catÉchÈse et liturgie un couple en rupture? · constructifs entre les intervenants de la...

4
PrintemPs 2012 Volume 11, numéro 2 1 I l est facile d’affirmer : «pas de catéchèse sans liturgie, pas de liturgie sans caté- chèse». Mais la réalité actuelle de l’orga- nisation des activités pastorales nous renvoie une autre image. En trente ans, globalement, nous sommes passés de la valorisation de la recherche liturgique et des comités de liturgie à la surenchère du projet catéchétique et de l’éducation de la foi, abandonnant trop souvent l’un pour l’autre. Plus encore, on pourrait croi- re qu’une séparation s’est créée entre liturgie et catéchèse, comme si tout à coup un ordre de priorité s’était installé. Pourtant, il y a entre liturgie et caté- chèse, un lien fondamental. Les deux s’abreuvent au mystère de la vie plus forte que la mort, comme l’annonce le matin de Pâques. Cela fonde l’expérien- ce chrétienne, qui se manifeste tant dans la célébration de la Vie que dans l’éducation et l’approfondissement de la foi. C’est dire que catéchèse et liturgie sont comme deux routes qui, partant du même lieu, s’entrecroisent, s’enri- chissent, et vont vers un même horizon. Alors comment, dans nos pratiques, recréer cette relation intime entre ces deux réalités qui sont si essentielles dans la vie de nos communautés? D’abord en constatant à quel point liturgie et catéchèses ont beaucoup en commun. Une expérience fondatrice : se rencontrer Toute vie chrétienne est bâtie sur la rencontre de l’autre. Pas de christianis- me possible sans la rencontre de l’autre et de l’Autre. Pour que liturgie et caté- chèse retrouvent leur connivence initia- le, il faut prendre acte du terreau com- mun dans lequel elles vont prendre forme : une communauté de personnes, avec leurs joies et leurs espoirs, leurs drames et leurs soifs. La catéchèse sup- pose, avant toute parole, une rencontre de gens qui souhaitent établir un lien dans la confiance et le respect. De même, la célébration liturgique suppo- se d’abord le rassemblement d’une communauté humaine qui se reconnaît une appartenance commune. Une pédagogie de l’évangile : le dialogue La véritable rencontre dans l’expé- rience catéchétique, comme dans l’ex- périence liturgique, a une densité qui est de l’ordre de ces rencontres transfor- mantes propres à l’évangile. L’indice le plus sûr : la qualité du dialogue. Vous savez ce qui fait un dialogue efficace essentiel en pastorale : la qualité de pré- sence l’un à l’autre, l’écoute attentive, l’écho renvoyé à l’autre de son expé- rience profonde… Une présence vraie, PRINTEMPS 2012 Bulletin trimestriel Volume 11, numéro 2 L’actualité religieuse québécoise a mis en lumière, en mars dernier, une préoccupation parfois oubliée, voire à l’occasion malmenée. On a parfois l’impression en effet que la catéchèse a monopolisé ces dernières années personnes, temps et énergie au point de délaisser peut-être ce qui constitue pourtant une dimension majeure en christianisme, la liturgie, la ritualité. Il ne s’agit pas de recommencer ou de renier ce qui a été fait. Le défi est plutôt de tenir compte de ces deux composantes essen- tielles de la vie de foi dans la formation à la vie chrétienne. Ce numéro veut justement rappeler que cela ne se fera pas seulement avec de bonnes intentions. Il y a donc cette préoccupation qui gagne à apparaître au menu des interventions et des préparations aux démarches catéchétiques. On trouvera ici matière à se le rappeler, voire à stimuler la réflexion. Mais comment cela peut-il se faire concrètement ? On trouvera également quelques avenues à explorer. Et enfin, pour illustrer la faisabilité de la chose, quoi de mieux qu’un récit de praticiens qui nous parlent d’audace et de créativité ? Voilà deux qualités essentielles tant à la liturgie qu’à la catéchèse. C’est ce que propose humblement ce numéro de Passages. Grand merci aux personnes qui ont accepté de nous y aider. Reste mainte- nant à lui donner des mains au niveau des pratiques. Mario Mailloux Office de catéchèse du Québec Billet André Raymond Réalisateur coordonnateur du Jour du Seigneur à Radio-Canada. CATÉCHÈSE et LITURGIE Un couple en rupture? Ce texte s’inspire largement d’une session donnée à Sherbrooke le 13 mars 2012 dans le cadre des journées de formation : De naissance en naissance, catéchèse et liturgie s’embrassent. Au cœur de cette journée se trouvait la question du lien à renouveler entre catéchèse et liturgie. Suite à la page 2

Upload: others

Post on 17-Mar-2020

9 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

PrintemPs 2012 Volume 11, numéro 21

Il est facile d’affirmer : «pas de catéchèsesans liturgie, pas de liturgie sans caté-

chèse». Mais la réalité actuelle de l’orga-nisation des activités pastorales nousrenvoie une autre image. En trente ans,globalement, nous sommes passés de lavalorisation de la recherche liturgique etdes comités de liturgie à la surenchèredu projet catéchétique et de l’éducationde la foi, abandonnant trop souvent l’unpour l’autre. Plus encore, on pourrait croi-re qu’une séparation s’est créée entreliturgie et catéchèse, comme si tout àcoup un ordre de priorité s’était installé.

Pourtant, il y a entre liturgie et caté-chèse, un lien fondamental. Les deuxs’abreuvent au mystère de la vie plusforte que la mort, comme l’annonce lematin de Pâques. Cela fonde l’expérien-ce chrétienne, qui se manifeste tantdans la célébration de la Vie que dansl’éducation et l’approfondissement dela foi. C’est dire que catéchèse et liturgiesont comme deux routes qui, partantdu même lieu, s’entrecroisent, s’enri-chissent, et vont vers un même horizon.Alors comment, dans nos pratiques,recréer cette relation intime entre cesdeux réalités qui sont si essentiellesdans la vie de nos communautés?D’abord en constatant à quel pointliturgie et catéchèses ont beaucoup encommun.

Une expérience fondatrice :se rencontrer

Toute vie chrétienne est bâtie sur larencontre de l’autre. Pas de christianis-me possible sans la rencontre de l’autreet de l’Autre. Pour que liturgie et caté-chèse retrouvent leur connivence initia-le, il faut prendre acte du terreau com-mun dans lequel elles vont prendreforme : une communauté de personnes,avec leurs joies et leurs espoirs, leursdrames et leurs soifs. La catéchèse sup-pose, avant toute parole, une rencontrede gens qui souhaitent établir un liendans la confiance et le respect. Demême, la célébration liturgique suppo-se d’abord le rassemblement d’unecommunauté humaine qui se reconnaîtune appartenance commune.

Une pédagogie de l’évangile :le dialogue

La véritable rencontre dans l’expé-rience catéchétique, comme dans l’ex-périence liturgique, a une densité quiest de l’ordre de ces rencontres transfor-mantes propres à l’évangile. L’indice leplus sûr : la qualité du dialogue. Voussavez ce qui fait un dialogue efficaceessentiel en pastorale : la qualité de pré-sence l’un à l’autre, l’écoute attentive,l’écho renvoyé à l’autre de son expé-rience profonde… Une présence vraie,

PRINTEMPS 2012Bulletin trimestriel

Volume 11, numéro 2

L’actualité religieuse québécoise a mis enlumière, en mars dernier, une préoccupationparfois oubliée, voire à l’occasion malmenée.On a parfois l’impression en effet que la catéchèse a monopolisé ces dernières annéespersonnes, temps et énergie au point dedélaisser peut-être ce qui constitue pourtantune dimension majeure en christianisme, laliturgie, la ritualité.

Il ne s’agit pas de recommencer ou de renierce qui a été fait. Le défi est plutôt de tenircompte de ces deux composantes essen-tielles de la vie de foi dans la formation à lavie chrétienne. Ce numéro veut justementrappeler que cela ne se fera pas seulementavec de bonnes intentions.

Il y a donc cette préoccupation qui gagne àapparaître au menu des interventions et despréparations aux démarches catéchétiques.On trouvera ici matière à se le rappeler, voireà stimuler la réflexion. Mais comment celapeut-il se faire concrètement ? On trouveraégalement quelques avenues à explorer. Etenfin, pour illustrer la faisabilité de la chose,quoi de mieux qu’un récit de praticiens quinous parlent d’audace et de créativité ? Voilàdeux qualités essentielles tant à la liturgiequ’à la catéchèse.

C’est ce que propose humblement ce numérode Passages. Grand merci aux personnes quiont accepté de nous y aider. Reste mainte-nant à lui donner des mains au niveau despratiques.

Mario MaillouxOffice de catéchèse du Québec

Billet

André Raymond Réalisateur coordonnateur du Jour du Seigneur à Radio-Canada.

CATÉCHÈSE et LITURGIEUn couple en rupture?

Ce texte s’inspire largement d’une session donnée àSherbrooke le 13 mars 2012 dans le cadre des journées deformation : De naissance en naissance, catéchèse et liturgies’embrassent. Au cœur de cette journée se trouvait laquestion du lien à renouveler entre catéchèse et liturgie.

Suite à la page 2

PrintemPs 2012 Volume 11, numéro 22

authentique, incluant même le silence.Toutes ces qualités de la relation humainesont l’outil essentiel de la rencontre caté-chétique, mais aussi de la rencontre litur-gique.

La liturgie est bâtie sur un mode dialo-gal. De la convocation première de DieuPère, Fils et Esprit, jusqu’à l’envoi final, lamesse, par exemple, est construite danscet échange où Dieu parle (textesbibliques) et l’assemblée répond (psau-me, acclamation, etc.). Un échange quidevrait aussi inclure toutes les dimensionsde l’être. La catéchèse n’est possible quedans un espace d’échange : le verbe greckatechein signifie «faire résonner», «parlerdans l’attende d’un écho, d’une réponse».La pédagogie pastorale devrait donc êtrela découverte progressive du mystère quihabite l’autre. Un dialogue où, en principe,la parole de Dieu et la ritualité nedevraient pas être très loin, comme partieprenante de l’échange.

Une intention commune Est-ce que liturgie et catéchèse pour-

suivent le même objectif? Quelle seraitl’intention commune de la liturgie et de lacatéchèse?

Je propose ici d’explorer la piste del’AFFIRMATION DE L’IDENTITÉ CHRÉ -TIENNE : affirmation de soi, par la recon-naissance dans un groupe, par l’accueil dece que l’on est avec nos questions, nosdoutes, nos besoins, nos convictions, notreexpérience singulière… Affirmation del’autre, au sens de «raffermir l’autre», leconfirmer dans sa recherche. Lui dire : « ouinous sommes de la même humanité».Affirmation de l’Autre, de ce lien vivifiantpersonnel et communautaire avec le Dieude nos pères et de nos mères, le Dieu deJésus Christ.

Liturgie et catéchèse sont le lieu parexcellence d’une communauté de foi quiaffirme son identité. C’est aussi un lieu dudevenir. Participer à une célébrationeucharistique ne veut pas dire que noussommes parvenus au terme de la route.Nous sommes toujours en route, mais arri-vés à une étape où chacun peut êtredebout dans sa foi et dire : «je me recon-nais de cette identité». L’éducation à la foise fait avant, pendant, après : quête desens, ouverture au mystère, accueil d’uneproposition de sens offerte en Jésus Christ.

Les interpellations de la vie À la lumière de ce qui précède, com-

ment pourrions-nous relire certainessituations qui deviennent parfois sujets dediscussions intenses dans nos comités?Quelques exemples… Est-ce légitimed’encourager une catéchèse du diman chequi réunit les jeunes en début de célébra-tion et les renvoie au sous-sol le temps dela messe jusqu’à un moment déterminé?Faut-il encourager une politique de parti-cipation «obligatoire» à une messe domi-nicale dans la démarche de catéchèseparoissiale? Si oui, comment? Doit-on ban-nir de nos églises les célébrations eucha-ristiques bâties sur l’explication progressi-ve du rituel? Des situations réelles (ou fic-

tives) qui pourraient nourrir des échangesconstructifs entre les intervenants de lacatéchèse et ceux de la liturgie.

Jamais liturgie et catéchèse nedevraient s’opposer, se nuire, se superpo-ser. Elles viennent d’une même source etretournent à une même source. Elles sontdeux chemins qui s’entrecroisent dans l’iti-néraire des chrétiens toujours en devenir,toujours en train de naître…. Dans l’hori-zon d’un idéal à recréer, on ne parleraitplus d’une pastorale de l’éducation de lafoi séparée de l’activité liturgique d’unecommunauté. À terme, il n’y aurait quel’action pastorale capable d’intégrer le«vivre ensemble» avec justice et respect,dans la mémoire consciente du Ressuscité.

Suite de la page 1

PrintemPs 2012 Volume 11, numéro 23

Initier à la liturgie : un passage obligé

L’actuelle pratique catéchétique dansplusieurs paroisses du Québec est sou-

vent synonyme d’initiation aux sacre-ments. Pourtant, ce qu’il faut appeler avecplus de justesse l’initiation à la pratique dessacrements n’est pas le tout de la forma-tion à la vie chrétienne. Certes, elle en estun moment privilégié mais nous savonsbien que tout se joue dans l’après, dans sondéploiement. Voilà qui élargit nos préoccu-pations catéchétiques. C’est bien ce quedonne à comprendre l’approche catéchu-ménale qui de plus en plus vient enrichir, àla fois la réflexion théorique, tout autantque les pratiques.

Une démarche de type catéchuménalse déploie dans le temps. Il en est un axeessentiel. Temps qui s’étale dans la duréeen se greffant à la vie liturgique d’une com-munauté. Temps célébré dans la ritualisa-tion liturgique des étapes ou du cheminparcouru et à parcourir. Temps suggérantqu’une démarche catéchuménale ne s’in-terrompt pas avec le dernier sacrementcélébré. Elle se prolonge tout naturelle-ment. Pour évoquer cette réalité, on parle-ra éventuellement de «catéchèse postsa-cramentelle » ce que la tradition a retenusous le nom de mystagogie. Mais encorefaut-il en prendre toute la mesure.

Liturgie et communautéC’est ici que s’imposent deux incon-

tournables de la vie chrétienne. Même s’ilest difficile de prioriser l’un ou l’autre parcequ’ils sont étroitement associés, retenonsd’abord la liturgie. On peut chercher à endonner une définition savante, mais il fautcomprendre que sous ce terme se cachedes réalités aussi concrètes que la partici-pation à l’eucharistie. D’ailleurs, c’est ce quifait dire à Piero Marini, l’ancien cérémoniai-re de Jean-Paul II, que l’une des conditionsessentielles à l’avenir du christianisme est lapleine compréhension de la valeur et de lasignification de la célébration eucharistiquedominicale.1 Cette simple évocation nousouvre directement sur un autre incontour-nable, celui de la communauté. C’est bienlà qu’elle se donne un visage.

Évidemment la liturgie n’est pas que la«messe dominicale», de même pour la réali-té communautaire. Mais retenons que

Marini parle de valeur et de signification àcomprendre et c’est probablement ici quedes catéchètes se retrouvent démunis.Pourtant l’enjeu est de taille. Parler de litur-gie nous amène sur le terrain de la ritualité,des rituels et des gestes symboliques. Si lasociologie nous apprend qu’il n’y a pas derapports sociaux sans actes symboliques,comme celui de partager un repas, il fautpeut-être se redire que les rites sont plusimportants que les mots qui chercheraientà nous parler de communion. La leçonn’est pas sans importance. Mais encorefaut-il apprendre à entrer dans l’universdes symboles et de la symbolique. Appren -dre surtout à en démonter la mécanique,car un geste liturgique n’a rien demagique. Il évangélise par sa beauté, par samise en communion avec la réalité qu’ilveut signifier, par sa charge émotionnelle.Autant de dimensions à comprendre,comme à soigner de la part de tous lesintervenants.

Quant à la communauté - indissociablede toute liturgie - la liturgie nous y ramènenécessairement car elle entraîne les partici-pants à sortir de leur isolement. Du moinsune liturgie «réussie», celle qui aura mis en«communion». Une liturgie accueillante àl’Autre, ne peut qu’ouvrir sur l’autre, avant,pendant et après. Le dominicain GuyLapointe est on ne peut plus clair à ce sujetquand il écrit: « La pratique liturgique com-porte une dimension éthique incontour-nable, seule capable d’éviter que les pra-tiques rituelles se referment sur elles-mêmes,pour devenir des lieux autonomes, sans lienavec le quotidien, avec la vie. La liturgie, lieude présence recherchée, lieu d’attention à lamémoire de l’autre, devient alors un espace,un moment de vérification par la prière, lalouange et le partage eucharistique, de laqualité du service et de l’attention portée auprochain.» 2

La catéchèse ne peut faire l’économiede la liturgie. Par ailleurs, des questionsdemeurent. Comment y entrer? Et surtout,comment s’y initier soi-même afin de pou-voir en initier d’autres?

Une piste : la relectureUne piste intéressante est celle de la

relecture de tous nos gestes liturgiques. Et

cet exercice incombe d’abord aux caté-chètes et aux intervenants en liturgie.Sinon, comment faire de la liturgie un outilcatéchétique ou simplement commentavoir une pratique catéchétique de la litur-gie ? Sans oublier nos communautés aveclesquelles la vie chrétienne entretient unnécessaire rapport, cette relecture va dugeste le plus simple au plus complexe. Quedonnent-ils à voir? Qui donnent-ils de ren-contrer? Pensons à une simple croix tracéesur le front avec un peu d’eau : ce geste a lepouvoir de mettre en communion aveccelle qui a fait de nous des baptisés.

Et que dire du «Je te pardonne...», à lacondition que le Sacrement du pardon nesoit pas une simple célébration du péchéet de l’aveu. Et l’Eucharistie, inépuisablemystère, «Alliance nouvelle et éternelle...»

L’actuel chantier catéchétique oblige àmieux comprendre que l’expérience et letémoignage précèdent l’apprentissage desconnaissances dans le domaine de la foi. Orla liturgie appartient essentiellement audomaine de l’expérience et du témoigna-ge et tout particulièrement de l’expérienceet du témoignage communautaire de lafoi. Elle est l’assise même de la catéchèsedes «initiés», la catéchèse mystagogique sichère aux Pères de l’Église. Comme elle seréfère à des gestes liturgiques signifiants,elle repose alors nécessairement sur labeauté et l’ampleur des gestes rituels. C’està cela aussi qu’il faut s’initier et initier.

1.Mgr Piero Marini, Cérémoniaire des papes, Bayard 2007

2. Guy Lapointe, Liturgie, foi et culture, Bulletin national de liturgie, Vol 35, No 167, p. 28

Jacques Houle, c.s.v.Service catéchétique viatorien

www.catechese-ressources.com

PrintemPs 2012 Volume 11, numéro 24

Pour vous abonner gratuitement au bulletin électronique Passages,

il suffit de nous faire parvenir votre adresse courriel à : [email protected]

On peut aussi consulter le bulletin sur Internet : www.officedecatechese.qc.ca

Il est aussi possible de faire un don en cliquant sur l’item : «Don à l’OCQ». Merci !

Faire Église autrement ! Sonia Boulanger, agente de pastoraleÉric Généreux, prêtre responsable,

Paroisse St-Henri-de-Mascouche

Dans notre société actuelleet déchristianisée, est-ce

de l’audace de conserver desrites traditionnels? Dans le res-pect de la tradition, de quellefaçon pouvons-nous aborderles rites aujourd’hui? On se faitparfois reprocher de répétertoujours les mêmes affaires :est-ce parce que nos rituelsmanquent de sens pour notresociété en quête de sens?

Une fois qu’on a comprisles rites que nous propose latradition, nous devons avoirassez d’audace pour les fairevivre autrement, les faire vivre différem-ment. Il faut développer le rituel afin del’intégrer aujourd’hui. C’est l’ajustementd’une tradition à aujourd’hui. Connaître laloi pour la détourner intelligemment. Laliturgie ce n’est pas une fin en soi, c’est unmoyen pour faire connaître Dieu. Le riten’est pas une fin mais un moyen pour fairevivre une expérience chrétienne. Nousdevons mettre la personne humaine aucœur de nos différents rituels.

À travers des rites on comprend le sensde notre vie chrétienne. Mais dans unesociété jeune, qui court après le tempscomment peut-on répondre à la deman-de? Tout en sachant que la vie est mar-quée dans le temps et que les rites nousproposent de prendre notre temps, com-ment initier à la vie chrétienne étapes parétapes? Nous devons être créatifs et déve-lopper des parcours en lien avec les sai-sons de la vie. Permettre d’offrir différentsdéparts au cours de l’année. Respecter lesétapes que nous impose la tradition, touten respectant les étapes de la vie de la per-sonne. Être ouvert à la vie chrétienne, c’estégalement être assez ouvert pour offrirdes parcours qui s’ajustent à l’horaire denos jeunes familles.

Dans cette créativité, nous devonsoffrir à des jeunes et à des adultes quidemandent un sacrement, de vivre desexpériences significatives. Permettre dansnos rencontres des temps d’échanges fra-ternels. Avant d’annoncer la BonneNouvelle, pourquoi ne pas parler de nosbonnes nouvelles respectives ? Parler desoi, de ce que l’on vit de beau et de mer-veilleux. Parler également de nos difficul-tés, de nos épreuves. Avons-nous senti laprésence de Dieu dans ces événements denotre vie ? C’est une parole de vie d’aujour-d’hui qui laisse ensuite la place à la Parolede vie du Christ.

Offrir également des temps de médita-tion d’un texte biblique. Découvrir ce quece texte peut m’apporter de plus dans mavie. Ce texte suscite-t-il la vie en moi? Est-ilrévélateur de vie pour moi aujourd’hui?Poser ces questions, c’est faire découvrirque parfois dans la vie, lorsque je méditeun texte biblique, je peux cheminer etavancer. Tout comme un chant ou unpoème, ce texte peut être révélateur etm’inspirer dans ma vie.

Permettre aux jeunes d’être acteurs deleur parcours de foi en mettant en scèneles textes bibliques. Vivre les rites de pas-

sages de la vie, dans l’action.En étant acteur de cetteBonne Nouvelle, je peux alorsmieux comprendre ce qu’avécu le Christ.

Amener par la suite cesjeunes et ces adultes à vivredes moments d’intériorité.Une expérience d’intérioritébien animée peut faire jaillirune flamme qui donne legoût de revivre cette expé-rience. Une flamme qui per-met de voir, que la foi de lapersonne est présente et qu’ilest important de la cultiver.

Une flamme qui est celle de l’Esprit pré-sent en chacun de nous.

Je peux aborder le rite par la prière.Mais pas n’importe laquelle prière, uneprière significative. Une prière qui se veutêtre un dialogue entre les personnes etavec Dieu. Une prière qui touche le cœur.

Ensuite, dans nos liturgies, pourquoi nepas présenter le fruit de ces belles ren-contres, en permettant à des groupes dejeunes, d’être acteurs de la célébrationavec leur catéchète ? Développer des litur-gies familiales. Des liturgies qui actualisentles récits pour les faire vivre avec des réali-tés de vie d’aujourd’hui.

En terminant, nos rites traditionnelsont un réel besoin d’être adaptés afin derépondre aux différentes demandes desgens de notre société actuelle. Il faut doncêtre imaginatifs et créer des rites qui susci-tent la vie. Nous devons également offrirdes liturgies qui laissent de la place à nosfamilles. Nous formons des jeunes et desadultes à la vie chrétienne, mais les lais-sons-nous participer à la vie chrétienne deleur communauté? La formation à la viechrétienne est-t-elle au cœur de nos litur-gies?