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Apport du scanner corps entier en imagerie post mortem : à partir de 20 cas commentés J. CHARTON (1), E-M. KIEFFER (1), A.VENKATASAMY (1), A. FARRUGIA (2), A. GERAUT (2), J-S. RAUL (2), B. LUDES (2) Service de Radio I Hautepierre (1), Institut de Médecine Légale (2) CHU de Strasbourg JFR 2013

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Apport du scanner corps entier en

imagerie post mortem : à partir

de 20 cas commentés

J. CHARTON (1), E-M. KIEFFER (1),

A.VENKATASAMY (1), A. FARRUGIA (2),

A. GERAUT (2), J-S. RAUL (2), B. LUDES (2)

Service de Radio I Hautepierre (1), Institut de Médecine

Légale (2)

CHU de Strasbourg

JFR 2013

Introduction

• Réalisation d’examens tomodensitométriques post mortem corps entier au CHU de Strasbourg depuis avril 2012.

• Environ 150 cas réalisés, comprenant levées de corps et autopsies.

• Demandes d’examens émanant du médecin légiste.

Organisation

• Exige une coordination parfaite entre les différents intervenants afin de préserver le secret médical et le secret d’instruction.

• Réalisation des examens la nuit, en dehors des vacations cliniques.

• Examens anonymisés, gravés sur CD et archivés sur le PACS sous un numéro de référence.

• Contexte du décès révélé aux seuls médecins radiologues en charge de l’interprétation.

• Compte rendu radiologique transmis aux médecins légistes avant l’autopsie ou la levée de corps (la levée

de corps consiste en un examen corporel externe seul, sans autopsie).

Particularités de l’imagerie post

mortem • Nécessite une période d’apprentissage de la part

du radiologue pour se familiariser avec ce type d’imagerie.

• Connaissance des phénomènes cadavériques normaux

• Concertations régulières entre les médecins des deux spécialités indispensable à la progression des performances diagnostiques.

• Apport diagnostic certain pour les deux spécialités.

Cas 1 à 13

La cause du décès a été identifiée

au scanner et confirmée à

l’autopsie

Cas n°1 : Décès par arme à feu, victime au

volant de sa voiture. Où était placé le tireur ?

Discordance initiale entre les orifices d’entrée

cutané et la position des ogives. Trajets

balistiques intra corporels identifiables en

scanner et confirmés à l’autopsie.

Cas n°1 : Décès par arme à feu, victime au

volant de sa voiture. La balle n°1 entre dans la

région scapulaire gauche,

traverse le médiastin

supérieur (à l’origine d’un

hémothorax létal) et vient

terminer sa course en

arrière du muscle pectoral

droit.

La balle n°2 entre dans la

région inguinale droite,

ricoche sur la branche ilio-

pubienne droite qu’elle

fracture, ricoche une

seconde fois sur l’aile

iliaque gauche et s’arrête à

quelques centimètres, au

sein du muscle iliaque.

Cas n°2 : Suicide par arme à feu. Où se

cache la balle ?

Cas n°2 : Suicide par arme à feu. Où se

cache la balle ?

Au scanner l’orifice d’entrée est situé dans

la région pré sternale, le trajet est oblique

vers le bas et l’arrière, traversant le sternum,

l’étage supérieur de l’abdomen et le

rétropéritoine. L’ogive se localise dans les

tissus mous para vertébraux. L’autopsie

confirme toutes les données du scanner.

Cas n°3 : Individu âgé, vivant en foyer,

retrouvé décédé dans sa chambre.

La réquisition judiciaire demandait

initialement une levée de corps. La

découverte, au scanner, d’un hémopéritoine

de grande abondance, à l’origine du décès, a

justifié la réalisation d’une autopsie

complémentaire (recherche de cause

traumatique).

Cas n°3 : Individu âgé, institutionnalisé,

retrouvé décédé dans sa chambre.

Au scanner, l’hémopéritoine prédomine à

l’étage supérieur de l’abdomen évoquant

une origine hépatique ou splénique.

L’autopsie confirme l’hémopéritoine et

met en évidence une rupture spontanée,

intra péritonéale, de carcinome hépato-

cellulaire.

Cas n°4: Individu jeune, retrouvé décédé

au bas d’un escalier

Le scanner révèle une hypertrophie concentrique du ventricule

gauche.

Cas n°4 : Individu jeune, retrouvé décédé

au bas d’un escalier

Dans ce cas la réquisition judiciaire ne concernait qu’une levée

de corps.

La découverte, au scanner, d’une hypertrophie concentrique du

ventricule gauche à plus de 3 cm d’épaisseur sans aucune autre

lésion traumatique suspecte associée a permis de conclure à une

mort subite sur probable trouble du rythme cardiaque.

Cas n°5 : Un cycliste malchanceux

Contexte cycliste contre camion.

Lésions cranio-encéphaliques

majeures au scanner. Description

radiologique exhaustive complexe.

Cas n°5 : Un cycliste malchanceux

En Volume

Rendering,

identification visuelle

aisée des lésion

traumatiques.

Le scanner permet de

rendre des images

non sanglantes aux

jurés et aux

magistrats.

Cas n°6 : Mort par arme blanche.

Le scanner permet d’identifier 2 orifices d’entrée, l’un

dans la région antérieure de l’épaule gauche(), le

second basicervical gauche. Il existe également un aspect

spontanément hyperdense ()de l’espace rétropharyngé

d’allure hémorragique.

Cas n°6: Mort par arme blanche.

L’autopsie révèle une plaie traumatique de

l’artère carotide commune gauche à l’origine du

décès et de l’hématome rétro pharyngé visualisé

au scanner.

La plaie pénétrante de l’épaule gauche n’a pas

causé de lésion vitale.

Cas n°7 : AVP à haute vélocité.

L’examen TDM visualise de

multiples lésions traumatiques

thoraciques avec, en particulier,

un hémo médiastin péri aortique

débutant au segment initial de

l’aorte thoracique descendante.

Cas n°7 : AVP à haute vélocité.

L’autopsie confirme la rupture traumatique de

l’isthme aortique, laquelle constitue la lésion

viscérale principale ayant mené au décès.

Cas n°8 : Individu âgé retrouvé décédé

dans son lit.

L’analyse du scanner révèle un

volumineux hématome intra

parenchymateux cérébral avec

inondation ventriculaire. Aucune lésion

traumatique n’est mise en évidence.

Cas n°8 : Individu âgé retrouvé décédé

dans son lit.

L’examen externe du corps confirme l’absence de lésion

traumatique suspecte. Le médecin légiste conclut à un décès de

cause naturelle par hémorragie intra cérébrale.

Cas n°9 : Embolie gazeuse post

traumatique massive.

Traumatisme balistique du massif facial. Le scanner montre une

importante diffusion gazeuse aux espaces artériels et veineux sus et sous

diaphragmatiques . L’importance de l’embolie gazeuse, dans ce cas,

s’explique d’une part par la pression négative régnant dans les veines

faciales créant un appel d’air extérieur et d’autre part par une phase

agonique longue.

Cas n°9 : Embolie gazeuse post

traumatique massive.

Il existe une distension aérique des cavités cardiaques et des gros

vaisseaux intra thoraciques. Diffusion secondaire de l’air à l’espace

sous diaphragmatique avec aéroportie, pneumatose intestinale diffuse

et «aérosplénie ». Dans ce cas la diffusion gazeuse ne peut en aucun

cas être attribuée à des phénomènes de putréfaction (scanner réalisé

moins de 24h après le décès).

Cas n°10 : Femme jeune, mort subite.

L’examen TDM montre un hémopéricarde de grande abondance. L’aorte

thoracique, collabée, n’est pas analysable.

Cas n°10 : Femme jeune, mort subite.

L’autopsie confirme

l’hémopéricarde de grande

abondance à l’origine d’une

tamponnade létale.

La cause est une dissection

aortique de type A.

Cas n°11 : Suicide par pendaison.

Plusieurs lésions cervicales sont identifiées au

scanner avec en particulier un écrasement du

cartilage cricoïde () et une fracture déplacée du

cartilage thyroïde (). Il existe un rétrécissement net

de la filière aérique à l’étage glottique (Min MIP).

Cas n°11 : Suicide par pendaison.

L’examen externe confirme les

données du scanner.

Cas n°12 : Suicide par arme à feu.

Le scanner identifie bien le trajet du

projectile: orifice d’entrée intra-buccal,

trajet ascendant, oblique d’avant en

arrière et de la droite vers la gauche. Les

fragments de l’ogive sont identifiés le

long du trajet.

Cas n°13 : Noyade.

Comblement parenchymateux pulmonaire bilatéral

avec au maximum un aspect d’hépatisation du

parenchyme.

Il existe un comblement liquidien trachéal ()qui

n’est cependant pas spécifique de noyade.

Cas 14 à 18

Le scanner n’a pas permis

d’identifier la cause du décès ou

a identifié une anomalie que

seule l’autopsie pouvais

expliquer

Cas n°14 : Individu retrouvé décédé chez

lui, baignant dans son sang

L’examen TDM ne révèle aucune lésion traumatique,

ni viscérale ni osseuse.

Cas n°14 : Individu retrouvé décédé chez

lui, baignant dans son sang

A l’autopsie seule une

petite plaie cutanée de la

jambe est mise en

évidence. La dissection des

plans profonds met au jour

une section traumatique de

l’artère fibulaire, à

l’origine du décès.

Cas n°15 : Individu jeune, retrouvé

décédé à domicile.

Au scanner il existe un comblement

parenchymateux pulmonaire diffus

correspondant à un syndrome asphyxique

aspécifique. Aucune autre lésion viscérale

n’est mise en évidence.

Cas n°15 : Individu jeune, retrouvé

décédé à domicile.

Les prélèvements biologiques réalisés

révèlent une origine toxique (autolyse).

Le syndrome asphyxique est fréquemment

retrouvé, au scanner et à l’autopsie, ce,

qu’elle que soit la cause du décès.

Cas n°16 : Suicide par arme à feu.

Traumatisme facial par arme à feu.

Ogive frontale gauche et impact

balistique à l’origine d’une fracture

frontale.

Découverte de fragments métalliques

dans les structures digestives hautes

() dont l’origine reste inexpliquée au

scanner.

Cas n°16 : Suicide par arme à feu.

A l'autopsie :

Fracas du massif facial et fracture

frontale.

Les fragments métalliques sont dans le

duodénum, ils correspondent à des

fragments d'amalgame dentaire déglutis

en phase agonique.

Cas n°17 : Individu retrouvé carbonisé à

son domicile

Corps dans la position du pugiliste, le

phénomène est lié aux rétractions

tendineuses et musculaires d’origine

thermique.

A l’étage cérébral il existe un hématome sous

et extra dural dit de « chaleur » (),

confirmé à l’autopsie

Cas n°17 : Individu retrouvé carbonisé à

son domicile

Le scanner identifie également des fractures

osseuses thermiques dites «porcelaine » au

niveau de la mandibule () et au niveau de la

voûte crânienne ().

Aucune cause traumatique ou lésion viscérale pré

existante à la carbonisation n’est cependant

visible au scanner.

Cas n°18 : Individu jeune retrouvé

décédé dans la rue

Notion de syndrome fébrile dans les jours précédents le décès.

A l’étage cérébral le scanner identifie de petite pétéchies

d’hémorragie méningée (). A l’étage thoracique il existe de

multiples foyers de comblement alvéolaires, confluents, dont

l’aspect évoque une pneumopathie infectieuse extensive.

Les prélèvements réalisés au cours de l’autopsie révèle une

infection à pneumocoque à l’origine de la méningite et de la

pneumopathie.

Cas 19 à 20

Le scanner a identifié une lésion

sans lien avec la cause du décès.

Cas n°19 :Tumeur de vessie.

Découverte fortuite d’une tumeur intra vésicale, bourgeonnante à base

d’implantation sessile de la paroi postérolatérale droite de la vessie.

Existence d’une ombilication de la paroi vésicale en regard de la

tumeur témoignant d’un stade minimum pT3a (tumeur envahissant le

détrusor).

Cas n°19 : Tumeur de vessie.

L’autopsie confirme l’existence d’une tumeur vésicale,

secondairement adressée pour examen histologique.

Il s’agit d’une découverte fortuite sans aucun lien avec la cause du

décès

Cas n°20 : Fracture du genou non visible

en autopsie.

Fracture/enfoncement récente tubérositaire interne du tibia gauche.

Le trait de fracture principal est intra-articulaire pur et donc non

accessible lors d'une autopsie simple. Sa visualisation aurait nécessité

une ouverture de la capsule articulaire.

Limites d’interprétation

• Viscères notamment thoraciques (plaie cardiaque ou vasculaire: suspicion sur l’hématome visualisé, lésion vasculaire souvent non visible)

• Mauvaise identification des plaies pénétrantes des membres car peu de graisse sous cutanée

• Plaie pénétrante dorsale non visible: points d’appuis du corps sur la table du scanner masquant les lésions cutanées (les examens étant réalisés en décubitus dorsal)

• Plaie croûteuse (pas d’interruption du revêtement cutané visible)

Limites « légales »

• Problème de compétence pour l’interprétation : soit pour le radiologue soit pour le médecin légiste, avec temps d’apprentissage des pré-requis de l’autre spécialité

• Place de cette interprétation dans le rapport final

• Compte rendu annexe signé par un radiologue expert ou intégration des constatations scanographiques aux observations autopsiques ?

• Faible nombre de praticiens ayant la double compétence

Conclusion

• L’imagerie médico-légale est complémentaire de

l’examen autopsique, lequel reste l’examen de

référence quelle que soient les circonstances.

• Néanmoins le scanner est un outil très performant

pour la détection de lésions osseuses et la

localisation exacte de corps étranger (balistique)

• L’examen est non invasif

• Facilement acceptable par les familles (enfants)

QCM

De la mort ….

QCM 1

Les fractures dites «en porcelaine» :

1: Sont typiques des traumatismes à haute

vélocité.

2 : Sont toujours comminutives.

3 : Sont des fractures d’origine thermique.

4 : Sont souvent associées aux fractures

spiroïdes.

QCM 2

Le syndrome asphyxique pulmonaire :

1: Est fréquemment retrouvé au scanner quelle que

soit la cause du décès.

2 : Est en partie lié à la durée de la phase agonique et

à la cause du décès.

3 : L’inhalation bronchique et l’hypersécrétion

bronchique en sont les principales causes.

4 : Est inconstant chez le pendu.

QCM 3

L’apport du scanner en médecine légale est une aide précieuse pour :

1: La détection et la localisation des projectiles.

2: La détection des fractures osseuses.

3: L’identification des lésions sous cutanées pénétrantes.

4: La détection des traumatismes vasculaires.

Réponses

• QCM 1 : 3

• QCM 2 : 1, 2, 3, 4

• QCM 3 : 1, 2