresuffisantetrejetaimescheveuxenarrière.

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—Raceestunesorted’entrepreneur.Deceuxqu’ontrouveuniquementdansdesendroitsaussisombresetdélabrésqueThePoint.Adriavoulaitdetouteévidenceposerplusdequestions.Elleouvritlabouche,maisavantquele

premiermotnesorte,uneénormedétonationretentitet lafêteétudiantequidevaitmepermettredesortirdemonquotidiendouloureuxsetransformaenémeute.

Je sentis aussitôt une odeur de poudre tandis que la panique éclatait et que les coups de feus’enchaînaient. J’allais attraperAdriamais unemarée de corps affolés se précipitant vers la portenousséparaenunefractiondeseconde.Jesentisdesmainspuissantesmesaisiretmetirerhorsdelaruée.Monvisageseretrouvapressécontreuntorsedurcommelapierre,etunemainimmensemefitbaisserlatêtetandisqu’onmetransportaitsansménagementàtraversunenuéedecorpss’agitantentoussens.

J’avaislecœurauborddeslèvresetj’entendisunnouveaucoupdefeu,suivid’uncridefemme.Racelançadesjuronsquelquepartau-dessusdematêteetilmerelâchaquelquessecondes.J’entendisduverresebriser,puisilseredressaetmetiraparlamain, jusqu’àcequel’airfraisdusoirnousenveloppe.Nousmarchionssur lecarreaude laportedederrière,qu’ilvenaitdecasserpournouspermettredenouséchapper.

Jecourais,haletante,en jeanslimet talonsaiguillesderrièreunhommeaux jambesdeuxfoispluslonguesquelesmiennes.Celaparaissaittoutàfaitimpossible,maisj’yparvenaistoutdemême.Il ne s’arrêta qu’après avoir contourné le jardin et traversé la rue. La plupart des autres étudiantsparticipantàlafêtes’étaientdispersésetonentendaitdéjàlessirènesauxloin.Jeposailesmainssursontorseetlesuppliai:

—IlfautretrouverAdria.Sesyeuxpresquenoirsdébordaientd’émotionsquej’avaispeurdenommer.—Jenepeuxpasêtrelàquandlesflicsarriveront,Brysen.Jedoispartir.Lesoufflecoupé,jeserrailespoingspourtapersursontorse.—Aide-moiàlaretrouver,Race!Ilsecouasimplementlatêteetbaissalesyeuxsurmoi.—C’estseulementpourtoiquejem’inquiétais.Moncœurseserra,maisdéjà,lessirènesserapprochaientetils’éloignademoi.Jeluiattrapai

lepoignetetmerendiscomptequejetremblaissifortquej’avaisdumalàm’accrocheràlui.—Nemelaissepas,dis-jed’unevoixeffrayéeetconfuse.J’étais désemparée, n’ayant pas l’habitude d’être confrontée aux armes et à la violence. Sa

nonchalancefaceàcettesituationmedéconcertait.L’ombredanssesyeuxs’effaçaet saboucheprituneexpressionsérieuse.Avantque jepuisse

réagir,sesmainsglissèrentsurmanuqueetilm’attiracontrelui.Jerefermaimesdeuxmainssursespoignetsetm’efforçaidegardermoncalmequandmapoitrine secollacontre son torse.Alors, ilm’embrassafurieusement.Etjemelaissaifaire.

Ilfaisaitnuit,desgensdéambulaient,soûlsetconfus,jem’inquiétaispourmonamie,etj’étaisencolèrecontrelui,commetoujours…maispourlapremièrefoisdepuisquejeleconnaissais,toutecetteattirance,toutcedésirvorace,contenusenmoi,étaientlibérés,etjel’embrassaienretour.

Cen’étaitpasromantique,douxouattentionné.C’étaitbrutal,violent,duretbrûlant,etriendansmavienem’avait jamaisautantplu.Sa languem’envahissait.Sesdentsme râpaient les lèvres.Sesmainsmepétrissaient.Etjesentaissonérectionsoussonjean,àl’endroitoùnousétionscollésl’uncontrel’autre.J’auraisdûprotester,direquelquechosepourqu’ilarrête,maisjenepouvaisrienfaired’autrequegémiretmefrotteràluicommeunechatteenchaleur.

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Etjusteaumomentoùj’envisageaisdem’enroulerautourdelui,desoncorpsimmense,demel’approprier,ilmelâcha,reculaetmeplantalà,alorsquejeclignaisdesyeuxcommeuneidiote.Ilsecoualatêteetdisparutsansunmot.Leregardfixe,jecroisailesbrassurmapoitrineetluttaipournepasm’effondrersurplace.

—Brysen!JerelevailatêteetvisAdriaquifonçaitversmoi.—OhmonDieu,jedevenaisfolle!Tuétaisoù?Pour toute réponse, je la pris dans mes bras, espérant surtout que cela calmerait mes

tremblements.Maisnon.—Racem’aemmenéeàl’écart.Jenesaispaspourquoi.Sesyeuxs’agrandirent.—Pourquoiilauraitfaitça?Personnenesavaitoùétaitletireur.—Jenesaispas,répondis-jeensecouantlatête.Jel’aijustesuivi.Ilnem’apasvraimentlaissé

lechoix.—Unmecatrouvésacopineavecunautremec.Tuterendscompte?Toutçapouruntrucaussi

stupide.Je ne lui ai pas demandé comment elle connaissait l’origine de ce chaos : la police venait

d’arriversurplaceetceuxquitraînaientencoredanslesparagessefaisaientbombarderdequestions.Ilfallaitpartir.

L’université et lamaisonoù avait lieu la fête se trouvaient dansTheHill.Les coupsde feu àl’aveugle, lesmecs jalouxet les fillesqui trompaient leurcopain,c’étaitplutôtdansThePoint.Entoutcas,c’étaitcequelaplupartdesgensdeTheHillsebornaientàcroire.Aufinal,j’étaisexténuéeetj’avaisencorelegoûtdeRacesurmeslèvres.Masoiréepouroubliers’étaittransforméeensoiréeque jen’oublierais jamais,mêmesi je savaisque jenegagnerais rienàmesouvenirde lui.Vivredans unmonde gris n’était peut-être pas simal, après tout. C’était un peu ennuyeux et fade,maisc’étaitrassurant.

Je ramenaiAdriachezelleetellem’assaillitdequestionssurRace tout le longdu trajet. Il lafascinait.Jelasentaissousl’emprisedecetteattirancemagnétique,naturellechezlui.Jetentaideluidire qu’il n’apportait rien de bon, qu’il vivait dans unmonde plus éloigné de son futurmaster engestionqu’ellenepouvaitl’imaginer.Maisbiensûr,celanefaisaitqu’ajouteràsonmystèreetàsoncharme.QuellegentillefilledeTheHilln’ajamaisfantasmésurunmauvaisgarçondeThePoint?Onnepouvaitpasfairepluscliché.Quandj’arrivaichezmoi,j’avaismalaucrâneetleventrenoué.

Jemegarai devant lamaison standardde deux étages quemesparents avaient fait construireavant que tout ne s’effondre. J’hésitai vraiment à laisser tourner le moteur et à conduire jusqu’àarriver ailleurs, jusqu’à tomber sur une vie différente.Deux ans plus tôt, je vivais dans unmondejoyeux,pleindecouleursetdelumière.J’habitaisencolocationavecdescopines,j’allaisàlafac,jerepoussais lesmecsqui n’avaient qu’une chose en tête. J’étais naïve, insouciante, et je pensais queriennechangerait.

Désormais, jevivaisdenouveauàlamaison,m’occupantd’unparentsouffrantd’unecrisededépression paralysante avec tendance à l’automédication, et d’un autre, bourreau de travail, fuyantainsitoutcequin’allaitpasdanssonfoyer.J’étaissurtoutrentréepouréviteràmapetitesœurKarsend’êtreseulefaceàlatristesseetàlanoirceurambiantes.Aseizeans,c’étaituneexcellenteélève;elleallait partir à la fac dans deux ans. Jemedébrouillerais jusque-là.Après tout,mes parents avaienttoujourstravaillédurpourgardernotrefamillesurlaligneténueentreTheHilletThePointetc’étaitle moins que je puisse faire en retour. Nous n’avions jamais été honteusement riches, mais nous

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n’avions pas non plus eu à survivre dans le champde bataille qu’étaient les rues deThePoint. Jesentaisquejeleurdevaisaumoinsça.

J’entraidanslamaisonensoupirant.Aucunelumièren’étaitallumée,vuqueKarsenn’étaitpaslàetquemamèreétaitsansdouteinconscientedanssonlit.Jepassaiparlacuisinepourprendreunebière,fraîchecettefois,etmetraînaijusqu’aubureaudemonpère.Ilétaitassisderrièrel’ordinateur,commetoujours.Satêtepresquechauvebaisséeetsesyeuxrivéssurl’écran.Fronçantlessourcils,jedécapsulaimabouteille.

—Hé.Ilsursautaetsonregardsedétournabrusquementdel’écran.—BrysenCarter,tuviensdemefilerunebonnetrouille.—Commentelleétaitaujourd’hui?—Bien,toutvabien,répondit-ilaprèss’êtreéclaircilagorgeetêtreretournéàsonécran.J’endoutaissérieusement.—Tuasvérifiécommentelleallaitcesoiraumoins,papa?—Brysen,c’esttrèsimportant.Tupeuxattendreunmoment?Pasvraiment,maistoutpassaitaprèssonboulot.Sansajouterunmot,j’enlevaimeschaussures

etmedirigeaiverslachambreprincipale.Laporteétaitentrouverteetlatéléallumée.Jepoussailaporteetlaissaiunjuronsifflerentremesdents.

Mamère était affalée sur le côté, en travers du lit. Sa tête dépassait du bord et sa chevelureemmêléeetblonde,presqueblanche,commelamienne,touchaitlesol.Unebouteilledevodkavideétait posée sur l’oreiller. On entendait un léger ronflement. Je posaima bière sur la commode etentraipourlamettreenbonneposition.Detouteévidence,papan’avaitpasprislapeinededécrocherassezlongtempspours’assurerqu’elleallaitbien.Ill’avaitlaisséelivréeàelle-même,etçafinissaittoujourscommeça.

Elleouvritpéniblementunœilvitreuxetmarmonnamonprénomtandisquejem’efforçaisdelamettresouslacouverture.J’attrapailabouteillevideetrésistaidifficilementàl’enviedelabriserausol.Mamèren’avaitpastoujoursétécommeça.Elleavaituncôtéunpeufragile,avecdeshautsetdesbasniveaumoral,maisc’étaitunaccidentdevoiturequiavaittoutchangé.Unehorribleblessureau dos entraînant une douleur immense et interminable, ainsi que l’impossibilité de retournertravaillerl’avaienttransforméeencetteombredefemmetristeetalcoolisée.Moncœurseserraitetmonventre senouait à chaque foisque je lavoyais commeça, car cen’était pasune fatalité.Ellepouvaitsefaireaider,monpèrepouvaitlasoutenir,etpeut-êtrequenotreviereviendraitunpeuàlanormale.Maiscen’étaitpaslecasetjedevaisfaireavecjusqu’àcequeKarsensoitassezgrandepoursedébrouillertouteseule.

J’éteignislatéléetfermailaportederrièremoidansunbruitsourd.Detoutemanière,ilauraitfallu une tornade pour la sortir d’un tel sommeil d’ivrogne. Je soupirai profondément et prisfinalementlechemindemachambre.

Habiterànouveauchezmesparentsentantqu’adulteétaittellementbizarre…Jen’avaispasdecouvre-feuouderèglesàrespecter,commequandj’étaisadolescente,maistoutdanscettechambred’enfantmeprocuraitunesensationdemal-être.J’avaisl’impressionquejelaissaisunepartiedemoiàlaportequandjemerésignaisàpasseruneautrenuit,unautrejourici.

Je sortis mon téléphone de ma poche arrière pour retrouver le dernier message que j’avaisenvoyéàDovie,danslequeljeluidemandaisdem’accompagneràlasoirée.Depuisqu’elletravaillaitàplein tempsdansun foyerpourgamins lâchéspar le système, jene lavoyaisquasimentplus.Enplusdeça,ellevivaitavecleseulmecdeThePointquimefaisaitpluspeurqueRace.J’allaisdonc

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très rarement chez elle et je ne la voyais presque jamais en dehors des cours. Ce soir, elle avaitdécliné l’invitation,carelleavaitdesdevoirsàfaire,mais jemedemandaisensecretsiBaxne luiavaitpasditdenepasvenir.

IldétestaittoutcequiavaitunrapportavecTheHill.Ilvenaitdelarue.Anciendétenu,voleur,ilétait évidentqu’il étaitplongé jusqu’aucoudans lesmagouilles criminellesdeRace.ShaneBaxteravaitdanscettepartiedelavilleuneréputationaussilégendairequecelledesongéniteur.L’hommeque Race et lui avaient détrôné. Ils étaient plutôt de ceux qu’on n’a pas envie de chercher, maisj’aimais vraimentDovie. Je bravais donc les eaux troubles et infestées de requins où elle évoluaitpourlagarderdansmavieetcontinuerdelaconsidérercommemameilleureamie.

JeretrouvaileSMSetluirenvoyaiunmessage:

J’aivuRaceàlafêtecesoir.

Elleréponditquelquesminutesplustard.

Qu’est-cequ’ilfaisaitlà-bas?

Iladitqu’iltravaillait.

Tum’étonnes.

Jelevailesyeuxaucielenpensantàcequ’ilqualifiaitde«travail»ettapaisurleclavier:

Quelqu’unavaitun flingueet a tiré à l’intérieur.Racem’aemmenéedehors,mais il estparti à causede lapolice.

J’étaisencorebiensecouée.Etexcitéeparcebaiser.Commentpouvais-je tantaimersongoût,mesentirsibienavecluialorsqu’ilétaitladernièrechosedontj’avaisbesoin?

Ellemeréponditd’untontrèspragmatique,caractéristiquedeshabitantsdeThePointhabituésauxsituationsdangereuses.

Ilnepeutpasprendrelerisqued’avoiraffaireàlapolice.Commetoutlemondeici.Çanemesurprendpasqu’ilaitdécampé.Toutlemondevabien?

Oui.Toutlemondevabien.

Pourtantnon,çan’allaitpas.Savoirquequelqu’unétaituncriminel,pouvaitêtrecomplètementmalhonnête,etenavoirlapreuvesouslesyeuxétaientdeuxchosestrèsdifférentes.Jenecomprenaispascemondeetnevoulaispaslecomprendre.Parconséquent,qu’ilsoitcanonoupas,qu’ilmesortedelamonotoniedemaviequotidienneoupas,RaceHartmanneserait jamaisunmecpourmoi,etcelamerongeaitdel’intérieur.

Onéchangeaquelquesmessagesdeplus.Moiàproposderiendeparticulier,elleàproposdesgars.Baxm’effrayaittellementquemetrouverensaprésencemerendaitnerveuseetanxieuse,etjepense que Dovie essayait de le rendre plus humain, plus sympathique à mes yeux, pourcontrebalancer.QuantàRace…ilmepoussaitdansmesderniersretranchements.Jedevaisredoublerd’effortspourfeindrel’indifférenceetnepasmontrerunecuriositéhystériqueàchaquefoisqu’ellelementionnait.C’étaitdeplusenplusdur.

Jeluisouhaitaibonnenuit,ainsiqu’àmasœur.Karsenétaitunecrème,unefillequiméritaitdepartirdelamaisonindemne,sanslescicatricesquel’étatactueldelafamilleCarterpouvaitinfliger.

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C’étaitunetoutepetitechose,aveclesmêmescheveuxclairsquemoi,maisaveclesyeuxmarrondemamanaulieudesyeuxbleusdepapaetmoi.Elleétaitadorable,etquandellemeréponditparunsmiley,jemepréparaifinalementpourmemettreaulit.

J’attendaisd’êtredansladouchepourm’autoriseràadmettrequej’étaisseule, triste,dépasséepartoutcequejeressentaisetépuiséeparcettelutteincessantepourcontenirtoutcequibouillonnaitenmoi.Dansladouche,jepouvaispleurersansquepersonnen’ensacherien.Cen’étaitpaslaviequeje désirais. Ce n’était pas la vie que je m’étais imaginé mener à vingt et un ans.Mais j’avais dûm’adapter,changer,pourfairecequiconviendraitàtoutlemonde,etc’étaitcommeça.Jen’avaispaslechoix.

Jemeséchai,passaiunebrossedansmescheveuxetenfilaiunpantalondeyogaetunhautpourdormir.L’adrénalinecommençaitàs’évacuerdemonorganismeetjem’affalaisurlematelaslatêtelapremière.Mesyeuxse fermaientdoucementet j’essayaisde toutesmes forcesdenepas revivrechaquecoupde languedeRace,chaqueeffleurementdesesdents,quandmontéléphonesignalaunnouveaumessage. Il était tard. A cette heure-là, ça ne pouvait être queKarsen. Jeme redressai etpassaimondoigtsurl’écran.

Cen’étaitpasKarsen.C’étaitunnuméroinconnu.Sixmotsseulement,pasgrand-chose,maislabouleauventrequimevintaprèslesavoirlusmeditquequelquechosen’allaitvraimentpas.

Tuétaissibellecesoir.

Jeregardailemessagesansbougerpendantquelquessecondesavantderépondre:

C’estqui?

Sincèrementdésolédet’avoirratée.

Maisqu’est-cequeçavoulaitdire?Jedemandaiencoreunefoisquic’était,etquandjecomprisque je n’obtiendrais pas de réponse, j’éteignis le téléphone et le reposai sur la table de chevet. Jerestaiassisedanslenoirunlongmoment,lepoulsfrénétique,uneétrangesensationdemalaisemedonnantlachairdepoule.Frissonnante,jemerecouchai,tirantlescouverturespar-dessusmatête.

Parler de « rater » quelqu’un quand des coups de feu avaient été tirés, ce n’était pas drôle etj’étaisassezàcranpournepasaimerçadutout.Lesquestionssebousculaientdansmatête.JemedemandaispourquoiRacem’avaitentraînéeàl’arrièredelamaisonalorsquetoutlemondes’étaitruéverslaportededevant.

Voilàpourquoi je n’avais pas le tempspourunmec commeRace.Avecquelqu’und’autre, jen’auraisjamaiseuàmeposerdesquestionssursesmotivations,lesraisonsdesesactes.Etqu’est-cequ’ilvoulaitdirepar«C’estseulementpourtoiquejem’inquiétais»?C’étaitjusteparcequ’ilmedésirait,parcequ’ilvoulaitjoueravecmoi,parcequ’ilmeconsidéraitcommeunchallenge?Çanepouvaitêtrequeça,non?

Jen’avaisniletempsnil’enviedepenseràtoutça.Etpourtant,quandjefinisparm’endormir,cen’estpasl’anxiétéetl’inquiétudequim’accompagnèrentaupaysdesrêves,maissonbeauvisageetsaboucheparfaite.

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2

Race

Jepassaileportaildesécuritédugarage,cedernierressemblantplutôtàunamoncellementdebétonetdeferraille,auvolantdemaMustang1966rougecerise,fraîchementrestauréeetastiquée.Siseulement le monde extérieur savait quels trésors de puissance mécanique se cachaient derrièrel’immondefaçadedubâtiment.Desvoituresdesport retapéesetdesvoituresde luxeétrangères, letout valant desmillions de dollars, étaient alignées contre lesmurs. Certaines étaient là pour êtreréparéesoupourun lifting,mais laplupartattendaientque leurpropriétaire règle telledetteou telprêtquejeluiavaisaccordé.S’ilnepayaitpas,jegardaislavoitureetlaissaisensuitemonmeilleuramilamettreenpiècesets’endébarrasserpourunejoliesomme.

Cesystèmes’étaitavérérentableetexploitaitàlafoismespointsfortsetceuxdeBax.Lesgensn’aimaientpasqu’onprenneleurvoiture.Ilétaitdifficiled’expliqueràfemmeetenfantsl’absenceduvéhicule familial, si bien que mon taux de remboursement moyen était plus élevé que celui dubookmaker ou du prêteur lambda.Bax avait pignon sur rue dans lemonde des voitures volées etquandundébiteurneremboursaitpas,c’étaitunmoyenfaciledecouvrirlaperte.Etpuis,jecroisqueBaxavaitbesoindel’excitationqueluiprocuraientlesvolsdevoitures,maintenantqu’ilavaitunevieplutôt rangée. Nous avions décrété l’interdiction absolue de parler de cet aspect des affaires dugarageenprésencedemasœur.

Dovieétaitunevraiepoupée,douce,aimante,généreuse.ElleavaitréussiàbriserleschaînesetlesfilsbarbelésquientouraientlecœurdeBaxetyavaitprisuneplacepermanente.Issuedelarue,elle avait euune enfance trèsdifférentede lamienne et avait trèsvite appris que lavien’était pastoujourssimple,queleschosesquenousfaisionsdansThePointnouschangeaient.JesavaisqueBaxl’avaitmiseauparfumsurcequisepassaitdansl’enceintehautementsécuriséequ’ilavaitcommencéàconstruirepeuaprèslamortdesonpère,Novak,l’hommequiavaitrégnésurlafacecachéedela

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villed’unemaindefer.Maisellenousaimaitassezpournepasposerdequestionsousemettreentrenousetnos affaires. Jusqu’àmaintenant, ce système fonctionnaitpour tout lemondeet lebusinesscontinuaitàsedévelopper.

Dovie était une fille géniale et même si, au début, l’idée qu’elle soit en couple avec monmeilleuramim’avaithorripilé, jecomprenaismaintenantqu’elleavaitbesoindequelqu’uncommeluipourassurer sasécurité ;pour laprotégerdecetendroitetdecettevie.QuantàBax…ilavaitbesoind’ellepourresterhumain,pouravoirquelquechosedevrai,detangibleàquoiseraccrocher,uneraisondevivre.Etmoi,j’avaisbesoind’euxpourfinaliserlareprisedesactivitéssouterrainesdeThePoint.Baxétaitmonbrasdroit.Ilavaitlesconnexionsàl’intérieuretàl’extérieurdesprisons,laréputationetlecharismepourfairebougerleschoses.EtDovieétaitmaconscience,la flammequimerappelaitpourquoiquelqu’uncommemoidevaitreprendreleflambeauderrièreNovak.

DansunendroitcommeThePoint, ilyauratoujoursdesalesaffairespouralimenterletrain-trainquotidien.Quandlesgensviventdansunlieumalsain,dangereux,illeurfautdesvicespours’ensortir.Sexe,drogues,argent,jeu,meurtre,ettoutessortesdedangerssontmonnaiecourantedanscechamp de bataille. Et lorsqu’un tyran, un homme odieux, diabolique, parvient à gérer toutes ceschoses…ilpeutprendrelavilleàlagorgeetnejamaislâcherprise.Jen’avaisaucuneenviedefaireça.

Je comprenais que ces choses-là ne disparaîtraient jamais de The Point,mais tant que j’étaisl’hommeenchargedeleurgestion,deleurdistributionàlamassemisérable,jepouvaisfaired’unendroit si peu civilisé un lieu de vie à peu près tolérable. C’était compliqué et risqué, mais leschallengesdifficilesm’avaient toujoursréussi.Voilàpourquoi jem’étais retrouvé impliquédans lemilieuducrimeavecBax tantd’annéesauparavant.C’étaitaussipourçaque jenepouvaispasmelasserdeBrysenCarter.

Toutenelleétaitfroid,pâle.Sonméprisàmonégardsemblaitpresqueémanerdesesépauleséléganteschaquefoisquenousétionsàproximitél’undel’autre.Sesyeuxbleu-gristentaientdemeglacer sur place chaque fois qu’elle me regardait, et sa manière de tendre son corps magnifiquequand je m’approchais raidissait toujours une partie bien précise de mon anatomie… Elle étaitraffinée, parfaite.Elleme rappelait une vie que j’avais jetée aux oubliettes et j’avais besoin d’ellecommej’avaisbesoind’airpourrespirer.Lefaitqu’ellenemesupportepas,qu’ellemeconsidèredetouteévidencecommeuneordure,rendaitsoncharmeencorepluspuissant.Jen’avaisqu’uneenvie,la déshabiller et coller ma peau nue contre la sienne, mais comme Dovie l’aimait beaucoup, jegardaisuncertaincontrôle.Enfin,jusqu’àcesoir.

Alors que je garais la voiture dans le garage après avoir ouvert la porte blindée, je ne pusm’empêcherdefrémirderrièrelevolantenrepensantàsabouchesurlamienne.BrysenCarterétaitune gentille fille. Une jolie blonde, venant du bon côté de la ville, mais bon sang, elle savaitembrassersauvagement,commeunefilledemonquartier.Celaintensifiaitencorecedésirpuissant,cetteenvieférocequimedévoraitdel’intérieur.

JerefermailaportièreetcontournailavoitureaumomentoùBaxsortaitdesonbureau.Celanemedérangeaitpasqu’ilsoiticiaussitard.Cesvoitures,cesvieuxbolidesdecollection,cesmodèlesclassiques délabrés signifiaient vraiment quelque chose pour lui. Il les ramenait à la vie pièce parpièce,cequivoulaitdireque,puisquejevivaisenhautdansunloftaménagé,j’entendaisparfoislesvrombissementsdesmoteurstrèstôtlematin.Jeluifisunchecketilpassalesmainssursoncrâne.

Physiquement, nous étions à l’opposé l’un de l’autre. Bax avait les cheveux foncés, les yeuxsombres,uneétoilenoiretatouéeàcôtédel’œil,uneboucheàl’expressiondureetsérieuse,etunecarrurelargeetimposantequiluiservaittrèssouventd’arme.Ilressemblaitàunvoyou,ungangster,

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mais ça lui allait bien.Nous étions tous les deuxgrands—plus d’unmètre quatre-vingts—maisj’étaisbeaucoupplusmince,élancé,etj’étaisnéavectouteslescaractéristiquesdemonorigineaisée.Je pouvais me défendre si les choses tournaient mal, mais je préférais me sortir d’une situationdélicateparlaparole.Jesavaisquemoncerveauétaitmameilleurearme,mêmesiçanesevoyaitpasde prime abord. J’avais des cheveux blonds ondulés, un peu longs et en broussaille, tombant trèssouventdevantmesyeuxverts.J’avaistoutdujeunerentierenvacances.Jelesavais,etmêmesijemesentaiscommechezmoidansThePointmaintenant,jerefusaisdechanger.Monapparenceamenaitlesgensàconstammentmesous-estimer,etvuqueBaxetmoiessayionsdegérerunevillebâtiesurlesruinesd’âmesbriséesdesannéesavantnotrenaissance,jedevaisprofiterdumoindreavantage.

Baxportaunecigaretteàsaboucheethaussaunsourcilnoir.—Tuasrécupérélathunedumecdelafraternité?J’acquiesçaietfisuncercleavecmatêtepourm’étirer.—Çaneluiapasbienplu.Unedespremièresleçonsquej’avaisapprises,c’étaitquelesgensnejouaientpasparcequ’ils

pensaient gagner. Ils jouaient parce qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher. C’était une addictioncommeuneautre.

—Commentça,«pasbienplu»?Jeleregardaienplissantlesyeuxàtraverslafuméequinousséparait.—Ilasortiunflingueettiréplusieursfois.Dansunemaisonrempliedegaminsbourrés.Quelidiot,etquellemenacecomplètementinutile.

Qu’onsortesaquincailleriedevantmoi,c’étaitl’undesrisquesdumétier.Etàmoinsquel’armenesoitpointéesurmoi,j’avaistendanceàsimplementl’ignorer.

—Merde.J’aibienfaitdedireàDoviedepasyaller.Jesecouailatêteetcroisailesbrassurmapoitrine.—Tuluiasdemandédenepasyallerparcequetuaspeurqu’ellerencontreunbeaupremière

annéequiluiprometteuneviemeilleureetqu’elleteplantelà.Ilgrognaetlançasonmégotdansunedesbouchesd’évacuationausol.Ilfitroulersesépaules

massives.—Ellepourratoujourstrouvermieux.Jericanai.—Cen’estpassonavis.Elle l’aimait, lui et ses cicatrices, son attitude détestable, son passé sombre et le fait qu’il

oscillait constamment entre le sauvage et l’apprivoisé commeunéquilibriste sur le fil.Elle aimaitabsolumenttoutchezlui.Baxétaitsonidéal,etj’étaissurprisqu’ilnesembletoujourspass’enrendrecompte.

—Qu’est-cequ’ils’estpasséàlafête?— Je ne sais pas. J’ai vuBrysen et çam’a distrait. J’avais déjà l’argent, donc je pensais que

c’étaittoutbon.Etlà,cetidiots’estmisàmitraillerlapièceetc’estdevenuunsacrébordel.J’avaisattrapéBrysenetjem’étaisdirigéversl’arrièredelamaisonparcequejenesavaispas

oùsetrouvaitletireur,ettouslesautresessayaientdesortirparlaportededevant.Jenepouvaispasaccepterqu’illuiarrivequelquechose.Enbonus,j’avaiseulachancedeposerlesmainssurelle.Jemesentaisnuldel’avoirlaisséecommeça,maislaviequejemenaisnemepermettaitpasderesterpourdiscuteraveclesflics.J’étaisplutôtdugenreàfilerdiscrètementdansl’ombre,cestemps-ci.

—Tut’esjustepointéàcettefêtecommeça,sansprendredeprécautions?

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Depuisquej’avaisdécidédereprendreleschosesoùNovaklesavaitlaissées,Baxinsistaitpourquejesoisplusprudent.Luiquiétaithabituéausangetauxcoupsdefeu,auxcoupsdepoingfendantdes visages et aux gens tremblant lorsqu’il entrait dans une pièce, était peut-être à l’aise avec unrevolvertoujourssurlui,maismoi,jem’adaptaisencoreàcettenouvellevieetjen’étaispastoutàfaitprêtàdonnerautantdemapersonneàThePoint.

—C’était qu’une bande de gamins.C’est bon. Il faudra juste qu’il trouve un autremoyen depayerseslivresetsesbièrescesemestre.Ilnereprésentaitpasunevraiemenace.

Lesgensnedevraientpasrisquercequ’ilsn’ontpaslesmoyensdeperdre.J’avaisappriscetteleçonàmesdépens.

—Chaque personne devient unemenace potentielle si tu as ce qu’elle veut ou si elle te doitquelque chose qu’elle refuse de te donner. Tu dois prendre au sérieux toutes les situations danslesquellestut’engages.Desgaminsontdéjàtuépourmoinsqueça,Race.

—J’enprendsnote.—Elletefaittoujoursautantd’effet,lablondeglaciale?J’éclataide rireethaussaiunsourcil. Iln’étaitpasvraiment fandeBrysen,mais jepenseque

c’étaitsurtoutparcequ’ellevivaitplusprèsdeTheHillquedeThePoint.Ilnefaisaittoutsimplementpas confiance à ceux qui ne savaient pas à quoi ressemblait la vie dans les bas-fonds. J’étais uneexceptionàcetterègle,maisj’avaisdûgagnersaconsidérationparlasueur,leslarmesetlesang.Jefaisais encore des efforts pour regagner sa confiance, ayant fait certains choix difficiles quelquesannéesplustôtquil’avaientconduitenprison.Nousétionsproches,gérionsuneentrepriseensemble,il était amoureuxdema sœur,mais je doutais que toutes les plaies quema trahison avait ouvertessoiententièrementguéries.

—Carrément.Ilyauntrucchezellequimerendfou.J’aienviedeluifairedeschosespastrèscatholiques.

Ilgrognaetrelevalacapuchedesonsweatsursoncrânerasé.Commes’ilavaitbesoind’avoirl’airencoreplusmenaçant.

—Pasvraimentmongenre.Ondiraitqu’ellevasemettreàhurleràchaquefoisquej’entredanslapièce.Jepariequ’elleferaitunecrisesiellesecassaitunongle.

J’auraispeut-êtreétéd’accordavecluisijenel’avaispasembrassée.Ellecachaitquelquechosesouscetteapparencedeperfectionqu’elleoffraitaumonde.J’avaissentidudésespoirauboutdesalangue,delapassiondanssonsouffle,etdudésirdanssamanièredes’agripperàmoi.Dumoins,avantquejel’abandonne,carsinousavionsétéàunmomentsurlemêmeterraindejeu,nousétionsdésormaisdansdeuxmondes totalementdifférents. Jen’avaispaspu rester avecellepourattendrequ’elleretrouvesacopine,etunefillecommeBrysennevoudraitpasd’unmecayantdesprioritésaussitordues.

—Peu importe.Elleestcanonet j’aimebiensamanièredemeregarder,commesi j’étaisuntrucdégueulassequ’ellevenaitdedécollerdesasemelle.Luicouriraprèsn’enestqueplusamusant.

Il semit à rire et sortit de sa poche les clés de sonHemiCuda, qu’il venait juste de finir derestaurer.

—Tuescomplètementtaré.Aprèstoutcequinousétaitarrivécescinqdernièresannées,lecontraireauraitétéétonnant.—PasselebonjouràDovie.Ilacquiesçaenentrantdanssavoiture.Quandilsortitdugarage,cefutdansunvrombissement

quisecouatout lemétalcontenuentre lesmursdebétonde lapièce.Lemoteurétaituniqueensongenre.Cettevoituren’étaitpashomologuée.Ellepouvaitdéfiern’importequelautrevéhiculesurla

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routeetelleétaitimposante,bruyanteetmenaçante.Uneparfaiteversionacieretchromedel’hommequilaconduisait.

Je m’assurai que toutes les alarmes étaient enclenchées, montai l’escalier du loft et pris uneminutepourrangerl’argentdel’étudiantdanslecoffre-fortquej’avaisencastrédanslemur.C’étaitle plus bel élément d’ameublement de tout le loft. Il contenait aussi plein de gains illégaux quiattendaientsagementqueNassirlesblanchissedanssesclubspourdevenirutilisables.

Jen’aimaispasêtreenaffairesavecNassirGates.Jeneluifaisaispasconfiance,jedétestaissamanièredemanipuleretd’utiliserlesgenspourparveniràsesfins.Maisilétaitlaseulepersonnequipouvaitblanchirl’argentquejegagnaisgrâceauxparisillégaux.Nassirgéraittouslesclubs,tousleslieuxdedébaucheetdevicedeThePoint.Ilorganisaitdescombatsclandestins,unelégiondefillestravaillait pour son compte, et même si je le détestais, j’avais besoin de lui. Je ne voulais pasm’occuperdesfilles,marchanderdusexe,maisquelqu’undevaitlefaire,etNassirn’avaitaucunsensmoral et aucun scrupule à se salir les mains. Notre alliance précaire fonctionnait, pour l’instant.Travailleraveclui,c’étaitcommemarcherquotidiennementdansunchampdemines—dangereux,mortel,pleindemenacescachéesquejeneverraisjamaisarriver.Jem’attendaistoujoursàcequ’ilseretournecontremoi.

Jesortisunebouteilled’Obanducongélateur,m’enversaiunedoseplusquecorrectedansunverreàwhiskyetm’affalaisurlecanapéquimeservaitaussidelit.Biensûr,j’auraispudéménager,trouver un endroit plus propre, plus éloigné du centre, mais je me plaisais ici. Je me sentais ensécurité.Personnen’entraitdanslegarageoulebâtimentsansquejelesache,etaprèscettenuitoùjem’étaisretrouvéàlamercideNovaketsesbrutes,lamanièredontmoncorpsavaitétébrisé,j’avaisbesoindecesentimentdesécuritépourdormirlanuit.

Tout ça était si éloigné du milieu d’où je venais, si différent de la vie que les gens quiconnaissaientmesparentsetmonpasséavaientimaginéepourmoi.Jen’étaispasnéavecunepetitecuillère en argent dans la bouche, mais avec un service complet en or massif m’étouffant dès lepremier jour.Mesparents étaient riches.Excessivement, indécemment,monstrueusement riches. Ilsmenaientuneviedeluxe,exemptedetoutbesoinetdetoutedifficulté,etsemoquaientdetoutcequiarrivaitauxgensmoinsaisés.

Jusqu’à l’âge de seize ans, j’avais été insensible. Présomptueux, pourri gâté, débordantd’égoïsmeetdesuffisance.Jeneressentaisrien.Jevivaisdansunebulleoù toutceque jevoulais,toutcedontj’avaisbesoinm’étaitdonnéimmédiatement.Jenemeposaisjamaisdequestionssurlemondeextérieur,surleschosesétrangèresauportefeuillebienremplidepapa-maman.

Unsoir,j’étaissortiavecunefille.Lafilleenquestion,jel’avaisoubliée,maisjemesouvenaisparfaitementdetoutlereste.Monpèrem’avaitoffertuneMustangRoushpourmonanniversaire.Jemepavanais,jemeprenaispourleroidumonde,intouchableetimbattable,jusqu’àcequejeprenneunemauvaisedirectionetmeretrouveperdusuruneroutequipassaitentreTheHilletThePoint.Aunfeurouge,jecherchaislabonnedirectionsurmontéléphonequandlavitrecôtéconducteuravaitétébriséeetdesmainsm’avaientsaisipourmesortirde lavoiture.Jemesouvenaisdescrisde lafille,del’odeurdemonsangtandisquejemedébattaissouslescoupsdepoing.Maisplusquetoutlereste,jemesouvenaisdem’êtresentivivant.

J’étais nerveux, effrayé,mais je n’allais pas abandonner laMustang sansmebattre.C’était lemomentleplus«réel»detoutemavie.Toutemoninsensibilités’étaitévanouie.J’avaisenvoyéuncoupdepoing,vuletypemassifetsombreseplierendeuxettomberdetoutsonpoidssurlesol.Sesosavaientcraquéetjem’étaiseffondréaumilieudelarue,enfaced’ungarçonpasplusâgéquemoi,maisquisemblaitavoirvécucentviesdeplus.

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Setenantlescôtes,dusangcoulantsursonvisageetdesonnez,Baxm’avaitdévisagé.Lafilleétaitsortiede lavoitureetavaitcriéqu’elleappelait lapolice.Etmoi, toutceque j’avaispu faire,c’étaitm’émerveillerdelarapiditédesbattementsdemoncœuretfrémirsousl’effetdel’adrénalineparcourantmoncorps.

«J’auraisjamaispenséqu’unmeccommetoipourraitdécocheruncoupdepoingpareil.Mêmesic’étaitdelachance.»

C’étaitleplusbeaucomplimentqu’onm’avaitjamaisfait.J’avaisessuyélesangetrepoussémescheveux de mes yeux et lui avais demandé s’il avait besoin qu’on l’emmène à l’hôpital. C’étaitétrange,ilvenaitd’essayerdemevolermavoiture,ilm’avaittabassé,maisc’étaitunmomentdécisifdemon existence. Bax, sa vie, sonmondem’avaient réveillé et je ne pouvais plus revenir àmonuniversderêvemolletonné.

Je ne m’étais pas autant mouillé que lui dans les sales coups. Je n’avais ni sa réputation nil’attitudequiallaitavec.Maisj’étaismalin,etnousavionsrapidementfaitéquipe.Jenevolaispasdevoitures,jen’enfreignaispaslaloi,maisquandilavaitbesoind’aide,jelesoutenais,etj’aimaismedire que, bien avant qu’il tombe amoureux dema sœur, j’avais été pour lui la voix de la raison.C’étaitexcitant.Cettevieàladurem’avaitouvertàuntoutnouveaumonde.Ilyavaitdesfilles,desfemmesplutôt, quim’avaient apprisdes chosesqu’aucunadolescentnedevrait savoir. Il y avait ladrogue,l’exaltationetdesdéfisàchaquecoinderue,etçaavaitétégénial,jusqu’àcequeleschosesaillenttroploin.

Baxprenait toujoursdavantagederisques,Novak l’utilisantdeplusenplus.NousnousétionsembourbésdanslemarécagedesvicesdeThePoint,etj’avaisvouluensortir,noussauvertouslesdeuxavantquenousnesombrions.Seulement,Novakétaitplusruséquejenelepensaisetbienplustordu.IlvoulaitBaxetn’avaitaucunscrupuleàseservirdemoipourl’atteindre.

Mon père, comme la plupart des hommes riches, ne pouvait pas garder son engin dans sonpantalon surmesure hors de prix. Dovie étaitma demi-sœur, née d’unemère junkie qui avait étépayéeaprèsavoiracceptéd’avorter.Personnenedevrait faireconfianceàun junkie ; laprochainedosecompteplusquetoutaumonde.Dovieavaitdisparu,jusqu’àcequ’onlaretrouve.

Novakl’avaitutilisée,tirantprofitdubesoinqu’avaitmonpèredegardersessecrets,pourmepiéger.MonpèreavaitpayéNovakpourlafairetuer,maisNovakl’avaitdoublé,enregistranttoutelaconversationetm’entraînantdanssonjeutorduetsinistre.Ilétaithorsdequestionquejelaissequoiquece soit arriveràquelqu’undemonsang,àmasœur,mêmesi jene laconnaissaispas. J’avaisdonc faitduchantageàmonpère, récupéréDovie et accepté leplanmachiavéliquequ’avait conçuNovakpours’attacherBaxàjamais.

Legangsterétaitmalin,maispasautantquemoi. J’avaispiégéBax.Jenepouvaispas lenier.J’avaistrahimonseulamiet l’avaisvendupoursauverDovie,pourquemonpèreseretrouveàlamerci deNovak. J’avais conduitBaxdans un traquenard, en sachant que ça finiraitmal,maisBaxétant Bax, il avait rendu les choses dix fois pires en fuyant la police. L’arrestation, qui aurait dûdéboucher sur sixmoisdeprisonaumaximum,étaitpartieencouilleet il avaitétémisà l’ombrependant cinq longues années. J’avais été obligé de prendre Dovie sousmon aile et de disparaîtrejusqu’àsasortie,enattendantlemomentdeprendremarevanche.J’avaisvécuaveclaculpabilitéetlamenacedeNovakau-dessusdematêtependantcinqannéesinterminables.

Dès queBax était sorti de prison, j’étais revenudans la partie et j’avais repris l’échiquier enmainpourtousnouslibérerdeNovak.Maisunefoisdeplus,Baxavaitfichusongraindesableentombantamoureuxdemasœur,dévoilantàsonimpitoyablepèreunefailleàexploiter.BaxétaitprêtàsesacrifieretàmettreThePointàfeuetàsangsilaviedeDovieendépendait.Parchance,leschoses

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n’étaient pas allées jusque-là, et tout le monde s’en était sorti, épuisé, brisé et un peu plus malqu’avant.MaisNovakn’étaitplus,etnousreconstruisionsmaintenantlesbases,lesfondationsdecetendroithorrible,unebriquegraisseuseetsouilléeaprèsl’autre.Sinousnelefaisionspas,quelqu’und’autreleferait.

Mon père m’avait chassé, avec un regard éberlué et paniqué, attendant de voir si j’allais ledénoncer.Ilm’avaitcoupélesvivres,désavoué,ilavaitfaitsemblantdenepasmeconnaître,toutensachantque jepouvaisà toutmoment faire s’effondrer sonmondede luxeetd’ostentation. J’avaisgardé mes distances pour m’assurer que Dovie serait protégée de lui et de ses machinationsdésespérées.MonpèresavaitqueBaxvivaitavecDovieetquepersonnen’arriveraitàellesanspasserd’abordpar lui, et pour lemoment, cela suffisait.Assurer la sécurité dema sœur était toujours lapriorité absolue. C’était l’une des raisons principales, en plus de ne pas avoir demoyen légal degagnerdel’argent,pourlesquellesjemenaiscesactivités.

En toute honnêteté, j’étais né pour les paris. J’avais l’esprit parfait pour être bookmaker etusurier.J’avaisunemémoirephotographique.Jemesouvenaisdechaquenom,dechaquevisageetdechaquemontantprêtéetdû.Jen’avaispasbesoind’unefeuilledecalcul,pasbesoind’écrirequoiquecesoit.LeFBInetrouveraitjamaisdepetitcarnetnoir,aucunepreuveaccusatricesurmonordinateur.Tout était dans ma tête, bien en sécurité. Cela rendait aussi les calculs plus simples. J’avais enmémoireune infinitéde scores,deskilomètresde statistiques, tous lescalendrierset compositionsd’équipes,prêtsàêtreutiliséssibesoin.C’étaitpratiquepourmoi,maispaspourceuxquirisquaientcequ’ilsn’avaientpas.Commejen’oubliaisrien, iln’yavaitaucunmoyend’échapperàunedette,pasdediscussionpossible sur cequi était dû.Voilàpourquoi legarage regorgeait devoituresquiattendaientqueleurspropriétairesprennentleursresponsabilités.

Jemeversaiunautrescotchetmedéshabillaispourpassersousladoucheavantdemecoucherlorsquemontéléphonesonna.Ilsonnaittoutletemps.Lesgensvoulaientplacerdesparis,demanderdel’argentàn’importequelleheuredujouroudelanuit.Maislasonneriequitintaitdansleloftétaitcelle deDovie. Je posai doncmon jean et portai le téléphone àmon oreille tout en bidouillant ladouche.Iln’yavaitpasdetempératureintermédiairedansleloft,l’eauétaitsoitbrûlante,soitglacée.

—Baxvientdepartir.Ildevraitbientôtarriver.Il fallait vingt minutes pour se rendre du centre-ville jusqu’à la banlieue où Bax et Dovie

habitaient,cequisignifiaitqu’ilpouvaityêtreendixminutes.Elle eut un petit rire.Mon cœur se gonflait à chaque fois que j’entendais la joie qui émanait

d’elledésormais.—Ilestdéjààlamaison.Jevoulaissavoirsituallaisbien.Brysenm’aparléd’unefusilladeàla

soirée,etBaxm’aditquetuétaisallérécupérerdel’argentsansarme…encoreunefois.Ellemeparlaitsuruntonréprobateur.Jen’auraisjamaispensémeretrouverdansunesituation

oùmapetitesœurm’encourageraitàporterunearme.—Cen’étaientquedesgamins.Pasdeproblème.—Quandquelqu’untetiredessus,ilyaunproblème.Quelqu’unauraitpuêtreblessé.Par«quelqu’un», jesupposaisqu’ellevoulaitdire«Brysen».EllesétaientprochesetDovie

n’avait pas beaucoup d’amies, alors je comprenais son avertissement subtil. Je devaismemontrerplusprudentenchoisissantlesendroitsetleslieuxoùjegéraismonbusiness.

—J’aiveilléàcequ’elles’ensorteindemne.Doviesoupira.—Merci, mais je parlais aussi pour toi, Race. Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque

chose.

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NousessayionstousencoredeguérirdesblessuresquelachutedeNovakavaitcausées.—Jesais,petitesœur.Jesais.ElleémitunpetitbruitetditquelquechoseàBax,auloin.—Brysennesortpasbeaucoupdepuisqu’elleaemménagéchezsesparents.Çacraintquesa

seulesoiréedelibresesoitterminéecommeça.Jepassaiunemainsousl’eauetlaretiraiaussitôt.Unblocdeglacen’auraitpasétéplusfroid.Je

frissonnaiettournailerobinetdansl’autresens.—Pourquoielletravailleautant?Jepensaisquesafamilleétaitplutôtaisée.Jesaisqu’ellevit

dansunbeauquartier,dansunebellemaison.Doviesoupiraànouveau.—Jeneconnaispastoutel’histoire.Al’époqueoùellem’ahébergée,quandmonappartementa

étésaccagé,j’aieulesentimentquec’étaitellequigéraittoutàlamaison.Elles’occupedesapetitesœur. Je n’aimêmepas vu ses parents quand j’étais là-bas.Tudevrais savoirmieuxque personnequ’ilnefautpasjugerlesgensenfonctionduquartieroùilssontnés.

Ellen’avaitpastort.—Jevaisprendreunedouche,là.Tuvoulaismedireautrechose?—Jet’aime,Race.Nel’oubliepas.—Jesais,Dovie.Crois-moi,jelesais.—EtjecroisqueBrysenaflashésurtoi.Cettedernièrephrasemefithurlerderire.—Danstesrêves.Ellemedéteste.Maisilyavaiteucebaiser.Unbaiserquin’étaitqu’uneinfimemanifestationdesfantasmesque

jenourrissaisàsonégard.—Sérieusement.Jeparletoutletempsdetoi.Quandj’évoqueBax,ellechangedesujet,devient

nerveuseetbizarre,maisquandjeparledetoi,ellemelaissebavardersansm’arrêter.Vousiriezbienensemble.

C’étaitvrai.Et j’auraisdonné jusqu’audernierdollarducoffre-fort rienquepourapercevoirBrysennue.

—C’estbienquetucontinuesàrêver.Elleritjoyeusementetmesouhaitabonnenuit.Jeposaimontéléphoneauborddulavaboetfinis

demedéshabillerpour entrer sous l’eaubrûlante. Jepoussaiun sifflementdedouleur et laissai lavapeuretlachaleurévacuerlafrustrationsexuelleaccumuléeenmoi.

Jepouvais lasentir.Sesseins fermes,sapeaudouce,etuneboucheà la foisavideetdélicate.Ellem’avaitembrassécommesiellesavaitàquelpointjevoulaisqu’ellesoitlasciveetsauvageavecmoi.Jegrimaçailorsquel’eaubrûlantetombaencascadesurmonérectionnaissante.J’auraispeut-êtremieuxfaitdechoisirl’eaufroidesij’avaissuquedesimagesclasséesXdeBrysenmesuivraientsousladouche.

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3

Brysen

—Maisc’estquoisonproblème?J’enfouismonderniertest,ornéd’unénormeD,dansmonsacetsecouailatête.Jesortisdemon

coursdethéoriemathématiqueetregardaimonamiDrewducoindel’œil.Ilnemerestaitplusqu’unsemestreavantd’obtenirmondiplômeenmaths,dumoinssi jeréussissaiscecours.Leprofesseurétait bien, mais pour une raison inexpliquée, l’assistant qui travaillait pour lui me détestait, et jevoyaismamoyennechuterenflècheaprèschaqueexamen.J’avaisessayéd’enparlerauprof,maisilm’avaitjusteassuréquetouslestestsétaientnotéséquitablementetm’avaitsuggéréd’envisagerdescoursparticuliers.

Je soupirai et repoussai une demesmèches. Je voulais devenir comptable. Je comprenais leschiffres,j’avaisl’espritvifpourça,etiln’yavaitaucuneraisonquejenevalidepascecours.Dreweutunriremoqueuretpassaunbrasautourdemesépaules.

—Tu n’aurais peut-être pas dû lui rire au nez quand il t’a demandé de sortir avec lui. Il l’asûrementprispersonnellement.

Jegrimaçaimalgrémoi,carilavaitraisonsurcepoint.Jenem’étaispasmoquéedel’assistant,maisdel’idéequejepuissetrouverdutempsdansmaviepourquelquechosed’aussifrivolequ’unrendez-vous.Et si,parmiracle, j’avais trouvéunepausedansmonemploidu temps, jene l’auraissûrementpaspasséeavecunmecauxcheveuxgras,couvertd’acnéetquiétaitprisd’unticbizarredèsqu’ilmeregardait.Jepensaisaussiquesortiravecluin’auraitpasétéapproprié,étantdonnéqu’ilétaitimpliquédanslecoursetavaitsonmotàdiresurmesnotes.Malheureusement,commeilétaitaussiétudiant,iln’existaitaucunerèglestrictepourl’empêcherdemereluqueroudejoueravecmonfutur académique, comme il semblait le faire. Il aurait fallu que je puisse avancer des preuvesirréfutablesdesoncomportement,cequin’étaitpaslecas.

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—L’idéedesortiravecquiquecesoitestuneblague.Drewmeserralégèrementcontreluietmerelâcha.J’avaisencoredeuxcoursetensuite,j’étais

censée retrouverDovie avant ses coursdu soir. Je travaillais ce soir-là, puis jedevais rentrer à lamaisonpourm’assurerquemasœuravaitfaitsesdevoirsetquemamèren’étaitpasentraindeboirejusqu’aucoma.Toutceladevenaitépuisantetjenevoyaisaucuneperspectivedereposàl’horizon.

—Adriam’aditqu’unmecàlasoiréet’avaittapédansl’œil.C’estquoicettehistoire?AdriaparlaitbeaucouptropetnecomprenaitpasquemonattirancepourRaceétaitmonenfer

personnel.Jemeredressai,gênée,etplissailégèrementlesyeux.Drewétaitunmecsympaetmignon,dans

unstyletrèsaméricain,cheveuxchâtainsondulésetyeuxbleus.Ilavaitmentionnéàplusieursreprisesque,sijevoulaisfaireévoluernotreamitié,iln’auraitriencontre.Maisencoreunefois,jen’avaispasletempspourunhommedansmavieetsijeregardaisleschosesenface,mêmesiçaavaitétélecas,Drewn’étaitpasceluiquejevoulais.

—Riendutout.JeconnaissimplementRaceparuneamiecommune.Pourquoi?Ilhaussalesépaules,feignantladésinvolture…etéchouantmisérablement.Ilsefrottalanuque

toutenregardantlesolentresespieds.—Elleajusteditquetuavaisl’airfascinéeparlui,alorsqu’auxdernièresnouvelles,tun’étais

intéresséeparpersonne.Celane le regardait absolumentpas, et cette successiondequestionsn’était pas aussi anodine

qu’ilvoulaitlafaireparaître.—Cen’estpaslecas,etmêmesic’étaitlecas,çaneteconcerneraitpas,Drew.Ilposaunemainsurmonépauleetmeforçaàm’arrêter.Jelevailesyeuxsurlui,prêteàluidire

delaissertomberetdes’occuperdesesaffaires,quandilmefitunsouriretriste.—Ecoute,jesaisqu’onneserajamaisquedesamis,toietmoi.Tuasétéassezclaire.Maisje

t’aime bien et je tiens à toi, alors je veux que tu saches queRaceHartman ne t’apportera que desennuis.

Jelesavaisdéjà,maisçam’agaçaitdel’entendred’unmeccommeDrew,quinesavaitriendumondeau-delàdeTheHill.

—Raceestcommeilest.Jenemefaisaucuneillusionàsonsujet.Drewsoupiraetretirasamaindemonépaule.—C’estuncriminel,ungangster.Ilfaittabasserlesgensquiluidoiventdel’argentetvoleleur

voitures’ilsnepeuventpaspayer.Onditquec’estluiquiamontélecoupcontreNovaketqu’ilafaitçapourrécupérerlemarchénoirqueNovakgérait.

Je savais tout ça, et plus encore, car j’étais l’amie de Dovie et je n’avais pas pu ignorer lasituationquandelles’étaitretrouvéeenpleinmilieudeceshistoires.

—Lesgens fontcequ’ilsontà fairepoursurvivre,Drew.Tout lemonden’apasunebourseintégraleoudesparentscapablesdefinancersesétudesàl’université.

Ils’écartaetplissalesyeux.—Ehbien,puisquetuessiprochedelui,tudoissavoirquecen’estpassoncas.Sesparentssont

devraisrichardsetilaeuuncompted’épargneaveclequelilauraitpuachetercetteuniversitéunecentainede fois. Il achoisi cettevie. Il avait lesmêmesopportunitésquenous touset il lesa justegaspilléesenplongeantdansThePoint.

Jedoutaisquecesoitaussisimplequeça,maisjenevoulaispaspoursuivrecetteconversation.JepassaisdéjàtropdetempsàchasserRacedemonesprit;jen’avaispasbesoindemedisputeravecquelqu’und’autreàsonsujet.

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—Jepensequelesapparencessonttoujourstrompeuses.Porterunjugementensebasantsurlesrumeurs,cen’estpastrèsintelligent,etdetoutefaçon,toutçan’aaucuneimportance.Raceestjusteuneconnaissance.

Jeremontaimonsacsurmonépauleetfisunpasenarrière.—Jedoisallerencours.Il me regarda d’un air inquiet et je lui tournai le dos pour m’éloigner de lui. J’en savais

beaucoup sur les apparences qui cachaient la réalité, la vérité hideuse derrière la façade. Je neconnaissaispasassezRacepourpouvoirjugerseschoixousavieactuelle,maisj’avaisassezdebonsensetd’intuitionpoursavoirquesonhistoireétaitpluscompliquéequecequelescomméragesetlesspéculationslaissaiententendre,quedescirconstancesplusgravesentraientenjeu.

Mes deux cours suivants, dans lesquels j’avais demagnifiquesA, passèrent très vite et jemedépêchaidetraverserlevastecampuspourretrouverDoviepouruncaférapide.

Maintenantqu’ellenetravaillaitplusaurestaurantoùnousnousétionsrencontrées,toutesdeuxserveuses, nous avions du mal à trouver du temps pour nous voir. Je repérai sans problème sachevelure rousse éclatante et me jetai sur la chaise en face d’elle. Elle m’avait déjà commandé àboire;c’étaitdanssanatured’êtreaussigénéreuseetattentionnée.

Ellemesourit,sestachesderousseurseplissantsursonnez,etsesyeux,exactementdumêmevertforêtqueceuxdeRace,pétillèrent.Etreamoureused’undémonluiallaitbien,c’étaitindéniable.

—Salut.Jenepusm’empêcherdeluirendresonsourire.—Salut.Tuasl’airheureuse.Ellerougitlégèrement;ellenepouvaitpaslecacher,avecceteintderousse.—Jelesuis.Ettoi?Commentçava?Commetoujoursdepuisunan.Jehaussaiuneépauleetlalaissairetomber.—Çava…Unprofesseur-assistantestdécidéàruinermamoyenne,onm’apresquetirédessus

ceweek-end,etj’aireçuunSMSbizarresamedisoiraprèslafête.Aurestaurant,çanechangepas…etàlamaison…JedoisjusteattendrequeKarsenparteàlafac,conclus-jeensoupirant.

Ellepenchalatêteetsonregardvertmousseseteintad’inquiétude.—Lavache,Brysen,çafaitbeaucoup.J’eusunpetitrireblaséetjesortismonordinateurpourregardermesdevoirsetcequejedevais

réviseraprèsleboulot,cesoir.—Ouais.—C’étaitquoi,cemessagebizarre?C’étaittoutcequ’elleavaitretenudelatornadedeproblèmesqu’étaitmavieactuelle?—Justeunmalademedisantquej’étaismignonneetqu’ilétaitdésolédem’avoirratée.Ellefronçasessourcilscuivrés.—C’estvraimentbizarre.Tun’aspasreconnulenuméro?—Non,etj’airepousséplusd’unmecbizarrem’ayantdraguéesurlecampusouaurestaurantet

qui se ferait une joie de jouer avecmes nerfs.De nos jours, c’est facile de trouver le numéro dequelqu’unsurInternet,sionleveutvraiment.

—Jen’aimepasçadutout,Bry.Etant donné qu’elle avait été kidnappée, blessée et utilisée comme un pion par Novak pour

forcerBax à lui obéir, je voulais bien la croire,mais ce genrede choses n’arrivait pas dansmonmonde.

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—Cen’étaitsansdoutequ’uneblague,oualorsc’étaitdestinéàquelqu’und’autre.Çam’ajusteperturbéeàcausedelafaçondontlasoirées’estterminée.Lescoupsdefeu,c’estterrifiantquandonlesvitenvrai.

Ellesemorditlalèvreetnemanifestaniaccordnidésaccord.J’entraimonmotdepasseetmefigeai.L’écranétait toutbleu…mauvaissigne. Je regardaiDoviepar-dessus l’ordiet réprimaiuneenviedecrier.

—L’écrandemonordiesttoutbleu.Elleclignadesyeuxetfitletourdelatablepourvoirparelle-même.—Ohoh.Jedéglutisetl’éteignispourlerallumeraussitôt.Toujourscebleuhideux,éblouissant.—Merde.—Cen’estpasbon,ça,dit-elleenmepressantl’épaule.— Tu n’imagines même pas. Toute ma vie d’étudiante est là-dedans. Mon devoir à rendre

demain, toutes mes notes, et si je veux avoir la moindre chance de valider le cours de théoriemathématique,j’aibesoindetoutcequecetécranbleuvientd’avaler.Jen’ycroispas.

Jerésistaidifficilementàl’enviedebalancerl’enginparterreetdefairedesclaquettesdessus.—Tupeuxsûrementrécupérercequ’ilyasurledisquedur.Elleessayaitderesteroptimiste,maisçanem’aidaitpas.— Ce serait un problème de réglé, mais je n’ai pas les moyens de m’acheter un nouvel

ordinateur.Jen’avaispaseul’intentiondedireça,maisc’étaitsortitoutseul.Dovieétaitdéjàvenuechezmoi.Elle savaitqu’àuneépoque,mesparentsavaientétéplutôt à

l’aise financièrement. C’était un peu idiot de dire que je n’avais pas de quoim’acheter un nouvelordinateuralorsquejevivaisdansunbeauquartieretconduisaisuneBMW.Maisenréalité,jedevaisabsolumentgardermonjobaurestaurantsi jevoulaisgardermavoiture,etsi jevoulaisfinirmesétudes.Nousn’avionsplusd’argent.Entrelesfraismédicauxdemamanetcequepouvaitbienfairepapasurlesmarchésboursiers,onavaitdelachanced’avoirencoredelalumièreàlamaison.

—Et jen’aini le tempsni l’énergiedeprendreundeuxième jobpourme lepayer.Çacraintvraiment.

Jemepassailesdoigtsdanslescheveuxetpressaimespaumessurmestempes.Toutcequejeravalaisquotidiennementmemontaitàlagorge,menaçantdem’étouffer.Sérieusement,combiendechosesétais-jeencorecenséeendurer?Pourquoil’universessayait-ildemebriser?

—Jepeuxtefaireunesuggestion?Jelevailesyeuxverselleetvisqu’ellefaisaittourneruneboucledecheveuxentresesdoigts,

signedenervosité.Jesavaisquejen’allaispasaimercequ’elleallaitmeproposer.—Biensûr,tantqu’ilnes’agitpasdetapinerdansleDistrict.LeDistrictétait lazonedeThePointoùdesfillesbeaucoupplusjeunesquemoiexerçaient le

plusvieuxmétierdumonde.C’étaitlàqueleshommespassaientunbonmomentetdépensaientleurargentpourdesfemmesquilesoublieraientaussitôtqu’ellesauraientcetargentenmain.Jen’avaisjamaisvraimentétédanscecoindelaville,maisilétaitlégendaireetbientropdefillesyéchouaientendernierrecours.

Ellemedonnaunetapesurlamainetmefitlesgrosyeux.—Nesoispasridicule.Ecoute,jesaisqueRaceettoin’êtespasvraimentamis.Ellemarquaunepauseet je levai lesyeuxauciel.Biensûrquenousn’étionspasamis. Jene

pouvaispasêtreamieavecunmecquejevoulaisdéshabilleravantderampersursoncorps.

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—Maisils’yconnaîtenordinateurs,mieuxquepersonne.Tupourraisluidemanderd’yjeteruncoupd’œil.Jepariequ’ilpourraitleréparersansproblème.

Génial.Unesolutionquim’aideraitfinancièrement,maisquimettraitàl’épreuvemarésistancedéjàbienentaméefaceàsondemi-dieudefrère.Commesij’avaisencoreunechanceaprèscebaiser.Jeronchonnaidansmabarbeetlevailesmainscommepourmerendre.

—Donne-moisonnuméroetjel’appellerai.— Ce n’est plus si facile de le joindre, répondit-elle en faisant la grimace. Il a différents

numérospourlesdifférenteschosesqu’ilgèreetilneregardepassouventsontéléphonepersonnelparcequejesuislaseuleàl’appelerdessus.Jeluidiraisimplementdepasseraurestaurantetdejeteruncoupd’œilàtonordi.

Encoreunepreuveirréfutablequejen’avaisaucunintérêtàm’enticherdeRaceHartman.Queferais-je avec un mec ayant plusieurs téléphones portables pour gérer ses différentes affairescriminellesdansl’ombre?

—D’accord.Situpensesqueçaneledérangerapas.—Çane ledérangerapas,dit-elleensouriant. Il le feraparceque je luidemande,maisaussi

parcequ’ilt’aimebien.Etdepuistoujours.—Sérieux?Jen’aijamaisététrèssympaavecluipourtant.Enréalité,jemedémenaispourledécourageràlamoindreoccasion.Ellesouritd’unairnarquoisetpritsonsacetsontéléphone.— Race n’est pas facile à comprendre. Les choix qu’il a faits, les choses qu’il a décidé de

prendreenmain…Elles’interrompitethaussalesépaulesd’unairdésemparéavantdereprendre:—Iln’apaspeurdesdéfis, desobstacles sur sonchemin.Regarde sonmeilleur ami.Baxne

faisaitconfianceàpersonne,nesesouciaitdepersonne,àpartdeRace.Monfrèrefaitpartiedeceshommesprêtsàtoutpourarriveràleursfins.

Merdealors.Voilàquinelaissaitrienaugurerdebonquantàmacapacitéàgardersoncharmeàdistance,mais je n’avais pas le choix. Je n’avais vraiment pas lesmoyensdem’acheter unnouvelordinateur.

— Envoie-moi un SMS quand tu auras de ses nouvelles pour me dire vers quelle heure ilpassera.

Elleacquiesçaetmeserradanssesbras.Dovieétaitcommeunrayondesoleil.Jenecomprenaispas comment quelqu’un qui avait été sans cesse blessé, à qui la vie avait toujours donné le pire,pouvaitêtreaussiadorable.C’étaituneperleetjemesentaistrèschanceusequ’ellem’apprécieassezpourm’incluredanssoncercled’amisbiengardé.

—Merci,Dovie.Ellericana.— Ne me remercie pas tant que tu ne sais pas s’il peut le réparer ou non. En général, les

ordinateursnesurviventpasauxécransbleus.J’auraispréféréqu’ellenemelerappellepas.Jerangeaiaussimesaffairesetmelevai.Jedevais

alleraurestaurantetmepréparerpourleservice.—Merciquandmêmed’avoirpenséàunesolutionquinevapasmeruiner.Nous nous dirigeâmes vers le centre du campus et ellem’arrêta en posant lamain surmon

avant-brasjusteavantquenoscheminsseséparent.—Ecoute,Brysen.Sesyeuxvertsombremefixaientd’unairdéterminéetsérieux.

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—Tum’asrecueilliesansmeposerdequestionsquandmavieétaitenlambeaux.Tuastoujoursétégentille,tunet’esjamaisimmiscéedansmesaffaires,tun’asjamaisposédequestionsauxquellesjen’auraispaspuouvoulurépondre.Situasbesoind’aide,dis-le-moi.

Sonregardseposasurlesolpuisrevintsurmoi.Ellereprit:—Jen’aipasgrand-chose,maisBaxsi,etsijeluidemande,ildonnerasanshésiter.Elleallaitmefairepleurer.Jem’approchaid’elleetlaserraiunedernièrefoisdansmesbras.—Non,çava.Jedoisjusteattendremonheure.Ondoittousfairedessacrifices,j’imagine.Elleétaitprêteàrisquersavieetmêmesalibertépourresteravecsonhomme.Moi,j’étaisprête

àsacrifiermonindépendanceetlavisionquejem’étaisfaitedemaviepourmasœur.Jerejoignismavoitureetconduisisjusqu’aurestaurantoùjetravaillaisdepuispresquedeuxans.

Il se trouvait à la limite deThePoint et TheHill, si bien qu’on servait une étonnante diversité declients.Jegagnaispasmald’argent,etiln’étaitpasloindel’université,cequim’arrangeaitbien.Ilm’offrait aussi une pause bienvenue loin du stress de la maison et me donnait l’occasion derencontrerdesgensquejen’auraispascroisésautrement.

Jemerendisdanslasalledebainsdufondpourenfilermapetitejupenoireetlehautnoirtroppetitquiconstituaientmonuniforme.Tantquenousétionsennoir,lepatronnesepréoccupaitpasdenotretenue,maisj’avaisvitecomprisquepluselleétaitsexy,plusmonrougeàlèvresétaitvifetplusmescheveuxbrillaient,plusjerapportaisd’argentàlamaison.C’étaittellementrétrograde,tellementsexistequeçam’irritait,maisj’avaisbesoindumoindrecentime,etêtresexymelegarantissait.

Je n’avais rien de vraiment spécial. J’avais une belle peau et de grands yeux bleus,mais lesjolies blondes étaient légion, et rien ne me faisait sortir du lot. Le fait que je sois naturellementpulpeuse,nitropgrandenitroppetite,maisavecdesformesbienplacées,expliquaitselonmoimonsuccèsauprèsde laplupartdemes récents admirateurs. J’avaisuncorpscanonet jen’avais aucunproblèmeàlemettreenavantsicelamepermettaitdem’ensortirfinancièrementetm’évitaitd’avoiràdanserautourd’unebarreouàm’allongerpourpouvoirpayerlesfactures.

Jedonnaiunpeudevolumeàmacoupeaucarréasymétrique,vaporisaiunpeudeparfumsurmapeauetmemisautravail.C’étaitunjeudisoir,cequisignifiaitquelerestaurantseraitbondédejeunesétudiantsquipartiraientensuitedansunquartieroul’autrepourboiretoutelasoirée.LesclubsdeTheHillcomptaientdesbarsàMartinichicsetdesboîtesdenuithuppées.TouslesendroitsquelesjeunesfréquentaientdansThePointétaientclandestins. Il fallaitconnaîtrequelqu’unquiconnaissaitquelqu’un ne serait-ce que pour les trouver.Onme racontait des histoires de drogue, de combatsensanglantés,demusiquesourdeetd’ambiance«toutestpermis».J’étaismêmealléedansundecesendroitsavecDoviequandonl’yavaitattiréepourvoirBaxprendreuneracléeparunmonstredopé.Je n’étais à ma place dans aucun des deux quartiers, alors ça ne me faisait ni chaud ni froid decharmercettefoulediverseetdegagnerdel’argentenjouantsurlesdeuxtableaux.Enfait,cetentre-deuxétaitl’histoiredemavie:troppauvrepourêtreàmaplacedansTheHill,ettroprichepourlavieimpitoyabledeThePoint.J’existaisquelquepartaumilieudetoutça.

Je courus sans répit pendant les premières heures.Ramon, le barman, prenait un temps fou àpréparer les boissons, et la cuisine connut plusieurs gros problèmes alors que les commandess’accumulaient.J’étaisbienorganiséeetjesavaistrèsbiengérermontemps,sibienque,pourmoi,toutallaitcommesurdesroulettes.Quandj’eusletempsdefaireunepauseetdem’enfileruntacoavantlaprochainevague,jefussurprisedevoirRamonvenirjusqu’àlazonedesemployésoùjemecachais.Ilavaitl’airconfus.

—Hé.J’essuyailacrèmefraîchequiavaitcoulésurmonmentonethaussaiunsourcilinterrogateur.

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—Çava?—Tuprévoyaisdevoirquelqu’unicicesoir?Jefronçailessourcilsettiraimontéléphonedemonsoutien-gorge,oùjelerangeais,pourvoir

siDoviem’avaitenvoyéunmessageàproposdeRace.Iln’yavaitrien,justeunmessagedeKarsenquimedemandaitdeluirapporterdelaglace.

—Non.Pourquoi?Ilhaussasessourcilsdélicatementépilésetfitclaquersalangueensignededésapprobation.—Ilyavaitunmecaubarquin’arrêtaitpasderegarderautourdelui.J’aidûluidemandercent

foiss’ilavaitbesoindequelquechose,maisilajustecommandéunsodaetilestrestéassisaubar.Tuessortiedelacuisineavecunecommandeetilt’aobservéependantuneminute.Etpuisils’estlevépourpartir.Jemedisaisquec’étaitpeut-êtreunami.

Jeleregardaifixementcommeuneidiote,bouchebée.—Aquoiilressemblait?EtantdonnéqueRamonaimaitbienpluslesmecsquemoiencemoment,jepensaisqu’ilaurait

unedescriptionclaireetnetteàmedonner,maisilhaussalesépaules.—Riendespécial.Enfait,c’étaitbizarre,onauraitditqu’ilvoulaitpasser inaperçu.Ilportait

des lunettes et une casquette, comme s’il avait voulu changer son apparence. Et il n’a parlé àpersonne.

Jesentisunfrissonparcourirmondos,etsoudainmontacomeparutinfect.Biensûr,ilyavaitsouventdesmecslouchesquiessayaientdemedragueroumejetaientdesregardslubriques,maisuntorduquinedisaitpasunmot,plusleSMS,ça,çamefaisaitflipper.

—C’estvraimentbizarre.Ramonacquiesça.—Oui,c’étaittrèsétrange.—Situlerevois,tupeuxmeprévenir?—Biensûr.Ilfaudraitpeut-êtrequequelqu’unteraccompagneàtavoiturequandtuaurasfini

tonservice.Je frissonnai de nouveau et acquiesçai d’un air absent.Mon téléphone sonna et je poussai un

gémissementenvoyantlemessagedeDovie.

Ilseralààlafermeture.Attends-le.

Génial.Commesitoutlerestenesuffisaitpas.Jecommençaisàdoutersérieusementquemaviepuisseencoreempirer.

Jeluirépondisquejel’attendraisetj’allaim’occuperdesclientsdefindesoiréequiarrivaienttoujours juste avant la fermeturede la cuisine. J’étais en alerte,mesyeuxparcourant sans cesse lerestaurant.Jen’aimaispasl’idéequ’untypeloucherôdedanslesparages,m’observant,surtoutavecceSMSbizarrequimerestaitdansuncoindelatête.J’avaistendanceàpenserquejepouvaisprendresoin de moi toute seule ; j’étais intelligente et m’estimais débrouillarde, mais je n’avais jamaisvraimenteuàéprouvercettethéorie.Cettepenséem’effrayait.

Quand ma dernière table eut fini et que les comptes et les tâches de fin de service furentterminés,j’étaisépuiséeetstressée.J’étaisprêteàremettremesvêtementsnormaux,àallerchercherdelaglacepourmasœuretàrentreràlamaison…enfin,ça,pasvraiment,maisillefallaitbien.

J’attachaimes cheveux en arrière pour dégagermonvisage, enfilaimon jean et fourraimonuniformedansmonsacpourle laverplustard.Ramonavaitunclientqui traînaitaubaret touslesgarsencuisineétaientoccupésànettoyeroubienm’ignoraient.J’allaisapparemmentdevoirmarcher

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jusqu’àmavoiture toute seulepour récupérermonordinateur.Malheureusement, à cette idée,mescheveux se dressaient surmanuque et j’étais secrètement déçue queRace ne soit pas déjà là pourm’accompagner.

Jesortisdanslanuitetscrutaileparking.L’atmosphèreétaitplutôtdétendue,engénéral,maisonétaittombésàplusd’unereprisesurunmecbourréetviolent.Ladernièrefois,Baxétaitarrivéjusteàtemps, et depuis, ça s’était calmé. La réputation du petit copain de Dovie allait loin, mais elle netravaillaitplusici,etlesdégénérésrecommençaientàsortirdeleurtrou.

Je me garais toujours sous l’unique lampadaire, vacillant, du parking et je réprimai ungrognementquand jevisqu’ilavait justementchoisicesoir-làpour rendre l’âme.Leparkingétaitsombre et la distance qui me séparait de ma voiture semblait faire mille kilomètres au lieu dequelques pas. Mon ventre se noua. J’avais la chair de poule. Après une grande inspiration, jerassemblaimesforcesetpiquaiquasimentunsprintjusqu’àmaBMW.Jeposailamainsurlapoignéeensoupirantetpoussaiuncristridentlorsquejesentisunemainlourdesurmonépaule.

Sans prendre le temps de réfléchir, je hurlai de toutesmes forces, donnai un coup de tête enarrière etpivotai surmoi-même, legenoudéjà enpositionpourcauser leplusdedégâtspossible.Monagresseurcollaunemainfermesurmabouche,pressaunbrasdurcommefersurmonbustealorsquejemeretournaisetmeplaquacontrelavoiture.Jecriais toujoursderrièresamainetmapoitrinesesoulevait,maisquandjevisdesyeuxvertsfamiliersquimelançaientunregardfurieux,ma panique commença à s’estomper. J’entourai de mes doigts le poignet de la main qui mebâillonnaitetm’affalaicontrelaportière.

—Non,maisçanevapas?!Racemerelâchaetsefrottalementon,làoùmatêtel’avaitcogné.Je posaimes deuxmains tremblantes surma bouche et secouai la tête. Je voulaism’excuser,

maislesmotsrestaientcoincésdansmagorge.—Dovienet’apasditquejepasseraisaprèstonservice?Ilavaitl’airagacéetjenepouvaispasluienvouloir.—Désolée.Jesuisnerveusedansleparkingàcetteheure-là.Illevalesyeuxsurlelampadaireéteintpuisrevintàmoietdemandad’unairrenfrogné:—Pourquoitueslàtouteseuleaussitard?—Toutlemondeétaitoccupé.Tusaiscommentc’est,chacunsedépêchepourrentrerauplus

viteaprèslafermeture.Al’expressionquiapparutsursonbeauvisage,jecomprisquecelaneluiplaisaitpasdutout.

Race avait toujours la prestance d’un roi, élégant, resplendissant.Ce soir, dans l’ombre sévère dulampadairecasséetavecl’asphaltefissurésoussespieds,ilressemblaitplutôtàunguerriernordique,à la fois féroceetmécontent.Jen’auraispaspenséquecela lui irait,maiscetairmenaçantallaitàmerveilleavecsestraitsparfaits.Quandquelquechoseneluiplaisaitpas,ilfaisaitcequ’ilfallaitpouryremédier,jelesentaisdanssonregard.

Jeposailamainsursonlargepoignet.—Ne t’inquiètepas,Race. J’ai justebesoinque tum’aidesaveccetordinateur, sinon je serai

vraimentmalbarrée.Ilm’étudiaensilence,essayantde touteévidencededéciderquelsujetétait leplusurgent,ma

sécuritéoucettecriseinformatique.Heureusement,l’ordinateurl’emporta,maissavoixétaitrauqueetbourruequandilmedit:

—Cetteconversationn’estpasfinie,Bry.

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J’acquiesçai sèchement et me penchai pour récupérer l’ordinateur que j’avais rangé sous lesiège.Quandjemeretournai,jesentismonvisages’enflammercar,penchéedecettemanière,j’avaisclairement donné àRace l’occasion de regardermes fesses sous lemeilleur angle.Le vert de sesyeuxavaitchangé,prenantuneteinteplussombre.Jedéglutisnerveusement.

—Qu’est-cequ’ila,cetordinateur?Jeletenaiscontremapoitrine,commepourmeprotégertandisquesesyeuxcouraientsurmon

corps.C’étaittroublantd’êtreleseulpointd’attentiond’unhommecommeRace.J’avaisl’impressionqu’ilvoulaitregarderàl’intérieurdemoi,commes’ilvoulaitsystématiquementétudierchaquepartiedemonêtre,pourcomprendrecommentjefonctionnais.

—Jenesaispas.Jel’aialluméetl’écranestdevenutoutbleu.Jesaisquec’estmauvaissigne,maistoutcequ’ilmefautpourmescoursestlà-dedans,alorsjedoisfairequelquechose.

Ilhaussaunsourciletpritl’ordinateur.—Tune sauvegardespas tout surundisquedurexterneou surunebasededonnées, comme

GoogleDrive?Jegrognaietposailesmainssurmesyeux.—Sérieusement,Race?Sij’étaisassezmalignepourfaireça,tucroisquejeseraisentrainde

prierpourquetupuissesleréparer?Rienn’estjamaisaussisimpledansmavie.Il secontentademeregarder, saboucheprenantunemouesérieuse. Jepréféraisde loincette

expression sur sonmagnifique visage plutôt que celle qui faisait ressortir sa fossette sexy. Il étaitbeaucoupplusfaciledeluirésister.

—Tuenasbesoinpourquand?—J’aiundevoirlà-dedansquejedoisrendredemain,maisleprofesseurestplutôtsympaetil

melaisserajusqu’àlundisijeluiexpliquelasituation.Cequ’ilmefautabsolument,cesontmesnotesde théorie mathématique. J’ai un professeur-assistant horrible qui m’en veut de lui avoir dit nonquandilm’ademandédesortiraveclui.Jevaisdéjàavoirdumalàvaliderlecours,alorssansmesnotes,jesuisfichue.

Sesyeuxdevinrentencoreplussombresetsonfroncementdesourcilsplusmarqué.Sontorselargesegonflaetretombaquandilpritunegranderespiration.

Lesyeuxplissés,ilmedemandad’unevoixencoreplusrudequed’habitude:—Qu’est-cequisepasse,Brysen?Pourquoitoutcequetumediscesoirmedonneenviede

cognersurdesgensoudedéfoncerdestrucs?Jedéglutisetfrissonnaitandisquenousnousregardionsensilence.—Lavien’estpastoujoursrose,Race.Tudoissavoirçamieuxquepersonne.Ilsecoualatêteetreculad’unpas.Jemouraisd’enviedetendrelamainetdelerameneràmoi.

Ilétaitsimauvaispourmonself-control.—Non,c’estvrai.Maistuesunefillebienetbeaucouptropmignonne.Leschosesnedevraient

pasêtreaussidifficilespourtoi.Ellesl’étaient,pourtant,etjedevaisbienfaireavec.—Tucroisquetupeuxlesauver?Il recula encore d’un pas et sourit. Quand sa fossette apparut sur sa joue, jeme liquéfiai de

l’intérieur.—Quandjem’appliquevraiment,jesuisdouédansbiendesdomaines,Brysen.Lesous-entendusexuelmedonnaenviedegémir.—Quandpenses-tupouvoirmelerendre?

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—Donne-moi ton numéro. J’ai pas mal de trucs à gérer demain, mais je regarderai quandj’auraifini.Laisse-moijusqu’àceweek-end.

Çafaisaitseulementtroisjours.Apartenthéoriemathématique,jedevaispouvoirm’ensortirjusque-là.Jeluidonnaimonnuméroetfislesgrosyeuxenvoyantqu’ilnesortaitpassontéléphonepourl’enregistrer.

—Tuvast’ensouvenir?Jemerendiscomptequej’avaisditçad’unevoixboudeuseetjem’envoulus.—Jenel’oublieraipas,Bry.Toutcequiteconcerneestmémorable.Ah…Lebaiser.Ilallaitmehanterpourtoujours.Jechangeaideposition,gênée,etmedécollai

delavoiture.—Jedoisrapporterdelaglaceàmapetitesœuretvérifierqu’elleafaitsesdevoirs.Ilmeregardaattentivementetpenchalatêtesurlecôté.Jenevoulaispasmeretrouveraucentre

del’attentiondeRaceHartman;luicachercequejeressentaisdevenaitalorstropdifficile.—Apartirdemaintenant,tuteferasaccompagnerjusqu’àtavoiture.Cen’étaitpasunequestion.—J’essaierai.J’aurais bien aimé lui promettre,mais la vie ne semblait pas disposée à tenir compte demes

préférences,cestemps-ci.—Fais-le,Brysen.Sontonsuggéraitquej’avaistoutintérêtàl’écouter.—D’accord,Race.J’yveillerai.Il grogna et se retourna pour rejoindre saMustang rouge vif.C’était une voiture hyper-sexy

pourunmecquil’étaitencoreplus.Complètementinjuste.—Jet’appelle.Ilpartitsansajouterunmotetjecrusquej’allaism’effondrer.Ilyadeslimitesàcequ’onpeut

endurer. Ajouter Race à la montagne de problèmes sous laquelle je croulais déjà me donnaitl’impressionquejen’avaisplusdeplaceenmoipourtoutgarderenfoui.Toutremontaitàlasurface,touslessentiments,lesémotionsquejerefusaisd’admettre,dontjerefusaisdem’inquiéter,faisaientsauterlesverrousetmenaçaientd’exploser.Etpersonneneviendraitm’aideràfaireleménagequandjefiniraisparcraquer.

JesoupiraietappelaiKarsenpoursavoirqueltypedeglaceellevoulaitquejeluirapporte.

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4

Race

Aunecertainepériodedemavie,lebruitsourddepoingstapantcontrelachair,l’odeurdusangetlesoninsoutenabledelasouffrancehumainemetourmentaient.J’enavaislachairdepouleetleventre noué. Désormais, je voyais ça comme un mal nécessaire, et aussi affreux que cela puisseparaître,çafaisaitpartiedemonboulot.

J’étaisdans lapartiearrièreduSpanky’s, le findufindesclubsdestrip-teaseduDistrict.Lesfillesquidansaientlàn’étaientpasbanales.Ellesétaientbelles,professionnellesetofficiaiententantqu’hôtesses lorsque la scène s’éteignait etque leclubdevenaituncasino illégal.LeSpanky’savaitreprésenté une poule auxœufs d’or pourNovak.Désormais, Nassir etmoi avions lamain sur letrésoretnous regardionsencemomentChuck, legéantafro-américain responsablede lasécurité,tabasserfurieusementunclientquin’avaitpasgardésesmainsàleurplace.

Appuyécontrelemur,lesbrascroisés,jevoyaiscetype,quiauraitpuêtrelepèreden’importequi,seprendreuneraclée.Ilavaitdéjàcrachéquelquesdentsetsonvisageétaitentièrementtuméfié,maisChuckn’avaitpasl’airpressédes’arrêteretNassirnele luidemandaitpas.Sesyeuxcouleurcaramelbrûléétaientrivéssurlascènesedéroulantdevantlui:ilprenaitausérieuxlasécuritédesfilles qui travaillaient pour lui, qu’elles soient réglo ou non, et Honor— c’était évidemment unpseudonyme—n’étaitpasunefillesurquionpouvaitposerlesmainssansensubirlesconséquences.

Elle était autant à saplacedans leDistrict queBaxdansThePoint.Nouspartagionsunpassésordideet,pourtoutdire, j’étaissurprisqu’ellenesoitpaselle-mêmeentraindecognerM.MainsBaladeuses,carçaauraitbienétésongenre.Lavictimepoussaungrognement,sesyeuxbouffisetenflésse révulsèrent tandisqu’il roulait sur lecôtéenunemasse inconsciente.Chuck luidonnauncoup de plus du bout du pied et se pencha pour essuyer ses mains ensanglantées sur la chemisedéchiréedupauvretype.

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Nassirhaussaunsourcilnoir.—Tutesensmieux?Chuckgrognaetnousregardatouslesdeuxàtourderôle.— Il y a quelque chose dans l’air. Je ne sais pas ce que c’est,mais de plus en plus de gens

débarquentetvonttroploin.Ilfallaitquejemarquelecoup,pourmettreleschosesauclair.Jecroisai le regarddeNassiret ilhaussa lesépaules. Ilavait toujours l’airdese rendreàun

rendez-vous d’affaires ultra-important. Ses costumes coûtaient plus cher que ma voiture, et sonapparenceexotiqueetsaprestancemenaçantelerendaientintimidantettyrannique,letoutsanseffort.Jeletraitaisdéjàcommes’ilrisquaitdemepoignarderdansledosd’unesecondeàl’autre,maissasimpleprésencemepoussaitàêtreconstammentsurladéfensive.

—Qu’est-cequisepasse?Ilpassaunpoucelelongdesamâchoireetmeregardad’unairpensif.—Des filles se sont plaintes que les clients ne voulaient pas payer.D’après elles, la rumeur

courtquenoussommestropnovices,toietmoi.Lavilleestentraindechanger,personneneladirigeetiln’yapersonneàquirendredescomptes,alorslesgensselâchentettestentleslimites.

Jeserrailesdentsetfronçailessourcils.—Qu’est-cequetucomptesfaire?—Nous,Race.Qu’est-cequenouscomptonsfaire?C’étaitvraimentladernièrepersonnesurTerreavecquij’avaisenviedetraiter,maiscen’était

pascommesij’avaislechoix.—Qu’est-cequ’onvafaire,Nassir?—Mettre immédiatement un point final à toutes ces conneries, dit-il enmontrant l’homme à

terre.J’aidesnoms,desadresses,etceluiquivoudradiscuterdequiestlechefverraunemontagnededouleurluitomberdessus.Jeteconseilledefairepareilsiquelqu’unneterendpascequ’iltedoit.

Jen’avaispasencoreeuceproblème,maisjen’étaisbookmakerquedepuispeu.—Ouais.J’imaginequ’onnepeutpassepermettredepasserpourdesfaibles.LesyeuxdeNassirsemirentàlancerdeséclairs.— Nous ne pouvons pas être faibles tout court. J’ai attendu trop longtemps que quelqu’un

s’occupedeNovaketdesesfolies.J’auraisdûm’enchargerdepuisunbail,maisj’aiattendu,etsonpoison s’est répandu.Nous n’avons peut-être pas lemême point de vue sur tout, Race,mais noussavonstouslesdeuxquequelqu’undoitnourrirlemonstre,ettantquedeshommesrespectabless’enchargent,lavillen’apasàêtresacrifiéeàcettetâche.

Je n’aurais pas employé le mot respectable concernant Nassir, mais je n’avais pas envie dediscutervocabulaire.

—CommentvaHonor?Uneexpressionterrifiantetraversasonvisage.Jeneconnaissaispasbiensonpassé,jenesavais

pas d’où il venait, mais je n’avais jamais considéré Nassir comme un simple mec en costumerechignantàmettrelesmainsdanslecambouis.C’étaitunhommequipouvaittuers’ilensentaitlanécessité,quin’hésitaitpasàmontertouteunearmées’ilpensaitquelabatailleenvalaitlapeine.

—Ellealahaine.Jesoupirailourdement.—J’aiundépôtd’argentàfaire.Lasaisondefootballuniversitaireacommencé.IlhochalatêteetnouslaissâmesChuckseulpournettoyerlesol.C’étaitfroid,inhumain,etune

partieinfimedemonêtresavaitquec’étaitmal,maisc’étaitcommeça.Nousallâmesdanslebureaudel’anciengérantduclubetjeluiremislesliassesdebilletsenveloppées.Quandj’étaisplusjeune,

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manier des centaines demilliers de dollars ne signifiait rien pourmoi. Aujourd’hui, je regardaisNassirlesprendreetlesrangerdanslecoffre-fortderrièrelebureauavecuneextrêmeappréhension.Undestrucsquicraignentvraiment,quandonestcriminel,c’estqu’ondoitfaireconfianceàd’autrescriminels pour gagner sa vie. Dans l’ensemble, nous n’étions pas vraiment des gens dignes deconfiance,etaufond,chacunpensaittoujoursetd’abordàsoi.

Mon inquiétude devait se lire sur mon visage, car Nassir haussa un sourcil et m’adressa unsouriretoutsaufrassurant.

—J’aibesoindetoi,Race.Jenevaispast’escroquer.Jelâchaiunpetitriresec.—Etqu’est-cequisepasseraquandtudéciderasquetun’asplusbesoindemoi?—Tues intelligent.Tupeuxtrouver toutseul laréponseàcettequestion.Aufait, j’aientendu

dire qu’un abruti d’étudiant a sorti un flingue alors que tu venais récupérer ton argent. Tu doisadopterunepositionfermequanddestrucscommeçaseproduisent.

Jesoupirai.—Cen’étaitqu’ungamin.Nassirpointaledoigtsurmoietsavoixprituneintonationextrêmementsérieuse.—Commetoi.Saufquetoi,tun’esqu’ungaminquigèreunevilleentière.Siquelqu’undéconne

avectoi,Race,tuleremetsàsaplace.Baxauneréputationderrièrelui,ilaçadanslesang.Ilestnégangster.Toi,tun’esqu’ungaminquijoueàêtreunbossducrime.Tudoisprouverquetuessérieux,quetuesimpliquéjusqu’aubout,quecesoitenfaisantcoulertonsangouleleur.Iln’yaqu’uneseulemanièredefaire…lanôtre.

Jen’étaispasaussiimpitoyablequelui.Jenepensaispasdevenirunjourlegenred’hommesquine font que ramasser sans jamais se soucier de ceux à qui ils prennent. Celame rappelait trop lafroideur,lafaçondefairedéshumaniséeetvidedesensdemonpère.Jenevoulaispasdevenirundecestypesprêtsàtuerlachairdeleurchairsimplementparcequ’ils’agitd’unehistoirefumeusetroppénibleàexpliquer.

—Jegèremonbusiness,Nassir.Net’inquiètepasdecequejefaisounefaispas.Ilgrognaets’assitaubureau,puisposasonmentonsursesmainsjointes.—Cequim’inquiète,c’estplutôtqueBaxpéteraitlesplombssitutefaisaisbêtementtuer,etque

tout ce qu’on a rafistolé ensemble serait ruiné. Et puis le flic viendrait fourrer son nez dans nosaffaires,cequineseraitbonpouraucundenousdeux.

Le flic, c’était le demi-frèredeBax,TitusKing. Il avait jouéun rôledécisif dans la chutedeNovaketmaintenantilmetapaitsurlesystème.Jel’aimaisbien.C’étaituntypebien,unflicdévoué,maiss’ilavaitsuexactementcequejefaisais,cequeBaxetmoigérionsenparallèle,ilauraitflippéetn’auraiteuaucunscrupuleàfermermonbusinesssur-le-champ.Ilnoussurveillaittoujoursdetrèsprès,et il ensavaitplusqu’ilnenous le laissaitcroire,maisNassirétaitunsalaudsanspitié,et siTituss’approchaitvraimentdetropprès,j’étaispersuadéqu’ilessaieraitdelesortirdujeu.

Jen’avaisplus rienà luidireetmapatienceavaitatteint ses limites ; jen’avaisplusenviedediscuteraveccettehyèneencostard.Pourmoi,cen’étaitpasunjeu.Jesavaisàquelpointleschosesdanslesquellesjetrempaisétaientsérieuses,etjelestraitaisenconséquence.Jen’avaissimplementpasl’intentiondedevenirunNovakencoursderoute.

Ensortant,jefaillispercuterHonor,KeelynFoster,desonvrainom.C’étaitl’unedesplusbellesfillesdumonde.D’accord,ellepayaittrèscherpourgardercetteapparence,maisdansl’obscurité,jene voyais pas de différence entre l’artificiel et le naturel. Elle portait une robe noire en soie, sescheveuxlongsauburnétaienttoutemmêlésetsonmaquillageépaisavaitcoulésursonvisage.Même

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dans la lumière faible du club, je distinguais la vilaine coupure sur sa lèvre inférieure et le bleuflorissantsursapommettehauteetélégante.

Jesifflaientremesdents.—Çava?Ellegrimaçaetportaunemainàsajoue.—J’aidéjàétémieux.Nassiraramenécetidiotàl’arrière?J’acquiesçaietlaprévins:—SiNassirvoittonvisagedeprès,cetidiotvarepartirdansunsacmortuaire.—Tantmieux.C’estcequ’ilmérite,cetenfoiré.Interdictiondetoucher,c’estpourtantclair.Ila

eudelachancequejenelecastrepasavecundemestalons.Il était impossibledemener cette vie et denepasdévelopperune tendance à la violence.Les

fillesaussibellesnedevraientpasvivreaussidurement.C’étaitregrettable.—IlalaisséChucks’occuperdesoncas,maisjesuissérieuxquandjedisqu’illetueras’ilvoit

l’ampleurdesdégâts.Jecroisquelediableaunpetitfaiblepourtoi.Ellelevalesyeuxaucieletcroisalesbrassursesseinsrecouvertsdesoie.Jeconnaissaisbien

son corps nu, je savais qu’elle ne gagnait pas autant d’argent sans raison, mais elle dégageaitdésormaisuneduretéquin’existaitpasquandjel’avaisquittée,cinqansplustôt.

—Nassirestcommeunanimalsauvageéchappéd’unzoo.C’estimpressionnantetfascinantdele regarder, mais je préférerais que des barreaux et des vitres nous séparent. Il n’y a pas unmilligrammededouceurchezcethomme.

Jehaussaiunsourcil.—Çaneteplaîtpasqu’ilcontrôleleclub?Elle fit battre ses cils indécemment longs et sa boucheparfaitement ourlée esquissa un demi-

sourire.SeuleHonorpouvaitêtreaussibelleavecunelèvrefendue.—Ernieétaitunploucetilselaissaitfacilementmanipuler.Ilaimaitsefairepasserpourlechef,

mais en réalité c’était nous qui gérions le club. A l’époque, c’était un job amusant que les fillespouvaient fairemême avec la gueule de bois et sans aucun effort. Tumontrais un bout de sein etl’affaire était pliée. Nassir ne pense qu’au business, et maintenant les danseuses doivent mériterchaquedollargagné.Plusquestiondes’amuser,etsansNovak,n’importequelmecveutprouverqu’ilest le nouveau caïd. Tout est plus dangereux, plus désespéré. Tout lemonde veut laisser sa petiteempreintesurlaville.

Ellemontrasonvisagetuméfiédudoigt.—Parfaitexemple.Jedétestaiscequ’elledisait,maisc’étaitvrai.—Pourquoitun’arrêtespas?Tupourraischercherunjobunpeumoinsdangereux.Ellemetapotadélicatementlajoueetdégageasescheveuxsurlecôté.—Tuastoujoursététropgentilettropintelligent,Race.Quevoudrais-tuquejefasse?J’enlève

mesvêtementspourgagnermaviedepuisquej’aidix-septans.Jen’aipasfinilelycée.Jen’aipasdeparentsrichesquim’attendentàlasortie.Dansquelautremilieujepourraismefairemilledollarsenunesoiréeavecpourseulrisqueunbonpèredefamilleunpeutropentreprenant?C’esttoutcequejeconnais.

Jecroyaisfermementquelesavoircontinuaitàsedéveloppertantqu’onavaitledésird’allerlechercher.Selonmoi, ilyavait toujoursplusàapprendre,mais jenepouvaispas luienvouloirdefairecequ’ellepensaitdevoirfairepoursurvivre.Jemepenchaipourdéposerunbaisersursajouetuméfiée.

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—Prendssoindetoi.Ellemerenditunbaisersurmafossette.—Çavautcequeçavaut,maisjesuiscontentequetusoisderetour.J’espèrejustequetusaisce

quetufaisentraitantavecunrequincommeNassir.Moiaussi,maisengénéral,uneseuleerreurmesuffitpourapprendremaleçon.Ellemefitunpetitsouriretriste.—Uneseuleerreurestdéjàuneerreurdetropdanscemonde,Race.Cen’estpasTheHill.Ne

l’oubliepas.Jelaregardaidisparaîtredanslebureauoùj’avaislaisséNassir.J’auraisaiméqu’onarrêtede

toujoursme renvoyeràmesorigines. Jesavaisque leSpanky’sn’étaitpasTheHill.Tout semblaitdifférentici,mêmemoi.Seulletempsdiraitsij’avaiscequ’ilfallaitpourquelerestedelavilleenprenneconscience.

Je marchai jusqu’à la Mustang et sortis mon téléphone de ma poche. J’appelai Brysen poursavoirquandellepensaitfinirleboulot.Sonordinateurétaitbonpourlacasse.Onnepouvaitpaslesauver.J’avaisextraitautantdedonnéesquepossibledudisquedurgrilléet jelesavaistransféréessurunnouveauMacBookquejeluiavaisacheté.Jesavaisqu’ellenevoudraitpasl’accepter,maisjen’avaispasprévude luidonner lechoix.Elleenavaitbesoinpour la facetDovieavaitmentionnéqu’ellen’avaitpaslesmoyensdes’enacheterunautre.EllerepartiraitdoncavecleMac,queçaluiplaiseounon.Etpuis, j’avaisréussiàrécupérerpresquetoutsonbazardethéoriemathématiqueetj’espéraisutilisercetargumentpourlaconvaincred’accepter.

Ellemeréponditenvitessequ’ellefiniraitunpeuaprèsminuit.Commecen’étaitquedansunedemi-heure,jeluirépondisquejel’attendraissurleparking.Ilauraitétéplussimpled’entreretdel’affronterdevanttémoins,maisjevoulaisvoirsiellem’avaitécoutéetsiellesortiraitdurestaurantaccompagnée.Jen’aimaispasl’idéequ’ellesedéplaceseuledanscettepartiedelaville.Biensûr,masœuravaitempruntélemêmechemin,elleavaitmêmeprislebuspourallerautravailetenrevenir,maisDovieconnaissaitbienlarueetpouvaitflairerunemenaceàunkilomètre.Brysenressemblaitàuneprincessedeglacesortied’uncontedefées.Jenelapensaispasstupide,maisjedoutaisqu’elleaitlamoindreidéedecequirôdaitvraimentdansl’ombre.

La porte d’entrée du restaurant s’ouvrit et la blondeur éclatante de Brysen se reffléta sur lasurface vitrée.Elle portait unT-shirt serré et une petite jupe.Elle n’avait apparemment pas pris lapeine de se changer après le service.Un grand latinomarchait à côté d’elle. Elle riait de ce qu’ilvenaitdedireetrejetalatêteenarrière.C’étaitvraimentlaplusbellefillequej’avaisjamaisvue.Ilyavaitquelquechosedesipurchezelle,desispontané,quemoncœursemitàbattreviolemment.Elleposa lamain sur l’épaule de son escorte et pointa du doigt laMustang. L’homme acquiesça et sepenchapourl’embrassersurlajoue,puisseretournapourrentrerdanslerestaurant.

Ellecommençaàmarcherdansmadirectionetj’ouvrisalorslaportièrepoursortir.Jenesaispasd’oùvinrentlespharesnicommentj’avaispunepasremarqueruneautrevoituretraînantsurleparking,maistoutd’uncoupj’entendisuncrissementdepneus,sentisuneodeurdecaoutchoucbrûlé,etuneberlines’élançaàtoutevitesseendirectiondeBrysen.Jelavissefigertandisquejepartaisencourantverselle.Ladistancequinousséparaitétaittropgrandeetlavoiturefonçaitdroitsurelle.Jelavisleverlesmainsenl’airtandisquelemoteurvrombissaitencoreplusfort.Elleétaittétanisée,n’émettait aucun son, et je criai alors son nom. Elle tourna la tête d’unmouvement sec pour meregarderetjehurlaidetoutesmesforces:

—Bouge!

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Juste avant l’impact, pour lui éviter de finir écrasée sur le pare-brise, l’homme qui l’avaitaccompagnéelapercutasur lecôtédansuntacleaérienet tousdeuxs’envolèrentavantdes’aplatirsur l’asphalte. Je l’entendis crier lorsqu’elle toucha le sol et jeme tournai pour tenter de voir laplaque d’immatriculation de la voiture en fuite. Je fronçais les sourcils quand je rejoignis le duoblottiausol;laplaqued’immatriculationavaitétéenlevée,sibienqu’ils’agissaitd’unactepréméditéetpasdutoutd’unaccident.Jesecouail’épauledel’hommehispanoetillevalesyeuxsurmoi.

—Pousse-toi.IlsoufflaetlibéraBrysen.Ellemejetaunregardentresesdoigts,qu’elleavaitcollésdevantses

yeux, comme si cela avait pu la protéger d’unevoiture lancée à pleinevitesse. Jemebaissai pourl’aideràsereleveretserrailesmâchoiresenvoyantlachairensanglantéesursonbrasetsesjambes,làoùelleavaitheurtélesol.

—OhmonDieu,Ramon!Elles’écartademoietsejetadanslesbrasdel’autre.Illaserracontreluiensecouantlatêteet

marmonna,toutenmefixant:—C’étaitdingue.Unchauffardcomplètementsoûl,peut-être?Jenelequittaispasdesyeuxnonplus.Jevoulaisqu’ilrelâcheBrysen.Ellereculad’unpasetcollasonbrasblessécontresapoitrineavecsonautremain.—Merciinfiniment.Tuviensdemesauverlavie.— Il se passe des choses pas nettes autour de toi, chica. Reste bien sur tes gardes. Trouve

quelqu’unpourteprotéger,dit-ilenpressantsonépauleetenmeregardantavecinsistance.Nous l’observâmes en train de s’éloigner en silence et elle finit par se tourner versmoi. Je

fronçailessourcilsetellehaussalessienshautsursonfront.—Pourquoitumeregardescommesij’avaisfaitquelquechosedemal?Cen’estpasmafaute

sicemecétaitsoûlethorsdecontrôle.Elleavaitl’airvexée,maissavoixtremblait.Elleétaitterrifiée.J’inclinailementonetrelâchailarespirationquejeretenaissansm’enrendrecompte.—Cen’étaitpasunchauffardsoûl.Lavoituren’avaitpasdeplaqued’immatriculation,elleavait

lesphareséteints jusqu’àceque tusortesdubâtiment,etellefonçaitdroitsur toi.Si toncopainnet’avaitpasplaquéeausol,ellet’auraitrenverséeintentionnellement.Mais,bonsang,qu’est-cequisepassedanstavie?

Elle cligna des yeux etmordit sa lèvre inférieure. J’aurais aiméque ce soientmes dents à laplacedessiennes.

—Monbrasmefaitvraimentmal.C’étaitcompréhensible.Elleavaitdeméchantesécorchuresquin’arrêtaientpasdesaigner.Età

peuprèslamoitiédesgravillonsduparkingétaientincrustésdanssesplaies.—Tuveuxquejeteraccompagnecheztoipourquetupuissestenettoyer?Ellesecouabrusquementlatêteetdemandadansunmurmure:—Tupourraisjustem’emmenerquelquepartoùjepourraismelaverunpeu?Jeneveuxpas

quemasœuretmamèremevoientcommeça.Undecesjours,ilfaudraitquejedécouvretoutel’histoiredelaviedecettefille.J’aimaisles

défis,maisenunmois,leniveaududéfiqu’ellereprésentaitétaitpasséde«difficile»à«quasimentimpossible».

—Onpeutpasserchezmoivitefait.ElleacquiesçaénergiquementpuisregardasapetiteBMW.—Jenepeuxpaslaisserlavoiture.Elleneserapluslàquandonreviendra.

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Elleavaitraisonsurcepoint.Jesoupiraietluijetaiunregardrapide.Ellen’étaitpasenformeetelle ne pouvait certainement pas conduire une voiture à transmission manuelle avec un seul brasvalide.JeposailamainsursonbrasindemneetlaguidaiverslaMustang.Jeluiouvrislaportièreetprismontéléphonedansmapoche.J’attendisd’entendrelavoixnerveuseàl’autreboutdufilavantdedemandersesclésàBrysen.

—Aldo?—Ouais?J’étaissansdouteladernièrepersonnedontilvoulaitavoirdesnouvelles.— Tu veux un délai pour les deux mille dollars que tu me dois toujours pour le match de

l’Alabamaduweek-enddernier?IlyeutunlongsilenceetjevisBrysenleverdesyeuxcurieuxsurmoi.Jefermaisimplementla

portièreetcontournailavoiture.J’essayaidenepasêtretroptristeàl’idéequ’elleétaitprobablemententraindesaignersurmonintérieurvintage.

—Qu’est-cequejedoisfaire?demandaAldo.C’étaitunebonnequestion.Danscemonde,iln’yavaitpasdebonneactionsansunefaveuren

retour.—BMWnoiresurleparkingàl’intersectiondeParadiseetdeLoft.Jelaveuxaugaragedans

lesvingtprochainesminutes. Je laisse lesclésà l’intérieur,alors sielle se faitvolerdans lescinqprochainesminutes,jelarajouteautotaldecequetumedoisdéjà.

Riendetelqu’unepetitemotivationpourfaireavancerleschosesdansmonsens.—Jesuisàl’autreboutdelaville,mec.—Jetesuggèredetraverserlavilleàtoutevitesse,alors.Jeluiraccrochaiaunezetmarchaijusqu’àlapetitevoituredeBrysen.Jecachailescléssousle

tapisde sol.C’était ungeste risqué,mais je savaisqu’Aldon’avait pas l’argent sous lamainpourpayer sa dette, et qu’il se débrouillerait d’une manière ou d’une autre pour échapper auremboursementetàmacolère.

JerevinsdanslaMustangetregardaimapassagèredansl’obscurité.Elleavaitlesyeuxgrandsouverts et les pupilles dilatées. Je me demandai si je ne devais pas m’inquiéter d’une éventuellecommotioncérébrale.

—Çava?Ellefitroulersatêtededroiteàgauchecontrelesiègeencuir.—Non.Çafaitunmomentqueplusrienneva.Je fis démarrer la voiture et sortis duparking.Le ronronnement dumoteur était étrangement

réconfortant.Jelavisseredresserlégèrementalorsquelesangsursesjambescommençaitàcoulersurletapisdesol.Jevoulaisluidiredenepass’inquiéter,maissesmotsbourdonnaientdansmatêtecommedesabeillesaffolées.

—Pourquoiquelqu’unaessayédeterenverser?Ellemelançaunregarddecôtéetcoinçaunemèchedecheveuxderrièresonoreille.—Jenesaispas.Jenesaispasnonpluspourquoijereçoisdesmessagesbizarres,pourquoion

me tire dessus à des fêtes, pourquoi je me plante dans un cours qui ne devrait me poser aucunproblème,oupourquoi jecontinueà trouverdesexcusesàmesparents.Jenecomprendsvraimentpascommentc’estdevenumaresponsabilitédefaireensortequemasœuratteignel’âgeadulteenétantlemoinstraumatiséepossibleparlasituationabsurdeàlamaison.Riendetoutçan’adesens,etpourtantçacontinueetjen’aiplusaucuncontrôlesurmaproprevie.

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Ellesoupiraet jevissesyeuxbrillerde larmesretenues.C’étaitsansdoute lemoment leplusintime, le plus sincère, que nous avions jamais partagé, et je voulais réagir, mais je n’arrivais àpenserqu’auxmessagesbizarresetaufaitquelescoupsdefeutirésàlafêteavaientàsonavisunlienavecelle.Toutçaprenaitunedirectionquinemeplaisaitpasdutout.

—Quelqu’untemenace,Brysen?Sesdentss’enfoncèrentplusprofondémentdanssalèvre.—Jenesaispas.J’aireçuunmessagebizarreaprèslafête,d’unnuméroquejeneconnaissais

pas.Etaprès,Ramon,lebarmanquivientdemesauverlavie,m’aditqu’unmecrôdaitaurestaurantpendantmonservice.Jesaisquejeneprendspastoujoursdepincettespourrepoussercertainsmecs,mais c’est seulement quand ils sont vraiment lourds et insistants. Ça pourrait être de simplescoïncidences,maisaprèscequivientdesepasser,jenesaisplusquoipenser.

Nous allâmes au garage et je saisis le code pour ouvrir la porte coulissante. Dès que lesbarrièresmétalliquessefurentverrouilléesderrièrenous,ellesedétenditenfin.J’avançailaMustangetfermailaporte.Onsesentaitisolés,commeàl’intérieurd’unegrandeboîteenacier.Alorsquejecontournaislavoiturepourl’aideràdescendre,jedusmeconcentrerpourcontenirtoutelacolèreetlaconfusionquesesmotsavaientremuéesenmoi.Alabase,jen’aimaispasquedesfemmessoientmenacéesouapeurées,maiss’agissantd’elle,cettefillequej’avaisvraimentdanslapeau,toutecettehistoiremefaisaitvraimentpéteruncâble.

Ellemetenditsamainintacteetjel’aidaiàsemettredebout,sapoitrineseplaquantcontremontorse.Sesyeuxémettaientunepetitelueursiséduisantequ’ilmefallutungrandeffortpournepasmepencher et prendre cette lèvre mordillée dans ma bouche. Elle était blessée, effrayée, et elles’efforçaitvraimentdefairecommesiellenem’appréciaitpasdutout.Riendetoutçan’empêchaitmonérectiondesedurcirunpeuplusetmesnarinesdesedilaterfaceàsonodeurexcitante.

—Allonsretirercesgravillonsdetongenouetdetonbrasavantqueças’infecte.Ellehochalatêtedemanièresaccadéeetjeprissamainpourlaguiderjusqu’auloft.Jesentais

sapaumetremblercontrelamienne.—Aufait,tuaspusauvermonordinateur?Après toutes ces émotions, après avoir failli la voir se faire renverser, j’avais complètement

oubliélaraisonpourlaquellejel’avaisattenduesurceparkingaudépart.— Non. Impossible de le réanimer, mais j’ai mis presque toutes tes notes de théorie

mathématiquesurunnouveaudisquedur.Tuas raison,c’estuncours facileet tunedevraispas lerater.

Elle fit unpetit bruit derrièremoi et jeneprispas lapeinede lui fairevisiter l’appartement,puisqu’ilne secomposaitqued’une seulepièce, etqu’elleavait tout sous lesyeux. Je laconduisisdirectementdanslapetitesalledebainsetpoussailaporte.

—Génial.Lesbonnesnouvellescontinuent.Elleparlaitsuruntonsitriste,siabattu,quequelquechosesenouadansmapoitrine.—Jet’enaiachetéunneuf.Jelapoussailégèrementpourpouvoirouvrirlerobinetdeladouche.— Je crois que tu devrais d’abord essayer d’enlever autant de gravillons que possible en te

rinçantdansladouche.Parcontre,l’eauestsoitdelatempératuredelalave,enfusionsoitdecelledel’Antarctique,alorsilfaudraquetuchoisissescequifaitlemoinsmal.

Jeme penchai en arrière et marquai une pause, car elleme dévisageait avec des yeux bleusimmensesde lacouleurd’uncield’été. J’auraispu flotter à ladérivedanscetocéanbleutéetm’yperdresanseffort.

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—Tum’asachetéunnouvelordinateur?demanda-t-elle,presquedansunchuchotement.—Ouais,ettuvasleprendre,puistuvasmedirepourquoiquelqu’unt’enveutautant,etensuite

jevaistrouverlapersonneenquestionetlafaireréfléchiràdeuxfoisàsesrécentesdécisions.Elleouvritlabouchepourprotester,oupourmeremercier,maisellen’eneutpasletemps,car

Aldovenaitdem’envoyerunmessagepourmedirequ’ilétaitdevantlegarageetvoulaitfaireentrerlaBMW.Jedécidaiqu’illuifaudraitenfairebeaucouppluspourmoiavantd’êtrelibérédesesdettes.

—Prendsunedouche,Bry.Lave-toi et quand je reviendrai, je t’aiderai à enlever le restedesgravillons,jeteferaiunbandageetjeterenverraicheztoi.

J’étaisàmoitiésortidelasalledebainslorsqu’elleposaunemainsurmonbraspourm’arrêter.Jebaissailesyeuxsursajoliepetitemainpuissursesbeauxyeuxtristes.J’allaisétranglerquiconqueétaitresponsabledecettetristessedanssesyeux.

—Race…Savoixseperditetjen’avaisqu’uneseuleenvie,laprendredansmesbrasetl’allongersurune

surface plane pour pouvoir la recouvrir de mon corps. Elle était blessée, et ça aurait étécomplètementdéplacé,maismalibidos’enmoquait.

—Pourquoitufaisça?Jesuisamieavectasœur,pasavectoi.Jen’aijamaisétésympaavectoi.Pourquoitum’aidesautant?

Décidément,toutlemondesemblaitvouloirquestionnermesmotivations.Çacommençaitàbienfaire. Je repoussai les longs cheveux qui tombaient devant son visage et les glissai derrière sonoreilledélicate.Legestelafitfrémir.

—Jeprendssoindesmiens,Brysen.Queçateplaiseounon,tuenfaispartie.Jem’éloignaid’elletandisquesabouchedessinaitunpetit«O»desurprise.Jemerapprochais

delaréalitédecequevivaitBrysenCarter,etparlamêmeoccasion,jefaisaistombercemurabsurdequ’elleavaitérigéentrenous.CommeNassirl’avaitditplustôt,iln’yavaitqu’uneseulemanièredefaire, et c’était lamienne.Peu importait cequ’elledevait affronter, qu’elleperde le contrôlede savie ;elleauraitbientôt toutessortesdesoutienspeurecommandablespour le reprendre. J’espéraissimplementqu’elleétaitprêteà s’ouvrirunpeu,pourque jenenousdétruisepas tous lesdeuxenabattantsansrépittouscesboucliersqu’ellebrandissaitsanscesse.

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5

Brysen

L’eaubrûlait toutes lespartiesécorchéesdemoncorps.Surmespieds,elles’écoulait, roseettrouble,emportantlesrestesduparking,lesangetlasaleté.Racenem’avaitpasmenti,ladoucheétaitbouillante,maisçamefaisaitdubien,carj’étaisglacéeàl’intérieur.

Jenecomprenaispascequisepassait,pourquoiquelqu’unvoudraitmefairedumal,maisjenepouvaisnierqu’onavaitfaillimerenversercesoir.Enabandonnantmavie,enessayantdeprendresoindemafamille,ilsemblaitquej’avaisréussiàfâcherquelqu’unaupointqu’ilveuillemefairedutort.Jen’allais jamaisnullepart, jerestaisendehorsdesproblèmeset jenem’éloignaisjamaisducarrédebanlieuedanslequelmavieévoluait.Çan’avaitaucunsens.C’étaiteffrayantetjenesavaismême pas par où commencer pour essayer de comprendre. Pour l’instant, j’allais laisser l’eaubrûlanteenleverautantdesangetdedouleurquepossible,etessayerdenepassautersurRace,aucharmesombreetprotecteur.Celafaisaitlongtempsquepersonnenem’avaitcomptéedanssonclan.Ajoutezàcelaqu’ilétaitencoreplussexyetattirantquandilsemontraitmenaçantetrévoltéenmonnom,etmadéterminationvacillaitcommeuneflammedebougiedanslevent.

Surlemeubleàcôtédulavabofissuré,ilavaitposéunT-shirtetunpantalondesurvêtementqueDovie avait laissés quand elle habitait ici avec lui. Mais je ne les touchai pas et m’enveloppaisimplementdansuneservietteeffilochéequ’ilavaitnégligemmentjetéesurlecouvercledestoilettes.J’avaisencorebesoindesonaidepourenleveruncailloudebonnetailledemoncoude,etledessusdemongenousemblaitavoirétéattaquéàlarâpeàfromage.Nettoyerçaallaitfaireunmaldechienetj’espéraisvraimentnepasmeretrouveravecuneaffreusecicatrice.Encemoment,jen’avaispasbeaucoupd’atouts,etceseraithorriblesilaseulechosesurlaquellej’avaistoujourspumereposer,monapparence,seretrouvaitsoudainelleaussicompromise.Jetirailalangueenvoyantmonreflet

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danslemiroiretm’essorailescheveux.J’avaisunesaletête,maisellecorrespondaitbienàcequejeressentaisàl’intérieur.

J’entrouvris laporteetappelaiRace.Pasde réponse. Jem’apprêtaisàallerexplorer l’endroitminusculeoùilm’avaitemmenée,lorsqu’ilapparutsoudaindevantmoi,sesyeuxvertspétillantetsafossettecreusantsajoue.Aucungarçonaussiinfréquentablequeluin’auraitdûêtreaussibeau.C’étaitinjuste.Ils’étaitdébarrassédesachemiseàcolboutonnéetneportaitplusqu’unmarcelblanc.Sescheveuxenbatailleluidonnaientunairnégligéetsexy.Ilavaitunebouteilled’eauoxygénéedanslamain,etuneservietteblanchepropresurl’épaule.

—Onvatesoigner.J’acquiesçaietreculaid’unpasdanslasalledebains.Lapièceétaittroppetite,étantdonnéma

tenue quasi inexistante et mon envie irrépressible de lui grimper dessus. Je sentis mon cœur segonfler et son regard vertmousseme scruta de la tête aux pieds, s’assombrissant àmesure qu’ilcontemplaitmapeaudénudée.

—Assieds-toi.Jem’assissurlecouvercledestoilettesetlefixaiavecdegrandsyeux.—Vas-ydoucement.Sespupillessedilatèrentetsabouchesexyprituneexpressionsérieuse.—Qu’est-cequisepasse,Brysen?Pourquoiquelqu’unjoueavectoicommeça?Jenepusquesecouerlatêteethausserlesépaules.C’étaitunemauvaiseidée:laservietten’était

déjàpasbiengrandeetàchaquemouvement,elle tombaitunpeuplusbassurmesseins.Aucundenousdeuxnefitderéflexion,maisnosrespirationssemodifièrent.Lamiennes’accéléra, lasiennedevintrauqueetprofonde.

—Jenesaispas.Sérieusement.Laplupartdutemps,jesuisunepersonneplutôtsympa.Jememêledemesaffaires…Jenesaispas.

Mavoixn’étaitqu’unchuchotementqui se changea soudainenuncriperçant lorsque le tissublancimbibéd’eauoxygénéeentraencontactaveclapeauécorchéedemongenou.Jefisuntelbondquemaserviettefaillittombercomplètement.

Racefermabrièvementlesyeuxets’agenouilladevantmoipourpouvoirprendremonbras.Illedépliadélicatementetmeregardabienenface.

— Les coups de feu à la fête étaient destinés à moi, pas à toi. J’étais là pour récupérer del’argent, et legaminquime ledevaitn’étaitpascontent.Pourquoipenses-tuquequelqu’un t’a tirédessus?

Seslongsdoigtsmanipulaientavecsoinmacoupure.Jelesentistoucherlecaillouquis’yétaitincrustéetquinebougeaitpas.Iljuraentreseslèvres.

—Jedoistrouverquelquechosepoursortircetruc.Tandisqu’ilseredressaitsanseffort,jedéglutisetclignaidesyeuxpourchasserleslarmesqui

m’emplissaientlesyeux.—Quandjesuisrentrée,aprèslafête,quelqu’unm’aenvoyéunmessageàpartird’unnuméro

bizarre me disant que j’étais jolie et qu’il était désolé de m’avoir ratée. Ça m’a paru vraimentmenaçant,commes’ilm’avaitmanquéeavecuneballe,tucomprends?

Cette histoireme semblait folle, tirée par les cheveux,mais en voyant ses dents serrées et samâchoire contractée, jeme sentis heureuse de l’avoir partagée avec quelqu’un qui ne balayait pasmoninquiétuded’unreversdelamain.

—Tun’asaucuneidéedequiçapourraitêtre?

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Jenepusquesecouerlatête.Ilmefixapendantunesecondeavantdedisparaîtreetdereveniravecunepinceàépiler.Jen’attendaispascemomentavecimpatience,maisavoirsesmainssurmoimechangeait les idées.Et être aussi prèsde lui, respirer sonodeur, était une friandise sensuelle àlaquellejen’avaisgénéralementpasdroit.

—Gardelebrastendu.Ilpritmamainet laposasursonépauleavantdes’agenouillerànouveaudevantmoi. Ilétait

tellementcraquant.Jemouraisd’enviedeletoucher,deleserrercontremoietdecaressertoutsoncorps.Jemedemandaivaguements’ilréussissaittoujoursàs’ensortirparcequ’ilétaitimpossiblederésisteràsonmagnétisme.

J’enfonçai mes doigts dans les muscles de son cou lorsque la pince commença à piquer lablessure. Je jurai, mordis ma lèvre inférieure et m’efforçai de réprimer un cri. Ça faisait mal,vraimentmal,mêmes’iltravaillaitlentementetfaisaitdesonmieuxpourlimiterlesdégâts.Jesentisungoûtdesang,l’entendisdiremonnom,sentislabrûluredel’eauoxygénée,puisseslèvressurlesmiennes.

Ilavaitlesmainsdansmescheveux.Salangues’enroulaitettournaitautourdelamienne.Jefussoudain soulevée des toilettes etme retrouvai collée contre lui, tandis qu’il tombait dos sur le soldansunbruitsourd.Racen’étaitpaspetit,etlasalledebainsn’étaitpasfranchementspacieuse,sibienque j’étais complètement sur lui et que la serviettequim’avait vaguement recouverten’était qu’unlointainsouvenir.J’étaistoutenue,allongéesurlui.Jesentaissonérection,durecommeunroc,etlecarrelage irritait douloureusementmongenoublessé,mais je le remarquais àpeine, car toutes lesparties de mon corps en contact avec le sien étaient brûlantes et excitées, et les coupures etégratignures ne comptaient plus. Sous le tissu fin de sonmarcel blanc, son torse était puissant etchaud. Je voulaisme blottir contre lui, plonger en lui, et laisser tomber tout ce à quoi jem’étaisraccrochéejusqu’ici.Aussidangereuxquecelapuisseêtrepourmoidefréquenterquelqu’uncommelui,letoucher,mepressercontreluimeprocuraitunsentimentdesécuritéquimemontaittellementàlatêtequej’étaissûremententraindel’écrasertantj’essayaisdemerapprocherencoreplusdelui.

J’entortillaimesdoigtsdanssescheveuxetl’entendispousserungrognementdansmabouche.S’il prenait l’habitude de m’embrasser aussi fougueusement chaque fois qu’il sentait que j’avaisbesoinqu’onmechangelesidées,j’allaisdevoirtrouverunmoyend’êtreplussouventdépriméeensa présence. Je sentis son corps réagir sousmoi, se raidir plus encore à travers le jean qui nousséparait,etsesmainsseresserrèrentdansmescheveux.Raceflirtaittoujoursaveclalimite,uneligneinfimevoiléeparcettesplendeurdedemi-dieuquidissimulaituncœurplusprofond,unepartplussauvagecachéeaurestedumonde.Ilétaittellementplusqu’ungaminrichedéshérité,tellementplusque le partenaire de crime de Bax, mais c’était si facile d’être aveuglé par sa beauté pure et sesmanières suaves que toutes ces facettes étaient aisément ignorées. A cet instant précis, ses mainsdevinrentplusbrusques,sarespirationplusrauqueetsonregardmêlaexcitationetnoirceur,etilnefitaucundoutequ’ilétaitcapabledemefairedeschosespastrèsrespectables…MonDieu,commej’avaisenviequ’ilmelesfassetoutes.

Ils’écartaunpeudemoietpassalalanguesurlacourbepleinedesalèvreinférieure.Cegesteseulauraitpumefairejouirspontanément,maisilfitcourirsespoucessurlesbordsdemamâchoireet renversa un peu ma tête en arrière, puis il se pencha pour m’embrasser délicatement derrièrel’oreille.Sabouchegénéreusemeléchait,metitillaitetsemblaitconnaîtretousmespointssensibles.Je tremblais si fortetgémissaisavec tantd’impatience…il fallaitque je fassequelquechosepourarrêterdemedéliterentresesmainscommeunepoupéedechiffonbonmarché.Ilmemaniaitcommesijeluiappartenais.Commes’ilavaitfaitçatoutesavie.Commes’ilvoulaitmerendretoutceque

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j’avaisperduaucoursdel’annéepassée,etj’allaismeremettreàpleurersijenefaisaisriendemesmainsoudemabouche.

Jem’avançai etme penchai pour collerma bouche à la sienne et je l’embrassai avec tout ledésespoir, toute l’impatience frénétique qui tourbillonnaient autour de nous dans cette pièceminuscule.Jen’avaisjamaisétéprisedansuneétreinteaussipassionnée,jamaisétéaussiexcitéedansuncadresipeuromantique,maisriendetoutçanecomptait,carlecontactdeRaceétaitélectriqueetcemomentsemblaitinéluctable.

Jemordillaisalèvre,enroulaimalangueautourdelasienneetjerespiraienlui.Jem’agrippaiàsescheveuxetréprimaimonenviedemefrottercontresonérectiondeplusenplustenace,làoùmesjambesétaient lascivement écartées sur lui. Jen’étaisniunebouled’énergie sexuelleniuneprudetimide.J’étaisjusteunefillenormaleavecdesenviesnormales,maisquelquechoseenluimefaisaitperdrelatête,m’enflammaitlesangetmedonnaitenviedefaireetdediredeschosesauxquellesjen’avais jamais pensé. Voilà tout le danger que représentait Race : me faire vouloir ce que je nepouvaisetnedevaispasavoir.

Ils’arrachaàmonbaiservoraceetnosregardsbrûlantsdedésirsecroisèrent.Noushaletionstous les deux comme des coureurs de fond et ne pouvions ignorer la façon dont nos corpsréagissaientl’unàl’autre.J’étaistrempée,rongéeparledésir,etluidurettenduàl’extrême.Jecroisque tout ce que nous attendions, c’était le feu vert de l’autre. Nue et affalée sur lui, j’ignoraiscommentj’auraispumemontrerplusengageante.Soudain,ilfitglisserleboutdesesdoigtslelongde mon cou, descendant vers ma poitrine. Mon cœur fit un bond et mes tétons se durcirentdouloureusement,sachantqu’ilsenétaientsansaucundouteladestination.

J’exhalaisonnom,refermaiunpeuplusmesdoigtssursescheveux,mepréparantàcequiallaitsuivre. Sa bouche sur moi… partout… oui… Mais toute l’ardeur et le désir palpitant entre mesjambes et dans mes veines se figèrent et s’évanouirent lorsque j’entendis sonner mon téléphonequelque part dans la pile de vêtements déchirés et tachés de sang abandonnés par terre. Race étaitdoué,trèsdoué,etj’étaisexcitée,sansdouteplusquejenel’avaisjamaisété,maislasonnerieétaitcellequej’avaisspécialementattribuéeàKarsen,et jemerappelaienunéclairquej’auraisdûêtrerentréedepuisdesheures.Jen’avaisditàpersonnecequis’étaitpassénioùj’étais.Unappelaussitardifdesapart,alorsqu’elleavaitcourslelendemain,nelaissaitrienprésagerdebon.

Jem’arrachaisibrusquementaucorpsdurdeRacequesatêteheurtalesoldansunbruitsourd.Jefouillaiàtoutevitessedanslapiledevêtements,puismelevai,montéléphoneàlamain.J’attrapaileT-shirtposésurlelavaboetsortisdelapetitesalledebains.

—Karsen?—Brysen,turentresbientôt?Masœurparlaitd’unevoix tremblanteet incertaine. Jem’envoulais terriblement. Je regardai

par-dessusmonépaulealorsqueRacemesuivaitdanslaminusculepièceàvivre.—Oui.J’aieuquelquechoseàrégleraprèsleboulotetjen’aipasvul’heurepasser.Jeserailà

dansvingtminutes.Pourquoitun’espasencorecouchée?Jel’entendissoupirerpuisreniflercommesiellepleuraitetjem’injuriaiensilence.—Mamanestsortiedesachambreilyaunmomentetelles’estmiseàcriersurpapa.Ilafermé

laportedubureau,alorselleestalléedanslacuisineetacommencéàjeterdeschosespartout.Ellehurlaitquepersonnenel’aimedanscettemaison,qu’ellepourraitjustedisparaîtreetquepersonnenes’enrendraitcompte.Elleacassétoutelavaisselle.Jesuisalléeluidirequejenettoieraisetellem’acriéquejen’étaisqu’unechieuseinutile.

Cettefois,jejuraiàvoixhauteettiraisurmescheveux,assezfortpourmefairemal.

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—Vadanstachambreetrestes-y.Ignore-la,Karsen.C’estencoreunedesescrises.J’étaispersuadéequecettecrisesenourrissaitdevodkaouautre,maiscen’étaitpasuneexcuse.

Mapetitesœurneméritaitpasd’êtrelacibledecegenredecolèreinjustifiée.Jel’entendisgémirlégèrement,puisprendreunegrandeinspiration.—Jesuisdésolée.Tunedevraispasavoiràtedépêcherderentrerpourgérerça.Jesecouaisimplementlatête.Iln’yavaitpersonned’autrepourlefaire.Jem’évertuaisàbannir

l’alcool de la maison, pour tenir loin des mains de ma mère ce qui représentait une arme, maischaque fois que je tournais le dos, j’avais l’impression qu’une nouvelle bouteille de vodkaapparaissait.

—J’arrivetoutdesuite.Jeraccrochaietmeretournai.Racemeregardaitd’unaircurieux.Toutelanoirceurardentede

sesyeuxavaitlaisséplaceàunecouleurdepinvertetjenepouvaiséchapperàceregardinquisiteur.Jeprislepantalondesurvêtementqu’ilmetendait,mêmesiDovieetmoin’avionspaslamêmetaille.Il fallait que je couvreautantquepossiblemapeauabîmée. Inutileque jedonneàKarsend’autresraisonsdes’inquiéter.

—Jedoisrentrer.Ilpassalesmainsdanssescheveuxenbataille.J’auraisvoulumefrotteràluicommeunchat.—Jevaistesuivre.Jememordis la lèvreet réprimaiun refusautomatique.S’ilmesuivait jusquechezmoi, tout

cela aurait l’air d’être plus qu’une simple partie de jambes en l’air avortée. Il se dirigea vers lecanapé,oùilavaitposésachemise.

—Quelqu’unaessayédeterenverserilyaquelquesheures,Bry.Tucroisvraimentquejevaistelaissersortirtouteseule?

Je voulais lui dire que j’appréciais, que cela faisait bien plus longtemps que je ne voulaisl’admettrequepersonnen’avaitveillésurmoi.

—Merci,Race.Iln’ajoutapasunmot,attendantsimplementquejesoisprête.Puisilmeguidahorsdelapartie

loftdugarage, jusqu’àcellequiabritait toutes lesvoitures.Jen’étaispasspécialisteenmécanique,maismêmepourmoi,ilétaitévidentquecequisepassaitsousletoitdeRaceallaitplusloinquelasimpleréparationdebase.Noussortîmesetjedusadmettrequej’étaissurpriseetraviedetrouvermaBMWintacte.

—Çadoitêtresympad’avoirdessous-fifres.Ilm’ouvritlaportièrecôtéconducteuretsafossetteapparut.Cettefossetteallaitdéfinitivement

memeneràmaperte.Jelesavaisbien,etcertainespartiesdemonanatomielesavaientaussi.—Jepeuxm’enpasser.C’estl’autoritéetlepouvoirdefairebougerleschosesquisontsympas.Jeleregardaienclignantdesyeux.—C’estpourçaquetufaisça?Pourlepouvoir?Jevoulaisluidemandercommentilpouvaitsesentiràl’aisedansunepositionoùl’onpointait

desarmessur luietoùon lemettaitendanger. Iln’avaitpas l’aird’une têtebrûlée. Ilyavait tropd’activitécérébralederrièrecesyeuxvertforêtetsouscettemajestueusechevelure.

Safossettesecreusaunpeuplusetilpoussalavoituresurquelquesmètres,faisantondulerlesmusclesdesesépaulesetfrémirmonventre.

—Dans un endroit comme ça, les gens bien ne se bousculent pas.Ce qui veut dire qu’il y abeaucoupdesalesaffairesquisetramentdansl’ombreetbeaucoupdesalestypesquilesmènent.Jenesuispasunsaletype,Brysen,maisjenesuispasuntypebiennonplus.Jesuisjusteassezdesdeux

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pour garder lamain sur ces sales affaires et éviter qu’elles ne s’étendent et infectent les quelquesbonneschosesquirestentdanscetendroitpourri.C’estpourçaquejefaisça.

Je déglutis et tentai deme dire que cela ne changeait rien ; et pourtant, si. Ilme décocha unsourireironiqueetseretournapourrejoindresavoituretape-à-l’œil.

—Etpuis,ilfautbienquequelqu’unsoitpayépourfaireça,alorsautantquecesoitmoi.Jen’aiplusdepland’épargne.

Les voilà. Ces deux visages qui le rendaient imprévisible et si difficile à cerner. Altruiste etdésintéressé,etenmêmetemps,arrogantetdésinvoltequantàsasituationactuelle.

Jegrimpaidansmavoitureetattendisqu’ilouvrelegrandportailenmétalpourpouvoirsortirdubâtiment.Ilvivaitdansundrôled’endroit.Undécorindustriel,plusuneforteressequ’unemaison,et enplein centredeThePoint, cequi lui conférait automatiquementuncaractèreglauqueetpost-apocalyptique. Malgré les airs qu’il se donnait, Race transpirait une essence de richesse et deraffinementquifaisaittoutsimplementpartiedesonpatrimoinegénétique.Lefaitqu’ilvivedansunlieu presque dénué de meubles ou de quoi que ce soit pour le rendre accueillant ou chaleureuxmontraittoutesacomplexité.Simaproprevien’avaitpasétéaussichaotique,ilyauraiteudeforteschancespourquejepasseuntempsdémesuréàessayerdedécrypterseschoixdevie.

Noussortîmesrapidementduquartier,principalementparcequej’étaispresséeetinquiètedecequisepassaitàlamaison,etaussiparcequej’essayaisinconsciemmentdedistancerl’hommedanssavoituredesportderrièremoi.Jesavaisquelascènedelasalledebainsnequitteraitpasmonespritdesitôt,etjesavaisaussique,siKarsennem’avaitpasinterrompueavecsonappel,j’auraisfranchiunpasavecRacequiauraitfondamentalementtransforménotrerelation.

Toutes les lumières étaient éteintes devant la maison quand je me garai dans l’allée. Je prisquelquessecondespourreprendremesesprits,trouvaiunpullsurlabanquettearrièrepourcouvrirmon bras et sortis de la voiture. J’allais simplement agiter la main pour dire au revoir à Race,espérantqu’ilnes’arrêteraitpas,maisilsegaraetsortitdelavoiture,lenouveauMacdanslamain.J’avaiscomplètementoubliél’ordinateur.

Ilnemelaissapasl’occasiondedireunmot.Ilfourral’ordinateurultralégerdansmesmains,sepenchaetposaunbaiserlongetappuyésurmeslèvresentrouvertes.

—Ouvre l’œilpour repérer tout cequi te semble louche jusqu’à ceque jemette lamain surceluiquijoueauconavectoi.Transfère-moitouslesmessagesbizarresquetureçois,etregardelesnotesdecoursquej’aisauvées.Jelesairéorganisées.Jenesaispasquidonnececours,maisc’estmanifestementunidiotquin’auraitjamaisdûêtretitularisé.

Jenepusqueresterbouchebéetandisqu’ilrepartaitverssaMustang.—Race…Ilmeregardapar-dessussonépaule.Jenesavaispasquoiluidiredeplus,alorsilmesouritetje

mecontentaidesecouerlatête.—Ça,dit-ilenpointantsondoigtsurmoipuissurlui,avantd’ouvrirsaportière,çavaarriver.

Peut-êtrepasmaintenant,parcequecen’estpas lebonmomentpour toi,etpeut-êtrepasplus tard,parcequ’il sepeutque jene restepasdans lesparagesaussi longtemps,maisàunmoment, tôtoutard,çavaarriver.Tiens-toiprête,Brysen.

Commentpouvait-onêtreprêtepourça?Jerentraipresqueencourantquandj’entendisvrombirle moteur de sa voiture. Je claquai la porte d’entrée derrière moi et me dirigeai vers la cuisine,rempliedetantd’émotionsdifférentesquejepouvaissentirtoutesleurssaveursaigresoudoucessurmalangue.

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Mamèren’avaitpasseulementcassétoutelavaisselle,elleavaitaussividélefrigoetrenversétout soncontenu sur le sol et lesplansde travail.Tous lesplacards étaientvides.L’eaudu robinetcoulait,etilsemblaitqu’elleavaitrépandutoutelabouteilledeliquidevaissellesurlesol.C’étaitunbazarsansnom,uncauchemarcomplètementinutilequiauraitpuêtreévité,exactementcommel’étatactueldemavie.J’avaisenviedecognersurquelquechose,plusprécisémentsurmesdeuxparents,mais cela nem’auraitmenée nulle part, alors je serrai les dents etmontai pour poser le précieuxcadeaudeRacesurmonlitetvoircommentallaitmasœur.Ilmefaudraitdesheurespournettoyerlacuisine,maisj’allaisd’abordprendredesnouvellesdemamèreetengueulermonpère.Mêmesicelaneserviraitàrien.Riennesemblaitjamaischanger.

JefrappaidoucementàlaportedeKarsenetattendissaréponse.J’espéraisvaguementqu’ellesesoitcouchéeetqu’elleaitoubliélascèned’enbas,maisjen’euspascettechance.J’entendisleloquetdelaportes’ouvrir.Elleavaittellementpeurqu’elles’étaitenferméedanssachambre.

—Hé.Çavalà-dedans?Sesyeuxmarronétaientsigrandsqu’elleressemblaitàunpersonnagededessinanimé.—Jesuiscontentequetusoisrentrée.Tuasvulacuisine?J’acquiesçaiettouchaisescheveuxdoux.—Oui.Net’inquiètepas,petitlutin.Jenettoieraiça.Ellesecoualentementlatêteetjevisfrémirsalèvre.—Papaatoutignoré,Brysen.Ilajustefermélaportedesonbureauetl’alaisséehurleretse

déchaînercommesiderienn’était.Jeluiaicriédeveniraider,maisiln’apasbougé.Bien sûr qu’il n’avait pas bougé. Il était trop occupé à s’enfermer dans son bureau et à faire

commes’iln’yétaitpour riendans ledéclindenotre situation familiale.Etnoussavions tousquel’alcooldevaitbienentrerd’unemanièreoud’uneautre.Ilétaitpassémaîtredansl’artdefermerlesyeuxsursapartderesponsabilitédansladévastationdecettefamille.

—Jecroisquec’estdurpourlui.Ilfautjustedutempspours’adapteràunenouvellemanièredevivreensemble.

C’étaientdesconneries,maisj’espéraisqueKarsenm’aimaitassezpourlaissercouler.—Combiendetemps?J’ail’impressionqueçafaitdéjàuneéternité.Elleprêchaituneconvertie.Sielletrouvaitçalong,alorsquejefaisaistamponentreelleetla

gravitéréelledeschoses,ellen’avaitaucuneidéedecequec’étaitpourmoi.—Çavaaller,Karsen.Finistesdevoirs.Continuedebientravailleràl’écolepourfinirmajorde

tapromotionetobtenirunebourseintégralepourl’université.Unefoisquetuseras là-bas,danslemonderéel,toutcequisepasseiciserasecondaireettupourrasconstruiretaviecommetul’entends.

Jereculaid’unpasetluifisunsouriretriste.Ellepritmonpoignet.Unpeudesatristessequittasesyeuxcouleurcaféetellemesouritencoin.

—Alors,c’estquicemec?Mince…elleavaitdûregarderparlafenêtrequandRacem’avaitembrassée.—Justeunmec.—C’estlui,cequetudevaisgéreraprèsletravail?Ah, on pouvait dire ça, oui. J’allais avoir besoin d’une autre douche, froide cette fois, si

j’espéraispouvoirfermerl’œilcettenuit.—Monordinateuraplantéetilaessayédemeleréparer.TutesouviensdeDovie?C’estson

frère.Karseneut lamêmeexpressiond’incrédulité absolueque tout lemonde lorsque j’évoquais le

liendeparentéentreDovieetRace.

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—Ilestmignon.—Très.Jenepouvaispasdirelecontraire.— Il est aussi très compliqué, autoritaire, et je n’ai absolument pas le temps d’essayer de le

comprendre.Jevaisjeteruncoupd’œildanslachambredemaman,alorsfiniscequetuasàfaireetcouche-toi.

Ellelâchamonbrasetmarmonnasifaiblementquejel’entendisàpeine.—Mercid’êtrerentréeàlamaison.Jesavaisqu’elleneparlaitpasqued’aujourd’hui.Jesentismesépauless’affaisseretunautresoupirsoulevermapoitrine.Jen’avaispasvraiment

lechoix.Ilyavaittoujoursdesdégâtsàréparer,etapparemmentçan’étaitpasprèsdes’arrêter.

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6

Race

Impossibledefermerl’œildetoutelanuit.PasaveclegoûtdeBrysenencoresurmalangueetl’image au ralenti, défilant sousmes paupières fermées, de cette voiture lancée sur elle. J’étais unhomme de chiffres par nature et je détestais quand l’addition ne collait pas. Pourquoi une filleinnocente,uneétudiantesanslienavecunquelconquescandaleouquoiquecesoitdedangereux,seretrouvait-ellesoudainaucœurd’unesituationmenaçanteeteffrayante?Celan’avaitaucunsensetjenedétestaisrienplusquedenepascomprendrecommentleschosesfonctionnaient.

Uneodeurdecafécorséflottajusqu’àmesnarinesetlesfitremuer.Unbrassurlesyeux,j’étaisallongé inconfortablement sur le canapé, ma position habituelle pour dormir. Je n’avais entendupersonnemonterl’escalieretlesdeuxseulespersonnescapablesdes’aventurerdansmonsanctuaireétaientma sœur etBax. Poussant un grognement, jem’assis pour étirer le nœud qui s’était forméentremesomoplates et clignaidesyeux, surpris, envoyantquemonvisiteurn’était aucunedecesdeuxpersonnes.Jepassaivivementlesmainssurmescheveuxdressésn’importecommentetbâillaisifortquemamâchoireclaqua.

—Qu’est-cequetufaislà,Titus?L’inspecteur ressemblait assez àmonmeilleur ami pour qu’on ne puisse douter qu’ils étaient

frères.Titusétaitpluscostaudetsesyeuxétaientbleusetpascouleurnuitnoire,maisilavaitlemêmevisagedurtailléàlaserpe,lamêmemoueconstante,etlesmêmescheveuxnoirs.Titusapprochaitdela trentaine,mais il faisait légèrementplus et avait toujours l’air fatigué.Quelques cheveuxblancspoussaient même sur ses tempes, apparus juste après la confrontation fatidique avec Novak. Etrepolicierdanscequartierétaitunjobingrat,etsesépaulesdéjàlourdescommençaientàmontrerdessignesd’épuisement.

—Qu’est-cequetufaisici,Race?demanda-t-il.

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Ils’éloignadelakitchenetteetmetenditunetassedecaféfumante.Jeleregardaisansleverlatêteetluirépondis:

—Cen’estpascequejeviensdetedemander?Tuesrentrécomment?Ilpoussaunpetitrireets’assitsurleseulautremeubledel’espacedépouillé.—Baxestdouépourentrerpareffraction,maisjesuismeilleurquelui.Tuvasmedirequetuas

despapierspourchacunedesvoituresdanslegarageetdansleparkingenbas?Jeluisourisetmelaissaiallerenarrièresurlecanapépourposermoncousurlescoussins.—Est-ceuneobligation?Est-cequ’unedecesvoituresaétédéclaréevolée?Nousnousdévisageâmespendantunelongueminutetendue.Ilsavaitqu’aucunenel’était.C’était

çaletruc,quandonprenaitlavoitured’unjoueur.Mesclientsétaienttellementdanslamerdequ’ilétaitplussimpledemelaisserlavoiturequed’essayerdelareprendre.Levicel’emporteraittoujoursetjem’yretrouveraistoujours.

Titusgrognaetsesyeuxserétrécirentlégèrement.—As-tu lamoindre idéede ceque tu fais,Race ? Jusqu’où es-tu prêt à aller ?Si les choses

tournentmal,tucroisquetupourrasfairecommeBax?Teretrouverderrièrelesbarreaux,laisserDovieicitouteseule?Tut’esdéjàdemandécommenttoutçaallaitfinir?

Jeprisunegorgéedecaféethaussailesépaules.—Dovie ne sera pas seule tant queBax sera là, et j’ai appris àmes dépens quemême si je

planifieunefinparfaite,ThePointauratoujoursuneautreidée.Jesuisprêtàalleraussiloinqu’illefautpouréviterquequelqu’uncommeNovakneseretrouvedenouveauàlatêteduquartier.

—Tuesbienconscientqu’enfaisantça,tucourslerisquededevenircethomme-là,Race?Jeme débattais tous les jours avec cette question. Comment plonger lesmains dans la saleté

jusqu’aucoudesansquecelachangel’hommequej’étais?—C’estunrisquequejedoisprendre.—Tu sais que le procès du reste de la bande deNovak va enfin commencer.Quel genre de

témoinsvousferez?Baxvoleencoredesvoitures,tugèrestouteuneentreprisecriminelle,etNassiresttellementinsaisissablequeseulunidiotluiferaitconfiance.Quesepassera-t-ilquandBennyetlesautressortirontetvoudrontrécupérerlaville?

J’yavaisdéjàbienpensé.—Alors,ilfaudraqu’ilsnouslareprennent,briqueparbrique.Nous nous regardâmes encore unmoment, puis son torse se gonfla et retomba dans un long

soupir.—MettreBaxenprison,c’étaitcarrémenthorrible,Race,maisjel’aifait.J’espèrequetusais

quesitufaisunfauxpas,situcommetsuneerreur,j’agiraidelamêmemanièreetcelanemeposeraaucunproblème.

Jelesavais.J’ycomptais.Savoirqu’unhommemoral,juste,metenaitàl’œilétaitundesgarde-fousquiempêchaientmonâmed’êtretachéeparcequejefaisais.

—C’estdebonneguerre.Qu’est-cequetufaislà,aujuste?Ilposasoncaféparterre,àsespieds,puisquejen’étaispasassezcivilisépourposséderquelque

chose d’aussi basique qu’une table basse. Il se leva, se redressant de toute sa taille imposante, etmarchalentementjusqu’àlakitchenettepourattraperundossierenpapierkraftquejen’avaispasvujusqu’àmaintenant.Illelançasurmesgenouxetlepointadudoigt.

—Tureconnaisundecestypes?Je le regardai d’un air absent, posai mon café entre mes pieds nus, et ouvris le dossier. Un

puissanttremblementsecouamoncorpsetjesentislabilebrûlerlefonddemagorgeenvoyantle

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premierclichésur ledessusde lapile.Uncorpsbrisé,désarticulé.Lecou tordudansunanglepasnaturel,lapeaumarquéeparlesbleusetlamort.Jedusclignerplusieursfoisdesyeuxpourarrêterledéfilementd’imagesdansmatêteet jeprisplusieursgrandes inspirationsavantdepasserauclichésuivant.Encoreunefois,lecorpsavaitétémalmené,victimed’unpassageàtabacbrutal,etcettefoisilyavaituntroubéantetsanglantpileentrelesdeuxyeuxouverts,vides.J’observailesphotosenmedemandants’ilvalaitmieuxmentiroudirelavérité.S’agissantdeTitus,ilyavaitdeforteschancespourqu’ilconnaissedéjàlaréponseàlaquestionqu’ilmeposait.

—LemecaucoucasséestungaminquiaperdubeaucoupàunmatchdeTexasA&Milyaunesemaine.Quandjesuisalléchercherl’argent,ilaflippéetsortiunflinguependantunefêtebondéeprèsdel’université.J’aidécampéavantquelesflicsarrivent.Ledeuxièmemecs’estmontréunpeutroptactileavecHonor,auSpanky’s,etladernièrefoisquejel’aivu,Chuckluiavaitdémontrétrèsclairement pourquoi c’était unemauvaise idée. Il respirait encore quand je suis parti. Il saignait etavaitperduquelquesdents,maisilrespirait,c’estsûr.

Jemis ces images horribles de côté pour consulter le dossier en dessous. Les deux hommesavaient été retrouvés àquelquesheuresd’intervalle, derrièredeuxclubsqueNassir tenait dansdeshangars.Jesifflaientremesdentsetrefermailedossier.LeregardbleuetattentifdeTitusétaitfixésurmoi.

—Tunepensespasquej’aiquelquechoseàvoiravecça…Ils’agissaitplusd’uneremarquequed’unequestion.S’ilavaitpenséquej’étaisimpliqué,cette

conversationauraitinclusdesmenottes,pasducafé.—Non,j’étaisaucourantpourlestirsàlafête,etlemecduclubaessayédeporterplainte,mais

onl’aenvoyébaladerquandonavulevisagedeladanseuse.EtpuisNassiresttout,saufunconfini.Laissernonpasun,maisdeuxcadavresderrièresespropresclubs,cen’estpasquelquechosequ’ilferait.Ce que j’en pense, c’est que quelqu’un veut vous envoyer unmessage à tous les deux…unmessageauquelvousferiezmieuxdeprêterattention.Quelquesvoituresquidisparaissent,del’argentquichangedemains,c’estfacileàignorer.Maisdescorpsquitombent,desgensquimeurent,c’estbienplusdifficile.

Jehochailatêted’unairabsentetpassaiunemainsurmanuque.—Unquelconqueindicesurquiessaieraitdenousfairepassercemessage?Ilhaussalesépaules.—Quisait?Quelqu’unquivoudrait tester les limitesde l’accordquevousavezmisaupoint

avecNassir ?Quelqu’unvisant à vous dégager tous les deux ?Quelqu’un qui vous en veut et quipense qu’il peutmonter un coup contre vous ? Par ici, les suspects sont trop nombreux pour êtrenommés,alorssituveuxjouer,tuferaismieuxd’êtrecertainderemporterlapartie.

A vrai dire, perdre n’était pas envisageable, et je jouais toujours pour gagner. Jeme levai etétirailesbrasau-dessusdematête.Jegrognaiquandmacolonnevertébralecraquadetoutsonlong.Tituslevalesyeuxauciel.

—Pourquoiest-cequetuvistoujoursici?—Parcequejemesensbienici.Jene retournerais jamaisvivredans l’espècedepalais quemesparentspossédaientdansThe

Hill.Vu lavieque jemenais, jenevoulaispas faire semblantd’avoirmaplacedansunebanlieuetranquille, commeBax etDovie, et vivre dans un appartement délabré ne valait pasmieux que dedormirauloft.Etpuis,j’étaisplusensécuritéici.

—Comment tupeuxêtrebien ici?Tun’asmêmepasdemeubles.Tu faiscommentquand turamènesune fille?Tu luidemandescinqminutespourmettreunecapoteetdéplier lecanapé-lit ?

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Mêmetoitunepeuxpastepermettreça,beaugosse.Il se trompait. J’avais bien assez de succès pour faire accepter ça et tout ce que je voulais à

presque toutes les filles qui se présentaient. Le problème, c’est qu’aucune fille ne m’avaitsuffisammentintéressépourquejetentedeluifaireaccepterquoiquecesoit,etcedepuisbienpluslongtempsquejenevoulaisl’admettre.ApartBrysen.Etavecelle,jen’avaispasbesoindelit,pasbesoindegrand-chosepourmemettredansl’ambiance.Lesimplebattementdesescilsetsafaçondefairelamouesuffisaient.Sisontéléphonen’avaitpassonnéhier,j’auraistrèsprobablementbaptisélesoldemasalledebainsd’unemanièretoutàfaitspectaculaire.

Jericanaiettendislebraspourprendremonjean.—Qu’est-cequeçapeuttefaire,l’endroitoùjevis?Baxselajouematoud’intérieur,ilaune

vieheureuseetunecopinesuper.Tuveuxfairedemoitonnouveauprojetdesauvetagemaintenantquetonfrèreamisdel’ordredanssavie?

Ilme décocha un juron et se dirigea d’un pas fermevers l’entrée qui surplombait le garage,avantdemelancerunregardrenfrognépar-dessussonépaule.

—Jesaisquetun’espasunsaletype,Race.Tavieestpartieenvrille,maiscen’estpasdifférentdecequi est arrivé au rested’entrenous.Bien sûr, c’était lié à tes choix,mais je te respectepouravoirfaitcequ’ilfallaitselontoipourprotégertasœur.Jemedemandejustecombiendetempstupeuxavoirlesmainssalestoutenprétendantvouloirmeneruneviepropre.

Jenesavaispasquoirépondreàça.Jenesavaismêmepasvraimentsic’étaitpossible,maisjecomptaisfairedemonmieuxpourqueçaarrive.

—Jemelavelesmainsquandjerentrechezmoi,Titus.Iléclatad’unrireamer.—J’aimeraisbienquecesoitaussisimple.Jelesuivisjusqu’àl’escalieretluidemandai,aupassage:—Qu’est-cequetuferaissiuneamieàtoiétaitharceléeparquelqu’un?Ils’arrêtasurunemarcheetseretourna.—Pourquoitupensesqu’ellel’est?—Ellereçoitdesmessagesbizarres,ethiersoirquelqu’unaessayédelarenverserenvoiture.

C’estjusteunefillenormale.Ellevaàl’université,ellevitenbanlieue,unpeucommeDovieetBax.Ellehabitemêmechezsesparents.Cen’estpasunefillequidevraitsesentirmenacéeeteffrayée.Çanecadrepasaveclegenredeviequ’ellemène.

L’inquiétudeselisaitsursonvisage.—Elleaunexremontécontreelleouquelquechoseàregarderdeplusprès?Jehaussai lesépaules,car jenesavaispassi leprofesseur-assistantencolèreou la légionde

prétendantséconduitspouvaientêtreassezremontéspoursemontrerdangereux.—Jenesaispas.J’aiunmecquimedoitplusd’unservicequilasurveillepourlemoment,mais

çanemeplaîtpas.Çanecollepas,cequiveutdirequeçavametapersurlesnerfsjusqu’àcequejesachetout.

—Faisgaffeàtoi.Situajoutesunejoliefilleàtoustesproblèmes,tuvasteretrouveravecunpointfaiblequen’importequiverraàunmilliondekilomètres.Demandeàmonfrère.

—Jenesaispas,Titus.BaxaétéenvoûtéparDovieettoutd’uncoup,ilaeuassezdemotivationpouraffronterlemondeentierpourelle.D’aprèsmoi,quandtuajoutesunejoliefille,tudonnesàunhommedangereuxunevraieraisondel’êtreencoreplus.

Ilpenchalatêtesurlecôté.

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—Peut-être.Situtrouvesdesinfosfiables,unnom,unnuméro,uneplaqued’immatriculation,appelle-moietjeverraisijepeuxfairequelquechosepourtoi.

Je le remerciai et le regardai disparaître dans les entrailles du garage. J’étais sûr qu’ilmémoriserait toutes les plaques d’immatriculation pour les comparer avec celles des voituresdéclaréesvolées.Titusétaitunmecbien,maisc’étaitd’abordunflic. Ilnous laisseraitpeut-êtreenpaix,Baxetmoi,tantqu’iln’auraitpasdepreuveirréfutablecontrenous,maissinousluidonnionsuneraisondelefaire,iln’auraitaucunproblèmeànousmettretouslesdeuxderrièrelesbarreaux.Etjesavaisquedanssatête,illeferaitpournotrebien.

Jetraînailespiedsjusqu’àladouchedel’enferetdécidaique,aprèsunenuitépuisantepleinedefrustrationsexuelle,j’allaischoisirl’eauversionblocdeglaceaulieudufeuaujourd’hui.Lamanièredontmoncougrinçait et craquaitplaidait en faveurde l’achatd’un litpour le loft.Et envérité, jesavais tout simplement qu’avecBrysen c’était loin d’être fini et je ne voulais pas être le naze quiessaierait de la draguer dans un endroit comprenant seulement une chaise, un canapé-lit et unebouteille de scotch au congélateur.Elleméritaitmieux que ça. Je pouvais lui offrirmieux que ça,maisaprès?Ellepartiraitetjedevraisfairesemblantdenepasvivrecettevieoùjedevaistoujoursêtresurlequi-vive,avoirtoujoursplusieurslongueursd’avance.

En réalité, l’unedes raisonspour lesquelles jevivais si simplement,avec lemoinsd’entravespossible,c’étaitquejesavaiscequeçafaisaitdetoutperdre.J’avaisbénéficiédetoutel’opulence,detouslesbiensnécessairesàuneviematérialisteetdéraisonnable.Perdretoutçanem’avaitpasautantblesséquede réaliserque la famille, l’illusionqui fournissait toutça,n’étaitque fuméeetmirage.Monpèreétaitcoupabled’unetentativedemeurtreetsesmainsétaientaussisalesquelesmiennes.Mamère…jenesavaispas jusqu’oùallaitsacomplaisanceet jefaisaisunvéritableeffortpournepasvraiment le savoir. J’avais encoreunparent avecqui jepouvais êtredans lamêmepièce, sanstoutefois quemon père l’autorise. Depuis qu’il m’avait désavoué,mes contacts avec eux s’étaientbornésàquelquesmessagesd’unmot.

Quandonn’apasgrand-chose,toutperdrenefaitpassipeur.Je m’habillai, avalai un bagel rassis pour avoir un peu d’énergie et descendis au garage. Je

voulaispasservoirNassirpouravoirsonpointdevuesurladécouvertedescorps.Sinousavionslemêmeennemi,nousdevionsmettreencommunnosidéesettrouverquiçapouvaitêtre.Enplus,ilyavaituncombatceweek-endetjevoulaissavoirquellesétaientleschancesdesesboxeurs.Nassirnefaisait jamais rien d’aussi simple que de laisser se battre deux hommes de niveau égal. Il avaittoujoursunplanpourrendreleschosesplusintéressantes,etmaintenantquenousétionsassociés,jedevaisconnaîtresestrucspourêtresûrquelescotesetlesparissurchaqueboxeurpaieraientauplusfort.

Baxparlaitavecundesmécaniciensquibossaientlégalementpourlui.L’activitédugarageétaitdevenueuneaffairerentableetviabledepuisqu’ill’avaitreprise.Personneneconnaissaitaussibienqueluilesvieillesvoituresdesport,etcequisortaitdugarageétaitinégaléentermesdequalité.Iln’avaitpasbesoindem’aiderenparallèlecommeillefaisait,maisjeluienétaisreconnaissant.

Ilmedésignadumentonetsonregardsefitinsistant.—TuasvuTitus?—Ouais,etmaintenantjevaisparleravecNassir.—Tunepensespasqu’ilauraitpumettreuneballeaumecquiatapéHonor?—Jesaisqu’ilauraitpulefaire,seulementj’yétaisetj’aivulemecvivantquandjesuisparti.

Nassirnetueraitpasunmecpourlejeterderrièresonclub.Ilestcinglé,maispasàcepoint.Quantau

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gamin…,dis-jeensecouantlatêted’unairtriste,c’étaitinutile.C’étaitjusteunsportifidiotquiavaitperduunpari.Iln’yavaitaucuneraisonqu’ilseretrouvedansuneruelleaveclecoubrisé.

—Quiquecesoit,ilnedéconnepas,etjecroisquecen’estqueledébut.—Jesais.—Tuvasréussiràgérerça?—Toutlemondemedemandeçasansarrêt…Jenesuispassûrd’avoird’autresoptions.Sije

laisse faire,quelqu’und’autreva reprendre laville et la ramener làoùNovak l’avait laissée.Sansoublierque,sijefaisça,jeprouveàtoutlemondequejenesuisvraimentriendeplusqu’ungaminrichequis’ennuieetquijoueaucriminel.Monegoseulnesupporteraitpasça.

Ileutunpetitrire.—J’aivulaBMWsurlavidéod’hiersoir.Toietlablondeglaciale,hein?Jelevaiunsourciletluidonnaiunpetitcoupdepoingsurl’épaule.—Sij’avaisétéaveclablonde,jeseraisdebienmeilleurehumeuretjen’auraispaslaisséTitus

resteraussilongtemps.Elleadesennuisetjeveuxjustel’aider.Est-cequeDovieadéjàmentionnéquelqu’unquiembêteraitBrysen?

Ilhaussaunsourciletpassalepoucelelongdesamâchoire.L’étoiletatouéeàcôtédesonœilseplissaenmêmetempsquesesyeuxtandisqu’ilréfléchissait.

—Jenecroispas,mais jen’écoutepas toutes ceshistoiresdemeufs. Je croisqu’elle crèchechezsesparentsouun trucdans legenre.Pas faciled’avoirunmecsi tun’aspasdequoi l’attirerdanstapiaule.

J’étaisd’accord,maisaprèscecoupdefilhiersoir,jecommençaisàpenserquelesraisonsdeson retour chez ses parents étaient aussi complexes et profondes que les miennes concernant mavolontédegarderundoigtsurlepoulsdeThePoint.

—C’estvrai.Jenesaispascequisepasse,maisjevaistrouver.Faispeut-êtresavoiràmasœurque son amie a un admirateur indésirable et demande-lui de rester vigilante quand elles sontensemble.

Saboucheprituneexpressiongrave,etsesyeuxunecouleurnoireterrifiante.—SiDovieestblesséeparcequequelqu’uncherchedesproblèmesàsacopine,jebuteraitous

lesresponsables.Trèsbien.C’étaitexactementcequejevoulaisentendre.—Personnenevitdansunebulle,Bax.Ondoittousfaireattentionlesunsauxautresparceque

personnenesepréoccupequ’ons’ensortevivantounon.Ilémitungrognementd’approbationet retournaà la Jaguardont ilétaiten trainde retirer le

moteur.Baxavaittoujoursétéunmecpastrèsbavard.Jerejoignis laMustanget traversai lavillepourarriverà l’ancienneusinedenourriturepour

chiensqui servait àNassirdebaseopérationnelleprincipale.C’était legrosclub,qui ramenaitdesgamins de toute la ville. Il était caché, difficile à trouver et on n’y entrait pas sans connaîtrequelqu’un. L’extérieur était complètement différent de l’intérieur. A la lumière crue du jour, ilressemblaitàn’importequelbâtimentdélabréayantétésaisi.Maislanuit,quandlesoleilsecouchaitetquelaverminesortaitpourallers’amuser,c’étaituneruchepleinedevie,commen’importequelclubàlamodeden’importequellegrandevilledumonde.

Certainssoirs,c’étaituneraveparty,d’autresuneboîtedenuit.Certainssoirs,unclubdeboxeviolentetmalfamé.D’autresencore,unlieudedébaucheetdesexe.Toutcequelamassevoulait,toutcequelesgensréclamaient,Nassir leleurdonnait,etplusencore.C’étaitvraimentunbusinessmanbrillantenplusd’untueurimpassibleetd’unmonstresansâme.

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Je descendis un escalier bringuebalant qui semblait à peine pouvoir supportermonpoids.Aubout,ilyavaituneimmenseporteenmétalavecundigicodesimilaireàceuxinstallésaugarage.Jetapai le code et attendis que celui ou celle qui était au poste de surveillance à l’intérieur ouvrecomplètementlaporte.Lescouloirsétaientvidesetsentaient lasueuret lesexe.Commesi touslesméfaitscommisentrecesmursavaientpénétrédanslebétonetimprégnétoutl’endroit.Jepassaiuneautre porte sécurisée, traversai l’étage désert de l’usine qui, la journée, avait simplement un airindustrieletdélabré,passaiderrière lebaretgravisunescalierenferforgéquimontaità l’espaceVIP.C’étaitl’anciennepasserelledel’usineetlebureauoùNassirpassaitpresquetoutessesjournées.

Celocalétaittrèsdifférentdel’ambiancedésoléeetdécrépitedurestedel’usine.Toutelapièceétait entourée de vitres fumées opaques, insonorisantes et pare-balles. Des écrans de surveillancerecouvraiententièrementlemurdufond,unsystèmequirivalisaitavecceluidugarage.Sonbureauétaitunmastodontelaquénoirreposantsurunsoldemarbrepoli.Nassirétaitdugenretape-à-l’œil,mais aussi un prédateurmortel.Aucune personne entrant ici ne pouvait s’imaginer qu’elle était làpourunsimplerendez-vousd’affaires.

Jem’affalaidansundesfauteuilsenfacedeluipendantqu’ilparlaitautéléphone.Sessourcilssombresétaientbasetsescheveuxsedressaientsurledevantcommes’illesavaitébouriffés,etnonplaquésdanssonstylehabituel.Jeposaimachevillesurmongenouettapaiunrythmealéatoireavecmes doigts tandis qu’ilme lançait un regard noir.Nassir n’avait pas vraiment l’esprit d’équipe, etmaintenant qu’il y avait une inconnue dans l’équation, notre trêve fragile deviendrait peut-êtreimpossibleàgérerpourlui.

Il aboyaquelquechosedansune langueque jenecomprenaispas et lança le téléphone sur lebureau avec plus de force que nécessaire. Il s’enfonça dans son fauteuil etme fixa avec des yeuxincandescents.

—Situmedemandessij’aiflinguécemec,ilsepeutquejetemettemonpoingdanslafigure.Jesouris.—Tuasuneidéedequipourraitêtrederrièreça?—Quelqu’undemaladroitetdepastrèsmalin.C’étaitstupideetgratuit.—Legamin,c’étaitentrop.—Legamin,c’étaitpourenvoyerunsignaltrèsclair.Jedécroisailesjambesetmepenchaienavant,lesavant-brassurlescuisses.—Qu’est-cequetuveuxfaire?Ilgrommelaquelquechosequim’échappaetpassalesdoigtsdanssescheveuxsombres.—Undemesgarsexaminelesvidéosdesurveillancedel’extérieurdesdeuxclubspourvoir

s’ilyaquelquechose.Ondoitsavoirquichercheravantdesavoircequ’onfait.—D’accord.Jenepensaispasqu’onseraitd’accordsurcetteaffaire,maisjusqu’ici,çaallait.Jedoisadmettre

quejenefaisaispasconfianceàNassir,maistantqu’ilnemedonnaitpasderaisondedouterdesonjugement,l’idéedegérerleproblèmeétapeparétapemeconvenait.C’étaitsimplementlogique.

—Parlonsmaintenantdescombatsdecevendredisoir.Sonregardcarameldevintperçantetsaboucheseresserra.—Parlerdequoi?J’organisedescombatsdepuisquetut’occupesdelarue.Cen’estpasune

nouveauté.—C’estvrai,maismaintenantjem’occupedescotesetjeveuxsavoirqueltourdemagietuvas

utiliserpouravoirungagnantgaranti.Situtruqueslejeu,jeveuxquelescoteslereflètent.—Cen’estpascommeçaqu’ongagnedel’argent,Race.

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—Non,maisc’estcommeçaquelepariestjuste.—Quisepréoccuped’unparijuste?—Moi,répondis-je,unpoucepointésurmontorse.Sonairrenfrognés’accentuaetilyeutunmomenttendupendantlequelnousnousdévisageâmes

sansunmot.—C’estnaïfetstupide.Cen’estpaslà-dessusquereposenotrepartenariat.—Ecoute,jet’aivumonteruncombatentremonmeilleuramietdesmecsdopés,desmecsavec

descouteauxplanquéssureux,desmecsquisebattaientpourleurvieparcequetulesavaismenacésde les tuer eux ou leurs proches s’ils perdaient, et je n’ai pas bougé le petit doigt. Tu veux fairepencheruncombatenfaveurd’unboxeur,c’esttonproblème,etonsaitquelafouleadoreça.Maispour ce qui est de l’argent, ce sera un pari juste fondé sur de vraies cotes. Les gains seront plusélevés,maislesmisesaussi.Tupeuxmefaireconfiance.

Il ne voulait pas céder. Je le voyais sur son visage et dans sa posture,mais pour une raisoninconnue,ilavaitdécidéqu’ilétaitplussimpledetravailleravecmoiquecontremoi.Ilinclinadonclatêteuneseulefoispouracquiescer.

— Kenmore a une déchirure du ligament croisé antérieur en rémission. Il pense pouvoircombattresansproblème,maisl’autreenfacesaitpourlablessureetferatoutsonpossiblepourenprofiteraumaximum.Quandbienmême,onn’éliminepasaussifacilementungarscommeKenmore.Ilsebatparcequ’ilaimeça,paspourl’argent.

Çavoulaitdirequelacotepencheraitenfaveurdel’autre;maissiKenmorearrivaitàs’entireretàgagner,lesgainsseraienténormespourceuxayantétéassezcourageuxpourmisersurl’outsider.

—Entendu.Onsevoitsamedi.Jemextirpaidufauteuiletj’arrivaisàlaportequandilmerappela.— Je sais que tu es là-dedans avec moi, Race, mais si le sang doit couler, est-ce que tu es

vraimentprêt?JeneconnaissaispasvraimentlepassédeNassir,justequ’ilétaitarrivésurledevantdelascène

aumoment oùBax etmoi étions aux prises avecNovak.Dans les grandes lignes, il s’occupait del’animationetdelavienocturnedeThePoint,graissaitlespattesdequienavaitbesoin,etréussissaitdestrucsquepersonned’autrenepouvaitfaire.Jenel’avaisjamaisvraimentvuposerlesmainssurquiquecesoit,nileverlepetitdoigtpourblesserquelqu’un,maisilavaitquelquechose,unesortedemenace sourde flottant derrière ses yeux étranges, qui laissait deviner undélugede violence et dechaoscontenusn’attendantqu’àêtrelibéré.

—Jesuisplutôtdugenreàprendreleschosescommeellesviennent,Nassir.Jeferaicequej’aià faire pour mettre la situation en ordre et faire tourner les choses de la façon que je crois lameilleure. Je ne peux pas te dire ce à quoi je suis prêt ou non, parce que cet endroit tordu etimprévisiblenousréservetoujoursdessurprises.Tudoisjustemecroirequandjetedisquejeferaicequidoitêtrefait.

—Tucroisqueçasuffira?—Ilfaudrabien.Je fermai la porte du bureau et relâchai une respiration que j’avais retenue sansm’en rendre

compte.Je n’étais pas immunisé contre la violence, contre le combat nécessaire pour s’en sortir dans

The Point. J’avais juste le noble espoir que, si un homme privilégiant son esprit plutôt que sesmusclesmenaitlabarque,unpeudecetteviolenceperpétuelles’estomperait.C’étaitcomptersansla

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naturemêmedelacité,lemoteurmêmedeThePoint,quiréclamaitlesangdetousendépitdemeseffortspourcalmerlemonstre.

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7

Brysen

Jefixaismontestavecuneincrédulitéabsolue.C’étaitjusteunC,maisc’étaitbienau-dessusdetouteslesnotesquem’avaitdonnéesleprofesseur-assistantmaléfique.Biensûr,ils’agissaitd’unquizà choix multiples et non d’une dissertation, si bien qu’il ne pouvait pas compter les pointsarbitrairement,maistoutdemême.JesavaisqueRaceétaitfuté,maispasàcepoint.Lamanièredontil avait réorganisé mes notes, ses ajouts là où j’avais manifestement du mal, avaient fait toute ladifférence. Je voulais l’embrasser. Bon, je voulais l’embrasser de toutemanière, maismaintenantj’avaisuneraisonvalable.

JesursautailégèrementquandDrewpassaunbrasautourdemesépaulesetsifflaenvoyantlequestionnaireauquelj’étaisagrippéecommes’ilrisquaitdes’envoler.

—Commenttuasfaitça?Agacée,jemedégageaietrangeailafeuilledansmonsac.—J’aitravaillé.—J’imagineque ta théorie selon laquelle leprofesseur-assistant t’envoulait était fausse, tout

comptefait.Jerepoussaidescheveuxdemonvisageetsoufflai,agacée.—Cen’estpas commes’il pouvaitme saquer alorsqu’ona tous fait lemêmequiz et que je

pourraiscomparermes réponsesavec les tiennesouun trucdans legenre.Mais il finirapar fairequelquechosed’objectivementinjusteetjepourrailebalanceraudoyendel’université.

Iln’étaittoutsimplementpasencorealléaussiloin.Drew me bouscula d’un air joueur et je retins un gémissement ; il venait d’effleurer par

inadvertancemonbrasencoreenguérison.Jen’étaisqueplaiesetbleusaffreuxetjen’arrivaispasàmedéfairedel’impressionquequelqu’unm’observait,oùquej’aille,dèsquejequittaislamaison.Je

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n’avaispasreçud’autresmessages,aucunevoituren’avaittentédemerenverseravantdeprendrelafuite,maismapeauétaithypersensibleetjesentaisdesyeuxposéssurmoi.Jedétestaisça,etçamerendaitnerveuseetsuspicieusevis-à-visdetoutlemonde.

—Qu’est-cequinevapas?demandaDrewd’unevoixperçante,enmeprenantlepoignetpourm’arrêter.

Depuisqu’ilm’avaitfaitlaleçonsurRace,ilsemontraitplusindiscret,plusinsistantavecmoi.Jen’aimaispasçadutout.Jeretiraimamainetluilançaiunregardcontrarié.

—Jesuistombéeensortantduboulotl’autresoir.Jemesuisfaitmaletc’estcecôtéquiatoutpris.

Ilhaussalessourcilsetfitlagrimace.—Tuestombée?L’accusationetl’incrédulitédanssavoixétaientévidentes.Jeneme sentaispas l’obligationde lui fournirdes explications, et j’allais le luidire lorsque

Adria apparut soudainetmepritpar les épaules.Elle sautillait surplaceetparlait siviteque je lacomprenaisàpeine.J’appuyaidemesdeuxmainssursesépaulespourlacalmer.

—Maisdequoituparles?Sesyeuxbrillaientd’excitation.—J’aiétéinvitéeaucombatdeboxe!Unfrissonparcourutmondos.J’yavaisété.C’étaitsanglantetbrutal.Barbareetinhumain.Iln’y

avaitabsolumentpasdequoiêtreexcitéeetsautersurplace.—N’yvapas,dis-jedansunmurmurequ’elleentenditnéanmoinsetquistoppasonsautillement.—Pourquoi ? demanda-t-elle, fronçant les sourcils. Tu sais à quel point c’est difficile d’être

invitée à tous ces trucs clandestins dans The Point ? Tu dois connaître quelqu’un qui connaîtquelqu’unquiconnaîtquelqu’un.Jen’ysuisjamaisallée.Çaal’airdangereuxetexcitant!

Pourmoi,ellesecomportaitcommeunegaminerichequis’ennuyaitetrecherchaitlefrisson.Bonsang,jenevoulaispasdevenircommeça.

—C’esthorrible.Ilssebattentdansuncercledevantdesgensquinesontlàquepourvoirdusang.Lescombatsnesontpaséquilibrésetilyadesblessés.Sérieusement,Adria,c’esthorrible.Ilyamillemeilleuresmanièresdepasserunvendredisoir.

Ellerejetasescheveuxpar-dessussonépauleetreculad’unpas.Jen’avaispasremarquéDrewquiregardaitl’échanged’unaircurieux,maisjelesentisbougeràcôtédemoi.

—Jecroisquetuesjustejalouse,lâcha-t-elle.Jeclignaidesyeux,nesachantquerépondreàça.—Quoi?—TuascommencéàbosserdanscerestaurantmiteuxettuasrencontréDovie.Etmaintenant,tu

astesentréesdansThePoint,tupeuxallerauxcombatsdeboxeetrencontrerdesgenscommeRaceHartman.Jecroisquetuneveuxpasqued’autress’incrustent,commesic’étaittonclubprivé,ouuntrucdanslegenre.

J’étaistellementsidéréequejenepusqueleverlesyeuxauciel.—C’estn’importequoiettulesaistrèsbien.Jevaisautravailetjerentrechezmoi.Jenemène

pasunedoubleviedansThePointàlanuittombée.—Jenesaispas,Brysen.Tutecomportesdeplusenplusbizarrementdepuisquelquessemaines.Biensûr,Drewchoisitcemomentpourintervenir.— Tu es plus tendue et plus nerveuse, ces derniers temps. Bien sûr que je l’étais. Ma vie

familialeétaitundésastre,j’étaisentraindemeplanterdansundemescours,j’avaisapparemment

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unharceleurcapabledetueràmestrousses,j’essayaisdeprotégermasœuretj’étaisobsédéeparunmecquiétait lepirechoixaumondepourmoi. Jen’avaispasbesoinqu’ils fabriquentdes raisonspourexpliquermoncomportement,quelqu’ilsoit.

Je fisunpas enarrière et revêtis la couchedeglaceque j’avais ciselée cesdernières années,commeunecapedesuper-héros.

—Lescombats,c’esthorrible,maisvas-ysitupensesquec’estquelquechoseàvoir.Jen’aipasà justifier mon comportement auprès de vous deux, et franchement ça me soûle que vous vouspermettiezdeparlerdemavie.Vousnesavezrien.Personnenesaitrien.

Jetournailestalonsetpartisdemanièrethéâtraletandisqu’ilsm’appelaienttouslesdeux.J’étaisdouéepourça.Jemettaiscettefroideursurlecomptedemescheveuxblondsetdemadémarcheauxlongues foulées, et puis jem’étais bien entraînée à lamaison, à forcede faire semblant d’ignorertoutesleschosesquim’inquiétaient.Jedevenaisexpertepourbalayerd’unreversdelamaintoutcequimecontrariaitvraiment.Bientôt,jedeviendraiscomplètementinsensibleetcetteidéemeravissaitautant qu’elleme terrifiait. Quand bienmême j’aurais adoré que l’addiction et l’instabilité demamèrenemefassentplusmal,quandbienmêmej’auraisétéheureusequemoncœurneseserrepaschaque fois que Karsen avait les larmes aux yeux, je sentais que renoncer à la brûlure et àl’impatienceexcitantequej’éprouvaisencompagniedeRacenemeplairaitpasdutout.Grâceàlui,jeme sentais vivante, comme si je n’étais pas attachée au train-train dema réalité par des chaînesfamilialesetlepoidsdemonsensdesresponsabilités.Ceseraitdurdemettreçadecôté,mêmesijesavaisquec’étaitpour lemieux.Nousn’étionspasbons l’unpour l’autre,nousavionschacundesproblèmesetdesgalères,etçanerimeraitàriend’enrajouter.

J’assistaiàmesdernierscours.Jetombaiamoureusedemonnouvelordinateuretallaitravailleraurestaurant.Lesvendredissoirétaienttoujoursassezintensifs,sibienquejecouraistoutelasoiréejusqu’àlafermeture.J’avaisreçud’assezbonspourboiresetjecomptaislesbilletsenattendantqueRamonm’accompagnejusqu’àmavoiture,lorsquemontéléphonesonna.Karsenétaitchezuneamiepourlanuit,alorsjedoutaisquecesoitelle,etquandjevislenomd’Adriasurl’écran,jel’ignoraiimmédiatement.Ramonme fit signede le rejoindre à la porte d’entrée et je pris un air renfrognéquandmontéléphonesonnaànouveau.EncoreAdria.

Je glissai un bras sous celui de Ramon tandis qu’il scrutait le parking. J’avais encorel’impressionquequelqu’unmeregardaitetcelamedonnaitlachairdepoule.Jepassaisleparkingobscurenrevue,lorsquemontéléphonesonnaunetroisièmefois.Jesoupiraietpassaiundoigtsurl’écran.

—Quoi?aboyai-je.Ramonricanatandisquenousnousengagionsavecprécautiondansleparking.—Brysen,ilfautquetuviennesmechercher.Ellepleuraitetsemblaithystérique.—Quoi?Pourquoi?Elleeutunpetithoquetetj’entendislafouleassoifféedesangcrieretapplaudirenfondsonore.

Jefrissonnai.—Tu avais raison.C’est horrible.Les gens font peur ici et il n’y amême pas de service de

sécurité.Jebuvaisavecdesmecsetmaintenantjemesensbizarreetj’aipeur.S’ilteplaît,viensmechercher.Personned’autreneviendradanscecoindelavilleaussitard.

Eneffet, parceque laplupart desgens étaient assezmalinspour savoirqueThePoint lanuitn’étaitpaspourlesamateurs.JelevailesyeuxsurRamonetilfitnondelatête.

JesoupiraiprofondémentetouvrislaportièredelaBMW.

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—Bon,jevienstechercher,maispeut-êtrequelaprochainefoistum’écouteras.Ellehoquetaànouveauetlalignefutcoupée.Ramonfitclaquersalangueavecunemimiquede

réprobation.—Tuchercheslesennuis,jeunefille.—Quelqu’undoitallerlachercher,etjesaisexactementoùsetrouveleclub.— Quelqu’un qui n’est pas poursuivi par un taré qui veut l’écraser peut aller la chercher.

Pourquoitun’appellespastonapollonauxcheveuxblondspourluidemanderdelefaire?Unsoirdecombat,jepariequ’ilestdéjàdanslecoin,detoutemanière.

Jememordislalèvre.—Jeneleconnaispasassezbienpourluidemanderça.—Bry…cemect’aachetéunnouvelordinateuretilteregardecommes’ilvoulaitt’avalertout

entière.Demande-luid’allercherchertonamiechochotteetensuiteremercie-lecommeilsedoit.C’étaittellementtentant,tellementsimple.Laisserquelqu’und’autregérerundemesproblèmes

étaitcependantunrêvefoudansmonmonde,etjenesavaispascequejeferaissiRacemeprenaitaumotetallaitchercherAdriaàmaplace.Jetomberaissansdouteamoureusedelui.Commesi jenel’étaispasdéjààmoitié.

—C’estbon.Jevaisallerlachercheretjeladéposeraichezelle.Elleferaitlamêmechosepourmoi.

Ilhaussaundesessourcilsparfaitementépilésetjelevailesyeuxauciel.—D’accord,ellene leferaitpas,mais jesaisàquelpointcetendroitcraintet jenepeuxpas

l’abandonnerlà-bas.Ramon se penchapour déposer unbaiser surmon front tandis que jem’installais derrière le

volant.—Soisprudente,Bry.Tusemblesattirerlesennuisencemoment.C’étaitlemoinsqu’onpuissedire.Etçacraignait,parcequevraiment,aufonddemoi,ilyavait

quelqu’undebien.Peut-êtrequ’àunmoment,j’avaisétégâtée,unpeuégocentriqueetinconsciente,maisquandjem’étaisretrouvéeconfrontéeàlaréalité,j’avaisfaitcequ’ilfallait.Oùétaitpassémonbonkarma?

Tout en conduisant dans The Point, je remarquai cette ligne étrange, presque visible, où leschoses passaient de légèrement délabrées à complètement détruites. On aurait dit que tout— lesbâtiments, les routes, les lumières, le sol sur lequel tout reposait, et les quelques personnessuffisammentcourageusespoursupporterlecaractèresauvagedeThePoint—étaitdevenul’essencemêmedecettezone. Ily régnaituneobscuritéquin’avait rienàvoiravec lanuit.Uneatmosphèreoppressantequin’avaitrienàvoiraveclapollutionoulabrume.Unepelliculedesaletéquin’avaitrienàvoiraveclefaitquecesoitunquartierpauvre.C’étaitvraimentcommesiletissu,lesfilsdelatramequicomposaitThePointétaientconstituésdespireschosesqu’onpuissetrouverenunmêmeendroit.Etplusjem’enfonçaisdanslecœurdelaville,pluscesfilsetcesmotifsseprécisaient.

JenevoulaispasmegareretsortirdelaBMWdevantleclub,horsdequestiondem’exposerainsiàcesyeuxsuspectsetomniprésentsquejesentaissurmoi.J’essayaid’appelerAdriapour luidemanderdeme retrouverdevant.Ellene réponditpasàmonpremierappel,niausuivant,nià latornadedemessages furieuxque je lui envoyai. Jevoulaisvraiment fairedemi-touret rentrerà lamaison,maislefaitqu’ellem’aitditqu’ellesesentaitbizarreaprèsavoirbuavecdesmecs,ajoutéàmaconnaissancedesordures sansmoralequipeuplaientcesendroits, faisaitque jenepouvaismerésoudreàl’abandonner.

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Jegaraimavoitureaucoindelarue,fisunepetiteprièrepourqu’ellesoitlààmonretouretmedirigeaiversl’usinequiabritaitleclubclandestin.Ilyavaitdeforteschancespourquejenepuissemêmepasrentrer.Laporteavaitundigicodeetunsystèmedesécurité.Ladernièrefoisquej’étaisvenue,j’yavaiseuaccèsseulementparcequej’étaisavecDovie.

Je frémis un peu dès que j’eus fermé ma portière. Je sentais ces yeux indiscrets sur moi,j’entendaispresquedespascaléssurlesmiens.Desfrissonsmecouraientsurlanuque.J’accélérailepasetlongeail’ancienneusineducôtéoùsetrouvaitl’escalierdélabrémenantàl’intérieur.Justeaumomentoùj’arrivaisdansl’allée,unemainlourdeseposasurmonbrasetjelançaiuncriterrifié.J’avaislecœurauborddeslèvresetjesursautaisifortquejetombaisurlesfesses.Jecriaistoujourslorsqu’unmystérieuxliquideimprégnaletissudemonpantalon.

L’hommequimedominaitétaitminceetagité.Ilavaitdescheveuxgrasquiluitombaientdevantlesyeuxetsemblaitaussieffrayéparmoiquejel’étaisparlui.Ilsautaitd’unpiedsurl’autreettendaitses mains devant lui, comme pour me tenir à distance. Je fermai brusquement la bouche et lefoudroyaiduregard.

—C’estquoitonproblème?Ils’agitaencoreunpeuetdétournabrusquementleregard.—Jesuisdésolé,vraimentdésolé.NedisrienàRace.Il avait l’air complètement paniqué et, lorsque je me relevai péniblement en poussant un

grognement,ilbonditenarrièrecommesij’allaislepoignarder.—Quoi?—Race.NedispasàRacequejet’aifaitpeuretquetuestombée.Jet’aivueaucoindelarueet

il y avait un type, un typebaraqué, qui te suivait. Je voulais juste te dire de ne pas t’engager dansl’alléetouteseule.

J’essayaienvaindenettoyerunpeumonpantalon.—Commentça,unmecmesuivait?EtquelrapportavecRace?L’hommepassadesmainstremblantesdanssescheveuxsaleset tirasurdesmècheshuileuses,

manifestementinquiet.—Racem’ademandédegarderunœilsurtoi.Jeluidoistellementd’argentquejen’aipaspu

refuser.Cemec,jel’aivuplusieursfois.Iltesurveille.Ilt’asuivieicicesoiretilétaitderrièretoiquandtuessortiedelavoiture.Cettealléeestsombreetisolée,etcen’estpasunhasard.Jenevoulaispas qu’il t’attrape, ou je ne sais quoi. Raceme tuerait sans hésiter, alors j’ai préféré t’arrêter. Jevoulaisteprévenir.

Ilreculadequelquespasetsortitsontéléphone.J’essayaisencorederéaliserqueRacemefaisaitsuivre,quandletypeauxcheveuxgrasmarmonna:

—Jevaisl’appeler.Justeàcemoment,montéléphonesonna.Adriamerappelaitenfin.—Oùes-tu?J’étaiseffrayéeetfurieuse.Cen’étaitpasunebonnecombinaison.—Qu’est-cequetuveuxdire?Elleavaitrépondud’unevoixmalassurée,commesielleétaitsoûle.—Jesuisvenuetechercher,commetumel’asdemandé.Tuespasséeoù,Adria?Je fronçai le nez, l’odeur de ce dans quoi j’avais atterri me montant au visage. Quelle

magnifiquefindesoirée.—Jesuispartieavecdesmecsvraimentsympas.Jevaisàunafterprèsdelafac.Tudevraisme

rejoindrelà-bas.

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OhSeigneur,ayezpitiédesonâme.J’allaislatuer.Jeserrailesdentsetrefermaimamainsurmontéléphonesifortqu’ellemefitmal.

—Pourquoitum’asdemandédevenirtecherchersic’étaitpourtebarrer,Adria?Jecommençaisvraimentàmedemandersij’allaisencorelaconsidérercommeuneamie.—Oh!détends-toi,Bry.Ilfautquetusortesplus.Jesavaisquetunenousrejoindraispassijete

ledemandais.Ilfautquetuvivesunpeu.Viensàlafête!Oh!etramènelebeaublond.Jel’aivusebaladerdanslafoulequandj’étaislà-bas.Miam.

Jeluiraccrochaiaunezetrésistaipéniblementàl’enviedebalancermontéléphonedanslaboue.Jegrondaicommeunebêteetrelevailesyeuxsurl’hommenerveuxquimeregardait.

—Aquoiressemblaitl’hommequimesuivait?—Ouais,Aldo,àquoiilressemblait?Jemeretournai,surpriseparlavoixgravedeRace.Jevissatêteauxrefletsd’orenhautdecet

escalier immondeet jenepusm’empêcherdedévoreravidement soncorpsdesyeux. Ilportaitunjean sombre roulé au-dessus de bottes de cow-boy noires usées, un sweat à capuche noir près ducorpset,par-dessus,unblazergrisfoncéquisemblaitcheretfaitsurmesure.Ilavaitl’airaussipeuàsaplacequemoidanscettealléemiteuse.

L’homme,quidevaitdoncs’appelerAldo,semitàfairelescentpasdevantmoicommeunpetitrongeuraffolé.J’envinsàlaconclusionhâtivequejen’affectionnaispasparticulièrementlesgensavecquiRacetraitait.

—Unmec costaud, de ta taille, mais plus baraqué. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait de deuxpersonnesdifférentesetc’estpourçaquejen’airiendit.Ilportesoitunchapeausoitdeslunettes,etune fois jecroisqu’il avaitmêmeuneperruque.Et ilneconduit jamais lamêmevoiture.Un jour,c’étaitunecamionnettequilasuivaitautravail,etensuiteuneVolkswagenquilasuivaitdepuislafac.Jenesuispasfaitpourcesconneries,Race.J’aimejustepariersurlesport.

Raceposasesyeuxvertssurmoi,puissurAldo.Ilinspiraprofondémentavantdesoupirer.—Trèsbien.Considèrequetadernièrereconnaissancededetteestpayée.—C’estvrai?Jelesentaispresquevibrerd’excitation.—Ouais,maislaprochainefoistudevraspayercash,Aldo.Plusdeservicesdemapart.L’hommeacquiesçaetpartitcommeuneflèchedanslanuit.Jecroisailesbrassurmapoitrineet

essayaidenepassursauterquandRaces’approchademoi.—Tumefaisaissuivreettun’aspasprislapeinedelementionner?J’aieuunepeurbleuetoute

lasemaineenpensantquequelqu’unm’observait.Racehaussalesépaulesetserapprochaencoredemoi.Jerespiraisonparfumetmedemandai

commentilpouvaitdonneruneodeursidivineàcetteruellesordide.—SiAldon’étaitpasuntelbonàrien,tunel’auraismêmepasremarqué.Jevoulaisquecelui

quijoueavectesnerfssachequenousl’avonsrépéré.Qu’est-cequit’estarrivé?Pourquoituestoutesale?

Jedevinsécarlateetj’espéraiqu’ilneleremarquepas.—CetAldom’aattrapélebrasetm’afaitpeur.Jesuistombée.Ilhaussaunsourciletavançaunemainpourtouchermajoue.—Qu’est-cequetufaisaislà?N’était-cepaslaquestiondelasoirée?—Macopineétaitvraimentexcitéed’êtreinvitéeàlasoirée.Commeuneidiote,j’aiessayédela

dissuaderdevenir,alorsellem’apiégéeenmedemandantdevenirlachercher.Saufqu’elleestpartie

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avantquej’arriveetquemaintenant jesuisrecouvertedecettesaleté,et j’aieulapeurdemavieàcausedecetaré.Cen’estdoncvraimentpasunesupersoirée.

Ilmeregarda.Jefrémisànouveau,etcettefois,çan’avaitrienàvoiraveclefaitdemetrouverdansThePointàlanuittombée,oulesentimentd’êtresuivie.

—Jepeuxl’améliorer.Cemecallaitm’achever.Jeduslittéralementmemordrelalanguepourmeretenirdegémir.Je

demandai:—Tunetravaillespas?Safossettefitsonapparitionetjesentismarespirationsebloquerdansmagorge.—Undesgarsquisebattaitestentrédansl’arèneblessé.C’étaitviolentàvoir,maisilatoutde

mêmeréussiàfinirvainqueur.Commecen’étaitpassûrqu’ilgagne,laplupartdesgensavaientpariésurleperdant.C’étaitunenuitdecollecte,pasdepaiementdesgains.J’aifaitmapartdutravail,maismaintenantNassirneveutlaisserpartirpersonneavantqu’ilsaientraqué.

Sonmondeétait si différentde tout ceque j’avais connu jusqu’àprésent, et je nevoulaispasadmettrequ’ilétaitfascinant,attirantetdangereux,exactementcommeRace.

—Jeferaismieuxderentrer.Mavoixparaissaitforcée,mêmeàmesoreilles.Mêmeenessayant,jen’auraispaspuprendre

unevoixmoinsconvaincante.—Onpeutfaireautrechose.Rentreavecmoi,Brysen.Ce n’était pas une question ; c’était presque un ordre. Et malgré moi, je trouvai ce ton très

excitant.—Jenecroispasquecesoitunebonneidée.Enplus,onn’amêmepasabordélesujetdufou

quimesuitpartout.Il se rapprocha encore d’un pas et, d’un doigt, coinça une mèche de cheveux derrière mon

oreille.Personnenem’avait jamais touchéed’unemanière aussi tendre, aussi respectueuse.Le faitquecelaviennedecethommecomplexeettroublantdéclenchaunfrissonentremescuisses.

—Cemecteharcèlerajusqu’àcequejemettelamainsurlui.Etc’estpeut-êtreunemauvaiseidée,maisc’estunemauvaiseidéequivaseréaliserd’unemanièreoud’uneautre,alorsàquoibonsefatigueràlutter?Jesaisexactementcommentutiliserintelligemmenttoutecetteénergie.Laisse-moiprendresoindetoipendantunenuit,Brysen.Jeteprometsquetuneleregretteraspas.

Bien sûr que je ne le regretterais pas. Je le désirais, j’étais prise dans son piège, et quand jel’auraisdévorétoutentier,quandj’auraispristoutcequ’ilavaitàdonner,vécutoutelapassionetleplaisirqu’ildéchaînaitenmoi,celame tuerait sansdoutede savoirque jenepourrais jamaisplusvivreça.Jesoufflai,refermailamainsursonpoignetlarge,aveclafermeintentiondeluidirenon,queçanevalaitpaslapeinequisuivrait,maisvoilàcequisortitdemabouche:

—Jenesaispasquoifairedetoi,Race.Samain chaude glissa surma nuque, sousmes cheveux. Sa bouche flottait au-dessus demes

lèvresqui,entrouvertes,l’invitaient.—Si,tusais.Quand ilm’embrassa, j’avaisprismadécision.C’étaitceque jevoulais.Je levoulais.Etcela

faisaittroplongtempsquejen’avaisrieneuàmoiseule.Jesavaisquecelanedonneraitriendebon,mais en attendant, je voulais vraiment profiter de tout ce qu’il pouvait m’apporter. Y compris samanièredem’attirercontrelui.D’épouserlacourbedemesfesses.Lamanièredontsalangueinvitaitlamienneà jouer, et surtout la façondont il faisaitdisparaître toutcequime tourmentait.Avec sabouchesur lamienne,sesmainssebaladantsurmoi, iln’yavaitplusdeviefamilialeenruine,de

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coursdemathsraté,demenacenonidentifiéequimeguettait…Toutcequejeressentais,c’étaitdelachaleur,undésirbrûlantetdésespéré.Celareprésentaitunrépitsibienvenuqu’ilm’étaitimpossibledeluirésister.

Ilreculad’unpasetpressamanuque.J’étaisàboutdesouffleetsesyeuxavaientpriscetteteintevertforêt,sexy,profondeetopaque.

—Jenepeuxrient’offrirdeclasseouderaffiné.Maisçafaitunmomentquejenepensequ’àtoi,etjeteprometsqueçaenvaudralapeine.

Jepoussaiunsoupiretprislamainqu’ilmetendait.—Çaenvautdéjàlapeine,Race.Safossetteréapparutetilpenchalatêteendirectiondel’entréedel’allée.—Tuesgaréeoù?—Aucoindelarue.Ilmelançaunregardquisous-entendaitquenousaurionsdelachancederetrouvermavoiture

enunseulmorceau.—J’aivutacopine,celledelafête.Ellen’aaucuneidéedecequ’ellerisqueentraînantdansun

endroitcommeça.Elleparlefortetsefaitremarquer.Cegenred’attitudeappâtelesprédateurs.Tousceux qui sont vraiment d’ici, qui savent comment The Point fonctionne, conscients que moins tuattiresl’attentionsurtoi,mieuxtuteportes.Elleaaussiessayédememettrelamainaupaquetquandjesuispasséàcôtéd’elle.

C’étaitlagoutted’eauquifaitdéborderlevase.Adriaétaitrayéedelalistedemesamies.Jeluilançaiunregardparendessousenespérantmalgrétoutquelamatièregluantedanslaquellej’étaistombée ne le tache pas alors qu’il me rapprochait de lui. J’adorais la sensation de ses musclesondulant contre moi. Je savais que cela me plairait encore plus quand il n’y aurait pas autant devêtementsentrenous.

Jem’arrêtai brusquement quand nous arrivâmes au coin de la rue. Parce quema poisse étaitextraordinaireetparceque,biensûr,c’estainsiquedevaitfinirmasoirée, laBMWreposaitsur lesol, les pneus et les jantes évanouis depuis longtemps. La vitre côté conducteur avait été brisée,signifiant que ma radio et tout ce qui était autour devaient avoir disparu. Heureusement, j’avaisenfermétoutesmesaffairesdecoursdanslecoffre,quisemblaitépargné.

—Merde,soupirai-je.JelaissaiRacemeserrerfortdanssesbras.—C’estcequiarriveparici.—Çacraint.Il n’ajouta rien, mais sortit son téléphone et se mit à aboyer des ordres. Il semblait qu’il

s’arrangeaitpourquequelqu’unvienneremorquerletasdeferraillejusqu’augarage.—Encoredessous-fifres?Ilm’adressaunsourirequimefitfondredel’intérieur.—Ilssontparfoisutiles.Allons-y.LaMustangestderrièrelehangar.—Jedoisquandmêmevérifiersimonordinateuretmeslivressonttoujoursdanslecoffre.Sonregardsefitsévèreetilsecoualatête.— Tu ne devrais pas venir ici avec ce genre de choses. Les gens se font braquer dans leur

voiturepouruntéléphone,alorspourunordinateurneuf…Jegrimaçaietallaicherchermesaffaires.—Jenesaispasdutoutcequejefaisdanscetendroit,etpourtantjemeretrouvetoujoursici,

lâchai-je.

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Jepoussaiun soupirde soulagementenvoyant le refletduMac. Je le ramassaiet retournaiàmonescortesexy.

Ilmepritlamainetydéposaunbaiser.J’auraispum’évanouir.Personnen’avaitledroitd’êtreaussi charmant. On aurait dit qu’il n’avait aucun défaut, aucune aspérité, même si je savaisparfaitementquecen’étaitpaslecas.

—Quetuveuillesounonêtreici,tudoissavoircommenttecomporterquandtuyes.ThePointnefaitqu’unebouchéedesjoliesfillescommetoi.

—Etlesjolisgarçonscommetoi?ThePointn’enfaitaussiqu’unebouchée?Ilm’adressaunregardsombre,différentdeceluiqu’ilavaitquandilétaitexcité.Ilyavaitdes

ombresdansceregard,desendroitsprofondsquil’avaientmarqué,etcelamefitunpeupeur.J’euspeur,passeulementdelui,maisaussipourlui.CoucheravecRaceHartmann’allaitpassansrisques.Jelesavais,etl’expressiondesonvisagemagnifiquemerappelaitàcettevérité.

—Oui,jusqu’àcequelejoligarçonaitlesdentsassezaffûtéespourmordreenretour.Aïe. Cela faisait de lui un prédateur, au même titre que tous ceux qui se cachaient dans

l’obscurité et lesombresde cequartier, et jem’apprêtais àpartir avec lui demonpleingré, pourqu’il«prennesoin»demoi.Apparemment,malgrétoutesmesbonnesintentions,jen’arrivaispasàéviterlessituationscompliquées.

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8

Race

Jedevaisadmettreque,jusque-là,cettenuitserévélaitgénialesurtouslesplans.Voirl’outsidergagnercontrecettearmoireàglacedopéem’avaitfaitdubien.Regarderunebandedegenscupides,assoiffésdesangetsurexcitéssedécomposerenréalisantqu’ilsavaientmisésurlesmusclesplutôtque sur les tripes m’avait aussi réchauffé le cœur. C’était un endroit dangereux, corrompu, alorsquandl’inattenduseproduisait,quandquelquechosedebienetdejustebataillaitpourarriveràunevictoiredurementgagnée, ilétaitdifficiledenepas lasavourerdans lesmomentsquisuivaient.Etpuis les sommesd’argentengrangéesparcecombat redoutableétaientmonumentaleset largementsuffisantespourqueNassirmefichelapaixàcourtterme.

Brysenétaitsurlesiègepassagerdemavoitureetellerentraitavecmoi.Ceseulpointplaçaitlasoiréetoutenhautduclassementdessoiréesgéniales.Elleétaithésitante,cherchaituneexcusepourqueçan’arrivepas,maisquandjelaregardaisducoindel’œil,ellesemordaitlalèvreetrougissait,etjesavaisquemêmesiellevoulaitencorerésisteràl’attraction,nierl’attirance,ellevoulaitencorepluss’yabandonner,s’abandonneràmoi.

Jeposaiunemain sur songenou.Elleétaitnerveuse, je le sentais.C’était la seule filleque jeconnaissaisquipouvaitrendreunjeansaleetunT-shirtnoirtoutsimplefranchementsexy.Ilyavaitquelquechosedanssamanièredebouger,unegrâceetuneclasseinnéesqu’elleportaitenelle,quilarendaientuniqueetattirante.Onauraitditqu’ellesavaitqu’ellevalaitbeaucoupplusquetoutcequisepassaitautourd’elle,maisau lieudeprendre toutçadehaut,avecdédainet rancœur,elle se tenaitsimplementdansl’œilducycloneetlaissaittoutelalaideuretladestructiontournoyerautourd’elle,attendant de voir où ça atterrirait. Alors, avec précaution, elle se fraierait un chemin dans lesdécombresetledésordrepourfinirsaineetsauve,loindetoutça.

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Elleposasamainsurlamienneetpassaleboutdesononglesurlesveinesépaisses.C’étaitunecaresseàpeinesensible,maiselleserépercutadanstoutmoncorps.

—Tuasplutôt l’airdugenredemecàavoirdesmainsdoucesetmanucurées.Pasdesmainsrêchesetpleinesdecicatrices.

J’avaisunevilainecicatricesurledosd’unemainvenantd’unaccidentavecBaxalorsquenousfuyions lapolice.L’unedemesphalangesavait étécassée tellementde foisqu’elleétaitgonfléeetdécentrée.J’avaisdenombreusesentaillesetcoupuressurlesdoigts,résultantdedifférentesbagarresetaltercations,plusrécemmentducombatpourmaviequandNovakavaitenvoyésonéquipepourmetuer.

—Ettoituasl’aird’unefillequidevraitavoirledroitdeprofiterd’unesoiréeavecungarçonintéressésansavoiràrentrerenvitesseàlamaisonpours’occuperdesasœur.

Ellemedécochaunregardets’enfonçadanssonsiègeavecunpetitsoupir.—J’imaginequelesapparencessonttrompeuses.—Pourquoitunemefaispasunrésumédelasituation?Ellen’enavaitpasenvie,jelevoyaisbien.Medonnercesexplicationschangeraitcequenous

nous apprêtions à faire ; une simple partie de jambes en l’air, que nous désirions tous les deux,prendraituneautredimension.Celadeviendraitune relationplusprofonde,et ellen’étaitpasprêtepourça.Pourtant,aprèsunpetitmoment,ellesoupiralonguementetsetournaversmoi.

—Ilyadeuxans,j’étaisjusteuneétudiantenormale.J’allaisencours,jefaisaisunpeutroplafête,jemenaismapetitevieetjem’éclatais.Depuistoujours,mamères’estbattueparintermittencecontre la dépression. En général, elle réussissait à tenir avec les médicaments, mais il est arrivéquelquechosedegravel’annéedernièreetelleaperdulespédales.Elleaarrêtédeprendretoutcequi lui était prescrit et s’est mise à boire. Je ne savais pas ce qui se passait. Mon père non plusapparemment,oubienils’enfichait.C’estunbourreaudetravail,ilpassetoutsontempsauboulot,oudanssonbureau,àlamaison,etoubliecarrémentqu’ilaunefamille.

Ellefitunbruitàpeineaudibleetj’eusenviedegarerlavoituresurlebas-côtépourlaserrerdansmesbras.

—Unjour,mamanestsortie,pourallercherchermasœurà l’école, jecrois.Seulement,elles’étaitsoignéetoute la journéeà lavodkaetelleétaitdansunsaleétat.Elleaprovoquéunterribleaccidentsurlavoieexpress,s’estgravementblessée,etaemboutiparl’arrièreun4x4avectouteunefamilleàl’intérieur.Ellel’apercutésiviolemmentqu’ils’estécrasécontrelegrossemi-remorquedevant lui.Lamèreet lefilss’ensontsortis,mais lepèreestmort.C’étaithorrible.Mamèreaétéhospitalisée pendant longtemps et a fini avec toutes sortes de problèmes médicaux. J’ignorecomment,maiselleaeuassezdechancepourpasserautraversdutestd’alcoolémie,soitparcequeles flics étaient distraits, soit parce que de l’argent a changé de mains. Quoi qu’il en soit, elle aéchappéàuneaccusationpourconduiteenétatd’ivresseetsonassuranceapayélegrosdesfactures,maispastout.D’unseulcoup,onn’avaitpluslesmoyenspourmavoitureoupourmescours,etlasituationàlamaisonétaitdevenueuncauchemarpourmasœur.Personneneveillaitàcequ’elleailleau lycée, qu’elle ait àmanger à lamaison ou que les factures d’électricité et de chauffage soientpayées.

Elle secoua sachevelureblonde soyeuseet jevisde la frustrationetdesémotionsplusduresmonterdans sesyeuxbleuclair.Elleétaitpeut-êtreglacéeen surface,maisà l’intérieurun torrentfaisaitrage.Jeladésiraisencoreplus.

— Je n’allais pas arrêter les cours, pas aussi près de la fin, alors j’ai pris un petit boulot etquelquesempruntspourfinirlesdernierssemestres.Jesuisretournéechezmesparentspourgarder

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la situation sous contrôle, autant que possible, jusqu’à ce queKarsen finisse le lycée. Encore uneannée, jedois justemaîtriser lasituationuneannéedeplus.Maisdepuisquelquetemps,mamèreaajoutétoutessortesd’antidouleursàl’alcooletmonpèreestencoremoinsprésentqu’avant.Jenesaisjamaisvraimentcequejevaistrouverquandjepasselaported’entrée,etçacraint.Jeméritemieuxetmasœurn’asûrementrienfaitpourméritercequiestarrivéànotrefamille.

JefisentrerlaMustangdanslebâtimentetvérifiaiqueleportailserefermaitderrièrenous.LeslumièresdesécuritéclignotantesprojetaientunrefletbleuéthérésurBrysen.Toutenelleétaitpuretraffiné.Bonsang,commej’avaisenviedeluiarrachersesvêtementspourlamarquerdemapropreimpureté.Jevoulaisenfouirmesmainsdanssescheveux,mordresapeau,sentirsongoûtdansmabouche.Jevoulaisqu’ellereflètelasauvageriequ’elleéveillaitenmoi.Personnenem’avaitjamaisautantexcité.Peut-êtreparcequej’étaistrophabituéàrecevoirsansavoiràdemander,etqueBrysennem’avait jamaisdonnéça. Jedevais toujours luidemanderquelle serait laprochaineétapeet sesréponsesmesurprenaientsouvent.Ellenereprésentaitpasunparigagnéd’avanceetjecroisqueledéfilarendaitencoreplusattiranteàmesyeux.

—Lessacrificesqu’on faitpourprotégersa famille,pourbienagirenversceuxqu’onaime,sontparfoislourdsàporter.

Jesortisdelavoitureetlacontournaipourluiouvrirsaportière.Aprèsl’avoiraidéeàselever,jelaplaquaidetoutmoncorpscontrelacarrosserieetmepenchaipourapprochermabouchedeseslèvrespulpeuses.

— Je ferais tout pour Dovie, tout. J’ai fait des choses pour elle qui m’ont amané à détesterl’hommequejedevenais,maisc’étaitdanssonintérêt.J’admiretacapacitéàmettretaviedecôtéetàenchoisiruneautreparloyautéenverstasœur,maisàunmoment,tudoisterappelerqu’ellevabiendevoir apprendre à s’occuper d’elle-même. Elle devra finalement admettre que vos parents sontpaumésetavancerdanssavie.Dovieesttombéeamoureusedelaseulepersonneaumondequipeutlaprotéger de tout ce que The Point veut lui lancer à la figure. Ta sœur aussi trouvera ce qui estnécessaireàsastabilitéunjour.Ellen’aurapasbesoindetoitoutesavie.

Quelquechoses’enflammadanssesyeuxcéruléens,unéclairdedouleur,peut-êtreparcequ’elleréalisaitquej’avaisraison,maisildisparutaussitôtetelles’élevasurlapointedespiedspourcollersa bouche contre lamienne. Je laissaimesmains glisser sous ses fesses, les plus belles que j’aiejamaisvues.Elleétaitvraimentsublime.Sescourbes,sesvalléesn’avaientpasdefin,etpartoutoùmesmainsseposaient,ellesrencontraientuncorpsfermeetsexy.Lebrefaperçuquej’avaiseud’ellesanssaservietteavaitsuffiàfairedisparaîtretouteslesimagesdesfemmesquej’avaisvuesnuescesdernièresannées.JenevoyaisplusqueBrysenetsabellepeaupâle,sesseinshautsauxtétonsd’unroseparfait,etlapartielaplusintimedesoncorps,toutaussiélégantequelereste.C’étaitunevraiebombeblondeetmoncorpsmesuppliaitd’arrêterdetournerautourdupotetdepasserauxchosessérieusesavecelle.

Elleléchaitleboutdemalangue,sesmainss’insinuaientdanslecoldemonsweat,etsongenoufrottait sans retenue mon érection qui déformait mon pantalon. J’étais censé améliorer sa soirée,prendresoind’elle,faireensortequ’ellesesentebien,etvoilàqu’ellem’excitaittellementquesijenefaisaispasattention,sijenefreinaispasunpeu,j’allaisdéchargeravantmêmed’êtreenelle.

Jel’embrassaiavecforceetm’écartai,essoufflé.—Mêmesij’aimebeaucoupl’idéedeteprendrecontremavoiture,étantdonnéquevousêtes

lesdeuxplusbelleschosesquej’aiejamaisvues,jedoisteprévenirquecetendroitestaussisurveilléquelaMaison-Blanche.Ilyatellementdecamérasentraindefilmercequ’onfaitlàquejepréfèrenepasypenser.Alorssituneveuxpasdepublic,ilvautmieuxcontinueràl’étage.

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Ellepassalalanguesursalèvreinférieureetlehautdesespommettesrougitdélicatement.Peut-êtrequel’idéed’êtreprisesurlefaitneluisemblaitpassidissuasivequeça,toutcomptefait.Brysendissimulaituncôtésauvagesoussonapparentefroideur,jelesavais,jel’avaissentidanslasalledebainsl’autresoir,etjen’enpouvaisplusd’attendredefairefondrelescouchesdeglaceautourd’elle.J’avais le sentiment que plus je la connaîtrais, plus je découvrirais des choses qui me plairaientvraimentbeaucoup.Ellemefascinaitdéjà,monintérêtpourelleétaitsanslimites,etaucunefilleàcejournepouvaitprétendreàcettedistinction.

Jeprissamainetl’entraînaidanslegarage.LavoixdeTitussemoquantdemoirésonnaitdansma tête.Commentpouvais-je la séduireet lacharmerdansunendroitquiétaitpresqueun taudis?Soudain,monascétisme—nerienvouloir,nerienposséderquitémoigneraitdecequej’avaisfaitcesderniersmoispourreprendrelerègnedeNovak—meparutabsurde.J’ignoraiscequej’avaisvouluprouverenn’accumulantrien,enneprétendantàrien,maisencetinstantprécisjeregrettaisdenepasavoiraumoinscraquépourunlitultra-confortable.

Elle marchait d’un pas assuré et confiant devant moi. Il n’y avait pas d’hésitation dans sadémarche,etaprèsêtreentréedans le loft,ellepivotaetposa lesmainsaumilieudemontorse.Jedevaisadmettrequej’aimaissoncôtéaudacieux.Ilcorrespondaitaumienetj’aimaislecontrasteavecsonapparencetoujoursimpeccableetguindée.Jecroisquej’yvoyaisunesortedelienentrenous.Jesavaisquecequicouraitdansmonsang,comment je fonctionnais,etcequicomptaitpourmoinecorrespondaientpasforcémentàmesgènesraffinés.Ellerepoussamavestedemesépaules,celle-citombantparterredansunbruitsourd.

Jerefermailesmainssursespoignetsdélicatsetcommençaiàlafairereculerverslecanapé.Jenesavaispassiellemedonneraituneautreopportunitécommecelle-cietjedevaisprofiterdechaqueseconde,dechaqueinstant,pourluiprouverqu’ilneservaitàriendeluttercontrecequisepassaitentrenous.Jevoulaisqu’ellesentecommemoiquec’étaitinévitable.

Jelafisreculerjusqu’àcequesesjambestouchentlecanapéetelles’ylaissatomberavecunléger soupir. Ses yeux étaient immenses, de grandes flaques bleues remplies d’un désir ardent etimpatient.M’agenouillantdevantelle,jeluiécartailesjambespourmeplaceraumilieuetjelasentisfrémircontremoi.JecherchaislebasdesonT-shirtquand,meprenantdecourt,elleleretirad’ungestedéterminé.Sescheveuxblondsflottaientcommeunhaloautourdesonvisage.Ellehaussaunsourcilclairetrelevalementon.

—Atontour,beaugosse.Jeme surpris à émettre un petit rire et exécutai ses ordres en enlevantmon pull. J’aimais sa

façondemeregarder,commesiellevoyaitau-delàdesapparences.Sonregardglissasurmontorse,mesabdos,etrevintàmonvisage.Ellepassaledoigtsurlesquelquestémoignagesdemadernièrerencontre avec les gars de Novak. C’était ma jambe qui avait le plus souffert, devenant un amasnoueuxdecicatricesetdechairrecousue.Siellen’aimaitpaslespetitesimperfectionsduhaut,cequisetrouvaitau-dessouslaferaitpartirencourant.

J’effleuraiduboutdudoigt lapeau laiteusedesapoitrine,au-dessusdesonsoutien-gorgeendentelle. Les battements de son cœur étaient irréguliers et elle inspira brusquement quand je latouchai.Ellesepenchaenavantpourmepermettrededégrafersonsoutien-gorge,delalibérer.Ellefitglisserlesbretelleslelongdesesbrasets’approchademoipourcollersesseinsnuscontremontorse.Lecontactdenospeauxétaitsibon,commesinousétionsfaitspourêtrel’uncontrel’autre.

Jefiscourirmesmainslelongdelacourbeparfaitedesondosetlaserraicontremoipourluisusurrerquelquesmotsàl’oreille.

—Ilvafalloirenenleverplusqueçasituveuxquejeprennesoindetoi,Bry.

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Duboutdelalangue,jecaressailelobedesonoreilleetelleréagitenserrantlesjambesautourdemescuisses.

— D’accord, chuchota-t-elle d’une voix si douce que mon érection en devint presquedouloureuse.

Jelalaissais’écarterjusteassezpourmepermettrededéboutonnersonjean,l’aideràenleverseschaussures,et je réussisà ladéshabillercomplètementsansquittermaplacedechoixentreseslonguesjambes,aucœurdesondésir.Toutchezelleétaitbeau,parfait,elleétaitdecesfillesquifontfantasmerleshommesdemilleetunemanièressansjamaisleslasser.Sesbeauxcheveuxblondsetsapeausoyeuseetdiaphaneluiconféraientuncaractèreoniriquequepeudefillespossédaient.J’auraispujouirrienqu’enlaregardant.

Je la pris par les hanches et l’attirai au bord du canapé, puis je l’embrassai fougueusement,goûtantsonenviedefairel’amouravecmoi.Laquelleétaitvisibledanssamanièred’entortillerlesdoigts dansmes cheveux puis de tirer fermement. Elle n’était pas timide. Je n’aurais pas pu rêvermieux.Jel’embrassaidanslecou,léchantl’endroitoùsonpoulss’emballait,remontailesmainssursonventrepuism’arrêtaipourcaresserdespoucesledessousdesesseins.Jesentissestétonspresséscontremoi se durcir commedes diamants. J’embrassai le creux de sa clavicule etme retins de lamarquerd’unsuçon.Tachercepaysagepuretimmaculédefaçonaussisauvageauraitétéuncrime.Maisjesavaisquejeleferaisdetoutemanière.

Jelapoussailégèrementenarrièrepourposerlabouchesurlapointedesesseinsbrûlants.Dansunhalètement,ellemetiralescheveuxpendantquejelatitillaisdemescoupsdelangue,jusqu’àlafaire suffoquer. Je la sentais qui devenaitmoite ; ses cuisses tremblaient, sa poitrine se gonflait etretombaitàunrythmeeffréné.Je lamordillai, j’yallaiunpeuplusfort,et jenefuspassurprisdevoirqu’ellesemblaitaimerçaencoreplus.Ellem’attiraitcontreelleetmurmuraitmonprénom,seshanches se soulevaient involontairement du canapé au tissu usé, ce quime convenait parfaitement.J’enprofitaipourglisserlesmainssoussesfessesetl’attirerversmoienluisouriant.

—Décollageimminent.Ses yeux s’agrandirent encore, ce que je n’aurais pas cru possible, et elle mordit sa lèvre

inférieure,cequifaillitfaireexplosermabraguette.Je lui écartai un peu plus les jambes,me penchai plus encore pour lécher le contour de son

nombril,puis j’embrassai sonbas-ventre frémissant. Jeparcourusensuitedudoigt la courbede sacuisse, jusqu’à ma cible finale. Je l’entendis gémir, sentis littéralement la chaleur monter en elletandisquejem’approchaisdecebrasierquicriaitmonnom.Elleétaitassezlégèrepourquejepuissel’approcherdemaboucheimpatiente,latenantfermementtandisquej’enfonçaismalanguedanssachair humide. Elle avait un goût en parfaite harmonie avec son apparence divine et luxuriante,soyeuseetdouce.Soncorpsétaitparcourudefrissons,àl’exceptiondecettepartiedélicieusequejesavourais.Aupassagedemalangueinsistante,elleondulaitdeplaisir,etsesongless’agrippaientdechaquecôtédematête.

—Race…,dit-elle,mesuppliantsoitdecontinuersoitd’arrêter,peum’importait.Cen’étaitqueledébut.Songoût,sesgémissements,soncorps,toutenelleétaitenivrant.Jela

relevaiencoreetlibéraiunemainpourenfairemeilleurusage.J’écartaiencoresesjambesetattrapaientremesdentslapointeduredesonclitoris.Jen’étaispasparticulièrementdoux,maisçan’avaitpasl’airdeladéranger.Ellesecambraetpressasifortmatêteentresesjambesquej’émisunpetitrire.Jen’avaisjamaisétéprisdansunpiègeaussisexy.

Jefaisaistournoyermalanguesursonclitorispalpitant,jemeservaisdemesdoigtspourjoueravecelle,explorantsonintimité,quisecrispaitettressaillaitaumoindrecontact.Jeléchais,suçaiset

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luipressaislesfesses.Jesentaisl’excitationmonterenelleetsoncorpssavourerleplaisirquejeluidonnais. Je n’avais jamais vu une fille aussi réceptive. Elle exprimait son approbation, prononçaitmonnomlorsquemesdoigtsbaladeursfrôlaientlespointslesplussensibles.Ellenedissimulaitrienetnesemblaitpasgênéepar lesmanifestationsphysiquesduplaisirque jeprovoquaisenelle.Ellen’étaitplusquemoiteurbrûlante,aupointquejemedemandaissijepourraisallerjusqu’aubout,sijeseraisà lahauteur. Jenemesouvenaispasd’avoireuuneérectionaussi forte,d’avoiréprouvéundésirsiviolentqu’ilendevenaitdouloureux.

Elleétaitproche.Jel’entendaisémettredepetitsgémissementsdufonddelagorge.Jelesentaisdanssamanièred’inondermalanguedesondésir.Elle lâchamescheveuxpouragrippermamainquilatenaitparsesfessesfermes.Elleserramesdoigts,jevissesyeuxpapillonneretsefermer.Sabouches’ouvritsoudain,sesmusclessecontractèrentsurmesdoigtslapénétrant,etd’uncouptoutelatensiondisparut.Soncorpssedétenditentièrement,sesbrasserefermantmollementautourdemoncoutandisquejelevailatêtepourlaregarder.Elleglissasansaucuneffortdubordducanapépours’asseoirsurmoi.Monsexegémitpresquequandsonintimitéhumidetouchamabraguette.

Ses paupières tombaient lourdement sur ses yeux couleur ciel et son regard était pleinementsatisfait.Sij’avaiseulesmainslibres,jemeseraistapédansledosd’unairsuffisant.Maisjen’euspas le temps de savourer le travail bien fait, car, de douce et docile, elle devint vigoureusementagressivesansquej’aiepuvoirvenircechangementd’humeur.

Ellem’embrassa, enroula sa langue autour de lamienne, aspira le reste de songoût surmeslèvres,etglissaunepetitemainentrenouspours’attaqueràmaboucledeceinture.Jelapoussaiunpeuenarrièrepourquesesépaulesreposentsurlebordducanapéetgémisdanssabouchequand,duboutdesdoigts,elleeffleuramonsexepalpitant.

Jemepenchai en arrière pour qu’elle puisse baissermabraguette et vis ses yeux s’embraserd’approbation.Ellem’embrassaànouveauetunepenséeembarrassantemetraversal’esprit.Jeprissonmentondansmamainetposaimonfrontsurlesien.

—Jen’aipasdepréservatif.C’étaitenaccordavecmonmodedevieminimalistedumoment.Nepasavoirdepossessions,

c’étaitnepasenmanquerquandellesdisparaissaient,etcelaincluaitl’envieurgentedefairel’amour.Saufquemaintenant,j’étaisprêtàtuerpourunpetitboutdelatex,carsijenepénétraispassoncorpsoffertetbrûlantdanslaseconde,j’étaisàpeuprèssûrquej’allaismourir.

Une main s’enroula sur ma nuque tandis que l’autre caressait de haut en bas mon érectiondouloureuse qui s’échappait par la braguette ouverte demon jean.Mon sexe avait l’air furieux eténormedanssapetitemain.Bonsang, lesimplefaitde laregardermetouchersuffisaitàmefairedécoller.

—Onn’enapasvraimentbesoin.Jehaussaiunsourciletellepenchalatêtesurlecôté.— J’avais une vie plutôt normale et active avant de rentrer habiter chezmes parents. Je suis

partantesitul’es.Merde alors. Je n’avais pas eu de rapport non protégé depuis un écart à l’adolescence qui

m’avaitfaitpisserdufeupendantunmois.C’étaitrisqué:mêmesij’avaisl’aird’unenfantdechœur,j’avaisfaitdeschoses, j’avaisétéavecdesfemmesdangereuses,cequinefaisaitpas forcémentdemoi un bon pari pour prendre ce risque. Cela dit, ce comportement imprudent remontait à unmoment, et je ne faisais jamais lamême erreur deux fois, alors j’étais blanc comme neige. Je ladésiraisplusquejedésiraisrespirer,maisjemesentisobligerdedemander:

—Brysen,c’estprendreungrosrisque.Tuessûre?

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Sielledisaitnon,monsexeentomberaitàterre,maisjedevaisrespectersonsouhait.Elleme fixapendantun longmoment silencieux. Jevoyaispresque sespensées tourbillonner

derrièreceregardenflammé.Ellesepenchaplusprèsdemoi,sesseinsfrottantdélicieusementcontremontorse.Elleglissaleboutdesonnezcontremajoueets’arrêtaàmonoreille.Elleapprochaseslèvrestoutcontreetmurmura:

—Tumedonnesenviedeprendretouslesrisques,beaugosse.Puiselleenfonçasesdentsdanslelobedemonoreilleetjefusàsamerci.Jelasoulevaijusteassezpourretirermonjeanetlareposaidirectementsurmonérectiontendue

à l’extrême. Elle était déjà prête et trempée, et elle m’accueillit tout entier. Nous étions liés plusintimementquejenel’avaisétéavecaucunefille.Ellepenchalatêteenarrière,sagorgesecourba,etjenepusrésisteràl’enviedelasucer,deluilaisserunemarque.

Elle commença à bouger, se servit de ses appuis sur mes épaules pour monter et descendretandisquejemerelevaislégèrementpourallerauplusprofondd’elle.J’enroulaisescheveuxdansmesmainsetembrassaisesyeuxfermés,sonnezpuissabouche.J’adoraisl’embrasser.J’adoraissongoût et sa manière de me répondre. J’avais eu plus de rapports sexuels que je n’aurais aimél’admettre,maisjen’avaisjamaisfaitl’amourcommeça.D’habitude,c’étaitlaroutine:entre,vaetvient,va jusqu’aubout,etva-t’en.Avecelle, ilyavait tellementplusqueça.Lamontéeen tension,l’embrasementérotique,samanièredemetireràelle,demedemanderdeluidonnerplussansdireunmot. Sa façon de répétermon nom encore et encore, de planter les dents dans le haut demonépaule,assezfortpourmefairegrognerdedouleur.Demedired’allerplusfort,plusvite,etquandje ne réagissais pas assez vite, de glisser une main autour de mes bourses pour me donnerl’encouragementapproprié.Elleosaitdeschosesetçamerendaitdingue.J’allaistomberamoureuxd’elle.J’enétaispresquesûr.Elleétaitmagnifique,etquandellejouitunesecondefois,jelasuivisdeprès,tremblantenexplosantdanscettefilleuniquequi,j’enétaissûr,allaitdéstabiliserencoreunpeuplusmonmondedéjàprécaireetincertain.

Jelaissailessoubresautsdesoncorpsrelâchéondulersurlalongueurdemonsexeencoreenelleetmerelevaipourl’allongersurlecanapéusé.Ilmefallutquelquesmanœuvrespourlaportersansquitterlachaleurdesescuissesetpourquenoustenionssurlecanapé,maisjeparvinsàresterenveloppé dans ses longues jambes et ses bras enlaçant lâchement mes épaules alors qu’elle meregardaitavecdesyeuxivresdepassion.Jerepoussaiquelquesmèchesdecheveuxdesonvisageetcaressaidemespoucessespommettes.

—Jeretirecequej’aidit.TuesbienplusbellequelaMustang.Elle leva lesyeuxauciel et écarta légèrement les jambespourme laisserm’enfoncerunpeu

plusenelle.— J’ai le sentiment dem’être fait un peu avoir dans la vérification de lamarchandise, beau

gosse.Tum’asvuedeuxfoisnue,etpourtanttuasréussiàresterquasimenthabillélesdeuxfois.Jehaussaiunsourciletluisouris.Sonregardseconcentrasurmafossetteetjesentissonsexe

secontracterautourdumien.J’étaisravideluifaireautantd’effet,aussifacilement.Celarééquilibraitunpeuleschoses.

—Toutn’estpasjolichezmoi,dis-jeenposantsamainsurlacicatricedemontorse.LesgarsdeNovaksesontacharnéssurmajambequandilsrecherchaientBaxetDovie.J’aieudelachancequ’ils ne me tuent pas, mais ils m’ont laissé un souvenir à vie de ce qui arrive quand on pensepouvoirdéfierThePointetgagner.

Elle grimaça et commença à se tortiller sous moi. C’était très agréable, mais elle voulaitclairementselever.Jegrognaietmerésolusàm’éloignerd’ellepourlalaissersemettredebout.Elle

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mepritlesmainsetmefitmelever.J’allaisluidemandercequ’ellefaisait,maissoudain,envahissantmon espace, elle tiramon jean etmon boxer jusqu’àmes pieds.Mon sexe récemment satisfait nepouvaitignorerlavued’uneblondesexynueàgenouxdevantmoi,etellehaussalessourcilsquandiltressautadanssadirection.J’auraisbienaiméhausserlesépaules,luisourireetessayerdelajouercool,parcequ’elleétaitvraimentaussiexcitantequeça,maisellemecoupalesouffleenpenchantlatêteversmongenoumutilé,l’endroitoùlapeaucicatriséeétaitlapluslaide,laplusbosselée,pourydéposerleplusdoux,lepluslégerdesbaisers.Celaprovoquaquelquechoseaucentredemapoitrine,fitbattremoncœursifortquejefussurprisquemescôtesnecraquentpassouslechoc.

Ellepassasesdoigtssurl’extérieurdemacuisse,embrassalapartiedemesabdominauxquisecontractaitsousmonnombriletseredressadevantmoi.Elleentouraànouveaumoncoudesesbrasetpressasajoueaucentredemontorse.Jenemesouvenaispasd’avoirdéjàétéenlacéavecautantdedouceur.Jeposailesmainssursondosetcaressaisacolonnevertébrale.

—Jesuiscontentequetunesoispasabsolumentparfaitphysiquement,Race.Essayerdegérertoutecetteperfectionapparente,c’estbienassezdistrayantetdifficilecommeça.Savoirquetuasdesdéfautsterendbeaucoupplushumain.

Jel’allongeaiànouveausurlecanapé,lacouvrisavecmoncorpspassiparfaitetl’embrassaiencore.

— Il y a plus de parties défectueuses chez moi que l’inverse, Bry. Reste avec moi assezlongtempsettuverras.

Ellenedevait pas êtrepresséedepartir, car lorsque jepris songenoudansmamainpour lemonter jusqu’àmahanche,elle leva l’autrede sonproprechef,m’ouvrant lavoiepourque jemeglisseencoreunefoisenelle.Elle referma lesyeuxetunsourirediscretsedessinasurses lèvres.Ellesecambraetmurmuradansmoncou:

—Mercideprendresoindemoicesoir.Ellen’avaitpas idée.Alorsque jerecommençaisàbouger,à laposséderdeplusenplusfort,

ellenepouvaits’imaginerjusqu’oùj’iraispourprendresoind’elle,etmoinonplus.

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9

Brysen

J’avaispassélanuitavecRace.Nonpasquecesoitvraimentuneépreuved’avoirsesmainstrèstalentueusesetsabouchesurtouteslespartiesdemoncorpspendantpresquetoutelanuit.Maisàlalumièrecruedujour,lefaitd’avoirtoutlaissédecôté,dem’êtreéloignéedecequejesavaisêtreleplusraisonnablepourm’accorderceplaisirégoïstemedéstabilisaitunpeu.C’étaitlapremièrefoisdepuistrèslongtempsquejemesentaisvraimentmoi-même,quej’avaisenmainunepartiedemaviequejevoulaisréellement,etjen’avaispasenviedelagaspiller.Mêmel’avoirlaissémefairel’amourencore et encore sansprotectionétait une raisondem’envouloir,mais jeprenais lapilule, j’étaisresponsabledemespropreschoix.Sijen’avaisplusjamaisl’occasiond’êtreavecRace,aumoinsjesavaisquejel’avaiseutoutentier,etc’étaitmieuxquetoutcequej’avaisconnuauparavant.Jecroisque le frisson qui en résultait, cette petite part d’inconnuqui allait avec le fait d’être avec unmeccommelui,ajoutaitàcettefacilitéaveclaquelleilpouvaitm’exciterauplushautpoint.

Ils’étaitdécollédemoicematinquandsontéléphoneavaitsonnéetilavaitmarmonnédesmotscommegainsetlamarge.Ilavaitenfiléunjeansansmettredecaleçon,cequejetrouvaisterriblementsexy,m’avaitembrasséevigoureusementetditqueBaxsechargeaitde laBMW.Et ilavaitdisparudansunebourrasquedesplendeurmajestueuseetunaurevoirprécipité.J’ignoraissijelereverraisbientôt, et franchement cela me convenait, car je n’étais pas sûre de savoir comment gérer cechangementradicaldansnotrerelation.Onn’avaitjamaisétévraimentamis,onneseconnaissaitpasau-delàdecetteattirancepuissantequisemblaitnousrapprocherdeforce,maisplusjeledécouvrais,plus jeréalisaisàquelpointonseressemblait.Savierevêtaitunecertaineapparence,maissous lasurface il y avait tellement plus, tellement de choses qui se passaient. Je n’avais pas prévu de luidéballertoutemonhistoire,laveille,maisaprèsl’avoirfait, j’avaissentiunepetitepartdufardeaudisparaîtredemesépaules. Jeme sentais soulagéequequelqu’und’autre sachepourquoi je faisais

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toutçaàlamaison.Simonsacrificen’étaitpasremarquéparceuxpourqui je lefaisais,aumoinsRacesavait,etd’unecertainemanière,c’étaitimportant.

Jeprisunedoucherapideetbrûlanteetgrimaçaienremettantmesvêtementssalesdelaveille.J’avaiseffacé toute tracedemaquillagedemonvisage,mescheveuxétaienthumideset j’avaisunemarquedemorsuretrèsvisibleaumilieuducou.J’étaisl’incarnationmêmeduréveildifficileaprèsune nuit torride et je ne pouvais pas dire que ça me déplaisait. Mes yeux étaient immenses etpossédaient une lueur que je n’avais pas vue depuis longtemps… et peut-êtremême qu’un peu del’ancienneBrysenmeguettaitdansleursprofondeursbleues.

Jeramassaimesaffaires,mepréparaiàmaconfrontationavecBaxetpartisàlarecherchedemavoiture. Le garage bruyant débordait d’activité.Desmachines fonctionnaient, de nombreuses voixmasculiness’élevaient,uneradiojouaitdurockpuissant,etpar-dessustoutça,desmoteurstournaientet des gaz d’échappement envahissaient l’atmosphère. L’ambiance était si frénétique que j’espéraisque personne ne me remarquerait, mais je n’eus pas cette chance. Une fille fraîchement douchéesortant du loft deRacene risquait pas depasser inaperçue. Je rougis donc en surprenant quelquesregardsentendusentreleshommescouvertsdegraisseetd’huiledemoteur.

Je repérai la silhouette imposante deBax qui sortait du bureau. Il avait une cigarette coincéeentreleslèvresetletéléphonecolléàl’oreille.Ilm’aperçutdescendantl’escalierenmétaletinclinalatêteendirectiondel’arrièredugarage.Toutenluiparaissaitsombreetagressif,jenecomprenaispascommentDoviefaisaitpournepass’enfuirchaquefoisqu’illaregardait.Sonsimpleregardnoirsuffitàmefairedétalercommeunlapineffrayédansladirectionqu’ilavaitindiquée.

LaBMWavaitquatrenouvellesrouesavecdenouvellesjantesquisemblaientbienpluschèresque celles qu’on m’avait volées la veille. Je posai mon sac à main et l’ordinateur sur le siègepassageretvisavecsurprisequ’unnouvelautoradioavaitaussiétéinstallé.JesursautailorsqueBaxdit«Attention !»etme lança lesclés. Je lesattrapaid’unemainet le regardaiprudemment tandisqu’ils’approchaitdemoiavecnonchalance.Unanneaudefumées’échappadesaboucheetilplissalégèrementlesyeux.Ilavaituneétoilenoiretatouéeàcôtéd’unœil,etlafaçondontelleseplissaitetbougeait était fascinante. Il incarnait le genre d’hommes forgés dans les feux infernaux quinourrissaientThePoint.

—Tut’esbienéclatéehiersoir?C’étaitgrossieretçaneleregardaitpas,maisc’étaitduBaxtoutcraché.Jemeraclailagorgeetserraifermementlesclésdevoituredansmamain.—Oui.Ilôtalacigarettedesaboucheetlajetaparterre,avantdel’écrasersoussabotteetdepasserles

mainssursoncrânetondu.—Raceflashesurtoidepuisunboutdetemps,maisencemoment,sesaffaireset lebusiness

dans cette ville ne sont pas très solides. The Point repose sur des bases pourries, et tout pourraits’effondrer.Ilvadevoirresterconcentrésursonobjectifoudesputainsd’emmerdesvontluitomberdessus.Situprévoisd’êtreàsescôtés,çat’entraîneraaussiverslefond.

C’étaitunavertissementaussisubtilqu’unbulldozer.—Ilm’aide justeunpeu. J’aiunproblèmeavecunmecquimeharcèle. Jen’essaiepasde le

distraireoudelemettreendanger.Sabouches’incurvadansunpetitsourire,etj’entrevisalorscequiavaitfaitcraquerDovie.J’en

soupiraipresque.—Avectonphysique,etvucommeilestdéjàaccro,lesimplefaitdetevoirrespirersuffiraità

ledistraire. Je tedis simplementdegarder toutçaen têtequand tudéciderasdenous rejoindre là-

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dedans.DansThePoint,fautvoirau-delàdelabonnebaise.C’estjamaisaussisimple.J’inspirai brusquement, choquée par son manque de tact, et fronçai les sourcils avec un air

renfrognéetprude.Ilpenchalatêtesurlecôtéetm’examinapendantquelquessecondes.—Lemecquiteharcèle…tuasuneidéedequiçapeutêtre?Unex?Desennemis?—Non, personne, dis-je en secouant la tête. Je ne suis sortie avec personne depuis un an ou

presque.Jevischezmesparents.Jevaisauboulot,àlafacetc’esttout.Jenesuispastrèsintéressante.Enfin,j’aibienrejetéquelquesmecsquim’ontdemandédesortiraveceuxetjesuisàpeuprèssûrequ’un prof-assistant veut ruiner mon cursus, mais personne ne m’a jamais ouvertement menacéejusqu’ici.

—Fautcroirequetuesassez intéressantepourquequelqu’unveuillevraimentdéconneravectoi,ettoutlemondepeutreprésenterunemenace.

Jesoupiraietdécollaiunepartiedemescheveuxmouillésdemanuque.—Leprof-assistantestunabruti. Ilm’ademandédesortiravec luiet je l’ai rembarréunpeu

brutalement.Depuis,jesuisconvaincuequ’iltrafiquemesnotesetqu’ilfaitdecesemestreunenfer.C’estlaseulepersonnequej’aipeut-êtretraitéeunpeudurementcesdernierstemps,maisjenepeuxpasprouverqu’ilfaitdestrucslouches.

Baxpassasonpoucelelongdesonmentonethaussaunsourcil.—TuasparlédecemecàRace?—Non,c’estjusteunétudiantenmathsunpeugeek.Ilestpénibleetjesuispresquesûrequ’il

essaiederuinermamoyennepourquejenevalidepaslecours.Jenepeuxpasleprouver,c’esttout.—Iln’enfautpasbeaucouppourqu’unmecsolitairepètelesplombsàcaused’unejoliefille.Je ne savais pas quoi répondre à ça, alors nous nous regardâmes pendant une longueminute

avantqu’ilsorteuneautrecigaretteet laglissedanssabouche.Jemeraclaiunpeu lagorgeet fismined’entrerdanslavoiture.

—Mercid’avoirremisdesrouessurmavoiture.—DismerciàRace.Bon,j’étaisàpeuprèssûred’avoirfaitcequ’ilfallaitlaveille,maisjegardaiçapourmoi.—Aufait,Bax…Sesyeuxrevinrentrapidementsurmoi.—CeschosesquefaitRace,lesaffairesqu’ilgère…ilvas’entirersansproblème,hein?Jenevoulaispasvraimentderéponsehonnête,maisjesavaisquej’enauraisune.Ilallumasacigaretteethaussaseslargesépaules.—Raceestletypeleplusintelligentquejeconnais.Ilfaitcequ’iljugenécessairedefaire.Ses

choixsontdugenreextrêmeetilstouchentsouventceuxquil’entourent,etpastoujoursenbien.Maisillesassumeetça,çadoitvaloirquelquechose,non?

Jenetrouvaispasçatrèsrassurant,maisundesesgarsl’appelaet jefusabandonnéepourunjointdeculassesautéouquelquechosecommeça.

Jequittai legarage, la têteencorepleinedelanuitpassée,et jepensaiaugenredechosesquipourraientarriveràRaces’iln’étaitpas,enréalité,assezrusépourresterau-dessusdetoutcequilemenaçait dansThePoint. Je l’aimais bien.En fait, je l’aimais vraiment bien.C’était dur de ne pasl’aimer;ilétaittoutsimplementtropcharmantetattachant,maisc’étaitlessurprises,cespetitsdétailscachés,quilerendaientirrésistible.Jevoulaisleconnaîtrevraiment,entrerdanscettetêtesuperbeetcomprendrecommentilfonctionnait.Dommagequejen’aieniletempsnilaplacedansmaviepourvoircommentçacolleraitentrenous.

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Quand je revinsdemoncôtéde laville,masœurétait rentrée,mamèreétaitdans lacuisine,étonnamment sobre, occupée à faire des sandwichs, et comme d’habitude mon père restaitintrouvable,mêmesic’étaitun jourdeweek-end. Jegravis l’escalier sansbruit, espérantquemonapparencechiffonnéeetmalmenéenecauseraitpasdescène,etjemechangeaidansmachambre.

-être faire comme simaman allait bien, profiter des brefsmoments de lucidité et de sobriétéentresessoûleriesetsescriseshystériques,maiscelademandaituneffortet,surtout,unétatd’espritquejen’étaispasprêteàadopter.J’ignoraileSMSd’excused’Adriaetrépondisàunautre,narquois,deDovie.JenecomptaispascacherlefaitquejefréquentaisRace,maisjen’allaispasnonpluslecriersurtouslestoits.Ilétaitcanon,onétaittouslesdeuxcélibataires,j’avaisenviedeluidepuissilongtempsque j’avais l’impressionquecesentiment faisaitpartiedemoi,et jen’allaisexpliqueràpersonnelebesoindesimplementl’avoir,mêmeàuneDoviebienintentionnée.

Enfait,celamefitrirequ’ungrosdurcommeBaxsoitaussienclinqu’unefilleàpapotersurlaviesentimentaledesonpote.Dovienepouvaitsavoirqueparluiquej’avaispassélanuitavecsonfrère.

Jem’installaisurmonlitpourpasserl’après-midiàfairetousmesdevoirsetrattraperleretardaccumuléaprèsmesdéboiresinformatiquesdelasemainedernière.Quelquesminutesplustard,masœurfrappaetpassalatêtedansl’encadrementdelaporte.Elleavaitunsandwichsuruneassietteetunsourirehésitantsurlevisage.

—Tuneveuxpasdéjeuneravecmamanetmoi?Elleentra,posal’assietteauborddulitets’assitsuruncoindumatelas.—Non.Regardermamans’affairerdans lacuisineaprès l’avoirdétruite lasemainedernière,

trèspeupourmoi.Jesuissurprisequetusoislà,d’ailleurs.Tunedevaispaspasserleweek-endavecunecopine?

QueKarsentrouved’autresendroitspourpassersesweek-endsdevenaitdeplusenpluscourant,et jeneleluireprochaispas.Sij’avaiseuunendroitpourfuir, jeseraispartieaussi.Seulement, jesavaisqueladistancenerépareraitpaslesproblèmesquigrossissaientencemomententrelesmursdelamaison.

Elleentortillaunemèchedecheveuxautourdesondoigtetmesourit.—Onm’ainvitéeàunefêtecesoir,alorsilfallaitquejerentrepourmechanger.J’yvaisavec

Connieetaprèsjedormiraichezelle.Jehaussaiunsourciletladévisageai.LesparolesdeRacemedisantqu’ellegrandirait,qu’elle

commenceraitàprendresavieenmainsansquejesoisdanssondosretentissaientenmoi.—Quelgenredefête?LesfêtesdansTheHillétaienteffrayantes.PasdelamêmemanièrequecellesdeThePoint,où

l’on risquait sapeau,maisd’unemanièreplus insidieuseet sournoise.LesgarçonsdeTheHillnecomprenaientpasquandonleurdisaitnon,etlesgaminsrichespouvaientseprocurerbeaucoupdechosesquin’auraientjamaisdûêtreàleurportée.Jen’étaispaslamèredeKarsen,etjesavaisquec’étaitunefilleintelligente,maisjen’avaispasabandonnétoutcequej’avaisjustepourlavoirêtrevictime d’un beau parleur avec une belle voiture. Je faillis lever les yeux au ciel en pensant àmapropresituationetàmoncopainqui,àlabase,venaitdeTheHill.

—Pas de folies. Juste un petit groupe d’amis qui se retrouvent chez ce garçon, Parker. Je letrouvesympa.Iljoueaubase-balletConniesortplusoumoinsavecsonmeilleurami.

Ellerougitetsemblaunpeugênée.—Ilteplaît.Ellebaissaleregardeteffleuradesdoigtsmondessus-de-lit.

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—Unpeu.Jesoupiraietmismonordinateurdecôté.Jecroisailesjambesetmepenchaiverselle.Jedevais

admettrequej’étaisunpeujalouse.L’époqueoùjen’étaisqu’unefillenormalequiavaitcraquésurun garçonmignon du lycéeme paraissait si lointaine.Mais au fond j’étais heureuse de voir que,malgré tous ces bouleversements dans nos vies, elle pouvait encore se comporter comme uneadolescentequivoulaitpasserdutempsavecsescopinesets’amuser.

—Aquoiilressemble?Ellericanaetjeprisunebouchéedesandwich.—Pasaussibeauquetonmec,maisquandmêmemignon.Jem’étouffaipresqueaveclemorceaudesandwich.—Cen’estpasmonmec.Cefutsontourdemelancerunregardinterrogateurtandisqu’elleserelevait.—Tun’étaispaslàcettenuit.Tuavaislescheveuxmouillésquandtuesrentrée.Etjenesaispas

situt’esregardéedansunmiroircematin,maistuasunsuçondelatailleduTexasdanslecou,ettusouris.Franchement,jesuiscontente.Iln’yapasderaisonpourquetun’aiespasunbeaumecàtespiedsetçafaitdeslustresquejenet’aipasvuesourirebêtementcommeça.C’estbien.

C’étaithautementinappropriédelapartdemasœurdepresquemetaperdanslamainpourmeféliciterd’avoircouchéavecunmec,etjen’avaispasréaliséquejesouriais.Oh!monDieu,qu’est-cequej’allaisfairedeRace?

—Faisjusteattention,etnefaisriendestupidequandtusortirascesoir,d’accord?—Jefaistoujoursattention,Brysen.J’aurais aimé pouvoir en dire autant. Elle me laissa à moi-même, et je finis un dossier que

j’avaisàfaireetparcourusmesnotesdethéoriemathématique.Aunmomentdonné,jem’endormismêmependantquelquesminutes.Jedusensuitemedépêcherdemeprépareràpartiraurestaurant,carcettepetitesiesten’étaitpasprévue.Maismoncorpsavaitmanifestementbesoind’unpeude reposaprèsleseffortsdelaveille.Jenemesouvenaispasd’avoirdéjàeucegenrederelationsexuellequimarquetoutvotrecorpslongtempsaprès.C’étaituneraisonsuffisantepourcraindred’allerplusloinavecRace.Unefillepouvaitvitedeveniraccroàcesentiment,etiln’yavaitpasdeplacedansmaviepouruneaddictionfrivole.

Jedescendais l’escalier en toutehâte, essayantd’attacher les cheveuxquime tombaient sur levisageavecunepince,quandjeremarquaiquemonpèreétaitfinalementrentré.Ilfaisaitlescentpasentrelacuisineetlesalon,letéléphonecolléàl’oreille,tandisquemamère,assisesurlecanapé,leregardaitavecdesyeuxvitreux.Ellen’avaitpasl’aird’avoirbu,maislecalmedecetaprès-midiavaitquittésonvisage.

—Qu’est-cequisepasse?Jeposailaquestionsansvraimentattendrederéponsehonnêtedel’uncommedel’autre.Monpèrelevaunemainetjeregardaimamère,quisecontentadem’ignorer.J’avaisenviede

lesétranglertouslesdeux.J’allais partir, les laisser mariner dans cette atmosphère de malaise et d’insatisfaction où

baignaitcontinuellementlamaison,quandmonpèrem’attrapalepoignetdevantlaported’entrée.Jele regardai avec surprise et me dégageai. Sa prise était plus forte que nécessaire, et de près, jeremarquaiunesortededésespoireffrayantdanssonregard,cequimerenditnerveuse.

—Brysen,j’aibesoinquetumelaissesutilisertavoiturependantquelquesjours.Jenepusm’empêcherd’éclaterderire.J’avaistoutlâchépourreveniràlamaison,pourêtrelà

pourKarsen.Lesseuleschosesquimerestaientétaientmavoitureetlescours.Etcesdeuxchoses,je

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devaismetuerautravailpourlesgarder.—Pasquestion.Jedoisallerautravailet jenevaispasprendrelebusouchercherquelqu’un

pourm’emmener.Qu’est-cequinevapasaveclaLexus?Mamèreneconduisaitplus.Elleavaitperdusonpermisaprèsl’accident,maismonpèreavait

réussiàgarderunjoli4x4Lexus.Ilmefusilladuregardetfixasontéléphonequisonnaitànouveau.—Elle est au garage pour quelques jours. Arrête d’être égoïste. C’estmoi qui nourris cette

famille,pastoi.J’aibesoindetavoiture.Jerisànouveauetm’étouffaipresquecettefois.—Non.Jerefusaisd’avoircettediscussion.Jen’avaispasl’intentiond’abandonnermavoiture;c’était

ledernierlienquimerestaitavectouteformedeliberté.Plutôtlécherledessousdemasemellequede rester coincée dans cette maison sans moyen de m’échapper. En plus, cette voiture, je l’avaisméritéeetjem’épuisaischaquejourpourlagarder.Iln’arriveraitpasàmefaireculpabiliserdenepaslaluiprêter.

J’ouvris laporteet sortis sansme retourner. Je l’entendismesuivreet je regardaipar-dessusmonépaule.Mamèrerôdaitd’unpashésitantsur leseuil.Dèsqu’elle lepourrait, jesavaisqu’elleprendraitunebouteille;lefaitd’êtretouteseuledanslamaisonalorsquepapas’étaitenfermédansson bureau était un déclencheur infaillible. Je n’arrivais même plus à m’en inquiéter, c’était trophabitueldésormais.J’étaisvraimentfurieuse,etquandmonpèrevoulutdenouveaum’attraperparlebras,jetapaisursamainpourl’écarter.Ilreculaenmejetantunregardnoir.

—Arrête.Jenetedonneraipasmavoiture,papa.Tupeuxprendrelebus,oumarcher,oujenesaispas,louerunpousse-pousse.Jenetelaisseraipasmecréerd’autresproblèmes.

—Jenet’aipascréédeproblèmes,Brysen.—Vraiment ? Laissermaman détruire la cuisine et ne rien faire pour l’arrêter ou ne pas te

demandersiKarsenvabienounon,cen’estpascréerdesproblèmes?Etqu’est-cequetudisdufaitquemamannemettejamaisunpieddehorsetqu’ellearrivepourtanttoujoursàtrouverunebouteilled’alcool?Cen’estpasmonproblèmenonpluspeut-être?

Jesecouailatêteetmarchaid’unpasdéterminéverslaBMW.Jevoulaisluidiretoutça,etbienplusencore,depuislongtemps,maisjevoyaisàl’inclinaisontêtuedesonmentonetàsamanièredeplisserlesyeuxqu’iln’entendaitriend’autrequemonrefusdeluidonnermesclés.C’étaittoujourslamêmehistoire ;ni luinimamèren’imaginaient àquelpoint c’étaitdurpourmoid’être ici, et ilsétaient de toute évidence trop absorbés par leurs propres malheurs et leurs propres décisionsdéplorablespour s’enpréoccuper.C’était exactementpour çaque jenepouvaispas laisserKarsenseuleàlamaison,qu’elleaitbesoindemoipourtoujoursounon.

Monpère,sonportabledenouveaucolléàl’oreille,mefoudroyaduregardtoutletempsqu’ilmefallutpoursortirdel’allée.J’étaisfurieuse,frustrée,etplusquetout,jen’enpouvaisplusdetoutcecirque.Jenevoulaisplusmesentirimpuissanteetsous-estimée.Arrivéeauparkingdurestaurant,jeprisuneminutepourregarderautourdemoietm’assurerquepersonnenem’épiaitoumesuivait.EtuneautrepourappelerRace,suruncoupdetête.

Sontéléphonesonnadanslevideetjem’envoulusd’éprouverunetelledéception.Jenesavaispascequ’ilpensaitaprèscettenuit,sicelal’avaitautantmarqué,sicelaavaitautantchangésaviequelamienne.Toutefois,aveclemalaisequimerongeaitaprèsladiscussionavecmonpère, jesentaisqueluiseulpourraitmefaireallermieux.

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Ramonme jeta un regard entendu doublé d’un petit sourire pervers quand il m’aperçut. Parchance,jedusimmédiatementm’occuperd’unetabléeimmenseetréussisàéviterlescomméragesoulesquestionspendantpresquetoutmonservice.Quandunedesautresfillesvintmechercherpendantmapausepourmedirequej’avaisuneautretable,j’étaisgrognon,encoreénervéeparmonpère,etje devais avouer que j’étais vexée queRace nem’ait pas répondu. Je ne comprenais pas pourquoipersonned’autrenepouvaitlaprendre,maisellemeditqu’onm’avaitspécialementdemandée.Etantdonné que quelqu’unme suivait, j’étais nerveuse à l’idée de retourner en salle, ignorant qui m’yattendrait. Dès que j’aperçus cette chevelure dorée et cette fossette séduisante, quelque chose serelâchadansmapoitrine et j’eus l’impressionde respirer à nouveaupour la première fois depuisqu’ilm’avaitlaisséecematin.

Jem’approchainonchalammentdesatableetappuyaimahanchecontrelabanquette.Illevasonregardvertforêtetmabouches’assécha.

—Hey,lançai-je.Il me sourit et je dus réprimer un soupir rêveur. Le sourire de RaceHartman aurait dû être

illégal.C’étaitclairementunearmededestructionmassive.—J’aivuquetum’avaisappelé.Jemesuisditquej’allaispasservoirsitoutallaitbien.Jeclignaidesyeux,surprise,ettripotaileboutdemontablier.Personnenes’étaitjamaissoucié

demoiaupointdepasserprendredesnouvellescommeça.Moncœuravaitenviedefairedeschosestrès,trèsstupides.

—Ça va. Jeme demandais juste ce que tu faisais ce soir.Ma sœur n’est pas à lamaison, etfranchement,jepréfèreêtren’importeoùplutôtquelà-bas.Jesaisquec’estleweek-endetquetuassansdouteunmilliondechosesàfaire,maisjemedisaisquej’allaistenterlecoupquandmême.

Ilhaussaunsourciletposaunemainsurmacuisse.Commej’étaisenjupe,samainreposaitsurmapeaunue,au-dessusdemaplaieenvoiedeguérison,aprèsmachutedansleparking.Ilmefallutun petit moment pour réguler ma respiration, mon sang s’étant échauffé au simple contact de sapaume. Je n’étais pas aussi directe ou audacieuse d’habitude.Mais tout comme la nuit précédente,quelquechoseenluimedonnaitenviederepoussermeslimites,deprendrecequejevoulais:lui.

— Je suis pasmal occupé. Je travaillais quand tu as appelé, j’ai travaillé toute la journée.Aquelleheuretudécolles?

J’avaistrèsenviedeluirépondrequ’ilnetenaitqu’àluidemefairedécoller,néanmoinsjemeretinsetrisdoucement.Maisqu’est-cequim’arrivait?

—Vers1heure.Ilserelevabrusquement.Nousétionssiproches,soudain.Ilposalamainsurlecôtédemoncou

etsepenchapourdéposerunbaisersurmabouche.—Rejoins-moiaugarage.Jet’enverrailecodeduportail.Jen’auraipeut-êtrepasfinià1heure,

maissi tuviensdirectementd’ici, tudevraisêtreensécuritédanscecoinde laville,mêmeàcetteheure-là.

Je voulais passer la nuit avec lui. Je voulais sentir ce retour de l’ancienneBrysen, comme laveille. J’acquiesçai en silence et son menton toucha mon front. Il passa son pouce sur ma lèvreinférieure.

—Ilneme restepluspersonnepour te suivre ce soir,Bry, alors tudois faire attentionà toi,d’accord?

J’acquiesçaiànouveauetilreculad’unpas.—Race…Sesyeuxvertspétillèrentetunsouriretranquillesedessinasurseslèvres.

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—…faisattentionàtoiaussi.Jesentaisquequelqu’undevaitluidireçaalorsqu’ilpartaitfaireDieusaitquoi.Uneexpressionpassasursonvisage,uneexpressionquifitcourirunfrissonàlasurfacedema

peau.—S’assurerquetoutlemondevabienestdevenuunepriorité.Ilm’embrassaunedernièrefoisetjeleregardaipartiravecdéjàuneterrible,maissiagréable,

impatiencedeleretrouver,mêmesil’inquiétudes’ymêlait.Dansquoiest-cequejem’engageais?Jefinisparunetabledemecsbruyantsetnepusquitterlerestaurant,escortéeparRamon,qu’à

uneheureetdemie.Bienquefatiguée,jeveillaiàrestertrèsvigilanteenm’approchantdelavoiture.Personnenesurgitdel’ombre.Aucunvéhiculen’essayademerenverser,etquandRamonmelaissaavecunbaisersurlajoueetunclind’œil,jemesentaisplutôtbien.

Conduire dansThePoint n’était jamais une partie de plaisir.C’était toujours triste de voir lamanière dont les choses se détérioraient à mesure qu’on s’enfonçait au cœur de la ville. Maismaintenant que j’y passais plus de temps, que je commençais à comprendre le fonctionnement, lamanièredontlavillesenourrissaitdelaviedeseshabitants,j’étaisdemoinsenmoinsterrifiéeparlamoindrepetitechose remuantdans l’ombre. Jeconnusunmomentprochede lapaniquequanddesphares brillèrent soudain dans mon rétroviseur. Je plissai les yeux et mes mains se resserrèrentautomatiquement sur le volant. J’accélérai un peu, tournai au coin de la rue et respirai, soulagée,quandl’imposantesilhouettemétalliquedugarageapparut.

J’avançai devant le portail et tapai les chiffres du code queRacem’avait envoyé plus tôt. Lavoiturequimesuivaitcontinuaderoulersanss’arrêteretmoncœurredescenditàsaplacenormaledans ma poitrine. Je fus encore plus soulagée quand les gigantesques portes se refermèrent,m’emprisonnantàl’intérieur.Aussidépouilléquesoitcetendroit,avecsafaçadeindustrielleetsipeuaccueillante,onnepouvaitnierqu’ilressemblaitàuneforteressed’aciercapabledegarderàdistancelesmonstresdelarue.Jeprisuneminutepourmeremettrelesidéesenplace,enlevaimontablieretm’apprêtais à entrer quand je m’arrêtai en sursaut en entendant grincer les portes vrombissantesderrièremoi.Quelqu’unlesouvraitdel’extérieur.

LaMustangbruyanteprojetaunnuagedefuméequandRaceentradansleparking.IlsegaraàcôtédelaBMWetcoupalemoteur.J’agitaiunemaindevantmonvisagepourchasserlapoussièreetcontournail’avantdelavoiturepourlerejoindre.Jerestaistupéfaiteetsentismamâchoiretomberquandjel’aperçus.Ilgrimaçaenmevoyantetcrachadusangparterre.

Il avait les cheveux hirsutes. La lèvre inférieure fendue. Une plaie béante et sanguinolenteouvrait l’un de ses sourcils et l’une de ses joues était gonflée. Sa chemise à col boutonné étaitdéchiréeaucouetstriéedetracesdesang.Sesdeuxmainsmontraientdevilainesécorchuressurledessusetauxjointuresdesesdoigts.

—Qu’est-cequi t’est arrivé ? demandai-je d’unevoix si aiguë qu’on aurait dit que je venaisd’aspirerl’aird’unballond’hélium.

Ilcrachaànouveauetsecouaunedesesmains.Jegrimaçaitandisquedepetitesgouttesdesangs’envolaient.

—Justeleboulot.Ilsedéplaçaitplutôtlentement,maisilsemblaitstablesursesjambestandisqu’ils’approchaitde

moi.J’allaisleprendredansmesbras,maisillevalesmainsetreculad’unpas.—Laisse-moimelaverd’abord.Jemerenfrognaietlesuivisd’unpasdécidétandisqu’ilentraitdanslegarage.Ilnepritpasla

peined’allumerlalumière,etquandiltrébuchalégèrementenarrivantàl’escalierétroitquimontait

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auloft, jem’avançaipour lestabiliseravecmesmainsdanssondos.Je lesentisfrissonner. Ilétaitdéfinitivement plein de contradictions.A cet instant, il semblaitmoins beau etmajestueux : il étaitaussifurieuxquejel’étaisrégulièrement.

—Allez,laisse-moit’aider.Il grognaunpeu,mais ne discuta pas alors que je le guidais dans les dernièresmarches et à

l’intérieur de son appartement vide. Je l’emmenai tout droit dans la salle de bains, allumail’interrupteur,etluidisdes’asseoirsurlesiègedestoilettespourquejepuisselenettoyercommeill’avait faitpourmoi l’autresoir.Quand je revinsavecungantde toilettepropre, ilavaitenlevé lehaut,examinaitsonvisagedanslemiroir,etsonexpressionétaitdevenuelointaineetabsente,commes’ilravalaitsesémotions.

—Qu’est-cequis’estpassé?Jenesavaispass’ilmerépondrait…Surtoutsic’étaitliéàunesorted’activitécriminelle.Mais

quand je m’approchai pour frotter le sang séché sur son sourcil, il soupira et s’avachit pours’appuyersurlelavabo.

—Jenecomprendrai jamaiscebesoinqu’ont lesgensde risquercequ’ilsnepeuventpas sepermettredeperdre.

—C’estundetesparieursquit’afaitça?—Non.Quelqu’unquelemecquimedoitdel’argentaembauchépouressayerdenepaspayer.

Çaluiasansdoutecoûtépluscherquecequ’ilmedoit,etlemecqu’ilm’aenvoyéétaituneblague,maisquandmême…

Jeposaimonindexsurlacoupureaumilieudesalèvreinférieureetclignaidesyeux.—Çanem’apasvraimentl’aird’uneblague.Ilgrimaçaetjeposaileslèvressurunbleuquiflorissaitsursescôtes.—Çapourraitêtrepire.Çapourraittoujoursêtrepire.Lemecvoulaitmetabasser,pasmetuer.

Normalement,jem’entirebiendansunebagarre,maisjenem’yattendaispas.Cequifaitdemoiunidiot, et je détesteme sentir idiot. Je ne sais paspourquoi je continuedepenser que les gensvontsuivreunelogiquesimpledansleursactions.Riennefonctionnecommeçaparici.

—Jecroisqueleschosesnefonctionnentcommeçanullepart.Jemedéplaçaiverssonsternumetl’embrassailà.Sapeaufermeétaitchaudeetrésistantesous

mes lèvres. Je sentis que son corps commençait à répondre à cette caresse délicate. Ses doigtss’enfoncèrent dans mes cheveux tandis que ma langue s’attardait sur son téton. Son cœurtambourinait.

Jepassailesmainssursescôtesetlesposaisurseshanches,au-dessusdesonjeanquitombaitsibasquec’enétaitprovocant.Raceétaitmince, sculptéendes lignesclaires etdes traitspleins.Sesmusclesdurssedessinaientnettementau-dessusdechaquehanche,délimitantsachairfermeetsouple.Jevoulaislalécher,dessinertoutesleslignesetlescourbesdesoncorpsavecleboutdemalangue.Jeglissailesmainssouslaceinturedesonjeanetsourisensentantsonsexedurcontremesdoigts.Mêmedemauvaise humeur, il réagissait très vite, et j’adorais ça.Aumoins, tout ce désir sauvagequ’ilm’inspiraitmesemblaitunpeuplusréciproque.

—Amon tour de prendre soin de toi,murmurai-je en l’embrassant juste au-dessus du cœuravantdem’écarterpourm’attaqueràsaboucledeceinture.

—Brysen…,dit-ild’unevoixrauqueetrâpeuse.Jenesaispasjusqu’oùjepeuxallercesoir.Jel’emmèneraisjusqu’aubout,commeill’avaitfaitpourmoi,jerendraistoutplusagréablepar

mescaressesapaisantesetundésirincandescent.Saceinturecédaassezaisémentetilétaittellementexcité que son jean s’ouvrit facilement autour de son érectionpalpitante. Il était long, dur, et avait

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l’airsisolideettellementàsaplacequandjeleprisdansmesmains.Jevislesmusclesdesonventresecreuser,sontorses’éleverets’abaisserdansunegranderespiration,etsesyeux,encoreunefois,passèrentd’unbeauvertàunnoirintenseetaffamé.

Jememis à genouxdevant lui, unepositionqui aurait dûme rendre nerveuse,mepousser àm’interrogersurcequej’étaisprêteàfairepourdonnerduplaisiràcethomme,maiscenefutpaslecas.Jemesentaisauxcommandes,enchargedecequisepassaitentrenous,etj’aimaislafaçondontses mains durcissaient leur prise en s’enroulant derrière ma tête, tandis que je me penchais pourprendre son sexe entremes lèvres. Il émit un bruit de gorge profond lorsque je fis tournoyermalangueautourdesonmembregonfléparledésir.

Jeretrouvai legoûtdeRace,à lafoismystérieuxet riche.Unelignedepoilsdorésparsemaitson abdomen, sous son nombril, chatouillant mes doigts quand je les enroulai à la base de sonérection,carilm’étaitimpossibledelaprendreentièrementdansmabouche.Ilfitunautrebruitetsesdoigts se resserrèrent encore sur mon cou et mes cheveux. Je suçais, léchais, le poussais à bout,jusqu’aupointoùseshanchessemirentàbougerinvolontairementets’éloignèrentdemabouche.Jevoulaisutilisermonautremain,letoucher,lecaresseretlepousserau-delàdeseslimitespourquetoute cette tension, tous ces muscles contractés puissent se relâcher, mais Race en avait assez derecevoirsansdonnerenretour.

J’émis un bruit de surprise quand il me souleva et me posa au bord du lavabo où il s’étaitappuyé.Jeléchaimalèvreinférieure,cequiluifitpousserunjuron,etj’enroulaimesjambesautourdesataillequandilglissasesmainsimpatientessousmajupepourretirermaculotte.

—Jen’avaispasfini.Jevoulaisprendreunevoixsensuelleetsexy,maisonauraitplutôtditcelledeMinnieMouse.Ilmesouritetsafossettesuffitàmerendretoutechaudeethumideentrelesjambes.—J’yétaispresque,etcen’estpascequejeveux.Jeteveux,toi.Il s’avança entre mes cuisses, pencha la tête et scella ses lèvres aux miennes. Je tressaillis

légèrementensentantlegoûtdusangsursalèvrefendue.Unesecondeplustard,ilmepénétraenunepousséefermeetj’oubliaitoutdesacoupure,pressantmaboucheencoreplusfortcontrelasienne.Iln’yeutpasvraimentdepréliminaires,demontéeentensionetdepréparatifscommelaveille,maislapressiondelachair,lachaleurquandilbougeaitàl’intérieurdemoi,meprocuraientdessensationsdélicieuses. J’enroulaimesbras autourde ses épaulesnues, essayant envainde faire attention auxbleusdécorantsapeau.

C’étaitplusprimairequelaveille.Ils’agissaitd’arriveraubutetdesefairedubien.C’étaittoutaussiintense,aussipuissantetmarquant.Moncorpsréagissaitaussivite,s’embrasaittoutautantetsecontractaitdel’intérieurdelamêmemanière,etpourtantilyavaitautrechose,quelquechosedeplusprofond.Cequi transparaissaitdanssesyeuxetsafaçondemetouchermefaisaitcomprendrequej’étaiscesoiravecl’autreRace.CeluiquivivaitettravaillaitdansThePoint.Celuiquiavaitdéfiéungangster et avait gagné. Celui qui n’avait pas peur d’enfreindre la loi. Celui qui était meurtri etparfois désespéré parce qu’il pensait faire ce qu’il fallait et que personne ici ne lui en étaitreconnaissant.Ilnesedémenaitpassimplementpourmefaireplaisir,mêmes’ilétaittrèsdouépourça ; il avaitunbesoinprofond,viscéral,deme fairehaleteretgémircontre luipar sesva-et-vienthabilesetlacaressedesesdoigtsinquisiteurssurmachairsuppliante.Jesavaisqu’ilnepouvaitpass’enempêcher.

Il passa lesmains sousmonchemisier et le tira au-dessusdema tête. Il déposaunbaiser surchacundemesseins,et jecroisaisonregardfiévreuxetbrûlant tandisqu’ilnousregardaitbougerensemble. Il s’agissait pour lui d’oublier ce qui le rendait furieux ; de ne plus être l’hommequ’il

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pensait devoir être dans cet endroit. Etre avecmoi lui donnait aussi le sentiment d’être quelqu’und’autre,etquandilglissasesdoigtsentremesjambesetmetiraunpeuplusauborddulavabo,jenepusrésisteràl’avalanchedesensations.

Jemurmuraisonnometm’abandonnaicomplètementdanssesbraset,lesdentsserrées,ilfitdemême. Seul quelqu’un d’aussi beau que lui pouvait être aussi séduisant à ce moment-là, dans lefrisson de l’orgasme. Je haletais dans son cou et il caressa délicatement le haut dema tête etmescheveuxsurtouteleurlongueur.

—Çavamieux?Cettefois,mavoixétaitrauque,pleinedesexe.Ilritlégèrementetbougeasesmainsdansmondospourdégrafermonsoutien-gorge.—Non,maisgrâceàtoij’oublieplusfacilementàquelpointleschosespeuventêtrepourries

ici.Sérieusement, quelle fille ne voudrait pas entendre ça d’un mec aussi sexy tandis qu’il la

soulevaitetlaportaitpourlasatisfaireencoreunpeuplus?Etreavecluiétaitcensémepermettredeme sentir mieux et plus normale, mais je n’allais certainement pas me plaindre si je pouvais luirendrelapareille.

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10

Race

J’avaismalpartout.Chaquecentimètrecarrédemoncorpsoùlescoupss’étaientabattus,chaquepartieutiliséepourmedéfendre,mefaisaitmaljusqu’àl’os.Jemesentaisblessé,abîmé,àl’intérieurcommeàl’extérieur.

Le seul endroit qui ne me faisait pas mal était celui où Brysen avait posé sa tête. Elle étaitendormie,sonoreillecolléeauxbattementsdemoncœuretsamainenrouléeautourdemataille.Elleétaitcommelecôtéfroiddel’oreiller,commelegivresurlafenêtre;elleapaisaittouteslesbossesetles bleus. Là où sa nudité sexy et douce comme du miel aurait dû me brûler, je la ressentais aucontraire comme une brise rafraîchissante, transperçant le brouillard et la pollution quisubmergeaienthabituellementmespoumons.Sescheveuxblondclairmefaisaientl’effetd’unesoiepurelàoùilstouchaientmapeau.Etsansaucuneffort,elleréveillaitmoncorpsavidesouslesdraps.

Comme elle restait pour la nuit, me laissait l’avoir toute àmoi sansme poser de questions,tandisquej’essayaisdecalmertouteslesidéesnoiresdansmatête,jem’étaisditquelemoinsquejepouvaisfaireétaitdedéplierlelitetdelalaisserdormirdansunsemi-confort.Enfin,pourautantquejel’ailaisséefermerl’œil.Elleavaitquelquechosed’unique.Quelquechosedanssamanièredesecomporter avec moi qui me donnait envie d’entrer en elle, de l’explorer, de voir comment ellefonctionnait et de m’y installer. Elle était comme le plus beau des puzzles, le problème le plusdifficilequej’aiejamaisessayéderésoudre,etjenel’enaimaisqueplus.

Jeréfléchissaisaumeilleurmoyendelaréveiller,medemandantsielleauraitpeursijesautaislespréliminairespoursimplementposermaboucheentresesjambes.Jusqu’ici,ellem’avaitsurpris.Ellesemblaitd’accordavectoutcequejevoulaisluifaireouqu’onfasseensemble,maisétantdonnéquenousavionsseulementeffleurélasurfacedetoutcequejevoulaisexplorer,jenesavaistoujours

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pasjusqu’oùellemelaisseraitaller,oùétaientseslimites.Jenepensaispasavoirdelimitesencequilaconcernait,etcetteidéemeréchauffaitlesangetréveillaitmonérection.

Jepassaislamainsursonflancenmedisantqu’ellemerappelaittoutesleschosesraffinéesquej’avaislaisséesderrièremoiilyabienlongtemps,quandmonprojetdelaréveillerendouceurvolaenéclatsàlasonneriecriardedemontéléphonerestéparterre,dansmonpantalon.J’étaishabituéàce que cette saleté sonne à toute heure du jour ou de la nuit. Les gens voulaient tout le tempsmedonnerdel’argentouprendrelemienetilsneregardaientjamaisleurmontre.Ceàquoijen’étaispashabitué,c’étaitàcequemamèrem’appelle.Ellenem’appelaitjamais.Jen’avaispasentenducettesonneriedepuisdesmois,ycomprisquandlesbrutesdeNovakm’avaientpresquetuéetquej’avaisfiniàl’hôpital.Elleavaitfermementadhéréaudiscours«Raceestunpetitmerdeux»dèsl’instantoùmon père m’avait déclaré persona non grata au château Hartman. Elle n’avait aucune idée del’hommequ’étaitréellementsonmarietnevoyaitaucunproblèmeàgobertoussesmensonges,quijustifiaientselonluidemedésavoueretdevolerchaquecentimequiétaitàmonnom.

Brysenmarmonnaquelquechoseetclignadesyeux.Illuifallutunesecondepourreprendresesesprits,réaliseroùelleétait,puiselleposalesmainssoussonmentonetmefixaàtraverssesmèchesdecheveuxclairs.

—Tuvasrépondre?Ilcontinuaitdesonner.—Jen’enaipasvraimentenvie.Elle était nue, blottie contremoi.Monvisageme faisaitmal etmon sexe était dur comme la

pierre.Ilyavaitmilleetunechosesquej’auraispréféréfaireplutôtquerépondreàcetéléphone.—Leboulot?Jesoupiraietattrapaimontéléphoneparterre.Elleroulasurlecôtéetpritl’uniquecouverture

quej’avaisjetéesurnousàunmomentdanslanuit.Elleétaitsimignonne,toutébourifféeettellementsexy,mais vraiment pas à sa place dans le loft vide. Elle repoussa les cheveux de ses yeux etmeregardaavecattention.

—J’auraisbienaimé,lâchai-je.Je passai un doigt sur l’écran et me déplaçai jusqu’au bord du lit. Seul mon passé pouvait

instantanémentfaireretomberl’érectionqueBrysenetsablondeursexyetfroideavaientinspirée.—Çafaitunbail,maman.Jenepouvaispasmasquerl’aigreuret lacolèredansmavoixet jelusdel’inquiétudedansle

regarddeBrysen.Jesoupiraiànouveauquandelleselevaaveclacouverturepoursedirigerverslasalledebains.

—Race…Mamèrepleurait,prochedel’hystérie,etjemedisqu’ilfallaitquej’essaiedem’ensoucier.—Qu’est-cequetuveux?nepus-jem’empêcherdedemandersuruntonexécrable.Jeramassailejeanquej’avaisjetéparterre.—Ilfautquetumeretrouvesaucommissariat.Jemarquaiunepause.—Pourquoi?Ellehoqueta,puisémitunsondigned’unanimalmourant.—Tonpèreaétéarrêté.J’éclataide riremalgrémoi. Je l’entendis inspirerprofondémentetquand je relevai lesyeux,

Brysensortaitdelasalledebains.Elleétaithabillée,cequiétaitsacrémentdommage.—Cen’estpasdrôle,repritmamère,dévastée.

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—Pourquoionl’aarrêté?Monpèreétaitunsaletype.Uncriminelàdesniveauxquejen’atteindraisjamais.Jen’étaispas

surprisetj’avaisdumalàcroirequemamèrelesoit.Commentpouvait-onêtremariéeàquelqu’un,passersavieaveclui,etnepassavoirdansquellesaffairessinistresiltrempaitpourvouscouvrirdefourruresetdediamants?

—Jenesaispastrop.LeFBIestvenucematinavantleleverdujour.Ilsavaientdesmandatsetilsontembarquétonpèremenotté.J’aiappelénotreavocat.

Elle éclata à nouveau en sanglots et je fronçai les sourcils quand Brysen désigna l’escaliercommesiellecomptaitpartirsansmedireunmot.Jesecouailatêteetluifislesgrosyeux.

—Tousnoscomptessontgelés.Ilneveutmêmepasalleraucommissariatetm’aideràpayerlacautiondetonpère.Iln’yaplusd’argent.

Ledestinétaitvraimentunsalopardquandils’ymettait.—C’estleFBI,maman.Tunepeuxpeut-êtremêmepaslelibérersouscaution.Pass’ilsvoulaientlecoinceretl’utilisercontrelesderniersmembresdelabandedeNovakou

lui faire avouer les noms des fournisseurs du gangster.Mon père était impliqué jusqu’au cou, ethonnêtement,j’étaissurprisqu’ilsn’attrapentcesalaudquemaintenant.

—Qu’est-cequejesuiscenséefaire?Jenepeuxmêmepasresteràlamaison.Asavoix,jesentaisqu’elleétaitperdueeteffrayée.Jemelevaietmarchaijusqu’àBrysenqui

meregardaitensilence.Jem’arrêtaijustedevantelle,glissaiunemainsursanuqueetpenchaisatêteverslamienne.

—Jenevoisvraimentpasenquoic’estmonproblème.Jeterappellequevousm’avezclaquélaporteaunezsansmêmeprendreletempsdem’écouter.

Elleneréponditpaspendantdelonguessecondes,etjeprisletempsdemeperdredansunemerd’unbleuinfini.

—Tonpèredisaitquec’étaitcequ’ondevaitfaire.Ilm’aditquetuavaisétéempoisonnéparcegarçon,parlemodedeviedanslequelilt’avaitentraîné.Tuasfaitlechoixdedisparaîtrependantdesannées,dedilapiderlecompteépargnedetesétudespourunefillequelconque,Race.Tonpèrem’adit que couper les ponts avec toi était le seul moyen pour que tu te rendes compte de ce que tuabandonnais.Tuétaiscenséreveniràlamaison.

Celafinitdem’énerver.JeserrailesdentsetBrysencaressalesbleussombresquisedessinaientsurmescôtes.Lesgensquiavaientdel’argentetdupouvoirpensaienttoujoursavoirledroitdetoutcontrôler,demanipulerlesautresimpunément.

JecollaimonfrontcontreceluideBrysenetdisàmamèresuruntondéfinitif:—Tupeuxvenirenvilleetrécupérerdel’argent,maispaspourpapa.Jetedonneraiassezpour

prendreunhôteljusqu’àcequetutrouvesunplan.Ellerecommençaàparler,maisjeluicoupailaparole.—Cettefillequelconque,cellepourquij’aidépensétoutl’argentdemesétudes,cen’étaitpas

unesimpleétrangère,maman.C’estlafilledepapa,etilaessayédelafairetuer.Lapremièrefois,alors qu’elle n’était pas encore née, et ensuite quand sa mère est réapparue pour essayer de luisoutirer de l’argent.C’est unputain demonstre et j’espère qu’il va balancer des noms rapidementparcequ’iln’arriverajamaisaubancdestémoinsvivant.Encequimeconcerne,ilpeutpourrirenenferavecNovak.

Jeraccrochaiavantqu’ellenepuisseajouterautrechoseetmepenchaipourembrassercettefillequiparvenaitàlimiterl’impactdescoupsdursdemonquotidien.Elleavaitungoûtdementheetdepetitmatin,etquandelleenfouitsesdoigtsdansmescheveuxettira,jefisensortequ’ellesacheque

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sielleenvoulaitplus,j’étaisplusquedisposéàlaremettreaulit.Maisalorsquejel’embrassaisavecpassion,lacoupuresurmalèvrecommençaàmebrûler.Jedusm’écarteretjevisunegouttedesangaucentredesajolieboucherose.Jel’essuyaiavecmonpouce,pensantquec’étaitexactementpourçaquejedevaisfaireattentionàelle.Jenevoulaisaucunesortedesangsurelle,nilemien,nilesien,niceluidesrivièresécarlatesqueThePointsemblaitdéversersansremords.

—Jevaist’accompagnerenbas.Legarageestferméledimanche,maisBaxseradanslecoin.Jefaisaisconfianceàmonmeilleuramipourlaboucleretnepasêtrepénibleavecelle,maisje

mesentiraismieux,plusgentleman, si je l’escortaisà traverscettecavernemonstrueusequ’était legarage.Ildemeuraitencoreunpeudecourtoisieaufonddemoi,mêmesielleétaitenfouiesousdesmontagnesd’autreschosesbienplusrudes.

Sansm’encombrerdechemiseoudechaussures, jeprissimplementsamainet laguidaidansl’escalier métallique. Il faisait froid en bas, d’autant plus que j’étais à moitié nu, et je remarquaiqu’unedesgrandesportesmétalliquesétaitouverte.LaHemiCudadeBaxétaitmontéesurlerack,mais jene levoyaisnullepart. J’allais simplement laconduire jusqu’à laporteouvertequandelles’arrêtasoudainetlibérasamaindelamienned’ungestebrusque.J’iraissurlepontluidemandercequiluiprenaitquandellesedirigead’unpasdécidéverslesvoituresvoléesalignéesdevantlemur.

LaflottehétéroclitequeBaxavaitcollectéepourmoiattendaitpatiemmentquelespropriétairespaient leurs dettes. Dans l’obscurité, avec les faibles lumières intérieures, on les voyait à peine.Toutefois,aveclaporteouverteetdanslalumièreéclatantedumatin,ilétaitbienplusévidentquelacollectionmalassortietranchaitaveclesœuvresd’artetlesrestaurationsdeBaxousesréparationsdeluxe.

—Brysen?M’ignorant,elles’approchasanshésiterd’un4x4Lexusblancgaréparmilesautrescautions.Cen’étaitpaslaplusbellevoituredulot.Paslapirenonplus.Jenecomprenaispaspourquoi

elles’étaitdirigéeverscetteLexuscommeunmissileàtêtechercheuse.Elleseretournaetsonregardpassadelalumièred’unebellejournéed’étéàlafuried’unoragedéchaîné.

—Pourquoituascettevoiture?Jelaregardaietcherchaiuneréponseappropriée.Jepouvaismentir,luidirequ’elleétaitjustelà

pourréparation,maisj’avaislafermeimpressionqu’elleensavaitplussurlesraisonsdesaprésencequejenel’auraisvoulu.

Jecroisailesbrassurmontorsenuetfronçailessourcils.Jepouvaisjouerl’intransigeanceetlafroideurcommen’importequelsangbleu.

—Jenevoispasdutoutenquoiçateregarde,Bry.Elleenrestabouchebéeetunrougevif luimontaaucouetenvahitsonvisage.Elles’avança

d’unpassûr jusqu’àmoietenfonçasonindextenduaucentredemapoitrine.J’avaisunbleuàcetendroitprécisetcegestedouloureuxmecontrariaencoreplus.

—C’estlavoituredemonpère,Race.Lavoiturequiestcenséeêtreaugarage,cequil’apousséàréclamerlamienne.Doncoui,çameregardeauplushautpoint.

Jereculaid’unpaset,ducoindel’œil,jevisBaxsortirdubureau.Sonvisageétaitdur,etmêmeavecladistancequinousséparait,jevisàquelpointsonregards’obscurcitquandilseposasurnous.Baxnelaisseraitpersonnemettrelenezdanssesopérationsetpeului importaitquelamenacesoitunejolieétudianteplutôtinoffensive.

Jel’attrapaiparlecoudeetl’entraînaiversleparkingdedevant,oùlaBMWétaitgaréeàcôtédelaMustang.

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—Tusaiscequejefais,Bry.Nefaispassemblantdenepassavoir,simplementparcequeças’estrapprochédecheztoi.

Elleserraleslèvresetplissalesyeux.—Monpèrenejouepasd’argent.Ilestprogrammateurinformatique,nomdeDieu!Toutessortesdegenspariaientetjenevoulaispasleluidire,maislesgensdansl’informatique

comptaient parmi les plus compulsifs. Ils se croyaient toujours plus forts que les probabilités, au-dessusdesrèglesdujeu.Quandbienmêmej’auraisvoulul’oublier,impossibledesupprimerdemamémoirel’imaged’unhommeentredeuxâges,mesuppliantfrénétiquementtandisqu’ilmedonnaitle reste des économies de toute une vie et de son plan retraite pour entrer dans un jeu privé auSpanky’s,lasemainedernière.IlmedevaitplusdetroiscentmilledollarsetlaLexusneréduiraitpasbeaucoupsadette.J’ignoraisalorsqu’ils’agissaitdupèredeBrysen,etfranchement,çan’avaitpasd’importance.Monboulot était de prendrede l’argent, pas de sauver des familles oudes pères deleurspropresdémons.

—Toutlemondemisesurquelquechose.Football,chevaux,voitures,savie,dusexefacileetdesdroguesdangereuses,l’amour.

Jeluilançaiunregardduravantdereprendre:—Jenesavaispasquec’était tonpère.Engénéral, jenedemandepas lesnomsni lesdétails

personnels.Jeprendsjustel’argentetjeplaceleparioujeleslaisseaccéderàunetable.Ellesoupiraetsonregardsedétournabrusquementdemoipourseposersurlaporteouverte.—Rendslavoiture,Race,demanda-t-elled’unevoixbasse,tremblante.Jesavaisqu’elleétaitpluschoquéeparcetterévélationsursonpèrequeparlefaitquej’avais

prissavoiture.Çanevoulaitpasdirequ’ellecomprenait,ouqu’ellemepardonnerait,maisaumoinsjesavaispourquoielleavaitl’airdevouloirmevomirdessus.

Jesecouailentementlatêteetluilaissaivoirleregretsincèredansmonregard.—Jenepeuxpasfaireça.Ellesoufflaentresesdentsetpartitd’unpasfurieuxverssavoiture.Jelaregardai,fronçantlessourcils,etjeluidissuruntonimpassible:—Danscebusiness,onn’estpaslàpoursefairedesamis.Jenecherchepasàconnaîtreleurvie

privée. Je prends juste l’argent, et quand ils n’ont pas assez pourme rembourser, je prends autrechose.

Elle n’avait peut-être pas besoin de savoir le reste,mais au point où on en était, je préféraisl’informer.

—LaLexusnecouvrequ’uneinfimepartiedecequedoittonpère,Bry.Uneexpressionpassasursonjolivisageetsesyeuxmelancèrentunregardpleindetristesseet

decolère.—Situavaissuquec’étaitmonpère,est-cequeçaauraitchangéquelquechose?Siellen’avaitpascomptépourmoi,jeluiauraissimplementmenti.—Non.Jel’auraisquandmêmeintroduitàlatable,etj’auraisquandmêmeprislaLexus.C’est

cequejefais.Ellesecoualatête.—Vatefairefoutre,lâcha-t-elled’untonglacial.Jehaussaiunsourcil.—Oùtuveux,quandtuveux,mabelle.Elleouvritlabouchecommesielleallaitajouterquelquechose.Jelavislutteraveclesmotsqui

nevenaientpas,puisellesecouaseulementlatêteetmarmonnad’unevoixsibassequejel’entendisà

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peine:—Tonboulotestnul,Race.Jenepensepaspouvoiraccepterça.Tudétruisdesvies.Elle commençait enfin à comprendre. Je n’ajoutai pas unmot tandis qu’elle grimpait dans sa

voitureetpartait.Quandlesportesserefermèrentderrièreelle, j’euslesentimentdelavoirquittermonmondepourtoujours.Jen’auraisjamaisdûlalaisserentrerdanslaforteresse.Cemondeétaitgrisetlugubre.Iln’yavaitpasdeplaceicipourlescielsd’été.

JesentisBaxetl’effluveâcredefuméequilesuivaitpartouts’approcherdemoi.—Yaunproblème?Jetournailatêteversluiethaussailesépaules.—Sonpère est dedans jusqu’au couet ellene savaitmêmepasqu’il aimait jouer auxcartes.

Malheureusement,ilestnulaujeuetilauneardoised’aumoinstroiscentmille.—Putain…—Ouais,elleestsansdouteplusfurieusecontreluiquecontremoi,maisjenepeuxpasrendre

laLexus,etçal’ablessée.—Sitularends,t’aurasl’aird’unepetitebite.—Jedonneraissurtoutl’impressionquepayercequetudois,cen’estpasimportant,etça,ce

n’estpaspossible.—Qu’est-cequit’estarrivé,aufait?Nassirt’abalancédansl’arène?L’arène,c’étaitlecercledesangtracésurlesoldebétonetdanslequeldeshommestentaientde

setueràmainsnuespendantquedesgaminsétudiantsdansaientautoursurdelamauvaiseélectro.—MarcusWhalernevoulaitpaspayercequ’ildoit.Plutôtquedegérersesemmerdes,ilapayé

unebrutel’équivalentdelamoitiédesadettepouressayerdemepersuaderdelelâcher.Çan’apasmarché,etmaintenantMarcusadeuxrotulesbrisées.

—Etlabrutequ’ilaenvoyée?—SiMarcusavaiteuplusdecash,jeseraismort.Lemecn’étaitpasarmé,riendeplusqu’un

habituédessallesdesportrecherchantlefrissonetquelquesdollarsfaciles.Aprèsl’avoirmisàterre,jeluiaiditdecontacterNassir.Ilestparfaitpourl’arènelessoirsdecombat,etquandj’aicommencéàparlerargent,ilaviteoubliésamissionpourMarcus.

—Ilfautvraimentquetutetrouvesunputaindeflingueetquetulegardesenpermanencesurtoi,Race.Cesconneriesdeviennentdeplusenplusdangereuses.

Jenepouvaispaslecontredireetjecommençaisàenavoirraslebol.Ilfallaitquej’enfiledeschaussuresetunechemise.Mebaladerdanslegarageàmoitiénun’arrangeaitrienpourmoncorpsblessé.

—Ouais,jevaisproposeràNassird’embaucherdescollecteursdefonds.Lesgrossesaffaires,jeveuxtoujoursm’encharger,maislespetitstrucs,toutcequiestau-dessousdedixmille,onpeutlaisserçaàd’autresmecs.J’enaimarredeservirdepunching-ball.

Je passai lesmains dansmes cheveux et grimaçai quand cemouvement tira sur lesmusclesdouloureuxdemesflancs.

—Tuvaspouvoirgérersicettemeufnepeutpasencaissertontaf?Je le regardai du coin de l’œil. Je n’avais jamais vraiment été sérieux avec une fille, mais

j’aimais bienBrysen, et je la garderais si je le pouvais.Maisma vie n’était pas faite pour tout lemonde,etilfallaitqu’elleaitenvied’êtreici,danslestranchées,sinotrerelationdevaitévoluerversautrechosequ’unsuperplancul.

—Jenesaispas.Peut-être.C’étaitunequestionàlaquellejen’avaispasderéponsepourl’instant.

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— Je ne peux pasm’inquiéter de ça pour le moment. Le FBI a fait une descente au châteauHartmanaujourd’huietaembarquémonpèremenottesauxmains.Ilsontgelétouslescomptesetmamèrem’aappeléenpanique.

—Conneries.Tunevaspasaidercetenfoiré.Sa voix était descendue d’une octave et je sentais la colère et la haine émaner de son corps

massif. Mon père avait tenté de faire tuer Dovie. Bax ne l’oublierait jamais. Si l’occasion seprésentait,jesavaispertinemmentqu’ilabattraitmonpèresanshésitationparcequ’ilaimaitDovieetquec’étaittoutcequiavaitdusenspourlui.

—Non.J’espèrequ’ilvabalancerBennyetlerestedelabandeetqu’ilsvontenvoyerlesleurspourlesaignertantqu’ilestenfermé.Ilnetiendrajamaisjusqu’auprocès,iln’estpasassezsolide.

—EtsileFBIessaiedeleplanquerentantquetémoin,commeilsl’ontfaitpourcettesalopequiavenduDovie?

S’ilsleplaçaientdansleprogrammedeprotectiondestémoins,jeletraqueraisetjelaisseraisBaxs’enprendreàluisansressentirlamoindreculpabilité.Dumoins,c’estcequejemedisais.

—S’ilsfontça,jeletrouveraiettupourrasfairecequetuasàfaire.Sonregardsombremesondapourvoirsicequejedisaisétaitvrai.Jehaïssaiscetteméfiance

dontilnepouvaitsedéfaire.Jeneregrettaispasleschoixquej’avaisfaits,quil’avaientenvoyéenprison.Aprèstout,çaluiavaitsauvélavie,etl’avaitlibérédeNovakdelaseulemanièrepossible.Jeregrettaistoutefoisquecelaaitbrisélelienprofondquenousavionstoujourspartagé.

—Cequej’auraiàfaire,çaseraplutôtsale.—Jesais.Enparlantdeça,tucroisquetuauraisquelquesheuresàmeconsacrerunjourdela

semaineprochainepourpasseràl’universitéavecmoi?—Pour?Jemefrottailanuque.—Jecroisqu’ilesttempsquequelqu’undiscuteavecleprof-assistantquiembêteBrysen.IlricanaetsedirigeaverslaHemi.—Çavaluiplairequetut’enmêles?—Apriori,non.Maisjevaislefairequandmême.Ilposaunemainsurl’ailepoliedesavoitureetmefixadesyeux.—Tunecroispasquesituesaussiaccroàcettefille,c’estparcequ’elleterappellecequetuas

perdu?Elleest touteclasseetbiencommeilfaut,unpeucommetoiavantqueje te traînedanscemerdier.

Je touchai du doigt la coupure au milieu de ma lèvre et réfléchis à sa question. Elle avaiteffectivementcetteapparencebienpropre,bienlisse,maisàl’intérieur,elleétaitdureettéméraire.

— Elle a dû rentrer chez ses parents pour s’occuper de sa petite sœur. Elle a un taré à sestrousses.Elleaunboulotmerdiqueavecdeshorairesmerdiques.Unpauvremecadécidédebousillersascolaritéparcequ’elleneveutpascoucheraveclui.Ellevientd’apprendrequesonpèredoitunefortuneaumecqu’ellesetapeetquej’aiprislavoituredelafamillecommecaution.Del’extérieur,elle ressemble peut-être àma vie d’avant,mais à l’intérieur, je crois qu’elle correspond àma vieactuelle.

Il acquiesça silencieusement et je m’avançai pour lui donner une tape sur l’épaule. C’étaitcommepousserunmurdebéton.

—D’ailleurs, tu nem’as pas traîné ici. Je t’ai couru après, Bax. J’imagine qu’à l’époque, jepensaisencorequ’ilyauraituneportedesortie,aucasoù.

Ilgrogna.

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—C’estçaquetufais?CebusinessavecNassir,l’argentetlesrisques?Tucherchesencoreuneportedesortie?

Etait-celecas?Parfoisjenelesavaismêmeplus,maisjesavaisdeuxchosesquiétaientclairescommedel’eauderochedansmatête.

—Tueslà.Dovieestlà.Cequisignifiequesij’aimonmotàdirelà-dedans,jevaisfairedecequartierunendroitoùonpeutsurvivre.

—TucroisquetuvaspouvoirsortirThePointdesflammesàtoitoutseul,Race?Jemeretournaiendirectiondel’escalier.—Non.Maisjecroisquejepeuxlimiterlesdégâts,Bax,etc’esttoutcequejeveuxfaire.Jen’attendispassaréponse.J’avaismaletilfallaitquejetrouveunquelconqueanalgésique.Je

devaisappelerTituspourvoirs’ilpouvaitserenseignersur lasituationdemonpère,etsurtout, jedevaisdéciderdecequej’allaisfaireavecBrysen.

J’avaistoujourspenséquejepouvaism’occuperdemoi-mêmetoutseul,quej’étaisplusmalinquecetendroitimmondequejeconsidéraiscommemonfoyer.Désormais,jen’enétaisplussisûr.ThePointexistaitdepuislongtempsetavaitvupassertouteslesvariationsduMal.Laseulechosequisemblaitchangerici,c’étaientlessaisons.

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11

Brysen

J’étais tellement furieuse quand j’arrivai à lamaison que je dus prendre uneminute avant derentrer. J’étais furieuse contreRace, contremonpère, contremoi-même.Furieusedenepas avoirréaliséplustôtlafuitedemonpèredevantcequisepassaitàlamaisoncachaitautrechose.Plusquetoutça,j’étaishorsdemoiàl’idéequemesdeuxparentsm’avaientregardéeabandonnermaviepourrentreràlamaisonetessayerderafistolerlasituationalorsqu’ilétaitclairmaintenantquenil’unnil’autren’avaitl’intentiond’arrêterladescenteauxenfers.Mamèrenevoyaitpasl’intérêtdelacurede désintoxication ou d’une aide psychologique, et,manifestement,mon père avait des problèmesd’addictionaussigravesetaussidévastateurspourcettefamille.Toutecetteinjusticefaisaitbouillirmonsangetaiguisaittantlesrelentsacidesdelahainedansmabouchequejenesentaispluslegoûtderiend’autre.

Jeclaquailaportedemavoitureavecuneforceinutileetentraid’unpasdécidédanslamaison,sansplanprécis.J’étaisremontéeparcesnouvellesrévélations,ettoutcequejeravalaisdepuisunanoupresqueétaitentraindeselibérerdansmagorgealorsqueje l’étouffaisd’habitude.Jepoussaibrusquementlaported’entréesansprendrelapeinedelarefermeretmarchaid’unpasféroceverslaporte close du bureau de mon père. Je ne pris pas la peine de frapper, ni de m’annoncer, ni dem’encombrerdequelconquescivilités.J’entraisimplementcommeunetornadeetattaquai.

Ilrelevabrusquementlatêtedesonécrand’ordinateuretécarquillalesyeux.—Brysen?Je posai lesmains au bord du bureau etme penchai au-dessus de lui pour qu’il n’ait d’autre

choixquedemeregarder,moietpasl’ordinateur.—JesaisquetuasperdulaLexusàcaused’unedettedejeu,papa.Jesaisaussiqueçanecouvre

qu’uneinfimepartiedecequetudois.

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Sesyeuxs’agrandirentencore,bienquecelaparûtimpossible,ettoutecouleurdisparutdesonvisage.

—Dequoituparles?Je plissai les yeux et lâchai le bureau pour croiser les bras surmapoitrine dans une posture

défensive.—Jesuisaucourant,papa.—Tunesaisrien,gamine.Savoixs’affûtaet,pâlesquelquessecondesplustôt,sesjouessecouvrirentd’unrougevif.—Toutcequej’aifait,jel’aifaitpourgardercettefamillehorsdel’eaudepuisl’accidentdeta

mère.Tucroisqueleshonorairesdemédecinétaientdonnés?Tucroisquelesdommagesetintérêtsqu’onadûpayeràl’autrefamillesonttombésduciel?J’aifaitcequej’avaisàfaire.

—Ouais,maistunet’espasarrêté,hein?Ilmefoudroyadesyeuxetjeluirendisunregardencoreplusmauvais.—Combientudois,papa?Ilsoufflacommeunbœufets’avachitdanssonfauteuil.—Çaneteregardepas.Toutestsouscontrôle.J’auraisvoululuilancerquelquechosedelourdàlatête.Iln’avaitaucuncontrôlesurriendu

tout.Çasautaitauxyeux.—Etmaman?Est-cequ’elleestaucourant,ouest-cequec’estpourçaque tunevoisaucun

inconvénientàlaréapprovisionnerrégulièrementenalcool?Elleestdéjàenvracetdépressive,alorstucroispeut-êtrequeluifournirsadosetegarantiralapaixpendantquetuperdstoutcequ’ilresteàcettefamille.

Iltressaillitetjevislerefletdel’horriblevéritédemesmotsdanssonregard.Maisqu’est-cequin’allaitpasdanscettefamille?

Ilpoussaungrossoupiretselaissaallerdanssonfauteuilpivotant.Puisilsecouvritlevisagede ses mains et, soudain, il me parut avoir cent ans. Ses yeux étaient brillants et son expressioneffrayée.

— Il n’y a plus rien à perdre,Brysen.Mon plan retraite, toutes nos économies, les cartes decréditetmavoiture, toutestparti.Çafaitdesmoisqueleprêtdelamaisonn’apasétépayé.Nousavonsétésaisisunmoisaprèstonretour.Parchance,lesbanquessontencoreentraindeseremettredes effets de la récession et sont bloquées.Ça finira par arriver.On devra partir quand la banqueprendralamaison.

Je sentis mes poumons se contracter et tout l’intérieur de mon corps se glacer. J’expirailentementetvislapiècesebrouilleràlapériphériedemonchampdevision.

—Tuesdoncentraindemedirequetusaisdepuistoutcetempsquetuvasperdrelamaison,quequoiqu’ilarriveKarsenvadevoirchangerd’écoleetêtredéracinée?

Ilnemeréponditpas,maiscen’étaitpaslapeine.Lavérités’exprimaitdanstoutcequis’étaitpasséentrecesmurscettedernièreannée.

—Tumedégoûtes,dis-jeensecouantlatête.Jemedétournaipourallercherchermamère.C’était fini. Je luidiraisqu’ilétaitgrand temps

qu’elleintègreunprogrammedetraitementdansuncentre,etpeuimportaitsijedevaisprendredeuxboulotsdepluspourlepayer.LechaosdelafamilleCarterprenaitfinaujourd’hui.

—Brysen.Lavoixdemonpèreétaitcassante.Jem’arrêtaidoncetleregardaipar-dessusmonépaule,un

pieddéjàhorsdubureau.

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—Commenttuassu?C’étaitunebonnequestion,non?Jerisamèrement.—RaceHartmanestlefrèreaînédeDovie.Onapassépasmaldetempsensemblecesdernières

semaines.Ilsautadesonfauteuiletfrappadesesdeuxmainssurlebureau.—Non.Jetel’interdis.Tunepeuxpasfréquentercethomme.Ilestdangereux.Jelesavais,maisjusqu’àprésenttoutcedangeravaitétédirigécontred’autrespersonnes,ettout

cequ’ilavaitfaitpourmoi,c’étaitessayerdemeprotégeretdeprendresoindemoi.Encemomentmême, entreRaceetmonpère,Race représentait de loin lemoindremal,même si j’étais furieusecontrelui.

—Non,papa.Iln’estpasdangereux.Lesgenscommetoi, lesgensquinesaventpass’arrêtermêmequandilestclairqu’ilsmettentleurfamille,leurvieenjeu,sontdangereux.Racedonnejusteauxgenscommetoiassezdelongueurdecordepoursependre.

Iljura,puislacolèredanssonregarddevintspéculative.—Aquelpointes-tuprochedeHartman,exactement?Oh!monDieu,ilnepouvaitpassérieusementmedemanderça.—Non.IlnevapasoublierladetteourendrelaLexuspourmoi,papa.Cefutsontourd’éclaterd’unrirehorripilant.—Oh!nesoispasnaïve,Brysen.Jemedemandeplutôtsitoncopaintientassezàtoipourque

jepuissemesortirvivantdecetrouquej’aicreusé.Raceaunassociéquin’apprécieguèredesefaireescroquer. Si je neme présente pas avec aumoins lamoitié de ce que je dois, il y a de grandeschancespourquetureçoivesuncoupdefildelamorguepouralleridentifiermoncorps.

Je n’avaismême pas lesmots pour répondre à ça, alors jem’échappai du bureau etmarchaicommeunbulldozerendirectiondelachambredemesparents,oùjesavaisquemamèreétaitencoreaulit.Jefussurprisetoutefois,entournantdanslecouloir,delavoirdansl’entrée,appuyéecontrelemur.Ellepleurait.Ça, cen’étaitpasnouveau,mais le faitqu’elle soit sobreetque son regard soitclairetperçant,si.

—Ilaperdulamaisonaujeu?demanda-t-elle.—Ondiraitbien.Ellesemorditlalèvredubasetcommençaàsetordrelesmains.—Toutestmafaute.Sijen’avaispasbu,sijen’avaispascausécetaccident,riendetoutçane

seraitarrivé.Etantplutôtd’accordavecellesurcepoint,jeneluioffrisaucuneplatituderéconfortante.—Ehbien,tuasmaintenantl’occasiondefairedemeilleurschoix,maman.Tuasbesoind’aide,

physiqueetpsychologique.Tuasbesoind’intégrerunprogrammededésintoxicationetdevoirunprofessionnelpourtadépression.Toutelavodkadumondenet’aideraitpasàlamaîtriser.

Sessanglotsredoublèrentd’intensité.—Jen’arrivepasàycroire.Commenta-t-ilpunousfaireça?J’avaisenviedelasecouer.Ils

portaient chacun une grande responsabilité dans le désastre qui se déroulait actuellement,mais cen’étaitpluslemomentdechercherlecoupable.

—Maman…Ellem’interrompitparungémissement.—Qu’est-cequevousallezdevenir,Karsenettoi?Amonavis,ilétaitbientroptardpours’eninquiéter,alorsjeluidissimplementlavérité.—Jem’occuperaideKarsen,commejel’aifaitcetteannée.

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Elle reniflaunpeuet posaunemain sur sapoitrine.Aprèsunmomentde silence, elleme fitsignedumenton.

—VotretanteEleanor,auTexas,pourraitsansdoutevouslogerpendantunmoment.Jeserrailesmâchoires.Jen’iraispasauTexas.Ilfaisaitchaudlà-bas,c’étaitloin,etmêmesije

rechignais à l’admettre parce qu’il se trouvait tout en haut dema liste noire en cemoment, Racen’étaitpaslà-bas,cequirendaitautomatiquementl’endroitsansintérêt.

—Maman,pourl’instant,inquiète-toipourtoi.Jevaism’ensortiretjem’assureraiqueKarsenaillebien.

Jesavaisqu’elleavaiteusesproblèmes,qu’ellen’avaitjamaisvraimentbénéficiéd’unebonnesantémentale,maiss’ilyavaitunmomentpoursereprendreetdonnerlemeilleurd’elle-mêmeentantquemère,entantquefemmequiaimaitsesfilles,c’étaitbienmaintenant.

—Etl’argent?Ouais,voilàquiallaitconstituerunproblèmeauquelilfaudraitquejeréfléchisseunminimum

pourtrouverunesolution.—Cherchonsunendroitpourtoietons’occuperaduresteaufuretàmesure,d’accord?Elleacquiesçaetdisparutdanssachambre.Ellerevintquelquessecondesaprèsetmetenditdeux

bouteilles de vodka. L’une était presque vide et l’autre pas encore ouverte. Je soupirai et pris ladirectiondemachambresansluidireunmot.

Ce fut une journéeminable et, en y repensant, j’étais heureuse que Karsen n’ait pas été à lamaisonpourassisteràl’effondrementdesderniersrempartsfragilesdenormalitédenotrefamille.

***

J’étaistrèsimpatientederetournerencourslelundi.J’avaisbesoindesortirdelamaisonetderespirerunpeu.JedéposaiKarsenàsonlycée;j’étaissûrequ’ellesavaitquequelquechosen’allaitpas,mêmesiellenemeledemandapasdirectement.J’essayaideladistraireenlacharriantsursonrendez-vousetsursonpetitsuçondanslecou,cequimerevintàlafigurequandellementionnaqueRace avait fait un super boulot en laissant sesmarques de possession partout surma peau claire.Encoreuneautreraisond’êtresérieusementencolèrecontreluietsonsex-appeal.

Toute la journée, lesmêmes soucis tournèrent dansma tête et je coupai court à la discussionquandDrewmedemanda comment s’était passémonweek-end avecplusqu’une curiosité amicaledanslavoix.J’ignoraiAdria,faisantcommesiellen’existaittoutsimplementpas,quandelleessayade me parler, et je fus à deux doigts de pleurer en voyant mon dernier devoir de théoriemathématique.Après tout cequi était arrivé, ce fut legrosF surmondernierprojet qui faillitmefairecraquer.Sijen’avaispasaperçul’œilvindicatifduprof-assistant,sijen’avaispaseud’autresproblèmes plus urgents sur le dos, j’aurais peut-être fait quelque chose d’irréfléchi. C’était unproblème à résoudre de plus sur une pile déjà titanesque.D’un autre côté, si je devais arrêter lesétudespourprendreunautreboulot,ratercecoursetfaireplongermamoyennen’avaitplusaucuneimportance.

J’évitaiDrewetsautaimême lecaféavecDoviepourallerdirectementau travailetn’avoiràparleràpersonne.Jen’étaispasvraimentdebonnecompagniepourlesgenscivilisésencemomentetjecroisquemêmemesclientss’enaperçurent.Ramonmejetaitdesregardsdetraverset,quandleserviceseterminaenfin,ilmeharcelaetnemelâchapasavantquejeluiserveuneversionabrégéedelasituation.Jeneluiparlaipasdesparisetn’entraipasdanslesdétails,maisàlafindurésumé,jetremblais,réprimanttousmessentimentsjusqu’àsentirquec’étaittoutsimplementtrop.

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Je le laissai me prendre dans ses bras, secouée de frisson et luttant contre les larmes. Ilm’embrassa sur le haut du crâne et me dit que tout allait s’arranger. Ce n’était pas vraiment unepossibilitéetparcequejelesavais,j’entremblaiencoreplusfort.Quandilm’accompagnajusqu’àmavoiture,j’eusdenouveaulesentimentdésagréablequequelqu’unm’observait,etjeveillaiàresteràl’affûtdetoutdangerimminentdansleparking.

—Etlavoiture?JeregardaiRamonetfronçailessourcils.—Commentça,lavoiture?Ilhaussalégèrementlesépaules.—C’est une bonne caisse. Elle vaut de l’argent. Si tu es vraiment désespérée, tu pourrais la

vendre.JefixailaBMWpuisreposailesyeuxsurlui.—Jen’aipasfinidelapayer.—Peuimporte.LesBMW,c’estdesclassiques.Lesgensrichesenveulenttoujours.Débarrasse-

toid’elle,finisderembourserleprêt,etutiliselerestedufricpourtrouverunendroitpourtoiettasœur.Commeça, tun’aurasplusà t’inquiéterdupaiementet tuaurasunebouéedesecours,mêmefragile.

Ilavaitcomplètementraisonetjedétestaisça.J’adoraismavoiture.Jelaconsidéraisvraimentcommemondernierlienavecl’indépendance.

—Çanemedittoujourspascequejevaisfairepourtrouverl’argentpourmamère.Ilm’embrassasurlajoueetmefitentrerdanslavoiture.—Tesparentssontdesadultes,machérie.Cen’estpastonboulotdeprendresoind’eux.C’était

leurboulotdeprendresoindetoietilssontincroyablementmauvaispourça.Tuasbeaucouptropdesoucispouressayerdesauverd’autrespersonnesquetoietKarsen.

C’étaitpeut-êtrevrai,maisjenesavaispascommentlâcherpriseaprèsm’êtreautantimpliquéeetpendant si longtemps. Jenevoulaispas rentrerà lamaison,mais jen’étaispasnonplusprêteàparler àRace.Lequel, d’ailleurs, n’avait pas essayédeme joindre. Jen’étaispas sûrede cequ’onavaitàsedire,etjen’aimaispascegoûtd’inachevéetd’insatisfactionentrenous.JedevaisdéciderhonnêtementsijepouvaisvraimentaccepterRaceettoutcequiallaitdepairaveclui.Jenementaispas quand je lui avais dit que son boulot était nul et qu’il ruinait des vies. La seule chose quimeretenaitdelaisservraimenttomber,c’étaitquejevoyaisbienque,mêmes’ilsavaitquejedisaisvrai,ilneprenait aucunplaisir àmenercesactivités.Selon lui, il fournissait simplementquelquechosedontThePointavaitbesoinpouréviterdes’autodétruire.

Lemardifutpresquepareil.Jen’avaispasbiendormilanuitdulundi,plusàcausedemondésirdemeblottircontreuncorpschaudetferme,desentircettecheveluredoréecontremapeau,quedustresscauséparmavieinstable.Karsenmeditquejeneressemblaisàrien,etilmefallutredoublerd’effortspouréviterAdriaet rembarrerDrew. Jemesentais tellementmalque j’envisageaimêmed’appelerletravailetdemefaireporterpâle,maisétantdonnéquel’argentétaitàlaracinedetoutcequin’allaitpasencemoment,jemedisqueceseraitunemauvaiseidée.

Aumilieudelasemaine,j’étaisépuiséeetj’enavaisassezdetournerenrond.J’allaisvendrelaBMW.J’allaisabandonner lecoursde théoriemathématique,mêmesiça revenaità repoussermondiplôme, et je décidai que j’appellerais Race après le service ce soir-là. Je n’en pouvais plus desimplement laisser leschosesarriverautourdemoi, j’avaisbesoindereprendre lecontrôledemavie.QuandDrewvintmevoiravantlecours,jem’arrêtaipourluiparleretmêmem’excuserd’avoir

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été aussi expéditive avec lui ces derniers jours, lorsque, à ma grande surprise, le professeurm’interrompit.

Je ne l’aimais pas. Il m’avait ignorée quand j’avais essayé de lui parler du prof-assistant, etchaquefoisquejeluiavaisdemandédevérifierlesnotesquejepensaisinjustes,ilavaitrefusédelefaire. Jepensais en secretquecethommemevoyait comme le stéréotypede lablonde stupidequitentait justed’obteniruntraitementdefaveur.Enplus,jen’avaispasdepreuvesconcrètesquemontravail était jugé avec des critères plus durs que pour les autres élèves. Je me disais que si leprofesseurnem’écoutaitpas,alorsessayerdepasserparsahiérarchienememèneraitnullepartnonplus.

—MlleCarter, vousm’accorderez uneminute après le cours ? Je voudrais vous parler dansmonbureau.

Jesoupirai.Jen’avaispasbesoinqu’ilmedisequejenevalidaispaslecoursetqu’àcerythme-là je n’avais aucune chance d’obtenir le diplôme. Je coinçai unemèche de cheveux derrièremonoreilleetacquiesçai.

—Biensûr,professeurHammond.Il remonta ses lunettes sur sonnez et entra dans la classe.Drewme regardait en fronçant les

sourcilsetmesuivitjusqu’ànosplaces.—Qu’est-cequeçaveutdire?—Ilveutsûrementmefairesavoiràquelpointjesuismalbarrée.—Çanesentpasbon,Brysen.Ilavaitraison,maisjen’avaispaslechoix.Encoreunefois,j’allaisluidirequejem’envoulais

d’avoir déchargé toutmon sale caractère etmon stress sur lui cette dernière semaine.Après tout,c’étaitunmecsympa,etlefaitquejeluiplaiseetqu’ildépasseparfoislesbornesàcausedeçanejustifiaitpaslaméchancetégratuite.Cependant,cesmotsmerestèrentsurleboutdelalanguelorsquemon ennemi mortel, le prof-assistant maléfique, entra dans la classe. En temps normal, il meregardait directement et souriait d’un air suffisant, complotant ma déchéance académique, maisaujourd’huiilregardaitpartoutsaufversmoitandisqu’ilmarchaitjusqu’auprofesseurpourluidirequelquechosed’unevoixtropfaiblepourquenousl’entendions.

Leprofesseurfitunbruitétonnétoutenregardantl’assistantd’unairchoqué,puisils’éclaircitlavoixassezfortpourattirerl’attentiondetoutelaclassetandisquecetidiotd’assistantsortaitsansunregardenarrière.J’échangeaiunregardperplexeavecDrewalorsqueleprofesseurselevaitetcommençaitàfairelescentpasdevantsonbureau.

—Elliotvientdem’informerqu’ilademandéuntransfert.Ilneseraplusprofesseur-assistantpour ce cours pendant ce trimestre.Celamemet dans uneposition assez délicate.Elliot a été seulresponsabledesnotesetdel’évaluationdutravailjusqu’àaujourd’hui.

Ahçaoui.Lepetitenfoiré.Jeréprimaiunsoupirdesoulagement.Peut-êtreque,sanscet idiotsurmonchemin,j’avaisvraimentunechancedefaireremontermanotedesenfersdel’échec.

Leprofesseurseraclaencorelagorgeetjesentissonregardseposersurmoisansciller.—Elliotaaussipréciséqu’ilmefaudraitpeut-êtrevérifierquelquesdevoirsenparticulier,dont

ilpourraitnepasavoircomprislesconcepts,etauxquels,enconséquence,ilpourraitavoirdonnédesnotesinadéquates.Jevaisdevoirpasserenrevuetouslesdevoirsantérieursetm’assurerquetoutlemondealesnotescorrectesetquevousêtestoussurunpiedd’égalitéavantquenousentamionsladernièrelignedroiteverslesexamensdefind’année.

Merdealors!Cen’étaitpaspossible.J’allaisfinalementpouvoirrespirerunpeu.Vraiment?JeregardaiDrewpourpartagermajoieexcessive,maisilobservaitlasortieprécipitéedel’assistant,les

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yeuxplissés, et ne faisait pasdu tout attention àmoi. J’étais si excitéeque j’attrapai sonbras et leserrai,cequilefitsursauterettournerlatêteversmoi.Ilesquissaunpetitsourire.Sinousn’avionspasétéaumilieud’uncours,jel’auraisprisdansmesbras,submergéedebonheur.

Jenevispaspasser lecoursetquand jem’approchaidubureauduprofesseur, ilme regardapar-dessuslamonturedeseslunettesethaussalesépaulesd’unairembarrassé.

—Elliotm’aavouéqu’il s’étaitmontré injustementduravecvouscesemestre,mademoiselleCarter.Notrerendez-vouspeutêtrerepousséjusqu’àcequej’ensachepluslà-dessus.Jevaisrevoirtousvostests,questionnairesetdevoirs.

Jepenchailatêtesurlecôté.—Sansvouloirvousoffenser,monsieur,jevousaiditàplusieursreprisesqu’ilétaitinjusteet

quej’avaislesentimentqu’ilvoulaitsevengerdemoi.Vousm’avezignorée,moietmesinquiétudes,pendanttoutlesemestre.

Ileutlacourtoisiedeprendreuneminedésoléeetcontrite.— Le dépit, mademoiselle Carter. Cela arrive chaque semestre. Une jeune femme séduisante

n’obtient pas les résultats qu’elle pense mériter, et c’est toujours ma faute ou celle de l’assistant,jamaislasienne.J’aiapprisàneplusyprêterattention.Voilàunbonrappelàl’ordre:ilfautprendregarde à ne pas s’enfoncer dans la routine. S’il y a eu des erreurs, je veillerai à ce qu’elles soientcorrigées.

—Merci.J’avaisenviedesautillerjusqu’àmoncourssuivanttantj’étaisexcitée.J’étaisunpeuenretardet

jefaillisrenverserDoviealorsquejetraversaislecampusàtoutevitesse.Elleétaitcoifféeencoupdeventetsonchemisierétaitboutonnédetravers.Jem’arrêtaiunesecondeetleluifisremarquertoutenluiracontantledernierdéveloppementdemondrameacadémique.

Elle piqua un fard, sa peau claire rosissant tandis qu’elle corrigeait son apparence. Ses yeuxvertspétillaient.

—JesuistombéesurRaceetBaxenallantàmonpremiercours.Baxavoulumesaluerdanslesformes.

Ellerepoussasescheveuxrouxenarrièreetmedemandasielleétaitprésentable.Jeluidisqueoui,maisjerestaibloquéesursesmots.

—PourquoiRaceetBaxétaientlà?Celapouvaitêtrepourtoutuntasderaisons,toutesdéplaisantes,àn’enpasdouter,maisjeme

souvinsalorsque leprof-assistantn’avaitmêmepaspumeregarder.Avraidire, ilavaitmêmeeul’airterrifiédelaissersesyeuxseposersurmoi,commesicelaauraiteud’horriblesconséquences.

Ellehaussauneépaule.—Baxn’apasjugénécessairedememettreaucourant.Jepensaissavoirexactementcequ’ilsétaientvenusfaire.—Çanetedérangepas?Çaneterendpasfollequ’iltecachedeschoses?—Non.Sijeluidemandaiscequ’ilfait,ilmeledirait,répondit-elleensouriant.Laplupartdu

temps,jepréfèrenepassavoir.Baxmèneuneviedangereusequimefaitpeur,maisillalaisseàThePointquandilrentreàlamaison,etc’estlàquejepréfèrequ’ellereste.Jeluifaisconfiancepourcequiestdefaireattentionàlui.Pourcequiestdefaireattentionàmoiaussi,etc’esttoutcequicomptepourmoi.

Waouh. C’était soit très sage et mature, soit parfaitement stupide. Elle continua sur un tonassuré:

—C’estpareilpourmonfrère.

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J’étaislégèrementtroublée,carelleavaitl’airdesavoirexactementcequej’avaisfaitavecsonapollondefrère.

—Cesmecsteprendronttoutcequetuas,Brysen,maisenretourilstedonneronttoutcequ’ilsont.C’est un immense engagement, et tu dois être prête à les laisser, eux et cette vie, t’imprégnercomplètement.

Jesoufflaisifortquelescheveuxdevantmonvisagesesoulevèrent.—Jenepensepasêtredansunesituationoùjepeuxdonnerquoiquecesoitàquelqu’un,encore

moins tout donner à quelqu’un commeRace. Sonmondeme terrifie.Mon père lui doit beaucoupd’argent,Dovie.

Lacompassionenvahitsonvisage,etsestachesderousseurressortirentsurl’arêtedesonnez.—Cen’estpasseulementsonmonde,Bry.C’estlemien.C’estceluideBax,etsitonpèreafait

desparis,c’estunpeuletienaussi.ThePointnefaitpasdediscrimination,ellecontaminetousceuxquil’approchent,jusqu’àuncertainpoint.Letruc,c’estdenepasenavoirpeur,maisd’adoptercettevieetdes’yfairesapropreplace.

Ellemedonnaunpetitcoupd’épaule.—J’ail’impressionquetaplacepourraitbienêtreauxcôtésdeRace.—Assiseàcôtédeluisursontrônebrisé?Çaferaitdemoilareine?Elleritetpassadevantmoi;nousétionsmaintenanttouteslesdeuxtrès,trèsenretardpournotre

prochaincours.—Untrônebrisépourunroibrisédansunroyaumebrisé.As-tulatremped’unereinebrisée?

Il t’aime assez pour te laisser entrer,Brysen. Soit tu l’aimes assez pour faire demême, soit tu nel’aimespasassez.Ilfautquejefile,maispenseàcequejet’aidit.

J’aimaisvraimentRace.Cen’étaitpasleproblème.Jehaïssaistoutcequivenaitaveclui,etjenesavais tout simplementpas si jepouvais séparer lesdeux.Maiscequiétait sûr, c’estquepersonnedansmavien’était intervenupourm’aideràgérer lesproblèmesapparemment insurmontablesquis’accumulaientcesdernierstemps.Etrienquepourça,jedevaisaumoinsleremercier.

Sij’avaispufairetairetouteslespartiesdemonanatomiequimetitillaientetmecriaientque,pourmontrermagratitudecorrectement,ilfaudraitquenoussoyonsnusetcollésl’unàl’autre,celam’auraitvraimentaidée.

J’avaispeut-êtreuneimmenseappréhensionetunmilliondedoutessurlemondedeRaceetsonrôledanslefonctionnementdecemonde,maisilsemblaitquemeshormonesnepartageaientaucunedecesinquiétudeslégitimes.Etmoncœurnaïfétaitnoyésouslessignauxcontrairesquemoncorpsetmoncerveauluilançaient.

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12

Race

J’attendisavecimpatiencequeBaxfinissededévorermasœuretm’appuyaicontrel’ailedesavoiture.Leurcouplemesurprenaitencoreaprèstoutcetemps.Baxétaitsisombre,sienracinédanstout ce que cet endroit avait de violent et d’imprévisible, ce lieu dans lequel il avait tout fait poursurvivre.Dovieétaitdouce,etmalgrélesépreuvesqu’elleavaitétéobligéed’endurer,rienn’auraitpuempoisonnertoutelabontéenelle.Jesavaisqu’ilss’aimaient,queriensurcetteTerre,aucundesmauxqueThePointpouvaitcauser,nelesséparerait jamais,etc’étaitbeau.Celafaisaitaussid’euxuneforceredoutable.DovieavaitdonnéàBaxuneraisondevivre,desebattre,etBaxluiavaitdonnéquelquechosequiétaittoutàelle.Pasunjournepassaitsansquejemedisequej’avaisdelachancedelesavoirtouslesdeuxdemoncôté.

Enréalité,j’avaisdesproblèmesbienplusurgentsentêtequelefaitqueBaxaitlesmainssouslechemisierdeDovie.Cettepetitefouinedeprof-assistantavaitcédéetcommencéàbredouillerdèsquejel’avaiscoincédansl’amphithéâtrevide.Jenesaispassic’étaitparcequejel’avaisprisparlecol et secouécommeunepoupéedechiffon,oudu faitde laprésence silencieuseetmenaçantedeBax,maisils’étaitaussitôtmisàbafouilleretàpleurnicher,et ilavaitadmisenquelquessecondesqu’il plombait volontairement lesnotesdeBrysen. Je croisque si j’avais insistéunpeuplus, il seserait pissé dessus, mais les informations qu’il fournissait étaient bien plus précieuses que sonembarras.

Jel’avaislâchéetluiavaisditqu’ilallaitchangerdeclasse,ouencoremieux,d’université,etiln’avaitpasdiscuté.JeluiavaisconseilléderestertrèsloindeBrysen.C’estalorsqu’ilm’avaitrévélélesraisonsdeceharcèlementacharnéetdesadéterminationàruinerlesemestredeBrysen.Etc’étaitça quime tourmentait.Oui, Brysen avait décliné sa proposition sans prendre de pincettes,mais ilinsistait sur le fait qu’elle l’avait ensuite harcelé sur les réseaux sociaux. Il m’avait expliqué en

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bégayantqu’elleluiavaitenvoyédesmessagesmoqueurs,dese-mailshorriblesluidisantqu’unmeccommeluin’avaitaucunechanceavecelle,qu’elleavaitpostédestrucsméchantssursonFacebooket, demanière générale, l’avait humilié, fait passer pour un idiot. Selon lui,Brysen se comportaitcomme une parfaite petite peste pourrie gâtée et il avait été sa cible. Il l’avait décrite comme unepersécutricesansprononcercemot.Ilavaitdoncripostédelaseulemanièrequ’ilconnaissait,ensevengeantsursesdevoirs.

Leproblèmequemeposaitcescénario,c’estquejesavaisàquelpointBrysenétaitoccupéeetquej’avaisdécortiquésonancienordinateur.Ellen’avaitmêmepasdecompteFacebook,etlaseuleboîtemailqu’elleutilisaitétaitcelleàlaquelletouslesétudiantsavaientaccès,etquiétaitcrééeparl’université. La correspondance que j’avais pu récupérer concernait essentiellement des chosesennuyeuses sur les cours et les projets. Je n’avais rien trouvé d’alarmant, rien qui collait avecl’histoirequecetypedéballait,maissaréactionetlefaitqu’ilavaitacceptédepartirimmédiatementm’amenaientàmeposerdesquestions.Quelqu’unnesecontentaitpasde laharceler,maissabotaitaussisaviedansl’ombre.Jen’aimaispasdutoutça.

JelevailesyeuxetvisBaxquirevenaitversmoi.J’allaisluipasserunsavonpouravoirpelotémasœurenpublicetenpleinejournée,maisjen’eneuspasl’occasion,carmontéléphonesonnaàcemoment-là.Nassir.Jen’avaispasenviederépondre,maisjelefisquandmême.Lebusinessc’estlebusiness,aprèstout.

—Qu’est-cequisepasse?—IlfautquetuteramènesauDistrict.Ilavaitl’airfurieux.—Hein,pourquoi?JefissigneàBaxd’attendreunmoment.Ils’appuyacontrelavoitureetglissaunecigarettedans

sabouche.—Parcequequelqu’unatabasséRoxieetluiademandédenouspasserunmessage.Je sentismesyeux s’agrandir et regardaiBax.Roxie étaitune fillequi travaillait beaucoupet

gagnait bien sa vie. Son histoire avecBax remontait à longtemps, bien avant qu’elle commence àgagnersavieavecsoncorps.Iln’avaitpasgardécontactavecelledepuisqu’ilétaitavecDovie,maisçaallaitquandmêmelerendrefou.

—C’étaitquoilemessage?Nassir juraet j’entendisquelqu’unpousserungémissementrauquededouleurdans lefond.Il

aboyaàChuckdetrouvercequiprenaittantdetempsaumédecin,etrevintautéléphone.—Quec’estjusteledébut.—Putain.Est-cequ’elleauneidéedequic’était?— Elle peut à peine parler. On dirait que quelqu’un lui a piétiné le visage. Tout ce que j’ai

compris, c’est qu’elle attendait un client normal, un régulier, et que quand elle est allée ouvrir laporte,cen’étaitpaslui.Celuiquiafaitçanedéconnaitpas.Elleestdansunsaleétat.

Personneneméritaitdesouffrircommeça,mêmequelqu’unfaisantunjobrisqué.— Je croyais que tu surveillais les filles qui travaillent pour toi, Nassir. Comment ça a pu

arriver?—Necroispasquetupeuxremettreenquestionmamanièredegérermonbusiness,Race.J’ai

effectivementdesgensquisurveillentlesfillesdanslarue.Siellesprennentdenouveauxclients,sion leurdemandedes trucsbizarres, si ellesvoientquelquechosede louche, jene les laissepas semettreendanger,oumettrenosaffairesendanger.D’aprèsRoxie,c’étaitunrendez-voushabituel,il

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n’y avait pas d’alerte. Qui que soit ce mec, il sait comment fonctionnent les endroits comme leDistrict.Ilsavaitqu’elleneverraitpasunnouveauclienttouteseule.

Jejuraiànouveau.—Avecquiavait-ellerendez-vous?Nassirsetutetjel’entendisposerlaquestion.D’autresgémissementss’élevèrent,puisunevoix

féminineperçanteletraitadesalaud.CedevaitêtreHonor,carelleseuleosaits’adressercommeçaàNassir.

—Jecroisqu’elleessaiededireMarcusquelquechose.Merdealors.Marcussefaisaitpleind’amisencemoment.—MarcusWhaler?Nassirrépétalaquestion,puisfutdistraitparl’arrivéedumédecin.—Ouais.Jesoufflai.—MarcusWhalerestdansunlitd’hôpitalencemomentmêmeparcequej’aiexplosésesdeux

rotulesàlabarredeferleweek-enddernier.Maisqu’est-cequisepasse,putain?—Jenesaispas,maisçadoits’arrêtertoutdesuite.LetondeNassirétaitpassédefurieuxàglacial.C’étaitdanscesmoments-làqu’ilétaitleplus

terrifiant.—Baxestavecmoi.JevaispasservoircequeMarcusaàdire.Tucroisqueçapourraitêtrelié

àNovak?QueçapourraitêtreundesgarsqueleFBIaraté?—Jemefouscomplètementdequic’est.C’estnotrevillemaintenant,etjeferaitoutcequ’ilfaut

pourlaprotéger.J’étaisplutôtd’accordaveclui.—Envoie-moiunmessagepourmedirecommentelleva.Je raccrochai et regardaiBax.Ses épaules s’étaient contractées et son regard s’était assombri

d’unemanièrequimesignalaitqu’iln’étaitpascontentdutout.Jerangeaimontéléphoneetmefrottailanuque.—OnatabasséRoxie.Nassir l’aamenéeauSpanky’senattendantunmédecin.Ilditquec’est

assezgrave.Iljetasacigaretteets’écartadelavoiture.—Undesesclients?Savoixétaitaussitranchantequesonregard.—Non.Apparemment,quelqu’un luia tenduunpiègepournousenvoyerunmessageclair,à

Nassiretàmoi.Onluiaditdenoustransmettreque«c’étaitjusteledébut».Ilmeregardasansdireunmotpuiscontournalavoitureavantdelâcher:—C’estçaleproblèmequandonessaiedegérerunendroitcommeThePoint:ilcontre-attaque

toujours,etleplussouvent,c’estlesinnocentsquis’enprennentpleinlagueule.Je grimpai dans la voiture et regardai par la fenêtre tandis qu’il sortait du parking dans un

crissementdepneus.—Onvaàl’hôpital,luiindiquai-je.Ilneréponditpas.Lavoitures’engageaàtoutevitessedanslacirculation.—Lemecqu’elledevaitvoirestlà-bas.Jeveuxluiparler.—Parler,çasertàrienquandunefilleaétéblessée,Race.Jeleregardaiducoindel’œiletluidis:

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— C’est le mec qui a essayé de se dégager de sa dette en embauchant une brute pour metravailleraucorps.Iln’iranullepart,Bax.Jeluiaidémolilesdeuxrotulesaprèsm’êtredébarrassédelapetitefrappe.

Iltournalatêtepourmeregarderetsabouchedessinaunpetitsourire.—Jenesavaispasquetuétaiscapabledeça.J’éclataiderire.—Ahbon?Tescôtesnesesontpascasséestoutesseuleslesoiroùons’estrencontrés,si?Ilricana.—Ouais,çam’asurpris.Jepensaisqu’avectonattitudedegossederichequiselaraconte,tu

étaisuneproiefacile.C’estdrôle,rienn’estjamaisfacileavectoi.—Non,c’estvrai.Jesoupiraiavantdereprendre:—Tucroisquetoutçaenvautlapeine?Aprèstoutcequ’onatraversé?Ilhaussauneépauleetlalaissaretombertandisqu’ilentraitdansleparkingdel’hôpital.—Tasœurenvautlapeine.Legarageenvautlapeine.L’absencedeNovakenvautlapeine.Toi

etTitusquivousensortezdanscettetornadedebastonsetdeballes,çaenvautlapeine,alorsjepensequetoutdépenddecommentonvoitleschoses.Jesuislàdepuistroplongtempspourpenserqueçadeviendraplus facile,maismaintenant,êtreaumilieude toutçaaunautresens. J’aiune raisondefairecequejefais.

—Etc’estquoi?Jeconnaissaisdéjàlaréponse,maisl’entendredesabouchecalmeraitmesinquiétudesàpropos

demasœuretlui.—Dovie.Toutcequiestbon,mauvaisetentrelesdeux,jelefaispourelle,grâceàelle.—Moiaussi,Bax.Moiaussi.Il me regarda, et pendant un moment je pense que nous fûmes enfin sur la même longueur

d’ondeconcernantcequisepassaitdansnotremondeetlerôlequenousyjouions.Nousétionstouslesdeuxprêtsàtoutsacrifierpourceuxquenousaimions,etpeuimportaitquelgenred’hommescelaferaitdenous.

Trouver Marcus ne fut pas difficile. Il me suffit de demander où était le mec louche etpleurnichardavec lesdeux jambescassées.Etpuis,Marcusétaitunpeuunabrutiquine savaitpastrop se faire apprécier.Enparticulier des jolies infirmières en chargede ses soins.Pour lui, ellesn’étaientquedesproies.Quandnousentrâmesdanslachambre,ilétaitclairqu’ellesluiavaientdonnéunanalgésiquetrèspuissant,caraulieudepaniqueroudecrieràl’aide,ilm’adressajusteunsourirecomateux.

Sesdeuxjambesétaientplâtréesdumilieudelacuissejusqu’aupied.Ellesétaientsuspenduesenl’airparuneespèced’installationquilesgardaitlevées,etilressemblaitplusàunemomiequ’àunhomme.Un de ses yeux était encore gonflé et refermé là où je l’avais cogné,mais il arborait ungrandsourireniais,etjemedemandaiss’ilallaitvraimentnousaider.

—Rassssssse.MonnomsetransformaenunsoninterminableetsesyeuxvitreuxsefixèrentsurBax.—Tul’asramenépourfinirlejob?Baxgrogna,appuyauneépaulecontrel’encadrementdelaportepuislâcha:—Acequej’envois,iladéjàfaitdubonboulottoutseul.—Vatefairefoutre.Baxhaussaunsourcil.

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—Désolé,mec,tun’espasmongenre.—Marcus,àquias-tuparlédetonrendez-vousavecRoxieaujourd’hui?Sesyeuxvoilésparlesantidouleursseposèrentsurmoi.—CommenttusaispourRoxie?Enplusd’êtreunjoueurdepokerminable,Marcusétaitmariéetavaitdeuxenfantsenbasâgeà

lamaison.C’étaitvraimentunmecenor.—Quelqu’uns’estpointéchezelleàtaplace.Ill’asalementamochée,cequiamisbeaucoupde

genstrèsencolère.Deuxdecespersonnessontdanscettechambreencemomentmême,ettuneveuxpassavoircequeNassirferasitunemedonnespasquelquesréponses.

Ilessayadesecouerlatête,maisellenefitquepencherd’uncôtépuisdel’autre.—Jenesais rien. Jen’aipaspubougerdepuisque l’ambulancem’a ramené ici.Enplus,ma

femmeétaitsouventdanslecoinaveclesenfants,alorsjen’allaissûrementpasrisqueruncoupdefilàunepute.Elleauraitpum’entendre.

Jerefermailesmainssurlerailauboutdulit.—C’étaitunrendez-vousconvenudelonguedate,Marcus.Quiétaitaucourant?Sesyeuxsefermèrentlentementetjelevisgrimacer.—J’aidûmentiràmafemmeetluidirequej’aiétérenverséparunevoiture.Vatefairefoutre,

Race.Qu’est-ce que tu veuxme faire de plus ? Je ne vais pas pouvoirmarcher pendant aumoinsquatremois,etaprèsjevaismeretrouverdansunfauteuilroulantpourjenesaiscombiendetemps.

L’addicttypique.C’étaittoujourslafautedequelqu’und’autre.C’étaitmafautesiMarcusavaitfaittapissurunemainhasardeuseetavaitessayédebluffer.C’étaitmafautes’ilavaitmiséquarantemilledollarsqu’ilnepouvaitpassepermettredeperdre.Et,bienentendu,c’étaitmafautesijen’étaispas resté lesbrascroisésàme faire tabasseret si jene l’avaispas laissé s’en tirer sansproblème.Riennem’agaçaitplusquequelqu’unqui tentaitdeme faireporter lechapeaupoursesmauvaisesdécisions. J’allais luidireçaquandBaxfermasoudain laportederrière luiet s’approchad’unpasdécidéverslatêtedulit.Mêmedroguécommeill’était,lesyeuxdeMarcuss’agrandirentetlapeurenvahitsonregardvitreux.

Ilouvritlabouchepourcrier,maisBaxfutplusrapidequelui.Ilécrasasalourdemainsurlabouche de l’homme immobile et tira un oreiller de sous sa tête. Il saisit le bouton d’appel desinfirmièrespourqu’ilsoithorsdeportéeetpritleschosesenmain.J’auraisdûréagir,oudumoinsprotester,quandilplaqual’oreillerplatsurlevisagedeMarcusetappuya.Marcusluiagrippalebrasetlançalehautdesoncorpsversl’avantenémettantdesbruitsconfus.Sesjambesplâtréessecouaientl’installationquilestenaitenl’air.Baxmeregardaetsecontentadehausserlesépaules.Qu’aurais-jepudire,àcestade-là?

Baxsoulevalecoussinetj’entendislarespirationsifflantedeMarcusdelàoùj’étais.—Unratéquipayepassesdettes,c’estunechose.Unmerdeuxquitrompesafemme,c’enest

uneautre.Maisceluiqui reste là lesbrascroisésalorsqu’une femmeestblesséeneméritepasderespirer.J’auraiaucunproblèmeàtesortirpourtoujoursdetamisère,connard.

Baxétaitnaturellementeffrayant.Quandils’appliquaitvraiment,ilrivalisaitavecSatanpourlapremièreplaceenhautdelachaînealimentaireduMal.

MarcusavaitdeslarmesquiluicoulaientdesyeuxetdelamorveaunezquandBaxrelâchasaprise.

—Maisvousêtescomplètementtarés,touslesdeux!Jesoupirai.—Non,maisonestcomplètementpressés.

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JefisunsignedetêteàBax,quisepenchadenouveauau-dessusdeMarcus;celui-cilevalesmainsetsecouaviolemmentlatêted’avantenarrière.

—Cemecestvenumevoir lanuitaprèsmonarrivée ici. Ilm’aditqu’ilmedonneraitassezd’argent pour payerma dette si je pouvais lui filer unmoyen d’arriver jusqu’à une des filles deNassir.JeluiaiditqueNassirétaitprudent,qu’ilsavaitcequ’ilfaisaitetqu’ilnelaisseraitjamaisunedesfillesprendreunnouveauclientsansescorte.

LesyeuxdeMarcuspassèrentfurtivementdeBaxàmoietildéglutit.—Jeluiaiditquejegarderaismonrendez-vousavecRoxie.Qu’ilpourraityalleràmaplace

s’ilmedonnaitcinqmilledeplus.BaxémitungrondementsourddufonddesagorgeetMarcuslevalesmainsenl’air,commesi

celapouvaitsuffireàéloignerl’hommesombreetdangereux.—Jeneleconnaissaispas.Jenel’avaisjamaisvu.Jecroisqu’iln’étaitpasd’ici.—IlvenaitdeTheHill?Marcusclignadesyeuxenmeregardantcommesilaquestionn’avaitaucunsens.—Non,commes’ilvenaitd’unautrepays.Ilavaitunaccent.Bax etmoi échangeâmes un regard perplexe. Personne de l’extérieur ne venait exprès à The

Point.—Unaccentd’où?demandaBaxd’unevoixrocailleuse.— Je ne sais pas… honnêtement. Irlandais, écossais, anglais, sud-africain… Laissez-moi

tranquille,jevousensupplie.IlgémitetBaxluijetaunregardécœuréavantdemerejoindreaupieddulit.—Oùestmonargent?demandai-je.Marcusmeregardaavecdesyeuximmenses.—Quoi?Jecroisailesbrassurmapoitrineetplissailesyeux.—Tuviensdedirequ’ilt’avaitdonnéassezpourpayertadetteetcinqmilledeplus.Oùestmon

argent,Marcus?C’étaitunetoutepetitechambreetonnepouvaitpasnepasremarquerquesesyeuxessayaientde

seposerpartoutsaufsurlepetitsacdevoyagenoirquequelqu’unavaitnégligemmentcoincésouslachaiseàcôtédulit.J’inclinailatêteendirectiondusacetBaxallalechercher.J’entendislafermetureEclair,puisilhochalatête.JeposaiunemainsurledessusdupieddeMarcusetluifisunsouriretoutsaufsincère.

—J’enaifiniavectoi.Jeneprendraiplusaucunparipourtoi.Net’approchepasdesfillesdeNassir.NemetspluslespiedsàThePoint,Marcus.

Je tiraide toutesmes forces jusqu’àceque lecâblequi soutenait la jambesur laquelle j’étaisappuyésedétachede lapoulie. Ilyeutunclaquementet la jambeplâtrée tombasur le litavecuneforceimpressionnante.Marcuspoussauncriperçant.Baxetmoisortîmesalorsquedesinfirmièresaccouraient.Baxmitlesacsursonépauleetjelesuivisjusqu’auparkingensilence.

Quandnousfûmesdenouveaudanslavoiture,endirectiondugarage,jenepusm’empêcherdedemander:

—Unmecavecunaccent?Ilneréponditrienpendantunlongmoment,puisilsecoualégèrementlatête.—Aucuneidée.—JevoisTitusdemainpourluidemandercequ’ilsaitàproposdemonpère.Jeluiposeraila

question.

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—Jen’aimepasça.Nousétionshabituésàsavoirquiétaitl’ennemi,àsavoircequinousattendaitdansl’ombre.Ce

retournementdesituationn’étaitpaslebienvenu.—Moinonplus.EtjenevoulaismêmepasimaginerlaréactiondeNassiràcettenouvellepartd’inconnu.C’était

nousquiétionscensésêtrelesnouveauxbossdeThePoint,pasunobscurpersonnageavecunaccent,assoiffédevengeance,etaussidouéquenouspoursedéplacerdansl’ombre.

Lerestedutrajetsefitdansunsilencepesantquejenetroublaiqu’entapantunmessageàNassirsurmontéléphone,pourletenirinformé.Saréponseconsistaseulementenquelquesnomsd’oiseaux.J’allaisrangermontéléphonequandj’euslasurprisedevoirqueBrysenétaitentraindem’appeler.Je pensais qu’elle était encore furieuse contre moi et je prévoyais de la laisser ruminer jusqu’auweek-end.Ensuite,jereviendraisàelle,qu’elleaitdépassésacolèreounon.

—Allô?—Tuesoù?Pasdepréambule,etsavoixn’étaitpastrèsjoyeuse.—Jemedirigeverslegarage.Jevaisypasserlanuit.—Bien,jeteretrouvelà-bas.—Euh,d’accord.Elleraccrochasansajouterunmot.Jefixaimontéléphoneaveclastupéfactionlaplustotale.Je

regardaiBaxetilmesourit.—Ellemeretrouveaugarage.—Elleestsansdouteaucourantdenotrevisiteauprof-assistant.—Merde.—Elleavaitl’airvénère?—Non…Enfin,pasvraiment.Avecelle,c’estunpeuduràdire.—JevaistedéposeretallervoirsiRoxievabien.J’acquiesçai.—TuferaismieuxdedireàDoviequec’estlà-basquetuvas.—Sérieux,mec,tudoistemettreentêtequ’avecDovie,c’estdusolide.Ellemefaitconfiance.

Ellesaitqu’iln’yaplusrienavecRoxieetqu’iln’yauraplusrien.Personnenecompteàpartelle.Ilétaitpeut-êtrefollementamoureuxdemapetitesœur,maisilétaitparfoisunpeuidiotquandil

s’agissaitdesémotionshumainesdebase.—Bax, tucouchaisavecRoxieetc’est lapremièrepersonneque tuesallévoirensortantde

prison.Oui,Dovietefaitconfiance,maisçalablesseraitd’apprendredequelqu’und’autrequetuesalléauDistrictpourvoirunenanaavecquitusortais.Explique-luijustelasituationpourluiépargnerunpeudechagrin,d’accord?

Ilsecontentadegrogner,maisquandlaHemis’arrêtadevantleportail,j’ouvrislaporteetvisqu’ilsortaitletéléphonedelapochedesonsweatàcapuche.Jeluidisqu’onpouvaitseretrouverplustard,luidemandaidedonnerlecashdeMarcusàNassirettapailecodesurleportaildesécuritéaumomentoùlaBMWdeBrysentournaitaucoindelarue.Ellefranchitleportailetj’allaislasuivreàl’intérieurquanduneautrevoiturepassaàtoutevitessedanslarue.Jenem’enseraispassouciéentempsnormal,maisavec tous lesproblèmesqui tournaientautourde lablondeglacialecommeungroupe de vautours affamés, je ne pouvais pasmettre ça sur le compte d’une simple coïncidence.J’attendisuneminutepourvoirsilavoiturefaisaitdemi-touretrepassait,maiscenefutpaslecas.

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Lesportesserefermèrentderrièremoietjemarchaijusqu’àl’endroitoùBrysens’étaitgarée.LaBMWétaitvideetjenelavoyaisnullepart.Elleétaitvenueassezsouventpourprendrelaportelatéraleetentrerdirectementdanslegarage.Jenesavaispassic’étaitbonoumauvaissignequ’ellem’attendedansmonespace,maisjen’avaispaspeurd’elleetpeuimportaitcequ’elleavaitàmedire.Jen’étaispasprêtàlalaisserpartir.Jesavaisqu’ilyavaitdesérieuxobstaclesàfranchiravantquejepuissedirequ’ellem’appartenait,maisçan’empêchaitpastoutcequ’ilyavaitdeprimitifenmoidevouloirqu’ellesoitmienne.

Jepris lechemindu loftetm’arrêtainetquand j’atteignis l’entrée.Elleétaitassise les jambescroiséesaumilieudulitquejen’avaispasprislapeinedereplierencanapé.Elleavaitlabouteilledewhiskygivréedansunemainetunverreàmoitiépleindu liquideambrédans l’autre.Sescheveuxplatineétaientcoincésderrièresesoreillesetsonregardbleupoudréétaitrivésurlemien.Rienqueçasuffisaitàfairetressaillirmonsexe,maislefaitqu’elleporteunedemeschemisesetapparemmentriend’autrerétrécitmonchampdevisionàquelquespointsprécisetfitaffluertoutlesangdemoncorpsàlazonesousmaceinture.

Ellepritunegorgéedewhiskyetjedusréprimerungrognementquandelleléchaunegouttequirestaitsursalèvredubas.

—Est-cequetuvasfairedumalàmonpère,Race?Jesoupirai lourdementetavançainonchalammentjusqu’aulitpour luiprendre labouteille.Je

baissailesyeuxsurelleetmarmonnai:—Jenet’aiencorejamaismenti,Bry,etjenevaispascommencermaintenant.Mêmesiçate

pousseàremettretesvêtementsetàpartir.Ellepenchalatêtesurlecôtéetfinitsonverre.—J’aibesoindesavoirlavérité.—Jenesaispascequivaarriveràtonpère,Brysen.Ildoitbeaucoupd’argentetildevrafinir

par trouverunmoyendepayer. Jepeux tedireunechose : leshommesmortsnepayentpas,doncmême si au final on doit avoir une petite discussion avec lui, on n’ira pas plus loin que lui fairecomprendredefaçontrèsclairequ’ilferaitmieuxd’allongerlesbillets.Pourl’instant.

C’étaittoutsaufrassurantetj’étaissûrqu’elleallaitpaniquerànouveauetpartir,alorsj’enlevailebouchonduwhiskyetbut cequ’il restait enune longuegorgée. Jedus souffler entremesdentspouréteindrelabrûluredel’alcool.Jesentaisdansmonhaleineungoûtdefuméeetdeterre.

—Onn’apasd’argent,Race.Lamaisonestsaisie, ilaperdusonplanretraiteau jeu,et tuasdéjàlavoiture.Iln’yaplusrien.

Elleavaitl’airsitriste,siabattue,quetoutcequej’avaisenviedefaire,c’étaitdelaprendredansmes bras et de lui murmurer que tout s’arrangerait, mais comme je l’avais dit, je n’allais pascommenceràluimentirmaintenant.

—Çaarriveplussouventquetulepenses.C’était nul,mais c’était la triste et dure réalité, et ça faisait longtemps que je n’avais plus la

migraine à force d’entendre lamême histoire encore et encore.Mais cette fois, il y avait quelquechosedeplusprofondquedujugementetdeladéceptiondanssesyeuxbleus.Etfaceàceregard,jesentisunélanderemordsfendillerlacoqued’acierdanslaquellejem’enveloppaisquandils’agissaitdubusiness.Jeluidisaissanscessequejevoulaisprendresoind’elleetlaprotéger,etpourtantvoilàque je lui causais indirectement toutes sortes de peines. Pour la première fois, j’éprouvais unvéritablesentimentderegretparrapportàcequejefaisaisdansThePoint;elleavaitdéjàdûendurertantdesouffranceàcausedemauvaischoixfaitspard’autres.

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Elle soupira à son tour et se pencha pour poser son verre vide par terre.Cemouvementmefournitunevueparfaite surses fessesdénudées,etcette fois jenepus retenirungrognement.Ellehaussa les sourcils et semit sur ses genouxpour pouvoirme rejoindrede l’autre côté du lit.Elles’arrêtajustedevantmoi.Ellerelevalementonetsesyeuxbleusmepénétrèrent,directsetinflexibles.

—Es-tularaisonpourlaquelleleprof-assistantmaléfiqueachangédecours?Leprofesseurvaréévaluertoutmontravaildusemestreetjevaissansdoutelevalider.

Jeposailamainsursajoueetcaressaidupouceladoucecourbedesalèvreinférieure.—Tuesunefillesuper.J’enaiassezquelavietemalmène.Ilfautqu’onparleduprof-assistant,

Brysen.Ilyadestrucsquinecollentpas.Ellegrimaça,maistournalatêtepourdéposerunbaiseraucreuxdemapaume,quejeressentis

jusqu’au plus profond de mon âme, dans cette zone qui n’était pas tachée par la vie que j’avaischoisie.

—Est-cequetuessaiesdeprendresoindemoi,Race?—J’essaie.Pourl’instant,montauxderéussiteestdecinquante-cinquante.Elleeutunpetitriresecetposalesmainsdechaquecôtédemataille.—Pourquoi ? Pourquoi, avec tout ce que tu as dans ta vie, tu veuxm’ajouter dans le lot, en

sachantquejeneseraipeut-êtrepascapabled’accepterça?JenesuispasDovie.Jenevienspasdelarue,Race.Taviemefaitpeur.—Jelaissaitomberlabouteilledewhisky,sansm’inquiéterqu’ellesecasse.Jepassailesdoigts

danssescheveuxdouxcommedelasoie,auniveaudesestempes,etluirelevailatêtepourquenosregardssemêlentetqu’ellenepuissedétournerlesyeux.

—Jesais,maistueslàquandmêmeetc’estpourçaquejeteveuxdansmavie.Turendstoutesleschoseshideusesunpeumoinsduresàregarder.

Jem’approchaiencorepourqu’elleressentemesmotscontresaboucheentrouverteplusqu’ellenelesécoute.

—Etfranchement,taviefaitaussipeurquelamienneencemoment.Elleexpiraetseredressasursesgenouxpourquenosbouchessetouchentpresque.—Jevoulaisvraimentmeconvaincreque jepouvais tedétester.Jevoulaisque tusois lapire

choseaumondepourmoi,maisdèsquej’essayedem’enpersuader,jemerendscomptequ’aufinaltueslameilleurechosedansmavie.

Jefrottaimabouchecontrelasienne,laissaileboutdemalangueeffleurerlehautdesalèvresupérieure,cequilafittressailliretserrerletissudemachemise.

Jeluidisdansunélanprécipité:—Jenesuispasuntypetrèsbien,maisjesaisdifférencierlebiendumal.J’enaiassezquele

mall’emportetoujoursparici,etj’enaiassezquelemalessaiedetedévorervivante,alorsjeferaiabsolumenttoutcequejepeuxpourm’assurerqu’ilnetetouchepas.

J’avais fini de parler. Elle était presque nue, elle était magnifique, et elle était venue à moi.J’avais la ferme intention de l’embrasser et de l’allonger sur le lit,mais elleme prit de court enfaisantremontersesmainsdansmondos,enseredressantetenposantsabouchesurlamienne.Lewhisky lui donnait un goût grisant d’alcool vieilli en fût de chêne, mais derrière, sa saveur étaitacidulée et sucrée, comme le meilleur bonbon que je pouvais imaginer. Mes pensées d’avantsonnaientencoreplusvrai.Jen’étaispasprèsd’enavoirfiniavecelle,etàcerythme-làjedoutaisd’enavoirfiniunjour.J’étaisplusquedisposéàtomberamoureuxd’elle,etquandellesepenchaenarrièrepournousattirertouslesdeuxsurlelit,jecraquailittéralementpourelle.Etrienn’auraitpumerendreplusheureux.

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13

Brysen

Jen’avaiseul’intentionnideleséduirenideletenter.Maisquandjel’avaisvudeboutdevantleportail,lumièreétincelanteparfaitementsereineetmajestueusedansunendroitsimorneetsombre,mesmotivationsavaientchangéinstantanément.Ilyavaitquelquechosedesiévidentdanslesdeuxpeauxqu’ilrevêtaitavecunetellefacilité:celled’unsangbleud’unebeautéirrésistible,etcellequ’ilportaitleplussouvent,d’unroidelarueécorchéetimpitoyable.Lesdeuxmemontaientàlatête.

Tant de questions sans réponses et tant d’obstacles semblaient s’élever entre nous. En réalité,quandj’analysaistoutça,tandisquejemedéshabillaisenmerendantdanslapetitepiècedépouilléequime semblait plus accueillante et familière que lamaisonpleine demensonges dans laquelle jevivaisdepuisunan, jevoyaisqueRaceétait la seulepersonnequiavait toujoursétécomplètementhonnêteenversmoi. Ilétaitaussi la seulepersonnedansmessouvenirs récentsqui s’étaitdémenéepourfairequelquechosepourmoi,aulieud’attendrequejedébarquepoursauverlasituation.Jenepouvaisplusnierquecelasuffisaitàmedonnerenviedeluigrimperdessusetdem’enroulerautourdeluisifermementqu’aucundenousnepourraits’échapper.

J’étaisimpatientequ’ilsoitaumoinsaussidéshabilléquemoi,maisquandilretirasachemise,au lieud’admirer tous cesmuscles saillantsquimepressaient contre lematelas, jeme retrouvai àpasserlesmainssurlesbleusquiavaientprisunecouleurvertjaunâtre.C’étaittoujourslà,soussonvernisbrillantet impeccable.Laduretéde l’hommequ’ilétaitvraiment.Cettedualitéqui faisaitdeRaceHartmanceluiqu’ilétait.J’écartailesjambestandisqu’illespoussaitdesongenouetjehaletaiquandilserrasoncorpsplusétroitementcontrelemien.J’enroulaiunbrasautourdesesépaulesetglissail’autredanslepeud’espacequ’ilrestaitentrenouspourallertravaillersaceintureetledevantdesonjean.Jelesentaispalpiteraurythmedenosbattementsdecœureffrénésetjesavaisqu’ilétaitexcité, prêt. Je l’entendis gémir quandmes doigts entrèrent en contact avec sa peau impatiente et

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ardente.Jen’avaisjamaisrienvuquivibreetdébordeautantdevieetdevitalitéqueRace.Jevoulaislemangertoutentier.

Ilfitglisserdemesépauleslachemisequejeluiavaisempruntéeetléchamapeaulelongdemaclavicule. Il répéta sa caresse en sens inverse et s’arrêta au milieu. Quand il releva la tête et memontracettefossettesexy,jesentisunfrissonenvahirtoutmoncorps.Alamanièredontlevertdesesyeuxs’étaitassombri,jesusqu’ilavaitsentimaréaction.Jedevaismedébarrasserdesonpantalonavantqu’ilnemefasseperdrelatête,cequiétaitsonintention,àmonavis,maisilbaissalatêteetpritl’undemestétonsdurcisdanssabouche.

Cenefutpasseulementlachaleurdesaboucheouletournoiementdesalangueautourdemontétonquimefirentarquerledosau-dessusdulit.Maissamanièredetoucherl’autreavecdouceuretrespect, sa façon de ronronner contrema peau frissonnante comme si j’étais une sorte de dessertdélicieuxdont il avait étéprivé jusqu’àmaintenant.C’était comme s’il allait utiliser tous lesoutilssensoriels à sa disposition pourme savourer, etmesmains en tremblaient, ce qui renditma tâcheconsistantàsortirsonérectionimposantehorsdesaprisondejeanplusdifficilequeprévu.

—Race?C’étaitunequestionetuneplainte.Ilsecontentadegrogneretlevalatêtedemonseintoutensehissantsurunbraspourm’aiderà

enleverlerestedesesvêtements.J’avaistoujourslesbrasdanssachemiseetquandjem’agitaipouren sortir, il secoua la tête, envoyant des mèches de cheveux blonds devant ses yeux brillants etsombres,pleinsdedésir.

—J’aimebientevoirentortilléedansmesaffaires.Ilattrapamesjambesdechaquecôtédeluietlesenroulaautourdesataille.Quandilsebaissaà

nouveausurmoi,lapartiedureetbrûlantedesonanatomieétaitpresséecontremachairfrémissanteetprêteà fondre. Jevoulais soulever leshanchespour le forceràentrer enmoi,mais ilposaunemainsurlecôtédemonvisageetdessinadesonindexlesourcilquej’avaishausséeninterrogation.

—Onnevapasfaireçacommeça,Bry.Ilembrassalehautdemajoue,puismatempe.Jefrottaimesmainsdehautenbassursescôtes,

enfaisantattentionàsoncorpstoujoursenrémission.—Qu’est-cequetuveuxdire?Il répétacesbaisersdélicatsetapaisantsde l’autrecôtéaumomentoùmoncorpssecambrait

involontairement contre le sien. Je sentais à quel point il était prêt, c’était évident aux perlesd’excitationchaudesethumidescontrel’intérieurdemacuisse,maispouruneraisonquej’ignorais,ilsetenaitàdistance.

— Un coup d’un soir et au revoir. On ne va pas se faire ça l’un à l’autre. Je me fouscomplètementdesraisons,aufinaltoutcequim’importec’estquetusoislà,ettantquetueslà,jenetedonneraiaucuneraisondeleregretter.

Sonregardbrûlaitlemienetilm’embrassa.Avecsabouche,avectoutsoncorpsquandilentrafinalementenmoi.Ilm’embrassaavecsesmainsquandellesprirentmonvisageentreleurspaumesrugueusespourquejenepuissepasdétournerleregard.Etilm’embrassaavecquelquechosedeplusprofond, qui avait plus de sens, tandis que je sentais son cœur sauter et danser contre lemien. Jesoulevaileshanchespourl’accueillirencoreplusprofondémentdansmoncorpscriantdedésir,etjeresserraimesjambesautourdelui.

—Cen’estpastoujoursfacile.Tun’espastoujoursfacile,maisjen’aiencorerienàregretter,Race.

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Jegoûtaicesmotsquandsonsoufflelesrenvoyaenmoietnoushaletâmesl’uncontrel’autretandisqu’ilplaçaitsesmainsdechaquecôtédematêteetcommençaitàbougerenmoi.Fairel’amouravecRaceétait toujoursdifférent.Chaquefoisquenoscorpsseconnectaient, jesentaisquechacunlaissaitdesmorceauxdesoiàl’autre.Jevissonregards’assombrirencore,sentisunaccrocdanssarespirationalorsquenospeauxglissantessefrottaientl’unecontrel’autre.

J’enfonçailesdentsdanslelobedesonoreille,embrassailapeausensiblederrière,etenfouislenezdanslecreuxdesoncoutandisquejesentaismoncorpsfrémirets’agitersouslui.Sonrythmes’accéléra et unede sesmainsdisparut entrenous.Ses coupsde reins se firentpluspressés, et lesmusclesetlesveinesdubrasquilesoutenaitsecontractèrentetgonflèrentdansunedémonstrationdeforce enivrante. Je voulais lui dire de ne pas s’embarrasser avec d’autres caresses, car j’y étaispresque.Sesmotsetsafaçondemeregarder,desepenchersanscessepourm’embrasser,defairel’amouràmaboucheaussiconsciencieusementqu’aurestedemoncorps, toutcelam’amenaitdéjàpresqueà l’orgasme.Jesentaisàquelpoint j’étaisembrasée,àquelpointmachairbrûlaitdedésirtandis qu’elle l’aspirait en moi, et la pièce entière exhalait le sexe et le whisky de luxe. C’étaitterriblementérotique.

MaisRace,égalà lui-même,avaitbesoind’aller toujoursplus loin.Ilchatouillamonnombrilavecsondoigt,cequimefitglousserdanslacourbedesonépaule.Puissesdoigtshabilesplongèrentà l’endroitoùnousétions jointsetdans les replishumidesdemonsexe,droitaubut. Ilutilisasonpoucepourappuyersurmonclitorisetenmêmetempssoulevaseshanchespourpouvoirentrerplusprofondémentencore.J’eneuslesoufflecoupéetjenepusgarderlesyeuxouvertssouslavaguedeplaisiretd’émotionquim’engloutissait.Jecriaipeut-êtresonnom,ouperdispeut-êtreconnaissanceune seconde, car soudain il accéléra pour arriver à l’orgasme et poussa ungrognement de plaisirdansmabouche,tandisqu’ils’affaissaitetunissaitnoslèvresdansundernierbaiserenflammé.

Nousrestâmesainsipendantunlongmoment.Rassasiésetapaisés.L’idéequ’ilyavaitbienplusque du sexe entre nous semblait doucement s’installer. Je dus finalementme tortiller un peu pourpouvoir respirer, car s’il n’était pas très corpulent, il était quandmême costaud et lourd, et je nevoulaispasrestercoincéedanslazonehumidedumatelas.Ilritquandjeleluidisetilnousfitroulervers l’autrecôtédu lit, se retrouvantau-dessouscette fois-ci. Ilm’aidaàmedéfairedesachemisedésespérémentfroisséeetilréussitjenesaiscommentànousgardercollésl’unàl’autre.Jen’allaispasm’enplaindre,j’aimaislesentircontremoi,etsafaçond’enroulerdesmèchesdemescheveuxautourdesesdoigtstoutencaressantmondosavecdegrandsmouvementsdélicatsdesapaume.

—Jepeuxteposerunequestion?demanda-t-il.Majoueétaitposéecontresoncœuretj’entendissaquestionvibreràtraversmoi.Jebâillaiet

mefrottailenezcontremonoreillervivant,durcommelapierre.—Est-cequeçavamemettreencolère?Parcequejemesensplutôttrèsbien,etçanem’arrive

passisouvent.Iljuraetsamainbaladeuseatterritsurmesfessesnues.Illeurdonnaunepetitetapeetricana.La

vibrationsediffusadansmoncorpsetjefrissonnaideplaisir.— Pourquoi tes parents t’ont donné un prénom d’homme ? Tu es clairement une fille très

féminine,etBrysen,ondiraitleprénomdugaminquitepiquetonargentdepocheenprimaire.Jegigotaiunpeuetsoupiraicontreluitandisquesamains’aventuraitplusbas.—J’étaiscenséeêtreungarçon.Aladernièreéchographie,letechnicienacruvoiruntrucentre

mesjambes,alorsmesparentsnes’attendaientpasàavoirunefille.Ilsavaientdéjàpeintlachambreenbleuetchoisiunnom.Etpuisj’aidébarqué,etjecroisqu’ilsétaienttropparesseuxoupasassezimpliquéspourchangerdeprénom.

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Jehaussailesépaulesetl’embrassaisurletorse.—Jeledétestaisquandj’étaispetite,maisj’aiapprisàl’accepter.J’aiétéunpeuobligéedem’y

fairequandKarsenestarrivéeetqu’ilsluiontaussidonnéunprénomdegarçon.Il bougea légèrement ses jambes et je sentis son sexe s’agiter en moi. J’étais prête pour un

somme,maisapparemmentRace,danstoutesasplendeursurnaturelle,étaitprêtpourladeuxièmemi-temps.Jelevailatêteetposaimonmentonsurledosdemamain,enappuisursoncœur.Jehaussailessourcilsetluidécochaiunpetitsourire.

—Sérieux?Ilmemontrasa fossetteet jegrognai,carc’étaitunmoyen infaillibledemefairecraquer. Je

sentismachair,danslaquelleilétaitblotti,seresserrerautourdeluienuneinvitationexplicite.Illevalesbrasau-dessusdesatête,m’offrantunfestinvisueldemusclesquimemettaitl’eauàlabouche.

—Commejel’aidit,tuaspeut-êtreunnomdegarçon,maistuescomplètementféminine,dit-ilavecunregardconcupiscentquiparatoutmoncorpsdénudédechairdepoule.Alorstesparentsonttoujoursétéunpeuàlaramasse?

Jenemefaisaispasàsonhabitudedefairedel’après-sexeunmomentdepartagedenospassés,maisilm’apaisaittoutenm’excitantetj’étaistropdétenduepourdébattredelapertinencedumomentetdel’endroit.

—Jen’yaijamaisvraimentpensé.Onatoujourseuunebellemaison,etKarsenetmoiavionstoujoursdesvêtementsneufsetallionsdansuneécoleplutôtbien.Onn’ajamaisétérichescommelesgensdeTheHill,maisonétaitloind’êtrepauvres.JenesavaisriendeThePointoudel’autrecôtédela rue avant l’accident de ma mère. Quand elle a perdu son travail, je crois que les choses ontvraimentcommencéàsedégraderpourmesparents.Onétaittoujoursplusoumoinsseules,Karsenetmoi,detoutemanière.Alorsj’aijustefaitcequejepensaisdevoirfaire.

—Tuessayaisdegarderlafamilleunie.J’acquiesçaietbougeailégèrementleshanches,cequilefithaleter.J’aimaisbienavoircegenre

depouvoir surquelqu’unqui était capablededémanteler tousmesdoutes sans lever lepetitdoigt.C’étaitaussiunpeugrisantdesavoirque j’exerçaisun telmagnétismesexuel surunhommeaussipuissantqueRace.

—J’aipensépendantlongtempsquejeleurdevaisça.Ilsavaientprissoindemoi,dumoinsensurface.C’étaitdoncàmontourderentreràlamaisonetdeprendresoind’eux,maisjen’avaispasréaliséqu’ilssouffraientdeblessuresqu’ilss’étaienteux-mêmesinfligées.

Il grogna et remua les hanches d’un air impatient.Mon ventre était parcouru de picotementsdélicieux ;c’étaient lespréliminaires lesplusenivrants, lesplusdouxet intimesque j’avais jamaiseus.Jetournailatête,caressaideslèvresleborddesontétonetl’observaisedurcirenréponse.

—Comment tamère a fait pour échapper à une accusation alors qu’elle a tué quelqu’un enconduisantenétatd’ivresse?

Jefrottaileboutdemonnezcontresonboutondechairetsoupiraiprofondément.—Elles’estblesséeaudos.Elleaétéhospitaliséependanttrèslongtemps.Jecroisquepersonne

n’ajamaisvraimentprouvéqu’elleétaitivre.Aucuntestsanguinn’aétéfaitsurelle.Lafamilledelavictimeareçudesdommageset intérêts,et jecroisquemonpèreleuraproposéunpot-de-vin.IlsvenaientdeThePoint,ilsl’ontsûrementacceptéetsontpassésàautrechose.Jevivaisdemoncôtéquandtouts’esteffondré,sibienquejenesaisquecequis’estpasséensuite.Toutçaaétéunesalehistoiredudébutàlafin.

Samainrevintmecaresser les fesses tandisqu’unedeses jambesdéplaçaitmongenousur lecôté.Jelesentaisgonfleretdurcirenmoi.

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—Est-cequetamèreatoujoursétéaussiingérable?Sonautremainglissasousmescheveuxpourcaressermanuque.Sonpoucemassaitlesmuscles

demoncouetjemefrottaicontreluicommeunechatte.—Ellea toujoursété imprévisibleetd’humeurchangeante.C’étaitpresqueamusantquandon

étaitpetites.Jenesavaispasqu’ils’agissaitdedépressionouquec’étaitdangereuxavantledébutdel’adolescence.Elle a été sous traitement pendant unmoment,mais quandmonpère a commencé àtravaillerdeplusenplus,jecroisqu’elleaarrêtédeprendresescachetsets’esttournéeversl’alcoolpouressayerd’attirersonattention.Elleestaucourantpoursesparisetelleaacceptédesefaireaiderpoursespropresaddictions.Maintenant,jedoisjustetrouvercommentfairepourpayer.L’endroitlemoinscherquipourraitl’aiderdemandequandmêmequinzemilledollarsparpatient.

Ilseraclalagorgeetjel’entendispresquepenser.J’auraisdûmedouterquelecerveaudeRaceétaitaussibrillantetcomplexequetoutlerestedesapersonne.

Ilm’embrassasurlehautdelatêteetpassalesmainssurlacourbedemesfessesetlelongdemeshanches,sescaresseslégèressemantdesfrissonsetdespicotementssurleurpassage.Jesentaisles muscles de mon sexe se tendre et l’enserrer involontairement. Avec un petit gémissement, jepoussaisurmesmainsplaquéessursontorseetbaissailesyeuxsurlui.J’adoraislafaçondontsesyeuxpassaientd’unecouleuràuneautre.Ilnepourraitjamaiscachercombienilmedésirait,etàcetteidéemoncœur segonfla. Il était agrippé àmeshanches et je pouvais sentir que son érection étaitmaintenantcomplète.Sesjouesseteintèrentderougeetilmesourit.Ilressemblaitàunsouveraindestempsanciens,satisfaitaprèslaconquêted’uneterreétrangère.

Avantqu’ilnepuissemeretourneretnousfaireroulerànouveau,jeprissonvisagebientropbeauentremesmains.Jecaressaisafossetteavecmonpouceethaussaiunsourcil.

—Ettoi?Ilfronçalessourcils.—Commentça,etmoi?Pourquoitouslesgarçonsétaient-ilsaussitêtus?D’accord,ilétaithyper-excitéetprêtàpasserà

l’action,maisjen’allaispasluiservirtoutmonpassésurunplateauetnerienattendreenretour.—Ettoi,commentelleétaittafamille?Ilsoupiraetsecoualatête.—Mafamille,c’estBaxetDovie.MêmelefrèredeBax,Titus,dansunecertainemesure,mais

ças’arrêtelà.Monpèreestunsalopardsansaucunemorale,auxtendancesmeurtrièresetjepensaisquemamère était trop délicate pour l’admettre. Il s’est avéré qu’elle aime vraiment cemonstre àl’exclusiondetouslesautres.Aumieux,jelatolère.J’aihontequeleursangcouleenmoi.

Jesavaisqu’ilexistaitdesdissensionsdanssafamille,qu’ilavaitétéreniéetqu’ilyavaiteudesproblèmesavecsonpèrequirefusaitdereconnaîtreDovie,maisjenepensaispasquel’aversiondeRacepoursesparentsétaitaussiforteetaussiprofonde.

—Jesuisdésolée.—Tun’aspasàêtredésolée.J’étaisunabruti,ungossederichepourrigâtéquandjevivaisavec

eux.Ilm’afallumefaireuneplacedanslemonde,trouvermavraiefamilleetmonvraifoyer,pourcomprendreàquoitenaitvraimentlavie.

Sesyeuxbrillèrentmalicieusementetunedesesmainspassademahancheà lacourbedemacuisseavantdedisparaîtredansmonintimitéhumideetdéjàprête.

—Jesaisapprécierunebonnechosequandellemetombedessus,Brysen.Net’inquiètepaspourça.

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J’auraisbienrépondu,maisilutilisaitleboutdesesdoigtspourjoueravecmonclitoris,etmoncerveauchoisitdeseconcentrersurleplaisirqu’ilmeprocuraitetsursonregardsexyetinsistant.Jenepouvaisplusresterassisesurluialorsquenousétionsentraindenousexcitermutuellement.Jecrois que c’était son intention. Je déplaçaimesmains pour les poser sur la ligne dessinée de sesabdominauxetmemisàbougerlentementau-dessusdelui,tandisquesesdoigtss’agitaiententremescuisses,intensifianttoutel’excitationdenoscorpssemouvantl’uncontrel’autre.Jesentissonventresecontracteretilpinçal’undemestétons.Bonsang,qu’ilétaitdouépourfaireplusieurschosesàlafois!Ilexcellaitdanstoutcequ’ilentreprenait,ettandisquejeremuaissurlui,etqu’ilmecaressait,mecâlinaitjusqu’àcequej’atteigneunnouvelorgasmeétourdissant,jemedemandaisitoutcetalentsuffiraitàeffacersoncôtésombrequi,jelesavais,nesecachaitpasbienloin.

***

Ilm’épuisa.Nousrestâmeséveilléstoutelanuit,etilnemelaissaunpeuderépitquelorsquejeluidisquejedevaisaumoinsenvoyerunmessageàKarsenpourlaprévenirquejenerentreraispas.Jenepusdormirquebienaprèsleleverdusoleilet,preuvequej’étaisexténuée,lebruitmontantdugaragelorsquelesgarsvinrenttravaillernemedérangeamêmepas.

Jefinisparouvrirpéniblementlespaupièresquandlematelass’enfonçaàcôtédemonépauleetqu’unetassedecaféapparutdevantmesyeux.Jesentisunbaisersurmatempeetmerelevaiàgrand-peine,repoussantmescheveuxdemonvisage.

RaceportaitunjeanfoncéetunpullgrisàcolenV.Sescheveuxétaienthumidesetiln’avaitpasprislapeinedeseraser.Ilétaitàcroquer,maissonvisageétaitsérieux.

—Bonjour.Jebusunegorgéedecaféetréalisaiquej’étaisassisenuesurlelitalorsqu’ilétaittouthabillé.

J’essayaideremonterlacouverturesurmoi,maisilritetlamithorsdeportée.—Situavaisdescourscematin,tulesasratés.Etmerde.Ilcroisalesbrassurlapoitrineetbaissalesyeuxsurmoiavecl’expressionquejecommençais

àconnaître:cellequidisaitquequelquechosen’allaitpas.—Tutesouviensquandjet’aidithiersoirqu’onauraitàdiscuterduprof-assistant?Commentpouvais-jemesouvenird’autrechosequedetouteslesmerveillesquesesmainsetsa

bouchem’avaientfaitestoutelanuit?—Tuveuxbienmelancerunechemiseouquelquechose?Peut-êtrequeçamerafraîchira la

mémoire.Il haussa un sourcil et alla fouiller dans l’unique placard. Il revint avec un T-shirt noir que

j’enfilai.Laprochainefoisquejemedéshabilleraispourl’attendresurlelit,ilfaudraitquejepenseàlaissermesvêtementsàportéedemain.

Une fois couverte, je coinçai mes cheveux derrière les oreilles et lui lançai un regardinterrogateur.

—Qu’est-cequetuveuxmediresurleprof-assistant?— Il a très vite avoué qu’il avait volontairement baissé tes notes pour tenter de ruiner ta

moyenne.Chaquepetitdétailqu’ilpouvaittrouver,ill’utilisaitpourt’enleverdespoints.Jericanai.Racefaisaitbienquinzecentimètresdeplusquemonennemijuré,etenaucuncasun

universitaire habitué aux débats savants n’aurait pu tenir tête à toute l’arrogance confiante et àl’intensitéd’ungarscommeRace.AjoutezBax,quiavaitl’aird’uncriminelsansmêmelevouloir,et

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jetrouvaiimpressionnantqu’Elliotl’assistantn’aitpasfaitsesvalisesetdéménagépourunautreEtataprèslesmenaces.

—Quelnaze.Justeparcequejen’aipasvoulusortiraveclui.Racegrimaça.—Non,c’estdeçaque jeveux teparler. Ilétaitvexéque tu luidisesnon,maiscen’étaitpas

vraimentunproblèmejusqu’àcequequelqu’unluienvoiedesmessagesetdesmailsensemoquantdelui,endévoilantsavieprivéepourleridiculiseretl’humilier.

J’étaisstupéfaite.—Quoi?—Quelqu’un se faisant passer pour toi lui a envoyé des trucs vraimentméchants. Des trucs

violentsquiauraienténervén’importequi.C’étaitpartoutsurlesréseauxsociaux,enpleinsoussonnez.Ilt’asaquéepoursevenger.

Jefaillislaissertomberlatassedecafésurlelit.—Jen’aipasfaitça.Jeneferaisjamaisunechosepareille.Jen’aimêmepasdeFacebookoude

Twitteretjeneluiaijamaisenvoyédemessage!Jeluiaipeut-êtreenvoyéunmailpourlescours,maisc’esttout.

J’avaisdésespérémentbesoinqu’ilmecroie.Jenevoulaispasqu’ilmepenseresponsabledecequim’arrivaitalorsqu’ilm’avaitdéfendue.

—Bry,calme-toi.Ilpassalamaindansmescheveuxetlalaissatombersurmonépaule.—J’aipassétonordinateuraupeignefinpourrécupérerdesdonnées.Jesaisquetun’yespour

rien,maisçan’empêchepasquequelqu’unsefaisantpasserpourtoil’afait.Quelqu’unaessayédeterenverser,etmaintenantquelqu’unessaiedefoutretavieenl’aird’unemanièreplusinsidieuse.Detouteévidence,cettepersonneestsérieusementobsédéepartoi,etj’aibesoindesavoirquic’est.

—C’estcomplètementfou.—Je sais. Je dois voirTitus à proposde certaines choses, et après je vais apporter ton vieil

ordinateuràunamipourvoirs’ilpeutsortirplusd’infosquemoi.Jevaisaussiluidemanders’ilpeuttrouverd’oùétaientenvoyéeslesdonnéesdu«fauxtoi».

Jenepouvaisqueleregarderbêtement.Jenesavaispasquoidire.Iltouchamonmentonavecledosdesamainetfitclaquersalangue.

—Net’inquiètepas,onvaarrangerça.—Avantouaprèsquejeperdetout?—Siquelqu’unveutteprendreautrechose,ilfaudrad’abordqu’ilmepassedessus.Ilposasabouchesurlamiennepuisseredressaetpassalesmainsdanssescheveux,ébouriffant

sesmèchesblondes.—Aufait,j’aipeut-êtreuneidéepourt’aideravectamère.J’eusunmouvementdereculautomatiqueetbalançaimesjambesauborddulit.—Jenevaispast’emprunterquinzemilledollars,Race.Jenepourraijamaislesrembourser,et

l’idéedeteprendreautantd’argentalorsqu’oncoucheensemblemedonnelanausée.Iljuraetcroisalesbrassursapoitrinelarge.—Onfaitplusquecoucherensemble,mets-toiçadanstajolietêtedèsmaintenant.Ettusaisque

jeneledisaispasdanscesens.Undesmecsquimedoiventdel’argentasesentréesdansuncentrededésintoxication. Ça ne sera pas dans le meilleur quartier de la ville, mais je pense pouvoir fairequelquechose.

Jelaissaitombermatêtesurmesgenoux.

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—Désolée.C’est juste que je n’ai pas l’habitudeque les gensmeviennent en aide.C’est uneréaction instinctive. Et puis, cette situation est vraiment pourrie, et je ne veux pas t’entraîner là-dedans.

Jepoussaiunpetitrireetleregardaienpenchantlatête.—Cemec,c’estencoreundetessous-fifres?Ilgrognaetsedirigeaverslakitchenettepourprendresesclés.—Non.Unmecplutôtnormalquiaimepariersurlebase-ball.Maissonéquipeafaituneannée

merdiqueetmaintenantilestdanslepétrin.Ilaessayédes’ensortir,maistoutcequ’ilafaitjusqu’ici,c’estcreuserunpeuplussontrou.Si je lui laisseunechancedes’entirerentrouvantunesolutionpour ta mère, je crois qu’il sautera sur l’occasion. Je ne te promets rien, mais ça vaut le coupd’essayer.

Ilrevintversmoietmedonnaunbaiserquim’incitaàmefrottercontrelui.—Jet’appellebientôtpourteteniraucourant.Jeleregardaipartirnonchalammentetrestailààméditersurlanouvelleorientationdemavie.

Comment, alors que j’étais bloquée et pétrifiée dans une existence qui n’était que l’ombre de cequ’elleauraitdûêtre,m’étais-jeretrouvéeaubeaumilieud’uneviepleinededangersauxcôtésd’unhommecommeRace?J’étaistrèsheureusequ’ilveuilles’impliquerpouressayerderéparertoutcequiavaitvoléenéclatscesdernièresannées,maiscelamerendaitaussiméfiante.

Racesavaitmanifestementrésoudrelesproblèmes,ilavaittoujoursréponseàtout,maisquandjeluiavaisdemandécequ’ilenétaitdel’avenirdemonpère,ilétaitrestévague.J’appréciaisRace,jen’étaissansdoutepastrèsloindetomberamoureusedelui,maisjenesauraispascommentgérerlasituations’il finissaitpar fairedumalàmonpère. Ilmesemblaitque jedevais toujoursmebattreaveccettecontradictionquandils’agissaitdelui.Ilpouvaitfairequelquechosed’aussimerveilleuxquedem’aideràfourniràmamèrelessoinsdontelleavaitdésespérémentbesoin,puischangerdecapetmenacermonpère.Jenepouvaispasmefaireàl’idéed’avoirdessentimentspourunhommecapabledefairecesdeuxchosesenmêmetemps.

Décidant que je ne trouverais pas de réponse concrète à ce dilemme pour le moment, voirejamais,jemetiraidulitetallaiprendreunedoucheafindemerendreprésentablepourlajournée.Jeremismesvêtementsdelaveilleetdécidaidesécherlerestedescoursdelajournéeetdesimplementallerautravailcesoir.Jecherchaipartoutquelquechoseàmangerdansl’espaceminusculedeRace,envain.Jenesavaispascommentilpouvaitvivrecommeça.Ilyavaitbiendesavantagesàmeneruneviesimplesanss’encombrerdechosesinutiles,maisilgardaitcettevoitureimpressionnanteetj’avaisvucommentils’habillait.Ilmenaitunevieminimalisteàl’extrême,etjeleconnaissaisassezbiendésormaispoursavoirqu’ilyavaituneraisonàcela.

Monestomacgargouillantnemepermettantplusdemebaladerdansleloftsansrienmanger,jedescendis l’escalier jusqu’au garage. Bax sortit immédiatement la tête de son bureau quand ilm’aperçut.Apparemment,Racen’étaitpaslaseulepersonneàgarderunœilsurmoi,danslecoin.Ilm’adressa un signe du menton puis s’apprêta à repartir dans son bureau quand je l’appelai. Il seretournaetappuyauneépaulemusculeusecontrel’encadrementdelaporte.

Jemarchai vers lui et, laissant de côté toute la peur et toutes les questions que j’avais à sonégard,jepassaiunemainderrièresatailleetleserraicontremoi.Jelesentisseraidiretsereculer.

—Maisqu’est-cequetufous?Sessourcilsétaienthautssursonfrontetl’étoiletatouéeàcôtédesonœiltressautait.Baxn’était

apparemmentpaslegenredemecqu’onpouvaitserrerdanssesbrasdansunélandegratitude.

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—Jevoulaisjusteteremercierd’avoirobtenudecetabrutiqu’ilseretiredemoncours.Ohettune connaîtrais pas quelqu’un qui serait intéressé pour acheter ma voiture ? Je dois encore enrembourserunepartie,maisjedevraisretirerassezdelaventepourprendreunpetitappartquelquepart,pourmasœuretmoi.

—Dismerciavecdesmots,pasavecdesgestes.Toutceque j’ai fait,c’estmemontrer.Raceétait furieux et le gars l’a senti. Quelqu’un qui plombe ta vie comme ça ne veut pas seulement teblesser,maiscarrémentfoutreenl’airtaviedel’intérieur.

Jememordislalèvre.—Raceditquec’estquelqu’unquiestvraimentobsédéparmoi.Ilacquiesça,leregardsombreetsérieux.—Ondiraitbien.Bon,jenepouvaisrienyfairepourlemoment,pasavantd’avoiraumoinsuneidéedequiça

pouvaitêtre.—Tumediraspourlavoiture?—Jevaisvoir.LesBMWsevendenttoujours,maistusaisqueRacevapéterlesplombssitute

débarrassesdecettevoitureetsituvienshabiterdanslecoin.—Racenepeutpasréglertousmesproblèmes.Ilm’aidedéjàbienassezcommeça.Baxgrognaet se retournapour rentrerdans sonbureau,maispasavantdem’avoirditd’une

manièretrèsterreàterre:—Situluiprésentesunproblème,ilvaessayerdelerégler.C’estcequ’ilfaitpourlesgensqui

comptentpour lui,etsi tu le laissespas t’aider, ilprendraleschosesenmaindetoutefaçon.Neleforcepasàagirdanstondospouravoiruneexcusepourtemettreencolèrecontreluiaprèscoup.Ceseraitpasjuste,etvousêtestouslesdeuxtropintelligentspourça.

—Enquoiçateregarde,Bax?Il me foudroya du regard par-dessus son épaule et je le vis fouiller dans ses poches pour

prendresescigarettes.—Raceetmoi,onaune longuehistoire.Engrossepartiebonne,maisavecaussipasmalde

trucsmauvais.J’aimesasœuretgrâceàelle,jesaiscequec’estd’aimeraupointdepouvoirdétruiretoutelavillepourquelqu’un.Racesupprimeratoutcequireprésenteraunemenacepourtoi,alorstudois faire attention à lui. Etre avec des mecs comme nous… C’est comme être amoureuse d’unflinguechargédonttueslecrandesécurité.

Jevoulusluidirequejen’étaispasamoureusedeRaceetqueplusrienenmoinepouvait luiservir de sécurité,mais les yeux sombres deBax voyaient la vérité, alors je neme fatiguai pas àmentir.Jefissimplementdemi-touretpartis,medemandantcommentjepouvaisêtre lasécuritédeRacesijenesavaismêmepascommentmeservird’unearme.

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14

Race

—Tonpèreestunsacrénuméro.Je tapotais impatiemmentdesdoigts sur la table et observaisTitusd’unœil torve tandisqu’il

engloutissaitunhamburgeretdesfrites.Ilavaitrejetésacravatepar-dessussonépauleetilavaitdelamoutarde sur le menton, mais il parvenait encore à garder un air dur et impressionnant, d’unemanièredifférentedeBax.Ilsemblaitaussicomplètementépuisé,commes’iln’avaitpasvudelitoufaitunebonnenuitdepuisdesjours.

—Tumedisçaàmoi,marmonnai-je.Nousétionsdansun restaurantdécrépit en facede soncommissariat et l’endroit grouillait de

flics. Certains portaient l’uniforme, d’autres non, et tousme regardaient de travers, se demandantmanifestementcequejepouvaisbienfaireparmieux.C’étaitcommeinviterleloupàdîneravecletroupeauetçaneleurplaisaitpasdutout.Çam’auraitpeut-êtreplusdérangésiTitusavaiteul’airdes’eninquiéter,maisilnefaisaitquesegoinfreralorsquej’essayaisdeluisoutirerdesinformationsàpropos demon père.Mamission aurait été plus simple s’il avait arrêté de changer de sujet pourparlerdescorpsretrouvésetdequiavaitpuagresserRoxie.

—Tun’asvraimentaucuneidéedequipourraitêtrederrièreça?Ilposacettequestionlabouchepleinedefrites,etjelevailesyeuxauciel.—Est-cequetucroisvraimentquesic’étaitlecas,jenetel’auraispasdit,àtoiouàBax?Ilest

furieuxàproposdecequiestarrivéàRoxie.QuantàNassir,iln’aimepasquequelqu’unperturbesesaffaires.Danslesdeuxcas,sijesavaisquelquechose,onauraitdéjàuncadavrequelquepart.

Ilmanquades’étoufferetpritsaboisson.—Tunepeuxpasmediredestrucscommeça,Race.Jesuisflic.Jemecontentaidehausserlesépaules.

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—C’estlavérité.—C’estpeut-êtrevrai,maisdiredestrucspareils,ças’appelledelapréméditation.—Personnenesaitrien,Titus.Ilm’observaensilencependantquelquessecondes,puisremitsacravateenplace.Ils’essuyale

visageetlesmainsavantdepoussersurlecôtéleplateaucomplètementvide.—Tonpèrecroitqu’ilpeutjouersurlesdeuxplans.Ilcroitqu’ilpeutdonnerjusteassezauFBI

poursegarantirlaprotectiondestémoins,maispastouteslesinfos,pourêtrequandmêmecouvertparrapportauxgarsdeNovakquisontencorevivants.

Jericanai.Çaressemblaitbienàmonpère.Ilcherchaittoujoursunmoyendetournerlasituationàsonavantage.

—LeFBIagelétoussesbiens.—C’estplutôtnormaldansuneaffairequirentredansla loiRICO.Lescriminelsnesontpas

autorisésàutiliserdel’argentsalepourpayerleurdéfense.—C’estquoileschancesqu’ils’entireetrejoigneleprogramme?Titusjuraetfronçalessourcils.—Novak n’étant plus là, le procureur risquemoins de se déchaîner surBenny et le reste de

l’équipe.Ils’intéresseplutôtàdelachairfraîche.Jenemanquaipas le sous-entendudans savoixni lamanièredont sesyeuxbleus soutenaient

monregard.—Tonpèrepourraitdonctrèsbientémoignerdevantlegrandjury,puisdisparaître.Jesentismesdentsdufondseresserrer.—IlaessayédefairetuerDovie.Titusselaissaallercontrelabanquetteethochalatête.—Jesais,maislesystèmejudiciairemetlaprioritésurletraficd’armes,dedrogueetdesexe

quegéraitNovak.Ilsveulentlesconnexionsdesonréseauetsesfournisseurs,etpourlesobtenir,ilsfontdesoffresàdesgenscommetonpèreetBennypourlesinciteràparler.

Jegrognai.—Offrirunenouvellevieàmonpèreestdéjàinacceptable,maissiBaxapprenaitqueBennya

bénéficiédecegenredetraitementdefaveur,ildeviendraitfou.Saboucheprituneexpressionsévèreetsonregardsedurcit.—Jesais.C’estpourçaquejeneluiaitoujoursriendit.LeFBIpensequetamèreensaitplus

quecequ’elledit.Ilsl’ontfaitvenirdeuxfoispourl’interroger.—Jenecroispasqu’ellesavait.Ellel’ajustesuiviaveuglément.Titusme fixa.Putain,c’étaitdéjàassez insupportabledepenserquemonpèreétaitcapablede

tuersapropredescendance.Simamèreavaitsuetqu’elleétaitrestéeplantéelàsansrienfaire…Mafamilleétaitvraimentcomplètementpourrie.

—Danslesdeuxcas,monpèrenepeutpass’entirercommeça.—Si,s’ilobtientuneoffre.—LeFBIpeutlemettredanslesystème,Titus,maisjeleretrouverai.Iljuradanssabarbe.—Race,nemesorspascegenredeconneries,surtoutquandjesaisquetoutcequetumijotes

impliqueramoncrétindefrère.Surce,jechangeaidesujet.J’enavaisassezquelemalenvahissetoutcequicomposaitmavie,

etmonpèrefaisaitdéfinitivementpartiedumal.

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—Bon,lemecquiharcèlemacopineestpasséaustadesupérieur.Enplusdevouloirlablesserphysiquement, il a essayé de détruire sa vie de l’intérieur. Il a presque réussi à bousiller tout sonsemestre,cequiluiauraitfaitratersondiplôme.

Ilpenchalatêtesurlecôté.—Tacopine?—Ouais,macopine.Ellel’étaitbeletbien.Ellereprésentaitlelienparfaitentrelapersonnequej’étaisavantetcelle

quejedevaisêtrepoursurvivre.Etjen’allaissûrementpaslalaisserfileralorsqu’avecellec’étaitsisimpleetsiagréablederedevenirmoi-même.

—Tuessûrqu’ellen’apasunexencolèreoupeut-êtreunancienamiàquielleafaitunsalecoup?Quandunharceleurfaitl’effortdedétruirelaviedel’objetdesonobsession,c’estengénéralpouressayerd’isolerlavictime,pourlaforcerensuiteàsetournerversluipourdemanderdel’aide.

—Ellejurequepersonnedanssonpassén’aderaisonderuinersavie.Il passa son pouce le long de samâchoire et je pus presque voir son raisonnement de flic à

l’œuvredanssatête.—Quiquesoitcettepersonne,elleaemmagasinéuneénormecolèrecontreelleetlaconsidère

manifestementcommeunecible,commeunesortedefigureimportantedanssavie.Etlerestedesafamille?Est-cequeleharceleurpourraits’enprendreàellepourlespunireux?

Jeclignaidesyeuxunefois,puisdeux,etsentislapeurs’installerdansmonventre.— Son père me doit plus de trois cent mille dollars et sa mère est un déchet alcoolique

émotionnellementinstable.IlyadequoiêtrevraimenténervécontreeuxetlefairepayeràBrysen.Ilacquiesçad’unairsombre.—Est-cequ’elletelaisserafouillerdanslelingesaledelafamille?—Ellesaitdéjà,poursonpèreetl’argent.Ellem’aditquesamèrecherchaitàsefairesoigner.

Jecroisqu’elleacauséunaccidentvraimentgraveilyaunan,danslequelunhommeaététué.Dès que les mots sortirent de ma bouche, nous restâmes sans bouger, prenant pleinement

consciencedelasituation.JejuraietTitussepenchaenavant.—Est-cequ’ilyaeudessurvivants?—Oui.Brysenm’aditqueseullepèreavaitététué.— Une famille en deuil est déjà un bon point de départ. Laisse-moi chercher le rapport

d’accidentetjeverraicequejepeuxsortircommeinfo.—Merci,Titus.—Enretour,tumetransmettrastouteinfosurl’hommemystérieuxàl’accent.—Sij’entendsquelquechose,jeteleferaisavoir.Nous allions tous les deux nous lever de la banquette quand il m’arrêta en posant unemain

lourdesurmonépaule.—Cette affaire avec ton père, je laisserais tomber à ta place,Race.La pire punition pour ce

genre d’ordure serait de vivre quelque part dans l’Iowa, avec une indemnité versée par legouvernementluipermettantdemeneruneviedeclassemoyenne.Unevieoùilneseraitpersonneetneposséderaitrien,etc’estbienpirequelamortpourunhommecommelui.

J’allais luirépondrequeseulelamortétaitappropriéepourunhommeprêtà tuersonpropreenfantjustepouréviterdesquestionsembarrassantes,lorsquelaported’entrées’ouvritbrusquementetqu’unagentenuniformeentraencourant.

—AquiestlaMustang?J’échangeaiunregardavecTitusetmelevai.

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—LaMustang1966estàmoi.— J’ai déjà appelé les pompiers, mais vous voudrez peut-être aller voir. L’engin était

complètementenflammesquandjesuisarrivédansleparking.J’utilisai absolument tous les jurons que je connaissais et sortis à toute vitesse du restaurant,

Titus sur les talons. Sans surprise, une foule entourait ma voiture tandis que des flammes jaune-oranges’élevaientau-dessusdelapeinturerougecerise.L’odeurd’essenceetdefuméeétaitpresqueétouffanteetquelquesagentstentaientd’éloignerlafouledubrasier.

—Race.JeregardaiTitusducoindel’œiletgrondai:—Nedisrien.Putain,j’adoraiscettevoiture.Ilm’ignora.Onentendaitdessirènesauloin.—Quandtuastellementd’ennemisquetunesaismêmeplusdequitudoisteprotéger…Ilmarquaunepausepourêtresûrquejecomprenaiscequ’ildisait.—C’estquetuesdansunesituationvraimenttrèsdangereuse.Jegrimaçaitandisquelesflammeschauffaienttellementquelepare-brisesecassaets’effondra

àl’intérieurdelavoiture.Elleétaitfichue,etunepetitepartiedemoncœurenétaitbrisée.C’étaitlapremièrevoiturequejem’étaisachetéesansl’argentdemonpère.ElleétaitenmauvaisétatavantqueBaxnefassedesmerveillessurelle.C’étaitlaseulechosequim’appartenaitvraiment,etcedepuisletoutdébut.Etmaintenant,cen’étaitplusqu’untasdemétalnoircietdecaoutchoucfondu.J’enavaismalaucœuretjesentaislaragecoulerenmoi.

—Tupensesquec’estl’hommeàl’accentouc’estenrapportavectacopine?Jen’enavaisaucuneidée,etdanslesdeuxcas,peuimportait.Celuiquiavaitfaitçaallaitmele

payer. Je ne répondis rien. Je serrai fermement les mâchoires tandis que le camion de pompiersentraitdansleparkingetprojetaitdel’eauàhautepressionsurletasdeferraillequiétaitautrefoismamagnifiquevoiture.La foule sedispersaet ilne restaplusqueTitusetmoidans leparking. Ilmedonnaunetapesurl’épauleetmesecoualégèrement.

— Le commissariat a des caméras. Je vais voir si on a des images de lui ou une plaqued’immatriculation.Laisse-moiterameneraugarage.

Jesoufflaifaiblementetpassailesmainssurmonvisage.—D’accord.Jedevaisencoreallervoirmonpotespécialisteen informatiquepour l’ordinateurdeBrysen,

maisjenepouvaispaslefairesansvoiture.C’étaitunebonnechosequ’onaitjustementunsurplusaugarage.

Jemontaidanslabanaleberlinedeflicetfermailesyeux.Jememassailestempesleplusfortpossible.L’attaquedelaMustangmeramenaitàtoutesmespenséessombresetàlapeurdeperdrecequicomptaitpourmoi.J’étaisobsédéparunefillequiavaitunpsychopatheàsestrousses,masœurétait amoureuse de l’homme le plus dangereux de The Point, et mon partenaire en affaires étaitcapabledemetuersuruncoupdetête.Toutçamedonnaitl’impressionquemapeauétaittropétroitepourmon corps, et une nervosité bourdonnante ébranlaitma capacité à contrôler la situation et àrationaliser les problèmes. The Point déciderait de mon destin, mais si quelque chose arrivait àDovie, à Brysen, oumême àmonmeilleur ami apparemment invincible, çame briserait, et je lesavais.

Quandnousarrivâmesaugarage,c’étaitlafindel’après-midietpresquetoutel’équipedeBaxétait sur lepointdepartir,mais sonHemiétait toujoursdans leparking. Jenevoulaispasavoir àexpliquer pourquoi j’étais avec Titus et pas dans ma voiture, mais Bax marchait déjà dans notre

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direction en fumant une cigarette, le téléphone à l’oreille. Il jeta un regard écœuré à la berlinequelconquedesonfrèrepuisnousregarda.

—Commenttuveuxrattraperquelqu’unaveccettemerde?Ildonnauncoupdepieddansl’aile,maiss’écartaquandTitustentadeluibalanceruncoupde

poingenpleinetête.—Tunediraispasçasituvoyaiscequ’elleasouslecapot.C’estunevoituredeflic,crétin,elle

estcenséesefondredanslamasse.Baxricanaetjetasacigaretteparterre.—Elleestoù,laMustang?Jepassailesmainsdansmescheveuxettiraisurlesmèchesclaires,frustré.—Fonduedansleparkingdurestoenfaceducommissariat.Sesyeuxsombresfaillirentluisortirdelatêteetilmeregarda,bouchebée.Jesoupiraietlâchai

d’untonabrupt:—Titusvavoirsiceluiquil’aflambéeapparaîtsurlavidéosurveillance,maisjenesaispassi

c’estrapportàmonboulotousic’estletaréquienveutàBry.Ilhaussaunsourcil.—Siça,c’estpasdelapoisse…—Ouais.Jedoisrécupérerunevoiturepourlerestedelasoirée.J’aideschosesàfaire.Ilfrottaleborddesonpoucesursonmenton,d’ungesteétrangementsimilaireàceluideTitus,

etmeditd’untonneutre:—PourquoitudemandespasàtameufdetevendrelaBMWpourlaquelleellem’ademandéde

trouverunacheteuraujourd’hui?Jesentismacolonneseraidirbrusquementetmesdentsseserrer.—Quoi?Impossibledenepaspercevoirlasurpriseetl’irritationcontenuesdansmonuniquemot.BaxmelançaunsouriresuffisantetdemandaàTitusd’ouvrirlecapotdesaberline.—Elle a dit qu’elle avait besoinde la vendre pour prendre un appart pour elle et sa sœur, à

causede sonpèrequi estunegrossemerde, tout ça. Je lui ai réponduqu’elledevaitvoir avec toi,parcequeaveclathunedelacaisseellepourraitjustesepayeruntrucpourri.

—Ellenevapasdéménagerdanslesquartiersmalfamésavecsasœur.Iln’enétaitpasquestion.— Je lui ai dit que c’était ce que tu dirais. Finalement, elle a des couilles d’affronter cette

situationdemerdesansflipperdesesacrifier.Jelatrouveunpeutropclassepoursesalirlesmains,maissiellevientsemettrelà-dedansavectoi,jeseraiplutôtcontentdem’êtreplantésurelle.Lesang,çanepartpasfacilement.Çatache.

—BonDieu,Bax,grommelaTitus.Baxhaussasimplementuneépaule.—C’estlavérité.—Traîneravecvousdeux,cen’estbonnipourmatensionartériellenipourmacarrière.LavoixdeTitusmontraitqu’ilneplaisantaitpas.JeplissailesyeuxenregardantBaxetluidemandai:—C’estcequetudisàDovie?Quelesangestdurànettoyer?Sonregardsombreétaitcommeunpuitssansfond.Sansfond,sansfinetsanslumière.—Tasœurenesttoutàfaitconsciente,Race.Elles’enrappellechaquefoisqu’elles’habilleet

recouvrecetteputaindecicatricequeNovakalaisséesursapoitrine.Ellelevoitchaquefoisqueje

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rentre d’un endroit où je n’aurais pas dû aller et qu’elle ne veut pasme poser de questions parcequ’ellesaitquelaréponseluiferapeur.Lesangfaitpartiedecettevie,etBrysendoitlesavoirsiellecompterester.

J’ignoraissiellecomptaitrester,maisjepouvaisadmettresansproblèmequejelesouhaitais.Jesavaisque laretrouverà lamaisonlesoiraprès toutes lessaletésquimetournaientautourdans lajournée serait un moyen infaillible de garder la tête hors de l’eau croupie de The Point. Avoirquelquechoseàperdrecommesonamour…ceseraituneimmensemotivationpourgarderintactesles parties de moi qui étaient simplement Race. Avec elle, je n’avais pas besoin d’être Race lebookmaker, Race l’usurier, Race le tueur à gages. J’étais juste un mec normal voulant rendreheureuseunefillenormale.

—Est-cequelebut,cen’estpasplutôtdetenirlesangàdistancedeceuxquicomptent?JenecroispasqueBaxm’entendit,carilavaitlatêtedanslecompartimentmoteurdelaberline.

Quandilsereleva,ilsouriaitàsonfrère.—C’estunV10.Quiaréussiàl’intégreràcetasdeferraillesansqueletoutexplose?UneombrepassasurlevisagedeTitus.—Gus.LesyeuxdeBaxs’assombrirentencore.GusavaitétécommeunpèrepourBax.Propriétairedugarage,ilm’avaitdonnéunendroitoù

mecacherquandj’étaisrevenupourprendremavengeancesurNovak.IlgéraitaussiunepartiedubusinessdeNovak,pourtoutcequiétaitvoituresvolées,etquandcedernieravaitapprislatrahisondumécaniciensurdoué,ill’avaitfaitdescendre.Justedevantmoi.PendantqueBennyetlerestedesabandeme tabassaient, me cassaient la jambe, cognaient ma tête contre le béton encore et encore,jusqu’àcequemavisionsoittroubléeparlesangetquejeperdepresqueconscience.J’avaisquandmêmeréussiàdistinguerundeshommesdemaindeNovakviserGusavecunfusildechasseetluifaireuntrouenpleincorps.

Baxlâchaungrognementsourdetpassaunemainsursonvisage.Ilfermalecapotdelaberlineetsortitunecigarette.

—Tuvoispourquoijetedisquelesgensauxquelstutiensdoiventconnaîtrelegoûtdusang,Race?Mêmes’ilssaventcommenttoutçafonctionne,desmerdesleurtomberontdessus,peuimportequigèrel’endroit.

Cetteconversationmedéprimaitetj’avaisdéjàlecafardàcausedemaMustang.JepartisaprèsavoirditàBaxqu’iln’avaitpasintérêtàaiderBrysenàsedébarrasserdesavoiture,etlesfrèressemirent à parlermoteur et puissance comme si lamort et le sang n’étaient pas des sujets d’intérêtmajeurpoureux.Jesavaisqu’affronterlamortprécoced’unepersonnequ’onadmiraitetrespectaitfaisaitpartiedelabrutalitédelavied’ici.Maisjen’arrivaispasàaccepterqu’onnepuissemêmepasprendreaumoinsquelquessecondespourreconnaîtreàquelpointc’étaitinsupportable.

C’était peut-être parce que j’avais vu Gus mourir, peut-être parce que je me sentais encorecoupabled’êtrel’uniqueraisonpourlaquelleNovakavaitvisélemécanicien,maispenseràluietàsonmeurtremedéprimaitetréveillaitdessouvenirsamersenplusdetoutcequej’avaisdéjààgérer.

Je récupérai un jeu de clés dans le bureau de Bax et décidai de prendre une Chevy Stingrayflambant neuve appartenant à un dermatologue qui m’avait bêtement emprunté de l’argent pourremboursersesprêtsétudiants.Etantdonnéquejefaisaispayeruntauxd’intérêtdetrente-cinqpourcent,jenevoyaispasàquoiilavaitpupenser,maislavoitureétaitchouetteetpossédaitunetouchesexyenplusd’êtrerapide.Siledermatonepayaitpascequ’ilmedevait,jelagarderaispeut-être.Jen’avaispaslecœuràretaperuneautrevoiturevintage.C’étaittropdurdelesregarderbrûler.

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Jepris l’ordinateurenpannedeBrysenetappelaimonpoteStarkpour luidireque j’étaisenroute.Starkétaitlemeilleurspécialisteenmatérielinformatique.Iln’avaitpasdûvoirlalumièredujour depuis plus de cinq ans, vu qu’il était toujours collé devant un jeu ou autre,mais il pourraittrouvertoutcequim’avaitéchappé.J’étaisdoncdécidéàbraversonroyaumepeuplédechipsetdesodasrichesencaféinepourquelquesréponses.StarkétaitenfaitlaseulepersonnedeTheHillavecquij’avaisgardécontact.Luiaussiavaitautrefoisétémisàl’écartparsesparentsaisés.Bon,lefaitqu’il soit désigné commemenace à la sécurité nationale après une intervention duministère de laSécuritéintérieuren’avaitpasaidé.Cescandaleavaitd’ailleursalimentélesdiscussionsdelahautesociétépendantdesmois.Ils’étaitavéréquepiraterunebasededonnéessécuriséedelaNSApourvoircequelegouvernementsurveillaitn’étaitpasuneidéegéniale.

Heureusement pour lui, Stark était un vrai génie et il avait réussi à trouver une entreprise dedéveloppementdelogicielsquilepayaitunefortunepouravoiraccèsàsonsuper-cerveau.Ilgagnaitpresqueautantd’argentquemoisimplementenrépondantauxe-mailsquel’entrepriseluienvoyait.

Jeme garai devant unemaison tout à fait respectable située en bas deTheHill.QuandStarkouvritlaporte,jedusadmettrequ’ilneressemblaitpasauxautrespiratesinformatiquesoufanasdejeuxvidéoque j’avais rencontrés. Ilétaitpluspetitquemoid’unedizainedecentimètres,avaitdescheveuxbrunsquitiraientsurlerouxetportaitdeslunettesnoiresàlaBuddyHollysursonregardgris perçant. Tout ça était plutôt normal et basique. Sa musculature l’était moins. Il était gonflécommeunhérosdefilmd’actionetsansdouteassezcostaudpourbiensedéfendredansl’arènedeNassircontren’importequellebrutedopée.L’autredétailqui luiéviterait toujoursd’êtrecataloguécommegeek,c’étaitsapeaurecouverted’encre.

Destatouagescoloréspartaientdesesclaviculesets’enroulaientsursesbrasmassifsetjusqu’audosdesesmains.Jenecomprenaispasquelthèmeillustraienttouslesdessinsetpersonnages,maisl’ensembletrèsbrillantetdétaillénelaissaitpasdutoutcroirequeStarkétaitunhommebienélevé,doux,quigagnaitsavieens’amusantsurInternet.IlressemblaitautantqueBaxàunvoleurouàuncriminel.

—Hé,mec.Mercidejeteruncoupd’œilàçapourmoi.Je lui donnai l’ordinateur portable et le suivis dans la grandemaison obscure. Il y avait des

appareilsélectroniquesetdescâblespartout,etaussidesécransettoutessortesdetélésdanstouslescoins.Jevoyaisbienuncentredecommandedevaisseauspatialressembleràça.J’acceptailabièrequ’ilmeproposaetm’assisdansunimmensefauteuilencuir inclinableplacédevantunetélédelatailled’unécrandecinéma.

Starks’assitsurlecanapéetcommençaàtapersurleclavierdel’ordinateur.—Qu’est-cequejerechercheexactementsiledisquedurestmort?Jehaussailesépaules.—Toutcequinedevraitpasyêtre.Macopinesefaitharceler,etlemecquifaitunefixationsur

elleluipourritlavie.Ilacrééunefausseadressee-mail,unfauxprofilFacebook,etmêmeunfauxnumérodetéléphonepoursefairepasserpourelle.Quiquecesoit,iladéjàréussiàtrops’immiscerdanssavie.

Ilmeregardapar-dessusl’écran.—Tuasunecopine?—Pourquoiçaétonnetoutlemonde?Ileutunriremoqueur.— Ça fait longtemps que je te connais, Race. Je me souviens que tu étais plutôt du genre à

enchaîner les fillesavantde traîneravecBaxetdecommencerà t’amuseravecdesvoituresplutôt

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qu’avecdespom-pomgirls.Jem’affalaidanslefauteuiletricanai.— Ça a changé quand j’ai appris que j’avais une petite sœur, qu’elle avait vécu dans des

conditions horribles et qu’elle se battait pour survivre chaque jour.Disons que çam’a donné uneautrevisiondesfillesavecquijeperdaismontemps.

Nonpasquej’aiejamaisvécucommeunsaintàunmomentdonnédemavie,maisàlasecondeoùj’avaisrencontréDovie,oùjel’avaisprisesousmonaile,j’avaisveilléàcequechaquefilleavecquijecouchais,avecquijedéconnais,connaisselachanson.J’étaisavecellespouruneseulechoseetellesdevaient l’accepter.C’étaitunedes raisonsprincipalespour lesquelles j’avaissudès ledépartqueBrysenétaitdifférente.Ellen’avaitpascédéàmoncharme,àmesnumérosdedraguerodés,etcesimple faitm’avaitdonnéenviede la séduire.Sanscompterquemalgrésonaversion feinteàmonégard,jesavaispertinemmentquejelavoulaispourbienplusquedusexe.Jevoulaisquesesyeuxbleucielmeregardentenhéros,jevoulaisqu’ellemesourieparcequejelarendaisheureuse,etjevoulais que toute cette jolie peau pâle rosisse et s’échauffe parce que je l’excitais et qu’elle medésiraitautantquejeladésirais.

—CommentvaDovie?Iltapaitplusvitesurleclavieretémitunsonpuisfronçalessourcils.—Bien.Elleaunjobqu’elleadoreetquiluirapportepasmald’argent.Ellevaàl’université

pourobtenirundiplôme,etmalgrétoutcequejepensaissavoirsurelleetBax,ilsontl’airdeformerun couple parfait. Ils font en sorte que ça marche. Elle est heureuse, elle le rend heureux, enfin,heureuxmaisversion«Bax».Et jecroisquec’est toutceque jepeuxdemanderen tantqu’amietfrère.

Ilsecoualatêteeteutunpetitrire.—Toi qui deviens sérieux avec une fille, c’est une surprise,maisBax qui se case, c’est tout

simplementincroyable.J’étaispersuadéqu’ilseraitdéjàenprisonpourperpète,pasentraindejoueraupapaetàlamaman.

Jerépondissanshésiter:—Iladelachanceetjecroisqu’ilaplusdeneufvies.Starkmarmonnasonapprobationetlevalesyeuxsurmoi,lessourcilstoujoursfroncés.—Toutessortesdelogicielsmalveillantsontététéléchargéssurcetordinateur,Race.Ledisque

durenaeffacéunepartiequandilaplanté,maisilrestedestracespartout.—Commentça?—Ilyaunlogicieldetraquedesaisie,ducodeécrit,quipermetdevoiràdistancetoutceque

voitlacaméra.Ilyaunlogicielmiroirpourquetoutcequ’elleregardesursonécransoitprojetésurl’écran de l’autre utilisateur. Chaque fois qu’elle se servait de cet ordinateur, absolument tout cequ’ellefaisaitétaittraqué.C’étaituneportegrandeouvertesurlaviedetacopine.

Jenepusquelefixerbêtement.Commentavais-jepupasseràcôtédetoutçaencherchantsescours?

—Tudéconnes?—Pasdutout.Quelqu’unquiauraitvouludéterminerd’oùétaientenvoyéestouteslesinfosde

ses fauxprofils aurait étédirigévers cetordinateur et cette adresse IP.Qui est assezproched’ellepouravoirpuinstallertoutçalà-dedanssansqu’ellelesacheouqu’elleseposedesquestions?Desprogrammescommeceux-làprennentbeaucoupd’espaceeténormémentdetempsàinstaller.Elleadûluidonnersonordinateurdesonpleingrépourluipermettred’installercestrucs.

—Jen’ycroispas.

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—Moi non plus. C’est de la surveillance digne de Big Brother. Je n’ai rien vu de pareil endehors du domaine militaire ou gouvernemental. Vous avez affaire à un vrai taré complètementobsessionnel.

J’avaisenviedeprendre l’ordinateuretde l’exploserenmillemorceaux.Maisplusencore, jevoulaistrouverceluiquiterrorisaitetviolaitl’intimitédeBrysenpourluiôterlaviedemespropresmains. Quand je trouverais qui c’était, une barre de fer et des rotules brisées seraient une doucecaresseàcôtédecequejecomptaisluifaire.

—Est-cequetuasunmoyenderemonterjusqu’àl’autreordinateur?—Si son disque dur n’était pas complètement détruit, j’aurais sans doute pu. Elle a eu de la

chancequecetrucsoitvieuxetqu’ilaitplanté.Impossibledediredepuiscombiendetempstouscesprogrammestournaientenarrière-plan.

Iln’yavait aucunmoyende savoirdepuisquandBrysenétaitdans sa lignedemire, et çamedonnaitdesenviesdemeurtre.J’aimaistoujoursutilisermatêteenpremier,maisàcetinstantprécis,moncœuretcequej’avaisdeplusprimitifréclamaientdusang.J’allaistoutfairepourlagarderensécurité.Etlaréflexionpouvaitallersefairefoutre.

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15

Brysen

C’étaitbienplusdurquejenel’auraiscru.Celafaisaitlongtempsquemamèren’enétaitplusune pourmoi,mais j’avais quandmême le cœur serré en la regardant signer tous les papiers quil’enfermeraientdanscetétablissementpendanttroismois,sanscontactaveclemondeextérieur.Elleavait l’air effrayée et ses mains tremblaient. Karsen tentait d’essuyer discrètement les larmes quicoulaientsursesjoues,etj’essayaisjustedetenirlecoup.L’établissementn’avaitpul’accueillirquetrèstôtcematin,etKarsenetmoiavionsencoreunejournéeentièredecoursàaffronterensuite.

Le type avec qui Race avait organisé tout ça nous aidait de mauvaise grâce à expédier leprocessus. Il avait manifestement enfreint les règles et encourrait de graves ennuis si quelqu’unapprenaitcommentmamèreavaitobtenuuneplacedanscecentredesoins.Ilavaitrépétépasmoinsdecinq foisque, si elle enfreignait lamoindre règle,neprenait pas lesmédicaments,ou faisait lemoindrefauxpas,onlaficheraitàlaporte,maisquesadetteenversRaceseraittoutdemêmeeffacée.Mamèresecontentadehocherlatêtecommeunemarionnetteetassuraàtousceuxquivoulaientbienl’entendrequ’elleétaitprêteàsefaireaider.

Jemedemandaissiellese rendaitcomptequese faireaidersignifiait regarderenface le faitqu’elleavaitvolélavied’unhommeetqu’elleneretrouveraitriendesonancienneexistencequandelle sortirait d’ici. Je n’avais pas beaucoupvumonpère depuis les révélations sur ses paris,maisdésormais il n’essayait plus de cacher les avis de saisie et les avertissements des banques etorganismesdecréditimmobilierquiremplissaientlaboîteauxlettres.

Cela faisait deux semaines que les choses avaient évolué entre Race et moi. Deux semainespendant lesquelles il avait manœuvré pour que ma mère puisse être acceptée ici. Deux semainespendantlesquellesilavaitinsistépourqu’unmonstreavecunebalafresurlevisageetuneperpétuellemine renfrognée — qu’on appelait simplement Booker — me suive partout où j’allais. Deux

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semaines pendant lesquelles la banque avait envoyé le dernier avis de non-paiement de lamaisonnousinformantquenousn’avionsquejusqu’àlafindumoispourpayeroupartir.Et,plusimportantencore,peut-être,deuxsemainespendantlesquellesjem’étaisrenducompteque,quandjenevoyaispasmonblondsexy,maviemeparaissaitencorepluspourrieetqu’ilmemanquaithorriblement.

Entrelacuredemamèreàgérer,lanécessitédetrouveroùKarsenetmoiallionshabiteretlarévisiondemasituationàlafac,maintenantquej’étaisdenouveausurlesrails,jen’avaispaseuletempsdevoirRace.J’avaisvouluyremédierceweek-end,maisc’étaitlasoiréedecombatsdansleprincipalclubdeNassiretilyavaitaussiunmatchdeplay-off,sibienqu’iln’avaitpasétédisponible.Quandj’avaisréussiàlejoindresurl’undesesnombreuxtéléphones,j’avaisétérassuréedevoirquecette séparation ne le réjouissait pas plus quemoi, et il avait exigé que jem’adresse àBooker siquelque choseme paraissait suspect. J’avais déjà dû remettremon ordinateur portable au géant etattendrenerveusementtandisqu’illetripotaitetcherchaitDieusaitquoi.Siunlogicielespionavaitététéléchargésurcetappareil,iln’avaitpasréussiàlelocaliser,cequiavaitsemblérassurerunpeuRace,maisn’avaitpassuffipourquejemesenteunpeumoinsviolée.

Jen’étaispasopposéeàl’idéed’avoirsurledosunhommequidonnaitl’impressiondepouvoirarracherlatêtedequelqu’unjusteparcequ’onl’auraitregardédetravers.Cequim’embêtait,c’étaitplutôtqu’ilneparlepasetnesemblepasenchantéparsonrôledebaby-sitter.IlavaitquelquesannéesdeplusquemoietétaitbienplusgrandqueBaxetRace.Sescheveuxbrunsetcourts, ramenésau-dessus de son large front, faisaient encore plus ressortir la cicatrice qui débutait en haut de sonsourciletdécoupaittoutuncôtédesonvisage,jusqu’àsamâchoire.C’étaitvraimentdommage,carc’étaituntrèsbelhomme.Ilavaitdebeauxyeuxperçants,d’unbleuacier,sipâlesqu’ilsparaissaientargentésetréfléchissants;unvisagefort,ciseléd’unemanièreextrêmementrudeetvirile.Sanscettecicatrice, il aurait vraiment pu rivaliser avecRace dans la catégorie desmecs sexy, et cela nemeplaisaitguèrequemapetitesœurn’arrêtepasdeluilancerdesregardsfurtifsquandellecroyaitquepersonnenelaregardait.

—Net’inquiètepas,maman.Ilsvonttedonnerlebontraitementet t’aideràteremettresurledroitchemin.

Jeposai lamain sur son épaule etm’efforçai denepas tressaillir quand je la sentis tremblersousmesdoigts.

—C’estlabonnechoseàfaire,complétai-je.Karsen hocha la tête et se mordit la lèvre. Elle avait l’air si jeune, si fragile, que cela me

contrariait qu’elle se retrouve impliquée là-dedans. Ma mère surprit mon regard sur ma sœur etmurmurapourquemoiseulepuissel’entendre:

—Qu’est-cequevousallezfaire?Lamaison…iln’yaplusd’argent.Ellesemblaitsincèrementbouleverséeparlasituation,etilmefallutmemaîtriserpournepas

lui rappeler qu’il était trop tard pour s’en inquiéter. Si elle n’avait pas conduit sous l’emprise del’alcool,sielleavaitfaitplusd’effortspourpoursuivresontraitement,sielleavaitquittémonégoïstede père avant d’en arriver là, j’aurais peut-être pu accepter sa honte et ses regrets. Mais enl’occurrence,celamedonnaitjustemalauventreetj’étaispartagéeentreincrédulitéetexaspération.

—Net’enfaispaspournous.Jetrouveraiunesolution.Ellefinitderemplirlapaperasseettenditl’épaissepiledeformulairesàunefemmeenblouse

qui rôdait autour de nous, observant ce moment familial maladroit. Elle nous informa que nousavionscinqminutespournousdireaurevoiretquemamanseraitensuiteemmenéedanssachambre.Karsencessad’essayerdecacherseslarmesetpritnotremèretremblantedanssesbras.Jel’entendislui dire qu’elle l’aimait etmamère lui dit lamême chose.Quand elles se séparèrent,mamère se

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tourna vers moi et je secouai simplement la tête. Je voulais qu’elle se fasse aider et qu’elle soitcapabled’offriràmasœurune figureparentalesaine,mais jenevoulaispas fairecommesinousétionslàparhasard.

Jeluiprislamainetlaserrai.—Jeveuxvraimentquetuobtiennesl’aidedonttuasbesoin,maman.S’ilteplaît,negâchepas

cetteopportunité.Tun’enauraspasd’autres.Racefiniraitparêtreàcourtdepersonnesàqui ilpouvaitsoutirerdesfaveurs,etsimamère

gaspillaitcettechancederemettreenordresavieetsasantémentaleperturbées,jenepourraisplusrienfairepourtenterdesauvercettefamille.

Karsen s’appuya contremoi et je passai un bras autour de ses épaules alors que notremères’éloignait.Ellenous regardapar-dessussonépauleet lecorpsmincedeKarsen tremblacontre lemien. Elle était trop tendre pour ça. Comment allais-je pouvoir l’arracher à une jolie maison debanlieuepour l’installerdansun taudisenpleincœurdesquartierschaudssiellenepouvaitmêmepasaccepterquimamèreétaitvraiment?

—Çavaaller.Jevoulaislarassurer,maisjeparlaisd’unevoixtristeetfatiguée.—Jel’espère.Çafaitunmomentqueçanevapasbien.Sesparolesmetordirentleventre,etjelaserraicontremoi.—J’ensuisvraimentdésolée.Ellesoupiraetmedonnauncoupdecoude,commequandnousétionsplusjeunesetquenous

nousbagarrions.— Tu as toujours fait tout ce que tu pouvais pour entretenir l’illusion que tout allait bien,

Brysen,mais si personne d’autre dans la famille ne veut faire d’efforts pour préserver la façade,alorslesfissuresapparaissent.Cen’estpastafaute.

—Non,maisjenenouslaisseraipastomber.Sesyeuxcouleuracajousemirentàbriller.—Jelesais.Jelafissortirdelasalled’attentedel’établissement,quiressemblaitmoinsàunhôpitalqu’àun

jolispaoùdesdamesdeclassemoyenneviendraientpasserl’après-midi.Quandnousarrivâmessurleparking,jemismeslunettesdesoleiletremarquaiqueKarsenposaaussitôtlesyeuxsurlagrossecamionnettenoiregaréeàquelquesplacesdemaBMW.

—Pourquoiest-cequecetypetesuitpartout,déjà?Ellenecherchaitpasàcacherqu’elledévisageaitlabruteassisederrièrelevolantetjen’aimai

paslafaçondontilluisouritdetoutessesdents,telunloupaffamé.Ellem’avaitdemandéàplusieursreprisespourquoicethommesombreet sonénormecamionnette semblaient toujoursêtredans lesparages,oùquenousallions,et,lesréponsesbateaunesuffisantplus,jeluidislavérité.

—Parce queRace se fait du souci pourmoi.Quelqu’unm’espionnait par l’intermédiaire demon ancien ordinateur et a essayé deme faire dumal après le travail.Race connaît des gens trèseffrayants,dontBooker,etilespèrequecepseudo-gardeducorpstiendramonharceleuràdistance.

Jem’étaiscarrémenteffondréeenapprenantlavéritésurmonordinateur.J’avaispleurépendantuneheure,puisj’avaiscriésurRacelorsqu’ilm’avaitdemandéquipouvaitbienyavoirtéléchargécelogicielespion.Sijel’avaissu,jenemeseraispasretrouvéedanscettesituationpourrie.Aprèsluiavoir raccroché au nez et avoir failli creuser un trou dans le sol à force de faire les cent pas, jem’étaissentiecoupabled’avoirrelâchémafrustrationsurlaseulepersonnequiessayaitdem’aider.Avantquejepuissel’appelerpourm’excuser,ilm’avaitenvoyéuntextoavecunephotodeBookeren

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pièce jointepourmedireque j’avaisunenouvelleombre.Cettemontagneallaitme suivreoùquej’aille,quecelameplaiseounon.Puisilm’avaitenvoyéunautremessagepourmeprévenirquesijem’avisaisdeluiraccrocheraunezàl’avenir,ilseraitàmaporteendixminutesetquejen’aimeraispaslerésultat.Celam’avaiténervéequ’ilmemenace,maisjesavaisbiend’oùilvenait,alorsj’avaissimplementréponduquej’étaisdésoléeetquej’avaishâtequ’ilseprésenteàmaporte.

Bienentendu,Karsen,avecsonespritromantiqueetfantasque,seconcentrauniquementsurundétaildemonexplication.

—AlorsRaceesttonpetitcopain,maintenant?Jeluidécochaiunregardenbiaisetdéverrouillailavoiture.Aprèsquenouseûmesattachénos

ceintures,jerépondis:—JenecroispasqueRacesoitvraimentdugenrepetitcopain.Elle tourna la tête sur le côtéet regardapar la fenêtre. Ilme fallutune secondepourprendre

consciencequ’elleavaitlesyeuxrivéssurlerétroviseuretlacamionnettederrièrenous.—Maisilaenvoyéquelqu’unpourteprotégeretilaaidémaman,etpuisilt’appelleett’envoie

toutletempsdesmessages,etjesaisquequandtunerentrespasàlamaisonaprèsletravail,tupasseslanuitaveclui.Alorssicen’estpastonpetitcopain,qu’est-cequec’est?

Jen’étaispassûred’avoirlaréponseàcettequestion.Ilétaitbiendeschoses,passeulementpourmoi,maisengénéral.

—Ilcomptepourmoietjesaisqu’iltientàmoi.Çafaitlongtempsquej’enpincepourlui,maisilnevientpasdumêmemondequemoi,etj’essaieencoredesavoirsijepourraistrouvermaplacedanssonunivers.

Ellesetournaversmoietsemitàtirersurlesfilsdesonjean,auniveaudutrouàsongenou.—Parcequ’ilvitàThePoint?Jericanai.Siseulementc’étaitaussifacileàexpliquer.—Non.Racen’apas commencéàThePoint,maismaintenantqu’il y est, il aplusoumoins

décidéqu’ilseraitresponsabledecequis’ypasse.Cen’estpasvraimentuncitoyenmodèle,etmêmesijepensequ’aufondc’estunmecbienquifaitdeschoixdifficiles,ceschoixcraignentetaffectentd’autresgensquelui.Jenesaispassijepeuxêtreliéeàça,mêmesij’aienvied’êtreaveclui.

Ellereportalesyeuxsurlerétroviseuretbaissalavoix.—S’ilestgentilavectoi,s’ilprendsoindetoietterendheureuse,leschoixqu’ildoitfaireet

quiaffectentlesautresnedevraientpasavoird’importance.Lesgenssefonttoujoursdumallesunsauxautres,etsiunmecfaittoutsonpossiblepournepastefairedumal,ehbienc’estcequicompte.Qu’ilsoitriche,pauvre,ouentrelesdeux.

—C’estunpointdevueasseztristepourunejeunefilledeseizeans,Karsen.Ellecoinçaunemèchedecheveuxderrièresonoreille,toutcommejelefaisais,etseretourna

pourmeregarder.—Papaetmamans’aimaientàuneépoque,maisilsontfiniparsefairedumal,etparnousfaire

dumal.Lesgarçonsdemonlycéepensentavoirtouslesdroitsparcequ’ilsviventdansunquartierbien particulier et se fichent de faire du mal aux autres. Dovie a failli mourir à cause de mecshorribles et à cause des actes d’autres personnes qui n’avaient rien à voir avec elle. Il y a de lasouffrancepartout,Brysen.Jenesuispasaveugle.Leschoixdechacunaffectentlesautres.Regardel’endroitoùonvientdelaissermaman.

Merdealors.Moiquicroyaisl’avoirmiseàl’écartetprotégéedetouslesmauxquirôdaientànotreporte!Enfait,ellelesregardaitenface,etavecbeaucoupplusdeluciditéquemoi.

—C’esttrèsbienvu.

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Elle releva le coin des lèvres dans un petit sourire qui me chamboula le cœur. J’adoraisabsolumenttoutchezcettegamine.

—Enplus,Race est ultra-sexy.Ce serait complètement stupidede laisser passer ta chancedesortiravecquelqu’und’aussibeau.

Celamefitrire,d’autantplusqu’ellen’avaitpastort.J’auraisétébêtedenepasprofiterdetoutcequeRacesemblaitdisposéàm’offrir,ycomprissoncorpsdélicieux.

Plus nous nous rapprochions de son lycée, plus ses parolesmeperturbaient.Karsen était unepacificatrice,unefillequivoulaitquetoutlemondes’entendebienetsoitheureux.Cequ’elleavaitditsurlesgarçonsdesonlycéequipensaientavoirtouslesdroitsmemettaitmalàl’aise.

—Aufait,cegarçonquetuaimaisbien,qu’est-cequis’estpasséaveclui?Elle haussa une épaule et la laissa retomber. Elle riva les yeux sur la camionnette dans le

rétroviseur.—Iln’estpasaussisympaquejelecroyais.Jeserrailesmâchoiresetmesmainssecontractèrentautomatiquementsurlevolant.—Qu’est-cequeçaveutdire,exactement?demandai-jesuruntoncinglant,quilafittressaillir.—SousprétextequejenevispasvraimentàTheHill,jesuisassezbienpourqu’ils’amuseavec

moi,maispasassezbienpoursortiraveclui.Quandj’aifiniparm’enrendrecompteetprendremesdistances, il est devenuméchant avecmoi. Il s’estmontrémesquin et a essayé plus d’une fois dem’abaisseràsonniveau.

Elletournalatêteetsoutintmonregardavantdereprendre:—Les types commeParker sont précisément ceux à qui on ne doit pas confier de décisions

difficiles,pourlebiendetoutlemonde,Brysen.C’estunepersonnehorrible,àtoutpointdevue,etplusilvieillira,plusilseramauvaisetcruel.ToutlemondeygagnequandlemondeestdirigépardesmecscommeRace.Aumoins,ilyadubonenlui.

Nous arrivâmes enfin au lycée et, alors que nous ralentissions, elle se pencha vers moi etm’embrassasurlajoue.Puiselleouvritlaportière,descenditetrepassalatêteàl’intérieurpourmeregarderunedernièrefois.

—Acequej’envois,Racenousdonneunechancedeprendreunnouveaudépart.Suisleconseilquetuasdonnéàmamanetnegâchepascetteopportunité,Brysen.Jet’aime.

Elleclaqualaportièreetjemeretournaipourlavoirsemêleràlafouled’adolescentshabilléstouspareil.Lecoucoujoyeuxqu’elleadressaaugéantnem’échappapas.Notrefamillenepourraitpastournerlapageetfairecommesiderienn’était.Pasaprèsquenosparentsl’avaientdéchiréedefaçonaussispectaculaire.

Jeréfléchisàcequ’avaitditKarsen,àsasagesseétonnantepourquelqu’undesonâge,etàlafutilitédemeseffortspourlaprotégerdesduresréalitésdenotrefamilleetdumonde.Celamefaisaitmalquemapetite sœur semble appréhendermieuxquemoi cequi sepassait réellement autourdenous.JesortisdelaBMW,encolère,etm’approchaidelacamionnettequiattendaitderrièrelaplacedeparking. Je relevaimes lunettessurma têteetme forçaià regarderBookerdroitdanssesyeuxpâlessansjeterunseulcoupd’œilàcettehorriblecicatrice.

—Jeseraiencourstoutelajournée,alorstupeuxpartirjusqu’àenviron19heures.Illaissapendreunbrasmuscléparlafenêtreethaussaunsourcilsombreau-dessusdesonœil

abîmé.Celaluidonnaunairencoreplussinistre.—Tuessûrequetuneveuxpasquejet’accompagneenclasseetquejeporteteslivres?Savoixdégoulinaitd’unsarcasmesiépaisqu’onauraitpule toucher.Jepenchai la têtesur le

côtéethaussaimoiaussiunsourcil.

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—Tun’asmanifestementpasenviedefaireça.Qu’est-cequeRaceasurtoi?Ilaboyad’unriresecetpassaunemainsursescheveuxbrillantsdegel.—J’aipeut-êtrel’aird’unimbécile,maisj’aigrandiàThePoint,alorsjesaissurquelcheval

pariersijeveuxm’ensortiravecmesorganesvitauxintacts.Jelevailesyeuxauciel.—Racen’a rien surmoi, poursuivit-il, et je ne lui dois rien. Je lui ai proposémes services,

Blondie,parcequejeveuxquecesoit tonjoliprincequimedoivequelquechoseaufinal.Etpuis,suivredeuxbellesfillescen’estpastropfatigant,mêmesipourl’instant,c’estcarrémentchiant.

MonDieu.PersonnedanslemondedeRacenefaisaitjamaisrienparbontédecœur.Enfait,jecommençaisàpenserquemonblondsexyétaitlaseulepersonneévoluantparmilesombresdotéedecetorganeparticulier.

—Ma sœur n’est qu’une gamine, alors garde les yeux dans ta poche, Hulk, répliquai-je enajustantmon sac de classe surmon épaule et en plissant les yeux. Quelles que soient tes raisons,j’appréciequetuveillessurmoi.

—Chérie,çanefaitpaslongtempsquejesuissortidetaule.Jen’aipasl’intentiond’yretournerpour une jolie jeune fille, et je n’ai pas non plus envie deme retrouver découpé enmorceaux etéparpillé dans toute la ville si jememets ton copain à dos. J’ai peut-être l’air d’un con,mais lesapparencespeuventêtretrompeuses.

Ilprêchaituneconvaincue,alorsjelechassaijusted’ungestedelamainetmedirigeaiverslebâtiment où avait lieumon cours de statistiques.Une chose était sûre : les personnes qui faisaientpartie de ma vie depuis que je sortais avec Race étaient de loin les plus intéressantes et les plusterrifiantes qu’une fille pourrait jamais rencontrer.Alors que jemontais l’escalier d’un pas lourdjusqu’aupremierétagedubâtiment,jemedemandaicequeceladisaitsurmoi,quejelespréfèreauxétudiantsdesfraternitésetauxuniversitairesquigrouillaientautourdemoi.

J’étaistellementperduedansmespenséesquelorsqu’onmebousculasurlecôté,jeneregardaimême pas qui était le coupable. L’escalier était bondé d’étudiants et tous portaient des sacsencombrants, pleins de livres et d’affaires scolaires, si bien que j’étais persuadée que j’avaissimplementétéheurtéeparaccidentparunepersonnenégligenteetpressée.Jetentaisdem’écarterducentredel’essaimlorsquejesentisunautrechoc,maisbienplusfortcettefois-ci.Jetournaivivementlatêtepourdireaucoupabledefaireattention.Cefutuneerreur.

J’avaisunpiedsurlamarche,m’apprêtantàmonter,etj’étaisdéséquilibréeparlepoidsdemonpropre sac. Je n’avais pas la rambarde à portée de main et rien à quoi me raccrocher pourm’empêcherdebasculerenarrièrelorsquequelqu’unmefrappaavecforcesurlecôtéetm’envoyavalserdanslamauvaisedirection,alorsquedesgroupesdegenssurpriss’écartaientautourdemoietme laissaient simplement tomber.La chute aurait pu être sans conséquence—après tout, desgenstombenttoutletempsdanslesescaliers—,maisquanddesmainspuissantessortirentdenullepartetmepoussèrentpours’assurerquej’iraism’écrasersurlesolenbétonunétageplusbasavecautantdeforcequepossible,jecomprisquel’issueneseraitpasjolie.Jepoussaiuncriquimourutenunhalètement,carjesavaisl’impactimminent.

Heureusement, vers la findemachute libre, unétudiant tête en l’air qui semblait n’avoirpasremarquélasituationnesedécalapasassezrapidementetamortitlechoc.J’atterrisàmoitiésurlui,àmoitiésurlesol.Malheureusementpourmoi,cefutlamoitiésupérieuredemoncorpsquis’écrasasurlebétonrecouvertdelinoléum.Matêteproduisitunsonrépugnantetladouleurexplosaenétoilesdansmonchampdevision.Jeperçusunbrouhahadevoixinquiètesalorsqu’unefouleserassemblaitautourdemoi.J’entendisquelqu’unm’appeleretjetentaidetournerlatêtedanscettedirection,cequi

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déclenchaunesouffrancebrûlanteetélectriquedanstoutesmesterminaisonsnerveuses.L’obscuritécommençait à remplir mon champ de vision embrumé, et je voulais crier que quelqu’un m’avaitpoussée,quequelqu’unvoulaitmefairedumal.Maissurtout,jevoulaisdireàquelqu’und’appelerRace.Jevoulaislevoir.

J’entendis quelqu’un parler d’une chute et je voulus beugler que non, qu’onm’avait poussée,maisl’odeurâcreetmétalliquedusangdevenaitdeplusenplusfortedansmesnarinesetjecroisquejecommençaisaussiàensentirlegoût.C’étaittellementplusfaciledefermerlesyeuxetdelaisserl’obscuritéquim’enveloppaitcommeunecouvertureprendreledessus.Finalement,jelâchaipriseetjelaissaisimplementlesténèbresm’empliretm’entourer.

***

—Jenevouslaisseraipasretournerchezvousaprèsça.Jen’arrivaispasàouvrirlesyeux,maisj’entendaislavoixdeRaceetlacolèrequil’étreignait

depuislenuagebrumeuxoùjeflottais.Karsenluiréponditd’unevoixtremblante:—Plusaucunendroitnesemblesûr.Racejuraetjesentisdesdoigtsdélicatsdansersurmonfront.Mêmedanslecoaltaretdévorée

parladouleur,j’auraisreconnusontoucherentretous.—Jevaischangerça.Dèsqu’elleseraréveillée,j’iraiàlafac.Quelqu’unaforcémentvucequi

s’estpassé,etsijedoiscasserlenezoucollerunœilaubeurrenoiràtouslesétudiantsdececampuspourobtenirdesréponses,jeleferai.

Karsenreniflaet jevoulusouvrir lesyeuxpourluidirequecen’étaitpaslapeinedepleurer,maisjen’yarrivaipas.L’obscuritéétaitchaude,accueillante,ettantquej’étaislà,jen’avaispasàmesoucier de choses telles que perdre la maison, tomber amoureuse d’un criminel, ou du fait quequelqu’unessayaitmanifestementdemetuer.Celamechangeaitagréablement.

—Quandelleseréveillera,ledocteurvoudraluifairepasserunscanner,ditKarsend’unevoixtremblotante.Elles’estcognélatêtetrès,trèsfort.

Je sentis les doigts légers qui caressaient mon front passer sur mes sourcils. Je voulais metournerverseux,laisserRacem’apaiserets’occuperdetoutàpartirdemaintenant.Jesavaisqu’illeferaitsi j’acceptaisdelâcherpriseetdeluiconfier tousmesproblèmes.Etcelameterrifiait.Jenevoulais pas réfléchir à ce que cela signifiait deme reposer sur lui alors qu’il tenait déjà le destind’unevilleentièreenéquilibreprécaireentresesmains.

—C’estunebonnechosequetasœuraitlatêtedure,alors.Ellevas’entirer.Ilfautjustequ’elleouvrelesyeux.Jesaisquetum’entends,Bry.Ouvrecesbeauxyeuxbleuspourmoi.

Karsenpoussaunpetitriretristequimedonnaenviedelaserrerdansmesbras.—Ellevaflipperquandelleverracequ’ilsontdûfaireàsescheveuxpourpouvoirrecoudre

l’arrièredesatête.Mes cheveux ! Celame fit ouvrir les yeux brusquement, et un grognement s’échappa dema

poitrinequandleslumièresm’assaillirent.J’avaismalpartout.—Qu’est-cequiestarrivéàmescheveux?Biensûr,c’étaitsuperficieldemapart,etilyavaitdesproblèmesbienplusurgents,maisbon

sang,j’adoraismescheveux!C’étaituneraisondeplusd’êtrefurieusecontreceharceleurquiavaitenvahimavie.Mavoixétaitrâpeuse,faibleetmétallique.

Racearrêtasubitementdemecaresser,etsoudainjenevisplusquesesyeuxvertsombrealorsqu’il se penchait sur moi. Il avait la bouche serrée et des ombres effrayantes dansaient derrière

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l’inquiétudequejelisaisdanssonregard.—Lavoilà.Karsen,situallaischercheruneinfirmièrepourluidirequ’elleestréveillée?Lesdeuxcerclesdeforêtserapprochèrentdemoietileffleurameslèvresdessiennes.—Tun’imaginespascommejemesuisinquiétépourtoi,Brysen,dit-ild’unevoixrauque.Je voulais toucher son visage, mais le simple fait de cligner mes paupières envoyait des

déchargesdedouleursurlasurfacedemapeau.—Onm’apousséedansl’escalier.—Jesais.Tuestombéedelahauteurd’unétage.L’arrièredetoncrânes’estouvert.Tuasperdu

deslitresdesangettuesrestéeinconscientependantquatreheures.Ledocteurcraignaitquetuaiesunehémorragiecérébrale.

Celasemblaittrèssérieux.Jegrognaidenouveauetmeconcentraisurquelquechosequinemeparaissaitpastropcompliqué.

—Qu’est-cequiestarrivéàmescheveux?Ilsoupiracontremeslèvresetseredressa.Ilpritmajouedanssamainetmedécochaunsourire

quifitapparaîtresafossette.—Tuaurasbesoind’unebonnecoupequand tu seras surpied.Pasmoinsde trentepointsde

suturerefermentl’arrièredetoncrâne.Tut’esexplosélatêteenbeauté,majolie.Jejuraidansmabarbeetposailesyeuxsurlui.—Çacraint,Race.Jesavaisqu’ilcomprendraitquejeneparlaispasquedemescheveux.—Ilmonteenpuissance.Jenepensepasquetusoisensécurité,mêmeavecBookerauxfesses.

Je vais trouver un endroit où vous installer, Karsen et toi, jusqu’à ce que j’aie ce type dansmonviseur.J’enaimarredejoueràcepetitjeu-làetd’attendredevoircequ’ilteréserveensuite.Tun’espasquelquechosequejesuisdisposéàperdre.

Voilàquiauraitsuffiàmefairefondrelecœur,sij’avaispulesentirderrièreladouleurterriblequiinondaittoutmoncorps.

—Qu’est-cequejesuiscenséefaire,maintenant?Ilsepenchadenouveauversmoietm’embrassaavecforcecettefois.—Tuvasrestercoincéeicipendantunpetitmoment.Ondoits’assurerquetuvasparfaitement

bien.JevaisdemanderàBookerderesteravectoi,etjevaistrouverunendroitsûroùmettretasœuràl’abri.Ensuite,jeremueraicieletterrejusqu’àcequejeretrouvececonnard.

Ilseredressaetpritmamaintoutemolle.Jepressaisesdoigtsetlaissaimesyeuxserefermer.—Tunepeuxpasemmenermasœurdansunatelierdedémontagedevoituresvolées.Mercide

vouloirlaprotéger,maiscen’estpasunendroitpourelle,Race.Ilricanaunpeu.—Onn’ydémontedesvoituresvoléesquedetempsentemps,maisjesaisqu’ellenepeutpas

allerlà-bas.J’aiautrechoseentête.Fais-moiconfiance,Brysen.J’entrouvrislesyeuxpourqu’ilpuissevoircequejeressentaisdansmonregard.J’espéraisque

celasevoyaitderrièreladouleur.—Jetefaisconfiance.Jenepensaispasenêtrecapable,maisdésormaistueslapersonneenqui

j’aileplusconfiancepourm’aideràgérertoutça.—Jevaisprendresoindetoi.Jerefermailesyeuxetserraidenouveausamain.J’entendislavoixdeKarsenàlaporteetune

autrevoixgraveluiposantdesquestions.J’étaisprêteàlâcherprise.Jenepouvaispluscontinueràtoutgérer, et jenementaispas : j’avais confiance enRace, et je savais qu’il était sérieuxquand il

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disaitqu’ilallaitprendresoindemoi.Jecroisquej’étaisenfinprêteàlelaisserfaire,etencoreplusque ça, j’étais prête à le laisserm’aider à prendre soin dema sœur. J’espérais juste qu’il ne nousdécevrait pas, parce que je savais, j’en étais même persuadée, que si Race échouait, personne nesortiraitvivantdecettesituation.

Ilmemurmuraau revoird’unevoixdouceetmeditqu’il reviendraitdèsquepossible. IlmerappelaaussiqueBooker,danstoutesaprésenceimposanteetmenaçante,monteraitlagardedevantmaporte,sibienquejepouvaismereposertranquillementsanscraindrequequelqu’uns’enprenneàmoipendantquejenepouvaispasbouger.Evidemment,c’étaitplusfacileàdirequ’àfaire.

Ilpartitetmasœurleremplaça.Jemeforçaiàluiadresserunsouriregrimaçant,maisnepussoulevermespaupières.Jetiraisursamainquandellepritlamienneetdemandai:

—Mescheveuxsontvraimentaffreux?Sonsilencegênéfutuneréponsesuffisante.J’espéraisque,lorsqueRaceauraitenfindébusqué

mon agresseur, je pourrais passer uneminute seule avec lui et une paire de ciseaux. Je lui feraispayer.

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Race

Jecommençaisàmesentirfrustréet,enconséquence,jememontraisnégligent.C’étaitsamedisoir;j’étaisfatiguéetj’enavaisraslebolquepersonnen’aitlesréponsesdontj’avaisbesoin.J’étaisénervéquecesoitBookerquiaitemmenéBrysendansl’endroitsûrquej’avaistrouvépourelleetKarsen.Lesmédecinsl’avaientgardéeenobservationàl’hôpitalpendanttroisjoursentiers,maiselleétait hors de danger désormais, et les seules séquelles durables de sa chute étaient une migrainesourde et une coupe de cheveux affreuse. J’avais envie d’être avec elle, mais entre la soirée decombats de vendredi et le besoin brûlant de découvrir qui la terrorisait, je n’avais réussi qu’à luirendrequelquesrapidesvisitesetàluipasserquelquescoupsdefilprécipités.Jemesentaisnul,maissasécuritém’importaitplusque tout.C’étaitmoiquiauraisdûaller lachercherà l’hôpitalpour laramenerà lamaison.C’étaitmoiquiauraisdûlamettreensécurité,etnonBooker.Mais jedevaisréglerd’autresproblèmes,etçacraignait.J’étaisdoncdenouveaudansunefêteétudiante.Cettefois,Baxm’accompagnait,etcettefois,j’étaiscentfoisplusdangereux,carjen’étaispaslàpourmefairepayer,maispourobtenirdesinformations.

J’étaissurlaterrassedederrière,celle-làmêmeoùj’avaisentraînéBrysenlorsdecettesoiréequime semblait remonter à une éternité.La porte de derrière avait été réparée,mais ces étudiantsn’étaientmanifestementpasdevenusplusmalins.Celuiquej’avaischoisidemalmenerétaitunamidutypequim’avait tirédessusetquiavaitfiniaveclanuquebrisée.Quandje l’avais traîné, ivreetsedébattant,jusqu’àunendroitunpeuisolédelafoule,ilavaitfaittoutunnuméro,metraitantdetouslesnoms,medisantqu’ilnemedevaitrien,etessayantdesefairepasserpouruncaïd.Cetabrutiavaitdéjàvucequisepassaitquandonbraquaitunearmesurmoi,etpourlepeuquej’envoyaisilétaittropjeuneetarrogantpouravoirlamoindrequalitéquiauraitcompensésaprofondestupidité.Quand

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il avait tenté deme balancer un coup de poingmaladroit, ma patience déjà bien émoussée s’étaiteffritée.

Il était désormais sur le dos, mon genou fermement planté au centre de sa poitrine. J’avaisl’avant-brasplaquésursagorgetandisqu’ilmegriffaitfrénétiquement.Sesjouessegonflaientetsedégonflaient alors qu’il s’efforçait de respirer,mais je refusais de desserrerma prise. Il avait lesyeuxexorbités et sapeauprenaitune teintebleuâtremaladive,mais jen’avaispas l’intentionde lerelâcher.

—S’ilperdconscience,ilnepourrarientedire,lâchaBaxsuruntonpleind’ennui.Il avait raison, alors je soulevaimon bras et serrai le poing. Je le frappai sur le bas de son

visage,dansunbruitsourdetrépugnant,etseslèvressefendirentaussitôt.Desrivièresdesangrougevifrecouvrirentsesdentsetsonmenton.Jeprissoind’appuyermongenouaussifortquepossiblesursonsternumenmerelevant.Ilpoussaungrognementetcrachadusang.

—Qu’est-cequetuveux,Hartman?Jenetedoispasd’argent,putain!Il se redressa sur ses coudes etme foudroyadu regard. Je jetai un coupd’œil àBax,dont le

téléphonesemitàsonner.Illesortitdelapochedesonsweatàcapucheethaussaunsourcil.—Titus.Jehochailatêtealorsqu’ils’écartaitdequelquespaspourrépondreàsonfrère.Puisjecroisai

lesbrassurmapoitrineetlançaiunregardnoiràmaproie.—TuconnaisBrysenCarter?Iltoussaetcrachaànouveaudusang.—Ouais.Elleestcanon,maisellenefaitpasbeaucouplafêteetn’apasl’airtrèssympa,alors

personnenel’approche.—Quelqu’unl’apousséedanslesescaliersalorsqu’elleallaitencours, ilyaquelquesjours.

Quiauraitbienpufaireça?Ilgrognaets’assit.—Qu’est-cequej’ensais,moi?Commejel’aidit,ellenesemêlepasauxautres,etentoute

honnêteté,ellepasseunpeupourunegarce.Peut-êtrequ’elleaénervélemauvaismec.Jeplissaiencorepluslesyeux.—Quelmec?—Qu’est-cequeçapeuttefaire,d’abord?Tulabaises?Sérieusement,cetypedevaitavoiravaléungrandboldestupiditéaupetitdéjeuner.Sansmême

réfléchir, jemepenchaiunpeuet le cognai aussi fortquepossible sur le côtéduvisage. Je sentiss’ouvrirlajointuredemesdoigts.Laforceducoupluifitpousseruncridesurpriseetiltombasurlecôté.Jesecouaimamainenmeredressantetluidemandaiunenouvellefois:

—Quelmec?Illevalesbrasensignederedditionetpritsatêteentrelesmains.—ElletraîneavecuncertainDrewDonner.Illasuitpartoutcommeunclebs.C’estévidentqu’il

veutêtreplusqu’amiavecelle,maisBrysennecèdepas.Ilestunpeuextrêmeetpastrèsnet.Ilestarrivéiciilyaunanetn’ajamaisessayédes’intégreroudefairelafête.Toutcequ’ilfait,c’estlacoller.Pendantunmoment,unerumeuramêmecirculé,commequoiilavaitfaituneespècedecrisedenerfsenapprenantqu’iln’avaitpaspus’inscriredanstouslescoursqu’ellesuivait,parcequ’ilnerépondaitpasauxconditionsd’admission.Entoutcas,moijenepéteraispasuncâblecommeçapourunemeufquineveutmêmepascoucheravecmoi.

Je me contentai de le dévisager pendant une minute, essayant de juger de la validité de sesproposparrapportàtoutcequejesavaisdéjà.Brysenn’avaitjamaismentionnéceDrew.

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J’allais lui demander où je pouvais trouver ce type quandBax posa lamain surmon épaule.Quand je me tournai vers lui, mon cœur se serra, car ses yeux étaient encore plus noirs qued’ordinaire.Celasignifiaitdemauvaisesnouvelles—detrèsmauvaisesnouvelles.

—Ilfautqu’onyaille.Toutdesuite,dit-ilsuruntonn’admettantaucunediscussion.J’inclinai la tête pour indiquer que je comprenais qu’il s’agissait d’uneurgence. Je pointai le

doigtsurl’étudiantétaléàmespieds.—SituremarquesquoiquecesoitdelouchechezceDrew,appelle-moi.JemeretournaietsuivisBaxàtraverslafouledefêtardsivres.Quandnousarrivâmesàl’Hemi,Baxmeregardapar-dessusletoitdelavoiturealorsquenous

ouvrionslesportières.—ÇafaituneheurequeNassiressaiedetejoindre.Jeretinsunesériedejurons.— C’était la soirée des combats hier soir. Il attend probablement ses gains. J’avais d’autres

soucisentête.—Non.Cen’estpasça.Leclub,l’arène,çaaexplosé.Jelefixaiduregardcommes’ilparlaitdansunelangueétrangère.—Quoi?—Nassir a dit que la boîte a cramé.Les flics sont sur place, et les pompiers et les urgences

aussi.Iladitquel’endroitétaitbondé,vuqu’onestsamedisoir.Ilsévacuentlescorps.Putain ! Ceux qui voulaient prouver àNassir etmoi-même que nous ne contrôlions pas The

Pointétaientpassésà lavitessesupérieure.C’étaitune façon radicaleetmortellede fairepasser lemessage,etonnepouvaitl’ignorer.

—Commentquelqu’una-t-ilpudéjouerlesystèmedesécuritédeNassir?Nousmontâmesdanslavoitureetlemoteurrugitaveclaférocitéd’unanimalsauvage.Bientôt,

les pelouses soignées et lesmaisons luxueuses de TheHill ne furent plus qu’un paysage brouilléalorsquenousfilionsàtouteallureverslecœurdelaville.

—Iln’ensaitrien.D’aprèslespremiersrapports,desexplosifsvraimentvénèresontétéutilisés.Nassirditquelaboîten’estplusqu’unebouledefeuetdecendres.

—Commenta-t-ilfaitpours’ensortirenunseulmorceau?Jen’aimaispasNassir,mais j’étaiscontentqu’ilaillebiensi la situationétaitaussigraveque

Baxlelaissaitentendre.—IlétaitauSpanky’s.Jeluidécochaiunregard.Ilavaitunemainsurlevolantetglissaitdel’autreunecigarettenon

alluméeentreseslèvres.Sessourcilsépaisetfroncéstrahissaientsoninquiétude,toutcommeleticderrièrel’encrenoiredesontatouage.

—Pourquoiétait-ilauSpanky’splutôtqu’auclubunsamedisoir?Jemedemandaiavecuntempsderetardsilescentainesdemilliersdedollarsquenousavions

faitpasserparleclubavaientsurvécuaubrasier.Baxmelançaunregardduretallumasaclope.—J’imaginequ’ilyétaitpourlesmêmesraisonsquifontquetufoutaisuneracléeàunconnard

d’étudiantaulieud’êtreàlamaisonavectafemme.—Ilsefaitdusoucipourlesfilles.—Ouais,enfin,pourunefilleenparticulier.Personneveutquetoutcemerdierretombesurles

filles, surtout pas sur les nôtres. Il faut qu’on trouve qui se cache derrière tout ça. Aucunerevendication,aucunetentativedeprendreThePoint…ondiraitqu’ilsveulentjustequevoussachiez

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qu’ils peuvent vous atteindre, qu’ils peuvent vous pourrir la vie, et que vous pouvez rien y faire.Commesitoutçan’étaitqu’unputaindejeutordu.

Pourmoi, çan’avait riend’un jeu.C’étaitunequestiondevieoudemort.C’étaitdespierresdansmonventreetdelafureurdansmonsang.ThePointn’étaitpasgrand-chose,ilétaitdifficiledejustifierqu’onsebattepourcetteville,pourlagarderenviemalgrétoutelamisèreetlasouffrancequ’elleavaitcauséesàtellementdegens.Maisc’étaitmaville.C’étaitchezmoi.Ils’agissaitpeut-êtred’unroyaumesurlequelpersonned’autrenevoulaitrégner,maisjeleferaisjusqu’àcequecelametue,etjenelaisseraispasunintrusledéchirerdel’intérieur.Passij’avaismonmotàdire.

Tout en réfléchissant aux actions que j’allais devoir entreprendre, j’envoyai un texto à Starkpourluidemanderdedéterrerabsolumenttoutcequ’ilpourraitsurDrewDonner.C’étaitleseulnomqu’onm’avait donné. J’espérais juste qu’il en sortirait quelque chose, afin que je puissemettre untermeàtoutcebazaravecBrysen.

Nousnousgarâmesdevantl’entrepôt.Onseseraitcrudansunescènedefilm.L’ancienneusinen’avait jamaisété trèsbelle, sesmurscouvertsdegraffitiset sesbriquescroulantes fournissantunparfait camouflage à tous les excès et à la débauche qu’abritait ce bâtiment en friche. Désormais,c’étaitencorepire.Lesmursquitenaienttoujoursétaientcarbonisés,lespoutresenmétaltorduesetfondues, toutes les fenêtresàbarreauxbrisées,et lebâtimentn’étaitplusqu’unecoquillebrûléedebriqueetdemortier.L’odeurdefuméeetuneautre,bienpire,imprégnaientl’atmosphère.Ilyavaitdesvoituresdepolicepartout,etjeréprimaiunegrimaceenvoyantplusd’unefourgonnetted’expertmédico-légalgaréedevantlesdécombres.

Bax et moi descendîmes de voiture, un silence pesant s’installant entre nous alors que nousregardionss’agiterlesservicesd’urgence.JenevoyaisNassirnullepart,maisBaxsiffladoucementet inclina la tête en direction de l’endroit où était garée la berline de Titus. L’inspecteur et monassociécriminelse tenaient l’unàcôtéde l’autreetarboraient tousdeuxdesexpressionsdefureurabsolue.TitusparlaitrapidementenfaisantdesgestesdelamainetNassiravaitlesyeuxrivéssurcequiavaitétésonclub.Samâchoirebougeaitd’avantenarrière,etmêmeàcettedistance,alorsqueBaxetmoinousdirigionsverseux,jevoyaislaragebrûlerdanssesyeuxcouleurcaramel.

—Cen’estpasuneblague,ditTitus.Onaaffaireàdesexplosifsdetypemilitaire,Nassir.Çavaplusloinquedeuxcadavresdansuneruelle.Ilsontsortisixcorps,pourl’instant.Aucunedesvictimesn’estplusâgéequeDovie,bonsang.Onnevapaspouvoirignorercetteaffaire.

LamâchoiredeNassirtressaillitnerveusementetsonregardseposasurmoi,avantdereveniràl’immeubledétruit.

—Tantmieux.Trouvezquiafaitça,inspecteur.Celan’augurait riendebon,et je savaisque,quand il l’aurait trouvé,Titusne livreraitpas le

coupable à Nassir pour que celui-ci rende lui-même justice à sa façon. Titus n’obéissait pas auxrèglesdeThePoint;seulelaloicomptaitpourlui.

—Commenta-t-ilpuentrer?J’avaisposélaquestionauxdeuxhommes,maiscefutTitusquirépondit.Ilsetournaversnousetdesserrasonnœuddecravate,avantdepasserlamaindanssescheveux.—Iln’estpasentré.Lepointd’originesembleêtreletoitdubâtiment.Ilsembleraitqu’ilyaiteu

une explosion là-haut puis une série dedéflagrationspluspetites dans le bâtiment, cequi expliquequ’il y ait eu autant de victimes. Etonnamment, ce type, ajouta-t-il en désignant Nassir, avaitcomplètementrespectélesrèglesdesécuritéanti-incendie.Lesystèmed’extinctionàeauapermisderéduireauminimumlenombredemorts.

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Demonpointdevue,sixmortsn’étaientpasunminimum,etàen jugerpar la façondont lessourcilsdeNassirsefroncèrentau-dessusdesesyeuxfurieux,ilpensaitlamêmechose.

—L’unedesdanseusesm’aappelépourmedirequ’ilyavaitungroupedetypesquicherchaientdesennuisauSpanky’s.ElleaditqueChuckétaitdébordé,etqu’ellesavaientpeur.J’ysuisalléetjen’avaispasencorepassélaportequej’aireçuunappelmeprévenantquel’arèneétaitenfeu.Celuiquiafaitçanevoulaitpasquejesoissurplace.C’étaituncoupmontépourquejepuissevoirtoutcepourquoij’aitravailléêtreréduitencendres.

Titussoupiraetjedemandai:—Toutl’argent?Nassirsecoualatêteets’écartadelavoiture.—L’argentestensécurité.Jesuisunhommeprudentparnature.C’estcommeçaquej’airéussi

àresterenvieaussilongtemps.IllançaunregardsévèreàTitusavantdereprendre:—Jesuissérieux,inspecteur.Sivousavezunnom,jeleveux.TitusneditrienalorsqueNassirs’éloignait,letéléphonecolléàl’oreille.JeregardaiBax,qui

échangeaunregardavecsonfrèrepuishaussalesépaules.—Onn’ariend’autreàfaireici.—Non,grommelaTitus.Rentrezchezvouset réjouissez-vousdenepasavoirété icicesoir,

sinonvousseriezàl’arrièred’unedecescamionnettes,ouaucommissariatpouryêtreinterrogés.Je ne pusm’empêcher de grimacer alors quemes yeux se posaient automatiquement sur les

camionnettes blanches des experts médico-légaux. Je ne voulais pas penser aux gens qui allaientterminer leur samedi soir par un voyage à lamorgue,mais c’était impossible de faire autrement.Voilà leprixqueThePoint faisaitpayeràceuxqui s’aventuraientdanssesentrailles. Jemeperdisdans mes pensées sinistres ; j’avais l’impression que j’aurais beau travailler dur, affirmer monemprisesurcetteville,lespireschosesetlespirespersonnesfiniraienttoujoursparl’emporter.

Baxmesortitdemesréflexionsenmetapantsurl’épaule.—Jevaisteramenercheztoiauprèsdetafemme.Cettesoiréeestfinie.Al’entendre,onauraitditqu’ilnes’agissaitqued’uneautrejournée,qued’unautrebugdansle

systèmedecetteville.Celamedonnadesfrissonsdansledos.—D’accord.Une fois dans la voiture qui parcourait les quelques pâtés demaisons jusqu’au garage, où je

prendraislaStingray,ilmedemandasij’allaisbien.Jeprismontempspourrépondre.—Jene saispas trop. Il s’agitdeThePoint.Cetteville est censée régler sesproblèmeselle-

même.Riennipersonnen’estcenséêtrepirequeThePoint.Jenesaispasquoipenserdufaitqu’ellesubituneattaqueetqu’elleestentraindeperdre.

Ilpoussaungrognementrauqueetdéclara:—C’estplusqueThePoint.Cetendroitn’estpasqu’unavertissementdestinéauxgaminsgâtés

deTheHillquisesontégarésdumauvaiscôté.Mêmesic’estuncoinaffreux,vicieuxetquec’estdurdevivreici,c’estquandmêmecheznous.C’estchezmoi,cheztoi,etquandonvoitsonfoyersefaireexploser,quandonsaitquelamenaceestréelleetvientdel’extérieur,onaenviedesebattrepourlui,mêmesionsaitqu’ilnousregarderaitcreversansbougerlepetitdoigt.

Ilavaittoutàfaitraison.ThePointétaitpeut-êtreunroyaumepourri,maisc’étaitmonroyaumepourri, et je ne pouvais pas tolérer qu’une personne extérieure essaie de le détruire. Je n’auraisjamais cru ça possible, mais sur ce coup-là, j’étais avec Nassir. Quand on tiendrait la personneresponsabledecet incendie,dumessageensanglantéetmeurtrierdirigédirectementsur lecœurde

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ma ville, il n’y aurait pas de justice, pas de tribunaux— il n’y aurait que la contre-attaque et lavengeanceaunomdecetendroitquin’étaitpasaussisolidequ’ilenavaitl’air.

JedisaurevoiràBaxavantqu’ilneparteàtoutevitesseretrouvermasœur.Jecomprenaisunpeumieuxcebesoinimpérieuxmaintenantquej’étaisobsédéparBrysenetsasécurité.Elleétaitcequime rattachait à la réalité endehorsde laviolence et desmachinationsqui constituaientmaviequotidienne.J’avaisbesoind’ellesijevoulaisremportercetteguerre.Ellemepermettaitdegarderentêtel’objectiffinal.

J’arrivaiàl’appartementsurlesquais,justeàlalimitedelaville.Ilétaitsuffisammentéloignédu cœur de The Point pour être sûr, mais suffisamment éloigné de The Hill et des banlieuesrésidentiellespourquepersonnenesoupçonnequedeuxfillesdelaclassemoyennesecachaientlà.Cet appartement avait été la garçonnière demonpère, l’endroit où il emmenait toutes les femmesaveclesquellesiltrompaitmamère.Ill’avaitpayéenespèces,sibienqu’ilavaitéchappéàlasaisiepar les fédéraux de tous les biens rattachés au nom de Hartman. Je connaissais son existenceuniquementparcequeNovakavaitprisungrandplaisirnonseulementàmemanipuler,maisaussiàmerévélertouteslessaletésqu’ilconnaissaitsurmonpèreafindemecontrôler.Ilm’avaitsuffideserrerquelquesmainsetdegraisser lapattedugestionnairedel’immeublepourquetoutetracedemonpèredisparaissedel’actedepropriété,quej’avaismisaunomdeBrysensansypenseràdeuxfois. Bien sûr, devant les tribunaux, la légalité de ce titre de propriété ne tiendrait pas,mais pourl’instantcetendroitluiappartenait,mêmesiellen’ensavaitrien,ous’ilfinissaitpars’avérerqu’ellen’envoulaitpas.

Jemegaraidansleparkingsouterrainetprisl’ascenseurjusqu’audernierétage.L’appartementdonnaitsurl’eau,surlesquaisdechargement.SiThePoints’étaittrouvéedansunplusbeausite,dansuneplusjolieville,lavueauraitétésublime.Enl’occurrence,onnevoyaitsurdeskilomètresqu’unbrouillarddepollution,desbateauxrouillésetdesdockersbourrus.Quandjepoussailaporte,jefusaccueilliparlecanond’unrevolverpointésurmonvisage.BookerneplaisantaitplusdepuislachutedeBrysenàlafac.Jesavaisqu’iln’étaitpasdugenresentimentaloucompatissant,maisiln’étaitpasnonplusdugenreàaimerpasserpouruntypequ’onpouvaitdoubler.Ilprenaitl’agressiondeBrysencommeuneaffairepersonnelle,cequim’allaittrèsbien.

Ilbaissasonarmeetlacicatricequirecouvraitlamoitiédesonvisagetressauta.—Jenesavaispasquetupasseraiscesoir.Ilposasonarmealorsquejerefermaislaportederrièremoi.—Macopineestici.Pourquoij’iraisailleurs?Ilreniflaetpritunebièreentaméesurlatablebasse.—Tu feraisbiende luidire ça.Ellen’était pas enchantéequece soitmoiqui la ramèneà la

maisonaujourd’hui.Çaaétéunvraiplaisirdepasserlajournéeavecelle.Jegrimaçaiunpeu.J’auraisdûlibérerdutempspourlaconduireici.J’étaisnulpourcequiétait

desrelationsamoureuses.Elleauraittoujoursdûpasserenpremier.—Etlapetite…Ellevas’attirerdesennuis,àtoujourssebaladeravecsesgrandsyeuxdechiot,

commesiellecherchaitunmaîtreetunbonfoyer.Siçanetenaitqu’àmoi,jelagarderaisenferméejusqu’àcequ’ellesoitadulte.

—Jegarderaiçaentête.—Tuveuxquejereste,outupeuxtedébrouillertoutseul?—Tupeuxyaller.Ilfinitsabière.

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—Ilparaîtquetuasprisl’habitudedetebaladersansarme.Dovie.Masœursefaisaittoujoursdusoucipourtoutlemonde,saufpourelle.Ils’approchadel’armequ’ilavaitposéesurleplandetravail.

—Tusaist’enservir?Jemecontentaideleregarderfixement.CelafaisaitlongtempsquejevivaisàThePoint.J’étais

associé avecNassir, etBax étaitmonmeilleur ami.Bien sûr que je savaisme servir d’un flingue.Seulement,jepréféraisl’éviter.

—Trèsbien.Bonnechanceavectacopine.Jecroisquetuvasenavoirbesoin.Jeleregardaisortir,puisbaissailesyeuxsurlerevolver.Onnepouvaitnierquemavieétaiten

traindechanger.Pourlemieux,souscertainsaspects,maissurtoutpourlepire.Letruc,c’étaitjustedetrouverl’équilibre.Jeprisl’armeàfeuetlaposaienhautdufrigopourlamettrehorsdevue,puisjegravisl’escaliermenantàlagrandechambre,quioccupaittoutl’étagesupérieurdel’appartement.Les lumières étaient allumées et quand j’entrai, je m’attendais à ce que Brysen soit sur le lit, àregarderlatéléoujenesaisquoi.Jechancelaimêmeunpeuentrouvantlagrandechambrevide.Jem’yavançai,regardantautourdemoi,commesij’avaispularater,quandj’entendisunpetitbruitenprovenancedelasalledebains,situéedel’autrecôtédel’étage.

J’enlevai mes chaussures et déboutonnai ma chemise, puis j’allai la retrouver. Elle se tenaitdevantlemiroir,unepairedeciseauxdansunemainetunpeignedansl’autre.Soncarréblondplatinen’étaitplus,etsesyeuxbleusetbrillantssebraquèrentsurmoiquandj’apparusdanslemiroir.Elleposa les ciseaux et passa lamain sur ses cheveux coupés, l’air gênée. L’armée de petits points desuturenoirsdécorantl’arrièredesoncrânemefitserrerlesdentsalorsquenousnousregardionsensilence.

—C’estlemieuxquej’aipufaire.Ellesemblaitnerveuse,peusûred’elle.Avraidire,cen’étaitpassimal,vudedevant.Sescheveuxétaienttrèscourts,ramenésversson

visage,avecunefrangehyper-lissesursonfront.Surl’arrière,ilsétaientpresquetouscoupésaurasducrâne,àpartunepetitepartiesuffisammentlonguepourcouvrirlehautdesablessure.C’étaitàlafoisavant-gardisteet rétro.Onauraitditunegarçonnedes tempsmodernes.Ellen’auraiteuaucunmalàincarnerlaBonniedemonClyde.

—Jesuisdésolédenepasavoirété làaujourd’huiquand ils t’ont laisséesortir. J’aipassé lajournéeàtournerenrondpourdécouvrirquit’apousséedansl’escalier.J’auraisdûêtrelàpourterameneràlamaison.

Ellese retournaet s’appuyacontre le lavabo,desorteque je la regardais toutenvoyantmonproprerefletdanslemiroirderrièreelle.Jevismesyeuxs’assombrirsimplementparcequejemetrouvaisdanslamêmepiècequ’elle.

—Alamaison?Jenesaismêmepasoùjesuis,Race.C’estquoicetendroit?Pourquoionestlà?J’aidesmillionsdequestionsettun’étaispaslàpouryrépondre.SansparlerdufaitquejenepeuxpasfaireunpassansfoncerdansBooker,etcen’estdrôlenipourluinipourmoi.Jedétesteça.

Jenepouvaisrienfaired’autrequelaregarder.C’étaitnormalqu’elledétesteça,maisjefaisaisdemonmieux.Ellebaissalesyeuxetfitunpaspourmeprendrelamain.J’avaisoubliémesdoigtscraquelésetlesangséchésurledosdemesmains.

—Tuaspleindesangsurlesmains.J’étouffaiunrire.—Cen’estriendeledire.

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Ellemefitlesgrosyeuxetjesoupiraienlacontournantpourallermelaver.Jefaisaistoujoursça:fairedisparaîtrelesangdanslescanalisations.

—Monpèreseservaitdecetendroitpourretrouversesmaîtresses.C’estsuffisammentloindeThe Hill pour que ma mère n’en ait jamais entendu parler. Le gestionnaire de l’immeuble estsacrément pourri, alors je l’ai payé, etmaintenant aucun document ne peut rattacher cet endroit àquiconquedansmafamille.Jeluiaidemandédemettreletitredepropriétéàtonnom.Cen’estpaslégal,maispour l’instantKarsenet toipouvezrester ici,mêmequandonauraarrêtéce typequi teharcèle. Je sais que tu t’inquiétais de ce qui allait se passer quand votremaison aurait été saisie àcausedetonpère.Maintenant,vousavezunendroitoùloger.

Elle émit un petit bruit de gorge, puis ses mains recouvrirent les miennes dans le lavabo,m’aidantànettoyerlesderniersrappelsdecettehorriblesoirée.Sesyeuxcroisèrentlesmiensdanslemiroir,etjevistoutelapeur,toutel’incertitude,touteslesquestionsqu’ellegardaitenelle,maisaussidelagratitude,del’espoiretquelquechosed’encoreplusprofond,etc’étaitceàquoijevoulaismeraccrocher.

—J’auraisdûêtrelàaujourd’hui.Ellecoupal’eauetposalajouesurl’arrièredemonépaule.—Non,jesaisquetuasbeaucoupdechosesàfaireetquetuessaiesdedécouvrirquim’afaitça.

Tum’asmanqué,c’esttout,etjemesensmieuxquandtuesprèsdemoi.MaisjesaisquejedoistepartageravecThePoint.

Jepassai lamainsursescheveux tout justecoupés.Bienquecourtsetunpeu fous, ilsétaienttoujoursaussidouxalorsqu’ilss’attachaientàmesdoigtshumides.

—Tunedevraispasavoiràlefaire.Ellepoussaunriresanshumour.—Dansunmondeparfait,peut-être,maisjusqu’àmaintenant,niTheHill,niThePoint,niaucun

endroitentrelesdeuxnesontparfaits.Ilfautjustetirerlemeilleurdecequ’ona.Jerefermaimamainsursanuqueetdemandai:—Est-cequ’onestentraindetomberamoureux,Bry?Elleritdenouveauets’écartademoi.—Probablement.Etpourquoipas?Lavieestpourrie,quelqu’unessaiedemetuer,ettuesen

plein milieu d’une guerre. Quelles meilleures conditions pourrait-on imaginer pour tomberamoureux?

Décidément,elleétaitbeletbienmaBonnie.Jelasuivisdanslachambre.—Tupensesqu’onysurvivra?Je n’avais encore jamais été amoureux et c’était une nouvelle sorte de bataille que je voulais

remporter.Ellepoussaunsoupir.—Jenesaispas,maisjel’espèrevraiment.Ilfallaitquejechangedesujetavantquel’undenouslaisselebonsensleconvaincredemettre

untermeàcequisepassaitentrenous.—Qu’est-cequetusaissurDrewDonner?Elleétaitoccupéeàreplier lacouettesur legrand litking-size,etmeréponditpar-dessusson

épaule:—Onaplusieursclassesencommun,cesemestre.Ilestplutôtsympa,alorsonréviseensemble

detempsentemps.—Ilnet’ajamaisinvitéeàsortir,ouuntruccommeça?

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Elle retira son pantalon noir, ne restant qu’en débardeur et culotte presque inexistante. Ils’agissaitd’uneconversationsérieuse,maismonespritsevidaaussitôtet jenepusquedévorerduregard ses longues jambes alors qu’elle grimpait sur le lit et s’y asseyait. Elle avait toujours unepetitemarquerougesurlegenouàcausedesachutesurleparking,oùelleavaitfrôlélamort,etcerappelde sesblessures suffit àme remettre les idéesenplacealorsqu’ellem’étudiaitpendantuneminuteavantderépondre:

—Ilm’aclairementfaitcomprendrequ’ilaimeraitqu’onsoitplusqu’amis,maisjen’enavaispasenvieetjeleluiaidit.Celanel’enchantepas,maisiln’insistejamais.

Jem’avançaiverselleetnem’arrêtaiqu’aprèsavoiratteint lecôtédu litetm’êtrepositionnéentreses jambes.Jemepenchaisurelle jusqu’àcequ’ellesoitappuyéesursescoudesetquejenesoisplusqu’àundoigtd’êtreallongésurelle.

—Etpourquoiest-cequetun’enavaispasenvie?Sapoitrinesesoulevaetellerelâchatoutsonpoids,sibienquenousnousécroulâmestousles

deuxsurlelit.Jelarecouvraiscomplètement.Elleentortillasesmainsdansmescheveuxetmerenditmonregardsérieux.

— Parce que c’était toi que je voulais, même si je refusais de l’admettre, et je savais quepersonnenesupporteraitlacomparaison.

Ohnon,personne.Cettefillemefaisaituneffetquejen’avaispasressentidepuistrèslongtemps,et l’attirance entre nous était quelque chose que certaines personnes passaient une vie entière àrechercher.Peuimportaitquemonuniverssoitdangereux,qu’elledoiveprendreunrisquepourêtreavecmoi;nousétionsfaitspourêtreensemble,etniuntordunilaraisonnenoussépareraient.

Jel’embrassaiavecforce,rapidement,puisfisminedemerelever.Aprèstout,elleétaitblessée,etiln’étaitpasquestionquejecauseplusdedégâts,maiselleresserrasesdoigtssurmatête,refusantdemelaisserpartir.

—J’aidemandéàquelqu’undefairedesrecherchessurlui.Lesgarsdecettefacsemblentavoirdumalàsupporterquetulesrejettes.Jeveuxsavoircequ’ilmijote.

Ellemeregardaitavecdesyeuxbrillants,etelleenroulaunejambeautourdemataille,cequipoussamesmainsàtouchersapeaunue,contremavolonté.

Ilnemijote rien.C’est justeunétudiant. Ilneme feraitpasdemal. Iln’aaucune raisonde lefaire.

Jecaressaisacuisseetsentisquemoncœurbattaitunpeuplusvite.Jenedevaispasoublierquesatêtedevaitluifaireunmaldechien.J’embrassailacourbeextérieuredesonsourcil.

—Jeveuxquandmêmem’enassurer.Brysen,tuessortiedel’hôpitalcematin.Laisse-moimereleveretoniragentimentsecoucher.Jetel’aidit,jeveuxprendresoindetoi.

L’unedesesmains relâchasaprisede fersurmescheveuxalorsqu’elleglissait sonbrassurmonépauleetquesonautrejamberejoignaitlapremière,sibienquej’étaisdésormaiscomplètementplaqué contre elle. Seuls sa culotte etmon jean séparaientmon érection grandissante de son sexebrûlant.

—Tum’asmanqué,Race.Jeveuxquetuprennessoindemoi.Maisplutôtcommeça.Mesobjectionss’effacèrentquandellem’embrassacommesinousavionsétéséparéspendant

des mois et non quelques longues journées. Je me laissai prendre par ses lèvres, par sa langueséductricequientraînaitlamiennedansunedansepassionnée.Jecédaidésespérémentàl’exigencedesesdentsquandelles’enservitpourbienmefairecomprendresesbesoinsetsesdésirs.Jeposailesmainssurlacourbedeseshanchesetnousdéplaçaiaucentredulit,sesmainsm’agrippantcommesi

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ellecraignaitquejem’enaille.Elleétaitpresquenuesousmoi;jen’auraisvouluêtreàaucunautreendroitaumonde.

Jefispassersondébardeurpar-dessussatêteenfaisantattentionàlapeausensibleàl’arrièredesoncrâneetlalaissaisebattreavecmonjeanjusqu’àcequ’elleaitouvertlabraguetteetseserventàla foisde sesmains etde sespiedspourm’endébarrasser. Je lui souris etmemis àgenouxpourpouvoir le retirer complètement, etmoncœur se renversa lorsqu’elle appuya surma fossette avecsonindex.Ellemesouritalorsquejepassaislesdoigtsauborddesaculotteetcommençaisàlafaireglissersurses jambes.Elleétait leplusbeaudescadeauxquej’avais jamaisreçus,et jeprenaisunplaisirimmenseàlaredécouvrir.

—Tun’espascommelesautres,RaceHartman.Sonventresecreusaetfrémitunpeulorsquejepenchailatêteetfourraileboutdemalangue

danslepetitcreuxdesonnombril.—Jepensaisjustementlamêmechoseàproposdetoi.Jenedevaispasoublierqu’elleétait fragile,cassable,etbien trophumaine.Jenepouvaisme

déchaînersurellecommej’enavaisl’habitudequandjel’emmenaisaulit.Entempsnormal,elleétaitmonpharedanslatempêtetandisquetoutfaisaitrageautourdenous,maiscesoirelleavaitbesoind’attention,dedélicatesse,etquejeluimontrequ’elleétaitensécuritéavecmoi.

Depuissonnombril,jefisdescendremalanguesurl’arêtedel’osdesahanchealorsqu’ellesetrémoussait impatiemmentsousmoi.Elleavaitdéjà les jambesécartées, sibienque jen’eusaucunmalàpromenermabouchesursachairquiétaitdéjàhumideetglissantededésir.J’adoraisqu’ellesoittoujoursaussiprêtepourmoiquejel’étaispourelle.Ilyavaitenelledelapassion,delafaim,etundésirquimecomprimaitlebas-ventreetmefaisaitsaliver.

Elle souffla mon prénom dès le premier passage de ma langue sur son sexe. Ses doigtss’agrippèrent à mes cheveux quand je me servis de mes épaules pour lui écarter encore plus lesjambes,defaçonàcequemesmainspuissententrerenactionellesaussi.Jel’entendisgémir,maisj’étaistropconcentrésurcequejefaisais,tropenivréparlafaçondontellefondaitdansmabouche,pourprendreletempsdemedemanders’ils’agissaitd’ungémissementdedouleuroudeplaisir.Ellese contracta autour demes doigts, son clitoris se durcit lorsque je le pris entremes dents, et sescuisses remuèrent contrema tête alors qu’elle bougeait au rythme demes caresses. Je la sentis secrisper à l’intérieur, je sentis l’humidité se concentrer autour demes doigts et je la dévorai alorsqu’elle atteignait l’orgasme en soufflant mon nom dans un sanglot. Si j’arrivais à la faire jouircommeça jusqu’à la findemavie, j’accepteraisen souriant toutes les saloperiesque ledestinmeréservaitquotidiennement.

Sesjambesserelâchèrentsurmesépaulesetjelesallongeaidechaquecôtédemoialorsquejerampaissurelle.Jem’arrêtaiencheminpoursucersesdeux jolis tétonsrosesetpourfrottermonvisagecontrelacourbesplendidedesoncou.Monsexeétaitdurcommedelapierre,mestesticulesmefaisaientmal,ettoutcedontj’avaisenvie,c’étaitdem’enfoncerenelleetderesterlààjamais.Jeme hissai au-dessus d’elle, appuyé surmes bras, et attendis que ses yeux bleu ciel s’ouvrent et seposentsurmoi.Elleavaitlesjouesrougesetundouxsourireauxlèvres;ellen’avaitjamaisétéaussibelle.J’auraisabandonnétoutemafortune,combattudansn’importequelleguerreetmeseraisvidédemonsangencoreetencoresionmel’avaitpromiseenrécompense.

Ellepassalesmainssurmescôtesetenrouladenouveausesjambesautourdemataille.Elleseservitdesaprisesurmoipourseredresserafinqueseulel’extrémitédemonsexeseglissedanssachaleuraccueillante.

—J’aibesoindetoi.

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Savoixétaitrauqueetunpeucassée.Jeplaçaiunemainsoussesfessesetl’attiraicontremoienm’installantlentemententresesjambes.Alorsquenousnousenfoncionsdenouveaudanslematelas,jeposaimabouchecontrelasienneetmurmurai:

—Moiaussij’aibesoindetoi,Bry.Jel’embrassaiavectoutcequej’avais,avectoutmoncœur,laissantmaboucheluidirequ’elle

étaittoutcequej’avaisjamaischerché.Iln’yavaitriend’autrequ’elle.Puis,alorsquejememettaisàbougerenelle,contreelle, jemeservisdema languepour imiter lesmouvementsdubasdemoncorps. Elle se tortilla contremoi et enfonça les ongles dans la peau demes épaules. Je voulais laposséderavecforce,laprendrecommejelefaisaisnormalement,maisjenevoulaispasluifairemaletmalgrésonplaisir,malgrésonregardbleubrûlantetsexy, jedistinguaisuneombred’inconfortquim’empêchaitdemelaisseraller.Elleavaitsansdoutetrèsmalàlatête.

Elletremblait,soncœurbattaitàtoutrompre,commelemien,etsestétonsétaientdursquandilssefrottaientcontremontorse.Salangues’enroulaitautourdelamienne,lacaressait,etsonétreinteétaitaussidésespérée,aussiaffaméequelamienne.Jesentismonplaisirsenicherets’intensifieraubasdemacolonnevertébrale,jesentisquemoncorpscommençaitàtrembler.Jerelevailatêteetluidis:

—Jouisavecmoi.Ellesecoualatêtededroiteàgaucheetjelasentisremuerseshanchescontrelesmiennesalors

quej’essayaisdemeretenirdemedéchaînerenelledetoutesmesforces.Ellerefermasesbrasautourdemoiethaussaunsourcil.—Alorsarrêtedefairel’idiotetprends-moivraiment.Unrirem’échappa,etjeluisouris.—Jeneveuxpastefairemalàlatête,crétine.—Danscecas,fais-moipenseràautrechose,beaugosse.Merde. Je n’eus aucun mal à relever le défi. Je posai les mains de chaque côté de sa tête,

m’assurantqu’ellenemequittaitpasdesyeux,etjefisexactementcequ’ellem’avaitdemandé.Jem’enfonçaienelle,bougeaisurelle,meserraicontreellecommesij’essayaisdemefondre

enelle—et c’étaitpeut-être le cas. J’étais tellementprochede l’orgasme, rienqu’à lavoirnueetconsentantesousmoi,qu’ilnemefallutquequelquesminutespourexploserenelle,sanssavoirsielle m’avait suivi. Heureusement, elle était expressive au lit, et quand j’eus fini de grogner et dedéchargerenelle,jel’entendisgémiretlasentispalpiterautourdemoi.

J’attendisuneseconde,letempsquenousreprenionstouslesdeuxunerespirationnormale,puisjeroulaisurledosetm’étalaiàcôtéd’elle,entraversdulit.Elleentrelaçasesdoigtsauxmiensetembrassachacunedemesjointuresabîmées.

—Mercid’avoirprissoindemoi,Race.Evidemment,elleneparlaitpasdesexe,mêmesicelaauraitincroyablementflattémonego.—Mercidemedonnerquelquechosedebienauquelmeraccrocher,Brysen.Ellereprésentaitl’équilibredontj’avaisdésespérémentbesoin.

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17

Brysen

Vumesactivitésde laveilleavecRace, je fusétonnéedene ressentirqu’un légermalde têtelancinantquandilmeréveillaetmeditqu’ildevaityaller.J’étaisencoreendormie,unpeuconfuse,sibienqu’ilmesemblaqu’ilmeparlaitd’unincendieauclubdeNassir,maisjen’auraispul’affirmer.Jepensaisquec’étaitpeut-êtreunrêve,etdèsquelaportedelachambreserefermaderrièrelui,jemerendormis.Jenemeréveillaiqu’enentendantlerireaiguetvoilédemasœuretensentantl’odeurdubaconentraindegriller.Jen’étaispascenséemefrotterlatêteavantunjouroudeux,maismespointsdesuturemegrattaienttellementquejedécidaid’ignorerlesordresdumédecinetdeprendreunedoucherapide.J’eusdumalàmeregarderdanslemiroircouvertdebuéeensortant.

Mes cheveux auraient pu être pires,mais j’avais des cernes noirs sous les yeux et des lignesdures de chaque côté de la bouche, que je n’avais jamais vues auparavant. Le fait que quelqu’unveuillemapeau,qu’uneombresinistremepourchasse,l’emportesurmoi,commençaitàlaisserdestraces,etcelasevoyaitsurmonvisage.MêmesiRaceétaitintervenuetavaitprisenchargetouslesautresproblèmesmajeursquelavieavaitplacéssurmaroute—mamère,noustrouverunlogementpour que nous ne soyons pas à la rue, essayer d’assurer notre sécurité —, cela faisait encorebeaucoupàgérer,etjeparaissaisbienplusâgéequemesvingtetunans.

Puisquejen’avaisriend’autrequemonsacàmainetlepetitsacqueKarsenm’avaitpréparéenvitesse pendant que j’étais à l’hôpital, je ne pouvaismême pas réaliser de tour demagie avec dumaquillagepourmedonnermeilleuremine.Celadit, je n’avais personne à impressionner.Karsenm’avait vue dans mes pires moments, et le géant maussade, Booker, m’avait clairement faitcomprendrequenousneserionsjamaisamis.Ilsecomportaitcommesic’étaitmafautesionm’avaitpousséedansl’escalieretcommesijem’étaisouvertlecrânerienquepourlefairepasserpourunbonàrienauxyeuxdeRace.Ilétaitencoreplushargneuxetgrognonqu’avant,etjen’arrivaispasà

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comprendrepourquoiplusilsemontraitdésagréable,plusmasœurluiléchaitlesbottes.Celanemeplaisaitpasdutout.

J’enfilaiunpantalondeyogaetunsweattroplarge,etentreprisd’allercontrarierlestentativesdeséductiontotalementinappropriéesdemapetitesœur.Arrivéeaubasdel’escalier,jefussurprisede voir Booker en train de faire la vaisselle tandis que Karsen était assise à l’îlot de cuisine, unsandwich devant elle. Ses yeux sombres s’écarquillèrent quand elle vit ma coupe de cheveuxdéstructurée,maisilspétillaientd’approbation.

—C’estjoli,sophistiquéetunpeupunk.Jen’enrevienspasquetuaiesfaitçatouteseule.Masœurnedisaitjamaisriendenégatif.Elleétaittropmignonne.—C’estn’importequoi,maisc’estmieuxquelecarnagequ’ilsavaientfaitàl’hôpital.Booker

t’apréparéàdéjeuner?Jesautaisurletabouretàcôtédusienetprisl’autremoitiédesonsandwichbacon-laitue-tomate.—Non.J’aicuisinéetiladitqu’ilferaitlavaisselle.Legrandtypegrommelasansseretourner.Karsenmesouritetdésignal’appartementmoderne,

magnifiquement décoré. Il ne se trouvait pas dans le plus beau quartier de la ville,mais je devaisadmettrequ’ilétaitcentfoismieuxqueleloftau-dessusdugarage.

—Cet endroit est génial, non ?Race a dit qu’on pouvait rester ici aussi longtemps qu’on enauraitbesoin.

—Raceestpleindesurprises,dis-jed’untonsec,etj’entendisBookerricaner.—Ilétaitpressédepartircematin,précisa-t-il.Ilm’aposémilleetunequestionssurtonamide

lafac.Bookerseretournaetm’adressaundrôlederegard.Jehaussailesépaules.—Cen’estqu’unami.Ilgrognaetcroisasesbrasmassifssurlapoitrine.—Lesfillesaussijoliesquetoin’ontpasd’amisgarçons.Mêmelesfillesmoinsjoliesquetoi

n’ontpasd’amisgarçons.Tupeuxmecroire,Blondie,toutmecquitraînelongtempsavecunefilleattendsimplementuneopportunitéd’yfourrersonengin.

Jem’étouffaiavecmonsandwichetjetaiuncoupd’œilàmasœuravantdefoudroyerBookerduregard.

—Cen’estpasvrai.TouslesmecsnesontpasdeshommesdeNeandertaldanstongenre.Ilhaussalesourcilcoupéendeuxparsonhideusecicatriceetm’adressaunregardentendu.—Si.Seulement,certainsarriventmieuxàlecacherquandilsveulentsetaperunefille.JechangeaidesujetetmetournaiversKarsen.—Bref…Drewestinoffensifetiln’ajamaistouchéàmonordinateur,alorstoutcesystèmede

surveillancemalsainnepeutpasvenirdelui.Karsenémitunbruitétranglé.Bookerfronçalessourcilsetjelaregardai,inquiète.Elleagrippa

monavant-bras,sesyeuxmarrondévoranttoutsonvisage.— Ce n’est pas vrai. Rappelle-toi, il y a quelques mois, quand tu as dû m’emprunter mon

ordinateur parce que tu avais prêté le tien à Adria, dont l’ordi avait planté, pendant environ unesemaine.Tuétaisencolèreparcequec’étaitDrewquitel’avaitrendu,alorsquec’étaitAdriaquitel’avait emprunté. Il t’avait dit qu’elle le lui avait donné parce qu’elle était trop occupée pour te lerendre elle-même. Tu te plaignais même qu’il était trop lent et tu disais qu’Adria devait avoirtéléchargéunvirus,oujenesaisquoi.Tuétaiscarrémentjalousequandelleaeuunordiportabletoutneufpourremplacerl’ancien.

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Jenem’ensouvenaispasdutout,maisj’avaiseubeaucoupdechosesentêtecesderniersmois,etAdriasemontraitsouventégoïsteetexigeante,sibienquecen’étaitpaslegenrededemandequim’aurait marquée ou que j’aurais pu trouver inhabituelle. Cependant, maintenant que Karsen enparlait, jemerappelaiseffectivementqueDrewm’avaitrendumonordinateuretqu’ilm’avaitparuhyper-contentd’avoirétéchargédecettemission.Comme touteadolescente typique,Karsendevaitavoir souffert d’être séparéede sonordinateur et des réseaux sociaux, cequi expliquait qu’elle sesouvienneaussibiendecetépisode.

—Ah,merde.Bookerdécroisalesbrasetsonvisagedurpritunairlégèrementmeurtrier.—Ilfautquej’appelleRaceetquejelemetteaucourantavantqu’ilaillecoincercemecàlafac.Un frissonglacédescendit le longdemacolonnevertébrale. JenepensaispasqueDrewsoit

capabledefairedumalàquiquecesoit.Cen’étaitqu’unétudiantBCBGayantunpetitfaiblepourmoi,maisàcestade, lesseulespersonnesdont j’étaiscertainequ’ellesn’essayaientpasdemetuerétaientRaceetKarsen—etpeut-êtreBooker,mêmesij’avaisencoredesdoutesàsonsujet.

JemetournaiversKarsenetnouséchangeâmesunregardinquietalorsqueBookerprenaitsontéléphoneetpassaitdanslasalledeséjourpourappelerRace.Ellesemblaitàdeuxdoigtsderendresondéjeuner,alorsjeluidis,demavoixlaplusassurée:

—Çavaaller.Racevatirerçaauclairetnousreprendronsunevienormale.Elleouvritlabouchepourmerépondre,maisfutinterrompueparmasonneriedetéléphone,en

provenancedemachambre.JemedemandaisbienpourquoiDoviepouvaitm’appeleralorsqu’ellesavaitquej’étaisenisolement,etaussitôt,desimagesdeRaceblessé—oupire—m’assaillirent.

—Allô?Jerespiraisfort,maismêmelebruitdemaproprerespirationnesuffitàétoufferlessanglotsà

l’autreboutdufil.Dovienem’avaitjamaisdonnél’impressiond’avoirdestendanceshystériques,etimmédiatementmonespritsemitàbouillonnerdescénarioscatastropheimpliquantRaceetBax.

—Qu’est-cequinevapas,Dovie?Je ne voulais pas lui poser cette question aussi sèchement alors qu’elle était manifestement

bouleversée,maisjen’avaispaspum’enempêcher.—Je…Baxetmoi…ons’estdisputés.Violemment.Jem’assissurlelitetpoussaiunsoupirdesoulagement.—Aproposdequoi?Ellehoquetaetmoncœurseserra.Jen’entendaispluslafilledureàcuirequejeconnaissais.—Jeluiaiditqu’ilfallaitqu’ilarrêtedetravaillerpourRace,quejevoulaisqu’ilcessetoutça.

LeclubdeNassiraétéréduitencendreshiersoir.Desgenssontmorts,Brysen.Jeneveuxpaspassertous les joursdemavieàmedemander s’ilva rentrerà lamaison. Jenepeuxplus.Çame tuedetoujoursm’inquiéterpourRaceetlui.

OK,c’étaitsérieux,etjecomprenaistotalementpourquoiçanes’étaitpasbienpassé.Baxn’avaitpasl’airdugenreàaccepterlesultimatums,mêmes’ilaimaitvraimentDovie.

—Jesuisdésolée,Dovie.Jesuissûrequ’ilvasecalmeretquevouspourrezenparlerquandilauraeuletempsd’yréfléchir.

Ellereniflaànouveau.—Jenesaispas. Ilestparticommeunouragancematinet jene l’avaispasvuaussi furieux

depuislesoiroùtoutestpartienvrilleavecNovak.Jejuraidansmabarbeetpassailamaindansmescheveuxultra-courts.Jenesavaispasquoidire

pourlaréconforter.Maisils’avéraqu’ellecherchaitjusteuneépaulesurlaquellepleurer.

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—Brysen, je n’arrive pas àme concentrer surmes cours et je ne veux pas rester seule à lamaison.JesaisqueRacet’aplacéeenisolement,maistupeuxmedireoùtuespourquejevienneetqu’onpuissediscuter?

Jen’allaisévidemmentpasluidirenon.Dovieétaituneexcellenteamieetellesemblaitsitristeetflippéequetoutcequejevoulais,c’étaitlaprendredansmesbras.

—Jeneconnaispasl’adresseexacte.Maisnoussommessurlesquais,etlarésidenceestassezjolie.Enfin,bienplusjoliequ’onnepourraits’yattendredansunendroitcommeThePoint.Elleestjusteenfaced’unbarquis’appelleTheRabbitHole.Onestaudernierétage.

Elle émit un bruit étranglé et je l’entendis inspirer brusquement. Elle se comportait trèsbizarrement, et soudain je sentis un picotement sur ma nuque. Je faisais évidemment confiance àDovie,maistoutettoutlemondeavaitvoulumefairedumalcesdernierstemps,etjenedevaispasl’oublier.

—Hum…quiça,«on»?Onauraitditqu’elleavaitunchatdanslagorge.—Karsenet le typeque je surnommeaffectueusementHulk. Il s’appelleBookeretc’estmon

baby-sitterofficieljusqu’àcequeRacemettelamainsurletorduquiveutmapeau.Ellefitunautrebruit,etcettefoisonauraitditqu’ellesouffraitphysiquement.Jecommençais

vraimentàmefairedusoucipourelle.—Est-cequeçava,Dovie?Tun’aspasl’airtrèsbien.Elletoussa.—Çava.Jepanique,c’esttout.Est-cequeletypequitesurveilleestarmé,àtouthasard?Ils’agissaitd’unequestionbienprécise,etvulatournurequeprenaitcetteconversation,j’hésitai

àluirépondrehonnêtement.Jedécidaiplutôtd’esquiverlaquestion.—Jenesaispas.Probablement.Ilressembleàunbourreaudestempsmodernes,oualorsàun

tueur à gages. Je suis quasiment sûre que tous ceux avec qui Race s’associe portent une arme. Ycompristonpetitami.

Savoixchangeaunpeuquandellerépondit:—Oui,BaxporteunearmeetonharcèletouslesdeuxRacepourqu’ilsemetteàenfaireautant.

Parfois,àThePoint,laseulechosequ’onpuissefaireestdeseprépareraupire.Ellehaletadenouveauetmoninquiétudegrandit.Tousmesinstinctsmehurlaientquequelque

chosenetournaitvraimentpasrond,maisjenesavaispasdequoiils’agissait,etjenesavaispasquoiyfaireautéléphone.

—Brysen,jeserailàd’icipeu.Euh…tiens-toiprête,d’accord?Elleraccrochaetjegardailesyeuxrivéssurmontéléphonependantunelongueseconde.Jeme

levaietmeprécipitaisoudaindanslacuisine,cequin’arrangeapasmonmaldecrânelancinant.—C’étaitqui?demandaKarsenavecinquiétude.Jemerendiscomptequejedevaisavoirl’airunpeufollealorsquedespenséessurcecoupde

fil louche tourbillonnaient dansma tête. J’avais la chair de poule et de la glace commençait à seformerdansmesveines.

—Dovie.Mais elle avait vraiment l’air bizarre.Elle a dit qu’elle s’était disputéeviolemmentavecBaxetqu’ilfallaitqu’ellevienneicipourenparler.

Jememisàfairelescentpas,frénétiquement,enpassantlamaindansmescheveux,etgrimaçaiquand j’accrochai mes points de suture. Je rejouais cette conversation dans ma tête, essayant dedéterminercequim’avaitmis lapuceà l’oreille,puis jedécidaiquelaconversationentièren’étaitpasnette.

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Acemoment-là,Bookerjuraavecunetelleforcequelesmurstremblèrent,etils’approchademoid’unpas raide. Il s’arrêtabrusquementdevantmoietposa lesmainssurmesépaulespourmeforceràm’arrêterdedéambuleretàleregarder.

—Est-cequetuluiasditoùtuétais?Jerépondisàsonregardfoudroyantparunegrimace.—C’estmameilleureamieetelleavaitvraimentl’airbouleversée.Biensûrquejeleluiaidit.Maismaintenant,jeleregrettaisprofondément.BookerpointaledoigtsurKarsen.—Très bien, gamine, tu vas filer dans ta chambre et ne pas bouger. Ferme la porte à clé et

pousseautantdemeublesquepossibledevant,etnesorspourrienaumonde.Nipourmoinipourtasœur,pourriendutout.Tum’ascompris?

Karsenécarquillalesyeuxetm’adressaunregardpaniqué.Bookeravaitparléd’unevoixdurenelaissantaucuneplaceàladiscussion.

—Pourquoi?Quesepasse-t-il?IlmerelâchaetallapousserKarsenpendantquejesecouaislatêtededroiteàgauche,furieuse

contremoi-mêmeetmaproprestupidité.— Je crois queDovie a des ennuis et je suis quasiment sûre qu’elle les emmène dans notre

direction. Fais ce que dit Booker, Karsen. Je t’enverrai un texto quand tu pourras sortir en toutesécurité.D’icilà,nebougepas.

Ellefrémit.—Jenecomprendspascequisepasse.Dovieneferaitjamaisdemalàpersonne.Jefronçailessourcilsalorsquelespiècesdupuzzlecommençaientàs’assemblerdansmatêteet

quetoutcequiclochaitsemettaitàbrillervivementderrièrelapeurquicouraitdansmesveines.—Tuasraison.Etellenem’appelleraitjamaispourmeraconterunedisputeavecBax.Ellene

fonctionnepascommeça.S’il teplaît,faiscequeBookertedemande,dis-jeenposant lamainsurl’épauledemasœur.

Nous nous dévisageâmes pendant un long moment, ses yeux marron brillant d’un éclat quin’aurait jamaisdû s’y trouver à son âge.Finalement, elle hocha la tête et disparut dans le couloir.Bookers’approchadelaporteferméedesachambreetattenditquelebruitdemeublesqu’ondéplaces’élèvedansl’appartementavantderevenirversmoi.

Jen’avais jamaisvuquelqu’und’aussi effrayantni d’aussi déterminé àprendre les choses enmain.

—Dovieestd’ici.EllesaitqueRaceflippeàl’idéequequiconquesacheoùtues.Elleesttropintelligente pour demander ce genre d’information. Tout ça ne colle pas. Il faut que tu montes àl’étageetquetufasseslamêmechosequecequej’aidemandéàtasœur.

Ilsortitunrevolverdederrièresondosetmeletendit.—Tusaist’enservir?Jesecouailatête,ahurie.Jen’avaisjamaisétéàproximitéd’unearmeàfeu.Unefoisdansma

main,ellemeparutfroideetmortelle,commetoutdansmaviedepuisquej’étaismêléeàThePoint,etpourtantabsolumentnécessaire.

—Non.Jen’aijamaistouchéunflinguedemavie.Iljuradenouveau,faisantpreuved’unegrandecréativitélangagière,puisouvritetrefermaune

série de tiroirs de cuisine, jusqu’à trouver un couteau de boucher d’allure redoutable. Il le posabrusquementsurleplandecuisine,devantmoi,etditd’untonautoritaire:

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—Prends-le.Situasbesoindet’enservir,c’estquetuserasdansunemerdenoire,etjenesaispasquoitedired’autreque:bonnechance,Blondie.Maintenant,fileàl’étage.

Cesderniersmotsfurentétouffésparuncoupàlaporte.J’écarquillailesyeuxetdéglutisalorsqu’ilmecontournait,tendu,prêtàl’attaque.D’autrescoupssecouèrentlaporteetjen’avaistoujourspasbougé,alorsjemesecouaietcourusversl’escalieravecl’intentiondemebarricaderdanslasalledebainsjusqu’àcequej’aiele«feuvert»deBooker.Maisavantmêmequej’atteignelapremièremarche,j’entendisunesériededétonationsetlebruitduboisquisefend.DusangécarlatefleuritsurletorsedeBookeretilsetournaversmoipourmedirededégagerquandlaportefutdéfoncéeparuncoupdepied,dansunbruitfracassant.Horrifiée,jevisBookersortirsonarmeetd’autrescoupsdefeuretentirent.Onseseraitcrudansunstanddetirouaumilieud’unefusilladeauFarWest,saufquenousétionsenpleinejournée,surlesquais,etquecetendroitn’étaitsûrementpastrèsréglosiRace avait réussi à lemettre àmonnomaussi facilement. Je nem’attendais doncpas à ceque lesvoisinsnousviennentenaide,d’autantplusquetoutl’appartementsentaitlapoudreetlesang.AThePoint, les gens ne savaient que veiller à leur propre sécurité et regarder ailleurs. Je reculai dequelques pas alors que la silhouette gigantesque de Booker chancelait d’un côté et qu’un cerclecramoisicommençaitàs’élargirrapidementdanssondos.Iltombaàgenoux.Unautrecoupdefeupartitetils’effondradevantlaporte,tandisquesonarmes’écrasaitparterre,inutile.Jehurlai,maisj’euslaprésenced’espritdemedétourneretdegravirl’escalieràtoutevitesse.Ilfallaitquej’appelleRace. Il fallait que je trouvede l’aide, et tout ce quimevenait en tête, c’était que je devaismettreautantdeportesetautantdedistancequepossibleentremoietletireur.Jem’inquiétaispourBooker.Jem’inquiétaispourDovie.

Jem’inquiétaispourmasœur,etjem’inquiétaispourmoi.Mon téléphone brillait comme un phare là où je l’avais laissé, sur le lit, après avoir parlé à

Dovie.Jemejetaisurluiavecl’intentiondel’emporterdanslasalledebainsetd’appeleràl’aide,maisunpoidsmefrappalourdementpar-derrièreetjem’effondraiparterre.Jepoussaiuncrialorsque ma tête déjà blessée explosait de douleur et tentai de m’éloigner alors que quelqu’un meretournait sur le dos et m’enfourchait, pesant de tout son poids sur ma poitrine. J’allais crier denouveautandisquemonassaillantrelevaitbrutalementmesbrasau-dessusdematête,maisjedevinscomplètementsilencieuselorsquelecanond’unpistoletsepressaentremesyeux.

Jemeforçaiàdemeurerparfaitementimmobile,tandisquelechocdéferlaitenmoicommeunraz-de-marée et que je fixais les yeux bleus dérangés deDrew. J’avaismal à la tête, tout tournaitautourdemoi,maiscelanefaisaitaucundoute:letypequivenaitdetirersurBookeretquipointaitmaintenantunpistoletaucentredemonfrontétaitceluiquejeconsidéraiscommeunamiseulementquelquesminutesplustôt.Disparu,l’étudiantavecquij’allaisencours.Disparu,lemecsympadontj’empruntais les notes. Disparue, l’apparence d’un être humain stable et attentionné. Il avait l’airenragé.Sesjouesétaientécarlatesetilsoufflaitcommeunbœuf.Jesentaislahainequisedéversaitdeluialorsqu’ilappuyaitsonarmeencoreplusfortcontremonfront.

—Merci dem’avoir prévenu que tu avais un garde du corps, Brysen. Cela va tellementmefaciliterleschoses.

Jeleregardais,haletante,souslechoc.—OùestDovie?demandai-jedansunfiletdevoixterrifiée.Ilritcommeundémentetsepenchaversmoipourquenosyeuxsoientaumêmeniveau,juste

au-dessusdupistolet.Jevissondoigttressaillirsurladétente,etj’eussoudainlacertitudequej’allaismourir.

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—Ellearemplisonrôle.Toutçaneconcernepersonned’autrequetoietmoi.Ilfallaitjustequejemedébarrassedu typequi teprotégeait. Iln’estplusqu’undesnombreuxcadavres laisséssur taroute.

Jenecomprenaisrienàcequ’ilracontait.—Quoi?Jetentaideremuermesdoigts,quis’engourdissaient,mais il relevaencoreplusmesbrasau-

dessusdema têteetpressasonarmeplus fortcontremonfront.Onauraitditqu’ilessayaitdemetranspercer levisage. Il se redressaunpeuet fitdescendre lepistoletsurma joue,surmonnez,ets’arrêtaauniveaudelapeautendredemoncou,au-dessousdemonmenton.

—Tunetesensjamaisresponsabledesgensquetutues.Tuneprendsjamaislapeinedelavertesmainspleinesdesang,pasvrai,Brysen?

Jenecomprenaistoujourspas,alorsjegardaislaboucheclose,sanslequitterdesyeux.J’étaisauborddeslarmes,maisaprèstoutcequ’ilm’avaitfaitsubir,aprèsqu’ilavaitprétenduêtremonamipourpouvoirmetourmenter,iln’étaitpasquestionquejeluidonnelasatisfactiondemevoirpleurer.Jeremuaileshanchespourvoirsijepouvaisdélogersonpoidsetfaillisvomirquandilm’adressaunregardlubrique.

—Jen’aipasde sangsur lesmains,Drew.C’est toiquiasessayédeme renverser,quim’asespionnée,quim’aspousséedansl’escalier.C’esttoiquiescouvertdesang.Qu’est-cequej’aibienputefairepourmériterça?

Je poussai un hurlement de douleur quand ilmedonna un coup sur le côté de la tête avec lacrosse de son pistolet. La douleur terrible, aiguë et aveuglante, fut aussitôt suivie de points noirsdansant devantmesyeux.Drew tira surmesmainspourmemettre enposition àdemi assise et sepenchaversmoi.

—Tunerespectespaslesrèglesdujeu,aboya-t-il.Tutecroismieuxquetoutlemonde.Tutecroisspéciale.

Cen’étaitabsolumentpasvrai,maisilauraitétéstupidedediscuteralorsquej’entendaisencoresonnerdesclochesdansmesoreillesetquedesexplosionsdedouleursesuccédaientdansmatête.

—C’estparcequejen’aipasvoulusortiravectoi?Tuveuxmetuerparcequejenesuispasamoureusedetoi?

J’étaisconfuse,etpasseulementàcausedeséchosdouloureuxsecouantmoncerveau.Toutcelan’avaitaucunsens,et ilfallaitquejem’éclaircisselesidéesetquejetrouveunesolution.Masœuravaitbesoindemoi,Raceavaitbesoindemoi,et jen’avaispasl’intentiondeleslaisser tomberencontinuantd’êtreunevictimeentrelesmainsd’uncinglé.

—Non,espècedegarcestupide.Le pistolet heurta de nouveau le côté dema tête, et cette fois je sentismapeau s’ouvrir.Une

odeurdecuivreetderouille,l’odeurdemonsang,s’infiltradansmesnarines.J’avaisl’impressionquemoncounesoutenaitplusmatête,quiretombalourdementenarrièreets’écrasacontrelelit.

—C’estparcequetafamilleet toivouscroyezau-dessusdes lois.Vouscroyez,sousprétextequevousavezdel’argentetdesrelations,quelaloietlajusticenes’appliquentpasàvous.Tamèreagâchémavieensecomportantcommeunemerdealcoolique,etques’est-ilpassé?Quedalle!Tonpèreabalancédel’argentàcettefamillepathétiquedeThePoint.Ilaparléàcertainespersonnes,etpouf, tout s’estarrangé.Etpendantce temps,mamèreestdevenueaccroauxanti-douleursetmonpetitfrères’esttiréuneballeparcequ’ilnesupportaitpasl’idéederesterenfauteuilroulantjusqu’àlafindesavie.Etqu’est-ilarrivéauxCarter?Rien,vousavezsimplementcontinuévotreviecomme

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siriennes’étaitpassé.Tonpèreettamère,mêmetapetitesœurparfaite,tousheureuxetensécuritédansuneputaindebulle.Vousvouscroyezintouchables.

OK. A sa place, moi aussi je serais furieuse contre ma famille. Il relâcha mes mains et jeretombaienarrière,portantmesdoigtstremblantsàmestempes.Sijen’avaispaseuautantlatêtequitourne, j’aurais pu me servir de mes jambes pour prendre la fuite, mais j’avais déjà du mal àcombattrel’obscuritéquimenaçaitdemesubmerger.Ilposaalorssonarmesurlecôtéetrefermasesdeuxmainsautourdemagorge,commençantàserrer.Jen’allaispaspouvoirmebattre.Jetentaidegriffersesmains,maisilétaitdéterminé,perdudanssafureuretsarage.Pourlui,jen’étaispasunepersonne;jen’étaisqu’unmoyend’arriveràsesfins.

—J’aiquittéNorthCrestpour rentrerà lamaisonetessayerd’aidermamère.Elleaacceptél’argentsaleque tonpère luiadonné,etapris l’assuranceviedemonpèreets’enestserviepouracheter des cachets au lieu de penser à l’avenir. Au lieu de penser à moi. North Crest est uneuniversité prestigieuse.Mais entre lamort demon père et l’addiction aux opiacés demamère, jen’avaispaslesmoyensd’yrester.Jesuisrentréàlamaison,j’aivucequetafamilleavaitfaitàlamienne,etj’aisuqu’ilfallaitquej’agisse.Jemesuisfaittransféreràlafacsouslenomdejeunefilledemamèreetj’aifaitensortedemeretrouverdanslesmêmescoursquetoi.

Toutenparlant,ilcontinuaitdeserrer,etl’obscuritécommençaitàl’emporter.Jen’arrivaispasà respirer, jene sentaisplus rienau-dessousdemoncou, etmesmains retombèrentmollementdechaquecôtédemoncorps.

— J’ai vu les failles. Je savais que ton père était accro aux paris et qu’il devait beaucoupd’argentàtoutessortesdepersonnespeurecommandables.Jesavaisquetamèrenevalaitpasmieuxque lamienne,une ivrogneaubordduprécipice. Je savaisque ta sœurse faisaitembêterau lycéeparceque lesCarter tout-puissantsn’appartiennentpasvraimentàTheHill etque lesautresélèvess’enrendentbiencompte.Toutlemondeétaitenéchec,malheureux,enbonnevoiepourfinircommemaproprefamille;tous,sauftoi.

Ilmesecouadoucement,commesij’étaisunepoupéedechiffon,etjecouinaifaiblement.Puisilcontinua:

—Tuétaiscenséetomberamoureusedemoi.J’allaisteséduireettedétruire,teruiner,réduireencendrestoutetavie,maistunem’aspaslaissémachance.EtpuistuesretournéevivrecheztesparentsettuascolléungrossparadrapsurlasituationpourquelerestedumondeoublieàquelpointlesCartersonthorribles.Tuastoutmaintenuenplacealorsquejevoulaisquetouts’effondre,etpourça,tudoismourir.Tudoissouffrir,etquandj’enauraifiniavectoi,jem’occuperaidetasœur.

Ilmesecouadenouveauetjesusquesijen’arrivaispasàmedégager,ilallaitmetueretqu’ils’en prendrait ensuite àKarsen. Je ne pouvais pas laisser faire ça. J’essayais de rester éveillée, derassemblerunpeud’énergiepourmedébattre,quandDrewpoussaunbeuglementetmerelâcha.Ilserelevadifficilement,cequimedonnal’opportunitédebondiràquatrepattesetdem’éloignerdelui.

Karsensetenaitderrièrelui,lesmainssurlabouche,lesyeuxpleinsdelarmes,etelletremblaitcommeunefeuille.Lecouteaudeboucherquej’avaisoubliésurleplandetravaildelacuisineétaitplantédansl’épauledeDrew,quijuraitets’agitaitentoussens.Karsenmepritlamainetm’aidaàmerelever alors que je lui hurlais de s’enfuir. Le pistolet deDrew était trop proche de lui pour quej’essaiedem’ensaisiret,titubante,jelaissaimasœurm’entraînerdansl’escalier.J’avaisdestachesde lumière devant les yeux et l’impression qu’une rivière coulait entremes deux oreilles,mais jesavaisqu’ilfallaitquejefassesortirKarsendel’appartementavantdem’évanouir.

EllehurlaquandellevitBookerallongéàplatventre,ensanglanté,dans l’entrée.Elles’arrêtabrusquementetjeluifonçaidedans,cequinousfittoutesdeuxvaciller.

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—Ilestblessé.—Jesais,maisilfautquetut’enailles!Ellerefusaitdebouger,alorsmêmequeje lapoussaispar-derrière.J’entendisunrugissement

qui semblait provenir d’un animal blessé et sus que notre seule chance de nous enfuir allaitdisparaître.

—Karsen,bouge!Ilfautquetusortesd’ici!Jeluiattrapailebrasettentaidelatraînerverslaportebriséequipendaitsursesgonds.Desbruitsdepasretentissaientdansl’escalieretjen’avaisplusletempsderéfléchir.Jen’allais

pas le laisser nous faire du mal. Je regrettais terriblement la tragédie qui nous liait, mais je necomptaispaspayerpourlespéchésdemesparents,etiln’étaitpasquestionqueKarsensouffreplusqu’ellen’avaitdéjàsouffertàcausedeleurserreurs.

LepistoletqueBookeravait sortiquandDrewavaitcommencéà tirerà travers laporteavaitatterriderrièrelecanapé.Jenesavaispeut-êtrepascommentm’enservir,maiss’illevoyaitdansmamain,celapourraitnousfairegagnerunpeudetempsetnouspermettredesortirdel’appartementetd’appeleràl’aide.

Karsenselibérademestentativesdésespéréesdelamettrehorsdedangerpours’agenouilleràcôtédeBooker,lesmainssursondoscouvertdesang,toutenmurmurantsonnom.

Jeramassailepistoletetlebraquaisurlebasdel’escalier,veillantàmeplacerjustedevantmasœuretBooker,mêmes’ilétaitdéjààterre,ensang.Jen’avaisencorejamaisutiliséd’armeàfeu,maisjeleferaispourmettreuntermeàcettefolieunebonnefoispourtoutes.

Drewtrébuchaitettanguaitcommeunivrognedansl’escalier.Sonpistoletpendaitdansl’unedeses mains, le couteau de boucher dans l’autre. L’une de ses épaules était abaissée dans un anglebizarreetilarboraituneexpressionmonstrueuse,inhumaine.Ilétaitméconnaissable.

Illevalebrastenantlepistoletetmeregardaenplissantlesyeux.—Lequeld’entrenousestleplusrapided’aprèstoi,Brysen?Jen’avaispasenviede ledécouvrir. Je repliaiundoigt autourde ladétenteetdusplisser les

yeux pour faire le point, car des lignes ondulantes et des étoiles noires dansaient dans tout monchampdevision.Larivièrecoulantentremesoreilless’étaittransforméeencascadeetjedevaismeconcentrerdetoutesmesforcespourresterdebout.

—Jenetienspasàlesavoir,Drew.N’ya-t-ilpaseuassezdedégâtscommeça?N’avons-nouspasassezperdu,touslesdeux?

Mondoigttressautasurladétenteetjemedisquej’allaisdevoirtirer,mêmesijen’enavaispasvraimentenvie.

Il rugit de nouveau et je vis le canon de son pistolet produire un éclair juste avant qu’uneexplosionneretentisseàcôtédematête.Jesentisde l’airchaudeffleurermajoue,et j’aurais juréavoirvulaballefilerprèsdemoi,maisaulieuderessentirencoreplusdedouleur,oudemerendrecomptequej’avaisété touchée, jevisuntrouparfaitementrondapparaître justeau-dessusd’undesyeuxdeDrewalorsqu’iltombaitàgenoux.Haletant,illâchalecouteauetlepistoletets’effondraenavantalorsquedusangcommençaitàcoulerdel’impactdeballe.

JemeretournaietfondisimmédiatementenlarmesenvoyantDoviedeboutdansl’embrasuredelaportedéfoncée,tenantunpetitpistoletnoir.

Elleavaitunemineépouvantable.Sesdeuxjolisyeuxvertsétaiententourésdecontusionsnoiretbleu,ellesaignaitdunez,etuneaffreusebalafredécoraitsajoue.Elleétaitpluspâlequed’ordinaireetsestachesderousseurressortaientvivementsursonnezetsesjoues.Ellesemblaitavoirprisuneraclée,maissonarmenetremblaitpasentresesmainsetsaboucheformaitunelignesévère.

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Quand elleme vit la dévisager, bouche bée, elle se secoua un peu et réprima un petit cri envoyantBooker.

—J’aidéjàappeléBax.Raceetluisontenroute.EllelançasontéléphoneàKarsenetluidemandad’appeleruneambulancepournotregardedu

corps en sang.Puis elle s’approchademoi et, doucement, elle appuya surmesbras etme força àbaisserlepistoletauqueljem’agrippaistoujourscommesimavieendépendait.Ellemelepritdesmainsetl’examinaenfronçantlessourcils.

—Tun’avaispasenlevélasécurité.Jelaregardaiunesecondeavantd’éclaterensanglotshystériques.Ellemepritdanssesbrasetje

lalaissaim’étreindrealorsquejetremblaisdetousmesmembres.Ilyavaitdeuxhommesblessésparballe,ensang,àmespieds.J’avaisvumaviedéfilerdevantmesyeux,etmasœurs’inquiétaitpluspour un malfrat blessé que pour sa propre sécurité. Je n’en revenais pas que Dovie se conduisecommesicegenredechosesseproduisaittouslesjours.C’étaittroppourmoi.

—Jecraignaisqu’ilt’aitfaitdumal,lâchai-je.Elle laissa tomber lepistoletdeBookeret rangea lesiendanssonpantalonenmefrottant les

bras.—Ilm’asautédessussurleparkingdel’université.Baxm’avaitditqueRaceenavaitaprèslui,

alors j’ai tout de suite compris ce qui se passait. Il a braqué un flingue sur moi et m’a forcée àt’appeler.J’espéraisquetusentiraisquequelquechosen’allaitpas,maisjedevaisresterdiscrète.Cetidiotvoulaitprendremavoitureaucasoùilyauraitunecaméradevantlarésidence.Ilm’afrappéeavec sonarmequandonest arrivés et j’aiperduconnaissancependantquelquesminutes.Mais j’aipassésuffisammentdetempsàThePointpournepasmedéplacersansarme.J’aisortimonflinguedelaboîteàgantsenpriantpourqu’ilnesoitpastroptard.Apparemment,jesuisarrivéetroptardpourBooker,maispaspourtoi.Ilfautquetuapprennesàteservird’unearme,Brysen.DemandeàRacedetemontrer.

Jen’enrevenaispasqu’ellesoitaussicalme.Jen’arrivaisqu’àpleurertandisqu’elletentaitdem’apaiser.

Quelquepartauloin,dessirènescommencèrentàhurleretcelatombaitbien,carBookergémitdoucementjusteàcemoment-là.

Karsenrelevabrusquementlatêteets’écria«Ilestenvie!»justeaumomentoùdesbruitsdepas retentissaient et où des voixmasculines aboyaient : «C’est quoi ce bordel ? » et «Bordel demerde!»RaceetBaxsebousculèrentpourentrerdanslapièce.

Bax se précipita vers Dovie, jeta un coup d’œil au pistolet coincé dans la ceinture de sonpantalonetaucorpsimmobiledeDrewavantdehausserunsourcil.

—Çavafinirpardevenirunehabitude.Ilposaundoigtsoussonmentonetobservasonvisagemeurtri,lesyeuxfroncés.—Ilnet’apasloupée,Red.Ilpritlepistoletetlefitdisparaître.Jem’effondraicontreRacealorsqu’ilmeprenaitdanssesbras.Ilmeserracontresontorseet

frottasajouecontrelamienne.—J’aiessayédet’appelerpourteprévenirdeteméfierdelui.J’aicomprisquequelquechose

clochaitquandjen’aipasréussià te joindre,d’autantplusqueDovienerépondaitpasnonplusautéléphone.Dieumerci,tuvasbien.

Jel’étreignisaussifortquepossiblealorsquelessirènesserapprochaient.—Jenecroispasquej’iraibienunjour.

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Toutceàquoijepouvaispenser,c’étaitàcettetragédiequiauraitpuêtreévitée.Celamebrisaitlecœur.

—Qu’est-cequ’onvafairedelui?Je ne voulais même pas appeler Drew par son prénom. Il me semblait tellement inhumain

désormaisqu’utiliserunprénompourmeréféreràluimeparaissaitimpossible.JemeblottisencorepluscontreRaceetsentissamainsurmescheveux.

—BaxadéjàappeléTitus.Ilestaucourantpourleharcèlementetlestentativesdemeurtre.Ilesten route et il va s’occuper de tout. Ne t’inquiète pas, Brysen. Je sais que j’ai été nul jusqu’àmaintenant,maisjeteprometsdeprendresoindetoi.

Jericanaiunpeucontresoncou.—Tuasplusprissoindemoiquen’importequidansmavie,Race.Tunepeuxpasêtrepartout

àlafois,etquiauraitpuprédirequeDrews’enprendraitàDovie?Ilétaitfou,etlepire,c’estqu’ilavaitdesraisonsdel’être.

Jecrusqu’ilallaitrépondrequelquechose,maisjusteàcemoment-là,unessaimd’ambulanciersenvahitlapièceetungrandtypequiressemblaitàuneversionunpeuplusâgéeetraffinéequeBaxentra dans la pièce d’un pas assuré, comme s’il était automatiquement en charge de la situation. Ilavaitdesyeuxbleuvifqui semblaientavoir toutvuet laissaientpenserqueplus riennepouvait lesurprendre.IlcherchamachinalementBaxetDoviedesyeux,puisnousregarda,Raceetmoi.

—Chaque fois que tum’appelles pour une urgence,Bax, jem’attends à te trouver criblé deballesàmonarrivée.

J’entendisBax ricaner,visDovie lever lesyeuxauciel,etme rendiscomptequepour tout lemonde, ce n’était vraiment qu’une journée comme les autres dans The Point. Comment allais-jepouvoirm’habitueràcegenredevie?JefermailesyeuxetenfouismonvisagedanslecoudeRace,melaissantsubmergerparl’obscuritéflottantequim’appelait.J’avaisjustebesoind’uneminutedanslenoirpourattendreque toutcelapasse.Plus tard, j’affronterais lavérité : leschoses sepassaientcommeçaàThePoint.

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18

Race

Quand Brysen s’évanouit dans mes bras, mon cœur s’arrêta de battre et je faillis la lâcher.J’appelaienhurlant l’undesambulanciersqui tournaientautourdeBookeralorsqu’ils lehissaientsur une civière. Titus avait déclaré le décès de Drew, si bien que les services d’urgence nes’occupaientpasdelui.J’allongeaiBrysenparterreetpoussaiunsoupirsoulagéquandsesyeuxserouvrirent.

Jevoulaism’éloignerd’ellepourquelesambulancierspuissentlaprendreencharge,maisellerefusaitdedesserrersesbrasautourdemoncou.Maintenantquelapeuretlapaniquecommençaientàrefluer,jevoyaisunbleuhideuxentraind’écloresursatempeetunautresursajoue.

—J’aimalàlatête.Asavoix,onauraitditqu’elleavaitmangéduverreetsonregardétaittrouble,confus.—Jesais.Laissecestypest’examiner,Bry.Ilfautqueturetournesàl’hôpital.Jemetournaiverslejeuneambulancierleplusprochedemoietluiprécisai:—Elleasubiunegravecommotioncérébraleilyaquelquesjours.Ilhochalatêteettentades’approcherd’elle,maisellenevoulaitpasmelâcher.—Elleasansdoutebesoind’unautrescanner.Brysengémitet j’eus l’impressionqu’onmedonnaituncoupdepoingdans leventre.Encore

une fois, je l’avais laissée tomber et je n’avais pas été là quand elle avait eubesoin demoi.Starkm’avaitappeléplustôt,alorsqueBaxetmoiétionsoccupésàtransporternosfondsduSpanky’saugarage.

Nassirs’étaitrenfermé.Ilavaittoujoursétéfroidetdangereux,maismaintenantqu’unemenacenonidentifiéeserapprochaitdelui, ils’était transforméenunprédateuràpartentière.Ilvoulaitsevenger,ilvoulaitdusangetdescadavres,etriennel’empêcheraitdelesobtenir.Ilnesemblaitpasdu

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toutinquietqueBaxetmoidéplacionsprèsdedeuxmillionsdedollarspourlesstockerhorsdesavue.Ceuxquipensaientquelecrimenepayaitpasn’avaientmanifestementjamaisessayédegagnerleurviedumauvaiscôtéde la loi.Lecrimepayaitbeaucoup ;voilàpourquoi il était aussiprésentdans lemondemoderne. Jem’étais dit qu’il valaitmieux s’occuperde ça auplusvite en attendantd’avoirdesnouvellesdeStarkconcernantlesinfosquejeluiavaisdemandées.Jecomptaisalleràlafacdèsquej’auraistoutcequejevoulaissavoirsurDrewDonner.

Stark m’avait annoncé qu’il n’avait trouvé aucun Drew Donner dans les registres. Ce typen’existaitpasavantdesepointeràl’université,unanauparavant.Onauraitditqu’ils’étaitmatérialisécommeparmagie.JeluiavaisdemandédefaireunerecherchesimplementsurleprénomDrew,ouAndrew,enlienaveclafamilledeBrysen.Ilneluiavaitfalluqu’unesecondepourrepéreruncertainAndrewBohlen, le filsdu typeque lamèredeBrysenavait tuéenconduisant enétatd’ivresse.Cesalopardavaitunesacréebonneraisondepartirenvrille,maiscelaneluidonnaitpasledroitdes’enprendreàmacopine.

J’avaistoutlaissétomber,ditàBaxquenousdevionsyaller,etnousétionspartisendirectiondel’appartement. La tension avait augmenté, lourde et épaisse, quand je n’avais réussi à joindre niBrysen,niKarsen,niBooker.J’avaiscruqueBaxallaittranspercerleplancherdelavoitureaveclapédaled’accélérateuraprèsqu’il avait appeléDovienonpasune,nideux,nimême trois,maisdixfois pour tomber invariablement sur son répondeur. Quelque chose ne tournait pas rond, rien netournaitrond,etquand,enarrivantàlarésidence,nousavionsvulaRoadRunnerdeDoviegaréeàlava-vite,portièresouvertes, jen’avaispum’empêcherdepenserque j’allais trouvermasœuretmacopinedansunemaredesang,parcequejen’avaispasétéaubonendroitaubonmoment.

Jem’étais figé en voyantKarsen en sanglots au-dessus de Booker, dont le sang coulait sansdiscontinuerdesimpactsdeballesdécorantsondos.Baxn’avaiteuaucunscrupuleàmepousserpourpasserlaportedéfoncéeavantmoi.J’avaisdûmeforceràchercherBrysen,terrifiéàl’idéedecequejepourraistrouver.

Elle tremblait et ressemblait à un fantôme,mais elle était debout et ne saignait qu’au niveaud’entaillessursonvisageetsatête.ElledévisageaitDovie,souslechoc,etquandBaxavaitretirélepistoletdelaceinturedesapetiteamieetl’avaitfaitdisparaître,j’avaiscomprispourquoi.Masœurs’était manifestement fait tabasser, mais elle n’avait pas l’air effondrée ; elle semblait en colère,agacée. Comme si sauver la vie de Brysen et se faire cogner par un type enragé n’était qu’undésagrémentmineur dans sa journée.Lorsqu’elle avait regardéBax et lui avait adresséun sourireironique,jem’étaisrenducompteàquelpointelles’étaitintégréedanscequartieretdanscettevie.EllefaisaitautantpartiedeThePointqueBax.

AlorsquejeprenaisBrysendansmesbrasetlaserraiscontremoi,toutetremblante,j’avaissuqu’elleallaitdevoirdécideràquelpointellevoulaits’investirdanscetendroit,elleaussi.Commemasœurl’avaitfait.

—Nemelaissepas.Elle avait murmuré d’une voix si basse que je crus l’avoir rêvé. Alors, je me baissai pour

l’embrasseretrépondiscontreseslèvrestremblantes:—Jamais.TitusaboyaitdesordresetessayaitdedirigerlesopérationsalorsqueBookeretBrysenétaient

transportésdansdesambulances.Ilmeditqu’ilallaitdevoirinterrogerlesfillesetpritlepistoletdesmainsdeBaxtandisquetoutuntasdegensportantdesvestesd’expertsmédico-légauxsejoignaientauchaos.N’yprêtantaucuneattention,jemontaidansl’ambulanceavecBrysenetKarsen.LapetiteavaitvoulumonteravecBooker,maisBrysenm’avaitlancéunregardsévère,alorsj’avaisgentiment

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refusé et l’avais fait monter avec nous. Je ne savais pas si Booker allait s’en sortir, mais je nem’inquiétaispaspourlui.Ilsavaitcommentleschosessepassaientparici,etils’étaitquandmêmeportévolontaire.

Brysenpoussaunpetitgémissementquandl’ambulancesemitàbouger,alors jem’approchaid’elleetprissesdoigtsdansmamain.Karsenseblottitcontremoialorsquenousregardionstouslesdeuxlapersonneblesséeetmeurtriequenousaimions.

Jepoussaiunsoupiretpassaiunbrassurlesépaulesdelajeunefille.—J’auraisdûresteràlamaison.J’auraisdûêtrelà.Ouaumoins,j’auraisdûprévenirBrysenquej’avaislaissélepistoletqueBookerm’avaitdonné

sur le frigidaire.Elle aurait ainsi eu une protection contre son agresseur.Brysen ouvrit la bouchepourdirequelquechose,maissesparolesseperdirentdansungrognementaffreux.L’ambulanciermeregarda,puisposalesyeuxsurelle.

—Resteztranquilleetessayezdenepasbouger.Vousavezunevilainebossesurlatempeetj’airemarquéquequelquespointsdesutures’étaientdéfaitsà l’arrièredevotrecrâne.Essayezdevousdétendrejusqu’àcequ’onvousamèneàunmédecin.

JepressaisamainetregardaiKarsenquandellemeditdoucement:—Tunepeuxpasvivrecommeça.Pendantunan,Brysenaessayédemeprotégerdufaitque

notrefamilleétaitentraindesedésintégrer.Jenesuispasaveugle,etjenesuispasstupide.Biensûr,lefaitqu’ellerentreà lamaisonarepoussé l’inévitable,mais leschosesallaientdégénérer,qu’ellesoitlàounon.C’estlamêmechosepourtoi.Situavaisétélàaujourd’hui,peut-êtrequecetypeneseraitpasvenu,peut-êtrequ’ilauraitattenduqueBrysensoittouteseuleàlafacetqu’ill’auraitforcéeàmonterdansunevoiture,commeDovie.Peut-êtrequ’ilauraitencoreessayédel’écraser,ouqu’ill’auraitpousséed’encoreplushautdansunescalier.Deschoseshorribles seproduisent, etondoitjustetrouverunmoyendelesaffrontersurlemoment.Ilvoulaitluifairedumaletilt’auraitattaquécommeilaattaquéBookerpourl’atteindre.Cen’estpastafaute,cen’estpasnotrefaute.Jerefusedeme sentir coupable parce que ma mère— une adulte responsable— a choisi de conduire alorsqu’elleavaitbuetadétruitlafamilledecegarçon.Voilàcequisepassequanddesgensmauvaisfontdemauvaischoix.Cen’estpasjustequeBrysenaitdûpayerpourl’erreurdequelqu’und’autre.

Je vis les yeux de Brysen s’ouvrir difficilement pour se poser sur sa sœur et se remplir delarmes.Jerelâchaimarespiration;jenem’étaismêmepasrenducomptequejelaretenais.

— Tu trouves ça normal d’être aussi cynique à seize ans ? demandai-je sur le ton de laplaisanterie,mêmesiaufondj’étaissérieux.

Karsenpoussaunricanement.—Jenesuispascynique,jesuisréaliste.Elle pouvait appeler ça comme elle voulait.Elle était bien trop lucide et perspicace pour une

joliejeunefilleissuedelaclassemoyenne.L’ambulance s’arrêta etBrysen fut transportée auxurgences. Je la suivis etme rendis compte

queKarsenregardaitdanstouslessens,toutagitée.—Ilsontsansdoutedûl’emmenerenchirurgie.Ellerougitetsemitàjoueravecsescheveux,commelefaisaitBrysen.— Tu ne veux pas savoir s’il va s’en sortir ? Il s’est fait tirer dessus en essayant de nous

protéger.JeneconnaissaispasbienBooker,maisjesavaisdequelleétoffeilétaitfait.Ilétaittrempédans

lemêmeacierqueBax.Lestypescommeluineprenaientpasuneballeparchevalerie,paraltruismeouparcourage.Lestypescommeluisejetaientdevantdesarmesàfeuparcequ’ilspensaientqu’ils

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termineraientcommeçadetoutefaçon.Ilsprenaientcerisquechaquefoisqu’ilssortaientdanslarue,celafaisaitpartieintégrantedeleuridentité,maisjen’étaispassûrdepouvoirl’expliquerclairementà une jeune fille de seize ans ayant manifestement le béguin pour lui. Ni même qu’elle mecomprendraitsijetrouvaislesmotsjustes.Jevoyaissoncœurtendrebrillerdanssesyeuxsombresquandellemeparlaitdecettegrossebrute.

—Jeneveuxpaslaissertasœur,maisjesuissûrqu’ellecomprendraitsituprenaisuneminutepourallerprendredesnouvellesdeBooker.Maisnesoispastroplongue,d’accord?QuandonserasûrsqueBrysenvabien,ondevracontacterTituspourque tu lui fassesunedéclarationsurcequis’estpassé.

Je ne doutais pas qu’il s’agisse d’un cas flagrant de légitime défense,mais en présence d’uncadavre,jecomprenaisqueTitussesenteobligédefaireleschosesdanslesrègles.Jedoutaisqu’ilfassetraînercetteaffaireenlongueur,surtoutavecDovieenpleinmilieud’uneautrescènedecrime.IlneprendraitsurtoutpaslerisquederemettreBaxdansunepositiondangereuseens’enprenantàmasœur.Karsenhochalatêteets’éloignaendirectiondubureaudesinfirmières.

Jeme dirigeai vers le petit coin où ils avaient installéBrysen et repoussai le rideau juste aumoment oùune infirmière enfonçait une aiguille dans sonbras.Elle grimaça et posa les yeux surmoi.

—Ilfautencorequ’onm’auscultelecerveau.—C’estsansdouteunebonnechose.Jem’approchaid’elleetprissonmentondansmamain.J’effleuraidupoucesajouemeurtrie.—Ilt’afrappéeavecsonpistolet?Sesyeuxbleussefirentorageuxetlancèrentdeséclairs.—Oui, et je n’ai rien pu faire pour l’arrêter.Ma petite sœur a dû le détacher demoi etma

meilleureamieadûmesauver.N’est-cepaspathétique?Jen’aiabsolumentrienfait,j’aijusteattenduquelesautresvolentàmonsecours.

Ellesemblaitécœurée.Jerelâchaisonvisagepourpasserdoucementlesdoigtssurleshorriblesbleusvioletetnoirautourdesoncou.Si je lesavais regardésd’assezprès, je jureque j’auraispuvoirlesmarquesdedoigtsdecesalopardsursapeaudélicate.

—Tuesrestéeenvie,etquandjesuisentrédanscettepièce, j’aibienvuquetu t’étaisplacéeentretasœuretlui.Tuasfaitcequetupouvaisettut’enessortieenunseulmorceau.C’esttoutcequicompte.

Ellepritmonpoignetetportamamainàseslèvresafind’ydéposerunpetitbaiser,avantdelacollercontresajoue.

—Dans ce cas, c’est tout ce qui doit compter pour toi aussi. Ce n’est pas ton boulot demesauver,Race,etcen’estpastonboulotdesauverThePoint.Jesaisquetut’esattribuécerôle,maiscen’estpaslapeine.

Jesoupirai.—Jen’arrêtepasdedireque jevaisprendresoinde toi,etpourtantondiraitque je fais tout

l’inverse.Jenesuisjamaislàquandlesemmerdesarrivent.Ellelevalesyeuxauciel,cequilafitgrimacer.—Non,maistum’asmiseàl’abridecoupsdefeu,tum’asramenéechezmoiettuasnettoyé

mesplaiespourquejenefassepaspeuràKarsen,tum’asachetéunnouvelordinateur,tuasréglémasituationàlafac,tuasréparélaBMW,tuastrouvédel’aidepourmamère,cedontjen’auraisjamaiseulesmoyens,tum’astrouvéunlogement,etgrâceàtoijemesensnormaleetheureuse,cequejen’avaispasressentidepuistrèslongtemps.Jen’aipasbesoind’unhéros,Race.J’aijustebesoinquetu

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aiesenvied’êtreavecmoietque tum’aimes. J’aibesoindequelqu’unqui sera làpourmoiquandtous lespetitssouciscommencerontàs’accumuler,parcequec’estça, lavraievie.Nousneseronspastoujoursconfrontésàuntorduouàunecrisemajeure,maisilyauratoujoursdesobstaclesetdesaccrocs,parcequec’estça,laviedecouple.Ilfautjustequ’onenaitsuffisammentenviepourqueçamarche.

Jeluisourisetvissonregards’illuminerquandmafossetteapparutsurmajoue.—Bry, ils’agitdeThePoint.Cettevillesenourritdecrisesmajeuresetde tarésassoiffésde

vengeance.Jecomprendscequetumedis.Lespetiteschosessontaussiimportantesquelesgrosses.Jechoisiraitoujoursd’êtreavectoi,maisjenepeuxpastournerledosàcequejefaisici,mêmesicelasignifiequetunepeuxpasrester.

Elleécarquillalesyeuxetjerepoussaisafrangeavantdecontinuer:—Jet’aimeetj’aibesoinquetum’empêchesdemetransformerencequejedéteste,maisjene

peuxpastedemanderdet’abandonneràthePoint,àcettevie,sicen’estpascequetuveux.Elleplissalesyeuxetfrottaseslèvrescontremapaume.—Alorsnemeledemandepas.Monventre se serra etquelquechose se tordit avecune telle forcedansmapoitrinequecela

empêchapresquemoncœurdebattre.—D’accord,répondis-je,mêmesij’avaisl’impressionquecelaallaitmetuer.—Bien, etquand j’y serai,dans la rue,dans thePoint,quand je serai là à chaque foisque tu

rentrerasàlamaison,tusaurasquec’estleseulendroitoùjeveuxêtre.C’estl’endroitoùtues,Race,alorsc’estlàquejedoisêtre.

J’auraisvoulum’effondrerdesoulagement,maistoutcequejepusfaire,cefutdel’embrasserd’unemanièresûrementinappropriéeétantdonnésonétat.

J’allaism’accrocheràelleavectoutcequej’avaisetjeveilleraisàcequ’ellerestetellequ’elleétait. Je ne prendrais jamais les petites choses pour acquises, et tout aussi férocement que jem’accrocheraisàelle,jem’accrocheraisàcetendroitsombreetdangereuxquiétaitmonfoyer.Tousdeuxm’appartenaient,etjedonneraistoutpourlesgarder.

—Personnen’avraimentenviedefairedecetendroitsonfoyer,maissitumedonnesdutemps,situmelaissesréglercertaineschoses,jepourraifairedetoilareinedemonroyaumebrisé.Jepeuxletransformerenunendroitmoinsterrible.

C’étaitunprojettrèsambitieux,maisj’étaisdisposéàremuercieletterrepouryparvenir.BaxétaitprêtàmettrelacitéàfeuetàsangpourDovie.Jevoulaislecontraire.Jevoulaislafairegrandir,luidonnerdesjambes,faireensortequ’ellesetiennedroite,fièreetgrande.

—Ilyadubondanscesrues.Jesaisquec’estpourçaquetutebats,mêmesituesobligédelefaired’unefaçonpeutraditionnelle.

—Commentpeux-tuaccepterçaaprèstoutesleshorreursquitesontarrivéesdepuisquetumefréquentes?Pourquoitunet’enfuispasencourantdansladirectionopposée?

Ça aurait été l’option la plus sage et ce qu’elle aurait dû faire, juste après que je l’avaisembrassée.Sondestinavaitétéscellédèscetinstant.

—Ceschoses-lànevenaientpasdetoi.Commel’aditKarsen,destrucshorriblesseproduisentetondoitjustelesaffronter,etjelevoisparcequecelafaitlongtempsquejet’observe,Race.Jesaisexactementquitudoisêtreetquituveuxêtre.

Sij’avaispum’arracherlecœuretleluioffrirpourqu’ellelegardeensécurité,jel’auraisfait.Pendant longtemps, j’avais tout fait pour éviter d’amasser des choses, dem’attacher à quoi que ce

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soit, de peur qu’onme les enlève. Je voyais à son regard et à la ligne de sa bouche que rien nepourraitm’enlevercettefille.Etjen’hésiteraispasàrisquertoutcequej’avaispourelle.

—Jene tediraiplusque jevaisprendresoinde toi.Maisàpartirdemaintenant,mamissionseradeveilleràcequetuprennessoinde toi-même.Tuesdéjàunebattante ; il faut justequ’ontedonneunpeudepepsetqu’ont’apprennelesrèglesdelarue.

Ellehaussaunsourciletlaconversationfutinterrompueparl’arrivéedumédecin.Ill’auscultaet la tripota jusqu’àcequ’elle luigrognedessus, et il annonçaqu’ilvoulait effectivement lui fairepasserunautrescannerde la tête.Cettebossesur sa tempesemblait les inquiéter,mais tantqu’elleétait réveilléeetqu’elleme regardait, jenevoulaispaspaniquer.Avantquedeux infirmièresneseprésentent pour l’emmener en radiologie, elle me décocha un sourire qui ressemblaitdangereusementàceluiqueDovieavaitlancéàBaxetmedemanda:

—J’auraidroitàunecouronnesijesuistareine?J’éclataiderire,etl’unedesinfirmièresmefitlesgrosyeux.—Toutcequetuveux.Etjeleferais,jusqu’àcequelesdeuxpartiesdel’hommequej’étaisn’aientplusrienàdonner.Peu de gens auraient parié sur nous, mais j’aimais les défis que j’avais peu de chances de

remporter.J’espéraisquelefaitquenoussoyonsindéniablementamoureuxjoueraitennotrefaveur.

***

Ils voulaient queBrysenpasse lanuit à l’hôpital.Son scannern’avait révélé aucunproblème,maiscettebossesurlecôtédesatêtecontinuaitdelesinquiéter,sibienqu’ilspréféraientlagarderenobservation.Commeuneseulepersonnepouvaitresteravecelledanssachambre,jelaissaiKarsenserecroquevillerdans le fauteuilpour lanuitet je sortispourmerenseignersurcequiétaitarrivéàBooker.

Karsenm’avaitditqu’ilavaitprisdeuxballesdanslapoitrine.L’uneavaittraversésonépauleetl’autre s’était logéedansune côte, prèsd’unpoumon.Apparemment, comme lesballes avaient ététiréesdederrièrelaporte,ellesavaientétéralentiesetn’avaientpascausédedommagesirréparables.Legéant allait s’en sortir ; il fallait justequ’il supporte l’opérationvisant à extraire laballede sacage thoracique. Il était toujours en salle de réveil quand je localisai l’aile de l’hôpital où il setrouvait, et puisque je n’étais pas de sa famille et qu’il était toujours inconscient, personne nem’autorisa à le voir. Bien que contrarié, je comprenais, et je crois avoir sacrément choquél’infirmière au visage de marbre en lui demandant qu’on me fasse parvenir toutes ses facturesmédicales.

Lesanciensdétenusqui seproposaientpourservirdegrosbrasàd’autrescriminelsn’étaientpaslegenredetypesàavoiruneassurancemédicale,etmêmes’ilavaitagiparintérêt,Bookeravaitquandmêmeprisdesballespourdéfendremacopinealorsquejen’étaispaslà.Iln’étaitpasquestionque jene le remerciepas, et c’était la seule façonpossible.Etpuis, je l’aimaisbien ; ilme faisaitpenseràBaxetjecomprenaissesmotivations,commentilfonctionnait.C’étaitlegenredetypequejevoulaisavoirauprèsdemoiàl’avenir.

Jepassailanuitdanslasalled’attente.Jen’étaispasencoreprêtàlaisserBrysenseule,mêmesije savaisque toutemenacedirecte avait disparu. Jedusm’assoupir, carquandquelqu’undonnaunpetit coup à lamain calée sousmonmenton,ma tête tomba sur le côté et je sursautai. Titus étaitdeboutdevantmoi,deuxgobeletsdecaféàlamain.Jeclignaidesyeux,bâillaietprisceluiqu’ilmetendaitalorsqu’ilmeregardaitd’unairdésapprobateur.

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—Tuasdormicommeça?Jebâillaidenouveauetsecouaiunpeulatêtepourchasserlabrumedesommeilquiavaitenvahi

moncerveau.—Oui.Uneseulepersonnepouvaitresteravecelleetj’ailaissélaplaceàsasœur.Qu’est-ceque

tufaislàaussitôt?Ilbutunegorgéedecaféetmeregardapar-dessussongobelet.—Ilfallaitquejeprenneladépositiondesfilles,etmaintenantqueBookerestréveillé,ilfaut

quejeluiparleaussi.Çam’atoutl’aird’uncasclassiquedetentatived’enlèvementetdetentativedemeurtre. Je pense qu’on n’aura aucun problème à classer l’affaire rapidement comme un cas delégitimedéfense.

—Tantmieux. Il faisait une fixation sur elle. Il reprochait àBrysen le fait que samère avaitcauséunaccidentimpliquantsesparentsalorsqu’elleavaitbu.Sarageétaitmalplacée.Brysenn’étaitpascoupabledecequinourrissaitsafureur.

Titusricanaetréajustasacravate.—Onpayetoujoursunjouroul’autrepourlespéchésdesesparents.Jeneconnaissaispastoutesonhistoire,maisjesavaisquesamèreavaitungrosproblèmede

boisson et la réputation de coucher avec des hommes très dangereux.Le père deBax avait été ungangstercrueletsanspitié,etceluideTitusétaitemprisonnéàviepourunetuerieincluanttroisflicsparmisesvictimes.Monproprepèreavaitlaisséunhéritagedetromperieetdemalhonnêtetéauqueljenevoulaispasêtreassocié.Jecomprenaisdonccequ’ilvoulaitdire.

—Leschosesnedeviennentjamaisplusfaciles,pasvrai?demanda-t-ild’unevoixbourrue.Jen’imaginaispasàquelpointcedevaitêtreencoreplusdurpourlui,quitentaitconstamment

desebattrepourlebienetderesterducôtédelamoralitédansunendroitquis’enlisaitsanscessedansleviceetlapourriture.Ilavaitdéjàdûcompromettresesidéauxenfeignantd’ignorerlateneurexactedemes activités et de cellesdeBax, et jene savaispas trop àquel point le fil sur lequel ilmarchaitpouvaitencoreêtretenduavantdecraquersoussespieds.

Justeàcemoment-là,Karsenapparutauboutdelapièce,poussantuneBrysenàl’airmécontentdansunfauteuilroulant.Elleétaitécheveléeetdébraillée,maissesyeuxs’illuminèrentquandellemevit.Jemelevaietposailamainsurl’épaulemuscléedeTitus.

—Non,çanedevientjamaisplusfacile,maiscertaineschosesetcertainespersonnesfontquelecombatenvautlapeine.

Je m’approchai des filles et embrassai d’abord Karsen sur la joue, puis je me penchai pourdéposerunbaiserausommetducrânedeBrysen.

—Tuesprêteàdécoller?Ellehochalatêteetregardasasœur.—Onétaitjustemententraindeparlerdeça.Oùva-t-onaller,aujuste?L’appartementestdans

unétatépouvantable,jenesaispassilabanqueadéjàsaisinotremaison,etiln’yapasassezdeplacepournoustousauloft.

Jemefrottailanuqueetréfléchisuninstant.—VouspouvezdormirchezBaxetDovie.Ilsontunechambred’amisassezgrandepourvous

deuxenattendantquejeremettel’appartenordre.Brysensemitaussitôtàsecouerlatête.—Non.Oùvas-tualler,toi?—Jevaisretourneraugaragependantunesemaineoudeux.Ilfautjustequejefasseenleverle

sangetd’autrestrucsdel’appart.

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Titusfitunbruitderrièremoietjeluidécochaiunregardpar-dessusmonépaule.Ilhaussalesépaulesetm’adressaunsourireironique.

—Ilsembleraitquenettoyerlesangsoitentraindedevenirtonactivitéprincipale.Jedevaiseffectivement lefairebienplussouventquejenevoulais l’admettre.Mais jen’avais

pasl’intentiondeluidirequ’ilavaitraison.—EtsituemmenaisKarsencheztonfrère?JegarderaiBrysenavecmoienvillejusqu’àceque

leschosessoientrégléesdefaçonpluspermanente,proposai-jeàTitusenjetantuncoupd’œilauxfilles.Çavousirait?

Brysensecontentademedévisagerpendantuneminute,puiselleregardaKarsen.—BaxetDovieneviventpasloindulycée,alorsjesupposequeçapourraitfairel’affaire,pour

l’instant,àmoinsquetuveuillesallervoirsipapaesttoujoursàlamaison.Le tonde savoix laissait entendrequ’elledoutaitque sonpère soit toujoursdans lesparages

maintenantquelerideauavaitétélevésursesactionségoïstes.Encore une fois,Karsen prouvaqu’elle était trop sage et clairvoyante pour quelqu’unde son

âge.—Non, jevais aller chezDoviependantunmoment. Jecroisque j’ai eumadosedepapaet

maman,pourl’instant.Quandcefutréglé,noussortîmestousdel’hôpitaletpartîmesdansdesdirectionsopposéessur

leparking.J’aidaiBrysenàmonterdanslaStingrayetrépondisàsarafaledequestionssurl’étatdesantédeBookeretdeDovie.Ellesemblaitpluss’inquiéterdubien-êtredetoutlemondequedusien,maiselleétaitalerteetlucideetaffirmaitque,malgrésonvilainœilaubeurrenoiretl’énormebleusursatempe,ellesesentaitbien.Ellen’étaitpassecouée,nesemblaitpasdéprimerniruminerlefaitqu’elleavait étéattaquéeetqu’elleavaitvuunhommese faire tuer sous sesyeux.En fait, ellemedemanda surtout de l’emmener chez un coiffeur et semblait prête à reprendre le cours de sa viecommesiriendegraveneluiétaitarrivé.

Jen’ycroyaispasdutout.Dovieavaitfaitlamêmechose,audébut,aprèsavoirétéenlevéeettorturéeparNovak.Iln’avaitfalluquequelquesjourspourquelescauchemarss’installent,puislesmomentsde silence,quand ildevenaitévidentqu’elleétaitperduedans sespenséeset revivait sanscessecesmomentsdeterreur.J’allaisjustedevoirmeprépareraumomentoùlatempêtefrapperaitmabelleblonde.

Pourtant, je l’emmenaichezlecoiffeur,qui luifitunecoupeencoreplusstylée,danslegenregarçonne des années 1920, je l’emmenai déjeuner, je la ramenai au loft pour qu’elle puisse sedoucher et faire une sieste, et elle semblait toujours solide comme un roc. Le lendemain, ellemedemanda de l’emmener faire du shopping pour qu’elle s’achète quelques affaires de premièrenécessité, puis elle voulut passer au restaurant pour expliquer ses absences répétées et s’assurerqu’elleavaitencoreuntravail,puisàl’universitépourmettreleschosesauclairavecsesprofesseurs.Lesoir,elleseblottitcontremoiets’endormitcommesiriendanssavien’auraitpulateniréveillée.Lelendemain,ellemedemandadelaconduirechezDoviepourpouvoirlaremercieretvoirsasœur.Je la déposai avec un baiser, m’attendant à la retrouver dans un état émotionnel déplorable, étantdonnéqueDovieétaitencorebienamochéeetqu’elleavaittuéunhommepourelle.Pourtant,quandje revins lachercheraprèsavoirvuNassiretBaxpourdesquestionsdebusiness,elleétait calme,comme toujours, etme surprit en se jetant surmoi dès notre retour au loft. Je ne risquais pas derepousserBrysensiellevoulaitcoucheravecmoi,maisj’étaisperplexe;j’essayaisdelatraiteravecprudenceetdélicatesse,mais ellen’avaitpas l’aird’accord.Ellepoussait, tirait, embrassait, suçait,griffaitetsetortillaitcontremoi,jusqu’àcequejen’enpuisseplusetfinisseparperdretoutcontrôle

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etlaprendrecommejelefaisaisd’habitude.Quandcefutterminé,jehaletaisetelleseblottit,nueetsatisfaite,contremapoitrine.Unpetitsouriresexysursonvisage,lespaupièreslourdesetsensuelles,elle me caressait paresseusement le torse. Je voulais l’interroger, lui demander comment elle sesentait et la forcer à être honnête, mais avant que je puisse formuler une question, voilà que sarespirationdevintpluslenteetrégulière.Elles’étaitdenouveauassoupiesurmoicommeunbébé,melaissantàmesinterrogationssurcequesesréactions,ouplutôtsesnon-réactions,signifiaient.Quandelleseréveilla,uneheureoudeuxplustard,elleroulasurmoietmechevaucha,lesmainsplaquéessurmontorse.Sesyeuxbleusm’évoquaienttoujoursunsuperbejourd’étéet,mêmeavecsonvisagetuméfié,elleétaitencorelaplusbellefillequej’avaisjamaisvue.Lafaçondontelletenaitlecoup,sarésistance,larendaientencoreplusexceptionnelleàmesyeux,etd’unecertainemanière,jel’enviais.Après que les brutes de Novak m’avaient tabassé et laissé pour mort, je m’étais terré dans cetteforteresse pendant desmois et desmois, craignant de perdre encore plus dans cette partie que jejouaiscontreThePoint.Elleétaitbienplusforteetcourageusequemoi.

—Demain, jeveuxcommenceràmettre leschosesen routeà l’appartement.Ondevrait faireenlevertoutelamoquetteetmettreduparquetàlaplace.C’estplusfaciledenettoyerdusangsurduparquetquesurdelamoquette.

Je me contentai de la dévisager, jusqu’à ce qu’elle prenne mes mains et les plaque d’un airdécidésursesseinsnus.

—Arrêtedetecomportercommesij’allaism’effondrer,Race.Audébut,c’étaitmignon,maisçacommenceàm’agacer.

Jepressaisamagnifiquepoitrineetfrottaimespoucessursestétonsdouxcommeduvelours,quisedurcirentaussitôt.

—Jenepensepasnécessairementquetuvast’effondrer,maistuasvécuungrostraumatisme,quit’aforcémentaffectée.Jeveuxjusteêtrelàpourtoisituasbesoindemoi.

Elleapprochasonvisagedumienetm’embrassaavecforce,avantdefrotterleboutdesonnezcontrelemien.

—Jenemesenspasmal.ÇacraintqueDovieaitdûabattrequelqu’un,queBookeraitétéblessé,queKarsen ait assisté à toute cette scène. Et ça craint vraiment quemamère se soit soûlée et aitdéclenché toutça,maisDrewavaitperdu la têteet jen’éprouveaucuneculpabilitéà l’idéequ’ilnesoitpluslàalorsquenous,oui.

Elleseredressaettenditlamainderrièreellepourl’enroulerautourdemonsexequi,bienplusmalinquelerestedemapersonne,s’étaitdéjàredressé,prêtàfairetoutcequ’elleluidemanderait.

—Race, si onveut se lancer là-dedans, si onveutqueçamarche, si jedoisdevenir ta reine,alorstudoiscroirequejesuiscapabledesupporterceschoses-là.J’aisurvécudepeuàuntorduquis’estfaitpasserpourmonamipendantunan.Mamèreestencurededésintoxication.Monpèreestaccroauxparisets’estsansdouteenfuipouréchapperàmonpetitami,mameilleureamies’appelleAnnieOakley1etvitavecunvoleurdevoituresetmapetitesœuracomplètementcraquépourunex-détenuquialatêted’untypequis’amuseenfrappantdesbébés.Jepeuxgérertoutçaetjegéreraitoutcequisemettrasurnotrechemin.D’accord?

—D’accord…Maréponseétaitétrangléeettenaitplusdugrognement:Brysens’étaitmiseàbougersamainde

hautenbas, frottantsonpoucesurmonglandquicommençaitàperlerd’excitation.Siellepouvaitsupporterça,alorsmoiaussi,etsic’étaitça,lerésultatfinal,jen’allaispasmeplaindre.

Ellesedécalapourpouvoirs’agenouilleràcôtédemoietsepenchersurmonsexetrèsexcitéqu’ellecontinuaitdemasser.Ellemelançaunregardquifitbattremoncœuràtoutevitesseethurler

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d’impatiencemalibido.—Mais le fait que tu veuilles être là pourmoi, que tu te fasses trop de souci pourmoi, ça

m’excitevraimentetçamedonneenviedetefairedeschosespastrèscatholiques.Cela me fit rire, et je faillis m’étouffer lorsque ses lèvres chaudes remplacèrent sa main et

qu’ellepritmonsexeduretpalpitantdanssabouche.Audébut,j’avaisvoululasouiller,lasecouerpourfairefondrecetteglacequisemblaitl’envelopper.Désormais,alorsqu’elles’occupaitdemoi,qu’ellemerendaitfouàchaquecoupdelangue,jecomprenaisqu’elleétaitparfaite,justefoutrementparfaitetellequ’elleétait,etqu’ellen’avaitpasbesoind’êtresalieousecouée.Elleavaitjustebesoinquejefasseressortircecôté-làdesapersonnalité.Avecmoi,elledevenaitaudacieuse.Ettoutcequeje pouvais faire, c’était remercier celui qui avait veillé sur nous pendant tout ce temps parce que,tandisqu’ellebougeaitsurmoi,jouaitavecmoi,metourmentait,m’amenaitàdeuxdoigtsdeperdrelecontrôle,ellenemequittapasdesyeuxuneseulefoisetjesusquecettefillen’étaitpasseulementmonéquilibreetmaboussole,maisaussimonégale,à toutpointdevue.Nonseulementelleallaitacceptercequejeluidonnerais,maisellemerendraittoujourslapareille.

Elleajoutasesmainsàsescaresses,lesplaçaentremesjambesetrefermasesdoigtsàlabasedemonsexealorsqu’elleeffleuraitduboutdesdentslapartiesensible,sousmongland,etquejecessaisde penser à tout ça pour simplement profiter d’elle et de nous, etme laisser aller, sachant qu’elleseraitlàpourmerattraper.

1.Femmelégendairedel’OuestaméricainauXIXesiècle,connuepoursaprécisionautir.

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19

Brysen

Ilfallutquelquessemainespourremettrel’appartementenétatafinqu’ilneressembleplusàunescène de crime. Alors que nous étions en train de changer les sols, Race décida qu’il voulait sedébarrasserdetouslesmeublesettoutremplacerpourqueriennerappellecequ’avaitétécetendroitauparavant.Ilm’observaittoujoursavecattentionetmetraitaitcommesijerisquaisdemebriseràtout moment, mais chaque soir il m’emmenait au lit, et à chaque jour qui passait sans que jem’écroule, ils’apaisaitunpeuplus.J’étaisdéterminéeà luimontrer,etàmemontreràmoi-mêmeque je pouvais y arriver—vivre cette vie sans la laisserme broyer. Je n’avais pas le choix si jevoulaisresteravecRace,etnouslesavionstouslesdeux.Entoutehonnêteté,j’allaisvraimentbien.Drewm’avait harcelée, il avait failli détruirema vie, et avec un effort, je pouvaisme rappeler lasensationdesesdoigtssurmoncoulorsqu’ilavaitessayédem’ôterlavieàmainsnues.Cen’étaitpasquelqu’undebien.Mêmes’ilavaiteudebonnesraisonsd’êtrefurieuxcontremafamille,celanejustifiaitpassesactes.

Avantdenousréinstallerdansl’appartement,jedemandaiàRaces’ilpouvaitnousaideràentrerdanslamaisondenosparentspourquenouspuissionsrécupérerlerestedenosaffaires.Jevoulaisaussiprendrelesaffairesdemamère,carmêmesiellen’allaitpasressortirdecureavantlongtemps,elle aurait alors besoin de retrouver des choses familières auxquelles se raccrocher. Race et Baxpassèrentà lamaisonetmedirentqu’ilyavaitunpanneauàvendredans le jardinetque les lieuxsemblaient être vides depuis un moment. Les cadenas que les agents immobiliers utilisent pourempêcherlesgensderentreravaientétéposéssurtouteslesportes,maisilsnefaisaientpaslepoidsfaceàunvoleurdevoituresprofessionnelet,quelquesjoursplustard,masœuretmoipassionsentoutehâtedepièceenpiècepourretrouverautantdenotreancienneviequepossible.Jenevoulais

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que des objets rattachés à de bons souvenirs,mais je n’empêchai pasKarsen de prendre plusieursphotosdefamilleetd’autreschosesque,personnellement,j’auraispréféréabandonner.

Quandjepassai la têtedanslebureaudemonpère, jenefuspassurprisedevoirqu’il l’avaitvidé.Ilnousavaitlaisséesenplan,ainsiquetoutessesresponsabilités.LeregardnoirdeRaceetsesmâchoiresserréesnem’échappèrentpaslorsqu’ilregardadanslapiècevidepar-dessusmonépaule.Jesavaisquemonpèreluidevaitbeaucoupd’argent,ainsiqu’àNassir,maissacolèreétaitliéeàmoi,pasàcettedette.Jenecomptaispasluidemanderdelaissertomber,delaissermonpèredisparaîtreetdetoutoublier.Nonparcequejesavais,toutaufonddemoi,qu’ilnepouvaitpasfaireçaets’attendreà ce que tous les gens qui lui devaient de l’argent le remboursent,mais parce que je commençaisvraimentàpenserquelesgensdevaientassumerlesconséquencesdeleursactes.Peut-êtrequesimamèreétaitalléeenprisonaprèsl’accident,onl’auraitforcéeàsesoigner,etqu’ellen’auraitpasfinidansuntelétat.Etpeut-être,peut-êtrequeDrewauraiteul’impressionquelamortdesonpèreetcelledesonfrèren’avaientpasétévaines,quejusticeavaitétérendue,ettoutcecauchemarn’auraitpaseulieu.Entoutcas,jemeretrouvaisdanslesbrasdeRace,etsic’étaitça,lerésultatfinal,jen’allaispasmeplaindredesdifficultésquej’avaisrencontréesjusque-là.

Jefisunemini-crisedepaniquelapremièrefoisquej’entraidansl’appartement.JecrusquejereverraistoujourslecorpsensanglantédeBooker,etDoviedansl’embrasuredelaporte,sonarmepointéesurDrew.Maisgrâceaunouveauparquetluisantetàtouslesmeublesmodernesauxcouleursvives que Race nous avait laissées choisir, Karsen etmoi, on avait l’impression d’entrer dans unespacecomplètementnouveau,etjem’ysentispluschezmoi,malgrésonpasséhorribleetsanglant,quenullepartailleursdepuisbienlongtemps.

Raceetmoiprîmesrapidementnoshabitudes.J’allaistoujoursencours,j’allaistoujoursbosserau restaurant, et il parcourait toujours la ville, rentrait toujours à lamaison avec du sang sur lesmainsetsursesvêtements.Certainesnuits, ilm’appelaitpourmedirequ’ilpasserait lanuitauloftparcequel’aubeétaitprocheetqu’ilétaitcrevé.Jesavais lireentreleslignes;celasignifiaitqu’ilavaitdûfairequelquechosedevraimentgrave,quelquechosedontilnes’étaitpasencorelibéré,etqu’iln’étaitpasprêtàramenerçadansnotreappartement,sonhavredesécurité.Jen’étaispascommeDovie.Jenelelaissaispassimplementpartirsanssavoiroùilallait,niavecqui,etjevoulaisqu’ilrentre à la maison même s’il était encore à vif et couvert des saletés de la ville. Si je devaism’impliquerdanssavie, jevoulaism’y impliquerentièrement,et iln’essayait jamaisdemeservirdesréponsesrassurantesoud’ignorermesquestions.Mêmesicelamehérissaitetmedonnaitmalauventredesavoircequ’ilfabriquaitàlanuittombée,ilmeledisaittoujourssansprendredepincettesetjem’efforçaisdenepasresteréveilléetoutelanuitàmefairedusoucipourluijusqu’àcequejel’entendemonterl’escalier.

IlmefallutquelquessemainesdepluspourmerendrecomptequeKarsennesefaisaitpasaussibienquemoiàcettenouvelleroutineetàcettenouvellevie.Jecommençaiàremarquerqu’elleétaittrèssilencieuse,qu’ellesemblaitapathiqueetnes’intéressaitpasàcequisepassaitautourd’elle.Jedemandai à Race ce qu’il en pensait, sachant qu’il avait pris Dovie sous son aile et l’avaitpratiquementélevéealorsqu’ellen’avaitqueseizeans.Ilmesuggéradesimplementluiparleraulieud’essayerdedevinercequin’allaitpas,carl’espritdesadolescentesétaitunlabyrinthe.Jeprisdoncmasœuràpartunaprès-midietluidemandaicequisepassait.

D’abord,elletentademefairecroirequ’ilfallaitjustequ’elles’habitueàcenouvelendroit,quemamanluimanquait,maisplusj’insistais,plusjesentaisqu’autrechoselapréoccupait.Jelalaissaitranquille pendant quelques jours, jusqu’à ce que je rentre du travail un soir et remarque nonseulementqu’elleavaitlalèvreenflée,maisqu’illuimanquaitaussiunegrossetouffedecheveux.On

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auraitditmoiàmasortiedel’hôpital.Puisqu’ellenepouvaitpasmecacherlesdégâts,ellefonditenlarmesetm’avouaque sa situationau lycée s’était encoredégradéedepuisque lamaisonavait étésaisie.Lesgaminsrichesl’embêtaient,lesgarçonslaharcelaient,etquandunefilles’enétaitpriseàelleparcequemamanétaitencurededésintoxication,elleavaitpétélesplombs,cequiavaitconduitàuncrêpagedechignondanslecouloir.Ellemeditqu’elleallaitsansdoutesefairerenvoyeretqu’ellenevoulaitplusjamaisremettrelespiedsàTheHill.Elleétaitsisérieuseàcesujetqu’elles’étaitdéjàrenseignée sur une solution alternative, parce qu’elle savait que je ne la laisserais jamais quitterl’école, et que Race et moi ne serions pas d’accord pour l’envoyer dans la zone de guerre quereprésentait le lycéepublicdeThePoint.Elles’étaitchargéede trouverunétablissementprivé trèsprochedel’endroitoùvivaientDovieetBax.Mêmesielleallaitdevoirporterununiforme,elleétaitconvaincuequec’était lameilleuresolutionetvoulaitque je l’accompagnepour l’y inscrire. Jenem’habituerais jamais à samaturité, à sa façon de faire face aux obstacles de la vie, et à s’adaptercommeunpoissondansl’eau.

Je lui répondis que je voulais me renseigner sur cet établissement avant de lui donner monaccord,maisjecroisqu’ellesavaitquec’étaitdanslapoche.Jenetrouvairienàredireaprèsl’avoirvisité et avoir parlé au proviseur et aux professeurs. Karsen semblait penser que cet endroit luiconviendrait, alors je remplis tous les papiers et son transfert fut approuvé en quelques joursseulement.

Je rentrais juste à la maison après l’avoir emmenée chez le coiffeur et avoir acheté sonuniformekakietnoirlorsquemontéléphonesonna.Jem’apprêtaisàretirermeschaussuresetàjetermescléssurleplandetravail,maisjem’arrêtai,carjenereconnaissaispascenuméro.Cen’étaitpasinhabituel,étantdonnéquemonpetitamiavaitenvironcinqportablessouslamainàtoutmomentetquemameilleureamieseservaittoujoursd’untéléphoneprépayé.

—Allô?J’entendaisbeaucoupdebruitenarrière-fond;descris,deshurlements,puislebruitd’uneporte

quiclaquait,etenfin,unevoixgravequidemanda:—Brysen?Jefronçailessourcils.—Quiestàl’appareil?—C’estl’inspecteurKing,lefrèredeBax.—Oh!Quepuis-jefairepourvous?Jepensaisqu’ilpoursuivaitjustesonenquêtesurtoutcequis’étaitpasséavecDrew,maismon

cœursemitàbattreàtoutromprelorsqu’ilsoupiraetm’annonça,d’untondénuéd’émotion:—JeviensdeconvoquerRaceetDovieaucommissariat.J’aidesnouvellesàleurdonneretje

pensequeceseraitbienquevousetBaxveniezaussi.Jel’aidéjàappelé,parcequ’ilm’auraitbottélesfessessijenel’avaispasfait.

Mesmainsserefermèrentsur lesclés, jusqu’àceque lemétals’enfoncebrutalementdansmapeau.

—Ques’est-ilpassé?—Jenepeuxpasvousledireavantd’avoirparléàRaceetDovie.Maisfaites-moiconfiance,il

vautmieuxquevousveniezleplusvitepossible.Jeraccrochaietmeprécipitaiverslaporte,Karsensurlestalons,medemandantcequin’allait

pas. J’arrivai aucommissariat enun temps recordetn’euspas à chercher longtempspour trouverBax rôdant autour du bureau d’admission tel un dangereux prédateur. Ses yeux couleur nuits’enflammèrentquandilmevitetilarrêtadefairelescentpaspours’approcherdemoi.

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—Titust’aappeléeaussi?J’acquiesçaiettournailatêtedanstouslessens,àlarecherchedeRaceoudeDovie.Ilyavaitun

monde fou. Des gens en uniforme, d’autres en tenue de travail ; la plupart étaient habillésnormalementet ilsétaientbien tropnombreuxàêtremenottésetàdonner l’impressiond’avoirétéarrêtésdansThePointpourquejemesenteàl’aise.

—Tuasuneidéedecequisepasse?Baxgrognaetsefrottabrusquementlatête.Detouteévidence,ilétaitaussiagitéquemoi,mais

soninquiétudesemanifestaitparuneviolenceàpeinecontenue.—Non,maissijenevoispasDoviedanslescinqprochainesminutes,jevaistrouverlebureau

demonfrèreetobtenirdesréponses.Celameconvenaittrèsbien.Baxpouvaitfoncertêtebaisséeetjelesuivrais.Jem’apprêtaisàlui

direque j’approuvais ceplanquand il se redressabrusquement ; tout soncorpsmassif se figea. Ilserralesdentsavecunetelleforcequejelesentendisgrincer,etl’étoiletatouéeprèsdesonœilsemitàpalpiteralorsquelerougeenvahissaitsoncouetsonvisage.

Jemeretournaipourvoircequiavaitprovoquéuneréactionaussiviolenteetnepusquefroncerles sourcils, perplexe, envoyantune superbe jeune femme,dotéed’une énormemassede cheveuxnoirdejaisetd’uncorpsquiauraitpucauserunembouteillage,hésiteràsavuepuistenterdepasserdevantnous.

Baxme contourna subitement,manquant deme renverser en se plantant devant la femme, laforçantàs’arrêteretàleregarder.Elleavaitdesyeuxvraimentincroyables,presquebleumarine,etelle tressaillit lorsqueBaxapparutdevantelleet luigrogna littéralementdessus,commeunanimalsauvage.

—Hé…, tentai-jed’intervenir,parcequenousnous trouvionsdans lehalld’uncommissariat,aprèstout.

Ilm’ignoraetaboya:—C’estquoicebordel?—Bonjour,Shane.Sa voix était étonnamment calme face à la rage sombre qui émanait de lui. C’était étrange

d’entendre quelqu’un d’autre que Dovie l’appeler par son prénom, et manifestement, cela ne luiplaisaitpas.

—Espècedesalope.Jedevraist’enfoncerlatêtedanslemuraprèscequetuasfaitàDovie.Elleteprenaitpoursonamie.

Sesyeux flamboyaient comme l’enferet jevoyaispresque la rage s’écoulerde lui envaguesépaisses,suffocantes.

Lafemmebattitlentementdespaupièresetdevinttrèspâle,maisellenedétournapaslesyeux.Elleavaitducran.Baxétaiteffrayant,etàsafaçondelaregarder,onauraitcruqu’il luiavaitdéjàcreuséunetombequelquepartenville.

— Personne n’a d’amis dans The Point. Du moins c’est ce que je pensais. J’essaie de merattraper.

Savoixsebrisaunpeuet jevissa lèvre inférieuresemettreà trembler légèrement.Elleétaitbien plus effrayée qu’elle ne voulait le laisser paraître. Ce que Bax s’apprêtait à lui balancer futinterrompu quand Titus apparut soudain et lui donna une claque sur l’arrière du crâne, ce qui lesurpritsuffisammentpourlefaires’écarterdelajeunefemmeetsefrotterlatête.

—Fous-luilapaix,crétin.Elleessaied’aider.Titussemblaitagacéetfrustré.

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Leregarddelafemmepassad’unfrèreàl’autre,seposasurmoi,puisellefutassezmalignepourfilertantqu’elleavaituneouverture.Ellepartitsansriendire.

—C’étaitqui,cettefille?Bax sevengea en enfonçant le coudedans leventreplat deTitus, qui inspirabrusquement en

jetantunregardmauvaisàsonfrère.Baxposasesyeuxsombressurmoietcracha:—Ça?C’estReeveBlack.C’estellequiaindiquéàNovakqueDovieétaitseule,lanuitoùila

envoyéseshommesl’enleverenpleinerue—elleluidevaitunservicedepuisqu’ellel’avaitrecrutépourréglerunedettedesang.Ensuite,Novaks’estservid’ellepours’enprendreàRaceetàDovie.Cette fille devrait être en taule pour meurtre avec préméditation, mais vu qu’elle a accepté decollaboreràfondaveclesféds,ilsl’ontintégréedansleurprogrammedeprotectiondestémoins.Ilsétaientcensés l’expédierà l’autreboutdupays…J’avaisdéjàditàcecrétin,ajouta-t-ilenpointantTitusdudoigt,quesijamaisjelarecroisaisdanslecoin,jenerépondraisplusdemesactes.

—Etmoi,jet’aidéjàditd’arrêterdemesortircegenredeconneries.Jesuisflic,jeterappelle.—Qu’est-cequ’onfaitici,inspecteur?demandaBax.Titus lui lança un regard noir et me regarda en plissant les yeux. Il nous fit signe de nous

approcherdeluietjelevisdéglutiralorsqu’ilcroisaitleregarddurdesonfrère.— J’ai reçu un appel d’un des marshals chargé de la protection des témoins dans l’affaire

Novak.LepèredeRaceetdeDovieaétéassassinécettenuit,danslarésidencequeluiavaitassignéele programme fédéral. Hartman était prêt à tout balancer : les noms des principaux trafiquantsd’armesetmarchandsdedrogueausuddelafrontière,l’endroitoùestcachélefric,etànousfilertoutes sortes d’infos que la brigade des stups attendait de pied ferme pour pouvoir récupérerl’enquête. Il bénéficiait de la protection des fédéraux, d’une planque au milieu de nulle part, etpourtantquelqu’unestquandmêmeparvenuàl’éliminer.

JememordislalèvreetéchangeaiunregardinquietavecBaxavantdedemander:—Commentont-ilsprislanouvelle?—Dovie, c’est une gentille.Amon avis, c’est surtout pour Race qu’elle s’inquiète : pour le

moment, il n’a pas décroché troismots.Mais pour en revenir à elle, son enfoiré de père a quandmême voulu recruter Novak pour la tuer… Non, Dovie doit être plus soulagée qu’autre chose.Finalement,çafaitunemenacedemoins,pourelle.Maiscen’estpastout.

Il se balança d’avant en arrière et posa lamain sur le pistolet attaché à sa ceinture avant dereprendre:

—Hartmanétaittellementisoléquelecoupestforcémentvenudel’intérieur.Dequelqu’unquis’estoccupédesondéménagementetdesarelocalisation.

Baxjuraavantdegrogner:—Unflic?—Probablement,réponditTitusenhochantlatête.Baxbalançatouslespiresjuronsquej’aiejamaisentendusetserralespoings.—Commesionn’avaitpasdéjàassezàfaireaveclesméchants,fautaussiqu’ons’occupedes

gentils,maintenant?—Engros,oui.—Qu’est-cequeReevefoutaitici,Titus?C’étaitunchangementdesujetassezmarqué;detouteévidence,Baxn’étaitpascontentquecette

femmesublimesoitdanslesparages.— Elle a des informations dont je vais avoir besoin si je veux avoir la moindre chance de

débusquerceflicpourri.

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Cetteréponseprovoquaunenouvellesériedejurons.—Quelgenred’infos?Titussecoualatêteetpassalesmainssursescheveuxcourts.—C’estlàques’arrêtelefrèreetquecommenceleflic,Shane.Laisse-latranquille.J’aibesoin

d’ellepourfairemonboulotetçavavraimentm’énerversitutemetsentraversdemonchemin.J’en avais assez de ce combat de coqs alors que je voulaism’occuper demon homme.Cela

faisaitbeaucoupdechosesàdigéreretjevoulaisjustevoirRace.—OùestRace?—Dansmonbureau,avecDovie.TitusarrêtaBaxd’unemainaucentredesapoitrinealorsquecelui-citentaitdelecontourner.— Ecoute, Bax, j’ai besoin de cette fille pour mettre un terme à cette vague de crimes. Les

incendies,lespassagesàtabac,lesdestructions…toutestlié.Reeveestindispensableàmonenquête.J’ai déjà tout expliqué àDovie et elle a pigé, elle.Alors, sers-toi de ta tête et n’agis pas de façonimpulsive.Sinon,jetefoutraiautrouavantquetuaieseuletempsdedireouf.C’estbienclair?

Celui-cineréponditpasetsecontentadelebousculerénergiquementetdesedirigerd’unpaslourdversuneportevitréesur laquelle lenom«InspecteurKing»étaitécritaupochoiren lettresnoires. Je lui emboîtai le pas, la tête tourbillonnant de l’excès d’informations qu’on venait de luiasséner,quandTitusm’arrêta.

—Raceestunmecbien.Pourlemoment,ilenbaveetilseretrouvefaceàdeschoixsacrémentdifficiles,maisilatoujourseumeilleurfondqueBax.Sonpèreétaitunemerde,unmeurtrieretunfilsdeputemielleux,maisquandilréaliseravraimentqu’ilestmort,ilaurabesoind’aidepourgérerça.

Jerelevailementond’unairdedéfi.—Jen’ail’intentiond’allernullepart.—Bien.J’allais cherchermon beau blond lorsqu’il sortit du bureau,Dovie etBax sur les talons.Bax

enlaçait Dovie, et même si elle avait les yeux secs, elle était bien plus pâle que d’ordinaire ets’accrochait à Bax comme à une bouée de sauvetage. Race avait le même air que d’habitude. Sasuperbefossettesecreusaquandilmevit,sescheveuxblondsscintillaientcommedel’or,etquandilarrivadevantmoi,ilposalesmainssurmesjouesetm’embrassadoucement.Sijel’avaismoinsbienconnu, j’aurais cru qu’il allait vraiment bien,mais de fines rides de tension encadraient ses yeuxverts,etmalgrésafossette,jevoyaisqu’ilavaitlesdentsserréesderrièresonsourire.Ilpritmamainetcommençaàm’entraînervers lasortieavantmêmequejepuissedemanderàDoviesielleallaitbienoulaserrerdansmesbras.

Sansmeregarderenface,ilditdoucement:—Jedoisréglercertaineschoses.Jeterejoindraiplustardàlamaison,d’accord?J’observaisonvisage,vistoutel’obscuritéetlamauvaisehumeurderrièrelevertdesesyeux,et

jeleserraifortcontremoi.—Tantquetumeprometsderentrercesoir.Ildétournaleregardetjesentisqu’iln’étaitpasd’accord.—Sérieusement,Race.Rentreàlamaison.Auboutd’unmoment,ilfinitparhocherlatête,puisildéposaunbaiservifetpiquantsurma

boucheavantdes’éloignerverslaStingray.Jenelequittaipasdesyeuxjusqu’àcequ’ilmontedanssavoitureet sorteen trombeduparking. Jemarmonnaiquelquesmotsbiensentisetm’apprêtaisà

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partirdansladirectionopposéequandjefusarrêtéeparlalourdemaindeBaxsurmonbras.Doviemefitunsouriredetraversetfrottasajouecontrel’épauledeBax.

— Ça va aller, dit-il d’un ton bourru. Il faut juste qu’il accuse le coup. Je suis content quequelqu’und’autres’ensoitchargé,parcequej’auraistuécesalaudsij’enavaiseul’occasion.

JefrémisetregardaiDoviequilevalesyeuxsurlui.Ellesoupiradoucementetmeregarda.—Nelelaissepasdirequec’estsafaute,parcequec’estcequ’ilvafaire.Jehochailatête.—Appelle-moisituasbesoindequoiquecesoit,luidis-je.—Jevaisbien.J’aitoutcequ’ilmefaut.ElleseblottitunpeupluscontreBaxalorsqu’illaguidaitversleredoutablemonstrechroméet

noirqu’ilconduisait.Jejurailorsqu’ildémarraetquelemoteurfitautantdebruitqu’unmilliondedémonsrugissantpourqu’onleslibèredeleurprisonsouterraine.

Je n’étais pas d’humeur à aller à la fac,mais je n’avais pas de bonne excuse pour sécher lescoursalorsquej’enavaisdéjàratébeaucoup.J’yallaidoncetmeretrouvaiàvérifiermontéléphonetouteslescinqminutes.Chaquefois,jen’avaisrien,etcelamefaisaitmalaucœur.Jenetravaillaispascesoir-là,alorsjerentraiàl’appartement,aidaiKarsenàfairesesdevoirs,préparaiundînertoutsimpleetn’envoyaipasmoinsdecinqmessagesàRacepoursavoiroùilétaitetcommentilallait.Tousrestèrentsansréponse.Celam’inquiétait,maiscelacommençaitaussiàm’énerver.Jeregardaiune émission de téléréalité romantique débile avecKarsen,me fis une pédicure et fis les cent pasjusqu’àcequeminuitarriveetreparte.Lesyeuxrivéssurmontéléphone,affichantzéroappeletzéromessage,jedécidaiquec’enétaittrop.J’étaiscertainequeRaceétaitaugarage,qu’ilsouffraitseul,etjen’allaispastolérerça.

Je frappai à la porte de Karsen et lui dis que je m’absentais pour la nuit. Elle m’adressasimplementun regardentenduet reprit cequ’elleétait en trainde faire sur son téléphone. Jecroisqu’elleavaiteusadosededramespourtenirjusqu’àl’âgeadulte.

Jemerendisaugarageettapaibrusquementlecodeauportaildesécuritéenacier,soulagéedevoirlaStingrayàl’endroitoùilgaraitautrefoislaMustang.Jegravispresqueencourantlesmarchesmenant au loft.Quand j’entrai dans le grand espace ouvert, je faillis trébucher surRace, assis parterre,unebouteilledescotchàmoitiévideàlamain,leregardbrûlantetvitreux.Jem’agenouillaiàcôtédeluietluiprislabouteille.

—Tuavaispromisderentreràlamaison.Sapoitrinesesoulevapuiss’abaissaetilpassalalanguesursalèvreinférieure.Mêmeivreet

morose, ilétait leplusbelhommeque j’aie jamaisvu.Jeposai lamainsursa joueet il ferma lesyeuxavantdefrottersonvisagecontremapaume.

—«Etrelà»,çamarchedanslesdeuxsens,monbeau.—Jemesenscommeunemerdeparcequejemesenscommeunemerde.Sonhaleinesentaitl’alcool,maisilarticulaitbien,etjemedemandaidepuiscombiendetempsil

buvait.Peut-êtreavait-ilbutoutelajournéeetn’était-ilpasaussisoûlqu’ilenavaitl’air.—Qu’est-cequeturacontes?Jepassailamaindanssescheveux.Onauraitditdelasoiedorée.—IlvoulaittuerDovie.IlétaitsouslacoupedeNovak.Iltrompaittoutletempsmamèreeta

romputoutcontactavecmoisansaucunremords.C’étaitunsale typemanipulateuretsanscœur. Ilméritaitdemourir,j’auraislaisséBaxletuersionavaitdûenarriverlà…maismaintenant…

Satêtetombaenavantetsonépaulesecontractaavantdes’affaisser.Ilmurmura:—Jemesensmal.

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Jeluimassailanuqueettentaid’enlibérerlestensions.—C’étaittonpère.C’estnormalquetutesentesmal.Mêmes’ilétaithorrible,iln’enrestaitpas

moins ton père. Tu as le droit de te sentir triste,mais par contre, tu n’as pas le droit de te sentircoupable.

Ilrelevabrusquementlatêteetmeregardaalorsquejemerapprochaisdeluietgrimpaissursesgenoux.Ilposalesmainssurmatailleethaussalessourcils.

—Qu’est-cequetuveuxdire?—Cen’estpastafautes’ils’estadresséàNovakpoursauversaproprepeauetcen’estdoncpas

tafautesiNovakaencoredupoisonàcracheralorsqu’ilestmortdepuislongtemps.Tonpèreafinicommeçaàcausedesespropreschoix,pasàcausedetoi.

Il grogna et se releva, sans me lâcher. Etant donné qu’il ne trébuchait ni ne tanguait, jecommençaissérieusementàdouterqu’ilsoitaussisoûlquejel’avaiscruaupremierabord.

—Jesais, j’avaisjustebesoind’unpeudetempsetpeut-êtrequetuledisesàvoixhautepourqueçarentrevraiment.

Ilsedirigeaverslecanapé-litdépliéetmejetadessusavecbeaucoupmoinsdedélicatessequ’iln’enavaitfaitpreuveàmonégarddepuisl’attaquedeDrew.

—Et j’allais rentrer à lamaison, reprit-il. Il fallait justeque jedessoûleunpeuetque jemeremettelesidéesenplace.C’estlegenredetrucsquin’arienàfairelà-bas.

Puisqu’il se tenait au bout du lit, au-dessus de moi, je passai les mains sous son T-shirt àmancheslonguesetmemisàcaressersontorseimpressionnant.Jenemelasseraisjamaisdevoirsesabdominauxsecontracterquandjepassaisleboutdesdoigtssurcesmerveillesbiendessinées.

—Tuastort.Jetedisdepuisledébutquejeteveuxtoutentier;ycompriscettepartie-làdetoi.Jecomprends,Race, tufaiscequetuasàfaire,pastoujourscequetuasenviedefaire,maisavecmoi,çanepeutpasêtrecommeça.Tudoisêtreavecmoiparcequetuenasenvie,etnonparcequetuledois.Tupeuxramenertoutçaàlamaisonetonlecombattraensemble,commetumel’asdit.

Puisqu’ilétaitmaintenanttorsenu,jedécidaiqu’ilfallaitaussiquejeledébarrassedurestedesesvêtements.Jedéboutonnaisonjeanetbaissaisabraguette,heureusedevoirque,mêmelorsqu’ilétaitmélancoliqueetassailliparlesdoutes,sondésirpourmoines’entrouvaitpasaffecté.Jeglissaimesmainssousletissuetpressaisesfessestoutenluidécochantunregardcoquin.

Il me fit un petit sourire triste puis sa fossette apparut, me faisant du charme. Cette fois, ils’agissaitd’unvraisourireetmoncœurseremplitdejoie.

—J’aienvied’êtreavectoidepuisledébut,Bry.Commentpourrais-tuseulementendouter?Jemerapprochaiunpeudeluipourpouvoirl’embrasserjusteauniveauducœuretjebaissai

sonjeansursesjambes.—Alorsrentreàlamaisonpourqu’onpuissefairel’amourdansunlitetquejeprennesoinde

toicommetuprendstoujourssoindemoi…tuterappelles?Ilsedébarrassadesonjeanetsetintdevantmoidanstoutesaperfectionetsagloiredorée,puis

ilbaissalatêtepourmedonnerlebaiserleplusdouxetlepluspoignantquej’avaisjamaisreçu.Sij’avaiseulemoindredoutesurl’avenirdenotrecouple,ildisparutlorsquenossoufflessemêlèrentetquejegoûtaisadévotionsursalangueparfuméeauwhiskyfumé.

—D’accord,jeramèneraiçaàlamaisonetonpourralecombattreensemble.Je pressai ses biceps et poussai un petit couinement de surprise lorsqu’il me redressa et

commençaàfaireglissermonpantalonsurmesjambes.—Jen’aipaspeur.J’étaisunpeuessouffléeetmonrythmecardiaques’emballait.

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Sesyeuxpassèrentduvertmousseauveloursnoird’encreetsafossettesecreusaunpeuplus.J’auraisvoulul’embrasser.

—Tantmieux.Desesmainsrugueuseset impatientes, ilôtalerestedemesvêtementsetenfin,enfin, leRace

avec qui j’avais l’habitude de partagermes nuits fit son grand retour. Ses doigtsme brûlaient, sabouche était partout et laissait des marques dans son sillage, il me chuchotait des promessesindécentes et s’accrochait àmes cheveux.C’était génial, et tellement bienvenu. Ilme fit gémir,mecoupalesouffle,mefithurlersonnomencoreetencorequandilmitsaboucheentremesjambesetne me lâcha pas jusqu’à ce que je me brise sur sa langue infatigable et ses doigts caressants. Jepensaisquec’était fini,qu’ilallaits’enfoncerenmoipournousconduire tous lesdeuxàuneissuemutuellementsatisfaisante,maisilétaitdéchaîné,enfeu,etilavaitd’autresprojets.Jeluiavaisditquejen’avaispaspeur,etilallaitmeforceràleprouver.

Sesdoigtss’enfoncèrentdansmeshanchesalorsqu’ilmeretournaitetmetiraitversl’extrémitédulit.Ilmeplaçacommeilledésirait,àquatrepattes,etdeboutderrièremoi,ildéposaunbaiseràlacourburedemesreins.L’unedesesmainsserefermasurmescheveuxcourtsetl’autreplongeaentremesjambes,oùj’étaisencoretrempéeethyper-sensibleaprèsl’orgasmequ’ilvenaitdem’offrir.

Jemurmuraisonprénometj’euslesoufflecoupéquandilmepénétrasanscriergare.Danscetteposition, je sentais lemoindre centimètre de sa chair qui ondulait et se contractait enmoi. Il étaiténorme,puissantetmeprenait àun rythmeeffréné.Sesdoigtscaressantsetglissantsme rendaientfolle;jen’allaispaspouvoirtenirtrèslongtemps.

—Race!Ilgrogna,tiraunpeuplussurmescheveuxetjem’efforçaivraimentdenepasmeperdredans

le bruit incroyablement érotique de sa peau claquant contre la mienne et la façon dont sesmouvementsentêtantsfaisaienttremblermesbras.Jesentisleplaisircommenceràsedérouleràlabasedemacolonnevertébrale, j’entendisRace jureret répétermonprénom.Justequandmesbrascédaient sous la force, la toute-puissance demonorgasme, il poussa un grognement et relâcha saprised’hommedescavernessurmescheveuxens’écroulantsurmoi.Jesentisseslèvreseffleurermanuqueetsesmainscourirsurmesflancstremblants,alorsquej’essayaisdereprendremonsouffle.

—Mercid’êtrevenuemechercher.Je repensai à la fois où je l’avais supplié de ne pas me laisser alors qu’on m’emmenait à

l’hôpital.Ilm’avaitréponduqu’ilnemelaisseraitjamais.—Toujours.Ilroulasurlecôtéetm’attirasursontorse,frottantsonmentonsurmatête.—Jepensaisqu’onn’avaitpasbeaucoupdechances,maismaintenant jepourraispariergros

surnous.Jelepinçaijusteau-dessusdesesfesses.—Etsitunepariaispasdutoutsurnous,puisquetusaisqueçavamarcher?Ilricana,cequifittremblersapoitrinesousmajoue.—Jet’aime,Brysen.Tum’aidesàrestermoi-même.—Jet’aime,Race,quiquetudoivesêtre,ettelquetues.Iln’yavaitrienàajouter,etilnefaisaitaucundoutequenousallionssurvivreàtoutça,mêmesi

ThePointcontinuaitdenousmettreàl’épreuve.Cettesaletédevilleallaitenavoirpoursonargentsiellepensaitpouvoirm’enlevermonhomme.

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20

Race

Cetteville,c’étaitunpeuThePoint,àquionauraitrefilédeschaussuresdestrip-teaseuseetdurougeàlèvresrougeputainavantderecouvrirletoutdepaillettes.Leslumièresfluorescentesetletintementdesclochesétaientagaçantsetattirantsàlafois,etlestouristesdésœuvrés,sidisposésàsedébarrasserdeleurargent,inondaientlestrottoirsetsedéversaientdescasinos,medonnantlachairdepoule.Pourmoi,jouer,prendredesrisques,parierdel’argent,cen’étaitpasunjeu,etcetendroitavait transformé ce que je faisais dans des ruelles sombres en une activité familiale que les gensprenaientbientropàlalégèreàmongoût.J’avaishâtederentreràlamaison,cequimesurprenait.Quiauraitcruqu’unjourdansmavie,jeseraispresséderetourneràThePoint?

Jejetaiuncoupd’œilàBrysen,quiobservaitledécorduclubdestrip-teasedevantlequelnousnoustenions,laboucheplissée,lessourcilsfroncés.J’ignoraissic’étaitcelieuoucequenousétionsvenusyfairequidonnaituneexpressionaussiamèreàsonjolivisage.Bonsang,c’étaitpeut-êtrelesdeux.Quand je lui avais dit où j’allais et quel étaitmon plan, jem’étais attendu à ce qu’elle soitbouleverséeetmesuppliedenepaspartir.Ellem’avaitsurprisendemandantàm’accompagneretenmedisantqu’ellevoulaitêtrecellequiexposeraitleplanàmadernièrecible.D’abord,j’avaisrefusé,maisquandellem’avaitexpliquéquec’étaitladernièreétapeavantderefermertouteslesportessursonpassé,j’avaiscédé.Jeluiavaisfaitpromettrepasmoinsdecentfoisdenepasmequitter,denepasmedétestersileschosespartaientenvrilleetsijedevaisavoirrecoursàlaforcephysique.Ellem’avaitsimplementregardécommesij’étaisstupideetm’avaitréponduqu’elleferaittoujourspartiedel’équipeRaceetqu’ilfallaitquejemedétende.NousavionsdoncemmenéKarsenchezDovieetBaxpourunlongweek-endetnousavionsprislaroute.

Booker avait proposé de garder unœil sur la petite,mais elle le regardait toujours avec desyeuxdechioténamouréetluiléchaitlesbottes,cequiallaitcauserdesproblèmesdèsqu’elleserait

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assezâgéepourqu’iloubliequ’ellen’étaitqu’unegamine.—Tuesprête?Elleposabrièvementsurmoisesyeuxbleuclair,puiselleregardalaporteethochasèchement

latête.—Finissons-en.Je l’embrassai aumilieu du front puis plaçai lamain dans le bas de son dos alors que nous

entrions.Nousétionsàdesannées-lumièreduDistrict.OnseseraitcruauDisneylanddesclubsdestrip-teaseetcelamedonnaitpresqueenviederire.Toutétaitfaitpourlespectacleetilétaitévidentquelesdanseusesétaientlàpourseprocurerdel’argentetdesfrissonsfaciles,etnonpoursurvivre,commelesfillesdeThePoint.

L’hommequenousétionsvenusvoirn’étaitpasassisàl’unedestablesprèsdelascèneoudansl’undesboxenvelourssurlescôtés.Non,ilétaitassisaubar,latêtepenchéesurunverreàwhisky.IlnerelevapaslatêtequandBrysens’assitsuruntabouretàcôtédusientandisquejerestaisenarrière,prêtàinterveniraucasoùelleauraitbesoindemoi.

Brysen se tourna sur son siège et secoua la tête quand le barman lui demanda si elle voulaitquelque chose. Finalement, l’homme releva les yeux et je vis ses épaules se tendre puis s’abaisserrapidement.

—Brysen.—Papa.Ilsursautavisiblementausondesavoixdouce.—Jesuislàpourt’offriruneéchappatoire,papa.Racem’aemmenéeicipourtefaireuneoffre,

te donner une chance, et si tu ne la saisis pas… eh bien, ce qui se passera ensuite, ce sera tonproblème.

Elleémitunbruitdegorgeécœuréetcroisamonregardalorsquejelaregardaispar-dessuslatêtedesonpère.

—Jevaisbien,aufait,etKarsenaussi.Mamansortirabientôtdesacurededésintoxicationetjel’encourageraiàdemanderledivorce,justeaucasoùtutedemanderaiscommentvatafamille.

Onauraitditque lepoidsdecesmots leblessaitphysiquement,et ils’avachitencoreplusau-dessusdesonverre.

—Jen’aipascetargent.Jenel’aitoutsimplementpas.Ilsemblaitabattu,pathétique.Brysenlevalesyeuxauciel.C’était intéressant qu’il parle d’argent, car ce club chicn’était pasdonné,mais je n’avais pas

l’intentiondelefaireremarquer,àmoinsqu’onnem’yoblige.—Tuespathétique.Tuasempoisonnémaman,tuasperdutoutcequenousavions.Tut’esservi

demoiquandestvenu lemomentdepayerpour tes erreurs, et au lieude les affronter commeunhomme, tu t’es enfui. Il faut vraiment être idiot pour penser pouvoir échapper à un bookmaker.Sérieux,papa, tunesaispasque tousceuxquinepeuventpaspayers’enfuient?Raceneseraitpasaussibondanssonjobs’illeslaissaitsimplementpartir,tunecroispas?

Ellepoussaungrossoupiretluiditd’untonnelaissantaucuneplaceàlanégociation:—Jeveuxquetucomprennesquecetteoffren’arienàvoiravecKarsenetmoi.Franchement,

riennemeferaitplusplaisirquedetevoirsouffrir,neserait-cequ’undixièmedecequenousavonssouffertcetteannéeàcausedetoi.

Ilsecontentaitdefixersonverre,commes’ilnel’entendaitpas.Jeposaimoncoudesurlebar,del’autrecôtédelui,ethaussaiunsourcillorsqu’ilmeregardaducoindel’œil.

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—Vous ferezmieuxde l’écouter, sinonvousallezpoursuivrecette conversationdehorsavecmoi.

Ildéglutitetregardasafille.Brysencomprenaitqu’ilmedevaitplusdetroiscentmilledollarsetquelesintérêtss’élevaientà

plusdesoixante-quinzemilledollars. Iln’yavaitqu’unmoyende les récupérer,etc’était lemêmequeceluiquilesluiavaitfaitperdre:enpariant.

—NassiretRacecherchentàmonterunsiteoffshore.Desparisenlignequ’onnepourrapasretracer jusqu’ànousni fermercommeonpourrait le faireavecuneadressephysique. Jeparledegrosparisenligne,sanslimites.Lamised’entréecommenceraàcentmilleparplace.Raceachargéuntypedes’occuperdelasécuritédusite,pourlerendreintraçableets’assurerquelesfondsserontinvisibles,maisilneveutpasqu’ilperdedutempsaveclaprogrammationàproprementparler.C’estlàquetu interviens.Tuleconstruis, tu legères,et lesgarssontprêtsà t’offrirunpourcentageunefoisquetuaurasremboursétadette.Soisconscientquec’esttatêtequitomberasileFBIréussitàlepirater.C’esttonuniquechanced’échapperàtaproprestupidité.

Sonpèrenousregardatouràtour,l’airsongeur.—Quelseraitmonpourcentage?Peut-êtrequej’allaisluiécraserlestesticules,justepourleplaisir.Jeserrailesdentsetplissai

lesyeux,puisjerépondis,parcequeBrysensemblaittropdéçueetdégoûtée.—Dixpourcent.Onauraitditqu’ilallaits’étouffer.—Quarantepourcent.Jem’écartaidubaretinclinailatêteendirectiondelaporte.—Allons-y,Bry.Ons’estdéplacéspourrien.Elleselevapourvenirmerejoindreetrepoussalamaindesonpèrequandilvoulutlaretenir.—Vingtpourcent,etdèsqueladetteauraétépayée,sehâta-t-ild’ajouter.Nousnousdéfiâmesduregardpendantunelongueminuteavantquej’accepteàcontrecœur.—D’accord.Avantdemedirigerverslaporte,Brysenouvrantlamarche,jeluidis:—Vous allez rester à l’écart deBrysen et deKarsen, et vous accorderez un divorce à votre

femmesansluicauserd’ennuis,oujereviendrai.InutiledereveniràThePointpourmonterlesite,maissivouschoisissezdelefaire,rappelez-vouscesconditions,etsivousdécidezdevousenfuirànouveau,n’oubliezpascommeilnousaétéfaciledevousretrouver.

L’histoire s’arrêtait là, en cequime concernait.Apartir demaintenant, ce serait le boulot deBooker de veiller à ce que ce type fasse ce qu’il était censé faire, et aumoindre faux pas, je luidonneraisl’autorisationdelefairesaigner…abondamment.

Jesortisduparkingetmedirigeaiversl’hôteloùnouspassionsleweek-end.Letrajetn’étaitpastrèslong,unpeuplusdesixheures,maisnousnesavionspascommentallaientsepasserleschosesavecsonpère,nousnousétionsdoncorganiséspourresterquelquesjoursdansuncasinoàl’écartduStrip.

Brysenposasamainsurlamienne,surlelevierdevitesse.—Tun’étaispasobligédelelaissers’entireràsiboncompte.Paspourmoi.Ellepensaitpeut-êtreçamaintenant,maislamortdemonpèredesmainsdequelqu’und’autre,

méritéeounon,m’avaittellementretournéquejen’avaispasl’intentiondeluiinfligerça.—S’il tientparole,c’estgagnant-gagnant.Sinon, iln’auraqu’àaffronter lesconséquences,et

nous,oncontinuerad’allerdel’avant,commetoujours.Onseconcentrerasurtamère,onveilleraà

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cequ’ellepoursuivesontraitement,àcequ’ellesuiveunethérapieetessaiederestersurlavoiedelaguérisonafinqueKarsenettoiayezaumoinsunechanced’avoirunparentàsauver.

Jefaisaislamêmechoseavecmapropremère.Nousétionsloindelaréconciliation,maisaprèsla mort de mon père et le blocage de tout son argent par le gouvernement, elle n’avait rien nipersonne et je ne pouvais pas la laisser en plan.C’était ce quem’avait faitmonpère, et si j’avaisapprisquelquechoseaucoursdecesderniersmois,c’estquej’agiraisdebiendesmanièresdansmavie,maisjamaiscommemonpère.Jel’avaisinstalléedansunappartement,danslemêmeimmeublequeceluioùlesfillesetmoivivions,etluiavaisditquetantqu’elleferaituneffort,qu’elleessaieraitdes’adapteràlaviedansThePoint,jeluiviendraisenaide.Pourl’instant,lasituationétaitaléatoire.Elledemandaitdel’argentàtoutboutdechamp,maiselles’étaitaussitrouvéunemploidesecrétairedansunbureaupouraideràsubveniràsesbesoins.

Voyantlesconflitsquecelacréaitenmoidedevoirdirenonàmamèrelorsqu’ellesemontraitfrivole,Brysenavaitprissurelledeservird’intendante.Elleavaitinformémamèred’untonneutreque toute sommed’argent devrait être approuvée par elle avant que je la lui remette.Brysen avaitbeaucoupmoinsdemalquemoiàfairelasourdeoreilleauxdemandesdeMadameHartman,quisefaisaientdeplusenplusraresetqui,sinon,concernaientdeschosesqu’ellenepouvaitvraimentpassepayertouteseule.

Arrivéà l’hôtel, jeremisàcontrecœurlesclésdelaStingray.Jen’aimaispasquemavoituresoithorsdemavuedepuislafinprématuréedemaMustang.JesuivisBrysenjusqu’àlachambreetpoussaiungrognementsurprislorsqu’ellesejetasurmoidèsquelaportesefutreferméederrièrenous.Jeposaiunemainsoussesfessesetellegrimpadansmesbrasetsemitàm’embrassersurtoutlevisage.

—Tuestellementsexy,ronronna-t-elle.Jeriset laconduisis jusqu’aulit.Jeprissesmainsenfouiesdansmescheveuxetembrassai le

centredechaquepaume.J’étaiscontentquebienmecomporteravecellelarendeaussiheureuse.—Tuveuxtoujoursêtrelareined’unroyaumesurlequelpersonnenevoudraitparier?Ellegloussaetplissalesyeuxlorsquejeglissailamaindansmapochededevant.J’ensortisla

petitebaguebonmarchéquej’avais trouvéeaumagasindesouvenirsquandjem’étaispromenécematin tout en parlant à Nassir de mes projets. C’était une petite couronne dorée, kitsch etcomplètementridicule,maisBrysendevintsilencieusequandjelaglissaiàsonannulaireetluidis:

—Unjour,jet’achèteraiunevraiecouronneettulaporteraspourtoujours.Elleregardalabague,puismoi,lesyeuxembuésetbrillants.—C’esttongesteleplusaudacieuxjusqu’àmaintenant,beaugosse.Jeneme sentaispas audacieux, justebien.Ellemeconvenait parfaitement, elle convenait aux

deuxidentitésquicohabitaientenmoi:augaminrichequis’ennuyaitàTheHilletaubookmakerquifaisaittournerlavilleavecdusangetdel’argentsale.

—Jesuisunmecaudacieux.J’embrassail’endroitoùsonpoulsbattaitàtoutrompre,souslapeaudélicatedesonpoignet,et

elle s’installaplusconfortablementsurmesgenoux,cequidonnades idéesàunecertainezonedemonanatomiequantàlafaçondontnouspourrionspasserleresteduweek-end.

—C’esttoutàfaitvrai.Tusais,Race,tantquetonroyaumesetrouveralàoùtues,ceseralàquejevoudraiêtre,peuimporteàquoiilressemble.Jenecroispasquecesoitunparirisqué;jepensequesivousvousbattezpourlui,vousaveztoutesvoschances,toi,Bax,Titus,etmêmeNassir.

Je n’en étais pas convaincu. La menace extérieure demeurait inconnue. Bax et moi avionsbeaucoupàperdre,désormais;Titusselaisseraittoujourslimiterparlecadredelaloi;Nassirétait

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unsurvivant,alorssileventsemettaitàtourner,j’ignoraiss’ilcontinueraitàservirlabonnecause.Seulletempsnousdiraitquis’ensortirait,maispourl’instant,BrysenpassaitmonT-shirtpar-dessusmatêteetregardait lapetitebagueenplastiquecommesi jeluiavaisvraimentdonnéunepartiedutrésordeMidas.Voilàoù jevoulaisêtre,qui jevoulaisêtre,etThePointdevraitattendreson tourpourvolerunpeuplusdemonâme.

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REMERCIEMENTS

Je remercie en premier lieu toute l’équipe qui m’accompagne et m’aide à m’améliorer jouraprèsjour.Ilfautbeaucoupdetravailpourpublierunbonlivreetj’aivraimentdelachanced’avoiràmescôtésdesgensmerveilleux,aveclesquelsjeprendsplaisiràtravailler.J’adoretoutesmesamieschezHarperCollins.Monéditrice,AmandaBergeron,estunamour,etnousnenoussommesmêmepas disputées au sujet de la fin de ce livre ! J’adore travailler avec elle ; elle améliore toutes leshistoiresquej’écris.Elleesttrèsdouéeetc’esttoujoursunplaisirdecollaboreravecelle…jusqu’àcequejereçoivelespremièrescorrectionsetquej’aieenviedetuertoutlemonde!

JessieEdwardssedépensesanscompterpours’assurerqueceslivresfinissentauxbonsendroitsetentrelesbonnesmains,et jesuispersuadéequesi j’étaisunjouraucœurd’unaffreuxscandale,elle feraitensortequecelase transformeenuneexcellentepublicité.C’estellequim’apermisdevoyagerdanslecentredesEtats-Unispourvousrencontrer,etpourça,jeluitiremonchapeau.

C’estAlainaWaagnerquevousdevezremercierpourtouslessupercadeauxetconcours:touslespostersque tout lemondeadoreet les livresofferts, c’estelle.C’estunangequi s’occupenonseulementdumarketingdemeslivres,maisaussidemoietdemesfoliesd’auteur—etellelefaitavecuncalmeetunefacilitéquejeluienvie.Personnellement,jenepourraispastravailleravecunefillecommemoi!

J’adore tous lesgensdemamaisond’éditionqui travaillentdurafinquemes livressoientunsuccès,etjesaisquejeneseraisdansaucunebibliothèquenipubliéedanslemondeentiersanseux.Jeleurseraiéternellementreconnaissante!

Monagent,StaceyDonaghy,estformidable,etjenepourraisrienfairesanselle.Parfois,jemedisquenousavonslemêmecerveau,etj’aimequ’ellemeréponde,quandjeluidisquejesuissuperintelligente : « Evidemment, je le sais depuis le début. » J’aime qu’elle me trouve talentueuse etqu’ellen’essaiepasdechangermafaçondefaire.Jenepensaispasquej’atteindraisunjouruntelsuccès en étant simplementmoi-même et en faisant ce quime passionne,mais Staceym’a aidée àrendre cela possible. J’adore qu’elle me dise qu’elle est lectrice d’abord, agent ensuite. Elle atoujoursdéfendumeschoixcréatifsetcesoutienesttrèsimportantpourmoi.

Je suis quasiment sûre que je ne pourrai jamais exprimer à quel point j’aime et estime KPSimmon.Jen’auraisjamaiscruavoirunjourbesoind’unagentpublicitaire…J’avaistort!SainteKPrendlaviedeJaytellementplusfacile…C’estunmentor…Sérieusement,jeveuxêtreellequandjeseraigrande.C’estuneamie.Uneconfidente.Uneamoureusedes livres.Ungéniedesmédiaset lafemmed’affaireslaplusfutéequej’aiejamaisrencontrée.Ellen’apaseupeurdemoinid’aucundemesbadboys.Elles’estplongéelatêtelapremièredanslasérieThePointetn’aplusarrêtédefoncerdroit devant depuis : l’agence www.inklingerpr.com est formidable et je suis honorée qu’elle mereprésente.

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Monbrasdroit,MelissaShank,estunangetexan.Jenesaispascommentjeferaissanselle.Ellegèremapagedefans.Ellem’aidesur lesévénements.Elles’occupedescadeauxaux lecteurs.Elleorganise mes fêtes. Elle m’écoute déblatérer à tout bout de champ. Elle est tout simplementmerveilleuse,irremplaçableetiln’yapasassezd’adjectifspourdécriremonbonheurdel’avoirdansmonéquipe.SivousvoulezpasserdutempsavecMeletmoi,n’hésitezpasàrejoindreCrownovers’sCrowd:facebook.com/groups/crownoverscrowd.

Nousessayonsquecegroupesoitdrôleetvoustienneinformé,etpar«nous»,j’entendsMel.Jetiensaussiàremerciermesparentsetmameilleureamie.J’aivraimentdelachanced’avoir

desprochesaussifidèlesetsolidaires.J’adorepartagermessuccèsetmesaventuresaveceux,etjesais que, si tout s’arrêtait demain, ils m’aimeraient et me soutiendraient toujours, quoi que jechoisissedefaire…maisSeigneur,faitesquetoutnes’arrêtepasdemain!

MonamieCarolynPinardacorrigélelivredeRaceavantquejel’envoieàAmanda.C’estellequicorrigelesfautesetretravailletoutesmesphrasesmalconstruites.C’estunefemmecharmanteetje suis heureuse de l’avoir non seulement commecorrectrice,mais aussi commeamie.Lorsqu’onnous a viré du Book Bash d’Orlando à 2 heures du matin et que nous avons dû descendre puisremonterdouzeétagesàpied,nousn’avonsmêmepaseuenviedenousentre-tuer.Çaveuttoutdire…Sivousvoulezlacontacterpourquelquescorrections…[email protected].

Commetoujours,jedoisremercierendouceMikeMaleyquiveillesurmafamillepoilueetàquatrepattesquandjesuissurlaroute.C’estvraimentuntypebienet,sanslui,jenepourraispasallerpasserdutempsavecmeslecteursaussisouvent.

Bon, les gens dumonde des livres, vous êtes si nombreux que je ne sais pas comment vousétreindretousàlafois.Lesauteurs,lesblogueurs,leslecteurs,lesorganisateursd’événements…lesamis des livres. Il y a tant d’amour pour lesmots, les livres, les histoires que celame remplit debonheur.Pourmoi,iln’yariendemieuxqueleslivres,alorscommentnepourrais-jepasaimerceuxquilesaimentautantquemoi?Etpourceuxd’entrevousquin’aimentpascelivre-ci…oucelivre-là…ouaucundemeslivres,jevousaimequandmême,parcequ’aumoinsvouslisezetquec’esttoutcequicomptevraimentpourmoi.Aumoinsvousavezessayé,etsicen’estpasvotretruc,trèsbien.Passezàautrechose.

Jenecitejamaislesblogsparcequejecroisquetouslesblogueurs,sansdistinction,méritentunimmensemercipourcequ’ilsfont…Maiscertainsd’entreeuxoccupentuneplacespécialedansmoncœur,etjesuistrèshonoréedepartagernonseulementunerelationlittéraireaveceux,maisaussiunevéritableamitiéquiaénormémentd’importancepourmoi.J’espèrequevousvousreconnaîtrez,etsicen’estpaslecas…ehbien,j’aidûraterquelquechose!

Commetoujours,j’aimecommuniqueravecmeslecteursetjemetstoujoursunPoint(ha,vousavezrepérélejeudemots!)d’honneuràessayerderépondreàtouslesmessagesquejereçois.

VouspouvezmeretrouveràtoutescesadressessurInternet:[email protected]/jay.crownoverfacebook.com/AuthorJayCrownover@jaycrownoversurTwitterwww.jaycrownover.comjaycrownover.blogspot.comwww.goodreads.com/Crownoverdonaghyliterary.com/jay-crownover.htmlwww.avonromance.com/book-author/jay-crownover

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Reeve

Ilyadeuxendroitssurcetteplanèteoùjen’auraisjamaiscruremettrelespieds.L’unétaitcettepartiecarrémentpourriedelavillequetoutlemondeappelaitThePoint.L’autre,lepostedepolicesituéaucœurdecettezoneetquiabritaitensesmursautantdecrimesetdecorruptionqueThePointdanssesrues.Jehaïssaislesraisonsquim’amenaientici,etpourtantjecontinuaisd’avancercommeunautomate,sachantquesijamaisjevoulaisarriverunjouràvivreenpaixavecmonrefletdanslemiroir,jedevais,pourunefois,faireleschosesbien.Faireleschoses,sansêtrepousséeniparmesdésirs égoïstes, ni parma soif de vengeance sur toutes les cruelles injustices que cet endroit peutréserveràseshabitants.Quetusoisbonoumauvais,situvisdansThePoint,tun’esplusqu’uneciblesurpattes:pourfairesouffriretdétruiredesvies,ThePointnefaitpasdansledétail.

D’unemaintremblante,jepoussailaporte.Jen’étaispascenséemetrouverici.Danscetteville.Devantcebâtiment.Auseindecetteexistencequin’étaitpluslamienne.

J’étaissupposéemecacher.Etredevenuequelqu’und’autre,unepersonneàquil’onavaitdonnéunechancederepartirdezéro.Unefillecenséetoutignorerdelamortetdelavengeance,mêmesilesdeuxétaientprofondémentancrésdansmachair.Monnouveaumoiétaitsupposéêtreensécurité,àl’abri,etsiéloignéducrimeetdeladébauche—lesdeuxcarburantsdeThePoint—qu’iln’auraitjamaisputenircinqminutesdanscetendroitabominable.

Saufquecettenouvelleidentitén’avaitpasvraimentprissurmoi—pourêtrehonnête,jen’avaisjamaisétéfandecettefillefragileetdoucequej’étaiscenséedevenir.Secacher,c’estbonpourlesfaibles,etaufondjesavaisquec’étaitinutile:jamais,nonjamais,jeneseraisréellementensécuritéquelquepart.Toutaulongdemavie,j’avaisentretenutropdedémonsintérieurs,passétropdepactesaveclediablepourm’imaginerunjourpouvoirquitterThePointsansdevoirpayermesfautesparquelquesanglantepénitence.

Lesjambesencoton,jedemandaiaujeuneflicdel’accueil,bienàl’abridanssacageàbarreauxetvitresblindées,d’allerchercherunhommeprécis,l’uniqueêtredroitquej’aiecroisédanscecoinpourri. Si je devais foutre en l’air ma nouvelle vie, si je devais sauter à pieds joints en enfer,l’inspecteurTitusKingétaitlaseulepersonneàpouvoirmeprotégerdesflammes.

Certains hommes veulent voir le monde brûler. Titus, lui, voulait éteindre l’incendie del’intérieuretsansl’aidedepersonne.C’étaitleseulàquijepouvaisconfierlesinfosauxquellesjemeraccrochais. Le seul capable de me dégoter une planque sûre, une fois que j’aurais balancé monnouveau moi à la poubelle, dépoussiéré l’ancien et renfilé ma vieille loque. Combien de tempsresterais-je en viemaintenant que j’étais revenue ?Mystère.Mais avec Titus dansmon camp, lesprobabilitéspourquej’assisteaudernieracte,àlascènefinale,étaienttoutdesuiteplusélevées.Ça

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tombait bien : ce ne serait qu’au tomber de rideau que je pourrais réparer l’un demes nombreuxcrimes.Unegoutted’eauparmitousceuxquisecommettaientdanscetenfer.

LeshabitantsdeThePointallaients’entredéchirer,etmoij’allaisdevenirl’atoutindispensableauxgentilss’ilsvoulaientavoirunechancedesedéfendrefaceauxméchants.

Lejeuneflicmedemandamonnom.Jemarmonnai«ReeveBlack»etsonregardqui,jusque-là,avaitlouchésurmeslongscheveuxnoirsetmescourbesmouléesparleT-shirt—descourbesbienplusdangereusesquetoutcequ’ilpouvaitimaginer—sefitdistant,limitedégoûté.Maréputationmeprécédait,etellen’étaitpasreluisante.Mêmeici,danscequartierpeupléd’orduresdelapireespèce,il y avait encore de la place pour la lie de la lie. J’étais unemoins que rien. Et je n’avais jamaisprétendulecontraire.

Leflicdécrochasontéléphoneetmurmuraquelquesmotsdanslecombiné.Ilrépétamonnomàplusieursreprises,puissecoualatête.Non,décidément,jen’étaispascenséemetrouverici…Titusallait être tout sauf ravidemevoir.Pasgrave. Jene luidemandaispasde sauter auplafond, justed’écoutercequej’avaisàluidireetd’accepterl’aidequejepouvaisluiapporter.

Jereplaçaiunemèchederrièremonoreilleetobligeaimesmainsàcesserdetrembler.Cen’étaitpaslemomentdememontrervulnérable.Jen’avaispaspeurdelui.J’avaispeurpourlui.

Ducoinde l’œil, jevis s’ouvriruneporteoù sonnomet songradeétaient inscrits en lettresnoiresàmoitiéécaillées.Moncœuretmonventrefrémirentquandsatêteapparutparl’embrasure.Malgré la distance et toutes les barrières qui nous séparaient, ses yeux outrageusement bleus et lafureurqu’ilscontenaientmefrappèrentdepleinfouet.

Non…pasravidutoutdemevoir.Ildébouladesonbureauet,sansmelâcherduregard,s’avançaversl’endroitoùj’attendais,à

l’écartdesflicsquiallaientetvenaientdansleposte,certainsenuniforme,d’autresencivil.Titus,lui,neportaitjamaisl’uniformedelapolice.Dumoins,ilneleportaitpaslesfoisoùjel’avaisvu.Non,Titus s’habillait comme un homme qui a un job à faire, un job qui l’usait et lui rongeait l’âme,lentementmaissûrement.

Il se dirigeait droit surmoi. Son nœud de cravate était desserré. Ses poings crispés de ragefaisaientsaillirlesmusclesdesesavant-brassoussesmanchesretroussées.Sonpantalonsombreétaittout froissé, conséquence d’une journée passée à neutraliser un sale type ou un sale coup. Jecontinuaisdelemater,c’étaitplusfortquemoi.J’enétaisàadmirer leboutdesesvieillesrangersnoires, toutéraflées, lorsqu’il stoppapiledevantmoi,medominantde toutesahauteur.TitusKingn’auraitjamaisdevoitureastiquéeauPolish.Nidetennisimmaculéespoursportifdudimanche.Non,ilétaitcondamnéàporterdeschaussurespratiquespoursonboulot,deschaussuresimperméablesàla crasse et à la boue dans lesquelles il était forcé de patauger au quotidien pour maintenir unsemblantd’ordredansThePoint.

J’avalaimasaliveetmeretins tout justedereculerd’unpas.Titusétaitvraiment trèsgrandettrèsbaraqué.L’intensitédesonregardmedonnaitenviedemerecroquevillerdevantlui,maissi jemedégonflaismaintenant,ilsauraitàquelpointj’avaispeur.Etjenepouvaispasmepermettredeluilaissercetavantage.

Alors, jebattislentementdescils,prisuneprofonderespirationdestinéeàfairepigeonnermapoitrine sous son nez, avant de soupirer et d’esquisser du coin de ma bouche soigneusementmaquilléeunsourirequiavaitconduitplusd’unhommeàallermedécrocherlalune.

—Bonjour,inspecteurKing.J’aimaissonnom,mêmeprécédédecegrade.Jel’imaginaisbienenchefd’uneanciennetribu

barbarerégieparlaloiduplusfort.

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—C’estquoi,cebordel?C’étaitàlafoisunequestionetuneaffirmation,jetéesuffisammentfortpourfairetournerlatête

àtouslesagentsetàtouslescriminelsquicirculaientdanslebâtiment.Unétaud’acierserefermasurmoncoudeetjemeretrouvaipousséesansménagementàtravers

le poste, devant les autres flics assis à leur bureau…bref, devant unpublic captivé qui ne pouvaits’empêcher de spéculer sur ce qui pouvait bien mettre ce colosse dans une telle rogne. Lesdébordements, ça n’était pas son genre : Titus était plus un homme d’action. Autant dire que nosretrouvailles ne passèrent pas inaperçues, entre la rage qui se lisait sur son beau visage dur, et labrutalitéaveclaquelleilmefitavancerentresescollèguesetlaracaillequisquattaitdansleposte.Masoudaineréapparitionlerendaitfurieuxetilnefaisaitrienpourlecacher.

Il me poussa à l’intérieur de son bureau comme si j’étais une criminelle et claque la portederrièrenousavecbienplusdeforcequenécessaire.ThePointétaitauborddel’explosion,maisrienneseraitjamaisaussivolcaniquequelafureurquifaisaitétincelerlesyeuxcouleurcieldeTitus.Ilétait foude rage, commeprévu,maiségalement inquiet et, àmonavis, c’était çaquiexacerbait sacolère. Personne n’avait envie de se prendre la tête pour une fille comme moi. J’étais censéeencaisserbiensagementtouteslescrassesquelaviem’envoyait.Aprèstout,jel’avaisbiencherché— c’était le principe même du karma. Sauf que Titus ne pouvait s’empêcher d’aider les casdésespérés,chezluic’étaitviscéral.Sasollicitudes’adressaitmêmeàceuxquinelaméritaientpasouquin’enavaientrienàfaire.Etça,çalerendaitdingue.Forcément.

Je ledévisageaidurantunebonneminute, fixantplusparticulièrement samâchoirecarréequisemblaitvouloirmordre.Qu’est-cequ’ilétaitbeau…C’estcequejem’étaisditlapremièrefoisquej’avaisposé lesyeuxsur lui, le jouroù j’étaisvenue tout luidéballer,dans l’espoird’unesortederédemption. Titus était tout ce qu’on attendait d’un homme. Tout ce qu’on attendait d’un guerriercensésortirvictorieuxdesoncombat,uncombatpourdesvaleursoubliéesdepuislongtempsdanscequartierpourri.Faceàlui,jemesentaischaquefoispartagéeentredésiretvénération.

Ilétaitbâticommeuneforteresseimprenable.Sigrandetsilarged’épaulesquerien,semblait-il,n’auraitpuseforcerunpassageenlui.Toutsoncorpsétaitdur—depuisl’expressiondesonvisagejusqu’auxmusclesquijouaientsoussapeaulorsqu’ileffectuaitunmouvementaussisimplequeceluides’appuyeràsonbureau.Sescheveux,coupésrassurlescôtés,étaientpluslongssurledessusetpresquedumêmenoirdejaisquelesmiens,àl’exceptiond’unemèchequidétonnaitàl’unedesestempes,blanchecommeneige.C’étaitpourmoiunrappelconstantdelanuitquim’avaitvuerenaîtresousuneautreidentité,cettefameusenuitoùTitusKingavaitregardésonfrèrepointerunearmesursapropretêteenmenaçantd’enfinir.Sessourcilsétaientdumêmenoircorbeauquesescheveuxetunebarbedetroisjours,sombreetsexy,faisaitressortirsapeaunaturellementtannée.

Ilavaitlesyeuxbleus,plutôtclairs,cequiauraitdûatténuerlarudessedesestraitsmasculins,saufquequelquechoseeneux,quelquechosededuretde froid, les faisait luirecommeune lameaiguisée,sitranchantequelesfixertroplongtempsfinissaitpartefairemal.Cebeauregard,frangédecilstroplongsettropdouxpourunvisageaussirigide,étaitàluiseulcapabledeprovoquertoutessortesde ravages, indépendammentde ladangereusemenaceque représentait le corpsd’athlètedeson propriétaire. Titus n’était pas un homme à prendre à la légère et toute son attitude l’indiquaitclairement.Seulunidiotseseraitfrottéàlui.

Ilcroisalesbrassursontorsepuissantetjenemegênaipaspourmatersesmuscles.Jen’auraispasdûmetrouverlà,maispuisquej’yétais,autantprofiterduspectacle.

—Çafaitunbail,l’inspecteur.Ilserembrunitetsamâchoiresecontracta.

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—Onn’étaitpascensésserevoir,Reeve.C’estleprincipemêmeduprogrammedeprotectiondestémoins.C’estaumarshalfédéraldes’occuperdetoi,maintenant.Moi,c’estplusmonproblème.

Jetransféraimonpoidsd’unejambesurl’autreethochailentementlatête.—C’estvrai,maisils’estpasséquelquechose,quelquechosequ’ilfautquevoussachiez.Iljuradanssabarbeetpassarageusementlesmainsdanssescheveux.Sesmèchesenbatailleet

l’expression de son visage lui conféraient une sorte de sauvagerie animale. Il y avait un côtéindomptéchezcethomme.Enavait-ilseulementconscience?

—Ecoute,Reeve.Ilfitletourdubureauetposaunemainsurmonépaule.—Tudoistemettreenrapportaveclemarshalchargédetondossier.Ilyaeuunefuite.L’undes

témoinsdégotésaucoursde l’enquête surNovaket sabandeaétéassassinécettenuit. Ilvenaitdechangerdecamp; les fédérauxne l’avaient intégrédans leurprogrammedeprotectionquedepuisquelques semaines. Cemeurtre pourrait bien compromettre tous ceux qui sont liés à cette affaire.Alors,revenirici,c’eststupideetbeaucouptroprisqué.

J’émis un petit soupir et contournai sa masse imposante pour aller m’asseoir sur l’une deschaises bancales, devant le bureau encombré qui avait connu des jours meilleurs. J’essuyai mespaumesmoitessurmonjeanetrelevailementon.PourvuqueTitusneremarquepasmeseffortspourl’empêcherdetrembler…

—Hartman.C’estHartmanquiaétéassassinélanuitdernière.Assassiné. Quel terme ignoble ! Oppressant et désagréable à l’oreille, même en pensée.

Composé de toutes sortes d’instruments pointus, tranchants, qui s’enfonçaient dans ma chair etaltéraientmarespiration.Cemotavaitlepouvoirdefairesouffrir,lepouvoirdetoutchanger,etdesannéesdurantilm’avaitpoursuivie,présentcommeunepierreattachéeàmoncou.

Titusseraiditetsabouchesepinçaenunpliimpitoyable.—Quoi?Je dus détourner les yeux. Ses prunelles bleu glacier essayaient de me transpercer et je ne

voulaissurtoutpasqu’ildevinemanatureprofonde,cemoitendreetromantiquequejedissimulaisderrièremacarapace.

—JesaisqueHartmanaétéassassinélanuitdernière,c’estpourçaquejesuisici,lâchai-je.Etsij’aiquittéleprogrammedeprotectiondestémoins,c’estquejesaisquiafaitlecoup.

Sonairrenfrognéauraitfaitfuirn’importequellefemmesensée.Ilmetournaautourcommeunfauve, puis, se collant à moi, il inclina la tête sur le côté, m’obligeant à rencontrer son regardinquisiteur.

—C’estquoicedélire?Jetepréviens:tuasintérêtàtemontrerparticulièrementconvaincante,parcequejesuisàdeuxdoigtsdetefoutreencelluleavecéthylotestetanalysetoxicoenprime.

Jen’avaispasbuet jen’avais jamais touchéà ladrogue.Excédée, je levai lesyeuxaucieletrejetaimes cheveux en arrière. Ilme considéra avecméfiance et consentit à s’écarter d’un pas. Jelaissaiéchapperunsouffleinaudible.Soulagée.

Jepouvaisaffronterpasmaldechoses,maisTitusKingrisquaitd’êtreunpeutropduràgérerpourmoi.

—JesuisaucourantpourHartman…Allez,inspecteur,dites-moicequevoussavez.J’attendisquesesyeuxcroisentlesmiensavantdereprendre:— Je n’aurais pas renoncé à la planque bien peinarde que me fournit le programme de

protectiondes témoins sansuneexcellente raisonde le faire.Et jenevousparlemêmepasdemajoliemaisonetdemapelousenickel,danscettebanlieueoùpourtoutlemondejesuisJillParker,la

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fillequicoiffelesménagèresdemoinsdecinquanteansaucentrecommercial!J’étaisensécuritélà-bas,Titus.Ettoutcequej’aitoujoursvouludepuislaminuteoùj’aiconfiémonâmeàNovak,c’estêtre en sécurité. Pour rien aumonde je n’aurais quitté ça…et pourtant, je suis là.La guerre vientd’éclater pour le contrôle de la ville et je connais le traître qui a engagé les hostilités.Vous avezbesoindemoi.

Il me considéra longuement. Entre nous, la tension était si forte qu’elle emplissait le bureauminuscule.Titusnevoulaitpasmecroire,ilnevoulaitpasdemaprésenceici,ilnevoulaitpassavoircequisepassait,nilelienqueçaavaitavecmoi.Pourtant,lesfaitsétaientlà,indéniables.Jedisaislavérité:ilyavaituncadavreetdusangpourleprouver.Titusselaissaallercontresonbureauetsesépaissourcilssefroncèrent.

—Commenceparmedirecequetusais.Ensuite,jeverraisij’aibesoindetoioupas.Il était brutal.Désagréable. Stoïque.Comment lui en vouloir ?ThePoint faisait l’objet d’une

attaqueenrègleettousseshabitants,duplusaumoinsinnocent,allaientenêtrelesvictimes.Or,s’ilyabienunechosequenesupportentpasleshommescommeTitus,c’estqu’ilyaitdesvictimes.

C’était une longue histoire, une histoire dont lui seul connaissait le début ; de mon côté, jepréféraisglissersurcertainspassages.Surlafin,parexemple,quim’avaitvuetomberamoureusedutraître. Là-dessus, je préférais garder le silence. Car si je m’étais laissé avoir par celui qui avaitdéclenché la guerre, c’est qu’au physique il me rappelait terriblement l’homme imposant qui mefaisaitfacedanscebureau.

ConnerRoarkavaitfondusurmoicommeunrapacesursaproieetm’avaitfaitmiroiterlaseulechoseaprèslaquellejecouraisdepuistoujours.Lasécurité.L’absencededanger.Lapossibilitéd’unevieoùdesmotscomme«meurtre»neplaneraientplusau-dessusdematête.Latentationétaitgrandeet j’avaisavalé la ligne, lebouchonet l’hameçon.Mais levéritableappât, le leurrequim’avaitfaitmarcheràfonddanscettefolie,c’étaitlefaitqueRoarkétaitgrand,larged’épaules,qu’ilavaitdesbouclessombres,desyeuxrêveursd’unnoird’encreetl’accentirlandaisleplusdouxquisoit.Rienquepourça,j’auraisditouiàtout.Etcommeçam’étaitproposéparunhommeportantl’insigne,unhomme qui s’était engagé àmaintenir l’ordre et à faire le bien par principe et par conviction, jem’étais empressée d’offrir àRoarkmon cœur d’idiote sur un plateau.Un cadeau qui n’intéressaitpourtantpasgrandmonde…

Sauf queConnerRoark ne ressemblait en rien àTitusKing. Personne ne ressemblait à TitusKing,etj’avaisétéstupidedecroirelecontraire.

—Lemarshalquim’afaitintégrerleprogrammedeprotectiondestémoins…Jedusdétournerleregard.Commentavais-jeputomberamoureused’unesipâleimitationde

l’hommequejenepourraisjamaisavoir?Unemoinsqueriennepeutespérerobtenircequ’ilyademieux,etTitusétaitletopdutop,c’étaitplusqu’évident.

—ConnerRoark.Ilestripoujusqu’àlamoelle.DèsquelordHartmanestsortideprison,dèsqueleFBIluiafourniuneplanque,Roarkalancéundeseshommesaprèslui.HistoiredebienfairecomprendreàRaceHartmanqueprendrelepouvoiraprèslamortdeNovak,c’étaitunmauvaisplan.

Les yeux braqués sur moi, Titus resta un long moment sans rien dire, mais j’entendais soncerveaucarbureràcentàl’heure.

—Pourquoi ?PourquoiRoark irait provoquer lemecqui contrôleThePoint ?Quel rapportaveclui?Etquelintérêtilauraitdefoutreenl’airsacarrièredemarshalpourça?

Jecroisailesjambesetmemisàpianotersurmongenou,feignantd’êtrecalme,alorsqu’unetempêtededoutesfaisaitrageàl’intérieurdemoi.

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—Ça,jen’ensaisrien.Ilhaitcetteville.Ilhaitseshabitants.Chezlui,c’estlimitedufanatisme.JenepeuxpasvousdirepourquoiRoarkafaitça,maisjesuiscertainequec’estluiquiestderrièretoutça.

Jememordillailalèvre,ravagéed’angoisse.Titus,lui,essayaitd’assemblertouteslespiècesdupuzzle.

Malgrétousmesefforts,jefinisparcraquer.Malèvreinférieuresemitàtrembleretunebouledouloureusememontadanslagorge.Titusnesedécidaitpasàmecroire,c’étaitçaquimefaisaitleplusmal.Ilmitlesmainssurseshancheset,têteenarrière,regardaleplafond.

—Tutefousdemoi.Lentement,jefisnondelatêteetmemordiscarrémentlalèvre.—Siseulement…Tituspoussaungrossoupiret sepliaendeux, lesmainssur lescuisses,commesion l’avait

frappéàl’estomac.—Etcommenttusaistoutça,toi?demanda-t-il.Pourquoiest-cequ’unmarshalripouiraitfaire

partdesesprojetsetdesescrimesàunefemmeplacéesoussaprotection?Qu’est-cequil’empêchaitd’éliminerHartmanetderetournertranquillementàsonpetitbusiness,nivuniconnu?Qu’est-cequifaitqu’ilasuffisammentconfianceentoipourteracontercequ’iltrafique?

Pasdedoute, c’était biende la déceptionque j’entendais dans savoix, unedéceptiondoubléed’unecertitude : lasituationétaitencorepireque toutcequ’ilavait imaginéetRoarkn’étaitpas leseulagentmouillédanscetteaffaire.Maisvuquej’étaisaucentredetoutcemerdier,Titusétaitforcédemedonnerraisonsurunpoint:ilavaitbesoindemoi.

—Qu’est-cequipoussecegenredetarésàfairecequ’ilsfont,inspecteur?—L’amour,répliqua-t-ild’untoncatégorique,sansémotion.Jehochaigravementlatête.—J’aicommencéàfréquenterConnerdèsqu’ilm’afaitdéménagerd’icioupresque.Aprèstout

cequiétaitarrivéàDovie,jeculpabilisaisàmort.Jen’aijamaisvouluqu’onluifassedumal.C’estlecontrat que j’avais passé avec Novak qui m’a forcée à faire ce que j’ai fait. Avec Conner, je mesentaisaimée,mêmesi j’avais trahimonamie,mêmesi j’étaisunmonstre.Etpuisavec lui, jemesentaisensécurité.

Enfait,c’étaittoiquejevoulais,Titus.Maiscommejesavaisqueçanemarcheraitjamaisentrenous,jemesuisrabattuesurceluiquejepensaisêtreunsecondchoix…

Biensûr,cechapitre-làdel’histoire,jelegardaipourmoi,toutenespérantqueTitusnepourraitleliredansmesyeux.

—Putain!Toutçaestcomplètementdément!Ça,j’ensavaisquelquechose…Moiquipensaisbienfaireenmerepentant,j’avaisobtenutoutle

contraire.—JepeuxvousaideràfairetomberConner,Titus.C’estpourçaquej’aiquittéleprogramme

de protection des témoins. C’est pour ça que je suis revenue. Je déteste The Point. Je déteste lapersonnequecetendroitafaitdemoi,maiscetteaide,jevousladoisàvous,inspecteur,àvousetàtouscesgensquin’aurontjamaislapossibilitédesetirerd’ici.JedoisfairetoutmonpossiblepourempêcherRoarkdecauserencoreplusdedégâts.Lesbonsméritentdegagner,pourunefois.

Titusméritaitdegagner.—Etcommenttupensespouvoirm’aider,exactement?Parcequepourlemoment,toutceque

j’ai,Reeve,c’est tesdéclarations :Roarkseraitun ripouquiauraitenfreint leprotocole fédéralen

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ayant une liaison avec un témoin protégé. Au final, ça sera ta parole contre la sienne et les exbafouéesenmaldevengeancen’ontpasvraimentlacote,tusais.

J’avaisprévulecoup.Jecherchaiaufonddemonsacletéléphonequej’avaisvoléàConnerladernière fois qu’il était passéme voir dansma planque en banlieue. C’était hier, mais pourmoi,c’étaitilyauneéternité.Sansunmot,jemelevaidemachaisepourtendreleportableàTitus.Unelégèredécharged’électricitémeparcourutlebrasquandmesdoigtsfrôlèrentsapaumerugueuse.

—C’estleportabledeConner.Commencezparl’examiner,aprèsvousmecroirezpeut-être.Jesuisdansvotrecamp,maintenant,King.

Il lâcha un autre juron. J’allais sortir du bureau quand il m’appela d’une voix nettementradoucie.

Jejetaiunregardpar-dessusmonépaule.Lesyeuxfixéssurmoi,iltournaitetretournaitletéléphoneentresesdoigts,commes’ilessayait

deliredansmespensées.Pourtant,mieuxvalaitqueTitusKingnevoiepascequisepassaitsousmoncrâne :monesprit était un lieu encombré et tortueux, et lebel inspecteur aurait étébien étonnédedécouvrirtoutl’espacequ’ilyoccupaitdéjà.

—TudisnepasconnaîtrelemobiledeRoark—àconditionbiensûrqu’ilsoiteffectivementmouillédanstoutecetteaffaire.Maistoi,Reeve,qu’est-cequitepousseàm’aider?

Laréponsesetenaitlà,devantmoi,etellemeconsidéraitavecunmélangesipuissantdedésiretdehainequemesgenouxmenaçaientdemelâcher.

—Parcequec’estmondevoirdelefaireetque,depuisletemps,j’aioubliélesensdecequiestbien.Jeneveuxplusêtrecettepersonne-là,Titus.Cen’estpasmoi.

Jefranchisleseuildubureauetmanquaidepercuterlajeunefemmequej’avaisbienfaillitueriln’yapassilongtemps,enagissantdemanièrestupideetégoïste.

DoviePryceétaitunamourdefille.Unefillebienetpurejusqu’auboutdesongles.Nosregardssecroisèrentetellemereconnut.Sesyeuxvertss’écarquillèrent,sonteintlaiteuxdevintencorepluspâleetjemesentissoudainlacréaturelaplusvilequiaitjamaisfoulécetteterre.

—Qu’est-cequetufaisici,Reeve?Savoixétaitpleined’inquiétude,cequinefitqu’augmentermonsentimentdeculpabilité.Cette

fille aurait dûme détester,me haïr,mais non ! elle se souciait demon bien-être.Dovie était tropgentillepourêtremonamie.Tropgentillepourcettevilleperdue.

Jeglissaiunemèchedecheveuxderrièremonoreilleetluiadressaiunpetitsourireencoin.—J’avaisuntrucàrégleravecTitus.Leprogrammedeprotectiondestémoinsetmoi,çafait

deux.J’avaisenviedelaserrertrèsfortdansmesbras,deluidirequej’étaisdésoléequesonconnard

de père ait été exécuté par un autre connard tout aussi ravagé que lui — mon ex. Pourtant, jem’abstins:l’inspecteurKingferaitçasûrementbeaucoupmieuxquemoi.D’autantqueDovieavaitdel’affectionpourluietqu’elleétaitamoureusedesonbadboydedemi-frère,ShaneBaxter.Lamortdetonpère,c’estlegenredechosequetupréfèresapprendreparquelqu’undetafamille.

Dovieémitunmurmured’inquiétude,maisavantqu’elleaitpumequestionnersurmasoudaineréapparition, un blond élégant sematérialisa à son côté et passa un bras protecteur autour de sesfrêlesépaules.C’était lapremièrefoisquejerencontraisRace,lefrèreaînédeDovie,et jen’avaispas lamoindreenviede faire sa connaissancemaintenant. Il ignoraitqui j’étais,mais il savait trèscertainementquelrôlej’avaisjouédansl’enlèvementdesasœuretdanssonpropretabassageparungangdevoyoussanspitié.Cejour-là,ilavaitbienfailliyrester.ToutçapourdirequeRaceHartman

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avaitvraimenttouteslesraisonsdumondedesouhaiterqu’ilm’arrivedeschosesvraimentmoches.DemêmequetousceuxquiétaientsortisvivantsdumassacrefinalorchestréparNovak.

SionajoutaitàçaqueConnerallaitvouloirsevengerdemoidèsqu’ilauraitdécouvertquejel’avaisdoubléetdonnéauxflics,meschancesdesurvieseréduisaientcarrément—etça,quellesquesoient les retombées du plan que je venais demettre en place. Putain !Avec le bol que j’avais, ceseraitunmiracleque j’arriveà sortirdeceposteenun seulmorceauetque jepuisse regagner lemoteldepasseultra-glauquequimeservaitactuellementdedomicile.

Mon nouveau moi avait eu la cuirasse fragile. L’ancien, lui, était fait d’un matériau plusrésistant;maisaucunebrique,aussisolidesoit-elle,nepeutsupporteràelleseulelepoidsdelaTerreentière.

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Traductionfrançaise:JULIELOPEZ

TITREORIGINAL:BETTERWHENHE’SBOLD

&H®estunemarquedéposéeparHarlequin

©2015,JayCrownover.

©2016,Harlequin.

Publiéavecl’aimableautorisationdeHarperCollinsPublishers,LLC,NewYork,U.S.A

Levisueldecouvertureestreproduitavecl’autorisationde:

Homme:©GETTYIMAGES/YURIARCURS/ROYALTYFREE

Réalisationgraphiquecouverture:C.GRASSET

Tousdroitsréservés.

ISBN978-2-2803-6085-2

Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondetoutoupartiedel’ouvrage,sousquelqueformequecesoit.Celivreestpubliéavecl’autorisationdeHARLEQUINBOOKSS.A.Cetteœuvreestuneœuvredefiction.Lesnomspropres,lespersonnages,leslieux,lesintrigues,sontsoitlefruitdel’imaginationde l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’uneœuvre de fiction.Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, desévénementsoudeslieux,seraitunepurecoïncidence.HARLEQUIN,ainsiqueHetlelogoenformedelosange,appartiennentàHarlequinEnterprisesLimitedouàsesfiliales,etsontutiliséspard’autressouslicence.

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