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Cardinal SIRI Cardinal SIRI AVERTISSEME AVERTISSEME NT NT à propos à propos du du vêtement vêtement masculin masculin porté porté par les par les femmes femmes Instruction du 12 juin 1960 par le Cardinal SIRI

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Page 1: Avertissement Cardinal Siri

Cardinal SIRICardinal SIRI

A V E R T I S S E MA V E R T I S S E ME N T E N T

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vêtementvêtement masculin portémasculin porté par les femmespar les femmes

Instruction du 12 juin 1960 par le Cardinal SIRITraduit de l'italien (dans la Rivista Diocesana Anno XLIX, n°6, Giugno 1960,

p138 et suivantes)

Editions du local

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PrésentationLe cardinal Joseph SIRI a publié dans la revue de l'archidiocèse de

Gênes, un Avertissement sous la date du 12 juin 1960. L'archevêque y traite de la tenue vestimentaire des femmes et des jeunes filles, plus précisément du port du pantalon.

La réédition et la traduction de ce texte sont pertinentes parce que, malgré son âge, il n'a pas pris une ride. Cette fraîcheur tient à une double raison : d'une part, il expose des raisons qui ne tiennent pas aux circonstances mais à notre nature humaine et à notre vocation divine ; d'autre part le fléau naissant dénoncé par le cardinal n'a pas disparu... bien au contraire, il s'est partout étendu

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et les catastrophes annoncées se déroulent sous nos yeux impuissants ; il est donc urgent, si l'on veut porter remède à l'effondrement des mœurs chrétiennes, d'en supprimer les causes et, en particulier, de reprendre le chemin de la modestie vestimentaire.

Le lecteur attentif s'apercevra bien vite que le cardinal Siri omet toute référence, toute indication d'autorité pour étayer son enseignement. Il n'y a rien qui doive étonner, puisque le cardinal, étant archevêque de Gênes et docteur en son diocèse, enseignait avec autorité et pouvait donc se dispenser de mentionner les sources dont il s'inspirait. En outre, il est probable qu'il rédigea sont texte rapidement, voulant réagir sans délai à un usage qu'il jugeait nuisible et qu'il voulait tuer dès son apparition. Il n'y a cependant nul doute que cet avertissement est dans le droit fil de la révélation divine :

«Que la femme ne porte pas un vêtement masculin, ni l'homme un vêtement de femme: car celui qui agit ainsi est abominable devant Dieu. » (Deut. XXII, 5)

Notre contrepoint s'attachera à manifester cet accord de la tradition catholique en matière de modestie chrétienne.

Une traduction ne peut être une transcription servile ; elle serait peu compréhensible et exprimerait bien mal ce que l'auteur entend dire. Nous nous sommes donc efforcés de restituer la pensée du cardinal Siri selon le génie de la langue française. Si nous donnons parfois à notre texte une latitude qui, tout en respectant la substance et le déroulement du texte italien, réorganise çà ou là un paragraphe, c'est pour nous exprimer selon un agencement plus familier au lecteur français.

Le cardinal Siri, conformément à la lettre impérative De inhonesto vestiendi more que le Pape Pie XII fit envoyer le 15 août 1954 à tous les Ordinaires des lieux par la Sacrée Congrégation du Concile, accomplissait son grave devoir pastoral. C'est avec la même gravité que nous devons recevoir le fruit de son zèle pour le salut des âmes et pour la sainteté des mœurs chrétiennes.

UT IN OMNIBUS GLORIFICETUR DEUS

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Avertissement à propos du vêtement masculin porté par les

femmesÀ Notre clergéÀ toutes les sœurs enseignantesÀ Nos chers fils de l'Action catholiqueAux éducateurs qui veulent vraiment s'inspirer de la doctrine

chrétienne

Cette année, les prémices d'un printemps qui se fait attendre nous offrent le spectacle de plus en plus fréquent de jeunes filles, de femmes, de mères de famille même, vêtues d'un habit masculin : le pantalon. L'an dernier encore à Gênes, une telle tenue désignait le plus souvent une touriste ; mais il semble que maintenant un nombre notable de Génoises, jeunes et moins jeunes, ait choisi de porter - à tout le moins durant les activités de loisir - ce vêtement d'homme.

La généralisation de cette pratique impose une sérieuse réflexion, et Nous prions les destinataires du présent Avertissement, parce qu'ils doivent être conscients de leur responsabilité devant Dieu, de bien vouloir prêter à ce problème l'attention nécessaire.

I. L'aspect moral de cet usage ne peut que Nous inquiéter ; aussi Notre premier souci est-il de porter un jugement moral équitable sur le port de vêtements masculins par les femmes.

Deux choses sont nécessaires à la modestie d'un vêtement : qu'il couvre le corps et qu'il en dissimule les formes. Un pantalon couvre le corps de façon moins insuffisante que la plupart des jupes de notre époque : c'est un fait certain, mais qui ne suffit pas à l'innocenter. Car, par nature, le pantalon moule le corps bien plus que ne le fait une jupe. C'est en tous cas ce qui arrive le plus souvent, même si nombre de vêtements féminins actuels serrent le corps autant ou davantage que certains pantalons.

Le port du pantalon par une femme est donc immodeste en raison de son étroitesse. Mais étant donnée l'exiguïté généralisée des vêtements modernes, on ne peut affirmer que par lui-même il ajoute un grave tort à la modestie. Pour porter Notre jugement, il faut que Nous prenions en compte cette immodestie (non moins inquiétante que la mise à découvert du corps) sans pour autant l'exagérer ni la considérer comme l'aspect le plus grave.

II. En effet, c'est un autre aspect du port du pantalon par les femmes qui Nous semble le plus grave. En voici trois éléments, que

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Nous exposerons avec soin. L'habit masculin employé par une femme :

a) modifie la mentalité des femmes ;b) tend à vicier les rapports entre l'homme et la femme ;c) détruit facilement la dignité d'une mère face à ses

enfants.

Il altère la mentalité féminineLe désir d'imiter l'homme, voire de rivaliser avec lui, parce qu'on

le considère comme plus fort, comme plus décontracté, plus indépendant : voilà la raison qui pousse une femme à s'habiller comme lui, cherchant dans la tenue extérieure un point d'appui pour se persuader qu'elle est «comme un homme». Même si ce motif n'est pas conscient, ce qui est inéluctable c'est qu'en retour, parce que la tenue vestimentaire a une très forte influence sur le comportement et sur l'état d'esprit, le changement du vêtement modifiera gestes et attitudes, la mentalité intérieure s'alignera sur la tenue extérieure ; il en est ainsi depuis les origines.

Cela peut conduire au fait que le port d'un vêtement masculin sera chez une femme une sorte de refus de sa féminité, qu'elle en vient à considérer comme une infériorité - alors qu'il n'y a que diversité. À ce stade, la perversion de la mentalité est devenue claire.

Ces raisons, qui en appellent d'autres que Nous aurions pu développer, sont déjà suffisantes pour mettre en garde contre la déformation vers laquelle l'habit masculin pousse la mentalité féminine.

Il tend à vicier les rapports entre hommes et femmes

En effet, le rapport spontané dominant entre les deux sexes, quand chacun arrive à maturité, est l'attrait mutuel. Le fondement premier de cet attrait est la diversité, condition nécessaire de la complémentarité. Si cette diversité devient moins visible à cause de la disparition de son signe extérieur, et qu'ainsi le climat spirituel n'est plus sain, ce rapport est profondément bouleversé.

Mais c'est bien davantage qu'il faut dire encore : cette attirance est naturellement précédée par la pudeur. Lorsque naît l'instinct poussant à des actes qui échappent à la raison, cette pudeur préexistante est un rempart qui réprime, qui impose le respect et qui tend à élever les relations vers le plan supérieur de l'estime mutuelle et de la crainte salutaire. Si la diversité des vêtements n'est plus là pour alerter et maintenir les défenses naturelles, la pudeur ne peut se soutenir et ce rempart même s'effondre.

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Tout au moins, ce rempart sera amoindri. Sans le frein de la pudeur, les relations entre l'homme et la femme sont entraînées vers la pure sensualité, à l'opposé de l'estime et du respect.

Lorsque la femme est assimilée à l'homme, ses défenses sont réduites et sa faiblesse s'accroît. C'est l'expérience qui nous l'apprend.

Une tenue masculine porte atteinte à la dignité d'une mère aux yeux de ses enfants

Tous les enfants possèdent instinctivement le sens de la dignité et de l'honneur de leur mère. C'est un point sur lequel ils sont très sensibles ; il revêt la plus grande importance pour la formation de leur âme et pour l'orientation de leur vie, et cela bien avant qu'ils n'atteignent l'adolescence. Si ce sens est déçu ou scandalisé, si la mère ne répond pas à l'image très haut placée et très exigeante que l'enfant s'en fait, ses réactions seront profondes et durables, parfois terribles. Même si parvenu à l'âge adulte on a oublié cela, le pli reste : cette première crise peut être décisive - et de façon néfaste.

L'enfant ignore la définition de 1'attentat à la pudeur, de la frivolité ou de l'infidélité ; mais il possède un sixième sens instinctif qui lui fait deviner toutes ces choses, qui l'en fait souffrir et qui en laisse son âme profondément blessée.

III. Qu'on réfléchisse bien à ce que Nous venons de dire, même si l'exhibition d'une femme en pantalon ne produit pas sur le champ tout le bouleversement qui est la conséquence de sa grave immodestie.

La modification de la mentalité féminine provoque un dommage fondamental - et à la longue irréparable - au préjudice de la famille, de la fidélité conjugale, de la sensibilité affective et de la société humaine. S'il faut concéder que les effets d'une tenue inconvenante ne se manifestent pas tous à brève échéance, il faut ne pas oublier l'action lente et sournoise qui affaiblit, qui détruit et qui corrompt petit à petit.

Peut-on concevoir des relations normales entre époux, si la mentalité de l'épouse est corrompue ? Que deviendra l'éducation des enfants - cette éducation si délicate, tissue de tant d'impondérables, dans laquelle l'instinct et l'intuition de la mère jouent un rôle si décisif pendant les jeunes années ? Quel rayonnement pourront donc avoir ces femmes qui, ayant longtemps porté le pantalon, ne s'apprécieront plus elles-mêmes que selon leur rivalité avec les hommes et non pas selon leur nature féminine ?

Pourquoi donc, depuis le commencement de l'humanité, plus

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encore depuis le commencement de la civilisation, pourquoi les hommes ont-ils toujours irrésistiblement adopté des tenues vestimentaires différenciées selon les états ou les fonctions ? N'est-ce pas le signe évident qu'il s'agit là d'une vérité et d'une loi supérieures aux hommes ?

Pour conclure, force est de constater qu'à long terme le port du pantalon par les femmes dégrade l'ordre humain.

IV. La conséquence logique de ce que Nous venons d'exposer est que quiconque a charge d'âmes doit avoir l'esprit vraiment alarmé, avec une vigilance rigoureuse et suivie d'effet.

Nous adressons donc un grave avertissement aux curés, à tous les prêtres - en particulier aux confesseurs - aux dirigeants de toutes les œuvres catholiques, à tous les religieux, aux religieuses, surtout aux enseignantes.

Nous leur enjoignons d'examiner avec conscience ce problème, dans l'intention d'agir efficacement. C'est la qualité de cette conscience qui importe. Elle suggérera en temps utile l'action qui convient. Mais n'acceptons pas le fait accompli, comme s'il s'agissait d'une évolution fatale du genre humain !

L'homme peut aller et venir, parce que Dieu a laissé une grande latitude à sa liberté ; mais les caractères essentiels de sa nature et ceux, non moins essentiels, de la loi éternelle, n'ont jamais changé, ne changent pas et ne changeront jamais. Il existe des limites qu'on peut se croire autorisé à franchir, mais on y trouvera la mort ; il existe des limites que le verbiage philosophique peut railler ou mépriser, mais qui se dresseront comme un mur inviolable bâti de faits concrets et de loi naturelle, contre lequel les violateurs de ces limites se briseront. Et l'histoire nous apprend clairement, à la terrible lumière de l'expérience des peuples, que la transgression de la loi naturelle entraîne nécessairement, tôt ou tard, une suite de catastrophes.

Depuis Hegel et sa dialectique, on nous rabat les oreilles du contraire et, à la longue, nombreux sont ceux qui se laissent influencer par cette négation de la réalité et de la permanence de l’ordre naturel. Mais cela n'empêche pas la nature et la vérité, ainsi que la loi sous-jacente, de continuer à exister, et d'être une pierre d'achoppement pour les naïfs qui se persuadent, sans la moindre preuve, que la nature humaine est en train de subir une mutation radicale.

Le résultat des violations de la loi naturelle n'est pas un nouvel équilibre humain, mais bien le désordre, l'instabilité si nocive, l'effrayante stérilité des âmes, et l'accroissement ahurissant du nombre d'épaves humaines exclues de toute vie sociale et sombrant dans le dégoût, la tristesse, l'abandon. Sur les ruines de

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la loi divine prolifèrent les familles brisées, les vies anéanties, les foyers éteints, les vieillards rejetés, les enfants dégénérés et - pour finir- les désespoirs et les suicides.

Toutes ces misères témoignent que l'ordre voulu par Dieu demeure malgré tout et ne s'accommode pas des rêves délirants de prétendus philosophes !

V. Nous avons dit que les destinataires du présent avertissement doivent sérieusement s'alarmer du problème que Nous avons exposé. C'est pourquoi ils instruiront les gens, en commençant par les fillettes à l'âge où elles sont encore auprès de leur mère. Sans pour autant se laisser aller à l'exagération ou au fanatisme, ils devront prendre l'habitude de restreindre sévèrement leur tolérance. Ils n'auront jamais la faiblesse de laisser croire qu'ils consentent à l'usage d'un vêtement qui dégrade et qui met en péril toute la moralité des institutions. Comme ligne de conduite au confessionnal, les prêtres seront tranchants et catégoriques, sans toutefois tenir que le port du pantalon est automatiquement une faute grave. Que tous soient convaincus de la nécessité d'une ligne de conduite unique, rendue plus ferme par la coopération de toutes les bonnes volontés et de tous les esprits éclairés : elle sera ainsi capable d'élever une digue efficace contre le flot de l'immodestie.

Ceux qui, à quelque titre que ce soit, ont charge d'âme, comprennent combien, dans ce combat, il est utile de s'assurer le concours du monde des arts, de la presse et de la confection. L'orientation donnée par les maisons de mode, par les couturiers influents et par l'industrie vestimentaire est d'une importance déterminante. La convergence du génie artistique, de l'élégance et du bon goût peut concevoir des tenues convenables et dignes pour que les femmes puissent, au besoin, utiliser un scooter ou s'adonner à certains travaux. L'important est de conserver la modestie aussi bien que le sentiment éternel de la féminité, cette féminité dans laquelle tous les enfants reconnaîtront et admireront le visage de leur maman.

Nous sommes bien conscients que la vie moderne présente des problèmes et des exigences inconnues de nos grands-parents. Mais Nous déclarons qu'il existe des valeurs supérieures à maintenir, bien plus nécessaires que les commodités passagères ; Nous confessons aussi avec certitude qu'il existe pour chaque problème nouveau des solutions acceptables et dignes, que les personnes de bon sens et de bon goût trouveront.

C'est par charité que Nous luttons contre le laminage du genre humain, contre l'écrasement produit par l'effacement des différences qui sont au fondement de l'équilibre de l'humanité. Quand on voit une femme en pantalon, ce n'est pas uniquement à

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telle personne qui s'habille de manière indigne qu'il faut penser, mais à l'humanité toute entière qui va vers un chaos qui sera atteint quand les femmes seront totalement assimilées aux hommes. Personne n'a intérêt à prêter la main à l'élaboration d'un avenir où régneront l'indéfini, l'ambigu, l'incomplet et, en définitive, le monstrueux.

Cette lettre n'est pas destinée au grand public mais à ceux qui ont charge d'âme, à ceux qui ont des responsabilités dans l'éducation et dans les œuvres catholiques. Qu'ils fassent leur devoir et ne soient pas des sentinelles endormies pendant que le mal progresse!

Gênes, le 12 juin 1960 JOSEPH, Card. SIRI

Archevêque

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ContrepointLe Cardinal SIRI, en traitant d'un point important mais limité - le

port du pantalon par les femmes - nous fait pénétrer à l'intérieur d'un problème d'ordre plus général, celui de la modestie chrétienne ; il faut lui savoir gré d'avoir ainsi donné cette ampleur de vue à son Avertissement. En effet, il ne se contente pas de remarquer que le port du pantalon est une offense à Dieu qui exige un vêtement convenable ; il montre aussi qu'il est une grave déviation.

Toute la mentalité moderne, exprimée dans le vêtement masculin et entretenue par lui, tend à faire déserter la femme du rôle très grand et irremplaçable que lui a confié le Bon Dieu : éduquer le cœur des enfants, établir la sainteté des mœurs chrétiennes et garder toute sa famille dans la vertu de pureté – qui est le terrain nécessaire de toutes les autres vertus chrétiennes et du salut éternel. Pendant que les petits et les grands enfants se perdent parce qu'ils reçoivent des scorpions à la place du pain que seule une mère irréprochable peut leur donner, la femme libérée en est réduite à usurper le rôle dévolu aux hommes ; elle ne peut y trouver que sot orgueil et profonde inadaptation. La modestie veut que chacun reste à sa place et y exerce saintement la vocation propre reçue de Dieu notre créateur, notre Rédempteur et notre fin dernière.

Cette modestie, considérée dans toute son ampleur, est une pièce vitale de la vie chrétienne. Elle prend place parmi les douze fruits du Saint-Esprit énumérés par saint Paul :

« Le fruit du Saint-Esprit est la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité, la douceur, la foi, la modestie, la continence, la chasteté ».(Gal. V, 22)

Comme les autres fruits, la modestie est non seulement une conséquence et un signe de la présence du Saint-Esprit dans l'âme, mais encore une condition pour qu'il y puisse demeurer.

Cette modestie s'apparente à la vertu de tempérance, à laquelle elle est une disposition et dont elle est un prolongement ; son rôle propre est de régler certaines passions sensibles et de modérer leurs manifestations extérieures. L'office de la modestie est donc irremplaçable ; il est de se tenir à la périphérie de la vertu de tempérance pour achever son œuvre, et pour édifier autour d'elle un rempart nécessaire à la sauvegarde de la tempérance elle-même et de nombreuses autres vertus.

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Le langage usuel a retenu trois aspects de la modestie : - un aspect relatif à la vertu de CHASTETÉ - modestie de la tenue

et du vêtement, du regard et du langage ;- un aspect relatif à la vertu d'HUMILITÉ - modestie des paroles

(dans leur objet, dans le ton du discours, dans la facilité à prendre la parole et à parler de soi-même) et des attitudes, modestie dans les ambitions humaines et dans les projets terrestres;

un aspect relatif à la vertu de PAUVRETÉ – modestie dans le train de vie, dans la jouissance des biens matériels et dans l'aspect extérieur.

Dans ces trois aspects, on retrouve aisément les vertus qui s'opposent directement aux trois concupiscences dont parle saint Jean, ces trois blessures par où la corruption menace sans cesse de pénétrer dans l'âme et de s'y installer : « Parce que tout ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie» (I Jean II, 16). La modestie est donc un rempart, elle est le rempart nécessaire contre le mal dans lequel baigne le monde, dit encore saint Jean : « Mundus totus in maligno positus est » (I Jean V, 19). Il ne peut y avoir de vertu solide, il ne peut y avoir de vie chrétienne stable sans cette modestie : ôtez-la, nos trois concupiscences deviennent immédiatement des plaies à vif sans aucune protection, par lesquelles l'âme est vulnérable au point qu'elle tombera comme nécessairement1.

C'est ce triple rempart que Notre-Seigneur a opposé au démon qui le tentait dans le désert après son jeûne de quarante jours, nous montrant ainsi que la modestie vient à bout de toutes les tentations, préserve de tout péril et rend invincible.

Il n'est que trop clair que cette modestie est bien perdue, même parmi ceux qui font profession de suivre Jésus-Christ et de défendre la foi et la tradition catholiques : il suffit d'écouter nos chrétiens au langage si peu châtié, à la plaisanterie douteuse si facile, à la

1 Il ne faut pas oublier un quatrième rôle de la modestie, rôle enseigné par les anciens (saint Thomas d'Aquin se réfère à Cicéron en la matière), rôle relatif à la vertu de studiosité. L'objet de cette vertu est de régler l'appétit de connaissance de l'homme, de régler l'étude pour la modérer ou la stimuler, surtout pour l'appliquer droitement. La curiosité fait que nous nous intéressons à mille choses inutiles (quand elles ne sont pas mauvaises ou ne mettent pas en notre cœur une ambition déraisonnable), et que dans le même temps nous délaissons l'étude du savoir relatif à notre devoir d'état - qu'il s'agisse du devoir d'état de baptisé et de confirmé, de celui de père ou de mère, d'époux ou d'épouse, de celui de prêtre ou de consacré à Dieu, ou encore du devoir d'état professionnel. En ce sens, la modestie est bien méconnue, car nous sommes un bizarre mélange de paresse intellectuelle profonde et de curiosité insatiable.

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jactance si prompte ; il suffit de les voir laisser traîner leurs yeux partout ou être si facilement débraillés ; il suffit de voir nos chrétiennes genoux au vent ou pantalonnées, tête découverte à l'église ou encore peinturlurées comme des indiens sur le sentier de guerre. C'est grande tristesse de constater si peu d'attention à la présence du Saint-Esprit dans son âme et dans celle du prochain, et de constater aussi l'oubli de notre vocation à vivre dans l'intimité de Dieu trois fois saint et infiniment pur.

Dans cette déroute de la modestie, les responsabilités sont graves et multiples. Les prédicateurs et les confesseurs n'ont plus rappelé et exigé les requêtes de l'Évangile ; les parents n'ont plus enseigné, de parole et d'exemple, la modestie à leurs enfants ; les chefs de famille n'ont plus gouverné leur foyer. Les âmes étaient venues à Jésus-Christ, la chrétienté s'était étendue par le courage et la charité ardente des Pères Missionnaires ; à l'inverse, la chrétienté s'effondre, les âmes quittent Jésus-Christ à cause de la lâcheté et de la triste tiédeur des pères démissionnaires (parfois très exigeants pour des broutilles ou pour leurs manies), qui ne veulent plus ou qui n'osent plus faire régner dans leur famille la modestie chrétienne, protection indispensable pour que Jésus-Christ soit honoré en tout et par tous.

Monsieur le censeur, nous ne sommes plus en 1960 ! … C'est bien vrai ; mais cette banale constatation n'enlève rien aux raisons qu'expose le cardinal Siri. Ce n'est pas parce que l'usage du pantalon s'est généralisé, ce n'est pas parce que l'immodestie règne partout, que l'exigence de la vie chrétienne est devenue caduque. Au contraire, cela fait entrer en ligne de compte un nouvel élément, plus glorieux ou plus grave : se vêtir modestement n'est plus seulement une protection de la vertu, c'est devenu un véritable témoignage d'attachement à Jésus-Christ.

Nombre de femmes ou de jeunes filles qui adoptent (entièrement ou à moitié) les modes vestimentaires contemporaines apaisent leur conscience en se disant qu'elles ne le font ni par sensualité ni pour s'assimiler aux hommes, et que cela ne les empêche pas de tenir leur place dans la famille. Elles oublient qu'elles ne peuvent connaître ni maîtriser les troubles de leurs enfants et de leur prochain, mais passons... Elles agissent alors ainsi pour se fondre dans la foule, pour n'être pas montrées du doigt ni moquées ; elles le font pour fuir un témoignage qui leur coûte, elles le font par honte de la vertu qu'elles professent : «Je ne veux pas être habillée comme une bonne sœur !» entend-on parfois dire à ces personnes écartelées, manquant de courage pour affronter le regard de leur prochain. Et pourtant, si elles savaient combien, en s'habillant

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modestement, elles seraient secrètement respectées et honorées par ceux dont elles craignent le jugement ! Surtout elles pourraient se répéter avec une douce joie qu'elles sont à l'opposé du désaveu de Jésus-Christ :

« Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, lorsqu'il viendra dans la gloire de son Père avec les anges saints». (Marc VIII, 38)

Si la disparition de la modestie sonne le glas des mœurs chrétiennes - c'est ce que nous rappelle vigoureusement le cardinal Siri - le culte de la modestie lui, procure un nombre incalculable de biens. Ainsi en témoigne saint Bernard :

« La modestie est la perle des mœurs, la verge de la discipline, la sœur de la continence, la lampe de l'âme chaste ; elle fait disparaître le mal, elle propage la pureté ; elle est la gloire spéciale de la conscience, la gardienne de la réputation, l'honneur de la vie, le siège de la force, les prémices de la vertu, ce que la nature a de plus louable, et l'ornement de tout ce qui est honnête ». (S. LXXXCI in Canticum Canticorum)

Le Père Emmanuel du Mesnil-Saint-Loup, retourné à Dieu il y a tout juste un siècle, a prouvé, par l'admirable, profonde et durable conversion de sa paroisse, la vérité et l'efficacité de l'enseignement contenu dans les pages que nous avons lues. Laissons-lui le dernier mot :

« Il y a parenté entre luxe et luxure. Là où la vanité entre, la piété s'en va. La crise de la vanité chez une femme est décisive ; est-elle heureusement surmontée, pour elle c'est le salut. Les hommes ne sauraient en général être chastes, si les femmes en général ne sont pas modestes. C'est une nécessité que l'on puisse distinguer les chrétiennes des mondaines et comment les distinguer autrement que par leur modestie ? La modestie est une des marques de la présence du Saint-Esprit dans une âme. Le renoncement à la vanité et aux vanités fait partie intégrante des promesses du baptême.» (Bulletin de l'œuvre N.-D. De la Ste-Espérance, IX, p.485)

En la fête de sainte Bernadette, 16 avril 2003

André Siasom

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Couverture : Mater Amabilis, couvent de la Trinité des Monts à Rome, XIXème siècle

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Mgr de Castro-Mayer, paraît-il, avait l’habitude de dire que le pantalon pour une femme est pire qu’une mini-jupe, parce que, alors que la mini-jupe est sensuelle et assaille les sens, le pantalon est idéologique et s’en prend à l’esprit. Car en vérité, le pantalon de la femme, tel qu’il est porté aujourd’hui, court ou long, modeste ou immodeste, serré ou ample, affirmé ou comme une jupe-culotte, constitue une attaque à la féminité des femmes, et donc représente une révolte fondamentale contre l’ordre voulu par Dieu.

Mgr. W.

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