bal de sceaux balzac

7/18/2019 Bal de Sceaux Balzac

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Honoré de Balzac

LE BAL DE SCEAUX

1829La Comédie humaine – Études de mœurs.

Premier livre !c"nes de la vie #rivée – $ome %Premier volume de l&édition 'urne 18(2

É d i t

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) r o u # e

*

+ , o o - s l i , r e s e t ) r a t u i t s .



$a,le des mati"res

/ #ro#os de cette édition électroni0ue ................................ 2



/ H+34 5+ B6L76C

Son frère,

H3É.

– –



Le comte de 'ontaine che: de l&une des #lus anciennes :a;milles du Poitou avait servi la cause des Bour,ons avecintelli)ence et coura)e #endant la )uerre 0ue les <endéens:irent = la ré#u,li0ue. 6#r"s avoir écha##é = tous les dan)ers0ui menac"rent les che:s ro>alistes durant cette ora)euseé#o0ue de l&histoire contem#oraine il disait )aiement ? – @e suisun de ceuA 0ui se sont :ait tuer sur les marches du trne Cette#laisanterie n&était #as sans 0uel0ue vérité #our un homme lais;

sé #armi les morts = la san)lante Dournée des Euatre;Chemins.Euoi0ue ruiné #ar des con:iscations ce :id"le <endéen re:usaconstamment les #laces lucratives 0ue lui :it o::rir l&em#ereura#oléon. %nvaria,le dans sa reli)ion aristocrati0ue il en avaitaveu)lément suivi les maAimes 0uand il Du)ea convena,le de sechoisir une com#a)ne. Fal)ré les séductions d&un riche #arvenurévolutionnaire 0ui mettait cette alliance = haut #riA il é#ousaune demoiselle de Ger)arout sans :ortune mais dont la :amille

est une des #lus vieilles de la Breta)ne.

La 3estauration sur#rit monsieur de 'ontaine char)é d&unenom,reuse :amille. Euoi0u&il n&entrIt #as dans les idées du )é;néreuA )entilhomme de solliciter des )rIces il céda néanmoinsauA désirs de sa :emme 0uitta son domaine dont le revenu mo;di0ue su::isait = #eine auA ,esoins de ses en:ants et vint = Paris.Contristé de l&avidité avec la0uelle ses anciens camarades :ai;

saient curée des #laces et des di)nités constitutionnelles il allait

– ( –



retourner = sa terre lors0u&il reJut une lettre ministérielle #arla0uelle une +Acellence assez connue lui annonJait sa nomina;tion au )rade de maréchal;de;cam# en vertu de l&ordonnance

0ui #ermettait auA o::iciers des armées catholi0ues de com#terles vin)t #remi"res années inédites du r")ne de Louis K<%%%comme années de service. Euel0ues Dours a#r"s le <endéen re;Jut encore sans aucune sollicitation et d&o::ice la croiA del&ordre de la Lé)ion;d&Honneur et celle de !aint;Louis. É,ranlédans sa résolution #ar ces )rIces successives 0u&il crut devoir ausouvenir du monar0ue il ne se contenta #lus de mener sa :a;mille comme il l&avait #ieusement :ait cha0ue dimanche crier

vive le 3oi dans la salle des FaréchauA auA $uileries 0uand les#rinces se rendaient = la cha#elle il sollicita la :aveur d&uneentrevue #articuli"re. Cette audience tr"s;#rom#tement accor;dée n&eut rien de #articulier. Le salon ro>al était #lein de vieuAserviteurs dont les ttes #oudrées vues d&une certaine hauteurressem,laient = un ta#is de nei)e. L= le )entilhomme retrouvad&anciens com#a)nons 0ui le reJurent d&un air un #eu :roid Mmais les #rinces lui #arurent adorables eA#ression d&enthou;

siasme 0ui lui écha##a 0uand le #lus )racieuA de ses maNtresde 0ui le comte ne se cro>ait connu 0ue de nom vint lui serrerla main et le #roclama le #lus #ur des <endéens. Fal)ré cetteovation aucune de ces au)ustes #ersonnes n&eut l&idée de lui de;mander le com#te de ses #ertes ni celui de l&ar)ent si )énéreu;sement versé dans les caisses de l&armée catholi0ue. %l s&a#erJutun #eu tard 0u&il avait :ait la )uerre = ses dé#ens. <ers la :in dela soirée il crut #ouvoir hasarder une s#irituelle allusion = l&état

de ses a::aires sem,la,le = celui de ,ien des )entilshommes. !aFaDesté se #rit = rire d&assez ,on cœur toute #arole mar0uée aucoin de l&es#rit avait le don de lui #laire M mais elle ré#li0uanéanmoins #ar une de ces ro>ales #laisanteries dont la douceurest #lus = craindre 0ue la col"re d&une ré#rimande. On des #lusintimes con:idents du roi ne tarda #as = s&a##rocher du <en;déen calculateur au0uel il :it entendre #ar une #hrase :ine et#olie 0ue le moment n&était #as encore venu de com#ter avecles maNtres ? il se trouvait sur le ta#is des mémoires ,eaucou#

– –



#lus arriérés 0ue le sien et 0ui devaient sans doute servir = l&;histoire de la 3évolution. Le comte sortit #rudemment du)rou#e vénéra,le 0ui décrivait un res#ectueuA demi;cercle de;

vant l&au)uste :amille. Puis a#r"s avoir non sans #eine dé)a)éson é#ée #armi les Dam,es )rles oQ elle s&était en)a)ée il re)a;)na #édestrement = travers la cour des $uileries le :iacre 0u&ilavait laissé sur le 0uai. 6vec cet es#rit réti: 0ui distin)ue lano,lesse de vieille roche chez la0uelle le souvenir de la Li)ue etdes Barricades n&est #as encore éteint il se #lai)nit dans son:iacre = haute voiA et de mani"re = se com#romettre sur lechan)ement survenu = la cour. – 6utre:ois se disait;il chacun

#arlait li,rement au roi de ses #etites a::aires les sei)neurs#ouvaient = leur aise lui demander des )rIces et de l&ar)ent etauDourd&hui l&on n&o,tiendra #as sans scandale le rem,ourse;ment des sommes avancées #our son service R For,leu la croiAde !aint;Louis et le )rade de maréchal;de;cam# ne valent #astrois cent mille livres 0ue D&ai ,el et ,ien dé#ensées #our lacause ro>ale. @e veuA re#arler au roi en :ace et dans son ca,i;net.

Cette sc"ne re:roidit d&autant #lus le z"le de monsieur de'ontaine 0ue ses demandes d&audience rest"rent constammentsans ré#onse. %l vit d&ailleurs les intrus de l&em#ire arrivant =0uel0ues;unes des char)es réservées sous l&ancienne monarchieauA meilleures maisons.

– $out est #erdu dit;il un matin. 5écidément le roi n&a

Damais été 0u&un révolutionnaire. !ans Fonsieur 0ui ne déro)e#as et console ses :id"les serviteurs De ne sais en 0uelles mainsirait un Dour la couronne de 'rance si ce ré)ime continuait.Leur maudit s>st"me constitutionnel est le #lus mauvais de tousles )ouvernements et ne #ourra Damais convenir = la 'rance.Louis K<%%% et F. Beu)not nous ont tout )Ité = !aint;uen.

Le comte déses#éré se #ré#arait = retourner = sa terre ena,andonnant avec no,lesse ses #rétentions = toute indemnité.

– S –



+n ce moment les événements du <in)t Fars annonc"rent unenouvelle tem#te 0ui menaJait d&en)loutir le roi lé)itime et sesdé:enseurs. !em,la,le = ces )ens )énéreuA 0ui ne renvoient #as

un serviteur #ar un tem#s de #luie monsieur de 'ontaine em;#runta sur sa terre #our suivre la monarchie en déroute sanssavoir si cette com#licité d&émi)ration lui serait #lus #ro#ice0ue ne l&avait été son dévouement #assé M mais a#r"s avoir o,;servé 0ue les com#a)nons de l&eAil étaient #lus en :aveur 0ue les ,raves 0ui Dadis avaient #rotesté les armes = la main contrel&éta,lissement de la ré#u,li0ue #eut;tre es#éra;t;il trouverdans ce vo>a)e = l&étran)er #lus de #ro:it 0ue dans un service

acti: et #érilleuA = l&intérieur. !es calculs de courtisan ne :urent#as une de ces vaines s#éculations 0ui #romettent sur le #a#ierdes résultats su#er,es et ruinent #ar leur eAécution. %l :ut doncselon le mot du #lus s#irituel et du #lus ha,ile de nos di#lo;mates un des cin0 cents :id"les serviteurs 0ui #arta)"rent l&eAilde la cour = Tand et l&un des cin0uante mille 0ui en revinrent.

Pendant cette courte a,sence de la ro>auté monsieur de

'ontaine eut le ,onheur d&tre em#lo>é #ar Louis K<%%% et ren;contra #lus d&une occasion de donner au roi les #reuves d&une)rande #ro,ité #oliti0ue et d&un attachement sinc"re. On soir0ue le monar0ue n&avait rien de mieuA = :aire il se souvint du ,on mot dit #ar monsieur de 'ontaine auA $uileries. Le vieuA <endéen ne laissa #as écha##er un tel =;#ro#os et raconta sonhistoire assez s#irituellement #our 0ue ce roi 0ui n&ou,liaitrien #Ut se la ra##eler en tem#s utile. L&au)uste littérateur re;

mar0ua la tournure :ine donnée = 0uel0ues notes dont la rédac;tion avait été con:iée au discret )entilhomme. Ce #etit mériteinscrivit monsieur de 'ontaine dans la mémoire du roi #armiles #lus lo>auA serviteurs de sa couronne. 6u second retour lecomte :ut un de ces envo>és eAtraordinaires 0ui #arcoururentles dé#artements avec la mission de Du)er souverainement les:auteurs de la ré,ellion M mais il usa modérément de son terri,le#ouvoir. 6ussitt 0ue cette Duridiction tem#oraire eut cessé le)rand;#révt s&assit dans un des :auteuils du Conseil;d&État de;

– –



vint dé#uté #arla #eu écouta ,eaucou# et chan)ea considéra; ,lement d&o#inion. Euel0ues circonstances inconnues auA ,io;)ra#hes le :irent entrer assez avant dans l&intimité du #rince

#our 0u&un Dour le malicieuA monar0ue l&inter#ellIt ainsi en le vo>ant entrer ?

– Fon ami 'ontaine De ne m&aviserais #as de vous nommerdirecteur;)énéral ni ministre i vous ni moi si nous étionsemployés ne resterions en #lace = cause de nos o#inions. Le)ouvernement re#résentati: a cela de ,on 0u&il nous te la #eine0ue nous avions Dadis de renvo>er nous;mmes nos secrétaires

d&État. otre conseil est une vérita,le htellerie oQ l&o#inion#u,li0ue nous envoie souvent de sin)uliers vo>a)eurs M mais en;:in nous saurons touDours oQ #lacer nos :id"les serviteurs.

Cette ouverture mo0ueuse :ut suivie d&une ordonnance 0uidonnait = monsieur de 'ontaine une administration dans le do;maine eAtraordinaire de la Couronne. Par suite de l&intelli)enteattention avec la0uelle il écoutait les sarcasmes de son ro>al

ami son nom se trouva sur les l"vres de !a FaDesté toutes les:ois 0u&il :allut créer une commission dont les mem,res de; vaient tre lucrativement a##ointés. %l eut le ,on es#rit de tairela :aveur dont l&honorait le monar0ue et sut l&entretenir #ar unemani"re #i0uante de narrer dans une de ces causeries :ami;li"res auA0uelles Louis K<%%% se #laisait autant 0u&auA ,illetsa)réa,lement écrits les anecdotes #oliti0ues et s&il est #ermisde se servir de cette eA#ression les cancans di#lomati0ues ou

#arlementaires 0ui a,ondaient alors. n sait 0ue les détails desa gouvernementabilité mot ado#té #ar l&au)uste railleur l&a;musaient in:iniment. TrIce au ,on sens = l&es#rit et = l&adressede monsieur le comte de 'ontaine cha0ue mem,re de sa nom; ,reuse :amille 0uel0ue Deune 0u&il :Ut :init ainsi 0u&il le disait#laisamment = son maNtre #ar se #oser comme un ver;=;soiesur les :euilles du ,ud)et. 6insi #ar les ,ontés du roi l&aNné deses :ils #arvint = une #lace éminente dans la ma)istrature in;amovi,le. Le second sim#le ca#itaine avant la restauration o,;

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tint une lé)ion immédiatement a#r"s son retour de Tand M #uis= la :aveur des mouvements de 181 #endant les0uels onméconnut les r")lements il #assa dans la )arde ro>ale re#assa

dans les )ardes;du;cor#s revint dans la li)ne et se trouva lieu;tenant;)énéral avec un commandement dans la )arde a#r"sl&a::aire du $rocadéro. Le dernier nommé sous;#ré:et devint ,ientt maNtre des re0utes et directeur d&une administrationmunici#ale de la <ille de Paris oQ il se trouvait = l&a,ri des tem;#tes lé)islatives. Ces )rIces sans éclat secr"tes comme la :a; veur du comte #leuvaient ina#erJues. Euoi0ue le #"re et lestrois :ils eussent chacun assez de sinécures #our Douir d&un reve;

nu ,ud)étaire #res0ue aussi considéra,le 0ue celui d&un direc;teur;)énéral leur :ortune #oliti0ue n&eAcita l&envie de #ersonne.5ans ces tem#s de #remier éta,lissement du s>st"me constitu;tionnel #eu de #ersonnes avaient des idées Dustes sur les ré;)ions #aisi,les du ,ud)et oQ d&adroits :avoris surent trouverl&é0uivalent des a,,a>es détruites. Fonsieur le comte de 'on;taine 0ui na)u"re encore se vantait de n&avoir #as lu la Charteet se montrait si courroucé contre l&avidité des courtisans ne

tarda #as = #rouver = son au)uste maNtre 0u&il com#renait aussi ,ien 0ue lui l&es#rit et les ressources du représentatif . Ce#en;dant mal)ré la sécurité des carri"res ouvertes = ses trois :ilsmal)ré les avanta)es #écuniaires 0ui résultaient du cumul de0uatre #laces monsieur de 'ontaine se trouvait = la tte d&une:amille tro# nom,reuse #our #ouvoir #rom#tement et :acile;ment réta,lir sa :ortune. !es trois :ils étaient riches d&avenir de:aveur et de talent M mais il avait trois :illes et crai)nait de lasser

la ,onté du monar0ue. %l ima)ina de ne Damais lui #arler 0ued&une seule de ces vier)es #ressées d&allumer leur :lam,eau. Leroi avait tro# ,on )oUt #our laisser son œuvre im#ar:aite. Lemaria)e de la #remi"re avec un receveur;)énéral :ut conclu #arune de ces #hrases ro>ales 0ui ne coUtent rien et valent des mil;lions. On soir oQ le monar0ue était maussade il sourit en a##re;nant l&eAistence d&une autre demoiselle de 'ontaine 0u&il :ité#ouser = un Deune ma)istrat d&eAtraction ,our)eoise il est vraimais riche #lein de talent et 0u&il créa ,aron. Lors0ue l&année

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suivante le <endéen #arla de mademoiselle Émilie de 'ontainele roi lui ré#ondit de sa #etite voiA ai)relette ? – Amicus Plato,sed magis amica Natio. Puis 0uel0ues Dours a#r"s il ré)ala son

ami Fontaine d&un 0uatrain assez innocent 0u&il a##elait uneé#i)ramme et dans le0uel il le #laisantait sur ses trois :illes siha,ilement #roduites sous la :orme d&une trinité. !&il :aut encroire la chroni0ue le monar0ue avait été chercher son ,on motdans l&unité des trois #ersonnes divines.

– !i le roi dai)nait chan)er son l&é#i)ramme en é#i;thalame R dit le comte en essa>ant de :aire tourner cette ,ou;

tade = son #ro:it.

– !i D&en vois la rime De n&en vois #as la raison ré#ondit du;rement le roi 0ui ne )oUta #oint cette #laisanterie :aite sur sa#oésie 0uel0ue douce 0u&elle :Ut.

5"s ce Dour son commerce avec monsieur de 'ontaine eutmoins d&aménité. Les 3ois aiment #lus 0u&on ne le croit la

contradiction. Comme #res0ue tous les en:ants venus les der;niers Émilie de 'ontaine était un BenDamin )Ité #ar tout lemonde. Le re:roidissement du monar0ue causa donc d&autant#lus de #eine au comte 0ue Damais maria)e ne :ut #lus di::icile= conclure 0ue celui de cette :ille chérie. Pour concevoir tous ceso,stacles il :aut #énétrer dans l&enceinte du ,el htel oQ l&admi;nistrateur était lo)é auA dé#ens de la Liste;Civile. Émilie avait#assé son en:ance = la terre de 'ontaine en > Douissant de cette

a,ondance 0ui su::it auA #remiers #laisirs de la Deunesse. !esmoindres désirs > étaient des lois #our ses sœurs #our ses:r"res #our sa m"re et mme #our son #"re. $ous ses #arentsra::olaient d&elle. 6rrivée = l&I)e de raison #récisément au mo;ment oQ sa :amille :ut com,lée des :aveurs de la :ortune l&en;chantement de sa vie continua. Le luAe de Paris lui sem,la toutaussi naturel 0ue la richesse en :leurs ou en :ruits et 0ue cetteo#ulence cham#tre 0ui :irent le ,onheur de ses #remi"res an;nées. 5e mme 0u&elle n&avait é#rouvé aucune contrariété dans

– 1V –



son en:ance 0uand elle voulait satis:aire de Do>euA désirs demme elle se vit encore o,éie lors0u&= l&I)e de 0uatorze ans ellese lanJa dans le tour,illon du monde. 6ccoutumée ainsi #ar de;

)rés auA Douissances de la :ortune les recherches de la toilettel&élé)ance des salons dorés et des é0ui#a)es lui devinrent aussinécessaires 0ue les com#liments vrais ou :auA de la :latterie0ue les :tes et les vanités de la cour. $out lui souriait d&ailleurs ?elle a#erJut #our elle de la ,ienveillance dans tous les >euA.Comme la #lu#art des en:ants )Ités elle t>rannisa ceuA 0ui l&ai;maient et réserva ses co0uetteries auA indi::érents. !es dé:autsne :irent 0ue )randir avec elle et ses #arents allaient ,ientt re;

cueillir les :ruits amers de cette éducation :uneste. 6rrivée =l&I)e de diA;neu: ans Émilie de 'ontaine n&avait #as encore vou;lu :aire de choiA #armi les nom,reuA Deunes )ens 0ue la #oli;ti0ue de monsieur de 'ontaine assem,lait dans ses :tes.Euoi0ue Deune encore elle Douissait dans le monde de toute lali,erté d&es#rit 0ue #eut > avoir une :emme. !a ,eauté était siremar0ua,le 0ue #our elle #araNtre dans un salon c&était > ré;)ner. !em,la,le auA rois elle n&avait #as d&amis et se vo>ait

#artout l&o,Det d&une com#laisance = la0uelle un naturelmeilleur 0ue le sien n&eUt #eut;tre #as résisté. 6ucun homme:Ut;ce mme un vieillard n&avait la :orce de contredire les o#i;nions d&une Deune :ille dont un seul re)ard ranimait l&amourdans un cœur :roid. Élevée avec des soins 0ui man0u"rent = sessœurs elle #ei)nait assez ,ien #arlait l&italien et l&an)lais Douaitdu #iano d&une :aJon déses#érante M en:in sa voiA #er:ectionnée#ar les meilleurs maNtres avait un tim,re 0ui donnait = son

chant d&irrésisti,les séductions. !#irituelle et nourrie de toutesles littératures elle aurait #u :aire croire 0ue comme dit Fasca;rille les )ens de 0ualité viennent au monde en sachant tout. +lleraisonnait :acilement sur la #einture italienne ou :lamande surle Fo>en;I)e ou la 3enaissance M Du)eait = tort et = travers leslivres anciens ou nouveauA et :aisait ressortir avec une cruelle)rIce d&es#rit les dé:auts d&un ouvra)e. La #lus sim#le de ses#hrases était reJue #ar la :oule idolItre comme #ar les $urcs un fetfa du !ultan. +lle é,louissait ainsi les )ens su#er:iciels M

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0uant auA )ens #ro:onds son tact naturel l&aidait = les recon;naNtre M et #our euA elle dé#lo>ait tant de co0uetterie 0u&= la :a; veur de ses séductions elle #ouvait écha##er = leur eAamen. Ce

vernis séduisant couvrait un cœur insouciant l&o#inion com;mune = ,eaucou# de Deunes :illes 0ue #ersonne n&ha,itait unes#h"re assez élevée #our #ouvoir com#rendre l&eAcellence deson Ime et un or)ueil 0ui s&a##u>ait autant sur sa naissance0ue sur sa ,eauté. +n l&a,sence du sentiment violent 0ui rava)ett ou tard le cœur d&une :emme elle #ortait sa Deune ardeurdans un amour immodéré des distinctions et témoi)nait le #lus#ro:ond mé#ris #our les roturiers. 'ort im#ertinente avec la

nouvelle no,lesse elle :aisait tous ses e::orts #our 0ue ses#arents marchassent de #air au milieu des :amilles les #lusillustres du :au,our) !aint;Termain.

Ces sentiments n&avaient #as écha##é = l&œil o,servateurde monsieur de 'ontaine 0ui #lus d&une :ois lors du maria)e deses deuA #remi"res :illes eut = )émir des sarcasmes et des ,onsmots d&Émilie. Les )ens lo)i0ues s&étonneront d&avoir vu le

vieuA <endéen donnant sa #remi"re :ille = un receveur;)énéral0ui #ossédait ,ien = la vérité 0uel0ues anciennes terres sei;)neuriales mais dont le nom n&était #as #récédé de cette #arti;cule = la0uelle le trne dut tant de dé:enseurs et la seconde = unma)istrat tro# récemment ,aroni:ié #our :aire ou,lier 0ue le#"re avait vendu des :a)ots. Ce nota,le chan)ement dans lesidées du no,le au moment oQ il attei)nait sa soiAanti"me an;née é#o0ue = la0uelle les hommes 0uittent rarement leurs

cro>ances n&était #as dU seulement = la dé#lora,le ha,itationde la moderne Ba,>lone oQ tous les )ens de #rovince :inissent#ar #erdre leurs rudesses M la nouvelle conscience #oliti0ue ducomte de 'ontaine était encore le résultat des conseils et de l&a;mitié du roi. Ce #rince #hiloso#he avait #ris #laisir = convertirle <endéen auA idées 0u&eAi)eaient la marche du diA;neuvi"mesi"cle et la rénovation de la monarchie. Louis K<%%% voulait:ondre les #artis comme a#oléon avait :ondu les choses et leshommes. Le roi lé)itime #eut;tre aussi s#irituel 0ue son rival

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a)issait en sens contraire. Le dernier che: de la maison de Bour; ,on était aussi em#ressé = satis:aire le tiers;état et les )ens del&em#ire en contenant le cler)é 0ue le #remier des a#oléon

:ut DalouA d&attirer au#r"s de lui les )rands sei)neurs ou de doterl&é)lise. Con:ident des ro>ales #ensées le Conseiller d&État étaitinsensi,lement devenu l&un des che:s les #lus in:luents et les#lus sa)es de ce #arti modéré 0ui désirait vivement au nom del&intért national la :usion des o#inions. %l #rchait les coUteuA#rinci#es du )ouvernement constitutionnel et secondait detoute sa #uissance les DeuA de la ,ascule #oliti0ue 0ui #ermettait= son maNtre de )ouverner la 'rance au milieu des a)itations.

Peut;tre monsieur de 'ontaine se :lattait;il d&arriver = la #airie#ar un de ces cou#s de vent lé)islati:s dont les e::ets si ,izarressur#renaient alors les #lus vieuA #oliti0ues. On de ses #rinci#esles #lus :iAes consistait = ne #lus reconnaNtre en 'rance d&autreno,lesse 0ue la #airie dont les :amilles étaient les seules 0uieussent des #rivilé)es.

– One no,lesse sans #rivilé)es disait;il est un manche

sans outil. 6ussi éloi)né du #arti de La:a>ette 0ue du #arti de La

Bourdonna>e il entre#renait avec ardeur la réconciliation )éné;rale d&oQ devaient sortir une "re nouvelle et de ,rillantes desti;nées #our la 'rance. %l cherchait = convaincre les :amilles chezles0uelles il avait acc"s du #eu de chances :avora,les 0u&o:;:raient désormais la carri"re militaire et l&administration. %l en;

)a)eait les m"res = lancer leurs en:ants dans les #ro:essions in;dé#endantes et industrielles en leur donnant = entendre 0ue lesem#lois militaires et les hautes :onctions du )ouvernement :ini;raient #ar a##artenir tr"s;constitutionnellement auA cadets des:amilles no,les de la #airie. !elon lui la nation avait con0uisune #art assez lar)e dans l&administration #ar son assem,léeélective #ar les #laces de la ma)istrature et #ar celles de la :i;nance 0ui disait;il seraient touDours comme autre:ois l&a#ana)edes nota,ilités du tiers;état. Les nouvelles idées du che: de la :a;

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mille de 'ontaine et les sa)es alliances 0ui en résult"rent #ourses deuA #remi"res :illes avaient rencontré de :ortes résistancesau sein de son ména)e. La comtesse de 'ontaine resta :id"le auA

vieilles cro>ances 0ue ne devait #as renier une :emme 0uia##artenait auA 3ohan #ar sa m"re. Euoi0u&elle se :Ut o##osée#endant un moment au ,onheur et = la :ortune 0ui attendaientses deuA :illes aNnées elle se rendit = ces considérations secr"tes0ue les é#ouA se con:ient le soir 0uand leurs ttes re#osent surle mme oreiller. Fonsieur de 'ontaine démontra :roidement =sa :emme #ar d&eAacts calculs 0ue le séDour de Paris l&o,li)a;tion d&> re#résenter la s#lendeur de sa maison 0ui les dédom;

ma)eait des #rivations si coura)eusement #arta)ées au :ond dela <endée les dé#enses :aites #our leurs :ils a,sor,aient la #lus)rande #artie de leur revenu ,ud)étaire. %l :allait donc saisircomme une :aveur céleste l&occasion 0ui se #résentait #our euAd&éta,lir si richement leurs :illes. e devaient;elles #as Douir un Dour de soiAante ou 0uatre;vin)t mille livres de rente R 5es ma;ria)es si avanta)euA ne se rencontraient #as tous les Dours #ourdes :illes sans dot. +n:in il était tem#s de #enser = économiser

#our au)menter la terre de 'ontaine et reconstruire l&anti0ue:ortune territoriale de la :amille. La comtesse céda commetoutes les m"res l&eussent :ait = sa #lace 0uoi0ue de meilleure)rIce #eut;tre = des ar)uments si #ersuasi:s. Fais elle déclara0u&au moins sa :ille Émilie serait mariée de mani"re = satis:airel&or)ueil 0u&elle avait contri,ué malheureusement = dévelo##erdans cette Deune Ime.

6insi les événements 0ui auraient dU ré#andre la Doie danscette :amille > introduisirent un lé)er levain de discorde. Le re;ceveur;)énéral et le Deune ma)istrat :urent en ,utte auA :roi;deurs d&un cérémonial 0ue surent créer la comtesse et sa :illeÉmilie. Leur éti0uette trouva ,ien #lus am#lement lieu d&eAer;cer ses t>rannies domesti0ues ? le lieutenant;)énéral é#ousa la:ille uni0ue d&un ,an0uier M le #résident se maria sensémentavec une demoiselle dont le #"re deuA ou trois :ois million;naire avait :ait le commerce des toiles #eintes M en:in le troi;

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si"me :r"re se montra :id"le = ces doctrines roturi"res en #re;nant sa :emme dans la :amille d&un riche notaire de Paris. Lestrois ,elles;sœurs les deuA ,eauA;:r"res trouvaient tant de

charmes et d&avanta)es #ersonnels = rester dans la haute s#h"redes #uissances #oliti0ues et = hanter les salons du :au,our)!aint;Termain 0u&ils s&accord"rent tous #our :ormer une #etitecour = la hautaine Émilie. Ce #acte d&intért et d&or)ueil ne :utce#endant #as tellement ,ien cimenté 0ue la Deune souverainen&eAcitIt souvent des révolutions dans son #etit État. 5essc"nes 0ue le ,on ton n&eUt #as désavouées entretenaient entretous les mem,res de cette #uissante :amille une humeur mo;

0ueuse 0ui sans altérer sensi,lement l&amitié a::ichée en #u,licdé)énérait 0uel0ue:ois dans l&intérieur en sentiments #eu chari;ta,les. 6insi la :emme du lieutenant;)énéral devenue ,aronnese cro>ait tout aussi no,le 0u&une Ger)arout et #rétendait 0uecent ,onnes mille livres de rente lui donnaient le droit d&treaussi im#ertinente 0ue sa ,elle;sœur Émilie = la0uelle elle sou;haitait #ar:ois avec ironie un maria)e heureuA en annonJant0ue la :ille de tel #air venait d&é#ouser monsieur un tel tout

court. La :emme du vicomte de 'ontaine s&amusait = écli#serÉmilie #ar le ,on )oUt et #ar la richesse 0ui se :aisaient remar;0uer dans ses toilettes dans ses ameu,lements et ses é0ui#a)es.L&air mo0ueur avec le0uel les ,elles;sœurs et les deuA ,eauA;:r"res accueillirent 0uel0ue:ois les #rétentions avouées #ar ma;demoiselle de 'ontaine eAcitait chez elle un courrouA = #einecalmé #ar une )rle d&é#i)rammes. Lors0ue le che: de la :amilleé#rouva 0uel0ue re:roidissement dans la tacite et #récaire ami;

tié du monar0ue il trem,la d&autant #lus 0ue #ar suite des dé;:is railleurs de ses sœurs Damais sa :ille chérie n&avait Deté ses vues si haut.

6u milieu de ces circonstances et au moment oQ cette #e;tite lutte domesti0ue était devenue :ort )rave le monar0ue au;#r"s du0uel monsieur de 'ontaine cro>ait rentrer en )rIce :utatta0ué de la maladie dont il devait #érir. Le )rand #oliti0ue 0uisut si ,ien conduire sa nau: au sein des ora)es ne tarda #as =

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succom,er. %ncertain de la :aveur = venir le comte de 'ontaine:it donc les #lus )rands e::orts #our rassem,ler autour de saderni"re :ille l&élite des Deunes )ens = marier. CeuA 0ui ont tIché

de résoudre le #ro,l"me di::icile 0ue #résente l&éta,lissementd&une :ille or)ueilleuse et :antas0ue com#rendront #eut;tre les#eines 0ue se donna le #auvre <endéen. 6chevée au )ré de sonen:ant chéri cette derni"re entre#rise eUt couronné di)nementla carri"re 0ue le comte #arcourait de#uis diA ans = Paris. Par lamani"re dont sa :amille envahissait les traitements de tous lesminist"res elle #ouvait se com#arer = la maison d&6utriche 0ui#ar ses alliances menace d&envahir l&+uro#e. 6ussi le vieuA <en;

déen ne se re,utait;il #as dans ses #résentations de #rétendustant il avait = cœur le ,onheur de sa :ille M mais rien n&était #lus#laisant 0ue la :aJon dont l&im#ertinente créature #rononJaitses arrts et Du)eait le mérite de ses adorateurs. n eUt dit 0uesem,la,le = l&une de ces #rincesses des Fille et un @ours Émilie:Ut assez riche assez ,elle #our avoir le droit de choisir #armitous les #rinces du monde M ses o,Dections étaient #lus ,ou:;:onnes les unes 0ue les autres ? l&un avait les Dam,es tro# )rosses

ou les )enouA ca)neuA l&autre était m>o#e M celui;ci s&a##elait5urand celui;l= ,oitait M #res0ue tous lui sem,laient tro# )ras.Plus vive #lus charmante #lus )aie 0ue Damais a#r"s avoir reDe;té deuA ou trois #rétendus elle s&élanJait dans les :tes de l&hi; ver et courait auA ,als oQ ses >euA #erJants eAaminaient lescélé,rités du Dour M oQ souvent = l&aide de son ravissant ,a,ilelle #arvenait = deviner les secrets du cœur le #lus m>stérieuAoQ elle se #laisait = tourmenter tous les Deunes )ens = eAciter

avec une co0uetterie instinctive des demandes 0u&elle reDetaittouDours.

La nature lui avait donné en #ro:usion les avanta)es néces;saires au rle 0u&elle Douait. Trande et svelte Émilie de 'ontaine#ossédait une démarche im#osante ou :olItre = son )ré. !on colun #eu lon) lui #ermettait de #rendre de charmantes attitudesde dédain et d&im#ertinence. +lle s&était :ait un :écond ré#er;toire de ces airs de tte et de ces )estes :éminins 0ui eA#li0uent

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si cruellement ou si heureusement les demi;mots et les sourires.5e ,eauA cheveuA noirs des sourcils tr"s;:ournis et :ortementar0ués #rtaient = sa #h>sionomie une eA#ression de :ierté 0ue

la co0uetterie autant 0ue son miroir lui avaient a##ris = rendreterri,le ou = tem#érer #ar la :iAité ou #ar la douceur de son re;)ard #ar l&immo,ilité ou #ar les lé)"res in:leAions de ses l"vres#ar la :roideur ou la )rIce de son sourire. Euand Émilie voulaits&em#arer d&un cœur sa voiA #ure ne man0uait #as de mélodie Mmais elle #ouvait aussi lui im#rimer une sorte de clarté ,r"ve0uand elle entre#renait de #aral>ser la lan)ue indiscr"te d&uncavalier. !a :i)ure ,lanche et son :ront de mar,re étaient sem;

,la,les = la sur:ace lim#ide d&un lac 0ui tour = tour se ride sousl&e::ort d&une ,rise ou re#rend sa sérénité Do>euse 0uand l&air secalme. Plus d&un Deune homme en #roie = ses dédains l&accusaitde Douer la comédie M mais tant de :euA éclataient tant de #ro;messes Daillissaient de ses >euA noirs 0u&elle se Dusti:iait en :ai;sant ,ondir le cœur de ses élé)ants danseurs sous leurs :racsnoirs. Parmi les Deunes :illes = la mode nulle mieuA 0u&elle nesavait #rendre un air de hauteur en recevant le salut d&un

homme 0ui n&avait 0ue du talent ou dé#lo>er cette #olitesse in;sultante #our les #ersonnes 0u&elle re)ardait comme ses in:é;rieures et déverser son im#ertinence sur tous ceuA 0ui es;sa>aient de marcher de #air avec elle. +lle sem,lait #artout oQelle se trouvait recevoir #lutt des homma)es 0ue des com#li;ments M et mme chez une #rincesse sa tournure et ses airseussent converti le :auteuil sur le0uel elle se serait assise en untrne im#érial.

Fonsieur de 'ontaine découvrit tro# tard com,ien l&éduca;tion de la :ille 0u&il aimait le #lus avait été :aussée #ar la ten;dresse de toute la :amille. L&admiration 0ue le monde témoi)ned&a,ord = une Deune #ersonne mais de la0uelle il ne tarde #as =se ven)er avait encore eAalté l&or)ueil d&Émilie et accru sacon:iance en elle. One com#laisance )énérale avait dévelo##échez elle l&é)oWsme naturel auA en:ants )Ités 0ui sem,la,les =des rois s&amusent de tout ce 0ui les a##roche. +n ce moment

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la )rIce de la Deunesse et le charme des talents cachaient = tousles >euA ces dé:auts d&autant #lus odieuA chez une :emme0u&elle ne #eut #laire 0ue #ar le dévouement et #ar l&a,né)a;

tion M mais rien n&écha##e = l&œil d&un ,on #"re ? monsieur de'ontaine essa>a souvent d&eA#li0uer = sa :ille les #rinci#ales#a)es du livre éni)mati0ue de la vie. <aine entre#rise %l euttro# souvent = )émir sur l&indocilité ca#ricieuse et sur la sa)esseironi0ue de sa :ille #our #ersévérer dans une tIche aussi di::icile0ue celle de corri)er un si #ernicieuA naturel. %l se contenta dedonner de tem#s en tem#s des conseils #leins de douceur et de ,onté M mais il avait la douleur de voir ses #lus tendres #aroles

)lissant sur le cœur de sa :ille comme s&il eUt été de mar,re. Les >euA d&un #"re se dessillent si tard 0u&il :allut au vieuA <endéen#lus d&une é#reuve #our s&a#ercevoir de l&air de condescendanceavec la0uelle sa :ille lui accordait de rares caresses. +lle ressem; ,lait = ces Deunes en:ants 0ui #araissent dire = leur m"re ? – 5é;#che;toi de m&em,rasser #our 0ue D&aille Douer. +n:in Émiliedai)nait avoir de la tendresse #our ses #arents. Fais souvent#ar des ca#rices soudains 0ui sem,lent ineA#lica,les chez les

Deunes :illes elle s&isolait et ne se montrait #lus 0ue rarement Melle se #lai)nait d&avoir = #arta)er avec tro# de monde le cœurde son #"re et de sa m"re elle devenait Dalouse de tout mmede ses :r"res et de ses sœurs. Puis a#r"s avoir #ris ,ien de la#eine = créer un désert autour d&elle cette :ille ,izarre accusaitla nature enti"re de sa solitude :actice et de ses #eines volon;taires. 6rmée de son eA#érience de vin)t ans elle condamnait lesort #arce 0ue ne sachant #as 0ue le #remier #rinci#e du ,on;

heur est en nous elle demandait auA choses de la vie de le luidonner. +lle aurait :ui au ,out du )lo,e #our éviter des ma;ria)es sem,la,les = ceuA de ses deuA sœurs M et néanmoins elleavait dans le cœur une a::reuse Dalousie de les voir mariéesriches et heureuses. +n:in 0uel0ue:ois elle donnait = #enser =sa m"re victime de ses #rocédés tout autant 0ue monsieur de'ontaine 0u&elle avait un )rain de :olie. Cette a,erration étaitassez eA#lica,le ? rien n&est #lus commun 0ue cette secr"te :ierténée au cœur des Deunes #ersonnes 0ui a##artiennent = des :a;

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milles haut #lacées sur l&échelle sociale et 0ue la nature adouées d&une )rande ,eauté. Pres0ue toutes sont #ersuadées0ue leurs m"res arrivées = l&I)e de 0uarante ou cin0uante ans

ne #euvent #lus ni s>m#athiser avec leurs Deunes Imes ni enconcevoir les :antaisies. +lles s&ima)inent 0ue la #lu#art desm"res Dalouses de leurs :illes veulent les ha,iller = leur modedans le dessein #rémédité de les écli#ser ou de leur ravir deshomma)es. 5e l= souvent des larmes secr"tes ou de sourdesrévoltes contre la #rétendue t>rannie maternelle. 6u milieu deces cha)rins 0ui deviennent réels 0uoi0ue assis sur une ,aseima)inaire elles ont encore la manie de com#oser un th"me

#our leur eAistence et se tirent = elles;mmes un ,rillant horo;sco#e. Leur ma)ie consiste = #rendre leurs rves #our des réali;tés. +lles résolvent secr"tement dans leurs lon)ues médita;tions de n&accorder leur cœur et leur main 0u&= l&homme 0ui#ossédera tel ou tel avanta)e. +lles dessinent dans leur ima)ina;tion un t>#e au0uel il :aut ,on )ré mal )ré 0ue leur :utur res;sem,le. 6#r"s avoir eA#érimenté la vie et :ait les ré:leAions sé;rieuses 0u&am"nent les années = :orce de voir le monde et son

train #rosaW0ue = :orce d&eAem#les malheureuA les ,elles cou;leurs de leur :i)ure idéale s&a,olissent M #uis elles se trouvent un ,eau Dour dans le courant de la vie tout étonnées d&tre heu;reuses sans la nu#tiale #oésie de leurs rves. !uivant cette #oé;ti0ue mademoiselle Émilie de 'ontaine avait arrté dans sa:ra)ile sa)esse un #ro)ramme au0uel devait se con:ormer son#rétendu #our tre acce#té. 5e l= ses dédains et ses sarcasmes.

– Euoi0ue Deune et de no,lesse ancienne s&était;elle dit ilsera #air de 'rance ou :ils aNné d&un #air %l me serait insu##or;ta,le de ne #as voir mes armes #eintes sur les #anneauA de ma voiture au milieu des #lis :lottants d&un manteau d&azur et de ne#as courir comme les #rinces dans la )rande allée des Cham#s;Él>sées les Dours de Lon)cham#. 5&ailleurs mon #"re #rétend0ue ce sera un Dour la #lus ,elle di)nité de 'rance. @e le veuA mi;litaire en me réservant de lui :aire donner sa démission et De le veuA décoré #our 0ue l&on nous #orte les armes.

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Ces rares 0ualités ne servaient = rien si cet tre de raisonne #ossédait #as encore une )rande ama,ilité une Dolie tour;

nure de l&es#rit et s&il n&était #as svelte. La mai)reur cette)rIce du cor#s 0uel0ue :u)itive 0u&elle #Ut tre surtout dans un)ouvernement re#résentati: était une clause de ri)ueur. Fade;moiselle de 'ontaine avait une certaine mesure idéale 0ui luiservait de mod"le. Le Deune homme 0ui au #remier cou# d&œilne rem#lissait #as les conditions voulues n&o,tenait mme #asun second re)ard.

– h mon 5ieu vo>ez com,ien ce monsieur est )ras était chez elle la #lus haute eA#ression de mé#ris.

/ l&entendre les )ens d&une honnte cor#ulence étaient in;ca#a,les de sentiments mauvais maris et indi)nes d&entrerdans une société civilisée. Euoi0ue ce :Ut une ,eauté recherchéeen orient l&em,on#oint lui sem,lait un malheur chez les:emmes M mais chez un homme c&était un crime. Ces o#inions

#aradoAales amusaient )rIce = une certaine )aieté d&élocution.éanmoins le comte sentit 0ue #lus tard les #rétentions de sa:ille dont le ridicule allait tre visi,le #our certaines :emmesaussi clairvo>antes 0ue #eu charita,les deviendraient un :atalsuDet de raillerie. %l crai)nit 0ue les idées ,izarres de sa :ille nese chan)eassent en mauvais ton. %l trem,lait 0ue le monde im;#ito>a,le ne se mo0uIt déD= d&une #ersonne 0ui restait si lon);tem#s en sc"ne sans donner un dénoUment = la comédie 0u&elle

> Douait. Plus d&un acteur mécontent d&un re:us #araissait at;tendre le moindre incident malheureuA #our se ven)er. Lesindi::érents les oisi:s commenJaient = se lasser ? l&admirationest touDours une :ati)ue #our l&es#"ce humaine. Le vieuA <en;déen savait mieuA 0ue #ersonne 0ue s&il :aut choisir avec art lemoment d&entrer sur les tréteauA du monde sur ceuA de la courdans un salon ou sur la sc"ne M il est encore #lus di::icile d&ensortir = #ro#os. 6ussi #endant le #remier hiver 0ui suivit l&av";nement de Charles K au trne redou,la;t;il d&e::orts conDointe;

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ment avec ses trois :ils et ses )endres #our réunir dans les sa;lons de son htel les meilleurs #artis 0ue Paris et les di::érentesdé#utations des dé#artements #ouvaient #résenter. L&éclat de

ses :tes le luAe de sa salle = man)er et ses dNners #ar:umés detru::es rivalisaient avec les cél",res re#as #ar les0uels les mi;nistres du tem#s s&assuraient le vote de leurs soldats #arlemen;taires.

L&honora,le <endéen :ut alors si)nalé comme un des #lus#uissants corru#teurs de la #ro,ité lé)islative de cette illustrecham,re 0ui sem,la mourir d&indi)estion. Chose ,izarre ses

tentatives #our marier sa :ille le maintinrent dans une éclatante:aveur. Peut;tre trouva;t;il 0uel0ue avanta)e secret = vendredeuA :ois ses tru::es. Cette accusation due = certains li,érauArailleurs 0ui com#ensaient #ar l&a,ondance de leurs #aroles larareté de leurs adhérents dans la cham,re n&eUt aucun succ"s.La conduite du )entilhomme #oitevin était en )énéral si no,le etsi honora,le 0u&il ne reJut #as une seule de ces é#i)rammes #arles0uelles les malins DournauA de cette é#o0ue assaillirent les

trois cents votants du centre les ministres les cuisiniers les di;recteurs )énérauA les #rinces de la :ourchette et les dé:enseursd&o::ice 0ui soutenaient l&administration;<ill"le. / la :in de cettecam#a)ne #endant la0uelle monsieur de 'ontaine avait = #lu;sieurs re#rises :ait donner toutes ses trou#es il crut 0ue son as;sem,lée de #rétendus ne serait #as cette :ois une :antasma)o;rie #our sa :ille et 0u&il était tem#s de la consulter. %l avait unecertaine satis:action intérieure d&avoir ,ien rem#li son devoir de

#"re. Puis a>ant :ait :l"che de tout ,ois il es#érait 0ue #armitant de cœurs o::erts = la ca#ricieuse Émilie il #ouvait s&en ren;contrer au moins un 0u&elle eUt distin)ué. %nca#a,le de renou; veler cet e::ort et d&ailleurs lassé de la conduite de sa :ille versla :in du carme un matin 0ue la séance de la cham,re ne ré;clamait #as tro# im#érieusement son vote il résolut de :aire uncou# d&autorité. Pendant 0u&un valet de cham,re dessinait ar;tistement sur son crIne Daune le delta de #oudre 0ui com#létaitavec des ailes de #i)eon #endantes sa coi::ure vénéra,le le

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#"re d&Émilie ordonna non sans une secr"te émotion = son vieuA valet de cham,re d&aller avertir l&or)ueilleuse demoisellede com#araNtre immédiatement devant le che: de la :amille.

– @ose#h lui dit;il au moment oQ il eut achevé sa coi::uretez cette serviette tirez ces rideauA mettez ces :auteuils en#lace secouez le ta#is de la cheminée essu>ez #artout. 6llons 5onnez un #eu d&air = mon ca,inet en ouvrant la :entre.

Le comte multi#liait ses ordres essou::lait @ose#h 0ui de; vinant les intentions de son maNtre restitua 0uel0ue :raNcheur =

cette #i"ce naturellement la #lus né)li)ée de toute la maison etréussit = im#rimer une sorte d&harmonie = des monceauA decom#tes auA cartons auA livres auA meu,les de ce sanctuaireoQ se dé,attaient les intérts du domaine ro>al. Euand @ose#heut achevé de mettre un #eu d&ordre dans ce chaos et de #laceren évidence comme dans un ma)asin de nouveautés les choses0ui #ouvaient tre les #lus a)réa,les = voir ou #roduire #arleurs couleurs une sorte de #oésie ,ureaucrati0ue il s&arrta au

milieu du dédale des #a#erasses étalées en 0uel0ues endroits Dus0ue sur le ta#is il s&admira lui;mme un moment hocha latte et sortit.

Le #auvre sinécuriste ne #arta)ea #as la ,onne o#inion deson serviteur. 6vant de s&asseoir dans son immense :auteuil =oreilles il Deta un re)ard de mé:iance autour de lui eAaminad&un air hostile sa ro,e de cham,re en chassa 0uel0ues )rains

de ta,ac s&essu>a soi)neusement le nez ran)ea les #elles et les#incettes attisa le :eu releva les 0uartiers de ses #antou:les re; Deta en arri"re sa #etite 0ueue horizontalement lo)ée entre le colde son )ilet et celui de sa ro,e de cham,re et lui :it re#rendre sa#osition #er#endiculaire M #uis il donna un cou# de ,alai auAcendres d&un :o>er 0ui attestait l&o,stination de son catarrhe.+n:in le vieuA <endéen ne s&assit 0u&a#r"s avoir re#assé unederni"re :ois en revue son ca,inet en es#érant 0ue rien n&>#ourrait donner lieu auA remar0ues aussi #laisantes 0u&im;

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#ertinentes #ar les0uelles sa :ille avait coutume de ré#ondre =ses sa)es avis. +n cette occurrence il ne voulait #as com#ro;mettre sa di)nité #aternelle. %l #rit délicatement une #rise de ta;

,ac et toussa deuA ou trois :ois comme s&il se dis#osait = de;mander l&a##el nominal ? il entendait le #as lé)er de sa :ille 0uientra en :redonnant un air d&il Barbiere.

– BonDour mon #"re. Eue me voulez;vous donc si matin R

6#r"s ces #aroles Detées comme la ritournelle de l&air0u&elle chantait elle em,rassa le comte non #as avec cette ten;

dresse :amili"re 0ui rend le sentiment :ilial chose si douce maisavec l&insouciante lé)"reté d&une maNtresse sUre de touDours#laire 0uoi 0u&elle :asse.

– Fa ch"re en:ant dit )ravement monsieur de 'ontaine Det&ai :ait venir #our causer tr"s;sérieusement avec toi sur tonavenir. La nécessité oQ tu es en ce moment de choisir un maride mani"re = rendre ton ,onheur dura,leX

– Fon ,on #"re ré#ondit Émilie en em#lo>ant les sons les#lus caressants de sa voiA #our l&interrom#re il me sem,le 0uel&armistice 0ue nous avons conclu relativement = mes #rétendusn&est #as encore eA#iré.

– Émilie cessons auDourd&hui de ,adiner sur un suDet siim#ortant. 5e#uis 0uel0ue tem#s les e::orts de ceuA 0ui

t&aiment vérita,lement ma ch"re en:ant se réunissent #our te#rocurer un éta,lissement convena,le et ce serait tre cou#a,led&in)ratitude 0ue d&accueillir lé)"rement les mar0ues d&intért0ue De ne suis #as seul = te #rodi)uer.

+n entendant ces #aroles et a#r"s avoir lancé un re)ardmalicieusement investi)ateur sur les meu,les du ca,inet #ater;nel la Deune :ille alla #rendre celui des :auteuils 0ui #araissaitavoir le moins servi auA solliciteurs l&a##orta elle;mme de

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l&autre cté de la cheminée de mani"re = se #lacer en :ace deson #"re #rit une attitude si )rave 0u&il était im#ossi,le de n&>#as voir les traces d&une mo0uerie et se croisa les ,ras sur la

riche )arniture d&une #"lerine à la neige dont les nom,reusesruches de tulle :urent im#ito>a,lement :roissées. 6#r"s avoirre)ardé de cté et en riant la :i)ure soucieuse de son vieuA#"re elle rom#it le silence.

– @e ne vous ai Damais entendu dire mon cher #"re 0ue le)ouvernement :Nt ses communications en ro,e de cham,re.Fais aDouta;t;elle en souriant n&im#orte le #eu#le ne doit #as

tre di::icile. <o>ons donc vos #roDets de loi et vos #résentationso::icielles.

– @e n&aurai #as touDours la :acilité de vous en :aire Deune:olle Écoute Émilie. Fon intention n&est #as de com#romettre#lus lon)tem#s mon caract"re 0ui est une #artie de la :ortunede mes en:ants = recruter ce ré)iment de danseurs 0ue tu metsen déroute = cha0ue #rintem#s. 5éD= tu as été la cause

innocente de ,ien des ,rouilleries dan)ereuses avec certaines:amilles. @&es#"re 0ue tu com#rendras mieuA auDourd&hui les di:;:icultés de ta #osition et de la ntre. $u as vin)t ans ma :ille et voici #r"s de trois ans 0ue tu devrais tre mariée. $es :r"res tesdeuA sœurs sont tous éta,lis richement et heureusement. Faismon en:ant les dé#enses 0ue nous ont suscitées ces maria)eset le train de maison 0ue tu :ais tenir = ta m"re ont a,sor,é tel;lement nos revenus 0u&= #eine #ourrai;De te donner cent mille

:rancs de dot. 5"s auDourd&hui De veuA m&occu#er du sort = venirde ta m"re 0ui ne doit #as tre sacri:iée = ses en:ants. Émilie si De venais = man0uer = ma :amille madame de 'ontaine ne sau;rait tre = la merci de #ersonne et doit continuer = Douir de l&ai;sance #ar la0uelle D&ai récom#ensé tro# tard son dévouement =mes malheurs. $u vois mon en:ant 0ue la :ai,lesse de ta dot nesaurait tre en harmonie avec tes idées de )randeur. +ncoresera;ce un sacri:ice 0ue De n&ai :ait #our aucun autre de mes en;:ants M mais ils se sont )énéreusement accordés = ne #as se #ré;

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valoir un Dour de l&avanta)e 0ue nous :erons = un en:ant tro#chéri.

– 5ans leur #osition dit Émilie en a)itant la tte avec iro;nie.

– Fa :ille ne dé#réciez Damais ainsi ceuA 0ui vous aiment.!achez 0u&il n&> a 0ue les #auvres de )énéreuA Les riches onttouDours d&eAcellentes raisons #our ne #as a,andonner vin)tmille :rancs = un #arent. +h ,ien ne ,oude #as mon en:ant et#arlons raisonna,lement. Parmi les Deunes )ens = marier n&as;

tu #as remar0ué monsieur de Fanerville R

– h il dit zeu au lieu de Deu il re)arde touDours son #ied#arce 0u&il le croit #etit et il se mire 5&ailleurs il est ,lond Den&aime #as les ,londs.

– +h ,ien monsieur de Beaudenord R

– %l n&est #as no,le. %l est mal :ait et )ros. / la vérité il est ,run. %l :audrait 0ue ces deuA messieurs s&entendissent #ourréunir leurs :ortunes et 0ue le #remier donnIt son cor#s et sonnom au second 0ui )arderait ses cheveuA et alorsX #eut;treX

– Eu&as;tu = dire contre monsieur de 3asti)nac R

– %l est devenu #res0ue ,an0uier dit;elle malicieusement.

– +t le vicomte de Portendu"re notre #arent R

– On en:ant 0ui danse mal et d&ailleurs sans :ortune. +n;:in mon #"re ces )ens;l= n&ont #as de titre. @e veuA tre aumoins comtesse comme l&est ma m"re.

– $u n&as donc vu #ersonne cet hiver 0uiX

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– on mon #"re.

– Eue veuA;tu donc R

– Le :ils d&un #air de 'rance.

– Fa :ille vous tes :olle dit monsieur de 'ontaine en selevant.

Fais tout = cou# il leva les >euA au ciel sem,la #uiser unenouvelle dose de rési)nation dans une #ensée reli)ieuse M #uis

Detant un re)ard de #itié #aternelle sur son en:ant 0ui devintémue il lui #rit la main la serra et lui dit avec attendrisse;ment ? – 5ieu m&en est témoin #auvre créature é)arée D&aiconsciencieusement rem#li mes devoirs de #"re envers toi 0uedis;De consciencieusement R avec amour mon Émilie. ui 5ieule sait cet hiver D&ai amené #r"s de toi #lus d&un honnte hommedont les 0ualités les mœurs le caract"re m&étaient connus ettous ont #aru di)nes de toi. Fon en:ant ma tIche est rem#lie.

5&auDourd&hui De te rends l&ar,itre de ton sort me trouvant heu;reuA et malheureuA tout ensem,le de me voir déchar)é de la#lus lourde des o,li)ations #aternelles. @e ne sais #as si lon);tem#s encore tu entendras une voiA 0ui #ar malheur n&a Damaisété sév"re M mais souviens;toi 0ue le ,onheur conDu)al ne se:onde #as tant sur des 0ualités ,rillantes et sur la :ortune 0uesur une estime réci#ro0ue. Cette :élicité est de sa nature mo;deste et sans éclat. <a ma :ille mon aveu est ac0uis = celui 0ue

tu me #résenteras #our )endre M mais si tu devenais malheu;reuse son)e 0ue tu n&auras #as le droit d&accuser ton #"re. @e neme re:userai #as = :aire des démarches et = t&aider M seulement0ue ton choiA soit sérieuA dé:initi: De ne com#romettrai #asdeuA :ois le res#ect dU = mes cheveuA ,lancs.

L&a::ection 0ue lui témoi)nait son #"re et l&accent solennel0u&il mit = son onctueuse allocution touch"rent vivement made;moiselle de 'ontaine M mais elle dissimula son attendrissement

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sauta sur les )enouA du comte 0ui s&était assis tout trem,lantencore lui :it les caresses les #lus douces et le cIlina avec tantde )rIce 0ue le :ront du vieillard se dérida. Euand Émilie Du)ea

0ue son #"re était remis de sa #éni,le émotion elle lui dit = voiA ,asse ? – @e vous remercie ,ien de votre )racieuse attentionmon cher #"re. <ous avez arran)é votre a##artement #our rece; voir votre :ille chérie. <ous ne saviez #eut;tre #as la trouver si:olle et si re,elle. Fais mon #"re est;il donc ,ien di::icile d&é;#ouser un #air de 'rance R vous #rétendiez 0u&on en :aisait #ardouzaine. 6h du moins vous ne me re:userez #as des conseils.

– on #auvre en:ant non et De te crierai #lus d&une :ois ?Prends )arde !on)e donc 0ue la #airie est un ressort tro# nou; veau dans notre )ouvernementa,ilité comme disait le :eu roi#our 0ue les #airs #uissent #osséder de )randes :ortunes. CeuA0ui sont riches veulent le devenir encore #lus. Le #lus o#ulentde tous les mem,res de notre #airie n&a #as la moitié du revenu0ue #oss"de le moins riche lord de la cham,re haute en 6n)le;terre. r les #airs de 'rance chercheront tous de riches héri;

ti"res #our leurs :ils n&im#orte oQ elles se trouveront. La néces;sité oQ ils sont tous de :aire des maria)es d&ar)ent durera #lusde deuA si"cles. %l est #ossi,le 0u&en attendant l&heureuA hasard0ue tu désires recherche 0ui #eut te coUter tes #lus ,elles an;nées tes charmes Ycar on s&é#ouse considéra,lement #ar amourdans notre si"cleZ tes charmes dis;De o#"rent un #rodi)e.Lors0ue l&eA#érience se cache sous un visa)e aussi :rais 0ue letien l&on #eut en es#érer des merveilles. &as;tu #as d&a,ord la

:acilité de reconnaNtre les vertus dans le #lus ou le moins de vo;lume 0ue #rennent les cor#s R ce n&est #as un #etit mérite 6ussin&ai;De #as ,esoin de #révenir une #ersonne aussi sa)e 0ue toide toutes les di::icultés de l&entre#rise. @e suis certain 0ue tu nesu##oseras Damais = un inconnu du ,on sens en lui vo>ant une:i)ure :latteuse ou des vertus en lui trouvant une Dolie tournure.+n:in De suis #ar:aitement de ton avis sur l&o,li)ation dans la;0uelle sont tous les :ils de #air d&avoir un air = euA et desmani"res tout = :ait distinctives. Euoi0ue auDourd&hui rien ne

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mar0ue le haut ran) ces Deunes )ens;l= auront #our toi #eut;tre un e ne sais !uoi 0ui te les révélera. 5&ailleurs tu tiens toncœur en ,ride comme un ,on cavalier certain de ne #as laisser

,roncher son coursier. Fa :ille ,onne chance.

– $u te mo0ues de moi mon #"re. +h ,ien De te déclare0ue D&irai #lutt mourir au couvent de mademoiselle de Condé0ue de ne #as tre la :emme d&un #air de 'rance.

+lle s&écha##a des ,ras de son #"re et :i"re d&tre sa maN;tresse elle s&en alla en chantant l&air de "ara non dubitare du

#atrimonio secreto. Par hasard la :amille :tait ce Dour;l= l&an;niversaire d&une :te domesti0ue. 6u dessert madame Planat la:emme du receveur;)énéral et l&aNnée d&Émilie #arla assez hau;tement d&un Deune 6méricain #ossesseur d&une immense :or;tune 0ui devenu #assionnément é#ris de sa sœur lui avait :aitdes #ro#ositions eAtrmement ,rillantes.

– C&est un ,an0uier De crois dit né)li)emment Émilie. @e

n&aime #as les )ens de :inance.– Fais Émilie ré#ondit le ,aron de <illaine le mari de la

seconde sœur de mademoiselle de 'ontaine vous n&aimez #asnon #lus la ma)istrature de mani"re 0ue De ne vois #as tro# si vous re#oussez les #ro#riétaires non titrés dans 0uelle classe vous choisirez un mari.

– !urtout Émilie avec ton s>st"me de mai)reur aDouta lelieutenant;)énéral.

– @e sais ré#ondit la Deune :ille ce 0u&il me :aut.

– Fa sœur veut un )rand nom dit la ,aronne de 'ontaineet cent mille livres de rente monsieur de Farsa> #ar eAem#le

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– @e sais ma ch"re sœur re#rit Émilie 0ue De ne :erai #asun sot maria)e comme D&en ai tant vu :aire. 5&ailleurs #our évi;ter ces discussions nu#tiales De déclare 0ue De re)arderai

comme les ennemis de mon re#os ceuA 0ui me #arleront de ma;ria)e.

On oncle d&Émilie un vice;amiral dont la :ortune venait des&au)menter d&une vin)taine de mille livres de rente #ar suite dela loi d&indemnité vieillard se#tua)énaire en #ossession de direde dures vérités = sa #etite;ni"ce de la0uelle il ra::olait s&écria#our dissi#er l&ai)reur de cette conversation ? – e tourmentez

donc #as ma #auvre Émilie ne vo>ez;vous #as 0u&elle attend lamaDorité du duc de BordeauA

On rire universel accueillit la #laisanterie du vieillard.

– Prenez )arde 0ue De ne vous é#ouse vieuA :ou re#artit la Deune :ille dont les derni"res #aroles :urent heureusementétou::ées #ar le ,ruit.

– Fes en:ants dit madame de 'ontaine #our adoucir cetteim#ertinence Émilie de mme 0ue vous tous ne #rendraconseil 0ue de sa m"re.

– [ mon 5ieu De n&écouterai 0ue moi dans une a::aire 0uine re)arde 0ue moi dit :ort distinctement mademoiselle de'ontaine.

$ous les re)ards se #ort"rent alors sur le che: de la :amille.Chacun sem,lait tre curieuA de voir comment il allait s&>#rendre #our maintenir sa di)nité. on;seulement le vénéra,le <endéen Douissait d&une )rande considération dans le monde Mmais encore #lus heureuA 0ue ,ien des #"res il était a##récié#ar sa :amille dont tous les mem,res avaient su reconnaNtre les0ualités solides 0ui lui servaient = :aire la :ortune des siens. 6ussi était;il entouré de ce #ro:ond res#ect 0ue témoi)nent les

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:amilles an)laises et 0uel0ues maisons aristocrati0ues du conti;nent au re#résentant de l&ar,re )énéalo)i0ue. %l s&éta,lit un #ro;:ond silence et les >euA des convives se #ort"rent alternative;

ment sur la :i)ure ,oudeuse et alti"re de l&en:ant )Ité et sur les visa)es sév"res de monsieur et de madame de 'ontaine.

– @&ai laissé ma :ille Émilie maNtresse de son sort :ut la ré;#onse 0ue laissa tom,er le comte d&un son de voiA #ro:ond.

Les #arents et les convives re)ard"rent alors mademoisellede 'ontaine avec une curiosité mlée de #itié. Cette #arole sem;

,lait annoncer 0ue la ,onté #aternelle s&était lassée de luttercontre un caract"re 0ue la :amille savait tre incorri)i,le. Les)endres murmur"rent et les :r"res lanc"rent = leurs :emmesdes sourires mo0ueurs. 5"s ce moment chacun cessa de s&in;téresser au maria)e de l&or)ueilleuse :ille. !on vieil oncle :ut leseul 0ui en sa 0ualité d&ancien marin osIt courir des ,ordéesavec elle et essu>er ses ,outades sans tre Damais em,arrasséde lui rendre :eu #our :eu.

Euand la ,elle saison :ut venue a#r"s le vote du ,ud)etcette :amille vérita,le mod"le des :amilles #arlementaires del&autre ,ord de la Fanche 0ui ont un #ied dans toutes les admi;nistrations et diA voiA auA Communes s&envola comme une ni;chée d&oiseauA vers les ,eauA sites d&6ulna> d&6nton> et deChItena>. L&o#ulent receveur;)énéral avait récemment achetédans ces #ara)es une maison de cam#a)ne #our sa :emme 0ui

ne restait = Paris 0ue #endant les sessions. Euoi0ue la ,elleÉmilie mé#risIt la roture ce sentiment n&allait #as Dus0u&= dé;dai)ner les avanta)es de la :ortune amassée #ar les ,our)eois.+lle accom#a)na donc sa sœur = sa villa som#tueuse moins #aramitié #our les #ersonnes de sa :amille 0ui s&> ré:u)i"rent 0ue#arce 0ue le ,on ton ordonne im#érieusement = toute :emme0ui se res#ecte d&a,andonner Paris #endant l&été. Les vertescam#a)nes de !ceauA rem#lissaient admira,lement ,ien lesconditions eAi)ées #ar le ,on ton et le devoir des char)es #u;

– V –



,li0ues. Comme il est un #eu douteuA 0ue la ré#utation du ,alcham#tre de !ceauA ait Damais dé#assé l&enceinte du dé#arte;ment de la !eine il est nécessaire de donner 0uel0ues détails

sur cette :te he,domadaire 0ui #ar son im#ortance menaJaitalors de devenir une institution. Les environs de la #etite villede !ceauA Douissent d&une renommée due = des sites 0ui #assent#our tre ravissants. Peut;tre sont;ils :ort ordinaires et nedoivent;ils leur célé,rité 0u&= la stu#idité des ,our)eois de Pa;ris 0ui au sortir des a,Nmes de moellon oQ ils sont ensevelisseraient dis#osés = admirer les #laines de la Beauce. Ce#endantles #oéti0ues om,ra)es d&6ulna> les collines d&6nton> et la val;

lée de Bi"vre étant ha,ités #ar 0uel0ues artistes 0ui ont vo>a)é#ar des étran)ers )ens :ort di::iciles et #ar nom,re de Dolies:emmes 0ui ne man0uent #as de )oUt il est = croire 0ue les Pa;risiens ont raison. Fais !ceauA #oss"de un autre attrait nonmoins #uissant sur le Parisien. 6u milieu d&un Dardin d&oQ se dé;couvrent de délicieuA as#ects se trouve une immense rotondeouverte de toutes #arts dont le dme aussi lé)er 0ue vaste estsoutenu #ar d&élé)ants #iliers. Ce dais cham#tre #rot")e une

salle de danse. %l est rare 0ue les #ro#riétaires les #lus collets;montés du voisina)e n&émi)rent #as une :ois ou deuA #endant lasaison vers ce #alais de la $er#sichore villa)eoise soit en caval;cades ,rillantes soit dans ces élé)antes et lé)"res voitures 0uisau#oudrent de #oussi"re les #iétons #hiloso#hes. L&es#oir derencontrer l= 0uel0ues :emmes du ,eau monde et d&tre vus #arelles l&es#oir moins souvent trom#é d&> voir de Deunes #a>;sannes aussi rusées 0ue des Du)es :ait accourir le dimanche au

,al de !ceauA de nom,reuA essaims de clercs d&avoués de dis;ci#les d&+scula#e et de Deunes )ens dont le teint ,lanc et la :raN;cheur sont entretenus #ar l&air humide des arri"re;,outi0ues#arisiennes. 6ussi ,on nom,re de maria)es ,our)eois se sont;ils é,auchés auA sons de l&orchestre 0ui occu#e le centre de cettesalle circulaire. !i le toit #ouvait #arler 0ue d&amours ne racon;terait;il #as Cette intéressante mlée rend le ,al de !ceauA #lus#i0uant 0ue ne le sont deuA ou trois autres ,als des environs deParis sur les0uels sa rotonde la ,eauté du site et les a)réments

– 1 –



de son Dardin lui donnent d&incontesta,les avanta)es. Émilie la#remi"re mani:esta le désir d&aller faire peuple = ce Do>euA ,alde l&arrondissement en se #romettant un énorme #laisir = se

trouver au milieu de cette assem,lée. n s&étonna de son désird&errer au sein d&une telle cohue M mais l&inco)nito n&est;il #as#our les )rands une tr"s;vive Douissance Fademoiselle de 'on;taine se #laisait = se :i)urer toutes ces tournures citadines ellese vo>ait laissant dans #lus d&un cœur ,our)eois le souvenird&un re)ard et d&un sourire enchanteurs riait déD= des dan;seuses = #rétentions et taillait ses cra>ons #our les sc"nes avecles0uelles elle com#tait enrichir les #a)es de son al,um sati;

ri0ue. Le dimanche n&arriva Damais assez tt au )ré de son im#a;tience. La société du #avillon Planat se mit en route = #ied a:inde ne #as commettre d&indiscrétion sur le ran) des #ersonna)es0ui voulaient honorer le ,al de leur #résence. n avait dNné de ,onne heure. +n:in le mois de mai :avorisa cette esca#adearistocrati0ue #ar la #lus ,elle de ses soirées. Fademoiselle de'ontaine :ut tout sur#rise de trouver sous la rotonde 0uel0ues0uadrilles com#osés de #ersonnes 0ui #araissaient a##artenir =

la ,onne com#a)nie. +lle vit ,ien J= et l= 0uel0ues Deunes )ens0ui sem,laient avoir em#lo>é les économies d&un mois #our ,riller #endant une Dournée et reconnut #lusieurs cou#les dontla Doie tro# :ranche n&accusait rien de conDu)al M mais elle n&eut0u&= )laner au lieu de récolter. +lle s&étonna de voir le #laisir ha; ,illé de #ercale ressem,ler si :ort au #laisir vtu de satin et la ,our)eoisie danser avec autant de )rIce et 0uel0ue:ois mieuA0ue ne dansait la no,lesse. La #lu#art des toilettes étaient

sim#les et ,ien #ortées. CeuA 0ui dans cette assem,lée re;#résentaient les suzerains du territoire c&est;=;dire les #a>sansse tenaient dans leur coin avec une incro>a,le #olitesse. %l :allutmme = mademoiselle Émilie une certaine étude des diverséléments 0ui com#osaient cette réunion avant de #ouvoir >trouver un suDet de #laisanterie. Fais elle n&eut ni le tem#s de selivrer = ses malicieuses criti0ues ni le loisir d&entendre ,eau;cou# de ses #ro#os saillants 0ue les caricaturistes recueillentavec Doie. L&or)ueilleuse créature rencontra su,itement dans ce

– 2 –



vaste cham# une :leur la méta#hore est de saison dont l&éclat etles couleurs a)irent sur son ima)ination avec les #resti)es d&unenouveauté. %l nous arrive souvent de re)arder une ro,e une ten;

ture un #a#ier ,lanc avec assez de distraction #our n&> #asa#ercevoir sur;le;cham# une tache ou 0uel0ue #oint ,rillant 0ui#lus tard :ra##ent tout = cou# notre œil comme s&ils > surve;naient = l&instant seulement oQ nous les vo>ons M #ar une es#"cede #hénom"ne moral assez sem,la,le = celui;l= mademoisellede 'ontaine reconnut dans un Deune homme le t>#e des #er:ec;tions eAtérieures 0u&elle rvait de#uis si lon);tem#s.

6ssise sur une de ces chaises )rossi"res 0ui décrivaientl&enceinte o,li)ée de la salle elle s&était #lacée = l&eAtrémité du)rou#e :ormé #ar sa :amille a:in de #ouvoir se lever ou s&avan;cer suivant ses :antaisies en se com#ortant avec les vivants ta; ,leauA et les )rou#es o::erts #ar cette salle comme = l&eA#osi;tion du Fusée. +lle ,ra0uait im#ertinemment son lor)non surune #ersonne 0ui se trouvait = deuA #as d&elle et :aisait ses ré;:leAions comme si elle eUt criti0ué ou loué une tte d&étude une

sc"ne de )enre. !es re)ards a#r"s avoir erré sur cette vaste toileanimée :urent tout = cou# saisis #ar cette :i)ure 0ui sem,laitavoir été mise eA#r"s dans un coin du ta,leau sous le #lus ,eau Dour comme un #ersonna)e hors de toute #ro#ortion avec lereste. L&inconnu rveur et solitaire lé)"rement a##u>é sur unedes colonnes 0ui su##ortent le toit avait les ,ras croisés et setenait #enché comme s&il se :Ut #lacé l= #our #ermettre = un#eintre de :aire son #ortrait. Euoi0ue #leine d&élé)ance et de

:ierté cette attitude était eAem#te d&a::ectation. 6ucun )este nedémontrait 0u&il eUt mis sa :ace de trois 0uarts et :ai,lement in;cliné sa tte = droite comme 6leAandre comme lord B>ron et0uel0ues autres )rands hommes dans le seul ,ut d&attirer surlui l&attention. !on re)ard :iAe suivait les mouvements d&unedanseuse en trahissant 0uel0ue sentiment #ro:ond. !a taillesvelte et dé)a)ée ra##elait les ,elles #ro#ortions de l&6#ollon.5e ,eauA cheveuA noirs se ,ouclaient naturellement sur son:ront élevé. 5&un seul cou# d&œil mademoiselle de 'ontaine re;

– –



mar0ua la :inesse de son lin)e la :raNcheur de ses )ants de che; vreau évidemment #ris chez le ,on :aiseur et la #etitesse d&un#ied ,ien chaussé dans une ,otte de #eau d&%rlande. %l ne #ortait

aucun de ces i)no,les ,rim,orions dont se char)ent les anciens#etits;maNtres de la )arde nationale ou les 6donis de com#toir.!eulement un ru,an noir au0uel était sus#endu son lor)non:lottait sur un )ilet d&une cou#e distin)uée. @amais la di::icileÉmilie n&avait vu les >euA d&un homme om,ra)és #ar des cils silon)s et si recour,és. La mélancolie et la #assion res#iraientdans cette :i)ure caractérisée #ar un teint olivItre et mIle. !a ,ouche sem,lait touDours #rte = sourire et = relever les coins de

deuA l"vres élo0uentes M mais cette dis#osition loin de tenir = la)aieté révélait #lutt une sorte de )rIce triste. %l > avait tro#d&avenir dans cette tte tro# de distinction dans la #ersonne#our 0u&on #Ut dire ? – <oil= un ,el homme ou un Doli homme on désirait le connaNtre. +n vo>ant l&inconnu l&o,servateur le#lus #ers#icace n&aurait #u s&em#cher de le #rendre #our unhomme de talent attiré #ar 0uel0ue intért #uissant = cette :tede villa)e.

Cette masse d&o,servations ne coUta )u"re = Émilie 0u&unmoment d&attention #endant le0uel cet homme #rivilé)ié sou;mis = une anal>se sév"re devint l&o,Det d&une secr"te admira;tion. +lle ne se dit #as ? – %l :aut 0u&il soit #air de 'rance mais– h s&il est no,le et il doit l&treX !ans achever sa #enséeelle se leva tout = cou# alla suivie de son :r"re le lieutenant;)é;néral vers cette colonne en #araissant re)arder les Do>euA 0ua;

drilles M mais #ar un arti:ice d&o#ti0ue :amilier auA :emmes ellene #erdait #as un seul des mouvements du Deune homme de 0uielle s&a##rocha. L&inconnu s&éloi)na #oliment #our céder la#lace auA deuA survenants et s&a##u>a sur une autre colonne.Émilie aussi #i0uée de la #olitesse de l&étran)er 0u&elle l&eUt étéd&une im#ertinence se mit = causer avec son :r"re en élevant la voiA ,eaucou# #lus 0ue le ,on ton ne le voulait M elle #rit desairs de tte multi#lia ses )estes et rit sans tro# en avoir suDetmoins #our amuser son :r"re 0ue #our attirer l&attention de

– ( –



l&im#ertur,a,le inconnu. 6ucun de ces #etits arti:ices ne réussit.Fademoiselle de 'ontaine suivit alors la direction 0ue #re;naient les re)ards du Deune homme et a#erJut la cause de cette

insouciance.

6u milieu du 0uadrille 0ui se trouvait devant elle dansaitune Deune #ersonne #Ile et sem,la,le = ces déités écossaises0ue Tirodet a #lacées dans son immense com#osition des )uer;riers :ranJais reJus #ar ssian. Émilie crut reconnaNtre en elleune illustre lad> 0ui était venue ha,iter de#uis #eu de tem#sune cam#a)ne voisine. +lle avait #our cavalier un Deune homme

de 0uinze ans auA mains rou)es en #antalon de nan-in en ha; ,it ,leu en souliers ,lancs 0ui #rouvait 0ue son amour #our ladanse ne la rendait #as di::icile sur le choiA de ses #artners. !esmouvements ne se ressentaient #as de son a##arente :ai,lesse Mmais une rou)eur lé)"re colorait déD= ses Doues ,lanches et sonteint commenJait = s&animer. Fademoiselle de 'ontaine s&a#;#rocha du 0uadrille #our #ouvoir eAaminer l&étran)"re au mo;ment oQ elle reviendrait = sa #lace #endant 0ue les vis;=;vis ré;

#éteraient la :i)ure 0u&elle eAécutait. Fais l&inconnu s&avanJa se#encha vers la Dolie danseuse et la curieuse Émilie #ut entendredistinctement ces #aroles 0uoi0ue #rononcées d&une voiA = la:ois im#érieuse et douce ? – Clara mon en:ant ne dansez #lus.

Clara :it une #etite moue ,oudeuse inclina la tte en si)ned&o,éissance et :init #ar sourire. 6#r"s la contredanse le Deunehomme eut les #récautions d&un amant en mettant sur les

é#aules de la Deune :ille un chIle de cachemire et la :it asseoirde mani"re = ce 0u&elle :Ut = l&a,ri du vent. Puis ,ientt made;moiselle de 'ontaine 0ui les vit se lever et se #romener autourde l&enceinte comme des )ens dis#osés = #artir trouva le mo>ende les suivre sous #réteAte d&admirer les #oints de vue du Dardin.!on :r"re se #rta avec une malicieuse ,onhomie auA ca#ricesde cette marche assez va)a,onde. Émilie a#erJut alors ce Dolicou#le montant dans un élé)ant til,ur> 0ue )ardait un do;mesti0ue = cheval et en livrée. 6u moment oQ le Deune homme

– –



:ut assis et tIcha de rendre les )uides é)ales elle o,tint d&a,ordde lui un de ces re)ards 0ue l&on Dette sans ,ut sur les )randes:oules M mais elle eut la :ai,le satis:action de lui voir retourner la

tte = deuA re#rises di::érentes et la Deune inconnue l&imita.Était;ce Dalousie R

– @e #résume 0ue tu as maintenant assez o,servé le Dardinlui dit son :r"re nous #ouvons retourner = la danse.

– @e le veuA ,ien ré#ondit;elle. Cro>ez;vous 0ue ce soitlad> 5udle> R

– +lle ne sortirait #as sans 'éliA de <andenesse lui dit son:r"re en souriant.

– Lad> 5udle> ne #eut;elle #as avoir chez elle des#arentsX

– On Deune homme oui re#rit le ,aron de 'ontaine M mais

une Deune #ersonne non Le lendemain mademoiselle de 'ontaine mani:esta le désir

de :aire une #romenade = cheval. %nsensi,lement elle accoutu;ma son vieil oncle et ses :r"res = l&accom#a)ner dans certainescourses matinales tr"s;salutaires disait;elle #our sa santé. +llea::ectionnait sin)uli"rement les alentours du villa)e ha,ité #arlad> 5udle>. Fal)ré ses manœuvres de cavalerie elle ne revit

#as l&étran)er aussi #rom#tement 0ue la Do>euse recherche = la;0uelle elle se livrait #ouvait le lui :aire es#érer. +lle retourna#lusieurs :ois au ,al de !ceauA sans #ouvoir > retrouver le Deune 6n)lais tom,é du ciel #our dominer ses rves et les em; ,ellir. Euoi0ue rien n&ai)uillonne #lus le naissant amour d&une Deune :ille 0u&un o,stacle il > eut ce#endant un moment oQ ma;demoiselle Émilie de 'ontaine :ut sur le #oint d&a,andonner sonétran)e et secr"te #oursuite en déses#érant #res0ue du succ"sd&une entre#rise dont la sin)ularité #eut donner une idée de la

– S –



hardiesse de son caract"re. +lle aurait #u en e::et tourner lon);tem#s autour du villa)e de ChItena> sans revoir son inconnu.La Deune Clara #uis0ue tel est le nom 0ue mademoiselle de

'ontaine avait entendu n&était #as 6n)laise et le #rétenduétran)er n&ha,itait #as les ,os0uets :leuris et em,aumés deChItena>.

On soir Émilie sortie = cheval avec son oncle 0ui de#uisles ,eauA Dours avait o,tenu de sa )outte une assez lon)ue ces;sation d&hostilités rencontra lad> 5udle>. L&illustre étran)"reavait au#r"s d&elle dans sa cal"che monsieur de <andenesse.

Émilie reconnut le cou#le et ses su##ositions :urent en un mo;ment dissi#ées comme se dissi#ent les rves. 5é#itée commetoute :emme :rustrée dans son attente elle tourna ,ride si ra#i;dement 0ue son oncle eut toutes les #eines du monde = lasuivre tant elle avait lancé son #one>.

– @e suis a##aremment devenu tro# vieuA #our com;#rendre ces es#rits de vin)t ans se dit le marin en mettant son

cheval au )alo# ou #eut;tre la Deunesse d&auDourd&hui ne res;sem,le;t;elle #lus = celle d&autre:ois. Fais 0u&a donc ma ni"ce RLa voil= maintenant 0ui marche = #etits #as comme un )en;darme en #atrouille dans les rues de Paris. e dirait;on #as0u&elle veut cerner ce ,rave ,our)eois 0ui m&a l&air d&tre un au;teur rvassant = ses #oésies car il a De crois un album = lamain. Par ma :oi De suis un )rand sot e serait;ce #as le Deunehomme en 0ute de 0ui nous sommes R

/ cette #ensée le vieuA marin :it marcher tout doucementson cheval sur le sa,le de mani"re = #ouvoir arriver sans ,ruitau#r"s de sa ni"ce. Le vice;amiral avait :ait tro# de noirceursdans les années 11 et suivantes é#o0ues de nos annales oQ la)alanterie était en honneur #our ne #as deviner sur;le;cham#0u&Émilie avait #ar le #lus )rand hasard rencontré l&inconnu du ,al de !ceauA. Fal)ré le voile 0ue l&I)e ré#andait sur ses >euA)ris le comte de Ger)arout sut reconnaNtre les indices d&une

– –



a)itation eAtraordinaire chez sa ni"ce en dé#it de l&immo,ilité0u&elle essa>ait d&im#rimer = son visa)e. Les >euA #erJants de la Deune :ille étaient :iAés avec une sorte de stu#eur sur l&étran)er

0ui marchait #aisi,lement devant elle.

– C&est ,ien Ja se dit le marin elle va le suivre comme un vaisseau marchand suit un corsaire. Puis 0uand elle l&aura vus&éloi)ner elle sera au déses#oir de ne #as savoir 0ui elle aimeet d&i)norer si c&est un mar0uis ou un ,our)eois. <raiment les Deunes ttes devraient touDours avoir au#r"s d&elles une vieille#erru0ue comme moiX

%l #oussa tout = cou# son cheval = l&im#roviste de mani"re =:aire #artir celui de sa ni"ce et #assa si vite entre elle et le Deune#romeneur 0u&il le :orJa de se Deter sur le talus de verdure 0uiencaissait le chemin. 6rrtant aussitt son cheval le comte s&é;cria ? – e #ouviez;vous #as vous ran)er R

– 6h #ardon monsieur ré#ondit l&inconnu. @&i)norais

0ue ce :Ut = moi de vous :aire des eAcuses de ce 0ue vous avez:ailli me renverser.

– +h l&ami :inissons re#rit ai)rement le marin en #re;nant un son de voiA dont le ricanement avait 0uel0ue chosed&insultant.

+n mme tem#s le comte leva sa cravache comme #our

:ouetter son cheval et toucha l&é#aule de son interlocuteur endisant ? – Le ,our)eois li,éral est raisonneur tout raisonneurdoit tre sa)e.

Le Deune homme )ravit le talus de la route en entendant cesarcasme M il se croisa les ,ras et ré#ondit d&un ton :ort ému ? –Fonsieur De ne #uis croire en vo>ant vos cheveuA ,lancs 0ue vous vous amusiez encore = chercher des duels.

– 8 –



– CheveuA ,lancs R s&écria le marin en l&interrom#ant tu enas menti #ar ta )or)e ils ne sont 0ue )ris.

One dis#ute ainsi commencée devint en 0uel0ues secondessi chaude 0ue le Deune adversaire ou,lia le ton de modération0u&il s&était e::orcé de conserver. 6u moment oQ le comte deGer)arout vit sa ni"ce arrivant = euA avec toutes les mar0uesd&une vive in0uiétude il donnait son nom = son anta)oniste enlui disant de )arder le silence devant la Deune #ersonne con:iée =ses soins. L&inconnu ne #ut s&em#cher de sourire et remit unecarte au vieuA marin en lui :aisant o,server 0u&il ha,itait une

maison de cam#a)ne = Chevreuse et s&éloi)na ra#idement a#r"sla lui avoir indi0uée.

– <ous avez man0ué ,lesser ce #auvre #é-in ma ni"ce ditle comte en s&em#ressant d&aller au;devant d&Émilie. <ous ne sa; vez donc #lus tenir votre cheval en ,ride. <ous me laissez l=com#romettre ma di)nité #our couvrir vos :olies M tandis 0ue si vous étiez restée un seul de vos re)ards ou une de vos #aroles

#olies une de celles 0ue vous dites si Doliment 0uand vous n&tes#as im#ertinente aurait tout raccommodé lui eussiez;vous cas;sé le ,ras.

– +h mon cher oncle c&est votre cheval et non le mien0ui est la cause de cet accident. @e crois en vérité 0ue vous ne#ouvez #lus monter = cheval vous n&tes déD= #lus si ,on cava;lier 0ue vous l&étiez l&année derni"re. Fais au lieu de dire des

riensX– 5iantre des riens. Ce n&est donc rien 0ue de :aire une

im#ertinence = votre oncle R

– e devrions;nous #as aller savoir si ce Deune homme est ,lessé R %l ,oite mon oncle vo>ez donc.

– on il court. 6h De l&ai rudement mori)éné.

– 9 –



– 6h mon oncle De vous reconnais l=.

– Halte;l= ma ni"ce dit le comte en arrtant le chevald&Émilie #ar la ,ride. @e ne vois #as la nécessité de :aire desavances = 0uel0ue ,outi0uier tro# heureuA d&avoir été Deté =terre #ar une charmante Deune :ille ou #ar le commandant de la Belle$Poule.

– Pour0uoi cro>ez;vous 0ue ce soit un roturier mon cheroncle R %l me sem,le 0u&il a des mani"res :ort distin)uées.

– $out le monde a des mani"res auDourd&hui ma ni"ce.

– on mon oncle tout le monde n&a #as l&air et la tournure0ue donne l&ha,itude des salons et De #arierais avec vous volon;tiers 0ue ce Deune homme est no,le.

– <ous n&avez #as tro# eu le tem#s de l&eAaminer.

– Fais ce n&est #as la #remi"re :ois 0ue De le vois.

– +t ce n&est #as non #lus la #remi"re :ois 0ue vous le cher;chez lui ré#li0ua l&amiral en riant.

Émilie rou)it son oncle se #lut = la laisser 0uel0ue tem#sdans l&em,arras M #uis il lui dit ? – Émilie vous savez 0ue De vous

aime comme mon en:ant #récisément #arce 0ue vous tes laseule de la :amille 0ui a>ez cet or)ueil lé)itime 0ue donne unehaute naissance. 5iantre ma #etite;ni"ce 0ui aurait cru 0ue les ,ons #rinci#es deviendraient si rares R +h ,ien De veuA tre votre con:ident. Fa ch"re #etite De vois 0ue ce Deune )entil;homme ne vous est #as indi::érent. Chut %ls se mo0ueraient denous dans la :amille si nous nous em,ar0uions sous un méchant#avillon. <ous savez ce 0ue cela veut dire. 6insi laissez;moi vous

– (V –



aider ma ni"ce. Tardons;nous tous deuA le secret et De vous#romets de l&amener au milieu du salon.

– +t 0uand mon oncle R

– 5emain.

– Fais mon cher oncle De ne serai o,li)ée = rien R

– / rien du tout et vous #ourrez le ,om,arder l&incendieret le laisser l= comme une vieille cara0ue si cela vous #laNt. Ce ne

sera #as le #remier n&est;ce #as R

– \tes;vous ,on mon oncle

6ussitt 0ue le comte :ut rentré il mit ses ,esicles tira se;cr"tement la carte de sa #oche et lut ? F6K%F%L%+ L;TO+<%LL+ 3O+ 5O !+$%+3.

– !o>ez tran0uille ma ch"re ni"ce dit;il = Émilie vous#ouvez le har#onner en toute sécurité de conscience il a##ar;tient = l&une de nos :amilles histori0ues M et s&il n&est #as #air de'rance il le sera in:ailli,lement.

– 5&oQ savez;vous tant de choses R

– C&est mon secret.

– <ous connaissez donc son nom R

Le comte inclina en silence sa tte )rise 0ui ressem,lait as;sez = un vieuA tronc de chne autour du0uel auraient volti)é0uel0ues :euilles roulées #ar le :roid d&automne M = ce si)ne sani"ce vint essa>er sur lui le #ouvoir touDours neu: de ses co0uet;teries. %nstruite dans l&art de caDoler le vieuA marin elle lui #ro;di)ua les caresses les #lus en:antines les #aroles les #lus

– (1 –



tendres M elle alla mme Dus0u&= l&em,rasser a:in d&o,tenir delui la révélation d&un secret si im#ortant. Le vieillard 0ui #assaitsa vie = :aire Douer = sa ni"ce ces sortes de sc"nes et 0ui les

#a>ait souvent #ar le #riA d&une #arure ou #ar l&a,andon de salo)e auA %taliens se com#lut cette :ois = se laisser #rier et sur;tout caresser. Fais comme il :aisait durer ses #laisirs tro# lon);tem#s Émilie se :Icha #assa des caresses auA sarcasmes et ,ouda #uis elle revint dominée #ar la curiosité. Le marin di#lo;mate o,tint solennellement de sa ni"ce une #romesse d&tre =l&avenir #lus réservée #lus douce moins volontaire de dé#en;ser moins d&ar)ent et surtout de lui tout dire. Le traité conclu et

si)né #ar un ,aiser 0u&il dé#osa sur le :ront ,lanc d&Émilie il l&a;mena dans un coin du salon l&assit sur ses )enouA #laJa la cartesous ses deuA #ouces de mani"re = la cacher découvrit lettre =lettre le nom de Lon)ueville et re:usa :ort o,stinément d&enlaisser voir davanta)e. Cet événement rendit le sentiment secretde mademoiselle de 'ontaine #lus intense. +lle déroula #endantune )rande #artie de la nuit les ta,leauA les #lus ,rillants desrves #ar les0uels elle avait nourri ses es#érances. +n:in )rIce =

ce hasard im#loré si souvent elle vo>ait maintenant tout autrechose 0u&une chim"re = la source des richesses ima)inaires avecles0uelles elle dorait sa vie conDu)ale. Comme toutes les Deunes#ersonnes i)norant les dan)ers de l&amour et du maria)e ellese #assionna #our les dehors trom#eurs du maria)e et de l&a;mour. &est;ce #as dire 0ue son sentiment na0uit commenaissent #res0ue tous ces ca#rices du #remier I)e douces etcruelles erreurs 0ui eAercent une si :atale in:luence sur

l&eAistence des Deunes :illes assez ineA#érimentées #our ne s&enremettre 0u&= elles;mmes du soin de leur ,onheur = venir R Lelendemain matin avant 0u&Émilie :Ut réveillée son oncle avaitcouru = Chevreuse. +n reconnaissant dans la cour d&un élé)ant#avillon le Deune homme 0u&il avait si résolument insulté la veille il alla vers lui avec cette a::ectueuse #olitesse des vieillards de l&ancienne cour.

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– +h mon cher monsieur 0ui aurait dit 0ue De me :eraisune a::aire = l&I)e de soiAante;treize ans avec le :ils ou le #etit;:ils d&un de mes meilleurs amis R @e suis vice;amiral monsieur.

&est;ce #as vous dire 0ue De m&em,arrasse aussi #eu d&un duel0ue de :umer un ci)are. 5ans mon tem#s deuA Deunes )ens ne#ouvaient devenir intimes 0u&a#r"s avoir vu la couleur de leursan). Fais ventre;de;,iche hier D&avais en ma 0ualité de ma;rin em,ar0ué un #eu tro# de rhum = ,ord et D&ai som,ré sur vous. $ouchez l= @&aimerais mieuA recevoir cent re,u::adesd&un Lon)ueville 0ue de causer la moindre #eine = sa :amille.

Euel0ue :roideur 0ue le Deune homme s&e::orJIt de mar;0uer au comte de Ger)arout il ne #ut lon);tem#s tenir = la:ranche ,onté de ses mani"res et se laissa serrer la main.

– <ous alliez monter = cheval dit le comte ne vous )nez#as. Fais = moins 0ue vous n&a>ez des #roDets venez avec moi De vous invite = dNner auDourd&hui au #avillon Planat. Fon ne; veu le comte de 'ontaine est un homme essentiel = connaNtre.

6h De #rétends mor,leu vous dédomma)er de ma ,rus0uerieen vous #résentant = cin0 des #lus Dolies :emmes de Paris. Hé hé Deune homme votre :ront se déride. @&aime les Deunes )enset D&aime = les voir heureuA. Leur ,onheur me ra##elle les ,ien;:aisantes années de ma Deunesse oQ les aventures ne man;0uaient #as #lus 0ue les duels. n était )ai alors 6uDourd&hui vous raisonnez et l&on s&in0ui"te de tout comme s&il n&> avait euni 0uinzi"me ni seizi"me si"cles.

– Fais monsieur n&avons;nous #as raison R Le seizi"mesi"cle n&a donné 0ue la li,erté reli)ieuse = l&+uro#e et le diA;neuvi"me lui donnera la li,erté #olX

– 6h ne #arlons #as #oliti0ue. @e suis une ganac%e d&ul;tr= vo>ez;vous. Fais De n&em#che #as les Deunes )ens d&tre ré; volutionnaires #ourvu 0u&ils laissent au 3oi la li,erté de dissi;#er leurs attrou#ements.

– ( –



/ 0uel0ues #as de l= lors0ue le comte et son Deune com#a;)non :urent au milieu des ,ois le marin avisa un Deune ,ouleau

assez mince arrta son cheval #rit un de ses #istolets et la ,alle alla se lo)er au milieu de l&ar,re = 0uinze #as de distance.

– <ous vo>ez mon cher 0ue De ne crains #as un duel dit;ilavec une )ravité comi0ue en re)ardant monsieur Lon)ueville.

– i moi non #lus re#rit ce dernier 0ui arma #rom#tementson #istolet visa le trou :ait #ar la ,alle du comte et #laJa la

sienne #r"s de ce ,ut.

– <oil= ce 0ui s&a##elle un Deune homme ,ien élevé s&écriale marin avec une sorte d&enthousiasme.

Pendant la #romenade 0u&il :it avec celui 0u&il re)ardaitdéD= comme son neveu il trouva mille occasions de l&interro)ersur toutes les ,a)atelles dont la #ar:aite connaissance consti;

tuait selon son code #articulier un )entilhomme accom#li.– 6vez;vous des dettes demanda;t;il en:in = son com#a;

)non a#r"s ,ien des 0uestions.

– on monsieur.

– Comment vous #a>ez tout ce 0ui vous est :ourni R

– +Aactement monsieur M autrement nous #erdrions toutcrédit et toute es#"ce de considération.

– Fais au moins vous avez #lus d&une maNtresse R 6h vousrou)issez mon camarade RX les mœurs ont ,ien chan)é. 6vecces idées d&ordre lé)al de -antisme et de li,erté la Deunesses&est )Itée. <ous n&avez ni Tuimard ni 5uthé ni créanciers et vous ne savez #as le ,lason M mais mon Deune ami vous n&tes

– (( –



#as élevé & !achez 0ue celui 0ui ne :ait #as ses :olies au#rintem#s les :ait en hiver. !i D&ai 0uatre;vin)t mille livres derente = soiAante;diA ans c&est 0ue D&en ai man)é le ca#ital =

trente ansX h avec ma :emme en tout ,ien tout honneur.éanmoins vos im#er:ections ne m&em#cheront #as de vousannoncer au #avillon Planat. !on)ez 0ue vous m&avez #romis d&> venir et De vous > attends.

– Euel sin)ulier #etit vieillard se dit le Deune Lon)uevilleil est vert et )aillard M mais 0uoi0u&il veuille #araNtre ,onhomme De ne m&> :ierai #as.

Le lendemain vers 0uatre heures au moment oQ la com#a;)nie était é#arse dans les salons ou au ,illard un domesti0ueannonJa auA ha,itants du #avillon Planat ? Fonsieur de Lon;)ueville. 6u nom du :avori du vieuA comte de Ger)arout toutle monde Dus0u&au Doueur 0ui allait man0uer une ,ille accou;rut autant #our o,server la contenance de mademoiselle de'ontaine 0ue #our Du)er le #héniA humain 0ui avait mérité une

mention honora,le au détriment de tant de rivauA. One miseaussi élé)ante 0ue sim#le des mani"res #leines d&aisance des:ormes #olies une voiA douce et d&un tim,re 0ui :aisait vi,rerles cordes du cœur concili"rent = monsieur Lon)ueville la ,ien; veillance de toute la :amille. %l ne sem,la #as étran)er au luAede la demeure du :astueuA receveur;)énéral. Euoi0ue sa conver;sation :Ut celle d&un homme du monde chacun #ut :acilementdeviner 0u&il avait reJu la #lus ,rillante éducation et 0ue ses

connaissances étaient aussi solides 0u&étendues. %l trouva si ,ien le mot #ro#re dans une discussion assez lé)"re suscitée #arle vieuA marin sur les constructions navales 0u&une des :emmes:it o,server 0u&il sem,lait tre sorti de l&École Pol>techni0ue.

– @e crois madame ré#ondit;il 0u&on #eut re)ardercomme un titre de )loire d&> tre entré.

– ( –



Fal)ré toutes les instances 0ui lui :urent :aites il se re:usaavec #olitesse mais avec :ermeté au désir 0u&on lui témoi)na dele )arder = dNner et arrta les o,servations des dames en disant

0u&il était l&Hi##ocrate d&une Deune sœur dont la santé délicateeAi)eait ,eaucou# de soins.

– Fonsieur est sans doute médecin demanda avec ironieune des ,elles;sœurs d&Émilie.

– Fonsieur est sorti de l&École Pol>techni0ue ré#onditavec ,onté mademoiselle de 'ontaine dont la :i)ure s&anima des

teintes les #lus riches au moment oQ elle a##rit 0ue la Deune :illedu ,al était la sœur de monsieur Lon)ueville.

– Fais ma ch"re on #eut tre médecin et avoir été = l&É;cole Pol>techni0ue n&est;ce #as monsieur R

– Fadame rien ne s&> o##ose ré#ondit le Deune homme.

$ous les >euA se #ort"rent sur Émilie 0ui re)ardait alorsavec une sorte de curiosité in0ui"te le séduisant inconnu. +lleres#ira #lus li,rement 0uand il aDouta non sans un sourire ? –@e n&ai #as l&honneur d&tre médecin madame et D&ai mme re;noncé = entrer dans le service des #onts;et;chaussées a:in deconserver mon indé#endance.

– +t vous avez ,ien :ait dit le comte. Fais comment #ou;

vez;vous re)arder comme un honneur d&tre médecin R aDouta leno,le Breton. 6h mon Deune ami #our un homme comme vousX

– Fonsieur le comte De res#ecte in:iniment toutes les #ro;:essions 0ui ont un ,ut d&utilité.

– (S –



– +h nous sommes d&accord ? vous res#ectez ces #ro:es;sions;l= D&ima)ine comme un Deune homme res#ecte unedouairi"re.

La visite de monsieur Lon)ueville ne :ut ni tro# lon)ue nitro# courte. %l se retira au moment oQ il s&a#erJut 0u&il avait #lu= tout le monde et 0ue la curiosité de chacun s&était éveillée surson com#te.

– C&est un rusé com#"re dit le comte en rentrant au salona#r"s l&avoir reconduit.

Fademoiselle de 'ontaine 0ui seule était dans le secret decette visite avait :ait une toilette assez recherchée #our attirerles re)ards du Deune homme M mais elle eut le #etit cha)rin de voir 0u&il ne lui accorda #as autant d&attention 0u&elle cro>ait enmériter. La :amille :ut assez sur#rise du silence dans le0uel elles&était ren:ermée. Émilie dé#lo>ait ordinairement #our les nou; veauA venus sa co0uetterie son ,a,il s#irituel et l&iné#uisa,le

élo0uence de ses re)ards et de ses attitudes. !oit 0ue la voiAmélodieuse du Deune homme et l&attrait de ses mani"resl&eussent charmée 0u&elle aimIt sérieusement et 0ue ce senti;ment eUt o#éré en elle un chan)ement son maintien #erdittoute a::ectation. 5evenue sim#le et naturelle elle dut sansdoute #araNtre #lus ,elle. Euel0ues;unes de ses sœurs et une vieille dame amie de la :amille virent un ra::inement de co;0uetterie dans cette conduite. +lles su##os"rent 0ue Du)eant le

Deune homme di)ne d&elle Émilie se #ro#osait #eut;tre de nemontrer 0ue lentement ses avanta)es a:in de l&é,louir tout =cou# au moment oQ elle lui aurait #lu. $outes les #ersonnes dela :amille étaient curieuses de savoir ce 0ue cette ca#ricieuse:ille #ensait de cet étran)er M mais lors0ue #endant le dNnerchacun #rit #laisir = doter monsieur Lon)ueville d&une 0ualiténouvelle en #rétendant l&avoir seul découverte mademoisellede 'ontaine resta muette #endant 0uel0ue tem#s. On lé)er sar;casme de son oncle la réveilla tout = cou# de son a#athie M elle

– ( –



dit d&une mani"re assez é#i)rammati0ue 0ue cette #er:ectioncéleste devait couvrir 0uel0ue )rand dé:aut et 0u&elle se )arde;rait ,ien de Du)er = la #remi"re vue un homme 0ui #araissait

tre si ha,ile. +lle aDouta 0ue ceuA 0ui #laisaient ainsi = tout lemonde ne #laisaient = #ersonne et 0ue le #ire de tous les dé;:auts était de n&en avoir aucun. Comme toutes les Deunes :illes0ui aiment elle caressait l&es#érance de #ouvoir cacher son sen;timent au :ond de son cœur en donnant le chan)e auA 6r)us 0uil&entouraient M mais au ,out d&une 0uinzaine de Dours il n&> eut#as un des mem,res de cette nom,reuse :amille 0ui ne :Ut initiédans ce #etit secret domesti0ue. / la troisi"me visite 0ue :it

monsieur Lon)ueville Émilie crut > tre #our ,eaucou#. Cettedécouverte lui causa un #laisir si enivrant 0u&elle l&étonna0uand elle #ut ré:léchir. %l > avait l= 0uel0ue chose de #éni,le#our son or)ueil. Ha,ituée = se :aire le centre du monde elleétait o,li)ée de reconnaNtre une :orce 0ui l&attirait hors d&elle;mme. +lle essa>a de se révolter mais elle ne #ut chasser de soncœur la séduisante ima)e du Deune homme. Puis vinrent ,ienttdes in0uiétudes. +n e::et deuA 0ualités de monsieur Lon;

)ueville tr"s;contraires = la curiosité )énérale et surtout = cellede mademoiselle de 'ontaine étaient une discrétion et une mo;destie inattendues. %l ne #arlait Damais ni de lui ni de ses occu;#ations ni de sa :amille. Les :inesses 0u&Émilie semait dans saconversation et les #ié)es 0u&elle > tendait #our arracher = ce Deune homme des détails sur lui;mme il savait les déconcerteravec l&adresse d&un di#lomate 0ui veut cacher des secrets. Par;lait;elle #einture monsieur Lon)ueville ré#ondait en connais;

seur. 'aisait;elle de la musi0ue le Deune homme #rouvait sans:atuité 0u&il était assez :ort sur le #iano. On soir il enchantatoute la com#a)nie en mariant sa voiA délicieuse = celle d&Émi;lie dans un des #lus ,eauA duos de Cimarosa M mais 0uand onessa>a de s&in:ormer s&il était artiste il #laisanta avec tant de)rIce 0u&il ne laissa #as = ces :emmes si eAercées dans l&art dedeviner les sentiments la #ossi,ilité de découvrir = 0uelles#h"re sociale il a##artenait. 6vec 0uel0ue coura)e 0ue le vieiloncle DetIt le )ra##in sur ce ,Itiment Lon)ueville s&es0uivait

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avec sou#lesse a:in de se conserver le charme du m>st"re M et illui :ut d&autant #lus :acile de rester le bel inconnu au #avillonPlanat 0ue la curiosité n&> eAcédait #as les ,ornes de la #oli;

tesse. Émilie tourmentée de cette réserve es#éra tirer meilleur#arti de la sœur 0ue du :r"re #our ces sortes de con:idences. !e;condée #ar son oncle 0ui s&entendait aussi ,ien = cettemanœuvre 0u&= celle d&un ,Itiment elle essa>a de mettre ensc"ne le #ersonna)e Dus0u&alors muet de mademoiselle ClaraLon)ueville. La société du #avillon mani:esta ,ientt le #lus)rand désir de connaNtre une si aima,le #ersonne et de lui #ro;curer 0uel0ue distraction. On ,al sans cérémonie :ut #ro#osé et

acce#té. Les dames ne déses#ér"rent #as com#létement de :aire#arler une Deune :ille de seize ans.

Fal)ré ces #etits nua)es amoncelés #ar le sou#Jon et créés#ar la curiosité une vive lumi"re #énétrait l&Ime de mademoi;selle de 'ontaine 0ui Douissait délicieusement de l&eAistence enla ra##ortant = un autre 0u&= elle. +lle commenJait = concevoirles ra##orts sociauA. !oit 0ue le ,onheur nous rende meilleurs

soit 0u&elle :Ut tro# occu#ée #our tourmenter les autres elle de; vint moins causti0ue #lus indul)ente #lus douce. Le chan)e;ment de son caract"re enchanta sa :amille étonnée. Peut;trea#r"s tout son é)oWsme se métamor#hosait;il en amour. 6t;tendre l&arrivée de son timide et secret adorateur était une Doie#ro:onde. !ans 0u&un seul mot de #assion eUt été #rononcéentre euA elle se savait aimée et avec 0uel art ne se #laisait;elle#as = :aire dé#lo>er au Deune inconnu les trésors d&une instruc;

tion 0ui se montra variée +lle s&a#erJut 0u&elle aussi était o,;servée avec soin et alors elle essa>a de vaincre tous les dé:auts0ue son éducation avait laissés croNtre en elle. &était;ce #asdéD= un #remier homma)e rendu = l&amour et un re#roche cruel0u&elle s&adressait = elle;mme R +lle voulait #laire elle enchan;ta M elle aimait elle :ut idolItrée. !a :amille sachant 0u&elle était)ardée #ar son or)ueil lui donnait assez de li,erté #our 0u&elle#Ut savourer ces #etites :élicités en:antines 0ui donnent tant decharme et de violence auA #remi"res amours. Plus d&une :ois le

– (9 –



Deune homme et mademoiselle de 'ontaine se #romen"rentseuls dans les allées de ce #arc oQ la nature était #arée commeune :emme 0ui va au ,al. Plus d&une :ois ils eurent de ces entre;

tiens sans ,ut ni #h>sionomie dont les #hrases les #lus vides desens sont celles 0ui cachent le #lus de sentiments. %ls admi;r"rent souvent ensem,le le soleil couchant et ses riches cou;leurs. %ls cueillirent des mar)uerites #our les e::euiller et chan;t"rent les duos les #lus #assionnés en se servant des notes trou; vées #ar Per)ol"se ou #ar 3ossini comme de truchements :i;d"les #our eA#rimer leurs secrets.

Le Dour du ,al arriva. Clara Lon)ueville et son :r"re 0ue les valets s&o,stinaient = décorer de la no,le #articule en :urent leshéros. Pour la #remi"re :ois de sa vie mademoiselle de 'ontaine vit le triom#he d&une Deune :ille avec #laisir. +lle #rodi)ua sinc";rement = Clara ces caresses )racieuses et ces #etits soins 0ue les:emmes ne se rendent ordinairement entre elles 0ue #our eAci;ter la Dalousie des hommes. Fais Émilie avait un ,ut elle voulaitsur#rendre des secrets. La réserve de mademoiselle Lon)ueville

:ut au moins é)ale = celle de son :r"re mais en sa 0ualité de:ille #eut;tre montra;t;elle #lus de :inesse et d&es#rit 0ue luicar elle n&eut #as mme l&air d&tre discr"te et sut tenir laconversation sur des suDets étran)ers auA intérts matérielstout en > Detant un si )rand charme 0ue mademoiselle de 'on;taine en conJut une sorte d&envie et surnomma Clara la sirène.Euoi0ue Émilie eut :ormé le dessein de :aire causer Clara ce :utClara 0ui interro)ea Émilie M elle voulait la Du)er et :ut Du)ée #ar

elle. +lle se dé#ita souvent d&avoir laissé #ercer son caract"redans 0uel0ues ré#onses 0ue lui arracha malicieusement Claradont l&air modeste et candide éloi)nait tout sou#Jon de #er:idie.%l > eut un moment oQ mademoiselle de 'ontaine #arut :Ichéed&avoir :ait contre les roturiers une im#rudente sortie #rovo;0uée #ar Clara.

– Fademoiselle lui dit cette charmante créature D&ai tantentendu #arler de vous #ar FaAimilien 0ue D&avais le #lus vi:

– V –



désir de vous connaNtre #ar attachement #our lui M mais vouloir vous connaNtre n&est;ce #as vouloir vous aimer R

– Fa ch"re Clara D&avais #eur de vous dé#laire en #arlantainsi de ceuA 0ui ne sont #as no,les.

– h rassurez;vous. 6uDourd&hui ces sortes de discus;sions sont sans o,Det. Euant = moi elles ne m&attei)nent #as ? Desuis en dehors de la 0uestion.

Euel0ue am,itieuse 0ue :Ut cette ré#onse mademoiselle de

'ontaine en ressentit une Doie #ro:onde M car sem,la,le = tousles )ens #assionnés elle s&eA#li0ua comme s&eA#li0uent lesoracles dans le sens 0ui s&accordait avec ses désirs et revint = ladanse #lus Do>euse 0ue Damais en re)ardant Lon)ueville dont les:ormes dont l&élé)ance sur#assaient #eut;tre celles de son t>#eima)inaire. +lle ressentit une satis:action de #lus en son)eant0u&il était no,le ses >euA noirs scintill"rent elle dansa avec toutle #laisir 0u&on > trouve en #résence de celui 0u&on aime. @amais

les deuA amants ne s&entendirent mieuA 0u&en ce moment M et#lus d&une :ois ils sentirent le ,out de leurs doi)ts :rémir ettrem,ler lors0ue les lois de la contredanse les mariaient.

Ce Doli cou#le attei)nit le commencement de l&automne aumilieu des :tes et des #laisirs de la cam#a)ne en se laissantdoucement a,andonner au courant du sentiment le #lus douAde la vie en le :orti:iant #ar mille #etits accidents 0ue chacun

#eut ima)iner ? les amours se ressem,lent touDours en 0uel0ues#oints. L&un et l&autre ils s&étudiaient autant 0ue l&on #eut s&é;tudier 0uand on aime.

– +n:in Damais amourette n&a si #rom#tement tourné enmaria)e d&inclination disait le vieil oncle 0ui suivait les deuA Deunes )ens de l&œil comme un naturaliste eAamine un insecteau microsco#e.

– 1 –



Ce mot e::ra>a monsieur et madame de 'ontaine. Le vieuA <endéen cessa d&tre aussi indi::érent au maria)e de sa :ille 0u&ilavait na)u"re #romis de l&tre. %l alla chercher = Paris des ren;

sei)nements et n&en trouva #as. %n0uiet de ce m>st"re et ne sa;chant #as encore 0uel serait le résultat de l&en0ute 0u&il avait#rié un administrateur #arisien de lui :aire sur la :amille Lon;)ueville il crut devoir avertir sa :ille de se conduire #rudem;ment. L&o,servation #aternelle :ut reJue avec une :einte o,éis;sance #leine d&ironie.

– 6u moins ma ch"re Émilie si vous l&aimez ne le lui

avouez #as

– Fon #"re il est vrai 0ue De l&aime mais D&attendrai #ourle lui dire 0ue vous me le #ermettiez.

– Ce#endant Émilie son)ez 0ue vous i)norez encore0uelle est sa :amille son état.

– !i De l&i)nore De le veuA ,ien. Fais mon #"re vous avezsouhaité me voir mariée vous m&avez donné la li,erté de :aireun choiA le mien est :ait irrévoca,lement 0ue :aut;il de #lus R

– %l :aut savoir ma ch"re en:ant si celui 0ue tu as choisi est:ils d&un #air de 'rance ré#ondit ironi0uement le vénéra,le)entilhomme.

Émilie resta un moment silencieuse. +lle releva ,ientt latte re)arda son #"re et lui dit avec une sorte d&in0uiétude ? –+st;ce 0ue les Lon)uevilleX

– !ont éteints en la #ersonne du vieuA duc de 3ostein;Lim; ,our) 0ui a #éri sur l&écha:aud en 19. %l était le dernier reDe;ton de la derni"re ,ranche cadette.

– 2 –



– Fais mon #"re il > a de :ort ,onnes maisons issues de ,Itards. L&histoire de 'rance :ourmille de #rinces 0ui mettaientdes ,arres = leur écu.

– $es idées ont ,ien chan)é dit le vieuA )entilhomme ensouriant.

Le lendemain était le dernier Dour 0ue la :amille 'ontainedUt #asser au #avillon Planat. Émilie 0ue l&avis de son #"reavait :ortement in0uiétée attendit avec une vive im#atience l&;heure = la0uelle le Deune Lon)ueville avait l&ha,itude de venir

a:in d&o,tenir de lui une eA#lication. +lle sortit a#r"s le dNner etalla se #romener seule dans le #arc en se diri)eant vers le ,os;0uet auA con:idences oQ elle savait 0ue l&em#ressé Deune hommela chercherait M et tout en courant elle son)eait = la meilleuremani"re de sur#rendre sans se com#romettre un secret siim#ortant ? chose assez di::icile @us0u&= #résent aucun aveudirect n&avait sanctionné le sentiment 0ui l&unissait = cet incon;nu. +lle avait secr"tement Doui comme FaAimilien de la dou;

ceur d&un #remier amour M mais aussi :iers l&un 0ue l&autre ilsem,lait 0ue chacun d&euA crai)nNt d&avouer 0u&il aimIt.

FaAimilien Lon)ueville = 0ui Clara avait ins#iré sur le ca;ract"re d&Émilie des sou#Jons assez :ondés se trouvait tour =tour em#orté #ar la violence d&une #assion de Deune homme etretenu #ar le désir de connaNtre et d&é#rouver la :emme = la;0uelle il devait con:ier son ,onheur. !on amour ne l&avait #as

em#ché de reconnaNtre en Émilie les #réDu)és 0ui )Itaient ce Deune caract"re M mais il désirait savoir s&il était aimé d&elle avantde les com,attre car il ne voulait #as #lus hasarder le sort deson amour 0ue celui de sa vie. %l s&était donc constamment tenudans un silence 0ue ses re)ards son attitude et ses moindres ac;tions démentaient. 5e l&autre cté la :ierté naturelle = une Deune:ille encore au)mentée chez mademoiselle de 'ontaine #ar lasotte vanité 0ue lui donnaient sa naissance et sa ,eauté l&em#;chait d&aller au;devant d&une déclaration 0u&une #assion crois;

– –



sante lui #ersuadait 0uel0ue:ois de solliciter. 6ussi les deuAamants avaient;ils instinctivement com#ris leur situation sanss&eA#li0uer leurs secrets moti:s. %l est des moments de la vie oQ

le va)ue #laNt = de Deunes Imes. Par cela mme 0ue l&un etl&autre avaient tro# tardé de #arler ils sem,laient tous deuA se:aire un Deu cruel de leur attente. L&un cherchait = découvrir s&ilétait aimé #ar l&e::ort 0ue coUterait un aveu = son or)ueilleusemaNtresse l&autre es#érait voir rom#re = tout moment un tro#res#ectueuA silence.

6ssise sur un ,anc rusti0ue Émilie son)eait auA événe;

ments 0ui venaient de se #asser #endant ces trois mois #leinsd&enchantements. Les sou#Jons de son #"re étaient les der;ni"res craintes 0ui #ouvaient l&atteindre elle en :it mme Dustice#ar deuA ou trois de ces ré:leAions de Deune :ille ineA#érimentée0ui lui sem,l"rent victorieuses. 6vant tout elle convint avecelle;mme 0u&il était im#ossi,le 0u&elle se trom#It. 5uranttoute la saison elle n&avait #u a#ercevoir en FaAimilien ni unseul )este ni une seule #arole 0ui indi0uassent une ori)ine ou

des occu#ations communes M ,ien mieuA sa mani"re de discuterdécelait un homme occu#é des hauts intérts du #a>s. –5&ailleurs se dit;elle un homme de ,ureau un :inancier ou uncommerJant n&aurait #as eu le loisir de rester une saison enti"re= me :aire la cour au milieu des cham#s et des ,ois endis#ensant son tem#s aussi li,éralement 0u&un no,le 0ui a de; vant lui toute une vie li,re de soins. +lle s&a,andonnait au coursd&une méditation ,eaucou# #lus intéressante #our elle 0ue ces

#ensées #réliminaires 0uand un lé)er ,ruissement du :euilla)elui annonJa 0ue de#uis un moment FaAimilien la contem#laitsans doute avec admiration.

– !avez;vous 0ue cela est :ort mal de sur#rendre ainsi les Deunes :illes R lui dit;elle en souriant.

– !urtout lors0u&elles sont occu#ées de leurs secrets ré;#ondit :inement FaAimilien.

– ( –



– Pour0uoi n&aurais;De #as les miens R vous avez ,ien les vtres

– <ous #ensiez donc réellement = vos secrets R re#rit;il enriant.

– on De son)eais auA vtres. Les miens De les connais.

– Fais s&écria doucement le Deune homme en saisissant le ,ras de mademoiselle de 'ontaine et le mettant sous le sien

#eut;tre mes secrets sont;ils les vtres et vos secrets les miens.

6#r"s avoir :ait 0uel0ues #as ils se trouv"rent sous unmassi: d&ar,res 0ue les couleurs du couchant envelo##aientcomme d&un nua)e rou)e et ,run. Cette ma)ie naturelle im#ri;ma une sorte de solennité = ce moment. L&action vive et li,re du Deune homme et surtout l&a)itation de son cœur ,ouillant dontles #ulsations #réci#itées #arlaient au ,ras d&Émilie la Det"rent

dans une eAaltation d&autant #lus #énétrante 0u&elle ne :ut eAci;tée 0ue #ar les accidents les #lus sim#les et les #lus innocents.La réserve dans la0uelle vivent les Deunes :illes du )rand mondedonne une :orce incro>a,le auA eA#losions de leurs sentimentset c&est un des #lus )rands dan)ers 0ui #uissent les atteindre0uand elles rencontrent un amant #assionné. @amais les >euAd&Émilie et de FaAimilien n&avaient dit tant de ces choses 0u&onn&ose #as dire. +n #roie = cette ivresse ils ou,li"rent aisément

les #etites sti#ulations de l&or)ueil et les :roides considérationsde la dé:iance. %ls ne #urent mme s&eA#rimer d&a,ord 0ue #arun serrement de mains 0ui servit d&inter#r"te = leurs Do>euses#ensées.

– Fonsieur D&ai une 0uestion = vous :aire dit en trem,lantet d&une voiA émue mademoiselle de 'ontaine a#r"s un lon) si;lence et a#r"s avoir :ait 0uel0ues #as avec une certaine lenteur.Fais son)ez de )rIce 0u&elle m&est en 0uel0ue sorte comman;

– –



dée #ar la situation assez étran)e oQ De me trouve vis;=;vis dema :amille.

One #ause e::ra>ante #our Émilie succéda = ces #hrases0u&elle avait #res0ue ,é)a>ées. Pendant le moment 0ue dura lesilence cette Deune :ille si :i"re n&osa soutenir le re)ard éclatantde celui 0u&elle aimait car elle avait un secret sentiment de la ,assesse des mots suivants 0u&elle aDouta ? – \tes;vous no,le R

Euand ces derni"res #aroles :urent #rononcées elle aurait voulu tre au :ond d&un lac.

– Fademoiselle re#rit )ravement Lon)ueville dont la :i;)ure altérée contracta une sorte de di)nité sév"re De vous #ro;mets de ré#ondre sans détour = cette demande 0uand vous au;rez ré#ondu avec sincérité = celle 0ue De vais vous :aire. %l 0uittale ,ras de la Deune :ille 0ui tout = cou# se crut seule dans la vieet lui dit ? – 5ans 0uelle intention me 0uestionnez;vous sur manaissance R +lle demeura immo,ile :roide et muette. – Fade;

moiselle re#rit FaAimilien n&allons #as #lus loin si nous nenous com#renons #as. – @e vous aime aDouta;t;il d&un son de voiA #ro:ond et attendri. +h ,ien re#rit;il d&un air Do>euA a#r"savoir entendu l&eAclamation de ,onheur 0ue ne #ut retenir la Deune :ille #our0uoi me demander si De suis no,le R

– Parlerait;il ainsi s&il ne l&était #as R s&écria une voiA inté;rieure 0u&Émilie crut sortie du :ond de son cœur. +lle releva )ra;

cieusement la tte sem,la #uiser une nouvelle vie dans le re;)ard du Deune homme et lui tendit le ,ras comme #our :aire unenouvelle alliance.

– <ous avez cru 0ue De tenais ,eaucou# = des di)nités de;manda;t;elle avec une :inesse malicieuse.

– @e n&ai #as de titres = o::rir = ma :emme ré#ondit;il d&unair moitié )ai moitié sérieuA. Fais si De la #rends dans un haut

– S –



ran) et #armi celles 0ue la :ortune #aternelle ha,itue au luAe etauA #laisirs de l&o#ulence De sais = 0uoi ce choiA m&o,li)e. L&a;mour donne tout aDouta;t;il avec )aieté mais auA amants seule;

ment. Euant auA é#ouA il leur :aut un #eu #lus 0ue le dme duciel et le ta#is des #rairies.

– %l est riche #ensa;t;elle. Euant auA titres #eut;tre veut;il m&é#rouver n lui aura dit 0ue D&étais entichée de no,lesseet 0ue De ne voulais é#ouser 0u&un #air de 'rance. Fes ,é;)ueules de sœurs m&auront Doué ce tour;l=. – @e vous assuremonsieur dit;elle = haute voiA 0ue D&ai eu des idées ,ien eAa)é;

rées sur la vie et le monde M mais auDourd&hui re#rit;elle avecintention en le re)ardant d&une mani"re = le rendre :ou De saisoQ sont #our une :emme les vérita,les richesses.

– @&ai ,esoin de croire 0ue vous #arlez = cœur ouvert ré;#ondit;il avec une )ravité douce. Fais cet hiver ma ch"re Émi;lie dans moins de deuA mois #eut;tre De serai :ier de ce 0ue De#ourrai vous o::rir si vous tenez auA Douissances de la :ortune.

Ce sera le seul secret 0ue De )arderai l= dit;il en montrant soncœur M car de sa réussite dé#end mon ,onheur De n&ose dire lentreX

– h dites dites

Ce :ut au milieu des #lus douA #ro#os 0u&ils revinrent = #aslents reDoindre la com#a)nie au salon. @amais mademoiselle de

'ontaine ne trouva son #rétendu #lus aima,le ni #lus s#irituel ?ses :ormes sveltes ses mani"res en)a)eantes lui sem,l"rent#lus charmantes encore de#uis une conversation 0ui venait en0uel0ue sorte de lui con:irmer la #ossession d&un cœur di)ned&tre envié #ar toutes les :emmes. %ls chant"rent un duo italienavec tant d&eA#ression 0ue l&assem,lée les a##laudit avec en;thousiasme. Leur adieu #rit un accent de convention sous le0uelils cach"rent leur ,onheur. +n:in cette Dournée devint #our la Deune :ille comme une chaNne 0ui la lia #lus étroitement encore

– –



= la destinée de l&inconnu. La :orce et la di)nité 0u&il venait dedé#lo>er dans la sc"ne oQ ils s&étaient révélé leurs sentimentsavaient #eut;tre im#osé = mademoiselle de 'ontaine ce res#ect

sans le0uel il n&eAiste #as de vérita,le amour. Lors0u&elle restaseule avec son #"re dans le salon le vénéra,le <endéen s&avanJa vers elle lui #rit a::ectueusement les mains et lui demanda sielle avait ac0uis 0uel0ue lumi"re sur la :ortune et sur la :amillede monsieur Lon)ueville.

– ui mon cher #"re ré#ondit;elle De suis #lus heureuse0ue De ne #ouvais le désirer. +n:in monsieur de Lon)ueville est

le seul homme 0ue De veuille é#ouser.

– C&est ,ien Émilie re#rit le comte De sais ce 0u&il me reste= :aire.

– ConnaNtriez;vous 0uel0ue o,stacle R demanda;t;elle avecune vérita,le anAiété.

– Fa ch"re en:ant ce Deune homme est a,solument incon;nu M mais = moins 0ue ce ne soit un malhonnte homme dumoment oQ tu l&aimes il m&est aussi cher 0u&un :ils.

– On malhonnte homme R re#rit Émilie De suis ,ien tran;0uille. Fon oncle 0ui nous l&a #résenté #eut vous ré#ondre delui. 5ites cher oncle a;t;il été :li,ustier :or,an corsaire R

– @e savais ,ien 0ue D&allais me trouver l= s&écria le vieuAmarin en se réveillant.

%l re)arda dans le salon mais sa ni"ce avait dis#aru commeun :eu !aint;+lme #our se servir de son eA#ression ha,ituelle.

– +h ,ien mon oncle re#rit monsieur de 'ontaine com;ment avez;vous #u nous cacher tout ce 0ue vous saviez sur ce

– 8 –



Deune homme R <ous avez ce#endant dU vous a#ercevoir de nosin0uiétudes. Fonsieur Lon)ueville est;il de ,onne :amille R

– @e ne le connais ni d&]ve ni d&6dam s&écria le comte deGer)arout. Fe :iant au tact de cette #etite :olle De lui ai amenéson !aint;PreuA #ar un mo>en = moi connu. @e sais 0ue ce )ar;Jon tire le #istolet admira,lement chasse tr"s;,ien Doue mer; veilleusement au ,illard auA échecs et au trictrac M il :ait desarmes et monte = cheval comme :eu le chevalier de !aint;Teor)e. %l a une érudition corsée relativement = nos vi)no,les.%l calcule comme Barme dessine danse et chante ,ien. +h

diantre 0u&avez;vous donc vous autres R !i ce n&est #as l= un)entilhomme #ar:ait montrez;moi un ,our)eois 0ui sache toutcela. $rouvez;moi un homme 0ui vive aussi no,lement 0ue lui R'ait;il 0uel0ue chose R Com#romet;il sa di)nité = aller dans des ,ureauA = se cour,er devant des #arvenus 0ue vous a##elez desdirecteurs;)énérauA R %l marche droit. C&est un homme. Faisau sur#lus De viens de retrouver dans la #oche de mon )ilet lacarte 0u&il m&a donnée 0uand il cro>ait 0ue De voulais lui cou#er

la )or)e #auvre innocent La Deunesse d&auDourd&hui n&est )u"rerusée. $enez voici.

– 3ue du !entier n^ dit monsieur de 'ontaine en cher;chant = se ra##eler #armi tous les rensei)nements 0u&il avaito,tenus celui 0ui #ouvait concerner le Deune inconnu. Euedia,le cela si)ni:ie;t;il R Fessieurs Palma _er,rust et com#a;)nie dont le #rinci#al commerce est celui des mousselines cali;

cots et toiles #eintes en )ros demeurent l=. Bon D&> suis Lon;)ueville le dé#uté a un intért dans leur maison. ui M mais Dene connais = Lon)ueville 0u&un :ils de trente;deuA ans 0ui neressem,le #as du tout au ntre et au0uel il donne cin0uantemille livres de rente en maria)e a:in de lui :aire é#ouser la :illed&un ministre M il a envie d&tre :ait #air tout comme un autre.@amais De ne lui ai entendu #arler de ce FaAimilien. 6;t;il une:ille R Eu&est;ce 0ue cette Clara R 6u sur#lus #ermis = #lus d&unintri)ant de s&a##eler Lon)ueville. Fais la maison Palma _er;

– 9 –



,rust et com#a)nie n&est;elle #as = moitié ruinée #ar une s#écu;lation au FeAi0ue ou auA %ndes R @&éclaircirai tout cela.

– $u #arles tout seul comme si tu étais sur un théItre et tu#arais me com#ter #our zéro dit tout = cou# le vieuA marin. $une sais donc #as 0ue s&il est )entilhomme D&ai #lus d&un sac dansmes écoutilles #our #arer = son dé:aut de :ortune R

– Euant = cela s&il est :ils de Lon)ueville il n&a ,esoin derien M mais dit monsieur de 'ontaine en a)itant la tte de droite= )auche son #"re n&a mme #as acheté de savonnette = vilain.

6vant la révolution il était #rocureur M et le de 0u&il a #ris de;#uis la restauration lui a##artient tout autant 0ue la moitié desa :ortune.

– Bah ,ah heureuA ceuA dont les #"res ont été #enduss&écria )aiement le marin.

$rois ou 0uatre Dours a#r"s cette mémora,le Dournée et

dans une de ces ,elles matinées du mois de novem,re 0ui :ont voir auA Parisiens leurs ,oulevards netto>és soudain #ar le :roid#i0uant d&une #remi"re )elée mademoiselle de 'ontaine #aréed&une :ourrure nouvelle 0u&elle voulait mettre = la mode étaitsortie avec deuA de ses ,elles;sœurs sur les0uelles elle avait Da;dis décoché le #lus d&é#i)rammes. Ces trois :emmes étaient ,ienmoins invitées = cette #romenade #arisienne #ar l&envie d&es;sa>er une voiture tr"s;élé)ante et des ro,es 0ui devaient donner

le ton auA modes de l&hiver 0ue #ar le désir de voir une #"lerine0u&une de leurs amies avait remar0uée dans un riche ma)asinde lin)erie situé au coin de la rue de la PaiA. Euand les troisdames :urent entrées dans la ,outi0ue madame la ,aronne de'ontaine tira Émilie #ar la manche et lui montra FaAimilienLon)ueville assis dans le com#toir et occu#é = rendre avec une)rIce mercantile la monnaie d&une #i"ce d&or = la lin)"re avecla0uelle il sem,lait en con:érence. Le bel inconnu tenait = lamain 0uel0ues échantillons 0ui ne laissaient aucun doute sur

– SV –



son honora,le #ro:ession. !ans 0u&on #Ut s&en a#ercevoir Émi;lie :ut saisie d&un :risson )lacial. Ce#endant )rIce au savoir; vivre de la ,onne com#a)nie elle dissimula #ar:aitement la ra)e

0u&elle avait dans le cœur et ré#ondit = sa sœur un ? – @e le sa; vais dont la richesse d&intonation et l&accent inimita,le eussent:ait envie = la #lus cél",re actrice de ce tem#s. +lle s&avanJa versle com#toir. Lon)ueville leva la tte mit les échantillons dans sa#oche avec )rIce et avec un san);:roid déses#érant salua made;moiselle de 'ontaine et s&a##rocha d&elle en lui Detant un re)ard#énétrant.

– Fademoiselle dit;il = la lin)"re 0ui l&avait suivi d&un airtr"s;in0uiet D&enverrai ré)ler ce com#te M ma maison le veut ain;si. Fais tenez aDouta;t;il = l&oreille de la Deune :emme en lui re;mettant un ,illet de mille :rancs #renez ? ce sera une a::aireentre nous. – <ous me #ardonnerez D&es#"re mademoiselledit;il en se retournant vers Émilie. <ous aurez la ,onté d&eAcu;ser la t>rannie 0u&eAercent les a::aires.

– Fais il me sem,le monsieur 0ue cela m&est :ort indi::é;rent ré#ondit mademoiselle de 'ontaine en le re)ardant avecune assurance et un air d&insouciance mo0ueuse 0ui #ouvaient:aire croire 0u&elle le vo>ait #our la #remi"re :ois.

– Parlez;vous sérieusement R demanda FaAimilien d&une voiA entrecou#ée.

Émilie lui avait tourné le dos avec une incro>a,le im;#ertinence. Ce #eu de mots #rononcés = voiA ,asse avaitécha##é = la curiosité des deuA ,elles;sœurs. Euand a#r"s avoir#ris la #"lerine les trois dames :urent remontées en voitureÉmilie 0ui se trouvait assise sur le devant ne #ut s&em#cherd&em,rasser #ar son dernier re)ard la #ro:ondeur de cetteodieuse ,outi0ue oQ elle vit FaAimilien de,out et les ,ras croi;sés dans l&attitude d&un homme su#érieur au malheur 0ui l&at;tei)nait si su,itement. Leurs >euA se rencontr"rent et se lan;

– S1 –



c"rent deuA re)ards im#laca,les. Chacun d&euA es#éra 0u&il ,lessait cruellement le cœur 0u&il aimait. +n un moment tousdeuA se trouv"rent aussi loin l&un de l&autre 0ue s&ils eussent été

l&un = la Chine et l&autre au Tronland. La vanité n&a;t;elle #asun sou::le 0ui dess"che tout R +n #roie au #lus violent com,at0ui #uisse a)iter le cœur d&une Deune :ille mademoiselle de 'on;taine recueillit la #lus am#le moisson de douleurs 0ue Damais les#réDu)és et les #etitesses aient semée dans une Ime humaine.!on visa)e :rais et velouté na)u"re était sillonné de tons Daunes de taches rou)es et #ar:ois les teintes ,lanches de ses Doues verdissaient soudain. 5ans l&es#oir de déro,er son trou,le

= ses sœurs elle leur montrait en riant ou un #assant ou une toi;lette ridicule M mais ce rire était convulsi:. +lle se sentait #lus vi; vement ,lessée de la com#assion silencieuse de ses sœurs 0uedes é#i)rammes #ar les0uelles elles auraient #u se ven)er. +lleem#lo>a tout son es#rit = les entraNner dans une conversationoQ elle essa>a d&eAhaler sa col"re #ar des #aradoAes insensés enacca,lant les né)ociants des inDures les #lus #i0uantes et d&é#i;)rammes de mauvais ton. +n rentrant elle :ut saisie d&une

:i"vre dont le caract"re eut d&a,ord 0uel0ue chose de dan)ereuA. 6u ,out d&un mois les soins de ses #arents ceuA du médecin larendirent auA vœuA de sa :amille. Chacun es#éra 0ue cette leJon#ourrait servir = dom#ter le caract"re d&Émilie 0ui re#rit insen;si,lement ses anciennes ha,itudes et s&élanJa de nouveau dansle monde. +lle #rétendit 0u&il n&> avait #as de honte = se trom;#er. !i comme son #"re elle avait 0uel0ue in:luence = lacham,re disait;elle elle #rovo0uerait une loi #our o,tenir 0ue

les commerJants surtout les marchands de calicot :ussent mar;0ués au :ront comme les moutons du Berr> Dus0u&= la troisi"me)énération. +lle voulait 0ue les no,les eussent seuls le droit de#orter ces anciens ha,its :ranJais 0ui allaient si ,ien auA courti;sans de Louis K<. C&était #eut;tre = l&entendre un malheur#our la monarchie 0u&il n&> eUt aucune di::érence entre unmarchand et un #air de 'rance. Fille autres #laisanteries :a;ciles = deviner se succédaient ra#idement 0uand un incidentim#révu la mettait sur ce suDet. Fais ceuA 0ui aimaient Émilie

– S2 –



remar0uaient = travers ses railleries une teinte de mélancolie0ui leur :it croire 0ue FaAimilien Lon)ueville ré)nait touDoursau :ond de ce cœur ineA#lica,le. Par:ois elle devenait douce

comme #endant la saison :u)itive 0ui vit naNtre son amour et#ar:ois aussi elle se montrait #lus insu##orta,le 0u&elle ne l&a; vait Damais été. Chacun eAcusait en silence les iné)alités d&unehumeur 0ui #renait sa source dans une sou::rance = la :ois se;cr"te et connue. Le comte de Ger)arout o,tint un #eu d&em#iresur elle )rIce = un surcroNt de #rodi)alités )enre de consola;tion 0ui man0ue rarement son e::et sur les Deunes Parisiennes.La #remi"re :ois 0ue mademoiselle de 'ontaine alla au ,al ce

:ut chez l&am,assadeur de a#les. 6u moment oQ elle #rit #laceau #lus ,rillant des 0uadrilles elle a#erJut = 0uel0ues #as d&elleLon)ueville 0ui :it un lé)er si)ne de tte = son danseur.

– Ce Deune homme est un de vos amis demanda;t;elle =son cavalier d&un air de dédain.

– C&est mon :r"re ré#ondit;il.

Émilie ne #ut s&em#cher de tressaillir.

– 6h re#rit;il d&un ton d&enthousiasme c&est ,ien la #lus ,elle Ime 0ui soit au mondeX

– !avez;vous mon nom lui demanda Émilie en l&interrom;#ant avec vivacité.

– on mademoiselle. C&est un crime De l&avoue de ne #asavoir retenu un nom 0ui est sur toutes les l"vres De devrais diredans tous les cœurs M mais D&ai une eAcuse vala,le ? D&arrive d&6l;lema)ne. Fon am,assadeur 0ui est = Paris en con)é m&a en; vo>é ce soir ici #our servir de cha#eron = son aima,le :emme0ue vous #ouvez voir l=;,as dans un coin.

– S –



– On vrai mas0ue tra)i0ue dit Émilie a#r"s avoir eAaminél&am,assadrice.

– <oil= ce#endant sa :i)ure de ,al re#rit en riant le Deunehomme. %l :audra ,ien 0ue De la :asse danser 6ussi ai;De vouluavoir une com#ensation.

Fademoiselle de 'ontaine s&inclina.

– @&ai été ,ien sur#ris dit le ,a,illard secrétaire d&am,as;sade en continuant de trouver mon :r"re ici. +n arrivant de

<ienne D&ai a##ris 0ue le #auvre )arJon était malade et au lit. @ecom#tais ,ien le voir avant d&aller au ,al M mais la #oliti0ue nenous laisse #as touDours le loisir d&avoir des a::ections de :a;mille. La padrona della casa ne m&a #as #ermis de monter chezmon #auvre FaAimilien.

– Fonsieur votre :r"re n&est #as comme vous dans la di#lo;matie R dit Émilie.

– on dit le secrétaire en sou#irant le #auvre )arJon s&estsacri:ié #our moi Lui et ma sœur Clara ont renoncé = la :ortunede mon #"re a:in 0u&il #Ut réunir sur ma tte un maDorat. Fon#"re rve la #airie comme tous ceuA 0ui votent #our le minis;t"re. %l a la #romesse d&tre nommé aDouta;t;il = voiA ,asse. 6#r"s avoir réuni 0uel0ues ca#itauA mon :r"re s&est alors asso;cié = une maison de ,an0ue M et De sais 0u&il vient de :aire avec le

Brésil une s#éculation 0ui #eut le rendre millionnaire. <ous me vo>ez tout Do>euA d&avoir contri,ué #ar mes relations di#loma;ti0ues au succ"s. @&attends mme avec im#atience une dé#chede la lé)ation ,résilienne 0ui sera de nature = lui dérider le:ront. Comment le trouvez;vous R

– Fais la :i)ure de monsieur votre :r"re ne me sem,le #astre celle d&un homme occu#é d&ar)ent.

– S( –



Le Deune di#lomate scruta #ar un seul re)ard la :i)ure ena##arence calme de sa danseuse.

– Comment dit;il en souriant les demoiselles devinentdonc aussi les #ensées d&amour = travers les :ronts muets R

– Fonsieur votre :r"re est amoureuA demanda;t;elle enlaissant écha##er un )este de curiosité.

– ui. Fa sœur Clara #our la0uelle il a des soins mater;nels m&a écrit 0u&il s&était amouraché cet été d&une :ort Dolie

#ersonne M mais de#uis De n&ai #as eu de nouvelles de sesamours. Croiriez;vous 0ue le #auvre )arJon se levait = cin0heures du matin et allait eA#édier ses a::aires a:in de #ouvoir setrouver = 0uatre heures = la cam#a)ne de la ,elle R 6ussi a;t;ila,Nmé un charmant cheval de race 0ue De lui avais envo>é. Par;donnez;moi mon ,a,il mademoiselle ? D&arrive d&6llema)ne.5e#uis un an De n&ai #as entendu #arler correctement le :ran;Jais De suis sevré de visa)es :ranJais et rassasié d&allemands si

,ien 0ue dans ma ra)e #atrioti0ue De #arlerais De crois auA chi;m"res d&un candéla,re #arisien. Puis si De cause avec un a,an;don #eu convena,le chez un di#lomate la :aute en est = vousmademoiselle. &est;ce #as vous 0ui m&avez montré mon :r"re REuand il est 0uestion de lui De suis intarissa,le. @e voudrais#ouvoir dire = la terre enti"re com,ien il est ,on et )énéreuA. %lne s&a)issait de rien moins 0ue de cent mille livres de rente 0uera##orte la terre de Lon)ueville.

!i mademoiselle de 'ontaine o,tint ces révélations im#or;tantes elle les dut en #artie = l&adresse avec la0uelle elle sutinterro)er son con:iant cavalier du moment oQ elle a##rit 0u&ilétait le :r"re de son amant dédai)né.

– +st;ce 0ue vous avez #u sans 0uel0ue #eine voir mon;sieur votre :r"re vendant des mousselines et des calicots R de;

– S –



manda Émilie a#r"s avoir accom#li la troisi"me :i)ure de lacontredanse.

– 5&oQ savez;vous cela R lui demanda le di#lomate. 5ieumerci tout en dé,itant un :luA de #aroles D&ai déD= l&art de nedire 0ue ce 0ue De veuA ainsi 0ue tous les a##rentis;di#lomatesde ma connaissance.

– <ous me l&avez dit De vous assure.

Fonsieur de Lon)ueville re)arda mademoiselle de 'on;

taine avec un étonnement #lein de #ers#icacité. On sou#Jonentra dans son Ime. %l interro)ea successivement les >euA deson :r"re et de sa danseuse il devina tout #ressa ses mainsl&une contre l&autre leva les >euA au #la:ond se mit = rire et dit ?– @e ne suis 0u&un sot <ous tes la #lus ,elle #ersonne du ,almon :r"re vous re)arde = la déro,ée il danse mal)ré la :i"vre et vous :ei)nez de ne #as le voir. 'aites son ,onheur dit;il en la re;conduisant au#r"s de son vieil oncle De n&en serai #as DalouA M

mais De tressaillerai touDours un #eu en vous nommant masœurX

Ce#endant les deuA amants devaient tre aussi ineAora,lesl&un 0ue l&autre #our euA;mmes. <ers les deuA heures du matinl&on servit un am,i)u dans une immense )alerie oQ #our laisserles #ersonnes d&une mme coterie li,res de se réunir les ta,lesavaient été dis#osées comme elles le sont chez les restaurateurs.

Par un de ces hasards 0ui arrivent touDours auA amants made;moiselle de 'ontaine se trouva #lacée = une ta,le voisine decelle autour de la0uelle se mirent les #ersonnes les #lus distin;)uées FaAimilien :aisait #artie de ce )rou#e. Émilie 0ui #rtaune oreille attentive auA discours tenus #ar ses voisins #ut en;tendre une de ces conversations 0ui s&éta,lissent si :acilemententre les Deunes :emmes et les Deunes )ens 0ui ont les )rIces etla tournure de FaAimilien Lon)ueville. L&interlocutrice du Deune ,an0uier était une duchesse na#olitaine dont les >euA lanJaient

– SS –



des éclairs dont la #eau ,lanche avait l&éclat du satin. L&intimité0ue le Deune Lon)ueville a::ectait d&avoir avec elle ,lessa d&au;tant #lus mademoiselle de 'ontaine 0u&elle venait de rendre =

son amant vin)t :ois #lus de tendresse 0u&elle ne lui en #ortait Dadis.

– ui monsieur dans mon #a>s le vérita,le amour sait:aire toute es#"ce de sacri:ices disait la duchesse en minaudant.

– <ous tes #lus #assionnées 0ue ne le sont les 'ranJaisesdit FaAimilien dont le re)ard en:lammé tom,a sur Émilie. +lles

sont tout vanité.

– Fonsieur re#rit vivement la Deune :ille n&est;ce #as unemauvaise action 0ue de calomnier sa #atrie R Le dévouement estde tous les #a>s.

– Cro>ez;vous mademoiselle re#rit l&%talienne avec unsourire sardoni0ue 0u&une Parisienne soit ca#a,le de suivre son

amant #artout R– 6h entendons nous madame. n va dans un désert >

ha,iter une tente on ne va #as s&asseoir dans une ,outi0ue.

+lle acheva sa #ensée en laissant écha##er un )este de dé;dain. 6insi l&in:luence eAercée sur Émilie #ar sa :uneste éduca;tion tua deuA :ois son ,onheur naissant et lui :it man0uer son

eAistence. La :roideur a##arente de FaAimilien et le sourired&une :emme lui arrach"rent un de ces sarcasmes dont les #er;:ides Douissances la séduisaient touDours.

– Fademoiselle lui dit = voiA ,asse Lon)ueville = la :aveurdu ,ruit 0ue :irent les :emmes en se levant de ta,le #ersonnene :ormera #our votre ,onheur des vœuA #lus ardents 0ue ne leseront les miens ? #ermettez;moi de vous donner cette as;

– S –



surance en #renant con)é de vous. 5ans 0uel0ues Dours De #ar;tirai #our l&%talie.

– 6vec une duchesse sans doute R

– on mademoiselle mais avec une maladie mortelle#eut;tre.

– &est;ce #as une chim"re demanda Émilie en lui lanJantun re)ard in0uiet.

– on dit;il il est des ,lessures 0ui ne se cicatrisent Damais.

– <ous ne #artirez #as dit l&im#érieuse Deune :ille en sou;riant.

– @e #artirai re#rit )ravement FaAimilien.

– <ous me trouverez mariée au retour De vous en #réviensdit;elle avec co0uetterie.

– @e le souhaite.

– L&im#ertinent s&écria;t;elle se ven)e;t;il assez cruelle;ment R

Euinze Dours a#r"s FaAimilien Lon)ueville #artit avec sasœur Clara #our les chaudes et #oéti0ues contrées de la ,elle%talie laissant mademoiselle de 'ontaine en #roie auA #lus vio;lents re)rets. Le Deune secrétaire d&am,assade é#ousa la 0ue;relle de son :r"re et sut tirer une ven)eance éclatante des dé;dains d&Émilie en #u,liant les moti:s de la ru#ture des deuAamants. %l rendit avec usure = sa danseuse les sarcasmes 0u&elleavait Dadis lancés sur FaAimilien et :it souvent sourire #lusd&une +Acellence en #ei)nant la ,elle ennemie des com#toirs

– S8 –



l&amazone 0ui #rchait une croisade contre les ,an0uiers la Deune :ille dont l&amour s&était éva#oré devant un demi;tiers demousseline. Le comte de 'ontaine :ut o,li)é d&user de son crédit

#our :aire o,tenir = 6u)uste Lon)ueville une mission en 3ussiea:in de soustraire sa :ille au ridicule 0ue ce Deune et dan)ereuA#ersécuteur versait sur elle = #leines mains. Bientt le minis;t"re o,li)é de lever une conscri#tion de #airs #our soutenir leso#inions aristocrati0ues 0ui chancelaient dans la no,lecham,re = la voiA d&un illustre écrivain nomma monsieur 'ui$raudin de Lon)ueville #air de 'rance et vicomte. Fonsieur de'ontaine o,tint aussi la #airie récom#ense due autant = sa :i;

délité #endant les mauvais Dours 0u&= son nom 0ui man0uait = lacham,re héréditaire.

<ers cette é#o0ue Émilie devenue maDeure :it sans doutede sérieuses ré:leAions sur la vie M car elle chan)ea sensi,lementde ton et de mani"res ? au lieu de s&eAercer = dire des méchance;tés = son oncle elle lui #rodi)ua les soins les #lus a::ectueuAelle lui a##ortait sa ,é0uille avec une #ersévérance de tendresse

0ui :aisait rire les #laisants M elle lui o::rait le ,ras allait dans sa voiture et l&accom#a)nait dans toutes ses #romenades M elle lui#ersuada mme 0u&elle n&était #oint incommodée #ar l&odeur dela #i#e et lui lisait sa ch"re (uotidienne au milieu des ,ou::éesde ta,ac 0ue le malicieuA marin lui envo>ait = dessein M elle a#;#rit le #i0uet #our :aire la #artie du vieuA comte M en:in cette Deune #ersonne si :antas0ue écoutait avec attention les récits0ue son oncle recommenJait #ériodi0uement du com,at de la

Belle$Poule des manœuvres de la )ille$de$Paris de la #remi"reeA#édition de monsieur de !u::ren ou de la ,ataille d&6,ou-ir.Euoi0ue le vieuA marin eUt souvent dit 0u&il connaissait tro# salon)itude et sa latitude #our se laisser ca#turer #ar une Deunecorvette un ,eau matin les salons de Paris a##rirent 0ue made;moiselle de 'ontaine avait é#ousé le comte de Ger)aro`et. La Deune comtesse donna des :tes s#lendides #our s&étourdir Mmais elle trouva sans doute le néant au :ond de ce tour,illon. LeluAe cachait im#ar:aitement le vide et le malheur de son Ime

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sou::rante. La #lu#art du tem#s mal)ré les éclats d&une )aieté:einte sa ,elle :i)ure eA#rimait une sourde mélancolie. Émilie#araissait d&ailleurs #leine d&attentions et d&é)ards #our son

vieuA mari 0ui souvent en s&en allant dans son a##artement lesoir au ,ruit d&un Do>euA orchestre disait 0u&il ne se reconnais;sait #lus et 0u&il ne cro>ait #as 0u&= l&I)e de soiAante;douze ansil dUt s&em,ar0uer comme #ilote sur la Belle *milie a#r"s avoirdéD= :ait vin)t ans de )al"res conDu)ales.

La conduite de la comtesse était em#reinte d&une telle sévé;rité 0ue la criti0ue la #lus clairvo>ante n&avait rien = > re;

#rendre. Les o,servateurs #ensaient 0ue le vice;amiral s&étaitréservé le droit de dis#oser de sa :ortune #our enchaNner #lus:ortement sa :emme. Cette su##osition :aisait inDure = l&oncle et= la ni"ce. L&attitude des deuA é#ouA :ut d&ailleurs si savammentcalculée 0u&il devint #res0ue im#ossi,le auA Deunes )ens in;téressés = deviner le secret de ce ména)e de savoir si le vieuAcomte traitait sa :emme en é#ouA ou en #"re. n lui entendaitdire souvent 0u&il avait recueilli sa ni"ce comme une nau:ra)ée

et 0ue Dadis il n&avait Damais a,usé de l&hos#italité 0uand il luiarrivait de sauver un ennemi de la :ureur des ora)es. Euoi0ue lacomtesse as#irIt = ré)ner sur Paris et 0u&elle essa>It de marcherde #air avec mesdames les duchesses de Fau:ri)neuse deChaulieu les mar0uises d&+s#ard et d&6i)lemont les comtesses'éraud de Fontcornet de 3estaud madame de Cam#s et ma;demoiselle 5es $ouches elle ne céda #oint = l&amour du Deune vicomte de Portendu"re 0ui :it d&elle son idole.

5euA ans a#r"s son maria)e dans un des anti0ues salonsdu :au,our) !aint;Termain oQ l&on admirait son caract"re di)nedes anciens tem#s Émilie entendit annoncer monsieur le vi;comte de Lon)ueville M et dans le coin du salon oQ elle :aisait le#i0uet de l&év0ue de Persé#olis son émotion ne #ut tre re;mar0uée de #ersonne ? en tournant la tte elle avait vu entrerson ancien #rétendu dans tout l&éclat de la Deunesse. La mort deson #"re et celle de son :r"re tué #ar l&inclémence du climat de

– V –



Péters,our) avaient #osé sur la tte de FaAimilien les #lumeshéréditaires du cha#eau de la #airie M sa :ortune é)alait sesconnaissances et son mérite ? la veille mme sa Deune et

,ouillante élo0uence avait éclairé l&assem,lée. +n ce moment ila##araissait = la triste comtesse li,re et #aré de tous les dons0u&elle avait rvés #our son idole. $outes les m"res 0ui avaientdes :illes = marier :aisaient de co0uettes avances = un Deunehomme doué des vertus 0u&on lui su##osait en admirant sa)rIce M mais mieuA 0ue toute autre Émilie savait 0u&il #ossédaitcette :ermeté de caract"re dans la0uelle les :emmes #rudentes voient un )a)e de ,onheur. +lle Deta les >euA sur l&amiral 0ui se;

lon son eA#ression :amili"re #araissait devoir tenir encore lon);tem#s sur son ,ord et maudit les erreurs de son en:ance.

+n ce moment monsieur de Persé#olis lui dit avec sa )rIceé#isco#ale ? – Fa ,elle dame vous avez écarté le roi de cœur D&ai )a)né. Fais ne re)rettez #as votre ar)ent De le réserve #ourmes #etits séminaires.

Paris décem,re 1829.

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