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Mémoire de fin d’étude Master «Agronomie et agroalimentaire» Spécialisation Systèmes Agraires Tropicaux IRC Supagro, Montpellier Benoît ALLARD Co-direction du mémoire : Roland PIROT CIRAD et Marie-Jeanne VALONY IRC Maître de stage terrain : Sofian CONCHE Teriya Bugu 2010 Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu (Mali)

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Evaluation de la rentabilité économiquede la filière Jatrophadans la région de Teriya Bugu (Mali)

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Page 1: Benoit Allard   etude jatropha

Mémoire de fin d’étude Master «Agronomie et agroalimentaire»Spécialisation Systèmes Agraires TropicauxIRC Supagro, Montpellier

Benoît ALLARD

Co-direction du mémoire :Roland PIROT CIRAD et Marie-Jeanne VALONY IRC

Maître de stage terrain : Sofian CONCHE Teriya Bugu

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Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha

dans la région de Teriya Bugu (Mali)

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Résumé

Dans un contexte de développement des énergies renouvelables et de recherche d’autonomie énergétique, le Mali fait la promotion de l’huile de Jatropha. Le village touristique de Teriya Bugu expérimente la mise en place d’une filière courte : production des graines de Jatropha dans les exploitations familiales environnantes, et utilisation de l’huile pour l’électrification du village de Teriya Bugu.

La plante, originaire d’Amérique centrale, est connue au Mali depuis plus de 5 siècles et utilisées pour ses vertues thérapeutiques. Sa capacité d’adaptation est grande tant par rapport au type de sol, qu’au climat. Elle peut résister à une pluviométrie de moins de 700mm/an.De plus, sa culture peut se faire en haie ou en plein champ, ce qui rend flexible son appropriation par les paysans.La sécurité alimentaire, l’adaptabilité aux exploitations locales, et la rentabilité de la filière sont des enjeux déterminants pour la pérennité de la filière. La synthèse d’études précédentes et de nombreuses enquêtes de terrain détermineront : les ex-ploitations concernées, l’intégration du Jatropha, l’investissement en temps de travail, les préoccupations des producteurs.

Le milieu dans lequel est situé notre étude est de type semi-aride ; la qualité des sols est changeante autour des villages. L’économie de la zone est presque exclusivement agricole où l’arachide constitue la principale culture de rente. La culture du Jatropha permet de diversifier les sources de revenu des paysans sans pour autant entrer en concurrence avec les systèmes de culture ou d’élevage présents car il est cultivé avec prudence et son prix d’achat des graines est bas.

De plus, la filière est organisée de manière a restituer aux paysans un maximum de produits issus de la transformation de la graine (tourteau, pied de presse).Ainsi, en payant les paysans au revenu minimum local, en fonction du temps qu’ils investissent dans la culture du Jatropha, on voit que celle-ci rapporte à peu près autant que la plupart des autres cultures de la zone.Au niveau de Teriya Bugu, le calcul des coût des transport et transformation permettent de déterminer un prix d’achat des graines plus élevé que l’actuel, mais dont la marge de manoeuvre actuelle est faible tant qu’il n’y aura pas d’in-novations techniques.

Summary

In the context of renewable energy development and research of energy independence, Mali is promoting Jatropha oil. The touristic village of Teriya Bugu experiences the establishment of a short chain: production of Jatropha seeds in the surrounding family farms, and use of oil for the electrification of the village of Teriya Bugu.

The plant, native to Central America, is known in Mali for over 5 centuries and used for its therapeutic virtues. His adaptability is high as compared to the soil type and climate. It can withstand a rainfall of less than 700mm/an.Furthermore, it can be cultivated in hedges or fields, which makes flexible ownership by the peasants.Food security, adaptability to local farms, and profitability of the industry are critical issues for the sustainability of the sector. The synthesis of previous studies and numerous surveys of farmers will determine : the concerned farms, the integration of Jatropha, investment in working time, the concerns of producers.

The environment in which our study is located is semi-arid ; soil quality is changing around the villages. The area economy is almost exclusively agricultural, where groundnut is the main cash crop. The cultivation of Jatropha ena-bles farmers to diversify sources of income, without competing with existing crops or livestock because it is grown with care and the purchase price of seeds is low.

In addition, the chain is organized to restore the farmers a maximum of products from the processing of the seed (meal, oil sediments).Thus, by paying farmers to local minimum wage, depending on the time they invest in the cultivation of Jatropha, we see that it brings as much money as the other crops cultivated in the area.At Teriya Bugu, the calculation of cost of transport and processing allows to determine a purchase price of seeds higher than the current one, but the flexibility is low until there will be technical innovations.

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3- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Remerciements

Avant toute chose je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé à réaliser ce stage et ce mémoire :

Tout d’abord mes maîtres de stage Roland Pirot du CIRAD, qui m’a permis de réaliser ce travail et a contribué par ses questionnements à l’avancée du mémoire, et Sofian Conche de Teriya Bugu qui m’a suivi et soutenu sur le terrain en m’aidant à construire ce rapport tant dans le fond que dans la forme.Merci également à Marie-Jeanne Valony de l’IRC qui m’a fait prendre du recul sur mon travail quand j’en avais besoin et qui a observé le bon déroulement de mon stage.

Ce stage n’aurait pas pu se passer si bien sans le soutien de Kader Magassouba, responsable de la filière Jatropha, et l’aide précieuse de Ibrahim Samake et Oumar Dialla mes traducteurs, merci à eux.

Enfin, merci aux autres membres de l’équipe Jatropha : Coulibaly, Traoré, Sanogo, avec qui j’aurai aimé collaborer plus longtemps ; et à tous les employés de l’hôtel qui ont été si chaleu-reux avec moi pendant toute la durée du séjour.

Bonne lecture,

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4- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 5

Sommaire

RésuméRemerciementsSommaire Liste des acronymes......................................................................................................7 Introduction...................................................................................................................9

Partie 1 : Le projet et ses enjeux CHAPITRE 1 : MISE En COnTExTE1 Présentation du Mali et de la zone d’étude...........................................................................11 1.1 Le Mali 1.2 Localisation de la zone d’étude2 Le Jatropha............................................................................................................................12 2.1 Origines et répartition 2.2 Caractéristiques de la plante 2.3 Produits 2.4 Suivi de la culture 2.5 Les différentes formes d’implantation : avantages et inconvénients.3 Projets Jatropha et enjeux globaux.......................................................................................194 Le projet de Teriya Bugu......................................................................................................23 4.1 Origine du projet et objectifs 4.2 Besoins en huile de Teriya bugu

CHAPITRE 2 : PROBLéMATIquE ET MéTHODOLOgIE1 Social, environnement, économie ?.....................................................................................27 1.1 Problématique 1.2 Objectifs2 Méthodologie.........................................................................................................................28 2.1 Délimitation de la zone d’étude 2.2 Déroulement du stage 2.3 Outils employés 2.4 Caractérisation des exploitations 2.5 Analyse économique3 Conclusion.............................................................................................................................32

Partie 2 : Le milieu et la place réservée au Jatropha CHAPITRE 1 : DIAgnOSTIC AgRAIRE1 Situation environnementale...................................................................................................33 1.1 Contexte naturel 1.2 Contexte anthropique 1.3 Synthèse des différentes unités agro-écologiques de la zone2 Evolution des systèmes agraires au cours du XXème siècle................................................383 Organisation du finage villageois..........................................................................................404 Situation économique du cercle de Bla................................................................................42

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5- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

5 Les Systèmes de Culture.......................................................................................................43 5.1 Les différents types de cultures 5.2 Les types de sol 5.3 Itinéraire technique 5.4 Performances économiques6 Les systèmes d’élevage.........................................................................................................49 6.1 Les différents systèmes d’élevage 6.2 Comparaison économique des systèmes d’élevage7 Les Systèmes de production.................................................................................................53 7.1 Clefs de détermination des systèmes de production 7.2 Les différents systèmes de production 7.3 Analyse économique des systèmes de production8 Conclusion............................................................................................................................58

CHAPITRE 2 : InTégRATIOn DE LA CuLTuRE JATROPHA DAnS LA zOnE D’éTuDE1 Caractéristiques des exploitations.........................................................................................59 1.1 Les exploitations concernées 1.2 Les cultures pratiquées par ces exploitations2 Application au terrain............................................................................................................602.1 Modes d’implantation privilégiés et conséquences 2.2 Les itinéraires techniques paysans pour la culture du Jatropha 2.3 nouvelle organisation du travail3 Conclusion.............................................................................................................................664 Recommandations.................................................................................................................67

Partie 3 : La filière Jatropha de Teriya CHAPITRE 1 : ORgAnISATIOn DE LA fILIèRE1 Définition..............................................................................................................................692 Organisation..........................................................................................................................69 2.1 Produits 2.2 Les différents acteurs et leur rôle dans la filière3 Prix et quantités....................................................................................................................744 Répartition des acteurs géographiquement...........................................................................755 Conclusion............................................................................................................................76

CHAPITRE 2 : REnTABILITé éCOnOMIquE A Rentabilité pour les producteurs1 Les coûts...............................................................................................................................77 1.1 Investissement de départ 1.1.1 La plantation 1.1.2 Protection contre les animaux 1.1.3 Mortalité des pieds 1.1.4 Infrastructures 1.1.5 En résumé 1.2 Coûts de suivi de la culture 1.3 Coûts de post-production2 Les gains...............................................................................................................................82

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6- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 7

3 Calcul de rentabilité..............................................................................................................824 Comparaison avec les autres sytèmes de culture..................................................................845 Innovations techniques.........................................................................................................856 Conclusion............................................................................................................................86

B Rentabilité pour Teriya Bugu1 Coûts de la filière Jatropha...................................................................................................87 1.1 Investissements de départ 1.1.1 Coûts matériels 1.1.2 Installation de la filière et des coopératives 1.2 Frais de fonctionnement de la filière 1.2.1 Coûts de production parcelles propres de Teriya bugu 1.2.2 fonctionnement administratif 1.3 Séchage et stockage 1.4 Transport et transformation en fonction de différents scénarios. 1.4.1 Description des scénarios 1.4.2 Transport 1.4.3 Transformation2 Les gains...............................................................................................................................943 Synthèse................................................................................................................................944 Ouverture de la filière...........................................................................................................975 Conclusion............................................................................................................................98

Partie 4 : Points de discussion et conclusion

1 Alimentation : Prise de recul au niveau national...................................................................992 Le coton en déprise ?..........................................................................................................1013 Le Jatropha, dynamiques globales.......................................................................................1024 Les autres oléagineux...........................................................................................................1065 Conclusion finale.................................................................................................................107

Bibliographie...........................................................................................................................109

AnnExES

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7- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Liste des acronymes

Organismes :

AAPBV Association des Amis du Père Bernard Vespieren AEDR : Association d’Entraide au Développement RuralAnADEB : Agence nationale de Développement des Biocarburants AMEDD : Association Malienne d’Eveil au Développement Durable CMDT : Compagnie Malienne de Développement du TextileCfDT : Compagnie française de Développement TextileCSA : Commissariat à la Sécurité Alimentaire CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développe-mentgERES : groupe Energies Renouvelables, Environnement et SolidaritésgIEC : groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climatOnuDI : Organisation des nations unies pour le Développement IndustrieluSAID : united States Agency for International Development

Autres acronymes :

BBT : Boeufs gardés par un Berger et bénéficiant de TourteauxBSBST : Boeufs Sans Berger et Sans TourteauxBSBT : Boeufs Sans Berger et bénéficiant de TourteauxHj : Homme Jour, unité mesurant le nombre de jours nécessaire à un homme pour effectuer un travailHVB : Huile Végétale Brute HVP : Huile végétale pure ME : agriculteur Mono EquipéMEa : agriculteur Mono Equipé ayant un niveau de capitalisation faibleMEA : agriculteur Mono Equipé ayant un niveau de capitalisation élevénE : agriculteur non EquipéOng : Organisation non gouvernementalePê : PêcheurPE : agriculteur Pluri EquipéPEa : agriculteur Pluri Equipé ayant un niveau de capitalisation faiblePEA : agriculteur Pluri Equipé ayant un niveau de capitalisation élevéuBT : unité de Bétail TropicalVAB : Valeur Ajouté BruteVgfP/2 : Vaches gardées par la famille au Parc en hivernage seulementVgfP : Vaches gardées par la famille au Parc toute l’annéeVfSC : Vaches gardées par un Salarié ou Collectivement

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8- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 9

Prix au litre (1baril = 159 litres) : 0,359€ courant septembre 2010 (Cours de l´euro : 1.2753 $)

De 2007 à mi-2008, le prix du pétrole a très fortement aug-menté avant de chu-ter à nouveau.

Figure 1 : Cours du barril de pétrole ces 7 dernières années

figure 2 : Ressources énergétiques en Afrique de l’Ouest

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En Afrique de l’ouest plusieurs pays bénéficient de réserves de gaz et/ou de pétrole plus ou moins importantes. Le Mali n’en a pas ou peu (moins de 100 millions de barils de pétrole et moins de 1 milliards de m3 de gaz) ce qui l‘oblige à trouver des solutions alternatives en énergie.

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9- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Introduction

Le Mali est un pays non producteur de pétrole qui pourtant en consomme énormément pour le fonctionnement de ses groupes électrogènes dans la campagne et dans certaines zones urbaines ; pour les activités industrielles ; et pour les véhicules.De ce fait, le pays est très dépendant des pays pétroliers et son économie pâtit lourdement à chaque crise pétrolière, la dernière remontant à 2008.

De plus, les accès restreints ou inexistants à l’énergie dans la campagne et dans les villes obligent la population à se servir du bois pour le chauffage et la cuisine. Cette pratique liée à des conditions climatiques rudes et à une extension des terres cultivées provoque une dyna-mique de déforestation. Celle-ci engendre une dégradation des sols par l’érosion éolienne et pluviale.

Dans les années 2000, l’Etat malien, cherchant un moyen de substitution au gasoil, fait se diversifier l’agriculture avec l’apparition des cultures de plantes pour le biocarburant en plus des cultures alimentaires. Ainsi il profite du secteur agricole dans lequel travaille une large majorité de la population et qui lui rapporte le plus de revenus.

Les entreprises et Ong au Mali ont fait le choix du Jatropha curcas L. (autrement appelé Pourghère ou ‘bagani’ en bambara) dont la culture a déjà fait l’objet d’expérimentations ces dernières décennies dans plusieurs pays du Sud comme en Inde et au Mali.

Les projets apparus ces 4 dernières années ont soit pour objectif d’alimenter la campagne malienne en carburant pour l’électrification, soit de développer une filière biodiesel principa-lement pour le marché local.Les premiers utilisent l’Huile Végétale Pure (HVP) - pressée puis filtrée - dans les généra-teurs ou plateformes multifonctionnelles. Les seconds transforment leur huile en biodiesel par un procédé de transestérification qui permet de l’utiliser dans les moteurs à injection directe comme ceux des voitures.Mais outre les aspects d’usage, ces projets proposent surtout une nouvelle culture de rente aux producteurs maliens : le Jatropha.

Le complexe hôtelier de Teriya Bugu dirigé par l’association d’Entraide au Déve-loppement Rural (AEDR) possède son propre projet Jatropha. Ses différents objectifs sont d’apporter aux producteurs une nouvelle source de revenus pour la consommation familiale, en plus des nombreux intérêts sociaux et environnementaux qu’apportent cette culture ; de développer la recherche dans le domaine des biocarburants ; et d’atteindre l’autonomie éner-gétique de l’hôtel, du village de Teriya Bugu, et de certains villages alentours.

Notre étude a pour principal objectif de déterminer la rentabilité de ce projet local : de la pro-duction (intérêt des agriculteurs) à la transformation en électricité (intérêt de Teriya Bugu).

Pour appréhender l’ensemble des tenants et aboutissants du projet, notre étude s’organisera en 3 phases :- une remise en contexte historique et géographique- un diagnostic agraire qui synthétise les types de producteurs concernés par le projet- une analyse économique du projet

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10- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 11

20 kmZone d’étude

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figure 3 : Délimitation de la zone d’étude

Figure 4 : Ressources minières et agricoles en Afrique de l’Ouest

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11- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Dans cette première partie nous présenterons dans un premier temps : la zone dans laquelle se situe le projet, la plante Jatropha et sa culture, et les différents projets qui la mettent en valeur. Une fois le contexte décrit, nous expliquerons le projet de Teriya Bugu avec ses origines et objectifs, et la manière dont nous avons procédé pour faire cette étude.

1 Présentation générale du Mali et de la zone d’étude1.1 Le Mali

Informations générales :PIB : 8,4 milliards de $, dont 45% par l’agriculture, 17% par l’industrie et 38% par les servi-ces.Indice de Développement Humain : 0,371 (178ème rang mondial) (Mapping food and bioe-nergy in Africa, fara 2010).La population est estimée en 2009 à 13 010 000 habitants (encyclopédie Larousse en li-gne) dont 7% ont accès à l’électricité. 91% utilisent du bois et du charbon comme première source d’énergie.

Description (Informations encyclopédie Larousse en ligne) :Milieu naturel•

La superficie du Mali est d’environ 1 240 000 km² dont les 2/3 sont désertiques ou semi-déser-tiques. C’est un pays plat bordé de plateaux à l’ouest (plateaux mandingues) et à l’est (plateau de Bandiagara) et de massifs au sud. L’intérieur du pays forme une cuvette autour du fleuve Niger qui traverse le pays du sud-ouest au nord-est. La pente du fleuve diminue entre Ségou et Mopti créant un delta intérieur. Les sols de la vallée du niger sont d’origine sédimentaire (du tertiaire et du quaternaire); c’est là que sont les meilleures terres pour cultiver. Ailleurs les sols sont acides et avec cuirasse affleurante.

De plus, le fleuve crée un microclimat qui fait diminuer les écarts de température entre le jour et la nuit, et augmenter l’humidité relative.

La végétation se clairsème du sud au nord : on passe de forêts claires au sud à une savane arbo-rée puis buissonnante puis herbeuse dans le milieu soudano-sahélien, avant que la végétation ne disparaisse totalement dans le désert.

L’agriculture-élevage au cœur de l’économie•

Les ressources en matière première du Mali sont assez limitées en quantité par rapport à ses pays voisins comme le montre la figure 4 : les principales ressources exploitées sont l’agri-culture et les mines d’or et de sel. L’agriculture occupe 79% de la population active et génère 75% des recettes d’exportation (fAO).

Partie 1 : Le projet et ses enjeux

chapitre 1 : mise en contexte

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Au centre et au nord du pays (à la bordure et dans le Sahara), l’activité principale est l’élevage nomade de bovins, ovins, et caprins. Le centre-sud et le sud (Ségou, Bamako, Sikasso) sont dominés par l’agriculture sédentaire.Les colonisateurs français ont introduit des cultures comme le riz et l’arachide aux cotés du mil et du sorgho. Le développement de l’agriculture pendant la période coloniale devait faire du Mali le «grenier de l’Afrique de l’Ouest» mais l’augmentation de la population et les séche-resses ont engendré une diminution des exportations au profit de la population locale.L’Etat a également promu le coton (en gris sur la carte ici à gauche, et l’arachide en orange) au point de devenir le second producteur africain de coton après l’Egypte. L’urbanisation grandissante depuis les années 60 a quant à elle provoqué le développement de cultures ma-raîchères et fruitières.La transformation des produits agricoles est opérée par les rizeries, huileries, tanneries, et industries d’égrenage du coton.

Découpage territorial• La politique de décentralisation du pays se présente sous sa division en 8 régions administrati-ves, 49 cercles, 703 communes et la capitale Bamako. (Mapping food and bioenergy in Africa, fara 2010)

1.2 Localisation de la zone d’étude

Teriya Bugu est un village du cercle de Bla et de la commune de Korodougou, situé à 93km de Ségou. Il se situe dans la région administrative de Ségou : zone aride dont la principale activité réside dans l’agriculture.La région est traversée par le fleuve Niger et son affluent le Bani où naviguent entre autres les pinasses commerciales.notre zone est délimitée au nord par le Bani et s’étend au sud sur plus de 60km à vol d’oiseau. La route nationale 6 qui la traverse est un «outil» de désenclavement important pour la zone car elle permet d’acheminer des denrées ou de se déplacer jusqu’à Bamako.

2 Le Jatropha2.1 Origines et répartition

Le Jatropha serait originaire d’Amérique centrale ou du Mexique (Wilbur, 1954 ; Aponte, 1978) puis aurait été introduit au Cap Vert au 16ème siècle par les Portugais avant de s’étendre sur l’Afrique de l’Ouest, le reste du continent, et l’Asie.L’exportation d’huile de Jatropha était une part importante de l’économie du Cap vert au début du xxème siècle jusqu’à son indépendance (1975). (Global Market Study on Jatropha, WWf, 2008).Il est désormais cultivé entre les latitudes 30°N et 35°S (Rijssenbeek et al., 2007), principale-ment dans les zones arides et semi-arides (Jones et Miller, 1992 ; Makkar et al., 1997).

Au Mali, le Jatropha est présent ponctuellement du sud du pays jusqu’à la zone sahélienne, au nord de laquelle les conditions climatiques deviennent trop rudes pour le cultiver.

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13- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

figure 5 : Distribution de Jatropha curcas L. (Heller, 1996)

2.2 Caractéristiques de la plante

Le genre Jatropha fait partie de la famille des Euphorbiacées et de la sous- famille Crotonoi-dées.

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figure 6 : Jatropha curcas L.Cette plante est appelée en Bambara «Bagani» c’est à dire «poison». Cette dénomination témoigne que les paysans en connaissent les dangers mais ils savent également utiliser les propriétés thérapeutiques de la plante.

S’il y a tant de spéculation autour de cette plante dans les régions sahélienne et soudanienne c’est entre autres grâce à sa suppo-sée faible exigence en eau. Elle n’aurait besoin que de 600mm/an minimum (Henning, 2004).

La plante a en effet adopté une stratégie et une morphologie qui lui permettent de lutter contre la sécheresse : Elle possède une racine pivot qui va chercher l’eau jusqu’à 2 mètres de profondeur (Projet pourghère DnHE-gT ; Mali). Sa croissance racinaire est rapide ce qui diminue l’impact des premières saisons sè-

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14- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 15

ches. Enfin elle perd ses feuilles à la saison sèche (de février à avril) diminuant d’autant ses besoins en eau.

Observable sous forme d’arbuste ou arbre, le Jatropha peut faire entre 2 et 10m (Domergue & Pirot, 2008). Sa longévité pourrait atteindre 50 ans (Heller, 1996).1

Floraison et fructification

Le Jatropha est une plante monoïque à fleurs diclines : les fleurs mâles et femelles sont présen-tes sur le même arbre (Domergue & Pirot, 2008). La floraison, liée au régime des pluies, à lieu en août-septembre. La reproduction et la fructification s’étalent d’octobre à février, si bien que l’on peut observer des fruits verts, jaunes et marrons sur le même arbre.

Les fruits sont mûrs lorsqu’ils sont jaunes à noirâtres. Mesurant en moyenne 3cm x 3,5cm, ils contiennent de 1 à 3 graines toxiques de 1cm x 1,5 cm (Arbonnier, 2002) séparées dans des loges appelées carpelles.

La pleine production de graines est atteinte la 4ème voire 5ème année après la plantation.L’inflorescence se fait en bout de rameau donc la quantité de graine par arbuste dépendra en partie du nombre de rameaux. Henning considère qu’une haie de Jatropha produit environ 0,8kg par mètre linéaire au Mali mais ces chiffres changent selon la pluviométrie - selon la latitude à laquelle nous nous trouvons dans le pays - donc ne peuvent être généralisés.

Au Mali la teneur en huile de la graine est estimée à environ 35% (R.Pirot).

Maladies et ravageurs

Le Jatropha faisant partie des euphorbiacées, il est susceptible d’abriter des maladies transmis-sibles à d’autres euphorbiacées comme le manioc ou le papayer. Il pourrait donc être risqué de le planter à proximité de ces cultures.

D’après Heller (1996), le Jatropha pourrait être attaqué par le virus mosaïque qui apparaît après un excès d’humidité à la saison des pluies desséchant les feuilles et les tiges du haut vers le bas jusqu’à ce que la plante meurt. Mais jusqu’à présent il n’a été observé que sur le Jatropha multifida L.

Des attaques d’hétéroptères (Pachychoris klugii) ont pu être observées en Amérique latine par Grimm et Maes (1997). Au Mali ont pu être observées des attaques de criquets et termites.

2.3 Produits

Différentes parties de la plante peuvent être utilisées pour leurs vertus thérapeutiques, ce que font les maliens depuis des décennies voire des siècles. Mais les graines sont la partie de l’ar-buste dont on sait faire le plus de produits industriels ou artisanaux.

Produits thérapeutiques1 Nous avons observé une moyenne de 3m de haut à nos latitudes.

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15- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Parmi les produits non transformés - et dont l’utilisation est connue par la population de notre zone d’étude - on peut citer entre autres l’usage des feuilles comme ayant des vertus antisep-tiques, les graines mâchouillées qui faciliteraient le transit intestinal, et le latex des branches qui frotté sur les dents soignerait les caries.

Huile Végétale PureLe pressage des graines libère une certaine quantité d’huile selon la teneur en huile de la graine et le rendement de la presse utilisée. Filtrée grossièrement elle peut être utilisée dans les lampes à flamme comme les lampes à pé-trole à condition que celles-ci soient modifiées. Pour construire des lampes spécialement pour huile de Jatropha, d’après Uellenberg (2007), il ne faudrait « qu’un verre, un morceau flottant, (...) et une mèche en coton.» L’avantage est que l’huile de Jatropha brûle «plus lentement que le pétrole et dégage moins de fumée ».

Filtrée finement (1 micron), elle peut être utilisée comme carburant dans les moteurs à com-bustion (ou moteur diesel de type indien) qui font tourner les plateformes multifonctionnelles, les générateurs, les moulins à grain et les pompes à eau etc.

Sur le tableau 1 on peut observer que la puissance du moteur est sensiblement la même que l’on utilise de l’huile de Jatropha ou du gasoil. Cependant les deux liquides n’ont pas le même pouvoir calorifique : 43,8 pour le gasoil et 38,8 pour l’huile de Jatropha (Vaitilingom, 2007) donc l’huile de Jatropha sera consommée plus vite.

Tableau 1 : Comparaison gasoil et huile de Jatropha

(Mensier P. H. et Loury M. 1950 in Danlos 1994)

Après un processus d’estérification l’huile est transformée en biodiesel et peut être utilisée dans des véhicules.

Le TourteauUne fois la graine broyée et l’huile extraite reste le tourteau. Les analyses du tableau 2 révèlent que le tourteau contient de nombreux éléments minéraux.Il peut être mis à composter avec d’autres déchets végétaux et du fumier dans les compostières entretenues par les paysans, puis valorisé sous forme d’engrais organique à épandre sur les cultures vivrières ou les champs de Jatropha.

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16- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 17

Tableau 2 : Composition du tourteau

Roland. Pirot, 2009

Il est recommandé de ne pas dépasser 5 tonnes de tourteau à l’hectare à cause des risques de phyto-toxicité (Domergue et Pirot, 2008). En effet, bien que le tourteau de Jatropha soit com-mercialisé comme engrais organique dans certains pays (zimbabwé), son niveau de toxicité sur les autres cultures n’est pas encore bien connu donc la généralisation de cette technique de fertilisation doit être faite avec précaution.

Comme pour l’ensemble des compostières, il est possible de récupérer du biogaz généré par le compostage du tourteau.

Enfin, la graine de Jatropha contenant des produits toxiques (la cursine, qui disparait à 70°C, et l’ester de phorbol), le tourteau ne peut pas être distribué aux animaux comme complément alimentaire - comme c’est le cas pour d’autres produits agricoles - à moins d’être détoxifié, ce qui impliquerait de coûts importants.

Les briquettes inflammablesLes briquettes inflammables sont un procédé qui consiste à compacter des débris végétaux liés avec de la gomme arabique et de la mélasse. Elles sont utilisées en milieu paysan pour la cuisine par exemple. une entreprise appelée «biomasse Mali» fabrique des briquettes de ce genre à partir de tiges de coton et des techniques sont recherchées par Teriya Bugu pour tenter d’en fabriquer à partir de la pulpe des fruits de Jatropha.Les matières premières nécessaires ne sont cependant pas facilement trouvables et une forma-tion à la carbonisation est nécessaire pour les personnes chargées de leur conception.

Les savonsLes femmes des villages où l’on trouve d’anciennes haies de Jatropha utilisent les graines pour en faire du savon blanc.un long procédé de dépulpage (retrait de la coque du fruit) puis de décorticage (retrait de l’enveloppe noire pour récupérer l’amande) précède la cuisson des amandes mélangées à de l’acide caustique et de la lessive.Ces savons sont quelques fois vendus sur les marchés mais plus généralement autoconsommés par la famille, ce qui évite des dépenses supplémentaires par le chef de famille.

Le pied de presse ou filtrat (résidu d’huile resté sur la grille de la presse) ainsi que l’huile brute peuvent également être utilisés pour la fabrication de savons (noirs avec pieds de presse, et blancs avec l’huile brute) par saponification.

Les insecticidesEnfin, il est possible de fabriquer des produits insecticides biologiques à partir de l’huile ou de ses résidus. D’après Henning (Henning, 2007) l’huile de Jatropha aurait des propriétés

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17- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

pesticides contre le ver de la capsule du cotonnier la bruche de niébé et les termites. Mais ces observations n’ont pas encore été prouvées scientifiquement, si bien que ces propriétés ne sont pas mises en valeur non plus par Teriya Bugu.

2.4 Suivi de la culture

PlantationIl y a plusieurs façons de multiplier le Jatropha, que nous développerons par la suite : le semis direct, le repiquage après pépinière, et le bouturage.

La technique du semis direct qui consiste à disposer plusieurs graines dans un trou fumé of-frirait une reprise souvent faible. Mais cela dépend beaucoup de la qualité de la graine et de la façon dont elle a été stockée au préalable.

Au contraire, la plantation en pépinière met les graines dans de meilleures conditions de ger-mination. Le taux de germination à Teriya Bugu est très élevé (98 à 100% avec des graines sèches).

La technique par bouturage quant à elle influe sur la morphologie de la plante : sa croissance et sa production de graines seraient plus importantes que celles d’une plante issue de semis (observations sur les essais de Teriya Bugu) mais les plants bouturés ne développent pas de racine pivot mais un système racinaire fasciculé qui rend la plante moins résistante aux vents violents (Domergue et Pirot, 2008).

fertilisationD’après Domergue et Pirot (2008), les besoins du Jatropha sont : 30 kg/ha n et 10 kg/ha P2O5 la première année ; 45 kg/ha N et 20 kg/ha P2O5 les années suivantes. Les engrais choisis devront par ailleurs tenir compte des minéraux déjà présents dans le sol.Les paysans n’ayant pas facilement accès aux intrants ; la fertilisation doit donc surtout se faire lors de la plantation. Les années suivantes elle peut être faite à condition que l’agriculteur possède suffisamment de matière organique pour satisfaire en priorité ses cultures vivrières.

TailleLa taille doit permettre de donner une forme à l’arbuste qui facilite la cueillette, en diminuant la hauteur ; et de multiplier le nombre de branches, donc d’inflorescences, pour intensifier la fructification et le rendement des pieds.Henning (2007) recommande une coupe rase les 3 premières années pour créer un buisson à ramification basse qui facilite la récolte des fruits.L’AEDR quant à elle recommande de tailler dès la deuxième année tous les ans à la période où les pieds ont perdu leurs feuilles (avril-mai) soit peu de temps avant la première floraison.

SarclageTeriya Bugu conseille aux paysans d’effectuer 3 sarclages à la saison des pluies la première année pour optimiser les conditions de croissance des plants en limitant la concurrence raci-naire, puis au moins un sarclage par an les années suivantes.

Suivi phytosanitaire

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Les soins phytosanitaires concernent principalement la destruction des termites ; le traitement demande très peu de temps pendant la saison sèche.

RécolteLa récolte s’effectue d’octobre à février au moment de la fructification en 4 à 7 fois selon Te-riya Bugu. Le ramassage se fait soit en cueillant les fruits directement sur l’arbre soit à l’aide d’un bâton si les rameaux sont trop hauts.Les fruits restent plusieurs jours sur l’arbre une fois la maturité atteinte ce qui offre une marge de manœuvre aux personnes chargées de récolter. Cependant il arrive que certains fruits tom-bent tout de même au sol risquant de pourrir ou germer.

2.5 Les différentes formes d’implantation : avantages et inconvénients.

Plusieurs formes d’implantation du Jatropha sont observables dans le milieu paysan ; les plus représentées sont le plein champ, la culture intercalaire, et la haie.

- La première forme d’implantation, le plein champ consiste à planter les arbustes sur une surface unie avec un écartement de 2mx2m ou 3mx3m.Elle a plusieurs intérêts : Planté sur des terres dont la productivité a baissé à force d’avoir été trop longtemps cultivées, le Jatropha avec ses racines va restructurer le sol en profondeur et ses feuilles en tombant vont enrichir sa couche superficielle. De plus, ces plantations participent à une reforestation de la campagne tout en permettant un gain au producteur grâce à la vente des graines.

Cependant Teriya Bugu déconseille vivement cette forme d’implantation aux paysans car s’ils décident de planter en trop grande quantité des champs de Jatropha à la place de leurs parcelles vivrières, leur sécurité alimentaire pourrait être mise en péril. Etant une culture pérenne, si le prix des graines venait à chuter ou si le principal acheteur (Teriya Bugu) ne leur achetait plus les graines pour une raison quelconque, les producteurs n’auraient plus assez d’argent pour s’acheter de la nourriture et n’auraient plus de terres cultivables pour se suffire en nourriture, à moins de détruire leur plantation de Jatropha. L’arrachage des plants de Jatropha demande de lourds moyens mécaniques (ce que les paysans n’ont pas) et le cas échéant la culture risque fort de ne plus être replantée par la suite.

Même si les champs sont situés sur des terres non cultivées ils remplacent peut-être des espa-ces pâturés par les animaux du village et peuvent diminuer la biodiversité en remplaçant des buissons endémiques.

- La plantation en culture intercalaire consiste à planter le Jatropha par ligne (écartement de 2 à 3m entre les plants) espacées de 6m. Ainsi il est possible de cultiver entre chaque ligne des céréales sèches, une culture de rente, ou - à petite échelle - faire du maraîchage dont la Valeur Ajoutée Brute s’ajoutera à celle du Jatropha.L’enrichissement en fumier fait aux cultures intercalaires profitera également au Jatropha qui en contre partie contribue à créer de la matière organique avec ses feuilles, créant un cercle vertueux.Les plants étant taillés vers mai, ils n’auront pas encore complètement poussé au moment du labour donc ne gêneront pas.

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Cette forme d’implantation offre les mêmes avantages que ceux de la culture plein champ et permet de tirer un bénéfice de la terre en produisant une culture pendant les 4 premières années de non-production du Jatropha.Mais les agriculteurs connaissent mal ce système de culture et craignent une concurrence trop importante du Jatropha sur l’autre culture. D’ailleurs le niveau de concurrence ou les éventuels apports du Jatropha sur la culture intercalaire n’ont pas été mesurés scientifiquement.

figure 7 : Haies de Jatropha

B.Allard 2010

- La plantation en haie quant à elle présente nombre d’avantages en plus des avantages éco-nomiques :Il y a régulièrement des conflits entre voisins à cause des délimitations de terres au moment de la saison agricole ; la plantation d’une haie peut marquer définitivement la limite des champs (après un accord à l’amiable).Ayant des propriétés répulsives pour les animaux, une haie de Jatropha bien dense empêchera ces derniers de divaguer sur les parcelles encloses. De plus, en se substituant aux haies mortes traditionnelles, ces haies évitent l’abattage d’arbustes et d’arbres pour les construire.Enfin cette « barrière » végétale est une très bonne protection contre l’érosion des terres par le vent ou les pluies souvent violentes pendant l’hivernage.

3 Projets Jatropha et enjeux globaux

Les propriétés de l’huile de Jatropha et son utilisation comme biocarburant étaient déjà connues dans les années 30 après les analyses de Droit et François en 1932, puis l’huile a été utilisée pendant la seconde guerre mondiale dans les véhicules de l’armée dans les colonies françaises (Domergue et Pirot, 2008).Entre 1987 et 1997 sa culture était l’objet d’un projet appelé «Special Energy Programme » de la gTz, l’assistance technique allemande avant que celle-ci décide de consacrer ses activités à un autre programme.La CMDT (Compagnie Malienne de Développement du Textile) participa également à sa promotion dans les années 80 dans la campagne malienne en mettant en avant les avantages anti-érosifs et restructurateurs de sol de cette plante.

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Aujourd’hui 10 000km de haies ont été recensés au Mali (Henning 2002) pour 2 à 15km par village, notamment dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou.

Parmi les nouveaux programmes portés par des Organismes internationaux on peut citer l’OnuDI (Organisation des nations unies pour le Développement Industriel) qui aurait commencé un projet de dissémination de plateformes multifonctionnelles à travers le Mali dont au moins 15% fonctionneraient à l’huile de Jatropha (Dovebiotech).La coopération Danoise (nAPA) également a un programme de développement dont l’un des projets prioritaires a pour objectif global de « favoriser de façon durable la production en quantité et en qualité de l’huile à partir des graines de la plante Pourghère ».

Pourquoi le • Jatropha ?

Tableau 3 : Propriétés huile carburant

Domergue et Pirot, 2008

Beaucoup de plantes sont cultivées pour extraire de l’huile de leurs graines : le palmier datier, la noix de coco, le soja, le tournesol, l’arachide... Si le Jatropha a été privilégié par rapport à ces cultures pour l’utilisation d’huile végétale pure (HVP) comme carburant c’est essentiel-lement pour son pouvoir calorifique pro-che de celui du gasoil (voir tableau 3) et sa résistance à la sécheresse.De plus de grands espoirs ont été susci-tés sur ses rendements à l’hectare.Et enfin toutes ces autres huiles sont comestibles et utilisées dans l’industrie

agroalimentaire. Leur prix, vu ces débouchés, est trop élevé pour les transformer en biodie-sel.

3.1 Situation des projets au Mali aujourd’hui

Au Mali il y a plusieurs projets d’agrocarburant à base d’huile de Jatropha. Parmi les plus importants : 2 à l’échelle nationale concernent le biodiesel pour véhicules, 5 autres concernent la production d’HVP pour l’alimentation de groupes électrogènes.

Mali biocarburant - entreprise située à Koulikoro - a pour objectif de transformer les graines de Jatropha en biodiesel pour utilisation au Mali par l’intermédiaire de Shell Mali.Le projet a démarré en 2007 et aurait l’objectif de faire planter 12000ha sur 2010-2014 (2100ha en 2009).Les producteurs sont organisés en coopératives qui leurs achètent les graines et les stockent. Elles font ensuite appel à la presse mobile de l’union de coopératives, puis Malibiocarburant vient récupérer l’huile aux coopératives.L’objectif est de 40 000L d’HVP/mois ; les animateurs du projet incitent les paysans à planter en culture intercalaire.

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Le projet Jatropha Mali Initiative (JMI), débuté en 2007 se situe dans la région de Kayes à Kita. Il avait également un objectif de production de biodiesel mais a finalement orienté sa stratégie vers l’alimentation des groupes industriels (contrat avec Caterpillar) en HVP.Dans le premier objectif 166 villages étaient concernés pour 1300ha en 2009 tandis qu’ils vi-saient12 000 ha (Burnod & gautier, 2009). Les paysans sont regroupés en comités villageois et une coopérative par commune achète les graines pour les revendre à JMI qui les transforme en huile.

Mali Bio Énergie lance son projet de biocarburant à base d’huile de Jatropha en 2007 dans l’office du Niger. La société se focalise essentiellement sur les cultures mixtes.L’unité se matérialise en trois points : - La plantation de Jatropha et les cultures mixtes associées.- La mise en place d’une huilerie pour le pressage des graines et d’une unité de production de biodiesel.- La promotion de la culture du Jatropha auprès des agriculteurs locaux.

Pour ce qui est des projets d’électrification rurale on peut citer Mali Folke Center avec son projet «Garalo Bagani Yelen» qui avait en 2008 fait planter 550 ha en plein champs et associa-tions pour 450 producteurs (Burnod & gautier, 2009).Les producteurs sont regroupés dans des comités villageois et une coopérative se charge de la collecte et du pressage. L’huile extraite servira à alimenter les groupes électrogènes fonction-nant actuellement au gasoil installés par l’entreprise ACCESS.

Le projet GERES/AMEDD situé dans les Cercles de Couni, Yorrosso, et Conseguela, a égale-ment des objectifs finaux d’électrification rurale. Subventionné par un investisseur privé le but ici est de faire produire un maximum de graine, de les transformer, et de revendre l’huile.

Enfin, l’AEDR à Teriya Bugu dans la région de Ségou incite les producteurs à planter, les or-ganise en coopérative au sein des villages, récupère les graines, les transforme, et consomme elle-même l’électricité. La filière est locale donc l’argent est investit dans la zone ce qui aide au développement.

L’ensemble de ces projets créent une demande forte en graines pour le moment largement supérieure à l’offre.

3.2 Les différents enjeux de la culture du Jatropha.

La culture du Jatropha tend à se développer à travers tout le pays mettant en évidence plusieurs enjeux majeurs. Nous essaierons d’appréhender les impacts réels de ceux-ci dans la suite du dossier.

Sécurité alimentaire.•

Il arrive que des paysans revendent une partie de leur réserve en grain - initialement prévue pour la consommation familiale - pendant l’année, pour acheter des produits de première nécessité : Vêtements, soins médicaux, frais pour l’école... Si bien que la famille se retrouve

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parfois en pénurie de céréales à la fin de l’année de production.Une étude du Geres (Enjeux Jatropha paysans maliens, 2009) fait ressortir comme principales causes de cette situation le climat, le manque de matériel et d’intrants, les mauvaises terres. Mais la situation pourrait s’aggraver si les terres dévolues à la culture de céréales étaient utili-sées pour planter du Jatropha. Un problème donc de compétition d’utilisation des terres.nous verrons comment les producteurs de Jatropha gèrent cette culture et si le problème est réel.

Intégration aux systèmes agraires•

Le Jatropha est une culture pérenne et à priori assez peu exigeante et suppose l’immobilisation des terres sur plusieurs dizaines d’années. Le choix de sa forme d’implantation aura d’impor-tantes conséquences en matière de compétition d’usage des terres et de main d’oeuvre dans l’avenir de l’exploitation.Cependant il semblerait que le producteur voit juste à court terme ce que peut lui apporter telle ou telle culture.nous étudierons l’impact de cette culture dans l’organisation du temps de travail et comment elle s’insère le mieux spatialement dans les différents systèmes de production.

Conflits sociaux•

Cette culture pérenne peut générer des conflits relevés par le GERES sous deux formes : in-ternes et externes.Les agriculteurs s’ils multiplient les champs individuels pour cette culture ou une autre pour-raient voir leur famille se disloquer, chacun ne pouvant plus participer autant au travail en champs collectifs (qui assurent l’alimentation de la famille).D’autres conflits peuvent surgir entre deux producteurs si la haie de l’un empiète sur le champ de l’autre ou si son champ de Jatropha pousse sur une jachère qui servait d’alimentation au bétail d’un éleveur.La divagation des animaux du village dans les parcelles agricoles à la saison sèche peut en-dommager les jeunes plants de Jatropha et créer des situations conflictuelles.

Environnement•

Le manque d’accès au gasoil et au gaz par les paysans pour cuisiner et se chauffer et les tech-niques de protection des cultures avec des haies mortes obligent la population rurale à récu-pérer (ramasser ou couper) du bois dans les champs ou en brousse, malgré l’interdiction des organismes environnementaux de couper du bois vert.La plantation de Jatropha a pour intérêt de reboiser cette campagne et de contribuer au main-tien de l’écosystème en place (en fonction du mode d’implantation).De plus, d’après Onua Amoah, le Jatropha peut être utilisé pour la reforestation dans le but de séquestrer du carbone. Il ferait partie de la définition de «forêt» par le Clean Development Me-chanism (CDM) car la couverture de son houppier dépasse 30% et il mesure entre 2 et 5m.La substitution du gasoil par l’huile végétale pure de Jatropha permettrait également de dimi-nuer les gaz à effet de serre, mais cela n’est pas encore prouvé. Ces aspects de séquestration et de substitution du carbone peuvent avoir une valeur économique si des crédits carbone sont achetés à Teriya Bugu.

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Economie•

Le Jatropha est considéré comme une culture de rente. Sa rentabilité économique dépend de plusieurs facteurs : le rendement à l’hectare dont les chiffres dans la bibliographie sont inap-plicables à la zone du projet Teriya Bugu, la capacité des producteurs à suivre la culture, et le prix d’achat des graines qui est directement indexé sur le prix du gasoil.Les enjeux économiques sont également importants pour les organisations porteuses de projet : le transport et la transformation des graines en huile ont un coût qui peut être important et il convient de faire en sorte que la somme de ces coûts soit inférieure au coût d’utilisation du gasoil.

notre étude mettra en évidence le temps de travail nécessaire au suivi de la culture et détermi-nera une fourchette de prix qui assure à la fois la rentabilité des producteurs et celle de Teriya Bugu.

Energie•

L’enjeu énergétique des projets Jatropha au Mali est majeur étant donné la difficulté d’accès aux énergies fossiles en milieu rural. Ces projets s’ils sont orientés vers une production et une consommation locale peuvent aider considérablement au développement de la zone. Cepen-dant la zone de consommation d’électricité est rarement celle de la zone de production. Alors l’accès à l’énergie est-il une priorité ? Si oui, le projet de Teriya Bugu pourrait-il s’étendre au delà du village ?

1 Problématique multidimensionnelle : Social, environnement, éco-nomie1.1 Problématique

L’Etat malien met en place une politique de développement des filières agrocarburant qui s’organise sur le terrain à travers plusieurs entreprises et associations. L’AEDR (Associa-tion d’Entraide au Développement Rural), comme la plupart des organismes porteurs d’un projet Jatropha au Mali, a voulu mettre en place une filière qui s’appuie sur l’agriculture fami-

4 Le projet de Teriya Bugu4.1 Origine du projet et objectifs

Teriya Bugu est un village né dans les années 60 de la rencontre entre un père blanc missionnaire, Bernard Vespieren, et un pêcheur somono du village de N’Goron, Lamine Samake. Celui-ci permet au père de s’installer sur ses terres dans les années 80.Le père Vespieren développa alors une ferme modèle avec vergers, potagers, grandes cultures, élevages, pisciculture... autour desquels va se construire le village Teriya Bugu («la case de l’amitié» en bambara).Il mettra beaucoup d’énergie dans l’utilisation des énergies renouvelables comme le so-laire, l’éolien et le biogaz.

En 1993 est créée l’Association Malienne d’Entraide au Développement Rural (AEDR) chargée d’appuyer les actions du père et d’en assurer la pérennité à sa mort.Le père meurt en 2003 et la question suivante se pose alors : «Comment préserver les emplois des 48 travailleurs, sachant que les recettes du centre, qui a une vocation princi-

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palement expérimentale, sont quasi nulles et que les charges sont immenses ?» (www.te-riyabugu.com). L’idée est alors de reconvertir l’ensemble des bâtiments hérités en hôtel.

OrganisationLe village s’organise autour de 4 filières : l’hôtel, les activités communautaires, l’agricul-ture et le Jatropha.

1 - La filière «Hôtel» gère tout ce qui concerne les activités touristiques aussi bien à Teriya que dans les villages alentours. Le centre hôtelier est composé d’un hôtel de 27 cham-bres, un restaurant, un bar et une salle de conférence de 100 places tous consommateurs d’électricité.

2 - La filière «activités communautaires» se charge du bon fonctionnement de l’école fondamentale qui comprend neuf classes (pour environ 250 élèves) et de la maternelle ; de la bibliothèque, et du dispensaire-maternité.

3 - La filière agricole gère une forêt plantée de 200 000 d’eucalyptus pour l’usage domes-tique et la vente ; ainsi que l’apiculture (140 ruches), la bananeraie, le maraichage, les élevages (lapins, poules et canards qui alimentent le restaurant) et le zoo.

Les objectifs affichés par l’association sont multiples :- Améliorer les conditions de vie des habitants de Teriya Bugu en créant des emplois ; en développant l’agriculture (arboriculture fruitière et maraîchage, élevage, apicul-ture,…) ; en mettant en place des services communautaires : santé, éducation, alphabé-tisation, électrification rurale et un réseau d’eau potable.- faire de Teriya Bugu un point central de développement des villages alentours en per-mettant à ces derniers de mettre en place des activités touristiques ou, en l’occurrence, de leur proposer une nouvelle culture de rente.- Etre un centre pilote dans le domaine de l’écotourisme et dans l’utilisation des éner-gies renouvelables au Mali (énergie photovoltaïque, chauffe-eau solaire, biogaz et bio-carburants).

L’objectif global est d’enrichir la population locale et de lutter contre l’exode rural.

Actuellement des fonds sont alloués à l’AEDR par l’Association des Amis du Père Ber-nard Vespieren (AAPBV) mais les structures décrites précédemment ont un coût d’entre-tien et en énergie importants. La filière Jatropha mise en place en 2006 permettra peut-être de les diminuer.

4 - La filière Jatropha est divisée en 2 volets principaux : Le premier est le «volet recherche» qui consiste à observer le déroulement de la culture du Jatropha sur des parcelles propres (croissance avec ou sans engrais, maladies, rendements ...). Ces recherches permettront de déterminer plus précisément les besoins de la plantes en intrants ou itinéraire technique.Les partenaires techniques sont : le CIRAD, à l’initiative de ce volet et chargé du suivi scientifique des parcelles ; et l’ANADEB (Agence Nationale de Développement des Bio-

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carburants), chargée de la promotion des biocarburants au Mali.Les partenaires financiers sont Enerbio jusque fin 2010, et l’Union Européenne (rem-plaçant d’Enerbio) qui finance plusieurs partenaires dans le monde à travers le projet «Jatropt».

Le second volet est le «volet paysan» entièrement financé par Total qui consiste à mettre en place la filière Jatropha : Inciter et conseiller les paysans à la plantation du Jatropha, mettre en place les coopératives, installer la zone de transformation, former les techniciens et les paysans à la gestion...

Les objectifs principaux du projet Jatropha sont d’offrir aux paysans une nouvelle source de revenus, de développer la recherche, et d’atteindre l’autonomie énergétique au niveau du village voire au delà.Pour appréhender l’ampleur du développement agricole nécessaire de la culture de Jatro-pha, nous devons dans un premier temps calculer les besoins précis en énergie de Teriya Bugu.

4.2 Besoins en huile de Teriya bugu

Teriya Bugu utilise des groupes électrogènes de type P 20MV à moteur diesel à injection indirecte avec une capacité de réservoir de 163l. Leur consommation à 100% de charge est de 5,4l/h et sous 50% de charge de 2,9l/h.

La consommation du village, du dispensaire, de l’école, et du centre de tourisme est de 39 000l à 64 000l/an depuis ces 5 dernières années. Pour le calcul des besoins nous prendrons la valeur la plus haute.

Les données au niveau des rendements et de la transformation en huile sont assez varia-bles, nous prendrons des fourchettes pour chacune d’elles :- Le rendement en graines des plants de Jatropha est inconnu en zone sahélienne : les projets Jatropha dans cette zone datent de moins de 5 ans donc les plants n’ont pas atteint leur pleine productivité.Cependant, Henning considère dans un rapport sur un projet au Mali qu’une haie produi-rait 0,8kg par mètre et par an soit 2t/ha en 2x4m. A notre latitude les rendements risquant d’être plus faibles, nos calculs seront effectués en supposant un rendement entre 0,8T et 1,5T/ha sur des parcelles de 1250 pieds (2x4m).- La teneur en huile est de 31% à 40% selon la qualité de la graine (analyses 2009 CE-TIOM sur variétés de plus de 4 ans).- Le taux d’huile restant dans le tourteau est de 6,4% à 6,7% après analyse, sur des graines contenant en moyenne 35% d’huile.- On considère une quantité de 550 à 650Kg de tourteaux pour une tonne de graine.- Densité de l’huile de Jatropha : 0,92 kg.L-1 (Jongschaap, 2007)- Le pouvoir calorifique de l’huile par rapport au gasoil est inférieur de 10% donc pour une consommation de maximum 64 000L par an de gasoil il faudrait : 70 400L d’huile de Jatropha.

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nous avons fait varier ces données pour réaliser le tableau 4. Le détail des calculs apparaît en annexe.

Tableau 4 : Calcul de rendement de la presse et superficie nécessaire à Teriya Bugu

Explication des calculs :- La masse d’huile est obtenue par multiplication du rendement à l’hectare par la teneur en huile de la graine.- La masse d’huile non récupérée est la masse du tourteau multipliée par son taux d’huile théorique.- La masse d’huile extraite est le résultat de la soustraction de l’huile non récupérée à la masse d’huile à l’hectare.- Le rendement d’extraction de l’huile est obtenu par la division de la masse d’huile à l’hecta-re sur la masse d’huile extraite. Nos calculs révèlent une variation des rendements de la presse de 86,0% à 91,2% pour une moyenne de 88,7%, soit 3,2kg de graines pour 1L d’huile.

- Le volume d’huile extrait est le résultat de la masse d’huile extraite divisée par la densité de l’huile de Jatropha.

En prenant deux valeurs extrêmes : un rendement à l’hectare de 0,8T/ha avec le rendement de presse minimum, et un rendement à l’hectare de 1,5T/ha avec le rendement de presse maxi-mum, la surface nécessaire à l’autonomie énergétique de Teriya Bugu passe respectivement de 304ha à 118ha.

En nous positionnant sur un rendement qui semble réaliste de 1T/ha et un rendement de presse de 88,7%, nous obtenons un besoin de 209ha en moyenne.En équivalant haie cela représente : 209ha x 1250 pieds x 0,5m d’espacement = 131 km

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liale, permettant ainsi à un grand nombre de familles de s’enrichir avec une nouvelle culture de rente.Mais l’agriculture familiale connait des problèmes de développement : agriculture non méca-nisée, faibles moyens d’intensification, main d’œuvre en exode, diminution du rendement des terres par surexploitation, etc.

Deux études ont été faites en 2008 et 2009 par Emilie Gaboret et Aby Ndoye afin de révéler la situation agraire et sociale réelle de notre zone d’étude et de mettre en évidence les premiers enjeux.Le projet de filière agricole de Teriya Bugu peut donc prendre en compte ces données et ré-flexions mais plusieurs points restent encore en suspend qui ne permettent pas à l’association d’estimer ses besoins réels en superficie à cultiver : le rendement à l’hectare du Jatropha ; la capacité qu’ont les paysans d’introduire cette culture à leur système de production. Notre étude (dernière d’une série de 3 études mise en place en collaboration entre le CIRAD et l’AEDR) devra estimer de manière réaliste ces données et, une fois la possibilité théorique de dévelop-pement de cette culture mise en évidence, répondre à la question économique de la filière.Ainsi se pose une problématique à 2 niveaux :

- quel est l’impact de cette culture sur son environnement social et écologique ?

- Quelle fourchette de prix d’achat des graines permettra à cette culture d’être rentable à la fois pour les producteurs et pour Teriya Bugu? Le cas échéant est-ce que les producteurs vont pouvoir assumer cette culture sans créer de disparités sociales ou au contraire les bénéfices de la filière équitablement répartis vont-ils permettre de rehausser le niveau des plus pauvres?

1.2 Objectifs

Pour répondre à cette problématique, nous nous sommes fixés les objectifs suivants :

Objectif 1 : Révéler la situation agricole de la zone d’étude : Observer la façon dont l’agricul-ture s’est adaptée à son milieu et présenter les différents systèmes de production et types de producteurs présents dans la zone.Cet objectif a pour but de mieux appréhender l’impact de l’introduction du Jatropha dans ce paysage.

Objectif 2 : Voir les catégories de producteurs qui se sont lancés dans le Jatropha : Pourquoi eux et sous quelle forme ils l’ont planté.Tirer des dynamiques d’évolution actuelle et future de cette culture.

Objectif 3 : Déterminer la rentabilité de la culture de Jatropha pour le producteur et la compa-rer avec les autres cultures de la zone.

Objectif 4 : Déterminer la rentabilité de la filière Jatropha pour Teriya Bugu en estimant les

chapitre 2 : problématique et méthodologienous avons fait varier ces données pour réaliser le tableau 4. Le détail des calculs apparaît en annexe.

Tableau 4 : Calcul de rendement de la presse et superficie nécessaire à Teriya Bugu

Explication des calculs :- La masse d’huile est obtenue par multiplication du rendement à l’hectare par la teneur en huile de la graine.- La masse d’huile non récupérée est la masse du tourteau multipliée par son taux d’huile théorique.- La masse d’huile extraite est le résultat de la soustraction de l’huile non récupérée à la masse d’huile à l’hectare.- Le rendement d’extraction de l’huile est obtenu par la division de la masse d’huile à l’hecta-re sur la masse d’huile extraite. Nos calculs révèlent une variation des rendements de la presse de 86,0% à 91,2% pour une moyenne de 88,7%, soit 3,2kg de graines pour 1L d’huile.

- Le volume d’huile extrait est le résultat de la masse d’huile extraite divisée par la densité de l’huile de Jatropha.

En prenant deux valeurs extrêmes : un rendement à l’hectare de 0,8T/ha avec le rendement de presse minimum, et un rendement à l’hectare de 1,5T/ha avec le rendement de presse maxi-mum, la surface nécessaire à l’autonomie énergétique de Teriya Bugu passe respectivement de 304ha à 118ha.

En nous positionnant sur un rendement qui semble réaliste de 1T/ha et un rendement de presse de 88,7%, nous obtenons un besoin de 209ha en moyenne.En équivalant haie cela représente : 209ha x 1250 pieds x 0,5m d’espacement = 131 km

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28- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 29

coûts de transport et de transformation à travers plusieurs scénarii.Proposer des choix d’organisation de la filière qui permettent de la rendre rentable.

2 Méthodologie2.1 Délimitation de la zone d’étude

Les premières études réalisées par Emilie Gaboret et Aby Ndoye consacrées à une analyse agraire et sociale s’étaient concentrées sur une zone allant du Bani à la Rn6. notre zone d’étude - territoire d’un seul tenant - s’étend quant à elle sur une soixantaine de kilomè-tres au sud de Teriya Bugu soit une vingtaine de kilomètres au delà de cette route. Nous avons étendu notre zone afin de pouvoir interroger les propriétaires d’anciennes haies qui y sont nombreux. De plus, l’agriculture y est sensiblement différente puisque cette partie de la zone n’est pas influencée par le Bani et ses crues au contraire des alentours de Teriya Bugu.

Au total 19 villages ont été sélectionnés en fonction (dans l’ordre d’importance) de :- la présence de planteurs de Jatropha (seuls les planteurs ont été interrogés)- l’ancienneté des plantations (moitié avant 2007/moitié après 2007)- leur situation géographique (faire en sorte que l’ensemble de la zone soit parcourue)- la présence ou non de zone inondable- la présence de femmes faisant du savon- leur activité principale (agriculture, pêche)

La sélection des producteurs à enquêter ne s’est pas faite en fonction du type d’exploitation dont ils faisaient partie (non équipés, pluri-équipés...) mais au hasard des rencontres afin de pouvoir faire une estimation des types d’exploitations les plus impliquées dans la culture du Jatropha.

2.2 Déroulement du stage

Le stage avait une durée de 4 mois et 1/2. Il s’est déroulé en 3 grandes phases :

- Une prise de connaissance précise du projet et une reconnaissance du terrain qui a permis d’appréhender le milieu naturel dans lequel ce premier s’inscrivait. D’une durée de 4 semaines cette phase a permis de cartographier la zone, et d’analyser les caractéristiques dominantes de l’environnement : relief, hydrographie, pédologie, implantation des villages, cultures, boise-ments...

- Une phase d’enquêtes sociales et économiques auprès des agriculteurs de 4 + 2 semaines. Cette étape a permis d’appréhender les différentes catégories d’agriculteurs présents dans la zone, leur façon de mettre en valeur le Jatropha, les coûts de production, et leurs attentes vis à vis de cette nouvelle culture.

- Une phase d’enquêtes auprès des membres porteurs du projet : Organisateurs et techniciens. Cette phase a duré 2 semaines et a permis de révéler l’organisation de la filière et les coûts liés au suivi paysan et à la transformation.

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29- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Chacune de ces phases était précédée d’une semaine de préparation des questionnaires, et suivie d’une à plusieurs semaines de synthèse des données récupérées.

Une prise de recul a pu être faite lors du passage - à la moitié du stage - de Marie-Jeanne Va-lony, professeur chargée du suivi de ce stage.

2.3 Outils employésTableau 5 : Outils employés pour l’étude

Pour répondre aux différents objectifs de notre étude nous avons utilisé les outils suivants :Bibliographie et synthèse des études•

La lecture des études d’E. gaboret et A. ndoye et de la bibliographie a été nécessaire tout au long du stage afin d’y comparer les résultats trouvés lors de nos enquêtes. De plus la bibliogra-phie permet de prendre du recul sur notre étude et de se poser d’autres questions.Mais deux phases importantes de recherche bibliographiques ont été faites : l’une au début du stage pour connaitre les informations manquantes ou floues, et l’autre à la fin du stage pour argumenter notre réflexion.

Etude du terrain•

Les premières sorties de terrain avaient pour objectif d’appréhender l’organisation du pay-sage.nous avons tenté de caractériser les facteurs biophysiques observables sur le terrain : la to-pographie, les types de sol, l’hydrographie, la végétation dont les cultures ; puis les facteurs socio-économiques : différentes populations, différentes activités, implantation des villages, réseau routier...

Des entretiens ouverts (annexe 1) ont ensuite été effectués auprès de 4 chefs de villages âgés

Synthèse études précédentes Bibliographie Observations

de terrainEnquêtes paysannes

Enquêtes Teriya Bugu

Paysage x x xHistoire x x xDiagnostic agraire x x x xImplantation du Jatropha en milieu paysan x x

Définition des produits de la filière x x

Organisation de la filière x xRentabilité producteur x x xRentabilité coopératives x xRentabilité Teriya Bugu x x

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30- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 31

pour connaitre l’évolution historique du territoire : discussions sur l’évolution de l’agriculture et de la démographie de 1900 à aujourd’hui.

Déroulement des sorties de terrain et enquêtes paysannes•

Deux traducteurs ont été mis à ma disposition - alternant tous les 2 jours - pour le temps né-cessaire à mes enquêtes. Les sorties s’effectuaient en moto.

Les «enquêtes paysannes» se sont déroulées en 3 fois auprès de 69 agriculteurs dans 19 villages :- La première série d’enquêtes s’est faite sur 5 semaines à l’aide de ques-tionnaires fermés (annexe 2). Elles avaient pour but de déterminer dans quel type d’exploitation le Jatropha se trouvait, la proportion des diffé-rentes cultures et l’intérêt que les paysans leurs portaient par rapport au Jatropha, la façon qu’ils avaient de mettre ce dernier en valeur, les coûts de production de sa culture, et leurs intentions de culture dans le futur.

- Une autre série d’enquêtes auprès des coopératives à l’aide d’un ques-tionnaire fermé (annexe 3) a permis de comprendre leur organisation, les attentes des membres bénévoles chargés de leur fonctionnement, et les coûts éventuels de fonctionne-ment.

- Une dernière série d’enquêtes en entretiens (annexe 3) auprès des femmes qui font du savon avait pour but d’appréhender les enjeux de cette culture pour eux et les coûts de transformation des graines en savon.

Pour optimiser les phases d’enquête nous avons questionné les paysans à la fois sur leur ex-ploitation, et sur les aspects sociaux et économiques liés à la culture du Jatropha. Chacune de ces dimensions a ensuite été traitée à des moments différents.

Enquêtes à Teriya Bugu•

Les enquêtes auprès des membres de l’AEDR chargés du projet Jatropha étaient faites à l’aide de questionnaires fermés. Ils concernés dans un premier temps l’organisation de la filière, et dans un second temps les coûts et gains liés à son fonctionnement.

Figure 8 : Enquêtes par village

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31- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Les chefs de projet, observateurs, animateurs, et techniciens ont été interrogés.

Rencontres avec d’autres organismes•

Des rencontres ont été organisées avec le gERES, où nous avons pu relever les différents obs-tacles et réussites des projets ; ainsi qu’avec le directeur de Malibiocarburant qui a bien voulu nous expliquer comment s’organisait la filière Jatropha de l’entreprise.

2.4 Caractérisation des exploitations

Pour «classer» les exploitations interrogées nous avons gardé les typologies utilisées par E.Gaboret et A.Ndoye, afin de pouvoir comparer les résultats entre eux.Pour cela la première partie des enquêtes concerne le nombre d’hectares, le nombre d’ani-maux, et le matériel présent dans l’exploitation.Les uBT (unité de Bétail Tropical) sont calculés par 1 uBT pour un bovin, et 0,2 uBT pour un ovin ou un caprin.Les UBT/an/ha représentent la capacité d’intensification de l’exploitation.

2.5 Analyse économique

Informations générales :La devise utilisée au Mali est le franc CfA. 1 fcfa = 0,152 € ou 1€ = 655,9 fcfa.Le revenu minimum mensuel fixé par l’Etat est de 28 460 Fcfa. Cependant, la rémunération moyenne journalière dans notre zone pour des travaux agricoles s’élèverait à 1000Fcfa/jour voire moins si la tâche est considérée facile par l’employeur.

Rentabilité pour le paysan•

Pour faire nos différents calculs économiques sur la mise en place et l’entretien du Jatropha nous avons fait des estimations de temps de travail.Les données les permettant sont issues de plusieurs sources :Dans un premier temps nous avons récupéré des informations auprès des chefs de projet de Teriya Bugu. Nous avons ensuite fait une synthèse des informations disponibles dans la bi-bliographie.Enfin, nous avons fait une moyenne des informations recueillies auprès des producteurs lors de nos entretiens. De celles-là nous avons retiré les valeurs aberrantes en se fiant aux premiè-res informations.

Ce temps est représenté en Hj (Journée de travail d’un homme) soit 8h.Les Hj ne prennent pas en compte le temps travaillé avec l’aide d’animaux de trait, mais ceux-là ne sont qu’exceptionnellement utilisés pour le labour d’avant plantation et sont mentionnés le cas venu.

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32- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 33

3 Conclusion

L’économie de la zone dans laquelle s’inscrit se projet est presque exclu-sivement agricole, la culture d’une nouvelle plante comme le Jatropha y trouve donc toute sa place. Cette plante semble être peu exigeante en qualité de sol ou en climat et peut se planter sous différentes formes (haie, interculture, champ) ce qui peut faciliter son appropriation et insertion dans le monde paysan.De plus, les produits issus de la plante ou de la transformation de certaines de ses parties sont assez nombreux et sont utiles à l’environnement villageois, ce qui va dans l’intérêt des entrepreneurs et des agriculteurs. Les entrepreneurs ont égale-ment la possibilité de s’orienter sur un marché local, ou sur un marché national voire international.

Les points négatifs de ces projets sont dus au fait qu’ils soient encore à l’expé-rimentation. Des maladies ou attaques parasitaires - par exemple - peuvent appa-raître sans qu’on n’en connaisse le traitement ou qu’on puisse l’appliquer.Des enjeux importants - conséquences de la culture du Jatropha - apparaissent mais ne restent que théoriques : non dégradation des relations sociales, organi-sation des cultures, suffisance alimentaire... Il faudra attendre encore quelques années avant de juger leur impact réel.

C’est donc dans ce contexte que s’inscrit le projet de Teriya Bugu qui jouit d’une grande popularité grâce à l’ancienneté du centre et à l’œuvre du père Vespieren. De plus les filières sont bien organisées et la filière Jatropha est subventionnée pendant plusieurs années.Cependant l’installation de la filière risque de mettre plus de temps que ne leurs sont accordées les subventions.Autre élément gênant : certaines données comme les besoins en huile sont des estimations et peuvent influer sur le projet plusieurs années après.

Nous avons dessiné des objectifs qui nous permettront de revenir sur certains de ces points avant d’évaluer la rentabilité du projet.

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33- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

L’objectif de cette seconde partie est de déterminer les caractéristiques du système agraire présent dans notre zone d’étude, par la compréhension du contexte environnemental, de l’organisation sociale, et des techniques agricoles employées.Dans un premier temps (Chapitre 1) nous décrirons le contexte naturel et l’histoire du lieu, ainsi que les différents systèmes de production qui y sont implantés. Puis dans un second temps (Chapitre 2) nous verrons comment le Jatropha a été mis en valeur par les agriculteurs et apporterons une critique.

1 Situation environnementale1.1 Contexte naturel

Le Climat•

Le climat à notre latitude est de type soudano sahélien.- De novembre à mai à lieu la saison sèche. Caractérisée par une rareté voire une absence de pluies, elle se divise en une période fraîche de novembre à février –avec un minimum de 12°C en décembre – et une période chaude de mars à mai, avec des températures atteignant alors 45°C.Le vent dominant, l’Harmattan, souffle du nord vers le sud-est, apportant l’air sec du désert.- La saison des pluies ou hivernage débute entre juin et juillet, et dure jusqu’en octobre. Les pluies sont amenées cette fois-ci par la mousson qui souffle du Sud vers le Nord-Ouest. La température baisse alors aux environs de 28°c.

C’est au début et à la fin de l’hivernage que sont concentrés les gros des activités agricoles avec le semis et la récolte.

Entre 2000 et 2008, la région a reçu 737 mm de pluie en moyenne mais de manière très irrégulière (960 mm à Teryia Bugu en 2006, 683,5 mm en 2007 et 653 en 2008) (Benni Traoré, membre de l’AEDR et responsable des relevés pluviométriques).Le rendement en céréales fluctue en fonction des pluies, mais le plus difficile à gérer pour l’agriculteur est le caractère imprévisible du début de l’hivernage. En effet, les premières pluies ne sont pas toujours directement suivies de l’hivernage ; dans ces cas là les agriculteurs qui se sont précipités pour semer, craignant de perdre l’hivernage, perdent toutes leurs semences à cause de l’aridité.

Evolution climatique :un rapport de la coopération danoise sur les impacts des changements climatiques au Mali relève une diminution de la pluviométrie entre 1970 et 2001 « par rapport aux périodes 1921-1940 et 1940-1970 (République du Mali, 2007) ».Les périodes de sécheresse dans les années 70 et 80 seraient à l’origine - d’après le GIEC - du plus grand changement climatique du 20ème siècle observé au Mali (Trenberth et al., 2007).

Partie 2 : Le milieu et la place réservée au Jatropha

chapitre 1 : diagnostic agraire

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34- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 35

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35- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Malgré une légère réaugmentation de la pluviométrie dans la zone soudano-sahélienne entre 1996 et 2006, nous pouvons craindre que le climat continue de s’assécher.

figure 10 : Diagramme ombrothermique

B. Allard - Données The weather channel, 2001-2010

• Les cultures en fonction du relief

En termes de paysage, la zone d’étude présente un paysage plat, bombé en quelques rares en-droits de cuirasses ferrugineuses érodées qui ne dépassent pas les 20m. Seuls quelques cours d’eau temporaires sillonnent la zone à la saison des pluies, mais c’est la mousson qui érode les terres, déplace les matières, et crée des dépressions. Ainsi, le territoire se partage entre des sols gravillonnaires en hauteur, les sols sablo-argileux sur les grandes étendues, et les sols argileux dans les bas-fonds. Sur les premiers pousse une savane buissonnante basse dont les herbacées servent de pâture aux animaux divagants. Sur les sols sablo-argileux sont installés les champs de case où sont principalement cultivés le mil, le sorgho, le maïs, et l’arachide et où poussent entre autres le karité (Butyrospermum parkii), le baobab, le neem, l’acacia (Acacia albida) et l’arbre à néré (Parkia biglobosa). Enfin, dans les bas-fonds argileux, inondés à la saison des pluies, est cultivé le riz inondé ; cette caractéristique est également présente le long du Bani, dans les zones inondables.

Pour ce qui est des animaux sauvages, la plupart d’entre eux ont disparu ; il ne reste que quel-ques oiseaux migrateurs tel l’oie, le canard sauvage ; ainsi que quelques reptiles (serpents, varans) et rongeurs (lapins, rats sauvages).

• Pédologie

Sur le transect de la figure 9 vous pouvez observer les différentes successions de sol :

- Les sols gravillonaires ou « belé dougoukolo » : Il s’agirait ici d’un stade dégradé de cuirasse

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36- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 37

figure 11 : Bloc diagramme, succession de paysages et de fonctions

Temesso

Nampasso

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Teriya Bugu

Gao Bamako

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LégendeVillageChamps de case(Mil, maïs, sorgho, arachide)Champs de brousse(Mil sorgho)Champs inondés à l’hivernage(Riziculture)Ancienne cuirasse(Zone de pâture)ParcsMaraîchage

Organisation typede finage villageois

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37- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

ferrugineuse sous-jacente formée sur du Grés. La surface peu profonde est sableuse et forte-ment chargée en gravillons, Rarement cultivés car non mécanisables et trop séchants, ils sont support au pâturage.- Les lithosols ou «fuga gilin» : sol largement lessivé, peu évolué, qui relie le plateau au fond. Plus profond et très sableux on y cultive le riz pluvial.- Les sols sablo-limoneux ou « tchentchen dougoukolo » : Ce sol est un sol ferrugineux tro-pical lessivé ; il est dit pauvre car contient peu d’argile et donc peu de minéraux, mais est cependant cultivé dans notre zone (mil, arachide, sorgho, coton).- Les sols argilo-limoneux ou « die dougoukolo » : Contenant d’avantage d’argile il offre une grande rétention d’eau, une meilleure structure, et une teneur en minéraux relativement importante.- Les sols hydromorphes à pseudogley ou «boro passan fiman» : Ce sont les sols sur lesquels sont installés les champs de case. Sableux en surface, profonds, et argileux sous la surface, ils ont un fort potentiel agronomique.- Les sols argileux ou « ko et ba dougoukolo » : Présents en plus petite quantité dans notre territoire d’étude, ces sols constituent les dépressions régulièrement inondées par les crues qui apporte des limons au sol. Cette argile est souvent utilisée pour faire les briques de banco.

Les terres ont un rythme de dégradation rapide à cause des pluies irrégulières et fortes et du vent qui les érodent, ainsi que le surpâturage et la déforestation.

1.2 Contexte anthropique

La zone que nous étudions est traversée du sud au nord par une grande route bitumée qui va de Bamako à gao. Perpendiculairement à elle ont été aménagées plusieurs routes en terre battue qui rejoignent des communes et villages sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Des marchés ont lieu régulièrement dans les communes les plus accessibles où, grâce à ces infras-tructures, les villageois peuvent vendre leurs récoltes et objets de manufacture.

Depuis l’indépendance du Mali (1960), l’Etat cherche à décentraliser son administration à tra-vers différentes collectivités territoriales. 8 régions administratives sont créées dans lesquelles sont regroupées par cercles les communes. En 1996 furent créées les communes rurales qui chacune gèrent l’administration de plusieurs villages.

Dans ces villages se regroupe une population dense, pour la plupart (sinon tous) agriculteurs. L’organisation du finage villageois est toujours gérée par le chef de village qui autorise ou non l’usage de telle ou telle terre à telle ou telle personne. D’ailleurs chaque village est directement entouré de terres dont les plus proches sont celles du chef de village.La plupart des villages ont désormais leur école et parfois un dispensaire.

1.3 Synthèse des différentes unités agro-écologiques de la zone

notre zone d’étude est divisée en différentes zones appelées unités agro-écologiques. Elles sont chacune caractérisées par une homogénéité du relief, du sol, de l’hydrographie, de la flore, et de l’activité humaine qui y est faite.

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38- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 39

figure 12 : unités agro-écologiques

Village. Terrain sableux à argileux ; zone de culture et de divaga-tion des animaux d’élevage.Terrain gravillonaire ; espace de pâturage pendant l’hiver-nage.

Terrain argileux et limoneux ; riziculture à l’hivernage.

2 Evolution des systèmes agraires au cours du XXème siècle.

Le paysage de notre zone d’étude est né de la confrontation entre le milieu naturel et son ex-ploitation par l’homme. Les techniques mises en place par ce dernier ont évolué pour s’adap-ter au climat ou à l’occasion de découvertes (outils, plantes…). Des modifications d’ordre matérielle, sociale, ou du milieu physique peuvent être suivies d’une évolution complète du système agraire.La recherche historique qui suit tente d’appréhender l’évolution des systèmes agraires de no-tre zone; du début du xxème siècle à aujourd’hui. Cela nous permettra de mieux saisir les dynamiques en cours et les conséquences liées à l’introduction d’un élément nouveau dans l’agriculture.

Le début du XIXème siècle :En 1905 est théoriquement abolit l’esclavage ; les terres sont réparties entre la famille fonda-trice – qui constitue dès lors la chefferie – et les anciens esclaves. Ces derniers sont pourvus des terres les plus éloignées et de peu de surface.Les espèces cultivées à cette époque sont essentiellement le mil et le maïs. On cultive à la daba ce qui nécessite une forte main d’œuvre.Les champs de case (contre le village) sont laissés en jachère pendant 3 à 5 ans, tandis que les champs de brousse peuvent le rester 30 ans avant d’être à nouveau cultivés pendant 3 ans.Les populations bambaras qui possèdent des élevages les font garder par les peuls.

Avec la colonisation française on voit se diversifier les cultures avec l’apport du riz, du hari-cot, et de l’arachide (comme culture de rente).Pendant cette période la population triple de manière régulière.

Années 30 : La sécheresse frappe pendant les années 30 et d’importantes masses de populations migrent du nord vers le sud (entre autres vers la région de Ségou) entraînant une forte pression foncière dans notre zone, qui fait baisser le temps de jachère en champs de brousse à 10 ans.Les premiers puits à main apparaissent, permettant aux producteurs de se lancer dans le ma-raîchage et les vergers.

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39- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Au début des années 30 à Ségou est créé l’Office du Niger, grande opération de développe-ment agricole : en 1935 débute la construction du barrage de Markala. Les plaines alentours dont le niveau d’eau est désormais contrôlable servent à cultiver le riz irrigué ainsi que la canne à sucre. La population s’enrichit alors et les premiers tracteurs apparaissent, mais ils restent affiliés à la zone inondable.

Années 50 à 70 : A partie des années 50, la CfDT (Compagnie française de Développement Textile) intervient grandement dans le développement de l’agriculture à travers la filière coton. Les agriculteurs désireux d’en produire se voient faciliter l’obtention de crédits pour acheter une charrue et une paire de bœufs de traction, et l’accès aux engrais chimiques qui devront offrir de meilleurs rendements de coton. Le temps de jachère passe alors à 2 ans. Les cultures de coton s’étendent de 0,35ha à 1 ou 3 ha/exploitation.

La filière arachide permet également l’obtention de crédit, donc la charrue se généralise ce qui fait s’étendre les parcelles et diminuer de moitié le temps de jachère en brousse pour atteindre 5 à 10 ans.Cette évolution se fait au détriment d’une forêt qui régresse de plus en plus.

Au niveau des cultures, les céréales sèches jusqu’alors essentiellement cultivées sont substi-tuées en grande partie par le coton.Les américains ramènent des variétés de maïs améliorés qui produisent d’avantage ; les pay-sans le cultivent en parallèle du coton jusque dans les années 90.

Des années 50 à 80/90 les cotonculteurs vont s’enrichir : construction de maisons en ciment et tôle, agrandissement des troupeaux... Les élevages dans les années 50 à 70 sont parqués dans des «enclos rotatifs» (déplacement du bétail toutes les 3 semaines) pour alimenter tous les champs en fumure organique.

Dans les zones proches des plaines inondables, les tracteurs sont détenus par les chefs de can-tonnement qui cultivent les champs des agriculteurs pouvant se permettre de les rémunérer. Ils sont principalement utilisés pour les cultures de mil et de maïs, ainsi que pour le coton.

En 1964/65 est construite la route goudronnée qui relie Bamako à gao.Des marchés s’installent le long de la route et de nombreux agriculteurs s’implantent dans la région, leur production pouvant se vendre dans tout le pays.

En 1966/67 démarre une grande période de sécheresse qui pousse les agriculteurs à se rappro-cher du Bani ; elle durera jusqu’en 1984, période durant laquelle une partie de la population du nord immigrera dans la région de Ségou.

Années 70 :1972 : Création des Opérations de Développement Rural (ODR). Approvisionnement des paysans en matériel agricole et intrants. Encouragement pour les cultures de rentes d’ex-portation (riz, arachide, coton) mais vers la fin des années 70 s’opère un retour des cultures vivrières (mil, sorgho, maïs).

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40- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 41

1973-74 : une grande sécheresse frappe le pays tuant les 2/5 du cheptel national et diminuant de 37% les productions vivrières.

1974 : Création de la CMDT : Compagnie Malienne de Développement Textile.

1980/90 : La CMDT étant en situation de monopole finit par casser les prix d’achat du coton. La surface cultivée baisse avec lui.En 1980 également, l’opération Arachide et Cultures Vivrières (OACV) prend fin faisant bais-ser considérablement la culture d’arachide.L’année 1984 accentue cette baisse avec une nouvelle sécheresse qui oblige également beau-coup de paysans à vendre leurs animaux. Le cheptel se reconstituera à partir de 1985 (début de l’amélioration climatique), grâce notamment à la dévaluation du Fcfa qui favorise l’achat du bétail malien. (Encyclopédie Larousse sur internet).

Les céréales sèches tiennent tout de même bon puisque l’Office de Produits Agricoles du Mali (OPAM) achète le mil à un prix garanti jusqu’en 1987 où le marché est libéralisé.

Des pistes rurales sont construites vers 1985 désenclavant par là-même la production agri-cole.

Entre 1990 et 2000, la CMDT incite les producteurs à investir dans les tracteurs mais les ren-dements et le prix du coton restent trop faibles pour permettre le remboursement des machines si bien qu’elles sont récupérées.Les terres consacrées à la culture du coton se libèrent à cause du prix et sans doute du climat qui se durcit dans la région.

2007 : Construction du barrage de Talo et aménagement de terres inondables. Début du déve-loppement de la culture de riz inondé.Les agriculteurs viennent de Bamako et Ségou pour cultiver ces nouvelles terres sur lesquelles on ne paye pas encore de redevance eau.

Perspective : La plupart des enfants vont désormais à l’école et par conséquent ne participent plus ou moins aux travaux dans l’exploitation familiale. Les savoirs-faire agricoles risquent de se perdre, et ces jeunes iront sans doute travailler en ville. A moins que l’enseignement valorise le travail de paysan, l’exode rural risque fort de continuer.

3 Organisation du finage villageois Aujourd’hui les champs de case et de brousse ne font plus l’objet de réelles différen-ces de culture et suivi ; ils sont devenus des champs à jachère courte (jachère durant les mois de saison sèche).Ces terres sont cultivées sous un système de parc arboré d’une densité de 5 à 50 arbres à l’hectare. L’agriculteur bénéficie donc directement de leurs bois et fruits, et indirectement du transfert vertical de fertilité par le puisement des minéraux en profondeur qui se retrouvent – à la tombée des feuilles – à la surface du sol.Les animaux du village divaguent dans cette zone après la récolte et en saison sèche, se nour-

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42- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 43

rissant des résidus de culture.

La «brousse» – située sur les anciennes cuirasses – sert de pâturage pendant l’hivernage.Ces terres souvent éloignées du village sont plus denses en végétation buissonnante et arbus-tive ; les femmes viennent y chercher le bois pour la cuisine ainsi que certains fruits utilisés dans la médecine traditionnelle. On trouve également du petit gibier : gallinacés, rongeurs, reptiles).quelques familles se sont installées en hameaux entre la brousse et les champs faute de terre à proximité du village.

Répartition du foncierLes enquêtes menées par Aby N’Doye (2009) ont révélé un double-système dans la répartition du foncier. Le premier système est le droit coutumier qui consiste en ce que le chef du village ou le chef des terres distribue les terres aux personnes voulant s’installer.Les terres appartiennent à des familles et se transmettent de génération en génération sans titre foncier. Le droit d’usufruit est accordé aux familles mais personne ne peut vendre ses terres à un tiers. Il est possible d’en prêter aux familles nécessiteuses mais le risque est que, si celles-ci viennent à planter une culture pérenne (comme le Jatropha), elles peuvent s’approprier légale-ment et définitivement les terres si le propriétaire originaire n’a pas de titre foncier.Dans tous les cas l’Etat reste propriétaire des terres et peut intervenir – c’est là le deuxième système – et récupérer des terres pour y faire des travaux d’intérêt commun.

La plantation du Jatropha est conditionnée à l’autorisation préalable du propriétaire des terres qui doit bien mesurer les risques d’appropriation qui s’en suivent (dans les enquêtés d’Aby n’doye personne n’a donné d’autorisation). Cela dit, parmi l’ensemble des producteurs que nous avons enquêtés, tous sont propriétaires de leurs terres.

4 Situation économique du cercle de BlaL’économie de la région, nous le disions en introduction, est essentiellement basée sur l’agri-culture. La production brute de céréales serait dans le cercle de 114 707 tonnes (campagne 2007/2008 Direction Régionale de l’Agriculture). Cela représente plus de deux fois les be-soins de la population de 56095 t à raison de 214kg/pers/an.Les cultures vivrières sont essentiellement le mil, le sorgho et le maïs, ainsi que le fonio, le pois de terre et la pastèque. Les cultures maraîchères sont très rares.Parmi les cultures de rente observées il ya l’arachide (la plus répandue), la pastèque, le voan-dzou, le niébé, le piment, la calebasse, le dah textile, le riz, le coton et le sésame.La commercialisation des récoltes se fait le plus souvent sur les marchés locaux et quelquefois auprès d’un négociant. Le coton et le dah sont vendus respectivement à la CMDT et à une entreprise basée en Côte d’Ivoire : la S.A. FILTISAC.L’élevage est la deuxième activité économique avec l’élevage de bovins, ovins, caprins, asins, et la volaille.La pêche est également présente dans les villages qui longent le fleuve Bani.

Parmi les atouts et contraintes relevés dans la «Synthèse des plans de sécurité alimentaire des communes du cercle de Bla» (2008-2012, uSAID), nous avons portons notre attention sur les suivants :Ces caractéristiques seront à prendre en compte dans l’intégration de la culture Jatropha.

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Atouts- Présence du barrage de Talo ;- Présence de terres aménageables ;- Existence de ressources forestières ;- Existence de marchés et de foires ;- Existence des caisses de micro finance.

Contraintes- Insuffisance de points d’eau ;- Présence des déprédateurs et parasites ;- Insuffisance de pluies ;- Pauvreté des sols ;- Manque de pâturages ;- Insuffisance du revenu de la population ;- Impraticabilité temporaire de la piste reliant les localités ;- Insuffisance d’infrastructures de stockage de la production agricole.

5 Les Systèmes de Culture5.1 Les différents types de cultures

Les systèmes de culture observés dans notre zone sont très hétérogènes et leurs successions irrégulières selon le contexte (exploitation, sol, climat).Tous les agriculteurs pratiquent au moins une culture vivrière et, s’ils ne disposent pas d’autres sources de revenus (pêche, commerce, artisanat, négoce, exode, embouche), une culture de rente.

On observe des cultures de mil ou sorgho associées au haricot. Le niébé est une légumineuse. Elle a un effet améliorateur sur la fertilité du sol dont profite la culture qui lui succède. Si la pratique d’association est accompagnée d’une diminution de la densité de peuplement de la céréale, on observe une augmentation de la production de la céréale due à la diminution de la concurrence.

Systèmes de Culture (SC) en monoculture : Céréale // Céréale (mil, maïs et sorgho) (SC1)Riz//Riz (SC2)Piment// Piment (SC3)Sésame// Sésame (SC4)

Mil // J10 (jachère de 10 ans en champ de brousse)

Systèmes de Culture en association :Mil ou sorgho + Niébé// Mil ou sorgho + Niébé (SC5)Mil + Arachide // Mil + Arachide (14% des enquêtés) (SC6)

Successions :Sorgho//Mil (12% des enquêtés)

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44- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 45

Sorgho // riz pluvial (SC7)Maïs/Calebasse//Maïs/Calebasse (La calebasse est cultivée en dérobée derrière le maïs) (SC8)Coton//Maïs//Céréale (mil ou sorgho) (SC9)

5.2 Les types de sol

Les Systèmes de Culture comprenant du sorgho ou du maïs sont généralement cultivés sur terre argilo-sableuse riche en matière organique et en minéraux elles permettent un bon ren-dement de ces céréales ; point déterminant pour la suffisance alimentaire des producteurs et de leur famille.Ces terres sont bien souvent situées à proximité du village (0 à 2km en moyenne).

Le riz inondé est cultivé sur les sols très argileux et limoneux que sont les terres inondables à proximité des fleuves.Le coton, le dah, le fonio sont quant à lui plus souvent situé sur des terres sableuses éloignées des villagesLe sésame également peut être cultivé sur des terres pauvres éloignées.

5.3 Itinéraire technique

nettoyage•

Avant la saison des pluies, les champs dont la culture précédente est du mil, du sorgho, du fonio, ou du sésame sont nettoyés à la houe de mi- avril à fin mai. Les buissons de friche sont coupés et mis en tas avec les résidus de culture avant d’être brûlés pour rendre leurs minéraux au sol. quelques parcelles de brousse sont également défrichées à cette période.Le fumier est réparti en tas sur certains champs ; une rotation des surfaces fumées s’effectue chaque année.(E.g)

Mil, sorgho, maïs, dah, sésameCes 5 cultures ont un itinéraire technique identique sinon qu’il est un peu décalé dans le temps.Courant juin s’effectue un labour en billon avec charrue à traction attelée. Les billons drainent le champ pour éviter la stagnation et l’excès d’eau pendant l’hivernage.S’en suit directement le semis en ligne. Certains agriculteurs non équipés sèment directement sur les résidus de culture.Dans la deuxième quinzaine de juillet voire début août s’effectue(nt) un à deux sarclages - si le champ est particulièrement envahit - au multiculteur et à la houe.fin août les céréales sont buttées ; les racines et mauvaises herbes sont enterrées à l’aide d’un corps butteur attelé.

CotonLes opérations du coton s’effectuent un peu plus tard dans la saison ; en juin à lieu le labour à plat, suivi d’un semis effectué à l’aide d’une houe : une pincée de semences est semée en poquets tous les 50 cm.De mi-juillet à septembre se suivent par quinzaine l’épandage de l’engrais minéral, le sarclage

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et l’apport d’urée, puis le buttage.Des traitements phytosanitaires sont nécessaires jusque fin octobre.

Riz, fonioLe riz et le fonio sont des cultures qu’on sème à la volée. Un labour à plat est donc nécessaire, suivi du semis et d’un passage de herse ou d’un labour superficiel pour recouvrir les graines. un apport d’engrais minéral est fait sur les cultures de riz.Le désherbage se fait manuellement.

Piment, patate douceLe piment ainsi que la patate douce sont semés en pépinière en avril. Le repiquage se fait début juillet suivi, pour le piment de 3 sarclages terminés par un buttage.

Récolte & transport•

La période de récolte dure de mi-septembre à mi-décembre. Elle débute par celle du fonio et du dah en septembre, puis viennent en octobre le pois de terre, le maïs, l’arachide et le riz ; en novembre c’est le tour du coton, suivi du sorgho (qu’il faut récolter dès sa maturité sans quoi les graines vont tomber), suivi lui-même du mil début décembre qui quant à lui se conserve très longtemps sur pied.Le piment se récolte de septembre à décembre.

Les tiges de maïs et panicules de riz sont transportés à la concession pour y effectuer l’égrena-ge. Tandis que les tiges de mil sont mises en tas sur les champs et battues sur place ou écrasées par un véhicule, avant que les graines ne soient transportées à la concession dans des sacs.Les résidus restés sur le sol sont stockés dans les cours pour alimenter les animaux en saison sèche.

L’ensemble de ces travaux se concentre essentiellement sur 6 mois de juin à novembre com-pris. Certains agriculteurs feraient appel à de la main d’œuvre extérieure pendant cette période pour les opérations de sarclage et de récolte.

Le renouvellement de la fertilité•

La culture des sols après plusieurs années avec une même culture a tendance à en appauvrir les ressources organiques et minérales. Au début du XXème siècle les terres cultivées plusieurs années étaient laissées en jachère longue. Cette technique a disparu avec l’augmentation de la population et la pression foncière.Les agriculteurs utilisent aujourd’hui - selon leurs moyens - de la fumure organique (déjec-tions des animaux divagants), du compost de déchets ménagers, des engrais minéraux, ou de la poudrette (poussière de terre et de crottes dans les parcs à animaux). Mais souvent les quan-tités utilisées sont trop faibles pour pouvoir rendre leur fertilité à toutes les terres cultivées.La priorité est donc donnée aux cultures vivrières : mil, maïs, sorgho.Les personnes ne pouvant pas du tout fertiliser leurs parcelles à l’aide d’engrais ou de fumier peuvent cultiver pendant 5 ans puis doivent mettre leur terre en jachère pendant 1 ou 2 ans.Enfin, certains arbres situés dans les champs effectuent un transfert vertical de fertilité (ils absorbent les éléments en profondeur qui se retrouvent en superficie du sol lors de la chute

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5.4 Rendements et performances économiques

Comparaison des produits par leur prix•

figure 14 : Prix à la production des produits agricoles (moyenne fAO 2000-2008)

B. Allard, 2010

La figure 14 présente une moyenne des prix nationaux en $US des produits agricoles présents dans notre zone. Les prix changent selon la région, selon la distance à Bamako, et l’accès aux routes ; il ne faut donc pas les prendre comme référence dans notre zone. néanmoins ce gra-phique nous montre les différences entre les produits.La culture la plus intéressante est de loin le piment, suivie du coton, fonio, pastèque, sésame, arachide, et riz.Ces chiffres marquent la différence entre les cultures de rente et les cultures vivrières qui sont sous la barre des 200$ la tonne.

Le choix d’une culture ne se fait bien sûr pas qu’en fonction du prix de ses produits mais en fonction de son rendement à l’hectare, du temps nécessaire à son entretien, et des possibilités techniques du paysan.C’est pourquoi il convient de comparer les systèmes de culture entre eux si l’on veut avoir une vision plus réelle de l’intérêt économique des cultures.

Les rendements des cultures•

Tableau 6 : Campagne céréalière 2005/2006, région de Ségou, cercle de Bla

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48- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 49

Le tableau 6 synthétise les résultats de la campagne agricole menée par le ministère de l’agri-culture du Mali en 2005/2006. Attention : il compare les cultures et non pas les systèmes de culture.Néanmoins, nous pouvons voir que le mil est très largement représenté, suivi du sorgho et du maïs. La présence du riz à l’échelle du cercle est vraiment anecdotique par rapport aux céréales sèches mais les rendements sont très intéressants. Cette caractéristique devrait insuffler une dynamique à cette culture lorsque des terres seront aménagées, notamment le long du Bani.

Performances économiques des systèmes de culture•

Tableau 7 : Comparaison des systèmes de culture

B.Allard (2010), données E.gaboret (2008)A comparer la Valeur Ajoutée Brute par hectare des systèmes de culture - c’est-à-dire l’argent récupéré à la vente de la production (produit brut) auquel on a soustrait les consommations in-termédiaires (intrants) - c’est le piment (SC4) qui est le plus rémunérateur. En effet, les efforts en temps de travail nécessaires à cette culture sont récompensés par un fort prix de vente.Le riz inondé (SC3) est une culture qui demande un important apport en intrants minéraux mais ses rendements à l’hectare sont importants et rapportent beaucoup d’argent à la vente surtout si le riz est vendu en période de soudure.Le maïs et le calebassier cultivé en dérobé la même année (SC9) rapportent autant sinon plus que le riz.Enfin vient la culture d’arachide (SC7), parfois associée aux céréales, préférée par les agricul-teurs car cultivable sur la plupart des terres et ayant de bons rendements.Le coton (SC10) nécessite beaucoup d’investissement, notamment en engrais et pesticides, et le prix fluctue parfois beaucoup d’une année à l’autre ce qui décourage certains producteurs (La VAB ici présentée est toute théorique puisque tout le monde ne met pas les intrants néces-saires).Enfin, le haricot associé aux céréales (SC6) et le sésame (SC5) sont les systèmes de culture les moins intéressants : leur VAB est inférieure à celle des céréales sèches mil et sorgho (SC2). Ainsi de moins en moins d’agriculteurs cultivent le sésame.

Même en rapportant la VAB d’un système de culture au nombre d’heures passées à travailler sur celui-ci, l’ordre des systèmes de culture les plus intéressants économiquement change à peine. Seul le riz change de position.Ainsi la productivité du travail est meilleure pour le piment, la succession calebasse/maïs, puis

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49- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

le riz et l’arachide.Pour les cultures vivrières le haricot est peu intéressant mais sa culture est tout de même né-cessaire pour l’alimentation de la famille.

6 Les systèmes d’élevage6.1 Les différents systèmes d’élevage

La population de notre zone d’étude est essentiellement composée d’agriculteurs ou de pê-cheurs mais qui possèdent pour la plupart un cheptel. Emilie Gaboret dans son analyse agraire de notre zone d’étude a relevé 3 systèmes d’élevage : les animaux de trait (bœufs et taureaux de traits, ânes), les élevages productifs (vaches, moutons, chèvres), et l’élevage de loisir (che-vaux).Nous considérerons pour notre part qu’un système d’élevage est un troupeau d’une même race conduit selon un mode qui lui est propre. Ainsi nous pouvons considérer les systèmes d’élevages suivant :

Les bovinsSE 1 : BœufsSE 2 : Vaches Gardées de manière Familiale et Parquées en hivernage seulementSE 3 : Vaches Gardées de manière Familiale et Parquées toute l’annéeSE 4 : Vaches Gardées de manière SalariéeSE 5 : Vaches Gardées de manière Collective

Les petits ruminantsSE 6 : Ovins et caprins laissés en divagation et ramenés à l’hivernageSE 7 : Ovins et caprins logés en concession et conduits tous les joursSE 8 : Béliers d’embouche parqués toute l’année et nourris sur place

SE 9 : AnesSE 10 : Volaille

Les bovins•

Parmi les bovins présents dans la zone on retrouve des zébus de race Peulh ou Maures, des taurins n’Dama et des Mérés (croisement n’Dama/zébu Peulh).Les bœufs sont utilisés pour la traction, pour le travail des champs ; les vaches quant à elles sont achetés par les agriculteurs ayant déjà tout le nécessaire pour cultiver (dont les bœufs). Elles apportent certains produits alimentaires à l’exploitant mais sont également un placement dans le sens où, le jour où l’agriculteur n’a plus d’argent, il peut la revendre sans mettre en péril son exploitation.

ConduiteLa conduite du troupeau se fait de plusieurs façons selon le nombre de têtes et la main d’œuvre disponible pour cette activité :un agriculteur ayant un petit troupeau (moins de 5 vaches) et ne pouvant le garder ni le faire garder, laissera divaguer ses animaux en saison sèche jour et nuit. A l’hivernage, un enfant se

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50- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 51

chargera de les faire pâturer en journée et de les rentrer à la concession la nuit (SE 2). Si la main d’œuvre de l’exploitation est suffisante pour déléguer cette activité à une personne de la famille, ce système de parcage nocturne peut être généralisé à toute l’année (SE 3).

Un agriculteur ayant un troupeau supérieur à 5 têtes mais une main d’œuvre insuffisante pour s’en occuper, pourra payer un berger à l’année. Ce dernier, en saison sèche, fera pâturer les animaux sur les terres de l’exploitation le jour, et les parquera la nuit. Il pourra emmener les bêtes dans des régions plus verdoyantes si le fourrage vient à manquer (SE 4).Un autre mode de conduite, souvent utilisé dans les villages de pêcheurs, consiste à laisser son troupeau à un éleveur peul pendant tout l’hivernage (SE 5).

Les 3 premiers modes de conduite sont applicables pour les bœufs de traction (SE 1) qui re-joignent alors le troupeau de vaches. Mais laisser ses boeufs à un éleveur risquerait qu’ils ne soient pas à l’exploitation au début des travaux champêtres.Les bœufs, lorsqu’ils sont gardés à la concession, sont nourris avec les résidus de culture de céréales, arachide, haricot, voire de coton, et ont des compléments en sels.

SantéLes vaches sont vaccinées et déparasitées une fois par an.Les bœufs quant à eux sont vaccinés contre la péripneumonie bovine, le charbon symptomati-que et la peste bovine trois fois par an et déparasités trois fois par an également.La santé des bœufs est primordiale pour l’exploitation qui verrait ses membres revenir à la culture à la daba si l’un d’entre eux mourait.

Produits & revenusIl est possible, selon qu’on soit propriétaire ou employé, de tirer de nombreux produits de l’élevage des vaches : les déjections comme fumure, le lait, la viande, la peau, les veaux et génisses.Dans les systèmes d’élevage 2 et 3, les agriculteurs récupèrent l’ensemble des déjections et du lait de vache pour leur usage personnel ; dans le système 4 de conduite par un berger, les déjections sont rendues à l’agriculteur mais le berger récupère tout ou partie du lait. Dans le dernier système, conduit par un peul, l’ensemble des déjections et du lait sont gardés par l’éle-veur (peut-être utilise-t-il le fumier comme monnaie d’échange avec les bozos avec qui les peuls ont de forts liens sociaux : campements souvent aux mêmes endroits).Le lait peut être autoconsommé ou vendu à environ 300 FCFA/L. Les peaux sont quant à elles revendues à une usine qui en fera des cuirs.Enfin, les veaux sont revendus et les génisses gardées pour le renouvellement du troupeau. Elles peuvent être revendues en cas de besoin d’argent.

gestion du troupeauConcernant la reproduction, il faut compter un taureau pour 45 vaches maximum.La monte a lieu, pour la majorité des vaches, en fin d’hivernage, ce qui donne des naissances au début de l’hivernage suivant.Les mâles peuvent être vendus à 3 ans pour l’embouche, à 5 ans pour servir de bœufs de traits et à 7 ans comme reproducteurs. Les taureaux sont gardés jusqu’à 14 ans.

Les petits ruminants : ovins & caprins•

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51- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Les petits ruminants sont moins chers que les bovins donc permettent de capitaliser des som-mes d’argent moins importantes. Mais ils sont tués ou vendus plus facilement en période de soudure, aux fêtes religieuses, pour les rites animistes, ou la visite d’un personnage impor-tant.

Les caprins sont de chèvres naines ou chèvres du Sahel, et les ovins sont des moutons du Sahel ou des moutons Bali-bali.

ConduiteLes ovins et caprins sont élevés dans un même troupeau, et suivent le même mode de conduite : on laisse divaguer les bêtes en brousse et dans les champs jour et nuit à la saison sèche, et on les parque la nuit en saison des pluies à la concession. Certains chargent une personne de faire garder les bêtes sur les terres de leur exploitation (SE 6).De rares propriétaires de bovins payant un berger salarié lui confient également leur petit bé-tail. Il conduira les animaux sur les terres de l’exploitation en saison sèche et partira en exode vers des terres vertes (SE 7).

Certains ovins sont destinés à être engraissés puis revendus avec une marge monétaire ; c’est le cas des béliers d’embouche. Ceux-là sont gardés attachés à l’exploitation et nourris de tour-teaux et de son avec complément de sel (SE 8).

SantéLes ovins sont vaccinés trois fois par an contre la fièvre catarrhale et déparasités deux fois par an. Les caprins sont vaccinées contre les tiques et déparasitées une fois par an, selon les moyens de l’exploitant.

gestion du troupeauLes brebis reproductrices sont achetées à l’âge de 3 ans et mettent bas deux fois par an. El-les sont réformées vers 8 ou 9 ans. Les agneaux destinés à devenir des béliers d’embouche peuvent être vendus à l’âge de 6 mois ou gardés à l’exploitation. Les reproducteurs sont soit vendus à l’âge de 3 ans soit gardés sur l’exploitation.Les femelles sont gardées pour le renouvellement du troupeau.Pour la reproduction il faut compter environ 1 bélier pour 50 brebis.

Les chèvres quant à elles sont achetées et mises à la reproduction à 9 mois et mettent égale-ment bas deux fois dans l’année. Elles sont réformées à l’âge de 6 ans.Les jeunes mâles sont vendus à 9 mois soit pour leur viande soit comme reproducteurs. Le bouc est réformé à 7 ans.

Les ânes•

Les ânes (SE 9) sont des animaux importants pour l’exploitation ; ils sont utilisés pour trans-porter le fumier jusqu’aux parcelles de l’exploitation.Pour leur alimentation ils sont laissés en divagation en saison sèche et accrochés au piquet en saison des pluies.Les résidus de triage du sorgho complètent leur alimentation et des compléments en sels sont

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52- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 53

également donnés.

SantéIls ne sont pas vaccinés. Ils sont déparasités une fois par an, en général.

La volaille•

Toutes les exploitations ont un élevage de volaille (SE 10) : poules, pintades, canards de bar-barie.Cette volaille se nourrit des déchets de cuisine et de ce qu’elle peut trouver dans la cour. La mortalité est élevée mais cet élevage sert avant tout de nourriture pour la famille et non d’éle-vage de rente. Peu de soin leur est d’ailleurs apporté sinon une vaccination contre la maladie de newcastle et un déparasitage deux fois dans l’année.

6.2 Comparaison économique des systèmes d’élevage

B.A

llard

, don

nées

E.g

abor

et (2

008)

Agriculteurs concernés

VAB/tête/an

Bœufs 92%BSBST 3 805BSBT - 7 445BBT - 9 445Vaches** 54%VGFP/2 53 473VGFP 63 623VGS 23 333VGC 28 253Âne 80% - 20 225Ovins 80% 32 474Caprins 68% 10 924Volaille 74% 9 333

* BSBST = Bœufs Sans Berger Sans Tourteaux ; BSBT = Bœufs Sans Berger avec Tourteaux ; BBT = Bœufs avec Berger et Tourteaux.** VGFP/2 = Vaches Gardées de manière Familiale et Par-quées en hivernage seulement ; VGFP = Vaches Gardées de manière Familiale et Parquées toute l’année ; VGS = Va-ches Gardées de manière Salariée ; VGC = Vaches Gardées de manière Collective.

Tableau 8 : Comparaison des systèmes d’élevageLes bœufs de traction et ânes sont des animaux non productifs hors mis en travail. Leur élevage est donc nor-malement déficitaire, mais leur uti-lisation pour le travail des champs diminue considérablement le temps de travail. Pour cette raison ce sont les animaux les plus souvent présents dans les exploitations.Les élevages de vaches et moutons sont intéressants pour les exploitants qui peuvent s’enrichissent chaque année avec les nouveau-nés.Les vaches sont les animaux dont la VAB/tête/an est la plus élevées à condition de suivre un système d’éle-vage familial. Les systèmes d’éle-vage salariés ou employant un éle-veur peul font diminuer leur VAB car moins de produits sont récupérés par le propriétaire.

Parmi les petits ruminants ce sont les ovins qui sont les plus intéressants économiquement. D’ailleurs c’est l’élevage qui est le plus suivi. Bien que moins intéressants que les va-ches, ces animaux élevés en gestion collective sont des placements faci-lement revendables.Les caprins rapportent peu d’argent et sont élevés principalement pour leur viande pour la

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53- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

consommation familiale tout comme la volaille.

7 Les Systèmes de production7.1 Clefs de détermination des systèmes de production

Les systèmes de production sont la combinaison d’un ou plusieurs systèmes de culture à un ou plusieurs systèmes d’élevage. C’est l’ensemble des moyens mis en place par l’exploi-tant pour produire des produits de consommation ou de vente. Ces moyens dépendent du type de terres qu’a l’agriculteur, de la main d’œuvre et du matériel disponibles.

Nous reprenons ici les différents systèmes de production présentés par E.Gaboret qui prennent en compte l’équipement des exploitants, le nombre d’animaux, et la capacité d’intensification des rendements agricoles.

L’équipement•

Déterminer le niveau d’équipement d’une exploitation nous permet d’estimer la taille de son exploitation : plus un agriculteur est équipé plus il pourra cultiver de terres (le labour et le désherbage étant facilités).

3 catégories sont discernables :- Non équipé (NE) : agriculteur qui ne possède pas un jeu d’équipement complet à savoir une charrue (ou un corps butteur) et 2 bœufs de traction ou un multiculteur, plus une charrette et un âne.- Mono équipé (ME) : agriculteur qui possède un jeu d’équipement complet.- Pluri équipé (PE) : agriculteur qui possède plus d’un jeu d’équipement complet : au moins 2 charrues (ou corps butteurs) et 2 paires de bœufs de traction ou 2 multiculteurs, plus 2 char-rettes et 2 ânes.

Le capital des exploitations•

Le capital d’une exploitation conditionne sa capacité d’investissement et sa résistance dans les moments de crise.Il est investit dans le matériel et surtout dans le cheptel. un agriculteur peut posséder plusieurs troupeaux différents donc pour faciliter l’appréciation globale du cheptel ce dernier sera cal-culé en unité de Bétail Tropical (uBT) selon les données suivantes :1 bovin = 1 uBT ; 1 ovin ou caprin = 0,2 uBT.

Les 3 catégories relevées sont :- 0 uBT (niveau de capital nul),- moins de 5,5 uBT (niveau de capitalisation faible),- plus de 5,5 uBT (niveau de capitalisation élevé).

Le potentiel d’intensification•

Le potentiel d’intensification est le rapport entre la quantité de fumure disponible et le nombre

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d’hectare de l’exploitation. Autrement dit, il s’agit du nombre d’uBT parquées par hectare et par an.Cette clef nous permet d’évaluer la capacité d’un producteur à augmenter ses rendements donc sa productivité à l’hectare.

Trois classes ont à nouveau été établies :- 0,2 UBT/ha/an, soit, moins d’une chèvre ou d’une brebis par hectare et par an,- 0,2 à 1 uBT/ha/an, soit, entre un petit ruminant et une vache ou un bœuf- ≥1 UBT/ha/an, ou plus d’un bovin adulte par hectare et par an.

7.2 Les différents systèmes de production

B.A

llard

, 201

0

Exploitation bambara Agriculture/élevageNon équipée**

Exploitation bambara Agriculture/élevageMono équipée***

Exploitation bambara Agriculture/élevagePluri équipée***

Exploitation bambara AgricultureNon équipée

Exploitation bozo Pêche/Agriculture/élevageNon équipée

Exploitation Peul Elevage/AgricultureNon équipée

Exploitations Peuls Elevage/AgricultureMono équipée

Exploitations bozos Pêche/Agriculture/élevageMono équipée

ME

MEa

NE

MEA

PE

PEA

PEa

figure 15 : Différentes exploitationsLa figure 15 présente 6 systèmes de production différents, issus des clefs de détermination des systèmes de production décrites ci-dessus et regroupant les diffé-rentes ethnies présentes dans no-tre zone d’étude.

Caractéristiques des systèmes de production :1. Les agriculteurs non Equipés (nE) : ils ont un niveau de capi-talisation nul ou faible et ne pos-sèdent pas de jeu d’équipement complet.

2. Les agriculteurs mono équipés ayant un niveau de capitalisation faible et un potentiel d’intensifi-cation faible à moyen (MEa) : • un jeu d’équipement complet,• moins de 5,5 UBT soit moins de 3 vaches,• moins de 0,2, UBT/ha/an en moyenne.

3. Les agriculteurs mono équipés ayant un niveau de capitalisation élevé et un potentiel d’intensifica-tion faible à fort (MEA).• un jeu d’équipement complet,• plus de 5,5 UBT soit plus de 3 vaches,• 0,6 UBT/ha/an en moyenne.

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55- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

4. Les agriculteurs pluri équipés ayant un niveau de capitalisation faible et un potentiel d’inten-sification moyen (PEa) :• plus d’un jeu d’équipement complet,• moins de 5,5 UBT soit moins de 3 vaches,• moins de 0,3 UBT/ha/an.

5. Les agriculteurs pluri équipés ayant un niveau de capitalisation élevé et un potentiel d’in-tensification moyen à fort (PEA) :• plus d’un jeu d’équipement complet,• plus de 5,5 UBT soit plus de 3 vaches,• 1,7 UBT/ha/an en moyenne.

6. Les pêcheurs (Pê) forment une classe à part entière car l’agriculture n’est pas leur activité prinicipale. On trouve chez les eux différents niveaux d’équipement mais un potentiel d’in-tensification toujours faible car il n’ont pas ou peu d’animaux.

B. A

llard

, 201

0

figure 16 : Surface Agricole utile par type d’exploitationObservations :Le graphique ci-contre présente la variation des sur-faces de terre par type d’exploitation (échantillon de 46 exploitations). On peut remarquer que la surface cultivée par les exploita-tions ayant peu ou pas d’animaux res-te sensiblement la même quelque soit la catégorie (nE, MEa, Pea, Pê). Par contre les exploitations ayant un cheptel important et donc ayant déjà le nécessaire pour culti-ver exploitent deux fois plus de terres. La surface par actif change relativement peu car la famille grandit proportionnellement au nombre d’hectares cultivés.

7.3 Analyse économique des systèmes de production

L’analyse économique des systèmes de production consiste à calculer et à comparer les gains ou pertes de chaque système de production et d’en relever l’efficacité économique par exploitation ou par actif. Ces systèmes de production sont caractérisés par leur Valeur ajoutée Brute (VAB) – le produit des SC et SE moins les Consommation intermédiaires - ; par leur Valeur ajoutée nette (VAN) – VAB moins les coûts d’amortissement du matériel - ; et par le revenu agricole qui est l’argent restant aux membres de la famille après avoir payé les salaires et autres taxes et impôts…

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56- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 57

Tableau 9 : Résultats économiques des différents types d’exploitation

E.g

abor

et, 2

008.

Ainsi, nous pouvons voir sur le tableau 9 que la VAB par exploitation est relativement faible pour les Systèmes de production NE, ME a, et Pê. Cela est sensiblement dû à l’absence ou au faible nombre d’animaux et de matériel qui empêchent l’intensification de la production végétale.D’ailleurs la VAB des SP MEA, PEa, et PEA double voire triple ; c’est essentiellement dû à l’augmentation de la VAB animale mais la VAB végétale se voit accrue grâce à l’intensifica-tion que permettent ces animaux (fumier, traction).Les frais d’amortissement augmentent lorsque l’on passe d’un système mono-équipé à un sys-tème pluri-équipé ; ils restent donc relativement proportionnels à la VAB et ne changent pas la situation au niveau des VAn par exploitation.

Cependant, en prenant en compte le nombre d’actifs et d’hectares moyens de chaque système de production, le revenu agricole de ceux-là n’est pas proportionnel à leur VAB.Le système de production Pê est définitivement le plus faible, avec un revenu agricole de 114 000 fCfA/actif/an.Leur mode de culture extensif sur 1,3ha/actif, et l’élevage « de placement » dirigé par un tiers ne permettent pas un gain d’argent mais juste de la consommation familiale.Ils trouvent leur revenu dans la pêche.

Les SP nE, ME a, et PE a, ont un revenu agricole par actif assez semblable : de 230 à 250 000 fCfA/actif. Avec 2 ha en moyenne par actif et un nombre d’actif presque identique, ce sont surtout les salaires qui créent le nivelage entre les 3 systèmes de production.

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57- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Les MEA et PEA sont les systèmes de production qui apportent le plus de revenu aux actifs de la famille avec un revenu agricole par actif proche de 310 000 fCfA. La grande avance qu’avait le PEA en VAn par exploitation s’amenuise considérablement en retirant les salaires et en la divisant par un nombre d’actif très important.Dans ce chapitre nous tenterons de révéler quels sont les exploitants qui profitent réellement de cette culture et quelle est leur marge de manœuvre en terme de concurrence vivrière et de calendrier de travail.

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8 Conclusion

Dans le premier chapitre de cette seconde partie nous avons décrit dans un pre-mier temps un territoire au climat sec dont nous craignions qu’il s’assèche davantage encore. Dans ces cas là le Jatropha trouverait d’autant plus sa place dans la reforesta-tion des campagnes ; mais une sécheresse provoquerait sans doute une diminution des rendements des cultures, ce qui marquerait encore plus la question de la concur-rence avec le vivrier dans l’occupation des sols.Toujours en matière de climat, nous avons noté que d’une année sur l’autre la saison des pluies était décalée, parfois sur un mois, ce qui crée un décalage dans l’organi-sation du travail qui pourrait être préjudiciable dans le temps de travail consacré au Jatropha.

Le terrain de la zone d’étude est divisé par le relief en 3 grands ensembles : les hau-teurs caillouteuses, l’espace cultivable non inondable, et la zone inondable. Ces espa-ces sont tous utilisés que ce soit pour la culture, pour l’élevage, ou pour la chasse ou le bois.La pédologie révèle une grande hétérogénéité des sols sur notre terrain : ils sont plus ou moins sableux et donc plus ou moins drainant.L’histoire quant à elle révèle une évolution des techniques - comme l’usage de la traction animale - qui a permis une extension des surfaces cultivées au détriment des forêts. Cette extension accompagnée d’une diminution des temps de jachère, non suivie de l’apport d’intrants, a provoqué un appauvrissement des terres.Dans cette situation le Jatropha trouve une fois de plus une place importante car c’est une culture permanente qui peut jouer certains effets de la jachère (restructuration du sol, fertilisation du sol par les feuilles...).

Les principaux systèmes de culture de la zone sont à base de céréales sèches qui se-ront pour la plupart autoconsommées. Quelques cultures de rente sont néanmoins présentes : l’arachide est bien implantée depuis le début du XXème siècle et est privi-légiée par les agriculteurs ; le coton quant à lui a subi une forte déprise au sud de la zone ces dix dernières années ; le nord et l’ouest voient apparaître de plus en plus de cultures de riz inondé auxquelles tout le monde dans la zone ne pourra pas accéder faute de terres inondables.Le Jatropha viendrait diversifier ces cultures de rente, et ce sur l’ensemble du terri-toire.

Dernier point, nous avons également pu observer des différences dans la popula-tion agricole que nous avons répartie en 6 catégories en fonction de leurs moyens : certains possèdent plus de main d’œuvre que d’autres, de matériel ou d’animaux. Certains également font partie de la famille du chef de village et sont privilégiés en nombre et qualité de terres.Ces inégalités cumulées à l’hétérogénéité du terrain et à l’absence d’accès à certaines cultures auraient tendance à creuser le fossé entre les agriculteurs (En tous cas elle ne permet pas de niveler leur niveau de vie). L’introduction d’une nouvelle culture de rente adaptée à un large panel de terrains et d’exploitations permettrait sans doute de réduire ces différences. C’est là un nouvel enjeu pour le Jatropha.

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59- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

1 Caractéristiques des exploitations1.1 Les exploitations concernées

Le diagramme suivant a été obtenu en faisant une synthèse du nombre d’exploitations rencon-trées dans la zone d’étude par Emilie gaboret et Aby ndoye (en annexe), et en les confrontant avec les producteurs de Jatropha que nous avons rencontrés.

Exploitations investies dans la culture du pourghère

31%

23,5%

13,5%11% 10% 11%

41%

27,9%

0%

24,6%

4,9%1,6%

PEA ME a PE a ME A Pê NEPrésence dans la zone d'étude Cultive le pourghère

figure 17 : Exploitations investies dans la culture du Jatropha

B. A

llard

, 201

0

Sur ce diagramme nous notons que les exploitations pluriéquipées avec capital important (PEA) et monoé-quipées avec capi-tal moyen (Mea) sont les plus nom-breuses à s’investir dans le Jatropha, plus encore qu’el-les ne le sont en proportion dans la population agri-cole.Les exploitations monoéquipées avec capital important (MEA) sont très présentes également malgré leur faible représentativité dans la population agricole de notre zone d’étude.Aucune exploitation pluriéquipée à capital important (PEa) n’a été rencontrée et la seule ex-ploitation non équipée (NE) interrogée faisait partie d’une famille d’enquêtés donc a dû être encouragée par ses frères à planter. Nous avons choisi de rencontrer des pêcheurs car ils étaient dans notre zone d’étude donc le pourcentage affiché de ceux qui cultivent le Jatropha n’est pas représentatif de la réalité.

notons qu’un peu moins des trois quarts des planteurs de Jatropha sont des exploitations à fort capital (PEA et MEA) les autres (MEa) sont en cours de capitalisation.

Toutes ces exploitations sont dans un milieu où elles ont facilement accès aux marchés locaux et elles ont toutes - sauf les nE - un moyen de transport ; mais ces derniers points ne sont pas déterminants pour la culture du Jatropha vu l’organisation de la filière dont nous parlerons plus tard.

D’après Burnod et Gautier, les producteurs de Jatropha seraient «les agriculteurs les mieux dotés en terre, travail et capital» et sont «bien insérés dans les réseaux d’informations».Ils ont donc une marge de manœuvre plus grande et moins risquée pour investir dans de nouvelles spéculations.

chapitre 2 : intégration de la culture jatropha dans la zone d’étude

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60- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 61

Les motivations :Les motivations des producteurs de Jatropha sont parfois différentes, mais d’après nos enquê-tes celle qui est prépondérante est l’envie de profit. Les autres dans l’ordre d’importance sont :- L’effet barrière qui empêche les animaux de divaguer dans les parcelles protégées- La protection que les haies apportent au sol contre le vent et les pluies- L’éventualité d’avoir de l’électricité au village.

1.2 Les cultures pratiquées par ces exploitations

Cultures de rente

Arachide81%

Coton51%

Riz inondé

21%

Piment14%

figure 18 : Pourcentage des cultures de rente

B. A

llard

, 201

0

L’ensemble de ces producteurs ont une superficie de terre culti-vable comprise entre deux extrê-mes assez rares : 3 et 48,75ha. La moyenne - beaucoup plus représentative - est de 13ha dont 9 sont réservés aux cultures vi-vrières mil, sorgho, maïs.

Sur les 4 ha restants sont culti-vées une ou plusieurs cultures de rentes selon les proportions pour chaque culture indiquées par la figure 18.59% de ces paysans ont égale-ment d’anciennes haies mais qu’ils ne considéraient pas jusqu’alors comme culture de rente. Les 67% d’excès de ce diagramme sont donc les producteurs qui cultivent plusieurs de ces cultures de rente.

notons que le choix des cultures de rente est relativement restreint d’autant que le riz inondé ne peut se faire qu’aux abords du fleuve Bani ou de son affluant (dans notre zone d’étude).Les paysans voient donc dans le Jatropha un moyen de multiplier les sources de revenu. Cela dit, ils restent circonspects étant donné qu’ils ont connu plusieurs échecs de cultures présen-tées comme providentielles dans le passé. Leur investissement dans le Jatropha est donc modéré aussi bien dans la taille des champs (0,8ha plantés en moyenne de nos enquêtés) ou des haies (286 m) que dans le suivi de l’itiné-raire technique.

2 Application au terrain2.1 Modes d’implantation privilégiés et conséquences

Modes d’implantationParmi les paysans que nous avons interrogés et qui ont planté à partir de 2007 : 48% l’ont fait

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61- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

en haie, 34,5% en plein champ, et 17,5% sous les deux formes.Parmi ces mêmes personnes, 50% projetteraient de planter en haie et 42% en plein champ à la prochaine plantation (les autres comptent remplacer les pieds morts ou ne pas planter) ce qui marque une augmentation du plein champ par rapport à la haie, qui stagne.

En termes de surface, d’après les recensements de 2008 et 2009 effectués par Teriya bugu, les haies ont été plantées respectivement sur 55 et 22km soit 124ha et les plein champs sur 27 et 46ha. En résumé ces 2 années là 40% des surfaces plantées seraient du plein champ contre 60% de haies. Ces chiffres sont cependant à prendre avec précaution puisque l’équivalent en surface des kilomètres de haie reste une vue quelque peu abstraite.

Concurrence des cultures vivrières•

Le type de sol sur lequel sont plantées les haies n’a pas vraiment d’importance en ma-tière de concurrence vivrière ; les champs quant à eux sont plantés d’après nos enquêtes à 41% sur bélé dougoukolo (terre gravillonaire non cultivable) tandis que 35% sont sur sol argileux (Boro passan) à argilo sableux (Dié) et 24% sont sur sol sableux (Tchentchen).Le recensement de 2009 présente des chiffres assez similaires avec 45% des champs de Jatro-pha plantés sur friche et 55% sur culture. La question est : est-ce que cela a ou aura un impact sur l’équilibre des cultures vivrières et sur les ressources fourragères ?

Une seconde série d’enquêtes auprès de planteurs en plein champ nous a permis d’appréhen-der la question des cultures vivrières. 16 personnes seulement ont été interrogées donc les résultats sont à prendre avec prudence.Parmi toutes ces personnes, 62% ont planté sur des terres cultivées et 48% sur des friches ; or, une seule personne a vu la superficie de ses autres cultures diminuer (en l’occurrence cela c’est fait au détriment du piment). En réalité la plupart d’entre eux ont profité de voir leur superficie cultivable augmenter (sou-vent grâce aux nouvelles terres inondables par le barrage de Talo) pour sacrifier une partie d’une culture dont ils pouvaient se passer au profit du Jatropha. D’autres ont demandé au chef de village s’ils pouvaient leur accorder de nouvelles terres sur lesquelles ils ont soit planté du Jatropha soit cultivé la céréale qu’ils avaient remplacé par du Jatropha.

De plus, à la question «Combien d’hectares de Jatropha êtes-vous prêt à planter, et pourquoi cette limite ?», les réponses varient de 1 à 5ha, principalement sur les terres en friche.Certains voudraient en faire plus mais sont conscients qu’avec l’âge et l’exode des enfants ils ne pourront pas entretenir ces champs.Le maximum annoncé est dans tous les cas limité par le manque de terres. En effet tous prévoient de planter en priorité sur les terres en friches ou sur des terres nouvelles que leur accorderait le chef du village.L’accès aux terres cultivables arrive à saturation mais les propriétaires pourraient encore en utiliser certaines pour ces plantations de Jatropha ; cependant ils comptent garder le même nombre d’hectares en superficie cultivable.«La priorité est de nourrir la famille» disent-ils.

Ces résultats montrent que les paysans semblent être bien conscients des conséquences que l’implantation en plein champ du Jatropha pourrait avoir sur leurs autres cultures. une seule

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62- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 63

personne parmi eux a eu besoin d’acheter de la nourriture à la dernière période de soudure, tous les autres n’en achètent pas voire en vendent ; mais pour autant ils ne sont pas prêts à prendre le moindre risque en ce qui concerne leur sécurité alimentaire.

Rappelons également les résultats d’Aby ndoye pour qui à la question « l’introduction du Jatropha dans les systèmes peut-il provoquer une diminution des surfaces de culture vivrière ? » 21, 3 % des enquêtés à répondu «oui» et 72,1% ont déclaré «non» car soit, ils ont planté en haie, soit, ils disposent de suffisamment de terre pour éviter toute concurrence entre le Jatro-pha et les cultures vivrières.

Enfin, Demba Balde - stagiaire Cirad à Teriya Bugu en 2010 - obtient une répartition de 50/50 à la question «Avez-vous dû acheter des céréales ces 5 dernières années ?» (auprès de 50 enquêtés). Ceux pour qui ce n’est pas arrivé plantent majoritairement en plein champ (60%) tandis que ceux qui ont du acheter de la nourriture privilégient la haie (64% haie, 4% interca-laire, 32% plein champ).

Burnod et Gautier notent également que les cultures vivrières sont prioritaires sur le Jatropha ; le temps de travail sera d’abord investi dans ces cultures et les femmes et enfants seront mis à contribution pour la récolte pour que les hommes puissent continuer les autres activités agricoles.

Concurrence avec les cultures fourragères•

Cependant si l’intention de planter les champs de Jatropha sur des terres non cultivées crée un autre problème tout aussi important : la concurrence des espaces fourrager pour le bétail.Les années sèches que connaît notre zone depuis les années 2000 cumulé à la pression foncière dû à l’accroissement démographique diminuent la quantité de fourrage en brousse. De plus, l’exploitation du riz sur des terres dont le niveau de l’eau est maintenant contrôlable par le seuil de Talo commence à utiliser de nombreuses friches si bien que les agriculteurs seront obligés, d’après leurs dires, de diminuer la taille de leur troupeau s’ils veulent continuer ces spéculations. Cette remarque est à prendre avec précaution puisque la paille de riz sert à nour-rir les animaux.Néanmoins, d’après notre deuxième enquête, les agriculteurs possédant de grands troupeaux prévoient d’en baisser le nombre en gardant les bœufs et de petits ruminants au piquet, mais une fois de plus le nombre d’interviewés est trop petit pour généraliser ces dires. Il revient aux agriculteurs de voir s’il est plus intéressant pour eux d’avoir un grand troupeau qu’une certaine quantité de riz et/ou de Jatropha, mais le problème concerne également les peuls avec qui - bien qu’ils soient peu nombreux dans notre zone - il pourrait y avoir des conflits.

Autres remarques :notons que l’agrandissement des surfaces cultivables en riz inondé depuis la construction du barrage de Talo (en 2007) peut être vu comme une opportunité pour l’extension du Jatropha puisque les hectares récupérés dans les bas fonds peuvent éventuellement être libérés là où l’on cultivait des céréales sèches.

Le cas de l’obtention des terres par les chefs de village n’est pas généralisable à l’ensem-

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63- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

ble de notre zone ni la dynamique des terres inondables. Sur l’ensemble de notre zone, les PEA et MEA sont celles qui ont le plus de terres (avec entre 20 et 25ha de terres cultivées en moyenne) et celles qui, avec les MEa, sont le plus investies dans la culture du Jatropha. Pourtant les autres types d’exploitation (qui ont 10 à 12 ha cultivables en moyenne) dont les Mea se mettent également à cette culture. On peut donc penser que le choix de la culture du Jatropha n’est pas dépendant du nombre d’hectares dis-ponibles ; cependant la culture du Jatropha étant encore à son démarrage, seuls les agriculteurs les mieux fournis en terre peuvent essayer cette culture sans prendre réelle-ment de risque.

Aparté sur la question foncière•

Aucun titre de propriété n’est délivré aux agriculteurs ; l’Etat est propriétaire des terres et peut les récupérer s’il désire faire des travaux quels qu’ils soient. néanmoins, les terres ont une appartenance par droits coutumiers : le chef du village autorisant telle ou telle personne à cultiver telle ou telle terre.Ainsi, tous les producteurs de Jatropha interrogés se di-sent propriétaires de leur parcelle et il semblerait que les possesseurs de terres n’autorisent pas leur locataires à planter des cultures pérennes pour la raison décrite précé-demment : les titres fonciers n’existant pas, ces derniers risqueraient de s’approprier les terres, la plantation d’ar-bres étant un signe de propriété.

2.2 Les itinéraires techniques paysans pour la culture du Jatropha

Sur le terrain les exploitations ne possédant pas toutes les mêmes moyens techniques ou humains, chacune applique son propre itinéraire technique à sa culture de Jatropha. Cette culture par ailleurs étant relativement récente, l’iti-néraire technique recommandé par les organismes comme Teriya Bugu n’est pas encore bien connu de la popula-tion.Ainsi on peut observer une grande diversité de suivis de culture dans notre zone d’étude.

Le tableau 16 représente ces nombreux itinéraires tech-niques. nous n’y avons pas pris en compte la récolte car tous disent le faire ou le feront lorsque leurs plants seront en pleine production.

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64- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 65

nous remarquons donc parmi 67 exploitations 22 itinéraires techniques différents :Parmi les planteurs d’avant 2007, la moitié suit l’ITK «semis direct sans entretien» tandis que l’autre moitié se partage entre ceux qui taillent uniquement et ceux qui taillent et qui sarclent. Parmi les planteurs d’après 2007 la majorité font simplement un sarclage par an.

Dans l’ensemble, 54% des producteurs homme et femmes et toutes années confondues font au moins un sarclage par an, et 22% sarclent tous les ans et taillent tous les deux ans.Si l’itinéraire technique recommandé par Teriya Bugu n’est pas encore atteint c’est sans doute parce que cette culture n’est pas dans les priorités des producteurs. Malgré cela l’activité qui demande le plus de temps (le sarclage) est satisfaite par une bonne moitié des producteurs et la taille annuelle - qui demande peu de temps - se fera sans nulle doute après sensibilisation et explication par les animateurs.

figure 19 : Entretien de la culture du Jatropha par les paysans

B. A

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201

0 La figure 19 représente la proportion de producteurs investis dans une tâche de l’iti-néraire technique Jatropha. nous n’avons pas pris en compte les femmes dont les haies de Jatropha entourent des cultures maraîchères et qui donc sont susceptibles d’avoir un suivi plus soutenu.On peut observer sur ce graphique que le sarclage et la taille par rapport aux nombres d’ex-ploitants qui récoltent sont des activités bien suivies, mais que l’apport de fumure ou d’engrais et l’arrosage des pieds de Jatropha sont très rares. De plus la fumure utilisée est soit un com-post d’ordures ménagères pour les champs de case, soit de la poudrette. Elle restructure le sol mais apporte peu de minéraux par rapport à un engrais minéral.

Tous les producteurs rencontrés sauf exception ont des problèmes de termites ; les produits phytosanitaires sont souvent chers et difficiles à trouver donc certains traitent leurs pieds de Jatropha avec de l’huile de vidange diluée à 3% dans l’eau.

Enfin, pour le moment seuls les producteurs ayant d’anciennes haies récoltent les graines de Jatropha. Tous ne font qu’1 à 3 passages courant octobre, de quoi récupérer suffisamment de graines pour confectionner des savons, puis laissent le reste sur pied où d’autres peuvent se servir.

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65- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

2.3 nouvelle organisation du temps de travail

Les PEA et Mea ont pour caractéristique d’avoir de la main d’œuvre en excès pour la première et plus ou moins suffisante pour l’autre. Par contre les MEA ont une main d’œuvre insuffisante et risquent d’avoir des difficultés à organiser leur travail pour les activités liées au Jatropha. Peut-être devront-elles le faire au détriment d’autres cultures.

L’organisation du travail au champ dépend premièrement du type de parcelle dans laquelle est implanté le Jatropha : collective ou individuelle.

Les parcelles collectives sont celles dans lesquelles l’ensemble de la famille doit travailler 6 jours sur 7 ; le chef de famille décide de ce qu’il y sera planté ou semé ; l’ensemble des béné-fices servent aux besoins de la famille.Certains membres de la famille ont des parcelles individuelles dont l’ensemble des bénéfices de la culture lui reviennent ; il s’agit pour cela bien souvent de cultures de rente ou de marai-chage pour les femmes.Les possesseurs de parcelle individuelle y travaillent pendant leur jour de repos et le matin et le soir avant et après le travail en champ collectif.

68% de nos enquêtés (dont 1/4 de femmes) ont planté le Jatropha en parcelle individuelle mais pour 95% en haie. Les deux raisons principales semblent être la protection de la parcelle contre la divagation des animaux et le gain d’argent.

D’après nos enquêtes, la réorganisation du temps de travail en fonction du Jatropha n’a créé aucun problème que ce soit pour les planteurs récents ou anciens, pour les champs ou les haies.Aby n’Doye a également relevé que 55,7% de son échantillon (pas tous planteurs) ont déclaré ne pas avoir subi ou ne pas subir dans l’avenir de changement dans l’organisation de leur travail.29,5% par contre affirment le contraire.

figure 20 : Calendrier des cultures et du JatrophaAvril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janvier Février Mars

B.Allard 2010

Ensemble des cultures observées : périodes de concentration du travail

Calendrier de culture du Jatropha,En tirets = activité discontinue

Taille PlantationPépiniere

Sarclage Récolte et dépulpage

La première difficulté que les paysans peuvent rencontrer est dans la plantation de la culture car elle demande beaucoup de temps les 2 premières années (remplacement des pieds morts la deuxième année). Certains repiquent ou sèment en août après la période de semis des autres cultures mais dans ce cas là le Jatropha profite moins longtemps de la saison des pluies,

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66- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 67

point déterminant pour sa survie lors de la saison sèche suivante. Peut-être cela vaut-il le coup d’embaucher des manoeuvres pour cette opération qui diminuerait les coûts l’année d’après.

Pour ce qui est du calendrier cultural, les agriculteurs le préparent avant le début de la campa-gne, si bien qu’il leur «suffit» d’y prévoir les différentes opérations de culture et d’organiser la main d’œuvre en fonction.Dans le cas des haies, le sarclage et les éventuels apports de fumure se font en même temps que ceux des champs qu’elles bordent. Pour les champs la question du sarclage ne devrait pas poser problème non plus puisqu’un seul suffirait ; il pourrait se faire après ceux des autres champs entre août et septembre.

La récolte quant à elle s’étale sur une période dans laquelle il y a beaucoup d’activités agri-coles (les récoltes des autres cultures) ; cela pourrait poser des problèmes sérieux en cas de manque de main d’œuvre pour les détenteurs de plein champ. Plusieurs membres de la famille se déplacent pour aller chercher les graines, souvent les femmes mais également les enfants et les hommes.Aby n’Doye conclut que l’organisation du travail change avec l’introduction de cette culture. C’est particulièrement vrai dans le cas où les paysans cultivent le Jatropha en parcelle indi-viduelle, la main d’œuvre étant alors moins disponible pour les champs collectifs, mais nous n’irons pas jusqu’à dire que cela puisse poser un problème de concurrence des cultures vivriè-res.

3 Conclusion

nous avons vu dans ce chapitre que le Jatropha était planté par des catégories d’ex-ploitation plutôt bien développées ou en cours d’enrichissement et qui souhaitaient s’enrichir davantage via cette culture. Les paysans concernés sont prudents et ne plantent pas le Jatropha n’importe comment ; ils n’ont pas l’intention de sacrifier leurs cultures vivrières ; mais l’in-sécurité alimentaire ne vient pas du seul aspect foncier et les gens ne peuvent pas contrôler tous les facteurs qui entrent en ligne de compte : le climat, la croissance démographique, la dégradation des sols...Si l’un de ces facteurs oblige à cultiver davantage de cultures vivrières, le paysan aura bien des difficultés à s’en sortir s’il n’a pas prévu de marge de manœuvre (particulièrement les MEa, PEa et Pê). Un rapport de l’IFAD (Mali : Projets fonds de développement villageois de Ségou) explique d’ailleurs que «les aléas climatiques pèsent lourdement sur la production agricole qui peut varier du simple au double selon le déroulement de la saison des pluies.»De plus n’oublions pas que si le prix du pétrole venait à baisser, celui des graines de Jatropha pourrait bien suivre et rendre non rentable sa culture, donc n’offrant plus d’argent au produc-teur pour qu’il achète des denrées au cas où il aurait remplacé une partie de ses cultures vi-vrières par du Jatropha. De manière générale la monoculture de Jatropha est vivement décon-seillée pour cette raison ainsi que pour son impact néfaste sur la biodiversité et sa vulnérabilité face aux attaques de parasites ou d’insectes.

nous avons vu que le nombre de haies et de plein champs tendait à s’équilibrer. Par contre, les haies sont majoritairement plantées sur parcelle individuelle, et les pleins champs sont à 60% plantés sur parcelle collective.

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D’après une étude du Geres, la pratique du champ individuel pourrait être la cause d’implo-sions familiales : plus il y a de champs individuels, moins il y aurait de main d’oeuvre pour les champs collectifs.

Pour autant, la question de la main d’oeuvre ne semble pas poser de problème pour le moment ; c’est principalement dû au fait que les paysans voient pour l’instant cette culture comme secondaire et les plantations sont jeunes donc pas encore en pleine production. Ils ne s’y investissent pas totalement car ils ne l’estiment pas rentable avec le prix actuel de 50f/kg de graines. Tant qu’elle ne sera pas rentable les paysans ne prendront pas le risque d’investir leur main d’oeuvre dans cette culture. Par contre, le jour où ça le sera, ils adapteront leur calendrier de cultures comme ils l’ont fait pour le coton, l’arachide, ou toute autre culture de rente en li-bérant le surplus de main d’œuvre ou en embauchant des manœuvres au moment de la récolte, point le plus délicat.

nous verrons donc dans le chapitre suivant dans quelle mesure et à quel prix au kilo cette culture peut être rentable pour les agriculteurs ainsi que pour Teriya Bugu et comment l’orga-nisation de la filière peut optimiser la rentabilité et améliorer les conditions de vie des agricul-teurs concernés. Nous tenterons de voir comment faire pour que cette culture profite à toutes les catégories d’exploitants.

4 Recommandations

Interculture• figure 21 : Schéma d’interculture

Jatropha

B. A

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0

Pour pallier le risque de cri-se alimentaire causée par un facteur imprévu, le produc-teur peut planter son champ en culture intercalaire qui lui assurera une production mi-nimum de céréales ou autres cultures de rente.Marjorie Domergue et Ro-land Pirot (2008) citent Bho-vaid (2006) qui recommande la culture intercalaire avec des cultures fourragères ; cette association permettrait de diminuer complètement le temps de sarclage dont nous verrons l’importance dans la partie suivante et de nourrir dans le même temps les animaux. Baumgart (2007) cite quant à lui les effets positifs de l’interculture piment au Belize dont les ravageurs ont diminué et qui profitent de l’ombre des Jatropha.

Si le champ est planté sur un terrain défriché, l’interculture pourrait peut-être se faire avec la végétation «sauvage» pour éviter une diminution de la biodiversité.

Seulement, les agriculteurs connaissent mal cette technique culturale ; la présence d’anima-

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68- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 69

teurs pour les inciter à planter sous cette forme est donc importante.

Actuellement (2010) Teriya Bugu encourage la plantation du Jatropha en donnant 4f/pied planté en plein champ, 6f/pied en culture intercalaire, et 8f/pied en haie. Cette initiative devrait encourager la plantation de haies et de cultures intercalaires mais le fait de donner de l’argent pour planter en plein champ reste un encouragement risqué.

Plantation d’arbres•

Au moment de la plantation d’un champ de Jatropha, les arbres présents sur la parcelle peu-vent rester en place, certains pourraient même être plantés comme le rônier ou la balasin qui font peu d’ombre, ou comme l’acacia et le prosopis qui attirent des insectes nécessaires à la pollinisation des fleurs de Jatropha.Si les arbres sont trop grands ils peuvent être coupés et utilisés comme source énergétique ou vendus.Enfin, la floraison de ces arbres additionnée à celle des pieds de Jatropha peut profiter à une ruche d’abeilles pour la création de miel.Mais cette idée n’a de réel intérêt que dans les endroits de notre zone où il n’y a plus d’arbres, or ce n’est pas le cas partout.

La même proposition de couvert arboré est valable pour les haies. Dans celles-ci on pourrait d’ailleurs alterner les pieds de Jatropha avec d’autres buissons comme le Sindjiba : Euphor-bia balsamifera (buisson utilisé également comme haie de protection produisant beaucoup de latex : sin = sein, dji = eau, ba = beaucoup mais dont les fruits ne sont pas exploités). La diversification apporte toujours un intérêt : résistance aux prédateurs, biodiversité, gain éco-nomique...

Figure 22 : Schéma haie diversifiée

B. A

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Photo 1 : Jatropha et Sindjiba

B. A

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1 Définition

«L’analyse économique par filière, c’est l’analyse de l’organisation, à la fois sur un plan linéai-re et complémentaire, du système économique d’un produit ou d’un groupe de produits. C’est l’analyse de la succession d’actions menées par des acteurs pour produire, transformer, vendre et consommer un produit.» (Noëlle Terpend , Guide pratique de l’approche filière, 1997).

La filière que nous allons analyser concerne la transformation d’un produit agricole : la graine de Jatropha.

Il y a plusieurs dimensions de filière : longue ou courte. La filière Jatropha de Teriya Bugu est considérée comme courte car elle passe par peu d’acteurs et reste dans un cercle fermé et local.En effet, la production et l’utilisation des graines de Jatropha se font dans la même zone (bien que l’aire de consommation soit plus petite). Cette caractéristique est un atout pour le dévelop-pement local car les bénéfices faits au niveau de la production ou de l’utilisation peuvent être réinvestis localement, créant un cercle vertueux.Cependant, si l’une des parties de la filière se retrouve en déficit, cela influe également direc-tement sur le reste de la filière.

Cette partie de l’étude a donc pour but de déterminer la rentabilité de la filière à chaque étape de sa transformation et pour chacun des acteurs concernés. Le cas échéant, des recommanda-tions pourront être faites pour optimiser les revenus et distribuer les bénéfices de la filière aux acteurs les plus pauvres.

Pour cela nous consacrerons ce premier chapitre à l’organisation générale de la filière, puis le second à la rentabilité économique pour le producteur et la rentabilité économique pour Teriya Bugu.Enfin, nous comparerons dans un troisième chapitre cette analyse comptable à l’analyse so-ciale de la partie précédente pour tirer nos conclusions.

2 Organisation2.1 Les produits

La filière Jatropha se concentre essentiellement sur la graine de l’arbuste mais plusieurs pro-duits sont mis en valeur par Teriya Bugu lors de sa transformation : l’Huile Végétale Pure, le tourteau, les savons. D’autres techniques de transformation sont en cours de réflexion par Teriya Bugu pour obtenir du biogaz et des briquettes inflammables.

L’huile végétale et le biogaz sont et seraient transformés et utilisés par Teriya Bugu tandis que le tourteau, les savons, et les briquettes inflammables sont et seraient transformés et utilisés

Partie 3 : La filière Jatropha de Teriya

chapitre 1 : organisation de la filière

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70- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 71

par les paysans.

2.2 Les différents acteurs et leur rôle dans la filière

La filière Jatropha de Teriya Bugu contient 3 fonctions majeures : la production, la transforma-tion, l’utilisation. Elles sont accomplies par 3 acteurs physiques ou moraux : les producteurs, les coopératives, l’AEDR.

L’AEDR• L’AEDR (Association d’Entraide au Développement Rural) est l’organisme de base de cette filière, il est chargé de développer la production de Jatropha dans les campagnes environnan-tes, d’acheter les graines et de les transformer en huile pour l’utiliser à la production d’élec-tricité.Son aire d’action s’étend sur 50 à 60km autour de Teriya Bugu.

Organisation de la filièrePour promouvoir la plantation du Jatropha, l’AEDR rassemble annuellement les agriculteurs des environs pour leur faire part des avancées dans le domaine, et discuter des problèmes ren-contrés par les agriculteurs. Des graines leurs sont distribuées gratuitement et des primes sont données aux agriculteurs par pied planté.Des informations passent à la radio (reportages, appels aux producteurs pour les réunions).

Deux animateurs sont employés par l’association afin d’aider les agriculteurs à mettre en place leur plantation, de faire un état des lieux régulier de celle-ci (nombre de pieds, superficie) et de communiquer les informations que donne Teriya Bugu. Ils sont également chargés de mettre en place des coopératives au sein des villages de producteurs puis organisent des formations de gestion auprès des dirigeants de chaque coopérative.D’autres employés de l’AEDR font le déplacement au sein de ces coopératives pour acheter les graines qu’elles-mêmes auront acheté aux producteurs.

ProductionTeriya Bugu a ses propres plantations de Jatropha : une trentaine d’hectare, qui leur permette d’avoir un minimum de graines pour la transformation en huile en attendant que les produc-teurs puissent produire suffisamment. Ces parcelles sont également un espace d’expérimenta-tion pour Teriya Bugu qui cherche à optimiser les rendements et l’itinéraire technique ; et une vitrine pour les différents organismes qui souhaitent découvrir le projet. La production reste cependant dévolue pour le reste aux paysans.

TransformationL’AEDR s’occupe de la transformation des graines en HVP ; elle rend les résidus (tourteau, pied de presse) aux producteurs et conserve l’huile pour l’utiliser dans les générateurs du village.Il n’y a donc pas de commercialisation de l’huile.

Les coopératives• Les coopératives ont commencé à être mises en place par Teriya Bugu en février 2009 d’après la loi sur les coopératives de 2001.

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Jusqu’à présent 42 ont été mises en place ; il en reste une dizaine à mettre en place dans la zone d’influence de Teriya Bugu. Elles sont un acteur intermédiaire entre les producteurs et l’AEDR et jouent de nombreux rôles :

D’après la lettre d’intention de création créée par Teriya Bugu, cette «société coopérative à pour but : la promotion des activités de production du Jatropha, l’équipement, la commer-cialisation et l’approvisionnement des villageois en bien de production et de consomma-tion, la promotion de l’alphabétisation, de l’hygiène et de la santé dans le village, assurer le bien être des populations aussi bien que l’accord des crédits villageois.»

fonctionnementgérées par un bureau de 8 bénévoles en moyenne, elles regroupent la plupart des producteurs de Jatropha du village dans lequel elle est installée mais plusieurs coopératives peuvent être créées par village selon les affinités entre paysans.Ces bénévoles sont répartis dans 3 organes administratifs : l’assemblée générale, le conseil d’administration, le comité de surveillance.

La trésorerie est abondée par une cotisation des adhérents de 500fcfa non remboursables et une ou plusieurs parts sociales dont le montant est déterminé par la coopérative (environ 1000fcfa/part).Les autres ressources sont : les dons, les emprunts, les subventions.une autre option consiste à prélever une taxe sur les graines lors des transactions.

Les membres ne sont pas rémunérés mais récupéreraient une partie équitable des excédents nets en fonction des parts qu’ils ont dans la coopérative.

ProductionLes membres d’une coopérative se doivent d’aider leurs confrères paysans dans leur produc-tion de Jatropha s’ils en ont besoin (prêt de matériel, aide en main d’œuvre) à un moment donné de l’année.

Par ailleurs, certaines coopératives ont déjà mis en place des champs de Jatropha dont elles vendront les graines au profit de la coopérative ; elles signent avec Teriya Bugu le même contrat de vente que pour un producteur.

Transformationune dépulpeuse manuelle sera prochainement distribuée à toutes les coopératives et mise à disposition des producteurs pour dépulper leurs fruits.

CommercialisationLes coopératives ont un rôle important dans les échanges entre les producteurs et Teriya Bugu puisqu’elles achètent aux premiers et revendent au second. Certaines coopératives prévoient d’instaurer une taxe sur ces échanges pour faire un peu de profit ; d’autres non, comptant plus sur la cotisation des membres pour récupérer de l’argent.Aucune règle n’est instaurée à ce niveau et les coopératives nouvellement installées ne savent pas encore comment s’y prendre.

Avantages pour les producteurs

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Payer une cotisation pour pouvoir vendre ses graines à une coopérative pourrait freiner l’envie de certains producteurs d’y adhérer, mais faire partie d’une coopérative a plusieurs intérêts. En plus de l’entraide accordée par les autres agriculteurs, une personne faisant partie d’une coo-pérative peut obtenir des prêts plus facilement auprès des organismes financiers que tout seul. De plus, la coopérative sera chargée de redistribuer le tourteau aux producteurs ; elle donnera également accès à des intrants.Les coopératives sont un regroupement solidaire ; elles utilisent leur trésorerie si quelqu’un a besoin d’argent pour une raison personnelle urgente comme des frais de santé. Elles ont donc un aspect social important.Hors mis cela, l’argent doit être utilisé uniquement pour la culture du Jatropha à moins qu’un organisme extérieur ne passe par cette structure pour financer d’autres projets auquel cas elle servirait de plate-forme de développement.

Eviter les erreurs du passéLa CMDT avait créé de nombreuses associations villageoises qui servaient d’intermédiaire pour la commercialisation du coton ; elles remboursaient l’ensemble des crédits accordés par la CMDT aux cotonculteurs même si certains parmi ces derniers ne pouvaient pas payer, auquel cas ce sont les autres cotonculteurs qui se remboursaient.Ce principe a découragé beaucoup de producteurs qui ne voulaient plus payer pour les autres.De plus, la CMDT paye plusieurs mois après réception de la marchandise donc les paysans doivent attendre de la trésorerie à un moment où elle leur fait cruellement défaut.

Les unions de coopératives•

Afin de développer le réseau d’acteurs et d’optimiser les temps et coûts de transport, Teriya Bugu prévoit de mettre en place des unions de coopératives dans certaines communes de la zone d’action du projet.Leur rôle serait d’acheter les graines aux coopératives villageoises, de les stocker, et de les revendre à Teriya Bugu.Les lieux de stockage sont plus faciles à louer dans les communes que dans les villages mais de plus grands volumes sont nécessaires. Leurs membres pourront également être formés pour communiquer sur le projet Jatropha et sensibiliser la population à cette culture.

Cette organisation faciliterait sans doute les déplacements au moment de la campagne d’achat des graines étant donné que des pistes en assez bon état mènent aux communes ce qui n’est pas toujours le cas des villages.Le problème est que cet acteur supplémentaire pour obtenir des bénéfices devra taxer les grai-nes, ce qui influera sur les prix auprès des producteurs ou de Teriya Bugu.L’intérêt économique de ce type de structure est d’ailleurs encore à prouver, c’est l’un des objectifs du présent document.

Ces unions de coopératives peuvent ensuite décider de créer des fédérations d’organisation.Les objectifs d’une telle structure sont entre autres de défendre les intérêts des membres de ses coopératives, de former des coopérateurs, de faire connaître les lois des coopératives, de créer des circuits d’échanges nationaux ou internationaux...Et les établissements financiers prêtent plus facilement à une fédération qu’à une coopéra-

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73- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

tive.

Les producteurs•

ProductionL’unique rôle des producteurs dans la filière Jatropha est la production. Parmi eux il y a les producteurs indépendants qui pour la plupart sont des propriétaires d’anciennes haies, et les producteurs en coopératives.Les premiers ont des haies datant parfois de plus de 30 ans, et laissaient jusqu’à présent les graines à leur(s) femme(s) pour qu’elle(s) en fasse(nt) du savon pour la famille.Les seconds sont arrivés avec le projet de Teriya Bugu. Ils se sont inscrits pour la plupart dans une coopérative mise en place dans leur village, et ont un contrat de vente de 5 ans avec Teriya Bugu qui prévoit un prix d’achat de 50 fcfa/kg minimum et un retour des tourteaux propor-tionnellement aux graines vendues.

TransformationActuellement les producteurs décortiquent leurs graines manuellement et en famille, mais il est prévu qu’ils le fassent auprès de leur coopérative qui devrait bientôt détenir une dépulpeuse (autrement appelée décortiqueuse).

Les femmes qui font du savon•

Les femmes de producteurs (et certaines femmes qui produisent elles-mêmes) ont un rôle important dans la filière Jatropha ; lorsqu’elles n’ont plus de graines de karité pour faire leurs savons elles le font avec les graines de Jatropha.Parmi les femmes que nous avons interrogées, toutes utilisent ces savons pour la consomma-tion familiale. Aby N’Doye explique que certaines femmes qu’elle a enquêtées vendent le surplus de savon.

Les femmes ne veulent pas vendre les graines qui leurs servent à faire du savon car ça évite au chef de famille de dépenser de l’argent dans des savons achetés au marché. Pour pallier à ces réticences, Teriya Bugu a proposé un contrat aux femmes productrices, stipulant que l’association leur rendrait le pied de presse pour qu’elles puissent en faire des savons.un document en annexe tente de voir si ce retour des pieds de presse est réellement intéressant économiquement.

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74- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 75

Figure 23 : Organisation de la filière

B.A

llard

201

0

Agriculteurs (+ coopératives et AEDR)

Coopératives (dépulpage)

Savons

Fruits

Graines

Zone de production Zone de transfert Zones de transformation et de consommation

Fruits

HVP, électricité

Tourteau

Pied de presse

Coquilles

Coquilles

Union des Coopératives

AEDR

Femmes(dépulpage et décorticage)

La figure 23 présente l’ensemble des acteurs et l’ensemble des produits de la filière à différents stades de leur transformation.A chaque transformation les résidus sont renvoyés au producteur afin qu’il maximise ses gains.La filière est présentée en cercle fermé mais si une surproduction de graines ou d’huile était faite, le surplus pourrait être revendu hors de Teriya Bugu. Quelques femmes vendent déjà des savons sur le marché, mais d’après nos enquêtes cette activité est rare, raison pour laquelle elle n’apparait pas sur le graphique.

3 Prix et quantités

Les quantités de graines disponibles dans la zone d’étude sont difficiles à estimer ; la plupart des graines vendues jusqu’à présent proviennent des anciennes haies (celles plantées entre 1980 et 2007), mais les nouvelles plantations (depuis 2007) vont bientôt entrer en pleine pro-duction et fournir une grande quantité de graines.

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75- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Teriya Bugu a acheté 5 tonnes de graines en 2009 mais peu de paysans avaient récolté leurs haies.

Le prixLes graines de Jatropha font l’objet d’un commerce au Mali depuis les années 80. Les pre-miers acheteurs étaient la gTz pour des tests sur les machines.Les prix étaient alors très variables mais les acheteurs semblent s’être depuis entendu sur un prix d’achat de 50 fcfa/kg qui permette d’obtenir un prix du biodiesel compétitif sur le mar-ché (le prix du diesel en janvier 2010 était de 555F/L). Cependant, n’étant pas fixé par l’Etat, chaque organisme peut acheter les graines au prix qu’il désire, ce qui risque de désorienter les producteurs et de faire jouer la concurrence.

Certaines femmes qui font du savon avec les graines de Jatropha achètent les graines entre 100 et 150F la boite de 1,5kg mais pas forcément tous les ans et pas en mêmes quantités.

4 Répartition des acteurs géographiquement

Comme nous le disions en introduction, il y a plusieurs entreprises ou organismes qui tentent de développer des filières plus ou moins longues de Jatropha. Les organismes de filière locale comme Teriya Bugu et d’autres projets d’électrification rurale ont des aires de production plus petites et qui ne se croisent pas. Les projets étant relativement jeunes, chacun essaye encore de se positionner.L’aire d’action des organismes désireux de faire du biodiesel est par contre très grande mais leur marge de manœuvre sur les prix est très réduite étant donné qu’ils doivent produire un biocarburant estérifié moins cher que le gasoil. La concurrence pour l’achat des graines sem-ble donc assez limitée malgré une demande qui pour le moment est largement supérieure à l’offre.

A l’échelle de notre zone d’étude, les producteurs et villages faisant du Jatropha se multiplient. Cette dynamique d’éparpillement de l’offre engendre une augmentation des coûts de trans-port que Teriya Bugu souhaite palier avec la création des coopératives et éventuellement des unions de coopératives.

formalisation des liens par contrat•

Afin d’anticiper les problèmes liés à la concurrence, il semblait nécessaire de contractualiser avec les paysans, ce qu’a fait l’AEDR.Les contrats stipulent que l’AEDR et le producteurs sont liés pour une durée de 5 ans et s’en-gagent à acheter/vendre l’ensemble des graines à un prix de 50fcfa/kg minimum. L’AEDR s’engage également à ce prix là à rendre le tourteau de graines au producteur pour qu’il en fasse un engrais organique.Malgré ces contrats, les agriculteurs qui auraient une meilleure proposition pourraient très bien vendre une partie de leurs graines à d’autres organismes. Alors les animateurs de l’association continuent d’échanger avec eux pour créer un lien de confiance : apport d’aide technique, aide matérielle, conseils, aide à la création des coopératives...

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76- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 77

5 Conclusion

L’ampleur de la filière va de la vente de graine pour semis à la transformation de l’huile en électricité. Ce qui intéresse Teriya Bugu est principalement l’électricité mais comme celle-ci arrive en aval des produits transformés, Teriya Bugu profite de chaque étape de transformation pour valoriser d’autres produits.L’objectif original de l’association étant de contribuer au développer du monde rural, la filière cherche à rendre aux producteurs le maximum de produits et de gains.

De plus, l’un des gros atouts de ce projet pour les producteurs est la constitution des coopéra-tives à partir desquelles, dans l’avenir, ils pourront développer de nouvelles activités. Ces coo-pératives pourraient connaître des problèmes d’organisation lors des premières transactions mais seront vite utiles à l’ensemble des acteurs.Les unions de coopératives pourraient également voir le jour mais leur importance est toute relative par rapport aux coopératives puisqu’elles permettent «simplement» de concentrer les graines en un endroit où l’accès est aisé.Seulement ces deux plateformes d’échange ont un coût qui se ressentira sur le prix de la graine. C’est pourquoi ce dernier doit être arrêté en prenant en compte le nombre de «mains» par lesquelles les graines vont passer, ce que nous allons faire dans nos calculs finaux.

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77- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

A- Rentabilité pour les producteurs

Pour estimer la rentabilité de la production de Jatropha, nous allons calculer dans un premier temps les investissements de départ pour la plantation ; puis le temps annuel théorique que nécessite le suivi de la plantation ; et nous verrons réellement quels itinéraires techniques sont adoptés par les paysans.

nota bene : - L’ensemble des chiffres cités par la suite sont issus des données recueillies sur les parcelles propres de Teriya Bugu, des temps de travail relevés chez les paysans, et de la bibliographie.- Pour un champ de Jatropha d’1ha, nous comptons un espacement entre les pieds de 2mx4m, soit 1250 pieds.- Les Hj (Homme-jour) sont des journées de 8h d’un seul homme.

1 Les coûts1.1 Investissement de départ

La quasi-totalité des agriculteurs interrogés lors des enquêtes nous ont fait part de problèmes rencontrés pour démarrer la culture de Jatropha : la mortalité des plants, la divagation des animaux, le manque d’infrastructures pour stocker... nous allons voir quels sont les investis-sements indispensables et leurs coûts.

1.1.1 La plantation

Pépinière et repiquage• La technique recommandée par Teriya Bugu est de faire une pépinière et de repiquer au début de la saison des pluies. Cela permet de semer moins de graines tout en réussissant mieux la germination.Le temps de travail selon Teriya Bugu se décompose ainsi :Création d’une planche de 12,5m² pour 1250 pieds à raison d’un espacement de 10cm entre chaque pied. Il faut compter une journée de 8h à une personne pour cela.Ensuite un entretien de 3h par jour est nécessaire pendant 2 mois ; il consiste à désherber et ar-roser les plants. Le temps total consacré à la pépinière est de 1 + [(3 x 30 x 2) / 8] = 24Hj/ha.

Le temps observé chez les paysans lors de nos enquêtes est de 1,75Hj pour la préparation de la pépinière et de 8,3 Hj pour l’entretien soit 10Hj/ha. Ce temps 2,4 fois plus petit que celui de Teriya Bugu est dû au fait que les paysans font des pépinières allant de 15 jours à 3 mois ou moins avec un entretien quotidien d’1h30 en moyenne.Nous obtenons une moyenne de 17Hj/ha.

Le repiquage s’effectue en plusieurs étapes : trouaison, fumure, plantation, arrosage.Nous estimons le temps moyen de plantation à 36Hj/ha (49Hj à Teriya, 23Hj en milieu pay-san).

chapitre 2 : rentabilité économique

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78- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 79

Soit un temps total de plantation avec pépinière de 53Hj/ha, équivalant à 20 minutes par pied pour un champ en 2 x 4m.

Il est conseillé de faire un labour si possible auquel cas il faut rajouter 6Hj/ha.Remarque : nous ne comptons pas les coûts qui sortent du cadre recommandé par Teriya Bugu comme le défrichage de terres pour planter en plein champ.

Semis direct• Ce mode de plantation est réalisé par tout type d’exploitation.Il consiste en un simple labour, un apport de fumier si possible, et un semis en ligne. Le temps rapporté par les paysans est en moyenne de 3,3Hj/ha ; cumulé au temps de labour à traction animale observé par E.Gaboret nous pouvons estimer la plantation en semis direct à 9Hj/ha.

figure 24 : Techniques de plantation

7%

79%

14%

Plantations avant 2007

Pepinière Semis direct Bouture

61%

39%

0%

Plantations après 2007

Pepinière Semis direct Bouture

Malgré une différence en temps de travail considérable entre les deux modes de plantation, le retour de nos enquêtes (Figure 24) révèle une grande augmentation de la plantation à base de pépinière après 2007. Cela prouve que les nouveaux planteurs sont soucieux de réussir leur plantation : le nouvel intérêt économique mis en valeur par Teriya Bugu les incite à garder le maximum de pieds en vie.En 2008, la mauvaise qualité des graines distribuées a entrainé un faible taux de germination et a découragé de nombreux planteurs ; la plantation par pépinière diminue ces risques.

Certains paysans peuvent réaliser ce dernier mode de plantation, mais la plupart font en fonc-tion de leurs moyens techniques, de la main d’œuvre et du temps disponibles.Ainsi parmi les plantations faites depuis 2007, d’après nos enquêtes, 61% des agriculteurs enquêtés ont planté via pépinière, 39% en Semi direct, et personne en bouture. Alors qu’avant cette date la tendance était au semis direct (87%), et aux boutures (15%), alors que les pépi-nières ne faisaient que 8% des plantations.

B.A

llard

201

0

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79- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

1.1.2 Protection contre les animaux

Le problème le plus souvent cité par les producteurs de Jatropha est celui des animaux du vil-lage qui divaguent dans les champs et se «font les cornes» sur les jeunes pieds de Jatropha.Mais ce problème ne dure que les 2 premières années nous disent les planteurs d’anciennes haies.

gardiennage• Le gardiennage demanderait une personne disponible au moins 5h par jour pendant 3 mois.Soit 1 x 5 x 91 = 455h/ha x 2 ans = 910h/ha soit 114Hj/ha.

Clôture végétale• Les clôtures telles que les font les paysans dans la région sont confectionnées à l’aide de branchages verts car souples. Or, d’après Kader Magassouba (chef de projet Jatropha) il est interdit de couper toute plante vivante dans la brousse pour des raisons environnementales.De plus ce type de clôture doit être renouvelé chaque année pour être efficace ; nous ne pou-vons donc pas recommander ce type de manœuvre.

Nous estimons le temps de récupération des branches et de conception de ces clôtures à 40Hj/ha soit 80Hj/ha pour les 2 premières années (attention, basé sur une seule donnée).

grillage• Les grillages sont souvent employés pour clôturer les champs de maraîchage des femmes mais leur coût est élevé ; les paysans ne pourront pas se le payer et Teriya Bugu ne peut pas investir autant même via les coopératives.

1.1.3 Mortalité des pieds

Irrigation de survie• De nombreux planteurs accusent le manque d’eau comme cause de mortalité des plantes no-tamment à la première saison sèche.Teriya Bugu et le CIRAD réfléchissent à un système d’irrigation de survie qui consisterait à arroser les pieds nouvellement plantés entre avril et juin (saison sèche) à raison de 2L par pied par semaine.Le temps à consacré est de : [1 personne x 3min/pied x 1250 pieds x 12 semaines] / 60 = 750h/ha soit 94 HJ/ha.Ce temps de travail est important mais se fait à un moment de l’année où il n’y a pas beaucoup de travail au champ.Les animateurs peuvent sensibiliser les paysans à irriguer mais la plupart d’entre eux nous disent ne pas avoir de puits dans leur champ ou manquer de matériel pour irriguer plus facile-ment (âne, bidons, …). Un puits coûte entre 45 000 Fcfa et 100 000 Fcfa selon la profondeur à atteindre (information producteurs).

L’accès aux crédits et au matériel sera peut-être plus aisé lorsque les coopératives seront bien implantées et permettra peut-être d’effectuer cette opération, mais en attendant, la technique privilégiée reste le remplacement des pieds morts.

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Remplacement des pieds morts ou abîmés• Le taux de mortalité des pieds de Jatropha s’élève à 44% dans notre échantillon tout comme dans celui d’Aby ndoye. Il est dû aux différentes causes citées ci-dessus : manque d’eau, dégâts d’animaux, ainsi qu’aux termites. Notons que dans ces données est prise en compte l’année 2008, année pendant laquelle la saison des pluies à tardé à venir (mi-juillet) faisant chuter le taux de survie sous les 50% (47,5% d’après nos enquêtes tout type de plantation confondu).

Le temps de remplacement d’un pied égal 44% du temps consacré à la pépinière plus le temps moyen de repiquage.On considère donc 16 minutes par pied pour un champ de 1250 pieds soit un total de :(1250 x 44% x 16)/60 = 147h/ha ou 18 Hj/ha.

1.1.4 Infrastructures

Le dernier problème dont on nous ait parlé est le manque d’infrastructure pour sécher les graines et pour les stocker.Il est fortement conseillé de sécher ses graines de Jatropha à l’ombre et de les stocker dans un endroit sec et aéré pour éviter qu’elles ne pourrissent.Un abri doit donc être construit à raison de 2m² pour 50/60kg de graines. Il faudrait pour cela compter 2 journées de 8h à une personne pour en construire un soit 2Hj.La construction d’un magasin coûterait 400 000fcfa en faisant appel à une entreprise ou 30HJ en le construisant soit-même.

Notons que le séchage, même fait par les paysans, sera refait à Teriya Bugu. Le stoc-kage quant à lui se fera dans la coopérative, si bien que ces infrastructures ne sont pas déterminantes pour faire du Jatropha.

1.1.5 En résumé

Tableau 20 : Synthèse des frais d’investissementActivité/matériel Temps de travail

en Hj/ha ou FcfaPlantation via pépinière + entretien 53 Hj/haSemis Direct 9 Hj/haGardiennage 114 Hj/haClôture végétale 80 Hj/haRemplacement des pieds morts (avec pépinière) 18 Hj/haIrrigation de survie 94 Hj/haPuits 45 000 à 100 000 FcfaAbri de séchage 2 HjMagasin de stockage 30 Hj B.

Alla

rd 2

010

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nous remarquons que l’irrigation de survie demande beaucoup plus de temps que le rempla-cement des pieds morts par manque de cette irrigation. Cependant l’investissement du paysan dans cette irrigation lui éviterait de retarder d’une année la production de la moitié de sa plan-tation.De plus l’arrosage a lieu à la saison sèche, période creuse en travail agricole.Enfin, voir ses pieds tenir est encourageant et peut créer une dynamique d’expansion.

Cependant, dans l’étude de rentabilité de la production paysanne, nous ne prendrons en comp-te que les données essentielles au démarrage de la plantation à savoir : La plantation via pépi-nière et le remplacement des pieds morts.Le reste étant considéré comme de l’investissement bonus.L’investissement de départ indispensable est donc de 53 + 18 = 71 Hj/ha. Ramené en Hj/ha/an (le temps de culture est évalué à 20 ans) on obtient 3,6 Hj/ha/an.

1.2 Coûts de suivi de la culture

Teriya Bugu propose aux paysans de suivre l’itinéraire technique suivant :Pas de fertilisation, pas d’irrigation sauf la première année, 3 sarclages, une taille par an, des soins phytosanitaires si nécessaire, puis la récolte.

Sarclage• Le temps de sarclage s’élève en moyenne à 13 Hj/ha à chaque passage, soit 39Hj/ha/an.

Taille• Il est recommandé de tailler dès la deuxième année tous les ans à la période où les pieds ont perdu leurs feuilles (avril) soit peu de temps avant la première floraison, de préférence à l’aide de sécateurs. La taille nécessiterait 3,2 Hj/ha.

Soins• Les seuls soins à apporter pour l’heure aux pieds de Jatropha sont l’anti-termite ; les pieds attaqués sont traités à l’aide d’un insecticide appelé furadan, qui coûte 3500fcfa/Kg.Plusieurs sacs sont nécessaires pour traiter un hectare selon le nombre de pieds attaqués. Bien que le temps de travail à y consacrer est faible (0,15Hj/ha), cela représente une somme impor-tante que peu de producteurs peuvent assumer.

Récolte• La récolte s’étale de septembre à janvier et se fait en plusieurs intervalles (entre 4 et 7 sur les parcelles de Teriya Bugu). Notons qu’elle peut commencer plus tard si les pieds sont jeunes.Elle se fait lorsque les fruits sont jaunes à noirs.

Nous estimons le temps de récolte à 28Hj pour un ha produisant 0,5T de graine ou 55Hj pour 1T/ha soit un peu plus de 26 minutes par kg ou 2,3kg/h.

1.3 Coûts de post-production

Le dépulpage•

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82- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 83

Le dépulpage - souvent appelé décorticage - consiste à retirer la pulpe du fruit pour en récupé-rer les graines. Il peut s’effectuer de différentes manières : manuellement, par pilon et vannage (séparation des graines et de la pulpe à l’aide du vent), et à la dépulpeuse.

nous estimons le temps de décorticage manuel ou au pilon à 2kg/personne/heure soit 30 mi-nutes par kilo.Le dépulpage à la dépulpeuse permettrait un rendement de 4 kg/personne/heure (données Te-riya Bugu).Des dépulpeuses seront mises à disposition des producteurs au niveau des coopératives.

Séchage• Le séchage des graines consiste à étendre les graines à l’ombre et de les y laisser une se-maine.Nous prendrons comme temps de référence 1Hj/Tonne. (informations GERES)

Stockage• Les coûts de stockage se limitent à celui des sacs soit 250fCfA pour un sac de 100Kg dans lequel on met 60kg de graines de Jatropha ; donc un total de 4fcfa/Kg soit 4000fcfa/ha (ren-dement d’1t/ha).

2 Les gains

Lors de l’achat des graines au producteur, il est prévu de redistribuer le tourteau des graines vendues l’année précédente.Ce tourteau une fois composté peut être utilisé comme engrais organique. Sa composition chimique est 3,99% (n), 0,72% (P), 1,55% (K).Pour estimer le coût potentiel de cet engrais nous l’avons comparé aux engrais nyeleni, Pro-feba, et Maraîchage. Le prix va de 52 à 72 fcfa/kg. nous prendrons 60 fcfa/Kg.

3 Calcul de rentabilité

Le tableau suivant présente les calculs de rentabilité pour l’itinéraire technique à suivre par les paysans.nous faisons varier les résultats en fonction du rendement et du prix.

Parmi les personnes enquêtées, 22 ont pu estimer le nombre de kg qu’ils avaient récoltés (il s’agit de propriétaires d’anciennes haies) à 0,5Kg/pied en moyenne. nous pouvons prendre ce chiffre comme un minimum étant donné que les haies étaient mal entretenues (pas de sarclage, de taille, ni d’engrais), que la récolte est rarement suivie correctement et que les chiffres don-nés lors des enquêtes ont eu tendance à être revus à la baisse. Prendre un rendement moyen d’1T/ha comme référence pour nos observations semble être assez réaliste.

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Tableau 21 : Calcul de rentabilité de la production de Jatropha

Il n’y a pas d’engrais investi dans cette culture. La somme des journées de travail (Hj) est multipliée par 1000Fcfa (la rémunération pour les tâches agricoles s’élevant dans notre zone entre 750 et 1000Fcfa). A cela s’ajoute les coûts de stockage (les sacs).

nous obtenons un prix d’achat minimum au producteur de 107f/Kg de graines pour un ren-dement de 1T/ha. Mais si nous ajoutons le gain du retour de tourteau (600kg par tonne de graine x 60fcfa) le prix d’achat descend à 71f/Kg. En deçà de ce prix, le coût d’opportunité du travail à l’extérieur serait plus intéressant.

On peut penser que le producteur préférera vendre ses graines au prix fort et acheter le tour-teau selon ses besoins, mais pour cela il faudrait que les coopératives soient suffisamment bien organisées pour pouvoir faire de telles opérations et cela n’est pas encore le cas.

Un autre coproduit issu de la transformation de graines, le pied de presse (résidu d’huile après pressage), sera redonné aux femmes qui le demanderont pour concevoir des savons. Cela leur évitera des dépenses et facilitera leur travail de conception des savons.

B.Allard 2010

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4 Comparaison avec les autres systèmes de cultureFigure 25 : Comparaison des systèmes de culture

Céréale // Céréale (SC1)Riz//Riz (SC2)

Sésame// Sésame (SC3)Mil ou sorgho + Niébé// Mil ou sorgho + Niébé (SC4)

Mil + Arachide // Mil + Arachide (SC5)Sorgho // riz pluvial (SC6)

Maïs/Calebasse//Maïs/Calebasse (SC7)Coton//Maïs//Céréale (mil ou sorgho) (SC8)

B.Allard 2010

En comparant les systèmes de culture présents dans la plupart des exploitations, on se rend compte qu’à 107F le kilo (ou 71F + retour tourteau), le Jatropha commence à être aussi inté-ressant – d’un point de vue économique – que les systèmes de culture de mil ou sorgho, de sésame, et de coton.

Cependant sa productivité tout comme sa VAB restent largement inférieurs avec un tel rende-ment au mil, sorgho, arachide, et riz. En ce qui concerne le riz inondé, leur culture ne concerne pas les mêmes terres donc le risque de concurrence est nul. En ce qui concerne les terres cultivables, le paysan aurait semble-t-il tout intérêt – financièrement - à planter du mil, du sorgho ou de l’arachide (bien que cette dernière se fasse sur de petites surfaces) en plein champ plutôt que du Jatropha.

29,5% de nos enquêtés ont planté un champ de Jatropha sur des terres cultivables. Tant que le prix d’achat des graines n’augmente pas et reste autour de 100fcfa (sans tourteau), l’ar-gument financier disant que la culture de Jatropha est moins rentable que la culture de mil devrait dissuader les paysans de planter en plein champ.

D’ailleurs, une 2ème série d’enquêtes sur une dizaine de personnes a permis de déterminer l’ordre des cultures qu’ils estiment les plus importantes aux moins importantes : Riz inondé, mil, sorgho, arachide, Jatropha, coton, maïs, haricot, sésame.

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Par contre sur une terre gravillonnaire non cultivable la culture du Jatropha fait passer la VAB de la terre de 0 à 53 500fcfa pour un rendement de 0,5T/ha (la terre étant moins bonne) à 107f/Kg, ce qui n’est pas négligeable pour quelqu’un qui n’aurait plus de terre cultivable à mettre en valeur. Reste à prendre en considération la concurrence niveau pâturages.

De la même manière, la valeur ajoutée du Jatropha serait particulièrement intéressante si elle était associée à une autre culture en culture intercalaire ou en haie comme nous le disions en fin de 1ère partie.

5 Innovations techniques

Des recherches sont en train de se faire pour tenter d’augmenter les rendements de la plante (intrants, choix des écotypes, amélioration des techniques de taille...) mais le temps de travail en récolte et dépulpage augmente proportionnellement à eux si bien que la productivité du travail augmente très peu (elle suit une courbe logarithmique).Ainsi, pour augmenter la productivité du travail de cette culture il faudrait trouver un moyen de diminuer les temps de récolte, de dépulpage et de sarclage.

Amélioration des rendements• Le CIRAD fait des recherches en collaboration avec l’AEDR sur la propagation du Jatropha à partir de vitroplants, qui pourrait fournir les planteurs en pieds robustes si les résultats étaient concluants.Il s’agit de multiplier les bourgeons de plants performants, d’élonger les tiges des pousses, puis d’enraciner les jeunes plants avant de les acclimater en les plantant à l’extérieur.

Diminution du temps de travail• Pour diminuer le temps de travail on peut imaginer mettre en place des cultures intercalaires qui optimiseraient le sarclage ; ou encore semer des semences fourragères et faire pâturer les animaux entre les rangées de Jatropha une fois qu’ils sont assez grands.Pour la récolte distribuer du petit matériel qui améliore les conditions de travail (bac à dos).Les dépulpeuses pourraient être adaptées avec une pédale ou un petit moteur qui multiplie-raient les rendements à l’heure.

Diminution des coûts• Les seuls coûts directs que le producteur a à supporter sont les sacs pour stocker les graines. L’étude de rentabilité de la filière nous montrera s’il est possible que Teriya prenne ces coûts à sa charge.D’autres coûts sont peut-être à venir : intrants, fongicides, insecticides. Les coopératives pourront se charger de vendre ces produits aux planteurs de Jatropha à un prix plus intéressant que s’ils devaient l’acheter individuellement (en petite quantité).

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6 ConclusionEn conclusion de ce chapitre nous pouvons dire que la culture du Jatropha - avec le minimum requit en investissement de départ (plantation en pépinière et remplacement des pieds morts) et un suivi simple (un sarclage et une taille par an plus la récolte) - parait intéressante pour le producteur.Plusieurs bémols sont cependant à faire :La loi malienne garanti un salaire minimum professionnel de 28 460 fcfa (43,4€) par mois (Information de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali) ce qui est respecté pour la culture du Jatropha avec 1000F par jour de travail. Cependant dans la pratique ce ne seront pas 1000F par jour (obtenus pour 107Fcfa/kg de graines) mais 658F (71Fcfa/kg) + 600Kg de tourteau qui seront donnés aux producteurs. Le gain réel est peut-être critiquable.Par ailleurs la population rencontrée au jour le jour dans les environs de Teriya Bugu a bien témoigné de l’insuffisance de ce Smic pour vivre correctement. Alors en consi-dérant qu’un agriculteur gagnerait l’équivalant de ce smic en produisant du Jatropha, on pourrait se demander si cette nouvelle culture de rente est réellement un moteur de développement rural ou si elle permet juste de maintenir le niveau de vie actuel des populations.

Si l’on veut en faire un «moteur», alors il faudrait soit :- augmenter le prix d’achat des graines (et nous verrons si cela est possible dans la partie suivante), - diminuer les coûts de production et post-production (surtout au niveau de la récolte et du dépulpage),- proposer des cultures intercalaires avec céréales ou espèces oléagineuses comme le Moringa oleifera et le Azadirachta indica (neem) (des recherches sont en cours sur ces derniers).

Uellenberg (2007) considère que pour certains terrains utilisés pour le Jatropha (comme les friches) il n’y a pas forcément de coût d’opportunité étant donné que ceux-ci ne seraient pas cultivés autrement.Cependant ces terrains ont tout de même une valeur qui est celle de la nourriture fournie aux animaux pendant toute la saison de pâturage. De plus les rendements sont moins bons sur ce genre de terres donc la VAB également.Néanmoins, quitte à gagner l’équivalant d’un smic, il parait quand même plus intéres-sant économiquement d’installer les cultures de Jatropha sur les friches.

Autres remarques sur la dynamique de plantation :Conscients que l’offre en graine est inférieure à la demande, les producteurs souhaitent voir le prix au kilo augmenter. Mais le jour où la tendance s’inverse - étant de plus en plus nombreux - les producteurs les plus aisés pourront faire jouer la concurrence en vendant moins cher que leurs voisins. Cette situation pourrait être grave car appauvrirait les agriculteurs non concurrentiels.Ainsi, Teriya Bugu étant à l’origine de la promotion de cette culture devra anticiper et convaincre les producteurs de limiter leurs plantations le jour venu.

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B- Rentabilité pour Teriya Bugu

L’objet de ce chapitre est la rentabilité pour Teriya Bugu d’utiliser l’huile de Jatropha en substitution du gasoil pour électrifier l’hôtel et le village.Rappelons que Teriya a consommé en moyenne 60 000L de gasoil par an à environ 550fcfa le litre ces 3 dernières années soit un total de 33 000 000 Fcfa par an.

Nous prendrons en compte les coûts de fonctionnement de la filière, ceux d’approvisionne-ment en graines, de séchage, de stockage, et de transformation. Alors nous relèverons les points qui sont les plus coûteux et les acteurs les plus pauvres, puis nous verrons comment répartir l’argent de la manière la plus équitable possible entre ces acteurs.

1 Coûts de la filière Jatropha

Tableau 22 : Investissement de départ

1.1 Investissements de départ1.1.1 Coûts matériels

Comme détaillé dans le tableau 22, l’investissement de départ amorti sur plusieurs années est de 7 400 000 Fcfa/an pour l’achat et l’entretien du matériel et des bâtiments.

Cependant, ces investissements sont pour le moment subventionnés entièrement par Total donc ne devront pas être pris en compte dans le coût réel de transformation des graines sur la dizaine d’années à venir.

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1.1.2 Installation de la filière et des coopératives

Tableau 23 : Frais d’installation de la filière

Les frais de fonctionnement de la structure sont de 18 200 000 f/an pendant les 4 ans de mise en place de la filière.

A cela s’ajoutent les frais concernant les activités de suivi paysan : information aux pay-sans, réunions avec les plan-teurs, formations, distribution de graines primes d’incitation à la plantation.Le coût de ces activités est de 1 000 000fcfa/an pour 4 ans soit 4 000 000 fcfa.

A cela s’ajoute aussi une dépul-peuse par coopérative dont les coûts s’élèvent à 675 000F pour l’acquisition du moule (moule + envoi) et 30 000f pour la fabri-

cation de chaque dépulpeuse :675 000/52 + 30 000 x 52 coopératives/5 ans d’amortissement = 325 000 Fcfa/an.

Total des coûts pour 4 ans : 77 125 000 fcfa.

Les coûts d’investissement font partie du projet Jatropha de Teriya Bugu financé par Total pendant 4 ans. nous ne les compterons donc pas dans les coûts réels de transformation des graines en huile.1.2 Frais de fonctionnement de la filière1.2.1 Coûts de production parcelles propres de Teriya bugu

Teriya Bugu possède 30ha de parcelles propres de Jatropha ; on considère que les 4 premières années de plantation il faut effectuer 3 sarclages par an en plus de l’itinéraire technique classi-que soit 124Hj/ha/an pour 1T à l’hectare. à 1250F/Hj, les dépenses en salaire manœuvres de-vraient s’élever à 155 000f par ha ou par tonne soit 4 650 000 fCfA pour les 30ha (le rapport de comptabilité relève 4 850 000 Fcfa de dépenses pour ces activités).Notons que les dépenses effectuées ces premières années sont financées par les bailleurs de fond donc n’entreront pas en compte dans nos calculs tout comme le salaire des gardiens qui protègent les parcelles uniquement pendant les premières années contre les animaux.

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89- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Les années suivantes le Jatropha serait moins exigeant et un seul sarclage suffirait par an soit 97,2Hj/ha/an à 1250F/Hj pour un total de 3 645 000 Fcfa pour les 30ha.

Cela ajouté à la location des terres, aux frais de transport et au coût des sacs (1400 x 30 = 42 000 f) égale 4 595 000 fcfa pour les 30 ha ou environ 153 000fcfa/ha.

S’il fallait acheter les graines au producteur 100fcfa/kg les dépenses à l’hectare ou à la tonne seraient de 100 000fcfa, soit 153% moins cher.

Les parcelles Jatropha de Teriya bugu ont plusieurs intérêts ; elles servent de vitrine pour présenter le projet aux différents organismes susceptibles d’y intervenir, et également de zone de recherche, d’expérimentation, et de mesures qui pourront être utiles à l’amélioration des conditions de production et de rendements.

Cependant, une fois que le projet n’aura plus de financements extérieurs, il sera important de chercher à diminuer ces couts de production voire de céder une partie des terres à des agricul-teurs indépendants.

1.2.2 fonctionnement administratif

Tableau 24 : frais de fonctionnement

Assurances bâtiments & matériel de transformation unité : 55 000 CFA/anAssurance motos : 32 500/motos soit 195000 CfA/an

Loyer Projet Total : 364 500 FCFA

Total : 11 960 000 + 55 000 + 195 000 + 364 500 = 12 574 500 FCFA/an

1.3 Séchage et stockage

Les opérations de séchage et stockage sont effectuées par le technicien de la plateforme trans-formation - dont le salaire est déjà pris en compte dans la partie fonctionnement global – plus un certain nombre de manœuvres qui aident au déchargement/chargement graines ponctuelle-ment selon la quantité de graines pour un salaire de 20 000f/mois pendant 6 mois.Mais pour nos calculs, ne pouvant estimer d’avance le nombre de manœuvres nécessaires, nous prendrons la même estimation de temps de travail que pour les producteurs à savoir 1Hj/t à 1000F/jour.

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90- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 91

1.4 Transport et transformation en fonction de différents scénarios.1.4.1 Description des scénarios

La filière Jatropha de Teriya Bugu se confronte à un problème géographique à deux dimen-sions : le nombre de villages faisant du Jatropha augmente et s’étale de plus en plus ; et le nombre de graines disponibles dans les environs de Teriya étant limité, il faut aller les chercher de plus en plus loin.

Cette situation influe sur les temps et coûts de transport.Nous pouvons donc réfléchir à de nouveaux moyens de récupération de l’huile : une presse mobile avec cuves de stockage pour conserver l’huile ou plusieurs presses fixes.

L’idée d’une presse itinérante consiste à transporter une presse entre les coopératives ou unions de coopératives. Les villages n’ayant pas tous de l’électricité il faudrait une presse thermique qui fonctionnerait au gasoil ou à l’huile de Jatropha.Un projet Jatropha fonctionne déjà ainsi à Koulikoro où les graines sont regroupées en coopé-ratives dans lesquelles la presse vient à partir d’un certain tonnage.

Le coût des transports change en fonction de différents scénarios d’approvisionnement des graines, selon qui amène ou va chercher à qui ; et le coût de transformation sera fonction du choix entre presse fixe et presse itinérante.

Ainsi nous proposons les différents scénarios d’approvisionnement suivants :

Scénarii A (coopératives) : Les producteurs amènent leurs graines à leur coopérative en char-rette et : A1 – Les coopératives amènent les graines à Teriya Bugu en charrette. A2 – Teriya Bugu va chercher les graines dans toutes les coopératives en camion. A3 – Teriya Bugu fait le déplacement auprès des coopératives en camion et fait la transformation sur place à l’aide d’une presse.

Scénarii B (unions de coopératives) : Les producteurs amènent leurs graines aux coopératives qui amènent le tout aux unions de coopératives en charrette et : B1 – Les unions transportent les graines à Teriya Bugu en charrette. B2 – Teriya Bugu récupère les graines aux unions de coopératives en camion. B3 - Teriya Bugu fait le déplacement auprès des unions de coopératives en camion et fait la transformation sur place à l’aide d’une presse.

1.4.2 Transport

Les coûts de transport dépendent des distances à parcourir et donc de la répartition spatiale des différentes coopératives et unions de coopératives.

Distances•

Le réseau de chemins et routes à parcourir pour passer par toutes les coopératives de la zone de projet est en étoile. La somme de chaque portion de route équivaut à 247km trajet aller/retour.

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91- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Dans cette zone 52 coopératives ont été mises en place soit une distance moyenne de : 247/52 = 4,75km entre chacune d’elles.La distance maximum qu’une charrette chargée puisse parcourir en une journée (16h) est de 40km soit 20km aller. Pour que toutes les coopératives soient à distance inférieure ou égale à 20km, il faudrait 13 unions de coopératives (247/20=.12,35).Ces unions auraient une distance moyenne de 19km entre elles et 3 coopératives à leur charge (en plus d’elles-mêmes qui auraient le rôle de coopérative également).

Le nombre de graines nécessaires à Teriya Bugu étant de 209T en moyenne (pour un rende-ment d’1t par ha), imaginons pour faciliter les calculs que chaque coopérative rassemble 4 tonnes et chaque union 16 tonnes de graines.

Coût du kilomètre en charrette•

- Les producteurs, coopératives et unions de coopérative ont le même moyen de transport à savoir une charrette.Nous calculons une moyenne de 42h aux 100km (2,4km/h) soit 5,25Hj/100km.En équivalence coût de main d’œuvre de 1000f on obtient 5250f/100km ou 52,5f/Km.A cela s’ajoute les couts d’entretien de l’âne que nous pouvons estimer à partir de la VAB annuelle (-20 225FCFA) à 55,3 Fcfa/jour (ou 55,3Fcfa pour 16h maximum de transport dans la journée, soit 1,5F/km).Le coût de la charrette est trop faible pour être appréciable en kilomètre (20 000Fcfa/10 ans d’amortissement soit 2000f/an), d’autant qu’elle sert à de nombreuses activités dans l’année.Total : 54f/km.

une charrette pourrait transporter environ 300Kg (plus ou moins chargée selon la distance).

Coût du kilomètre en camion•

- Pour le transport de graines en camion, l’AEDR a deux possibilités : 1 - louer le camion de Teriya Bugu à 500fcfa/km ;2 - acheter un nouveau camion qui consommerait 12L/100km à 550f le litre soit 66fcfa/km plus le coût d’amortissement : 50 000 000 fcfa sur 20 ans soit 2 500 000fcfa/an.

- Pour le scénario presse itinérante il faut rajouter le coût d’une remorque de 2,5mx2,5m mini-mum dont le coût s’élèverait à 1 000 000 Fcfa sur 5 ans soit 200 000 Fcfa/an.

Les caractéristiques du camion sont les suivantes :Poids transportable = 5T ; surface remorque ≥ 8m² (doit pouvoir transporter deux cuves de 2mx2m) ; consommation 11 à 12L au 100 km.

Calcul des kilomètres•

nous avons vu qu’il fallait entre 3 et 4kg de graines pour faire 1 litre d’huile. En théorie le nombre de kilomètres à parcourir avec la presse itinérante devrait donc être 3 à 4 fois inférieur à celui des kilomètres à parcourir s’il fallait transporter les graines. Mais lors de la campagne de transformation, les personnes chargées de transformer l’huile devront rentrer chez elles

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92- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 93

au moins une fois par semaine et avec le camion, donc nous avons calculé le nombre d’aller-retour ou de coopératives auxquelles aller par semaine en fonction de la quantité de graines transformables en 6 jours : 6x1T/jour (estimation Teriya Bugu)= 6T.

Résultats•

B. A

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Tableau 25 : Coût du transport par kg de graine selon différents scénarios

Le tableau 25 résume les résultats de calculs sur les coûts théoriques de transport (l’ensem-ble des calculs sont en annexe).

Les calculs sont effectués dans l’hypothèse où la répartition des graines serait homogène sur l’ensemble de la zone ce qui a peu de chances d’être le cas.

nous remarquons que les scénarios qui consistent à passer par des unions de coopérative (B1, B2, B3) n’apportent pas la réduction de transports espérée ; au contraire ils semblent être plus chers. Cela est principalement dû au paiement des paysans en charrette.Cependant dans la réalité les pistes ne sont pas toujours praticables pour aller dans chaque village, si bien que l’option unions reste la plus adaptée. De plus elle permet aux conducteurs de charrette de se faire un petit bénéfice supplémentaire à l’arrivée aux coopératives.

Pour le choix du véhicule, si l’achat du camion ne dépasse pas 50 000 000 fcfa, l’option «nou-veau camion» paraît bien plus intéressante que celle de louer le camion à Teriya Bugu.

Dans l’option «nouveau camion», la différence de coût entre presse itinérante (A3, B3) et presse fixe est presque nulle : la différence ne dépasse pas 1F/kg comme nous le montre le tableau ci-suit.L’investissement en matériel de presse itinérante (la remorque) n’est donc pas forcément inté-ressant, d’autant que le déplacement d’employés pendant toute une semaine est nécessaire et doit être payé (repas et nuitées).De plus un bon séchage et un bon suivi du stock par les paysans sont nécessaires, ce qui est difficilement contrôlable, et il faut prévoir de quoi stocker l’huile à Teriya Bugu.

Ainsi il vaudrait mieux en rester à un système de presse fixe, plus facile à gérer.

Le déroulement du transport peut se faire auprès des coopératives pleines ou en s’arrêtant à plusieurs coopératives sur la route jusqu’à ce que le camion soit plein.

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93- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Le nombre de kilomètres à parcourir reste le même.

Tableau 26 : Coût de transformation selon la presse

B. A

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1.4.3 Transformation

Pour transformer la graine en huile il faut passer par plusieurs machines : le nettoyeur-sépara-teur (qui retient les morceaux de métal pour ne pas abîmer la presse), la presse, le filtre, et le compresseur pour sécher les gâteaux de filtration.Le coût d’achat de ces machines a déjà été pris en compte dans les frais d’investissement matériels.

Ces machines sont alimentées par un générateur qui fonctionne au gasoil ou à l’huile de Jatro-pha : sous 50% de charge, le générateur consomme 2,9L de gasoil par heure.

Consommation pour transformer 1 tonne de graines :nettoyeur : 1,4kW/h (le générateur fonctionne à 9%) pendant 0,83h-----soit 2,9x0,83 = 2,4L de gasoil/t de graines

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94- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 95

Presse : 7,5kW/h (le générateur fonctionne à 47%) pendant 7,7h ------22,3L/Tfiltre : 0,75kW/h (le générateur fonctionne à 5%) pendant 3h ---------8,7L/TCompresseur : 3kW/h (le générateur fonctionne à 19%) pendant 1h ---------2,9L/T

La consommation totale en gasoil est de 36,3L/T qui à 550fcfa le litre de gasoil coûtent 19965 fcfa.+ 1 manœuvre à temps plein en plus du technicien : 50 000F x 12 mois pour 237T soit 2 530f/T+ Entretien et petit matériel = 50 000F par an / 237T = 221F/TTotal : 22 716fcfa/T/an

2 Les gainsTableau 25 : Hypothèse crédit carbone

B. A

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Les crédits carbones• Certains projets de développement de filière Jatropha à travers le mon-de ont reçu des subventions sous forme de crédit carbone en propor-tion du carbone séquestré par les arbustes.

Le tableau 25 nous représente un gain de 15 000 000 fcfa (ce qui équivaut à la moitié des coûts de la filière). Cependant ce résultat ne peut pas être pris en compte dans nos calculs de rentabilité car il est trop hasardeux, et l’obtention de crédits carbone est trop difficile à obtenir pour dire de les prendre en compte dès maintenant.Nous pouvons tout de même citer à titre d’exemple la société Carbon2Green qui a «signé une entente avec un partenaire local au Mali en 2008 sur un projet de plantation de Jatropha curcas sur une superficie de 14,000 hectares.»

3 Synthèse

Le tableau suivant synthétise les différents coûts pris en compte dans la rentabilité de la filière (en gras les coûts pris en charge par Teriya Bugu, en italique ceux qui ne le sont pas).

Sur la colonne de droite ont été ajoutés les coûts liés à la production sur les parcelles propres de Teriya Bugu. Les coûts de stockage et de transport diminuent car ils sont pris en compte dans le calcul de rentabilité des parcelles.Les parcelles propres de Teriya Bugu coûtent cher à l’association (1/7 du coût total) et cela se répercute sur le prix d’achat des graines. Cependant nous le disions précédemment elles sont importantes pour la filière en terme de recherche et d’image. Des bailleurs de fond pourraient peut-être continuer à prendre en charge uniquement cette partie de la filière ; ou une partie des terres pourrait être revendue à des paysans désireux d’avoir une nouvelle source de revenus.

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95- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Tableau 26 : Calcul de rentabilité de la filière

B. Allard, 2010Pour le reste de la filière on remarque que les coûts de suivi administratif sont très élevés mal-gré un nombre de personnes assez restreint ; cela rend difficile le fait d’embaucher d’autres personnes hors des années consacrées au lancement du projet que soutiennent des bailleurs jusqu’à 2012. Peut-être le cas échéant faudra-t-il séparer la filière en une partie associative dans laquelle travailleraient les responsables et animateurs, et une partie entreprise dans la-quelle travailleraient les manœuvres et techniciens.

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96- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 97

L’investissement de départ n’a pas été pris en compte dans les calculs car il fait parti des inves-tissements de Total sur le projet. Nous avons ainsi une idée de la rentabilité réelle de la filière sur les 5 à 10 ans à venir (ensuite il faudra de nouveau faire des investissements en matériel).

Viennent ensuite dans l’ordre d’importance des frais, le coût de transformation et le coût de transport. Ceux de séchage et stockage sont anecdotiques.

Finalement, si l’on ne prend pas en compte les parcelles propres, le coût final de transformation de l’huile revient à 325 fcfa le litre mais son coût d’utilisation revient à 358 fcfa puisqu’il faut utiliser 10% d’huile en plus que de gasoil. Par rapport à un coût du litre de gasoil de 600fcfa, cela laisse une marge de [(600-358)/1,1]=220Fcfa pour 3,2kg soit 69Fcfa par kg de graine. Si on le compare au prix d’achat minimum au producteur de 71f/Kg (avec retour tourteau) on note que l’opération ne serait pas rentable dans cette configuration, d’autant qu’il reste encore à prendre en compte les coûts liés au fonctionnement des coopératives et/ou unions de coopé-ratives. Nous verrons ensuite si des ouvertures peuvent être faites au niveau de la filière avant de commenter et nuancer nos résultats.

Rentabilité coopératives et unions•

Tableau 28 : Rentabilité des coopératives et unions

B. Allard, 2010Les producteurs vendent leurs graines aux coopératives villageoises dont ils font partie ; cel-les-là les revendent aux unions de coopératives qui les revendent à Teriya Bugu.Bien que les membres qui s’occupent du fonctionnement de ces coopératives le fassent béné-volement, il reste des frais de stockage importants à payer (location ou construction de maga-sins et abris de séchage).

un magasin de 300 sacs pour les unions, en ciment, coûte environ 800 000fcfa ; et un magasin de 100 sacs pour les coopératives coûte environ 400 000fcfa.

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97- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

Les activités des coopératives, ne produisant pas de profit, pour équilibrer la balance devront compter sur la cotisation des membres et sur une taxe au moment de l’achat des graines.Si elles veulent ne pas perdre d’argent dans l’opération elles doivent récupérer 5,5fcfa/kg stocké et les unions 5Fcfa/kg. Les 10,5Fcfa sont autant d’argent en plus qui rendent la filière déficitaire.

nous avions vu pour la question des transports que les unions de coopératives n’apportaient pas forcément de bénéfices, au contraire elles auraient tendance à faire perdre de l’argent. Il vaudrait peut-être mieux oublier cette idée en attendant de voir comment évolue la filière avec seulement les coopératives.

4 Ouverture de la filière

Vente d’électricité•

Les générateurs de Teriya Bugu consomment 5,4L/h (à pleine charge) et ont une puissance nette au volant de 18,4 kW.L’électricité basse tension au Mali est vendue 119 Fcfa/kWh (Compteur 2 fils > 5 ampères et 4 fils ; Tranche 1 : 0-200 kwh/mois).Si Teriya Bugu vendait son électricité au même prix aux habitants, le gain serait de 2190Fcfa/heure (18,4 x 119) et les dépenses de 2520f (6L x 420f). On affiche donc un déficit théorique de 55F/L [(2520 - 2190) /6)].

Ces chiffres sont abstraits et ne doivent pas être pris en considération tels quels. Ils permettent simplement de mettre en valeur la difficulté de retirer un bénéfice par ce coté là de la filière mais que néanmoins il faut y prêter attention afin d’éviter des dépenses supplémentaires.

Production de biodiesel•

L’estérification de l’huile permet son usage dans les moteurs de voiture. Est-ce intéressant de développer cette partie de la filière ou est-ce trop cher ?

D’après Chibas, les coûts de transestérification sont les suivants :Coût de l’investissement $ 82 500 ; Production an-nuelle : 240 000 gallons (3,785L)

uellenberg (2007) reprend quant à lui un calcul éta-bli par le uSDA en 2003 :«Investissement de 30 millions Euro pour une unité de 60.000 tonnes par an et un prix de 265€/t de mé-thanol = coûts de transestérification d’environ 0,18 €/l de biodiesel» soit 117Fcfa/L + prix coût de l’hui-le 520f = 737fcfa/L.

EstérificationMéthanol/Gallon $0.10Acide Sulfurique/Gallon $0.02

TransestérificationMéthanol/Gallon $0.42Méthanol Récupéré -$0.08Hydroxide de Sodium $0.05Lavage à Sec(Depréciation/Gallon) $0.10(Huile $1.90 (huile rance) à $2.10)Electricité (kWh) $0.09Main d’œuvre $0.09Maintenance $0.05Total $0.84 soit 0,22$/L ou 188F/L+ prix coût de l’huile 520F= 708Fcfa/L

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98- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 99

5 Conclusion

Les résultats obtenus lors du calcul de rentabilité sont plutôt pessimistes ; même en mini-misant les dépenses (donc sans unions de coopératives, ni parcelles propres, ni investis-sements de départ), et en rendant le tourteau aux agriculteurs, la filière Jatropha semble ne pas être rentable avec un prix de vente des graines par les producteurs qui devrait être de 71 fcfa/kg minimum et un prix d’achat par Teriya Bugu de maximum 63,5 fcfa/kg.

Cependant il faut largement relativiser ces résultats économiques car certaines données utilisées pour nos calculs sont des moyennes ou des valeurs basses (Les valeurs les plus imprécises sont le rendement de la presse qui varierait de 2,8 à 3,7 kg/L, et le temps de récolte). Elles se préciseront avec les recherches en cours et pourraient changer radica-lement les résultats à priori positivement.

Par ailleurs, une autre variable importante est le prix du pétrole : les tendances marquent une augmentation dans les années futures, d’autant que l’Etat qui le subventionne ac-tuellement pourrait bientôt arrêter ce protectionnisme. Le prix d’achat des graines monte proportionnellement au prix du gasoil.

Enfin, les innovations techniques dont nous avons parlé pour les agriculteurs vont per-mettre d’améliorer la productivité de cette filière et vont sans doute en augmenter da-vantage la rentabilité.

Malgré tout, non seulement de devenir rentable, pour espérer que la filière crée des bé-néfices il semble indispensable d’obtenir des subventions extérieures comme les crédits Carbone (par substitution) bien qu’ils soient actuellement difficiles à obtenir, faute de méthodologie applicable au Jatropha,

En attendant ces éventuelles subventions, l’AEDR ayant pour but de développer le mon-de rural et non pas de faire du profit, pourra acheter les graines à un prix qui permette aux agriculteurs de s’enrichir (au delà de 70 fcfa).Rappelons que l’argent dépensé pour ce biocarburant restera dans la zone de production et sera sans doute réinvesti localement. Les objectifs principaux d’autonomie énergéti-que de l’hôtel, de promotion d’une nouvelle culture de rente, et d’organisation paysanne (coopératives) seront atteints.

Pour conclure, ces résultats sont à prendre avec précaution ; ils servent moins à déter-miner un prix d’achat des graines précis et fixe qu’à montrer où se trouvent les goulets d’étranglement.

Il indique également que pour rentabiliser l’installation complexe que nécessite ce processus, il faudrait un seuil de production de 100 000 tonnes d’huile par an.

Avec son objectif de 209 tonnes de graines annuelles ça n’est pas intéressant pour Teriya Bugu de se lancer dans cette partie de la filière à moins que le prix de l’essence ne dépasse un jour les 800fcfa/L...

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99- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

1 Alimentation : Prise de recul au niveau national

Tableau 29 : Campagnes céréalières Cercle de Bla

Au niveau des quantités produites dans le cercle de Bla, nous pouvons voir qu’entre les campa-gnes de 2006 et 2008 il y a une nette augmentation des céréales (sauf pour le maïs) notamment pour le sorgho, et pour le riz dont nous pressentions l’évolution. Cela ne s’est apparemment pas fait au détriment d’autres cultures.Au niveau national l’augmentation de la production céréalière en 5 ans a également beaucoup augmenté.

figure 26 : Evolution des stocks céréaliers

Les dernières campagnes agricoles réalisées par le commissariat à la sécurité alimentaire du

Partie 4 : Points de discussion et conclusion

B. A

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100- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 101

Mali révèlent de bons résultats : « Les perspectives de production céréalière sont bonnes tant sur le plan national que dans la sous région sahélienne. » (campagne 2008-2009)

Certaines zones produisent évidemment mois que d’autres car elles sont dans des zones dites «à risques». Ce que nous révèle la figure 27.

figure 27 : Evaluation des zones à risque pour la sécurité alimentaire

Il est également spécifié dans la campagne 2008-2009 qu’aucune commune n’a été classée «à risque». « Des facteurs de risque pouvant perturber l’équilibre alimentaire ont néanmoins été relevés dans 58 communes sur l’ensemble du pays », mais aucune ne fait parti de la région de Ségou.nous avions d’ailleurs vu que la région de Ségou produisait 2 fois plus de nourriture que ses habitants n’en avaient besoin.De plus, le programme gouvernemental prévoirait de produire davantage de nourriture pour l’exportation :«Notre objectif est de produire au Mali 10 millions de tonnes de céréales à l’horizon 2012» dixit Cheick Sidiya Diaby (chef de cabinet du ministre de l’agriculture).

Ces informations nous invitent à prendre du recul sur la question de la concurrence vivrière qui est l’un des principaux enjeux de la culture de Jatropha.

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101- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

2 Le coton en déprise ?

Figure 28 : Zonage des zones cotonnières au Mali

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Depuis plusieurs années le coton - matière première agricole la plus exportée au Mali - connaît une dynamique de recul au Mali.Bien qu’elle en soit la limite, la zone de Teriya Bugu fait partie de la «zone CMDT» donc est concerné par cette dynamique.

Pour pallier à ce recul, les agriculteurs cherchent à diversifier leurs revenus en cultivant l’ara-chide et le niébé (Evaluation provisoire de la situation alimentaire au Mali, campagne agricole 2008-2009, commissariat à la sécurité alimentaire) ; mais les cotonculteurs se sont surtout reconvertis pour beaucoup dans les biocarburants. La culture du Jatropha va-t-elle pouvoir se substituer à celle du coton ?

figure 29 : Production et surface de culture du coton au Mali

Entre 1974 (date de création de la CMDT) et 1999 le coton a été un vecteur de développement

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102- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu - 103

rural (revenus, désenclavement, accès aux engrais...). La figure 29 représente l’évolution de la production de coton au Mali dans les années 90 : En 1994, la dévaluation du franc CfA à permis d’augmenter considérablement les exportations. La production a augmenté en superficie mais les rendements ont diminué : 1252 kg/ha en 1993-1994 pour 1056 kg/ha en 1996-1997.

figure 30 : Cours du coton au Mali

B.A

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La crise du coton débute au Mali à partir de la campagne 1999-2000 jusqu’en 2008, avec une « production en dents de scie » :En 2000 le prix au producteur passe de 200 à 150 fcfa entraînant une forte diminution d’em-blavement faisant chuter la production à 250 000 tonnes.La CMDT refait des bénéfices en 2003-2004 car les prix mondiaux augmentent mais redevient déficitaire en 2004-2005 et 2005-2006 (Mamoutou DIALLO).La production est passée de 500 000 tonnes en 1997 à 620 000 tonnes en 2004, puis 590 000 et 500 000 (u.S Department of state, 2010). Les prévisions pour la campagne 2008-2009 n’étaient que de 190 000 tonnes.

« Les coûts de production sont estimés à 750 fcfa alors que le prix de commercialisation CIf est de 560 fcfa. Le prix producteur de 165 fcfa le kg ne couvre pas les coûts de production du producteur » (Philippe Hugon, 2005).Cela confirme les résultats négatifs obtenus dans le diagnostic agraire.

face à la baisse continuelle des cours du coton, la CMDT (en phase de privatisation depuis 2008), a décidé de concentrer sa zone de production dans les zones les plus productives. De nombreuses usines d’égrenage sont présentes à proximité de Koutiala, et le cercle de Bla fait partie de la zone Nord-est de la CMDT, la alentours de Teriya Bugu pourraient donc très vite voir renaître la cotonculture à relativement grande échelle.

3 Le Jatropha, dynamiques globales

Les enjeux et impacts de la culture du Jatropha observés ou déduits dans notre étude ne se cantonnent pas à un espace réduit mais font parti d’une dynamique globale de projets Jatropha

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103- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

à travers l’Afrique et le Monde.Ainsi nous pouvons prendre du recul en observant le phénomène à de plus grandes échelles et déduire d’un éventuel avenir de ce genre de projets.

A l’échelle du monde• figure 31 : Répartition des activités commerciales du Jatropha à travers le monde

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, 200

8

La carte de la figure 31 représente les pays les plus investis dans la culture et le commerce du Jatropha. L’Asie, le Brésil, le Mexique, et les pays au sud-est de l’Afrique sont parmi les plus importants avec plus de 5000ha cultivés dans chaque pays. Les pays à l’ouest de l’Amérique latine, et en Afrique de l’ouest possèdent entre 100 et 5000 ha et sont en pleine évolution.L’industrie du Jatropha touche presque l’ensemble des pays du Sud. Son intérêt et son usage comme biocarburant sont encore à démontrer puisque les projets sont encore très jeunes ; quelques-uns seulement ont plus de 2 ans.Cependant 900 000 ha ont déjà été plantés sur 242 projets ce qui marque un engouement certain pour cette filière. 5 millions d’ha ont d’ailleurs été prévus pour 2010 et approximative-ment 13 millions en 2015.

Le nombre et la taille des projets actuels de Jatropha est en train d’augmenter dans presque l’ensemble des pays concernés. Cependant il peut vite stagner voire diminuer si les premiers résultats économiques (après 5 ans de plantation) s’avèrent négatifs ou mitigés.

Actuellement, la plupart des projets sont soutenus par les gouvernements mais de nombreuses compagnies de pétrole s’intéressent à cette filière et prévoient de gros investissements dans cette industrie.Cela pourrait avoir des répercutions sur la façon dont sera cultivée le Jatropha qui l’est actuel-lement essentiellement par une agriculture familiale.

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La concurrence alimentaire ne semble pas être marquée.D’après l’analyse faite par GEXSI «seulement 1.2 % des surfaces plantées de Jatropha ont été cultivées pour la nourriture dans les 5 années précédant le début des projets.». De plus, «70 % des projets analysés pratiquent l’interculture.»

Pour ce qui est des problèmes de déforestation, 0.3 % des plantations ont été faites sur des forêts primaires et 5% sur des forêts secondaires.

A l’échelle de l’Afrique de l’Ouest•

Plusieurs pays de l’UEMOA, non producteurs de pétrole, sont dans la même situation que le Mali à savoir dépendants des pays pétroliers et subissant la fluctuation des prix du gasoil.Ils se sont donc engagés en 2006 à « promouvoir les bioénergies/biocarburants dont le bio-diesel qui est fabriqué à partir de l’huile végétale » (Conférence des ministres des pays non producteurs de pétrole (PANPP), Dakar, juillet 2006). Cet engagement devait se traduire en la mise en place ou le soutien de projets agricoles de production et transformation de graines oléagineuses.

Ils se sont ensuite rassemblés en 2009 au Sénégal pour mettre en place le projet COMPETE (Plateforme de compétence sur les cultures énergétiques et les systèmes agroforestier dans les zones arides et semi-arides en Afrique).Il a pour but «d’établir une plateforme de discussion politique et de renforcement des capa-cités et d’identifier les chemins à suivre pour l’approvisionnement durable en bioénergie.» (Programme Conférence Internationale Projets de Bioénergie Durable en Afrique – Barrières et Opportunités de financement, Dakar, Sénégal, 2009)

Les objectifs affichés sont de : - Créer de nouvelles sources de revenus pour les paysans- Préserver les écosystèmes des zones arides et semi-arides- « Accroître les échanges de savoir équitables entre l’uE et les pays en développement ».

Les activités du projet consistent à :- Evaluer le potentiel de culture d’agrocarburants en fonction des moyens et techniques actuel-lement employés par les agriculteurs.- Echanger des savoirs et des technologies entre pays du Sud, particulièrement en provenance de pays leaders dans le domaine comme le Brésil, le Mexique, la Chine, l’Inde et la Thaïlan-de.- Développer des outils d’apport financier pour les programmes nationaux et les projets lo-caux, comme les crédits carbone et autres instruments financiers.

Au Sénégal

Le Sénégal a créé un « Programme spécial Jatropha » 2007/2012.Il souhaite voir produire 3 210 000 tonnes de graines par an à partir de 2012, transformées en 1 190 000 000 litres d’huile brute, ou 1 134 000 000 litres d’huile raffinée ou biodiesel.La surface à emblaver est de 321 000 hectares.

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Les objectifs visés sont les suivants :- Diversification des cultures- Baisse de la facture pétrolière des ménages et de l’Etat.- Indépendance énergétique- Autosuffisance en diesel à partir de 2012- Production d’éthanol à partir de cultures comme la canne à sucre.- Production de bioélectricité à partir de centrales qui fonctionnent à l’huile brute de Jatro-pha.- Création d’environ 100 000 emplois directs.- Accélération de la modernisation du secteur agricole.- Création d’un environnement du monde rural attractif et attrayant (lutte contre l’exode ru-ral).- Amélioration de la balance commerciale et celle des paiements.- Amélioration de l’environnement.- Réduction de la pauvreté et de la disparité entre le monde rural et le monde urbain.

Ce projet ambitieux répond à des enjeux identiques à ceux du Mali et de plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest.Il marque concrètement un désir de s’orienter vers la culture du Jatropha et s’inscirt dans une dynamique relativement durable puisque d’au moins 5 ans.

Au Mali

La plupart des projets actuels au Mali sont orientés sur un développement local et ont pour but d’améliorer le niveau de vie des habitants ruraux en apportant de l’électricité et une nouvelle source de revenus.

La « Déclaration de Bamako pour la promotion du Pourghère » écrite en 2006 par le ministère des mines de l’énergie et de l’eau dévoile plusieurs objectifs :- « L’approfondissement des recherches et le transfert des technologies pour le développement de la filière Pourghère ;- L’intégration de la valorisation du pourghère dans les plans politiques et stratégies de déve-loppement du pays ;- Le soutien technique et financier des partenaires au développement dans l‘identification et la mise en oeuvre des dits programmes- La création d’une coordination régionale sur le Jatropha ».

une estimation d’experts a été faite sur l’ampleur des cultures de Jatropha au Mali (gExIS, 2008) :2008 = 1800ha ; 2010 = 10 000ha ; 2015 = 23 000ha

Une fois de plus nous remarquons des objectifs communs aux autres pays et une dynamique d’évolution très importante en quelques années.

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4 Les autres oléagineux

Dans un article du RIAED (Réseau International d’Accès aux Energies Durables), Pépin Tchouate, le 4 septembre 2007, présente les différentes orientations des pays de l’Afrique de l’Ouest en matière de développement des biocarburants.Bénin : un programme de développement de biocarburants prévoit de produire du biodiesel à partir du ricin (Ricinus communis) et du Jatropha destiné au transport et à l’électricité. Il prévoit de faire du bioéthanol à partir de la pomme d’anacarde pour le substituer à l’essence.Burkina Faso : Un projet de production du biodiesel à partir de l’huile de coton a été créé. Ce biodiesel peut être mélangé avec du gasoil, ou utilisé directement dans les groupes électrogè-nes pour l’électricité.Côte d’Ivoire : La société «21st Century Energy» compte investir dans un projet de production d’éthanol à partir du la canne à sucre et du maïs destiné à l’exportation.niger : Il est prévu dans la région de gaya d’aménager 4000 ha pour la culture du Jatropha et «d’installer une usine pour produire 25000 litres par jour de biocarburant.»nigéria : Le pays explore plusieurs pistes pour la production de biodiesel : la canne à sucre, le manioc, l’arachide, les graines de citrouille, le Jatropha et le palmier à huile.

Toutes ces cultures sont en recherche par les pays ouest africains mais le Mali a déjà bien développé son projet bioénergétique sur la production de biocarburants à base de Jatropha. Néanmoins cette diversité de cultures oléagineuses pourrait être un atout pour le Jatropha si elle était utilisée dans un système d’interculture.

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5 Conclusion finale

En introduction de cette étude nous posions une problématique à trois dimensions ; Environnementale, sociale, et économique.La dimension sociale comprend l’organisation paysanne, les traditions, les besoins ; la dimension environnementale concerne l’insertion de la culture dans l’espace agricole et son impact sur l’écosystème ; la dimension économique concerne la rentabilité de la filière.

Pour ce qui est de l’intégration au Paysage, nous avons trouvé au Jatropha des qualités indéniables d’adaptabilité au milieu naturel, de flexibilité dans le mode de plan-tation, et de production à moindre coût, qui lui permettent d’être planté par tous.Cela dit, l’investissement de départ et la mobilisation des terres font que seuls les pro-ducteurs les plus aisés plantent le Jatropha. Les autres attendent de voir quelle évolution cette culture prendra.En matière d’environnement la culture du Jatropha semble être une solution pour limiter la déforestation.

Derrière ces avantages pouvait se poser la question de la concurrence alimentaire mais nous avons conclu que le risque ne semblait pas réel en raison entre autres d’un prix d’achat des graines trop faible pour que les producteurs remplacent leurs cultures vivriè-res. Et ce prix est restreint car doit rendre la transformation et consommation rentables.

En terme de rentabilité économique, nous avons noté qu’à un prix de 71 fcfa/kg de graine plus un retour du tourteau, cela devenait intéressant pour le producteur d’investir dans cette culture. En deçà de ce prix il gagnerait moins que le revenu minimum malien mais aurait néanmoins un revenu à partir de terres qui ne seraient dans tous les cas pas exploitées. Seulement, dans ce cas là, bien qu’il y ait des bénéfices affichés, on ne peut pas vraiment parler du Jatropha comme «outil» de développement rural car son impact économique est trop faible (inférieur au niveau du revenu minimum Malien).Des possibilités d’évolution technique pourraient favoriser la rentabilité de la production mais la technique qui semble être la plus intéressante pour le moment est l’interculture : association du Jatropha au maïs, au mil, voire à d’autres oléagineux.

Au niveau de la partie transformation et consommation (à Teryia Bugu), nous avons déduit que la filière ne dégageait pas de bénéfices sous cette configuration et, ne pou-vant pas diminuer les pertes davantage, qu’elle devrait compter sur des investissements extérieurs comme le crédit carbone ou une aide de l’Etat. une demande pourrait se faire auprès de l’Etat de transférer une partie des aides actuellement destinées à alléger le prix du gasoil vers l’huile de Jatropha.Sans ça, même avec des bénéfices à zéro par rapport au prix actuel du gasoil, les objec-tifs d’autonomie et de diversification et développement agricole seraient atteints.Rappelons que notre calcul de rentabilité sert essentiellement à donner une idée des dépenses et gains issus de la culture du Jatropha, et à révéler les goulets d’étranglement de la filière.

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une prise de recul à une échelle internationale sur la situation du Jatropha, nous a permis de voir une réelle dynamique de développement de la culture. Les recherches actuellement faites par Teriya Bugu prouvent également cette volonté d’aller plus loin dans la cette filière.

Pour finir, ce projet d’insertion d’une nouvelle culture de rente dans les alentours de Teriya Bugu semble malgré tout donner à l’AEDR une nouvelle force motrice pour le développement rural.En effet, les actions menées pour la mise en place de la filière auront permis la créa-tion de coopératives et l’organisation des paysans, en plus de leur offrir une nouvelle source de revenus. De plus, l’aspect local de la production crée un cercle vertueux par le réinvestissement des bénéfices des paysans ou de Teriya Bugu dans n’importe quelle activité.

Mais sorties du cadre local ces actions peuvent perdre toutes leurs vertus voire devenir dangereuses si le monde paysan dans lequel elles sont n’est pas étudié attentivement.Mettre en place une agriculture industrielle plutôt que l’agriculture familiale actuelle, ou faire fluctuer les prix d’achat des graines sans tenir compte de la faible marge de manœu-vre des producteurs peuvent créer des risques pour ces derniers.La culture du Jatropha paraît donc plus intéressante et surtout moins risquée dans des projets à petite échelle comme à Teriya Bugu.

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109- Evaluation de la rentabilité économique de la filière Jatropha dans la région de Teriya Bugu -

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Page 112: Benoit Allard   etude jatropha

Feuilles annexes(questionnaires et détail des calculs)

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quESTIOnnAIRE AgRICuLTEuRS n°1

1. nom du village :2. nom de la commune : 3. Non de l’enquêté :

L’Exploitation

4. Combien possédez-vous d’hectare cultivables ?

5. que cultivez-vous et combien d’ha ?Mil Sorgho Maïs Riz plu-vial Riz inondé niébéArachide Coton Piment Calebasse Wandzou SésameFonio Pastèque ManiocIgname Patate douce Arbres fruitiersDah Autre...

6. De combien disposez-vous de :- charrues :- boeufs de traction :- motoculteurs : - ânes et charrettes : (Si rien = nE si 1 = ME si plusieurs =PE)

7. Combien avez-vous de vache ?(0 = capital nul ; < 3 = a ; > 3 = A)

8. Combien d’animaux avez-vous au total ?

(Calcul le nb d’uBT/ha/an)

Le Pourghère

9. Que pensez-vous du pourghère ?Pour quelle(s) raison(s) l’avez-vous planté ?

Cette plante est toxique, le savez-vous ?

10. Quel est pour vous le plus grand intérêt de la plante ? 11. quand avez-vous planté ?

12. Avez-vous semé directement, fait des boutures, ou fait une pépinière ?

Si pépinière, combien de temps avez-vous consacré à sa construction et au suivi des plants ?A quelle période était-ce ?

13. Comment l’avez-vous planté ? (Haie, Plein champ, Association)Si pas en haie, pourquoi ?

14. Champ individuel ou collectif ?

15. Combien avez-vous planté de pieds ou d’ha ?Et combien ont survécu ?

16. quel espacement ?

17. Sur quels sols l’avez-vous planté ? - bèlè dugukolo (hauts)- fuga gilin (pentes)- tchenché dugukolo (champs de brousse)- djé (fonds)- boro passan fiman (champs de case)

18. qui avait-il avant sur ces terres ?(friche, culture)

19. Combien de temps avez-vous passé pour la plantation ?

20. Employez-vous des personnes de l’extérieur pour la culture du Bagani ? Si oui, homme ou femme et quel sa-laire ?

21. Sarclez-vous ? Si oui, combien de fois par an et combien de temps cela prend ?

22. faites-vous des apports de fumier tous les ans ou comptez-vous le faire ?Si oui, combien de kilos ?Combien de temps y passez-vous ?

23. Taillez-vous ? Si oui, combien de fois par an ?Combien de temps cela prend-il à chaque fois ?

24. faites-vous des apports d’eau ?Si oui, quel temps y passez-vous ?

25. Avez-vous des problèmes de termites ?Si oui, avec quoi traitez-vous et combien cela vous coûte ?Combien de temps cela prend ?

26. Avez-vous des problèmes de destruction par les ani-maux ? Si oui, comment y remédiez-vous et quel temps cela occupe ?

Pensez-vous construire une clôture ? Si oui combie n de temps cela prend pour faire 100m de clôture?

27. Avez-vous récolté ? Homme ou femme(s)?Si oui, en combien de fois et combien de temps cela vous a pris ?

Questionnaires

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28. Avez-vous récupéré tous les fruits ?Si non, quelle est la proportion de ce qui reste sur l’arbuste et pourquoi ?

29. Combien de kilos ou sacs avez-vous récupéré à la der-nière récolte ?qu’en avez-vous fait ?

30. Comptez-vous stocker les graines ou laisser à la coo-pérative ?qu’est ce que cela vous couterait de stocker en infrastruc-ture et temps ?

31. Avez-vous le nécessaire pour sécher ? Sinon quels be-soins et quels couts ?Combien de temps pour le séchage ?

32. A combien de temps estimez-vous le décorticage ? 34. Combien de temps cela vous prend de vous déplacer à Teriya Bugu avec les graines ? 36. Qui vendra les graines et qui récupèrera l’argent ? (homme/femme)

37. Avez-vous des personnes qui vous proposent d’acheter plus cher que Teriya Bugu ? Si oui, qui et à quel prix ?

38. Avez-vous confiance en Teriya Bugu ? 39. Avez-vous une idée du prix d’achat de la graine qui soit rentable pour vous ?

40. Voudriez-vous avoir accès à un crédit ? Pour acheter quoi ?

41. A quels moments de l’année avez-vous le plus besoin d’argent ?

42. A-t-on oublié quelquechose qui vous demande du temps ou de l’argent en rapport au jatropha ?

42. Y a-t-il des élevages transhumants qui passent par le village ? Si oui, rencontrez-vous des problèmes avec le bé-tail ou leur propriétaire ?43. Etes-vous intéressé pour planter de nouveaux pieds ? Si non, pourquoi ?

quESTIOnnAIRE fEMMES SAVOn(1)

1. Pourquoi faites-vous du savon ?

2. En faites-vous toute l’année ?

3. Avec quoi faites-vous du savon ?- qu’est-ce qui fait que vous preniez telle ou telle plante au cours de l’année ?

4. Quelle proportion de jatropha utilisez-vous pour faire vos savons ?

- Combien de kilo de graines de graine de jatropha tra-vaillez-vous et combien de savons faites-vous avec ?

5. quel temps passez-vous à les transformer ?

6. Comment vous procurez-vous les graines?Si achat, à quel prix ?

7.Vendez-vous toute ou partie des savons ?Si oui, à quel prix et combien en vendez-vous ?

8. Où les vendez-vous ?

9. Combien êtes-vous dans le village à pratiquer cette ac-tivité ?

10. Existe-t-il des associations féminines ?A quoi servent-elles ?

11. Etes-vous active dans l’exploitation ?

12. que pensez-vous de ne plus vous occuper de la trans-formation des graines mais de récupérer le pied de presse de Teriya Bugu, quitte à faire moins de savons ?

(1) notons que les femmes ayant leur propre haie étaient interrogées sur les 2 questionnaires.

quESTIOnnAIRE COOPERATIVES

1. que pensez-vous du Jatropha ? qu’attendez-vous de lui ?

2. quand a été créée votre coopérative ?

3. quels frais avez-vous dû investir dans sa création?

4. Combien y a-t-il de membres au bureau ?Comment se hiérarchise la coopérative ?

5. quel est le temps de travail mensuel de chaque membre ? (Réunions, recherches de subventions, aide aux agricul-teurs etc.)

6. Y a-t-il un moment dans l’année où ils travaillent d’avan-tage ? Combien de temps, quelles tâches ?

7. Sont-ils payés ? Est-il prévu qu’ils le soient et à quel

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salaire ?

8. Rencontrez-vous des difficultés avec les différents ac-teurs de la filière ?

9. Combien d’agriculteurs sont sous contrats ? Y a-t-il des producteurs d’autres villages parmi eux ? Com-bien sont indépendants ?

11. Comment est créée votre trésorerie ? (Cotisation, bénéfices vente, investisseurs extérieurs...?

12. La coopérative a-t-elle son propre champ de pourghère ? Combien d’hectare ?

13. De quel matériel disposez-vous ?

14. De quel matériel avez-vous besoin ? quels coûts ?

15. Allez-vous chercher les graines au producteur ou ce sont toujours eux qui les apportent ? Combien cela vous coute en temps/emploi ?

16. Sous quelle forme arrivent-elles ?

17. Comment remédiez-vous à la question du décorticage ?que faites-vous des coquilles récupérées ?

18. Avez-vous déjà rassemblé les graines des agriculteurs ? Si oui combien de kilos ? Pour combien de producteurs ?

19. quel serait votre prix d’achat idéal aux producteurs et votre meilleur prix de revente à Teriya, en considérant que ces derniers apportent des semences, et renvoient le tour-teau et le pied de presse ?

20. Avez-vous les infrastructures nécessaires pour stocker l’ensemble des graines des producteurs avec qui vous êtes liés ?

- Si oui, est-ce loué et à quel prix ?- Sinon combien coûte la construction d’un magasin ?

21. Combien cela vous coute de stocker ?(En matériel - sacs - et heures de travail)

22. Avez-vous un abri pour sécher les graines ?- Sinon combien cela coûte à construire ?

23. Combien de temps de travail demande le séchage ?

24. Combien de temps cela vous prendrait d’aller à Teriya Bugu avec les graines ?

***

25. Pensez-vous pouvoir utiliser la coopérative à autre

chose que pour le jatropha ? Avec quels partenaires ?

26. Dans quelle mesure pouvez-vous ou pourrez-vous ac-corder des crédits aux producteurs ?

27. Avez-vous d’autres frais à payer que nous n’avons pas cités ?

28. Quels intérêts voyez-vous à vous rassembler entre plu-sieurs coopératives ?

29. quelles machines fonctionnent au carburant ici?Pendant combien de temps fonctionnent-elles?Combien consomment-elles ?

30. Avez-vous confiance en Teriya Bugu ?

QUESTIONNAIRE TERIYA BUGU : ORgAnISATIOn

Plante1- Quelles espèces y a-t-il ? Quelles sont leurs différences ?

2- Quelles sont les espèces les plus productives ?

3- Mycorhizez-vous les plants ?

4- A quels mois de l’année a lieu la floraison ici ? Et la maturation des fruits ?

5- La plante perd ses feuilles de quand à quand ?

6- Est-ce que la production est constante pendant 40 ans ou chute-t-elle à partir d’un certain âge ?

Producteurs

7- Pourquoi les producteurs font-ils en parcelles indivi-duelles plutôt que collective ?(cf fiche technique distribuée aux producteurs)

8- Avez-vous les chiffres du dernier recensement : surface plantée nouvelles plantations et anciennes plantations ? Sur quelle distance s’étend-il (délimiter notre aire d’in-fluence sur carte) ?

9- Avez-vous rencontré des problèmes avec les produc-teurs ?

10- Comment vous y prenez-vous pour encouragerer les producteurs à planter en haie ?

Coopératives

11- En quelle année avez-vous commencé la création des coopératives ?

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12- Dans quels buts initiaux ? Quels sont les objectifs aujourd’hui par rapport à ces coopératives ?

13- Sur quel modèle administratif ?- Quel modèle économique ?

14- Combien de coopératives ont été mises en place jusqu’à présent et combien sont encore prévues ?

15- Il y a-t-il un règlement intérieur pour les coopératives ?

16 - Les producteurs signent-ils un contrat avec la coopé-rative ?

17- Les femmes qui font du savon ont-elles un contrat avec les coopératives (pour la récupération du pied de presse) ?

18- Quels problèmes avez-vous rencontrés jusqu’à pré-sent ?

19- Comment y avez-vous remédié ?

20- quelle sont les buts des unions de coopératives et de la fédération d’organisation ?

questions Bailleurs

21- qui sont les bailleurs ? A quel niveau et quelle pro-portion interviennent-ils ?

22 - qui sont les partenaires techniques ?

***

23- Comment et par qui ont été fixés les prix de la graine jusqu’à présent, à l’échelle nationale ?

24- Avez-vous un plan ou une idée de la zone d’action des autres projets jatropha dans le pays ?

25- Quels sont les villages électrifiés grâce au projet jatropha de Teriya ?Lesquels sont visés dans ce but ?

26- Quelles sont vos craintes pour la suite pour le projet dans son ensemble ?

questions produits

Comment comptez-vous permettre aux paysans de valori-ser les sous-produits ?

27- qui s’occupe de faire les briquettes combustibles ? Comment ?quelles sont leurs qualités ?

29- Le tourteau est-il redonné au producteur directement ou via la coopérative ?

***30- Y a-t-il d’autres organismes qui participent à l’expan-sion de la culture jatropha dans la zone d’action de Teriya ? (comme le PACR)Combien de villages touchent-ils ?Quel est leur rôle et but ?

31- Craignez-vous la perte dans la zone ? quels sont les risques dans ce cas-là ?

QUESTIONNAIRE TERIYA BUGU : REnTABILITE

La production des plantations propres

1. quand avez-vous planté ?

2. Combien de temps avez-vous consacré à la construc-tion de la pépinière et au suivi des plants ?

A quelle période était-ce ?

3. Vous n’avez planté qu’en plein champ ?

4. Les terres appartiennent à l’AEDR ou sont-elles louées ?

5. Combien avez-vous planté d’ha ?Combien de pieds ?Et combien ont survécu ?

6. Combien de temps avez_vous passé à la préparation du terrain ? (défrichage, labour)

7. Combien de temps avez-vous passé pour la plantation ?(trouaison, fumage, repiquage, arrosage)

8- quelle taille fait la plante quand vous repiquez ?

9. Employez-vous des hommes ou des femmes pour le suivi des parcelles ? Pour quelles activités ?Quel salaire journalier leur donnez-vous ?

10. Combien de fois par an sarclez-vous et combien de temps cela prend à chaque fois ?

A quelle période est-ce ?

11. faites-vous des apports de fumier ou d’engrais?Si oui, combien de kilos ?

Combien de temps y passez-vous ?

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12. Combien de fois par an taillez-vous ?Combien de temps cela prend-il à chaque fois ?

13. faites-vous des apports d’eau ? Si oui, quel temps y passez-vous ?

14- quelles maladies ou attaques de ravageurs ont connu les plants ?

15. Avec quoi traitez-vous et combien cela coute-t-il? Combien de temps cela prend ?

16. Avez-vous des problèmes de destruction par les ani-maux ? Si oui, comment y remédiez-vous et quel temps cela occupe ?

17. Combien le grillage a-t-il couté installation comprise ?

18. En combien de fois récoltez-vous, sur quelle période et combien de temps cela prend-il à chaque fois ?

19. Avez-vous récupéré tous les fruits ?Si non, quelle est la proportion de ce qui est récupéré et pourquoi ?

20. Combien de kilos avez-vous récupéré la première année ? La seconde ? La troisième ?

21. quelle surface avez-vous besoin par kilo pour sécher les graines ?Combien de temps passez-vous pour le séchage ?

22. Dans combien de temps pensez-vous atteindre un niveau de production qui satisfasse les besoins en huile de Teriya ?

Les besoins en énergie

23. Combien de litres de gasoil Teriya Bugu utilise-t-il par an ?quelle répartition (cuisine, climatisation, éclairage)?

24. quel est la consommation du village de Teriya Bugu (hors hotel) ?

25. En étandant la consommation en égergie de Teriya Bugu à n’goro, combien devrez-vous produire d’électri-cité d’ici 4 ans?

Fonctionnement filière

26. Combien y aura-t-il d’employés dans la filière le jour où tout sera opérationnel ? (suivi exploitants, transforma-tion, comptes...)quel sera leur salaire ?

Transport

27. quels sont vos moyens de transport ?Location ou propriété de Teriya ?- Si achat, combien coûtent-t-ils et combien d’années peuvent-ils être utilisés ?- Si location, combien cela coute-t-il au kilomètre?- Combien consomment-ils au 100 et quel est le prix du carburant?

28. quelle quantité de graines pouvez-vous transporter en un trajet ?

29. Combien d’employés la récupération des graines nécessite-t-elle?

Décorticage

30. De quel matériel disposez-vous pour décortiquer ?- Combien coute-t-il ?- Combien d’années peut-il être utilisé avant renouvelle-ment ?

31. Combien de kilos de graines pouvez-vous décortiquer en une journée ?

32. quelle main d’œuvre cela nécessite ? Pendant combien de temps dans l’année ?

Stockage

33. Combien de kilos de graines avez-vous rassemblé sur la première récolte et pour combien d’agriculteurs ?- La deuxième- La troisième

34. Avez-vous les infrastructures nécessaires pour stoc-ker l’ensemble des graines des producteurs le jour où la production battera son plein ?- Sinon combien coûte la construction d’un nouvel abri ?

35. Combien cela vous coute de stocker la production ?(Matériel et jour de travail)

Valorisation

Electricité :36. De quel matériel disposez-vous pour faire la transfor-mation en HVP ?

37. quel est le cout de chacun de ces engins ?- A quel intervalle de temps faut-il renouveler les machi-nes ?

38. Combien de litre d’huile pouvez-vous produire par kilo de graine ?- si le fruit est cueilli jaune- si le fruit est cueilli noir

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39. quel est le ratio d’incorporation de l’huile dans le générateur d’électricité ?Si moteur indirect (100% HPV), si direct (50%)

Presse itinérante :40. Est-ce possible techniquement de déplacer la presse de Teriya Bugu vers les coopératives ?- Si oui, combien de temps pour installation/désinstalla-tion ?- Sinon de quel matériel avez-vous besoin ? (transport, presse plus petite)

- Combien d’employés seraient nécessaires pour faire la transformation dans les villages ?

Biogaz :41. De quelles machines disposez-vous pour faire du biogaz ?- quel est le cout de ces machines ?- A quel intervalle de temps faut-il renouveler les machi-nes ?

42. Combien fait-on de biogaz avec1T de graines ?

43. Combien de personnes y travaillent ? Pendant com-bien de mois dans l’année ?

44. Comptez-vous revendre ce biogaz ou l’utiliser dans l’hotel ? quelles économies feriez-vous ?

Savons :45. Combien de litres de pied de presse récupérez-vous par Kg de graine transformé? Combien de savons peut-on faire avec 1L de pied de presse ?

46. Combien de temps nécessite la confection des savons ?

47. Comptez-vous donner tout le pied de presse ou reven-dre des savons ?(Si revente, combien coûte une personne chargée de confectionner les savons ?)

Tourteaux :48. Combien faites-vous de tourteau par kilo de graine?que comptez-vous en faire ?

Prix

49. A quel prix avez-vous acheté les graines jusqu’à présent ?

50. Sur quels critères l’avez-vous fixé ?

51. Le prix est-il fixé dans le contrat avec les producteurs ?

52. Le prix des graines est-il indexé sur celui du pétrole ou avez-vous un moyen de le laisser fixé ?

Autres frais

53. Avez-vous des assurances à payer ?

54. Payez-vous un loyer pour les infrastructures servent au projet ?

55. Y a-t-il d’autres frais dans la filière dont nous n’avons pas parlé ?

que concernent les recherches en cours par le Cirad ?

Y a-t-il d’autres recherches qui conistent à améliorer la productivité des plants ou les techniques culturales ?

qu’en est-il de la question crédit carbone ?

questions Kader :

quels étaient les apports ou aides faits par la CMDT auprès des agriculteurs pour améliorer leur productivité/organisation...?

Est-ce que l’AEDR peut en faire autant ?

Quelles sont les problèmes apparus entre la CMDT et les producteurs de coton ?

Est-ce que la culture du coton a entrainé des dégâts pour les autres cultures (pb de main d’œuvre, d’occupation des sols…) ?

quESTIOnnAIRE AgRICuLTEuRS n°2

1) Comment évolue votre exploitation ces dernières années ?(Argent, superficie, type de culture...)

2) Combien d’ha de culture vivrière possédez-vous?

3) Combien servent à la consommation familiale ?

4) Combien d’ha avez-vous planté de pourghère en plein champ ou de mètres en haie ?Pourquoi ?

5) Qu’avait-il sur ces terres avant le pourghère ?

6) Prévoyez-vous de planter prochainement ? Haie ou Plein champ ?friche ou culture ?

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7) Si friche, pourquoi?Rencontrez-vous des problèmes avec les éleveurs ?

8) Si plantation sur culture, laquelle ?Pourquoi ?Votre superficie de cultures vivrières a-t-elle diminué pour autant ?

9) De combien d’ha de cette culture disposez-vous?

10) Combien de sacs récoltez-vous chaque année?quelle volume vendez-vous et à quel prix ?

11) Combien d’ha de jatropha maximum êtes-vous prêt à planter ?Pourquoi cette limite ?

*

12) Avez-vous planté sur parcelle individuelle ou collec-tive ?

13) Avez-vous rencontré des problèmes d’organisation de la main d’oeuvre avec cette nouvelle culture ?Comment vous y êtes-vous pris ?

14) A quelle période récoltez-vous ?Pourquoi à ce moment-là ?

15) Vous récoltez les fruits quand ils ont quelle couleur ?Où avez-vous appris à récolter ?

16) A quel moment faites-vous la taille ? (Vérifier si c’est à une période d’inflorescence)

17) Dans quelle culture souhaitez-vous concentrer vos investissements désormais (en temps de travail, engrais; etc.) ?

18) Pouvez-vous donner un ordre des cultures qui vous paraissent les plus intéressantes aux moins intéressantes financièrement ?

19) Pourquoi le jatropha prend-il cette position ?

20) Y a-t-il une autre culture que vous souhaiteriez plan-ter mais dont vous n’avez pas la possibilité ?

questions chef du village

Possédez-vous personnellement des pieds de bagani ?

quelles sont vos attentes de cette culture ?

*

Le village a-t-il des parcelles collectives ?

qu’y a-t-il dessus ?

Comment voyez-vous l’évolution des cultures en collectif et individuel ?

Jusqu’où autoriserez-vous le développement de la culture de bagani ?Pourquoi cette limite ?

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Calculs du temps de travail nécessaire à la plantation

Page 121: Benoit Allard   etude jatropha

Calculs du temps de travail nécessaire à l’entretien

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Calculs du temps de travail récolte et dépulpage

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P1 : Chapitre 2 :1.1 Les exploitations concernées

Chiffres E. gaboret :nE = 8/49 (16%); Mea = 9 (19%); MEA = 6 (12%) ; PEa = 3 (6%) ; PEA =18 (37%) ; Pê = 5 (10%)Chiffres A. ndoye :nE = 4/61 (6%) ; Mea = 17 (28%) ; MEA= 6 (10%) ; PEa = 13 (21%); PEA = 15 (25%); Pê = 6 (10%)II

P 2 : CHAPITRE 2 :B- Rentabilité pour Teriya Bugu1.4 Transport et transformation en fonction de différents scénarios.1.4.1 Description des scénarios