brochure de saison 2013-14 de l'ensemble intercontemporain

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1 2013/2014 Ensemble intercontemporain 2013/2014 Ensemble intercontemporain

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Présentation des concerts de la saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain.

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Page 1: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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2013/2014

Ensembleintercontemporainwww.ensembleinter.com

2013/2014

Ensembleintercontemporainwww.ensembleinter.com

Page 2: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Édito

La saison

L’Ensemble intercontemporain

Calendrier des concerts

Transmettre

Informations pratiques

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08

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+Textes sur les concerts, vidéos et extraits musicaux : www.ensembleinter.com

Page 3: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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No hay caminos, hay que caminar… est le titre d’une œuvre musicale marquante du XXe siècle composée par Luigi Nono. Elle exprime mieux qu’aucune autre, dans son titre, ce qui fait avancer l’humanité : depuis toujours, « il n’y a pas de chemins, il n'y a qu'à marcher ».Dans le domaine des arts plus que dans tout autre, il n’y a pas de chemins connus, balisés, menant à une destination prévue. Il s’agit avant tout d’être en mouvement, de marcher vers l’inconnu. Ce mouvement génère de l’énergie, il réchauffe, provoque l’éveil de soi quand l’immobilité engendre le froid, l’obscurité, la disparition de l’être.Être en marche vers de nouveaux hori-zons, aller de l’avant. C’est dans cet esprit que je rejoins aujourd’hui l’Ensemble en tant que directeur musical. C’est un grand honneur doublé d’une grande responsa-bilité. Au fil des nombreux échanges avec les solistes de l’Ensemble, j’ai été heureux de découvrir qu’ils souhaitaient eux aussi emprunter de nouveaux chemins vers des destinations à imaginer et construire ensemble. « Caminos ». Chemins !Regarder devant soi, c’est aussi beau-coup attendre de la nouvelle direction de ce merveilleux instrument que repré-sente cet ensemble unique, qui, depuis sa fondation en 1976, se caractérise par une relation dynamique entre la création, toujours porteuse de rupture avec ce que l’on connaît, et le patrimoine musical du XXe siècle.

Le besoin de changement implique la compréhension et le respect de cette identité forgée au cours de son histoire. L’innovation naît de décisions basées sur ce que l’on connaît du passé, de ce qui a été vécu – des « chemins vers l’espace ouvert », pour reprendre les mots du poète Friedrich Hölderlin.L’aventure promet d’être passionnante et nous vous invitons à nous suivre dans ces voyages imaginaires en terra incognita, à Paris comme en tournée.Nous aurons également à cœur de par-tager avec vous le passionnant proces-sus d’interprétation et de création de la musique de notre temps, pour que vous puissiez emprunter à nos côtés ces che-mins incertains qui mènent au concert. L’ouverture au public de certaines répéti-tions vous permettra ainsi d’approcher au plus près le travail de création. Le dialogue entre compositeurs, interprètes et spec-tateurs doit avoir lieu au grand jour pour donner à voir et à entendre la manière dont s’invente, se construit et se vit la musique.En un temps où les programmes de concerts sont souvent dictés par des thèmes et des concepts qui peuvent faire passer le contenu artistique au second plan, nous gardons à l’esprit ce qui rend la musique tellement unique : la nature insaisissable et fugitive de l’instant.Ces instants uniques et exaltants, nous désirons les vivre avec vous, dans une exi-gence toujours renouvelée pour la qualité et l’originalité de nos projets.

Cette année nous vous proposerons de nouvelles expériences comme les trois « week-ends Turbulences », du vendredi soir au dimanche après-midi à la Cité de la musique. Trois temps forts de la sai-son qui nous feront prendre tour à tour des « chemins de traverse » avec Pascal Dusapin, de « nouvelle(s) direction(s) » avec moi-même, avant un dernier week-end d’« air libre » avec Bruno Mantovani.Cette saison sera également marquée par de nouvelles collaborations avec des compositeurs et des interprètes. Fidèles à notre identité et à nos valeurs, nous pour-suivrons le dialogue toujours fertile entre créations et chefs-d’œuvre du passé, comme le manifestera le spectacle conçu par le metteur en scène Johan Simons, le plasticien belge Michaël Borremans, et le compositeur Mark Andre autour du Voyage d’hiver de Schubert, présenté en février à la Cité de la musique. Nous nous produirons dans des lieux dif-férents, comme le Théâtre des Bouffes du Nord, avec un projet réunissant l’écrivain Marie NDiaye et le compositeur Hèctor Parra, ou la Galerie Thaddaeus Ropac à Pantin, un nouvel espace à deux pas de la Cité de la musique, pour des projets asso-ciant compositeurs, musiciens et artistes plasticiens.Des metteurs en scène, peintres, vidéastes et chorégraphes renommés se joindront à nous pour explorer de nouvelles voies qui nous ramèneront certainement à nous-mêmes et à notre perception de la musique : exceptionnelle, insaisissable, toujours inscrite dans l’instant.

Transmettre notre expérience et nos savoir-faire aux jeunes musiciens et aux compositeurs sera plus que jamais au cœur de notre activité. Les nombreux projets de cette saison 2013-14 en témoignent : académies et résidences à Lucerne, Heidelberg et Paris (dans le cadre de ManiFeste, festival de l’Ircam) ; « coaching » des étudiants du Conservatoire de Paris donnant lieu à des concerts d’envergure nécessitant un vaste effectif ; master classes et ateliers dans les conservatoires à rayonnement régional et municipaux. Les actions de découverte et d’approfondissement pour le public seront également développées : présentations des concerts, répétitions publiques commentées, après-concerts ou rencontres avec les musiciens.Cette nouvelle saison, vous allez main-tenant la découvrir dans cette brochure aux multiples correspondances entre musique, arts plastiques, philosophie, littérature et science. Nous espérons qu’elle vous donnera envie de marcher avec nous, d’aller de l’avant ensemble, animés par un même esprit d’aventure musicale.« No hay caminos, hay que caminar… »

Matthias Pintscher

Page 4: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Dimanche 18 août 2013

11h - Lucerne

KKL, Luzerner Saal Lucerne Festival Œuvres de h. BIrTWISTLe, P. BOuLeZ, F. cerhA, c. cZernOWIn, W. rIhM

Vendredi 13 septembre 2013

21h - FLOrence

Musée national du Bargello Festival flame Œuvres de P. BOuLeZ, h. LAchenMAnn, B. MAnTOVAnI, I. XenAKIS

Vendredi 27 septembre 2013

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Œuvres de J. S. BAch / A. WeBern, J. hArVeY, M. PInTScher, B. A. ZIMMerMAnn

Jeudi 3 octobre 2013

20h30 - STrASBOurG

Cité de la Musique et de la Danse Festival Musica Œuvres de P. BOuLeZ, h. PArrA

WEEK-END TURBULENCES Chemins de traverse avec Pascal Dusapin PArIS-cITé de LA MuSIque

Vendredi 18 octobre 2013

20h

Œuvres de P. duSAPIn, J. OcKeGheM, J. rIchAFOrT, G. SceLSI, e. VArèSe, etc.

Samedi 19 octobre 2013

17h30

conférence-concert La musique du cerveau : du bruit qui pense ? avec Stanislas dehAene, cognitiviste

20h

Le Grand Soir Œuvres de L. BerIO, P. BOuLeZ, L. JAnÁceK, M. KAGeL, S. reIch, K. SchWITTerS, etc.

Dimanche 20 octobre 2013

16h30

Œuvres de P. duSAPIn, M. FeLdMAnAvant-concert surprise à 15h

Dimanche 27 octobre 2013

14h - MILAn

Teatro alla Scala Œuvres de L. VAn BeeThOVen, P. BOuLeZ

Vendredi 1er novembre 2013

20h - GenèVe

Bâtiment des Forces Motrices Wagner Geneva Festival Œuvres de A. SchÖnBerG, S. ScIArrInO, r. WAGner

Vendredi 8 novembre 2013

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Œuvres de h. duFOurT, L. rOncheTTI

Vendredi 15 novembre 2013

19h30 - LeS LILAS

Le Triton, scène de musiques présentes InTerSeSSIOn # 12

Vendredi 29 novembre 2013

20h - PArIS

Centre Pompidou, Grande Salle Œuvres de A. herrMAnn, M. JArreLL, M. KAGeL, u. KrePPeIn

Mardi 3 décembre 2013

19h30 - MAdrId

Auditorio Nacional de Música Œuvres de B. BArTÓK, A. GArcÍA-ABrIL, O. MeSSIAen

Mardi 3 décembre 2013

14h30 - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGeConcert éducatif scolaire

Samedi 14 décembre 2013

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Gérard GrISeYeSPAceS AcOuSTIqueS

Mardi 17 décembre 2013

20h30 - OrLéAnS

Scène nationale d’Orléans, salle Vitez Œuvres de J. S. BAch, G. KurTÁG

Samedi 11 janvier 2014

14h15 - AMSTerdAM

Concertgebouw ZaterdagMatinee Œuvres de L. dALLAPIccOLA, Y. chAurIS, B. MAdernA, G. MAhLer, A. SchÖnBerG

Mardi 14 janvier 2014

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concertsMême programme que le 11 janvier

Jeudi 16 janvier 2014

20h - AnVerS

de Singel-Blauwe ZaalMême programme que le 11 janvier

WEEK-END TURBULENCES Nouvelle(s) direction(s) avec Matthias Pintscher PArIS-cITé de LA MuSIque

Vendredi 7 février 2014

20h

Le VOYAGe d’hIVer F. SchuBerT/ M. Andre

Samedi 8 février 2014

17h30

conférence-concert Musique et arts plastiques avec Michaël BOrreMAnS, plasticien

20h

Le Grand Soir Œuvres de G. GABrIeLI, M. PInTScher, M. rAVeL, r. SchuMAnn, K. SZYMAnOWSKI, A. WeBern, etc.

Dimanche 9 février 2014

16h30

Œuvres de P. BOuLeZ, W. A. MOZArT, W. rIhM Avant-concert surprise à 15h

Jeudi 13 février 2014

20h - rOuen

Opéra de Rouen Haute-Normandie MeTrOPOLIS Film de Fritz LAnG Musique, Martin MATALOn

Samedi 22 février 2014

20h - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux Œuvres de L. dALLAPIccOLA, Y. chAurIS, G. LIGeTI, A. SchÖnBerG

Mardi 4, mercredi 5, vendredi 7, samedi 8 mars 2014

20h30 - PArIS

Théâtre des Bouffes du Nord Te crAIndre en TOn ABSence Musique, hèctor PArrA Texte, Marie ndIAYe

Mercredi 5 et jeudi 6 mars 2014

20h - PArIS

Opéra national de Paris, Amphithéâtre Bastille Igor STrAVInSKY hISTOIre du SOLdAT

Vendredi 14 mars 2014

14h30 - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGeConcert éducatif scolaire

Samedi 15 mars 2014

11h - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGe

Jeudi 20 mars 2014

MOnAcO - horaire à déterminer

Salle à déterminer Printemps des Arts de Monte-Carlo Karlheinz STOcKhAuSen MOMenTe

Samedi 22 mars 2014

20h - cOLOGne

Philharmonie programme du 20 mars

Samedi 22 mars 2014

20h - BruXeLLeS

Bozar, salle Henri Le Bœuf Klara Festival Le VOYAGe d’hIVer F. SchuBerT/ M. Andre

Mardi 25 mars 2014

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts programme du 20 mars

WEEK-END TURBULENCES Air libre avec Bruno Mantovani PArIS-cITé de LA MuSIque

Vendredi 11 avril 2014

20h

Œuvres de P. BOuLeZ, G. LIGeTI, B. MAnTOVAnI, etc.

Samedi 12 avril 2014

17h30

conférence-concert Le sentiment d’appartenance : de la personne au groupeavec Michel MAFFeSOLI, sociologue

20h

Le Grand Soir Œuvres de h. BIrTWISTLe, r. cendO, T. de MeY, d. FuJIKurA, S. reIch, etc.

Dimanche13 avril 2014

16h30

Œuvres de B. BerIO, P. BOuLeZ, P. LerOuX Avant-concert surprise à 15h

Vendredi 18 avril 2014

20h - PArIS

Auditorium du Louvre Œuvres de A. BerG, G. KurTÁG, Y. rOBIn, r. SchuMAnn

Samedi 26 avril 2014

18h - LYOn

Auditorium programme du 13 février

Dimanche 27 avril 2014

19h30 - LOndreS

Wigmore Hall programme du 18 avril

Mercredi 7 mai 2014

cOLOGne - horaire à déterminer

Philharmonie Festival Acht Brücken Œuvres de G. LIGeTI, M. PInTScher

Vendredi 9 mai 2014

18h - cOLOGne

Salle à déterminer Festival Acht Brücken Œuvres de L. BerIO, T. de MeY, J.-P. drOueT, V. GLOBOKAr, M. KAGeL

Vendredi 16 mai 2014

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Œuvres de P. eÖTVÖS, W. qIn, J. TIenSuu, S. Xu

Samedi 17 mai 2014

11h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Peter eÖTVÖS chIneSe OPerA concert éducatif famille

Samedi 24 mai 2014

18h - quIMPer

Théâtre Max-Jacob Festival Sonik Œuvres de J. ALVAreZ, J. cAGe, F. dOnATOnI, J. drucKMAn, d. FuJIKurA, M. KAGeL, F. SArhAn

Du 11 juin au 10 juillet 2014

PArIS

ManiFeste-2014, festival

Les concerts à Paris sont précédés d'une présentation.

Informations pratiques sur chaque page concert de notre

site internet : www.ensembleinter.com

Page 5: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Dimanche 18 août 201311h - Lucerne

KKL, Luzerner SaalLucerne Festival

Pierre BOuLeZMemorialepour flûte et 8 instrumentschaya cZernOWInLovesongpour ensembleWolfgang rIhMGejagte Formpour orchestre (2e version)Friedrich cerhALes Adieux (Élegie)pour ensembleharrison BIrTWISTLeIn Broken Images, pour ensemble

Emmanuelle Ophèle, flûteEnsemble intercontemporainnicholas collon, direction

Renseignements et réservations :www.lucernefestival.ch

Casey Jex Smith Levitation

©Casey Jex Smith-Galerie Polaris Paris

Jeudi 3 octobre 2013 20h30 - STrASBOurG

Cité de la Musique et de la Danse Festival Musica

hèctor PArrACaressant l'horizon pour ensemble instrumentalcommande Mécénat Musical de la Société GénéralePierre BOuLeZsur Incisespour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions/claviers

Ensemble intercontemporainPascal rophé, direction

Renseignements et réservations :www.festivalmusica.org

Vendredi 13 septembre 201321h - FLOrence

Musée national du Bargello Festival flame

Pierre BOuLeZDialogue de l'ombre doublepour clarinette, clarinette enregistrée et piano résonnantBruno MAnTOVAnICinq Pièces pour Paul Kleepour violoncelle et pianoIannis XenAKISCharisma. Hommage à Jean-Pierre Guézecpour clarinette en si bémol et violoncellehelmut LAchenMAnnAllegro sostenutopour clarinette, violoncelle et piano

Technique Tempo Reale Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations : www.flamensemble.com

Vendredi 27 septembre 2013 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Johann Sebastian BAch / Anton WeBernFuga (Ricercata) a 6 voci extrait de L'Offrande musicale, BWV 1079Jonathan hArVeYTwo Interludes and a Scene for an Opera pour soprano, ténor, grand ensemble et électroniqueBernd Alois ZIMMerMAnn Sonate pour violoncelleMatthias PInTScher Bereshit pour grand ensemble création française commande Saint Paul Chamber Orchestra et Ensemble intercontemporain

Carl Faia, Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale Ircam

Claire Booth, soprano Gordon Gietz, ténor Éric-Maria Couturier, violoncelle Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou

Tarifs : 18 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réduction Réservations : 01 44 84 44 84 www.citedelamusique.fr

Matthias Pintscher dirigera également deux concerts dans le cadre du Festival d'Automne à Paris : le mercredi 30 octobre à l'Opéra Bastille et le vendredi 8 novembre à la Cité de la musique.

Page 6: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

« Je n’ai pas entrepris ce voyage pour arriver, mais pour partir », a dit un jour Samuel Beckett. Beaucoup de compositeurs de ma génération ont été formés avec l’idée d'arriver.

L'histoire de la musique était en effet considérée comme une sorte de ligne droite, la seule voie pos-sible, où les jeunes compositeurs devaient faire leurs preuves... Aujourd'hui, on le sait, l'univers de la musique n'est pas unique. La musique dite contemporaine est un genre parmi d’autres. La spécificité de ma génération tenait au fait qu’elle croyait participer à une seule énergie, une seule légitimité. L’histoire tenait sa route dans une seule direction, celle d’un futur radieux. Les autres mu-siques (populaires, ou par exemple celle de compo-siteurs qualifiés à tort de « périphériques » tels que Sibelius ou Leoš Janácek ou même Bartók) étaient disqualifiées à l’intérieur du genre contemporain. Certaines expressions étaient proprement inter-dites. L’histoire produisait une logique normative, qui établissait des hiérarchies et des degrés. À l'occasion de ce premier week-end de « tur-bulences » avec l'Ensemble intercontempo-rain, je voudrais proposer une autre vision de l'histoire de la musique. Non pas une histoire idéologique, comme une ligne droite, mais une histoire à l'image d'un rhizome. D'où le titre : « chemins de traverse » (ce qui permet d'aller de-vant en franchissant des espaces non prévus). Rien de plus intéressant que de concevoir une soirée d’expériences musicales riche en rencontres inat-tendues entre différentes époques et esthétiques. En associant, par exemple, dans un même pro-gramme, les œuvres du dadaïste Kurt Schwitters à celles de Leoš Janácek, nous en apprenons davan-tage sur leur époque et nous créons de nouvelles correspondances. Dans ses poèmes, Schwitters libère les sons, les assonances, les allitérations de la langue pour en faire de véritables objets plastiques. Chez Janácek, nous assistons à une sorte de minimalisation des objets sonores, par exemple

de petites cellules mélodiques répétées avec une vé-ritable obsession et qui semblent devenir des objets par eux-mêmes. Ici aussi, ce sont pour ainsi dire des sortes d'objets plastiques. Le son lui-même devient central, à l'instar de ce qui se produit chez des com-positeurs plus tardifs, comme Varèse ou Xenakis. Je suis d’ailleurs très heureux que Stanislas Dehaene, chercheur en psychologie cognitive et professeur au Collège de France, ait accepté de nous parler des effets du son et de la musique sur le cerveau à l'occasion d'une conférence-concert, introduite et clôturée par l'interprétation de Lumen, de Franco Donatoni. Évoquer d'un point vue scientifique ce mystère de l’écoute de la musique permet de s'in-terroger sur bien des catégories d'écoute trop sou-vent interprétées de façon idéologique par le passé.

À l'occasion de ce programme du week-end, je ne voulais pas tant rechercher des oppositions que des contrastes. Nous associons à l'occasion du concert d'inauguration des œuvres du XXe siècle à la musique polyphonique de la fin du XVe et début du XVIe siècle, dont l'énorme complexité sous-tend toute sa force métaphysique et spirituelle. En tant qu'organiste, c'est une tradition polyphonique que je connais bien et dont on retrouve encore de nombreuses traces chez Bach. J'ai compris que la musique ancienne, très appréciée à juste titre par Varèse, comportait cet aspect expérimental très proche de la musique de la fin du XXe siècle. Et c'est grâce à cette musique que j'ai appris à connaître l'idée de la complexité en musique. En temps de crise, comme celui que nous connais-sons actuellement, il n'est pas rare d'évoquer avec nostalgie les systèmes du passé, de s'y crampon-ner, en essayant de préserver ce qu'on connaît déjà. Avec le programme de ce week-end, je ne veux pas essayer de conserver ce passé, mais plutôt de mon-trer l'invention, cette « fébrilité » véritablement intemporelle.

Propos recueillis par Jan Vandenhouwe, conseiller artistique pour les Week-ends Turbulences.

WEEK-END TURBULENCESChemins de traverse avec Pascal Dusapin

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programme du week-end : double-page suivante

Page 7: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

Vendredi 18 octobre 201320h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Giacinto SceLSIOkanagonpour harpe, contrebasse amplifiée et tam-tamJohannes OcKeGheMMotet « Intemerata Dei Mater »edgard VArèSeIntégralespour 11 instruments à vent et percussionrobert MOrTOnChanson « L’Homme armé »Pierre de LA rue Messe « L’Homme armé » : « Agnus Dei » 1 et 2Iannis XenAKISThalleïnpour 14 instrumentistesJosquin deSPreZMotet « Christus mortuus est pro nobis/ Circumdederunt me »Jean rIchAFOrTMesse de Requiem (in memoriam Josquin Desprez) : « Introitus »Samy MOuSSAKammerkonzertpour orchestre de chambrecréation françaiseAntoine BruMeLMesse à 6 voix Pascal duSAPInJetzt Genau! Concertino pour piano et 6 instruments

concert présenté par Pascal dusapin

Capilla FlamencaSébastien Vichard, pianoEnsemble intercontemporainPeter rundel, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Samedi 19 octobre 201317h30 - PArIS

Cité de la musique, Amphithéâtre

CONFÉRENCE-CONCERT

« La musique du cerveau : du bruit qui pense ? »Stanislas dehAene, chercheur en psychologie cognitive Pascal duSAPIn, compositeurFranco dOnATOnILumenpour 6 instrumentsSolistes de l’Ensemble intercontemporainJulien Leroy, direction

Entrée libre sur réservation

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

LE GRAND SOIR

PreMIère PArTIe

Kurt SchWITTerSSonate in Urlauten « Ur Sonata »(extraits)Leoš JAnÁceKCapricciopour piano et 6 instrumentsMauricio KAGeLTango alemánpour voix, piano, bandonéon et violonPascal duSAPInAkspour voix de mezzo et 7 instruments

---------------- entracte ---------------

deuXIèMe PArTIe

Pierre BOuLeZTroisième Sonate pour piano (extrait) Peter ABLInGerVoices and Pianopour piano et disque compact (extraits)Steve reIchDifferent Trainspour quatuor à cordes et enregistrement

---------------- entracte ---------------

TrOISIèMe PArTIe

Luciano BerIONaturalepour alto, percussion et bandeJonathan hArVeYSprechgesangpour hautbois / cor anglais et ensemble de 13 instrumentsPeter eÖTVÖSSnatches of a Conversationpour trompette 2 pavillons, bruiteur et ensembleclaude VIVIerTrois Airs pour un opéra imaginairepour soprano et ensemble

Isabel Soccoja, mezzo-sopranoCaroline Melzer, sopranoÉric-Maria Couturier, récitantDimitri Vassilakis, piano Didier Pateau, hautboisJean-Jacques Gaudon, trompette Odile Auboin, altoEnsemble intercontemporainPeter rundel, direction

Pendant les entractes dans la rue musicale : œuvres de Luciano BerIO, John cAGe, Felix MendeLSSOhn, Giacinto SceLSI, etc.

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarif : 25 € ou 20 €Forfait Week-end Turbulences : 37 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

WEEK-END TURBULENCESChemins de traverse avec Pascal Dusapin

Textes sur les concerts, vidéos et extraits musicaux sur www.weekendturbulences.com

suite du programme

Andreas Gursky Bahrain I, 2005

©VG BILD-KUNST, BonnCourtesy Monika Sprüth Galerie, Köln / ADAGP, Paris, 2013

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Dimanche 20 octobre 201315h - PArIS

Cité de la musique, rue musicale Avant-concert surpriseanimé par Clément Lebrunaccès libre

16h30 - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts Autour de Samuel Beckett

Pascal duSAPInQuad. Concerto pour violon et petit ensembleMorton FeLdMAnFor Samuel Beckettpour orchestre de chambre

Hae-Sun Kang, violonEnsemble intercontemporainPeter rundel, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Page 8: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Cette description pourrait très bien s’ap-pliquer à la musique : une proposition qui, sous la forme d’une suite de sons, est exposée, d’une certaine façon contredite, puis reprise et variée, etc. Est-ce à dire que la musique pourrait être un modèle d’intelligibilité, et pour le discours philo-sophique et pour penser le temps ?

La musique ne pense pas le temps. Elle en fait quelque chose, elle le fabrique. On pourrait dire que le temps est un effet de musique, comme le monde est un effet de logos. La « performance » constitue pro-bablement un point de jonction possible, à travers le temps, entre philosophie et musique. C’est du moins une hypothèse que je pourrais extrapoler à partir de mes travaux sur la sophistique entendue comme performance et performativité de la parole, au sens où le sophiste est celui qui fait être ce qu’il dit. J’ai l’impression qu’il en est de même en musique, qu’au moment où elle joue il se produit aussi autre chose : elle libère, elle fabrique, elle performe un monde. Comment la musique fait être, et que fait-elle être ? Je poserais la question de cette manière, bien que je sois incapable de formuler une réponse assurée. Peut-être le sens de la musique est-il tout bonnement de faire vaciller le sens. Une homonymie maximale très bien liée.

Le problème de l’espace nous renvoie par ailleurs au lieu d’expression musicale. Qu’est-ce qu’une salle de concert de ce point de vue, attendu que, d’une part, elle offre une liberté de performance, d’autre part, elle conditionne le sujet-auditeur en le fixant face à l’écran sonore ?

La question reste la même : c’est toujours du temps emprisonné dans l’espace. Une salle de concert, de même qu’une prison, voire une école, présente un code, un type de contrainte, comme la versification, qui définit l’espace d’un déploiement. Il y a une dialectique simple : des limites sont posées, et c’est au sein de ces limites qu’on se déploie. Il n’est pas sûr du tout que vous vous déploieriez sans limites, sans code. Le formatage est la possibilité d’une forme. C’est du moins ce que l’on peut dire de plus optimiste !

Et la discipline du silence ?

Chez les sophistes, il est intéressant d’ob-server que nous ne sommes pas forcés d’attendre le mot de la fin pour connaître celui du début. Le temps marche simul-tanément de plusieurs pas. Dans la situa-tion de concert, sans doute est-il imposé d’attendre la fin pour s’exprimer. C’est très aristotélicien, très moral. Nul ne peut être dit heureux avant d’être mort. Car à la toute fin, le moindre détail pourra encore engendrer une réinterprétation de la tota-lité. Cette vision holistique se rapporte à l’idée même d’interprétation herméneu-tique : attendre, attendre… pour enfin posséder le tout. C’est aussi le « système », au sens hégélien : l’esprit vient à la fin et rafle tout ! Jamais avant le dernier mot. Le logos sophistique tel qu’il m’apparaît en est pour ainsi dire un contre-modèle. Il pointe le système.

Le sophiste se lèverait-il au beau milieu du concert pour, d’une manière ou d’une autre, enrayer le système ? Est-il un arti-san du détournement ?

Il serait amusant d’imaginer un sophiste situationniste — ce serait sans doute un cynique… Disons plutôt que le sophiste montre à la position dominante com-ment elle est construite. Gorgias fait lire le poème de Parménide de sorte qu’il ne puisse plus jamais (sauf qu’il l’est tou-jours !) être compris comme le poème de l’origine. Il suffit de montrer comment ce poème fabrique l’être dont il parle, par quelles opérations syntaxiques et séman-tiques, par quelles appropriations d’Ho-mère ou d’Hésiode, pour qu’il ne soit plus question du même type de vérité. Quant au concert, le problème est quelque peu dif-férent. Il fonctionne à partir de certaines normes, notamment celle du silence, et celles-ci doivent être partagées, au risque de s’écarter de la communauté. Pourquoi aller au concert pour s’en exclure ?

Selon Aristote, le théâtre est un modèle de démocratie. Cependant, pour que son public ait un quelconque intérêt, il ne doit pas être composé d’une seule caté-gorie, par exemple rien que les critiques et connaisseurs ; car, en ce cas, la pièce serait très mal jugée. Le meilleur public est celui qui mêle tout le monde, sans distinction. Par opposition à l’État platonicien où chacun est à sa place organique, Aristote propose dans un passage assez peu connu et peu commenté de la Politique le modèle du pique-nique. Chacun apporte ce qu’il a en sa possession… et c’est bon ! Tandis que si chacun avait amené la même chose, des tomates par exemple, ç’aurait été une catastrophe ! Tenir compte du hasard des singularités pour que fonctionne la tota-lité : ceux qui ne servent à rien servent à quelque chose. C’est en ce sens que la démocratie constitue le moins mauvais des régimes politiques.

Propos recueillis par Stéphane Roth

Barbara Cassin est philologue et philosophe. Spécialiste de philosophie grecque, en particulier de rhétorique et de sophistique, elle a dirigé en 2004 le Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles. Directrice de recherches au CNRS, Barbara Cassin a reçu en 2012 le Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

Quelle est votre relation à la musique en tant que philosophe ?

Ma grand-mère était cantatrice. Moi, je chante horriblement faux, à faire dérailler une chorale, et j’en ai toujours été déso-lée ! C’est peut-être la raison pour laquelle la musique ne m’appartient pas. Je n’ai ni culture musicale ni éducation musicale solide. De ce fait, j’ai abordé la musique par la danse, à partir de la relation immé-diate entre le son et le corps. La musique me donne (ou non) envie de danser. Mais j’ai l’impression de ne pas vraiment sa-voir ce qu’est la musique… Cela étant, si je n’aborde pas la musique de front dans mes travaux, je traite tout de même du temps à travers la rhétorique et la sophis-tique. C’est ma manière de faire.

Quelles peuvent être les raisons d’une certaine retenue qui marque aujourd’hui le rapport de la philosophie avec la mu-sique ?

En ce qui me concerne, peut-être est-ce dû à la très mauvaise éducation musicale dis-pensée en France, du moins à mon époque. Par ailleurs, les philosophes, bien qu’ils pensent par eux-mêmes, ont toujours des maîtres. Et je ne crois pas me tromper en disant que nous autres philosophes fran-çais n’avons pas bénéficié d’un vrai maître en la matière, contrairement à la tradition allemande (Nietzsche, Adorno).

On remarque souvent que le philosophe appréhende plus aisément l’œuvre pictu-rale que l’œuvre musicale…

C’est que les philosophes ont depuis Platon une clef pour les arts : l’imitation, la mimêsis. Et il est bien plus facile de décrire l’imitation en ce qui concerne la peinture et la poésie que pour la musique. La thématique est très simple : tout se joue entre l’ut pictura poesis et l’ut poesis pic-tura. Laquelle imite l’autre ? La musique semble effectivement absente du débat. Mais si la grande tradition philosophique éprouve des difficultés avec la musique, c’est sans doute aussi parce qu’elle a tou-jours eu maille à partir avec le temps. Or, la musique est l’art du temps par excellence, comme l’a bien saisi Hegel.

Le problème de fond, s’il en est un, aurait donc trait à l’espace/temps.

Effectivement, la philosophie possède une tendance incorrigible à rapatrier le temps dans l’espace, à spatialiser le temps. Elle semble n’avoir jamais cessé de ne pas savoir s’y prendre avec le temps, sauf à le spatialiser. Le temps constitue l’une de ses ressources et de ses questions premières, qu’elle s’approprie en le mettant en es-pace. C’est un sujet central pour toute la philosophie, depuis Platon et Aristote qui cherchent à domestiquer le temps (ainsi la célèbre définition aristotélicienne du temps comme « nombre du mouvement », qui le rapporte aux coordonnées spa-tiales), jusqu’à Heidegger qui en fait la critique et veut revisiter le rapport entre « être » et « temps » avec Sein und Zeit. Il en va de même avec ce qu’on nomme justement la « dis-cursivité », le cours du discours, que la philosophie spatialise et domestique sous le nom de « rhétorique ».

Existe-t-il, puisque vous en êtes spécia-liste, une position « sophistique » à cet égard ?

Une phrase de Gorgias dans l’Éloge d’Hé-lène définit la puissance du discours : « Le discours, dit-il, est un grand souverain qui, au moyen du plus petit et du plus inappa-rent des corps, parachève (« performe » pourrait-on même traduire) les actes les plus divins. » Par discours, ou logos, Gorgias entend ici la suite des sons, les émissions successives de souffle qui signi-fient et font de l’effet. Tel est le plus petit et le plus inapparent des corps : la suite des sons. Ce n’est rien du tout, une suite de sons. Mais voilà qu’à partir de ce moins que rien, je construis le réel.

Je ne suis pas certaine qu’il existe à pro-prement parler une position sophistique sur la musique. Mais s’il fallait la penser, peut-être devrions-nous la concevoir comme un art du temps, opérant avec des sons qui ne sont pas d’abord des sons doués de sens comme ceux de la voix. Le temps, c’est précisément ce dont les sophistes se servent dans le discours, à la différence de la rhétorique platonico-aris-totélicienne, plaquée après coup sur leur

pratique, et qui consiste principalement en des aménagements d’espace : parties, tropes, formes, figures, métaphores, méto-nymies, etc. Tout cela répond de l’ordre spatial, au moyen duquel on domestique un logos qui sinon apparaît somme toute assez déchaîné.

Cela implique-t-il que l’acte oratoire so-phiste puisse être représenté comme une sorte de logorrhée illimitée ?

Pour un platonicien, c’est effectivement une logorrhée, c’est-à-dire quelque chose qui coule. Philostrate, dans ses Vies des sophistes, se demande qui a inventé l’im-provisation, le flot des discours improvi-sés, et répond : Gorgias. Chaque discours est comme un radeau. Ælius Aristide dit : « Le logos marche du même pas que le temps. » Le flux du temps et le flot du dis-cours participent d’une même fréquence. D’une certaine manière, la conception sophistique du discours est musicale, puisqu’elle est toujours temporalisée. La perception du temps est omniprésente dans l’argumentation. On en trouve un bon exemple dans les Tétralogies d’Anti-phon, lorsqu’est décrite la manière dont l’orateur produit une séquence de quatre discours : un discours d’accusation, puis un discours de défense, puis un nouveau discours d’accusation tenant compte de la défense, et un second discours de défense tenant compte etc. Nous ne sommes pas très loin d’Agatha Christie : « Je suis si fort et je le déteste tant qu’il est tout à fait vraisemblable que je puisse l’avoir tué. Or, c’est justement parce que vous pensez qu’il est très vraisemblable que je l’aie tué que moi-même j’ai évidemment pensé que vous alliez penser que je l’ai tué… Donc, bien sûr, je ne l’ai pas tué. » À chaque fois un tour de plus, et ce tour de plus est un tour de temps. Dès que vous mettez tout à plat, que vous spatialisez le temps, le discours est beaucoup moins déchaîné, et donc beaucoup moins efficace.

Le temps, l’espaceEntretien avec Barbara Cassin

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Dimanche 27 octobre 2013 14h - MILAn

Teatro alla Scala

Ludwig VAn BeeThOVen Sonates pour piano (à déterminer)

Pierre BOuLeZsur Incisespour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions/claviers

Maurizio Pollini, piano Ensemble intercontemporainPierre Boulez, direction

Renseignements et réservations :www.teatroallascala.org

Vendredi 1er novembre 2013 20h - GenèVe

Bâtiment des Forces Motrices Wagner Geneva Festival

richard WAGnerSiegfried Idyllpour petit orchestreArnold SchÖnBerGSymphonie de chambre, op. 9pour 15 instrumentsSalvatore ScIArrInOLohengrin. Action invisible pour soliste, instruments et voix

Lia Ferenese, soprano / actriceEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

Renseignements et réservations :www.wagner-geneva-festival.ch

Vendredi 8 novembre 2013 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

hugues duFOurTL'Asie d'après Tiepolopour ensembleL’Origine du mondepour piano et ensembleLes Chardons d'après Van Goghpour alto soliste et ensemble instrumentalLucia rOncheTTILe Palais du silence. Drammaturgia d’après Claude Debussypour ensemblecommande Ensemble intercontemporain,Cité de la musique, Festival d’Automne à Paris création mondiale

Hidéki Nagano, pianoGrégoire Simon, altoEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique et Festival d’Automne à Paris

Tarifs : 18 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Vendredi 15 novembre 2013 19h30 - LeS LILAS

Le Triton, scène de musiques présentes

InTerSeSSIOn # 12

Victor Hanna, percussionJérôme Naulais, trombone Didier Ithurrsary, accordéonChristophe Monniot, saxophones

Tarif : 17,50 € – réduit : 14,50 € adhérent : 12 €Réservations : 01 49 72 83 13www.letriton.com

Dans le cadre d'Orchestres en fête 2013

Vendredi 29 novembre 2013 20h - PArIS

Centre Pompidou, Grande Salle

Michael JArreLLCongruencespour flûte, hautbois, ensemble et électroniqueulrich KrePPeInDépart pour ensemble création mondiale Arnulf herrMAnnRondeau sauvage pour ensemblecommande Ensemble intercontemporain financée par la Fondation Ernst von Siemens pour la musiquecréation mondialeMauricio KAGeLOrchestrion-Straatpour ensemble

Nicolas Vérin, Jean Vandenheede, réalisation informatique musicale Ircam

Sophie Cherrier, flûtePhilippe Grauvogel, hautboisEnsemble intercontemporainJurjen hempel, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Ircam / Les Spectacles vivants-Centre Pompidou

Tarif plein : 14 €Tarif réduit : 10 €Tarif abonné Ircam : 5 €

Réservations :Ircam01 44 78 12 40www.ircam.frCentre Pompidouaux caisses du Centre Pompidou,en ligne (plein tarif uniquement) :www.centrepompidou.fr/billetterie

Concert en l'honneur du 40ème anniversaire de la Fondation Ernst von Siemens pour la musique

Casey Jex Smith Mountains

©Casey Jex Smith-Galerie Polaris Paris

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Images... C'est bien vague. Mais si précis quand cela arrive, quand il arrive que l'une d'entre elles se détache, et nous fixe : c'est nous qui la regardons, mais c'est elle qui nous fixe, tel est le rapport, à chaque fois unique, à chaque fois recommencé. Une expérience, et celle d'un seuil sur lequel nous restons, aussi vrai que nous n'entrons pas dans l'image et qu'elle reste devant nous comme surface, et muettement. « Le silence a une surface » a pu écrire, parlant de la photographie, en fait d'une pho-tographie de femme nue, l'écrivain (et photographe) Denis Roche. C'est de cette surface que je veux parler, c'est cette surface qui, je crois, nous fait écrire sur les images, ou glisser sur elles, avec elles. Je voudrais par-tir de la violence que l'image fait au temps, de la brusquerie phénomé-nale de l'image fixe, et le plus simple sera d'en passer par l'image-mou-vement, par le film donc, mais quand il s'interrompt quand il y a cet effet toujours si saisissant qu'en fran-çais on appelle l'arrêt sur image et en anglais freeze-frame shot. Voilà, nous étions au cinéma, devant le train fantôme du cinéma, c'est-à-dire qu'on était avec le temps, qu'on le longeait et que cela semblait aller de soi, ce défilé, ces suites de plans et de séquences... Puis, d'un seul coup, comme si l'on était précipité hors du défilé, hors du temps, plus rien. Et non pas rien – mais ce que l'on a justement sous les yeux, ce qui reste là sous nos yeux, cette image fixe et suspendue, ce reste de temps, ce copeau de temps qui a échappé au temps et qui se tient là devant nous avec l'arrogance d'une énigme indéchiffrable...Or l'arrêt sur image, bien plus qu'un cas particulier d'image, m'apparaît

Writing about pictures

comme une forme accentuée, qui vient révéler le fond d'immobilité de toute image. Il n'est aucune image qui ne soit en vérité autre chose qu'un arrêt, qu'un arrêt sur image ou, pour employer un terme qui nous vient de Duchamp, un stop-page. Il est de l'essence de l'image, dans la façon dont elle se présente et surgit, d'être une saute de temps, un copeau qui s'est échappé de la masse fluide du temps. Toute image est sortie du temps, le temps qu'elle fait voir est du temps arrêté, c'est-

à-dire quelque chose d'impossible, une pure illusion : l'image ne montre que ce qui a été ou ce qui est (dans le cas de la peinture, également ce qui a été imaginé) qu'en s'en absentant aussitôt. Du réel s'est déposé hors de lui dans quelque chose qui n'est pas dans le temps. La photographie est ici l'exemple le plus évident, celui qui exalte cette puissance d'arrêt et de saisie. Image ou hyper-image qui porte à son comble le pouvoir latent de l'image, et à son comble également cette étrangeté ontologique de l'image que Platon, qu'elle fascinait, avait si bien perçue en parlant à son pro-pos d'une liaison insolite (atopos)

qui « entrelace l'être et le non-être » (Le Sophiste, 240c). Platon avait pré-cisé auparavant qu'il parlait bien de l'image en général, et il donne d'ailleurs le catalogue de toutes les formes d'images qui étaient dispo-nibles en son temps : « celles que l'on voit sur l'eau et sur les miroirs, ainsi que les images peintes et sculptées, et d'autres choses analogues et du même genre. » Aujourd'hui, nous le savons, et c'est même l'une des caractéristiques fondamentales de notre temps, le nombre de « choses analogues et du même genre » s'est, via les différentes techniques de production d'images, considérable-ment accru. Mais c'est justement aussi parce que cet accroissement est si grand, si follement démultiplié qu'il est important de s'en tenir à l'idée d'un régime général de l'image, serré, où qu'il porte, sur son étrangeté d'objet non objet et sur sa qualité de surface muette. Au sein de ce régime général existent des formes d'engendrement distinctes, qui vont de celui des images acheiropoïètes (l'ombre, le reflet) qui sont les plus anciennes et longtemps les seules que les hommes aient connues, aux images numériques. Mais pendant très longtemps, aux époques histo-riques, qui sont aussi celles de l'ap-parition de la conscience de soi du geste artistique, la forme d'engen-drement privilégiée de l'image, celle qui a joué le plus grand rôle, aura été la peinture.

Il y a dans la peinture, et sans doute depuis le commencement, un tour-ment matériel et pictural qui tend à l'éloigner de son statut d'image : son mouvement, et c'est toute l'his-toire de la peinture occidentale qui se raconte là aura été celui d'un entrecroisement du mimétique et du pictural, il y a toujours eu en elle une insurrection de la touche et une volonté d'être qui ont cher-ché à l'émanciper de la surface. Le point culminant de cette insurrec-tion, que l'on peut assimiler à un refus de l'image, et qui traverse toutes les époques, est venu avec l'Action Painting qui, et son nom l'indique, chercha de façon éperdue à rendre le temps à la peinture, à la faire basculer hors de l'arrêt et du temps suspendu, pour faire du tableau le pur champ d'inscription d'un devenir. Mais de cette action, que l'Action Painting exalte, on peut lire les signes avant-coureurs tout au long de l'histoire de l'art. Pourtant, malgré cette tendance au débordement, la peinture a continû-ment assuré la transmission des images, elle a même été pendant des siècles et des siècles leur site de déposition presque exclusif. Départager dans cette longue his-toire les artistes plutôt mimétiques et ceux qui sont plutôt picturaux, ceux qui s'insurgent contre la sur-face et ceux qui en acceptent le silence, serait assez vain, d'autant plus que chez la plupart d'entre eux les deux aspects se côtoient et parfois même se combattent. Mais ce que l'on doit retenir malgré tout, c'est, tout du long, une endurance ou une résistance de l'image. Sans doute subit-elle des variations, en rapport avec les tendances épocales, les styles propres à chaque peintre et aussi avec les moyens techniques dont ils disposent, mais elle répond d'abord à l'exercice continu de cette propension à l'imitation qui est en nous, ainsi qu'Aristote l'avait déjà pointé dans sa Poétique, propension à partir de laquelle Aloïs Riegl for-

gera le concept, toujours parlant et utile je crois, de Nachahmungstrieb, ou pulsion d'imitation.En tout cas il est des tableaux bien antérieurs à la photographie et qui cherchent, en tant qu'ils se connaissent comme images fixes, à capter quelque chose comme ce qui sera plus tard appelé l'instantané. Je pense à l'un de ceux qui m'a tant frappé à cet égard, et il y a si longtemps, alors que je découvrais la Scuola degli Schiavoni à Venise. C'est l'une des séquences de la suite

narrative de saint Jérôme, celle où le saint entre dans le monastère avec le lion apprivoisé à ses côtés, et qui montre, dans un élan brusquement stoppé qui ressemble à une sorte d'envol, les autres moines en train de s'enfuir. Ici, il s'agit de l'inscrip-tion de la légende chrétienne et du moteur que l'historia, telle que l'a définie Alberti, aura été pour l'image. Mais ce qui est frappant, c'est de voir intervenir ce même pouvoir de stoppage et d'immobi-lisation, très loin de là et hors de la légende comme de la narration, par exemple dans un tableau de Caillebotte intitulé L’Yerres, effet de pluie, qui date de 1875, c'est-à-dire, notons-le, d'un temps où la photo-graphie était déjà lancée et où il est possible que son influence se soit exercée, suggérant à la peinture une autre voie d'imagement. Je vois le premier ce que ce rappro-chement a de brusque, mais juste-ment il le faut, pour que l'idée de saut hors du temps ou de coupe dans le temps soit précisée : dans un cas comme dans l'autre (et je pourrais les multiplier à l'infini, il ne s'agit aucunement d'exceptions)

le même arrêt saisit, à chaque fois le monde est intercepté dans le sus-pens d'une césure qui n'aura plus de fin. Les moines s'enfuient, la pluie rebondit et forme des ondes, ce qui appartient à la fable comme ce qui a trait à une réalité rejointe bascule dans une autre durée, qui n'est plus celle du vivant, celle de ce qui vit puis meurt, celle des êtres et des phénomènes – mais celle d'une sorte d'éternisation qui comporte quelque chose d'étrange et même, si on l'oublie, d'inquiétant. Telle est l'image fixe et c'est comme telle, immobile, qu'elle ne peut être parlante, qu'elle se tait : au langage il faut la durée, l'image-mouvement aura pu être facilement rejointe par le langage – un raccord technique a suffi – mais à l'image fixe le son est coupé : sauter hors du cours du temps c'est plonger dans le silence et s’y tenir, et cela a pu être revendi-qué avec orgueil par les peintres. À côté d'une peinture qui se sera vou-lue éloquente et sur laquelle pla-nait, via la problématique du tout et des parties, la menace d'un discours alignant les situations d'images sur des logiques d'articulation, il y aura eu la conscience assez nette d'un entêtement silencieux, la sentence qui vient ici frapper étant celle de Nicolas Poussin disant dans une lettre où il s'excuse de ne pas savoir bien l'écrire « moi, qui fais profes-sion des choses muettes » (lettre à M. des Noyers, Rome, 20 février 1639). Or c'est justement cette double caractéristique de l'image qui, je crois, forme en avant de l'écriture, un appel, peut-être un défi. C'est à ce silence et à cette im-mobilité que l'on répond, non pour les combler ou les abolir, mais pour essayer de comprendre ce qui avec eux, en eux, se tient en retrait.

Jean-Christophe Bailly

Writing about pictures (extrait d'une conférence donnée aux États-Unis), in Hippocampe n° 7, avril 2012

Sauter hors du cours du temps

c'est plonger dans le silence

et s'y tenir

Il n'est aucune image qui ne soit en vérité

autre chose qu'un arrêt

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Mardi 3 décembre 2013 19h30 - MAdrId

Auditorio Nacional de Música

Antón GArcÍA ABrILCuarteto de agrippapour clarinette, violon, violoncelle et pianoBéla BArTÓKContrastespour clarinette, violon et pianoOlivier MeSSIAenQuatuor pour la fin du Tempspour clarinette, violon, violoncelle et piano

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations :www.auditorionacional.mcu.es

Samedi 14 décembre 2013 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Gérard GrISeY

eSPAceS AcOuSTIqueS

Prologuepour alto

Périodespour 7 instruments

Partielspour 18 musiciens

Modulationspour 33 musiciens

Transitoirespour grand orchestre

Epiloguepour 4 cors et grand orchestre

Jens McManama, corJean-Christophe Vervoitte, cor Vincent Léonard, corPierre Turpin, cor Grégoire Simon, altoOrchestre du Conservatoire de ParisEnsemble intercontemporainLothar Koenigs, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique et Conservatoire de Paris

Tarifs : 18 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réduction Réservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Mardi 17 décembre 2013 20h30 - OrLéAnS

Scène nationale d’Orléans, salle Vitez

György KurTÁG Hommage à R. Sch., op. 15d, pour clarinette, alto et piano Signes, Jeux et Messages (extraits)

Johann Sebastian BAch Extraits transcrits de la Cantate BWV 106, de la Sonate en trio BWV 527, de la Suite anglaise BWV 807, de la Suite française BWV 806, des Chorals et préludes pour orgue BWV 659 et BWV 734, du Clavierübung BWV 684 et de l’Orgelbüchlein BWV 599-644

Solistes de l’Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations : www.scenenationaledorleans.fr

Samedi 11 janvier 2014 14h15 - AMSTerdAM

Concertgebouw ZaterdagMatinee

Luigi dALLAPIccOLAPiccola musica notturnapour ensemble de chambreBruno MAdernASerenata n°2pour 11 instrumentsArnold SchÖnBerGLied der Waldtaube extrait des Gurreliederpour mezzo-soprano et 17 instrumentistesYves chAurISUn minimum de monde visible pour ensemble de 24 musicienscommande Ensemble intercontemporaincréation mondialeGustav MAhLerLieder eines fahrenden Gesellen (transcription A. Schönberg) pour voix et ensemble

Susan Graham, mezzo-sopranoEnsemble intercontemporainPablo heras-casado, direction

Renseignements et réservations :ntrzaterdagmatinee.radio4.nl

Mardi 14 janvier 2014 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concertsMême programme que le 11 janvier

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarifs : 25 € ou 20 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Jeudi 16 janvier 2014 20h - AnVerS

de Singel-Blauwe Zaal Même programme que le 11 janvier

Renseignements et réservations :www.desingel.be

Jorinde Voigt Nexus IV (Berlin IV)

2011Courtesy de l’artiste

Page 12: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

suite programmation

Pour ce deuxième week-end de « Turbulences » avec l’Ensemble j’ai imaginé un programme aux multiples correspondances entre les arts, les époques et les styles.

Création et histoire dialogueront, révélant leur relation fertile par-delà les siècles. Le voyage d’hiver proposé comme première destination musicale de ce week-end est un projet qui me tient particulièrement à cœur car il illustre remarquablement l’interaction entre la musique et d’autres formes d’art. C’est d’ailleurs l’un des axes majeurs de mon projet en tant que nouveau directeur musical de l’Ensemble. Une « nouvelle direction » en matière de programmation. Le voyage d’hiver, c’est un rêve qui est devenu réalité. De grands artistes comme le compositeur Mark Andre, le metteur en scène Johan Simons et le plas-ticien belge Michaël Borremans ont tous accepté de rejoindre le projet pour créer ensemble un nouveau « Gesamtkunstwerk » autour du chef-d’œuvre de Schubert. Les peintures de Borremans s’inscrivent dans la lignée de la tradition flamande de Breughel, Bosch mais aussi de Magritte ou Maeterlinck. Elles ouvrent des espaces oniriques, irréels, à l’atmosphère mélancolique. Ces espaces imaginaires sont comme des décors de théâtre, occupés par des personnages souvent solitaires, en quête de sens. L’affinité de Borremans avec l’univers de Schubert est évidente. Johan Simons cultive lui aussi un intérêt pour Schubert. Le prestigieux Münchner Kammerspiele dont il assure la direction a présenté Winterreise d’Elfride Jelinek, une création théâtrale dont le personnage romantique du Wanderer constitue le point de départ. À la demande de l’Ensemble le compositeur Mark Andre a créé des composi-tions originales qui agiront comme autant d’échos contemporains au cycle de lieder. Ce projet passionnant est réellement exemplaire de cette relation dynamique entre le répertoire et la créa-tion. Je suis particulièrement curieux de découvrir la façon dont les solistes s’empareront des uni-vers musicaux de Schubert ou de Mozart, durant le concert de dimanche.

Ce week-end, comme les deux autres, sera égale-ment l’occasion de tenter avec vous de nouvelles formes de concerts. Je dis bien tenter, pour insister sur cette dimension de nouvelles expériences au-tour de la musique qui nous réunit. « Vous qui mar-chez, il n'y a pas de chemins, il n'y a qu'à marcher », disait le compositeur italien Luigi Nono. L’Ensemble est reconnu pour la cohérence dramaturgique de ses programmes de concert. Ce socle solide permet plus que jamais à l’Ensemble de prendre de nou-velles directions. Le « Grand Soir » de samedi nous fera ainsi franchir les frontières du concert traditionnel. Le menu de cette soirée comprendra un exceptionnel assorti-ment de mets musicaux avec comme fil conduc-teur les liens vivants entre le passé et le présent : Giovanni Gabrieli rencontrera Marco Stroppa, Charles Ives ou John Cage ; Robert Schumann dia-loguera d’égal à égal avec Anton Webern ; Karol Szymanowski répondra à Igor Stravinsky, Maurice Ravel, Bernd Alois Zimmermann et Mauricio Kagel.Comme dans le Symposion de l’antiquité grecque je vous invite bien sûr à profiter de ce programme ex-ceptionnel mais aussi à vous rencontrer, à converser autour d’un verre, avec les musiciens et moi-même. Vous laisser surprendre aussi par des happenings musicaux pendant les entractes.Dimanche, le percutant Tutuguri de Wolfgang Rihm, composé d’après Le rite du soleil noir d’Antonin Artaud, côtoiera une œuvre remarquable d’énergie et d’équilibre, la Sérénade pour instruments à vent, d’un autre Wolfgang, de plus de deux siècles son aîné, Mozart.L’Ensemble intercontemporain n’est pas simple-ment un « orchestre de musique nouvelle ». C’est un groupe de personnalités réunies par un même projet musical. Celui de faire vivre et de partager avec vous la musique d’hier, d’aujourd’hui et de demain avec une exigence de programmation et de qualité d’interprétation toujours renouvelée. Je rejoins aujourd’hui cette belle aventure commencée il y a trente-cinq ans. J’espère avec ce week-end en votre compagnie éveiller vos papilles musicales en vous donnant un avant-goût des prochaines saisons.

Propos recueillis par Jan Vandenhouwe, conseiller artistique pour les Week-ends Turbulences.

WEEK-END TURBULENCESNouvelle(s) direction(s) avec Matthias Pintscher

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programme du week-end : double-page suivante

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Dimanche 9 février 201415h - PArIS

Cité de la musique, rue musicale Avant-concert surpriseanimé par Clément Lebrunaccès libre

16h30 - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Pierre BOuLeZMessagesquissepour violoncelle solo et 6 violoncelles*Wolfgang rIhMTutuguri VI (Kreuze)**pour 6 percussionnistes* Wolfgang Amadeus MOZArTSérénade KV 361 « Gran Partita »pour 13 instruments à vent

Éric-Maria Couturier, violoncelle*Élèves des classes de percussion et de violoncelle du Conservatoire de ParisEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction **Michel cerutti, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique et Conservatoire deParis

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Vendredi 7 février 201420h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Le VOYAGe d'hIVer

Franz SchuBerTWinterreise, D 911 pour voix et piano Mark Andre AZ. « Interstices » pour Winterreise de Franz Schubert pour ensemble

création mondialecommande Ensemble intercontemporain

Johan Simons, mise en scèneMichaël Borremans, décorsJan Vandenhouwe, dramaturgieGeorg Nigl, barytonAndreas Staier, pianoEnsemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Musiktheater Transparant, Klara Festival

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Samedi 8 février 2014 17h30 - PArIS

Cité de la musique, amphithéâtre

CONFÉRENCE - CONCERT

« Musique et Arts plastiques » Michaël BOrreMAnS, artiste plasticienMatthias PInTScher, compositeurJan Vandenhouwe, médiateurMatthias PInTScherShining Forthpour trompette Soliste de l’Ensemble intercontemporain

Entrée libre sur réservation

Samedi 8 février 2014 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

LE GRAND SOIR

PreMIère PArTIe

robert SchuMAnn Kinderszenen, op. 15 pour piano Anton WeBernQuatre Lieder, op. 13pour soprano et ensembleCinq Lieder spirituels, op. 15pour soprano et ensembleGiacinto SceLSIAnahit. Poème lyrique dédié à Vénuspour violon et 18 instrumentsMatthias PInTScherStudy III for Treatise on the Veilpour violon

---------------- entracte ---------------

deuXIèMe PArTIe

Igor STrAVInSKYFanfare for a New Theatrepour deux trompettesMaurice rAVeLTrois Poèmes de Stéphane Mallarmé pour voix et ensembleBernd Alois ZIMMerMAnnSonatepour altoKarol SZYMAnOWSKISlopiewnie. 5 mélodies op. 46b pour soprano et ensembleMauricio KAGeLDie Stücke der Windrose : WestenDie Stücke der Windrose : Ostenpour orchestre de salon

---------------- entracte ---------------

TrOISIèMe PArTIe

Marco STrOPPAgla-dya. Études sur les rayonnements jumeauxpour deux corsGiovanni GABrIeLISonata pian' e forte, Ch 175John cAGeSeven Haikupour pianoMarc GArcIA VITOrIANouvelle œuvrepour ensemblecréation mondialecommande de l’Etatcharles IVeSThe Unanswered Questionpour petit ensemble

Marisol Montalvo, sopranoDiana Axentii, mezzo-sopranoOdile Auboin, altoHidéki Nagano, pianoHae-Sun Kang, Diégo Tosi, violonsEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Avant, après le concert et pendant les entractes, happenings musicaux par les solistes de l’Ensemble intercontemporain

Tarif : 25 € ou 20 €Forfait Week-end Turbulences : 37 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

WEEK-END TURBULENCESNouvelle(s) direction(s) avec Matthias Pintscher

suite du programme

Avec le soutien du fonds franco-allemand pour la musique contemporaine / Impuls neue Musik

Philippe Ramette Socles à réflexion (utilisation)

1989-2002Photographie couleur

150 x 120 cmPhotographe : Alain Ramette

©Philippe Ramette – ADAGP, Paris 2013.Courtesy Galerie Xippas

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Textes sur les concerts, vidéos et extraits musicaux sur www.weekendturbulences.com

Page 14: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Hommes et femmes, œuvres, fragments, images, le romantisme allemand se disperse à l’infini, et cette dispersion est son espace : à l’intérieur le mouvement brownien des individus, à l’exté-rieur un grand silence, celui qui suit l’orage ou qui précède la nuit. Mais il s’agit de notre silence, de notre nuit, et plus loin, de nos forêts et de nos îles. Les mots ne se bloquent pas dans l’histoire, et l’énergie de la pensée ne s’épuise pas avec le temps. L’éternité explose dans l'instant, au détour d’un sentier ou d’une route, c’est une main qui touche l'eau, un pay-sage surgi en trombe, une île comme une faux sur la mer ; le romantisme allemand, situable dans le temps, dans l’espace aussi, n’est que la cristallisation d’un courant qui traverse la durée jusqu’à nous, et beaucoup plus loin. Vers l’avant, tournés vers l’aube comme la silhouette de femme du tableau de Friedrich qui accueille la lumière du matin en lui ouvrant les bras, c’est ainsi qu'il faut lire la légende dispersée du romantisme allemand. Dès lors, l'usage des signes se confond au présent comme l’ombre joue avec la lumière, et tout roule dans notre sang. En me rendant en Allemagne, je n’étais pas venu naïvement chercher les traces des romantiques, et je m’attendais plutôt à mar-cher somnambuliquement dans leur absence, entre les hauts murs de la technologie et les vitrines. À Heidelberg pourtant, lorsqu’on re-garde la ville et le Neckar depuis la terrasse du château où Caroline de Günderode rencontra le pâle Creuzer, il ne faut pas un grand effort pour imaginer sa silhouette devant les arbres roux, même au milieu d’un groupe de touristes japonais posant pour des photographies tou-jours plus dérisoires, et lorsque, assis sur l’autre rive, sur un banc du Chemin des Philosophes,

on regarde la ville, le château et l'eau si calme, si sombre, du Neckar, rien n’arrive d’autre que l’égarement de se trouver là, seul au milieu d'un jardin en pente traversé de familles alle-mandes, dans un décor où le drame a changé,

mais non la perspective. Au fil de ce fleuve comme au fil du Rhin où il se jette, au fil de toutes les eaux qui courent sur la terre l’esprit est prêt à glisser, à laisser monter

en lui un chant qu’il croyait aboli. Le regard comme la respiration, l’immobilité comme le mouvement, tout, en nous, le sait : la pensée n’est pas une direction prise mais un point de départ infini qui se déplace le long du temps et qui tantôt rencontre des objets, tantôt ne rencontre rien. Suivre les mouvements de ce point, n’être qu’eux, les vivre dans le cristal de l’instant, tomber de haut avec eux, aller très loin, cela ne me semble pas seulement pos-sible, mais nécessaire, c’est la clarté du jour qui vient. Comment était cette clarté lorsque d’autres hommes la virent venir vers eux, c’est ce qu’il ne m’appartient pas de dire, mais je sais que ce qui est venu en Allemagne entre 1795 et 1810 c’était cela, cette évidence de la vie où tout s’anime et devient parcours. Dès lors une incursion dans ces eaux ne peut plus être un détour, elle ramène chacun à son axe, à ses miroirs, aux respirations confondues de son corps et de sa pensée.

Jean-Christophe Bailly

Texte extrait de La légende dispersée, publié aux éditions Christian Bourgois en 2001 dans la collection « Détroits », dirigée par Jean-Christophe Bailly , Michel Deutsch et Philippe Lacoue-Labarthe.

La pensée n'est pas une direction prise

mais un point de départ infini qui se déplace le long du temps

DU ROMANTISME ALLEMAND

Olivo Barbieri Dolomites Project

2010Courtesy Yancey Richardson Gallery New York

©Olivo Barbieri

Page 15: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Jeudi 13 février 2014 20h - rOuen

Opéra de Rouen Haute-Normandie

MeTrOPOLIS

film de Fritz LAnG nouvelle version restaurée Martin MATALOn, musique

Christophe de Coudenhove*, Autau Tanaka*, Max Bruckert**Réalisation informatique musicale Ircam* et Grame**Frédéric Prin, régie sonore

Ensemble intercontemporainMartin Matalon, direction

Renseignements et réservations :www.operaderouen.fr

Samedi 22 février 2014 20h - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux

Luigi dALLAPIccOLA Piccola musica notturnapour ensemble de chambreGyörgy LIGeTIConcerto pour piano et orchestreYves chAurISUn minimum de monde visible pour ensemble de 24 musiciensArnold SchÖnBerGSymphonie de chambre, op. 9pour 15 instruments

Hidéki Nagano, pianoEnsemble intercontemporainPablo heras-casado, direction

Renseignements et réservations :www.opera-bordeaux.com

Mardi 4, mercredi 5 vendredi 7 et samedi 8 mars 2014 20h30 - PArIS

Théâtre des Bouffes du Nord

Te crAIndre en TOn ABSence

hèctor PArrA, musique Marie ndIAYe, texte Georges LAVAudAnT, mise en scène et lumières Jean-Pierre VerGIer, scénographie et costumes

Commande Ensemble intercontemporain, Ircam-Centre Pompidou, Théâtre des Bouffes du Nord création mondiale

Thomas Goepfer, réalisation informatique musicale Ircam

Astrid Bas, récitante Ensemble intercontemporain Julien Leroy, direction

production : C.I.C.T. Théâtre des Bouffes du Nordcoproduction Ensemble intercontemporain,Ircam-Centre Pompidou, Opéra Théâtre deSaint-Étienne, LG Théâtre, Grec-Festivalde Barcelona

Tarifs : de 14 € à 28 € selon les catégories et les réductions Réservations 01 46 07 34 50 www.bouffesdunord.com

Mercredi 5 et jeudi 6 mars 2014 20h - PArIS

Opéra national de Paris, Amphithéâtre Bastille

Igor STrAVInSKY

hISTOIre du SOLdAT

Jacques Bonnaffé, récitant Ensemble intercontemporain Marius Stieghorst, direction

Tarif plein : 25 € Tarif groupe : 16 € Tarif jeunes : 10 €

Pour les réservations : - www.operadeparis.fr - 08 92 89 90 90 (0,34 € TTC/min hors coût éventuel selon opérateur) ou au +33 1 71 25 24 23 depuis l'étranger, du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi jusqu'à 13h - Aux guichets du Palais Garnier et de l'Opéra Bastille

Samedi 15 mars 2014 11h - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux

Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGe

Solistes de l’Ensemble intercontemporain Clément Lebrun, présentation

Michaël Borremans Automat (I)

80,0 x 60,0 cm / oil on canvas2008

Photographie : Peter CoxCourtesy Zeno X Gallery, Antwerp (BE)

Page 16: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Il fut un temps où je suppliais qu’on ne rie pas de moiun autre encore où je criais qu’on ne fasse pas de moi une femme ridiculequ’on ne m’offense qu’on ne me froisse car ma fierté est fragileet si tendre et si peu assuré mon orgueilque bien souvent il s’ignore foulé pour rienque je ne sois pas le sujetde plaisanteries étrangesque je demeure obscure tenue dans le respect indifférentj’implorais souriante et tout entière tournée vers mon coeur tracassiergrisé enivré de modestieet d’humilité diaboliquej’étais souriante et inquiète et bien à l’aisepréoccupée de vaines prières d’adjurations silencieusespour que soit toujours tenue loin de la dérision ma personne innocenteil fut un temps où j’étais ainsioù le pire malheur avait la figure du sarcasmeoh on craint les quolibets quand on se prend pour un être considérableet les yeux sont à l’affût l’humeur est sombre le front s’empourprepour si peumais voilà qu’une route sévère déroule ses kilomètres de goudronma jeunesse est passée et nul je crois n’a jamais songéà voir en moi une femme extravaganteet je n’ai fait rire personne de mon visage raisonnable de mes lèvres circonspectesmais voilà qu’au pays natal une mère se meurtil n’y avait donc pas de pire chagrin qu’un bon mot incompris de pire douleur que celle de se croire moquée ?la route avance toute droite entre blés maïs avoine betteraveà sucreet les riches cathédrales des silos de bétonet les nuées sont lourdes et noires dans cette contrée de labeurle ciel trop ample sur la terre travailléevoilà qu’une mère se meurt doucement là-basau bout de la route austère finis les coquelicots les bleuetsau pied du vieux château d’eau des années où j’étais bienoù j’étais désinvolte et petite encore dans des robes ceinturées

et pareille à ma soeur ma chérie que n’aura pas sauvée l’amourque lui portaient les pigeons ramiers les poules dans leur encloset les pauvres lapins clapiers étroitsnotre mère s’éteint sans rien savoirnos bêtes aimaient d’un amour insenséla main de ma soeur qui les nourrissait et ma soeur elle-mêmefaite à leur imagecomme elles respirant souffrant d’un tout petit coeur candideet si fine la cage de leurs osses jambes comme des tiges sa taille nouée par la ceintureà carreauxelle ne sait rien dans cette maison glaciale où elle se meurt esseuléenotre mère parmi d’autres vieillards innombrablessoumis peureux lèvres entrouvertessuppliantes et muettesterribles ils étaient dans leur cour bien rangéecomme ils semblaient dursd’un bleu de verre leur oeil intolérantprinciers orgueilleux sur le siège élevédu tracteurma soeur ma soeur ma soeuron les regardait passer dans la crainte qu’ils abaissentsur nos têtes minuscules leur regard très froid très dédaigneuxvers où se hâtent-ils maintenantc’est vers le réfectoire qu’ils jouent des coudesoh quelle importance ma soeur n’est plus et notre mère se meurtlà-bas sans rien savoirau-delà du château d’eau qui ne se souvient pasde nos jambes maigres hardies dans les champs de moutardedes bêtes pareilles à nouselles étaient faites à notre image mangeaient dans nos mains tendresà notre ressemblanceelles nous auraient mangées et savourées tout comme nousdévorions savourions leur chair délectable à notre imagemais si âpre encore est la route et le passé m’égare parce qu’il est douxet que peut-il m’enseigner que je ne sache déjànous avions appris que la vie est rude mais rude comment et de quoi

[serions-nousrécompenséesde quels vertiges de quelles vertusj’étais une femme mignonne qui ne se jouait de personne

qui fait du passé morne une douceur du triste horizon un lointain convoiténotre mère dans l’innocence de sa mort la virginité de son âge si vieuxne nous fera plus reprochedes robes salies ceintures défaites mollets saignantsdes mains crasseuses jamais les bêtesne se sont détournéesqu’as-tu fait de ta vie ma fillenotre mère se meurt là-bas mais son éternelle immortelle inquiétudeles enfants ne sont pas mis au monde pour être à la semblance des bêtesapeurés et soumis et trop aimantset chatouillant de leurs lèvres avides la main qui les nourritles tuerane sont mis au monde que pour connaître comme la vie est rudepensait notre mère dans l’innocence d’une vie âpre l’étrange puretéd’un coeur élémentairepourquoi toujours ces tabliers fleuris de vieille femmeen congé de tout amour au repos déjàquand elle était belle encore et jeune encoretrouvera-t-elle là-bas plus sûr reposce n’est pas en tablier fleuri qu’elle entreraau lieu de sa grande solitude mais dans une robe de souverainechoisie par moi mes mains tendres mon coeur compliquéruisselant d’amouroh mon dur coin de Francel’Allemagne n’a pas le blé le maïs l’avoineà perte de vue sous le ciel noirni les églises de ciment ni les femmes jeuneset belles peut-être en tablier fleuri ni les bêtes ni l’amourruisselantque pourrai-je jamais savoir du Brandebourgoù ma gorge jamais ne se pince mon enfance n’y reconnaît rien

[et nulle bêtene se souvient nul château d’eau ne se souvientà ma ressemblance rien n’est créé rien ne chuchotele doux prénom de ma soeuret les mères ne se meurent pas dans le Brandebourgnulle fille d’Allemagne ne roule sur une route toute droite entre les troncspenchés plissés des marronniersmon oeil est noir nulle fille d’Allemagne ne portera à sa mèrel’étrange présent que je porte à la nôtre

leur coeur lourd peut s’épancher et tombante est leur paupièreoù pourrait se mourir ailleurs une mère dans l’ignoranceau milieu des princes aux petits pas comptésvers le friand des grands jours la compote délectableavant la fin il faut que je lui dise que les bleuets les coquelicotsest-ce de cela qu’il s’agit d’un pourpre jamais connu seront ses lèvres et sa robe merveilleuseelle n’en eut jamais de telle offerte par moini par quiconque époux morose filles lointaines bêtes indifférentesaux robes d’agoniesans un cri les lapins s’en allaientl’oeil, weg ! la peau, weg !un bas brusquement ôté de la chair tièdele sang ruisselle l’amour ruisselleun chien dévore les entrailles et l’oeil oubliéavant la fin je dois lui dire que les bêtesont dévoré ma soeur coquelicots bleuets pâquerettes braves

[vaillant mouronsur le bord des champs utilesmais non mère il ne s’agit pas de celace que j’avais gardé tu dois l’apprendre avant de t’en allervers où ?il sera rude comment ce nouveau mondeil t’accueillera comment dans ta robe pourpretes bras lourds de présentssuperflusta candeur de femme vieille et belle encoretoute faute oubliée- franchir autant d’années longues et âpresabolit tous les crimes et te voilà chaste et netteet désarmante et grave comme au jour de ta naissanceoh tous ces amants que j’ai eusplus d’hommes que tu n’en as vus jamaisdans les rues du village sur les sièges haut perchés des tracteurs majestueuxtous ces amants et pas un dont l’amour encoreruisselleje suis honnête et magnanime et pas aimée d’amourvainement mon sang ruisselle

Marie NDiaye

Te craindre en ton absenceDu 4 au 8 mars 2014, le Théâtre des Bouffes du Nord présentera Te craindre en ton absence, une création du compositeur Hèctor Parra sur un texte inédit de Marie NDiaye dont voici les premières pages.

Page 17: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Jeudi 20 mars 2014 MOnAcO - horaire à déterminer

Salle à déterminer Printemps des Arts de Monte-Carlo

Karlheinz STOcKhAuSen

MOMenTe

Europa Version 1972pour soprano, 4 groupes choraux et 13 instrumentistes

Thierry Coduys, projection du son

Julia Bauer, sopranoWDR Rundfunkchor KölnEnsemble intercontemporainPeter eötvös, direction

Renseignements et réservations :www.printempsdesarts.com

Samedi 22 mars 2014 20h - cOLOGne

Philharmonie

Karlheinz STOcKhAuSen

MOMenTe

Europa Version 1972pour soprano, 4 groupes choraux et 13 instrumentistes

Thierry Coduys, projection du son

Julia Bauer, sopranoWDR Rundfunkchor KölnEnsemble intercontemporainPeter eötvös, direction

Renseignements et réservations :www.koelner-philharmonie.de

Samedi 22 mars 2014 20h - BruXeLLeS

Bozar, salle Henri Le Bœuf Klara Festival

Le VOYAGe d'hIVer

Franz SchuBerTWinterreise, D 911 pour voix et piano Mark Andre AZ. « Interstices » pour Winterreise de Franz Schubert pour ensemble

Johan Simons, mise en scèneMichaël Borremans, décorsJan Vandenhouwe, dramaturgieGeorg Nigl, barytonAndreas Staier, pianoEnsemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Musiktheater Transparant, Klara Festival

Renseignements et réservations :www.klarafestival.be/fr

Mardi 25 mars 2014 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Karlheinz STOcKhAuSen

MOMenTe

Europa Version 1972pour soprano, 4 groupes choraux et 13 instrumentistes

Thierry Coduys, projection du son

Julia Bauer, sopranoWDR Rundfunkchor KölnEnsemble intercontemporainPeter eötvös, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarifs : 25 € ou 20 € Formules d'abonnements de 15 à 40% de réduction Réservations : 01 44 84 44 84 www.citedelamusique.fr

Michaël Borremans Winterreiser

2013Encre lavée

Courtesy Zeno X Gallery, Antwerp (BE)

Page 18: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

Le temps de ce troisième week-end de« Turbulences », je vous invite à sortir du cadre traditionneldu concert. Dans un esprit de fête musicale, liberté et créativité seront à l’œuvre tant dans le programme, éclatant et virtuose, que dans le choix des espaces de jeu. Lorsque l'Ensemble m'a sollicité pour ce week-end au cours duquel la tension féconde entre solistes et ensemble, entre individu et groupe jouerait un rôle central, j'ai aussitôt eu l'idée de concevoir un programme sur la relation entre musique pour ensemble et musique de chambre. Vendredi, une place particulière sera ainsi largement réservée au concerto de chambre, devenu depuis Alban Berg un genre musical à part entière. Depuis le célèbre Kammerkonzert d'Alban Berg et le Concerto pour neuf instruments d'Anton Webern, ce genre a offert à des compositeurs comme György Ligeti ou moi-même la possibilité de formuler des idées musicales complexes et riches en toute clarté et transparence, mais aussi de tirer pleinement profit de la virtuosité de chaque musicien d'un ensemble. Samedi, ce sera le « Grand Soir » avec un programme qui révélera toutes les qualités d’interprétation des solistes, seuls en scène ou au sein de l’Ensemble. Cette soirée « nomade » vous transportera dans dif-férents espaces de la Cité de la musique : salle des concerts et amphithéâtre bien sûr, mais aussi Musée de la musique et rue musicale. C’est tout un par-cours musical qui est proposé, entre individualité et désindividualisation, de la New Complexity de Cassandra’s Dream Song pour flûte solo de Brian Ferneyhough au rituel de groupe quasi tribal de

la musique minimaliste de Steve Reich avec Music for 18 Musicians. Entre ces deux extrêmes, nous assisterons à la création de nouvelles œuvres : un concerto pour hautbois du jeune compositeur alle-mand Johannes Boris Borowski, et une pièce pour percussions de Raphaël Cendo. Cette soirée hors normes sera précédée d’une ren-contre avec Michel Maffesoli, sociologue, auteur du Temps des tribus et d’Éloge de la raison sensible, qui questionnera l’évolution du sentiment d’apparte-nance de l’individu à la société. Un thème bien illus-tré par la création de Totalsolo de Philippe Leroux, une commande de l'Ensemble intercontemporain, que je dirigerai dimanche ainsi que Chemins IV de Luciano Berio et sur Incises de Pierre Boulez, deux œuvres qui reposent chacune sur une œuvre pour instrument solo antérieure dont elles développent le matériau, respectivement la Sequenza VII pour haubois et Incises pour piano.

Propos recueillis par Jan Vandenhouwe, conseiller artistique pour les Week-ends Turbulences.

programme du week-end : double-page suivante

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WEEK-END TURBULENCESAir libre

avec Bruno Mantovani

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Page 19: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

WEEK-END TURBULENCESAir libre

avec Bruno Mantovani

Dimanche 13 avril 2014 15h - PArIS

Cité de la musique, rue musicale

Avant-concert surpriseanimé par Clément Lebrunaccès libre

16h30 - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Pierre BOuLeZIncisespour pianoLuciano BerIOChemins IV (su Sequenza VII)pour hautbois* et 11 cordes Philippe LerOuXTotalsolopour ensemble création mondialecommande Ensemble intercontemporainLuciano BerIOSequenza VIIpour hautbois**Pierre BOuLeZsur Incisespour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions / claviers

*Philippe Grauvogel, **Didier Pateau, hautboisSébastien Vichard, pianoEnsemble intercontemporainBruno Mantovani, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Vendredi 11 avril 2014 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Igor STrAVInSKYTrois Piècespour clarinette*Bruno MAnTOVAnIConcerto de chambre n°2pour 6musiciensPierre BOuLeZAnthèmespour violonGyörgy LIGeTIConcerto de chambrepour 13 instrumentistesPierre BOuLeZDialogue de l’ombre doublepour clarinette**, clarinette enregistrée et piano résonnantBruno MAnTOVAnIConcerto de chambre n° 1pour 17 instruments

Technique Ensemble intercontemporain*Alain Damiens, **Jérôme Comte, clarinettesDiégo Tosi, violonEnsemble intercontemporainBruno Mantovani, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain,Cité de la musique

Tarif : 18 €Forfait Week-end Turbulences : 37 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Samedi 12 avril 2014 17h30 - PArIS

Cité de la musique, amphithéâtre

CONFÉRENCE -CONCERT

« Le sentiment d’appartenance : de la personne au groupe » Michel MAFFeSOLI, sociologue Bruno MAnTOVAnI, compositeurJohn cAGeFivepour 5 musiciensSolistes de l’Ensemble intercontemporain

Entrée libre sur réservation

20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

LE GRAND SOIR

PREMIÈRE PARTIE

Brian FerneYhOuGhCassandra’s Dream Songpour flûteJohannes Boris BOrOWSKIConcerto pour basson et ensemble création mondialecommande Ensemble intercontemporainraphaël cendONouvelle œuvrepour percussionniste seul création mondialecommande Ensemble intercontemporainharrison BIrTWISTLeCortege. A ceremony for 14 Musicians, in memory of Michael Vyner

Emmanuelle Ophèle, flûtePascal Gallois, bassonGilles Durot, percussionEnsemble intercontemporainBruno Mantovani, direction

DEUXIÈME PARTIE

AmphithéâtreRue musicale Musée de la musique

Œuvres d’Alban BERG, Thierry DE MEY, Franco DONATONI, Dai FUJIKURA, György KURTÁG, Bruno MANTOVANI, Anton WEBERN, Isang YUN

TROISIÈME PARTIE

Salle des concerts

Steve reIch Music for 18 Musicians

Synergy VocalsEnsemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarif : 25 € ou 20 €Forfait Week-end Turbulences : 37 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

suite du programme

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Philippe Ramette Sans titre, éloge de la paresse 1 (utilisation)

2000Photographie couleur

150 x 120 cmPhotographe : Marc Domage

©Philippe Ramette – ADAGP, Paris 2013.Courtesy Galerie Xippas

Textes sur les concerts, vidéos et extraits musicaux sur www.weekendturbulences.com

Page 20: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Vendredi 18 avril 2014 20h - PArIS

Auditorium du Louvre

robert SchuMAnnMärchenerzählungen, op. 132pour clarinette, alto et pianoYann rOBInNouvelle œuvre pour clarinette basse, alto et pianocommande du Wigmore Hall, du Musée du Louvre et de l'Ensemble intercontem-porain, avec le soutien de ses donateurscréation mondialeAlban BerGQuatre Pièces, op. 5pour clarinette et pianorobert SchuMAnnMärchenbilder, op. 113 pour alto et pianoGyörgy KurTÁGMessage-consolation à Christian Sutterpour clarinette basseDolorosopour altoKorálpour pianoHommage à R. Sch., op. 15dpour clarinette, alto et piano

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Tarif plein : 14 €Tarif réduit : 11 € Tarif solidarité et jeune : 7 €

Pour les réservations :- Caisse de l’auditorium- Par téléphone au 01 40 20 55 00- En ligne sur fnac.com

Samedi 26 avril 2014 18h - LYOn

Auditorium

MeTrOPOLIS

film de Fritz LAnG nouvelle version restaurée Martin MATALOn, musique

Christophe de Coudenhove*, Autau Tanaka*, Max Bruckert**Réalisation informatique musicale Ircam* et Grame**Frédéric Prin, régie sonore

Ensemble intercontemporainMartin Matalon, direction

Renseignements et réservations :www.auditorium-lyon.com

Dimanche 27 avril 2014 19h30 - LOndreS

Wigmore Hall

robert SchuMAnnMärchenerzählungen, op. 132pour clarinette, alto et pianoYann rOBInNouvelle œuvre pour clarinette basse, alto et pianocommande du Wigmore Hall, du Musée du Louvre et de l'Ensemble intercontem-porain, avec le soutien de ses donateurscréation mondialeAlban BerGQuatre Pièces, op. 5pour clarinette et pianorobert SchuMAnnMärchenbilder, op. 113 pour alto et pianoGyörgy KurTÁGMessage-consolation à Christian Sutterpour clarinette basseDolorosopour altoKorálpour pianoHommage à R. Sch., op. 15dpour clarinette, alto et piano

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations : www.wigmore-hall.org.uk

Stéphane Couturier Melting Power

Halle Power - Usine Alstom - Belfort 2009/2012

©Stéphane Couturier-Galerie Polaris Paris

Page 21: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Les mathématiques sont un processus interactif. Il s'agit d'idées. Une idée, c'est quelque chose de fluide, ça fluctue rapidement.

On réfléchit bien plus vite qu'on n'écrit ou qu'on ne parle. Une idée, c'est un peu comme une vision, une image qui apparaît. Quand on parle avec un collègue mathé-maticien, on peut échanger des idées à un rythme incroyable. Un peu comme un film en accéléré. C'est un va-et-vient incessant. La pensée est beaucoup plus rapide, plus perspicace et profonde que l'esprit. L'écrit et même l'oral sont des formes primitives de com-munication. La pensée est beau-coup plus créative que la parole. La partie créative des mathéma-tiques opère à ce niveau. C'est un échange d'idées, on explore des idées. L'exploration, c'est l'essence même des mathématiques. J'aime me voir comme un explorateur qui découvre un territoire inconnu, de nouveaux sentiers de montagne, des vallées inexplorées… On ne sait pas à quoi s'attendre, ni ce qu'il y a au sommet. On ignore quel est le meilleur chemin. On tente, on explore ceci ou cela. On fait des erreurs. Alors on reprend depuis le début. On demande quel est le meilleur chemin. C'est une véritable exploration. La science et l'art sont une exploration. On tente d'explorer le monde de la nature, mais aussi notre monde intérieur, notre cerveau. Nos points de vue reflètent le monde extérieur, mais pas totalement.Un mathématicien

est comme un peintre. Un artiste ne peint pas ce qui existe, mais ce qu'il voit. Et ce qu'il voit, ce sont des perceptions internes qui cor-respondent plus ou moins à la réa-lité extérieure. Mais pas comme une photo. Ce n'est pas une repro-duction en noir et blanc. C'est une interprétation de ce qu'il voit. C'est la même chose avec les mathéma-tiques. On interprète le monde se-lon nos propres schémas, nos structures, selon les choses qui nous semblent belles et fon-damentales. On essaie de développer une suite d'idées, de théories qui s'articulent ensemble, comme une belle struc-ture architecturale. On les déve-loppe en détail, on en explique les grandes lignes. On les modifie. On avance dans la vie et on change de centres d'intérêt. Un architecte peut commencer par construire de petites structures, et plus tard, élaborer des palais ou de grands monuments. De même, les mathé-maticiens peuvent changer de branche, de style. J'ai commencé par la géométrie, puis je me suis tourné vers la topologie, l'analyse. Et plus tard, je suis devenu phy-sicien. Dans tous ces domaines, on essaie d'utiliser son intuition fondamentale, son imagination. Et bien sûr, la pensée logique. Mais la pensée logique est la structure qui permet à votre vision de se déve-lopper et d'arriver à maturité. La logique n'est pas le processus créa-tif, c'est la structure à l'intérieur de laquelle les choses se développent.Beaucoup de gens pensent que les mathématiques sont une branche de la logique. C'est faux.

Les mathématiques se rapprochent plus de l'art, de la science. C'est une discipline ouverte, d'exploration, qui se développe et fait partie de l'histoire de l'humanité. On crée ces choses-là. Les mathématiques se créent à partir de notre vie, de nos expériences. Mais c'est le cer-veau humain qui les imprègne. C'est un reflet de ce que sont les gens, de ce qu'ils pensent, de ce

qu'ils imaginent, d e c e q u ' i l s rêvent. C'est un processus conti-nu d'interactions entre l'individu et le monde ex-

térieur. Le grand mathématicien allemand Hermann Weyl a dit un jour qu'il consacrait sa vie à la recherche de la vérité et de la beauté. Mais que dans le doute, il choisissait la beauté. Ce qui veut dire que la vérité est une chose que l'on cherche mais que l'on n'atteint jamais. On n'arrive qu'à une vérité partielle. Alors que la beauté est immédiate et personnelle. Quand on voit quelque chose de beau, on sait que c'est beau. C'est certain. La beauté, c'est ce qui nous éclaire, ce qui nous mène dans la bonne direction. On espère qu'en la sui-vant, on atteindra notre objectif. Mais on n'atteint jamais la fin. La vie, comme les mathématiques, est une quête sans fin. On aura disparu bien avant d'arriver au bout de la route.Sir Michael Francis Atiyah, transcription des propos du film : Au bonheur des Maths, de Raymond Depardon et Claudine Nougaret (avec l ’autorisation de Palmeraie et désert édition DVD), réalisé à l’initiative de la Fondation Cartier pour l’art contemporain dans le cadre de l’exposition « Mathématiques, un dépay-sement soudain » présentée à Paris du 21 octobre 2011 au 18 mars 2012

J'aime me voir comme un explorateurqui découvre

un territoire inconnu

Heiko Blankenstein asteroid, 2013

courtesy de l’artiste

La science et l'art : une exploration

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Samedi 24 mai 2014 18h - quIMPer

Théâtre Max-Jacob Festival Sonik

Mauricio KAGeL MM 51pour piano dai FuJIKurAEspour contrebasse Eternal Escapepour violoncelle François SArhAnHome Work II Franco dOnATOnIAlamari pour violoncelle, contrebasse et piano Jacob drucKMAn Valentinepour contrebasse François SArhAnSituations (extraits) Javier ALVAreZTemazcalpour maracas et bande John cAGeMusic for Amplified Toy Pianos

Technique Ensemble intercontemporain Solistes Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations : www.theatre-cornouaille.fr

Du 11 juin au 10 juillet 2014 PArIS

ManiFeste-2014, festival

L’Ensemble intercontemporain sera une nouvelle fois l'ensemble associé de l’Académie ManiFeste organisée par l’Ircam en parallèle au festival du même nom.

Vendredi 16 mai 2014 20h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Wenchen qInThe Sun Shadow VIIIpour piccolo, hautbois, clarinette et percussioncréation françaiseJukka TIenSuuNouvelle œuvrepour sheng et ensemblecommande Ensemble intercontemporaincréation mondialeShuya XuSanpour ensemblePeter eÖTVÖSChinese Operapour ensemble

Wu Wei, shengEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Tarifs : 18 €Formules d'abonnements de 15 à 40% de réductionRéservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

Mercredi 7 mai 2014 cOLOGne - horaire à déterminer

Philharmonie Festival Acht Brücken

György LIGeTIConcerto pour violon et orchestreConcerto pour violoncelle et orchestreMatthias PInTScherBereshitpour grand ensemble

Jeanne-Marie Conquer, violonPierre Strauch, violoncelleEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

Renseignements et réservations :www.achtbruecken.de

Vendredi 9 mai 2014 18h - cOLOGne

Salle à déterminer Festival Acht Brücken

Mauricio KAGeLPas de cinqVinko GLOBOKAr?Corporelpour un percussionniste et son corpsThierry de MeYMusique de tablespour 3 exécutantsLuciano BerIOSequenza XIVpour violoncelleJean-Pierre drOueTLe jardin d'en face

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Renseignements et réservations :www.achtbruecken.de

Liu Bolin Hiding in the City

CN°91, The Great Wall, 2010Courtesy Galerie Paris-Beijing

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Transmettre

TOuT PuBLIc

La musique contemporaine offre un monde riche de sensations, de timbres, de rythmes et de nuances. Autant de découvertes que pro-posent les activités « Tout public ».

AVANT ET APRÈS-CONCERTSLes concerts à Paris sont précédés d’une présentation des œuvres au programme. Accessibles sur réservation (avec le billet pour le concert), ces présentations offrent à chacun l’occasion d’être accompagné dans son expérience de la musique du XXe siècle à aujourd’hui. Certains concerts de la saison sont également suivis d’une rencontre avec les musiciens. Informations pratiques et conditions d’accès sur chaque page concert de notre site internet : www.ensembleinter.com

RéPéTITIONS PubLIquES COmmENTéESCertaines répétitions de concert à Paris et en région sont accessibles au public. Elles font l’objet d’une présentation des œuvres et des compositeurs.

SOLISTES EN bIbLIOThÈquES, EN PARTENARIAT AVEC PARIS bIbLIOThÈquESCes rencontres musicales animées par les solistes de l'Ensemble ont pour but de faire découvrir la musique d’aujourd’hui (parfois en regard avec celle du passé), ses créateurs, ses interprètes, les instruments et leurs modes de jeu, dans un rapport de proximité avec le public.

Calendrier de l'ensemble des activités : www.ensembleinter.com

cOncerTS éducATIFS

Imaginés par les solistes de l’Ensemble avec la collaboration d’auteurs et de metteurs en scène, ces concerts présentent aux enfants, sous une forme ludique et originale, des œuvres du XXe siècle à aujourd’hui ou aident à percevoir le rapport que les œuvres contemporaines entretiennent avec les autres courants musicaux. Ils sont réalisés en partenariat avec le service pédagogique de la Cité de la musique.

Mardi 3 décembre 2013 14h30 - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGe

Concert éducatif scolaire Solistes de l’Ensemble intercontemporain clément Lebrun, présentation Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique Durée : 1h / niveaux conseillés : du CM1 à la 5e

Vendredi 14 mars 2014 14h30 - BOrdeAuX

Auditorium, salle Dutilleux

Le quInTeTTe à VenT, de hAYdn à cAGe

Concert éducatif scolaire Solistes de l’Ensemble intercontemporain clément Lebrun, présentation

Samedi 17 mai 2014 11h - PArIS

Cité de la musique, salle des concerts

Peter eÖTVÖS

chIneSe OPerA

Concert éducatif familleEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionclément Lebrun, présentation

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique Durée : 1h / à partir de 8 ans

Jeune PuBLIc

Transmettre la musique d’aujourd’hui aux plus jeunes, c’est consti-tuer le public de demain. un enjeu décisif au cœur d’activités spécia-lement conçues pour le jeune public.

L’ART POuR gRANdIR Pendant une année scolaire, de septembre à juin 2014, les élèves d’une classe de 5e du collège georges-méliès viendront découvrir le monde musical de l’Ensemble intercontemporain.Ce parcours propose aux élèves de se familiariser avec les lieux de concerts, les œuvres, les métiers de la musique, grâce à la rencontre avec les musiciens, les compositeurs, les chefs d'orchestre, les tech-niciens… une douzaine de rendez-vous auront lieu avec les solistes ainsi qu'avec d'autres professionnels (un écrivain et une graphiste), permettant aux élèves de s’exprimer différemment sur les œuvres musicales. Le professeur de musique sera notre principal partenaire pour la mise en place de ce parcours. Les professeurs de Lettres, d’histoire, d’Arts plastiques et de Technologie seront également im-pliqués dans cette démarche de transmission.En fin d'année scolaire, les élèves seront invités à réaliser un ouvrage collectif rassemblant les différentes étapes de leurs découvertes.

SéANCES JEuNESSE EN bIbLIOThÈquESLes enfants aiment les rencontres directes avec les musiciens. Pour les écouter et découvrir leur instrument bien sûr, mais aussi leur par-ler, les questionner, participer...Les solistes les plus passionnés par la transmission au jeune public conçoivent ces échanges sous une forme très adaptée : autant d’occasions pour les enfants de découvrir des univers musicaux riches en suggestions imaginaires et créatives.

enSeIGnAnTS

« La face cachée de l’orchestre », stage organisé par l’Académie de Créteil : cette année encore, des enseignants de toutes disciplines participeront à trois jours de formation avec trois orchestres, Les Talens Lyriques, l’Orchestre National d’Île-de-France et l’Ensemble intercontemporain. Les spécificités artistiques, pédagogiques et ins-titutionnelles de chacune de ces trois formations seront présentées aux enseignants. Ceux-ci rencontreront les musiciens et les respon-sables de services pédagogiques. Ils découvriront les différents corps de métiers de l’orchestre et participeront à des ateliers pratiques, des répétitions publiques et des conférences. Ils seront présents à la Cité de la musique le 3 décembre 2013 autour du concert éducatif « Le quintette à vent, de haydn à Cage ».

ATeLIerS MuSIcAuX

Par des formes diverses de coaching auprès de futurs professionnels, les solistes contribuent à diffuser la pratique de la musique contem-poraine :

mASTER CLASSES ET ATELIERS INSTRumENTAuX EN CONSERVATOIRES RégIONAuX (PARIS ET PROVINCE) Accompagnés par les solistes, les étudiants des conservatoires découvrent par la pratique les modes de jeu instrumental et le projet d'un compositeur. Ouvert au public.

COAChINg dES éTudIANTS dE L’ORChESTRE du CONSERVATOIRE NATIONAL SuPéRIEuR dE muSIquE ET dE dANSE dE PARIS Ces rencontres pédagogiques animées par les solistes de l'Ensemble s’achèvent chaque année par un concert public à la Cité de la musique. En 2013, il aura lieu le samedi 14 décembre avec Les espaces acoustiques de gérard grisey.

AcAdéMIe du FeSTIVAL de Lucerne

depuis sa création en 2004, les solistes de l’Ensemble intercontem-porain participent aux sessions de l’Académie du Festival de Lucerne, dont la direction artistique a été confiée à Pierre boulez. Internatio-nalement réputés pour leur expérience pédagogique, ils contribuent à la formation de jeunes musiciens de l’orchestre en conseillant leur travail d’interprétation.Contact : dominik deuber, directeur / LuCERNE FESTIVAL ACAdEmY / hirschmattstrasse 13 | Postfach Ch-6002 Luzern / Tél. +41 (0)41 226 44 47/49 / Fax +41 (0)41 226 44 60 / [email protected]

MAnIFeSTe-2014, FeSTIVAL

L’Ensemble intercontemporain sera une nouvelle fois l'ensemble associé de l’Académie ManiFeste organisée par l’Ircam en parallèle au festival du même nom en juin 2014.

Page 24: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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L’Ensemble intercontemporain

Créé par Pierre boulez en 1976 avec l’appui de michel guy (alors secrétaire d’état à la Culture) et la collaboration de Nicholas Snowman, l’Ensemble intercontemporain réunit trente et un solistes partageant une même passion pour la musique du XXe siècle à aujourd’hui.Constitués en groupe permanent, ils participent aux missions de diffusion, de transmission et de création fixées dans les statuts de l’Ensemble. Pla-cés sous la direction musicale du compositeur et chef d’orchestre matthias Pintscher à partir de la saison 2013-14 (succédant ainsi à Susanna mälkki, directrice musicale de 2006 à 2013), ils collaborent, au côté des composi-teurs, à l’exploration des techniques instrumentales ainsi qu’à des projets associant musique, danse, théâtre, cinéma, vidéo et arts plastiques. Chaque année, l’Ensemble commande et joue de nouvelles œuvres, qui viennent enrichir son répertoire et s’ajouter aux chefs-d’œuvre du XXe siècle. En collaboration avec l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/musique (IRCAm), l’Ensemble intercontemporain participe à des projets incluant des nouvelles techniques de génération du son. Les spectacles musicaux pour le jeune public, les activités de formation des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compositeurs ainsi que les nombreuses actions de sensibilisation des publics, traduisent un engage-ment profond et internationalement reconnu au service de la transmission et de l’éducation musicale.

depuis 2004, les solistes de l’Ensemble participent en tant que tuteurs à la Lucerne Festival Academy, session annuelle de formation de plusieurs semaines pour des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et composi-teurs du monde entier.En résidence à la Cité de la musique (Paris) depuis 1995, l’Ensemble se produit et enregistre en France et à l’étranger où il est invité par de grands festivals internationaux. Financé par le ministère de la Culture et de la Communication, l’Ensemble reçoit également le soutien de la Ville de Paris. L’Ensemble intercontemporain a été reconnu « Ambassadeur culturel européen » en 2012 par la Commission Européenne.

Composition et direction d’orchestre : dans l’es-prit de matthias Pintscher, ces deux domaines d’activité sont totalement complémentaires. « ma réflexion de chef d’orchestre est enrichie par mon propre processus d’écriture, et vice-versa », explique-t-il. Créateur d’œuvres ma-jeures pour des orchestres de premier plan, sa sensibilité de compositeur lui apporte une com-préhension de la partition « de l’intérieur » qu’il partage avec les musiciens. matthias Pintscher entretient ainsi d’étroites collaborations avec de grands interprètes (gil Shaham, Julia Fischer, Frank Peter Zimmermann, Truls mørk, Emma-nuel Pahud, Tabea Zimmermann, Antoine Ta-mestit, Jean-Yves Thibaudet…) et des chefs du monde entier tels que Simon Rattle, Pierre bou-lez, Claudio Abbado, Valery gergiev, Christoph von dohnányi, Kent Nagano, Christoph Eschen-bach, Franz Welser-möst ou daniel harding.

Artiste associé du bbC Scottish Symphony Orchestra depuis la saison 2010-11, il dirige aujourd’hui régulièrement en Europe et aux états-unis de grandes formations internatio-nales : orchestres philharmoniques de New York, de Londres et berlin, orchestres de Cle-veland, Chicago, Philadelphie, Paris, orchestres symphoniques de la bbC, de la Rai, de Sydney et de melbourne, orchestres du Théâtre mariinsky, de la NdR hambourg, de la Tonhalle de Zürich, Philharmonia de Londres, mahler Chamber Orchestra.

Très engagé dans la diffusion du répertoire contemporain, matthias Pintscher est nommé directeur musical de l'Ensemble intercontem-porain en juin 2012, pour une prise de fonction à partir de la saison 2013-14.

Il collabore avec de nombreux ensembles tels que l’Ensemble modern, le Klangforum Wien, l’Ensemble Contrechamps, l’Ensemble Avanti (helsinki), le Remix Ensemble (Porto) et le Scha-roun Ensemble du Philharmonique de berlin. matthias Pintscher est également directeur artistique de l’Académie du festival de Prin-temps de heidelberg, dédiée aux jeunes com-positeurs.

Il est sélectionné par la Commission Roche en 2012. Sa création, Chute d’Étoiles, dont la première a lieu au Festival de Lucerne en août 2012, avec l’orchestre de Cleveland sous la direction de Franz Welser-möst, est suivie de représentations au Severance hall de Cleveland et au Carnegie hall en novembre 2012.

matthias Pintscher suit une formation musi-cale dès son plus jeune âge (piano, violon, percussion). À 15 ans, il dirige l’orchestre symphonique des jeunes de la ville de marl en Allemagne. Il commence à composer quelques années plus tard parallèlement à sa formation en direction d’orchestre, notamment auprès de Peter Eötvös en 1994 à Vienne. depuis, il partage ses activités entre la composition et la direction d’orchestre.

Ses créations se distinguent par la délicatesse de leur univers sonore, le raffinement de leur construction et leur précision d’expression. matthias Pintscher est l’auteur de deux opéras (dont L’Espace dernier, créé à l’Opéra national de Paris-bastille en 2004), de nombreuses œuvres orchestrales (dont le récent Chute d’étoiles), de concertos (dont Mar’eh, concerto pour violon créé en novembre 2011 par Julia Fischer), et d’œuvres de musique de chambre, toutes publiées aux éditions bärenreiter.

matthias Pintscher a enregistré plus de vingt disques pour de nombreux labels : Kairos, EmI, ECm, Teldec, Wergo, etc.

Il réside aujourd’hui à New York et Paris, deux villes, deux cultures qu’il a choisies pour leur caractère complémentaire.

MATThIAS PInTScher, directeur musical

Page 25: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Partenaires L’enSeMBLe InTercOnTeMPOrAIn eST SuBVenTIOnné PAr Le MInISTère de LA cuLTure eT de LA cOMMunIcATIOn eT reçOIT Le SOuTIen de LA VILLe de PArIS

AuTreS PArTenAIreS

ILS nOuS SOuTIennenT

LeS SOLISTeS de L’enSeMBLe InTercOnTeMPOrAIn

Flûtes - Sophie Cherrier, Emmanuelle OphèleHautbois - Philippe grauvogel, didier Pateau Clarinettes - Jérôme Comte, Alain damiensClarinette basse - Alain billardBassons - Pascal gallois, Paul RiveauxCors - Jens mcmanama, Jean-Christophe VervoitteTrompettes - Jean-Jacques gaudon, Clément Saunier Trombones - Jérôme Naulais, benny SluchinTuba - nnPercussions - gilles durot, Samuel Favre, Victor hannaPianos/claviers - hidéki Nagano, dimitri Vassilakis, Sébastien VichardHarpe - Frédérique CambrelingViolons - Jeanne-marie Conquer, hae-Sun Kang, diégo TosiAltos - Odile Auboin, grégoire SimonVioloncelles - éric-maria Couturier, Pierre StrauchContrebasse - Nicolas Crosse

équIPe AdMInISTrATIVe eT TechnIque

Directeur général - hervé boutryDirectrice administrative et financière - Sophie quéréCoordinatrice artistique - Alix SabatierResponsable production et diffusion - marine gaudryResponsable comptable - geneviève WeissRégisseur général - Jean RadelRégisseur son/plateau - Nicolas berteloot Régisseurs plateau - Samuel Ferrand,benjamin moreauBibliothécaire - damien degraeve Adjointe régie/bibliothèque - Caroline barillonResponsable communication - Luc hossepiedResponsable mécénat - Camille Perrier Assistante communication et mécénat -émilie Roffi Coordinatrice éditoriale - Véronique brindeauChargée des actions éducatives - Sylvie CohenAssistante administrative - Estelle Vincent

cOnSeIL de L’enSeMBLe

Président d’honneurPierre Boulez

PrésidentHenri Loyrette, Conseiller d'état

membre d'honneurJack Ralite

MEMBRES DE DROIT

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication représentée par michel Orier, directeur général de la création artistique.

Bertrand Delanoë, maire de Paris représenté par bruno Julliard adjoint au maire, chargé de la culture

Fabien Jannelle, directeur de l'Office National de diffusion Artistique

Sylviane Tarsot-Gillery, directrice de l'Institut français

Jean-Pierre Tronche, Inspecteur de la création et des ensembles français artistiques, désigné par le ministre de la Culture et de la Commu-nication

PERSONNALITéS qUALIFIéES

Nicholas Snowman : Vice-présidentBrigitte Lefèvre : SecrétaireJean-Philippe Billarant : Trésorier Pascal DusapinKarine Gloanec Maurin Suzanne Pagé

Pascal Gallois interprète Torsion, d’Olga Neuwirth à la Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin, 2013

Anselm Kiefer : Der Fehlende Buchstabe. Rabbi Löw : der Golem, 2012

Metal, aluminium sunflowers, lead, photographs 400 x 1190 x 890 cm

Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris / Salzburg ©Anselm Kiefer

Photographie : ©Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

Page 26: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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1- L’ART POUR GRANDIR Pendant une année scolaire, de septembre à juin 2014, les élèves d’une classe de 5e du collège georges-méliès viendront découvrir le monde musical de l’Ensemble intercon-temporain.Ce parcours propose aux élèves de se familiariser avec les lieux de concerts, les œuvres, les métiers de la musique, grâce à la rencontre avec les musiciens, les com-positeurs, les chefs d'orchestre, les tech-niciens… une douzaine de rendez-vous auront lieu avec les solistes ainsi qu'avec d'autres professionnels (un écrivain et une graphiste), permettant aux élèves de s’ex-primer différemment sur les œuvres musi-cales. Le professeur de musique sera notre principal partenaire pour la mise en place de ce parcours. Les professeurs de Lettres, d’histoire, d’Arts plastiques et de Technolo-gie seront également impliqués dans cette démarche de transmission.En fin d'année scolaire, les élèves seront invités à réaliser un ouvrage collectif ras-semblant les différentes étapes de leurs découvertes.

2- L’ENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN EN RéSIDENCE à BORDEAUxL’Ensemble intercontemporain souhaite renforcer durablement sa présence en région. C’est pourquoi un partenariat a été inauguré avec succès avec le nouvel Auditorium de bordeaux en février 2013. Afin de transformer cette expérience en une relation pérenne, l’Ensemble sera en résidence à bordeaux en février 2014. Ce partenariat intégrera un volet pédagogique ainsi que plusieurs concerts dédiés au jeune public.une série de rencontres permettront au public bordelais amateur de musique contemporaine d’échanger sur la vie et les créations de l’Ensemble.

3- « TE CRAINDRE EN TON ABSENCE », MONODRAME COMPOSé PAR HèCTOR PARRA, SUR UN LIVRET DE MARIE NDIAyEL’Ensemble intercontemporain a passé commande avec l’Ircam et le Théâtre des bouffes du Nord, au compositeur catalan hèctor Parra et à l’écrivain marie Ndiaye : leur nouvelle pièce donnera la parole à une récitante accompagnée d’un ensemble instrumental. Ce monodrame sera donné dans plusieurs villes d’Europe après la création mondiale à Paris en mars 2014.

4- LE VOyAGE D’HIVER : qUAND MARK ANDRE RENCONTRE FRANz SCHUBERTLe célèbre cycle de lieder Winterreise de Franz Schubert et du poète allemand Wilhelm müller sera l’occasion d’un dispositif musical et scénique inédit donné à la Cité de la musique en février 2014. Trois artistes contemporains d’envergure internationale ont été sollicités pour éclairer l’intemporel Winterreise : le plasticien belge michaël borremans, le compositeur français mark Andre et le metteur en scène néerlandais Johan Simons. Chacun d’entre eux entre-tient en effet un rapport particulier à l’œuvre de Franz Schubert. La création de ce spectacle aura lieu en février 2014 à Paris puis dans différentes salles euro-péennes (belgique, Pays-bas, etc. ).

5- LES COMMANDES DE NOUVELLES œUVRES MUSICALESL'Ensemble intercontemporain passe régu-lièrement commande à des compositeurs du monde entier. En finançant tout ou partie de ces commandes, vous contri-buez directement à faire vivre le répertoire d'aujourd'hui. Plus d'informations sur les commandes des deux saisons prochaines par téléphone (contact ci-dessous).

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Participez à l’aventure musicale de l’Ensemble intercontemporain

FAITES UN DON !

Pour plus d’informations sur les conditions d’adhésion :Contact : Camille Perrier, Responsable mécénat

+33(0)1 44 84 44 [email protected]

Don par chèque uniquement libellé à l’ordre de L’EIC

À envoyer à : Ensemble intercontemporain

Service mécénat 223 av. Jean Jaurès - 75019 Paris

L’Ensemble intercontemporain apporte à ceux pour qui la création artistique doit être préservée et stimulée, un espace d’écoute, de découverte et de partage. C’est pourquoi votre soutien nous est si précieux. Choisissez d’accompagner la première saison artistique du nouveau directeur musical matthias Pintscher en soutenant un projet qui correspond le mieux à votre engagement pour la défense de la musique contemporaine. quel qu'en soit le montant, votre don contribue directement à maintenir nos activités et les missions qui sont les nôtres : créer, transmettre, diffuser la musique contemporaine.

En nous soutenant, vous rejoignez les membres donateurs de l’Ensemble intercontemporain et serez régulièrement informé des activités de l’Ensemble.En fonction du montant du don, vous seront proposées plusieurs possibilités d’être associé au projet soutenu : rencontrer l’équipe artistique, assister à une répétition, être invité à la première du projet ou à d’autres rendez-vous exclusifs en accord avec vos envies.des mesures fiscales avantageuses vous permettent de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66% du montant de votre don.

« Bach et Boulez, qui ont vécu à trois cents ans d’écart, ont créé des mondes que nous,

en tant qu’interprètes et en tant qu’auditeurs, rendons contemporains ». Daniel Barenboim

LeS PrOJeTS à SOuTenIr en 2013 eT 2014

Pour les dons supérieurs à 300€, vous rejoignez le Cercle des Amis Adhérer au Cercle des Amis, c’est avoir accès à des manifestations privées et des rencontres en petit nombre spécialement organisées pour ses membres. Ces activités sont autant d’occasions de se retrouver dans des conditions privilégiées autour des concerts de l’Ensemble ou de l’actualité artistique en France ou à l’étranger. Pour connaître le calendrier des rencontres de la saison 2013-2014 appelez le 01 44 84 44 75.

Nous remercions nos donateurs ainsi que les membres du Cercle des Amis qui ont décidé de prolonger l’aventure à nos côtés cette dernière saison : Jean-Philippe et Françoise billarant, Véronique billat, Jacob et Aurore grierson, Xavier guerrand-hermès, François hennessy, Sylvie hubac et Philippe Crouzet, Yoko Imai, dorothée et Nicolas Joly, marie-France Pochna, Olivier Purcell, Pierre Roux, Simon Russ, Nicholas et margo Snowman, Thomas et Annet de Villeneuve.

Page 27: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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Hae-sun KanG interprère Anthèmes de Pierre Boulez à la Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin, 2013Anselm Kiefer : Die Ungeborenen, 2012Oil, emulsion, acrylic, shellac, charcoal, sediment of an electrolysis, lead, glass, iron, wire, plaster and resin on canvas380 x 660 x 80 cm Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris / Salzburg©Anselm Kiefer

alain Billard (clarinette basse), Emmanuelle oPHèlE (flûte) et odile auBoin (alto) au « Silo », espace d’exposition de Jean-Philippe et Françoise Billarant, 2012. Courtesy Jean-Philippe et Françoise Billarant

Grégoire simon (alto) Éric-maria CouturiEr (violoncelle) interprètent Elegia per ty de Giacinto Scelsi à la Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin, 2013 Anselm Kiefer : Mutterkorn, 2011Oil, emulsion, acrylic, shellac, chalk, wood, plaster, wire, oil and gold leaf on canvas280 x 760 cm Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris / Salzburg©Anselm Kiefer

Informations pratiques réSerVATIOnS

Toutes les réservations et les souscriptions aux différentes formules d’abonnement se font directement auprès des salles accueillant l’Ensemble intercontemporain.Coordonnées des salles et organisateurs parisiens ci-dessous.Pour les coordonnées en régions et à l’étranger voir directement les pages de ces concerts sur : www.ensembleinter.com

OPérA nATIOnAL de PArIS AMPhIThéâTre BASTILLe

Place de la bastille75012 ParisPour les réservations :- En ligne sur www.operadeparis.fr- Par téléphone au 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute) ou au +33 1 71 25 24 23 depuis l’étranger du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi jusqu’à 13h.- Aux guichets du Palais garnier (à l’angle des rues Scribe et Auber) et de l’Opéra bastille (130, rue de Lyon) du lundi au samedi. Les caisses spectacles sont ouvertes de 11h30 à 18h30, au Palais-garnier et de 14h30 à 18h30 à l’Opéra bastille

AudITOrIuM du LOuVre

musée du Louvre75001 ParisPour les réservations :- Caisse de l’auditoriumdu lundi au samedi (sauf le mardi), de 9h à 17h15, les mercredi et vendredi jusqu’à 19 h 15 (fermeture du 24 juin au 4 septembre inclus)- Par téléphone au 01 40 20 55 00du lundi au vendredi (sauf mardi), de 11 h à 17 h, uniquement par carte bancaire- En ligne sur fnac.com

cenTre POMPIdOu

grande Salle / niveau -1Place georges-Pompidou75004 ParisRéservations 30 jours avant le concert :- aux caisses du Centre Pompidoude 11h à 20h, sauf le mardi- en ligne (plein tarif uniquement) :www.centrepompidou.fr/billetterie

cITé de LA MuSIque

Salle des concerts - Amphithéâtre221 avenue Jean-Jaurès75019 ParisTél. 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

IrcAM

Espace de projection1 place Igor-Stravinsky75004 ParisTél. 01 44 78 12 40www.ircam.fr

ThéâTre deS BOuFFeS du nOrd

37 bis boulevard de la Chapelle75010 ParisTél. 01 46 07 34 50www.bouffesdunord.com

Le TrITOn 11 bis rue du Coq Français93260 Les LilasTél. 01 49 72 83 13www.letriton.com

nOuS cOnTAcTer

Ensemble intercontemporain 223 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris www.ensembleinter.com Administration Tél. : + 33 (0)1 44 84 44 50 Fax : + 33 (0)1 44 84 44 [email protected] Relations avec le public du lundi au vendredi de 10h à 18h Tél. : 01 44 84 44 40 Fax : 01 44 84 44 51 [email protected]

reLATIOnS PreSSe

Image musique - Valérie WeillTél. + 33(0) 1 47 63 26 08 Fax : +33(0) 1 47 63 26 08 [email protected]

Ensemble intercontemporain Association loi 1901 Licence d’entrepreneur de spectaclesn° 2-1063215

Président d’honneur Pierre boulez Président henri Loyrette hervé boutry, directeur général matthias Pintscher, directeur musical Sophie quéré, directrice administrative et financièreArtwork is (www.fake.fr) 01 48 04 00 21 Fabrication : L’Agence modeste 01 47 70 55 97Imprimé dans l’uEProgrammes et informations donnés sous réserve de modifications.

crédITS PhOTOS

p.4 : matthias Pintscher ©Edouard Caupeil

p.10 : Pascal dusapin, martine Franck / magnum Photos

p.22 : matthias Pintscher ©Edouard Caupeil

p.34 : bruno mantovani ©Franck Ferville

p.44 : Atelier de piano préparé, Cité de la musique, 2013 ©Luc hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

p.46 : (haut à gauche) : matthias Pintscher, 2013 ©Aymeric Warmé-Janville

p.46 : (haut à droite) : Igor Stravinsky, Histoire du soldat, Cité de la musique, 2013 ©Luc hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

p.46 : (bas à gauche) : Peter Eötvös, Stein, Cité de la musique, 2012©Luc hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

p.46 : (bas à droite) : K.Stockhausen, Zyklus, interprété par Samuel Favre, Centre Pompidou, 2012©Luc hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

p.47 : matthias Pintscher, 2013 ©Edouard Caupeil

p.53 : ©Luc hossepied pour l’Ensemble intercontemporain

alain Billard au « Silo », espace d’exposition de Jean-Philippe et Françoise Billarant, 2012 Courtesy Jean-Philippe et Françoise Billarant

Page 28: Brochure de saison 2013-14 de l'Ensemble intercontemporain

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2013/2014

Ensembleintercontemporainwww.ensembleinter.com

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