l'inculturation du «système préventif
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HERIBERTO LUIS CABRERA REYES
L'INCULTURATION DU « SYSTEME PREVENTIF » SALESIEN À MADAGASCAR
COMPRÉHENSION ET ÉVALUATION DU PROCESSUS À CLAIRVAUX
Tome I
Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de doctorat en théologie pratique pour l'obtention du grade de docteur en théologie pratique (DThP)
FACULTE DE THEOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2007
© Heriberto Luis Cabrera Reyes, 2007
« La rupture entre évangile et culture
est sans doute le drame de notre époque ».
Evangelii nuntiandi, n° 20.
Il
RÉSUMÉ
Dans cette recherche nous avons voulu analyser le rapport entre le système préventif
présenté par les missionnaires salésiens et son accueil chez les laïcs malgaches au Centre Notre
Dame de Clairvaux. Le but était d'étudier ce processus d'inculturation aux fins de le comprendre
et d'évaluer son degré d'appropriation par le milieu. Pour arriver à atteindre ces objectifs, nous
avons procédé à une recherche-action, enrichie par une recherche documentaire.
Au niveau de la compréhension du processus, nous avons identifié plusieurs éléments,
notamment le langage, le temps et les dimensions culturelles transversales, en rapport avec les
éléments fondamentaux du système préventif. Dans cette analyse, deux types de dialectiques ont
été identifiées, la dialectique à l'intérieur des valeurs et celle des relations.
Pour ce qui concerne l'évaluation du processus, nous avons dû déterminer avant tout des
critères d'évaluation et ensuite les appliquer, ce qui nous a permis de définir les échecs et les
réussites. Ces critères non seulement clarifient et qualifient l'inculturation, mais ils nous disent
aussi ce qu'est l'inculturation « réussie ». À ce propos, nous pouvons affirmer que les laïcs
malgaches sont arrivés à un haut degré d'appropriation du système salésien à Clairvaux, mais
qu'il reste encore du chemin à faire pour que d'autres dimensions telles que le rôle de la femme,
l'a:cuménisme et la gestion économique soient touchés par ce processus.
Le dernier chapitre de cette thèse aborde les questions plus théologiques, autour de quatre
grands thèmes. Le premier thème touche les trois fondements théologiques de l'inculturation :
l'incarnation, la présence de l'Esprit et le salut. Le deuxième, la dialectique comme paradigme
interprétatif et son application à trois exemples liés à la communion. Le troisième propose la
communion comme ligne d'interprétation théologique. Le quatrième thème présente trois
éléments du processus d'inculturation : l'histoire, le temps et les semina verbi, en portant une
attention particulière à leur rôle dans une dynamique de continuité et discontinuité.
La conclusion générale systématisera les éléments du processus d'inculturation et
présentera les questions encore ouvertes. Les limites de la dialectique seront aussi exposées ainsi
qu'un nouveau paradigme pour comprendre le processus d'inculturation : la complexité.
III
REMERCIEMENTS
Nous voudrions avec cette thèse rendre compte d'un parcours de recherche qui nous a pris
plusieurs années. Ce cheminement a été très enrichissant pour nous tous : pour moi-même et, non
pas moins, pour les laïcs de l'œuvre « Clairvaux - Madagascar ». Mais avant d'aborder ce sujet,
nous tenons à présenter nos plus vifs et sincères remerciements à tous ceux qui ont rendu possible
ce travail.
En premier lieu, toute notre reconnaissance va aux professeurs de la faculté de théologie
de l'Université Laval pour leur enseignement sans égal. Un merci tout particulier à Monsieur le
professeur Gilles Routhier qui, par sa compétence et sa patience, nous a accompagné et soutenu
tout au long de ces années, malgré ses multiples engagements.
Merci aussi à l'Université Laval qui nous a accordé sa confiance et a fixé les jalons de
notre réflexion. Nous avons beaucoup apprécié ce milieu stimulant, rigoureux et à la fois cordial.
Nous voudrions mentionner tout spécialement la Fondation Cardinal Maurice Roy, qui a soutenu
ce projet par une bourse, sans laquelle nous n'aurions pas pu transformer notre rêve en réalité.
Nos remerciements vont également à l'endroit de tant d'amis et de confrères salésiens des
Provinces du Canada et de Madagascar, pour leurs encouragements et soutien, en particulier au
père Dominique Britschu, qui a accepté de jouer un rôle important au sein du comité de thèse en
tant que membre externe. Au fil des années, il est devenu non seulement un maître mais aussi un
ami. Nous voudrions aussi rappeler le soutien et l'amitié de la communauté salésienne de Maria
Auxiliatrice à Montréal et de la Procure Missionnaire de Canada.
Nous ne pouvons pas oublier les collègues et amis en Belgique, en France et au Canada
qui, par leur bienveillant soutien logistique, ont rendu plus agréables nos fréquents déplacements.
Ce programme de doctorat, centré sur la personne en situation d'intervention sur le
terrain, tient à l'interaction entre la pratique, un terrain particulier et la théorie. Ainsi structuré, le
programme de doctorat en théologie pratique nous a permis de continuer les études en théologie
malgré la distance et notre engagement pastoral à plein temps à Madagascar. Cet équilibre travail
- recherche n'a pas été toujours facile à maintenir, mais il s'est avéré être une intuition féconde
du programme d'études.
Arrivé à Madagascar en 1991, nous n'aurions jamais imaginé pareille recherche, elle est
bien vraie la Parole de Dieu: «les voies du Seigneur sont impénétrables» (Rm 11,33).
IV
Reconnaissance infinie à Dieu qui a rendu possible cette démarche. Nous sommes conscients que,
sans lui, rien n'aurait abouti.
Un proverbe Malgache dit à propos du remerciement « nyfisaorana toy nyfary lava vany,
ka tsy lany hamamiana », la gratitude est comme la canne à sucre, même si on a fini de la
mâcher, la douceur reste dans la bouche. C'est ainsi que notre gratitude se prolongera dans le
temps.
Puissions-nous être dignes d'une si grande confiance et de pouvoir donner notre « an/ara
biriky», c'est-à-dire donner notre brique de contribution, à l'édification d'une théologie au
service de la jeunesse en difficulté et de l'Église malgache.
V
ABRÉVIATIONS ET SIGLES EMPLOYÉS
ACG Actes du Conseil Général de la Congrégation Salésienne
CG Chapitre Général de la Congrégation Salésienne
FI KM Fiomhonan 'ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara ou
Conseil des Églises Chrétiennes de Madagascar
R-A Recherche Action
SDB Salésiens de Don Bosco
VI
TABLE DE MATIERES
RESUME III
REMERCIEMENTS IV
ABRÉVIATIONS ET SIGLES EMPLOYÉS VI
TABLE DE MATIERES VII
TABLEAUX ET SCHÉMAS XI
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
1. Le terrain d'intervention 4
2. Le cheminement de la thèse 5
3. Problème à élucider 8
4. Question de recherche 9
5. La tradition de recherche et revue de la littérature 10 5.1 Processus et fondement théologique de l'inculturation 11 5.2 Salésianité 24 5.3 Les salésiens en Afrique et à Madagascar 31
6. Concepts opératoires 39 6.1 Concept de culture 40 6.2 Concept d'inculturation 423 6.3 Le processus d'inculturation 44 6.4 Étapes de l'inculturation 45 6.5 Acteurs de l'inculturation 48 6.6 Les critères de l'inculturation 48
7. La structure de la thèse 49 7.1 Le rapport Église - monde 50 7.2 Type de thèse 51
8. Le plan de la thèse 52
CHAPITRE I
LA MÉTHODE 55
1. La méthode en théologie pratique 56 1.1 La théologie pratique 57 1.2 La méthode en théologie pratique 59 1.3 Le langage 60
2. Méthode et recherche qualitative 62
3. La recherche-action 64 3.1 Définition de la R-A_ _ 64 3.2 Les objectifs de la R-A 65 3.3 Les types de R-A 66 3.4 Moyens et techniques 67
VII
3.5 Le processus de recherche 68 3.6 La structuration de la R-A 70 3.7 Les limites de la R-A 71
Conclusion 71
CHAPITRE II LE SYSTÈME PRÉVENTIF DE DON BOSCO 73
1. À l'origine, un saint éducateur 74
2. Le système préventif de Don Bosco 76 2.1 Une approche préventive en éducation 77 2.2 Une présence qui accompagne 78 2.3 Une approche systémique des relations éducatives 80
3. Les finalités du système préventif 85
4. Le fondement théologique du système préventif 88 4.1 L'incarnation dans le système préventif 90 4.2 La sotériologie salésienne, le salut du jeune 92
5. Une image biblique porteuse de sens : le Bon Pasteur 94
Conclusion 96
CHAPITRE III
CUEILLETTE DES DONNEES 98
1. Moyens utilisés pour la cueillette des données 99 1.1 R-A ou interviews de groupe 100 1.2 Interviews individuelles 100 1.3 Recherche documentaire 101
2. Composantes de la méthode en R-A 103
3. Durée et procédure 105
4. Choix des participants 107
5. Méthode d'analyse des données de la R-A 108
6. Présentation des résultats de la R-A 109 6.1 Première rencontre - 02 octobre 2004 109 6.2 Deuxième rencontre - 13 octobre 2004 113 6.3 Troisième rencontre - 28 novembre 2004 115 6.4 Quatrième rencontre - 2 décembre 2004 117 6.5 Cinquième et sixième rencontres - 10 décembre 2004 119 6.6 Septième et huitième rencontres - 21 janvier 2005 122 6.7 Le changement 126
7. Présentation et interprétation des résultats de la recherche documentaire 128 7. 1 Histoire de l'arrivée des missionnaires salésiens à Clairvaux 128 7.2 La recherche documentaire par rapport au processus d'inculturation du système préventif 136 7.3 À propos de la compréhension du processus d'inculturation 147
8. Le rapport entre la R-A et la recherche documentaire 150
V I I I
Conclusion 153 1. Le rôle des concepts dans la compréhension du processus d'inculturation du système préventif 153 2. Les acteurs du processus d'inculturation du système préventif 154 3. Les étapes du processus d'inculturation du système préventif 155 4. Quelques caractéristiques du processus d'inculturation du système préventif 156
CHAPITRE IV
ANAL YSE ET INTERPRÉTA TION DES RÉSUL TA TS 159
1. Éléments pour la compréhension du processus d'inculturation 161 1.1 La découverte des éléments faisant partie du processus d'inculturation 161 1.2 Une nouvelle culture, objectif du processus d'inculturation 167 1.3 L'interaction des éléments du processus d'inculturation : une dialectique 168
2. Eléments d'évaluation du processus d'inculturation 173 2.1 Élaboration des critères pour évaluer le processus d'inculturation 173 2.2 Premier critère : la fidélité à la culture et au système préventif 174 2.3 Deuxième critère : la capacité de créer des réponses salésiennes 177 2.4 Troisième critère : la capacité de susciter des changements 178
3. Questions qui restent ouvertes 180 3.1 Thèmes encore à approfondir 180 3.2 Questions de compréhension 181 3.3 Susciter une plus grande participation 182
4. Conclusions provisoires 183 4.1 Les étapes du processus d'inculturation du système préventif 183 4.2 Les nouveaux critères d'évaluation du processus d'inculturation du système préventif 185 4.3 Les acteurs du processus d'inculturation du système préventif 189 4.4 Les rapports dialectiques du processus d'inculturation du système préventif 189
CHAPITRE V
INTERPRÉTA TION THÉOLOGIQUE 191
1. Les fondements théologiques de l'inculturation 194 1.1 Incarnation et inculturation 194 1.2 La présence de l'Esprit dans l'expérience chrétienne de l'inculturation 195 1.3 Inculturation, salut et libération 198
2. La dialectique comme paradigme interprétatif 202 2.1 La dialectique, un « écart » et un processus _ 205 2.2 Trois exemples des rapports dialectiques liés à la communion 210
3. La communion 224 3.1 Le concept théologique de la communion 225 3.2 L'inculturation et la communion 226 3.3 L'Église famille de Dieu 231 3.4 La communion et le dialogue dans le processus d'inculturation 234
4. Les éléments du processus d'inculturation 236 4.1 L'histoire ___ 237 4.2 Le chronos et le kairos 238 4.3 Les semina verbi, entre continuité et discontinuité 240
Conclusion 243
IX
CONCLUSION GENERALE 247
1. La compréhension et l'évaluation du processus d'inculturation 248
2. Les semina verbi et la continuité 251
3. Ouvertures et questions 252
4. La dialectique et ses limites 254
5. Vers un nouveau paradigme : la complexité 255
6. La recherche dans le cadre de la formation doctorale 260
7. Le pari d'une théologie faite au Sud 262
BIBLIOGRAPHIE 265
1. Anthropologie et milieu de recherche 267
2. Théologie et salésianité 270
3. Inculturation 277
4. Théologie pratique et méthodologie 282
X
TABLEAUX ET SCHÉMAS
Parallèle entre quelques critères propres à la recherche quantitative et à la recherche qualitative 63 Schéma théologique du système préventif (basé sur celui de Xavier Thévenot) 89
Grille des thèmes traités par rencontre 125
Tableau des salésiens qui ont travaillé à Clairvaux 142
Tableau des thèmes traités ou non par la R-A et la recherche documentaire 150
Tableau des étapes de Hnculturation à Clairvaux 163
Tableau pour présenter le type d'acteurs et ses caractéristiques 164
Tableau des correspondances entre critères découverts par le groupe de recherche
et les critères théologiques 179
Tableau de parallèle entre les nouveaux critères et les critères théologiques 188
Nouveau schéma théologique du processus d'inculturation « salesien-malgache » 245
XI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'inculturation, « mot fétiche » ou « mode » de la fin de millénaire ? Après l'Assemblée
spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, que penser de l'inculturation ? Si l'inculturation
est un sujet qui a beaucoup occupé la réflexion théologique de ces dernières années, notamment
en Afrique et Madagascar, est-elle vraiment une question nouvelle ?
Traditionnellement, l'inculturation se fonde sur le principe de l'incarnation, c'est Dieu qui
se fait homme en Jésus-Christ, par amour et pour le salut du monde. L'incarnation du Fils nous
dit que le Christ a assumé notre humanité, dans toutes ses dimensions et que son évangile doit
devenir chair dans chaque culture.
L'inculturation a deux versants complémentaires, l'insertion de l'évangile dans une
culture et l'insertion de la culture dans la vie de l'Église. Le premier aspect a pour but de
christianiser la culture. Il faut préciser que ce processus concerne surtout les personnes, le but
étant qu'elles deviennent chrétiennes. Dans ce processus, la culture et les personnes sont
transformées par l'action de l'Esprit. Cette transformation peut signifier rupture, continuité ou
nouvelle création des éléments culturels qui sont en jeu et des personnes qui sont concernées. Ce
processus, n'est pas en sens unique, l'évangile est aussi enrichi, transformé par une sorte de
nouvelle création (re-création), qui est le fruit de cette rencontre. C'est ainsi que la rencontre de
l'évangile avec la culture permet à l'évangile de s'exprimer de façon nouvelle, historique,
contextuelle et culturelle. C'est donc un processus qui n'a pas de fin et dans lequel l'Église est
engagée depuis ses origines. Nous pouvons affirmer dès lors que l'inculturation n'est pas une
mode mais la condition sine qua non d'une vraie expérience croyante, autrement dit sans
inculturation, il n'y a pas de vrais croyants.
Il y a des écueils et des risques dans cette démarche d'inculturation : l'ethno-théologie, le
folklore, ny fanagasiana fotsiny (donner simplement une couleur malgache ou malgachiser), ny
fihetsiketsehana ety ivelany fotsiny (faire devenir l'inculturation quelque chose d'extérieur, de
superficiel), ny fifangaroan-javatra (le syncrétisme ou le mélange), le désengagement des
questions sociales et politiques... mais les risques ne sont-ils pas inhérents à toute démarche
croyante ? l'inculturation ne peut donc pas y échapper. Cependant, comme nous allons le voir,
cette démarche peut s'avérer féconde.
Ce travail de recherche, même s'il semble concerner avant tout la missiologie, nous le
faisons à l'intérieur de la théologie pratique ; en fait, aujourd'hui, de plus en plus, non seulement
les missiologues, mais aussi les théologiens et les pasteurs sont sensibles aux contextes et
2
situations qui interpellent l'Église et la pratique théologique elle-même. Ainsi la théologie
pratique a élargi ses frontières et s'occupe des questions de mission et d'évangélisation, selon un
projet qui lui est propre. Dans ce projet, l'interdisciplinarité est à l'ordre du jour, ce qui ramène à
une approche très riche et fort pertinente pour le milieu d'intervention, mais aussi très inspiratrice
pour ceux qui sont à la recherche d'une théologie ancrée dans un contexte et à la fois capable
d ouvrir des perspectives, autrement dit capable de suggérer des pistes pour des problèmes et des
recherches similaires.
Parler d'évangile et de culture nous semblait un peu flou. Quel évangile ? Quelle culture ?
Quand et où ? Voici des questions auxquelles cette recherche a voulu répondre. En premier lieu
nous parlerons de l'évangile relu par le « système préventif» salésien et en deuxième lieu de la
culture malgache telle que vécue dans un Centre de rééducation de jeunes sur les hauts plateaux
de Madagascar. Les personnes concernées par cette recherche sont un groupe de laïcs, éducateurs
et éducatrices, catholiques et protestants.
Nous avons voulu commencer notre réflexion, par un chapitre introductif, qui donne les
bases pour le développement du sujet de recherche. Tout d'abord, nous présenterons tous les
éléments nécessaires pour sa compréhension : le milieu où la recherche s'est réalisée ; le
cheminement qui a conduit à l'élaboration de la recherche ; le problème et la question que nous
voulions élucider ; la revue de la littérature spécialisée avec ses concepts fondamentaux ; les
concepts opératoires ; la structure et le plan de la thèse.
Nous allons essayer d'articuler deux éléments : la salésianité (système préventif) et la
culture malgache (au Centre Clairvaux), autour d'un concept clé : l'inculturation. Dans l'étude
des relations entre culture et système préventif, nous porterons une attention particulière au
processus, afin de mieux le comprendre et l'évaluer. Cette démarche est bien complexe et nous
serons obligés, parfois malgré nous, de diviser, de regrouper sous des titres et sous-titres, non tant
parce que la réalité puisse être divisée ou découpée, mais plutôt dans un souci méthodologique et
de clarté. Cette façon de procéder permettra à la mentalité occidentale de se trouver à l'aise, mais
nous n'avons pas voulu non plus nous priver d'une approche plus globale dans laquelle la
mentalité malgache puisse se reconnaître. Ainsi, grâce à l'interdisciplinarité, nous avons pu
établir des liens et situer notre recherche dans un ensemble plus vaste que celui simplement du
milieu de recherche, afin de passer de la « culture malgache Clairvaux », à une culture malgache
plus globale. Cette perspective plus large permettra à bien des lecteurs, non nécessairement
3
intéressés par le « système préventif » ni par Madagascar, de trouver des propos qui les
rejoindront et les aideront à mieux comprendre ce qu'ils sont en train de vivre dans d'autres
contextes. Nous croyons vraiment à une « transposition » possible ; de plus notre pratique
pastorale de ces dernières années, notamment dans le domaine de l'inculturation à Madagascar,
nous a démontré que les éléments de compréhension et d'évaluation du processus d'inculturation
que nous avons approfondis avec le groupe de recherche, se rejoignent et sont applicables dans
d'autres milieux et à d'autres intervenants.
1. Le terrain d'intervention
Isolé dans l'océan Indien, Madagascar se trouve situé à la hauteur du Mozambique, à 400
Km des côtes africaines, entre les 12° et 26° parallèles. Ses 587.041 Km2 de superficie en font la
quatrième plus grande île du monde. Elle accueille plus de 15 millions d'habitants, répartis en 18
groupes ethniques. La population rurale représente 72% approximativement et la population
jeune de moins de 15 ans est d'environ 44%. Plus de la moitié de la population pratique la
religion traditionnelle basée sur le culte des ancêtres.
Du fait de son insularité, Madagascar a des origines mal connues et ses traces
préhistoriques sont récentes. La diversité anthropologique des Malgaches est évidente.
Madagascar n'est ni africain, ni asiatique, mais métis.2 Malgré les différents dialectes et tribus, il
' Pour les statistiques on peut consulter: ASA, Les sans-abri à Antananarivo. Enquête de 1992 à 1994; CRS, Rapport de l'Atelier sur l'assistance humanitaire. 30 et 31 mai 2001 ; IMaTeP, Mobilité économique en milieu urbain (Antananarivo, 1999); IMaTeP, Mobilité économique et pauvreté (Antananarivo, 1998); INSTAT, Programme des nations unies pour le développement. Ministère de ! 'économie, des finances et du budget. Tableau de bord social. Appui à la mise en place d'un système national intégré de suivi de la pauvreté 2002 ; INSTAT, Recensement général de la population et de l'habitat, vol. 1. Tableaux statistiques, t. I, Faritany d'Antananarivo, 1996 ; INSTAT, Recensement général de la population et de l'habitat, vol. 2. Rapport d'analyse, t. 1, État de la population, 1997 ; INSTAT, Recensement général de la population et de l'habitat, vol. 2. Rapport d'analyse, t. 6, Activité économique, 1997. 2 Pour les questions historiques et culturelles concernant Madagascar on peut consulter : Antoine Rahajarizafy, Filozofla malagasy « Ny fanahy no olona » (Fianarantsoa : Ambozontany, 1970) ; Christian Alexandre, Le malgache n'est pas une île (Antananarivo: Foi et justice, 2003); Edouard Ralaimihoatra, Histoire de Madagascar (Tananarive : Éditions de la Librairie de Madagascar, 1982); Edvin Fagereng et Marline Rakotomamonjy, Ny tantaran'nyfirenena malagasy (Antananarivo : Salohy, 1963) ; Frédéric Randriamamonjy, Tantaran'i Madagasikara isam-paritra (Antananarivo, 2001) ; Gabriel Navone, « Ny atao no miverina » ou ethnologie et proverbes malgaches (Fianarantsoa: Ambozontany, 1987); Hubert Deschamps, «Madagascar. Histoire de la grande île,» dans Encyclopaedia Universalis, t. 11 (Paris: Encyclopaedia Universalis, 1985), 441-444; J. Goetz et G. Martelet, « Coutumes ancestrales et anthropologie chrétienne. Introduction ethnologique et théologique » (Ambositra : Polycopie de cours, 1971) ; Lars Vig, Croyances et mœurs des Malgaches (Otto Chr. Dahl, fasc. 1, II, 1997) ; Lars Vig, Ny fireham-pinoan'ny ntaolo malagasy. Les conceptions religieuses des anciens malgaches (Paris : Karthala, 2001) ; L. Dahle et John Smis, Anganon'ny Ntaolo. Tantara mampiseho ny fomban-druzana sy ny finoana sasany nananany (Antananarivo : Loterana, 1984) ; Pietro Profita, Malgaches et malgachitude (Fianarantsoa) ; F. Roubaud,
■ \
y a une seule langue, le malgache, et une seule identité nationale. Nous précisons que le travail de
recherche a été réalisé dans une culture malgache à prédominance merina.3
En 1966, l'abbé François Bernard a obtenu de l'archevêque d'Antananarivo Victor
Razafimahatratra une propriété abandonnée par les Cisterciens à Ivato (quelques 14 hectares de
terrain). Dans cette enceinte, il créa le Centre Notre Dame de Clairvaux, un Centre pour accueillir
des enfants et jeunes en difficulté. Le relais fut pris le 10 août 1984 par trois salésiens de Don
Bosco. Comme leur fondateur, saint Jean Bosco, et selon le désir de l'abbé Bernard, l'œuvre
devait continuer à accueillir déjeunes garçons en difficulté, pour leur offrir un peu d'espoir et les
aider à construire un avenir meilleur.
Lors de la reprise de l'œuvre par les salésiens, un projet éducatif a été mis en place, fruit
d'une tradition et d'une manière de faire qui se sont consolidées comme projet. Ainsi, une école
primaire et un Centre de formation professionnelle avec quatre spécialités se sont développés
(agriculture - élevage, menuiserie, bâtiment et structures métalliques). C'est dans ce contexte que
nous avons travaillé et fait notre recherche.
2. Le cheminement de la thèse
Depuis notre arrivée à Madagascar en 1991, nous nous sommes posés pas mal de
questions concernant le rapport entre culture et évangile, mais notre réflexion était marquée au
commencement par une grande ignorance de la culture malgache. Une fois prêtre, nous nous
sommes demandés comment faire parvenir un message compréhensible aux jeunes, comment les
aider à vivre une expérience de Dieu... Le message évangélique risquait de ne pas toucher le
Ethnies et castes dans l'agglomération d'Antananarivo : facteur de division ou richesse culturelle ? (Projet Madio, Photocopie, 1997) ; Robert Dubois, Malagasy aho (Antananarivo : Md. Paoly) ; Robert Dubois, Olombelona. Essai sur l'existence personnelle et collective à Madagascar (Paris : L'Harmattan, 1978) ; R.P. Callet, Histoire des Rois. Tantaran'ny Andriana (Tananarive : Éditions de la Librairie de Madagascar, t. I, II, 1974) ; Rodolphe Rafidy, « Anthropologie et croyances Malgaches. Réflexion chrétienne et théologique » (Mémoire de Diplôme, Institut Catholique de Paris, 1992). 3 La région Imerina des hautes terres est la région centrale la plus élevée de Madagascar, avec un type humain (une tribu : merina) et des structures qui se rattachent davantage au monde asiatique et plus particulièrement indonésien qu'au monde africain. Le peuple merina utilise un système de caste qui classifie les gens, on parle ainsi d'andriana (les nobles, eux aussi divisés en clans), hova (la classe moyenne, hommes libres), mainty (esclaves et affranchis) et andevo (agriculteurs et esclaves à proprement parler). 4 Orphelins ou sans famille, enfants et jeunes délinquants placés par le juge de mineurs, enfants des rues, enfants à grave risque moral et social, enfants très pauvres, jeunes avec des problèmes de conduite et jeunes qui ont échoué dans le système traditionnel d'enseignement. Ils sont accueillis dans un système d'internat (pensionnaires) ou externat.
5
peuple chrétien même s'il était orthodoxe dans son contenu. Il nous semblait désincarné, parce
que manquant de prise sur la culture et faute d'une maîtrise convenable de la langue.
Avec les années, ces problèmes ont été dépassés sans que nous réfléchissions vraiment sur
les causes de ce changement positif. À un certain moment, nous nous sommes trouvés confrontés
à un nouveau défi, celui de l'édition d'ouvrages religieux pour les jeunes ; comment dire notre foi
en malgache ? C'est en écrivant qu'on devient écrivain, qu'on apprend à s'adresser au lecteur, de
manière à ce que non seulement le langage soit signifiant, mais que le contenu le soit aussi. Nous
avons dû inculturer le message, ce qui a signifié un travail passionnant de recherche de mots, de
traditions... souvent réalisé en collaboration avec les jeunes et les adultes, un vrai processus
d'inculturation et de production collective, encore une fois un travail réussi, nous semblait-il,
mais pourrait-on déterminer comment et pourquoi ? Nous avons négligé la question à ce moment-
là, notre intérêt était plutôt pastoral. De manière rétrospective, nous voyons ces années et ce
travail comme un vrai « artisanat », selon la célèbre expression qui définit le travail de la
théologie pratique.
Aujourd'hui, si nous nous posions la question, plutôt rhétorique, de savoir si l'on peut
envisager un christianisme indépendant d'une culture, évidemment nous répondrions de façon
négative, non seulement pour des raisons profondément théologiques, mais aussi pour des raisons
pastorales. Alors comment comprendre ce rapport? Comment l'analyser? Ces deux questions
étaient si importantes pour nous que nous pensions qu'elles méritaient une réponse, d'autant plus
que notre expérience de différentes cultures - Européenne, Sud et Nord-Américaine, d'Afrique
Centrale et Subsaharienne - nous avait démontré que le rapport à la culture est une condition
d'existence pour la foi, intrinsèque au croyant, puisque parler de foi, c'est parler de quelqu'un qui
croit, c'est parler du croyant enraciné dans une culture.
Le questionnement a pris un visage particulier avec notre arrivée au Centre Notre Dame
de Clairvaux en 1999. Il ne s'agissait plus du rapport évangile - culture (si théorique et si
général), mais de sa médiation et concrétisation historique dans le système éducatif salésien et
son rapport avec la culture malgache. Ce rapport nous intriguait et nous avons commencé par
former les éducateurs sur divers aspects du système salésien et de l'anthropologie culturelle afin
de réfléchir avec eux à la relation culture - foi. À ce moment-là, nous nous sommes rendus
compte de deux choses. La première, que nous ne voulions pas seulement appliquer des
principes, mais que nous voulions les comprendre et les « améliorer », même si ce dernier mot
6
aujourd'hui, avec le recul, nous semble inapproprié, mais il montre bien le souci du pasteur, qui
veut une théologie « utile ». Il faut ajouter à ce que nous venons de dire que nous voulions aussi
élaborer un discours sur cette pratique.
Nous avons pensé ainsi que ce travail pouvait devenir une vraie recherche, cependant
nous n'arrivions pas à nous situer, ni en pastorale, ni en missiologie, ni en dogmatique. Nous
voulions mettre en dialogue deux pôles : la culture et la théologie... Voilà, c'était parti, il fallait
trouver un champ théologique où se situer, avec des principes et des méthodes adaptés à cette
quête.
C'est à l'Université Laval que nous avons rencontré pour la première fois la théologie
pratique, et nous nous sommes dit : « voilà le cadre qui nous convient ». C'est cette façon de faire
la théologie qui nous a séduit, « comme un coup de foudre », si l'on nous permet de le dire ainsi.
Au fur et à mesure que nous avancions, un deuxième problème, lié à l'éthique de la
recherche, s'est posé, de façon presque insurmontable. Puisqu'après cinq ans de travail dans le
milieu où nous voulions réaliser la recherche, j'étais devenu le responsable (le directeur),5 cela
risquait de fausser toute la recherche. Comment faire ? Voilà que, trois mois avant de commencer
la recherche, nous dirions avec le recul que c'était, nous semble-t-il, providentiel, nous avons
reçu une nouvelle affectation, à presque 1000 kilomètres de Clairvaux, au sud de Madagascar à
Tuléar. Ainsi nous étions prêts pour aborder la question de Pinculturation du système préventif à
Clairvaux et nous avons choisi comme moyen la R-A : nous expliquerons dans la suite pourquoi.
En tout cas, nous nous sommes rendus vite compte que la problématique de ce rapport système
préventif - culture malgache, correspondait non seulement à notre intérêt mais aussi à celui du
groupe participant. En fait, le travail de recherche répondait bien à un besoin enfoui depuis
longtemps chez un bon nombre de professeurs et d'éducateurs : être valorisés et partager avec
d'autres ce qu'ils vivaient, raconter leur propre histoire.
À la fin de ce parcours, nous pouvons dire que nous sommes tous transformés. Ayant été
témoins d'une réflexion émergente unique, dans cette thèse nous voudrions rendre compte dans
cette thèse de ce parcours passionnant et original.
5 Le «je » est utilisé pour insister sur le fait que c'est l'auteur de cette thèse qui parle ou bien quand on cite les propos personnels des intervenants. Le « nous » dans certains cas a un caractère littéraire, dans d'autres représente le groupe de recherche ou le caractère collectif de cette recherche, l'auteur de cette thèse faisant aussi partie de ce groupe.
7
3. Problème à élucider
Nous avons travaillé, comme nous venons de le dire, sur l'inculturation du système
préventif à Madagascar6 et notre intérêt s'est porté tout particulièrement sur l'analyse du
processus d'inculturation du système préventif de Don Bosco élaboré en Italie au XIXe siècle et
repris par les laïcs malgaches au XXe siècle à Clairvaux, pour essayer de le comprendre et de
l'évaluer, afin de déterminer le degré et le type d'appropriation.
Les notions de compréhension et d'évaluation ont été empruntées à la R-A : ce sont les
visées de la R-A en éducation. Nous avons pensé qu'elles pouvaient, avec quelques précisions,
orienter notre travail de recherche en théologie pratique. En premier lieu, à travers la
compréhension, nous avons voulu saisir pourquoi et comment a eu lieu l'inculturation, les étapes
de ce processus, les médiations qui l'ont permis, etc. Autrement dit, approfondir ce qui se passe
dans ce processus concernant la foi dans un milieu déterminé. Nous précisons que notre souci
n'était pas de « faire de l'inculturation » mais d'essayer de comprendre un processus.
Il nous faut aussi signaler que la R-A est une recherche engagée, cet engagement pouvant
prendre la forme tant de l'expérimentation pratique que de l'intervention sociale ou politique. La
R-A devient alors engagement pour l'action, elle vise le changement. Négliger le rôle de
l'engagement dans la R-A serait la rendre « fade ». Dans le cadre de notre recherche en théologie,
s'engager signifia susciter et accompagner le changement d'une pratique, évidemment pour
l'améliorer (selon le langage de la R-A encore) ou faire progresser, ce que nous appelons
théologiquement ; la faire devenir plus évangélique. Ce passage d'un état à un autre, le
changement, est synonyme de modification ou transformation.
Revenons à la question de l'évaluation. Comment parler d'évaluation en théologie ?
L'évaluation des conséquences de l'action étant une des visées de la R-A, nous avons pensé que
pour nous il s'agirait d'évaluer une pratique, ce qui nous permettrait de rattacher en partie notre
recherche à la théologie pratique. Évaluer signifia donc apprécier et examiner l'appropriation du
système préventif par la culture malgache. C'est en regardant les difficultés, les échecs et les
réussites que nous avons découvert comment l'inculturation transforme le bien inculture et crée
'' Saint Jean Bosco a choisi un vocable pour caractériser sa méthode : « système préventif». Il entend par système un ensemble d'éléments interdépendants, liés entre eux par des relations telles que si l'une est modifiée, les autres le sont aussi. La trilogie constitutive de ce système est la triade : « raison - religion - affection », impliquant une dimension rationnelle, une dimension spirituelle et une dimension affective. Nous en parlerons en détail au chapitre 11 de cette thèse.
X
du neuf à partir de ce qui est transmis par la culture réceptrice. Évaluer a signifié apprécier le
résultat obtenu dans ce processus d'inculturation. S'il n'y avait pas eu de vraie transformation,
cela aurait indiqué qu'il n'y avait pas eu d'inculturation, mais simplement une application
normal isatrice.
Dans cette démarche « évaluative » nous avons dû déterminer la profondeur de
Pinculturation et les aspects du système préventif qui ont été transformés. Cela a signifié établir
des critères pour analyser la profondeur et identifier les dimensions qui ont été touchées par
l'inculturation et celles que ne l'ont pas été.
Par le moyen de l'évaluation, nous voulions mettre à la disposition des communautés
chrétiennes, notamment salésiennes, des informations sur le processus d'inculturation, même si
les premiers bénéficiaires devaient être les intervenants qui ont participé à cette recherche.
Comment procéder pour évaluer ? Avant tout il fallait comprendre, pour ensuite identifier
des critères et les appliquer. Ces critères sont de deux ordres : théoriques et pratiques. Ainsi, il a
été possible de porter une appréciation et de donner un avis justifié, sur quelque chose d'aussi
important que l'inculturation.
L'évaluation n'a pas été seulement le but final de la recherche, mais plutôt un processus
qui a accompagné une démarche humaine et croyante, pour qu'elle soit évangélique. Évaluer a
signifié enfin déterminer si le processus et ses fruits étaient respectueux des personnes et s'ils les
avaient aidés à grandir en tant que croyants.
4. Question de recherche
Les salésiens de Don Bosco travaillent et appliquent le système préventif à Madagascar
depuis 1981. Une première période marquée par l'enthousiasme et le dynamisme a cédé peu à
peu la place à la consolidation de la pratique éducative et pastorale.7 Des réussites et des
difficultés ont été constatées sans que jamais un essai de compréhension et d'évaluation
rigoureux de cette pratique n'ait été réalisé. Car, il manquait une réflexion théologique pratique
(avec recul critique) de façon à déterminer comment une méthode, jadis créée en Italie et
aujourd'hui appliquée à travers le monde, a été mise en place à Madagascar.
' Voir « Le projet d'animation et de gouvernement du recteur majeur et de son conseil pour les années 2002-2008, » ACG, n° 380 (2003), à la page 62 le document dira que la première priorité d'animation du projet pour la région Afrique - Madagascar est la consolidation.
9
À l'heure où l'on rend hommage au travail des missionnaires salésiens à Madagascar,
nous pensons notamment à la dernière visite du Recteur Majeur en octobre 2006 pour la
célébration du 25e anniversaire de l'arrivée des salésiens dans l'île, nous éprouvons en même
temps le besoin de nous interroger sur la pertinence du message et de la pratique pastorale qu'ils
ont promue.
La question qui nous a guidé tout au long de la recherche a été : par quel processus les
laïcs de Clairvaux sont-ils passés pour s'approprier et inculturer le système préventif ? Notons
que la question de recherche a évolué tout au long du temps. Au commencement, nous parlions
plutôt de « ce qu'était le processus », ensuite l'objet de la recherche est devenu, pendant les
travaux, plus existentiel et pratique. En fait, cette question a eu un caractère exploratoire, elle a
été un angle d'approche pour notre recherche, vers une compréhension qualitative et théologique
du processus d'inculturation. Il y avait aussi une deuxième question que nous souhaitions
approfondir : était-il possible de porter une appréciation sur ce processus ? Et si oui, laquelle ? Et
sur quelles bases ? Dans ce document (la thèse de doctorat) nous allons répondre à ces questions.
5. La tradition de recherche et revue de la littérature8
La revue de littérature qui suit nous permettra de situer le sujet de recherche dans la
tradition théologique salésienne et ecclésiale, pour saisir son évolution. C'est une sorte de cadre
théorique, pour bien montrer où nous nous situons dans la réflexion et la recherche, ce qui nous
évitera le risque, comme dit Routhier, d'un dossier incomplet demeurant « dans le registre des
impressions personnelles ».
Dans le domaine de la tradition de recherche, l'inculturation se rattache à ce qu'on appelle
aujourd'hui la « théologie de l'inculturation ». Nous précisons que la missiologie a beaucoup
développé le sujet à travers, entre autres, une abondante littérature.
8 Sans prétendre épuiser le sujet, nous avons voulu présenter les documents fondamentaux de cette recherche. Nous n'avons pas voulu alourdir l'exposé ni nous attarder à répéter une liste d'auteurs qui n'ajouterait rien de nouveau à notre recherche. Nous avons donc choisi, dans la mesure du possible, de présenter les documents publiés en français, pour faciliter l'accès aux lecteurs francophones et malgaches, pour lesquels cette recherche a été principalement menée. Un autre critère de sélection retenu pour élaborer cette revue de littérature a été le rôle que ces documents ont joué dans le développement de notre projet de recherche. Ainsi, certains noms de personnes et de livres ont été signalés avec une attention particulière, non pas nécessairement pour leur importance scientifique, mais plutôt parce que ces documents ont été lus et ont marqué le groupe de recherche. Dans ce cas, nous avons mentionné que le groupe les avait cités. Une liste complète des auteurs et des références bibliographiques figure à la fin de cette thèse sous le titre « bibliographie ». 9 Gilles Routhier, La réception d'un concile (Paris : Cerf, 1993), 220.
10
Pour ce qui concerne la démarche théologique en théologie pratique, elle intègre un
nouveau paradigme interprétatif: « la pratique ».10 Cette particularité n'est pas à négliger, nous
allons ainsi présenter des documents qui, sans être des écrits de haut niveau théologique ou
universitaire, apportent des éléments de compréhension « pratique » ou sont le fruit des
« pratiques », puisqu'ils nous décrivent des façons de faire l'histoire, en plus ils ont été écrits par
de nombreux intervenants. Ces textes sont précieux et indispensables pour notre recherche,
comme nous le verrons par la suite, même si leur valeur reste relative à cause des auteurs fort
différents et du manque d'unité.
Etant donné que nous avons utilisé l'approche de la R-A en théologie pratique, nous
allons signaler certains éléments bibliographiques qui ont été mis à la disposition de notre groupe
de recherche : comme point de départ ou de repère pour la réflexion.
Nous avons décidé d'organiser cette revue de littérature en trois corpus, selon ce que le
titre de cette recherche avait déjà annoncé : le premier, l'inculturation, qui décrit la réflexion
théologique portant sur le processus de réception de l'évangile dans une culture, notamment en
contexte Africain. Le deuxième corpus de littérature concerne la salésianité. Le troisième aborde
l'application du système préventif en Afrique et à Madagascar.
5.1 Processus et fondement théologique de l'inculturation
Le sujet « inculturation » est si vaste que pour rejoindre les buts de la recherche nous
allons ordonner ce corpus de littérature autour de deux axes : l'inculturation en général, et
l'inculturation en Afrique et à Madagascar. Le point de vue officiel de l'Église sera présenté dans
les documents considérés comme fondamentaux et fondateurs, notamment après Vatican II. Nous
avons aussi sélectionné les auteurs les plus significatifs qui se sont penchés sur le thème, en les
présentant dans leur originalité et nuances.
L'inculturation, avant d'être un engagement apostolique à assumer et à réaliser, est un
processus qui est co-extensif à l'histoire de l'Eglise.
Il faut distinguer deux aspects [dans le processus d'inculturation]: le devenir présent de l'Eglise dans la culture de son peuple, et le renouvellement à travers l'intime transformation des vraies valeurs culturelles du peuple dans le contact avec la vérité
« La méthode de la théologie pratique doit faire en sorte que la théorie émerge de la pratique concrète, ou du moins "dialogue" avec elle », Marcel Viau, Introduction aux études pastorales (Montréal : Paulines, 1987), 70.
Il
chrétienne et la vie chrétienne. Il s'agit d'un processus unique, présentant deux aspects différents, avec des intentions opposées : pour l'un l'enracinement de l'Église, pour l'autre le renouvellement de la culture."
Cette façon de voir le processus est la plus commune, nous pouvons la résumer comme
l'évangile qui pénètre la culture et la purifie. Mais cette définition ne fait pas assez ressortir la
richesse que représente la culture pour l'évangile, richesse que souligne la Constitution pastorale
sur l'Église dans le monde de ce temps, Gaudium et spes « l'Église peut aussi être enrichie, et
elle l'est effectivement, par le déroulement de la vie sociale »12 ou encore « [L'Église] peut entrer
en communion avec les diverses civilisations : d'où l'enrichissement qui en résulte pour elle-
même et pour les différentes cultures ».13 Dans cette même ligne Adgentes ajoute « les nouvelles
Églises particulières, enrichies de leurs traditions, auront leur place dans la communion
ecclésiastique » et plus récemment Redemploris missio affirmera encore que l'Église
universelle s'enrichit dans ses dimensions de vie chrétienne grâce aux Églises locales.15
Mais revenons à cet événement unique de la rencontre. Peelman dira que, même si dans
un premier temps l'événement de la rencontre entre une culture et l'évangile est provoqué, c'est
un processus de création nouvelle,16 cette idée nous allons la reprendre en parlant du résultat de la
dialectique évangile - culture.
Selon Gilles Routhier, le processus de réception de l'évangile ne peut être réduit à un acte
spécifique. Il s'agit selon lui d'un processus qui échappe à toute planification ou à tout scénario
prédéfini. La recherche nous a montré que ce processus est unique, très complexe, conditionné et
lié par l'histoire, le contexte et les personnes, dans ce sens, notre recherche donnera des analyses
très poussées au niveau particulier, et très inspiratrices pour des généralisations.
L'inculturation, une tâche ecclésiale
L'inculturation est une tâche ecclésiale qui engage l'Église à tous les niveaux, chacun
selon son rôle : les théologiens, les chrétiens, les évêques, tous... en communion avec l'Église
universelle. L'inculturation doit être considérée comme un processus d'enrichissement, de
" Dizionario di Missiologia (Bologna : EDB, 1993), 281-282. 12 Gaudium et spes, n° 44&3. 13 Gaudium et spes, n° 58&3. u Adgentes, n° 22. 15 Voir Redemptoris missio, n° 52. 16 Cf. Achiel Peelman, L'inculturation. L'Église et les cultures (Paris : Desclée ; Ottawa : Novalis, 1988), 118-119. Sur cette question voir aussi Gilles Routhier, La réception d'un concile, 70-72.
12
continuité et parfois de rupture, ancré dans une communauté croyante. À propos du rôle de cette
communauté ecclésiale, le Directoire général pour la catéchèse (1997) déclare que tout le peuple
de Dieu doit s'engager dans le processus d'inculturation et qu'il faut considérer la communauté
ecclésiale comme le facteur principal d'inculturation.17 Pour Wolfgang Gruen : « seul un groupe
qui vit une culture déterminée pourra réaliser l'inculturation. Le rôle des agents est de créer les
conditions stimulantes pour que cela se passe : il suffit qu'ils témoignent de leur foi, qu'ils 1 R
irradient l'évangile », c'est en définitive ce que tout vrai travail pastoral devrait faire. Il revient
au théologien d'illuminer et de rendre compte de cette démarche de la façon la plus scientifique
possible. Monseigneur Jean-Guy Rakotondravahatra, ancien évêque d'Ihosy, l'appelle un :
« discernement théologique », confié aux théologiens, philosophes et anthropologues
malgaches. c Malheureusement, lui, comme tant d'autres, omet de préciser, dans sa formulation,
que l'inculturation est une démarche qui rassemble toute la communauté chrétienne et qu'il faut
donner la juste place au peuple, véritable acteur de l'inculturation et pas seulement victime d'une
inculturation parfois théorique ou résultant des élucubrations de quelques « illuminés ». Il tombe,
sous cette déclaration, dans ce que nous appellerons une inculturation d'en haut et théorique, dans
le sens péjoratif du terme. Cet écueil de la théologie de l'inculturation a été très bien identifié
par Jean-Marc Ela qui dit que « le drame, dans le discours qui a prévalu jusqu'ici, c'est que, dans
la recherche théologique en cours, la communauté chrétienne, pourtant enracinée dans le terroir et
affronté à de nouveaux défis, n'apparaît nulle part ».21 Le cardinal Joseph Ratzinger en parlant de
la foi et des cultures, a dit que la synthèse de vérité « ne peut pas être inventée dans un bureau
sans quoi elle ne dépasserait jamais le statut de philosophie ou de simple théorie. 11 faut plutôt un
processus de foi vivante qui crée les possibilités de rencontre dans la vérité ».
L'encyclique Redemptoris missio dira que l'inculturation doit impliquer tout le peuple, et
pas uniquement quelques experts ou investigateurs savants, puisque le peuple est capable de
Consulter à ce propos le Directoire général pour la catéchèse, n° 109-110. IS Wolfgang Gruen, « Jésus-Christ, modèle pour une catéchèse inculturée, » Lumen Vitae, n° 3 (1995) : 302. 19 Voir « Interventions de Pères Synodaux en Assemblée générale, » La Documentation Catholique, n° 2094 (1994) : 486. 20 Sur cette question, voir la critique que fait Amaladoss du projet d'inculturation conduit par une élite, dans Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ? (Paris : Les Éditions de l'Atelier- Éditions Ouvrières, 1997), 23-24. 21 Jean-Marc Ela, « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré (Paris : Cerf, 1984), 41. 22 Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 705.
13
réfléchir sur le vrai sens de la foi. L'inculturation exige de prendre au sérieux la communauté
chrétienne. C'est ainsi que les choses s'équilibrent mieux. Cet engagement du peuple chrétien
n'est pas nouveau dans l'Église. Pour ne regarder que Madagascar, nous savons bien que depuis
ses origines jusqu'au XIXe siècle, l'Église malgache pouvait compter sur des fidèles convaincus,
dont l'adhésion à l'évangile n'avait rien à voir avec les pressions impérialistes. Il suffit de se
rappeler que, lorsque les missionnaires catholiques ont été obligés de quitter Madagascar de 1883
à 1886 et de 1894 à 1895, à cause de la guerre coloniale franco-malgache, les laïcs « ont montré
comment ils pouvaient personnellement assumer les destinées de leur nouvelle foi ».24
Évidemment, il s'agissait d'une nécessité et non d'un choix de l'Église cléricale, ce qui nous
amène à demander : aujourd'hui, allons-nous rendre aux laïcs ce qui leur revient par vocation ?
Nous devons avouer, que selon nos recherches, la participation du peuple malgache dans
l'inculturation ou dans la réflexion qui la concerne est bien rare. C'est clair que le peuple fait de
l'inculturation partout, à sa manière, avec des réussites et des échecs, la religiosité populaire en
est un exemple, mais c'est très rare que le peuple prenne la parole pour rendre compte de sa
démarche et c'est encore plus rare qu'on l'aide à rendre compte du processus. Cette façon de
procéder nous prive malheureusement de grandes richesses et empêche les groupes concernés de
partager leurs découvertes avec d'autres croyants ; autrement dit, leurs acquis ne sont pas
valorisés. La théologie et ses méthodes devraient être au service du peuple chrétien, pour le
confirmer dans sa foi et lui permettre de vivre un processus d'approfondissement de la foi de plus
en plus évangélique.
La réflexion théologique sur l'inculturation Le mot inculturation est relativement nouveau dans le vocabulaire théologique. Il fit son
apparition vers les années 1930 et ne sera utilisé dans les documents officiels de l'Église qu'à
partir des années 1970. Même si le concept semble nouveau, le contenu qu'il véhicule ne l'est
pas, il a toujours fait partie de la mission évangélisatrice. '
Cf. Redemptoris missio, n° 54. 24 Pietro Lupo, « L'entre-deux-guerres franco-malgache (1884-1895), » dans Madagascar et le christianisme sous la direction de Bruno HUbsch (Paris : Karthala, 1993), 321. 15 Sur ce sujet, voir « Inculturazione del Vangelo, » dans Carrier Hervé, Dizionario délia cultura. Per l'analisi culturale e Vinculturazione (Città del Vaticano : Libreria Editrice Vaticana, 1997), 233-243 (publié en français sous le titre Lexique de la Culture pour l'analyse culturelle et l'inculturation) ; « Inculturation, » dans Dizionario di Missiologia ( Bologna : EDB, 1993), 281-286.
M
Le décret conciliaire Ad génies (1965), même s'il n'a pas utilisé le terme inculturation, a
expliqué avec clarté le fondement théologique de la mission dans le plan du salut et la mission de
l'Eglise, ainsi que les règles qui doivent orienter sa pratique : témoignage de vie, dialogue et
charité. En continuité, Paul VI, dans Y Exhortation Apostolique Evangelii nuntiandi (1975)
abordera la question de l'évangélisation de la culture, et le rapport qui existe entre évangile et
culture. Il dira que « l'évangile, et donc l'évangélisation, ne s'identifient certes pas avec la
culture et sont indépendants à l'égard de toutes cultures. Et pourtant le Règne que l'évangile
annonce est vécu par des hommes profondément liés à une culture ».26 Cette conception du
rapport entre culture et évangile montre les limites d'une époque et elle manque de la richesse de
l'évolution théologique contemporaine. Néanmoins, ces textes restent des points de référence.
Jean Paul II est sans doute l'auteur et l'acteur le plus fécond sur ce sujet : on peut dire de
lui que c'est le « Pape missionnaire ». Dans Catechesi tradendae (1979) il a souligné que « le
message évangélique n'est pas isolable purement et simplement de la culture dans laquelle il s'est
d'abord inséré »,27 nous voyons déjà dans cette expression que le rapport avec la culture se
conçoit autrement, il est vu comme « inséparable ». Le texte de Slavorum apostoli (1985) ira très
loin dans cette valorisation de la culture :
L'évangile ne conduit pas à appauvrir ou à effacer ce que tous les hommes, les peuples et les nations, toutes les cultures au long de l'histoire, reconnaissent et réalisent comme bien, comme vérité et comme beauté. Il pousse plutôt à assimiler et à développer toutes ces valeurs ; à les vivre avec générosité et dans la joie, à les parachever à la lumière exaltante et mystérieuse de la révélation.28
Le document qui marquera certainement le plus l'Afrique et Madagascar en cette fin de
siècle et en ce début de millénaire est Y Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa
(1995). Il s'agit du point d'arrivée de toute une réflexion africaine et malgache sur le rapport
entre l'évangile et la culture dans ces contextes. C'est sans doute le document le plus important
concernant l'inculturation pour l'Afrique. Mais il ne faut pas négliger les interventions des
évoques au Synode. Un excellent recueil de ces documents a été constitué par Maurice Cheza,
Henri Derroitte et René Luneau (1992), sous le titre Les évêques d'Afrique parlent (1969-1991).
Cet ouvrage ordonne les interventions autour de cinq thèmes, parmi lesquels celui qui nous
Evangelii nuntiandi, n° 20. Catechesi tradendae, n° 53. Slavorum apostoli, n° 18.
l.S
intéresse : l'inculturation. Maurice Cheza, encore, nous offrira en 1996 Le Synode africain.
Histoire et textes, dans lequel, outre l'exhortation apostolique, il nous rapporte la prise de parole
des participants au Synode, et, en guise de conclusion, il propose des réflexions qui ne manquent
pas de pertinence.
Les théologiens et l'inculturation
Les théologiens africains ont largement adopté le concept d'inculturation comme mot-clé,
lorsqu'ils entendent préciser les contours à donner à l'évangélisation et à la théologie. Ils lient
l'approfondissement de l'évangélisation à une inculturation qui respecte et affirme l'identité
culturelle africaine et cherche à dépasser la distance entre la culture et la foi. La théologie de
l'inculturation veut non seulement décrire les cultures, mais aussi les intégrer réellement à un
ensemble conceptuel plus vaste. Elle doit permettre une « réinvention » de la vie chrétienne dans
les diverses cultures noires. Depuis les années soixante dix, les théologiens africains revendiquent
de plus en plus le droit et le devoir d'inculturer la révélation chrétienne. Ils soutiennent que leur
travail est à même de révéler à l'Eglise universelle des aspects nouveaux de l'évang ile.29 Dans
cette orientation, les théologiens parlent de l'inculturation comme une condition sine qua non de
l'évangélisation en profondeur de l'Afrique. Ainsi « reconnaître que l'inculturation est "une
exigence de la foi", c'est admettre l'existence de lieux théologiques autres que ceux dont Rome a
la mémoire dans l'histoire de la pensée chrétienne ».
Un théologien, René Jaouen, a soulevé nombre de questions fort judicieuses : qui
s'inculture ? Autrement dit, le missionnaire s'inculture-t-il ? Le missionnaire doit-il inculturer
l'évangile ? L'Église doit-elle s'inculturer dans les peuples ? Chaque Eglise locale doit-elle
inculturer l'évangile dans sa propre culture ? Il parle aussi des traductions en langues
autochtones. À ce propos, faisons une parenthèse. Est-ce que certains documents salésiens
élaborés à Madagascar n'entrent pas dans ce que les théologiens appellent théologie en langue
locale, ou bien ce que l'Église appelle des catéchismes locaux ? Traduire, n'est-ce pas aussi
commencer à faire de la théologie en langue locale ? Bujo a déclaré à cet égard que « les
théologies africaines auront fait un pas de plus quand elles seront écrites en langues africaines.
! F'armi les théologiens africains nous pouvons citer comme exemple : Jean-Marc Ela, Benézét Bujo, François Kabasele Lumbala et Kà' Mana. 30 Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère (Paris : Karthala, 2003), 95. 31 À ce propos, consulter René Jaouen, « Les conditions d'une inculturation fiable. Observation d'un missionnaire au Cameroun, » Lumière et Vie, n° 168 (1984) : 33.
16
Elles rejoindront les fidèles dans leur lutte quotidienne de survie et dans leur pratique de la foi
chrétienne ».32 Notre travail de recherche rejoint ces intuitions avec le compte rendu qui a été
donné au groupe de recherche et la recherche elle-même qui a été faite en langue malgache.
Le théologien Achiel Peelman dira qu'au sens propre, l'inculturation se présente comme
la rencontre entre une culture donnée et l'évangile. Lui, comme Jaouen, soulignera le fait que le
sujet ou l'acteur principal de l'inculturation est le Christ, car il est la Parole proclamée par
l'évangélisateur.3 Pour Jaouen le sujet de l'inculturation est Jésus-Christ et lui seul.34 Comment
ne pas anticiper à ce stade de notre réflexion l'un des fondements théologiques christologiques du
système préventif: le Christ bon pasteur. Le travail de la recherche visera à faire ressortir la
transversalité de la dimension christologique dans la conception salésienne.
Actuellement, nombreux sont les travaux qui se penchent sur l'inculturation, même si des
théologiens africains appellent à ne pas enfermer la mission dans l'inculturation séparée des
diverses formes de libération économique et sociale qui sont aujourd'hui si urgentes pour
l'Afrique et Madagascar. 5 C'est un des écueils de l'inculturation, comme le sont la
« folklorisation », la malgachisation à outrance... mais il y a des écueils aussi plus théologiques
comme le fait d'enfermer l'inculturation dans le seul mystère de l'incarnation, en négligeant la
création et le salut, mais sur ces questions nous reviendrons en temps voulu, en profondeur.
L'inculturation à Madagascar Au plan de l'inculturation en contexte malgache, nous devons distinguer deux types de
textes : ceux du magistère (malgache) et ceux des théologiens qui se sont penchés sur la question
de l'inculturation ou de la relation « culture - foi » à Madagascar.
~ « Reconstruire l'Afrique à partir de la culture? Entretien avec le Professeur Bénézet Bujo, » Telema, n° 114 (2003) : 70. " Pour cette question on lira Achiel Peelman, LInculturation. L'Eglise et les cultures, 119. 34 Voir René Jaouen, « Les conditions d'une inculturation fiable. Observations d'un missionnaire au Cameroun » : 37. 15 Un texte fort éloquent de Jean-Marc Hla représente bien cette critique : « dans le courant "indigéniste" qui a dominé les recherches depuis vingt ans, on constate que l'interrogation sur le destin de la personnalité africaine dans le catholicisme n'intègre pas l'attitude de l'Église à l'égard du pouvoir en Afrique où le politique et les coups d'État militaires dominent la vie quotidienne. Peu importe que l'Église s'efface devant les forces d'oppression, enfermée dans une sorte de silence complice à l'égard des pouvoirs qui rançonnent et oppriment un peuple dont on s'approprie les manières de vivre, l'art et la mentalité, les rites ou les proverbes », « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré, 40. Voir aussi Evangelista Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes. Tom. III, XVIIF - XX~' siècle (Paris: Cerf, 1997), 1035 ; Adam Wolanin. « Teologia africana : tra fede e cultura. » Studia missionalia, n° 45 (1996), 222-223.
17
Commençons par rappeler la visite du pape Jean Paul II à Madagascar (1989). Cette visite
nous a laissé un recueil d'homélies et de discours, dans la collection Foi et justice, sous le titre
Jean Paul II à Madagascar. C'est une documentation intéressante puisqu'elle nous permet de
saisir le regard que le Pape porte sur l'île et les priorités ou idées forces sur lesquelles il souhaite
insister. Il a déclaré, à propos de l'inculturation à Madagascar, que celle-ci était une entreprise
délicate, importante et exigeante, capitale pour l'avenir de la foi chrétienne. Il avait déjà insisté,
dans son discours du 21 mai 1987 aux évêques de Madagascar en visite adlimina, sur le fait qu'il
faut continuer ce travail d'inculturation, de manière à ce que la foi irrigue la vie, la culture, les
moeurs familiales et sociales des chrétiens, afin que les valeurs culturelles malgaches
n'estompent pas le message de la foi et de la morale.36 Cette exhortation, d'une part nous invite à
avancer, mais à la différence d'autres interventions du Pape plus valorisantes pour la culture,
celle-ci nous semble malheureusement trop moralisante. Elle néglige également l'apport que la
culture peut donner à la foi, en tant que lieu d'incarnation et d'enrichissement pour une Église qui
se veut universelle et incarnée. Ce qui montre que l'inculturation peut être vue comme un
processus unidirectionnel.
Dans la même collection, nous trouvons cinq volumes qui recueillent les textes et
déclarations des évêques à Madagascar de 1889 à 2000, sous le titre : Église et société à
Madagascar. Il s'agit pour l'ensemble de volumes bilingues. Ces documents sont d'une
importance capitale puisqu'ils nous offrent des textes par ailleurs difficilement accessibles.
La revue Aspects du Christianisme à Madagascar, qui se veut une revue de l'Épiscopat de
Madagascar, présente des articles et déclarations très variés, non seulement de l'Épiscopat, mais
aussi des théologiens malgaches. C'est actuellement l'unique revue malgache où nous trouvons
des articles de théologie, même s'ils sont parfois mélangés avec d'autres articles de philosophie
et d'anthropologie d'une façon un peu anarchique, ce qui l'empêche de marquer une réelle
continuité. Particulièrement importants sont les articles concernant l'œcuménisme, le fihavanana,
les ancêtres, le hasina, le fady et l'Église - famille dans un contexte malgache.
Dans de nombreux documents de l'Église universelle, une importance fondamentale est
donnée aux catéchismes locaux, comme nous l'avons déjà dit, et une grande partie du travail
d'inculturation à Madagascar a concerné la catéchèse. Bien que ce ne soit pas notre sujet de
36 Sur cette question, voir Jean Paul II, « Un moment crucial dans l'histoire de la Grande Ile, » dans Église et société à Madagascar, vol. 3 (Antananarivo : Foi et Justice, 1990), 185-186.
18
recherche, nous devons évoquer au moins le document de base de la catéchèse malgache. Il s'agit
de : Vaomieran 'ny eveka mikarakara ny fandalinam-pinoana. Nampihavaniny aminy isika
(1987). Le travail le plus sérieux concernant ce document a été réalisé par notre confrère
Antonino Romano, dont la thèse, publiée sous le titre Percorsi délia catechesi malgascia (2003),
examine cette question. Pour ce qui concerne la catéchèse et l'inculturation, Modeste
Rakotondrabe a publié dans Recherches et Documents (1994) Aspects de l'histoire de
l'inculturation à Madagascar. 11 y présente quelques catéchismes utilisés à Madagascar,
description intéressante mais bien incomplète. Il a étudié aussi quelques aspects de l'histoire de
l'inculturation à Madagascar jusqu'aux tentatives de malgachisation lors de la révolution
culturelle de 1972 au nord de Madagascar.
Jean Marie Aubert est un auteur et professeur bien connu du public. Il a publié en 1986
dans Documents interéglises 7 un travail remarquable sur l'inculturation de l'Église catholique
dans le nord de Madagascar. Il s'agit du résumé de sa thèse, soutenue à la Sorbonne en 1984. Il a
travaillé sur le processus d'inculturation de la foi chrétienne tel que le discours religieux du
groupe étudié le laissait percevoir. L'auteur analyse 30 rapports de sessions de formations de
laïcs de 1977 à 1982, relatifs aux événements survenus dans les villages ou les villes. Nous
n'avons pas abordé notre étude sous cet angle dans la mesure où ce type de recherches se limite
au discours proprement dit, à l'aspect symbolique et communicationnel de celui-ci, et néglige
finalement le changement (recherche non engagée). Elle se fait « sur » le discours et « sur » les
personnes et non « par » et « pour » les intervenants comme c'est notre cas.
La théologie de l'inculturation, en essayant de faire dialoguer culture et foi, croyances
ancestrales et foi chrétienne, utilise de préférence l'anthropologie comme outil interdisciplinaire.
C'est aussi le cas à Madagascar. L'auteur le plus célèbre à s'être exprimé au sujet de
l'inculturation est sans doute le théologien et anthropologue malgache Adolphe Razafintsalama,38
très connu par ses multiples interventions au sein du Conseil des Églises Chrétiennes de
Madagascar, ou Fiomhonan 'ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara (FFKM), dont il fut le
secrétaire pendant plusieurs années. Spécialiste de la culture malgache, il faut « reconnaître que
le père Razafintsalama a été l'un des théologiens malgaches à avoir contribué au développement
Voir Document interéglises (Paris, 1986). La Revue Aspects du Christianisme à Madagascar, consacre au père Razafintsalama le n° 2 de 2002.
I')
des recherches sur l'inculturation en théologie ». Ce jésuite a publié, dans Telema, Aspect du
Christianisme à Madagascar et La Civiltà Cattolica. Dans cette dernière, par exemple, il a offert
aux lecteurs : L'espressione délia fede nella cultura malgascia (1987). ° Il a également publié de
nombreux livres : Ny finoana sy ny fomba malagasy (1998) ou la croyance et les rites malgaches
et Andriamanitra ray sy ny finoan-drazana malagasy (1999) ou Dieu le Père et les croyances
malgaches, ce dernier étant un livre visant à approfondir la foi.
Le frère des écoles chrétiennes Hilaire Raharilalao, dans une approche biblique et
anthropologique, a publié sa thèse : Église et Fihavanana à Madagascar (1991). Ce document
intéressant approfondit le fihavanana, concept si cher à l'anthropologie malgache. Nous y
reviendrons lors de la définition de culture malgache, mais déjà nous pouvons dire qu'il s'agit
d'une valeur malgache, les bonnes relations ou la solidarité.
Pour donner un exemple de recherches dans des domaines plus ponctuels, en 1992,
Rodolphe Rafidy a écrit Anthropologie et croyances malgaches, réflexion chrétienne et
théologique, mémoire dans lequel il développe la notion d'amhiroa, la « seconde âme » ou
fantôme, pour expliquer certaines pratiques apparemment irrationnelles. Il parle de ce concept à
trois niveaux de l'être humain pour passer ensuite à une réflexion théologique. Malheureusement,
ce travail de recherche n'a pas été publié.
Sous la direction du regretté père Bruno Hiibsch, le livre Madagascar et le Christianisme
(1992) - dont il existe une version malgache - a vu le jour. Il s'agit d'une histoire œcuménique.
Bruno Ilubsch a également soigné la réédition bilingue du célèbre livre du pasteur Lars Vig : Les
conceptions religieuses des anciens Malgaches, outil de base pour toute recherche qui vise des
questions relatives à la culture malgache. Le père Hûbsch s'est caractérisé par son approche
historique, ses écrits sont nombreux et d'une grande valeur.
Joseph Martial Rasolonjatovo, également, s'est engagé à la rédaction d'un essai sur la
culture malgache et le thomisme, sous le titre de Mora ny mitondra lehinafa sarotra ny mitondra
tena (1999), lequel manque d'articulation entre théologie et anthropologie, mais qui surprend par
la richesse de ses proverbes et son analyse de la conception malgache du mal.
Germain Rajoelison, « In Memoriam... Un devoir de mémoire... » Aspects du christianisme à Madagascar, n° 2 (2002) : 3. 40 Dans La Civiltà Cattolica, n° 3300 (1987) : 555-568. 41 Publié en norvégien en 1892 et traduit en allemand de 1907 à 1991, c'est cette dernière version qui a été publiée par HUbsch. Le titre original en allemand était : Die religiôsen Vorsteilungen des heidenischen Madagasse.
20
S'il fallait donner un bref aperçu de l'état de la question, nous dirions que quatre
domaines ont avancé dans l'inculturation :
• domaine biblique : la première chose qui touche le regard, c'est la traduction de la bible en
malgache ;
• domaine liturgique : la langue liturgique, les chants et les danses sont malgaches, mais non la
liturgie elle-même, ni les rites qui sont restés romains ;
• domaine de la catéchèse : avec le document sur la catéchèse Vaomieran 'ny eveka mikarakara
ny fandalinam-pinoana. Nampihavaniny aminy isika et les nombreux petits catéchismes
locaux ;
• domaine de l'œcuménisme. Nous précisons que c'est une dimension de la théologie malgache
très développée et non sans importance puisque le groupe de recherche a abordé ce sujet :
nous reviendrons sur cette question. Signalons au moins le livre d'Adolphe Razafintsalama,
Tari-dalana ho an 'ny katolika momba ny ekiomenisma, qui concerne les orientations de
l'œcuménisme à Madagascar.
À ce point de notre réflexion, malgré les travaux d'une grande qualité que nous avons déjà
signalés et d'autres que par souci de synthèse nous n'avons pas mentionnés, nous avons le
sentiment que ces recherches sont bien insuffisantes. La littérature concernant l'inculturation
nous semble ainsi être restée au niveau de l'arrimage, de l'adaptation, de la juxtaposition ou pire
encore de la « réanimation artificielle » de rites et traditions ancestrales qui ne disent plus grand-
chose aux gens de la ville, une sorte d'inculturation archéologique et obsolète. Bref, les études
sur l'inculturation sont encore marquées par le morcellement, faute de travail interdisciplinaire et
d'une vraie communication entre chercheurs. Ce qui est plus grave, il nous semble, c'est qu'elles
manquent de pertinence pour les Malgaches, qui sont dans une situation culturelle en évolution,
très marquée par la mondialisation et globalisation. En fait, l'identité culturelle traditionnelle est
en crise et c'est sur une nouvelle identité culturelle qui se cherche, mélangée, influencée, parfois
incohérente, que nous avons travaillé.
Anthropologie malgache La littérature concernant l'anthropologie malgache est indispensable pour comprendre
certains concepts culturels exposés par le groupe de recherche : Vaina, le fihavanana, les razana,
21
Zanahary, le fanahy... et certains rites propres aux tribus. La littérature sur ces questions est
abondante et très riche.
Robert Dubois est un des auteurs les plus connus et reconnus au niveau de l'anthropologie
malgache dans le monde catholique et parmi les auteurs « non malgaches ». Dans son
Olomhelona. Essai sur l'existence personnelle et collective a Madagascar (1978), il analyse
quelques éléments fondamentaux de la culture malgache comme Yaina et le flhavanana. Nous
retenons l'importance de la logique interne qu'il dégage de la culture. Vingt ans plus tard, il
poussera sa réflexion et produira Malagasy aho (1999), traduit depuis 2002 sous le titre L 'identité
malgache. La tradition des ancêtres. Dans ce livre, il nous expose la personnalité malgache, sa
façon de se situer dans le monde, son rapport aux autres et à dieu. Selon lui, la logique malgache
défend une approche plus globale de la réalité, fondée sur le vécu et les relations, elle permet au
Malgache de mieux se représenter la réalité, souvent complexe, qu'il vit. Nous adhérons
pleinement à cette façon de voir.
Le professeur Pietro Lupo a beaucoup travaillé la question de l'anthropologie culturelle
malgache. Il est l'auteur de nombreux articles et communications, fort pertinents pour notre
recherche, notamment les polycopies qui ont été distribuées lors d'une session qu'il a tenue à
Clairvaux en 2002. Il s'agit d'un document de 11 pages intitulé Madagascar, culture, identité,
mondialisation. L'originalité de ce document se situe dans une approche anthropologique centrée
sur la modernité : on pourrait presque parler d'une anthropologie de la ville. À noter que le
groupe de recherche a bénéficié de cette formation. Un document tout aussi intéressant est le
syllabus élaboré dans le cadre de l'Université de Tuléar : La pensée religieuse traditionnelle.
Esquisse pour une synthèse?2 Ce document est à l'origine d'une récente publication (2006) Dieu
dans la tradition malgache. Approches comparées avec les religions africaines et le
christianisme. Ce qui nous intéresse ce sont les points 2 et 3 qui abordent le discours concernant
Dieu, tel qu'il s'est développé dans la pensée malgache.
Un livre récent de Christian Alexandre, Le Malgache n 'estpas une lie (2003), aborde sous
un angle philosophique certains éléments fondamentaux de la culture malgache : aina et
fihavanana.
Les réflexions sur la culture malgache ne sont toutefois pas seulement l'objet de recherche
des étrangers. Des malgaches déjà avaient essayé d'élaborer une philosophie malgache, comme
42 Université de Tuléar, 2002.
22
c'est la cas d'Antoine de Padoue Rahajarizafy dans Filozofia malagasy « ny fanahy no olona »
(1970), c'est là où il parle des concepts clés de la culture malgache : fanahy, lahatra,
Andriananahary... pour n'en citer que quelques-uns. Ny riba malagasy, écrit par un autre
malgache, François Rakotonaivo (1997), a présenté les us et coutumes des malgaches (fomba
amam-panao), en faisant une description de nombreux éléments culturels malgaches comme :
Andriamanitra, Zanahary, ny sampy, ny angatra, ny fady, ny anjara, ny razana... Mais la liste
d'auteurs malgaches est grande et leurs études n'étant pas l'objet direct de cette thèse, nous nous
arrêtons ici sur la présentation d'ouvrages.
Ethno-théologie
Pour ce qui concerne les auteurs qui essaient de porter un regard théologique sur la
culture, il nous semble qu'en général ils ont très bien développé l'aspect anthropologique, mais
beaucoup moins l'aspect théologique qu'ils se limitent à survoler, n'étant pas dans leur domaine
de compétence. Certains auteurs tombent dans « l'archéologisme » ou « ethnologisme », ce qui
est un écueil pour la théologie de l'inculturation. Leurs méthodes de recherche nous révèlent ce
paradigme. Certains de ces écrits par exemple manquent d'ouverture : ils sont incapables de
dégager la logique interne de la culture. Jean-Marc Ela dit à ce propos que « toute problématique
de la foi trop axée sur la récupération du passé ne nous permettrait pas de rejoindre l'homme
africain dans ses interrogations actuelles ». Une certaine théologie de l'inculturation a été
influencée par cette vision fonctionnaliste de la société. Ainsi elle a canonisé une conception
fixiste et idéale des sociétés africaines et malgaches, ce qui nous semble manquer de réalisme.
Nous reprochons aussi aux ethno-théologiens d'avoir repris sans l'interroger une vision statique
de la société malgache, ou bien de chercher à effectuer un retour à des traditions idéalisées. En
procédant de cette façon, ils privent la communauté croyante d'initiatives nouvelles, de créativité,
de conscience historique et du sens des pratiques nouvelles, malgré leurs bonnes visées de
recherche identitaire. Mais nous ne voulons pas nier que ces types de recherches ont une certaine
utilité ; elles peuvent permettre de mieux comprendre le passé, les racines.
Jean-Marc Ela, « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré, 38.
23
5.2 Salésianité
L'originalité de la pensée pédagogique et pastorale de Jean Bosco, de qui nous parlerons
dans le deuxième chapitre, réside dans son aspect systémique. Il choisit ce vocable pour
caractériser sa méthode qu'il appelle, comme nous l'avons déjà dit, préventive (voir note n° 6).
Une vraie compréhension de son système exige de considérer de façon globale, unitaire et
vivante, tous les écrits, les réalisations et la vie de Don Bosco, afin de pouvoir saisir son
originalité, son intuition et son intention profonde. Nous signalons que certains préfèrent parler, à
la place d'intuition, de charisme salésien,46 d'identité salésienne ou de valeurs salésiennes. Ceci
montre non seulement une variété de langage, mais aussi la difficulté pour découvrir ce qui, chez
Don Bosco, doit être inculture. Étant donné qu'il n'y pas de principes salésiens purs, il faut donc
faire appel chaque fois à l'herméneutique : dans ce sens la démythisation de Don Bosco et de son
système est un moment et une tâche dont on ne peut pas faire l'économie. Il s'agit d'une
démythologisation du revêtement culturel du système préventif. Les Constitutions salésiennes (ou
Constitutions de la Société de saint François de Sales) sont un outil précieux dans ce sens.
Nous disposons d'une grande bibliographie relative à Don Bosco. Actuellement, il existe
même des Centres de recherche à Rome et à Lyon,47 mais aussi un Centre important de formation
à Quito.
Plusieurs livres ont traité des questions concernant l'approche bibliographique de Don
Bosco, c'est-à-dire ce qui a été écrit sur Don Bosco, par exemple Pietro Stella dans Le ricerche su
Don Bosco nel venticinquennio 1960-1985. Bilancio, problemi e prospettive. Il s'agit d'un
volume, écrit surtout pour les spécialistes, très riche et précis, probablement un des meilleurs
dans son genre.
Deux documents élaborés par le Centro salesiano régional de formation permanente en
Equateur forment une excellente synthèse de ce qui a été écrit sur Don Bosco. Nous faisons
référence ici au syllabus et au matériel préparés par les pères Fernando Peraza et Jorge Garcia :
44 Saint Giovanni Bosco a fondé une congrégation religieuse appelée salésienne, puisqu'elle s'inspire de la spiritualité de saint François de Sales. Quand nous parlons de salésianité aujourd'hui, nous parlons de la spiritualité de saint François de Sales vécue par Don Bosco. La salésianité concerne toute l'histoire de Don Bosco, sa spiritualité ainsi que la réflexion systématique qui s'est développée autour de ses principes pédagogiques et pastoraux. 45 Jean Bosco (Giovanni Bosco) est né le 16 août 1815 dans le Piémont (Italie du Nord). Il est devenu prêtre pour se consacrer au salut des enfants et des jeunes. Il mourut le 31 janvier 1888 à Valdocco, à l'âge de 72 ans. Le premier avril 1934, le pape Pie XI le proclama Saint. 46 En général charisme désigne un don gratuit de Dieu. 47 L'Istituto Storico Salesiano à Rome et le Centre Jean Bosco à Lyon.
24
Curso de iniciacion al estudio de Don Bosco « Hacia el 88 » (1986), publié en 1995 sous le titre
Curso de iniciacion al estudio de Don Bosco et d'un syllabus plus récent et complet : Curso para
docentes de salesianidad (2003). Ces deux documents sont d'une grande richesse
bibliographique, car ils recompilent un matériel abondant et complet concernant la vie de Don
Bosco. Nous voulons attirer aussi l'attention sur un livre plus bref et concis publié à l'intention
des étudiants (débutants) en salésianité, en 1999, Conociendo a Don Bosco. Ce livre très
pédagogique offre au lecteur une vision complète et synthétique de la vie de Don Bosco, sous une
approche rigoureusement historique, qui situe très bien Don Bosco dans son contexte historique.
Les recherches sur Don Bosco sont allées très loin et nous permettent de dire aujourd'hui
que nous connaissons Don Bosco en profondeur, presque jour après jour. L'approche historique
est la plus couramment retenue pour l'étudier. Cette perspective évite le risque de ce que Pietro
Stella, un des principaux historiens de Don Bosco, a classifié comme approche « enthousiaste ».48
Cette documentation nous offre un excellent point de départ pour notre travail concernant
l'inculturation du système préventif.
Biographies sur Don Bosco
Les dix neuf volumes des Memorie biografiche constituent une base de référence
indispensable. Le premier rédacteur des mémoires a été Giovanni Battista Lemoyne qui, en 1883,
commença la recompilation des documents, pour écrire la vie de Don Bosco. Il est considéré
comme le plus important biographe puisque, malgré les limites liées à sa propre sensibilité et à sa
méthode d'historien, il se situe parmi les confidents directs et chroniqueur d'innombrables faits
de la vie de Don Bosco. La validité fondamentale de son œuvre est aujourd'hui une évidence.
Son travail sera continué par Angelo Amadei, responsable du volume 10, et par Eugenio Ceria
qui rédigera les volumes 11 à 18. La critique la plus importante faite à Lemoyne est qu'il n'a pas
toujours vérifié l'objectivité des documents à sa disposition et ensuite qu'il a écrit dans une
optique religieuse contraire à l'anticléricalisme du XIXe siècle, à partir de laquelle il interprète les
faits. Pour ce qui concerne Amadei, il conserva les mêmes critères et l'optique de Lemoyne,
tandis que Ceria semble être plus « solide », tout en travaillant autrement le matériel. Rappelons
Un genre bibliographique est né avec les premières éditions françaises sur Don Bosco. Il s'agit des biographies qui présentent un Don Bosco thaumaturge et merveilleux comme par exemple celle de D'Espiney à Nice en 1881 ou bien celles rédigées à l'Oratorio de Valdocco (Italie) par Bonetti, Francesia et Lemoyne, qui parlent avec amour et admiration de la vie du Saint.
25
que Ceria était un homme très préparé, un humaniste avec une profonde connaissance de la
spiritualité.
Autour de la béatification et de la canonisation de Don Bosco (1934), la tâche
biographique se consolide et les études relatives à la spiritualité et à la pédagogie salésienne
s'affirment. Une des œuvres principales est encore celle d'Eugenio Ceria, qui a traité toute la
question de la vie intérieure en Don Bosco con Dio (1929).49 Ce classique nous permet de saisir
l'identité spirituelle de Don Bosco que l'auteur organise autour de trois axes porteurs : le rapport
avec Dieu, le rapport avec le prochain et le rapport avec soi même, ce parcours est fait de manière
systématique.
En ce qui concerne la sainteté de Don Bosco, Brocardo et son Don Bosco profondamente
uomo - profondamente santo (1985), nous offre un livre cordial, presque intime. Cette œuvre
nous rend accessible la figure spirituelle de Don Bosco et on peut reconnaître dans ce livre un
essai de spiritualité. Le texte est articulé en deux parties, la première nous présente quelques
aspects de la personne de Don Bosco, tandis que la deuxième aborde les dimensions
fondamentales de sa sainteté : mystique, travail, prière, ascèse, etc.
Le pasteur luthérien Walter Nigg (1981) a écrit en allemand, Don Bosco un santo de ayer
como futuro (selon la traduction barcelonaise)5 ou, dans une version récente, Don Bosco un
santo para nuestro tiempo. C'est un exemple d'essai critique très réussi. Il développe une
interprétation de Don Bosco qui dépasse les limites scientifiques et utilise surtout les critères de
foi.
Parmi les biographies contemporaines, nous pouvons citer l'œuvre de Teresio Bosco, Don
Bosco una biografia nuova (1986). L'auteur s'est très bien fait aider et a produit une des
meilleures, sinon la meilleure des biographies contemporaines. Il s'agit d'un travail populaire,
facile à lire, digne et substantiel dans le contenu. C'est aussi un excellent document de synthèse
entre faits significatifs et réflexions critiques sur ces faits. Il réunit tous les éléments nécessaires
pour permettre une bonne compréhension du Saint et constitue aujourd'hui un texte de base pour
entamer toute étude sérieuse sur Don Bosco. À Madagascar, c'est autour de ce livre que la
formation salésienne commence. Nous l'avons utilisé dans la formation du groupe de recherche.
Sur la vie intérieure de Don Bosco, nous avons aussi les écrits de Augustin Aufray, Carlo Salotti, Jens Johannes Joergensen, Angelo Amadei et Fierro Torres. 50 L'original Don Bosco. Ein zeitloser heiliger a été traduit par Juan Canals à Barcelone en 1981.
26
Ce livre dont nous reparlerons plus loin a été traduit de l'italien en malgache, sous un autre titre
et par un autre auteur.
Don Bosco et ses écrits
Don Bosco a publié 1174 documents éducatifs (biographies, histoires, collections
d'auteurs, lectures spirituelles, œuvres de théâtre, etc.). Parmi cette prolifique production, un
document attire notre attention, son autobiographie : Les mémoires de l'Oratorio (selon la
traduction française) dont la première version a été écrite entre 1873 et 1875. Elle est intéressante
pour nous puisque Don Bosco nous fait part de ses réflexions personnelles sur sa vocation et son
apostolat éducatif, il nous dévoile son intimité. Son livre touche les premiers 40 ans de sa vie.
Particulièrement importantes sont les informations qu'il nous livre sur son enfance. Les
Mémoires seront rééditées en 1946 par Eugenio Ceria, et Teresio Bosco prendra soin de les
traduire en italien courant en 1985.
Don Bosco n'a pas légué à ses successeurs une théorie fortement élaborée et longuement
développée de son système éducatif, lui-même dira «j'ai été plusieurs fois invité à exprimer, soit
oralement, soit par écrit, ma pensée sur la méthode dite préventive communément en usage dans
nos maisons... je crois opportun d'en présenter ici une esquisse. Ce sera comme la table des
matières d'un petit livre que je suis en train de préparer pour le cas où Dieu m'accorderait assez
de vie pour le terminer ». Il écrira un petit document : Le Système préventif dans l'éducation de
la jeunesse (1877), mais le livret dont parle Don Bosco n'a jamais vu le jour. Cependant,
l'ensemble des écrits de Don Bosco a permis à ses disciples de dégager des orientations bien
précises sur son système éducatif, si précises qu'elles sont, comme nous allons le voir, à l'origine
d'une conception pédagogique fortement centrée sur la personne, il s'agit d'une approche
intégrale et ouverte à la transcendance.
Don Bosco a laissé aussi des centaines de lettres, dont une que l'on peut qualifier de vrai
bijou de pédagogie. Il s'agit de la Lettre de Rome du 10 mai 1884 sur l'état de l'Oratorio, dans
laquelle Don Bosco, à la fin de sa vie, constate avec tristesse que la pratique du système préventif
à Valdocco commence à se diluer. Au moyen du genre littéraire épistolaire, il exhorte ses jeunes
Regolamento per le case delta société di S. Francesco di Sales (Turin, 1877) ou dans la version française ( 1986) des Constitutions renouvelées : Constitutions salésiennes ou Constitutions de la société de saint François de Sales (Première édition. Rome, 1985), 236. C'est cette dernière version que nous utilisons.
27
et ses salésiens à revenir aux traditions et à la familiarité (ambiance éducative) qui lui sont si
chères. C'est une lettre écrite avec le cœur d'un père, pleine d'affection et de sagesse.
Le Don Bosco des études
Alberto Caviglia (1868-1943) est sans doute celui qui a commencé à systématiser la
spiritualité éducative de Don Bosco. Il a été le premier à essayer de faire une publication critique
de la production éditoriale du Saint. Caviglia a réussi à montrer la profonde articulation et
l'organisation du système éducatif de Don Bosco.
Dans le monde francophone, François Desramaut est le grand historien de Don Bosco et
de la salésianité, avec une production scientifique abondante. Ne citons qu'un exemple parmi ses
travaux les plus importants : Don Bosco en son temps (1815-1888), une histoire véritablement
complète, puisqu'en presque mille cinq cent pages, il raconte « tout » sur Don Bosco. C'est un
travail de grande érudition qui analyse les situations compliquées et offre des synthèses valides.
Du coté italien, Pietro Stella a été un auteur fécond, mis à part le livre déjà cité Le
ricerche su Don Bosco nel venticinquennio 1960-1985. Bilancio, problemi e prospettive, il
convient de signaler aussi Don Bosco nella storia délia religiosità cattolica. L'auteur propose
dans le premier volume (1968) la méthode historique-génétique comme la plus pertinente pour
l'étude de Don Bosco. Il aborde et analyse dans le deuxième volume (1981) les sources
inspiratrices de la pensée ascétique-pastorale du Saint, les transformations politiques, religieuses
et sociales de son milieu, et les réponses données à partir de sa vision de foi. Le troisième et
dernier volume (1988) parle du procès de béatification et canonisation. Dans Don Bosco nella
storia economica e sociale (1815-1870) écrit en 1980, le même auteur réussit à replacer Jean
Bosco dans son époque de façon à poser des bases pour une interprétation réaliste et concrète du
Saint. Ce livre nous offre ainsi un riche matériel généalogique, des informations concernant la
situation socio-économique des jeunes, des œuvres et de la famille de Don Bosco.
Le système préventif est, quant à lui, abordé entre autres par Luciano Cian dans //
« sistema preventivo » di Don Bosco e i lineamenti caratteristici del suo stile (1978) ;5 Le point
final de la recherche sur la dimension éducative chez Don Bosco semble avoir été donné par
D'autres auteurs se sont aussi consacrés aux aspects historiques, religieux, culturels et spirituels ; nous pouvons citer : Michèle Molineris, Secondo Caselle, Joseph Aubry, Natale Cerratto, Francesco Motto, Francesco Traniello, Giacomo Dacquino et Aldo Giraudo. Plus centrées sur l'investigation pédagogique sont les écrits de : Francesco Cerruti, Augustin Auffray, Pietro Ricaldone et Giancarlo Milanesi.
28
Pietro Braido dans son livre : L'expérience pédagogique de don Bosco, (1990). Il y présente le
système préventif dans son contexte historique, c'est un travail remarquable d'histoire de la
pédagogie salésienne. L'auteur avait déjà publié // sistema preventivo di don Bosco en 1955. En
1999, il publiera : Prevenire non reprimere. Il sistema educativo di don Bosco volume didactique
et très documenté, il constitue le point d'arrivée de quarante ans d'études et de recherches. Tout
récemment (2002) l'historien a publié son chef d'œuvre : Don Bosco prête dei giovani nel secolo
délie libertà, deux volumes qui replacent correctement Don Bosco dans son contexte historique,
politique et religieux, ils analysent également quelques œuvres salésiennes (maisons) des
origines.
Morand Wirth dans Don Bosco et les salésiens. Cent cinquante ans d'histoire (1970)
présente l'histoire salésienne depuis Don Bosco jusqu'au père Ricceri (1965). Nous avons un
résumé de ce livre dans la collection Horizons salésiens, sous le titre Histoire de l'œuvre de Don
Bosco, de l'origine à nos jours. D'autres écrits de ce type avaient déjà été entrepris, notamment
par Eugenio Ceria. Malheureusement, son ouvrage était trop volumineux, et de plus, sa recherche
s'arrêtait à l'année 1921. La production de Wirth ajoute à un contenu solide une réflexion qui ne
s'est pas seulement centrée sur Don Bosco, mais qui parle aussi des salésiens.
Dans le monde francophone, il y a un ouvrage collectif remarquable sur l'éducation selon
la pédagogie salésienne : Eduquer à la suite de Don Bosco (1996), sous la direction du célèbre
moraliste salésien Xavier Thévenot. Dans ce livre, Desramaut consacre tout un chapitre au
système préventif et Thévenot présente des éléments, que nous reprendrons au deuxième chapitre
de cette recherche, qui fondent théologiquement le système préventif.
Un essai de pédagogie salésienne vient d'être récemment publié en français (2000) sous le
titre Un système éducatif toujours d'actualité par Francesco Motto. Dans son livre, cet historien
salésien présente le système préventif comme un modèle pédagogique reconnu et adopté par des
milliers d'éducateurs dans le monde. Cet ouvrage offre un regard moderne sur le système
salésien.
Pour des approches actuelles, plus centrées sur la dimension pédagogique salésienne
encore, nous avons l'abondante publication de Jean-Marie Petitclerc. Ses écrits touchent la
pédagogie salésienne et son application chez les jeunes en difficulté. C'est une référence en
France pour la pédagogie des jeunes exclus, même si la dimension théologique qu'il essaie
parfois de développer dans ses livres fait ici défaut. Ses ouvrages se caractérisent par une grande
29
pertinence du fait que l'auteur sait harmoniser son expérience en tant qu'éducateur de rue en
banlieue et la dimension éducative salésienne. Particulièrement éclairant est par exemple La
violence et les jeunes, où Jean-Marie Petitclerc ouvre des chemins pour mieux comprendre les
enjeux actuels et mieux réagir à la violence dans une perspective éducative et évangélique
salésienne.
Documentation institutionnelle
Le document juridique et charismatique le plus important pour les salésiens s'intitule Les
Constitutions salésiennes. Dans le cadre de notre recherche, nous intéressent particulièrement les
articles n° 20, 38, 39, 47, 115 et 136, qui donnent une description à la fois complète et
synthétique du système préventif. Le Guide de lecture des Constitutions salésiennes (1990-1991)
est un outil pour la compréhension des Constitutions, le deuxième tome est le plus pertinent pour
les articles mentionnés.
Nous voudrions signaler dans la documentation officielle de la Congrégation salésienne
les Actes des Chapitres généraux et, parmi les Chapitres généraux, les deux qui attirent notre
attention. Le premier, le Chapitre général 21 de la société salésienne (1978), nous intéresse
particulièrement pour son propos relatif au lancement missionnaire, sujet que nous aborderons
davantage dans le troisième point de cette revue de littérature. En second lieu, le Chapitre
général 24 des salésiens de Don Bosco. Salésiens et laïcs : communion et partage dans l'esprit et
la mission de Don Bosco (1996). Ce document nous concerne particulièrement en raison du
regard que les salésiens portent sur les laïcs : « communion et partage », un nouveau paradigme
dans lequel la recherche entamée à Clairvaux a voulu s'engager.
Le Dicastère salésien pour la pastorale des jeunes a publié en 1996, Spiritualité salésienne
des jeunes. Un don de l'Esprit à la famille salésienne pour la vie et l'espérance de tous. Ce petit
livret donne une synthèse très réussie de la spiritualité salésienne.
30
5.3 Les salésiens en Afrique et à Madagascar
Ce troisième corpus bibliographique rejoint le point de convergence ou d'articulation de
notre recherche. Il s'agit de toute la littérature concernant l'inculturation salésienne en Afrique et
à Madagascar. Cette dernière étant très peu connue, nous allons nous attarder davantage.
Mais avant tout, apportons deux précisions. La première, c'est que la synthèse que font les
salésiens entre éducation et évangélisation donne une sensibilité particulière à l'inculturation. La
deuxième, c'est qu'avant de parler d'inculturation salésienne, il faudrait commencer par analyser
le regard de Don Bosco sur les missions. Sa méthode présente toutes les caractéristiques de son
époque avec ses limites historiques. Don Bosco n'a pas formulé de théories théologiques pour
son action missionnaire. 11 est parti du concept d'une Église missionnaire. Derrière ses lettres et
ses paroles, nous découvrons le Concile Vatican I avec un grand attachement à la figure du Pape.
Sa « tactique » apostolique missionnaire comportait deux phases : aller vers les immigrés italiens
en Argentine et pénétrer chez les « indigènes ». Ce qui a poussé Don Bosco vers les missions
était sa charité pastorale et le salut des âmes.
Pour un regard général de l'histoire des présences salésiennes, des provinces et des
circonscriptions en Afrique et à Madagascar, ainsi que du visage africain du charisme salésien,
nous disposons d'un récent document, Projet Afrique 1980-2005. Il s'agit d'un livre très
intéressant qui permet d'avoir un aperçu du travail salésien dans le continent Africain. L'article
de Graciliano Gonzalez fait l'historique du Projet Afrique : origine et premiers pas, tandis que
celui de Mario Prina nous parle de sa concrétisation à Madagascar.
Le 21e Chapitre général salésien
À la suite du 21e Chapitre général des salésiens de 1978, un nouvel élan missionnaire s'est
réveillé dans toute la Congrégation salésienne. Le Projet Afrique est né pour implanter le
charisme salésien sur le grand continent. Bien qu'il y ait déjà des missionnaires salésiens dans
certains pays africains et ce, depuis longtemps, le Projet voulait prendre comme priorité
Quand nous parlons d'Afrique et Madagascar (les deux ensemble), c'est pour quatre motifs : le premier d'ordre géographique, Madagascar est proche de l'Afrique et plusieurs traits des malgaches sont communs avec elle ; deuxièmement Madagascar a participé à l'Assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques ; troisièmement après le Concile Vatican II Madagascar fait partie du symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) ; quatrièmement Madagascar fait partie du projet salésien Afrique (à la suite du CG 21 de 1978).
31
missionnaire, pour toute la Congrégation, le continent noir. À l'époque, Don Luigi Ricceri,
supérieur majeur des salésiens déclarait :
Nous pouvons avec raison penser que Don Bosco nous pousse à faire ce pas. Il me semble qu'aujourd'hui sont plus que jamais d'actualité les paroles que notre Père adressait au cardinal Lavigerie dans l'église de Saint-Pierre : Je suis dans vos mains, éminence, pour accomplir en Afrique tout ce que la Providence me demandera... Il me semble que soit venue l'heure de réaliser de façon pleine la parole de notre Père... que notre volonté et nos propos soient traduits, même avec difficulté, dans une consolante réalité.54
La fondation salésienne à Madagascar s'inscrit dans l'ensemble de ce Projet.
L'inculturation du système préventif en Afrique. Nous trouvons dans les Actes la lettre du « recteur majeur » des salésiens, le père Egidio
Viganô, Notre engagement en Afrique (1980), cette très belle phrase : « le Projet Afrique est
aujourd'hui pour nous, Salésiens, une grâce de Dieu ». En 1991, lui-même dira encore, dans
Appel du Pape pour les missions, que « la dimension missionnaire est un trait essentiel de notre
charisme ».56 Son successeur, le père Juan Vecchi dans Levez les yeux et regardez les champs qui
se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, touchera la
question de l'inculturation et rappellera quelques orientations pratiques, en insistant sur la place
centrale du mystère du Christ. Selon le père Vecchi, pour arriver à l'inculturation, la communauté
salésienne doit compter avec la collaboration des fidèles qui, dans le quotidien, sans une grande
théorie, fusionnent le vécu et les exigences évangéliques. Un aspect très original de sa réflexion
sur le processus d'inculturation concerne la question du « temps », vu comme un temps rempli
par la présence du Christ. C'est ce que nous appellerons un « kairos », dont nous parlerons dans
le dernier chapitre.
Dans les mêmes Actes et sous la rubrique « orientation et directives », on trouve des
articles très intéressants. Le père Bernard Tohill a écrit : Le Projet Afrique (1981) et le père Luc
« Possiamo a ragione pensare che Don Bosco ci spinga a questo passo. Mi sembra che oggi lornino quanto mai attuali le parole che il nostro Padre diceva al Card. Lavigerie (fondatore dei Padri Blanchi) nella chiesa di San Pietro a Parigi : lo sono nelle sue mani, Eminenza, per compiere in Africa tutto quello che la Provvidenza domanderà da me... Mi sembra che sia venuta l'ora di attuare in pieno la parola del Padre... la nostra volontà e i nostripropositi siano tradotti, pur Ira le difficoltà, in consolante realtà », CG 21 (Roma : SDB, 1977), n° 276. 55 Egidio Viganô, « Notre engagement africain, » ACG, n° 297 (1980) : 5. Au niveau officiel, des lettres du recteur majeur ont été publiées avec régularité dans les ACG, instrument d'animation et de communication de la congrégation salésienne. 56 Egidio Viganô, « Appel du Pape pour les missions, » ACG, n° 336 (1991) : 11.
32
Van Loy : Alcune priorità dell'impegno missionario (1985), « Projet Afrique » : vérification et
directives (1986) et Action missionnaire et développement (1989), le père Luciano Odorico :
Synode d'Afrique et projet africain (1992) et Les fondements de la pratique missionnaire
salésienne (1998). Nous ne pouvons pas nous attarder à analyser tous ces documents, mais au
moins signalons qu'ils donnent un matériel abondant pour mieux comprendre la mission
salésienne.
La programmation du Recteur Majeur et son conseil, pour le sexennat 1996-2002, proposa
dans une de ses stratégies aux plans de la pratique et de la formation missionnaires :
d'«approfondir une fois de plus les contenus doctrinaux et le rapport entre : évangélisation,
inculturation, et charisme salésien ».57 Cette programmation proposa aussi l'inculturation comme
contenu et chemin d'évangélisation pour les salésiens, mais elle n'engageait pas la communauté
éducative dans cette démarche et comme nous le verrons plus loin, l'inculturation plus qu'un mot
ou une méthode : est un concept clé qui articule l'évangélisation et lui donne sens. Le Projet
d'animation et gouvernement du recteur majeur et de son conseil pour les années 2002-2008,
parlera de l'inculturation du charisme salésien comme un des objectifs généraux. Il entend ainsi
développer la forme africaine et malgache du charisme salésien. Le document souligne qu'il faut
appuyer et accompagner les personnes ou les groupes qui s'intéressent à l'inculturation du
système préventif'
Les séminaires et les rencontres salésiennes sur l'Afrique
Grâce au développement des transports et des communications, de nombreuses rencontres
à Rome et en différents pays d'Afrique ont eu lieu ces dernières années pour traiter des questions
concernant le Projet Afrique. Des Actes sont les fruits de ces réunions. Citons par exemple la
rencontre qui a eu lieu en 1983 à Rome, au sujet de laquelle on lira avec profit les articles de
Tohill Bernard : La nostra presenza salesiana in Africa e lo sviluppo del progetto Africa et
d'Egidio Viganô : La pastorale salesiana nelle frontière missionarie. Incontro sul progetto
Africa (1983).
La première réunion de la région Afrique et Madagascar à Addis-Abeba en 1997, qui avait
pour objectif d'examiner la programmation de la région pour la période 1996-2002 et d'étudier
57 « Programmation du recteur majeur et de son conseil pour le sexennat 1996-2002, » ACG, n° 358 (1996) : 33. 58 À ce propos, voir « Projet d'animation et gouvernement du recteur majeur et de son conseil pour les années 2002-2008, » ACG, n° 380 (2003) : 52 et 63.
33
les besoins qui émergeaient d'une première vision d'ensemble, nous a laissé le document Église -
communion et réciprocité missionnaire. Ce document est peu intéressant pour notre recherche,
car il parle de l'animation missionnaire, des priorités et des orientations dans la gestion
financière. Il aurait intéressé notre recherche si la question économique avait été plus approfondie
par le groupe de recherche.
Le séminaire d'animation et de formation missionnaire à Yaoundé en 1999 est plus
important pour nous, surtout le document qui l'a suivi : Le Projet Afrique face au défi de la
première évangélisation et de la phase de consolidation. Lors de cette rencontre, a été mise en
évidence la nécessité pour le Projet Afrique de passer à une nouvelle phase, celle de la
consolidation. Il ne faut pas oublier que ce séminaire se situe après Ecclesia in Africa et qu'il
analysera entre autres la question de la première évangélisation et du catéchuménat en Afrique. Il
faut retenir que ce document parle de « nouvelle phase », sujet sur lequel nous reviendrons en
parlant des étapes de l'inculturation.
Le tout récent séminaire de missiologie de la famille salésienne à Ngunda en 2004 est à
citer, car les Actes de cette rencontre Les défis de la mission « ad génies » en Afrique sont
particulièrement riches, notamment l'article de Jean-Luc Vande Kerkhove qui nous parle du
rapport entre évangile et culture.
Les réflexions salésiennes sur l'Afrique
Les travaux salésiens produits dans le contexte africain touchent pour la plupart le sujet
des «jeunes» et les études les plus importantes relatives à l'inculturation ont été menées en
République Démocratique du Congo, ex-Zaïre.
Une série d'articles concernant l'inculturation a été publiée dans la collection spiritualité
missionnaire salésienne. Il s'agit de réflexions qui apportent une contribution non négligeable à
une approche salésienne pour l'Afrique. Parmi ces textes, nous voudrions au moins citer celui du
père Luc Van Loy : Don Bosco and the missions (1988); Mathew Vadakel et Salesian
missionary spirituality (1988) ; Sébastian Mattapally et Don Bosco, the evangelizer (1988). Ce
dernier parle du manfrom Nazareth (le Christ) ainsi que du manfrom Becchi (Don Bosco), tous
deux sensibles aux signes des temps. Dans la même collection, Doevi-Tsibiaku a publié en 1988
un article fort intéressant : Le système préventif de Don Bosco, appliqué à la société et à la
culture africaine. Dans la deuxième partie de son texte, il aborde le projet éducatif salésien
vl
« africain ». Même si cette partie est très courte, elle touche des points qui nous incitent à
réfléchir sur le projet salésien à Madagascar dont par exemple, la question de la surveillance -
assistance, thème qui sera analysé aussi par le groupe de recherche à Clairvaux. •
Nous présentons encore un autre auteur prolifique, qui a également publié dans cette
collection. Il s'agit de Frank Ginnerberge, dont les conférences sont nombreuses. Il est toutefois
plus orienté sur les questions relatives aux jeunes, telles que dans ses articles : Les jeunes
africains en quête de leur identité ; La pénétration de l'évangile au cœur des cultures, (2003). Sa
contribution pour notre sujet est peu importante, puisque notre travail ne porte pas directement
sur des jeunes mais sur des adultes travaillant avec des enfants et des jeunes à Clairvaux.
Marcel Verhulst a publié Pour une relecture du système préventif de Don Bosco en milieu
africain (1992), dans cet article très inspirant, il présente le système préventif comme un apport à
la solution du problème éducatif de l'Afrique moderne. Comme Mattapally, il signale que Don
Bosco insistait beaucoup sur l'adaptation et aimait l'expression : « s'adapter aux besoins des
temps ». L'auteur présentera les éléments constitutifs du système préventif, puis parlera d'un
projet africain inspiré du système en posant comme critère pour discerner la culture : l'homme
dans l'optique chrétienne ou l'homme orienté vers le Christ. Nous avons déjà signalé cette
perspective christocentrique et nous continuerons à la mettre en évidence dans l'approche
théologique salésienne.
L'inculturation du système préventif à Madagascar Les deux premiers salésiens missionnaires à Madagascar sont arrivés le 3 février 1980. De
manière plutôt anecdotique, signalons qu'une petite biographie en malgache sur saint Jean Bosco
circulait déjà en 1954.
À partir de 1981, une quantité considérable de lettres, circulaires et même plusieurs
vidéos ont été produites par les salésiens à Madagascar. Ces documents nous montrent la
problématique d'une province jeune, enthousiaste, mais aussi d'une conception missionnaire qui
se cherche, marquée par ses origines italiennes (puisque tous les premiers missionnaires étaient
italiens). Une chose étonnante à ce propos est de constater que pendant des années, ces
documents ont été écrits en italien, alors qu'à Madagascar on parle le français et le malgache.
Parmi tout ce matériel, un document se démarque par son importance : Le projet éducatif et
pastoral des salésiens de don Bosco à Madagascar (1996), élaboré par l'ensemble des salésiens
3;5
travaillant sur l'île. Deux aspects de ce document attirent notre attention. Le premier, le
théologique, qui développe la solidarité, l'évangélisation (liturgie et sacrements) et
l'inculturation. Le deuxième, le salésien, qui est transversal à tout le document.59 On peut lui
reprocher de manquer d'une bibliographie pertinente et d'être trop succinct, parfois trop sévère,
confus et incomplet quand il aborde la culture malgache.60 En particulier, il ne tient pas compte
des différences culturelles à l'intérieur de l'île. Tout cela montre que plus qu'un projet à écrire,
l'inculturation est un processus encore inachevé qu'il faut vivre.
Pour l'animation des jeunes, le bureau de la pastorale salésienne des jeunes à Madagascar
a produit de nombreux documents, notamment la Proposition annuelle et d'autres fiches
d'animation, comme par exemple Tafatafa samy lanora (entretiens à bâtons rompus) produits par
la maison de formation salésienne (séminaire). Étant donné leur caractère populaire et
« vulgarisateur », la qualité pédagogique et théologique de ces documents est pauvre. Nous n'en
tiendrons pas compte dans notre recherche.
Les salésiens ont demandé à Aimé Ravalimanana de traduire le livre de Teresio Bosco :
Don Bosco. Une biographie nouvelle, dont nous avons déjà parlé. Ce traducteur malgache a
publié avec les éditions Don Bosco à Madagascar en 1992, le livre Don Bosco. C'est la traduction
la plus importante en langue malgache de l'histoire sur Don Bosco. À ne pas confondre avec la
traduction en malgache de la petite biographie de Don Bosco de Teresio, publiée avec le même
titre.61
En 2001, le père Heriberto Cabrera a publié Fanabeazana ny tanora (éducation des
jeunes) sur l'éducation des jeunes en difficulté, premier essai pour présenter en malgache le
système préventif de façon systématique. En 2003, le salésien malgache Patrick Raharinjatovo
publiera une traduction assez libre du document Spiritualité salésienne des jeunes. Un don de
l'Esprit à la famille salésienne pour la vie et l'espérance de tous (1996) sous le titre : Fiainam-
panahy salezianina ho an 'ny tanora. Ce document présente de façon très succincte et simplifiée
différents éléments de la spiritualité salésienne comme nous avons déjà dit.
59 D'autres documents complètent le texte de référence déjà mentionné : Avec Don Bosco à Madagascar. Révision et perspectives (1998) ; La formation des salésiens de Don Bosco à Madagascar (1998) ; La pastorale vocationnelle des salésiens de Don Bosco à Madagascar (1998) ; Le document final du chapitre provincial 3. La communauté salésienne aujourd'hui. 2. Évaluation des structures de gouvernement (2001) ; Le directoire économique de la Vïsitatorie (2001 ) ; Directoire de la formation de salésiens de Don Bosco à Madagascar (2004). 60 Par exemple, la phrase « en face de la vie se répand une position individualiste, un esprit de jalousie et de suspicion réciproques », voir Le projet éducatif et pastoral des salésiens de Don Bosco à Madagascar, n° 2.2 : 10. 61 Teresio Bosco, Don Bosco (Caen : Éditions Don Bosco, 1987).
36
En 2004, une traduction en malgache de la Lettre de Rome et du Système préventif écrits
par Don Bosco sera publiée, sous le titre Don Bosco sy ny fanabeazana. Le traducteur a utilisé
une première traduction officieuse réalisée par le père Leonardo Mero (directeur de Clairvaux
entre les années 1999-2002). Nous précisons que ces documents ont aussi été utilisés par notre
groupe de recherche.
L'inculturation du système préventif à Clairvaux Lors de la reprise de l'œuvre de Clairvaux par les salésiens en 1984, petit à petit une
tradition et une manière de travailler se sont consolidées comme projet. Ce projet n'a été rédigé et
approuvé qu'en 2003, sous le titre Le projet éducatif et pastoral du Centre Notre Dame de
Clairvaux (2003). Une version plus réduite destinée au grand public a été publiée sous le titre Du
rêve au projet en 2003 par Heriberto Cabrera.
La réflexion sur l'inculturation du système préventif à Clairvaux n'a jamais été abordée en
tant que telle, bien qu'il soit possible de cerner certains aspects dans trois sources officielles : Le
cahier de visites provinciales, Les procès-verbaux et La chronique. Pour ce qui concerne Le
cahier des visites provinciales?' il nous offre une sorte de radiographie de l'œuvre, nous
permettant de situer les évolutions du Centre dans le temps. À cause de son caractère partiel, il a
besoin d'être complété et interprété (qu'on lise entre les lignes). Les procès-verbaux du conseil
salésien de la maison de Clairvaux nous permettent de saisir les choix les plus importants arrêtés
par le conseil de la communauté. Enfin, La chronique de la maison de Clairvaux nous rapporte
les événements les plus importants de l'œuvre et on y trouve même des photos. C'est une
documentation plus épisodique et anecdotique.
Pour Le cahier de visites provinciales, voir Règlements généraux, n° 146. Pour Les procès-verbaux, voir Règlements généraux, n° 180. Pour La chronique de la maison, voir Règlements généraux, n° 177. Ces trois documents font partie des archives incontournables que toutes les maisons salésiennes du monde doivent posséder. 63 Le provincial des salésiens ou le visiteur rédige une évaluation de l'œuvre et propose de nouvelles perspectives chaque année. Liste de visites provinciales et extraordinaires à Clairvaux : 1985 par P. Mario Prina ; 1985 par Luc Van Loy, conseiller pour les missions ; 1986 par P. Mario Spera ; 1987 par P. Mario Spera ; 1988 par P. Mario Spera ; 1988 par P. Gian Luigi Pussino ; 1989 par P. Luigi Zuppini ; 1989 par P. Mario Spera ; 1990 par P. Mario Spera ; 1991 par P. Egidio Viganô, supérieur majeur ; 1992 par P. Gian Luigi Pussino ; 1993 par P. Gian Luigi Pussino ; 1994 par P. Luigi Zupppini ; 1995 par P. Luigi Zuppini ; 1996 par P. Luigi Zuppini ; 1997 par P. Luigi Zuppini ; 1998 par P. Luigi Zuppini ; 1998 par P. Antonio Rodriguez Talion, conseiller régional pour l'Afrique et Madagascar ; 1999 par P. Luigi Zuppini ; 2000 par P. Giuseppe Miele ; 2001 par P. Giuseppe Miele ; 2002 par P. Giuseppe Miele ; 2003 par P. Giuseppe Miele.
37
Dans le troisième chapitre de cette thèse nous montrerons comment, grâce à ces sources
de documentation, nous avons pu retracer l'histoire de Clairvaux à partir du jour même de
l'arrivée des salésiens (10 août 1984). Cela est important pour comprendre pourquoi deux
périodes ont marqué les professeurs et éducateurs : celle des origines, avec le premier directeur,
le père Claudio (Claudio De Portu, 1984-1992), et celle de Leonardo (2000-2002) et Heriberto
(2000-2004).64 Entre ces deux phases, une sorte de vide dans la mémoire des éducateurs a été
constatée, comme si le système avait été arrêté et n'avait plus du tout évolué. En fait, le père
Claudio a posé les bases du système préventif, tandis qu'à partir de 1999 avec les pères Leonardo
et Heriberto, une sorte de mise à jour et de renouvellement ont été opérés, très liés à
l'amélioration des rapports humains.
Le père Leonardo Mero a mené en 1999 une enquête intitulée Les Centres partenaires
engagés dans l'éducation des enfants défavorisés qui, malgré sa simplicité, reste un outil pour
saisir la problématique des jeunes et des Centres d'accueil à Antananarivo. À partir de cette
information et d'autres recherches dans le domaine de la jeunesse en difficulté, une conférence a
été présentée par Heriberto Cabrera à l'Académie Malgache en 2002 sous le titre Jeunes en
difficulté à Antananarivo et prise en charge éducative. Urgence et perspectives.^5 Le même
auteur avait déjà livré en 2000 à Nairobi une conférence intitulée S'orne pedagogical réfections
ahout living expériences ai the « Notre Dame de Clairvaux » Center, dans le cadre du Salesian
éducative pastoral plan for the youth at risk - Afrika & Madagascar. Au début 2004, il prononça
une nouvelle conférence pour l'Académie Malgache intitulée Le projet Don Bosco. 25 ans en
Afrique et Madagascar, une succincte présentation du travail salésien en Afrique et à
Madagascar, et un premier essai de reconstruction historique du travail des salésiens dans l'île.
Lerminons cette section avec un document très original, écrit en malgache, fruit d'une
véritable R-A des éducateurs de Clairvaux : le Manuel de l'internat (titre de la première version)
ou dans une deuxième version plus complète Lamin'asa mikasika ny «accueil» (2002). Ce
document décrit l'organisation de la vie et des activités du Centre dans la ligne du système
préventif.
Ce sont des expressions du groupe de recherche pour définir les périodes. Cela montre bien la mentalité malgache qui conçoit la périodisation par rapport aux personnes. 6 Heriberto Cabrera, « Jeunes en difficulté à Antananarivo et prise en charge éducative. Urgence et perspectives, » Bulletin de l'Académie Nationale des arts, des lettres et des sciences, n° LXXXI/ 1-2 (2002) : 29-50.
«
L'originalité de notre recherche dans l'ensemble de la littérature Après cette présentation bibliographique, essayons de récapituler où se situe notre
recherche et quelle est son originalité. Avant tout le sujet de recherche : l'inculturation du
système préventif. Comme nous l'avons vu, la réflexion théologique sur l'inculturation du
système préventif est presque absente de la littérature salésienne. En général, les travaux sur le
système préventif portent sur sa dimension historique ou pédagogique. Même s'il y a une
théologie du système préventif, comme c'est le cas de celle élaborée par Xavier Thévenot, il n'y
a pas une réflexion sur l'inculturation de ses principes théologiques, mais seulement des principes
pédagogiques.
Concernant la façon de mener notre recherche, il faut signaler qu'elle s'enracine dans une
conviction : le peuple malgache a une parole à dire sur l'inculturation et il n'est pas seulement
objet de l'inculturation mais sujet de celle-ci. Nous avons dit que, dans la tradition de recherche
sur l'inculturation, c'est souvent le théologien qui parle à la place du peuple et presque jamais le
peuple ni la communauté chrétienne qui prennent la parole. Il en est de même pour le système
préventif: il est objet de recherches, mais de recherches qui n'engagent pas la communauté
croyante et éducative. Choisir cette perspective, prendre en compte la base (la communauté
croyante), c'est donc faire preuve d'originalité. Dans cette option s'explique le choix de faire une
R-A.
Il nous faut ajouter que nous n'avons pas voulu travailler sur la culture conçue comme des
traditions ancestrales fixées dans le temps, mais plutôt sur la culture que les gens vivent dans un
moment historique et dans un contexte bien déterminé, celui de Clairvaux.
6. Concepts opératoires
Avant de continuer, il nous semble important de reprendre la recherche documentaire en
élaborant un concept opératoire d'inculturation. Cela nous aidera d'ailleurs au moment de
l'analyse (chapitres IV et V). Nous voudrions répondre ainsi aux questions suivantes : qu'entend-
on par inculturation ? Quels sont les acteurs de ce processus ? Comment comprendre les
interactions en cause dans ce processus de rencontre ? Peut-on dégager théoriquement des étapes,
des scénarios ?
Mais avant de répondre à ces questions, nous allons commencer par une définition de la
culture et par une présentation générale de la culture malgache, de façon à mieux saisir le
39
néologisme « inculturation », que nous appliquerons au contexte salésien malgache ou malgache
salésien.
6.1 Concept de culture
Une conception plus opératoire de la culture peut nous aider à mieux saisir ce que nous
allons entendre quand nous parlerons dans cette recherche de culture et de culture malgache.
Les définitions de la culture sont nombreuses, mais nous en avons retenu seulement une,
celle de Gaudium el spes, même si c'est un des documents le plus commentés et controversés de
Vatican II. C'est peut-être pour cette raison que nous l'avons choisi. De plus, nous voulions une
définition plus théologique et ecclésiale, plus proche d'une recherche théologique.
Gaudium et spes nous offre, à l'article 5.3, une description générale de la culture qui
comprend trois sections : la première (article 5.3, paragraphe 1) donne un aperçu de la fonction
de la culture dans la vie humaine, « c'est le propre de la personne humaine de n'accéder vraiment
et pleinement à l'humanité que par la culture, c'est-à-dire en cultivant les biens et les valeurs de la
nature. Toutes les fois qu'il est question de vie humaine, nature et culture sont aussi étroitement
liées que possible ».
La deuxième section (article 53, paragaphe 2), définit la culture en énumérant ses
différents composantes :
Au sens large, le mot « culture » désigne tout ce par quoi l'homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s'efforce de soumettre l'univers par la connaissance et le travail : humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l'ensemble de la vie civile, grâce au progrès des moeurs et des institutions ; traduit, communique et conserve enfin dans ses œuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l'homme, afin qu'elles servent au progrès d'un grand nombre et même de tout le genre humain.
Dans ce paragraphe, la « culture » est au singulier, ce qui montre qu'elle est comprise
comme une promotion du développement humain en général. Parler de « cultures », au pluriel,
aurait signifié mettre en évidence des styles de vie de peuples différents.66
La troisième section (article 53, paragraphe 3) présente le caractère historique et social de
la culture, ainsi que la pluralité.
66 On lira notamment sur le sujet Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Eglises ?, 19.
40
Il en résulte que la culture humaine comporte nécessairement un aspect historique et social et que le mot « culture » prend souvent un sens sociologique et même ethnologique. En ce sens, on parlera de la pluralité des cultures. Car des styles de vie divers et des échelles de valeurs différentes trouvent leur source dans la façon particulière que l'on a de se servir des choses, de travailler, de s'exprimer, de pratiquer sa religion, de se conduire, de légiférer, d'établir des institutions juridiques, d'enrichir les sciences et les arts et de cultiver le beau. Ainsi, à partir des usages hérités, se forme un patrimoine propre à chaque communauté humaine. De même, par là se constitue un milieu déterminé et historique dans lequel tout homme est inséré, quels que soient sa nation ou son siècle, et d'où il tire les valeurs qui lui permettront de promouvoir la civilisation.
Il nous semble qu'il faut retenir que la culture humanise la personne et qu'elle est
composée de multiples dimensions et éléments. Dans un sens large, tout est touché par la culture.
Cette définition remarquable, fruit de la collaboration entre sociologues et théologiens, se
rapproche, au plan matériel, de celle de l'anthropologie, mais au plan formel, nous constatons une
certaine réduction, car elle demeure « personnaliste » : le sujet de la culture est la personne
humaine, le sujet étant considéré, dans les deux premiers paragraphes, de manière absolue, on fait
abstraction de ses conditionnements sociaux et historiques. Cette définition est plus « abstraite »
qu'« essentialiste », plus « idéaliste » que « réaliste », plus « interprétative » que
« descriptive ».
À ce stade de notre réflexion, il est légitime de se demander quelle est la culture
malgache ? et quels sont les éléments que la caractérisent ? Il est difficile de répondre. Nous
n'avons pas trouvé de réponse toute faite mais des éléments pour construire une définition.
La culture malgache se caractérise par différentes croyances. En premier lieu, la croyance
en une divinité suprême créatrice appelée Andriananahary, Andriamanitra et des forces
naturelles connues ou diffuses. Ensuite, la croyance dans les ancêtres, razana, intermédiaires
entre la divinité suprême et les vivants. Ils font l'objet d'un culte spécifique car ils sont censés
protéger, bénir, apporter bien-être, richesse, santé ou prospérité aux vivants, mais ils peuvent
aussi être malfaisants.68
Parmi les valeurs ou concepts les plus importants pour les malgaches, nous trouvons le
fihavanana et Vaina. Le fihavanana, concerne la relation de parenté réelle ou sociale, il engendre
6 Voir Achiel Peelman, L 'inculluration. L'Église et les cultures, 58-59. 6i' On consultera sur la question les ouvrages de Robert Dubois, L'identité malgache. La tradition des Ancêtres (Paris : Karthala, 2002), 127-130 ; François Rakotonaivo, Ny riba malagasy (Fianarantsoa : Ambozontany, 1997), 116-130.
41
entraide et obligations diverses dans le bonheur comme dans le malheur, dans la joie comme dans
la peine. Le fihavanana est un mot dérivé de havana (parent), généralement traduit par parenté
(réelle ou fictive), il renvoie à une manière spécifique de penser et de vivre les relations
interpersonnelles au sein d'un groupe de parenté (réelle ou fictive).6
Uaina, c'est d'abord la vie dans sa dimension concrète [...] On y retrouve la même polysémie : le souffle et la vie, la progéniture et le sexe, les êtres vivants et l'humanité, la vigueur et l'effort, l'existence et le dernier soupir. La particularité de cette vie pour le Malgache est qu'elle est un flux, un courant partant de Zanahary, dieu, et allant jusqu'à l'homme, englobant même son environnement.
Vaina, flux vital, relie l'individu à sa famille, la famille au lignage et le lignage au clan,
car elle se transmet. Ajoutons que « le fihavanana est clairement une vision idéale découlant
logiquement de la conception de Vaina ».71
11 semble qu'une autre notion fondamentale fonde la culture malgache, \e fomba, tradition.
Les fomba sont des rituels, bénédictions, chemins, coutumes, stratégies, technologies, etc.,
manières d'être et de penser héritées des ancêtres par les vivants pour gérer leur existence en
fonction de nonnes acceptables par tous.
Si l'on accepte que la culture est composée de tout ce qui lie par héritage et/ou par
l'éducation les membres d'une société pour agir sur son environnement, on doit considérer les
fombandrazana, traditions ancestrales, comme constituants de la culture malgache ; suivre le
fomba engendre un ensemble non seulement symbolique mais aussi social et matériel ayant force
de norme sociale. Malgré la constante référence aux ancêtres, en dernier recours, le dynamisme
des fomba se trouve dans un rapport de forces entre les êtres vivants. Comme la culture, le fomba
n'est pas quelque chose de fixe ou d'inanimé, mais elle permet d'unir les membres d'une société
humaine, et de la pousser à réaliser des tâches qui sont en constant progrès sur les acquis
précédents. Quelle que soit leur situation géographique, les sociétés malgaches sont unies par les
fomba qui permettent aux malgaches de se retrouver entre eux.
Cf. Robert Dubois, L'identité malgache. La tradition des Ancêtres, 19. 70 Christian Alexandre, Le malgache n'est pas une île (Antananarivo : Foi et Justice, 2003), 20. 71 Christian Alexandre, Le malgache n 'est pas une île, 48.
42
6.2 Concept d'inculturation
Il est important de bien saisir la signification du concept d'inculturation, puisqu'il risque
de devenir un nouveau fourre-tout et d'être utilisé dans des sens trop restrictifs ou trop larges.
Les définitions du concept théologique d'inculturation sont très nombreuses. Parmi ceux
qui ont le plus contribué à le forger, nous trouvons le jésuite Pedro Arrupe. Ce dernier l'a définie
en 1978 comme :
Incarnation de la vie et du message chrétien dans une aire culturelle concrète, en sorte que non seulement cette expérience s'exprime avec les éléments propres à la culture en question (ce ne serait alors qu'une adaptation superficielle), mais encore que cette même expérience se transforme en un principe d'inspiration, à la fois norme et force d'unification qui transforme et recrée cette culture, étant ainsi à l'origine d'une
79
« nouvelle création ».
Cette définition est très riche, notamment parce qu'elle conçoit l'inculturation au-delà
d'une simple adaptation et parce qu'Arrupe « voit l'inculturation comme un processus
d'incarnation (dans son expression), pascal (transformant) et pentecostal (re-créatif) ».73 Nous
attirons aussi l'attention sur le fait que cette définition se révèle très pertinente pour comprendre
le processus d'inculturation et la R-A que nous avons réalisée, notamment pour ce qui touche « la
transformation » de la culture vers quelque chose de nouveau.
La définition de la culture donnée par Leonardo Boff est aussi éclairante. Pour lui
l'inculturation « c'est le processus par lequel la culture assimile l'évangile à partir de ses propres
formes culturelles ; c'est la seule condition d'une véritable évangélisation, comme rencontre entre
une culture déterminée et la proposition évangélique ». Le théologien met en évidence
l'inculturation comme une rencontre et comme une condition sine qua non de l'évangélisation.
Ces idées, nous les retrouverons chez les théologiens africains.
Pour la Commission Théologique Internationale, « l'inculturation est l'incarnation de
l'évangile dans les cultures autochtones et, en même temps, l'introduction de ces cultures dans la
' Pedro Arrupe, « Lettre du 14 mai, » dans Les évèques d'Afrique parlent (1969-1991), sous la direction de Maurice Cheza, Henri Derroitte et René Luneau (Paris : Centurion, 1992), 118 ; Pedro Arrupe, « Sur l'inculturation (1978), » dans Écrits pour évangéliser, présentés par Jean-Yves Calvez, 169-170. Paris : Desclée de Brouwer, 1985.
' Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 21. 71 Leonardo Boff, La nouvelle évangélisation. Dans la perspective des opprimés (Paris : Cerf, 1992), 28.
43
vie de l'Église ».75 Pour Jean Paul II, dans Redemptoris missio, l'inculturation : « signifie une
intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le
christianisme, et l'enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines».76 Comme
la définition antérieure, l'accent est mis sur la double dimension de l'inculturation, incarnation de
l'évangile dans une culture et deuxièmement l'introduction de la culture dans l'Église, ce qui doit
porter à une transformation.
Toutes ces définitions mettent en valeur la puissance novatrice et transformatrice de
l'évangile dans les cultures. Elles présentent l'inculturation comme la relation entre l'évangile et
une culture particulière.
À ce stade, nous pouvons essayer de répondre à une question de fond : l'inculturation
désigne-t-elle tout simplement une nouvelle méthode missionnaire ou un processus plus
fondamental ? Les définitions antérieures ne l'explicitent pas clairement, mais nous croyons que
l'inculturation n'est pas simplement une méthode d'évangélisation. Elle est une réalité capitale
inhérente à l'évangélisation.
6.3 Le processus (l'inculturation
Pour ce qui concerne le « processus d'inculturation », la Commission Théologique
Internationale estime qu'il « peut être défini comme l'effort de l'Eglise pour faire pénétrer le
message du Christ dans un milieu socioculturel donné, appelant celui-ci à croître selon toutes ses
valeurs propres, dès lors que celles-ci sont conciliables avec l'évangile».77 Processus signifierait
donc « effort pour faire pénétrer », ensuite ce processus aurait une intentionnalité, faire croître,
faire grandir les valeurs culturelles qui seraient reconnues comme « conciliables » avec
l'évangile. Il reste à savoir selon quels critères on fera cette identification et si cette façon de
parler ne cache pas une logique missionnaire déjà dépassée, le paradigme de la mission comme
conquête ou œuvre de civilisation, alors qu'aujourd'hui nous préférons plutôt parler de dialogue.
Peut-être l'image la plus riche et appropriée pour décrire le processus d'inculturation est-
elle celle de l'ensemencement. La graine semée en terre va se nourrir de cette terre et, avec le
Commission Théologique Internationale, «La Foi et l'inculturation,» La Documentation Catholique, n° 1980 (1989), n° 11. 76 Redemptoris missio, n° 52. 77 Commission Théologique Internationale, « La Foi et l'inculturation, », n° 11.
44
temps, elle va y produire un arbre et de fruits nouveaux conformes à la nature de la graine et
enrichie de la terre où elle a été jetée. La Parole de Dieu le dit bien :
Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui jette la semence en terre : qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le blé est mûr, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson (Me 4,26-29).
Cette parabole montre « le rôle secondaire du semeur : l'inculturation au sens propre est
une interaction entre le terroir (la culture) et la semence (la Parole) ».78 Ce processus aboutit à
une réponse créatrice, nouvelle et inédite. C'est un événement.
L'inculturation est processus parce que « l'évangélisateur ne se trouve pas seulement au
point de départ mais aussi à la fin du processus d'inculturation. Il sème la Parole et doit vérifier la 7Q *
récolte ». A travers l'inculturation, la vie et le message chrétiens s'insèrent dans une culture
déterminée en s'incarnant, pour ainsi dire. Ce processus représente le sens que prend l'évangile
dans la culture et la manière (facteurs, étapes, temps, médiations, etc.) dont les gens s'approprient
l'évangile et l'adoptent dans leur réalité culturelle. L'inculturation est donc un processus qui
évolue et qui ne peut pas être planifié à l'avance ni contrôlé d'en haut.
6.4 Étapes de l'inculturation
Les théologiens qui s'intéressent à cette question affirment que c'est possible d'identifier
des étapes dans l'inculturation. Nous signalerons brièvement deux classifications, de façon à
mieux saisir celle qui ressortira de la recherche.
Deux étapes
Gilles Routhier, en parlant de la réception d'un Concile, dit qu'il y a une façon de
qualifier les périodes à partir de l'atmosphère. Dans le cas de la réception de Vatican II, on
identifie souvent deux phases, une d'« exaltation » et une autre de « déception ».
René Jaouen, « Les conditions d'une inculturation fiable. Observation d'un missionnaire au Cameroun, » : 41. 7 Achiel Pelleman, L'inculturation. L'Église et les cultures, 118-119. 80 Ce n'est pas abusif de parler de la réception comme inculturation, puisque le même auteur le suggère, voir Gilles Routhier, La réception d'un concile, 127-131.
45
Le théologien propose aussi une autre façon de penser la périodisation, à partir de la
profondeur de la réception et de l'observation des milieux qu'elle touche ou des domaines qu'elle
atteint. Cette idée est à retenir parce qu'elle nous permettra d'évaluer le processus d'inculturation
à partir de ces domaines affectés, aux niveaux de la profondeur atteints et de la totalité de
dimensions touchées. Pour ce qui concerne les indicateurs de la relative profondeur de la
réception, si en théorie cela semble facile à affirmer, en pratique il est difficile de les identifier et
de les appliquer. Toutefois, nous allons essayer de proposer, dans la suite de nos travaux, des
critères pour identifier ces niveaux. Nous les appellerons « critères de réussite ».81
Encore à propos des étapes, on peut parler aussi d'une réception kérygmatique et d'une
réception pratique, comprises comme des moments successifs.
Trois étapes
En 1974, lors du Synode sur l'évangélisation, monseigneur J. Zoa décrivait le lien entre
évangélisation et cultures en trois étapes, il n'utilisait pas le terme inculturation. La première
étape, la traditio, consisterait à la transmission ou la proclamation de l'évangile dans une
nouvelle culture. Dans cette étape, qui correspond au stade de l'adaptation, le rôle du
missionnaire est central. La seconde serait celle de Yassimilatio, quand le message pénètre et est
intégré par la culture d'accueil. La troisième étape est celle de la re-expressio, quand la
communauté reformule ou invente une expression nouvelle de la Bonne Nouvelle. Cette
succession en trois phases a été reprise par Arji A. Roest Crollius, pour qui la première étape « se
réfère au moment où la vie et le message chrétiens commencent à être présents dans une culture
déterminée ».82 C'est souvent le début de l'évangélisation et la formation d'un groupe de fidèles.
Pour les missionnaires c'est le début d'une période d'apprentissage de toutes les valeurs de la
nouvelle culture. Le deuxième niveau « commence lorsque l'Église locale a rejoint l'habilité
suffisante pour comprendre les différents éléments de la culture locale et pour exprimer le
message chrétien à différents niveaux de cette culture ».83 C'est le début de la phase de
transformation. Les effets de l'évangélisation sur la culture deviennent évidents. Il y a aussi un
long processus de discernement, de purification et de création de nouvelles formes pour expliquer
81 Sur la périodisation et les étapes, voir Gilles Routhier, La réception d'un concile, 82-87. 12 Arji A. Roest Crollius, « L'inculturation », dans Suivre le Christ en Mission. Manuel de Missiologie, sous la direction de Sébastian Karotemprel (Vatican City : Urbaniana University Press, 1999), 128. 0 Arji A. Roest Crollius, « L'inculturation », dans Suivre le Christ en Mission. Manuel de Missiologie, sous la direction de Sébastian Karotemprel, 128.
46
de façon adéquate et pour exprimer correctement les éléments de la tradition de l'Église. La
troisième phase du processus « commence par l'établissement d'une nouvelle communion ».84 À
cette étape, l'Église locale se trouve en communion avec la culture de son peuple, cette
communion étant aussi ouverture à toute l'humanité.
Le père Amaladoss, dans son livre A la rencontre des cultures parle encore d'un schéma
en trois étapes.85 La première phase, c'est l'effort de traduction de la Bonne Nouvelle dans la
culture locale. Ce qui suppose que l'on soit à même de la dégager du vêtement culturel dans
lequel elle a été communiquée. Cette étape exige une forte expérience de foi, une immersion dans
le contexte et une capacité critique. Ceci demande que les acteurs soient profondément enracinés
dans le mystère de Dieu et au cœur de la vérité de l'homme. Ceci signifie être capable de
relativiser sa propre culture pour aller à la rencontre des autres. Dans la deuxième phase, il s'agit
pour les hommes vivant dans une culture déterminée d'apprendre à interpréter leur vie à la
lumière de la Bonne Nouvelle. Il faut qu'ils évitent la simple répétition de formules de foi
héritées d'ailleurs et qu'ils favorisent une lecture personnelle et en groupe de la Parole de Dieu
dans un effort d'appropriation. Cette démarche doit faire en sorte que l'évangile touche le cœur
des personnes et les éléments centraux de leur culture et de leur société, pour les transformer à la
lumière des exigences du Royaume. La troisième phase, qui est le signe d'une inculturation
totalement réussie, serait la création d'une communauté nouvelle de liberté, de fraternité et de
justice avec pour effet une culture transformée. Ici nous parlons d'une vie de foi authentique,
donc vraiment évangélique, qui se vit à partir de son fond culturel propre. Cela suppose
l'incarnation des valeurs évangéliques dans la vie sociale, économique, politique et artistique
d'un peuple. Ainsi, l'inculturation ne se limite pas à la sphère personnelle et religieuse, mais elle
devient prophétie pour la société. Elle va de pair avec la libération intégrale. Cette dernière étape
est très importante à retenir, parce qu'elle nous permettra de mieux comprendre plusieurs sujets
qui sont au fond de notre recherche, tels que l'évaluation du processus d'inculturation, la
communion et la transformation.
Arji A. Roest Crollius, « L'inculturation », dans Suivre le Christ en Mission. Manuel de Missiologie, sous la direction de Sébastian Karotemprel, 129. 85 Voir Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 44-45.
47
En conclusion, le processus d'inculturation peut être synthétisé comme l'intégration de
l'expérience chrétienne dans une Église locale, dans la culture d'un peuple, pour qu'elle devienne
une force qui anime, oriente et renouvelle la culture. C'est ainsi qu'elle crée une nouvelle unité et
communion à l'intérieur de la culture et enrichit l'Église Universelle.
6.5 Acteurs de l'inculturation
Souvent quand on parle de l'inculturation on songe à l'œuvre de spécialistes, alors que
dès que la foi est accueillie dans un groupe humain, il existe toujours une inculturation de fait,
que l'on pourrait dire spontanée. Elle correspond au sensus fidei du Peuple de Dieu.
Malheureusement, cette forme d'inculturation est souvent négligée par la littérature théologique.
Dans cette ligne, le sujet premier et le lieu concret de l'inculturation est la communauté
chrétienne, l'Église particulière dans sa totalité. Remptoris missio dira à ce propos que
« l'inculturation doit être l'affaire de tout le Peuple de Dieu et pas seulement de quelques experts,
car on sait que le peuple reflète l'authentique sens de la foi ».86 Pour les religieux salésiens cela
signifie se mettre à l'écoute des enfants, des jeunes et des laïcs qui travaillent avec eux.
Le discernement des pasteurs et des théologiens est important, on ne peut pas s'en passer,
mais il devrait s'agir d'une reprise au plan de la réflexion de ce qui est vécu dans la vie. De la
part du pasteur et du théologien, on attend une capacité de discernement, d'interprétation et de
dialogue. Ecclesia in Africa exhorte et encourage les théologiens dans ce sens : « sans l'exercice
consciencieux et dévoué de votre fonction, quelque chose d'essentiel [...] aurait manqué» à
l'Eglise.87
Nous pouvons dire que l'inculturation concerne donc toute la communauté, chacun à son
niveau et selon ses compétences.
6.6 Les critères de l'inculturation
Les critères à prendre en compte dans l'inculturation sont fondés sur la nature même du
phénomène. En premier lieu, ce qui doit inspirer l'effort d'inculturation c'est le but : la pleine
1 Redemploris missio, n° 54. 8 « Message final du Synode des évêques d'Afrique, » dans Le Synode africain. Histoire et textes sous la direction de Maurice Cheza (Paris : Karthala, 1996), n° 56.
' Pour un bref aperçu sur le sujet, voir Eclessia in Africa, n° 62.
48
réception de l'évangile dans une culture. L'inculturation de l'évangile et l'évangélisation de la
culture sont deux aspects complémentaires de l'unique mission évangélisatrice.
Un deuxième critère, c'est le nécessaire respect des réalités théologiques et
anthropologiques qui sont enjeu dans ce processus. Il faut faire un discernement anthropologique
de la culture à évangéliser, apprendre à analyser la culture pour discerner les obstacles et les
potentialités en rapport avec la réception de l'évangile. Il s'agit en réalité d'un discernement
socio-théologique. Le critère sera le respect de l'identité culturelle, ce qui présuppose d'avoir
précisé en quoi consiste et quels sont ces éléments identitaires.
Le troisième critère, s'inspire de l'incarnation. Par elle, tout l'homme et toutes les réalités
humaines sont touchés. L'inculturation doit donc engager toutes les dimensions et tous les
milieux humains.
Le quatrième critère de l'inculturation de l'évangile est le maintien de l'équilibre entre le
lien ecclésial, le respect de la tradition apostolique et la culture. L'unité et le pluralisme, unité
avec l'Église Universelle et pluralisme dans la richesse de chaque Église locale.
7. La structure de la thèse
L'inculturation est souvent entendue comme la pénétration de l'évangile dans les
différentes cultures. Cette définition, certes incomplète mais synthétique, fait ressortir deux
éléments importants pour notre recherche. Le premier, l'évangile, qui est source inspiratrice du
système préventif. Le deuxième élément, la culture, qui pour nous, sera la culture malgache, à
Antananarivo et au Centre Clairvaux. Cette définition met aussi en évidence le concept de
« pénétration ». Nous préférons parler d'un processus d'intégration et de rencontre entre le
système préventif et la culture malgache, de dialogue comme nous l'avons déjà précisé.
Ce sont ces 3 éléments, le système préventif, la culture malgache et le processus
d'inculturation qui serviront à structurer notre thèse. Les chapitres, les réflexions, la
bibliographie, etc. ont été ordonnés en tenant compte de cette structure. Déjà, la revue de
littérature a été organisée de cette façon. Nous insistons sur le fait que le point d'articulation de
toute l'analyse est le concept clé d'inculturation.
Voir Hervé Carrier, « Inculturazione del vangelo », dans Dizionario délia cullura per l'analisi culturale e l'inculturazione, 237-238.
49
Puisque l'inculturation met en évidence de multiples rapports, comme nous venons de le
dire, entre évangile - culture, mais aussi entre Église - monde. Avant d'aborder le sujet spécifique
de notre thèse, il est important de saisir ce deuxième rapport.
7.1 Le rapport Eglise - inonde
Quel est le rapport Église - monde ?90 Certains, comme Martin Luther et Karl Barth,
affirment une discontinuité totale, alors que d'autres valorisent les réalités terrestres et affirment
une certaine continuité entre le Royaume et le monde, puisque selon eux la finalité est la même :
l'accomplissement du Royaume, mais dans une dualité de réalisation historique. Paul Tillich91
affirme par exemple que la continuité entre l'être de l'homme et l'être de Dieu est plutôt
ontologique, tandis que pour Edward Schillebeeckx, toute expérience chrétienne est d'abord
expérience humaine, cette corrélation se faisant dans l'histoire.92
Ce rapport Église - monde n'est pas indifférent à la théologie pratique, puisque son objet
c est la pratique, comme nous l'avons déjà dit. La théologie pratique s'occupe ainsi des actions,
des problèmes et des événements qui ont une signification humaine. La portée de la théologie
pratique est donc infinie, puisque tout problème humain est religieux, dans le sens qu'il peut être
« théologisé », autrement dit regardé d'un point de vue croyant. L'enjeu de la théologie pratique
est de tenter de « faire théologie » à partir de la pratique chrétienne, un dire à partir d'un faire
comme dit Jacques Audinet, qui ne sacrifie ni la rigueur de l'analyse de l'agir, ni la justesse
d'un dire tel qu'il s'est élaboré au cours des siècles de la tradition. La nouveauté ou l'originalité
de la théologie pratique consiste à essayer de construire un discours théologique qui ait un sens et
soit en lien avec les pratiques humaines ou les pratiques de foi chrétiennes.
La pratique se révèle être un lieu impitoyable de vérification de ces discours et de leur
pertinence. C'est ainsi que la pratique peut devenir un lieu de relance pour la réflexion
théologique, dans la mesure où les discours théologiques sont fondés ou validés par la pratique.
90 Le sujet a été abondamment traité dans la Constitution Pastorale sur l'Église dans le monde Gaudium et spes. Au n° 40&2 il est dit que « l'Église fait ainsi route avec toute l'humanité et partage le sort terrestre du monde; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l'âme de la société humaine appelée à être renouvelée dans le Christ et transformée en famille de Dieu ». 9i On consultera l'ouvrage d'Evangelista Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes 111. XVllf - XX' siècle (Paris : Cerf, 1997), 772-776. 2 Pour la corrélation chez Tillich et Schillebeeckx voir Marc Dumas « Corrélation - Tillich et Schillebeeckx, » dans
Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau (Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2004), 71-83. n Sur ce sujet, voir Jacques Audinet, Écrits de théologie pratique (Ottawa : Novalis, 1995), 6.
50
En revanche, selon Sophie Tremblay, la pratique demeure boiteuse si un discours rigoureux ne lui
sert pas de support. Nous partagerons cette opinion, notamment parce qu'un discours clarifie
une pratique, permet de la partager avec d'autres et l'oblige à s'ordonner dans la logique qui est
propre au langage d'un peuple, autrement dit elle doit s'engager dans un travail de
systématisation théorique.
7.2 Type de thèse
Nous avons opté pour une thèse de type « dissertation », parce que cela se prêtait mieux à
notre projet de recherche et au type de discours (artefact théologique95) que nous voulions
élaborer. La recherche visait donc à mieux comprendre, à examiner la dimension théorique et à
rendre compte d'un processus d'inculturation, celui du système préventif.
On pourrait se demander pourquoi ne pas avoir choisi de faire une thèse du type « test de
modèle ». Nous précisons que la recherche effectuée nous montre que nous n'avons pas travaillé
sur un modèle à reproduire, mais sur un processus, même si nous parlerons de méthode
salésienne. En plus, il serait injuste, de par son originalité et son aspect intuitif, de penser que
Don Bosco a voulu créer un modèle. Un modèle est plutôt une chose à appliquer, tandis que
lorsque Jean Bosco parlait de système préventif, il pensait à une « méthode » et à des principes,
dans une approche systémique. Ainsi, concevoir le système préventif comme un modèle serait
une réduction théorique et pratique.
La recherche a procédé de façon circulaire. C'est ainsi que nous avons abordé tous les
thèmes, c'est quelque chose de typique pour la R-A qui aime parler de cycle spiral. Ce caractère
cyclique s'adapte bien à la mentalité malgache plus symbolique, inductive et circulaire. C'est en
respectant cette logique que nous avons pu arriver à une théorisation. C'est un processus lent qui
a exigé une grande rigueur et autant de patience, mais qui s'est avéré très fécond pour tous les
intervenants et pour la recherche elle-même.
C'est ainsi que foi et culture n'ont jamais été séparées. Au contraire, elles ont été
analysées comme un processus, puisque dans la vie de chaque jour ces éléments sont liés. Le
principe est qu'il n'existe pas un système préventif pur qui puisse être analysé de manière isolée,
Voir Sophie Tremblay, La pastorale du baptême au Québec. Un modèle remis en question (Québec : Novalis, 2000), 29. "' Nous faisons référence aux travaux de Marcel Viau. Voir Marcel Viau, « De la théologie pastorale à la théologie
pratique, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 47-52.
51
comme il n'existe pas non plus une « méta-culture », hors du temps et de l'espace, hors de
l'histoire. Selon ce principe, il fallait travailler les éléments ensemble. Même quand nous
abordons les sujets et que nous les classifions, il s'agit d'une systématisation un peu artificielle,
parce que les éléments sont toujours en interaction. C'est cela qui nous portera en fin de compte
au paradigme de la complexité.
8. Le plan de la thèse
Cette thèse est organisée autour de cinq chapitres : la méthode ; le système préventif de
Don Bosco ; la cueillette des données ; l'analyse et l'interprétation des résultats ; l'interprétation
théologique.
Le premier chapitre, introduit à la méthode en théologie pratique et en recherche
qualitative, mais surtout il présente la R-A.
Le deuxième chapitre aborde le système préventif depuis ses origines, jusqu'à sa
compréhension actuelle. On touche ainsi les questions concernant le créateur de cette approche, le
système en soi (pédagogie, prévention et présence éducative), l'approche systémique (raison -
religion - affection), les finalités, les fondements théologiques : l'incarnation, et l'exploitation de
1 image biblique du Bon Pasteur.
Le troisième chapitre rend compte des moyens utilisés pour la cueillette de données : la R-
A avec les interviews de groupe et la recherche documentaire. Nous expliquerons la mise en
place de la R-A, les composantes ; la durée et la procédure ; le choix des participants ; la méthode
d'analyse des données. Le gros de ce chapitre proposera une synthèse des résultats de la R-A.
Dans cette présentation, nous avons choisi de donner un résumé de chaque rencontre, ordonné
autour des thèmes qui ont été abordés. Ensuite, dans la présentation documentaire, nous parlerons
de l'arrivée des salésiens ; de la manière dont ils se sont approchés de la culture ; de leur façon de
construire un projet éducatif pour les jeunes; des trois piliers du système préventif; de
l'ambiance salésienne ; du rapport missionnaires - autochtones ; du déplacement trop fréquent
des salésiens ; de la question économique et, pour terminer, un paragraphe sera consacré à
l'inculturation à partir de la recherche documentaire. Une synthèse et mise en parallèle de la R-A
et de la recherche documentaire mettront en évidence les correspondances et les écarts. Nous
terminerons avec une conclusion qui ordonne les résultats en fonction des objectifs de la
recherche.
52
Le quatrième chapitre analyse et interprète les résultats antérieurs. Ils sont ordonnés
autour de quatre ensembles : éléments pour la compréhension du processus d'inculturation,
notamment le temps, les étapes, les acteurs et le langage ; éléments d'évaluation du processus
d'inculturation, avec des critères ; questions qui restent ouvertes ; conclusions provisoires.
Le cinquième chapitre aborde les questions plus théologiques, autour des grands thèmes :
les fondements théologiques de l'inculturation ; la dialectique comme paradigme interprétatif; la
communion ; les éléments du processus d'inculturation.
La conclusion générale reprend et fait le point sur toute la recherche autour des
objectifs visés qui étaient la compréhension et l'évaluation du processus d'inculturation. Nous
parlerons aussi des semina verbi, des limites de la dialectique et de la complexité.
Avant de continuer, il nous semble important de reprendre de manière synthétique les
éléments les plus importants de cette introduction. Ce qui nous occupe c'est une pratique
éducative définie comme le système préventif, d'abord mis en œuvre en Italie au XIXe siècle et
répandue ensuite par le monde, notamment à Madagascar, il y a vingt cinq ans. Nous allons
analyser et approfondir sa mise en œuvre au Centre Notre Dame de Clairvaux, milieu ou depuis
une vingtaine d'années les salésiens et les laïcs travaillent à l'éducation des enfants et des jeunes
en difficulté de la région d'Antananarivo.
C'est après une longue préparation que nous avons décidé de commencer à travailler sur
ce processus avec un groupe de professeurs. Le but était de le comprendre et de l'évaluer en tant
que processus d'inculturation. Comprendre ce processus d'inculturation a signifié essayer de
déterminer les éléments qui étaient en jeu, les étapes et les acteurs. L'évaluer a consisté à
déterminer des critères et apprécier l'appropriation, pour déterminer la profondeur et les
dimensions qui ont été ou non touchées par ce processus, afin de pouvoir dire si ce processus a
été ou non évangélique.
Nous osons croire que cette recherche est originale pour différentes raisons : le sujet
d'investigation, la méthode employée (R-A), le type d'intervenants qui se sont engagés, les
nombreux documents originaux utilisés dans ce cadre et le compte rendu en malgache qui a été
élaboré et donné aux intervenants (co-chercheurs) à la fin des travaux. Dans ce sens, la revue de
littérature n'a pas seulement montré la place de la recherche dans la littérature qui la concerne,
mais aussi son originalité.
53
Nous pensons que ce qui peut être « universalisable » dans notre recherche est la
découverte des éléments qui sont en jeu dans ce mélange à chaque fois unique du rapport culture
- évangile et la manière selon laquelle se produit ce processus. Nous reviendrons sur cela encore
avec plus de détails.
Toute la thèse est organisée autour de deux thèmes, la culture malgache et le système
préventif, le point d'articulation de ces deux éléments est l'inculturation. Ces deux thèmes
correspondent aux thèmes traditionnels de l'inculturation : foi et culture.
Le chapitre suivant, qui concerne la méthode, nous introduira petit à petit dans notre sujet,
pour mieux cerner comment nous avons procédé pour réaliser la recherche.
S4
CHAPITRE I
LA MÉTHODE
Dans ce premier chapitre de la thèse, nous aborderons les questions concernant la
méthode en théologie pratique et la méthode de recherche retenue pour ce travail, la R-A.
Pour ce qui concerne la méthode en théologie pratique, il nous semble important de
signaler de manière générale où se situe le débat actuel sur la question, avant de définir les
caractéristiques des méthodes employées par celle-ci.
Nous avons prévu un deuxième point, comme une sorte de « pont », qui expliquera en
quoi consistent les originalités des méthodes qualitatives, afin de faire ressortir la particularité de
la R-A à l'intérieur de l'ethnologie.
Au troisième point, nous aborderons la R-A en détail, en partant d'une définition, et
ensuite en expliquant quels sont ses objectifs et les types de R-A qui existent, pour dégager le
type de R-A retenu comme le plus pertinent pour cette recherche. Nous parlerons des moyens et
techniques, en expliquant particulièrement ceux que nous avons utilisés : l'interview de groupe,
l'interview individuelle, le cahier ou journal de bord et l'analyse de documents ou recherche
documentaire. Nous allons continuer la présentation de la méthode par les étapes du processus de
recherche et la façon dont se structure la R-A, autrement dit son application, ainsi que les moyens
d'évaluation et de présentation des résultats. Nous terminerons ce chapitre en exposant les limites
de la R-A.
Ce que nous venons d'énoncer montre déjà la complexité de notre recherche et la
difficulté d'articulation de la méthodologie en théologie pratique et en ethnologie. Nous précisons
que ce chapitre se limite à la présentation de la méthode, c'est au troisième chapitre que nous
allons montrer comment elle a été appliquée.
II. La méthode en théologie pratique
Quel est le rapport entre la science et la foi ? Le regard du scientifique et du
théologien sont-ils vraiment divergents ? On affirmait traditionnellement que la seule
connaissance admise par la science ne se ferait qu'au prix d'un détachement par rapport au
contexte historique et à la culture. Pour le scientisme, l'objectivité est la séparation rigoureuse
entre l'objet de la recherche et le chercheur lui-même, où le chercheur s'abstient de tout jugement
de valeur. Le premier problème épistémologique a été donc celui de l'objectivité : en fait la
réflexion pastorale a des « intentions » sur le réel, elle s'appuie sur des jugements de valeur et a
des finalités.
56
La science considère les valeurs, les idéologies... comme des facteurs extrinsèques. Mais
les philosophies des sciences ont montré que séparer le chercheur de son objet de recherche est
une illusion. Une des tâches les plus importantes pour le chercheur est alors non pas de renoncer
à tout jugement de valeur, mais de le faire connaître le plus explicitement possible. Car, la
méthode scientifique n'est jamais neutre, ni pure de tout préjugé. Deux courants ont ainsi
démythifié la méthode scientifique. En premier lieu, mentionnons le courant latino-américain,
dans lequel la praxis valide la théorie. Cette approche voit le chercheur comme « agitateur
social », nous pensons aussi à Paulo Freire et à la conscientisation. En deuxième lieu, pensons
aux courants européens, par exemple la théorie critique d'Habermas et celle d'Adorno, qui
analysent le lien entre science et politique, ou la notion d'intérêt et l'analyse institutionnelle en
France.
Aujourd'hui, des questions concernant la philosophie des sciences, la présence de l'Esprit,
l'éthique... préoccupent de plus en plus et non seulement les théologiens, mais aussi les
anthropologues, les sociologues, les linguistes, etc. Un travail en commun, entre science et
théologie est souhaitable, face à un monde « un » et à un homme « un ».
1.1 La théologie pratique
Le concept de théologie pratique est relativement récent.1 11 ne doit pas être interprété en
opposition à théorique, car elle n'est pas que pratique. La théologie pratique peut être définie
(Anselme de Canterbury) comme fides quaerens intellectum (foi qui cherche à comprendre).2 Ici
1 Pour les réformateurs (Luther), la vraie théologie est pratique puisque la théologie est au service de la foi et elle est liée au sens ecclésiologique (direction de l'Église). Le Père de la théologie pratique moderne est le théologien allemand Friederich Schleiermacher (1768-1834), c'est lui qui a posé les structures de la théologie pratique et lui a donné son statut scientifique. Selon lui, la théologie doit être considérée comme une science (savoir systématique qui a droit de cité dans l'Université). Célèbre est son expression « la théologie pratique est la couronne de la théologie », parce que pour lui, elle suppose acquis tout le reste. C'est lui qui a développé le premier une théologie inductive, son mérite a consisté à avoir dépassé l'aspect technique et fonctionnel de la théologie pratique. Avant les années soixante, les études pastorales n'étaient que la spécialisation pratique de la théologie dogmatique, lïlles étaient un ensemble de règles, de normes pratiques de comportement sacerdotal, des applications de principes selon les situations du ministère ecclésiastique, des techniques d'action éprouvées par l'expérience des aînés {the clérical paradigm). Le Concile Vatican II a fait beaucoup pour diffuser une conception nouvelle du lien étroit entre l'Église et le monde, grâce à lui, la pastorale a retrouvé sa place dans la vie de l'Église (the church paradigm). Aujourd'hui les tâches et la spécificité de la théologie pratique sont conçues dans le catholicisme en gros de la même manière que dans le protestantisme.
Paul Ballard et John Pritchard, Practical theology in action. Christian Thinking in a World Context (London : SPCK, 1996), 10-11, disent que cette expression d'Anselme récapitule 4 caractéristiques de l'activité théologique : descriptive activity, normative activity, critical activity and apologetic activity.
s y
les problèmes pratiques sont saisis comme des problèmes de Vintellectus se manifestant dans et
par la pratique. On peut parler aussi d'une fldes quaerens verbum (une foi qui cherche à dire, à
discourir avec efficacité). Dans cette approche, la fonction de la théologie consisterait à produire
des discours de foi en relation avec les diverses pratiques humaines dans la culture.3 Autrement
dit, la théologie pratique essaie de fabriquer des discours théologiques qui atteignent les
personnes à l'intérieur de leur espace culturel de façon pertinente, en les touchant à plusieurs
niveaux (affectif, cognitifs...), puisque tout vrai discours théologique vise à produire un effet.
Selon Marc Donzé, la théologie pratique doit fournir de façon réflexive et scientifique les
concepts et les moyens qui permettront à la mission de l'Église d'être aussi adéquate que
possible.
Il y a quatre postulats de base qui pourraient être appliqués à la théologie pratique : elle
concerne l'action, elle est confessionnelle, contextuelle et interdisciplinaire. La théologie pratique
s'occupe du rôle des pratiques dans la culture contemporaine, toutes les pratiques humaines
l'intéressent (les pratiques en tant que point de départ et d'arrivée des procédures discursives).
Elle est confessionnelle, parce qu'elle propose à la culture les significations propres à sa tradition
et adhère à un réseau de croyances véhiculées par la tradition chrétienne. Elle s'exerce dans un
contexte (contextuelle). Selon James Fowler : « practical theological approaches are contextual,
local, and stay close to expérience ». Elle est interdisciplinaire,5 parce qu'elle a besoin d'autres
champs d'études (théologie systématique, histoire de l'Eglise... et sciences humaines). Donzé
parle d'un « carrefour d'études ». Ainsi, la théologie pratique est coextensive à toute la théologie,
elle se présente comme un vrai champ d'études qui recueille des principes et méthodes issus de
plusieurs disciplines.
Avant de terminer ce bref paragraphe de présentation de la théologie pratique, nous
voudrions noter que la théologie pratique a une dimension œcuménique, cet aspect aura son
importance comme nous le verrons plus loin (dans la suite de nos travaux).
' Selon James Fowler : « critical and constructive reflection by communities offaith carried on consistently in the contexls oftheir praxis, drawing on their interprétation of normative sources from scripture and tradition in réponse to their interprétations of the émergent challenges and situations they face, and leading to ongoing modifications and transformations oftheir practices in order to be more adequately responsive to their interprétations ofthe shape ofGod's call to partner-ship », « The Emerging New shape of practical theology. New life for Pratical Theology, » Pastoral-Theologische Informationen, n° 16 (1996) : 211. 4 James Fowler « The Emerging New shape of practical theology. New life for Pratical Theology, » Pastoral-Theologische Informationen, n° 16 (1996) : 216. 5 Voir Gijsbert Dingemans, « Practical theology in the academy : A contemporary overview, » Journal of Religion 76, n° 1 (1996): 91-93.
_SK
1.2 La méthode en théologie pratique
En Amérique, la démarche scientifique est dominée par deux courants, le premier,
l'empirisme, qui s'oppose au dogmatisme dans le sens qu'il s'appuie sur les faits et non sur la
seule spéculation, ici on utilise l'expérimentation. Le deuxième, le positivisme logique, qui
affirme que des faits existent objectivement observables, mais qu'ils ne peuvent être appréhendés
qu'en posant des hypothèses pas nécessairement issues de la recherche scientifique.
La méthode en théologie pratique peut-elle être scientifique ? Pour donner une réponse
positive à la question, la théologie pratique a dû travailler au plan épistémologique, en clarifiant
ses postulats scientifiques dans une épistémologie plus ouverte ou dynamique, au niveau
théorique et au niveau des procédés méthodologiques.
La théologie pratique, comme toute science, a sa manière d'approcher le réel. Elle
privilégie les méthodes qualitatives, en raison de son caractère compréhensif et interprétatif,
puisque les méthodes de recherche traditionnelles se prêtent assez mal à la solution ou au
questionnement des problèmes qui impliquent des changements chez les personnes et qui
englobent un grand nombre de variables (dans notre cas, le processus d'inculturation du système
préventif). Etant donné que la théologie pratique « vise à définir les conditions rendant possible
un discours humain concernant une réalité posée comme échappant au monde des hommes »,
nous pouvons déjà mesurer l'ampleur et la complexité du projet auquel elle est confrontée.
La théologie pratique cherche aussi à faire le lien entre l'expérience contemporaine et les
situations. Les méthodes qu'elle utilise sont variées, même si l'induction est privilégiée. Deux
coordonnées méthodologiques sont à retenir : l'emploi des sciences de l'action et
l'interdisciplinarité. Mais en faisant ainsi, un problème épistémologique se pose : quelle est la
relation entre différentes disciplines ? Comment éviter une confrontation des herméneutiques ?7
Comment faire pour que le discours des sciences humaines ne soit pas un prétexte au discours
théologique, mais bien une composante autonome du discours théologique lui-même ? Car pour
Jean Joncheray, les sciences humaines devraient être « une composante autonome, critique et
6 Jacques Audinet, Écrits de théologie pratique, 91. 7 Voir André Beauregard, « Le rapport entre les sciences humaines et la théologie : pour une théologie descriptive, » dans La théologie pratique. Statut, méthodes, perspectives d'avenir, sous la direction de Bernard Reymond et Jean-Michel Sordet (Paris : Beauchesne, 1993), 176.
59
constructive du discours théologique lui-même ». Bien sûr, c'est l'un des grands débats dans la
littérature qui concerne la théologie pratique. Nous pouvons dire que c'est sur le terrain et non
seulement au plan théorique que ce problème est particulièrement délicat à gérer, mais aussi
tellement fécond. C'est pour cela que si nous ne pouvons pas faire l'économie de cette question,
nous ne pouvons pas non plus nous décourager devant elle.
La complexité de la théologie pratique ne tient pas seulement aux rapports entre
herméneutiques différentes, mais c'est la relation entre théorie et pratique qui est aussi complexe.
David Tracy nous parle de cette articulation théorie-pratique dans sa définition de la théologie
pratique en disant qu'elle est « the discipline which articulâtes muiually critical corrélations
between the meaning and truth of an interprétation of the Christian fact and the meaning and
truth of an interprétation ofthe contemporary situation ». Il fait ainsi ressortir le rôle important
de l'herméneutique à l'intérieur de la même théologie, soit au niveau de ses principes, soit au
niveau de ses pratiques.
Cette corrélation, dont nous venons de parler, est en réalité une des méthodes en théologie
pratique. Donzé parle d'une corrélation critique ou corrélative.10 Pour lui cette méthode articule
deux éléments : la pratique ecclésiale et ses référents dans une interaction constante." Elle a cinq
phases, l'une préliminaire, la perception des expériences pastorales ; la deuxième est celle de
l'analyse socio-théologique ; la troisième est celle de la corrélation, autrement dit la mise en
relation critique réciproque des données avec la révélation, la tradition et l'histoire ; la quatrième
phase est celle du projet, caractérisée par l'élaboration de scénarios pour un agir pastoral
renouvelé ; la dernière phase est celle de la vérification pour voir la pertinence.
1.3 Le langage
Nous voyons déjà l'importance et le rôle du langage dans la théologie et particulièrement
la théologie pratique. Selon Jean Ladrière, le langage est le seul moyen d'objectivation qui puisse
8 Jean Joncheray, « Le rapport sciences humaines / théologie en théologie pratique, » dans La théologie pratique. Statut, méthodes, perspectives d'avenir (Paris : Beauchesne, 1993), 61. Voir aussi Marcel Viau, Introduction aux études pastorales, 68. ' Cité par James N. Poling, Foundations for a Pratical Theology ofMinistry (Nashville : Abingdon Press, 1985), 83. 10 Voir Marc Donzé, « Théologie pratique et méthode de la corrélation », dans Les études pastorales à l'université, sous la direction de Adrian M. Vischer (Ottawa: Presses de l'Université d'Ottawa, 1990), 82-100; Laurent Gagnebin, « Comment se fait la théologie pratique », dans La théologie pratique : Statut, méthodes, perspectives d'avenir, sous la direction de B. Reymond et J. M. Sordet (Paris : Beauchesne, 1993), 39-40. " Cf. Gilbert Adler, « La formation de formateurs, lieu de théologie pratique,» dans La théologie pratique. Statut, méthodes, perspectives d'avenir (Paris : Beauchesne, 1993), 251.
60
nous permettre de saisir la manifestation de l'expérience. Le discours devient ainsi la forme la
plus élevée de la pratique dans laquelle Vintellectus est en opération. Alors on comprend mieux
pourquoi la théologie pratique produit des discours sur les pratiques humaines dans la culture. Le
discours devient une prise de distance par rapport au concret, pour objectiver celui-ci. Le discours
est une description, une explication, une compréhension et une élaboration d'instruments
d'action, il a un rôle critique et herméneutique.
Selon les propos de Marcel Viau, le but de la théologie pratique est de produire un artefact
théologique ou un discours théologique adressé à quelqu'un, ce discours devrait lui permettre de
vivre la foi de façon satisfaisante. Pour Viau, l'artefact a un point de vue (celui de sa réalisation),
des règles et produit des effets chez les gens. Il est composé de trois univers : épistémique, 11
rhétorique et esthétique. Le discours en théologie est composé de matérialités, autrement dit de signes et
d'événements, c'est-à-dire qu'il se passe quelque chose entre un son et un interlocuteur. Il y a un
discours théologique donc quand nous nous adressons à quelqu'un. Il reste à préciser le contenu
de ce discours.
Le langage peut permettre aussi de vérifier si les personnes sont conséquentes avec elles-
mêmes, il peut arriver par exemple que les mots dissimulent la foi, ou que le langage ne soit pas
en rapport avec la propre expérience. Nous utilisons ainsi un langage tiré de notre expérience
humaine pour parler de Dieu, mais le langage est souvent impuissant à traduire tout ce qui nous
habite.
Dans cette démarche langagière, dans laquelle la théologie cherche ses mots, pour parler
de Dieu et pour saisir les pratiques, les sciences humaines ont un rôle très important à jouer. Elles
12 Voir Marcel Viau, Introduction aux éludes pastorales, 154. 1 « Épistémique ». L'univers épistémique appartient à l'artefact. L'artefact est toujours une œuvre humaine, une expérience globale. Notre matrice culturelle fait vivre et limite, mais l'expérience aussi limite notre connaissance. Selon les pragmatistes, le langage est un instrument humain non transparent. « Rhétorique ». L'univers rhétorique c'est l'univers de règles. Il recherche les règles de composition dans un appareil langagier. La rhétorique est un processus qui vise à toucher la croyance de l'autre. La visée de l'artefact théologique est d'engager un processus de transfert de croyance entre un individu qui parle (ou qui écrit) et un individu qui reçoit. Le processus est l'argumentation, et le meilleur outil est la rhétorique. Le langage reste toujours un moyen mais pas le véhicule pour transmettre la croyance puisque la croyance n'est pas un objet. « Esthétique ». L'univers esthétique consiste à apprendre les règles pour produire de l'effet, dans ce sens l'artefact Ihéologique est aussi sensuel (affaire de perception). Abordé par les sens, l'artefact théologique peut être perçu de différentes façons. 11 est aussi une construction stylistique volontaire, selon une théorie esthétique adaptée à un auditoire. On parle ici d'un acte d'artisanat, elle est parole unique, autrement dit « poésie ». Voir Marcel Viau, « De la théologie pastorale à la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 47-52.
61
contribuent à la formulation du discours théologique et l'enrichissent avec des apports
spécifiques, puisque le discours théologique sur Dieu porte les limites de la spécificité de son
champ, notamment au plan rhétorique et sémantique. C'est pour cela que la collaboration entre
philosophie du langage et théologie pratique peut s'avérer très féconde.
2. Méthode et recherche qualitative
Commençons par définir la méthode scientifique. « Une méthode scientifique est une
procédure de réflexion - guidant un ensemble de techniques de recueil de données et d'analyse -
qui mène à une meilleure connaissance d'un phénomène».14 Au sens large du terme, la
méthodologie pourrait aussi être définie comme « un ensemble d'idées qui orientent
l'investigation scientifique ».
Pour ne pas alourdir inutilement ce document, nous n'allons pas nous attarder aux
questions épistémologiques que posent la recherche qualitative et aussi quantitative. Disons
seulement qu'on se demande quels sont les critères de scientificité (objectivité, validité et
fidélité) appliqués aux méthodologies qualitatives. Ce qui souvent pose problème, c'est le rôle du
chercheur (sa proximité au terrain) et la particularité de la recherche (procédures, contexte,
absence de recherche de données divergentes ou contradictoires, l'interprétation erronée...).
Nous tenons à signaler qu'il semblerait, selon Huberman et Miles, que les chercheurs
s'orientent vers une souplesse de la méthode, sans s'installer de façon définitive dans une
épistémologie particulière. 6 La recherche qualitative porterait plutôt sur l'interprétation et la
recherche du sens que sur le comportement. Il s'agirait d'un paradigme interprétatif ou
compréhensif, mais cette question est complexe et dépasse le cadre de cette thèse. Essayons tout
simplement de saisir la spécificité de la recherche quantitative par rapport à la recherche
qualitative.
4 Alex Mucchieli, dir. Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales (Paris : Armand Colin, 1996), 5. 1 Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements et pratiques (Montréal : Editions Nouvelles, 1996), 13. "' Pour un approfondissement de ce thème, Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements el pratiques, 23-24.
(.2
Parallèle entre quelques critères propres à la recherche quantitative et à la recherche
qualitative17
Critères Recherche quantitative Recherche qualitative Philosophie de base Positivisme (aptitude à la
prévision et à la vérification) « Verstehen » (aptitude à la compréhension et à l'étude du particulier)
But Prouver Comprendre
Objectifs Expliquer des phénomènes. Formuler des lois généralisables
Rendre compte d'une réalité sociale telle que vécue et perçue Obtenir une meilleure interprétation des faits sociaux
Cadre de recherche Laboratoire Naturel
Conditions Contrôlées Sauvages
Caractère Objectif Subjectif
Traitement Stable Variable
Conséquences Généralisables Transférables
Types Expérimentale Ex-post-facto Sondage
Ethnologiques Etudes de cas Recherche - action
Selon ce schéma, la recherche quantitative se placerait dans un contexte de preuve, tandis
que la recherche qualitative dans un contexte de découverte, avec des données qui ne sont pas
« métriques », offrant des théories interprétatives (sens et signification) ou prescriptives et non
descriptives (empirico - théoriques) ou formelles (logico - théoriques) comme fait la recherche
quantitative.
Schéma pris de Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation. (Sainte-Foy : Presses de l'Université de Québec, 1996), 13, les auteurs se sont inspirés de Poisson pour l'élaboration de ce schéma.
63
Mais cette distinction, un peu dichotomique, entre ces deux approches, ne fait pas
1"unanimité chez tous les auteurs. Certains par exemple préfèrent combiner les deux perspectives,
("est un peu ce que nous allons faire en mettant ensemble la R-A et la recherche documentaire.
Terminons ce paragraphe en disant qu'il y a deux principes de base de la R-A : elle est
fondée sur la conviction que la recherche et l'action peuvent être réunies, et elle se caractérise par
l'implication du chercheur.
3 . La recherche-action
Devant l'émergence sociale et universitaire plus forte d'un paradigme interprétatif, nous
nous sommes orientés vers une méthode qualitative, puisqu'elle vise la compréhension et la
profondeur. Parmi toutes les méthodes qualitatives, nous avons choisi l'ethnographie.18 Par
méthode ethnographique, on entend les techniques grâce auxquelles l'ethnologue établit une
relation, la plus scientifique possible, avec son terrain d'étude. À la base de toute définition de
cette méthode se trouve la relation directe, vécue par le chercheur, avec la culture qu'il entend
étudier.
C'est à l'intérieur de l'ethnographie ou de l'ethnologie sociale que nous avons trouvé une
approche qui s'est montrée particulièrement pertinente pour notre recherche, il s'agit d'un
instrument conceptuel et méthodologique très en vogue en Amérique du Nord, la R-A. Cette
méthode postule que la pratique quotidienne, dans tout ce qu'elle comporte, génère des
connaissances aussi valables que celles du savoir scientifique.
Dans le cadre de notre recherche, nous ne voulions pas utiliser la R-A pour faire de
l'archéologie, ou de l'ethnologie en théologie, mais nous voulions bien comprendre un processus
en marche dans une culture déterminée et en continuelle évolution, donc dynamique.
3.1 Définition de la R-A
La R-A se veut une approche susceptible de résoudre la séparation théorie/pratique. Kurt
Lewin est son précurseur (vers les années 1930). Pour lui «ne sont acceptables que les
hypothèses qui effectuent des modifications aux phénomènes sociaux qu'elles veulent expliquer.
' Voir le mot ethnologie et méthodes qualitatives dans Alex Mucchielli, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, 68-71.
64
Pour ce faire, les phénomènes sociaux doivent être observés de l'intérieur ».19 Dans la suite de
nos travaux, nous montrerons comment « la situation devient [...] un lieu théologique important
pour la pratique chrétienne et, de ce fait, de la théologie pratique ».20
Les auteurs disent qu'il y a autant de définitions de R-A que de chercheurs. Gabriel
Goyette et Michelle Lessard-Hébert offrent une excellente présentation en quelques pages et
nous ne voudrions pas nous répéter.21 Nous allons donc n'en présenter que deux.
La R-A peut être définie comme une « recherche qui est menée de sorte que les acteurs
sociaux sujets de la recherche s'y trouvent eux-mêmes engagés en contribuant à identifier et à ■y-y
élaborer une solution au problème étudié ». La notion de R-A en éducation est également
importante pour nous, compte tenu de la dimension pédagogique du système préventif. « La
recherche-action en éducation est l'étude scientifique d'un problème vécu dans l'immédiat, hic et
nunc, par un éducateur ou par un groupe d'éducateurs, en vue de trouver des solutions adéquates
et efficaces ». Autrement dit, la R-A devrait améliorer la pratique éducative, mais aussi assurer
le perfectionnement des participants et favoriser la satisfaction à l'égard des conditions générales
d'exercice de la profession d'enseignant. C'est ce qui a eu lieu lors de nos travaux. Par exemple,
lors de la cinquième réunion, un des participants a dit que la recherche l'avait aidé à dépasser un
moment de découragement.
3.2 Les objectifs de la R-A
Le but de la recherche qualitative est de « rendre compte de la réalité sociale telle qu'elle
est vraiment vécue et perçue par les sujets ou telle qu'elle se déroule dans les situations
étudiées ». Autrement dit, le but est d'expliquer.
Selon sa préoccupation, la R-A peut avoir pour objectifs « le changement, la
compréhension des pratiques, l'évaluation, la résolution de problèmes, la production de
connaissances ou l'amélioration d'une situation donnée ». Dans notre cas nous avons travaillé
' Marcel Viau, Introduction aux études pastorales, 105. 20 Paul Zulehner, « Théologie pratique, » dans Nouveau dictionnaire de théologie (Paris : Cerf, 1996), 1021. 21 Voir Gabriel Goyette et Michelle Lessard-Hébert, La recherche action. Ses fonctions, ses fondements et son instrumentation, 29-35. 22 Louisette Lavoie et collab. La recherche action. Théorie et pratique. Manuel d'autoformation, 12-13. 23 Gabriel Goyette et collab. Recherche - action et perfectionnement des enseignants. Bilan d'une expérience (Québec : Presse de l'Université du Québec, 1984), 39. 24 Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 12, citant Poisson. 25 Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 35.
65
autour du changement, de la compréhension, de l'évaluation et de la production de
connaissances. Pour ce qui concerne les concepts clés de la R-A selon Me Kernan,26 même si
nous semblons nous répéter, il faut retenir l'« amélioration de la compréhension humaine »
(religieuse dans notre cas).
Les auteurs les plus radicaux disent que pour que la R-A conserve son identité, la
dimension « changement » doit être omniprésente, puisqu'elle est une recherche engagée. Dans
un premier temps, nous ne saisissions pas suffisamment en quoi ce changement allait consister et
il semblait incorrect de parler d'amélioration de l'inculturation, ou d'amélioration du processus.
C'est le processus cyclique de recherche qui nous a révélé comment les participants étaient en
train de changer et d'améliorer leur vie, ce qui n'a fait que confirmer la pertinence de la méthode,
mais aussi celle de la recherche. Rappelons que quand nous avons parlé d'inculturation, les
notions de transformation et changement étaient aussi présentes.
3.3 Les types de R-A
Un autre aspect à souligner, c'est que la R-A ne veut pas être seulement une recherche
« sur » l'action, mais plutôt une recherche « en » action. Sur le plan méthodologique, elle incite le
chercheur à sortir du laboratoire et favorise la collaboration entre le chercheur et les acteurs.
Il y a différentes formes de R-A : de diagnostic, de participation, empirique et
expérimentale. Le type de R-A que nous avons choisi peut être classé comme diagnostic. Notre
préoccupation a été l'évaluation du processus d'inculturation et du résultat de ce processus à
Clairvaux.27 Il faut ajouter qu'elle a été également participative-partielle, puisque le groupe a
choisi librement les thèmes et s'est organisé pour les rencontres. Elle était aussi émergente, parce
que la réflexion venait des intervenants, et interprétative surtout dans la dernière phase, qui a
consisté à la rédaction de cette thèse.
""'' Consulter Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 89. 27 Classification de Wrightstone 1949, dans Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 71.
66
3.4 Moyens et techniques
Quant aux distinctions entre moyens et techniques, nous avons suivi la classification
proposée par De Bruyne.28 Autrement dit, la technique ou instrumentation de recherche est
l'ensemble des moyens que se donne un chercheur pour atteindre ses objectifs, à partir des
finalités et fonctions qu'il assigne à la R-A. La finalité dans notre cas était l'analyse pour la
compréhension et l'évaluation d'un processus.
Les modes de collecte de données sont des familles de « techniques de collectes de
données », tandis que les modes d'investigation sont des façons dont les chercheurs décident de
considérer les sujets et leur situation en fonction des buts théoriques de leur recherche. Selon De
Bruyne encore, les principaux modes d'investigation en sciences sociales sont au nombre de
cinq : l'étude de cas, la comparaison, l'étude multi-cas, l'expérimentation sur terrain ou
laboratoire et la simulation de modèles. Pour lui, les techniques de collecte de données peuvent
être classifiées comme suit : l'enquête, l'observation et l'analyse de documents, les outils de
consignation de résultats comme les grilles d'observation, les notes de terrain, le journal de bord i • 29
et les enregistrements.
L'interview
L'interview de groupe est une méthode pour recueillir des informations appliquée à un
groupe de personnes réunies pour participer à un entretien collectif sur un sujet précis, elle peut
être « non directive »31 ou « semi-directive ». L'interview peut être aussi non directive sur le
fond, mais directive sur la forme, avec une intervention pour réguler la dynamique du groupe le
cas échéant. L'idée est de ne pas structurer tout de suite l'expérience des intervenants, mais la
faire ressortir, la reformuler... pour essayer d'avoir une compréhension authentique, pour les
aider à ordonner, avant d'interpréter.
!8 Voir Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements et pratiques, 109-114. Pour ce qui concerne la technique des enregistrements voir Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie
et pratique, manuel d'autoformation, 189.191. 10 Sur ce thème, voir les textes de Roger Mucchielli, L'interview de groupe. Connaissance du problème (Paris : ESF - Entreprise Moderne d'édition); «Interview de groupe» Alex Mucchieli, dir. Dictionnaire des méthodes
qualitatives en sciences humaines et sociales, 109; Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 190. " Pour un bref aperçu de la question, « Interview non directive » Alex Mucchieli, dir. Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, 109.
67
Pour ce qui concerne l'interview individuelle, elle est un instrument précieux pour obtenir
des informations qu'on ne communiquerait pas au groupe, ce type d'interview exige l'anonymat.
Le cahier ou journal de bord32
Une autre technique, variation du cahier utilisé par l'ethnographe, est le cahier de bord.
On y met (utilisation) : la date, les personnes présentes, l'objet et la durée de la rencontre, les
informations relatives au déroulement de la recherche, l'orientation et le déroulement de la
réunion, etc. Il peut être personnel ou de groupe. « L'utilisation d'un journal de bord est
nécessaire au bon fonctionnement et oblige à réfléchir, à s'interroger et à s'investir à chacune des
phases du projet ».33
L'analyse de documents
Il s'agit de l'étude des documents existants ou disponibles liés à la recherche. Au temps
voulu, nous expliquerons comment nous avons procédé pour la réalisation à Clairvaux de cette
étude documentaire. L'analyse documentaire est « un mode [...] une technique, qui joue souvent
un rôle de complémentarité en qualitatif, c'est-à-dire qu'il est utilisé pour "trianguler" des
données obtenues à l'aide d'une ou de deux autres techniques »,34 par exemple l'entrevue et
l'observation participante.
3.5 Le processus de recherche
La description du processus de R-A peut varier d'un auteur à l'autre, toutefois de manière
générale, le processus devrait respecter quelques étapes ' que nous présentons dans la suite.
' Voir Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel a"autoformation, 188-180 ; Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel a"autoformation, 188.
4 Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements et pratiques, 93. 5 Sur ce sujet, voir Michelle Lessard-Hébert, Projet d'intervention en milieux éducatifs. Guide méthodologique
(Montréal : Agence d'Arc, Les Cahiers de l'Agence), n° 5 (1990), 9.
68
Première étape - réflexion initiale Cette première étape devrait essayer, au niveau des participants, de créer un climat de
sympathie et confiance mutuelle, afin d'approuver ensemble la recherche et sa méthode, et de
relever ceux qui veulent participer directement à l'investigation.
Au niveau de la recherche, il faut cerner et définir le problème, extraire le thème et
déterminer la documentation de base. Les tâches du groupe sont :
• Préciser les modalités de fonctionnement
• Définir les démarches prioritaires à effectuer
• Instaurer un processus de participation
• Nommer un animateur
• Nommer un responsable du journal de bord
Deuxième étape - précision du problème et du contexte
• Première définition des concepts. Définir le mot culture (c'est un des thèmes introductifs)
• Deuxième définition ou redéfinition des concepts
• Redéfinition de la problématique
Troisième étape - planification de l'action
• Établir un programme de changement et d'intervention déterminée
Quatrième étape - action et observation
• Recueillir les données et observer le changement
• Évaluer et corriger le programme, l'analyser et l'interpréter par rapport aux objectifs de
départ
Cinquième étape - évaluation et prise de décision
• Retravailler le programme
• L'évaluer
• Le proposer
• Rédiger un rapport final
69
Il existe une façon encore plus simple de présenter les étapes et le plan méthodologique,
celle de Taba et Noël. Ils ont proposé cinq étapes pour la méthode R-A dans le milieu
enseignant :36
• Identification de la problématique
• Analyse des problèmes et identification des facteurs causals pertinents
• Formulation d'hypothèses
• Expérimentation et action
• Évaluation
3.6 La structuration de la R-A
Il est nécessaire d'établir au commencement de la R-A un contrat avec les participants.
Cela permet d'obtenir un consensus chez les personnes concernées, d'être cohérents avec
l'idéologie, de déterminer un langage commun (définition de termes) et de fixer les règles de
participation.
Ce contrat devrait avoir plusieurs caractéristiques : être flexible et non excessivement
structuré afin de s'adapter aux circonstances et aux imprévus, il devrait aussi impliquer les
intervenants (susciter la participation), prévoir les changements au niveau des discours et
d'action.
La R-A donne du temps aux participants, pour que les idées mûrissent (étude de
documents, etc.) et pour que les stratégies d'amélioration puissent être développées. Elle ne peut
donc pas procéder rapidement. Dans une R-A, par exemple, le groupe est invité à discuter le
document écrit lors des séances de travail, autrement dit le procès-verbal.
Pendant le déroulement des travaux de R-A, une place importante est donnée à l'aspect
socioculturel. Ainsi il y a un questionnement constant, sur les valeurs, les attitudes et les
comportements du milieu. Ce travail est déterminant pour l'efficacité, la solution et la production
de connaissances.
Lors de notre recherche, nous avons été obligés d'adapter la méthode pour qu'elle soit
pertinente à notre terrain. Comme pour Barbier, la R-A existentielle nous semblait trop
européenne, la recherche action intégrale de Morin trop idéaliste et inapplicable dans notre
Cf. Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation, 171-172.
70
contexte marqué par un culte de l'autorité, et la R-A institutionnelle de Barbier (à base marxiste
et psychanalytique), se prêtait mal à notre projet, plutôt anthropologique.
Pour ce qui concerne l'évaluation, nous avons dû demander au groupe s'il constatait des
changements dans la qualité des réflexions et des comptes rendus. Mais nous avons aussi
considéré comme critère d'évaluation l'assiduité et l'engagement du groupe dans la recherche.
Les moyens et les critères d'évaluation nous ont permis, à la fin du projet, de porter un jugement
sur le niveau de réalisation du changement et d'appuyer ce jugement sur des données
d'observation.
À la fin de la recherche deux rapports devraient être produits. Le premier en malgache,
simple mais livrant l'essentiel, et l'autre, plus technique, en français, pour l'Université. Ce
dernier a pris la forme de la thèse.
3.7 Les limites de la R-A
La R-A a aussi ses limites. La limite la plus importante consiste dans le fait que les
résultats de la R-A ne sont pas généralisables, puisqu'il s'agit d'un micro système, chaque culture
a quelque chose d'unique. C'est pour cela que les résultats sont seulement transférables et on ne
peut pas prétendre en faire de « règles générales ou universelles ».
Malgré ses limites, elle est certainement un instrument riche et prometteur pour des
recherches plus sensibles aux dimensions qualitatives, puisque la R-A produit des connaissances
pratiques, éclairées par des éléments théoriques et par un cadre méthodologique.
Conclusion
Nous venons de montrer les caractéristiques de la méthode en théologie pratique et de la
R-A, ce qui oriente et donne déjà le « ton » de notre recherche. Nous voudrions surtout signaler
l'interdisciplinarité, le rôle fondamental des participants et la dimension de recherche
communautaire de notre démarche. Ces idées forces orienteront tout notre travail et toute
l'analyse théologique.
Cette présentation méthodologique explique et justifie pourquoi nous parlons de
« compréhension » et « évaluation » du processus d'inculturation, et pourquoi nous accordons
37 Voir René Barbier, La recherche-action dans l'institution éducative (Paris : Gauthier-Vïllars, 1977), 109.
71
une si grande importance au changement. Pour ce qui concerne la R-A, elle a été retenue comme
méthode pour cette recherche parce qu'elle est capable de fournir une grande richesse de détails
et parce que cette approche intègre bien les sensibilités de la culture.
Mais il y a aussi d'autres raisons : la R-A est un outil pédagogique vis-à-vis des
intervenants, puisqu'elle est capable de libérer les participants des convictions et
conditionnements culturels, des conceptions fausses de Dieu, des rapports humains difficiles
(hommes - femmes ; adultes - jeunes ; tribus différentes). La R-A, permet enfin de discuter les
résultats entre participants et elle contribue à leur formation permanente.
Le troisième chapitre de cette thèse, qui concerne la cueillette de données, nous montrera
l'application de la méthode sur le terrain concret et les résultats obtenus.
Dans un souci de systématicité, il nous semble important de présenter dès maintenant le
système préventif, de façon à poser des bases pour une meilleure compréhension de la suite de la
recherche.
72
CHAPITRE II
LE SYSTÈME PRÉVENTIF DE DON BOSCO
Ce deuxième chapitre de la thèse, plus théorique, vise à donner les bases d'une
compréhension du travail de recherche en relation avec le projet original de Don Bosco. Nous
allons commencer par une présentation de la figure de Don Bosco, ce qui nous permettra
d'approfondir l'origine charismatique de l'approche éducative du Saint appelée « système
préventif» et son développement historique. Ensuite, nous aborderons l'aspect pédagogique et
systémique de celui-ci, en nous arrêtant à la question de la prévention, de la présence éducative et
de la trilogie raison - religion - affection. Nous poursuivrons avec une réflexion sur les finalités
du projet salésien, autrement dit ce qui donne son sens à tout le système. Enfin nous aborderons,
dans les deux derniers points, les fondements théologiques du système préventif, soit
l'incarnation, le salut et l'image biblique du Bon Pasteur.
Ces pages sont le fruit de lectures et de notre propre pratique du système préventif parmi
la jeunesse et ce, depuis de nombreuses années.
1. À l'origine, un saint éducateur
Jean Bosco (Giovanni Melchior Bosco) est né le 15 août 1815 dans un petit village de
Castelnuovo d'Asti, dans le Piémont, appelé « i Becchi ». Fils de Marguerite Occhiena et
François Louis, troisième enfant, il éprouva la perte de son père à l'âge de deux ans.
Un des événements marquants de la vie de Jean Bosco fût le songe qu'il eut à neuf ans,
qui se révélera, avec le temps, prophétique.1 Ce songe lui montra que, par la douceur et l'amour,
il devait gagner l'amitié des jeunes. Adulte, il dira que ce rêve lui indiqua la pédagogie de
l'accompagnement par la douceur.
Pour le songe de 9 ans, voir Giovanni Battista Lemoyne, Memorie biograftche di Don Giovanni Bosco, 1901, vol. 1 (Torino : Scuola Tipografica Salesiana), 123-127. Ce rêve se répétera plusieurs fois dans sa vie, ajoutant à chaque fois des dimensions nouvelles. « Ail 'età di nove anni circa ho fatto un sogno che mi rimase profondamente impresso per lutta la vita. Nel sonno mi parve di essere vicino a casa, in un cortile assai spazioso, dove stava raccolta una moltitudine di fanciulli che si trastullavano. Alcuni ridevano, artri giuocavano, non pochi hestemmiavano. All'udire quelle hestemmie mi sono subito slanciato in mezzo di loro, adoperando pugni e parole per farli tacere. In quel momento apparve un Uomo venerando, in età virile, nobilmente vestito. [.,.] Egli mi chiamo per nome, e mi ordinù di pormi alla testa di quei fanciulli, aggiungendo queste parole : - Non colle percosse, ma colla mansuetudine e colla carità dovrai guadragnare questi tuoi amici. [...] - Chi siete voi, soggiunsi, che mi comandale cosa impossibile ? - Appunto perche taie cose ti sembrano impossibili, devi renderle possibili coll'obbedienza e coll 'acquisto délia scienza - Dove, con quali mezzi potro acquistare la scienza ? - lo ti daro la Maestra, sotto alla cui disciplina puoi diventare sapiente, e senza cui ogni sapienza diviene stoltezza. [...] In quel momento vidi accanto a lui una Donna di maestoso aspetto [...] - Guarda ! - mi dise. Guardando mi accorsi che quei fanciulli erano tutti fuggiti, ed in loro vece vidi una moltitudine di capretti, di cani, di gatti, di orsi e di parecchi altri animali. - Ecco il tuo campo, ecco dove devi lavorare, continua a dire quelle Signora. Renditi umile, forte, robusto : e cio che in questo momento vedi succedere di questi animali, tu dovrai farlo per ifigli miei ».
74
Depuis son plus jeune âge, Jean désirait devenir prêtre, mais étant pauvre, il dû étudier et
travailler à la fois. À l'âge de vingt ans, il entra au séminaire de Chieri et fut ordonné prêtre à
Turin en 1841, à vingt-six ans. À cette époque, Turin était envahi de garçons pauvres à la
recherche de travail ; pour la plupart, des orphelins ou de jeunes abandonnés, immigrés de la
campagne, exposés à de nombreux dangers, physiques et moraux. Jean, devenu « Don Bosco »,2
commença à les réunir le dimanche, tantôt dans une église, tantôt dans une prairie, tantôt sur une
place, afin de les faire jouer et de leur enseigner le catéchisme. Après cinq années très difficiles à
cause des incompréhensions, des problèmes de santé, des pénuries économiques et surtout en
raison de l'absence d'un endroit stable pour réunir les jeunes, il réussit à se fixer dans le quartier
périphérique du Valdocco où il ouvrit son premier Oratorio. Petit à petit, cette initiative se
structura en un milieu éducatif complet où, outre un refuge et de quoi manger, les jeunes
trouvaient un espace pour étudier ou apprendre un métier. Il faut préciser que « chez Don
Bosco », l'accent était mis sur l'aspect religieux de l'éducation et sur l'animation de ces jeunes.
L'œuvre de Don Bosco, aujourd'hui appelée salésienne, se caractérise depuis ses origines
par une prédilection envers les jeunes, surtout les plus pauvres, comme en témoignent les
nombreuses écoles de toutes sortes et de tous niveaux, les Oratorio et les paroisses, qui depuis le
commencement jusqu'à aujourd'hui se sont répandues dans le monde. Ajoutons encore que Don
Bosco réussira à envoyer ses disciples en France et en Argentine avant sa mort, mais ce n'est
qu'après celle-ci, que son œuvre et ses salésiens se répandront sur les cinq continents.
Pour que perdure son œuvre, Don Bosco fonda la Congrégation salésienne, formée de
prêtres et frères, avec une branche laïque appelée coopérateurs salésiens. Les filles ont aussi fait
partie de son souci éducatif et pastoral. Il fonda ainsi, avec Marie Dominique Mazzarello,
l'Institut des Filles de Marie Auxiliatrice.
En plus d'être un homme d'une grande charité, Don Bosco fut un mystique apostolique.
Toute son œuvre prend source dans son union intime avec Dieu. Cohabitait en lui un sens de
l'humain très riche, fait de bonté, d'intelligence et d'équilibre.
Il mourut le 31 janvier 1888, à Valdocco, à l'âge de 72 ans. Le premier avril 1934, le pape
Pie XI, qui l'avait connu personnellement, le proclama Saint.
! La langue italienne utilise « Don » pour dire père ou monsieur l'abbé. 1 Tout au long de ce travail nous garderons le mot italien Oratorio pour désigner le patronage ou le Centre déjeunes salésiens.
7S
2. Le système préventif de Don Bosco
Don Bosco n'a pas trop élaboré une théorie sur le système préventif. Ses écrits à ce sujet
sont peu nombreux. Cependant, les orientations, surtout pratiques, qu'il a laissées à ses
collaborateurs sont bien précises,4 si précises qu'elles ont formé un système pédagogique
cohérent appelé « le système préventif». Pour Don Bosco, ce système signifiait un certain projet
de vie et d'action auprès des jeunes. Précisons avant de continuer que, sous le vocable « système
préventif», Don Bosco pensait à tout l'ensemble de son système éducatif.
Il a élaboré son système tout au long de sa vie, par l'expérience vécue sous le regard de
Dieu. Nous pouvons en conclure que sa réflexion était plutôt inductive, puisque pour Don Bosco,
l'éducation n'est pas objet de théorie, mais avant tout une pratique. Elle relève davantage de l'art
que de la science et dans ce sens, l'approche salésienne, outre qu'elle est inductive, est aussi très
pragmatique.
Encore aujourd'hui, Don Bosco reste pour les salésiens et de nombreux éducateurs une
source d'inspiration. L'expression du Saint : « moi, j'ai fait le brouillon, vous, vous mettrez les
couleurs » s'est finalement avérée vraie, puisque l'œuvre s'est répandue et a pris des formes bien
originales depuis plus de 150 ans dans le monde entier. Dans ces pratiques, on trouve une réponse
toujours salésienne aux nouvelles pauvretés et difficultés des jeunes.
Le système décrit par Don Bosco éduque par la douceur. Il s'agit d'une présence
permanente et amicale de l'éducateur parmi les jeunes, Sa mission consiste à faire connaître les
règles et accompagner de manière éducative. Deux mots clés synthétisent la pédagogie de Don
Bosco : prévenir et accompagner.
La pédagogie salésienne est aussi une pédagogie de la réussite, puisqu'elle est convaincue
que c'est en prenant appui sur leurs réussites antérieures que les jeunes arriveront à affronter les
défis du présent sans se décourager.5
Pour la vie et l'œuvre de Don Bosco voir Memorie de l'Oratorio di S. Francesco di Sales dal 1815 al 1855 (Rome : LAS, 1992) ; et pour le système éducatif: Giovanni Bosco, « Le Système Préventif dans l'éducation de la jeunesse, » dans Constitutions salésiennes (Rome, 1985), 236-242. 5 Emblématique est le cas de Bartholomé Garelli et de Don Bosco. Bartholomé est l'exemple du jeune de rue, « difficile »... Le célèbre dialogue de Don Bosco avec celui-ci est resté dans la tradition salésienne un principe : chercher chez le jeune ce qu'il y a de bon, pour engager son éducation à partir de cet élément positif. Voir Giovanni Battista Lemoyne, Memorie biogrqfiche di Don Giovanni Bosco, 1901, vol. 2 (S. Benigno Canavese : Scuola Tipografica Salesiana, 1901) ,73-74.
76
Au cœur de cette approche pédagogique, comme nous l'avons déjà précisé plus haut, nous
trouvons trois éléments : la raison, l'affection et la religion. Comme dans tout système, ils
entretiennent des rapports étroits entre eux et se régulent les uns les autres.
2.1 Une approche préventive en éducation
Le XVIIIe siècle, dit des Lumières, est caractérisé par la rationalisation de la vie. La
prévention était à la mode et il fallait, dans toute sorte de domaines, affronter des obstacles pour
les vaincre ou les contourner afin de ne pas en être victimes.
Un siècle plus tard, Jean Bosco fut un des premiers à introduire le concept de la
prévention dans le champ éducatif, en opposition à la répression alors plus répandue. Il croyait au
dialogue et à la persuasion. Au cours des années qui ont suivi sa mort, le concept de prévention
s'est beaucoup enrichi et élargi chez ses disciples. Il est vrai que dans un premier temps, la
prévention fait référence aux risques futurs à éviter : nous pensons par exemple à un Don Bosco
qui veut éviter la prison aux jeunes. Aujourd'hui, bien que les systèmes préventifs semblent plus
que jamais une mode en matière d'éducation, le concept comporte une charge non seulement
éducative, mais aussi rééducative. Devant une conception large de la prévention telle que nous
l'affirmons ici, nous pouvons adopter des attitudes bien différentes. Prévoir peut signifier
<< convaincre son interlocuteur d'éviter un risque et l'encourager à prendre les mesures
nécessaires pour l'éviter ». L'attitude éducative demandée à l'éducateur consistera en une grande
capacité de dialogue et de confiance envers le jeune. Cela n'est envisageable que pour autant que
l'on soit intimement convaincu que le jeune est capable de raisonner. Prévoir signifie aussi faire
sienne l'approche participative en éducation, ce qui engage le jeune à être partie prenante de son
propre processus éducatif. Autrement dit, il s'agit de le rendre responsable et maître de sa propre
formation. La prévention peut être aussi entendue dans le sens de protection, autrement dit de
« rendre problématique la voie qui ferait courir un risque ». Cette façon de concevoir la
prévention est particulièrement adaptée pour les plus petits, puisque la capacité de raisonnement
est à un stade de développement différent de celle des jeunes, mais aussi à cause de leur plus
grande fragilité. Entre autres, ils n'ont pas la même notion du risque, du temps et du changement
que les adultes, ni le même champ de représentation. Cette façon de faire, avec une nuance
légèrement plus coercitive, peut être très pertinente pour les jeunes désadaptés socialement
'' Voir Jean-Marie Petitclerc, Crise de l'éducation, temps pour l'évaluation (Paris : La Pensée Universelle, 1986), 99.
77
(délinquants) ou qui ont besoin d'un accompagnement plus proche dans la prise en main de leur
propre liberté (jeunes avec dépendance aux drogues par exemple). La prévention est, selon nous,
également possible pour ces jeunes qui ont besoin d'une autorité plus forte. Francis Desramaut
avance même que Don Bosco pensait son système éducatif sur la base de trois fonctions
essentielles : direction, prévention et répression.7 Mais cette attitude nécessite un grand équilibre
de la part de l'éducateur, afin d'éviter la surprotection, le manque de liberté et l'infantilisation du
jeune.
Nous sommes très sensibles aujourd'hui à la prévention par rapport aux droits de l'enfant
et du jeune, à la sécurité contre les accidents et aux risques éducatifs. Ce qui exige la
connaissance et le respect des lois et réglementations d'un pays relatives aux processus éducatifs.
Dans les milieux où cette législation est inexistante ou dont l'application fait défaut, le système
préventif devrait être promu comme exemple et modèle à suivre par les institutions éducatives.
Pour conclure ce paragraphe, rappelons que la prévention en éducation se caractérise par
une façon de concevoir et d'organiser « l'institutionnel », ainsi que toutes les activités de
formation, afin de garantir que la réussite de ces activités porte à l'accomplissement des objectifs
institutionnels. Au rang de ces activités figurent par exemple l'élaboration du calendrier scolaire,
la gestion de la communication à l'intérieur de l'institution, la gestion du budget au service des
objectifs et non des initiatives personnelles, etc.
Ce qui précède montre que la transversalité de la prévention à l'intérieur du processus
éducatif est une condition indispensable pour une vraie éducation des jeunes.
2.2 Une présence qui accompagne
La présence salésienne ou « assistance » est à la fois physique et continue, mais ce qui la
qualifie c'est sa dimension éducative. En fait, cette présence ne ressemble en aucune façon à celle
d'un surveillant ou d'un gendarme ; elle veut éviter ainsi le risque de susciter passivité,
hypocrisie, fourberie et révolte chez les jeunes. Bien au contraire, la présence salésienne veut
éveiller les jeunes à leur responsabilité propre dans le processus de la croissance personnelle. La
présence salésienne laisse donc libre le jeune, mais sans l'abandonner à lui-même, c'est-à-dire
qu'elle ne suscite pas de dépendance, mais plutôt une prise de responsabilité.
7 Cf. Francis Desramaut, « Le système préventif selon Don Bosco, » dans Eduquer à la suite de Don Bosco, sous la direction de Xavier Thévenot (Paris : Desclée de Brouwer/Cerf, 1996), 93.
78
Cette présence commence, comme nous l'avons dit, par un « être avec », dans le milieu
où les jeunes sont présents. C'est très probable que dans un premier moment elle soit ressentie
comme une surveillance, le défi pour l'éducateur c'est de faire comprendre qu'il est là parce qu'il
aime être avec les jeunes. Il ne s'agit pas d'une technique éducative, mais plutôt d'une vocation
éducative, « avec vous je me sens bien » disait Don Bosco. Ainsi, en s'intéressant à ce qui
préoccupe les jeunes, en cultivant une grande capacité d'écoute, de dialogue, d'ouverture,
l'éducateur se fera accepter par les jeunes. Il faut que cette présence s'adapte aux circonstances et
aux jeunes, et à la personnalité de l'éducateur, dans certains cas cela peut signifier jouer avec les
jeunes, dans d'autres les encourager...
L'éducateur préventif sait dire les mots sans humilier, avec discrétion, comme lorsqu'à
l'aide de petites interventions éducatives, «parolina a l'orecchio » (parole à l'oreille), il
accompagne, corrige ou encourage le jeune, surtout dans les moments de difficulté. C'est ainsi
que la présence devient familière et amicale, puisque capable d'engendrer des rapports humains.
Mais le risque contraire est également possible. Tel est le cas lorsque l'éducateur, indifférent,
laisse faire et laisse commettre le mal, se rendant ainsi complice par son silence.
Pour Don Bosco, la prévention était assurée par la présence permanente et amicale de
l'éducateur. Dans le langage de son époque, il disait que la méthode préventive :
Consiste à faire connaître les ordonnances et les règles d'une institution et à surveiller ensuite les élèves de telle sorte qu'ils demeurent toujours sous le regard attentif du directeur ou des assistants. Ceux-ci leur parleront en père affectueux, leur servant de guides en toute éventualité, leur prodiguant des conseils et redressant leurs écarts avec bonté. Cette méthode consiste donc à mettre les élèves dans l'impossibilité de commettre des infractions.8
Deux traits caractérisent bien la présence éducative salésienne : l'affection et la confiance.
Don Bosco disait « sans affection, pas d'éducation » et « sans confiance, pas d'éducation ».
L'action éducative dépend donc de la qualité de cette présence. La présence salésienne au milieu
des jeunes est fruit de l'amour et doit manifester l'amour. Elle ne doit pas s'imposer, mais plutôt
se donner ou se proposer. Un des premiers pas dans cette démarche « amoureuse » est d'aimer ce
que les jeunes aiment, condition indispensable pour que les jeunes aiment à leur tour la
proposition éducative. Don Bosco voulait obtenir la confiance du jeune. Pour y arriver, il
descendait de son rôle de maître, qui connaît et impose, pour donner lui-même sa confiance aux
8 Giovanni Bosco, « Le système préventif dans l'éducation de la jeunesse, » dans Constitutions salésiennes, 237.
79
jeunes. Les deux interlocuteurs (éducateur et jeune) se trouvaient ainsi établis dans une sorte
d'égalité amicale.
Faire confiance signifie croire aux jeunes et à leurs capacités, les considérer comme
capables d'être artisans de leur propre éducation. À la base de la confiance se trouve une estime
sincère, une acceptation vraie du jeune, indispensables à la réalisation de gestes de sympathie
authentique envers eux, tels que l'écoute et l'accueil inconditionnel. Le système préventif se base
donc sur une relation interpersonnelle entre le jeune et l'éducateur. Ce type de rapport, gratuit et
plein de bienveillance, suscite chez le jeune le sentiment d'être aimé et digne de confiance. Un
climat familier et accueillant est ainsi créé. Dans la tradition salésienne, on aime parler d'« esprit
de famille ».
2.3 Une approche systémique des relations éducatives
Une autre originalité de la pensée pédagogique de Don Bosco réside dans son approche
systémique. Il choisit d'emblée ce vocable pour caractériser sa méthode. Dans cette approche,
tous les éléments sont interdépendants, liés entre eux par des relations telles que si l'un est
modifié, les autres le sont aussi et, par conséquent, l'ensemble est transformé. Ces éléments se
régulent entre eux, pour éviter qu'en s'isolant, un élément du système préventif devienne
pathologique, comme le dit bien le salésien français Xavier Thévenot.9
La trilogie constitutive de ce système est la triade : « raison - religion - affection ».
Regardons de plus près chacun de ces éléments.
La raison
Pour Don Bosco, on ne peut pas mener à bien une œuvre éducative sans se servir de la
raison et du bon sens. Dans sa praxis éducative, la raison se caractérise par son réalisme (relation
9 Xavier Thévenot dit dans son livre L'affectivité en éducation. Annoncer le Christ aux jeunes (Caen : Don Bosco, 1988), 20 : « L'amorevolezza isolée, non régulée par la raison, par la religion et surtout par la charité devient source de perversion éducative »; voir aussi Marcel Verhulst, « Pour une relecture du système préventif de Don Bosco en milieu Africain, » dans Spiritualité missionaria salesiana 6 (Roma : SDB, 1992), 71. 1 Pour un approfondissement de ce thème, voir Giovanni Bosco, « Le Système Préventif dans l'éducation de la jeunesse, » dans Constitutions salésiennes, 237'.
80
objective avec la réalité : science et technologie) et sa modération, qui est indispensable pour le
dialogue entre jeune et éducateur. ' '
La raison exige la participation de tous, la bonne utilisation de l'autorité (discipline,
prévention, persuasion et optimisme), la reconnaissance de ses propres limites et le dialogue
ouvert et disponible entre éducateur et jeune. Don Bosco voulait que le jeune comprenne la raison
des ordres. C'est pourquoi l'adulte doit apprendre l'art de la négociation.
Dans le système de Don Bosco, la raison équivalait à la prise en compte de la capacité de
discernement rationnel du jeune. Par ce principe, le système de Don Bosco affirme que le jeune
est capable de grandir et de prendre part à sa propre éducation, par conséquent, l'éducateur
s'engage à faire confiance aux capacités du jeune. C'est dans ce sens que nous avons exposé,
dans le point antérieur, la pédagogie salésienne comme une pédagogie « active ». Considérer le
jeune comme quelqu'un doué de raison signifie être intimement convaincu que, même si son
comportement paraît parfois inadapté, il a des raisons de l'adopter. Nous ne disons pas que ce
comportement est justifié (qu'il a raison), nous disons simplement que le jeune a « des
raisons » ou « ses raisons» (ses motivations).
On peut attacher la raison à la vertu théologale de l'espérance, puisqu'elle porte
l'éducateur à croire que c'est Dieu même qui a planté chez les jeunes une bonne semence (Me 4,
3), autrement dit cette capacité de réfléchir, d'être responsable, d'évoluer et de changer. Voilà
pourquoi la pédagogie salésienne est profondément optimiste. Éduquer, c'est ainsi espérer,
malgré un discours d'adultes qui souvent présente le futur de manière fataliste et catastrophique.
La raison apprend aussi aux éducateurs et aux jeunes les valeurs du bien, les objectifs à
atteindre et les moyens pour y arriver. Elle les invite à participer et à assumer des valeurs. C'est
pour cela qu'elle forme des hommes et femmes capables d'agir avec intelligence et rectitude, ce
que dans le langage salésien on appelle « honnête citoyen ».
La religion
L'aspect religieux est au coeur du système de Don Bosco : il lui donne sa dimension
transcendante. Pour Don Bosco, la pratique de la religion ne signifie pas l'adhésion aveugle à des
" Consulter à ce propos François Motto, Un système éducatif toujours d'actualité (Paris : Don Bosco, 2003), 49-58 ; Jacques Schepens, Affectivité, rationalité, sens de la vie (Paris : Don Bosco, 2001), 11-19 ; Francis Desramaut, « Le système préventif selon Don Bosco, » dans Éduquer à la suite de Don Bosco, sous la direction de Xavier Thévenot, 98-99.
XI
vérités obscures, bien au contraire, la raison a une grande place dans l'approche de la foi.
L'importance donnée au rapport « raison - foi » est une invitation pour le jeune à conformer sa
vie à une éthique évangélique raisonnable. Cette intégration est posée comme finalité.
La conscience éducative de Don Bosco avait pour finalité le « salut de l'âme » du jeune,
selon le langage de l'époque. Sans vouloir forcer les choses, nous croyons légitime de pouvoir
affirmer que la pratique de Don Bosco nous dévoile une conception intégrale de ce salut, quelque
chose d'un peu en avance sur son temps. Dans son système, la dimension humaine de la personne
n'est en aucun cas négligée : bien au contraire, elle est intégrée dans un projet que Don Bosco
appellera « bon chrétien et honnête citoyen ». Il est clair que le système préventif considéré dans
son intégralité est simultanément œuvre d'éducation humaine et œuvre de christianisation.
D'un point de vue religieux, le projet éducatif de Don Bosco était donc orienté vers
l'expérience de Dieu. Il proposait aux jeunes des itinéraires afin de réveiller chez eux des
valeurs.12 Autrement dit, le système salésien entend d'une part dire aux jeunes que la sainteté est
encore possible pour eux, et d'autre part leur offrir les moyens pour y arriver. Dans cette
démarche le rôle des adultes est bien important, leur vocation peut-être résumée comme celle
d'accompagnateurs et de modèles pour les jeunes.
L'aspect religieux de l'éducation fait aussi référence aux cours de religion, au catéchisme,
aux sacrements (spécialement l'eucharistie et la réconciliation), à la dévotion mariale, à la prière
personnelle et à l'accompagnement spirituel. Il n'est pas étrange donc de voir, dans les milieux
ouverts à la dimension religieuse, que les salésiens proposent de façon explicite la religion
chrétienne et la foi centrées autour du Christ crucifié et ressuscité, chemin et modèle.
Don Bosco ignorait l'éducation en milieux déchristianisés, islamisés ou simplement
indifférents aux valeurs chrétiennes, qui sont nos problèmes actuels. Il nous semble légitime de
nous interroger sur la manière de vivre le système préventif dans un milieu pluraliste, où
coexistent des éducateurs et des jeunes qui se rattachent à différentes confessions chrétiennes,13 à
d'autres religions comme l'islam ou à des religions traditionnelles comme en Afrique. Cette
12 Voir Luciano Cian, // « sistema preventivo » di Don Bosco e i linéament! caralteristici del suo stile (Torino : ELLE DI CI, 1978), 149-150. 13 11 faut préciser que Don Bosco a vécu un rapport conflictuel avec les protestants. Aujourd'hui, à Madagascar, les salésiens travaillent sans problèmes avec les protestants. Ce qui montre, entre autres, le conditionnement historique et contextuel du conflit, et non seulement doctrinal. Précisons que le système préventif est fondamentalement ouvert et tolérant.
82
question est particulièrement importante pour comprendre notre recherche, qui a été réalisée dans
un milieu de pluralisme chrétien et très marqué par un fond de religiosité traditionnelle.
Même si la question de l'indifférence religieuse ne se pose pas tellement en Afrique -
Madagascar, il nous semble important au moins de signaler qu'en Europe, dans une société
fortement sécularisée, la question de la pertinence et de l'identité du système préventif se pose
avec insistance. L'indifférence religieuse en réalité n'est pas sans rapport avec la question du sens
dernier de l'existence. Jacques Schepens a traduit le terme « religion » dans un langage plus
accessible à ce contexte et à un discours pédagogique actuel. Il parle du sens de la vie ;14 pour lui,
une véritable éducation ne doit pas négliger le sens global et ultime de l'existence.
Les contributions de Jacques Schepens, Francis Desramaut et Xavier Thévenot ont montré
que l'éducation selon Don Bosco puisait quasiment toutes ses références dans les données de la
révélation chrétienne. Selon Xavier Thévenot, la théonomie transposée dans le domaine
pédagogique :
Signifie que la référence chrétienne, loin d'éliminer la juste autonomie de la tâche éducative humaine, la présuppose, la maintient dans sa vérité, voire la rectifie, et lui ouvre des possibilités neuves en la dynamisant de l'intérieur et en la « transfigurant ». Réciproquement, la juste autonomie de la pédagogie contribue à protéger les éducateurs qui se réfèrent à Dieu de s'égarer dans une religiosité aliénante.15
Cette façon de voir explique bien le rôle du réfèrent chrétien par rapport à la dimension
éducative.
Pour répondre à la question de savoir s'il faut être chrétien pour appliquer la pédagogie de
Don Bosco, nous pouvons dire que ce qui est chrétien assume ce qui est authentiquement humain.
On établit ainsi une plate-forme commune aux chrétiens et aux non-chrétiens. Prenons, par
exemple, la pédagogie salésienne qui est une pédagogie de l'amour ; il n'est pas nécessaire d'être
chrétien pour aimer en vérité, même si le système préventif nous dit (c'est sa spécificité) que cet
amour a sa source première, son dynamisme profond et sa finalité dernière en Dieu, révélé en
Jésus.
11 y a, dans la foi chrétienne, des convictions centrales et existentielles. De telles
convictions ne sont pas négociables, comme par exemple la foi en la résurrection du Christ.
Pour cette dernière expression, on peut consulter le récent livre de Jacques Schepens, Affectivité, rationalité, sens de la vie. 15 Xavier Thévenot, Éduquer à la suite de Don Bosco, 157.
83
L'éducation salésienne agit pour que le jeune puisse, un jour, se rendre compte que le sens de sa
vie n'est pas seulement dans son futur ici-bas, mais aussi dans l'avenir qui lui vient de Dieu, par
delà la mort. Dans un milieu pluraliste, il faut penser, au minimum, qu'il peut ne pas être aliénant
de croire à la résurrection, telle que l'enseigne l'Église Catholique.
La visibilité de la référence chrétienne devra donc, dans chaque institution éducative, être
modulée en fonction du degré d'adhésion des jeunes et des éducateurs au christianisme. Ici, les
notions de gradualité ou de progressivité seront des voies à parcourir. Dans une institution où
domine très nettement l'incroyance ou l'indifférence par exemple, il conviendra d'appliquer une
version sécularisée du système préventif, c'est-à-dire de le considérer dans ses dimensions
humaines. L'aspect religieux devra faire place, d'une part à l'attention portée aux questions
métaphysiques (qui suis-je ? où vais-je ?) et d'autre part, au sens de la vie. L'appel à la sainteté
devra être remplacé par la recherche du bonheur ou de la pleine réalisation de soi-même dans la
sollicitude envers autrui, au sein d'institutions justes. Cette perspective plus ouverte de la
dimension religieuse du système préventif porte l'éducateur chrétien à considérer le milieu des
jeunes comme territoire de mission.16
L'affection
Don Bosco a réhabilité l'affectivité dans l'éducation ; c'est une de ses grandes intuitions.
Pour lui, l'affection est le premier principe du système préventif. Il aimait parler
d'« amorevolezza » (amour exprimé ou amour éducatif). Vamorevolezza peut être caractérisée
par cinq traits : affection vraie et exprimée, affection chaste (ordonnée), affection non exempte de
fermeté, affection inconditionnelle et affection évangélique, comme celle de Jésus.
Par l'intermédiaire de la lettre de Rome en 1884, Don Bosco disait à ses salésiens : « que
non seulement les garçons soient aimés, mais qu'ils se sachent aimés ».17 Dans la même lettre, il
insistera sur le fait que l'amour est la condition de la confiance entre le jeune et l'éducateur.
À la suite de Don Bosco, éduquer signifie aimer les jeunes tels qu'ils sont et non pas tels
que nous voudrions qu'ils soient. L'éducateur doit donc apprendre à faire le deuil de son propre
projet sur le jeune (sans lui), s'il veut vraiment aider le jeune à élaborer et à réaliser le sien (avec
lui). Nous voudrions préciser qu'aimer ne signifie pas « céder aux caprices des jeunes » car il
16 Sur ce sujet, voir Xavier Thévenot, Éduquer à la suite de Don Bosco, 165. 17 « Lettre de Rome du 10 mai 1884 sur l'état de l'Oratoire, » dans Constitutions salésiennes, 246 ; voir aussi Eugenio Ceria, Memorie biografiche di San Giovanni Bosco 1884-1885, vol. 17 (Torino : SE1, 1936),107-114.
84
s'agit d'un amour éducatif. L'éducateur sait ainsi faire des corrections sans blesser et sans
rancoeur. Aimer et se sentir aimés sont les conditions nécessaires pour que le système préventif
ne devienne pas pesant, pour qu'il respecte et promeuve la liberté des jeunes.
La pratique du système préventif exige une grande maîtrise de l'affectivité de la part de
l'éducateur. On pourrait parler de la chasteté de l'éducateur, en tant que vertu qui permet de vivre
des relations affectives libératrices avec les jeunes ; car le vrai amour rend libre. Le défi de
l'éducateur est d'aimer d'une façon qui soit stimulante pour l'éducation, de savoir exprimer son
amour pour les jeunes, de porter un intérêt à tout ce qui les touchent, leurs goûts et leurs
problèmes ; il s'agit donc de soigner un rapport éducatif de qualité. Dans la tradition salésienne,
l'affection doit se manifester aux jeunes comme celle d'un père, d'un frère ou d'un ami ; pour les
femmes éducatrices nous pourrions dire celle d'une mère, d'une sœur et d'une amie.
Quand on parle d'amour, on parle aussi de la vertu théologale de la charité, mais sur cette
question, nous reviendrons quand nous aborderons le fondement théologique du système
préventif.
3. Les finalités du système préventif
Ce qui donne du sens à une pédagogie ce sont ses finalités. Dans cette ligne, il est légitime
de se demander : quelles étaient les finalités du projet éducatif selon Don Bosco ? et quelles sont
les finalités de ce projet aujourd'hui ?18
On affirme traditionnellement que le système de Don Bosco veut fondamentalement
intégrer foi et culture, mais attention aux mots ! Passer trop vite sur le sens d'un mot peut nous
porter à l'anachronisme et à la récupération d'un discours d'il y a 150 ans pour prouver nos
convictions actuelles. Ainsi, nous serions tentés de croire par exemple que pour Don Bosco le
mot « culture » avait la même signification que pour nous, ce qui serait fort intéressant, mais
imprécis. Quand le système préventif parle d'intégration de foi et culture, il entend la culture
comme l'« éducation » (sens pédagogique) et non pas comme une tradition (sens anthropologique
ou ethnologique), une nuance très importante qui pourrait bien expliquer le manque de sensibilité
théorique à l'intérieur du système préventif pour les questions culturelles (anthropologiques).
18 Sur cette question voir François Motto, Un système éducatif toujours d'actualité, 31-45 ; CG 23, n° 113 ; Marcel Verhulst, « Pour une relecture du système préventif de Don Bosco en milieu Africain, » dans Spiritualité missionariu salesiana 6 (Roma : SDB, 1992), 100-101.
S 5
C'est une sensibilité que les salésiens développeront plus tard. Il est vrai qu'ils ont créé des
musées et approché les peuples « sauvages » comme disait Don Bosco, mais leur conception de la
mission n'échappait pas aux limites de son époque, ainsi que leur conception de la culture non
plus, la mission comprise comme œuvre de civilisation.
Mais revenons à ce binôme culture - foi qui malgré les limites mentionnées plus haut, est
déjà une conception avancée par rapport aux pratiques pédagogiques plus courantes à l'époque de
Don Bosco. La raison fondamentale de cette différence se trouve dans l'approche intégrale de la
formation du jeune proposée par le système préventif. Cette approche intégrale de la formation
trouve sa source dans une conception intégrale de la personne, ce qui montre que malgré les
limites de la philosophie et de la théologie que Don Bosco a dû étudier, il avait développé un
« bon sens » et une grande humanité.
Selon Don Bosco, l'évangélisation ne s'arrête pas à un engagement pour la défense et la
conservation de la foi des baptisés, ni à la conversion des non-croyants au catholicisme. Pour lui,
l'évangélisation implique le développement humain et social de toute la personne. Il y a donc un
lien étroit entre civilisation et évangélisation.19 Selon Don Bosco, l'action éducative et l'action
pastorale vont de pair, car tout ce qui est chrétien assume ce qui est authentiquement humain. Il
exprimait cette conviction dans un slogan, « évangéliser en éduquant et éduquer en
évangélisant ». Dans ce même sens les Constitutions salésiennes affirment au n° 31 : « nous
éduquons et nous évangélisons selon un projet de promotion intégrale de l'homme, orienté vers le
Christ, homme parfait ». Il est vrai que cela pourrait être critiqué comme récupération de
l'humain par le religieux, mais il ne faut pas non plus plaquer nos préjugés actuels sur un Don
Bosco de fin de XIXe siècle. En plus, cette conception d'évangélisation et promotion humaine ou
d'évangélisation comme œuvre de civilisation, a évolué dans le temps, ce qui montre comment le
système préventif est aussi ouvert, vivant et dynamique.
Aujourd'hui, on réalise davantage l'importance des intuitions de Don Bosco : la prise en
charge complète du jeune, le travail en équipe de toutes les personnes liées au processus éducatif
19 Voir Agostino Favale, « Il progetto missionario di Don Bosco e i suoi presupposti storico-dottrinali, » dans Spiritualité missonaria salesiana 1 (Roma : SDB), 60-62 ; « Lettre 2035. À Don Francesco Bodrato, Roma, 15 aprile 1880, » dans Eugenio Ceria, Epistolario di san Giovanni Bosco. Dal 1876 al 1880, vol. 3 (Torino : SEI, 1958), 576-578. 20 Le jésuite Gérard Fourez fait une critique du document de mai 1995 sur « la Mission de l'école chrétienne » produit par le Conseil Général de l'enseignement catholique francophone belge qui affirme que l'école chrétienne évangélise en éduquant ou qu'elle n'éduque qu'en évangélisant. Voir dans « Les priorités d'un enseignement chrétien, » Lumen Vitae, n° 4 (1996) : 1-12.
86
et l'importance de l'ambiance ou du milieu comme facteur de formation. En effet, l'éducation
doit être intégrale, sans quoi elle risque d'éduquer de manière morcelée, ce qui s'est toujours
avéré un échec éducatif.
Don Bosco aimait dire que son but était de : « former de bons chrétiens et d'honnêtes
citoyens ».21 Ces deux finalités : promotion humaine et chrétienne, sont complémentaires. Elles
rejoignent deux aspects essentiels de l'unique vocation de l'homme, l'humain et le transcendant.
Dans le langage actuel, l'expression de Don Bosco se traduirait par : « que le jeune réussisse
pleinement sa vie selon une conception chrétienne ». La finalité humaniste qui s'exprime dans le
concept d'« honnête citoyen » engage l'éducateur à contribuer au développement et à la maturité
humaine du jeune dans toutes les dimensions de sa personne : physiques, psychiques, affectives
et morales. Nous sommes bien loin ici du paradigme de l'évangélisation comme œuvre de
civilisation. Les Constitutions salésiennes au n° 32 nous disent à ce propos : « nous collaborons
avec les jeunes au développement de leurs capacités et de leurs aptitudes jusqu'à leur pleine
maturité ». Don Bosco voulait rendre à la société des hommes et des femmes utiles, en possession
d'un métier qui leur permettrait de gagner « honnêtement » leur pain, respectueux et charitables
envers leur prochain, et qui n'ébranleraient pas la société. Cette approche visait en définitive un
changement social au travers de l'éducation, démarche non dépourvue d'une certaine prudence et
sagesse, puisqu'il a ainsi évité d'utiliser le jeune de manière idéologique. Mais cette conception
est aussi marquée par une limite, elle néglige la lutte contre les causes de l'exclusion, c'est une
approche moins politique, qui veut plutôt la socialisation que la libération socio-polique des
jeunes.
Aujourd'hui, les domaines de la finalité chrétienne qui nous paraissent fondamentaux
sont multiples. En premier lieu, nous retenons la rencontre de Jésus Christ, homme parfait. Cette
rencontre devrait amener le jeune à découvrir le sens de l'existence, selon une spiritualité
spécifique, à savoir la spiritualité salésienne des jeunes qui est une manière originale,
progressive, éducative et juvénile pour croître dans la foi.23 En second lieu, nous pensons à
21 Eugenio Ceria, Memorie biografiche di San Giovanni Bosco 1884-1885, vol. 17, 100 : « Voi avete la missione tli far vedere al mondo che si pua essere buon catlolico e nello stesso tempo buono e onesto citladino ». 22 Don Bosco dira par exemple au marquis D'Azeglio, qui l'invitait à prendre part avec ses jeunes à une manifestion politique, « è miofermo sistema tenermifuori du ogni cosa che si riferisce allapolitica. Mai in favore, mai contro » Giovanni Bosco, Memorie (Torino : ELLE DI CI, 1986), 184. u Un bon résumé de la spiritualité salésienne des jeunes se trouve dans le Dicastère pour la pastorale des jeunes FMA-SDB, Spiritualité Salésienne des Jeunes. Un don de l'Esprit à la Famille salésienne pour la vie et l'espérance de tous (Rome : SDB, 1996) et dans les Constitutions salésiennes.
87
l'insertion progressive dans la communauté des croyants et troisièmement, à l'engagement ou
vocation dans la ligne de la transformation du monde.
Comme nous venons de le voir, le « bon chrétien » était plus chargé de sens qu'il n'y
paraissait a priori. Nous allons développer à présent le fondement théologique et biblique du
système préventif. Cette réflexion nous permettra d'ordonner théologiquement les éléments
présentés antérieurement.
4. Le fondement théologique du système préventif
Le système de Don Bosco n'est pas une somme de principes pédagogiques « sages ». À la
base, il a des principes théologiques, même si dans la littérature salésienne, on préfère parler
d'une spiritualité plutôt que d'une théologie. Les caractéristiques de cette spiritualité sont : la
charité pastorale, le Christ, l'union à Dieu, le sens d'Église, la prédilection pour les jeunes,
Vamorevolezza, l'esprit de famille, l'optimisme et la joie, le travail et la tempérance, la créativité
et la souplesse.
La dimension théologique du système préventif ne peut pas être isolée de son ensemble.
Nous utiliserons, avec quelques variations, le schéma de Xavier Thévenot qui nous semble
particulièrement éclairant et qui permet de mieux situer les éléments fondamentaux du système
préventif.
24 Pour le schéma original, voir Xavier Thévenot, Éduquer à la suite de Don Bosco, 110-111.
88
Schéma théologique du système préventif (basé sur celui de Xavier Thévenot)
Amour du Père
(agapè)
L'incarnation Le Bon Pasteur
Confiance et loi
Raison <-> Religion «-> Affection
S \ Eucharistie Réconciliation
TT Accompagnement
Prévention
Honnête citoyen
Devenir un citoyen
responsable
Bon chrétien
Devenir un saint
Vivre avec joie,
comme Jésus et, en lui,
la filiation divine dans l'Esprit
Le but : le salut du jeune
Selon ce schéma, le fondement du système préventif est Dieu créateur et Père exprimant
son amour (agapè). Cette conviction se fonde dans un principe théologique fondamental -
l'incarnation - et puise sa source d'inspiration dans l'image du Bon Pasteur. Le dynamisme
S')
interne est l'Esprit qui nous fait vivre à la suite de Jésus, dans l'amour. Grâce à l'Esprit nous
devenons fils de Dieu. La finalité subjective consiste à prendre place de façon responsable dans la
vie sociale (honnête citoyen) et devenir saint (bon chrétien) dans la reconnaissance joyeuse de la
filiation divine adoptive. L'adoption et la filiation sont aussi au fondement d'un autre rapport : la
fraternité et la communion.
L'espace éducatif régit simultanément la confiance et la loi institutionnelle, passée au
crible d'un discernement rationnel. Il s'agit d'une présence prévenante, un accompagnement
capable de trouver la juste distance et de manifester l'amour prévenant de Dieu. Le cœur du
système est la triade raison - religion - affection, tandis que les deux piliers du système sont
l'eucharistie et la réconciliation. Pour ce qui concerne la joie, elle est le fruit de l'Esprit. Le but
de toute cette démarche, c'est le salut du jeune.
Dans ce schéma, la dimension communautaire du salut est absente, ce qui montre bien
qu'il a été conçu au Nord (Occident). La deuxième critique au schéma de Thévenot c'est qu'il ne
fait pas assez ressortir comment se réalise l'interaction des éléments : le processus.
Troisièmement il manque toute la dimension contextuelle et temporelle de cette démarche, c'est
comme si le système préventif pouvait être synthétisé sans tenir compte des personnes.
Autrement dit, il manque les acteurs, le temps, l'histoire et les étapes. Enfin, il est trop abstrait et
théocentrique. Nous allons essayer de répondre à ces critiques avec notre recherche et proposer
un nouveau schéma dans le dernier chapitre.
4.1 L'incarnation dans le système préventif
Tout ce qui est mis à contribution de l'éducation déjeunes, personnes, moyens et temps, a
comme finalité le salut du jeune. Cette dimension salvifique trouve ses racines dans l'incarnation.
En fait, le système préventif se fonde sur un critère d'orientation théologique et pastorale
profondément christologique : Dieu sauve les hommes en se faisant l'un d'eux.
La théologie contemporaine a exprimé ce principe de façon remarquable dans Dei verbum
où il est affirmé que le Verbe de Dieu par l'incarnation est devenu semblable aux hommes, ainsi
le Dieu invisible est devenu Parole pour nous (Col 1,15 ; 1 Tim 1,17). Au travers de son immense
amour, il s'adresse aux hommes comme à des amis (Ex 33,11 ; Jn 15,14-15), « il s'entretient avec
!5 Voir Dicastère pour la pastorale des jeunes, Spiritualité Salésienne des Jeunes. Un don de l'Esprit à la Famille salésiennepour la vie et l'espérance de tous (Rome : SDB, 1996), 23.
90
eux (Bar 3,38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie ». L'incarnation montre
l'amour tout particulier de Dieu pour les petits et les pauvres, ce que Thévenot appelle amour
agapè. L'incarnation est expliquée comme un acte d'amour agapè de Dieu.27 Il faut dire que dans
sa conception de Dieu, comme étant plein d'amour et de tendresse, Don Bosco s'est fortement
inspiré de saint François de Sales. Nous voudrions déjà mettre en évidence comment le système
préventif a une dimension affective transcendante pour la personne en relation avec Dieu.
Ainsi, pour le système préventif, la réponse globale de l'évangile pour l'homme est la
suivante : Dieu est Père et nous aime (fondement), il nous veut pleinement heureux, réconfortés
dans l'espérance et engagés (objectifs ou buts) à vivre comme ses fils (modalité ou chemin).
Autrement dit, Dieu nous veut épanouis dans toutes nos dimensions. L'incarnation révèle à
l'homme sa grandeur infinie parce qu'elle le place dans le mystère même de Dieu. Dieu aime
l'homme au point de l'adopter comme fils, il veut le diviniser.28 Le schéma de Thévenot fait bien
ressortir cette dimension.
L'incarnation nous montre encore que Dieu se veut solidaire des pauvres jusqu'à la croix,
qu'il ressuscite et qu'il donne son Esprit vivifiant. En définitive, l'Esprit Saint ne cesse d'être à
l'œuvre dans le monde. Ce principe théologique restitue à l'homme le droit d'aimer sa vie
quotidienne. La pédagogie salésienne évite ainsi de séparer de façon excessive le monde de Dieu
et celui des hommes, puisque Dieu est présent dans la vie quotidienne de chaque jeune au milieu
de son monde. Car, en vertu de la grâce, il n'y a pas de rupture mais une continuité entre création
et rédemption, c'est-à-dire entre vie humaine et vie chrétienne, entre développement et
évangélisation ; on ne peut pas les dissocier. Don Bosco, en fait, mélangeait, dans la vie de tous
les jours, le spirituel et le temporel ; il ne les séparait jamais, puisqu'il estimait qu'il ne fallait pas
reléguer Dieu dans la sphère du sacré, mais au contraire, le rendre présent dans le travail, le jeu et
les réalités sociales. Pour le système préventif, Dieu n'habite pas ailleurs, il est au milieu des
jeunes, c'est la traduction au quotidien, de la promesse de Jésus Ressuscité : «je suis avec vous
tous les jours jusqu'à la fin des temps » (Mt 28, 20). Jean Paul II a développé cette perspective
dans l'exhortation apostolique Christi fidèles laici, où il est dit que l'union à Dieu ne se réduit pas
" Dei verbum, n° 2, voir aussi le n° 13. 11 Le pape Benoît XVI dans sa lettre encyclique Dieu est amour développe de manière extraordinaire le concept agapè. Pour ce qui concerne l'amour incarné de Dieu en Jésus Christ, voir le n° 12 où il est dit que le concept agapè devient agir de Dieu, devient chair et sang en Christ. 28 La déification consiste à acquérir, non pas la nature divine, ce qui est impossible, mais la manière d'être divine de personnes en communion.
91
aux moments où les chrétiens s'adressent à Dieu dans la prière ou quand ils reçoivent les
sacrements, Dieu nous rejoint dans notre quotidien.
L'incarnation met la vie, en tant que développement de tout l'être du jeune, mais aussi de
la présence de Dieu chez les jeunes (inhabitation), au centre du projet de l'existence chrétienne.
Le projet de Dieu pour les jeunes vise à ce « que les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en
abondance » (Jn 10, 10), ce qui est largement conforté par le schéma de Thévenot et ce qui se
rattache fort bien à l'importance donnée par la culture malgache à Yaina ou vie.
Le principe théologique de l'incarnation se montre particulièrement fécond. D'une part, il
rattache le système préventif à l'inculturation, puisque, par l'incarnation, le système salésien
appelle à l'intégration culture - foi. D'autre part, il porte en lui le germe de la rédemption,
entendue comme libération du jeune, libération personnelle. L'aspect social (changement des
structures de péché), est cependant négligé par Don Bosco, contraire aux révolutions.30
L'incarnation n'est pas sans lien avec la libération, mais sur cette question d'une grande
importance nous reviendrons plus tard en profondeur. Signalons aussi que le paradigme de
l'incarnation ne met pas assez en évidence la dimension ecclésiologique du système préventif,
même s'il la suggère par la communion.
Terminons ce paragraphe en disant que l'équilibre entre incarnation et rédemption évite
de faire du système préventif une idéologie en l'enfermant seulement dans une question
d'inculturation ethnologique sans transcendance.
4.2 La sotériologie salésienne, le salut du jeune
Puisque évangélisateurs des jeunes, les salésiens savent que le but éducatif ne s'arrête pas
au seul niveau humain : l'itinéraire éducatif et pastoral doit devenir itinéraire ouvert à la
transcendance. L'élaboration de ces itinéraires personnalisés est importante pour permettre aux
jeunes une rencontre transformante avec Jésus Christ. La finalité chrétienne du « bon clirétien »
signifie la participation active, libre et consciente du jeune au salut, ce que nous avons appelé la
responsabilité personnelle.
" Sur ce thème dans les textes de Christi fidèles laici, n° 17 et 60. 30 Dans son Storia d'Italia Don Bosco condamne toutes les révolutions. Pour lui, esprit révolutionnaire était la même chose qu'esprit irréligieux, bref, pour lui un catholique ne pouvait pas aimer les révolutions. Voir à ce propos Pietro Braido, Don Bosco prête dei giovani nel secolo délie liberlà, vol. 1 (Roma : LAS, 2003), 351.
92
L'objectif salésien donc n'est pas d'abord de susciter des baptisés qui s'acquittent
consciencieusement de leurs devoirs religieux, mais plutôt celui d'éveiller les jeunes à un
«comportement conforme à la volonté divine - en préparation du salut - pour le moins, comme
nous l'entendons aujourd'hui.
Don Bosco, tant sur l'engagement social que sur le plan de son ecclésiologie, est le fils
d'une théologie et d'un moment historique bien déterminé. Quand le système préventif parle
d'une destinée transcendante, d'un « au-delà » de la vie, il présuppose une conception
transcendante de la personne, pour qui le but ultime est le « salut éternel ». Le bon chrétien est
donc celui qui, par la grâce de Dieu qui sanctionne ses bonnes œuvres, sera « sauvé ». Don Bosco
était beaucoup plus sensible que nous au thème théologique du « ciel », de l'au-delà, du paradis.
La théologie de son époque donnait une grande place aux « fins dernières ». La mort des jeunes
pour cause de maladie était une chose courante à son époque, ce qui provoquait un sentiment de
« fragilité de la vie ». C'est pourquoi Don Bosco insistait tant sur « le salut de l'âme ». C'était
pour lui un critère dans toutes ses options éducatives. Cette sensibilité aux fins dernières est à
récupérer aujourd'hui avec quelques nuances ; les réalités d'ici-bas ne sont pas dérisoires, mais
provisoires. Le type du bon chrétien selon Don Bosco était le « saint » aux vertus morales
héroïques. Dans cette optique, la réussite d'une vie se mesurait au degré de vertu au moment de la
mort. Dans ses nombreuses biographies exemplaires, Don Bosco décrivait la progression de ses
jeunes dans ces vertus jusqu'au moment de leur départ (mort).31 Nous pouvons lier la prévention
et le salut, puisque pour Don Bosco la prévention signifiait entre autres « éviter le péché », étant
le salut, le but du bon chrétien.
Nous avons aujourd'hui une approche plus globale : la mission et l'évangélisation ne
peuvent plus être pensées comme au temps de Don Bosco. La perspective du « salut de l'âme »
par le baptême chrétien et par la vertu doit être plus nuancée. Amaladoss dit même que
« maintenant nous croyons que Dieu touche chaque personne humaine d'une manière qui nous
est inconnue, nous pouvons nous permettre d'être moins anxieux et de nous demander si le sens
de la mission ne serait pas, plutôt que de sauver les âmes, d'être une force de transformation des
Par exemple dans Vita del giovanetto Savio Domenico allievo dell'Oratorio di San Francesco di Sales (Torino, 1859) ; Cenno biografico sut giovanetto Magone Michèle, allievo dell'Oratorio di San Francesco di Sales (Torino, 1861 ) ; // Pastorello délie Alpi, ovvero vita del giovane Besucco Francesco d'Argentera (Torino, 1864).
93
sociétés en vue de leur accomplissement final ». Le christianisme a eu cette tendance de devenir
la religion du salut de l'âme en réponse à l'angoisse suscitée par un univers culturel et religieux
où l'on veut échapper à l'enfer. Disons que ce que nous venons de dire confirme la crise du sens
du langage religieux, dont le concept du salut fait partie.
5. Une image biblique porteuse de sens : le Bon Pasteur
Don Bosco insistait pour que Dieu soit présenté comme le père de tous les hommes et, à
cette fin, il utilisa l'image du Bon Pasteur. Cette image a été retenue dans les Constitutions
salésiennes qui affirment : les salésiens sont « particulièrement sensibles à certains traits de la
figure du Seigneur [...] son attitude de Bon Pasteur qui conquiert par la douceur et le don de
soi». Les fils de Don Bosco essaient d'imiter le Bon Berger, de se mettre à sa suite, pour
devenir « signes et porteurs de l'amour de Dieu pour les jeunes, spécialement les plus pauvres».34
Cette image est fort féconde et évocatrice pour tout éducateur chrétien encore aujourd'hui.
Le regard porté par les salésiens à cette parabole est bien particulier. L'enclos par
exemple, pour l'éducateur, est le milieu éducatif qui doit devenir une maison, une Église et une
cour où trouver des amis. Selon une interprétation du Bon Pasteur plus proche du récit de l'enfant
prodigue (Luc 15,11-32), le berger permet à la brebis d'être libre, il favorise sa liberté.35 Ainsi,
l'attitude salésienne devrait viser plusieurs choses : permettre au jeune de prendre sa liberté et
l'aider à revenir à ses racines, pour ne pas couper le rapport avec sa communauté d'origine et
perdre son identité.
La recherche de la brebis dans la parabole montre l'amour et la miséricorde du Christ. Un
amour qui pousse plus loin dans la recherche de l'autre. Le récit biblique engage donc l'éducateur
à présenter un autre type de Dieu, ami et proche des jeunes. Un Dieu qui aime celui qui en a le
plus besoin. Les critères de Dieu nous étonnent, ils ne sont plus quantitatifs, mais qualitatifs. Le
père Pascual Châvez dira que le trait typique et le plus scandaleux est celui d'aller rechercher
cette brebis perdue. Nous parlons ici d'une charité capable de faire le premier pas, de mettre de
32 Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 54-55. ' ' Constitutions salésiennes, n° 11.
Constitutions salésiennes, n° 2. 15 Pour l'exégèse, on peut consulter Joachim Jeremias, Les Paraboles de Jésus (Lyon : Éditions Xavier Mappus, 1964), 45-48. 137-140 ; Alain Marchadour, L'évangile de Jean (Paris : Centurion ; Montréal : Novalis, 1992), 140-145 ; Claude Tassin, L'évangile de Matthieu (Paris : Centurion ; Montréal: Novalis, 1991), 192-193. S6 Voir Pascual Châvez « Contempler Christ avec les yeux de Don Bosco, » ACG, n° 384 (2004) : 28.
94
côté la sécurité et de risquer sa vie pour l'autre, puisque Dieu aime les jeunes, Jésus veut leur
bonheur et veut partager leur vie, l'Esprit veut se faire présent en eux. C'est en donnant sa vie
que Dieu sauve les jeunes. 7 Mais il ne suffit pas de proclamer un Dieu proche des jeunes. Les
jeunes ont besoin de modèles concrets de cet amour, pour mieux comprendre celui qui souvent
semble invisible. Dans ce sens l'éducateur doit devenir une icône vivante. C'est la charité
pastorale vécue par l'éducateur qui le portera à avoir un grand amour envers le plus faible. Alors
que l'évangéliste Matthieu parle de la brebis la plus petite, Luc fait référence plutôt à un animal
particulièrement faible, tandis que l'évangile apocryphe de Thomas fait allusion à une brebis
précieuse parce que la plus grosse. Quoi qu'il en soit, dans tous les évangiles, elle est précieuse
aux yeux du Pasteur.
Un autre aspect attire notre attention dans cette parabole : la joie du Pasteur. Nous faisons
encore référence au schéma de Thévenot pour la situer dans l'ensemble du système préventif. Il
s'agit de la joie du Christ, la joie de Dieu, la joie de retrouver celui qui s'était perdu. Cette
dimension engage aussi l'éducateur à se réjouir. « Puisqu'il annonce la Bonne Nouvelle ; il [le
salésien] est toujours joyeux. Il répand cette joie et sait éduquer au bonheur de la vie chrétienne et
au sens de la fête ». Mais il nous manque, dans ce récit, le rite qui réconcilie, puisque seul
l'aspect « joyeux » est retenu. Le rôle du salésien est celui d'illuminer la ritualité d'une autre
dimension, celle de la joie et de la fête : comme dira Domenico Savio (élève de Don Bosco) :
« ici, nous faisons consister la sainteté à vivre très joyeux ».4()
On s'est habitué depuis longtemps à traduire à la suite de la vulgate le « ô 7ioiur| ô x^^ôç »
par le Bon Pasteur, mais le texte grec parle du « beau » Pasteur. La beauté dont parle le texte est
celle du Christ, humble, modeste, caché... il est beau parce qu'il est bon, vrai et prêt à risquer sa
vie. Vrai parce que les brebis savent faire la différence avec les brigands. Le Pasteur qui protège
les brebis nous rappelle toute la dimension préventive du système préventif : « protéger contre »,
éviter le mal ou ceux qui font le mal. Le Bon Pasteur est vrai parce que les brebis sont vraiment
siennes, parce qu'il n'a pas d'arrières intentions ou une double vie. Il est bon, parce que comme
saint François de Sales et Don Bosco, il est devenu une icône de la bonté de Dieu (affabilité.
Cf. Constitutions salésiennes, n° 20. Constitutions salésiennes, n° 17.
,0 Xavier Thévenot a développé la ritualité dans le système préventif. Il dit qu'il y a deux types de ritualités sacramentelles : la réconciliation et l'eucharistie, voir Eduquer à la suite de Don Bosco, 168-169. 40 Traduction de « Sappi che noi qui facciamo consistere la santità nello stare molto allegri », Giovanni Battista Lemoyne, Memorie biogrqftche di Don Giovanni Bosco, vol. 5 (S. Benigno Canavese : Scuola Tipografica e libraria salesiana, 1905), 356.
95
cordialité, gentillesse...). Pour le salésien, récupérer le sens de la beauté est très important,
d'autant plus aujourd'hui alors que nous parlons facilement d'esthétique et d'écologie. Dans les
maisons salésiennes, l'éducation à la beauté, à l'art, à la musique, au théâtre ont toujours eu une
place prépondérante. Quelque part, cet intérêt pour le beau nous rattache à la vie du berger,
source de toute beauté et bonté, de tout ce qui est bon et vrai.
Ajoutons une note bien particulière, celle faite par le pédagogue salésien Jean-Marie
Petitclerc, selon qui, en laissant les 99 brebis dans l'enclos, le Bon Pasteur leur fait confiance,
c'est l'optimisme et la confiance éducatifs. Cette interprétation, qui sort du cadre exégétique,
reste du moins assez suggestive.
Pour terminer cette section, il ne faut pas oublier la capacité de pardon, l'ascèse,
l'humilité et la force du Pasteur. Comment ne pas rappeler les recommandations de la sainte
Vierge à Jean Bosco, lors du songe particulier qu'il a fait à l'âge de 9 ans : « devient humble, fort
et robuste ».
Conclusion
À la fin de ce chapitre, il nous semble important de signaler brièvement de quelle façon
ces éléments seront brièvement repris dans la suite de notre réflexion : avant tout, la réflexion sur
le système préventif. Elle est nécessaire pour la compréhension du travail du groupe de
recherche, lequel fera toujours référence aux éléments que nous avons présentés. Mais aussi pour
comprendre la théologie et la théologie de la mission à laquelle adhérent les salésiens.
Ces pages ont également fait ressortir aussi les originalités du système préventif,
notamment au niveau de prévention, d'affectivité en éducation et tout particulièrement le rapport
foi - culture. Sans ce préalable, le discours qui suivra serait incomplet et difficilement saisissable.
Nous pouvons reconnaître dans ce chapitre le « réfèrent » salésien, qui comme nous avons essayé
de le montrer a toujours besoin d'une herméneutique pour être compris.
La réflexion qui concerne les fondements théologiques du système préventif,
l'incarnation, la libération, la résurrection du Christ et le salut dans l'au-delà, sera reprise dans la
recherche sans isoler les différents éléments. Pour ce qui concerne le salut, par exemple, le sujet
sera abordé par le groupe de recherche quand il analysera la question du paradis.
41 « Cresci umile, forte e robusto », Giovanni Bosco, Memorie (Torino : ELLE DI Cl, 1986), 15. Voir aussi au à la page 74, chapitre II, note n° 1.
96
La notion de gradualité sera aussi féconde pour comprendre une démarche d'inculturation
qui se veut progressive et respectueuse des personnes, cette gradualité étant très liée au processus
et à la continuité.
Un aspect qui mérite une attention particulière est la question de l'ouverture au pluralisme
du système préventif, dans la mesure où le groupe de recherche était pluraliste et qu'au sein de
celui-ci les participants appartiennent à différentes confessions religieuses.
Toute la dimension théologique et biblique est également à retenir pour l'évolution de
notre travail. Le schéma de Thévenot, avec plusieurs variations et remises en question, permet de
bien situer ces différents aspects dans une perspective plus théologique. Parmi les apports
nouveaux, nous allons ajouter dans les réflexions qui suivront une clarification du but (salut), afin
de dépasser l'approche trop éthique proposée par Thévenot.
L'incarnation et l'amour de Dieu seront des notions qui reviendront dans l'analyse
théologique de la recherche. Dans le quatrième et cinquième chapitre, elles seront mises en
dialogue avec la culture, ce qui nous permettra une approche assez originale de notre sujet de
recherche et des conclusions très suggestives.
Nous croyons avoir aussi donné un vocabulaire de base pour mieux saisir ce que le groupe
a dit et l'analyse théologique que nous allons proposer.
l>7
CHAPITRE III
CUEILLETTE DES DONNEES
Dans ce troisième chapitre, nous aborderons les questions concernant la mise en place de
la R-A et de la recherche documentaire, ainsi que ses résultats. En premier lieu, nous allons
présenter les moyens utilisés pour la cueillette des données : les interviews individuelles, les
interviews de groupe ou la R-A et la documentation à Clairvaux. Nous indiquerons aussi les
techniques employées pour recueillir ces informations. Ensuite, au deuxième point, ce sont les
composantes de la méthode qui occuperont notre attention. Au troisième point, nous nous
attarderons à expliquer la durée et la procédure de recherche. Au quatrième point, nous parlerons
du choix des participants et ensuite au cinquième, de la méthode d'analyse des données :
condensation des données, présentation et organisation des données, et interprétation des
résultats. Dans le sixième point, nous présenterons les résultats de la R-A ordonnés par rencontre.
Au septième point, nous allons exposer en détail les résultats de la recherche documentaire depuis
l'arrivée des salésiens à Clairvaux jusqu'à nos jours. Enfin, au huitième point, nous ferons le lien
entre les deux recherches, pour dégager les éléments les plus significatifs, les correspondances et
les écarts. Nous terminerons avec une réflexion qui mettra en rapport les résultats et les objectifs
de la recherche, soit la compréhension et l'évaluation du processus, de façon à ordonner les
informations obtenues en vue d'une analyse.
1. Moyens utilisés pour la cueillette des données
Par cueillette de données nous entendons les procédés pour recueillir les informations se
rapportant à la recherche. Pour la compréhension et l'évaluation du processus d'inculturation du
système préventif à Clairvaux, nous avons donc procédé de la manière suivante : des interviews
individuelles, des interviews de groupe ou R-A, un repérage et une analyse des documents et
d'archives concernant Clairvaux.
Nous rappelons que la théologie pratique concerne les pratiques, toutes ces pratiques nous
sont arrivées dans un langage et sont codifiées. Il n'est donc pas possible de les saisir et de les
analyser hors du langage et c'est dans ce sens que nous disons que la pratique nous arrive avec
une médiation, dans notre cas celle de la parole et ensuite cette parole codifiée dans un écrit
(Verbatim). Ceci explique en partie pourquoi, pour l'analyse de nos interviews, nous avons dû
travailler sur un écrit. C'est le groupe même qui, en premier lieu, a réalisé ces Verbatim et les
procès-verbaux, ces derniers étant le point de départ de presque toutes les réunions, sauf la
99
première. Cette démarche nous a permis de produire trois sortes de documents : les Verbatim des
rencontres, le compte rendu donné au groupe à la fin des huit réunions et cette thèse.
1.1 R-A ou interviews de groupe
Ce que nous appelons interviews est en fait une R-A, dans cette thèse donc les expressions
« interviews de groupe » et « R-A » sont synonymes. Il s'agit de réunions dans lesquelles les
participants prennent la parole et discutent autour d'un thème ou des questions. La R-A a
constitué la plus grande partie du travail de recherche et la plus grande source d'information et de
changement chez les participants.
La R-A a été réalisée en huit réunions, celles-ci ont été enregistrées sur CD audio dans un
studio de la Radio Don Bosco à Antananarivo.1 Un document retranscrivant les enregistrements a
été rédigé. Il s'agit de 236 pages de Verbatim que l'on trouvera en annexe. Les Verbatim des
réunions étant trop longs, le groupe a préféré utiliser le résumé des réunions que je préparais,
ainsi que les procès-verbaux élaborés par la secrétaire, pour suivre l'évolution de la recherche.
À propos des techniques, j'ai utilisé un journal de bord pour transcrire des aspects plus
personnels et intimes, des observations, des impressions, des éléments importants, des réactions,
des interprétations du groupe. Ce journal avait un caractère plus subjectif.
1.2 Interviews individuelles
Pendant la recherche, une interview individuelle par participant a eu lieu, d'une durée
d'environ une demi-heure. L'interview a été anonyme, et, avec l'accord des participants, son
contenu devait enrichir la discussion du groupe de recherche. À caractère semi-directif, elle était
centrée sur le sujet de la recherche.
Ces interviews ont été enregistrées sur cassette audio et ensuite transcrites intégralement.
Elles se sont déroulées à partir de la quatrième réunion de recherche et nous ont fourni de
nouveaux éléments. Suite à ces interviews, nous avons pu proposer au groupe de réfléchir sur des
sujets qui dans un premier temps n'avaient pas été retenus comme importants, ou que, par
pudeur, il avait préféré, dans un début de recherche, ne pas aborder. Ainsi, par exemple, les
thèmes de la cohabitation protestants et catholiques, du système préventif et l'économie, se sont
1 Radio Don Bosco, B.P 60-105 Ivato Aéroport. rdb@wanadoo.mg. 2 II s'agit des membres du groupe de recherche, sauf l'auteur de cette thèse.
100
ajoutés à la discussion du groupe et ont complété sensiblement le travail. Nous avons obtenu ainsi
158 pages de Verbatim.
Ces interviews ont été très valorisantes pour les intervenants. Elles ont aussi permis à
certains de faire une vraie catharsis, et d'exprimer des souffrances liées au processus
d'inculturation à Clairvaux. On pourrait même avancer que, sans le vouloir, la recherche a eu un
rôle thérapeutique pour quelques intervenants, dans la mesure où celui qui recevait leurs
confidences était un prêtre, selon eux digne de confiance et capable de discrétion. Il faut aussi
préciser que ce rôle thérapeutique a été rempli en partie par la R-A.
Même si ces interviews individuelles sont intéressantes, nous ne les travaillerons pas,
fondamentalement pour deux raisons : parce que leur rôle dans la recherche s'est avéré peu
significatif, voire négligeable, et, de plus, le matériel de la R-A était déjà suffisamment abondant
pour porter la recherche à son terme.
Nous signalons les questions qui ont été posées aux intervenants :
• Question d'introduction: flry taona no efa niasanareo tato amin'ny Clairvaux? (Depuis
combien d'années travaillez-vous à Clairvaux ?)
• Question générale : inona no hevitrao momba ny système préventif ? (Qu'est-ce vous pensez du
système préventif ?)
• Question de relations : ahoana no fahitanareo ny flfandraisan 'ny système préventif sy ny
kolontsaina malagasy ? (Comment voyez-vous le rapport, système préventif et culture
malgache ?)
• Misy zavatra ve, izay tokony ho resahina eo amin 'ny gropy ? (Y-a-t-il autre chose qu'on devrait
parler au sein du groupe ?)
1.3 Recherche documentaire
Lors de notre recherche, nous nous sommes posé quelques questions : puisque le
processus d'inculturation est aussi un processus historique, comment faire pour éviter une
recherche dissociée du passé ? Comment faire pour écouter aussi ceux qui ne sont plus là pour
prendre la parole, notamment les salésiens missionnaires ? Comment faire pour saisir des aspects
sous-entendus ou peut-être oubliés ? Comment faire pour trouver des éléments éclairants tant
pour le lecteur que pour la recherche elle-même ?
101
En prévoyant dès le début ce déficit d'informations, nous avons entamé une recherche
documentaire. Avant tout, une étude des documents salésiens disponibles depuis vingt ans à
Clairvaux, en malgache, italien et français. Cela s'est révélée nécessaire pour déterminer le point
de départ, situer la question de recherche dans le temps et suivre son évolution. Nous avons donc
répertorié et lu tout ce qui a été écrit sur Clairvaux, de façon à nous assurer un ensemble le plus
complet possible d'informations. Nous avons utilisé des sources inédites telles que le cahier des
visites provinciales, les procès-verbaux du conseil de la communauté salésienne et la chronique
de la maison. Ces documents, à caractère historique, anecdotique et juridique, nous ont permis
d'avoir une vue d'ensemble de la vie de Clairvaux dès 1984 à nos jours. Il s'agit de plus de 700
pages de matériel. Malgré les limites et le caractère si varié de ces documents, nous avons pu
découvrir des convergences, des écarts et aussi des évolutions.
Nous précisons que cette recherche documentaire a eu lieu après la R-A. On pourrait donc
se demander pourquoi elle n'a pas été menée au préalable afin d'aider les participants dans leur
travail. Les raisons de ce choix sont variées. En premier lieu, cette recherche documentaire nous a
paru inutile pour le groupe dans la mesure où, d'une part, tous les participants font partie, d'une
manière ou d'une autre, de cette histoire, et, d'autre part, parce que nous ne voulions ni orienter
ni influencer le groupe à l'avance. Il était essentiel que ce soit le groupe lui-même qui identifie
les éléments à prendre en compte. Mais il y avait aussi une autre raison : certaines informations
étaient confidentielles et ne pouvaient pas être divulguées au groupe, dans la mesure où elles
concernaient des personnes encore vivantes, notamment des religieux salésiens.
Nous avons considéré qu'il était peu judicieux de procéder à la lecture et à l'analyse de ce
matériel sans avoir avant tout une grille de lecture, laquelle a été élaborée à partir des thèmes que
le groupe de recherche a identifiés. Du point de vue de la recherche donc, la lecture de ces
documents est postérieure et nous avons préféré conserver cet ordre dans la présentation des
résultats de recherche de façon à montrer comment grâce au travail du groupe, il nous a été
possible d'ordonner l'information documentaire.
Pour ce qui concerne le compte rendu de cette recherche, nous avons utilisé comme critère
important le respect des hommes et femmes qui travaillent ou ont travaillé à Clairvaux. Ainsi,
quand certaines informations se révélaient nécessaires mais nuisibles à ces personnes, nous avons
préféré ne pas les nommer et rendre compte seulement des faits sans indication de noms. Tandis
que dans le Verbatim nous avons changé leurs noms.
102
Nous n'avons pas retenu non plus certaines informations que le groupe lui-même n'a pas
voulu garder dans le procès-verbal, les points qui n'ont pas soulevé l'attention du groupe de
recherche lors des discussions, les informations anecdotiques et les longs récits de vie. Si, dans
les faits, nous avons négligé certaines informations apportées par la documentation écrite, c'est
simplement parce que, selon la grille que nous avons produite, elles n'ont pas été considérées
comme suffisamment pertinentes par rapport aux objectifs de la recherche ou bien elles nous
semblaient concerner des personnes encore vivantes, comme nous venons de le mentionner.
2. Composantes de la méthode en R-A
La notion de cycle est toujours présente quand on réalise une R-A : on parle de cycle
spiral. Nous l'avons utilisé selon le sens défini par Michelle Lessard-Hébert : « un ensemble
ordonné de phases qui, une fois complétées, peuvent être reprises pour servir de structure à la
planification, à la réalisation et à l'évaluation d'un deuxième projet, et ainsi de suite ». Le cycle
spiral nous a permis de dépasser le risque des informations faussées par les participants. Grâce à
cette méthode, par exemple, après la lecture du procès-verbal, les participants pouvaient corriger
ce qu'ils avaient exprimé antérieurement.
Au commencement des réunions, nous avons proposé d'avancer en distinguant les
thèmes, mais déjà à partir de la deuxième réunion, le groupe a préféré les mettre en relation les
uns avec les autres. Nous avons procédé de façon circulaire. Ainsi, les thèmes étaient retravaillés
à plusieurs reprises, pour mieux les approfondir et les clarifier, jusqu'à épuisement ou saturation,
avant d'aborder de nouvelles questions. De cette façon, par exemple, nous avons parlé de la
culture malgache toujours en rapport avec le système préventif, ce qui montre bien la pensée
malgache « d'intégration ».
Suivant le principe de travail collectif, c'est le groupe qui, tout au long de la recherche, a
évalué le travail, cette démarche ayant lieu à chaque réunion. Lors de la dernière réunion, nous
avons procédé à une évaluation plus approfondie de l'ensemble de la R-A.
Les informations ont été recueillies avec soin, dans des carnets, par une secrétaire et aussi
enregistrées sur des CD. Toutes les procédures présentées dans la proposition soumise au Comité
3 Michelle Lessard - Hébert, Recherche action en milieu éducatif, 13. 4 Pour une compréhension plus approfondie de ce type de logique, voir Robert Dubois, L'identité malgache. La tradition des Ancêtres (Paris : Karthala, 2002), 33. Selon l'auteur, ce type de pensée met en évidence les différences dans l'univers mais ne sépare pas de l'univers.
103
d'éthique de la recherche de l'Université Laval (CERUL), depuis l'aspect technique
(enregistrement, écriture en malgache, etc.) jusqu'au compte rendu donné aux participants, ont
été respectées, notamment la signature de documents (contrat, présences, etc.). Tout a été codifié
et documenté.
Nos réunions ont été organisées de la manière suivante :
1. un moment de prière au début, demandé par les participants, à partir de la troisième
réunion ;
2. un moment d'échanges sur les changements qui ont eu lieu chez les participants à la suite
des réunions ;
3. une lecture du procès-verbal de la dernière réunion et d'éventuelles corrections ou
commentaires ;
4. le choix du thème de réflexion à discuter en groupe au cours de cette rencontre et
discussion sur ce thème ;
5. un mot de conclusion ou d'évaluation sur la réunion en cours faite par chaque participant ;
6. un moment de prière à la fin, aussi sollicité par les participants, à partir de la deuxième
réunion.
Suite aux réunions, le chercheur rédigeait un résumé des débats et des échanges, et la
secrétaire préparait à son tour le procès-verbal. Chaque réunion était précédée par la distribution
d'un résumé de la rencontre antérieure, toujours envoyé à l'avance, accompagné d'une
proposition d'ordre du jour pour la réunion suivante. Le résumé de chaque réunion facilitait le
lien entre les rencontres et le choix des thèmes. Il laissait aussi entrevoir l'état d'avancement de
notre recherche collective. Ensuite, l'animateur du groupe conduisait le débat, s'informant des
échos ou changements qui avaient eu lieu depuis la dernière rencontre. Après, nous abordions les
thèmes proposés par le groupe. Les nouvelles questions étaient conservées pour la prochaine
réunion.
C'est autour des objectifs de la recherche que s'orientait et s'organisait la discussion des
thèmes. Les interviews individuelles, comme nous l'avons dit, nous ont fourni, quant à elles,
deux éléments additionnels à examiner en groupe : le système préventif et l'économie, le système
préventif et l'œcuménisme.
104
À la fin de la recherche (juillet 2005), nous avons expliqué et distribué un rapport écrit de
conclusion pour les intervenants. Cette façon de faire nous différencie de la perspective de
Michelle Lessard qui ne considère pas ce rapport comme obligatoire.
Terminons ce paragraphe en disant que la méthode a été appliquée avec flexibilité, ce qui
a permis de la mettre toujours au service du projet de recherche et non l'inverse.
3. Durée et procédure
Cette recherche avait été préparée depuis longtemps. En 1999, nous avions commencé à
donner des formations de base pour les nouveaux professeurs et éducateurs, et de recyclage pour
les anciens professeurs et éducateurs de Clairvaux. Ces formations étaient articulées autour de
deux thèmes : la culture malgache et le système préventif. L'année 2003, des réunions
informelles ont eu lieu, de façon à habituer le groupe à travailler ensemble et à créer petit à petit
un climat de confiance nécessaire à la recherche qui allait commencer en septembre 2004.
Nous avons eu l'approbation du CERUL le 31 août 2004. Les invitations à la réunion
d'information sur la recherche furent distribuées le 13 septembre 2004. Cette réunion
d'information a eu lieu le 27 septembre 2004. À ce moment, le « contrat » a été expliqué et
distribué.' La procédure a été scrupuleusement respectée : invitation non coercitive, délai pour
répondre, etc. Cette rencontre a duré un peu plus d'une heure. Une semaine a été donnée pour que
les personnes intéressées à participer se manifestent et signent le contrat.
Nous avons décidé de jumeler les dernières réunions (cinquième et sixième rencontres ;
septième et huitième rencontres), parce que les rencontres semblaient trop courtes et éloignées, et
à cause des difficultés propres aux déplacements à Madagascar.
Nombre de rencontres Dates Durée
Réunion d'information
Première rencontre
Deuxième rencontre
Troisième rencontre
Quatrième rencontre
27 septembre 2004 Durée : lhOO
2 octobre 2004 Durée : 2h20
13 octobre 2004 Durée : 1 h30
28 novembre 2004 Durée : lhl5
2 décembre 2004 Durée : lhOO
5 Voir le « contrat » et sont approbation par le CERUL dans le deuxième tome de cette thèse aux annexes 2 et 3.
105
Cinquième et sixième rencontres 10 décembre 2004 Durée : 2h00
Septième et huitième rencontres 21 janvier 2005 Durée : 2h20
Compte rendu de la recherche 06 juillet 2005 Durée : lhOO
Quelle a été mon interaction en tant que chercheur avec le groupe de recherche ? Ma place
en tant que chercheur a été définie depuis le début (première rencontre d'information). À ce
moment, j 'ai expliqué les objectifs de la recherche et la place que j'allais occuper dans le
déroulement de celle-ci (quatrième objectif de la rencontre d'information). Il a été ainsi dit que je
voulais faciliter la réflexion et aider les intervenants à ne pas perdre de vue les objectifs de la
recherche, mais que, d'aucune manière je n'allais parler à leur place. La responsabilité
pratiquement totale de la recherche a été confiée au groupe. Ce sont également eux qui ont choisi
leur animateur ainsi qu'une secrétaire. Je me suis limité à préparer l'ordre du jour et à ordonner la
réflexion, en proposant plusieurs variantes selon les thèmes identifiés par le groupe.
Lors de la première réunion, une question concernant une manipulation de ma part a été
posée par un intervenant, à laquelle cinq autres ont répondu en disant qu'il n'y avait aucune
manipulation, ils ont énuméré quelques raisons. J'ai observé le silence, et ils ont réglé la question
entre eux. Une fois le problème résolu, la recherche a pu démarrer (voir point 6.1).
Durant le déroulement des travaux, il n'y a point eu d'ambiguïtés ni de malentendus sur
ma position, même si, à certains moments, j'aurais voulu expliquer ou bien clarifier certaines
choses, surtout quand il s'agissait d'erreurs théoriques. J'ai préféré rester le plus discret possible
pour ne pas empêcher le groupe de s'exprimer librement. Je pensais que le temps et la méthode
allaient permettre de trouver les réponses, ce qui fut le cas.
Je n'ai pas eu besoin de désamorcer de conflits. À l'occasion d'une rencontre seulement
j 'ai dû ordonner la réflexion pour ne pas perdre de temps et éviter de tourner en rond ou encore
de répéter de manière non significative, voire inutile, les mêmes choses.
J'ai essayé de motiver les intervenants dès le commencement. Ensuite, ce n'était plus
qu'une question d'« engouement », puisque la recherche a continué à les captiver totalement. À
certains moments, je n'ai pas pu m'empêcher de signaler l'importance des découvertes faites,
cela servait à renforcer et valoriser le travail fait par le groupe.
106
4. Choix des participants
Si depuis le début nous avons décidé de prendre comme groupe de recherche des
professeurs et éducateurs travaillant à Clairvaux, il nous fallait avant d'entamer la recherche
définir les critères pour leur sélection, de façon à rendre le groupe représentatif. Les critères de
sélection ont été les suivants :
• différents types d'engagements : à l'école primaire, au Centre de formation
professionnelle et à l'internat ;
• différents degrés d'ancienneté : certains embauchés récemment et d'autres depuis plus de
vingt ans (certains travaillaient à Clairvaux avant l'arrivée des salésiens) ; • différents degrés d'assimilation du système préventif;
• mixité : hommes et femmes ;
• interconfessionnel : catholiques et protestants ;
• capacité de s'engager à moyen terme et de s'exprimer en groupe avec un esprit critique.
Lors de l'inscription à la recherche, nous avons prévu un nombre de dix participants en
plus du chercheur, en pensant que certains n'allaient pas adhérer à cette initiative. Bien au
contraire, tous les invités ont accepté de participer et n'ont manqué aucune session de travail.
Cela démontre le grand intérêt que la recherche a suscité.
Ainsi les participants étaient 11 au total, correspondant aux catégories suivantes :
9 catholiques et 2 protestants ;
3 femmes et 8 hommes ;
8 professeurs, 2 éducateurs et le chercheur;
3 coopérateurs salésiens,6 2 diacres protestants, 5 laïcs ; 1 prêtre (le chercheur)
8 responsables de secteurs ou ateliers, 2 non responsables directs et 1 ancien
responsable (le chercheur).
6 Branche laïque de la famille salésienne engagée par une promesse.
107
5. Méthode d'analyse des données de la R-A
Ce que nous appelons analyse de données correspond à ce que Michelle Lessard-Hébert
classifïe comme évaluation des résultats. Pour ce travail, nous avons suivi le modèle interactif
d'analyse des données proposé par Huberman et Miles ainsi que la manière de présenter • i 7
l'évaluation de Michelle Lessard-Hébert. Il faut préciser que cette analyse qualitative s'est faite
tout au long du processus de recherche. La première phase a été la condensation des données,8
opération continue qui a consisté à organiser le matériel pour pouvoir ensuite le traiter. Le
matériel de base a été le rapport intégral de la session de travail ou Verbatim. Il y a eu deux types
de condensations, l'une, faite par le groupe, le procès-verbal de la rencontre, et l'autre faite par le
chercheur, la fiche résumé. Nous avons ainsi pu identifier des unités de base d'analyse ou des
unités de sens. Cette opération a exigé un lexique et des conventions pour le codage de façon à
réduire ces unités à un ensemble manipulable. Cet ensemble de données nous a permis d'élaborer
au fur et à mesure que nous avancions des stratégies quant à la façon d'en recueillir de nouvelles,
ce qu'on appelle une condensation concomitante.9
Il fallait présenter et organiser les données de façon claire, afin de permettre au groupe
d'avancer. Pour y parvenir, nous avons élaboré une grille à partir des objectifs de la recherche10
et ensuite une matrice en croix (à quatre espaces) organisait le matériel par titres : aspect abordé
du système préventif ; problèmes à résoudre ; nouveautés ; éléments à comprendre - évaluer -
approfondir. Dès la troisième rencontre, cette grille a évolué vers une matrice plus simple : sujets
traités (petit résumé) ou sujets approfondis et nouveaux sujets à partager. Ce processus de
classification a été long et nous avons dû faire un « nettoyage » ou tri des données à plusieurs
reprises.
L'interprétation des résultats a consisté à identifier les facteurs qui peuvent expliquer les
résultats obtenus. Ceci a signifié attribuer une signification aux données. Nous avons donc dû
relever des régularités, des schémas, des explications, des configurations possibles, des tendances
causales, des propositions et des conclusions provisoires. L'analyse a consisté à rechercher des
On lira sur la question Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements et pratiques, 69-85 ; Michelle Lessard-Hébert, Projet d'intervention en milieux éducatifs. Guide méthodologique, Les Cahiers de l'Agence, n° 5 (1990), 94-105 ; Michelle Lessard-Hébert, Recherche action en milieu éducatif, 91-109. 8 Pour ce qui concerne la condensation des données, elle est considérée par certains auteurs comme faisant partie de l'analyse. 9 Voir Michelle Lessard-Hébert et collab. La recherche qualitative. Fondements et pratiques, 74. 10 Au sens d'une catégorie, d'un concept, d'un thème ou objet d'étude.
108
relations entre les différents éléments (composantes) et entre les éléments et le tout, ce qui
explique en partie la complexité du travail.
Pour ce qui concerne la validation, elle a été réalisée à plusieurs niveaux. D'abord, au
niveau de la recherche elle-même, autrement dit grâce à la mise en relation entre la R-A et
documentation disponible à Clairvaux, nous avons pu obtenir une validité instrumentale.
Deuxièmement nous avons obtenu une validation par le terrain et par les participants, cette
validation a été réalisée tout au long de la recherche et particulièrement approfondie lors de la
dernière rencontre.
6. Présentation des résultats de la R-A
Nous allons procéder à la présentation des résultats de la R-A selon deux critères : par
ordre progressif des rencontres et en rapprochant les interventions sur un même sujet. Cette
présentation n'est qu'un résumé, le Verbatim complet ainsi qu'une synthèse en français de chaque
réunion se trouvent en annexe. Pour faire ces résumés, nous avons utilisé comme source les
Verbatim, les procès-verbaux corrigés par le groupe et mon cahier personnel.
Élaborer ces résumés était indispensable pour éviter d'alourdir ce document et pour
favoriser la compréhension du processus. Nous avons subdivisé le matériel en trois titres : les
« impressions des participants », ce qui permet de saisir l'ambiance du groupe, les changements
et les conséquences pratiques de la R-A ; le « résumé » proprement dit, qui donne un aperçu
général des propos des intervenants ; et enfin les « observations complémentaires », qui nous
permettent d'informer sur certains aspects importants, difficiles à classifier et pas nécessairement
exprimés par le groupe.
6.1 Première rencontre - 02 octobre 2004
Objectif : Dégager une définition opératoire de la culture malgache et une autre du système
préventif.
Impressions des participants Suite à la rencontre d'information, certains participants affirment avoir commencé à
réfléchir et à lire des documents se rapportant à notre recherche.
109
La discussion continue par l'échange des impressions à propos de cette recherche. Nous
pouvons résumer ainsi ce mélange de sentiments et d'idées : la surprise, car ils ne s'attendaient
pas à ce que les salésiens descendent vers les laïcs et, deuxièmement, ils interprètent cette
recherche comme une marque de confiance en leur capacité d'aider les salésiens. Le groupe est
étonné aussi face à la recherche, qu'il considère comme quelque chose de nouveau. Certains
intervenants affirment avoir peur de ne pas atteindre les objectifs de ce travail et ils se demandent
comment faire pour y arriver. D'autres voient dans cette recherche un moment de recyclage
intellectuel, une sorte de réveil. Le groupe en général est content et il remercie le père qui fait la
recherche. Ils remercient aussi Dieu pour cette opportunité. Les participants expliquent comment
cette recherche rejoint un besoin qu'ils avaient depuis longtemps, quelqu'un dira vouloir écrire
depuis longtemps un livre concernant l'éducation, un autre dira vouloir écrire un mémoire.
Une question dérangeante est posée par un intervenant : « est-ce que le père nous
manipule en faisant cette recherche ? » La question voudrait clarifier si le groupe de recherche est
objet ou sujet de la recherche. Cinq personnes répondront à la question, en disant qu'il n'y a pas
de manipulation et qu'ils sont les vrais chercheurs. Les raisons qui ont été évoquées sont les
suivantes : « cette recherche sera pour Madagascar et pour le bien des jeunes » ; « nous sommes
contents de faire cette recherche » ; « le fait de parler en liberté, de rechercher, de nous écouter
c'est quelque chose de très important»; «cette recherche répond à un désir que j'avais en
moi » ; « cette recherche peut m'aider » ; « en regardant la composition du groupe »
(probablement il veut dire que c'est un groupe qui peut travailler un sujet si complexe) ; « cette
recherche renforce nos bases et fondements » ; « c'est une façon pour le père de continuer à
travailler pour Clairvaux ». Après ces interventions, la personne qui avait posé la question dira
qu'elle voulait simplement savoir si les participants avaient les idées claires.
Résumé de la rencontre
Cette première rencontre a permis au groupe d'échanger des idées sur le concept de
culture. Même s'il n'a pas réussi à élaborer une définition en tant que telle, tous les éléments les
plus importants sont ressortis : le lien avec le passé (une tradition), la littérature, les relations
entre personnes, les ancêtres, la croyance en dieu, les idoles, le respect des anciens, la
différenciation sociale, les croyances (on en a énuméré plusieurs) et les différences à l'intérieur
de la même culture malgache à cause des dix-huit tribus, mais aussi du milieu (la ville ou la
110
campagne). Les intervenants disent que la culture malgache a été influencée par le christianisme,
la mondialisation, d'autres cultures, bref le résultat est une culture malgache métissée et en
évolution. La culture est une richesse mais elle comporte aussi des limites.
Pour ce qui concerne la définition du système préventif, le groupe a seulement effleuré la
question, trois choses ressortent de cette première réflexion, le système préventif est présent
partout, il est une ambiance. Ses éléments sont au nombre de trois : la religion, la raison et
l'affection.
Le groupe fait ressortir un élément nouveau, il s'agit du concept « culture Clairvaux ». Ce
concept met en évidence l'esprit de famille entre les personnes à Clairvaux et la structure de cette
famille avec les ray aman-dreny (salésiens et éducateurs). Une caractéristique originale de cette
ambiance est la fête, qui permet aux personnes de se trouver à leur aise, parce qu'au fond ils
trouvent le cœur-amour (c'est-à-dire ils se sentent aimés, appréciés). Le Centre avec ses traditions
(culture Clairvaux) peut aussi être source de conflit, comme quand, par exemple, il s'impose aux
jeunes en faisant d'eux des enfants soumis, autrement dit, quand il manque une gradualité.
À propos de la dimension religieuse à Clairvaux, il a été dit qu'au Centre on ne fait pas de
discrimination de religions. La dimension religieuse à Clairvaux est marquée par la croyance en
Dieu et le respect de la Vierge Marie. Cette croyance en Dieu est omniprésente.
Par rapport à la relation entre culture et système préventif, le groupe a insisté en disant
que pour les ancêtres la prévention est plutôt intuitive (à partir de la nature). Il s'agit d'une sorte
de sagesse qui a été conservée dans les proverbes. La relation entre culture et système préventif
devient problématique quand les salésiens appliquent le système préventif sans tenir compte de la
culture locale.
Des sujets particuliers ont été signalés, ils seront approfondis dans les rencontres
ultérieures : le rapport missionnaires et autochtones, la question de la parole des femmes dans une
culture fondamentalement masculine, « macho » ; le tabou, la peur et la superstition ou
finoanoam-poana chez les professeurs.
À propos du rapport entre missionnaires et autochtones, le groupe a dit clairement qu'il y
a des difficultés liées au rôle d'employeurs des missionnaires et à la place sociale accordée à
chacun au sein de la communauté et de l'institution. La méconnaissance, peut-être le mépris ou le
manque d'estime de la culture locale de la part des missionnaires, a été mise en évidence.
111
Deux éléments de rupture entre la culture et le système préventif ont été signalés. Primo,
dans la culture malgache, l'enfant est négligé, sa place n'est pas importante, tandis que pour le
système préventif, l'enfant est au centre. Secondo, dans la culture malgache, il n'y a pas la notion
d'assistance et pas de réflexion sur celle-ci.
La question du rapport catholiques - protestants est posée dans cette rencontre comme
élément de rupture, mais le sujet n'est pas assez approfondi.
Observations
À la fin de la première réunion, nous pouvons dire que les intervenants ont préféré
travailler plusieurs éléments ensemble, en interrelation, ce qui a rendu un peu difficile la
classification ultérieure.
La première réunion montre aussi que le groupe a compris l'objectif de la recherche :
approfondir la relation entre le système préventif et la culture malgache.
Nous avons donné à lire : Pietro, Lupo. Madagascar. Culture, identité, mondialisation.
Document pour la formation de professeurs à Clairvaux, 12 au 16 août 2002 et un Dossier sur la
culture, à l'attention du groupe de recherche, préparé par nous-mêmes.
Nous pouvons déjà dégager une liste de thèmes qui ont été traités." Nous allons les
numéroter pour faciliter la suite des travaux.
1. Concepts
1.1 Culture malgache
1.2 Système préventif
1.3 Culture Clairvaux
1.4 Mise en relation des concepts
2. Les trois piliers du système préventif
2.1 Religion
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
4.2 Le tabou et le système préventif
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ?
" Cette numérotation a été élaborée à la fin de la recherche. Elle montre la progression de la réflexion.
112
4.5 Le rapport catholiques - protestants
6.2 Deuxième rencontre -13 octobre 2004
Objectif : Définition opératoire du système préventif
impressions des participants
Au début de la deuxième séance de travail, un groupe de participants a demandé de
continuer à approfondir le concept de culture. Cette demande n'a pas été retenue par l'ensemble
du groupe qui a considéré que le temps accordé à la question était suffisant. Ils argumentent en
s'appuyant sur les objectifs de la recherche. Toutefois le groupe ne tranche pas complètement la
question, il laisse une porte ouverte à des ultérieurs développements puisque comme les sujets de
discussion seront traités de manière circulaire, qu'ils appellent « mifangaro » (mélangés), il sera
toujours possible de parler et de revenir sur la question de la culture.
Les participants diront qu'entre la première et la deuxième rencontres, ils ont approfondi
le sujet chez eux, par des lectures, à partir du dossier qui a été proposé à la suite de la première
rencontre, d'autres en lisant l'histoire de Don Bosco. Certains affirment avoir réfléchi sur la vie à
Clairvaux. Le groupe se plaint que le temps accordé aux rencontres est insuffisant, ce qui les
empêche d'aller plus loin dans la réflexion.
Les participants affirment que cette recherche les aide, leur permet de s'évaluer, les
éduque, les encourage, les porte à pratiquer... bref, ils sont contents. Le groupe se rend compte
aussi qu'il a de l'expérience.
Résumé de la rencontre Cette rencontre a permis d'approfondir encore le concept « culture Clairvaux », mettant
en évidence le fait que le système préventif est une culture parce qu'il est quelque chose de vécu
(de vivant). La valeur « tsy misara mianakavy » (ne pas se séparer) avait été signalée lors de la
première rencontre. Il avait alors été dit que cet esprit ou ambiance était vécu surtout par chaque
secteur ou atelier. Lors de cette deuxième rencontre, le groupe affirme que ce qui avait déjà été
dit dans la première rencontre ne suffit pas. En fait, il ne faut pas que cette valeur les coupe du
contact et de la richesse d'expérience des autres groupes, c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas
113
s'enfermer. Le travail en équipe, qui est très important, doit avoir deux caractéristiques, l'union et
l'amour.
D'autres éléments nouveaux s'ajoutent à la réflexion : la patience et la réflexion sur le
regard porté envers le jeune, qui doit être positif et plein d'espoir (optimiste). Le groupe signale
encore l'importance de connaître les jeunes et l'écart dans la culture malgache entre l'adulte et le
jeune.
La question de la prévention est développée dans ses trois sens : avant, pendant et après
(l'après est l'ouverture au ciel, le salut du jeune). L'assistance salésienne est décrite comme celle
d'un ray aman-dreny - zoky - sakaiza (parent, grand frère, ami). On parle aussi d'une possible
déviance de l'assistance vers la surprotection. La notion d'équilibre est identifiée par le groupe
comme la voie à suivre pour éviter la perversion de cette dimension du système préventif. La
question de l'amitié entre éducateurs et jeunes est posée, ainsi que ses difficultés, notamment au
niveau culturel.
Le groupe qui avait déjà identifié les trois piliers du système préventif (raison - religion -
affection), commence à les analyser. Les participants signalent la distance existant entre la théorie
et leur propre pratique, ils insistent sur l'importance d'harmoniser la foi enseignée et la foi vécue.
Pour ce qui concerne le métier d'éducateur, il est perçu comme une vocation. L'éducateur
doit être formé et il doit se connaître lui-même. Il a été signalé aussi que l'éducateur doit être un
modèle.
À propos du rapport conflictuel entre salésiens et laïcs, il a été dit qu'il ne se trouve pas au
niveau de la vocation, mais plutôt au niveau du rapport étrangers-malgaches, le conflit étant
considéré comme inévitable, lié entre autres à la culture d'origine. Toutefois, on remarque qu'il y
a aussi des conflits avec le chef: même s'il est malgache on peut être d'accord avec lui
extérieurement sans une véritable conviction.
En ce qui concerne le déplacement trop fréquent du personnel salésien, le groupe le
considère comme négatif, puisque imprévu. Il parle des échanges entre éducateurs comme un
moyen pour surmonter cette difficulté.
114
Observations À la fin de cette deuxième rencontre, les participants s'engagent à préparer une feuille
avec des définitions sur le système préventif.12
De nouvelles lectures sont proposées : Giovanni Bosco, Lettre de Rome du 10 mai 1884
sur l'état de l'Oratorio ; Le Système Préventif dans l'éducation de la jeunesse.
Nous pouvons dégager la liste suivante des sujets traités par le groupe lors de cette
rencontre :
1. Concepts
1.1 Culture malgache
1.3 Culture Clairvaux
2. Les trois piliers du système préventif
2.1 Religion
2.2 Amour
2.3 Raison
3. Dimensions du système préventif
3.1 L'assistance
3.2 La prévention
3.3 Un type de regard sur les jeunes
3.4 L'éducateur et la vocation
4. Sujets particuliers
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones (salésiens missionnaires et laïcs malgaches)
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ? Le rapport adulte - jeune
4.6 Le déplacement trop fréquent des salésiens
6.3 Troisième rencontre - 28 novembre 2004
Objectif : Compréhension et évaluation du système préventif à Clairvaux.
Impressions des participants
Suite aux premières rencontres, le groupe de recherche commence à constater une
évolution et des conséquences. Les participants disent que la recherche les aide à appréhender le
12 Cette feuille ne sera pas travaillée par le groupe, donc nous ne l'avons pas retenue dans l'analyse.
115
vécu et à mettre en application le système préventif. Ils sont contents et satisfaits de ces
rencontres et des solutions proposées, entre autres à cause de l'échange et des changements
qu'elles suscitent.
Le groupe trouve de nouveau que le temps consacré à chaque rencontre est trop court, ce
qui limite les discussions.
Quelqu'un affirme que ces réunions sont comme une retraite et qu'elles le font réfléchir
même après, une fois rentré à la maison.
Résumé de la rencontre Cette troisième rencontre approfondit surtout un élément du système préventif,
l'« affection ». Un nouveau concept a été utilisé pour l'exprimer : «fo feno fitiavana ». Selon le
groupe cet amour peut se pervertir et se transformer en surprotection. L'excès d'amour peut
engendrer des enfants gâtés ou des jeunes passifs. Pour éviter ces risques, il faudrait
responsabiliser les jeunes. Les professeurs ont découvert qu'eux aussi sont parfois gâtés et
égoïstes.
Quant à la dimension rationnelle du système préventif, elle est perçue comme l'élément
qui régule et équilibre le cœur et l'amour (dimension affective). La raison permet d'évaluer.
Le groupe commence à réfléchir sur une conception d'assistance (présence éducative)
restreinte et ouverte. Un nouveau sujet, lié au précédent, a été abordé : le ray aman-dreny peut-il
être assistant ? C'est une bonne question, en fait l'assistance salésienne exige un adulte proche du
jeune, cette conception du rapport éducatif remet en question la tradition malgache où l'adulte est
distant des enfants et jeunes. La présence éducative salésienne des adultes suscite chez les jeunes
des questions par rapport aux relations avec leurs parents, relations qui sont souvent distantes et
difficiles.
Au sujet de la prévention, on lui assigne une caractéristique : prévenir du péché.
À propos des rapports étrangers - autochtones, le groupe a parlé des problèmes de
communication liés à l'attitude des salésiens selon leur poste de responsabilité. La solution aux
conflits c'est la communication, mais elle reste difficile surtout avec des personnes d'origines
différentes.
Un autre point longuement réfléchi a été le déplacement trop fréquent des salésiens. Ce
type de changement est problématique pour deux raisons : à cause du déplacement lui-même, car
116
il produit de l'instabilité, et deuxièmement à cause de la manière avec laquelle il a lieu, puisqu'il
est imprévu. Le changement, surtout du directeur, est source d'instabilité institutionnelle, de
désordre et affecte tant les laïcs que les jeunes. Le déplacement est aussi vu comme une
opportunité offerte aux laïcs de prendre des responsabilités et d'apprendre à s'adapter. Le
changement chez le personnel salésien signifie aussi que les laïcs sont mûrs pour assurer la
continuité. Il reste que tout changement doit être préparé.
Observations
L'une des choses les plus intéressantes de cette réunion, c'est comment les membres du
groupe s'organisent pour travailler les thèmes en relation, de façon circulaire.
Nous pouvons dégager la liste suivante des sujets traités lors de cette réunion :
1. Concepts
1.2 Système préventif
2. Les trois piliers du système préventif
2.2 Amour
2.3 Raison
2.4 L'équilibre entre les trois piliers
3. Dimensions du système préventif
3.1 L'assistance
3.2 La prévention
3.4 L'éducateur et la vocation
4. Sujets particuliers
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ?
4.6 Le déplacement trop fréquent des salésiens
6.4 Quatrième rencontre - 2 décembre 2004
Objectif : Évaluer et continuer à mettre en relation les éléments pour mieux comprendre le
système préventif à Clairvaux
117
Impressions des participants Le groupe a dit qu'il faut trouver une bonne distance entre les rencontres, ni trop proches,
ni trop éloignées. Les participants considèrent encore insuffisant le temps accordé à la réflexion,
autrement dit les rencontres sont trop courtes.
La recherche continue à être source de changements, ainsi les intervenants ont identifié
des aspects qui concernent le questionnement personnel et le vécu du système préventif. Le
groupe a dit que la recherche les valorise, parce qu'ils prennent conscience de la richesse du
partage des idées et des expériences.
Résumé de la rencontre
Le groupe continue à mettre en relation les éléments liés à la recherche, tout en insistant
sur le décalage entre théorie et vécu.
Le concept « foncer » a été utilisé pour définir l'effort dans la mise en pratique du système
préventif, mais l'effort doit être accompagné de la patience, la compréhension, la communication
et l'engagement de tous.
Le groupe confirme l'efficacité de l'application du système préventif. Deux
perversions de la dimension rationnelle du système préventif ont été identifiées : quand la liberté
à l'intérieur du système préventif dévie vers un laisser-faire et quand l'initiative des éducateurs
est trop développée ou exagérée, ce qui porte à une confusion de rôles entre personnes.
À propos de l'amour, les intervenants ont ajouté qu'il est un partage de vie.
Pour ce qui concerne l'ambiance, trois types de rapports ont été signalés : éducateurs -
jeunes ; jeunes - jeunes ; éducateurs - éducateurs. La confiance est la base de la bonne ambiance à
Clairvaux ; sans elle on détruit l'ambiance.
En parlant de la difficulté dans le rapport avec les salésiens étrangers, le groupe souligne
que, souvent, on a peur du chef, même s'il n'est pas étranger.
Le thème le plus discuté par le groupe dans cette rencontre a été celui de la vocation. Des
éléments de cette vocation sont identifiés : l'amour qui pousse les éducateurs à « foncer» ; la
générosité dans le travail qui les pousse à travailler plus et à partager leur vie ; le type déjeunes
avec lequel les professeurs travaillent ; l'objectif dans l'éducation des jeunes. Les professeurs et
les éducateurs se sentent appelés par Dieu à éduquer les jeunes ; chacun a les talents nécessaires
pour cette mission ; la mission au milieu des jeunes est vécue dans l'amour par les participants ;
118
les éducateurs parlent de persévérer malgré les difficultés. Chaque participant du groupe de
recherche a regardé sa propre histoire à Clairvaux à partir de la clé de lecture « vocation ». Ils ont
découvert ainsi des continuités et des ruptures. Il a été dit que les jeunes ont besoin d'être
accompagnés par des adultes.
On termine la rencontre en rappelant le problème de la parole des femmes et l'importance
pour elles de montrer leur féminité. Elles s'exhortent à vivre leur particularité.
Observations
Plusieurs participants ont été très émus au cours de cette réunion, notamment quand ils
parlaient de leur propre vocation.
Les thèmes suivants ont été abordés dans cette rencontre :
1. Concepts
1.4 Mise en relation des concepts
2. Les trois piliers du système préventif
2.2 Amour
2.3 Raison
3. Dimensions du système préventif 3.4 L'éducateur et la vocation
3.5 L'ambiance
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones
6.5 Cinquième et sixième rencontres -10 décembre 2004
Objectif : Compréhension et évaluation du système préventif à Clairvaux.
Impressions des participants
Suite aux interviews individuelles, deux nouveaux sujets ont été proposés au groupe : le
rapport catholiques - protestants, et le système préventif et l'économie.
Le groupe a fait le bilan des acquis des réunions précédentes et il a souligné qu'après la
dernière rencontre les participants avaient continué à réfléchir à la vocation. Quelqu'un témoigne
119
que, grâce aux rencontres, il prit conscience d'avoir dépassé ses attributions, liées à son rôle, dans
le travail, ce qui avait été à l'origine d'un conflit. Maintenant, il affirme essayer de corriger cette
erreur. Une autre personne parle de son questionnement concernant la vraie application du
système préventif.
Certains participants manifestent leur insatisfaction et d'autres leur satisfaction face à la
recherche. L'insatisfaction est liée au manque de temps. La satisfaction est liée à la réflexion qui
est allée bien loin, à l'analyse des choses en détail, à la bonne discussion et à l'échange d'idées, à
la beauté et l'importance de ce travail. Au fond, le groupe constate que les idées aident. Certains
proposent de faire des réunions comme celles-ci sur d'autres sujets. Le groupe affirme que c'est
la première fois à Clairvaux qu'ils partagent sur le regard que les catholiques portent envers les
protestants et vice versa.
Résumé de la rencontre
On a fait ressortir que le système préventif n'est pas une religion, ce qui explique, selon le
groupe, pourquoi il ne sépare pas les personnes. À propos encore du système, il demande de la
souplesse, une capacité d'adaptation, de la créativité et de la rapidité. Il engage tous les acteurs du
Centre.
Pour ce qui concerne la dimension religieuse du système préventif, le groupe parle du
salut conçu comme « paradis ». À la base de la dimension religieuse nous trouvons l'eucharistie
et la pénitence, ces deux piliers ont beaucoup été approfondis par le groupe. Signalons qu'à
propos de l'eucharistie, le sujet s'est orienté vers l'intercommunion, question qui est restée
ouverte, tandis que, pour la confession, le groupe a réfléchi au témoignage que les éducateurs
doivent donner. Ce qui préoccupe le groupe, c'est la manière dont les éducateurs protestants
pourraient témoigner de leur pratique religieuse. La religion est la force du système préventif,
indispensable dans la formation du jeune, et la foi est trinitaire. Quelqu'un cite le Catéchisme de
l'Église Catholique quand il parle de la religion comme « dressage de la vie, pour qu'elle se
conforme à la volonté de Dieu ».13 Le groupe insiste sur cette cohérence foi - vie. Il parle aussi
d'un Dieu amour, qui donne sa vie. L'éducation dans ce sens doit être le visage de cet amour.
À propos de la dimension rationnelle, le groupe a parlé d'éduquer à l'intelligence
scientifique, ce qui reviendra encore quand les participants parleront du tabou.
1 Nous n'avons trouvé cette expression nulle part dans le Catéchisme de l'Église Catholique.
120
En parlant de l'ambiance, le groupe de recherche a abordé des éléments nouveaux : la joie
et la fête. Dans cette ligne, la semaine est perçue comme une préparation au dimanche, jour de
fête.
Les éducateurs ressentent un lien entre vocation et ambiance. Encore à propos de
l'éducateur, il devrait être modèle dans la pratique de la confession (sacrement), dans la prière,
dans la conduite, autrement dit un vrai témoin de Jésus. Il doit être aussi optimiste. Les
participants ont insisté sur l'importance d'être en règle avec les sacrements et la morale de
l'Église.
À propos de la femme, le groupe voit la Vierge Marie comme un modèle d'éducatrice.
L'objectif de l'éducation a été exprimé de différentes manières, « bon chrétien et honnête
citoyen » ; « évangéliser en éduquant ou éduquer en évangélisant » ; « l'éducation intégrale » ;
« préparer au paradis ».
À propos des rapports salésiens - laïcs, le groupe a identifié la peur, qui habite certains
laïcs, probablement à cause de la colonisation qui a marqué profondément l'inconscient collectif.
La peur, peut aussi avoir des origines dans l'attitude de certains salésiens missionnaires qui ont
humilié les éducateurs et les professeurs. Mais cette dimension douloureuse du rapport a été
vécue de façon différente par chaque participant. Quand il y a respect des différences, il n'y a pas
de problèmes, disent-ils.
La difficulté entre catholiques et protestants est perçue de façon différente. Pour les
catholiques, elle n'est pas grande, tandis que pour les protestants, elle est grande. Pour ce qui
concerne le rapport avec les autres confessions religieuses ou croyances, le problème a été situé
au niveau du tabou alimentaire et des activités spirituelles. Le tabou pose des problèmes en soi, il
est source de conflits, freine le développement et est lié à la sorcellerie. Il faut s'en libérer. Il a été
dit aussi que, pour les chrétiens, il n'y a pas de tabou. À propos des tabous alimentaires, une
démarche pour les dépasser a été proposée :
• Raisonner avec le jeune : demander d'où vient le tabou ; expliquer que s'il y a des
conséquences, on peut les soigner ; donner une explication scientifique au tabou.
• Attitude : ne pas tromper les jeunes ; prendre les choses avec bonne humeur ; être
proches d'eux.
• Méthode : laisser le jeune décider ; prendre du temps, négocier, ne pas isoler le jeune ;
goûter petit à petit la viande tabou ; mettre le jeune devant un choix.
121
• Proposer une démarche spirituelle : confiance en Jésus, la pratique des sacrements et
la prière.
• Travailler avec la famille du jeune.
Observations
Les récits de vie ont été nombreux lors de cette réunion. Le mot « devoir » attire notre
attention puisqu'il a été souvent employé.
Les thèmes traités dans cette rencontre ont été les suivants :
1. Concepts
1.4 Mise en relation des concepts
2. Les trois piliers du système préventif
2.1 Religion
2.2 Amour
2.3 Raison
3. Dimensions du système préventif
3.2 La prévention
3.4 L'éducateur et la vocation
3.5 L'ambiance
3.6 Les finalités
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
4.2 Le tabou et le système préventif
4.3 Le rapport missionnaire - autochtones
4.5 Le rapport catholiques - protestants
6.6 Septième et huitième rencontres - 21 janvier 2005
Objectif : Compréhension et évaluation du système préventif à Clairvaux.
Évaluation de la R-A.
122
Impressions des participants Concernant le bilan des acquis depuis la dernière réunion, les échos sont nombreux :
quelqu'un a dit avoir réfléchi à la maison, surtout en ce qui concerne l'intercommunion et les
différents types de tabous ; un autre a réfléchi à l'histoire de Don Bosco et au système préventif;
(quelqu'un dit avoir évalué plus souvent ce qu'il faisait ; une autre observe qu'elle est devenue
plus diligente ; quelqu'un affirme que le système préventif est saint (masina) parce qu'il a changé
sa façon de vivre ; quelqu'un rappelle s'être efforcé d'appliquer chaque jour ce dont on parle ici ;
une personne admet s'être trompée ; ils disent s'engager plus dans la prière du matin et que les
jeunes les voient plus souvent dans la chapelle.
L'impression, pour l'ensemble du groupe, c'est que la recherche a eu des conséquences
positives, même dans le milieu de vie. Une personne a dit que la recherche l'a aidée à avoir du
sang-froid, à être plus calme et à réfléchir devant les situations difficiles ; un autre dira «j'ai
essayé de convaincre mon entourage pour dépasser le tabou ».
Le groupe considère que le temps séparant les réunions a été long et on insiste sur la
bonne ambiance qu'il y a eu lors des rencontres.
Résumé de la rencontre À propos de la vocation, le groupe dit qu'éduquer est un travail saint (masina).
Un certain mépris de la culture malgache de la part des salésiens étrangers et le caractère
des personnes sont à l'origine de la peur perceptible chez les laïcs malgaches. Pour améliorer les
relations, il serait bien de donner plus de responsabilité aux laïcs et communiquer davantage.
Avant, le climat était plus familial à Clairvaux puisque les personnes étaient moins
nombreuses.
À propos de la femme, le groupe a analysé les causes du malaise de celles-ci et a
découvert que les femmes, malgré tout, ont eu une place dans l'histoire de Madagascar : par
exemple elles prennent la parole quand elles sont nobles, compétentes ou quand elles ont quelque
chose à apporter, par exemple l'attention à la beauté.
Cette réunion n'a pas ajouté grand-chose à la question des tabous, sauf un témoignage sur
comment placer les jeunes devant un choix, il s'agit d'un conte pour faire réfléchir les jeunes.
Pour ce qui concerne l'œcuménisme, on n'a pas avancé non plus. Il a seulement été dit
que nous sommes arrivés au sommet de l'œcuménisme : la foi chrétienne.
123
La Providence de Dieu est reconnue par le groupe à travers les multiples dons que
Clairvaux ne cesse de recevoir. Il a été dit qu'il faut avoir confiance en Dieu et que si on garde le
même type de jeunes et que l'on continue à les éduquer, on aura toujours de l'argent. Il ne faut
pas gâter les jeunes, en fait, les internes ne savent pas d'où vient l'argent donc ils sont moins
motivés. Les moyens restent nécessaires pour éduquer, mais ils doivent être au service des jeunes.
Les intervenants se posent la question aussi au niveau du financement du Centre pour le futur ;
comment appliquer le système préventif à ce niveau-ci ?
On a finalement abordé l'éducation à la beauté dans le Centre Clairvaux.
Observations
À la fin de cette dernière rencontre, un moment d'évaluation de l'ensemble de la R-A a
été prévue, celle-ci a été fortement positive (voir point 6.7).
Les sujets traités dans cette réunion sont les suivants :
1. Concepts
1.4 Mise en relation des concepts
3. Dimensions du système préventif
3.4 L'éducateur et la vocation
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
4.2 Le tabou et le système préventif
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones
4.5 Le rapport catholiques - protestants
4.7 Système préventif et économie
Suite aux résultats de la recherche, nous avons pu dégager une grille pour classifier le
matériel de la R-A. Cet outil était nécessaire pour mettre en ordre le matériel en le plaçant dans
des ensembles cohérents et pour voir l'évolution tout au long de la recherche. Nous avons utilisé
cette grille aussi pour l'élaboration des synthèses en français présentées dans les annexes.
124
Grille d es thèmes ï traités par rencontre Thèmes Ie
rencontre
2e
rencontre
3e
rencontre
4e
rencontre
5e et 6e
rencontres
7e et 8e
rencontres
ï. Concepts
1.1 Culture malgache X X 1.2 Système préventif X X 1.3 Culture Clairvaux X X 1.4 Mise en relation des
concepts X X X X
2. Les trois piliers du
système préventif
2.1 Religion X X X 2.2 Amour X X X X 2.3 Raison X X X 2.4 L'équilibre entre les
trois piliers X
3. Dimensions du système
préventif
3.1 L'assistance X X 3.2 La prévention X X X 3.3 Un type de regard sur
les jeunes X
3.4 L'éducateur et la
vocation X X X X X
3.5 L'ambiance X X 3.6. Les finalités X
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes
dans un milieu masculin X X X X
4.2 Le tabou et le
système préventif X X X X
4.3 Le rapport
missionnaires - autochtones X X X X X
4.4 L'adulte malgache X X X
125
éducateur, est-ce possible ?
Le rapport adulte - jeune
4.5 Le rapport
catholiques - protestants X X X
4.6 Le déplacement trop
fréquent des salésiens X X
4.7 Système préventif et
économie X
Le premier point a abordé les concepts clés et introductifs pour le travail du groupe. Le
deuxième a concerné les trois piliers du système préventif. Le troisième, concerne les dimensions
du système préventif considérées dans leur ensemble. Les points deux et trois, nous ont permis de
constater que la recherche a touché les aspects fondamentaux du système préventif.14
Dans le quatrième point tous les éléments antérieurs ont été mis en relation avec la
culture. C'est la partie la plus intéressante du travail du groupe.
Nous précisons que le groupe a procédé de façon plus au moins systématique. Assez
souvent, les sujets étaient repris, on revenait en arrière, on avançait, on ajoutait, etc. La
classification par titres ou sujets était nécessaire pour la systématisation, mais en fait les éléments
sont interdépendants et les limites entre un sujet et l'autre son parfois difficiles à cerner. Comme
nous l'avons dit, le quatrième point a été le plus intéressant, parce que c'est là que tous les
éléments théoriques pouvaient être observés ensemble dans une pratique réelle qui concernait le
groupe. Nous avons pu voir ainsi clairement l'interaction et le caractère systémique du système
préventif dans son rapport avec la culture malgache.
6.7 Le changement
Nous allons reprendre dans ce point quelques affirmations (citations des intervenants)
liées à l'évaluation de la recherche et au changement. Ce matériel est le fruit de la dernière
rencontre.
14 Pour les éléments fondamentaux du système préventif se référer au chapitre II de cette thèse concernant le système préventif mais aussi à François Motto, Un Système éducatif toujours d'actualité.
126
Amélioration de l'ambiance de travail
• La recherche nous a aidés à trouver plus de stabilité.
• Je voudrais conserver la bonne ambiance de relations entre les collaborateurs et dans la vie du
Centre.
» Notre vie à Clairvaux a profité de cette recherche.
Attitude
• J'ai compris que ma présence en tant que femme est nécessaire au Centre, présence en tant que
mère, éducatrice, amie, conseillère et réparatrice.
• Je me sens valorisé.
• Nous regardons avec plus d'attention les jeunes.
• Nous avons une attitude plus optimiste.
• Cette recherche m'a encouragé à avoir un esprit constructif, créatif et à chercher.
• Je suis plus mûre.
• Nous avons fait la recherche sur nous-mêmes.
• Je me sens plus soulagé après ces rencontres.
Pratique
• Nous avons appris une nouvelle technique que nous pourrons utiliser postérieurement.
• Je me sens plus à mon aise, je me trouve mieux à ma place surtout dans la pratique.
• Nous sommes allés de la pratique à la théorie pour revenir à la pratique.
• Il y a eu des fruits pour mon travail d'éducateur, dans ma famille et dans mon milieu.
• J'ai terminé le livre que je voulais écrire.
Connaissances
• Nous avons fait une expérience dans la réflexion et la méditation.
• J'ai profité intellectuellement, au plan des connaissances.
• Grâce à cette recherche, j 'ai changé ma manière de penser.
• J'ai beaucoup reçu de vos idées.
• Le système préventif et la culture malgache peuvent se mettre en relation, ils se complètent.
• Le système préventif est bon pour nous les malgaches.
• Le système préventif est plus détaillé que la culture malgache, cette dernière est plus générale.
• J'ai recherché beaucoup de documents et j'ai fait une révision des connaissances.
127
• Cette recherche m'a poussé à étudier.
Critiques
• Le temps était insuffisant.
Gratitude
<» Merci de m'avoir invité à cette recherche et de m'avoir fait confiance.
<• Merci à Dieu de m'avoir donné l'intelligence, la santé et le temps et à l'Esprit Saint qui nous a
accompagnés.
• Merci à tous ceux qui ont participé. Merci de m'avoir offert cette formation.
• Merci aux salésiens et au père Heriberto.
Autres
• Cette recherche a été comme une récollection - formation.
• Le système préventif est devenu ma culture.
• Nous avons atteint l'objectif de cette recherche.
• Nous n'avons raté aucune réunion.
Ces affirmations nous montrent comment la R-A a favorisé le changement des
intervenants, chose que nous arrivions difficilement à imaginer au début. Il ne faut pas oublier
que cette dimension (le changement) est fondamentale pour que la recherche reste une vraie R-A.
7. Présentation et interprétation des résultats de la recherche documentaire
Nous allons procéder maintenant à la présentation des résultats de la recherche
documentaire sur Clairvaux. Dans un premier moment un récit plutôt historique nous permettra
de mieux connaître l'œuvre en question. Ensuite, à partir du point 7.2, nous aborderons les sujets
directement pertinents aux objectifs de notre recherche. À différence de la R-A, cette présentation
documentaire sera accompagnée immédiatement d'une première interprétation. À côté de chaque
titre, entre parenthèses, un numéro indiquera sa place par rapport à la grille produite par la R-A.
7. 1 Histoire de l'arrivée des missionnaires salésiens à Clairvaux
Le 2 août 1984, vers 18hl5, les salésiens Claudio De Portu, Erminio De Santis et Lorenzo
Scarfone débarquent au Centre Notre Dame de Clairvaux. Ils seront accueillis par l'abbé François
128
Bernard, directeur et fondateur de l'œuvre. Cet événement n'a pas été improvisé. L'abbé Bernard
a raconté qu'en 1968, il passa par Turin pour demander aux salésiens de venir s'établir à
Madagascar. On lui répondit que l'attention de la Congrégation était concentrée à ce moment-là
en Amérique Centrale. L'abbé Bernard se résigna à attendre, n'étant lui-même pas encore prêt à
laisser son œuvre entre les mains des fils de Don Bosco, mais il ne renoncera pas à cette idée. Au
fil des ans, il leur préparera le terrain : «je vais travailler pour préparer l'œuvre et pour la
compléter » dira-t-il.15 Le rêve de l'abbé Bernard s'accomplira 16 ans plus tard.16
La passation a été préparée de façon progressive. Une série d'échanges et de rencontres
avec l'abbé Bernard ont eu lieu avant l'arrivée des salésiens, alors que ces derniers étudiaient le
malgache à Ambositra et encore durant les jours qui ont précédé le départ de l'abbé Bernard pour
la France.
L'abbé Bernard avait une grande préoccupation, celle de la subsistance économique et
financière du Centre. Pour cette raison, entre autres, la dimension éducative de l'œuvre avait fini
par être profondément négligée. La mauvaise relation avec les voisins et des vols répétés au
Centre envenimèrent encore plus la situation. Au moment du départ de l'abbé Bernard, le père
Claudio De Portu écrit dans la chronique qu'« un nombre impressionnant de problèmes, de
choses à faire, de situations à régulariser, de luttes et tensions, se sont accumulées dans la tête du
P. Bernard ». 7 Ainsi, si d'une part les salésiens reçoivent en héritage une œuvre au service des
enfants et des jeunes en difficulté, d'autre part ils héritèrent d'une institution en pleine crise.
Le 10 août, avant le départ de l'abbé Bernard, le cardinal Victor Razafimahatratra viendra
partager l'eucharistie et le repas à Clairvaux. À cette occasion, le père Claudio prit la parole et
15 Cronaca, 10 agosto 1984. 16 L'abbé François Bernard est né à Calais en 1924. Licencié en philosophie et ordonné prêtre au service du diocèse d'Arras. Il partira au Bénin dès 1958 au titre de prêtre fidei donum et, deux ans plus tard, à Madagascar. Dans un premier moment, il sera enseignant aux petits séminaires de Fianarantsoa, Antananarivo et Miarinarivo. Essayer de faire un portrait du père Bernard n'est pas facile. Toutefois, les témoignages et les courts récits que nous avons pu recueillir sont unanimes : l'abbé Bernard était un grand travailleur, un homme d'une grande force physique et de caractère. Il ne parlait pas malgache. Attiré par un apostolat difficile, les jeunes délaissés, il obtient de l'Archevêque d'Antananarivo, Mgr. Victor Razafimahatratra, une propriété abandonnée par les cisterciens à proximité de l'Aéroport international d'Ivato. C'est là qu'il fonda son œuvre. Aujourd'hui ce terrain est constitué de 14 hectares, avec de grands espaces verts et des rizières, un lieu idéal pour l'éducation et la rééducation des jeunes. Le Centre a été fondé en 1966. C'est ce que rapporte aussi le livre de Heriberto Cabrera, Du rêve au projet. Le projet Don Bosco à Ivato (Antananarivo : Don Bosco, 2003), 8 et 51. Lors de son retour en France, l'abbé Bernard rendit service pendant trois ans dans la paroisse Sainte Madeleine de Calais. Il mourut le 28 février 1987. 17 Cronaca, 10 agosto 1984.
129
promit, au nom des salésiens, de continuer l'œuvre au service des jeunes pauvres et en
difficulté, selon le style de Don Bosco. Le soir même, ils accompagnèrent l'abbé Bernard à
l'aéroport.
La première approche de la culture
Le 11 août 1984 a eu lieu la première rencontre «officielle» des salésiens avec les
employés et ouvriers qui travaillaient à Clairvaux. C'est le père Claudio De Portu qui prendra la
parole, intervenant en français et en malgache. Lui et ses deux autres compagnons n'avaient suivi
que six mois de cours de malgache à Ambositra. Le père Lorenzo Scarfone émettra d'ailleurs une
critique à ce propos dans la mesure où il aurait souhaité un cours plus centré sur la formation
missionnaire. Bref, ils se sentaient mal préparés au plan linguistique et du coté de la connaissance
de la culture. Une série de détails nous rappellent cette difficulté linguistique des origines, telle,
par exemple, le passage du père Giovanni Corselli qui, selon ce que nous rapporte la chronique, a
mis à profit sa courte visite pour partager avec les nouveaux arrivés ses connaissances de la
langue malgache.19
Au début, l'organisation générale du Centre est italienne. La chronique de la maison,
rédigée en italien, ainsi que certaines observations renforcent cette conviction : « une grande table
de fête, ensemble avec les quatre invités siciliens, a couronné magnifiquement à l'italienne
l'événement historique ». La première « bonne nuit » faite en malgache le 5 novembre 1984,
ainsi que la première improvisation de père Claudio en malgache le 25 novembre 1984, seront
consignées dans la chronique en tant qu'événements. Le père Lorenzo Scarfone nous rapporte
que pour combler cette connaissance superficielle du milieu, les salésiens s'adressent à d'autres
religieux pour obtenir des informations concernant la situation scolaire à Antananarivo
(programmes, organisation, etc.).21
Le père Claudio De Portu était le responsable de ce premier groupe de missionnaires. 1 « Mettendo a nostra disposizione la sua buona capacità di pari are il malgascio », Cronaca, 7 settembre 1984. 20 La « bonne nuit » est une tradition salésienne des origines du travail de Don Bosco à Valdocco. Il s'agit d'une petite pensée que les éducateurs donnent aux jeunes avant d'aller dormir, c'est souvent une façon de reprendre la journée, de donner une exhortation morale. Elle doit être brève. 21 Voir la Cronaca scolastica, 3.
130
Au commencement, une aide précieuse sera apportée par le père Pietro Ganapini, qui
fera la première traduction en malgache de l'hymne Don Bosco ritorna,23 prêchera une retraite
pour les jeunes et produira une œuvre de théâtre sur saint Jean Bosco.
Ce n'est qu'en 1990 que la chronique de la maison commencera à être rédigée en français,
pour revenir à l'italien en 1991 et passer au malgache en 1999. En ce qui concerne les procès-
verbaux, il faudra attendre 2002 pour trouver le premier en français ! La même chose pour le
rapport de visites canoniques ; ce n'est qu'en 1997 que nous trouverons le premier rapport en
français.
Nous nous sommes attardés sur la question de la langue, parce que cela montre bien
l'empreinte italienne sur l'œuvre. Malgré la présence des salésiens malgaches à partir de 1996, on
pourrait même penser à une sorte de néo-colonialisme linguistique de la part des salésiens qui
cache peut-être une pratique pédagogique et pastorale, comme nous verrons dans la suite, elle
même très italienne.
Les problèmes de communication seront la source des difficultés rencontrées entre les
missionnaires salésiens et les laïcs malgaches. C'est ce qui ressortira aussi lors des interviews de
groupe. C'est ici que nous trouvons la première source de malentendus, de blessures et de
blocages qui ont eu lieu avec les salésiens. En fait, la connaissance superficielle de la langue
engendre une méconnaissance de la culture. Cela est confirmé par le père Lorenzo qui dira que
l'âme malgache est encore un « mystère à découvrir ». Cette façon si poétique de s'exprimer nous
révèle non seulement un désir, mais une perception et une réalité chez les missionnaires : ils ne
connaissent pas vraiment les Malgaches. Les provinciaux et les visiteurs24 venus de l'étranger
confirmeront cette situation. Ils inviteront les missionnaires à étudier la culture. C'est
probablement la surcharge de travail et un manque de théologie de la mission qui retarderont cet
approfondissement de la culture malgache. Pour appuyer cette dernière affirmation, nous
22 Le père Pietro Ganapini est un missionnaire italien, qui travaille depuis longtemps à Antananarivo dans les milieux populaires. ~3 Sorte d'hymne de ralliement des salésiens. 2,1 Supérieur « Provincial » : il est le responsable d'une province. Nommé par le supérieur majeur après consultation des membres de la province, il exerce sur toutes les maisons et confrères de sa juridiction un pouvoir ordinaire conformément aux Constitutions et au droit canonique. « Visiteur» : délégué du supérieur majeur pour visiter en son nom une province. Il a les pouvoirs de juridiction requis par la nature de sa visite. Il est habituellement membre du Conseil général. Le Conseil général est composé actuellement du supérieur général et de 15 « conseillers », les uns spécialisés en un secteur d'activités (formation du personnel, pastorale des jeunes, communication sociale, famille salésienne, missions, économie et finances, et secrétariat), les autres chargés des relations avec une région du globe.
131
précisons, qu'à notre connaissance, aucun salésien envoyé à Madagascar n'avait suivi de vraie
préparation préalable à la mission. C'est le cas par exemple des trois premiers salésiens à
Clairvaux, Erminio De Santis, Lorenzo Scarfone et Claudio De Portu. Pour les missionnaires en
général, même l'étude du français s'est résumée à sa plus simple expression puisqu'elle n'a
rarement duré plus de deux mois. Nous nous demandons si quelque part ce manque de
préparation à la mission et à la rencontre avec d'autres cultures n'est pas un héritage de Don
Bosco, qui, bien que très sensible à la mission, n'a pas pu préparer ses missionnaires à la
rencontre de cultures, mal connues à ce moment-là. À cette époque, le missionnaire se préparait
spirituellement et logistiquement à la mission, mais la préparation anthropologique était absente.
Cela correspond également à l'Asie du XIXe siècle.
Ajoutons encore un mot à propos de la langue. Celle-ci touche tous les aspects de la vie
du missionnaire, depuis la communication avec les personnes, les documents à écrire... jusqu'à
quelque chose d'encore plus intime : la relation avec Dieu. La visite du Conseiller salésien des
missions en 1993, le père Luciano Odorico, incitera les salésiens à réfléchir sur l'opportunité de
prier en malgache et en français. Cette observation restera lettre morte, puisqu'en 1995 encore,
les salésiens priaient en italien. Lors de la visite canonique annuelle de 1996, le père Luigi
Zuppini,26 alors supérieur de la Circonscription salésienne à Madagascar, insistera pour que la
prière se fasse en français et en malgache.
Les premiers pas malgaches pour faire connaître Don Bosco ont été les traductions des
récits de sa vie, racontée au travers de bandes dessinées, une œuvre de théâtre et des chants. C'est
grâce à ces moyens que les jeunes comprendront les objectifs, les idées et les croyances de ces
nouveaux salésiens.
25 Voir, Verbale n° 78, 20 settembre 1995. 26 Le père Luigi Zuppini est né à Vérone en 1943. Il fera sa profession religieuse dans la congrégation salésienne le 16 août i960. H obtiendra une licence en pastorale de jeunes et catéchèse, et une « laurea in letlere » (maîtrise en lettres modernes). Il sera ordonné prêtre le 18 avril 1971. En 1982, encore jeune, il prendra la responsabilité de la province de Venise en tant que supérieur. Il participera aux CG 22, 23 et 24. Comme provincial il visitera Madagascar, où la province de Venise a fondé une œuvre. À la fin de ses six ans comme supérieur, il sera nommé délégué du recteur majeur pour Madagascar, sa tâche consista à coordonner le travail des salésiens dans l'île. En 1993, il deviendra le premier supérieur de la jeune Circonscription. Homme doté d'une grande capacité de travail et d'action, il se caractérisera par sa compétence et son sens de l'organisation. Après son mandat, en 1999, il sera nommé directeur du post-noviciat salésien à Fianarantsoa. Il mourut à Vérone le 30 octobre 2002 suite à une tumeur cérébrale. Voir la lettre mortuaire en souvenir du père Luigi, Luigi Zuppini sacerdote salesiano (Verona).
132
Un projet éducatif qui se bâtit dans le temps Le père Claudio De Portu, avait fait la promesse, devant l'abbé François Bernard et
l'Archevêque d'Antananarivo, de continuer l'œuvre en faveur de la jeunesse défavorisée (objectif
institutionnel) mais selon la méthode salésienne.27 Les documents et les témoignages nous
prouvent que cette promesse a toujours été respectée.
La première année, les enfants et jeunes internes étaient une centaine, âgés de 7 à 19 ans.
Les cours à ce moment allaient de la 2e à la 5e élémentaires et un atelier de travail du bois existait
également pour les grands. Au début, un petit nombre de filles avaient été accueillies au Centre.
Étant peu nombreuses, elles seront placées très vite dans d'autres institutions plus spécialisées
dans la prise en charge féminine.
Au cours des années qui suivront, le nombre des enfants et jeunes augmentera petit à petit.
D'une centaine en 1985, ils passent à 120 en 1986, 150 en 1990 et aujourd'hui, le Centre
accueille environ 150 internes et 70 externes. Au début (1984) leur âge fluctuait entre 7 et 19 ans,
aujourd'hui (2005) entre 12 et 21 ans.28
Pendant la première année de travail, les salésiens ne réussiront pas à élaborer un projet
éducatif global pour le Centre : ils sont trop pris par les besoins plus immédiats et urgents tels
que : organiser le travail, construire et réparer les structures.29 C'était leur première
préoccupation. Ce n'est qu'en 1988 qu'ils commenceront à parler sérieusement du projet
éducatif.30
En 1986, le provincial Ilario Spera31 dira à ses confrères : « aujourd'hui, il est nécessaire
de s'arrêter, de vérifier tout ce qui a été réalisé, de prendre souffle et bien se consolider », et le
répétera encore en 1987 «je voudrais vous recommander l'étude attentive du projet global du
Centre ». En fait, ce n'est qu'avec un projet que les salésiens se centreront sur l'essentiel et
Voir Quaderno délie visite ispettoriali e straordinarie, 8 gennaio 1985. 28 Dans le cadre de cette recherche il nous fallait définir enfant et jeune. De 7 à 11 ans nous pouvons parler d'enfants, de 12 à 17 d'adolescents et de 18 à 21 déjeunes, même si ces classifications sont importantes, il ne faut pas oublier que dans la pratique le groupe de recherche a utilisé les mots de façon interchangeable, puisque ce qu'ils veulent dire quand il parlent d'enfants ou jeunes, ce sont les destinataires de Clairvaux. Donc parler d'enfant ou jeunes, c'est parler de tous les enfants et jeunes présents à Clairvaux, sans exclusion. Il faut se rappeler que le malgache n'utilise pas le mot adolescent, et quand il dit enfant, c'est parce que celui qui parle se considère dans un rapport ray aman-dreny - zanaka (parent - fils ou fille) avec le jeune, il y a, nous semble-t-il, même une connotation affective dans cette façon de parler. Ajoutons encore que certaines étapes du développement pour les jeunes en difficulté sont en retard ou en avance, selon le traumatisme auxquels ils ont été soumis, donc l'âge ne représente pas nécessairement l'étape de développement qu'ils devraient être en train de vivre. 29 Voir, Verbale n° 2, 4 febbraio 1984. 30 Cf. Verbale n° 46, ottobre 1988. 31 Pour la liste des provinciaux et supérieurs voir à la page 37, introduction, note n° 63.
133
équilibreront le rapport entre le « nombre de salésiens et [la] quantité de travail ». La nouvelle
priorité n'est donc plus de répondre aux impératifs immédiats mais plutôt l'élaboration d'un
projet éducatif et pastoral. Les observations émises par le supérieur provincial llario Spera entre
1984 et 1988, nous semblent fort pertinentes. Il proposait une méthode pour l'élaboration et
l'articulation du projet : aborder les problèmes, chercher des solutions et mieux connaître les
jeunes. Cette question de l'harmonie et de l'articulation d'un projet organique sera reprise par le
père Luigi Zuppini un peu plus tard en tant que « visiteur » (1989).
La première version du projet éducatif et pastoral du Centre est de 1988.32 11 s'agit d'une
version assez simple, sorte de présentation et règlement du Centre. Une chose nous surprend
toutefois, la chronique du 27 octobre 1992 parle, après quatre ans seulement, de « repenser notre i l
projet éducatif ». 11 semblerait que « projet fait, projet dépassé ». La même année, le père Gian
Luigi Pussino dira lors de sa visite provinciale : « l'engagement pour vérifier et relancer le projet
éducatif-pastoral est un moment de participation et de co-responsabilisation avec les laïcs ». La
révision du projet exigera la prise au sérieux de la participation des laïcs, chose qui avait été
négligée jusqu'alors. Nous pouvons dire que le père Pussino a vu loin. Quelque chose manquait
au projet Clairvaux de 1988 : l'implication des laïcs dans l'élaboration de ce projet. Le père
Pussino, en faisant référence à la tradition malgache de l'engagement des laïcs, dira aussi que leur
expérience peut être enrichie par la spiritualité salésienne. Nous sommes ici à un tournant
important de la réflexion sur Clairvaux, puisqu'il est dit explicitement par les supérieurs de Rome
que les laïcs sont des collaborateurs à part entière dans l'élaboration du projet. Mais il faudra
attendre encore quelques années pour que ce principe théorique devienne un acquis et soit pris en
considération par les salésiens à Clairvaux.
Nous précisons aussi, comme éléments importants à retenir, que la période de fondation à
Madagascar précède la promulgation (1984) des Constitutions salésiennes renouvelées à la
lumière des acquis de Vatican II et que le 24e CG (1996) concernant le rapport entre salésiens et
laïcs n'avait pas encore eu lieu.
Lors de sa visite en 1993, le père Pussino dira que Clairvaux est un laboratoire du système
préventif et de la culture malgache. Il parlera de la synergie opérative des laïcs et salésiens. Pour
la première fois, les laïcs sont poussés à l'avant-scène et on demande aux salésiens de faire
32 Voir Quaderno délie assemblée dei confralelli, 27 settembre 1993. B Sur la question le Quaderno délie assemblée dei confralelli, 26 ottobre 1992 dit : « bisognerà tornare a riflettere insieme, in vista-forse-di un necessario aggiustamento dei nostro Progelto Educalivo Pastorale ».
134
« avec les laïcs ». Toutefois, il nous semble que ce qu'il présentait comme une réalité dans son
rapport écrit était plutôt une exhortation pour les salésiens. Enfin, il parlera d'une inculturation
pédagogique salésienne par le bas. C'est bien la première fois qu'un supérieur parlait
d'inculturation dans la chronique de la maison, les salésiens de Clairvaux en ayant déjà parlé en
1989 dans un procès-verbal comme nous le verrons dans la suite. Nous interprétons l'expression
« par le bas » comme la prise au sérieux des laïcs et non dans un sens péjoratif.
En 1994, les mots «repenser», «relancer» deviennent «refondation» du Centre,
autrement dit, révision du projet éducatif et pastoral.34 Le provincial, le père Luigi Zuppini à cette
époque, parlera de : « re-projeter à nouveau le Centre ».35 Il insistera sur le fait qu'il s'agit, non
de recommencer à zéro, mais de repenser l'œuvre à partir de la « nouvelle éducation » et de la
« nouvelle évangélisation ». Les domaines et les objectifs qu'il propose dans ce cadre sont les
suivants : articulation de l'ensemble scolaire, qualification de la section professionnelle et
éventuelle création de nouvelles sections selon les urgences. Il proposait également de lancer des
initiatives pour les anciens élèves et l'éducation à la foi.
Le père Zuppini reprendra en 1996 l'expression qu'il avait utilisée en 1995 pour parler du
« nouveau » projet Clairvaux. Selon lui, les bonnes relations avec les laïcs doivent
obligatoirement faire partie de ce nouveau projet, puisqu'à la racine du charisme salésien et de la
consécration apostolique se trouve cette sensibilité. Il citera les Constitutions salésiennes :
Nous réalisons dans nos œuvres la communauté éducative et pastorale [...] Dans cette communauté, les laïcs, associés à notre travail, apportent la contribution originale de leur expérience et de leur style de vie. Nous accueillons et suscitons leur collaboration et nous leur offrons la possibilité de connaître et d'approfondir l'esprit salésien et la pratique du système préventif. '
Le recours à cet article est peut-être une façon de motiver ou d'obliger les salésiens à
repenser le rapport avec les laïcs, qui s'est beaucoup détérioré.
Le conseil de la communauté salésienne réfléchira en 199837 sur l'engagement des laïcs
dans l'élaboration du nouveau projet Clairvaux. Mais ce n'est qu'avec l'arrivée du nouveau
directeur en 1999, le père Leonardo Mero, que l'élaboration du projet prendra une dimension
réelle. Son successeur, trois ans plus tard, achèvera ce travail.
34 Voir Cronaca, 30 aprile 1994 ; Verbale n° 68, 18 aprile 1994. 35 Quuderno délie visite ispettoriali e straordinarie, 20-30 aprile 1994. 6 Constitutions salésiennes, n° 47.
37 Cf. Verbale n° 103, 29 dicembre 1998.
135
Nous voudrions attirer l'attention sur l'expression « projet ou projet global du Centre ».
Elle n'est pas univoque, dans la mesure où elle change de sens ou se précise au cours des années.
Nous faisons une deuxième observation : le projet du Centre Clairvaux est et doit rester en
continuelle évolution, dans une dynamique de développement. Cette capacité d'évoluer a permis
au projet de conserver sa pertinence éducative. Mais l'évolution doit porter aussi à une maturité, à
certains acquis qui restent des points de repères, cette étape sera atteinte en 2002 par l'élaboration
et l'approbation du projet éducatif et pastoral du Centre.
7.2 La recherche documentaire par rapport au processus d'inculturation du système préventif
Ici, nous allons aborder la recherche documentaire à partir de la grille produite par la R-A.
Nous tenons à dire que la recherche documentaire est plus fragmentaire au niveau des contenus
par rapport à la R-A mais beaucoup plus chronologique.
Les trois piliers du système préventif (2) Les trois piliers du système préventif ressortent avec moins d'évidence dans les
documents analysés. Le premier règlement, celui de 1984, définit le système préventif comme
étant constitué de raison, de religion et d'amorevolezza. Selon le document, la raison doit
convaincre, la religion doit soutenir et aider, Y amorevolezza est le style. La lecture du chapitre
précédent montre combien cette conception de 1984 est incomplète, et tient plus du slogan que de
la vérité.
En août 1988, la chronique parle de l'efficacité du système éducatif salésien chez les
jeunes. À propos des jeunes, le père Lorenzo notera : « souvent, nous avons du reconnaître que D.
Bosco nous avait précédé dans leur cœur parce que nous les avons vus répondre avec une docilité
inexplicable »,38 inexplicable parce qu'il ne connaît pas encore ni la culture, ni le cœur des jeunes
malgaches. Cette expression est également importante parce qu'elle admet que Don Bosco
précède, ce sont les « semina verbi » salésiens. Evidemment, cette expression enthousiaste peut
être fortement critiquée, comme récupération de la culture malgache aux fins salésiennes. Don
Bosco n'a pas précédé les salésiens, mais il y a des valeurs dans la culture, des valeurs humaines
Cronaca scolastica 1984-1986, 23.
136
qui sont présentes et qui semblent nous précéder, mais en fait elles sont présentes dans tout lieu
où il y a de l'humanité.
Dès le commencement, les salésiens se sont préoccupés de la question spirituelle. La
première année déjà, trois jours de retraite ont été proposés aux jeunes (mars 1985). C'est une
tradition qui perdure jusqu'à nos jours. Les documents parlent de nombreuses pratiques
liturgiques et de fêtes religieuses, mais une question de fond reste sans réponse : quelle était la
pertinence de cette approche pour ce type de jeunes et quels en sont les résultats ? Certaines
choses sont surprenantes, ainsi par exemple, en 2000, on oblige encore tous les jeunes, même les
protestants, à réciter le rosaire une fois par semaine !
À propos d'une déviance, le cahier des assemblées des confrères de 1992 signale le risque
de faire des enfants gâtés et le procès-verbal du 9 septembre 1996 dira : « beaucoup de nos jeunes
n'ont pas une attitude de "pauvres" : ils perdent du matériel, abîment, attendent tout... comme
s'ils avaient oublié leurs origines, ou comme si effectivement ils n'étaient pas des pauvres à
accueillir à Clairvaux ». Cet aspect sera aussi abordé par le groupe de recherche. Mais à propos
de cette citation, nous mettons en évidence que les salésiens ont découvert un problème, mais la
façon de le formuler nous semble moralisante et culpabilisante. En fait, le problème devrait être
abordé de façon pédagogique.
Le système préventif : une ambiance (3.5) Le système préventif c'est aussi un certain type d'ambiance ou de climat éducatif. Dès le
commencement, une des caractéristiques propres à cette ambiance a été la sérénité et la joie des
jeunes.39 Le changement par rapport aux origines (de l'abbé Bernard aux salésiens) ne semble pas
avoir eu de conséquences négatives chez les jeunes. Bien au contraire, c'est une réussite. On
parlera même de « miracle ». La première visite du provincial confirme cette impression : elle
rapporte que les jeunes ont accepté sans difficulté la nouvelle organisation éducative : « ils sont
disciplinés, dociles, saluent, ont le sourire, s'approchent sereins des éducateurs et des
salésiens de passage ». Lors de nos recherches, nous avons pu constater que, malgré des
périodes difficiles, Clairvaux a su conserver un bon climat, familial et joyeux avec les jeunes
destinataires. Cela est en partie dû au caractère doux, simple et aimable des jeunes malgaches.
39 Voir Cronaca, 12 novembre 1984. 40 Quaderno délie visite ispettoriali e straor dinar ie, 8 gennaio 1985. Voir aussi les visites des pères Ilario Spera, Mario Prina et Luigi Zuppini.
137
Mais aussi au fait que la recherche de pertinence éducative et pastorale du système préventif
n'exclut pas le bon déroulement des activités. Autrement dit, la réussite ne signifie pas absence
de défis et de difficultés au niveau de processus.
Le premier novembre 1987, une nouvelle initiative est prise. Elle consiste en la mise en
place d'une récompense, « valsy »,41 pour encourager le travail des jeunes. Avec les vatsy que les
jeunes gagnent selon leur comportement, ils peuvent acheter ou échanger des choses au Centre.
Nous sommes ici, à notre avis, dans une période sombre de Clairvaux, un moment plus
behavioriste, assez éloigné de l'esprit de Don Bosco, qui parlait d'esprit de famille, de
responsabilité, de confiance... tandis que cette façon de procéder nous semble peu éducative, car
elle détruit la gratuité, en réduisant l'éducation à un échange économique : à tout bon
comportement correspond un prix, et on peut déduire que tout comportement mauvais est suivi de
sanction. Heureusement, cette façon de procéder restera une parenthèse à Clairvaux.
Un élément à souligner est la présence physique des salésiens au milieu des jeunes. Cette
façon de se comporter des salésiens a été une des choses qui a le plus surpris les élèves, dira le
père Lorenzo. Les jeux et le sport ont été aussi des éléments nouveaux qui ont contribué en
grande partie à la bonne ambiance de Clairvaux.
Évolutions des rapports et de la conception missionnaires - autochtones (4.3)
Depuis leurs études du malgache à Ambositra, les trois premiers salésiens se proposent
d'établir de bons rapports avec les collaborateurs laïcs, leur objectif étant de susciter la co-
responsabilité dans le respect, mais ils craignent aussi d'être taxés de colonisateurs.42 C'est
probablement le moment historique qui leur fait craindre cette attitude, une république toute
jeune (l'indépendance a été proclamée en 1958), le socialisme révolutionnaire (en 1975 avec
Didier Ratsiraka) et le mouvement de malgachisation qui a suivi marquent l'esprit des gens.
À l'arrivée des salésiens à Clairvaux, les laïcs n'étaient pas aussi nombreux
qu'aujourd'hui, ce qui nous permet de mieux comprendre le rapport familial qu'au début les
salésiens ont pu établir. La majorité des éducateurs étaient encore jeunes et célibataires, ce qui les
mettait dans une situation plus flexible, en même temps qu'ils manquaient d'expérience et de
maturité. La législation du travail n'était pas celle d'aujourd'hui non plus, ce qui, d'un point de
41 Sorte d'argent fictif ou points. 42 Voir Verbale n° 8, 27 luglio 1984.
138
vue administratif, a permis aux salésiens de demander une disponibilité totale à leurs employés.
Ainsi, le personnel a été classifié comme assistant (il s'agit d'une classification professionnelle
très basse) sans tenir compte des différences. Ce type de classification évoluera aussi.
Nous pouvons dire que la première période, celle du père Claudio (1984-1992) a posé les
salésiens et les volontaires en protagonistes, eux prennent toutes les décisions et se considèrent
les auteurs du changement. Ils ont quelque chose à apprendre aux laïcs : le système préventif. Les
laïcs n'avaient qu'à exécuter. L'approche était plutôt paternaliste et parfois un peu autoritaire.
Pour preuve, l'importance donnée au règlement ou encore des expressions telle celle du père
Lorenzo qui, dans sa chronique scolastique, parle de faire la programmation dans tous ses détails
et « après l'imposer ». Tous ces éléments démontrent une conception de la mission et du rapport
avec les laïcs dépassée aujourd'hui.45
La première réunion des salésiens avec les laïcs en 1984 aura l'ordre du jour suivant : la
présentation de Don Bosco ; un saint qui a donné sa vie pour les jeunes pauvres ; l'exhortation au
dialogue, au travail et à la responsabilité ; les attentes des salésiens envers les laïcs :
« collaboration de cœur, d'esprit et de bras » ; l'assurance d'une confiance : « vous avez notre
confiance initiale, nous espérons qu'elle augmentera ». Dans cet ordre du jour, nous ne trouvons
pas l'écoute des laïcs. Cette attitude est difficile à juger aujourd'hui (et ce n'est pas notre objectif
non plus), mais lors de la recherche, certains l'évoquent avec frustration. Cette situation est due à
ce que, encore une fois, les salésiens sont sensibles à l'éducation et à l'évangélisation mais pas à
la culture. Ils ont du mal à accepter qu'ils ont à apprendre des laïcs.
Dès le début, le père Lorenzo prendra très à cœur la formation pédagogique et didactique
du personnel laïc, afin qu'il parvienne à comprendre la méthode salésienne, dira-t-il. 6 Son
orientation est très italienne : un système d'évaluation hebdomadaire de discipline et
d'« application » (engagement) est ainsi mis en place. Il appelle cela la didactique salésienne. Ces
rencontres hebdomadaires deviennent un moment de formation à la méthode salésienne pratique.
Nous précisons ici qu'il n'existe pas une telle didactique salésienne, car ce serait réduire le
43 Par volontaire nous entendons des laïcs bénévoles étrangers qui arrivent à Madagascar pour une courte période afin d'aider en mettant leurs compétences à la disposition de la mission. 44 Voir Cronaca, 01 novembre 1985. 45 Voir Cronaca scolastica 1984-1986, 24. 46 La Cronaca scolastica 1984, 6-7, nous parle du programme des conférences de père Lorenzo Scarfone pendant la première année. Didactique salésienne : interrogations, devoirs pour l'étude, bulletin trimestriel, examen semestriel et examen final. Pédagogie salésienne : méthode préventive (raison, religion, amorevolezza). Assistance, esprit de famille, étude, travail et jeux, temps libre, professeurs et « assistants ».
139
système préventif à des techniques éducatives. Le système préventif se place à un autre niveau,
comme nous avons déjà expliqué. Mais en tout cas, l'approche du père Lorenzo a produit des
fruits positifs.
Un document daté du 28 novembre 1988, probablement écrit par le directeur, le père
Claudio, intitulé « // mio pensiero circa il personale del settore educativo délia nostra casa »47
permet de retracer la conception qu'il a du travail des laïcs : « ils devraient être disponibles pour
faire n'importe quel type de travail rendu nécessaire pour le fonctionnement de l'œuvre (balayer,
nettoyer, ranger, poulailler ou campagne ou...)», une conception bien large du travail,
aujourd'hui inacceptable. En fait, au commencement, les salésiens ont exigé des laïcs une
disponibilité totale, parfois même des horaires. Cette disponibilité est justifiée au nom de l'esprit
de famille, c'est-à-dire au nom du climat de famille qui doit régner dans une maison salésienne.
Cette perversion des valeurs salésiennes aux bonnes fins institutionnelles pourrait être interprétée
comme une « herméneutique meurtrière » de l'esprit de famille salésien.
La première opinion plus positive envers les moniteurs et professeurs concernant leur
engagement est mentionnée par le père Pussino en 1988. Dans cette ligne de l'engagement des
laïcs, leur promesse en tant que « coopérateurs » et membres de la famille salésienne marque un
événement important dans l'enracinement du charisme salésien à Madagascar.49
Nous observons aussi un autre signe d'évolution, en décembre 1992, dans le fait que les
jeunes les plus âgés du Centre commencent à contribuer à la formation des plus petits comme
« assistants » de dortoir.
Mais revenons à ce rapport souvent difficile entre les salésiens et les laïcs. Dans le cahier
des assemblées des confrères, nous trouvons une expression bien dure : « un certain
désengagement des éducateurs et des jeunes semble désormais grave à certains. Peut-être
l'enthousiasme des origines (chez les éducateurs surtout) s'est perdu, et là aussi la joie d'habiter
au Centre est diminuée chez les jeunes ». La communauté identifie cinq causes de ce problème :
des interventions éducatives mal faites, la fatigue et le déplacement trop fréquent des salésiens
(affectations), l'instabilité du pays et l'augmentation de l'âge des éducateurs.
« Ma pensée sur le personnel du secteur éducatif de notre maison ». w Voir Quaderno délie visite ispettoriali e straordinarie, 13 dicembre 1988. 49 II s'agit de la promesse des premiers 14 coopérateurs salésiens le 24 mai 1992. Trois des participants à notre recherche font partie de ce premier groupe. 50 Quaderno délie assemblée dei confralelli, 7 dicembre 1992.
140
Encore à propos de conflit, il ressort de la chronique du 15 janvier 1993 que les laïcs se
plaignent de travailler trop et d'être mal payés. Les salésiens n'étaient pas du même avis en ce
qui concerne l'engagement dans le travail de la part des laïcs. Ils admettaient toutefois qu'il
fallait augmenter les salaires. Dans le même ordre de choses, il faut noter l'intervention, lors de la
visite canonique de 1994 du père Luigi Zuppini. Il identifie la situation économique difficile
comme source de conflits. Le Père proposera un travail patient et parfois ferme, un nouveau type
de rapport avec les laïcs. En 1995, il insistera beaucoup sur la formation des collaborateurs laïcs à
tous les niveaux, pour les aider à être co-responsables du projet et pour développer le sens de leur
appartenance au Centre et à « Don Bosco ».51 Il insistera encore une fois sur la nécessité d'un bon
rapport avec les laïcs et il invitera les salésiens à les aimer : « un amour qui se donne gratuitement
[...] un esprit qui imprègne nos relations avec Dieu, nos rapports personnels et notre vie de
communauté, dans la pratique d'une charité qui sait se faire aimer ». Avec les laïcs, il faut
utiliser le système préventif avec réalisme, ajoutera-t-il.
En 1996, la situation devient insoutenable, le malaise des laïcs envers les salésiens est
évident, les raisons semblent être liées aux conditions de travail : salaires insuffisants et manque
de dialogue. Mais ce n'est pas tout, le rapport entre salésiens eux-mêmes s'est détérioré, des
conflits internes à la communauté relativement graves naissent, probablement dus encore à la
surcharge de travail, au caractère et à la personnalité de chacun des salésiens.53 Ainsi, un nouveau
directeur sera nommé au début de l'année scolaire 1996-1997. 11 fera des changements au niveau
des contrats et de la classification professionnelle des laïcs, créera des coordinateurs et des
responsables de secteur. Cependant, ces responsables n'ont pas vraiment pu exercer leur
responsabilité puisque le directeur travaillait et décidait seul. Le problème se déplace et un conflit
ouvert éclate entre la communauté, les laïcs et le nouveau directeur."
En 1997, le père Zuppini reviendra sur le sujet de la subsidiarité et de la décentralisation
de la part du directeur envers les laïcs. Il dira que le nouveau projet de Clairvaux doit établir un
nouveau rapport avec les laïcs. Il insistera sur le soin à apporter aux canaux de communication,
sur le bon encadrement, la définition des rôles, la formation, un rapport de famille et de partage,
la constitution de la communauté éducative et pastorale, et l'engagement des laïcs dans le
51 Sur cette question, voir Quaderno délie visite ispettoriali e slraordinarie, 20-25 febbraio 1995. Appartenir à Don Bosco signifie adhérer à ses idées et à sa façon de faire. 52 Constitutions salésiennes, n° 20. 53 Voir Verbale n° 84, 29 aprile 1996. 54 Sur ce sujet, voir Verbale n° 96, 16 giugno 1997.
141
nouveau projet éducatif. Il exhortera, au nom de l'incarnation et de l'amour, à changer le rapport
avec les laïcs. Malgré une petite évolution positive des rapports salésiens - laïcs, encore en 1999,
la tension de fond persistera. À la fin de cette année scolaire, on nommera un nouveau directeur.
Le changement suscite tout de suite un nouveau type de relations et un climat plus
détendu entre salésiens et laïcs. Les rapports s'améliorent, dira avec satisfaction le nouveau
provincial.55 Il y a plus de dialogue, d'échange et de réflexion autour du projet. Le Provincial
parlera en 2002 des «laïcs animateurs dans le travail éducatif»; il dira aussi «j'ai eu
l'impression d'un accord remarquable et d'un partage profond des principes éducatifs » de la part
des laïcs et des salésiens. La même année, il parlera d'une tradition de collaboration entre laïcs -
salésiens à Clairvaux, ce qui nous semble exagéré et enthousiaste.
Suite aux nouveaux changements imposés en 2003, une tension entre la communauté
salésienne et les collaborateurs s'était produite. Nous dirons plutôt qu'il s'agissait d'un problème
particulier entre un salésien et les laïcs. La méconnaissance de la culture, de la langue et le
caractère trop dur du salésien ont été à l'origine de ce recul dans le processus d'inculturation.
Instabilité institutionnelle à cause du déplacement continu des salésiens (4.6)
La documentation nous permet de faire le tableau suivant des salésiens qui ont travaillé à
Clairvaux.56
Tableau des salésiens qui ont travaillé à Clairvaux Année
à partir de
septembre
Nom du salésien
Directeur
Nom des salésiens
faisant partie
de la communauté
Nombre de nouveaux arrivées et
nombre de départs
(calcul fait en rapport à l'année
précédente)
1984 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Lorenzo Scarfone
3 /1 (père Bernard)
1985 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Lorenzo Scarfone
0 / 0
1986 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Gianmarco Lai
P. Sebastiano Campullu
3 / 1
Voir Quaderno délie visite ispettoriali e straordinarie, 17-21 febbraio 2000. 5fi Source d'information : Elenco Salesiani di Don Bosco et Annuario, Direzione Générale Opère Don Bosco (Roma : SDB).
142
Fr. Pierino Faret
1987 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Luca Treglia
S. Vlatko Stuhly
2 / 3
1988 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Luca Treglia
S. Vlatko Stuhly
0 / 0
1989 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Luca Treglia
S. Vlatko Stuhly
0 / 0
1990 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
P. Luca Treglia
S. Isidor Lukic
P. Luigi Zuppini
2/ 1
1991 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
S. Isidor Lukic
P. Antonino Russo
1 7 2
1992 P. Claudio De Portu P. Erminio De Santis
Fr. Franco Nardone
S. Claudio Ciolli
2 / 2
1993 P. Erminio De Santis P. Luca Treglia
Fr. Franco Nardone
S. Claudio Ciolli
1/1
1994 P. Erminio De Santis P. Luca Treglia
Fr. Franco Nardone
Fr. Ignazio Cabiddu
S. Claudio Ciolli
1 /O
1995 P. Erminio De Santis P. Sebastiano Campullu
Fr. Franco Nardone
Fr. Ignazio Cabiddu
Fr. Gianni Favaro
2 / 2
1996 P. Erminio De Santis P. Sebastiano Campullu
Fr. Franco Nardone
Fr. Gianni Favaro
S. Louis Patrick Raharinjatovo
l / l
1997 P. Mario Prina P. Sebastiano Campullu
Fr. Franco Nardone
2/ 1
143
Fr. Gianni Favaro
S. Louis Patrick Raharinjatovo
S. Justin Joseph
Randriambololona
1998 P. Mario Prina P. Sebastiano Campullu
Fr. Franco Nardone
Fr. Gianni Favaro
S. Rufin Claude
Randrianandrasana
S. Justin Joseph
Randriambololona
1 / 1
1999 P. Mario Prina Fr. Gianni Favaro
Fr. Franco Nardone
S. Rufin Claude
Randrianandrasana
D. Francesco Vitale
1 12
2000 P. Leonardo Mero Fr. Gianni Favaro
P. Heriberto Cabrera
Fr. Franco Nardone
Fr. Eric Marie Thierry
Razakasoa
3 / 3
2001 P. Leonardo Mero P. Salvatore Artizzu
P. Heriberto Cabrera
Fr. Franco Nardone
S. Jeannot Robin
Ranaivoarivony
2 / 2
2002 P. Leonardo Mero P. Heriberto Cabrera
Fr. Paolo Sapienza
S. Justin Joseph
Randriambololona
S. Fridolys Ratelo
3 / 3
2003 P. Heriberto Cabrera D. Ladislas Botomanga
P. Felka Krzysztof
S. Jean Marcellin Ramiandrisoa
Fr. Paolo Sapienza
3 / 3
2004 P. Heriberto Cabrera P. Ladislas Botomanga
P. Felka Krzysztof
1 / l
144
S. Joseph Rafalimanana
Fr. Paolo Sapienza
2005 P. Claudio Ciolli P. Ladislas Botomanga
P. Salvatore Avallone
Fr. Paolo Sapienza
2 / 3
21 ans 6 directeurs 32 salésiens différents 36 nouveaux arrivés
33 départs
Sigles P = prêtre Fr = frère D = diacre S = religieux en stage pratique ou non encore prêtre
Selon le tableau, six directeurs différents sont passés en 21 ans de travail salésien à
Clairvaux et 32 salésiens différents ont travaillé dans l'œuvre. Il y a eu 36 nouveaux arrivés et 33
départs (parfois les mêmes personnes qui reviennent) en 21 ans de travail. Ces statistiques
montrent la grande mobilité du personnel salésien, c'est important, car la plupart des postes de
direction sont dans les mains des salésiens.
Des éléments pouvant expliquer le déplacement continu des salésiens à Clairvaux ont pu
être identifiés. Le premier, au niveau provincial, l'absence de projet à long terme et le manque de
capacité d'anticipation, peut-être à cause de l'urgence pour l'action pastorale. Un deuxième
élément est plus lié aux personnes et à leur fragilité. Cette réalité dévoile la difficulté de certains
salésiens à s'adapter, à travailler ensemble, à communiquer entre eux, à s'insérer dans la nouvelle
culture en tant qu'individus mais aussi en tant que communauté de croyants. Un troisième motif
est lié au fait que quelques salésiens sont encore en formation (S) et qu'ils doivent continuer des
études après leur pratique pastorale qui ne doit pas dépasser (normalement) deux ans à Clairvaux.
Les voyages des salésiens missionnaires à l'étranger sont aussi fort nombreux, peut-être
trop ? Ils sont liés à la recherche de fonds, aux vacances (tous les deux ou trois ans, pendant une
durée de deux ou trois mois), aux maladies, aux problèmes familiaux, etc. Cela prive la
communauté, chaque année, de la présence d'un membre à des périodes différentes de l'année,
voire même lors des programmations. Ce va-et-vient est source de nombreux problèmes
institutionnels, par exemple le manque de suivi, de programmation et la surcharge de travail pour
ceux qui restent sur place.
Une dernière observation qui ressort de la lecture des documents, c'est que nous avons
l'impression que les salésiens ne sont pas suffisamment nombreux pour autant de travail. Un
145
phénomène assez courant consiste à donner deux charges à une seule personne, c'est le cas de
figure du directeur-économe. Mais, l'excès de travail est-il le vrai problème ? ou bien est-ce un
manque d'organisation ? ou un manque de partage des tâches et des responsabilités ? Les
salésiens n'accumulent-t-ils pas trop de charges qu'ils pourraient déléguer ?
Économie, Providence et système préventif (4.7)
L'abbé Bernard avait une grande préoccupation : celle de la subsistance du Centre, au
détriment de l'aspect éducatif. C'est ainsi que le Centre fonctionnait en grande partie grâce à la
vente de produits agricoles qu'il produisait. Avec l'arrivée des salésiens, la priorité sera
l'éducation, ce qui exigera un grand investissement de moyens pour renouveler petit à petit toutes
les infrastructures. Évidemment, la vente de produits du Centre ne suffira plus pour subvenir aux
besoins de l'œuvre. C'est un déplacement intéressant qui donne matière à réfléchir. La question a
été étudiée dans la huitième réunion du groupe de recherche sous le titre : système préventif et
économie.
Si, depuis les débuts de l'œuvre, la Providence n'a jamais manqué,57 avec l'arrivée des
salésiens, l'appui institutionnel (de l'étranger) et leur savoir-faire susciteront un vrai mouvement
de solidarité envers Clairvaux. Cependant, en lisant les documents concernant l'œuvre, nous
avons l'impression que les salésiens sont toujours occupés à construire. C'est la critique émise
par un des salésiens lors du conseil du 7 mars 1994.58
Il nous faut dire que la réflexion sur les constructions a été très développée dans la
documentation. Malheureusement elle ne nous donne pas assez d'information pour déterminer
exactement les mécanismes de contrôle. En fait les visites provinciales ne touchent presque pas le
sujet et nous ne savons pas si, à part le compte rendu annuel et les approbations pour les
constructions, les salésiens sont ou non soumis à de réels contrôles. En plus, les laïcs n'ont
aucune place dans la gestion ou dans la détermination des politiques de gestion, ce qui est bien
significatif.
À propos de l'autorité, il nous semble pouvoir saisir que certains salésiens se considèrent
plutôt comme employeurs et regardent les laïcs comme leurs employés.
Voir par exemple la Cronaca, lOottobre 1984. Cf. Verbale n° 67, 7 mars 1994.
146
Pour terminer, nous voudrions signaler un aspect, difficile à classifier, qui ressort à la
lecture des documents, c'est que les salésiens ont eu du mal à tenir compte des observations de
leurs supérieurs. C'est un phénomène qui nous semble grave, que nous qualifions de
dysfonctionnement. Comment l'expliquer ? Une première réponse se trouve déjà dans la mobilité
trop grande des salésiens, ce qui empêche un projet à long terme et l'exécution des observations
(ies supérieurs. Mais si, comme nous venons de le dire, il peut y avoir des raisons liées aux
personnes comme par exemple un manque de flexibilité, un manque de formation à la mission,
des difficultés à communiquer, etc., il peut y avoir aussi des raisons institutionnelles plus
profondes, comme par exemple l'incapacité à motiver le changement, à l'accompagner et à
l'évaluer. En plus, il nous semble que les observations des supérieurs, en général, ne proposent
pas assez d'outils pour procéder au changement personnel, communautaire et institutionnel. Une
dernière raison de ce manque d'application, c'est que le changement est proposé seulement aux
salésiens sans qu'il y ait un réel engagement de toute la communauté éducative. Autrement dit,
les observations des supérieurs devraient engager toute la communauté éducative et au moins une
partie de ces observations devraient être lues à toutes les personnes concernées dans le travail
éducatif. Elles aussi devraient être accompagnées et aidées à évaluer le changement.
7.3 À propos de la compréhension du processus d'inculturation
Pour terminer cette section concernant la recherche documentaire, signalons que le mot
inculturation a été utilisé par les salésiens de Clairvaux pour la première fois en 1989, dans le
procès-verbal n° 51 de septembre 1989, en rapport avec le règlement que certains salésiens
considèrent comme non inculture, mais sans expliquer pourquoi. Ceci montre que la recherche
documentaire est bien partielle et laisse bon nombre de questions non résolues. Ceci démontre
que ce projet de recherche sur F inculturation du système préventif n'aurait pas pu se faire
simplement sur une base documentaire.
Le processus d'inculturation à Clairvaux
La recherche documentaire sur 20 ans de travail salésien à Clairvaux nous a montré
combien le processus d'inculturation est inhérent à une démarche d'évangélisation. Il se vit dans
le temps et l'histoire, avec des personnes concrètes, qui ont un caractère, des préoccupations,
etc. . À Clairvaux, le processus a concerné la rencontre entre le système préventif, porté par les
147
missionnaires italiens et la culture malgache des hauts plateaux. La recherche documentaire nous
a permis de considérer le regard des missionnaires sur ce processus. C'est un regard qui conçoit
la mission comme une œuvre d'éducation et d'évangélisation, où les laïcs, dans un premier
moment, sont plutôt passifs, destinataires de la mission. Ce regard va évoluer vers une réelle
collaboration et un véritable partenariat, mais qui cependant ne touchera pas certains domaines,
comme par exemple celui de l'économie.
Dans la rencontre entre le système préventif et la culture malgache, diverses étapes ont été
franchies. Selon la documentation ces étapes sont liées aux personnes, notamment les directeurs,
tandis que pour la R-A elles sont liées aux rapports entre salésiens missionnaires et malgaches.
Il nous est possible d'identifier des niveaux d'inculturation et des éléments liés au
processus. Parmi les éléments les plus importants nous trouvons les acteurs. Le processus donc
engage des personnes et provoque des changements chez elles et dans leur milieu de vie. Il peut
s'agir de conversions, d'enrichissements humains et de nouvelles synthèses. Ce sont surtout les
supérieurs salésiens qui se sont révélés capables de prendre le recul nécessaire pour apprécier ce
processus dans toute son ampleur.
À propos de ces nouvelles synthèses, quelles sont-elles ? et comment se font-elles ? En
premier lieu, la synthèse est représentée par l'inculturation elle-même ou comme projet à
atteindre. Dans ce sens la synthèse peut être comprise comme un processus ou bien comme le but
à atteindre par processus. En tant que telle, cette synthèse est vivante, une sorte de quête
d'équilibre très lié aux rapports entre personnes.
Pour ce qui concerne les niveaux de ces synthèses, ils sont de deux ordres. En premier
lieu, de l'ordre de l'approfondissement, autrement dit une meilleure connaissance du système
préventif de la part des laïcs et une meilleure connaissance de la culture de la part des salésiens
missionnaires. Le point de départ étant une méconnaissance totale, le point d'arrivée étant la
capacité d'enseigner à d'autres. En deuxième lieu, il s'agit de nouvelles dimensions touchées par
le système préventif, elles peuvent être des dimensions personnelles, relationnelles, culturelles et
institutionnelles.
Revenons à la recherche documentaire, elle nous permet de mieux comprendre certains
aspects de l'inculturation à Clairvaux. Par exemple, une chose évidente, mais aussi étonnante
parce que peu réfléchie ; l'inculturation implique le rapport évangile - culture, mais elle est
profondément conditionnée et liée à des éléments qui n'appartiennent pas nécessairement à une
148
culture déterminée, mais plutôt inhérents à la nature humaine. Ces éléments favorisent ou
empêchent rinculturation. Nous avons identifié plusieurs d'entre eux, tels le caractère du
missionnaire, ses limites, ses problèmes personnels et ses difficultés dans les rapports
communautaires.
Un autre élément conditionne rinculturation. Il s'agit des politiques institutionnelles,
comme c'est le cas pour les déplacements des salésiens et la politique de rémunération et du
travail. Nous précisons que, tout au long de l'histoire de Clairvaux, cette dernière donnée
conditionnera le rapport avec les laïcs, mais aussi rinculturation. Il nous faut signaler que parfois
les salésiens négligent l'apprentissage de la langue et la culture, cela s'explique
fondamentalement pour deux raisons : l'urgence d'un travail à accomplir et aussi par un blocage,
peut-être psychologique, dans l'apprentissage.
Dans le procès-verbal du 8 janvier 1985, nous lisons que les changements à Clairvaux
doivent être faits doucement et avec une grande attention à la lecture de la réalité. Ce critère
d'« adagio » sera repris dans le procès-verbal du 12 août 1985. Les propos tenus par le provincial
en 1985 insisteront aussi sur la nécessité d'avancer avec calme et en communauté, en respectant
la gradualité et en suivant un critère « cyclique » pour ne rien oublier et pour avancer en
harmonie.59 Malheureusement, ce critère ne semble pas avoir été toujours respecté. Nous
reviendrons sur cette question quand nous parlerons au cinquième chapitre de l'écart discours -
pratique et aussi quand nous parlerons du kairos.
Si d'un côté nous pouvons déterminer comment les éléments mentionnés antérieurement
interagissent, s'influencent, d'un autre côté nous avons beaucoup de difficultés à déterminer, à
partir des documents, des critères pour évaluer rinculturation. Ainsi, quand on parle
d'inculturation dans la documentation, c'est pour dire que le règlement de Clairvaux n'est pas
inculture. Pourquoi cette affirmation ? D'où provient-elle ? Ce que les salésiens disent c'est qu'il
manque au règlement une référence malgache ou bien que le règlement a été fait par les salésiens
missionnaires sans tenir compte des autochtones. À plusieurs reprises les salésiens se plaignent,
de ce que le système préventif n'est pas encore assumé, parce qu'ils ne voient pas dans la
pratique les résultats attendus. Ce critère « assumé » est peu clair, il ne détermine pas ce qui doit
être « assumé » ni comment. Nous pouvons comprendre cette affirmation entre autres parce qu'il
manque un projet à Clairvaux. Nous pouvons dire que c'est seulement avec l'élaboration du
59 Voir Quaderno délie visite ispettoriali e straordinarie, 8 gennaio 1985.
149
projet éducatif et pastoral de Clairvaux que deviendra possible une évaluation objective et non
pas sentimentale.
Terminons cette section en disant que compte tenu des variables qui sont en jeu et de
l'impossibilité de répéter le même processus au niveau de la pratique, l'inculturation reste
toujours unique, imprévisible, créatrice et originale, ou comme dit Amaladoss : « le processus de
la rencontre entre évangile et culture ne peut être planifié à l'avance ni contrôlé d'en haut ».6Û
Nous sommes en présence d'un processus qui comporte des étapes, qui se succèdent souvent de
manière progressive, mais parfois aussi avec des reculs, comme c'est le cas des relations
humaines missionnaires - autochtones qui s'améliorent et qui ensuite, se détériorent à nouveau.
Ces étapes sont vécues dans le temps, par des personnes concrètes et dans un contexte particulier.
8. Le rapport entre la R-A et la recherche documentaire
Dans le tableau suivant nous présentons les correspondances entre les sujets traités par le
groupe et les thèmes touchés par notre recherche documentaire. Signalons tout d'abord que pour
cette classification le point de référence a toujours été la R-A.
Tableau des thèmes traités ou non par la R-A et la recherche documentaire Thèmes R-A Recherche documentaire
1. Concepts
1.1 Culture malgache Développé Manque d'information 1.2 Système préventif Développé Manque d'information 1.3 Culture Clairvaux Développé Manque d'information 1.4 Mise en relation des concepts Développé Manque d'information
2. Les trois piliers du système
préventif Discours assez général
2.1 Religion Développé Sous-entendu 2.2 Amour Développé Sous-entendu 2.3 Raison Développé Sous-entendu 2.4 L'équilibre entre les trois piliers Développé Sous-entendu
3. Dimensions du système préventif
Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralité clans les Églises ?, 13.
150
3.1 L'assistance Développé Manque d'information 3.2 La prévention Développé Manque d'information 3.3 Un type de regard sur les jeunes Développé Manque d'information 3.4 L'éducateur et la vocation Développé Manque d'information 3.5 L'ambiance Développé Développé 3.6. Les finalités Développé En rapport avec le projet
Clairvaux 4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un
milieu masculin Développé Manque d'information
4.2 Le tabou et le système préventif Développé Manque d'information 4.3 Le rapport missionnaires -
autochtones Développé Développé
4.4 L'adulte malgache éducateur,
est-ce possible ?/rapport adulte -jeune Développé Peu développé
4.5 Le rapport catholiques -
protestants Développé Manque d'information
4.6 Le déplacement trop fréquent des
salésiens Développé Pas développé, mais bien
documenté 4.7 Système préventif et économie Développé Très développé
Correspondances Le tableau ci-dessus nous montre tout de suite les correspondances et les écarts entre les
deux recherches. En premier lieu les correspondances sont au niveau du 2e point, les 3 piliers du
système préventif. Dans la R-A, les trois piliers ont été abordés en détail, un par un, alors que la
recherche documentaire montre que ces éléments reviennent de manière moins systématique.
Ceci montre combien les salésiens sont imprégnés du système préventif et de Don Bosco. Le
système préventif est toujours sous-entendu quand les salésiens parlent.
Au niveau du 3e point, sur les dimensions plus particulières du système préventif, la
question du projet ressort avec évidence dans la recherche documentaire. Le projet Clairvaux se
rattache aux finalités du système préventif, mais si la R-A est sensible aux finalités, elle est moins
attentive à l'élaboration du projet. C'est peut-être parce que le malgache est plus sensible aux
relations, tandis que le missionnaire l'est plus au « faire » et au projet, il est plus systématique.
151
C'est en parlant des sujets particuliers que nous trouvons, surtout, deux problématiques
qui préoccupent les salésiens (recherche documentaire) et les laïcs (R-A) : la première est le
rapport entre les salésiens et les laïcs et la deuxième porte sur la question économique.
Ecarts
Pour ce qui concerne les écarts, ils sont de deux sortes, le premier au niveau des thèmes
qui ne sont pas abordés par la documentation et le deuxième concerne le point de vue différent
entre la recherche documentaire et la R-A.
Au plan des concepts, la recherche documentaire est pauvre, parce qu'elle ne précise pas
ou bien néglige certains concepts.
Au niveau des relations système préventif - culture malgache, nous trouvons un réel
manque d'information dans la documentation, puisqu'il n'y a presque rien sur la culture
malgache.
Un écart qui est problématique concerne le regard porté par certains salésiens sur les laïcs,
nous avons eu la conviction que les laïcs ne sont pas valorisés en tant que croyants ayant une
propre vocation.
C'est en ce qui concerne les sujets particuliers que les écarts nous semblent plus
nombreux et non moins significatifs. Par exemple, on ne parle jamais ni des femmes, ni des
protestants dans la documentation ! Un silence très révélateur, et il n'y a rien non plus dans la
documentation sur le tabou.
L'approche du système préventif et de l'économie est perçue de manière différente. Pour
la R-A une des préoccupations est la continuité, autrement dit le passage de la gestion des
salésiens missionnaires aux salésiens autochtones, entre parenthèse c'est l'unique fois qu'on parle
des salésiens autochtones !61 Tandis que pour les salésiens, dans la documentation, c'est la
gestion des constructions et des salaires qui les préoccupe.
La perception de l'autre est aussi différente. Par exemple les laïcs voient les
missionnaires, à cause des origines, comme source de conflit et les salésiens voient les laïcs
comme problématiques. Nous croyons pouvoir avancer que pour sortir de cette perspective
conflictuelle, le principe de l'incarnation employé à l'intérieur de l'inculturation n'est utile que si
il est conçu comme appel à l'unité et au dialogue.
61 Pourtant présents à Clairvaux depuis 1996.
152
Il nous faut signaler que si la R-A nous semble plus équilibrée dans son regard de
l'histoire et du processus d'inculturation, la recherche documentaire nous montre plutôt les
évolutions. En fait, l'évaluation faite par les laïcs est certainement plus riche que celle des
salésiens, trop centrée sur un jugement d'en haut et peu soucieuse de remettre en question la
tradition salésienne ou les propres personnes. Trop souvent l'histoire, quand elle est écrite par les
salésiens missionnaires, semble une justification. Ce sont les interventions des supérieurs
étrangers à la situation qui nous semblent les plus proches de celles des laïcs à Clairvaux.
Conclusion
Nous venons de dégager les correspondances et les écarts entre les deux recherches. Dans
cette conclusion, il nous semble important de reprendre ces éléments par rapport au processus
d'inculturation, de façon à préparer les bases d'une analyse et d'une interprétation des résultats.
1. Le rôle des concepts dans la compréhension du processus d'inculturation du système préventif
Pour ce qui concerne les concepts, nous avons commencé par travailler autour de deux
concepts fondamentaux : « culture » et « système préventif », mais bien vite le groupe a fait
émerger un nouveau concept : « culture Clairvaux », vraie synthèse de l'inculturation dans le
contexte de recherche. Il s'agit d'un concept clé qui explique bien l'ambiance. La joie et la fête
ont été les éléments mentionnés les plus typiques de cette ambiance. Ce concept représente aussi
la mise en relation des concepts de base : culture et système préventif. Ce qui est intéressant,
parce que le groupe n'a pas dit «culture - système préventif», concept qui serait resté
insaisissable et vague, mais il a créé un concept incarné, historique et contextuel comme c'est le
cas de « culture Clairvaux », qui parle déjà d'un lieu, de personnes bien concrètes, d'une histoire,
de valeurs et de principes. « Clairvaux », il ne faut donc pas le comprendre seulement comme
lieu, il représente une réalité, une « philosophie institutionnelle ». C'est pour cela que « culture
Clairvaux » est devenu non seulement un concept clé, mais aussi un concept opératoire.
62 « Il y a dans la langue malgache, comme, du reste, dans toute autre langue, certaines expressions qui, par leur structure, leur rythme, leur style, le ton avec lequel on les prononce, s'élèvent au dessus du langage commun, paraissent chargées d'un poids particulier par celui qui les prononce et produisent un effet de persuasion assez fort sur celui qui les reçoit. Dans leur ensemble, ces expression sont désignées par le terme malgache de "fitenenana", qu'on pourrait traduire par "expressions consacrées" », Gabriel Navone, « Ny atao no miverina » ou Ethnologie et proverbes malgaches (Fianarantsoa : Ambozontany, 1987), 15.
153
2. Les acteurs du processus d'inculturation du système préventif
Pour comprendre le processus d'inculturation, nous devons parler des acteurs, des facteurs
et des étapes. Il y a trois acteurs, les salésiens missionnaires (sur place), les salésiens qui exercent
des rôles de supérieurs (visiteurs occasionnels) et les laïcs malgaches. Précisons que les laïcs ne
parlent presque jamais ni des supérieurs, ni des salésiens malgaches, ce qui est déjà significatif.
Parmi les salésiens, il faut signaler le rôle des supérieurs comme non négligeable, même si
tous les salésiens ont une capacité institutionnelle à être protagonistes du changement, encore
faut-il dire que cette capacité est exercée de façon différente par chacun. Les supérieurs donnent
des indications fort pertinentes et proposent aux salésiens l'inculturation comme chemin à suivre,
l'inculturation comprise comme un meilleur rapport avec les laïcs.
Les salésiens missionnaires sont étrangers, presque tous d'origine italienne. Ils ont les
postes de responsabilité et ils sont les employeurs. Même si l'âge, le caractère et la formation
sont différents, nous observons une capacité de travail extraordinaire et un grand enthousiasme
pour la mission.
Les laïcs malgaches sont des employés salariés, souvent des exécutants (notamment au
début). Eux aussi sont différents : âge, sexe, formation, etc., ce qui rend le groupe très
hétérogène.
La source des conflits entre laïcs et salésiens étrangers se trouve, pour ce qui concerne les
salésiens dans leur rôle d'employeurs, dans la méconnaissance et parfois le mépris de la culture et
de la langue malgache. Du côté des laïcs la peur est justifiée par la crainte envers l'employeur et
par un préjugé négatif envers les étrangers, probablement une sorte d'héritage collectif fruit de la
colonisation. Mais, il y a aussi des éléments non liés à la culture comme le caractère des
personnes qui explique les conflits, ceci de deux côtés.
D'autres facteurs plus externes, liés à l'institution et à la culture, ont joué un rôle
important dans les relations, comme par exemple les contraintes économiques et le nombre de
salésiens.
Dans cette dynamique relationnelle entre acteurs, nous constatons que les Malgaches
donnent une grande importance aux rapports interpersonnels et communautaires, le fihavanana
est un élément qui qualifie tout. Ainsi la communion salésiens - salésiens à l'intérieur de la
communauté religieuse, et salésiens - laïcs dans le travail éducatif, a été au centre des
154
discussions. C'est significatif que les salésiens ne tiennent pas assez compte dans leurs discours
de la différence hommes - femmes, catholiques - protestants, employeurs - employés.
Des problèmes sans solution et indépendants des laïcs ont été abordés, comme c'est le cas
du déplacement trop fréquent et brusque des salésiens, question qui concerne les salésiens et les
politiques institutionnelles ; l'intercommunion, problème qui regarde la discipline ecclésiastique
et l'œcuménisme.
Des choses très intéressantes ont été dites à propos du rôle de la femme dans un milieu
masculin. Les femmes ont montré leur envie d'être partie prenante, à part entière, dans
l'éducation des jeunes, en apportant leur féminité et la symbolique religieuse qu'elles peuvent
représenter comme présence maternelle de la Vierge Marie au milieu des jeunes. C'est ainsi
qu'elles ont découvert leur vocation.
Terminons ce paragraphe en disant que chaque acteur perçoit de manière différente le
processus d'inculturation.
3. Les étapes du processus d'inculturation du système préventif
Il y a deux façons de voir les étapes, celle construite à partir du regard des salésiens
missionnaires et celle élaborée à partir du regard porté au processus par les laïcs. La première
façon de périodiser, celle des salésiens missionnaires, est centrée sur la succession des directeurs
et l'élaboration du projet Clairvaux.
La deuxième façon de périodiser, celle des laïcs, est centrée sur les types de rapports avec
les salésiens. Selon les laïcs la période se divise en deux, celle du père Claudio De Portu et celle
des pères Leonardo et Heriberto.
Une perspective plus équilibrée, et qu'intègrent ces deux types de regards, nous permettra
de dégager grosso modo trois moments : initial, intermédiaire et terminal. Là aussi nous nous
trouvons devant des frontières difficilement reconnaissables, ajoutons en plus que les étapes,
même si elles devaient signifier un avancement, sont parfois marquées par des reculs. Enfin, à
l'intérieur des étapes, il y a aussi des nuances et sous-étapes, puisque les personnes vivent ces
moments de manière différentes. Cela montre encore la complexité de la périodisation et le
caractère parfois artificiel de la reconstruction. En tout cas, il nous semble que la dernière étape
est atteinte lorsque les laïcs sont capables de partager leurs acquis, comme c'est le cas des
formations que Clairvaux donnait à d'autres Centres d'accueil d'enfants et déjeunes en difficulté.
155
Nous pouvons ainsi affirmer que, malgré tout, le processus avance vers des synthèses plus au
moins réussies.
4. Quelques caractéristiques du processus d'inculturation du système préventif
Le groupe de recherche a insisté sur la pertinence du système préventif pour la culture
malgache. Entre autre parce qu'il voit une continuité avec la culture, comme c'est le cas de la
prévention qui, selon les participants, est déjà présente en germe dans la culture malgache, mais
aussi parce que le système préventif a des résonances en eux : sagesse ancestrale - raison, cœur -
affection, dieu créateur - religion...
Mais, il n'y a pas d'inculturation sans nouveauté et rupture. Le groupe a dit à ce propos
que la culture malgache néglige l'enfant et que le sens de la présence éducative de l'adulte
(assistance) est absent. De ce point de vue, le système préventif est devenu prophétique et nous
nous trouvons devant une discontinuité avec la culture malgache.
Des incohérences dans le vécu des participants ont été aussi mises en évidence, parfois de
vrais aveux publics. Ceci parce que le groupe s'est rendu compte qu'il y a une distance entre la
théorie et la pratique ; entre la foi enseignée et la foi pratiquée, distance qu'il faut réduire au
risque d'un manque d'incidence et de crédibilité éducative, pastorale et personnelle.
En parlant des trois piliers du système préventif, le groupe s'est beaucoup attardé à la
question de l'affection et de la religion, ce qui montre bien que l'homme malgache est homme de
cœur et croyant, plutôt que de rationalité comme on entend dans la culture occidentale (le Nord).
Très rapidement, le groupe a identifié que les valeurs salésiennes peuvent être perverties : la
liberté peut devenir laisser-faire ; l'initiative - confusion de rôles ; l'amour - surprotection,
enfants gâtés, jeunes passifs ; l'assistance - surprotection. Comme quoi le système préventif peut
être mal utilisé s'il n'est pas bien compris.
Quand le groupe a abordé le système préventif, il ne s'est pas attardé à des considérations
trop théoriques non plus. Même si les participants ont démontré une bonne connaissance
théorique du système salésien, ils ont manifesté une excellente capacité d'application, ce qui
prouve leur haut degré d'appropriation de ce système. Nous pouvons dire avec certitude que le
groupe connaît bien sa propre culture et le système préventif, avec les valeurs humaines ou
évangéliques et pédagogiques que tous les deux véhiculent, c'est ainsi que nous pouvons
confirmer l'enracinement du système salésien chez les participants. Cette connaissance est
156
tellement bonne qu'elle portera le groupe non seulement à une analyse, mais aussi à la création de
stratégies éducatives-pastorales, comme c'est le cas de la méthode pour dépasser le tabou, avec
des critères pleinement inspirés du système préventif.63
Les échanges du groupe de recherche ont entrainé chaque participant vers un double
changement. Un premier, interne, entre autres grâce à la relecture de la propre histoire de vie à
Clairvaux, comme c'est le cas quand chacun a parlé de sa vocation. Il y a eu un changement de
regard et de nouvelles prises de conscience. En deuxième lieu, il faudrait mentionner un
changement chez les participants à l'égard de la pratique du système préventif. Ce changement a
consisté fondamentalement en un plus grand engagement dans leur milieu de travail et de vie.
Pour ce qui concerne les critères d'évaluation de réussite du processus d'inculturation, ils
sont plutôt de l'ordre relationnel, liés à la compréhension de la culture et du système préventif,
ainsi qu'à la pratique-même de ce système préventif.
À la fin de ce chapitre, nous tenons à rappeler le climat des réunions, parfois pleines
d'humour et d'émotion. Nous tenons ainsi à mentionner la conviction partagée par les
participants à la recherche de la présence de l'Esprit tout au long des travaux. En premier lieu
parce que ce sont les intervenants qui ont demandé de prier, chose que nous n'avions pas prévue
au début de la recherche, cette attitude d'écoute et de soumission à l'Esprit nous a rappelé que
l'inculturation est fruit de l'Esprit et qu'elle dépasse les méthodes et les techniques d'étude ou
d'évangélisation. Parce qu'insaisissable, l'Esprit surpasse toujours nos attentes, comme l'a
démontré cette recherche.
Les éléments négatifs ou conflictuels peuvent se transformer en une chance pour les laïcs,
comme c'est le cas de la grande mobilité des salésiens à Clairvaux, qui les pousse à prendre plus
de responsabilités. En fin de compte, malgré les limites humaines, l'histoire du salut des jeunes,
des laïcs et des salésiens à Clairvaux se construit avec un Dieu qui ne cesse d'agir.
Le groupe a affirmé que les objectifs de cette recherche étaient atteints, ce qui nous
conforte largement et nous semble déjà un très bon critère de validation de notre recherche. Mais
63 Pour plus d'information voir Heriberto Cabrera, « Lefady dans l'éducation confessionnelle. Le cas du fady ondry dans une école catholique, » Aspects du Christianisme à Madagascar, n° 2 (2006) : 35-47. 64 Cette fois en parlant de la communauté, le père Pascual Châvez, recteur majeur des salésiens, a dit : « les efforts pour arriver à une interculturalité harmonieuse qui enrichit tout le monde ont besoin d'être promus de façon permanente. L'ouverture aux autres et un sens de l'humour sont, dans la communauté, les éléments indispensables dans la réalisation de cet objectif important ». Visite d'ensemble région Afrique et Madagascar. Discours de clôture du Recteur Majeur (Johannesburg, février 2006), 6.
157
nous croyons qu'il manque une systématisation de ces éléments, étant donné que l'approche du
groupe était davantage de type relationnelle. Nous avons aussi l'impression qu'une évaluation a
été faite, mais que les critères de cette évaluation sont restés implicites.
Le chapitre suivant devrait faire ce travail de clarification et de systématisation, ce qui
nous permettra de percevoir toute l'ampleur de la réflexion et aussi ses limites, ce travail est
généralement appelé l'interprétation.
158
CHAPITRE IV
ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
Dans le chapitre précédent nous avons présenté des résumés qui organisaient les propos
de la R-A et une synthèse des résultats de la recherche documentaire. Nous avons déjà dégagé un
premier essai de compréhension et d'évaluation du processus d'inculturation à Clairvaux en
mettant en relief certains éléments plus significatifs qui seront maintenant livrés avec plus de
détails à l'analyse.
L'analyse et l'interprétation de ces résultats seront faites en fonction de nos objectifs de
recherche : compréhension et évaluation du processus d'inculturation à Clairvaux, de façon à
montrer comment les résultats sont à insérer dans l'ensemble du projet de recherche.
Nous précisons que les éléments qui n'ont rien apporté de nouveau à la compréhension du
processus d'inculturation n'ont pas été retenus pour cette interprétation. Notons également qu'en
nous situant à l'intérieur de la théologie pratique, notre analyse devra nécessairement être
interdisciplinaire.
Nous avons organisé ce chapitre autour de quatre sous-titres. Dans le premier, qui
concerne la compréhension, nous allons montrer les éléments qui permettent de mieux
comprendre le processus d'inculturation, ainsi que la « culture Clairvaux » comme objectif de
l'inculturation et en dernier lieu nous allons expliciter l'interaction qui existe entre les éléments
du processus d'inculturation à partir de la notion de dialectique.
Au deuxième point, qui concerne l'évaluation du processus, nous présenterons trois
critères pour l'évaluation ainsi que leur application. L'exposé, montrera aussi l'origine de ces
critères.
Le troisième point abordera les questions ouvertes par la recherche, notamment au niveau
du contenu, de la compréhension et de l'évaluation du processus d'inculturation, tout en
explicitant les questions qui mériteraient des approfondissements ultérieurs.
Le quatrième point proposera des conclusions encore dans un stade provisoire. Nous
dirons que l'inculturation est plutôt un projet qui passe par des étapes successives et qui peut être
favorisé ou non par différents éléments en jeu et par ses acteurs. Nous dégagerons des nouveaux
critères. Dans toute cette démarche la notion de dialectique, encore une fois, nous permettra de
faire ressortir des questions importantes.
1.60
r
1. Eléments pour la compréhension du processus d'inculturation
La recherche a soulevé les éléments fondamentaux faisant partie du processus
d'inculturation. Elle nous a permis de comprendre ce qu'on entend par processus et vers où porte
celui-ci. Comprendre a signifié découvrir qu'entre les nombreux éléments qui font partie du
processus, il y a une interaction qui est dialectique et complexe. Cette interaction porte vers la
transformation ou changement. Mais en quoi peut consister la transformation ou le changement ?
1.1 La découverte des éléments faisant partie du processus d'inculturation
Parmi les éléments faisant partie du processus d'inculturation, nous avons retenu comme
les plus importants : le temps, les étapes, les acteurs et le langage.
Comment les intervenants sont-ils arrivés à cette découverte et à cette prise de
conscience ? Les moyens pour faire ressortir ces éléments ont été en premier lieu le partage et la
réflexion menée par le groupe, et en deuxième lieu, la façon dont ces éléments ont pu être traités
par le groupe de recherche, autrement dit, la façon de procéder. Cette façon de faire s'est révélée
être une dynamique cyclique, celle du processus.
Le temps Le temps est un élément important du processus d'inculturation, non seulement parce
qu'il périodise le processus en question, mais aussi parce qu'il montre le caractère « processuel »
et historique de l'inculturation. Autrement dit, les choses ont besoin de temps pour être assimilées
et elles sont marquées par la situation historique à un moment déterminé de la vie d'un peuple ou
d'une communauté.
Le temps qualifie le processus d'inculturation comme quelque chose de vivant, en
marche, et qu'on ne peut pas arrêter, parce que dynamique. Jean-Marc Ela dit à ce propos que
« nous ne pouvons pas nous soustraire au temps où nous vivons pour nous mettre à l'écoute du
Verbe ». Nous devons donc plonger dans l'histoire d'une communauté précise et concrète pour
rencontrer Dieu qui vient nous visiter et nous parler. L'histoire ordinaire est le terrain de l'action
1 Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 13.
161
libératrice de Dieu, à la limite nous pourrions dire « hors du monde, de l'histoire et du temps 'y
point de salut ».
lies étapes
Rappelons ce que nous avons dit dans l'introduction à propos des étapes. Si nous
appliquons une classification à partir de l'atmosphère, il est possible d'affirmer qu'au tout début,
le système préventif était perçu comme quelque chose de nouveau et un sentiment
d'« exaltation » pouvait être ressenti par les acteurs, mais au fur et à mesure que le temps passait
il y a eu une certaine « déception ». Evidemment cette classification nous semble incomplète, car
elle ne rend pas assez compte de ce qui s'est passé en réalité.
On pourrait donc concevoir les choses autrement. Ainsi, il nous semble qu'il y a eu
jusqu'à maintenant trois périodes. La première était celle de l'annonce et de la nouveauté, plus
kérygmatique et très enthousiaste certainement. Dans cette étape, le rôle des laïcs était plus
passif: ils devaient apprendre le système préventif. Nous trouvons ici tous les efforts pour
traduire dans la langue locale la salésianité, de façon à faire « connaître » le système préventif et
Don Bosco.
La deuxième étape a été plus pratique, c'est le moment de l'application, fruit de l'étude et
du travail commun des salésiens et des laïcs. Ici la pratique éducative et pastorale a été interprétée
à la lumière du système préventif, des traditions et des principes salésiens. La figure de Don
Bosco est restée un critère permanent de fidélité, mais sans trop d'herméneutique ni de
démystification.
La troisième étape est celle de la création d'une nouvelle culture, d'une nouvelle
ambiance, grâce à l'apport des laïcs. Ici, très doucement de nombreuses dimensions sont
« salésianisées », avec des niveaux de profondeur qui varient selon les personnes et selon les
dimensions qui sont touchées. Certaines vont très loin comme c'est le cas de l'affectivité, la
dimension relationnelle, etc. D'autres restent au tout début, comme la question œcuménique,
celle du rôle de la femme et toute la question économique. Ce qui montre que Clairvaux est, par
certains aspects, seulement au début de la troisième étape. Dans cette étape, la culture a une place
plus importante que dans les étapes antérieures, ainsi il y a aussi une « malgachisation » du
système préventif, dans le sens positif du terme.
2 Voir à ce propos Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 83-84.
162
Tableau des étapes de l'inculturation à Clairvaux r
Etapes selon les Etapes selon les Synthèse des étapes
laïcs salésiens
lèrc Étape lèrc Étape 1tre Étape
Claudio De Portu Arrivée des salésiens Nouveauté : les salésiens annoncent le système
6 directeurs préventif
Étape i 2èmeÉtape Intermédiaire ï Intermédiaire : les laïcs mettent en pratique
ï Application du système préventif
2 èmt Étape 2èmeÉtape 3*mcÉtape
Leonardo et Élaboration du projet Terminale :
Heriberto de l'œuvre 2002 - les salésiens et les laïcs enseignent à d'autres
le système préventif
Critère : relationnel Critère : l'autorité et - re-création du système préventif à Madagascar
le projet Critère : intégration des valeurs salésiennes et
culturelles
Ce tableau met en évidence les deux façons de voir les étapes, celle des laïcs et celle des
salésiens missionnaires, tout en proposant dans la troisième colonne une synthèse.
Les acteurs
La recherche a mis en évidence deux types d'acteurs : les salésiens et les laïcs, mais cette
classification, est beaucoup plus complexe qu'il ne semble. Qui est le salésien ? et qui est le laïc ?
Nous avons vu que le salésien est un religieux consacré. Dans la première partie de
l'histoire de Clairvaux, il s'agit de missionnaires, la plupart italiens, même si la liste met en
évidence d'autres nationalités (polonais, chilien, etc.). Les salésiens ont aussi des formations et
des niveaux d'études différents, chacun a son caractère, ce qui d'une manière ou d'une autre
conditionne l'inculturation. Ils sont les employeurs, ce qui leur donne un statut particulier devant
les laïcs salariés et conditionne le rapport. En général tous les salésiens ont de postes à
responsabilité. Mais les salésiens peuvent être aussi des « supérieurs salésiens » (provincial,
visiteur ou supérieur majeur). Ces derniers ont un rôle important dans la nomination des
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personnes, représentent l'institution et évaluent le travail des salésiens sur place. Il y a aussi chez
eux une grande mobilité et un déplacement fréquent (voir à la page 37, note n° 63) et le tableau
aux pages 142-145). À noter que le lien entre supérieurs salésiens et laïcs est moins évident que
le rapport salésiens - salésien supérieur et salésien missionnaire - laïc malgache.
Pour ce qui concerne les laïcs, nous avons vu aussi que derrière cette classification, il y a
d'autres éléments à prendre en compte, comme par exemple, qu'il est malgache, qu'il peut s'agir
d'un homme ou d'une femme, qu'il a une appartenance confessionnelle (protestant ou
catholique), qu'il a un caractère et une formation propre.
Les rapports interpersonnels et professionnels entre acteurs ne sont pas faciles et même
s'il y a des processus communs à l'ensemble des personnes, ils sont vécus de manière différente
par chacun.
Une chose qui nous semble importante à dire, c'est que tous les nouveaux arrivés à
Clairvaux, tant missionnaires que laïcs, sont en retard par rapport à l'inculturation qui est en
cours dans le milieu, ce qui peut aussi être source de difficultés.
Tableau pour présenter le type d'acteurs et ses caractéristiques
Acteurs Sous - division
Salésiens Étrangers de différents pays, mais surtout
italiens
Malgaches (on en parle très peu)
Supérieurs et salésiens missionnaires
Employeurs, ayant des charges de
responsabilité
Laïcs Hommes et femmes
Catholiques et protestants
Employés
Différents âges et engagements
Le langage Le langage doit être compris dans une double signification. En premier lieu, comme un
ensemble culturel, expression d'une culture, des idées, des concepts... et deuxièmement,
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linguistique, car tout langage manifeste une structure, il ne doit pas être simplement compris dans
sa dimension morphologique. En ce sens le langage est un outil, un instrument ou un moyen
culturel. C'est à partir du langage que nous pouvons parler de la culture malgache, puisque, nous
adhérons à ce que dit Jean-Marc Ela : « tout effort visant à comprendre l'homme est inséparable
d'une réflexion sur le langage ». Mais la question du langage est aussi une question théologique,
en fait, « la théologie ne saurait prétendre parler de Dieu sans s'interroger au préalable sur les
problèmes du langage qui nous situent au centre du débat sur la Révélation et l'histoire ».4
Le langage joue un rôle fondamental dans le processus d'inculturation, il est en relation
intime avec la pratique, il l'explique, la décrit et l'oriente. Il est aussi la médiation de
communication d'une culture à une autre. Sans le langage l'inculturation est impossible.
La langue malgache a été l'instrument avec lequel nous avons fait notre recherche. Elle
s'est montrée comme un instrument culturel qui peut favoriser ou empêcher l'inculturation du
système préventif à Madagascar, non seulement à cause du sens ou significations de mots, mais
aussi en raison de la mentalité et des valeurs qu'il véhicule.
Quelle est la relation entre langage et pratique dans l'inculturation du système préventif
salésien à Madagascar ? Cette question générale en synthétise d'autres aussi pertinentes comme
par exemple : de quelle manière le langage enrichit et appauvrit-il théologiquement,
pastoralement et pédagogiquement la réflexion sur l'inculturation du système préventif ?
Comment est-il source de conflit ? Comment expliquer l'écart entre discours et pratique ?
Comment favorise-t-il la réussite éducative et pastorale ? Quel mécanisme a été utilisé pour faire
le passage de la langue italienne à la langue malgache (temps, étude de la langue, réflexion,
l'apport des malgaches...) ? Quels sont les critères qui peuvent nous permettre de dire que
l'inculturation (par le moyen du langage) est réussie ? Nous allons essayer de répondre à ces
importantes questions.
Nous avons découvert un dysfonctionnement dans la pratique langagière des salésiens
missionnaires : ils ne connaissent pas bien le langage malgache, ils ont du mal à trouver les mots
malgaches pour dire le système salésien. Le système préventif sera donc enseigné plutôt par la
pratique que par les mots, mais aujourd'hui on ressent le besoin d'un discours qui accompagne et
explique cette pratique.
Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 24. 4 Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 25.
165
La question du langage ne veut pas culpabiliser les missionnaires, bien au contraire,5 mais
dire que l'inculturation du missionnaire est peut-être un rêve, qu'au plus il arrivera à une bonne
acculturation,6 ce qui n'est pas si grave, puisque ce qui importe, c'est que le système préventif
«'inculture et cela chez le peuple local.
Depuis le début des discussions, le groupe a démontré sa forte conscience d'une identité
culturelle propre, « malagasy », en plus d'une grande maîtrise du langage et des aspects
théoriques concernant le système préventif.
Comme nous l'avons vu, lors de la première et deuxième rencontre, le groupe de
recherche a développé une réflexion sur une définition opératoire des concepts « culture » et
« système préventif », mais sans parvenir à une conceptualisation. Il y a eu une prise de
conscience du fait que le concept de culture est un concept « passe partout », englobant, puisqu'il
touche toutes les dimensions de la personne et de la société. Tout est culture ou pour le moins,
tout est touché par la culture. Cette conception trop large est à notre avis dangereuse et ceci pour
deux raisons. La première, parce que tout peut devenir un élément identitaire et la deuxième,
parce que tous les éléments culturels risquent d'être mis à un même niveau, ce qui peut à son tour
exacerber la sensibilité identitaire locale vers un tribalisme et un immobilisme.
Le groupe a estimé aussi que la culture est influencée par le christianisme, le matérialisme
et la mondialisation, et il a exprimé l'idée selon laquelle, en fin de compte, Clairvaux était une
culture et que cette culture était la leur. Certains participants ont manifesté le désir de continuer à
travailler cette définition, mais la majorité du groupe a préféré continuer à avancer, sous peine de
ressasser des questions culturelles échappant finalement au cadre de la recherche et à l'intérêt de
la plupart des participants. Cette abondance de discours ne doit pas nous étonner, car les
traditions malgaches sont transmises de façon orale. Gardons également à l'esprit que la façon de
réfléchir du groupe était plus symbolique et dialogique qu'abstraite.7 Rappelons aussi que, pour le
langage malgache, ce qui importe n'est pas tant de définir que de comprendre : saisir la réalité par
5 Car la plupart a fait des grands efforts pour apprendre deux langues : le français et le malgache. 6 « Acculturation : c'est le processus que connaît une culture qui, en contact avec d'autres cultures, s'adapte à elles et, à partir de ses propres racines, en assimile certains éléments », Leonardo Boff, La nouvelle évangélisation. Dans la perspective des opprimés (Paris : Cerf, 1992), 28. « L'acculturation est le processus par lequel une personne, nouvellement arrivée dans une culture, apprend la langue, les usages, les habitudes alimentaires ou autres de la nouvelle culture, simplement pour pouvoir vivre et communiquer », Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 36. 7 Dans le préface de la première édition du Dictionnaire Français - Malgache de Malzac il est dit que : « la langue malgache abonde en mots pour exprimer ce qui tombe sous les sens, mais aussi qu'elle est très pauvre pour rendre les idées morales et métaphysiques, et, en général, tout ce qui concerne les sciences ».
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les mots est étrange pour lui. Les malgaches préfèrent laisser parler la réalité, car le langage n'est
pas ressenti comme un outil dont la fonction serait de saisir et maîtriser la réalité ou de la
posséder pour ensuite l'universaliser, mais plutôt ayant une fonction symbolique, ce qui montre
les racines malayo-polynésiennes des malgaches des hauts plateaux, dont les participants font
partie.
La langue malgache, qui emprunte à la vie réelle ses images, est riche en proverbes. Les
concepts en sont donc presque totalement absents et constituent, en tout état de cause, un élément
nouveau. Ainsi, les mots utilisés dans la recherche sont souvent liés à la vie, aux sentiments, au
cœur, tel le mot « ambiance » {mahatamana) avec une forte charge affective : « se sentir bien »
ou « faire en sorte que les autres se sentent bien ». Dans les faits, le groupe a traité les thèmes de
façon relationnelle, circulaire : c'est le « processus ». Cette façon de réfléchir correspond bien à
la mentalité malgache que nous avons appelée à la suite de Dubois, « pensée d'intégration » et
s'adapte bien à la méthode de la R-A.
La recherche de définitions opératoires n'a pas été une perte de temps, parce qu'elle a
permis au groupe de clarifier son discours et de poser les bases d'une réflexion qui allait se
poursuivre au cours des rencontres. Paradoxalement, ce travail qui, d'un coté, n'a pas abouti
complètement, est allé plus loin dans d'autres dimensions.
Au terme de cette section, il se confirme avec plus de clarté que le langage est un élément
important pour comprendre la mentalité et la sensibilité particulière d'un groupe déterminé, à un
moment déterminé, qu'il s'agisse de missionnaires ou de laïcs et qu'il conditionne l'inculturation.
1.2 Une nouvelle culture, objectif du processus d'inculturation
L'inculturation commence par la rencontre entre la culture malgache, dans un moment
historique précis, et le système préventif présenté par les missionnaires. Nous pourrions appeler
cela le point de départ. Le point d'arrivée devrait être l'inculturation, mais comme nous allons le
s Selon Robert Dubois, voir dans L'identité malgache. La tradition des Ancêtres, 32-34, la pensée d'intégration met en évidence les différences dans l'univers mais ne sépare pas de l'univers. Ce type de pensée découvre l'unité des « apparentés », la cohabitation dans une communauté villageoise et l'intégration de l'homme dans un terroir avec les obligations qui en découlent. Les inconvénients sont que pour le Malgache l'entrée dans la science est plus difficile et il risque de périr au sein du groupe. Pour le Malgache, une explication trop claire n'est pas rassurante. Il sait bien que les choses sont interdépendantes. Christian Alexandre dans Le malgache n'est pas une île, 43-44, critique cette position de Dubois parce que, selon lui, la formule « intégration » est étrange puisque contraire de ce qu'elle veut démontrer. Cette différence d'avis s'explique parce que le premier est un anthropologue et le deuxième un philosophe. Nous pensons pouvoir parler de la mentalité malgache comme cyclique. Ce modèle on peut l'observer dans le cycle des saisons, dans la vie des plantes et dans la vie animale en général.
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voir, il ne s'agit pas vraiment d'un point d'arrivée « fixe », il est plutôt un « état » en continuelle
recherche de pertinence. Les caractéristiques de ce point d'arrivée sont très difficiles à
déterminer. Rappelons que la culture est quelque chose de vivant, parce que les personnes
vivantes en font partie et parce que la culture est sujette aux coordonnées historiques et
temporelles, qui sont continuellement en évolution et qu'on ne peut pas arrêter. Pour le malgache
le passé fait aussi partie de la culture, non seulement parce qu'il explique le présent, mais surtout
parce que le rapport avec la mort est conçu de manière différente à celui d'Occident. Le culte des
morts ou famadihana sur les hauts plateaux par exemple nous rappelle que les ancêtres sont
présents, ils ont une place non seulement dans le coin nord-est de la maison,9 mais aussi dans la
vie, ils sont craints et vénérés.
Revenons à la « culture Clairvaux » ou « kolontsaina Clairvaux ». Pourquoi le système
préventif est-il considéré comme une culture ? En quoi consiste la culture Clairvaux ? Le groupe
a compris que le système préventif était une culture parce qu'il avait lié les personnes entre elles
et à une tradition, et parce qu'il touchait toutes les dimensions de la personne et de la
communauté éducative. La culture Clairvaux se caractérise ainsi par une ambiance détendue et un
climat éducatif. Dans la tradition salésienne, on parle de « maison qui accueille, école qui éduque
à la vie et cour où trouver des amis » ou encore d'esprit de famille.
1.3 L'interaction des éléments du processus d'inculturation : une dialectique
Il nous faut maintenant mettre en lumière la manière dont certains éléments culturels
malgaches sont mis en relation avec le système préventif. La meilleure façon pour présenter ce
rapport nous a semblé être la dialectique. Ce n'est que dans ce rapport que les éléments culturels
et salésiens prennent toute leur valeur. Puisque le rapport culture - système préventif est souvent
un va-et-vient, il devrait être abordé comme un réel discernement à réaliser, nous pourrions
l'appeler un discernement dialectique. C'est de cette façon que l'inculturation peut être comprise
et c'est dans ce rapport qu'elle germe et prend naissance.
Initialement, la dialectique en philosophie tenta de répondre à la question de savoir
comment résoudre les contradictions. Son rôle était d'ébaucher une solution qui se déploie et
parfois se résout dans le temps. Hegel considérait la dialectique comme la marche de la pensée
9 Pour le coin nord-est de la maison consulter Lars Vig, Les conceptions religieuses des anciens malgaches (Antananarivo : Ambozontany, Paris : Karthala, sans date), 67-74.
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selon sa propre logique. Ce mouvement de la pensée correspondant à celui de l'être même, il
utilisait la dialectique pour résoudre les contradictions qui se manifestaient dans l'être, en les
plaçant dans le temps et particulièrement dans l'histoire, grâce à laquelle elle se déploie. Selon
Hegel, la dialectique permet de comprendre l'union des contradictions et de dévoiler le principe
selon lequel cette union réside en une unité supérieure. Dans notre cas il s'agit de concevoir le
déploiement de la dialectique dans le temps et dans l'histoire, sans idéalisme. Nous reviendrons
sur la notion du temps et sur la dialectique en théologie dans le chapitre suivant, mais précisons
que le concept de dialectique pris dans son sens philosophique comme une recherche de la vérité
par la juxtaposition de thèses opposées, se prête bien pour comprendre les rapports qui semblent
opposés entre salésiens et laïcs, entre étrangers et autochtones, entre hommes et femmes, entre
catholiques et protestants, etc. Dans ces dialectiques, il y a comme deux niveaux, le premier est
celui des valeurs et croyances que nous pouvons caractériser comme une dialectique entre les
référents culturels et le réfèrent évangélique, où il s'agit d'intégration, de purification ou d'un
enrichissement entre ces deux référents. C'est le cas par exemple des dialectiques des valeurs :
affectivité malgache et amorevolezza, sagesse ancestrale et rationalité, croyance traditionnelle et
religion chrétienne. Ces dialectiques lient l'inculturation plutôt au dialogue qu'à l'incarnation.
Il y a une deuxième dialectique, qui est plus critique de l'institution et des ses réalisations
historiques, mais aussi des personnes. Il s'agit de la dialectique relationnelle, institutionnelle et
des rapports entre catégories de personnes : femme - homme, consacré - laïc, catholique -
protestant, étrangers - malgaches, employeurs - salariés, éducateurs - jeunes, inférieurs -
supérieurs. Les dialectiques lient l'inculturation plutôt à la communion et au dialogue qu'à
l'incarnation.
La dialectique des valeurs, une question d'inculturation Rappelons que « le Malgache est un homme de cœur plus que d'abstraction, et il a du mal
à préciser dans un discours rationnel ce qu'il considère pourtant comme l'essentiel de sa vie »,
pour lui l'affectif est très important. Cette dimension affective sera transversale à toute la culture
et à la recherche. Reprenons par exemple l'éducation avec le cœur, le rapport éducatif,
l'ambiance éducative et la difficulté relationnelle avec les salésiens étrangers. Dans cette
10 Christian Alexandre, Le malgache n'est pas une île, 37. Robert Jaovelo-Dzao dans « La sagesse malgache, » Recherches documents n° 11 : 34-36 voit le fo, le cœur en lien avec la réflexion (eritreritra). Nous entendons « homme de cœur » non pas dans le sens de bon ou généreux, mais dans un sens affectif et relationnel.
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perspective, tout ce qui favorise l'amour, le cœur, sera positivement perçu, tandis que tout ce qui
néglige ou détruit l'amour sera critiqué. Ainsi, le départ du directeur sera regretté parce que la
séparation fait souffrir.
L'existence de cette dimension affective dans la culture malgache favorisera l'intégration
culturelle de Yamorevolezza salésienne, en apportant deux caractéristiques, la première, une
ouverture transcendante à l'amour malgache, et la deuxième, un caractère éducatif.
La recherche documentaire nous montre au contraire que la dimension affective, même si
elle fait partie du système préventif, n'est pas ressentie par les missionnaires comme un élément
dont il faut tenir compte dans la relation avec les collaborateurs laïques. Les valeurs mises en
évidence sont l'efficacité, l'ordre et le travail.
Prenons une autre valeur malgache, la sagesse ancestrale. La rationalité dans la culture
malgache se manifeste, selon le groupe, par la sagesse ancestrale et les proverbes. Cette
dimension rationnelle a cependant été moins développée lors de la recherche. Comment expliquer
cela ? Pourquoi le groupe a-t-il accordé si peu de place à la rationalité ? La rationalité, selon
nous, a été remplacée dans la culture malgache par le sens du devoir « tsy maintsy » - terme que
nous retrouvons plus de 108 fois dans le Verbatim - et par l'autorité, souvent sacralisée, des
adultes et des ancêtres, tel que nous voyons dans la pratique du tabou alimentaire." Ceci explique
la difficulté rencontrée par les professeurs lorsqu'ils veulent vivre la rationalité « à la manière
salésienne » dont le rapport éducatif est fait de dialogue et de confiance envers les jeunes.
Dans tout ce parcours, il est particulièrement intéressant d'observer le fait que le groupe
affirme que certains éléments de la sagesse et de la tradition malgaches ont précédé le système
préventif. Par exemple les proverbes qui parlent de prévention : « aleo misoroka, toy izay
mitsabo » (mieux vaut prévenir que guérir). Mais le plus étonnant dans cet exemple c'est que le
groupe utilise comme preuve de cette « anticipation » un proverbe étranger qu'ils considèrent
comme malgache parce qu'exprimé en langue malgache et parce qu'il a été adopté par la culture.
Autrement dit, le proverbe a été accueilli par la culture comme un élément de la sagesse
ancestrale, preuve que la culture de la ville est une culture métissée, et que cette culture a été
assumée par le groupe. Entre parenthèse, c'est quelque chose que nous retrouvons aussi avec de
nombreux proverbes malgaches qui ont été influencés par le christianisme.
On se reportera à notre étude intitulée « Le fady dans l'éducation confessionnelle. Le cas du fady ondry dans une école catholique, » Aspects du Christianisme à Madagascar, n° 2 (2006) : 35-47.
170
Regardons la croyance : la foi fait partie intégrante tant de la culture malgache que du
système préventif, mais comme pour l'amour et la rationalité, les différences sont aussi
importantes. Au Zanahary malgache, le christianisme propose un Dieu personnel. P'our le
malgache, la croyance est liée à une parole exprimée par une personne jouissant d'une
certaine autorité, digne de confiance. Ainsi, il croit dans un dieu proclamé par une tradition. Dans
cette croyance, le rapport personnel avec dieu manque profondément ; il est craint et respecté,
objet de culte... mais dieu n'est pas objet d'un rapport personnel. Le Malgache a dès lors un
passage à opérer, de la croyance dans un dieu qui existe au travers de la parole d'autrui, vers un
Dieu qu'il a connu et reconnu au travers de sa propre expérience, « parce que le Dieu unique
s'était manifesté et était devenu "Dieu avec nous" ». Ceci aussi pour enlever un peu de pouvoir
à la parole des adultes, puisque croire à un dieu proclamé par un ray aman-dreny, sans faire
l'expérience personnelle, peut signifier reconnaître l'autre comme ayant le pouvoir de me faire
croire, « je crois à cause de lui ».
Pour le système salésien, la foi est en rapport avec Jésus-Christ et la dimension
transcendante de l'existence. Dans ce cadre, le groupe parlera de la religion, liée au paradis et à la
fête dans le ciel, autrement dit au paradis telle une fête continue. Cette perception nous semble
révéler une vision trop spiritualisée du salut et peu engagée dans le présent, mais laissons
l'approfondissement de cela pour le moment.
Lors de la recherche, nous avons eu le sentiment que pour quelques catholiques,
l'appartenance à leur religion et la spécificité de celle-ci ne sont pas tellement essentielles ou bien
elles ne sont pas claires. Ce qui importe pour eux, c'est d'être croyants. Ainsi, comme nous
l'avons dit, si pour le malgache la croyance n'est pas quelque chose à quoi on peut renoncer, y
adhérer au contraire est une question peu importante et qui relève plus de la tradition familiale
que d'un choix personnel. Ceci expliquerait en partie pourquoi, pour les catholiques, la foi
catholique s'apparente à la foi protestante. Ils n'y voient presque aucune différence ! Mais cette
incapacité à faire la différence peut aussi cacher d'autres attitudes, tel un sentiment de supériorité
des catholiques envers les protestants parce que, majoritaires dans cette école confessionnelle
salésienne, ils s'imposent en niant la différence. Ils (les catholiques) existent et les autres (les
protestants) doivent s'adapter. Une autre hypothèse pour interpréter ce fait, au moins inquiétant,
12 Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 706.
171
serait l'ignorance des catholiques par rapport à la spécificité de leur propre religion et celle des
autres.
Terminons ce paragraphe sur la dialectique des valeurs en signalant que pour le groupe le
changement est difficile à accepter, puisqu'il a le sentiment qu'en accueillant l'évangile, il
renonce à son identité culturelle. Cet aspect est très important à saisir ; le Malgache pense que s'il
renonce à un aspect de sa culture, il n'est plus malgache. Il a du mal à comprendre que les
éléments culturels ne sont pas tous à mettre à un même niveau et que certains doivent évoluer ou
être purifiés soit pour des raisons liées à un manque d'humanité, tel le cas du rôle de la femme,
soit pour des raisons liées à l'incompatibilité avec la croyance chrétienne, tel le cas du tabou.
La dialectique des rapports ou des relations, une question de communion
Il y a aussi un deuxième type de dialectique, celle liée aux rapports entre personnes. En
premier lieu le rapport hommes - femmes. Le groupe de recherche a mis en évidence le rôle de la
femme dans une culture machiste et dans une institution fortement patriarcale. Pour cette
question, la réflexion aurait pu être plus approfondie.
Les femmes aspirent à donner un apport plus consistant au travail éducatif, en apportant la
beauté. Cependant, cela ne renforce-t-il pas les stéréotypes et la division sociale sexiste à
l'intérieur de l'institution ? Dans la culture malgache, les femmes n'ont pas les mêmes droits que
les hommes. L'autorité masculine fait des femmes des êtres soumis et sans droit de parole. Un
exemple de l'acceptation de leur condition de femmes soumises a été donné par une femme elle-
même. Lors de la recherche, elle a dit se sentir valorisée parce qu'un des religieux lui avait donné
la possibilité de nettoyer son bureau. Si d'un coté, on peut voir ceci comme un signe de confiance
envers elle, cette responsabilité, qui a plutôt le caractère de corvée, ne libère certainement pas la
femme. Bien au contraire, elle l'enferme dans sa fonction de « femme de ménage », qu'elle
assume sans un vrai esprit critique. Quel paradoxe et quel bon exemple d'autorité masculine,
oppressive, assumée et mal sublimée par les femmes, opprimées !
Fondamentalement nous avons deux types d'acteurs dans le premier moment de
l'inculturation, les salésiens missionnaires et les laïcs malgaches. Le rapport entre eux n'est pas
toujours aisé et nous en avons déjà donné les raisons.
Il faudrait ajouter la question du rapport entre catholiques et protestants. La recherche
documentaire nous montre que les salésiens travaillent comme si tout le monde était catholique,
172
alors qu'au moins la moitié de la population est protestante et que certains intervenants pratiquent
même la religion traditionnelle, comme cela est ressorti lors des rencontres.
11 y a encore d'autres dialectiques qui ont attiré l'attention du groupe, c'est le cas du
rapport entre éducateur et jeune. On a remis en question les rapports selon la tradition malgache,
où l'adulte est souvent éloigné du jeune. Le système préventif invite les éducateurs à être plus
proches des jeunes.
Dans la dialectique Clairvaux - milieu de vie (ville, quartier), ce sont les changements
chez les intervenants qui ont été évoqués. Ce qui est bien significatif, c'est que dans la réflexion
de groupe et aussi dans la documentation, il n'y a presque aucune référence à la situation
politique du pays, du quartier... Clairvaux est un peu comme une île « apolitique ».
Cette réflexion, nous allons la reprendre dans le chapitre à partir des réflexions de Gaston
Fessard, de façon à déterminer comment les relations dialectiques qui concernent les rapports
humains peuvent être comprises dans une théologie chrétienne.
2. Eléments d'évaluation du processus d'inculturation
Nous venons de dire qu'il y a une interaction entre culture et système préventif.
L'enracinement du système préventif dans la culture malgache se trouve facilité quand il
rencontre des correspondants où se reconnaître. La réflexion antérieure explique en partie la
raison des échecs et des ruptures rencontrés dans le cadre de l'inculturation, notamment quand
ces référents manquent, quand ils sont pervertis (portés à l'extrême, idéologisés) ou bien quand
ils sont contraires à l'évangile. Notre réflexion ne veut pas s'arrêter à ces considérations, nous
voudrions montrer comment la recherche remet en question l'institution et la façon de concevoir
les rapports entre valeurs et entre personnes.
2.1 Élaboration des critères pour évaluer le processus d'inculturation
Lors des rencontres, le groupe a travaillé sur la manière dont la culture avait
préparé l'arrivée du système préventif à Clairvaux, mais également sur les points de désaccord,
les écarts avec celui-ci. Rappelons à ce propos ce que le père Lorenzo Scarfone mentionnait déjà
dans sa chronique : « nous avons dû reconnaître que Don Bosco nous avait précédé dans leur
173
cœur ».13 Grâce à la documentation disponible à Clairvaux et plus particulièrement au travail de
recherche, les aspects relatifs à cette préparation ont pu être identifiés : ny olon'ny fo, la religion
traditionnelle et la croyance en Zanahary. Tandis que pour la dimension rationnelle, nous avons
trouvé très peu d'éléments.
Le système préventif n'est pas venu interrompre la tradition malgache ; au contraire, tous
les acteurs perçoivent une grande relation ou continuité entre l'un et l'autre. Probablement non
seulement à cause de la culture, mais à cause du christianisme, car tous les éducateurs sont
chrétiens. Alors le piège c'est de croire que le système préventif a été bien accueilli par la culture
malgache quand ce sont plutôt des chrétiens malgaches qui ont bien accueilli le système
préventif, ce qui n'est pas la même chose. En tout cas, le groupe affirme que le système préventif
était déjà présent, à l'état de germe, dans leur culture malgache (hors Clairvaux). Cela nous fait
penser au semina verbi et à un Dieu qui assume tout ce qu'il y a d'humain, à la grâce qui précède
et prépare le chemin des missionnaires. Cette perception montre clairement que le système
préventif est capable d'accueillir tout ce qu'il y a de réellement humain dans une culture et qu'il
ne peut pas aller à l'encontre de celle-ci. Tant qu'il y aura de l'humain dans la culture,
Pinculturation sera toujours possible. D'un autre côté, l'inculturation restera une interpellation à
l'égard de tout ce qu'il y a d'inhumain. Ainsi l'interpellation devient prophétie. Cela signifie que
le système préventif se reconnaîtra dans une culture, tant qu'il gardera son caractère évangélique
et qu'il renoncera à devenir idéologie. C'est ainsi que la culture oblige le système préventif à
faire un discernement sur lui-même.
Nous avions précisé dans l'introduction qu'évaluer le processus signifiait déterminer s'il
avait été respectueux des personnes et s'il les avait aidées à grandir. Nous avions dit aussi
qu'évaluer signifiait spécifier et mesurer la profondeur et les dimensions qui avaient été touchées.
Dans cette démarche, il nous fallait trouver des critères qui nous permettraient d'évaluer la
profondeur et les dimensions. C'est ainsi que petit à petit le groupe a créé ses propres
critères pour évaluer le processus d'inculturation du système préventif à Clairvaux.
2.2 Premier critère : la fidélité à la culture et au système préventif
Le groupe a déterminé plusieurs critères d'évaluation de la réussite ou de l'échec de
l'inculturation à Clairvaux : le premier de ces critères est la fidélité à la culture locale et au
13 Cronaca scolastica, 1984-1986, 23.
174
système salésien. Ce critère se relie au deuxième critère théologique, le respect des réalités
anthropologiques et théologiques.
Parler de la culture locale signifie faire référence aux personnes concrètes et à leurs
traditions. L'aspect salésien signifie faire référence aux intuitions profondes de Don Bosco, plutôt
qu'à sa réalisation historique italienne. La fidélité critique à ces critères correspond à l'analyse de
la pertinence historico-contextuelle de ceux-ci ; cette analyse de pertinence est à réaliser dans la
pratique d'aujourd'hui. Démarche qui exige de prendre au sérieux les personnes qui sont devant
nous, mais aussi de nous prendre au sérieux en tant que partie prenante de cette inculturation,
tous acteurs de l'inculturation.
Application du critère
Pour illustrer nos propos, prenons par exemple, dans le cadre de la fidélité à la culture, le
respect de la valeur malgache fihavanana. « Fihavanana signifie à la fois, la parenté et la
consanguinité, l'amitié et la solidarité, la convivialité et les relations interpersonnelles ».14 C'est
un « mot dérivé de havana (parent), généralement traduit par parenté (réelle ou fictive), mais
renvoyant à une manière spécifique de penser et de vivre les relations interpersonnelles au sein
d'un groupe de parenté (réelle ou fictive) ». L'aspect relationnel {fihavanana) et communautaire
est une valeur transversale à toute la culture et à toute la recherche. Il sera toujours présent, même
si, à première vue, il peut sembler absent. Celui-ci constitue un critère de réussite qui, lorsqu'il
n'est pas préservé dans le rapport avec les salésiens, qualifiera l'inculturation d'échec. On dira :
« ici et maintenant, avec ce salésien, le rapport humain est un échec ».
Regardons la question de l'intercommunion. Le groupe l'a abordé non du point de vue
théologique, mais plutôt relationnel et pédagogique. L'impossibilité pour les protestants d'avoir
accès à l'eucharistie du coté catholique constitue un problème au niveau de témoignage et de
rapports humains car elle brise le flhavanana.
Nous pouvons d'ores et déjà dégager que les valeurs culturelles sont un point de vue et un
critère de jugement pour toute pratique. Un proverbe malgache exprime bien cette idée, « aza
mitsipa-doha laka nitana », ne repousse pas de ton pied la pirogue qui t'a fait traverser.
14 Christian Alexandre, Le malgache n'est pas une île, 19. 1 Robert Dubois, L 'identité malgache. La tradition des Ancêtres, 19. 16 Christian Alexandre parle, dans Le malgache n'est pas une île, 17, de cette pertinence pour « aujourd'hui » et il prend comme exemples Vaina et le fihavanana.
175
Prenons un autre exemple, cette fois de fidélité à la salésianité. Dans le système préventif,
tant l'éducateur « homme » que l'éducatrice « femme » ont un rôle à remplir dans l'éducation des
jeunes ; la culture malgache, quant à elle, refuse à la femme la même valeur et la même place
sociale qu'à l'homme. Dès lors, si la femme ne prend pas sa place en tant qu'égale au sein de
l'œuvre de Clairvaux, l'inculturation sera considérée, d'un point de vue salésien, comme un
échec. Encore un autre exemple, si dans le système préventif, l'adulte est proche des jeunes, ce
n'est pas le cas dans la culture. Par conséquent, si l'adulte n'arrive pas à se rapprocher des jeunes,
l'inculturation sera considérée, d'un point de vue salésien comme ayant échoué.
Pour certains éléments culturels les choses vont de soi, telles, l'affection, la croyance en
Dieu... la continuité ne pose pas grand problème, toutefois, on pourrait se demander si les deux
fidélités sont appelées elles aussi à changer, autrement dit : le critère d'évaluation peut-il être
remis en question ? Ce qui pourrait signifier un changement pour la salésianité (contextualisation
et mise à jour) et une conversion pour la culture. Nous répondons par l'affirmative, car dans une
certaine mesure, toutes les situations sont des lieux d'interpellation, de conversion ou de « re
création », même pour les critères, étant donné que chaque personne, chaque situation et chaque
moment historique sont uniques. Ce changement peut signifier pour la salésianité une sensibilité
accrue à l'égard de certains aspects plus pertinents pour la pratique d'aujourd'hui, comme c'est le
cas de l'engagement pour la vie.17 Mais aussi à des situations nouvelles qui interpellent comme
c'est le cas des orphelins du SIDA.18 Notons que le regard que nous portons envers la salésianité
est toujours une interprétation. Nous n'avons dès lors pas un système préventif « pur ». Nous ne
pouvons donc être salésiens qu'en interprétant. Mais attention, nous ne sommes pas en train de
dire qu'il faut faire à nouveau la salésianité, la re-création dont nous parlons est enracinée dans
une tradition. Elle n'est pas ex nihilo, mais plutôt naissance avec un héritage génétique, si on
nous permet la comparaison.
Une dernière question se pose, la fidélité doit toujours être critique. Elle manque de
critique, chaque fois que la personne ne se laisse pas interpeller, qu'elle se retranche vers des
terres connues, qu'elle répète des schémas du passé sans discernement. Culture et système
17 Voir Pascual Châvez, « Tu aimes tous les êtres, et ne détestes aucune de tes œuvres [...] Maître qui aimes la vie (Sg 1 1, 24-12,1), » ACG, n° 396 (2007) : 12-49. 18 Sur cette question, voir José Antonio Vega, « Le SIDA, » dans Les défis de la Mission « ad génies » en Afrique. Séminaire de missiologie de la famille salésienne Ngunda, 8-12 novembre 2004, 76-85.
176
préventif peuvent devenir ainsi des lieux de tranchée ou de protection pour les esprits fermés à la
dynamique évangélique.
2.3 Deuxième critère : la capacité de créer des réponses salésiennes
Un deuxième critère très proche du précédent, qui nous permettra d'évaluer le processus
d'inculturation à Clairvaux, est la capacité, de la part du groupe de recherche, d'élaborer des
« réponses salésiennes pour Madagascar»'9 aux défis et problèmes inhérents à la vie chrétienne et
au travail au milieu des jeunes. Ce critère est en lien avec le critère théologique « évangélisation
de la culture et inculturation de l'évangile » ou enracinement de l'évangile dans une culture. La
première réponse a été le langage. Un nouveau langage relatif au système préventif a ainsi été
créé. Il ne s'agit non pas de nouveaux mots ou de traductions, mais bien d'un nouveau contenu
véhiculé par ces mots. Ce contenu a parfois été modifié ou s'est enrichi de nouveaux sens, tels
ceux de : culture Clairvaux et fo fèno fitiavana.
Ce que nous venons de dire montre encore une fois comment le paradigme de
l'incarnation est inapproprié dans ce cas pour parler de l'inculturation, il serait préférable
d'utiliser celui de création.
Application du critère Regardons de plus près l'application faite par le groupe des « critères salésiens »20 pour
répondre à ces problèmes. Dans le cadre du gaspillage par exemple, il a été proposé de
responsabiliser les jeunes. À propos de la continuité dans la gestion de l'œuvre Clairvaux, le
groupe a suggéré une préparation du passage de la gestion salésienne étrangère à une gestion
salésienne locale ; le groupe a fait aussi quelques propositions pour l'autofinancement.
C'est sur la question du tabou que la réponse salésienne a été probablement la mieux
élaborée. Trois dimensions de la personne ont été concernées : l'affectif, le spirituel et le
rationnel, lesquelles font ressortir Y'olombelona des kabary malgaches, souvent défini comme :
vatana qui est corps, saina amam-panahy qui sont raison et esprit ; nofo aman-drù qui sont chair
et sang. La trilogie du système préventif est également concernée : affection - religion - raison.
19 « Réponses salésiennes », autrement dit des solutions ou interventions éducatives-pastorales, pertinentes pour le milieu malgache, inspirées par Don Bosco. 20 Les « critères salésiens », sont des valeurs salésiennes nécessaires pour donner des réponses qui soient considérées comme salésiennes.
177
Travailler au plan rationnel signifie raisonner avec les jeunes, leur expliquer, chercher avec eux,
avancer de façon progressive, finalement c'est adhérer à une vraie pédagogie de la gradualité qui
exige patience et temps. Cette pédagogie implique de la part des professeurs une grande
confiance envers le jeune, sujet considéré comme capable de raisonner et d'assumer sa propre
liberté. Dans cet exemple, la dimension religieuse est conçue comme un élément libérateur et une
force pour dépasser le tabou, tandis que la dimension affective est perçue comme un élément
indispensable pour rassurer le jeune.
2.4 Troisième critère : la capacité de susciter des changements
Le troisième critère d'évaluation du processus d'inculturation est la capacité de créer des
changements. Ce critère est très lié aux points précédents, puisque réponse et changement sont les
deux côtés d'une même médaille.
Ce critère pourrait être mis en rapport avec le critère théologique « évangélisation de la
culture et inculturation de l'évangile », dans le sens où l'évangélisation doit porter à un
témoignage, à des attitudes concrètes et pas seulement à des théories. C'est la question du lien
entre foi et vie.
Application du critère Outre le changement organisationnel et des façons de faire (premier type de changement),
il existe également un type de changement que nous pouvons qualifier d'« intérieur », parce que
lié aux prises de conscience et aux découvertes (deuxième type de changement), tel
l'élargissement du concept de vocation des laïcs (vocation salésienne laïque). Notons que le mot
« vocation » est utilisé à Madagascar pour les religieux, les religieuses et les prêtres. Lors des
rencontres, il a été souligné que la vocation salésienne est aussi un don pour les laïcs. C'est
quelque chose que nous savons depuis longtemps, mais pour le malgache ce n'est pas savoir qui
est important, mais se rendre compte, prendre conscience, sentir qu'il a une vocation
« mahatsapa » dira-t-on. Nous signalons encore une nouveauté plutôt linguistique et
conceptuelle, le groupe a élargi la signification du terme « laïc », il a introduit tous ceux qui, sans
appartenir à l'Église catholique, veulent, d'une façon ou d'une autre, contribuer au travail d'une
178
éducation intégrale, selon l'esprit de Don Bosco, intuition qui est corroborée, même si de manière
très discrète, par le CG 24 des salésiens.21
Un troisième type de changements concerne les attitudes, telle la façon de se mettre en
relation avec les jeunes, ou la façon de vivre sa propre pratique religieuse. Ce type de
transformations est le plus facile à observer extérieurement.
Disons un mot à propos du changement, cette fois en théologie. L'assimilation en
profondeur de l'annonce de l'évangile devrait produire un changement de mentalité chez ceux qui
l'accueillent, une conversion progressive qui transforme les habitudes personnelles et modifie
peu à peu les relations et la vie de la communauté chrétienne, puisque « la foi qui n'aurait pas
d'œuvres est morte dans son isolement» (Je 2,17). Mais attention, le changement n'est pas
seulement à voir de manière individualiste, c'est la communauté croyante qui doit évoluer et se
convertir.
Pour conclure, nous pouvons dire que l'attitude critique peut bien synthétiser tous les
critères d'évaluation et que les fruits de cette attitude critique peuvent être interprétés comme des
dimensions de réussite de l'inculturation.
Tableau des correspondances entre critères découverts par le groupe de recherche
et les critères théologiques Critères fruits de la recherche Critères théologiques22
1. Fidélité à la culture et au système préventif 2. Respect des réalités anthropologiques et théologiques Discernement anthropologique et théologique
2. Capacité de créer des réponses salésiennes 1. Evangélisation de la culture et inculturation de l'évangile
3. Capacité de susciter des changements 1. Evangélisation de la culture et inculturation de l'évangile
Ce qui est intéressant à noter, c'est que le quatrième critère théologique : « équilibre avec
l'Église, la tradition et la culture » est ressenti comme moins important pour les deux recherches.
Sans doute parce que pour les salésiens la tradition et la culture malgache sont inconnues, et
qu'également pour les malgaches la tradition salésienne est inconnue. Chacun ayant les siennes.
21 Voir CG 24, voir le n° 60, note 10. 22 Ces critères se trouvent aux pages 48-49, introduction, point 6.6.
179
C'est pour cette raison que l'inculturation fait peur, parce que le lien avec la tradition
semble plus faible, mais en fait, c'est le lien avec la culture étrangère qui est faible, ainsi
l'inculturation ne doit pas avoir peur de relativiser le langage et la formulation occidentale, pour
garder le fond du message, plutôt que la forme.
3. Questions qui restent ouvertes
Nous venons de procéder à une interprétation des résultats. Les questions qui restent
ouvertes sont de plusieurs ordres ; relatives, d'une part, à la compréhension et l'évaluation du
processus et, d'autre part aux thèmes qui ont été touchés eux-mêmes.
3.1 Thèmes encore à approfondir
À propos des sujets qui n'ont pas été assez approfondis, de nombreuses questions
théoriques sont restées ouvertes, elles ne concernent pas directement notre recherche, mais au
moins méritent d'être mentionnées. Par exemple la dimension rationnelle n'a pas été très
développée. Comment donner une place plus grande à la rationalité malgache ? Que veut dire une
rationalité malgache ? Sur la question des femmes on aurait pu aller plus loin, dans la critique de
la culture et de l'institution, mais il manque une réelle conscience du problème. « Le tabou
alimentaire » à propos duquel la recherche a posé des questions de fond comme : n'est-il pas une
façon d'échapper aux vraies questions ? Le tabou serait-il une façon de nous rassurer avec une
règle quelque part insignifiante ? Est-elle nécessaire ? Quel est le rôle de l'éducation dans la
préparation du jeune à la prise de conscience de ses propres responsabilités et dans sa capacité à
assumer sa liberté ? Comment comprendre le rapport tabou - loi en éducation ?
Nous avons dit que les différences entre protestants et catholiques sont perçues par
certains comme insignifiantes ou limitées aux manières de prier. Toutefois, si pour, ne fût-ce
qu'une personne, cette différence est grande, cela mériterait un plus ample approfondissement.
En outre, des questions sans réponses telles que celles relatives à l'intercommunion rejoignent
des questions d'Eglise. À notre avis, le groupe n'a pas exploré la question de la différence de la
participation au culte dans toute sa complexité. Le groupe n'a pas non plus voulu trop en parler.
Ce silence est significatif. En sachant que l'autorité catholique interdit l'intercommunion, le
groupe a arrêté la discussion. Nous précisons que c'est l'argument d'autorité qui les a arrêtés. Ce
180
type de questions nous les sentons comme une invitation au dialogue, mais probablement dans un
autre cadre de recherche.
Pour ce qui concerne l'économie et le système préventif, le groupe n'a pas non plus
louché le sujet dans toute sa complexité, se limitant au rôle de la Providence, qui certainement
existe, mais qui lui permet (au groupe) d'éviter la question du contrôle des finances et du pouvoir
que cela suppose : on a encore une fois spiritualisé. Le groupe ne s'est jamais posé la question
d'une participation dans la gestion financière, mais il n'a parlé que de l'autofinancement. Ceci
montre au moins un souci de responsabilité collective. La question concernant la gestion
économique, les problèmes liés aux salaires et au travail ont été soulevés par la recherche
documentaire. Il convient à notre avis de questionner les pratiques institutionnalisées afin de
déterminer les mutations qui s'imposent pour une participation plus active des laïcs dans la
gestion économique.
3.2 Questions de compréhension
Au niveau de la compréhension et de l'évaluation du processus d'inculturation, il y a
encore des questions qui restent ouvertes. Nous avons affirmé que le langage et le temps ont un
rôle fondamental dans cette compréhension, mais, y a-t-il d'autres éléments aussi importants ?
Nous pouvons nous demander aussi si la dialectique est la meilleure façon de concevoir les
rapports ou s'il faudrait trouver une autre façon de les approcher.
Une question difficile à gérer a été de savoir comment présenter de manière systématique
des éléments culturels et un processus qui ne sont ni systématiques ni linéaires, mais plutôt
complexes.
À plusieurs reprises nous avons parlé du processus d'inculturation comme d'une
dialectique ou d'un conflit. Ce conflit il faut le dire a été souvent un « malentendu productif».
Nous ne voudrions pas faire croire que tout a été négatif. En fait, le conflit ne doit pas toujours
être jugé moralement, car il fait partie du processus. Mais est-ce la meilleure façon de regarder
les rapports ? Ne devrions-nous pas chercher de nouveaux paradigmes interprétatifs pour la
compréhension et l'évaluation de l'inculturation, qui complètent au moins celui de la dialectique
(paradigme interprétatif) et qui enrichissent celui de l'incarnation (paradigme théologique) ?
Travailler avec tant d'éléments à la fois n'a pas été facile. Notamment parce que la
culture, même si elle est liée à une tradition, est soumise aux influences externes et en évolution
181
constante, notamment à cause des rapports avec le christianisme, la mondialisation et le
matérialisme, selon les dires du groupe de recherche.
Au niveau du processus d'inculturation, il nous faut admettre qu'il reste ouvert à des
évolutions ainsi qu'à de nouvelles interprétations. Cette ouverture ne doit pas être ressentie
comme une limite, mais bien au contraire comme la grande richesse de la vie, présente dans
chaque culture et dans ce Dieu que le système préventif ne cesse de proclamer. Bref, les
questions sur le processus restent ouvertes parce nous sommes en train de travailler avec des
personnes porteuses de la vie divine.
Au fur et à mesure que nous travaillions, nous avons eu l'impression d'être toujours en
retard, parce que le processus continuait à avancer. Autrement dit cette thèse, une fois produite,
ne correspondra pas tout à fait à ce que les gens vivent, mais au moins elle aidera à l'auto-
compréhension.
3.3 Susciter une plus grande participation
Peut-être que la question la plus importante concernant le processus et qui restera ouverte
pour les recherches postérieures, c'est comment intégrer les jeunes dans notre réflexion. Par la
recherche documentaire nous avons intégré les missionnaires et par la R-A les éducateurs, mais il
faudrait penser à une façon de faire et à une méthodologie pour écouter les enfants et les jeunes.
Une autre question grave nous semble la participation des salésiens malgaches. Les
salésiens malgaches, pourtant présents les dernières années à Clairvaux, n'apparaissent presque
nulle part dans la recherche. Seulement pour la question économique on a évoqué l'importance
pour les salésiens malgaches de garder le contact avec les bienfaiteurs. Cette question est
significative parce qu'elle peut montrer qu'ils ne sont pas considérés ou bien que leur apport est
moins important que celui des missionnaires à cause des postes de responsabilité que ceux-ci
occupent ou du pouvoir de décision qu'ils possèdent.
Un dernier souhait ou perspective serait de voir écrire le système préventif par les laïcs,
par les femmes et par les protestants. Il serait fort intéressant d'étudier l'application du système
préventif dans un milieu protestant.
182
4. Conclusions provisoires
Essayons de faire le point sur l'inculturation à partir de tout ce qui vient d'être dit. C'est
en travaillant le concept de « culture » que le groupe a commencé à se rendre compte que la
culture est un phénomène complexe et dynamique, liant les personnes entre elles et les rattachant
à une tradition.
Les éléments faisant partie du processus d'inculturation sont fondamentalement : le
temps, les étapes, les acteurs et le langage. À l'intérieur de l'inculturation il y a une dialectique
complexe de valeurs et relations.
4.1 Les étapes du processus d'inculturation du système préventif
La réflexion sur les étapes de l'inculturation nous a permis de découvrir que l'idéal n'est
pas atteint du premier coup. Il est même possible que cet idéal n'existe pas, au moins en tant que
point d'arrivée, puisque l'inculturation est un processus permanent, jamais achevé, dynamique et
complexe. Cet idéal serait donc à rechercher pendant toute la vie, une sorte de projet inachevé, de
l'ordre de la promesse. 11 n'est pas à comprendre comme un impossible ou comme une utopie,
mais plutôt comme un possible à discerner et à construire, dont chaque membre de la
communauté est responsable. Joseph Ratzinger parle de l'interaction entre culture et
christianisme comme une interaction qui « ne sera jamais une synthèse définitivement
accomplie ; elle suppose la nécessité de continuer les efforts vers la réconciliation et
raffinement ».
La première période ou étape du processus d'inculturation a été caractérisée non
seulement par la recherche des réponses aux besoins urgents de l'œuvre, mais aussi par l'accueil
inconditionnel des jeunes et des laïcs. C'est la période du grand enthousiasme des salésiens et des
autochtones à cause, entre autres, de la nouveauté, mais cette réception positive du milieu a été
marquée par la méconnaissance de la culture malgache de la part des missionnaires et par les
résistances culturelles des malgaches.24 Ainsi, cette première présentation du système préventif,
" Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 702. 24 « Il ne s'agit pas pour le Malgache de refuser systématiquement tous les courants d'idées ou toutes pratiques venant de l'extérieur en les traitant de folie ! Bien au contraire, même s'il commence par se méfier, le Malgache a une grande capacité d'adaptation et d'intégration. Mais sa pensée primitive le pousse à trouver étrange tout ce qui vient d'ailleurs », Christian Alexandre, Le malgache n 'est pas une île, 5.
183
très italienne, n'a pas bénéficié de la contribution des laïcs puisque les salésiens les ont
considérés comme de personnes qui avaient tout à apprendre ; ils ont oublié qu'eux aussi étaient
dans une semblable situation d'infériorité mais par rapport à la culture. Mais les laïcs sont
responsables aussi, quand la peur ou la méfiance les ont empêché d'agir, privant ainsi le système
préventif de la richesse de leur culture.
La peur exprimée par certains salésiens en 1984 de passer pour des colonisateurs n'était
pas infondée. En effet, pendant longtemps ils se sont conduits suivant ce schéma colonisateur -
colonisé, ce qui a marqué les rapports missionnaires - autochtones, preuve d'un manque
d'autocritique et des outils nécessaires, personnels et institutionnels, pour mettre en marche une
dynamique de changement.
Petit à petit, il y a eu un passage du charisme envisagé comme une possession, premier
moment où les salésiens missionnaires sont les propriétaires du charisme et l'« enseignent » aux
laïcs, vers le charisme envisagé comme communion, troisième moment où les salésiens partagent
un même charisme avec les laïcs et une même vocation au service des jeunes, évidemment selon
des modalités différentes, consacrée et laïque. Cette transition, d'une conception à une autre, qui
prendra vingt ans, est le deuxième moment. Dans cette étape, malgré les bonnes résolutions pour
arriver à une vraie collaboration salésiens - laïcs, il faudra beaucoup de chemin, tant au plan
personnel que communautaire pour y arriver. Parfois, une vraie conversion personnelle ou
institutionnelle sera nécessaire. Pour les salésiens, la conversion a été plutôt anthropologique :
respecter et croire que les Malgaches peuvent leur apprendre quelque chose et qu'ils sont dignes
d'un grand respect. Du côté malgache, il s'agit d'une conversion pédagogique, et parfois même
culturelle, vers un nouveau rapport éducatif avec les jeunes et un nouveau regard sur Dieu. Cette
démarche d'inculturation n'est pas à comprendre comme linéaire ; il y a eu parfois des reculs, liés
surtout aux personnes nouvelles, tant salésiens que laïcs. C'est pour cela que le processus
d'inculturation nous semble plutôt un processus de croissance et de maturité qu'un projet à
construire, l'image de la construction paraissant inapproprié pour décrire le processus
d'inculturation.
À propos de la troisième étape, celle de la communion, du charisme partagé, il nous
semble déjà la reconnaître à Clairvaux, même s'il reste des domaines qui n'ont pas encore été
touchés par l'inculturation comme la question des femmes, la relation avec les protestants et
l'économie. En tout cas, il y a de grands pas déjà accomplis puisque le groupe a montré une
184
bonne connaissance de Don Bosco, de la salésianité et de la culture et une excellente capacité de
mise en relation. Ainsi nous croyons qu'il est possible de reconstruire trois nouveaux critères
pour évaluer l'inculturation :
• La capacité de relire dans la foi sa propre histoire
• La capacité de se remettre en question et de développer un minimum d'autocritique
• La prise de conscience et les découvertes de nouveaux éléments
Ceci montre déjà comment le groupe, en partageant ses acquis et son savoir faire salésien,
est en train d'assumer en plénitude les intuitions de Don Bosco et d'élaborer des connaissances.
La recherche d'une réponse pertinente aux besoins des jeunes a duré vingt ans. Ce travail
continu a été positif puisqu'il a permis d'établir les structures nécessaires, de former les
collaborateurs, de résoudre les problèmes légaux et d'établir un nouveau rapport avec les
employés, basé sur une conception plus juste et évangélique.
4.2 Les nouveaux critères d'évaluation du processus d'inculturation du système préventif
Nous avons parlé plus haut de trois nouveaux critères qui s'ajoutent à ceux que nous
avons déjà développés au point 2.
Quatrième critère : la capacité de relire dans la foi sa propre histoire
La capacité de relire de façon chrétienne sa propre histoire de vie constitue un quatrième
critère d'évaluation de réussite de l'inculturation. Ce critère est en lien avec « l'évangélisation de
la culture et l'inculturation de l'évangile », parce que la relecture signifie être capable de rendre
compte du propre processus d'évangélisation et d'inculturation.
Application du critère
Ce nouveau critère, nous l'avons observé en action à maintes reprises. Par exemple
lorsque les intervenants ont relu leur vécu dans la foi et ont découvert leur vocation ou encore,
lorsque certains intervenants ont évoqué des blessures devant le groupe, comme quand ils ne se
sont pas sentis écoutés par les salésiens.
Suite à ces relectures, les intervenants ont remercié Dieu pour les dons reçus ainsi que les
salésiens pour le bien qu'ils ont fait. Car le rapport avec les salésiens n'a pas toujours été
185
conflictuel, bien au contraire ; dans de nombreux cas, il a été une réussite. Faute de temps, cette
relecture n'est pas allée assez loin. Mais elle nous semble dans plusieurs cas un chemin de
guéri son et pardon.
Cinquième critère : la capacité de se remettre en question et développer un peu
l'autocritique
Un cinquième élément d'évaluation de réussite de l'inculturation est la capacité de se
remettre en question. Ce critère est en lien avec le deuxième critère théologique, le discernement
anthropologique et théologique, parce que le discernement exige, nous semble-t-il, un
questionnement.
Application du critère
Nous avons observé ce critère lorsque le groupe a fait part de son propre égoïsme, lorsque
les personnes se sont excusées et corrigées, lorsque les intervenants ont dit avoir continué à
réfléchir hors du cadre des réunions. Ces diverses attitudes manifestent la capacité critique du
groupe envers sa propre culture et envers eux-mêmes, mais aussi le caractère prophétique du
système préventif, au sens où il interpelle et suscite la conversion de la culture et des personnes,
ce qui prouve qu'il est évangélique et qu'il porte une force transformatrice en lui. Parfois cette
autocritique est allée très loin, comme par exemple quand le groupe s'est demandé s'il était
nécessaire, pour préserver l'identité malgache, ny maha malagasy, de maintenir le tabou
alimentaire ? Hors du groupe de recherche, certains « malgachisants » et anthropologues estiment
qu'il faut maintenir le tabou alimentaire (réponse positive), mais cet avis n'est pas partagé par le
groupe (réponse négative), ni par de nombreux responsables d'Églises. Car vouloir sauver la
culture tout en protégeant des croyances sans une attitude critique et sans risquer un jugement,
serait une démission éducative et pastorale. Cette réponse, notons-le bien, montre le courage du
groupe.
À propos de cette capacité critique, depuis la deuxième rencontre, le groupe a mis en
évidence l'écart entre la théorie et la pratique du système préventif. Lier ces deux aspects n'est
pas aisé pour le groupe, ni pour personne, c'est toute la question de la cohérence qu'ils évoquent.
Cette tension a été aussi identifiée pour la foi. Selon le groupe, il n'est pas suffisant de
l'enseigner, il faut la vivre. Le décalage entre la bonne connaissance que les chercheurs disent
186
avoir du système préventif et ce qu'ils ressentent comme une pratique manquante est encore
symptomatique de cette rupture.
Nous pouvons également observer l'écart dans sa dimension institutionnelle, la
documentation écrite nous prouve que les observations faites par les supérieurs salésiens ont du
mal à être appliquées sur le terrain. Cette distance entre le discours et le terrain démontre entre
autres un dysfonctionnement institutionnel ; il s'agit de l'écart entre le Centre, Rome et la
périphérie, Madagascar, malgré les visites annuelles des responsables. Mais si d'un côté les
salésiens sont capables de critique, surtout des autres, comme quand les supérieurs critiquent la
communauté dans son ensemble sans épargner personne, ce qui nous semble équilibré et juste,
d'un autre côté nous avons l'impression qu'ils sont dépassés quand leurs directives ne sont pas
appliquées. À cela il faut ajouter la difficulté des salésiens à se laisser interpeller par les échecs.
Nous pouvons faire l'hypothèse que le système préventif manque parfois de prophétie à
l'intérieur de l'institution, à cause des personnes, car, répétons-le encore une fois, le système
préventif n'existe que dans les personnes qui l'incarnent.
Un autre critère d'évaluation critique est la capacité du groupe à identifier les déviances
culturelles ou salésiennes. En fait, les valeurs culturelles et le système préventif peuvent être
pervertis, c'est-à-dire utilisés ou interprétés de façon idéologique afin de détruire l'autre (un
acteur). Dans ce cadre, nous pouvons donner quelques exemples de perversion de valeurs
malgaches et salésiennes. Pour les valeurs malgaches : ny fo feno fitiavana peut devenir égoïsme ;
la foi, superstition ; ny ray aman-dreny, autoritarisme. Pour les valeurs salésiennes : l'amour, une
justification pour gâter les enfants ; la prévention, l'infantilisation ; l'assistance, surprotection ;
l'argent, le gaspillage. Cette liste de perversions possibles nous montre que la culture et le
système préventif ne sont pas exempts de risques. Deux voies ont été proposées par le groupe
pour les éviter ; la première est l'équilibre entre tous les éléments ; la deuxième, l'attitude
critique. Attitude que comme nous avons déjà dit à la page 179 pouvait synthétiser les trois
premiers critères.
Sixième critère : la prise de conscience et les découvertes de nouveaux éléments
Le sixième critère d'évaluation consiste dans la prise de conscience ou les découvertes
faites par les intervenants. Ce critère pourrait être mis en relation avec le troisième critère
187
théologique : toucher toutes les dimensions de la culture et de la foi, dans le sens qu'une
découverte dans ce domaine est toujours en lien avec une dimension humaine ou religieuse.
Application du critère
Lors de la recherche, nous avons identifié ce nouveau critère quand par exemple le groupe
a réfléchi au rôle des femmes, à la question de l'esthétique ou beauté et de l'écologie à l'intérieur
du système préventif. Ces thèmes, que nous n'avions pas prévu d'aborder au commencement, ont
permis aux hommes et femmes de s'expliquer et de faire preuve de courage. Nous avons réalisé
aussi à quel point le système préventif est ouvert aux femmes et source d'émancipation. La
recherche nous a permis et a permis principalement à celles-ci de découvrir la richesse et le sens
de leur présence dans une communauté plutôt masculine.
D'autres prises de conscience se sont manifestées, telle la vocation et l'identification de
tous les éléments qui lui sont liés : l'appel, don reçu, le refus de répondre, les difficultés ou les
résistances et l'envoi en mission.
En parlant de l'œcuménisme, il a été dit que le système préventif constitue une richesse,
même pour les protestants. Cette cohabitation est le fruit du caractère ouvert, respectueux et
tolérant du système préventif. Les protestants diront qu'il n'est pas une religion mais un système.
Nous considérons ces découvertes et « la capacité de découvrir » comme un critère de
réussite de l'inculturation.
Enfin, nous avons, en quelque sorte, pris conscience de la présence de l'Esprit dans ces
rencontres.
Tableau de parallèle entre les nouveaux critères et les critères théologiques Nouveaux critères Lien avec critère théologique25
4. Capacité de relire dans la foi sa propre histoire
1. Évangélisation de la culture et inculturation de l'évangile
5. Capacité de se remettre en question et développer un peu l'autocritique
2. Respect des réalités anthropologiques et théologiques Discernement anthropologique et théologique
6. Prise de conscience et la découverte de nouveaux éléments
3. Toucher toutes les dimensions de la culture et de la foi
25 Ces critères se trouvent aux pages 48-49, introduction, point 6.6.
188
Nous avons l'impression que ces critères n'ont pas assez été travaillés par le groupe, mais
plutôt appliqués. Théologiquement on pourrait s'interroger sur leur validité, nous ne voulons pas
échapper à la question, mais nous croyons que malgré leurs possibles limites, ces trois nouveaux
critères sont certainement très suggestifs.
4.3 Les acteurs du processus d'inculturation du système préventif
Nous avons déjà parlé des acteurs. S'il fallait synthétiser, il nous semble important de
rappeler que l'inculturation est une affaire de personnes : leur histoire, leur caractère... leur
manière d'être et leurs motivations. Tous ces éléments conditionnent de façon positive ou
négative l'inculturation.
Si nous avons dit que les jeunes nous semblaient absents, nous avons d'autre part signalé
que la classification salésiens - laïcs est trop générale et a besoin d'être plus précise. Parce que
les salésiens missionnaires sont de différentes nationalités et que les laïcs malgaches peuvent être
des hommes ou femmes appartenant à dénominations religieuses distinctes, etc.
L'inculturation est aussi une affaire d'institutions, de politiques et de choix institutionnels,
de l'application ou non des directives, ce qui peut aussi favoriser ou retarder le processus
d'inculturation. Un rôle fondamental au niveau institutionnel est joué par les supérieurs salésiens.
4.4 Les rapports dialectiques du processus d'inculturation du système préventif
L'inculturation est marquée par des dialectiques : missionnaire - laïc autochtone ; culture
malgache - système préventif; homme - femme ; protestants - catholiques, ces dialectiques se
vivent dans un contexte historique (spatio-temporel) et elles mènent à trois conséquences
possibles : échecs, réussites et nouvelles synthèses. À différents niveaux, le système préventif est
arrivé à de bonnes synthèses que nous appelons inculturation (re-création).
Nous pouvons identifier des éléments qui ont retardé ou empêché l'inculturation : l'excès
de travail de la part des salésiens et une préoccupation excessive pour les constructions, l'aspect
matériel de la mission ; le manque de collaboration avec les laïcs ; l'absence d'un projet
harmonieux et intégral ; la méconnaissance de la langue et de la culture malgaches ; la négligence
dans le soin apporté aux rapports humains entre confrères et avec les Malgaches ; l'excessive
mobilité des salésiens.
189
Si la question de l'inculturation semble au premier abord une question de culture et de
religion, nous constatons qu'avant tout et tout au long du processus, il s'agit d'un complexe jeu
de relations, pouvant ou non favoriser cette démarche, en fait, l'inculturation semble être avant
tout un phénomène d'acculturation pour le missionnaire.
La question du discernement, que nous avons évoquée dans ce chapitre, nous parle de
quelque chose de très profond. Cette dialectique de rapports doit en principe être réalisée au
travers d'un discernement théologique, ce qui n'est pas toujours le cas dans la pratique, où la
dialectique semble être parfois fermée sur la dimension horizontale, humaine. Le discernement
critique et évangélique s'est toutefois réalisé lors de la recherche, en témoignent la prière et la
méthode de recherche qui ont accompagné le groupe tout au long des travaux.
Terminons ce chapitre en disant que la compréhension est un processus d'autoréflexion,
dans cette démarche, le langage ne peut pas être séparé du processus. Pour ce qui concerne
l'évaluation, elle est un processus d'appréciation. Quand nous parlons d'évaluation, nous
devrions en premier lieu préciser que c'est le processus qui peut être évalué et pas l'inculturation
en tant que telle, puisqu'elle est toujours en recherche de pertinence. En deuxième lieu, ce sont
les critères qui nous explicitent ce que signifie l'inculturation et comment déterminer sa réussite.
Nous venons de présenter ce que la recherche nous a appris, le pas suivant consiste à lui
donner toute sa portée théologique, c'est l'objectif principal du prochain chapitre.
190
CHAPITRE V
INTERPRÉTATION THÉOLOGIQUE
Le dernier chapitre de cette thèse concerne l'interprétation théologique de la recherche. Il
est vrai que la dimension théologique n'a pas été absente de la réflexion qui a précédé, bien au
contraire, mais dans ce chapitre nous saisirons toute sa portée. Pour atteindre cet objectif, nous
devrons faire appel aux référents chrétiens : bible, tradition et magistère, et aux référents
salésiens : Don Bosco (vie et écrits), « magistère salésien » (écrits des supérieurs qui font
autorité), études et pratiques salésiennes. Ceci nous permettra d'élaborer une réflexion, qui, bien
que située dans un contexte et une Congrégation religieuse particuliers, concerne toute l'Église.
D'un point de vue théologique, nous préférons parler d'une théologie pratique1 de
l'inculturation que d'une théologie de l'inculturation. Il est vrai que notre façon de procéder se
rapproche de la théologie de l'inculturation et la missiologie par l'importance donnée à la culture
et au processus même d'assimilation de l'évangile. Mais nous sortons de ce cadre à cause de la
méthodologie de recherche, de l'interdisciplinarité et du type de méthode théologique utilisée.
La méthode théologique que nous allons privilégier est celle de la corrélation critique, que
nous avons déjà décrite dans la première partie de cette thèse et qui en partie a été déjà utilisée.
Toutefois il nous semble important de revenir sur certains aspects fondamentaux de son
application, notamment pour mieux préciser la notion de dialectique en théologie. Deux questions
peuvent être utiles dans cette démarche : qu'est-ce qu'une théologie pratique sur l'inculturation ?
et comment faire la théologie à partir d'une pratique d'inculturation ?
À notre avis, les rapports à l'intérieur de l'inculturation peuvent être interprétés dans un
premier moment comme dialectiques. Nous les qualifions de cette manière, parce que même si le
système préventif trouve un réfèrent culturel sur lequel s'appuyer ou se reconnaître, il y a
toujours une tension entre le réfèrent culturel et le réfèrent chrétien. Cette « tension est
bénéfique ; elle renouvelle la foi et régule la culture ».2 C'est donc grâce à cette dialectique que
nous pouvons faire la corrélation. Ainsi, le premier réfèrent culturel devra être évangélisé, pour
devenir culture chrétienne et le deuxième, l'évangile à son tour, sera invité à se laisser enrichir
par son incarnation et sa réalisation historique dans un contexte déterminé. Étant donné que la
culture est toujours en évolution, ce processus n'est jamais achevé et toujours en train de
rechercher à être le plus fidèle possible à la démarche évangélique.
1 Nous parlons ici de la théologie pratique comme un champ d'études ou de réflexion, c'est-à-dire un recueil de principes et méthodes issus de plusieurs disciplines dans un contexte de recherche universitaire. 2 Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 703.
192
Selon la typologie d'Audinet notre recherche se situe à l'intérieur d'un type de théologie
pratique, la théologie pratique critique.3 Après tout ce que nous venons de dire dans les chapitres
antérieurs, cette question nous semble évidente. Dans le cadre de cette recherche, critique signifie
« innovateur », capable de remettre en question. Nous avons identifié une double dimension
critique dans l'inculturation, la première, la remise en question de la culture par le système
préventif; la deuxième, la remise en question du système préventif par la culture, ce que nous
avons appelé enrichissement mais qui n'écarte pas le questionnement de certains principes
salésiens et de l'institution elle-même. Herméneutique et démystification ont été les mots
employés.
En théologie, pour pouvoir saisir une pratique et la théoriser, il est nécessaire de travailler
sur un discours. Évidemment, tout discours sous-entend un langage et une logique particulière.
Ensuite, on prend une certaine distance vis-à-vis de celui-ci par l'écriture ou la production du
Verbatim, comme ce fut notre cas. L'étape suivante consiste à analyser et interpréter ce discours.
C'est ainsi que par la distance prise et l'analyse, le discours devient critique. Le troisième pas
consiste à élaborer un autre discours écrit : le compte rendu de la recherche et la dernière étape
c'est la thèse. Pour que ce nouveau discours puisse être considéré théologique, il était nécessaire
de l'élaborer théologiquement. C'est ce que nous allons faire. Précisons qu'une particularité du
discours critique est l'interdisciplinarité, d'où sa richesse et son originalité, mais aussi sa
complexité.
Notre parcours commencera par l'inculturation, puis par la dialectique. Nous verrons
ensuite que cette analyse nous porte à une double ligne d'interprétation théologique. La
première : l'inculturation, comprise comme évangélisation de la culture et comme enrichissement
de l'Église par l'accueil de la nouvelle culture. Puis c'est grâce à la dialectique des valeurs que
nous avons pu identifier cette première ligne d'interprétation. Signalons tout de suite une
ambiguïté, due entre autres à la recherche. Parler d'inculturation a été souvent pour le groupe de
recherche une manière de parler d'évangélisation.4 Cette supposition nous la trouvons aussi dans
les cercles missionnaires, et il ne faut pas s'en étonner. En tout cas il nous semble
Selon l'essai de typologie des théologies pratiques d'Audinet, il existe les théologies pratiques empiriques, les théologies pratiques critiques et les théologies pratiques fondamentales. Voir Jacques Audinet, Écrits de théologie pratique, 246-258. 4 Jean-Marc Ela dira même qu' « on ne sait pas très bien ce qu'évangélisation veut dire aujourd'hui », Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 196. En fait, souvent évangélisation est synonyme d'inculturation, 213.
193
qu'inculturation et évangélisation se complètent et se rejoignent chez le croyant, chacune mettant
en évidence des aspects particuliers du rapport avec le Christ et son évangile.
C'est à partir de la dialectique des rapports que nous avons pu dégager la deuxième ligne
d'interprétation théologique : la communion. Cette approche nous permettra de rendre compte et
d'interpréter la dynamique relationnelle qui est enjeu dans l'inculturation.
1. Les fondements théologiques de l'inculturation
Abordons dans ce premier point la question de l'inculturation dans son triple versant : le
premier et le plus étudié, l'incarnation ; le deuxième, la dimension pneumatologique et le
troisième, le salut.5
1.1 Incarnation et inculturation
Revenons sur les principes généraux. Les documents de l'Assemblée spéciale pour
l'Afrique du synode des évêques traitent de l'inculturation dans le cadre d'une théologie de
l'incarnation. L'incarnation est le mystère d'Alliance entre Dieu et nous, entre Dieu et notre
culture. Donc, le premier fondement de l'inculturation est le mystère de l'incarnation du Verbe,
« Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et assujetti à la loi » (Ga 4,4) dans l'histoire, « au
milieu d'un peuple avec sa culture ».6 Jésus était juif et le christianisme est né dans un milieu juif.
Jésus a assumé sa culture tout en gardant une distance critique avec certains aspects du judaïsme.
Cela nous permet de dire que la théologie de l'incarnation est ancrée nécessairement dans une
anthropologie, au temps de Jésus l'anthropologie juive, pour nous aujourd'hui la malgache.
Mais l'incarnation ne concerne pas seulement le Jésus historique. Elle est une dynamique
qui traverse toute l'Église et tous les croyants. Ainsi, la question de l'assimilation par les
personnes du système préventif est importante, même si elle a été seulement survolée lors de la
troisième réunion du groupe de recherche. En fait, l'inculturation a une dimension individuelle
qui est souvent négligée dans les discours qui la concernent.
5 Benjamin Ramaroson dans son livre Sady voatokana no malgasy (Antananarivo : Paoly, 1999), 18 : « tsara ny manamarika mazava fa ny fahatongavanu ho nofo dia tsy azo sarahina amin 'ny mislerin 'ny fanavotana. Ary ny fanavotana tsy azo sarahina amin 'ny jidinan 'ny Fanahy masina », c'est bien de signaler clairement que l'incarnation ne peut pas être séparée du mystère du salut. Et le salut ne peut pas être séparé de la descente de l'Esprit-Saint. 6 Jean Paul II, Exhortation Apostolique post-synodale. Ecclesia in Africa, n° 60 ; voir aussi sur cette question Maurice Cheza (dir.), Les évêques d'Afrique parlent (1969-1991), 93-94.118.
194
Regardons maintenant la question de ce point de vue plus « personnel ». La recherche
nous a montré que l'attitude de Jésus est à imiter et que chaque adulte incarne le système
préventif à sa manière, l'inculturation affecte ainsi les personnes et non seulement les institutions.
Le père Vecchi en parlant de l'inculturation explique l'importance du rapport avec le Christ : « il
serait inutile, voire dangereux, de vouloir inculturer l'évangile sans approfondir sans cesse le
mystère du Christ, sans faire l'expérience d'une relation personnelle avec lui ni communier à son
corps, l'Église »,7 dans notre cas ce rapport passe par la médiation du système préventif.
Le processus d'inculturation n'est pas linéaire, on le sait, mais plutôt circulaire ou en
spirale, dans le sens qu'il s'approfondit. Si cela vaut au niveau général, cela est aussi à retenir
pour le processus chez les personnes. Autrement dit, plus on travaille à la conversion personnelle,
plus rapidement et efficacement on atteint des niveaux plus approfondis d'inculturation. À ce
propos, le document de Santo Domingo, Nueva evangelizaciôn. Promotion humana. Cullura
cristiana est fort éclairant, il est dit que le processus d'inculturation manifeste l'évangélisation de
la culture, processus dynamique qui doit toucher le noyau de la culture,8 autrement dit le niveau
le plus profond.
1.2 La présence de l'Esprit dans l'expérience chrétienne de l'inculturation
La méthode de la corrélation telle que la présentent Laurent Gagnebin et Marc Donzé
parle d'une quatrième coordonnée ou dimension,9 il s'agit de l'ouverture à la transcendance, à
l'Autre. En fait, Dieu, bien qu'objet de la théologie, reste toujours sujet. L'écoute de cet Autre
(Dieu) au service des autres dérange et bouscule nos réponses toutes faites. Mais comment
l'écouter ? et où l'écouter ?
La recherche nous a appris que l'inculturation doit être faite dans un climat de prière,
voire de discernement. C'est quelque chose que nous entendons rarement dire. Il y a certaines
choses, comme la conversion, qui ne peuvent être faites que dans et par la prière.
7 Juan Vecchi, « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, » ACG, n° 362 (1998) : 18. s Sur cette question, voir CELAM, Nueva evangelizaciôn. Promotion humana. Cullura cristiana (Santo Domingo, 1992), n° 229.
9 On lira notamment sur le sujet Laurent Gagnebin, « Comment se fait la théologie pratique », 39-40 ; Marc Donzé, « La théologie pratique entre corrélation et prophétie, » dans Pratique et théologie (Genève : Labor et Fides), 183-190 ; Marc Donzé, « Théologie pratique et méthode de la corrélation », 82-100.
195
Parler de conversion peut déranger ou être objet de soupçon, car elle peut réveiller en
nous la culpabilité ou un mépris de la culture. Ce n'est pas notre intention, car ce que nous
cherchons c'est la réorientation de la vie vers tout ce qui est plus humain. Nous préférons parler,
davantage que de conversion morale, d'une conversion évangélique qui touche toutes les
dimensions de la personne et de la vie chrétienne. Jean-Guy Saint-Arnaud, en parlant de
l'inculturation, dit la même chose mais d'une autre manière. Selon lui nous devons nous
inculturer à Dieu : « nous avons à apprendre ses mœurs [de Dieu] et son langage, qui ne sont pas
les nôtres. Cette approche inculturée s'opère concrètement au niveau de notre expérience de
prière, par un jeu de présence et d'absence ».1(> À ce propos, il est fort intéressant de constater que
c'est la perspective d'Irénée dans son Adversus Haereses. Il met en corrélation création et
rédemption. Jésus préfigure et réalise la communion de Dieu et des hommes, en faisant descendre
Dieu dans les hommes par l'Esprit et en faisant monter l'homme vers Dieu par son incarnation."
De nombreux intervenants ont insisté, à plusieurs reprises, sur le fait qu'ils attendaient
chaque réunion avec impatience, certains ont même comparé ces moments à des
« récollections », « moments de grâce ». Nous pouvons parler d'un vrai climat spirituel, mais le
climat spirituel n'est pas seulement à créer pour pouvoir faire une réflexion sur l'inculturation,
susciter l'inculturation ou l'accompagner. La recherche nous apprend que la réflexion en
théologie pratique ne se satisfait pas seulement d'une ouverture au transcendant, expression qui
peut être très appropriée pour des milieux moins christianisés, mais nécessite une ouverture à
l'Esprit (réflexion sur) et à son action (le laisser travailler), pour qu'il (l'Esprit) pénètre toute la
théologie. Prendre au sérieux cette ouverture à l'Esprit signifie que pour la théologie pratique de
l'inculturation, la présence de l'Esprit à l'intérieur de la réflexion théologique n'est pas une
option, mais une condition. Cette conviction demande au théologien une disponibilité à Lui et un
travail qui n'est pas uniquement intellectuel ou engagé. Ce type de production théologique
contribuera donc non seulement à la compréhension et à l'amélioration des pratiques, mais aussi
à l'avènement de croyants plus spirituels et capables d'aimer davantage.
L'expérience chrétienne se caractérise par quatre éléments interreliés : le vécu, la
conscientisation du vécu, le vécu répété et le vécu vérifié. C'est ainsi que l'inculturation devient
expérience chrétienne. Parce que expérience réelle pour le groupe, la R-A a beaucoup contribué à
10 Jean-Guy Saint-Arnaud, Quitte Ion pays. L'aventure de la vie spirituelle (Montréal : Médiaspaul, 2001), 196. " Voir les explications données par Gilles Routhier dans Le défi de la communion. Une relecture de Vatican II (Montréal : Médiaspaul, 1994), 23-24.
196
cela. Cette conscientisation était nécessaire pour éviter que le vécu ne se perde dans le passé, sans
en profiter pour la croissance personnelle, risque dont Clairvaux n'était pas à l'abri.
C'est normal que la présence de l'Esprit soit reconnue après coup, comme cela s'est passé
dans le groupe. Il n'est pas étonnant non plus qu'il (le groupe) ait eu du mal, dans un premier
moment, à identifier cette présence de Dieu. Pour ce qui concerne le vécu répété, notre recherche
a essayé de l'analyser en tenant compte des vingt ans d'expérience d'inculturation à Clairvaux.
C'est ici que nous pouvons insérer toute la dimension de la spiritualité salésienne, une
spiritualité qu'il serait intéressant d'étudier dans une perspective inculturée, et qui pourrait bien
faire l'objet de recherches ultérieures. Mais il ne s'agit pas seulement d'inculturer la spiritualité.
Selon nous il y a une vraie spiritualité de l'inculturation qui manque encore de systématisation.
Nous pouvons au moins signaler que cette spiritualité devrait être caractérisé par un optimisme
réaliste et « non naïf» envers la culture, et par la rencontre de Dieu dans le temps et l'histoire,
autrement dit par une attitude constante de discernement. Voilà donc un chantier encore ouvert
pour des approfondissements sur l'inculturation.
L'Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale (Redemptoris missio, n°
21), il agit dans les apôtres et il agit dans les auditeurs. C'est ce que nous avons constaté tout au
long de notre recherche. L'Esprit agit dans les acteurs du processus de l'inculturation, les
missionnaires salésiens et les laïcs, il pénètre leurs consciences et leurs cœurs et se diffuse dans
l'histoire de Clairvaux. Si l'Esprit est l'acteur de la mission, l'Église est simplement au service de
cette mission.
La mission de l'Église est l'œuvre de Dieu, ou comme le dit souvent Luc, l'œuvre de
l'Esprit. Il guide les évangélisateurs dans le choix des personnes et les voies de la mission. Le
missionnaire est envoyé ainsi dans le monde, « comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous
envoie » (Jn 20,21).
La pneumatologie nous sera très utile dans la suite de nos réflexions pour comprendre le
concept de communion et pour l'élaboration d'une théologie de l'unité dans la diversité. Dans
cette ligne, Routhier dit que Vatican II attribue deux rôles principaux à l'Esprit Saint, il est en
premier lieu rassembleur et ferment d'unité, et en deuxième lieu principe de différenciation,
source de multiplicité.
12 Cf. Gilles Routhier, Le défi de la communion. Une relecture de Vatican II, 45.
197
Redemptoris missio, au n° 28, met en évidence que l'Esprit agit dans le temps et dans le
lieu, deux coordonnées ou éléments importants pour l'inculturation. Mais, même s'il agit dans le
temps et dans des lieux concrets, il n'est pas limité, puisque l'Esprit agit en tout temps et en tout
lieu. Selon encore Redemptoris missio c'est « l'Esprit qui répand les "semences du Verbe",
présentes dans les rites et les cultures, et les prépare à leur maturation dans le Christ ».
1.3 Inculturation, salut et libération
Pour Don Bosco le salut de l'âme était fondamental. Sa conception était marquée par la
théologie de son temps, rigoriste et janséniste. C'est ce qu'on enseignait au séminaire à ce
moment-là. Cette théologie s'est élaborée autour du péché et de la grâce, concentrée sur la
doctrine du « rachat » ou de la « rédemption ». L'expérience du Convitto Ecclésiastique,14 sorte
d'école pastorale pour les jeunes prêtres, lui a permis de découvrir le monde pastoral et ses
exigences. Ainsi, Don Bosco a pu s'ouvrir à l'humanisme de saint Alphonse de Liguori et aux
enseignements de saint François de Sales.
Nous avons précisé au deuxième chapitre qu'une des finalités du système préventif était la
promotion intégrale de la personne, ce qui rattachait le système préventif, au moins en partie, à
une théologie qui libère les jeunes. Les salésiens se reconnaissent dans les paroles de Jésus au
jeune : «jeune homme, je te l'ordonne, réveille-toi » (Le 7,14). Le système salésien se différencie
de la théologie de la libération par l'importance donnée aux processus qui envisagent, procurent
et assurent les conditions pour l'exercice de la liberté humaine. Il faut parcourir le chemin, car
comme dit la Parole de Dieu « pendant qu'ils y allaient, ils furent purifiés » (Le 17,14). Si pour la
théologie de la libération, une attention particulière est portée au changement social et structurel,
pour le système préventif, l'attention est principalement orientée vers « le salut du jeune » dans
son caractère plus individuel, l'attention au processus est importante pour le système préventif en
tant que pédagogie capable de s'adapter au jeune.
Rappelons que la théologie de la libération évolue dans une dialectique entre la théorie (de
la foi) et la praxis (de la charité). « À la racine de la méthode se trouve le lien avec la pratique
concrète ». Même si la finalité semble être la même, pour la théologie de la libération et pour le
1 Redemptoris missio, n° 28. 14 À propos du Convitto, voir Francis Desramaut, Don Bosco en son temps (1815-1888) (Torino : SE1, 1996), 131 — 178. 15 Leonardo Boff et Clodovis Boff, Qu'est-ce que la théologie de la libération (Paris : Cerf, 1987), 44.
198
système préventif, soit la libération humaine, notre réflexion se démarque donc de la théologie de
la libération à cause d'une sensibilité en partie différente. La théologie de la libération libère
l'homme en libérant la société des structures du péché, le système préventif libère la société en
libérant l'homme, ce qui ne se contredit pas, mais qui reste insuffisant sans une réelle
complémentarité.
Notre recherche a démontré que le système préventif est source d'émancipation et de
libération pas seulement pour les destinataires, les jeunes, mais aussi pour les éducateurs laïcs,
hommes et femmes. En plus, le système préventif est source de libération pour des situations
autres que la pauvreté, ainsi le démontrent, par exemple, la réflexion qui s'est développée autour
de la parole des femmes, l'élargissement du sens de la vocation, le nouveau rapport entre
catholiques et protestants, la transformation qu'a provoquée le système préventif dans la vie des
intervenants, ces problèmes occupent aussi aujourd'hui l'actuelle théologie de la libération. Mais
si le système préventif est source de changement culturel et personnel, il n'est pas directement
source de changement social et institutionnel, ce changement est conçu plutôt comme une
conséquence.
Il nous semble que parler de l'inculturation du système préventif revient à élaborer une
théologie engagée au service dés plus pauvres et d'autres pauvretés. Ceci est indispensable,
puisqu'une vraie conception de l'incarnation et du salut est toujours libératrice. Dans ce sens
l'observation d'Amaladoss nous semble très pertinente « nous devons aller au-delà de
l'inculturation au moins de deux manières. La rencontre entre évangile et culture n'est pas tant
orientée vers l'incarnation de l'évangile dans la culture donnée que vers la transformation de
cette culture ».
La vraie découverte et l'originalité de tout ce travail consistent en la mise en valeur d'une
dimension souvent négligée par la réflexion salésienne : le lien entre incarnation et salut à
l'intérieur de l'inculturation du système préventif. Dans la plupart des cas, le système préventif
est devenu un outil de travail et de réflexion pédagogique. L'originalité théologique du système
préventif n'est pas exploitée dans toutes ses possibilités. En fait, le système préventif porte en lui
un équilibre entre incarnation et salut, entre culture et libération. Mais il a besoin d'être complété
par un engagement dans le changement social, c'est sa limite. Il ne faut pas prétendre que le
système préventif soit la réponse à tout, il ne doit pas nécessairement travailler tout seul
16 Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 30.
199
l'ensemble du projet de vie chrétienne, les jeunes doivent retrouver dans d'autres espaces
ecclésiaux ce qui manque au système préventif. C'est pourquoi la pastorale salésienne a
profondément besoin d'être insérée dans une pastorale d'Église qui l'ouvre au social et à
l'institutionnel.
À ce stade de notre réflexion, il nous semble de plus en plus clair que dans l'inculturation,
le paradigme de l'incarnation ne peut pas être isolé de l'ensemble de la révélation, notamment de
la création, du mystère pascal et de la descente de l'Esprit. Si l'incarnation nous permet de mettre
en évidence un des fondements du processus d'inculturation, elle reste une ligne interprétative
partielle et incomplète. C'est seulement dans le rapport avec l'ensemble de la révélation que
l'inculturation trouve tout son sens. « Religion et culture ne s'ajustent donc pas aussi
parfaitement qu'un paradigme d'incarnation évoquant la relation âme - corps pourrait nous le
faire supposer »,17 c'est pour cela que nous préférons parler du dialogue.
Nous avons vu que la critique faite à la théologie de l'inculturation est de ne pas être assez
engagée. Des théologiens africains ont appelé à ne pas s'enfermer dans l'inculturation, à ne pas
la séparer des diverses formes de libération économique et sociale au service du développement.
C'est parce que les théologiens négligent la libération et parce que leur réflexion manque
d'enracinement dans un terrain, que la théologie de l'inculturation tombe, pour eux, dans la
spéculation. Mais si le vécu des gens et les gens eux-mêmes prennent part à l'inculturation, elle
devient source de libération.
L'inculturation est un échec quand elle se détache de l'aspect libérateur. Dans l'étude qui
nous concerne, par exemple, certains éducateurs ont subi des conditions de travail à la limite de la
légalité, même s'ils ont accepté cette situation dans un premier temps, elle s'est retournée contre
le missionnaire et le laïc lui-même, puisqu'elle l'a dévalorisé, l'a infantilisé et a fait de lui un
assisté : la blessure même acceptée reste blessure.
Nous avons démontré comment, en travaillant avec le système préventif dans une R-A, le
processus de recherche devient source d'émancipation et élément critique pour les personnes et
pour le milieu. La R-A peut ainsi libérer dans la mesure où elle touche la culture réelle et les
personnes. C'est ce qui manque aux recherches en inculturation qui ne travaillent pas assez sur
des traditions culturelles réelles, ni sur les personnes, trop fermées sur les sources documentaires
17 Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 46. 18 Voir à la page 11, introduction générale, point 5.1.
200
et centrées sur une approche archéologique de la culture, elles négligent l'apport des intervenants
et le caractère dynamique de la culture. Ce type de recherches est inoffensif pour la pratique,
parce que trop théorique, aseptique parce que le chercheur n'est pas confronté au terrain qui le
dérange et qui, en Afrique-Madagascar, dérange parfois même de manière physique. Elles sont
intéressantes comme toute visite à un musée ou à un parc zoologique peut l'être.
Notre réflexion se rapproche de la théologie de la libération, par l'importance donnée à la
pratique,19 ce caractère pratique de la théologie entre autres signifie qu'elle doit servir à quelque
chose, c'est dans ce sens qu'il faut saisir son engagement dans une meilleure compréhension de
la pratique, à travers l'amélioration et l'enrichissement de nouveaux développements de la
pratique. Notre réflexion garde ses distances aussi par rapport à une certaine théologie de la
libération, parce que nous voulons éviter le risque du matérialisme dialectique, qui rappelons-le
bien « consiste à affirmer que les facteurs déterminants [...] dans l'existence humaine sont "les
relations de production (qui) correspondent à une phase déterminée de développement (des)
forces productives matérielles" : en régime capitaliste, la lutte de classe ».20 Malgré ce que nous
considérons une limite, nous ne pouvons pas nier que la théologie de la libération a de grandes
richesses et elle aussi peut contribuer à ouvrir la théologie de l'inculturation, à la rendre plus
sensible. Étant une théologie située, elle nous apprend à élaborer une réflexion critique à partir de
la praxis historique concrète grâce aux sciences sociales. Elle nous évite aussi le risque de
l'idéalisme dans lequel tombe, par exemple, la théologie d'Hegel, même s'il soutient le contraire.
Chez lui la représentation du Christ risque, à notre avis, d'être étouffée sous une christologie
envahissante (spéculative), à la limite une christologie sans Christ.21 La théologie de la libération
nous évite un deuxième risque, l'ethno-théologie, dont nous avons déjà parlé.
Pour ce qui concerne encore la méthode de la théologie de la libération, la praxis est
constituée comme instance critique de la foi et vice-versa. Il y a une corrélation « praxistique »
critique où l'instance médiatrice est placée dans la praxis. C'est ce qui s'est passé en partie dans
notre recherche : la pratique du groupe a déterminé la pertinence de nos réflexions. Rappelons
que pour la théologie de la libération il y a trois médiations : socio-analytique, herméneutique et
1 « C'est cet accent sur la praxis, et même sur la primauté de la praxis, qui fait la proximité entre théologies pratiques et théologies de la libération », Jacques Haers, « Les conditions d'émergence de nouvelles théologies pratiques. La perspective des théologies de la libération », dans Entre mémoire et actions. L'émergence de théologies pratiques, sous la direction de Jean-Yves Baziou et Marie-Hélène Lavianne (Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2004), 117. 20 Conseil Épiscopal Latino-Américain, Église populaire et théologie de la libération (Fayard, 1988), 231. 21 Voir Xavier Tilliette, Le Christ de la philosophie (Paris : Cerf, 1990), 104.
201
la praxis concrète de la foi. Cette dernière devrait être la grande médiation de la théologie de la
libération,22 et le point de départ et d'arrivée de la théologie pratique.
À ce stade de notre recherche, comment ne pas penser que les principes de l'inculturation
que nous venons de présenter sont trinitaires. L'incarnation, premier point, se rattache surtout au
Fils, dessein du Père qui se réalise par l'action de l'Esprit en Jésus-Christ. Le deuxième point,
pneumatologique, lie l'inculturation à l'action de l'Esprit. Tandis que le salut et la libération,
troisième point, sont surtout œuvre du Père, par l'action du Fils et dans son Esprit. « J'ai vu la
misère de mon peuple en Egypte et je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée.
Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le
faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays » (Ex 3,7-8).
2. La dialectique comme paradigme interprétatif
Le concept de dialectique, que nous avons introduit, est un concept qui n'est absent ni de
la philosophie ni de la théologie. Dans la théologie scolastique, la dialectique consistait en la
pratique même de la logique formelle et se distinguait de la rhétorique. La dialectique était alors
la « servante de la théologie » et, quand Abélard voulut la rendre autonome, il fut condamné par
le concile de Soissons. Aujourd'hui, elle est objet de soupçon à cause de la théologie de la
libération et de son rapport avec le matérialisme, matérialisme dialectique, bref en raison de son
emploi marxiste. En tout cas, l'intuition profonde de la théologie de la libération était
« acertada », juste, elle nous semble encore valide. 11 s'agit du souci des pauvres, du regard
historique et de l'attention particulière à la praxis.
Pour Hegel, il y a un processus qui anime le réel et le rationnel. Selon lui, l'être et la
pensée obéissent à un rythme ternaire : thèse ou affirmation, antithèse ou négation et synthèse ou
négation de la négation. Ce mouvement dialectique se déploie dans la totalité du réel, mais il faut
dire que selon Claude Bruaire cette définition de la dialectique en thèse, antithèse et synthèse, est
absurde et qu'Hegel ne l'a jamais utilisée pour parler de la dialectique.
' Pour un aperçu de la question, on lira Clodovis Boff, Théorie et pratique. La méthode des théologies de la libération (Paris : Cerf, 1990), troisième partie ; Leonardo Boff et Clodovis Boff, Qu'est-ce que la théologie de la libération, 69-74. 23 Sur ce sujet, voir Claude Bruaire, La dialectique (Paris : Presses Universitaires de France, 1985), 6 et 46.
202
Pour nous, la dialectique n'a pas tellement un rôle ontologique ou idéaliste comme pour
Hegel, mais plutôt logique ou méthodologique, ce qui rejoint Aristote dans le sens du
rapprochement de la rhétorique.
Marx a voulu renverser la dialectique de Hegel en mettant la matière à la place de l'idée.
Il affirma que la nature est habitée par ce processus dialectique de contradictions et de
dépassements des contradictions, et que c'est à partir de là qu'on peut comprendre la dialectique
tqui anime l'histoire et la pensée. Marx a utilisé la dialectique maître-esclave de Hegel pour
expliquer la dialectique des rapports de classe.
Nous pouvons déjà avancer que quand on utilise la notion de dialectique pour parler de
l'inculturation, il faut prendre de la distance par rapport au système théologique hégélien en le
dépouillant de la technique propre à son auteur et en généralisant la forme. Ce qui va nous
permettre d'utiliser le terme dialectique, non dans le sens de chemin pour connaître Dieu, mais
comme caractérisation d'un type de rapports, comme instrument pour comprendre la
confrontation réciproque et le conflit. Il faut conserver, de Hegel, l'idée de réconciliation dans le
sens du résultat d'une correcte dialectique et d'un discernement, en évitant le théisme (de Hegel),
l'humanisme athée (révélation de l'homme à lui-même) de Feuerbach, et le matérialisme
dialectique d'Engels et Marx. La dialectique est à utiliser comme une médiation provisoire.
En théologie, Karl Barth et Jean Daniélou ont affirmé que la connaissance de Dieu était
dialectique, dans la mesure où elle était tissée de contradictions. Barth a refusé la réduction
anthropologique du christianisme et s'est élevé contre la capture de Dieu en nos pensées et
paroles trop humaines. Il craignait que la théologie hégélienne porte à une idolâtrie spéculative où
Dieu serait identifié avec le savoir du théologien.
Le jésuite français Gaston Fessard a sans doute offert la pensée philosophique et
théologique la plus originale parmi les héritiers de la dialectique de Hegel. Il a tenté de mettre à
jour la dialectique historique telle que l'éclairé la pensée du christianisme. Dans notre réflexion,
24 La théologie de Hegel est partielle, car elle recèle en elle-même une visée unilatérale du christianisme, tout entière dépendante d'une conception de l'esprit, comme absolue « négativité », selon laquelle Dieu s'oppose à soi et re-nie son immanente opposition. Dépasser Hegel signifie constituer une théologie où l'acte positif de l'esprit, comme affirmation, don, rédemption, confirmation, sera reconnu comme la vérité de son acte négatif, de son abnégation, de son calvaire, de la négation de la négation. Voir Claude Bruaire, La dialectique, 106-107. 1 Voir Karl Rahner et Herbert Vorgrimler, « Dialectique. Théologie », Petit dictionnaire de théologie catholique (Paris : Seuil, 1970), 125 ; Evangelista Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes. Tom. III, XVIIf -XX' siècle (Paris : Cerf, 1997), 754-758.919-920. 26 Consulter son œuvre La dialectique des exercices spirituels de S. Ignace de Loyola. Tome III. Symbolisme et historicité (Paris : Lethielleux, 1984).
203
sa position est très éclairante, car en suivant Fessard nous allons pouvoir remplacer la dialectique
maître-esclave, sujet de l'affrontement, par l'image du rapport de l'homme à la femme, rapport
qui se présente comme une dialectique surmontant le négatif des oppositions pour offrir la
médiation d'une reconnaissance réciproque. En elle, une compétition non violente engage un type
de relation qui trouve son équilibre et constitue des rapports de partenaires et non plus
d'adversaires. Ainsi nous éviterons la double limite de la pensée de Marx : le matérialisme et sa
conception de la contradiction comme une lutte de classes.
Fessard nous permet donc de concevoir les rapports à l'intérieur de la dialectique de
Finculturation sous un nouvel angle, plus évangélique. En plus son approche met en évidence
l'incarnation rédemptrice comme puissance de réconciliation, réconciliation qui se traduit au
niveau de la réalité historique, et dans la vie spirituelle et personnelle du chrétien.
Le père Vecchi a parlé aussi de la dialectique en faisant référence justement au parcours
de Finculturation. Il s'agit pour lui d'une dialectique permanente, puisque selon lui « il ne peut y
avoir de paix qui signiFierait une absence de défis réciproques, ni quelconque convivialité 9R '
définitivement tranquille excluant la confrontation ». Evidemment, il ne voit pas cette
confrontation de manière violente, mais comme un défi à la culture et au système préventif qui
n'exclut pas une remise en question. Précisons qu'en italien « confrontarsi » n'est pas en premier
lieu quelque chose de violent et de nécessairement conflictuel mais plutôt un face à face. Ce qui
rejoint la définition traditionnelle de dialectique, des origines grecques jusqu'à nos jours, comme
l'opposition à l'intérieur du discours. Dans Finculturation elle prend le sens d'une contradiction
mouvementée, un va-et-vient dialogique en recherche d'un équilibre, finculturation signifie
aussi une corrélation (foi - culture) et non une recherche de la vérité ou de Dieu, comme chez
Hegel. Ainsi la notion de dialectique à l'intérieur de Finculturation ou dans la corrélation culture
- système préventif, n'a pas comme but la découverte ou l'approfondissement du mystère de
Dieu. Elle vise plutôt à aider les personnes concernées à avancer dans leur cheminement de foi.
" Sur cette question, voir Gaston Fessard, De l'actualité historique (Paris : Desclée de Brouwer, i960), t. 1, 121-209, cité par Claude Bruaire, 113.
8 Juan Vecchi, « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, » ACG, n° 362 (1998) : 22.
204
2.1 La dialectique, un « écart » et un processus
La dialectique met en évidence qu'il y a des écarts. « L'écart » est quelque chose de
constant dans les rapports entre les éléments. Autrement dit à plusieurs reprises dans cette
recherche, les écarts entre le discours officiel salésien, celui des supérieurs à Rome, et la pratique
des salésiens sur le terrain (Clairvaux) ; entre la théorie du système préventif (référents), et la
pratique concrète ; entre la foi enseignée (discours), et la foi vécue (pratique) ont été mis en
évidence.
La recherche a montré la difficulté des salésiens et des laïcs à dépasser ces écarts que nous
pourrions résumer dans la distance « théorie - pratique », mais qui probablement n'est pas
seulement une distance. Il y a des difficultés à rendre réelles des convictions évangéliques dans le
concret de la vie et dans les rapports entre personnes, ceci en partie parce que « l'application » a
besoin de s'inscrire dans un processus. C'est un vieux problème, que le projet de la théologie
pratique voudrait bien contribuer à résoudre et auquel notre recherche a essayé d'apporter des
éléments de réponse par nos exemples d'analyse et de solutions. Harmoniser la foi qu'on étudie
et celle qu'on vit, la foi proclamée et la foi vécue est ressenti par le groupe de recherche (les co-
chercheurs) comme un défi pour l'évangélisation, mais aussi par l'Église. Le pape Paul VI le
disait à sa manière :
Il est bon de souligner ceci : pour l'Église, le témoignage d'une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d'évangélisation. « L'homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres - disions-nous récemment à un groupe de laïcs - ou s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins ».29
L'inculturation est le sens de ce projet d'évangélisation et le processus d'inculturation est
le chemin. En fait, une des caractéristiques du processus est de construire des ponts entre ces
deux univers, afin de dépasser et de porter à son terme la tension dialectique, car elle n'est pas
une fatalité, mais plutôt une chance.
Pour le croyant lucide, l'écart est une incohérence qui le fait souffrir profondément, tandis
que pour le croyant aveugle, souvent inconsciemment, l'incohérence passe inaperçue, comme par
exemple le missionnaire qui par amour de Dieu et du peuple malgache a tout quitté, mais qui,
Evungelii nunliandi, n° 41. Voir l'Allocution aux membres du Conseil des laïcs, du 2 novembre 1974.
205
dans sa pratique, nous découvre son mépris pour le peuple, qu'il humilie ou manamhany ; ou
comme le missionnaire qui dit vouloir travailler avec les laïcs, mais qui au fond, travaille seul.
Pourquoi cet écart ? À qui la faute, s'il y en a une ? C'est certainement lié aux limites des
personnes et des institutions, au manque de formation et de conversion personnelle. Mais il faut
singaler aussi que certains missionnaires n'ont pas été formés pour travailler avec les laïcs. Il y a
un autre élément que nous voudrions souligner : le manque de moyens pour susciter le
changement. Avant tout, les moyens plus couramment utilisés nous semblent être de deux types :
de l'ordre de la foi, ici nous parlons de la conversion par la persuasion motivée, et deuxièmement
d'ordre disciplinaire, ici nous parlons de règles et sanctions qui génèrent la peur à l'intérieur de
l'Eglise. Le premier type privilégie l'argumentation, c'est une méthode basée surtout sur les
motivations religieuses. Pour ce qui concerne le deuxième type, la pratique à Clairvaux nous fait
penser à un unique moyen disciplinaire : les affectations ou déplacements. Cette dernière
technique, très utilisée dans l'Église et par les salésiens à Madagascar, cache un double piège :
déplacer une personne avec des problèmes signifie déplacer le problème, et ensuite éviter de le
résoudre à la base, même si la nouvelle affectation peut s'avérer une porte de secours et une
deuxième chance pour celui qui veut et qui peut encore changer. Le déplacement en soi n'est pas
négatif, bien au contraire, surtout quand on a besoin d'une personne ailleurs, mais le déplacement
cache une grande ambiguïté : la personne est changée par besoin ou par punition ? Les laïcs et les
salésiens le ressentent ainsi, et ils se demandent quelle est la faute commise pour mériter ce
« déplacement-punition », mais pourquoi le ressentent-ils comme punition ? Probablement parce
que le déplacement est trop fréquent, et surtout parce qu'il est imprévu et brusque, non motivé.
La solution, au moins en partie, semble simple : il faut procéder de manière plus graduelle pour
les affectations et les motiver.
On a tendance, à tous les niveaux, à utiliser les solutions extrêmes ou le dernier recours
pour résoudre des problèmes qui pourraient trouver des solutions autrement, avec une
intervention opportune. Par exemple, pour l'enfant difficile, la solution qui vient à l'esprit est le
renvoi ; pour le professeur qui travaille mal, la solution est le licenciement ; pour les salésiens en
difficulté, la solution est le déplacement ; si les professeurs ne sont pas d'accord avec les
salésiens, la solution est la grève. Même si ces choses sont dites de façon un peu trop
schématique, la réalité reste : un manque de gradualité, de dialogue et d'espérance, ce qui nous
semble bien peu évangélique. Où laisse-t-on la gradualité de la conversion ? C'est pour cela que
206
nous avons tant parlé de processus. Il faudrait, nous semble-t-il, travailler sur le lien social
ecclésial, en le fondant sur une autre base que le rapport de force qui conduit fatalement à
l'exercice d'une certaine violence. Il ne s'agit pas d'effacer l'autorité, mais de l'exercer d'une
autre forme, comme un service à la communion, c'est l'unique façon de sortir de l'opposition.
L'attitude conflictuelle cache aussi une incapacité à accompagner des adultes dans le chemin de
prise de responsabilités, de conversion, de maturation et de pratique du système préventif. C'est
pour cela qu'on donne tant d'importance aux règlements.
Une question cruciale se pose : faut-il à tout prix chercher à abolir l'écart ? Il faut certes le
réduire, mais l'abolir nous semble utopique. L'écart est une réalité qui fait partie de toute
communauté croyante, cela est inévitable puisque la communauté est façonnée par les richesses
et les pauvretés des ses membres. C'est peut être pour cela qu'on parle de la communauté comme
d'un projet, comme d'une responsabilité, puisque c'est une réalité à construire avec l'engagement
de chacun, chaque jour. Dans le cadre de l'inculturation, les personnes qui sont concernées, sur le
plan anthropologique, sont limitées et, malgré la bonne volonté, des tensions sont immanquables.
Le réalisme est nécessaire : nous sommes une communauté de pécheurs. Malgré les efforts, les
limites et le péché font partie des éléments auxquels une communauté croyante est confrontée.
Mais avec humilité ils peuvent devenir une chance, en tant qu'ils portent la communauté et ses
membres vers le pardon. Le lien qui s'établira entre les membres, dans le cas qui nous occupe, les
missionnaires et les malgaches, donc ne sera pas le même. 11 sera construit sur le pardon offert et
reçu et non sur le contrat, la propriété, le statut institutionnel, etc. Le processus d'inculturation
sera alors enrichi par l'offre et la réception du pardon. « Le missionnaire est invité à croire à la
puissance transformante de l'évangile et à annoncer [...] la conversion à l'amour et à la
miséricorde de Dieu, l'expérience d'une libération intégrale de tout mal jusqu'à sa racine, le
péché », mais cette annonce est à faire avant tout dans sa propre vie.
Comment réduire l'écart et cette conception si peu évangélique dans la gestion des
conflits et du changement ? C'est une question qui a été peu travaillée par le groupe. Une piste a
été donnée avec la réflexion concernant le « foncer » (s'efforcer), mais elle reste trop
volontariste, ce qui peut cacher encore une foi peu assumée.
Nous pouvons conclure en disant que dépasser ce décalage et cette tension, que nous
avons appelée dialectique, signifie en partie inculturer, signifie arriver à une nouvelle synthèse.
3" Redemptoris missio, n° 23.
207
Le processus ne doit pas être nécessairement violent, même s'il reste toujours une confrontation,
comme le dit le père Vecchi, parce qu'il invite à une conversion et la conversion bouleverse
toujours nos habitudes.
Avant de terminer ce paragraphe nous voudrions signaler le dysfonctionnement découvert
entre les observations données par la hiérarchie salésienne et leur application sur terrain. C'est le
drame du décalage entre centre et périphérie. À notre grande surprise, il ne s'agit pas d'une
méconnaissance de la périphérie de la part de Rome, comme on a souvent tendance à dire et à
critiquer. Bien au contraire, les conseils et observations nous ont toujours semblé judicieux. Le
problème est plutôt sur place : il consiste dans le manque d'application des directives ou la
lenteur de l'application. Ici encore l'Église montre son incapacité à accompagner et susciter le
changement, et pour certains salésiens à entrer dans une dynamique de conversion personnelle et
communautaire. Les raisons sont difficiles à déterminer, mais nous croyons pouvoir avancer que
le changement n'est pas assez motivé par les supérieurs et qu'ils ne donnent pas les outils
nécessaires pour réaliser ce changement. En plus il manque l'accompagnement et l'évaluation du
changement. Nous ne croyons pas qu'il s'agisse là de mauvaise volonté de la part de l'institution,
des salésiens ou de laïcs, bien au contraire, il s'agit plutôt d'un manque de maîtrise du processus
de changement institutionnel, personnel et communautaire.
En parlant d'un parcours type d'inculturation, le père Vecchi met en évidence trois façons
de procéder : la continuité, la contestation prophétique et la création. Plus que de « parcours
types », nous préférons parler de deux types de processus : la continuité, liée aux semina verbi31
et la contestation, comprise comme interpellation, rupture ou non acceptation de certains aspects
31 L'approche des semina verbi (Adgénies, n° II. 15), pierres d'attente ou préparation évangélique (Redemptoris missio, n° 29 ; Lumen gentium, n° 16 ; Ad génies, n° 3), est aujourd'hui remis en question par certains théologiens. La première critique serait de canoniser certaines valeurs africaines ou malgaches en elles-mêmes, en cachant une volonté d'être à tout prix en harmonie avec une culture, oubliant les exigences liées au message évangélique. Une deuxième critique à cette approche est qu'elle répond au modèle de la théologie de l'accomplissement. C'est un courant présent à Vatican 11, dans Ad génies et Noslra aetate. Elle se base sur l'idée que les religions peuvent jouer un rôle de préparation évangélique, en tant que porteuses de valeurs qui préparent à la plénitude de la vérité qui se trouve dans le christianisme. Ainsi les religions ou cultures sont comparées à des marches, des étapes, des degrés, des phases préparatoires, en attente de leur accomplissement. Il s'agirait donc de les discerner et purifier, pour les assumer ensuite dans le christianisme. Ce paradigme fonctionne avec une vision abstraite des religions traditionnelles et des cultures, il a aussi un regard trop optimiste. Vouloir annexer au christianisme tout ce qu'il y a de bon ailleurs signifie ne pas respecter vraiment l'autre dans son altérité. Une troisième critique, c'est que cette approche des pierres d'attente ou des semina verbi, situe les chrétiens « du bon côté », ils se réservent le droit déjuger ce qui est de valeur ou contre-valeur dans les cultures ou dans les religions. Nous présentons une dernière critique faite par Jean-Marc Ela, parler de préparation évangélique « passerait sous silence l'effort de réinterprétation de la culture africaine à partir des défis de l'histoire, le besoin de survivre, de se défendre et de résister », « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré, 46.
208
culturels en contradiction avec l'évangile. La réussite de ces processus de continuité ou de
contestation devrait être la « création » ou « re-création », mais la question du pharisien
Nicodème nous semble encore aujourd'hui d'actualité (Jn 3,4) : « comment un homme pourrait-il
naître s'il est vieux ? ». La réponse de Jésus est simple et profonde : il faudra naître de l'Esprit
(Jn 3,8). Nous avons déjà parlé de la dialectique incarnation - libération, maintenant nous
pouvons ajouter celle qui s'établit entre incarnation et création. Ces deux types de dialectiques
font partie d'un unique processus, celui de l'inculturation.
Pour arriver à déterminer les éléments culturels dignes d'être assumés par le Christ, il faut
procéder à un discernement culturel. Nous pouvons parler d'une sorte d'évaluation de la culture
qui se fait dans une dialectique aller-retour avec la foi, ce qu'en théologie pratique nous appelons
corrélation critique. Nous voudrions ajouter un texte d'Emilio Alberich très éclairant sur ce que
nous venons de dire. Selon cet auteur, dans l'« œuvre délicate de l'inculturation toutes les
personnes responsables devraient être "bilingues" dans la foi : d'un côté, connaître la langue de la
propre culture (son propre "dialecte"), et de l'autre, connaître la langue commune (la "koinè"
chrétienne), afin d'assurer en même temps l'incarnation locale et la communion universelle ».32
L'expression « bilinguisme », nous semble appropriée pour parler de culture et foi, mais
inappropriée quand on considère la culture comme un dialecte et la foi comme une langue. Cette
façon de dire cache déjà un jugement de valeur, auquel un auteur d'une si grande valeur
qu'Alberich, n'échappe pas, le mépris. En fait la culture et l'évangile sont tous les deux des
langues, mais appartenant à des univers sémantiques différentes.
Pour ce qui concerne le missionnaire, il devrait vouloir appartenir au lieu, apprendre la
langue, adopter les coutumes, participer aux relations les plus simples et les plus humbles,
comprendre et adopter la religiosité populaire,33 ou comme dit le père Vecchi : « il faut de la
culture une connaissance qui vient de ce qu'on y a vécu un temps suffisant, et de ce qu'on a
étudié, de façon réfléchie et systématique, ses aspects significatifs, comme ils sont présentés dans
Emilio Alberich « Inculturer et indigéniser le christianisme, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 448.
3 Voir Ad gentes, n° 26. Dernièrement le père Pascual Châvez dit : « il est nécessaire d'éveiller dans tous les confrères la sensibilité à la culture, et en particulier aux cultures locales à travers l'apprentissage des langues locales en acceptant les habitudes et la nourriture locale et en adoptant d'autres éléments de la culture ». Visite d'ensemble région Afrique et Madagascar. Discours de clôture du Recteur Majeur, 6.
209
les études appropriées et comme ils sont vécus par la communauté », un vrai projet de
formation pour le missionnaire.
2.2 Trois exemples des rapports dialectiques liés à la communion
L'approche dialectique nous permet d'abord de mettre en évidence comment la recherche
non seulement enrichit l'Eglise mais la remet en question et, en deuxième lieu, comment la foi
interpelle la culture. C'est là un point très important de notre recherche. Selon Audinet, la
théologie pratique a un caractère critique, puisque en plus d'être une critique institutionnelle, elle
vise à mettre au jour la manière dont se disent aujourd'hui la foi et les formes de l'action
croyante. C'est pour cela que l'inculturation devient une « pépinière théologique », où l'on
retravaille et soigne un processus vivant. Les exemples que nous allons donner ci-après, nous
montrent que les critiques que l'inculturation fait aux pratiques, aux principes salésiens et à
l'institution, sont en réalité une critique à l'Église dans ses réalisations historiques parfois
discutables et une remise en question de certains principes, parfois non avoués mais qui orientent
son agir.
Nous avons choisi trois exemples représentatifs de cette dialectique : la relation salésiens -
laïcs, la femme dans une culture patriarcale, le rapport catholique - protestants, qui ne sont autre
que le rôle de la femme dans la société et l'Église, la question des rapports entre clercs et laïcs
(sacerdoce ministériel et sacerdoce commun) et la question œcuménique, tant en vogue
aujourd'hui. Nous verrons que c'est le travail du lien social qui est en cause, un vrai appel à la
réconciliation, pour une Église qui se veut communion. Dans cette Église, la différence ne doit
pas être un objet de discrimination, de conflit ou de division, mais plutôt un appel au respect et à
la valorisation de l'autre dans ce qu'il est et dans ce qu'il représente. Le Synode Africain le dit si
bien « le défi du dialogue est, au fond, le défi de la transformation des relations entre les hommes
[...] C'est le défi de l'amour du Christ pour tous les hommes, amour que le disciple doit
reproduire dans sa vie ». En fait pour une Afrique marquée par les divisions et pour Madagascar
où encore les différences tribales ont du poids, une communauté qui se réconcilie devient une
Juan Vecchi, « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, » ACG, n° 362 (1998) : 18.
210
communauté prophétique, c'est un besoin, c'est une urgence : « l'Église en Afrique éprouve la
nécessité de devenir pour tous un lieu d'une authentique réconciliation ».
Premier exemple : les rapports salésiens - laïcs, vers une Église communion
Le rapport salésiens - laïcs est complexe car il se redouble du rapport étranger -
autochtone, consacré - laïc, employeur - employé, culture européenne - culture malgache, etc.
Face à cette grande complexité d'éléments en jeu, nous ne pouvons avoir la présomption de tout
comprendre et systématiser.
Ce qui ressort de la recherche documentaire, c'est la difficulté de communication et de
maîtrise de la langue malgache de la part des missionnaires. La confrontation des deux
recherches, documentaire et R-A, montre la distance entre les deux discours ; le missionnaire
montre sa grande ignorance de la culture, d'où la pauvreté de sa réflexion et aussi de
l'inculturation. Ce qui confirme une fois de plus que ce sont les « autochtones » qui peuvent faire
de l'inculturation. « La seule inculturation imaginable suppose la reprise par les Malgaches eux-
mêmes du message qu'ils reçoivent ». Ce qui étonne aussi c'est le manque de sensibilité de la
part des salésiens missionnaires. Pourquoi le travail est-il pour eux le plus important ? Pourquoi
négligent-ils la connaissance de la culture ? Pourquoi voient-ils la langue simplement comme un
instrument de travail ? Nous pouvons penser que pour certains salésiens, le travail social,
d'assistanat et d'éducation a pris le dessus, l'évangélisation a été négligée, c'est une conclusion
que nous ne considérons pas sans fondement et qui sera confirmée par la recherche documentaire,
qui montre la grande importance donnée aux constructions. Tout cela affirme le paradigme de la
mission comme œuvre de civilisation (éducation).
Pour ce qui nous concerne la participation des laïcs au processus d'inculturation, elle ne
s'est pas toujours effectuée sans problèmes. Il y a deux paradigmes possibles : au sein d'une
Église « autorité », les salésiens apprennent aux autres le système préventif, alors qu'au sein
d'une Église « communion », les salésiens partagent un charisme dont ils n'ont pas l'exclusive
propriété et font le chemin ensemble avec les laïcs, dans un processus d'enrichissement mutuel.
Ces deux approches ont été toujours présentes dans l'histoire de Clairvaux, mais le premier a
semblé être le plus utilisé.
Ecclesia in Africa, n° 79. Christian Alexandre, Le malgache n 'est pas une île, 10.
211
Mais ce point a été déjà assez développé, nous nous arrêtons ici pour donner plus de place
à deux questions importantes, la place de la femme et l'œcuménisme.
Deuxième exemple : la femme malgache dans un milieu éducatif salésien masculin
Donner la parole aux femmes et analyser leur rôle dans une institution fondamentalement
masculine est quelque chose de nouveau et original à Madagascar." Dans le travail des salésiens
à Madagascar, la mixité dans les écoles salésiennes n'est pas un acquis dans tous les domaines,
notamment au niveau de la formation professionnelle. Les filles sont plutôt prises en charge par
la Congrégation des Filles de Marie Auxiliatrice.
Revenons en arrière pour chercher des éléments de compréhension de cette situation. Quel
était le rapport de Don Bosco avec les femmes ? Avait-t-il eu de l'aversion à traiter avec les
femmes ? Ce sont des questions qu'il faut bien se poser, parce qu'elles peuvent nous permettre de
mieux saisir la place de la femme dans le milieu salésien masculin et les évolutions qui ont eu
lieu depuis ses origines. Selon le père Aubry" Don Bosco a toujours entretenu un rapport aisé
avec sa mère, il avait une grande affection envers elle. Cependant, il évitait le contact avec les
autres femmes. Deux facteurs ont influencé sa psychologie : il n'a pas eu de petite sœur et il a eu
très vite la conviction de son appel au sacerdoce. Dans ses rêves, les filles n'apparaissaient
jamais. Donc il écarta le rapport avec les femmes. Il faut aussi dire que, dans ce domaine, la
formation des séminaristes était très sévère. Il n'est pas étrange donc que, comme prêtre, il ait eu
une attitude de méfiance et d'extrême réserve, cette réserve il la recommandait à ses garçons et à
ses salésiens. En lui, transparaît la mentalité très négative de l'époque vis-à-vis de la femme, vue
comme un danger direct pour la chasteté. La femme était considérée comme une créature
inférieure à l'homme, prédisposée à devenir l'instrument de Satan, donc dangereuse, toujours
Eve, et jamais, ou exceptionnellement Marie. Aux missionnaires, Don Bosco a laissé cette
recommandation « soyez charitables et très courtois avec tous, mais fuyez les conversations et la
familiarité avec les personnes de l'autre sexe ou d'une conduite suspecte ». °
37 À propos de la discrimination des femmes dans les institutions religieuses, voir Elisabeth Johnson, Dieu au-delà du masculin et du féminin. Celui/Celle qui est (Paris : Cerf, 1999), 7-70 ; CG 24, n° 33. 38 Cf. Joseph Aubry, Avec Don Bosco vers l'an 2000. Vingt conférences salésiennes (Rome : Maison Généralice Salésienne, 1990), 363-421.
« Non proferi mai una parola che avesse la minima allusione a cose meno oneste ; mai si vide divertirsi colle fanciulle che abitavano le case vicine ». Giovanni Battista Lemoyne, Memorie biograjiche di Don Giovanni Bosco, vol. 4 (S. Benigno Canavese : Scuola tipografica e libraria salesiana, 1904), 641. 40 Eugenio Ceria, Memorie biografiche di Don Giovanni Bosco, vol. 11 (Torino : SEI, 1931 ), 389.
212
Il faut se rappeler aussi l'anticléricalisme qui régnait à cette époque au Piémont. Don
Bosco avait peur du scandale et de perdre la bonne réputation dont il avait besoin pour son travail
pastoral. Habitant dans une ville où les mœurs évoluaient et dans une maison qui était tout près
de l'« auberge la Jardinière », lieu malfamé, il était toujours préoccupé de la moralité.
Limiter le rapport de Don Bosco aux femmes à ce que nous venons de dire serait injuste,
sa personnalité étant plus complexe et plus riche qu'il ne semble. Certains auteurs ont cédé à la
tentation de durcir son visage et de forcer la portée de ses affirmations. Il est très probable,
comme dit Aubry, que le Don Bosco jeune prêtre ait été rigide, mais que le Don Bosco de la
pleine maturité et de la vieillesse ait été plus libre avec les femmes (libre dans le sens de liberté
intérieure et non de libertinage). En fait, Don Bosco adulte a eu beaucoup de contacts avec les
femmes : confessions, audiences, visites et correspondance. Aubry dira même qu'au plan cérébral
et volontaire Don Bosco était étroit et rigide, mais au niveau de l'être profond, là précisément où
agit davantage et mystérieusement la grâce de Dieu, Don Bosco était ouvert et tendre.
La pratique de Don Bosco nous montre aussi son ouverture d'esprit lors de la fondation
avec Marie Dominique Mazzarello d'une Congrégation pour les filles.
La présence de femmes dans l'œuvre de Don Bosco à Valdocco, surtout sa maman, n'était
pas étrange. Lorsque cette dernière mourut, Don Bosco, après avoir célébré la messe pour elle au
sanctuaire de la Consolata, s'arrêta et pria devant l'image de Marie Consolatrice : « Ô très
miséricordieuse Vierge Marie, supplia-t-il, mes enfants et moi sommes à présent privés de mère
ici-bas ; de grâce, soyez vous-même désormais, de façon particulière, ma Mère et leur Mère ! ».41
Maman Marguerite a été le signe vivant et efficace de la présence de Marie mère « auxiliatrice »
dans l'œuvre salésienne. Aujourd'hui, ce rôle est revendiqué par les femmes présentes à
Clairvaux.
Don Bosco serait surpris de voir la mixité actuelle dans les œuvres salésiennes un peu
partout dans différents pays, un peu moins à Madagascar. Nous croyons en fait que le système
préventif porte en lui, comme élément fondamental, la maternité, exprimée en Marie. Cette image
historique en maman Marguerite42 et spirituelle en Marie, sera reprise par les participants à la
recherche, les femmes parleront d'une synthèse « être comme Marie, éducatrice ».
41 Giovanni Battista Lemoyne, Memorie biograjiche di Don Giovanni Bosco, vol. 5 (S. Benigno Canavese : Scuola tipografica e libraria salesiana, 1905), 566. 42 La Servante de Dieu Marguerite Occhiena est née le Ier avril 1788 à Capriglio, dans la province d'Asti. Elle resta dans son village jusqu'à son mariage, célébré avec Francesco Bosco, qui était devenu veuf à l'âge de 27 ans. Avec
213
Cette ouverture et prise de conscience des femmes nous semble due à l'Esprit qui est
toujours à l'œuvre dans l'inculturation et la libération. C'est pour cela que l'inculturation reste
une œuvre de l'Esprit qui agit dans les personnes, en suscitant la conversion et le changement
personnel, et culturel, en poussant à la purification ou à la conversion de la culture. À ce propos,
Joseph Ratzinger en parlant d'un deuxième aspect de la conversion dit que la conversion porte à
la transformation, la conversion ne détruit pas les religions ni les cultures mais les transforme en
portant à la résurrection de ce qui était le meilleur en elles.43
Revendiquer le rôle de la Vierge Marie par les femmes porte un risque, celui de
spiritualiser ou sublimer leur rôle. C'est vrai que la recherche a montré que pour éviter ce risque,
la femme doit développer sa féminité, sa maternité et la dimension éducative, mais ne faudrait-il
pas aller encore plus loin ? Nous croyons que pour éviter ce risque, il faudrait récupérer l'image
de maman Marguerite.
Le problème se pose aussi au niveau des professeurs et des éducateurs. Quelle est la place
des femmes au sein d'une institution fortement masculine ? La méfiance envers les femmes
influence l'application du système préventif à Madagascar. S'agit-il d'une question culturelle ou
d'une question de fond, salésienne ? ou bien des deux à la fois ? Le CG 24 dit que la présence des
femmes « enrichit la mise en œuvre du système préventif»44 même si l'assimilation des valeurs
de la complémentarité et de la réciprocité féminines n'avancent que lentement. Le même
document dira qu'il manque une réflexion sur l'intégration de la femme dans la culture
institutionnelle et dans l'action pastorale.45 C'est ce que cette recherche a confirmé.
Nous comprenons maintenant pourquoi cet aspect de la recherche est dérangeant et
innovateur. Il s'agit d'une vraie confrontation, à deux niveaux : le premier est culturel, parce que
la culture malgache met la femme dans une situation d'infériorité par rapport à l'homme. Le
lui elle se transféra aux Becchi. À la mort prématurée de son mari, elle se retrouva seule pour affronter la conduite de la famille en un moment de grande disette. Femme forte et sage, juste et ferme dans ses décisions, Marguerite mène une vie marquée de sobriété et de tempérance. Dans l'éducation de ses fils elle est sévère, douce et raisonnable. Elle accompagne avec amour son fils Jean jusqu'au sacerdoce et ensuite, en laissant la petite maison des Becchi, elle le suit au milieu des jeunes pauvres et abandonnés de Turin. Là pendant dix ans, les derniers de sa vie, elle se dévoue sans compter pour la mission de Don Bosco et pour les débuts de son œuvre en faveur de la jeunesse. Elle est la première et principale coopératrice salésienne ; sa charité active devient la source maternelle qui inspire le système préventif. Marguerite meurt à 68 ans, le 25 novembre 1856. 3 La première conversion consiste à la décision fondamentale « tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les
serviras pas, car c'est moi le Seigneur ton Dieu » (Dt 5,9) « Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c'est à lui seul que tu rendras un culte» (Mt 4,10). Pour ce qui concerne la conversion et transformation voir Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 706-707. 44 CG 24, n° 25. 45 Sur cette question, voir CG 24, n° 33.
214
deuxième niveau est salésien, parce que, malgré un passé où les femmes avaient une place, les
salésiens ont fini par les délaisser, se méfier ou spiritualiser cette présence, même à Madagascar.
Le système préventif est-il également innovateur au plan de l'émancipation de la femme ?
Le CG 24 dira que « dans certains pays où la femme est réduite à un rôle de subordination à
l'homme, il est novateur et prophétique de l'associer».46 Mais à notre avis, il ne s'agit pas
simplement de les associer, mais de faire un vrai partenariat, peut-être faudrait-il un jour réécrire
le système préventif au féminin ? ou au moins en collaboration avec elles ? en plaçant par
exemple au centre le cœur et la féminité. Nous précisons que c'est une femme qui a parlé du rôle
de l'amour dans l'éducation à Clairvaux et qui a développé le concept fo feno fhiavana. Nous ne
pouvons pas nier que le système préventif a favorisé l'émancipation et la prise de conscience des
femmes à Clairvaux, mais nous devons avouer que la réflexion n'est pas allée aussi loin que nous
l'aurions voulu, parce que les femmes ont du mal à prendre conscience de leur situation et il leur
est encore difficile de concevoir leur émancipation. Elles ont assumé et mal sublimé leur place
dans la société, la culture et l'Église, par une sacralisation traditionnelle (culturelle), et par une
sacralisation religieuse (ecclésiale). À leur manière, ces deux institutions manifestent une forme
structurelle pyramidale, dans laquelle les femmes sont dominées par des dirigeants masculins.
Elizabeth Johnson dira à ce propos que « le patriarcat religieux représente l'une des formes les
plus solidement établies de cette structure, puisqu'il se perçoit comme fondé sur la volonté de
Dieu ».47
Mettons en lien la féminité et l'éducateur. Le ray aman-dreny devrait être celui ou celle
qui s'occupe du jeune, dans un sens étroit de « parents » (ceux qui nous ont donné la vie) et dans
un sens large, tout adulte qui prend soin du jeune. Mais l'expression ray aman-dreny a un autre
sens, « père et mère ». Cette conception « père et mère » est à garder et à approfondir, elle
pourrait bien enrichir la réflexion salésienne. Comment le système salésien a-t-il accueilli la
double dimension « père-mère » (paternité et maternité) ? C'est malheureusement une question à
laquelle la recherche n'a pas répondu, mais qui aurait mérité des approfondissements. Toutefois,
nous pouvons nous demander s'il s'agit simplement d'un mot ? Ou vraiment d'une voie à
explorer ? Nous osons dire que la théologie féministe malgache, inexistante, aurait ici une piste à
creuser.
CG24,n° 19. Elizabeth A. Johnson, Dieu au-delà du masculin et du féminin. Celui/Celle qui est, 41.
215
Pour ce qui concerne l'intégration de la femme dans la pratique du système préventif,
nous ne voyons pas d'autre réponse qu'un travail ensemble des hommes et des femmes qui
prennent part au processus éducatif des jeunes et, deuxièmement, la recherche d'une éducation
intégrale non seulement dans ses finalités, mais aussi dans les symboles et modèles proposés aux
jeunes. C'est peut-être encore le Malgache, capable d'équilibre, qui nous apprendra comme cela
doit se réaliser, le jour où il rendra sa vraie place à la femme dans un milieu éducatif appelé à
dépasser son caractère patriarcal, le jour où nous laisserons de côté la méfiance envers les
femmes. Ainsi le milieu deviendra plus évangélique. Jean Paul II le dit bien : « le féminin et le
masculin sont entre eux complémentaires, non seulement du point de vue physique et
psychologique, mais ontologique. C'est seulement grâce à la dualité du "masculin" et du
"féminin" que l"'homme" se réalise pleinement», et c'est grâce à cette dualité que nous
pourrons éduquer intégralement. Dans cette même ligne le deuxième synode de Madagascar
insistait sur le rôle particulier de la femme dans l'évangélisation, et il a proposé comme modèle
Victoire Rasoamanarivo.49
Le concept ray aman-dreny cache aussi un problème que nous n'avons pas pu résoudre,
ces deux termes « père » et « mère » mis en corrélation, sont-ils en corrélation dialectique ? quel
type de rapports cette expression veut-elle exprimer ? Nous pensons qu'il y a deux possibilités :
coordination, ce qui signifierait une excellente synthèse « père et mère » (parents), ou bien
subordination où le « père » est avant la « mère », ce qui ne ferait que renforcer le patriarcat. Car
la conjonction amana, qui sert à unir deux mots apparentés, crée selon nous un lien de
subordination (conjonction de subordination), même si selon la grammaire de Régis Rajemisa
elle n'est que synonyme de « et » (conjonction de coordination). Selon Céline Ranivoarisoa le
terme amana employé pour les parents désigne égalité, ce terme dira-t-elle est utilisé d'habitude
pour mettre en relation des éléments de même nature, ray aman-dreny signifierait parents,50 les
conjoints partageraient les mêmes droits. Mais à notre avis c'est dans l'ensemble de la culture
que nous devons saisir le sens des mots, c'est pour cela que nous proposons la première
hypothèse, subordination tout en sachant que les linguistes ne seront pas d'accord. Ce regard
Jean Paul II, Lettre aux femmes (Vatican, 29 juin 1995), n° 7. 49 Sur ce sujet, voir Lettre pastorale post-synodale. L'Église famille de Dieu rassemblée par l'eucharistie (Antananarivo, 1998), n° 31.5. 50 On se reportera au travail de Céline Marie Gorétie Ranivoarisoa, « Autorité - Obéissance. Essai d'inculturation de la vie consacrée selon les Constitutions des Franciscaines Missionnaires de Marie en rapport avec la culture malagasy » (Mémoire de maîtrise, Institut Pontifical Regina Mundi, 1997), 56-57.
216
d'égalité présenté par certains auteurs serait bien séduisant, mais il est contredit par la praxis de la
culture malgache où la femme est considérée comme un être faible et inférieur.
Le troisième exemple : le rapport catholiques - protestants, questions œcuméniques
Don Bosco a eu un rapport conflictuel avec les protestants, il était antiprotestant,51 son
attitude s'explique par des raisons d'ordre théologiques et historiques. Dans sa théologie, le
protestantisme précipitait en enfer ceux qui y adhéraient. Entre la vie et la mort, l'« apostat »
avait choisi la mort, donc il fallait faire tout son possible pour le sauver de l'erreur, car erreur
signifiait damnation éternelle.
Sauver son âme, c'est ce que saint Alphonse de Ligori et beaucoup d'écrivains spirituels
de son temps donnaient comme l'unique nécessaire. Cette idée est à la racine de toute l'activité
de Don Bosco. Le salut pour Don Bosco était lié à la foi, à l'adhésion à la révélation divine. Or,
pour lui ces vérités ne se trouvent que dans la véritable Église. Depuis le Christ, il est donc
impossible de se sauver même dans la religion juive, qui est pourtant authentique, car hors de la
religion catholique il n'y a qu'erreur et vice « extra Ecclesiam nulla salus »,52 croyait-il.
Dans ses écrits, notamment les Letture Cattoliche, le combat de Don Bosco contre les
protestants fut direct. Il voulait défendre la foi des personnes simples contre le prosélytisme et
susciter la conversion des catholiques passés à l'hérésie. Comment ne pas penser aussi à saint
François de Sales qui en 1615 a rédigé l'étonnant Mémoire pour la conversion des hérétiques et
leur réunion à l'Eglise. Malgré cette conception négative du protestantisme, le système préventif,
la pratique pastorale et le cœur de Don Bosco témoignent d'une ouverture envers les personnes
en tant que telles.
La conception de Don Bosco est aujourd'hui dépassée, Vatican II dans son document
concernant l'œcuménisme dit des protestants :
Justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au Christ, ils portent ajuste titre le nom de chrétiens, et les fils de l'Église catholique les reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur. Au surplus, parmi les éléments ou les biens par l'ensemble desquels l'Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup,
51 Voir Francis Desramaut, Don Bosco en son temps (1815-1888), 371-375 ; Pietro Braido, Don Bosco prête dei giovani nel secolo délia libertà, vol. 1 (Roma : LAS, 2003), 267-275. 52 Principe formulé par Origène et Cyprien, mais qui, à l'époque avait un autre sens que celui qu'on attribue à cet adage aujourd'hui. Cyprien voulait affirmer que le lien avec l'Église est constitutif pour le salut des hommes. L'arrière-fond est la volonté universelle de salut de Dieu. Vatican II rejette l'idée qu'il n'y a pas de salut hors de l'Église (Lumen gentium, n° 16).
217
et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l'Église catholique : la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l'espérance et la charité, d'autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d'autres éléments visibles [...] En conséquence, ces Églises et communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique.53
Le développement du système préventif postérieur à Don Bosco a montré à quel point il
est ouvert, ce que peut-être le Saint n'aurait jamais imaginé : les protestants pratiquant et
réclamant aujourd'hui le système préventif comme leur appartenant ! Leur pratique le démontre
fortement, leur façon de réfléchir et l'apport qu'ils ont donné aux échanges dans le groupe de
recherche le confirment. Un protestant a même dit lors des réunions, qu'il souhaiterait écrire
quelque chose sur le système préventif pour les protestants.
Il est significatif que l'œcuménisme soit né dans les milieux de mission et non en terre de
chrétienté. En voulant transposer hors de l'Europe des divisions confessionnelles qui avaient
fracturé l'Europe, les Européens ont transporté hors de leur continent des conflits qui ne
concernent pas les autres peuples.
La grande île de Madagascar présente une particularité historique. Si au XIXe siècle il y
avait un contexte de concurrence entre la France et l'Angleterre pour s'assurer de la main mise
sur Madagascar, aujourd'hui l'île est souvent montrée comme un exemple de réussite
œcuménique. Qu'en est-t-il ?
La Parole de Dieu a été apportée à Madagascar en 1818-1820 par les pasteurs et les
artisans de la London Missionary Society (LMS) appelés par Radama I pour développer
l'instruction dans son royaume. Assez vite, en 1835 la reine Ranavalona I interdit à son peuple de
professer la foi chrétienne et les chrétiens sont persécutés. Ce n'est qu'en 1861 que Radama II
proclamera la liberté religieuse.
Il faut reconnaître que les pasteurs anglais « apportaient avec eux tous les préjugés que les
Anglo-Saxons avaient à l'égard des catholiques : pour eux, ceux-ci ne suivent pas le Christ mais
la religion de Rome, cette prostituée dont parle l'Apocalypse et idolâtrent Marie et les saints ; ils
Unitalis redintegratio, n° 3.
218
ne connaissent pas la Bible mais seulement le catéchisme ». De propos durs, mais qui montrent
que les débuts ont été marqués en partie par le mépris.
En profitant de la liberté religieuse, des prêtres jésuites et des sœurs de saint Joseph de
Cluny sont arrivés à Antananarivo. Pour eux, « les protestants sont des hérétiques, des chrétiens
"praposta" qui se sont séparés de Rome et qui interprètent la Bible par le libre examen, aussi leur
communauté n'est-elle pas structurée suivant la pensée de Jésus Christ ».55 Ces affirmations
montrent combien le mépris était réciproque.
Pour les malgaches, il est quasiment impossible de comprendre sur quels événements et
autour de quels enjeux théologiques les confessions chrétiennes s'étaient séparées. « Perplexes,
les auditeurs malgaches s'attendirent, dans les premiers temps de la cohabitation, à des signes du
ciel venant identifier les vrais chrétiens ».56 Mais ces antagonismes ne doivent pas masquer
l'indifférence de la base rurale aux querelles religieuses. Une culture chrétienne de tendance
unitaire s'est développée dans la campagne. Les villageois par exemple empruntaient et
rediffusaient les cantiques sans étiquette d'origine. La culture orale a été métissée et unitaire de
façon presque naturelle. Ce qui montre bien que la marche vers l'unité entre Églises et entre
chrétiens s'est faite par bien des voies et de bien de manières, comme dans le cas malgache cela a
débuté dans un cadre extra-institutionnel.
Des faits significatifs montrent le rapprochement entre catholiques et protestants : vers
1956 commence à être célébrée la semaine de prière pour l'unité des Églises. Avant même que
Vatican II invite les chrétiens à l'unité.57
En réponse aux orientations données par le Concile Vatican II, les évêques catholiques
publièrent en 1969 un Directoire sur l'œcuménisme traitant de la prière commune, des mariages
mixtes, de l'enseignement biblique dans les écoles, et de la validité de l'unique baptême donné au
nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
La fondation du FFKM est datée de 1979-1980, c'est une des grandes réussites de
l'œcuménisme malgache. Après l'euphorie des années 80, l'œcuménisme à Madagascar connaît
54 Bruno HUbsch, « Les difficiles relations entre Protestants et Catholiques au début de l'Évangélisation dans la région d'Ambositra, » Aspects du Christianisme à Madagascar, n° 4 (2001), 31. 55 Bruno Hubsch, « Les difficiles relations entre Protestants et Catholiques au début de l'Évangélisation dans la région d'Ambositra, » Aspects du Christianisme à Madagascar, n° 4 (2001), 32. 56 Françoise Raison-Jourde, « Dérives constantiniennes et querelles religieuses ( 1869-1883) », dans Madagascar et le Christianisme, sous la direction de Bruno HUbsch (Paris : Karthala, 1993), 295. 57 Cf. Unitatis redintegratio, n° 4.
219
aujourd'hui un certain enlisement. Les diverses commissions qui constituent le FFKM sont à
court de dynamisme. Une des faiblesses est liée au manque d'accompagnement théologique.
Dans le cadre de notre recherche, il nous semble important de nous demander comment
favoriser à Clairvaux une réelle pratique de l'œcuménisme ? La première exigence devait être la
connaissance réciproque, comme avait déjà dit Unitatis redintegratio n° 9 « il est nécessaire que
des catholiques bien préparés acquièrent une meilleure connaissance de la doctrine et de
l'histoire, de la vie spirituelle et cultuelle, de la mentalité religieuse et de la culture propre à leur
frères (séparés) ». Un fait significatif c'est que pendant toute la recherche, jamais n'a été précisée
exactement l'appartenance confessionnelle de deux intervenants protestants. Pourquoi les
protestants n'ont-ils pas voulu signaler leur type d'appartenance ? Pourquoi le groupe ne l'a pas
demandé ? Peut-être parce qu'on considère cette information comme négligeable ou bien par un
manque de sensibilité, possiblement à cause d'une relativisation des appartenances : « toutes les
religions protestantes sont égales ». Un autre exemple, c'est le fait que le groupe ne s'est pas gêné
du tout de faire une prière à Marie, malgré la présence des protestants.
Les catholiques devront continuer à travailler avec les protestants à Clairvaux. Cette
collaboration est une chance unique pour tous ceux qui croient au Christ de mieux se connaître
les uns les autres, de s'estimer davantage et de préparer la voie à l'unité des chrétiens.58
Selon le père Charles-Raymond Ratongavao, à Madagascar, « malgré la volonté des
missionnaires d'inculquer chez leurs prosélytes un message évangélique confiné dans des conflits
confessionnels, les Malgaches ont ressenti et exprimé dès leurs premiers contacts avec le
christianisme, le besoin de connaître une expérience chrétienne dans un cadre où la division
n'aurait plus de place ».' C'est ce que nous avons constaté lors de notre recherche et qui pourrait
donner une explication différente au fait que les catholiques ne voient pas de différences avec les
protestants, la raison serait qu'ils ne veulent pas entrer dans un conflit qui ne les concerne pas.
Malheureusement, ce qu'ils font c'est de le nier, car il est-là, latent comme par exemple dans
l'impossibilité des protestants d'accéder à la communion chez les catholiques.
Cette intercommunion, dans le milieu salésien à Madagascar, est souhaitée par tous, mais
elle reste une question sans solution. Peut-on s'arrêter à cela ? Est-ce que c'est juste de laisser le
Voir Unitatis redintegratio, n° 12. 50 Charles-Raymond Ratongavao, « L'œcuménisme à Madagascar : un aperçu historique de l'expérience malgache, » dans Madagascar, des Eglises en dialogue. Le point sur l'œcuménisme (Antananarivo : Institut Catholique de Madagascar, 1999), 20.
220
peuple chrétien sans réponse ? N'est-il pas possible d'imaginer une autre solution ? Pourquoi
avons-nous cette tendance aux extrêmes : « pas de communion pour les non catholiques » et
« communion seulement pour les catholiques » ? Pour pouvoir communier, il n'y pas d'autre
solution pour les protestants que de changer de confession ? Évidemment, nous touchons ici à
tout l'aspect théologique de la question et une question doit sans soute être abordée : est-ce que
l'œcuménisme est un chemin sans autre issue que la conversion des protestants ? À propos de la
conversion Unilatis redintegratio dit :
Il n'y a pas de véritable oecuménisme sans conversion intérieure. En effet, c'est du renouveau de l'âme, du renoncement à soi-même et d'une libre effusion de charité que partent et mûrissent les désirs de l'unité. Il nous faut par conséquent demander à l'Esprit-Saint la grâce d'une abnégation sincère, celle de l'humilité et de la douceur dans le service, d'une fraternelle générosité à l'égard des autres.60
Mais il ne faut pas oublier que cette conversion engage tant les catholiques que les
protestants.
Le FFKM a fait des efforts pour promouvoir l'unité des chrétiens au niveau des nombreux
cultes œcuméniques, comme par exemple les funérailles des personnages plus ou moins
connus... les veillées mortuaires (là où la population est sociologiquement chrétienne) et au
niveau des écoles confessionnelles ouvertes à accueillir des élèves d'autres dénominations. Dans
le domaine liturgique nous avons l'impression que le dialogue est arrivé à un sommet. Que reste-
il à faire ? La conversion des protestants encore ? Est-ce que dans les autres domaines de
l'œcuménisme, comme la Parole de Dieu et la prière, nous arriverons toujours à une impasse ?
Une autre question qui nous préoccupe est la gradualité, principe pastoral qui s'avère fort fécond
et qui ne signifie pas gradualité de la morale ou du dogme, mais degrés de participation et de
communion. Comment faire pour reconnaître officiellement cette gradualité ?
Parmi les nombreux terrains de collaboration, il y en a un qui est extrêmement important :
la politique. Le FFKM, qui représente un peu moins de la moitié de la population malgache, a
beaucoup travaillé pour le changement politique depuis longtemps. En fait, les Églises
chrétiennes ont vu la nécessité de se réunir dans le but de constituer un bloc en face d'un régime
autoritaire. La dernière intervention importante du FFKM a eu lieu lors de la crise de 2002, il a
Unitatis redintegratio, n° 7.
221
été un élément de transformation indispensable. Acculé par le contexte politique, le FFKM a dû
légitimer le nouveau gouvernement de Marc Ravalomanana.
Un autre domaine de collaboration est le Filankevitra ekiomenika momba ny teolojia ou
Commission œcuménique de théologie, parmi les contributions de ce groupe de réflexion nous
avons le travail à propos de la pastorale des mariages mixtes. Il nous faut signaler que c'est un
chantier qui a encore besoin d'accompagnement, pour éviter que les couples mixtes tombent dans
le relativisme ou la confusion. 11 y a aussi le problème que quelques pasteurs du FJKM, Église de
Jésus-Christ à Madagascar, ne croient pas à ce type de mariages.
La littérature est aussi un domaine assez fécond de collaboration, notamment la traduction
œcuménique de la Bible, mais pour ce qui concerne les documents édités pour cultiver la
sensibilité œcuménique, ils restent en général inconnus de la plupart des chrétiens.
L'oecuménisme a aussi des limites au plan social, comme par exemple le manque
d'actions communes, chaque Église a ses « œuvres ». Les raisons peuvent être nombreuses,
probablement c'est à cause du mode de gestion, souvent lié au mode d'organisation des Églises,
ainsi qu'aux exigences des bailleurs de fonds.
Au niveau de la catéchèse, des théologies et des prêches, catholiques et protestants
conservent largement un caractère « confessionnel et traditionnel » avec fort peu d'ouverture
œcuménique.
Une des grandes limites, c'est la quasi inexistence d'une recherche sur l'ecclésiologie de
la part du FFKM.61
Un autre problème dans ce dialogue œcuménique est qu'il risque de ne mener nulle part,
parce qu'il manque de conclusions concrètes, mais n'est-ce pas le risque aussi pour tout dialogue
entre l'Église et le monde ? C'est vrai que dialogue signifie respect, connaissance de sa propre foi
et de celle des autres.6 Si l'Église catholique reste sur ses positions pour des motifs théologiques,
cela n'est pas nécessairement négatif, bien au contraire, mais nous voudrions mettre en évidence
61 Sur cette question, voir Adolphe Razafintsalama, « Existe-t-il un modèle d'unité de l'Église à Madagascar?» Aspects du Christianisme à Madagascar, n° 3 (2001), 3-10.
« Marina fa dingana voalohany eo amin 'ny ezaka ekiomenika ny fifanajana ; ary marina ihany koa fa mampandringa ny ezaka ekiomenika ny tsy fahalalana tanteraka ny jinoana amam-pomban'ny jiangonan-tena [...] tsy mainlsy hifankahalala sy hifampanontany ihany koa ny Fiangonan-tsamihaja », C'est vrai que le premier pas dans l'effort œcuménique est le respect ; et c'est vrai aussi que l'effort œcuménique boite quand on ne connaît pas les traditions de sa propre Église [...] il faut se connaître et se questionner sur les autres Églises, Adolphe Razafintsalama, Tori-dalana ho an 'ny katolika momba ny ekiomenisma (Antananarivo : Ambozontany, 1990), 10.
222
le caractère du dialogue, ou de certains domaines de dialogue. Il faut en tenir compte pour éviter
des faux espoirs.
Ce qui est bien plus difficile à accepter, c'est le manque de dialogue. Quand cela arrive,
on peut se demander si l'Église ne répète pas le schéma adulte - enfant en interdisant à ses fidèles
de demander, en refusant d'écouter leurs questions, en leur imposant le silence et en leur donnant
des réponses toutes faites. Ainsi, le dogme, du grec dokeo, «je pense » ou «je crois », qui devrait
proclamer une vérité devient une vérité à imposer, une vérité qui rassure et qui ferme le dialogue,
le dogme se transforme en dogmatisme, « je t'obéis » ou « tu dois croire ». La question est
problématique car ceux qui posent des questions ne sont plus des enfants, mais des adultes qui, si
on croit à l'ecclésiologie, sont porteurs de l'Esprit et d'un autre côté, ceux qui répondent sont
garants d'un héritage qui ne leur appartient pas et qu'ils peuvent seulement réinterpréter, mais
c'est peut-être cela la difficulté, ils ont du mal à réinterpréter la tradition. Ainsi le dogme
dogmatise la formulation culturelle et on oublie que celle-ci peut et doit évoluer, car
l'inculturation exige une réinterprétation et une reformulation. Nous ne disons pas qu'il faut
changer le dogme, nous disons que l'inculturation s'inscrit dans le dialogue, et que les réponses
toutes faites ne sont pas recevables, puisque manquant de critères de pertinence et de dialogue.
L'inculturation devrait porter toujours à des solutions nouvelles, sans nécessairement être en
rupture avec la tradition, bien au contraire, il s'agit de trouver de nouvelles interprétations et de
nouvelles façons d'exprimer le message, de manière qu'il soit compréhensible et porteur de sens
pour celui qui l'écoute aujourd'hui.
Pour conclure ce paragraphe, disons que faire participer des protestants à cette recherche
salésienne et catholique est insolite pour les protestants. En fait, même s'ils sont toujours présents
dans les milieux salésiens, ils n'ont presque jamais la possibilité d'exprimer leur manière de vivre
ni d'incarner le système préventif, sans nier leur identité protestante. C'est comme si l'institution
oubliait leur appartenance confessionnelle.
Ce que nous pouvons conclure des exemples Nous venons de montrer comment la dialectique nous permet de comprendre, au moins en
partie les rapports à l'intérieur de l'inculturation. Ce qui nous intéresse à ce stade de la réflexion
c'est de montrer de quelle manière la façon de concevoir les rapports cache une théologie.
223
À propos du salut, concevoir la mission comme un « sauver les âmes » peut rendre le
missionnaire un peu anxieux. Peut-être faudrait-il concevoir la mission comme une forme de
transformation des sociétés en vue de leur accomplissement final, comme le suggère
Amaladoss ?63
Pour la question concernant les femmes nous découvrons non seulement la conception
anthropologique et sociologique malgache de la femme, mais aussi une conception théologique
qui n'est pas du tout évangélique quand elle est objet de discrimination.
Pour la question des laïcs, nous mettons en évidence une société malgache fortement
hiérarchisée d'un point de vue sociologique et d'un point de vue religieux (religiosité
traditionnelle). L'inculturation voudrait rendre les laïcs sujets de l'inculturation, tout cela dans le
cadre d'une Église qui se définit comme communion. Ainsi, les laïcs non seulement participent,
mais ils contribuent à la redéfinition de l'œuvre Clairvaux, voire même ils sont partie prenante de
la reformulation du charisme.
Pour ce qui concerne l'œcuménisme, nous avons vu que la culture malgache a été une
chance pour l'œcuménisme, mais c'est aussi vrai que la théologie actuelle n'arrive plus à
avancer, nous avons même identifié des impasses, comme l'impossibilité d'accès à la
communion pour les protestants.
Nous venons de présenter trois exemples. La notion de dialectique permet de travailler les
thèmes et de tirer des conclusions qui nous portent bien loin. Une ligne d'interprétation
théologique se dégage clairement de la dialectique des rapports, il s'agit de la communion.
Rappelons que découvrir et interpréter ce qui est caché, c'est le rôle de la théologie
pratique, pour ne pas tomber dans le piège du simple changement de conduites et de pratiques,
mais faire une approche globale où l'on peut remettre en question des paradigmes d'interprétation
et aussi des conceptions théologiques.
3. La communion
Les dialectiques relationnelles que nous venons de présenter : salésiens (étrangers,
employeurs, consacrées etc.) - laïcs (malgaches, employés, éducateurs, etc.) ; hommes - femmes ;
Voir Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 55.
224
catholiques - protestants, mettent en avant la question de l'Église et de la communion. Ce qui
nous porte à analyser la dimension ecclésiologique de l'inculturation.
En principe l'évangile et la culture n'existent pas en eux-mêmes. Les penser hors du
temps et de l'espace serait une abstraction. Deuxièmement, ce n'est pas l'évangile qui rencontre
une culture, mais Dieu qui rencontre la personne en communauté.6 Il est crucial donc de situer le
discours de l'inculturation dans le contexte de la vie d'une communauté, d'une Eglise locale. Le
discours salésien concernant l'esprit de famille, l'ambiance, la communion et le partage avec les
laïcs concerne cette dimension ecclésiologique du système préventif.
3.1 Le concept théologique de la communion
Le concept de communion peut être très fécond dans la réflexion qui concerne
l'inculturation. Il permet de tenir ensemble ce qui a été séparé par une certaine pratique à
Clairvaux et par la réflexion que nous avons faite en utilisant comme médiation interprétative la
dialectique.
Dans le contexte actuel, l'Église vit de façon de plus en plus consciente du nouveau
souffle ecclésiologique qui est né de Vatican II : elle est présente dans le monde contemporain en
faisant tout son possible pour s'inculturer et pour associer à son action toutes les composantes de
l'Église. Le concept de communion appartient à Vatican II où il est recensé plus de quatre-vingt
fois, notamment dans Unitatis redintegratio. À propos de l'œcuménisme, disons tout simplement
que la communion le concerne également. Notons aussi que le concept de communion et l'image
du corps sont présents dans les Constitutions salésiennes.
La convocation et le rassemblement dans le corps ecclésial sont œuvre de l'Esprit. En
communiquant son Esprit à ses frères, le Christ rassemblait les hommes de toutes les nations pour
faire d'eux mystiquement son corps.66 C'est l'Esprit qui est le fondement du lien de communion
qui existe dans l'Église, « prenons une comparaison, le corps est un, et pourtant il a plusieurs
membres [...] car nous avons tous été baptisé dans un seul Esprit en un seul corps » (1 Cor 12,
12-13).
64 On consultera l'ouvrage de Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 33. 65 Voir Constitutions salésiennes, n° 6 et 13. 66 Cf. Lumen gentium, n° 7.
225
L'Église est une double communion, avec Dieu et entre ses membres. Elles sont toutes les
deux nécessaires et en corrélation, l'une rend l'autre vraie. « La communion avec Dieu nous
introduit dans une communion entre nous qui n'est pas d'abord de caractère moral, mais
théologal ».67 Le schéma de Thévenot, fondé sur Vagapè, risque de limiter cette valeur à un
sentiment sans contenu concret. Il ne faut pas oublier que les formes institutionnelles et le
processus permettent ou non de vivre la charité et que le principe de la charité ne doit pas nous
faire oublier celle de la justice. La communion entre les membres englobe non seulement des
origines diverses, étrangers - malgaches, mais des fonctions diverses au sein de la communauté.
Cette diversité de grâces et de ministères enrichit l'Église. Cette diversité anthropologique et
théologique est nécessaire pour la mission.
Mais attention, la communion n'est pas la structure ni l'organisation de l'Église, mais son
essence. « En ce Corps, tous, membres les uns des autres, doivent s'entraider mutuellement, selon
la diversité des dons reçus ».68 L'image du corps nous parle d'un modèle organique, des relations
vivantes entre les membres. Ainsi l'Église communion est une invitation au respect de l'identité
de chaque membre dans la différence.
3.2 L'inculturation et la communion
Saint Paul affirme que dans l'Église il n'y a plus l'homme et la femme, de juifs et de
grecs, etc. (Gai 3,28). Ces propos sollicitent le mystère de la communion comme un projet. À ce
projet nous devons tous prendre part, pour qu'il devienne réalité. C'est une responsabilité
personnelle, communautaire et institutionnelle. C'est en ce sens que nous affirmons que
l'inculturation, en s'engageant pour favoriser la communion entre les acteurs, développe un
projet d'Église, celui de la communion ecclésiale. Cette communion a un double versant, le
premier au niveau des valeurs et le deuxième au niveau des rapports.
Selon Redemptoris missio : « le but dernier de la mission est de faire participer à la
communion qui existe entre le Père et le Fils : les disciples doivent vivre entre eux l'unité,
demeurant dans le Père et le Fils, afin que le monde reconnaisse et croie ». Vivre la communion
fraternelle, la koinonia, signifie n'avoir « qu'un cœur et qu'une âme » (Ac 4,32). Cette
Gilles Routhier, Le défi de la communion. Une relecture de Vatican II, 28. Gaudium et spes, n° 32&4. Redemptoris missio, n° 23, voir aussi le n° 26.
226
communion doit toucher toutes les dimensions de la vie en instaurant la communion à tous les
points de vue : humain, spirituel et matériel. Comme l'inculturation, elle est appelée à la
profondeur dans les personnes et à l'élargissement dans les dimensions, dans la communauté et
clans l'institution. Précisons que le thème de l'Église communion avait été développé par les
salésiens lors de la première rencontre de la région Afrique et Madagascar à Addis-Abeba en
1997. Dans cette rencontre on avait parlé de l'animation missionnaire salésienne en Afrique, des
priorités missionnaires et des orientations pour l'économie.
Don Bosco, en fils de son temps, ne parlait pas de communion, mais d'esprit de famille.
Cet élément du système préventif que nous avons déjà mentionné est très important dans les
maisons salésiennes. Aujourd'hui, les salésiens se rendent compte que la communion est une
nouvelle façon d'appeler cet esprit, cette ambiance. Le CG 24 en parlant de cette nouvelle
sensibilité dit : « on demande [les communautés et les salésiens] avec insistance de changer de
mentalité avec plus de décision pour arriver à accueillir vraiment la présence des laïcs et à
accorder à la femme une nouvelle attention, en reconnaissant et en acceptant les valeurs de la
complémentarité et de la réciprocité ».70 Les salésiens et les laïcs doivent ainsi être unis par une
communauté de rapports.
La communion invite à dépasser le couple « dialectique » salésien - laïc, pour privilégier
le couple « communion » charisme - communauté. Ce deuxième binôme à l'avantage, comme dit
Routhier, non seulement de « présenter l'unité en même temps que la multiplicité, mais aussi
d'inclure l'ensemble des charismes de l'Esprit dont l'Église est parée ».71 Ce qui signifie
reconnaître dans chaque œuvre salésienne une richesse de charismes. Si le couple salésien - laïc
subsiste, il faut dire au moins que l'un est ordonné à l'autre dans un rapport réciproque, nous
entrons ainsi dans une nouvelle perspective « systémique » et « relationnelle ».
Précisons que les documents salésiens ne parlent pas de différents charismes, mais ils
parlent plutôt d'un unique charisme salésien72 et unique vocation salésienne.73 Par rapport à ce
charisme il y a différentes vocations, le document du CG 24 parle de « diverses manières », de
« formes variées » de vivre ce charisme.74 C'est l'Esprit qui suscite des ministères au service de
,uCG24,n° 19. 71 Gilles Routhier, Le défi de la communion. Une relecture de Vatican //, 57. 72 Pour le charisme, voir Constitutions salésiennes, n° 126. 73 Pour la vocation, voir Constitutions salésiennes, n° 45. 74 Pour les formes de vivre le charisme, voir CG 24, n° 23. 22 et Constitutions salésiennes, n° 5.
227
la jeunesse. Un texte très éclairant des Constitutions salésiennes dit : « le charisme du
Fondateur est principe d'unité de la Congrégation et, par fécondité, il est à l'origine des diverses
façons de vivre l'unique vocation salésienne ».76 Cet article synthétise de façon magistrale,
l'unité dans la diversité des réalisations historiques et personnelles. Le charisme salésien est
ouvert aux valeurs des cultures, ou comme disent les Constitutions salésiennes : « ouverts aux
cultures des pays où nous travaillons, nous cherchons à les comprendre en accueillant les valeurs, 77 •
pour incarner le message évangélique ». Les charismes ont avant tout pour raison d'être la
construction de la communauté chrétienne, le Corps du Christ. Un charisme a été donné à Don
Bosco et aux salésiens consacrés et laïcs : « être dans l'Église signes et porteurs de l'amour de • 78
Dieu pour les jeunes, spécialement les plus pauvres ». Notons qu'« être signe » ne signifie pas
en premier lieu faire nombre.
Unité et diversité
À Clairvaux, comme nous avons vu, il y a eu des moments et des personnes qui ont
essayé de gommer la différence, en limitant l'expression de laïcs et en réduisant leur
participation, notamment à la prise de décisions. Parfois les laïcs ont été nivelés tous
(classification professionnelle) par le bas « moniteurs », malgré les différentes fonctions exercées
par les uns et les autres.
L'unité ne peut être pensée comme uniformité. L'unité n'est pas l'ennemie de la
particularité et de la différence, au contraire, la différence est nécessaire pour construire la vraie
unité. L'uniformité dans les fonctions est destructrice de la communion, elle devient source de
tensions puisqu'elle ne peut se maintenir que par une relative oppression ou violence, comme
nous avons déjà signalé. Ce que nous venons d'affirmer dans la pratique pose quelque problème à
la construction de l'unité. Le discernement est nécessaire pour pouvoir avancer.
C'est le péché qui a introduit l'uniformité et la division, la dispersion et
l'incompréhension. Le grand mal des missions vient du refus de cette altérité. La conversion et la
réconciliation signifieront donc reconnaissance et acceptation de la diversité.
Sur ce sujet dans le texte de Lumen gentium, n° 12. 6 Constitutions salésiennes, n° 100.
Constitutions salésiennes, n° 7. 8 Constitutions salésiennes, n° 2.
228
lies acteurs Nous avons parlé de trois acteurs de l'inculturation à Clairvaux : les salésiens
missionnaires, les supérieurs salésiens et les laïcs malgaches. Le danger avec cette classification
est de croire que dans l'Église il existe une condition supérieure liée au pouvoir, aux origines et à
la position hiérarchique.
En fait, dans le partage du même charisme, tous ceux qui travaillent dans une œuvre
salésienne ou qui vivent le charisme de Don Bosco sont salésiens, comme par le baptême nous
sommes tous chrétiens. Il faudrait peut-être préciser autrement les différences, par rapport aux
formes de vie et aux manières de participer au charisme et non par rapport au pouvoir. Selon les
Constitutions salésiennes l'autorité dans la Congrégation est un service rendu aux frères pour la
recherche et l'accomplissement de la volonté du Père. « Ce service est destiné à promouvoir la
charité, à coordonner le travail de tous, à animer, orienter, décider, rectifier pour que se réalise »79
la mission. Dans les cercles officiels, on cherche à structurer la communion en parlant de
« communion hiérarchique », mais il ne faut pas oublier que hiérarchie, autorité, responsabilité,
etc. sont au service de la communion, elles doivent la promouvoir et non pas la contrôler. 11 faut
éviter les pièges d'une ecclésiologie de la « chefferie » comme dit Ela, pour promouvoir une
Église participative. Dans l'évangile l'autorité n'est pas d'abord un pouvoir mais un humble
service prenant pour modèle le Christ qui lave les pieds de ses disciples (Jn 13,1-20).
Avec Vatican II l'Église a compris qu'elle est le peuple de Dieu, appelée à être un ferment
dans l'histoire. Au sein de ce peuple s'affirme de plus en plus la part active des laïcs. C'est
surtout l'exhortation Christi fidèles laici qui présente le profil séculier du laïc comme sujet • K l
d'évangélisation de plein droit au sein du peuple de Dieu. La discussion actuelle sur le
ministère pastoral des fidèles non ordonnés en Afrique est un sujet encore à approfondir. On a
l'impression, et la recherche nous l'a montré, que les laïcs sont souvent réduits au rôle
d'exécutants. Pourrait-on penser à un ministère éducatif des laïcs ? à une sorte d'envoi en mission
Constitutions salésiennes, n° 121. so Voir Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 268. 81 « Les fidèles laïcs, précisément parce qu'ils sont membres de l'Église, ont la vocation et la mission d'annoncer l'évangile : à cette activité ils sont habilités et engagés par les sacrements de l'initiation chrétienne et par les dons du Saint Esprit [...] Or c'est dans l'évangélisation que se concentre et se déploie toute la mission de l'Église, dont le chemin historique se déroule sous la grâce et le commandement de Jésus-Christ : "Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création" (Me 16,15). "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20). "Évangéliser écrit Paul VI c'est la grâce et la vocation propre de l'Église, son identité la plus profonde" », Christi fidèles laici, n° 33.
229
dans leur travail à Clairvaux ? Si le trait le plus remarquable de l'ecclésiologie de communion est
le partage des responsabilités, comment faire pour rendre réel ce partage à Clairvaux ?
Mais revenons à l'apport des laïcs dans l'inculturation. Une des convictions actuelles de
l'Église, c'est que le peuple chrétien a son mot à dire sur son expérience de foi et sur
l'inculturation, et qu'il est important. Malheureusement, au niveau de l'expérience croyante de
l'inculturation, ce sont les théologiens qui parlent systématiquement à la place du peuple de Dieu.
Cette recherche a voulu aborder autrement la question, en redonnant la parole aux pauvres et au
peuple malgache. Dans ce sens encore, elle a été innovatrice. Nous croyons profondément que la
parole des intervenants malgaches est digne d'être écoutée, parce qu'elle est porteuse de l'Esprit.
« L'inculturation se fonde aussi sur la conviction que l'Esprit du Christ continue à agir dans les
communautés chrétiennes qui accueillent l'évangile pour les aider à exprimer les insondables
richesses du mystère du Christ ».82 Selon la promesse du Christ, son Esprit ne cesse d'agir au
cœur de ceux qui accueillent la Parole « moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des
temps » (Mt 28, 20). Cette conviction a été la source du postulat, présupposé favorable, selon
lequel les intervenants avaient quelque chose d'important à partager sur le vécu de leur foi dans
leur culture. Pour arriver à réaliser ce projet, il nous fallait établir des conditions de dialogue et,
de la part des intervenants, il fallait la volonté de collaborer. C'est parce que ces deux conditions
ont été réunies que l'échange s'est montré si fécond.
Donner la parole aux laïcs pour parler de l'inculturation n'est pas courant en théologie de
l'inculturation, peut-être un peu plus en théologie de la libération, mais même là, ce sont les
théologiens professionnels qui parlent souvent au nom des laïcs. C'est pour cette raison que nous
avons choisi la théologie pratique pour faire de l'inculturation, parce qu'elle nous permettait de
travailler non seulement sur les laïcs, mais avec les laïcs, pour permettre aux laïcs de faire de la
théologie. Ce sont les laïcs qui ont travaillé sur les Verbatim par exemple. Le rôle du théologien, a
été celui de la mise en place d'une méthodologie de travail et d'accompagnement, et seulement à
la fin, il a mis à disposition de la communauté croyante sa compétence théologique et de
communicateur, afin de rendre compte par écrit d'un processus qui ne lui appartient pas et dont il
a été le témoin.
~ Jean-Luc Vande Kerkhove, « Le rapport entre évangile et cultures : dynamisme et implications de la rencontre, » dans Les défis de la Mission « ad génies » en Afrique. Séminaire de missiologie de la famille salésienne Ngunda, 8-12 novembre 2004,44.
230
La prise de parole par les laïcs est quelque chose de fondamental dans l'analyse et
l'élaboration de la réflexion sur le processus d'inculturation. Au commencement, un de nos
confrères de communauté nous avait mis en garde sur la perte du temps à essayer de susciter une
réflexion des laïcs, car selon lui, c'était impossible. Ceci est symptomatique de la difficulté de
certains salésiens à associer les laïcs hommes et femmes au travail d'éducation et
d'évangélisation des jeunes, comme y invite aussi le CG 24, mais aussi au manque d'espérance
que certains missionnaires nourrissent après tant d'années de mission.
Dans le fonctionnement concret des œuvres salésiennes, nous sommes donc appelés à
devenir une Église, un peuple de Dieu communion et non seulement une Église de clercs et laïcs.
Le missionnaire a un rôle irremplaçable dans l'Église comme signe de communion entre les
Églises, le défi consiste en ce que sa présence n'évoque pas le pouvoir étranger.
Terminons ce paragraphe en reprenant la critique que fait Amaladoss aux modèles du
corps et de l'arbre pour représenter la communion. Si ces images sont fort évocatrices, elles ne
sont pas les meilleurs modèles pour la vision de l'unité que nous devrions avoir : « la raison
principale en est qu'ils ne laissent aucune place à la liberté et à la créativité humaines alors que ce
sont des éléments essentiels du pluralisme des cultures et des religions ».84 Amaladoss parlera de
l'harmonie, nous préférons parler de fihavanana. C'est dans le sens de fihavanana, de famille,
qu'une nouvelle image émerge dans l'Église pour parler de la communion : l'Église famille de
Dieu.
3.3 L'Église famille de Dieu
Une image qui fait son chemin ces dernières années en Afrique est celle de l'Église
comme famille de Dieu. L'Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques n'a pas
seulement parlé de l'inculturation « mais [elle] l'a appliquée en prenant, pour l'évangélisation de
l'Afrique, l'idée-force de l'Église famille de Dieu ».85 Pourquoi avoir choisi cette image ? Le
Pères synodaux ont vu en elle une expression particulièrement appropriée pour l'Afrique, car elle
met l'accent sur l'autre, la solidarité, la chaleur des relations, l'accueil, le dialogue et la
confiance.
CG24,n° 18. Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 164. Ecclesia in Africa, n° 63.
231
Dans cette Église famille il y a une conviction évangélique fondamentale exprimée si bien
chez saint Paul : « vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des
saints, vous êtes de la famille de Dieu » (Eph 2,19).
À Madagascar, le deuxième Synode de 1998 a voulu s'intituler Ny Fiangonana
jianakavian'Andriamanitra, atamhalry ny eokarislia ou l'Eglise, famille de Dieu, unie dans
l'Eucharistie. L'Église malgache a proposé l'image de l'Église comme famille en la reliant au
sacrement de l'eucharistie, ce qui est bien compréhensible d'un point de vue théologique, mais
qui est aussi très significatif d'un point de vue pastoral, pour une Église qui nous semble très
sacramentalisée. Le fait de communier au même Esprit et au même Corps du Christ, dans le
sacrement, construit la communion qu'est l'Église. L'Église vit donc en dépendance de
l'eucharistie. Si l'on ne peut dissocier l'Eglise famille de la communauté qui célèbre la Cène du
Seigneur, comment faire pour intégrer les protestants dans cette démarche sacramentelle ? Car
« aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans trouver sa racine et son centre dans la
célébration de l'Eucharistie ».87 Alors si par le baptême nous participons tous à la même dignité
et à la commune vocation en nous insérant dans un même corps, nous voyons la difficulté des
protestants et l'incohérence d'une communion incomplète, une communion mutilée qui les fait
souffrir.
L'image de l'Église famille de Dieu, expression de la communion Trinitaire est bien
riche. Les trois personnes en un seul Dieu vivent en communion parfaite. La Sainte Trinité est
famille. Cette image met en évidence la solidarité, fïhavanana ; l'accueil, fandraisana ; le respect
de la vie, Yaina. Toutes des valeurs transversales à la culture malgache. Selon le rapport du
cardinal Thiandoum à l'Assemblée synodale, le concept d'Église famille, l'esprit familial plus
exactement, « élargi à la communauté ecclésiale, est une base solide pour vivre concrètement la
communion de l'Église - Famille de Dieu, peuple rassemblé dans l'unité du Père, du Fils et de
l'Esprit Saint ».88
Dans l'Église famille de Dieu, tous les baptisés sont nés d'en haut et forment une famille.
Enfants d'un seul Père, ils doivent vivre la fraternité. L'inculturation souligne ainsi l'importance
' Voir ce qu'a écrit Gilles Routhier à propos des sacrements d'initiation : fondements de la communion dans Le défi de la communion. Une relecture de Vatican II, 91-97. 87 Preshyterorum ordinis, n° 6. m Cardinal Hyacinthe Thiandoum, « Second rapport du cardinal Thiandoum, » dans Le Synode africain. Histoire et textes, sous la direction de Maurice Cheza (Paris : Karthala, 1996), n° 5, 184.
232
des nouveaux acteurs de l'évangélisation, en soulignant l'importance des femmes, des laïcs, des
jeunes et des frères d'autres confessions religieuses.
Le modèle de cette Église doit être celui de la communion, pour éviter le risque que dans
une Afrique marquée par le tribalisme et les divisions, ces conflits sociaux soient transposés dans
le milieu ecclésial. Mais le concept de famille pose aussi des questions. Sans un
approfondissement évangélique et un discernement anthropologique, l'image de la famille reste
ambiguë, par exemple ne risque-t-on pas de concevoir la famille comme un groupe restreint lié au
sang et à une appartenance géographique ? L'Église comme famille ne renforce-t-elle pas les
divisions au sein même de l'Église ? Ce caractère familial des relations qu'on suppose exister
dans les familles, ne cache-t-il pas une légitimation de l'autoritarisme et du paternalisme, exercés
par certains responsables de communautés ? La lettre pastorale après le deuxième Synode de
Madagascar en 1998, en parlant de la valeur de la famille, montre la lucidité du Synode par
rapport à la culture malgache, elle n'est pas parfaite et ne correspond pas pleinement au contenu
que la valeur évangélique voudrait proclamer. Déjà Ecclesia in Africa avait exclu
l'ethnocentrisme et le particularisme excessif. Le document invitait à la réconciliation et à la
communion entre les différentes ethnies. Le plan de Dieu pour le monde est de réconcilier
toutes choses, d'abolir toutes les divisions basées sur l'ethnie, le sexe ou le statut social, et
d'amener toutes choses, tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions à l'unité. Une
dernière critique que nous pouvons faire au concept, c'est son manque d'engagement social et
politique, même si le cardinal Thiandoum dans son second rapport devant l'Assemblée synodale
réalise une claire ouverture de communautés chrétiennes vers la dimension sociale de la vie
chrétienne.91
Le Cardinal Armand G. Razafindratandra dans sa lettre de 2004 précise que deux idées
parlent de l'Église, l'Église - communion et l'Église famille de Dieu, ces deux idées se
complètent. L'Église - communion, dira le Cardinal, est le fondement de l'Église famille.92
Il est important d'insister sur le fait que nous sommes Église famille, mais de Dieu, le
complément qualifie le type et l'essence des rapports. C'est pour cela que l'image de la
89 Voir Lettre pastorale post-synodale. L'Église famille de Dieu rassemblée par l'eucharistie, n° 7. 90 On se reportera à Ecclesia in Africa, n° 63. 91 Cardinal Hyacinthe Thiandoum, « Second rapport du cardinal Thiandoum, » dans Le Synode africain. Histoire et textes, sous la direction de Maurice Cheza (Paris : Karthala, 1996), n° 5, 185. n Cf. Cardinal Armand G. Razafindratandra, Ny jiangonana - ftombonana (Diosezin'Antananarivo : Hafatry ny Kardinaly Taona 2004), 27.
233
communion nous semble la plus réussie pour exprimer les valeurs et le type de relations qui
doivent régner à l'intérieur de l'Église, même s'il faut admettre qu'elle est moins évocatrice pour
le malgache. En tout cas, les salésiens qui aiment parler de famille, doivent savoir que le concept
de famille peut cacher des significations et des représentations pas nécessairement évangéliques.
À son tour, le concept de communion présente aussi la limite de rester trop abstrait.
Terminons ce développement en disant que, lors de la recherche, nous avons eu
l'impression que le rapport Clairvaux - Église locale, Clairvaux - Église universelle et Clairvaux -
Salésiens à Madagascar ne sort nulle part dans les discours ni dans la documentation. On sent que
les salésiens et les laïcs sont peu conscients et peu sensibles au travail en lien et en réseau avec
l'Église et la Congrégation, sans ce lien ecclésial évidemment la synergie n'est pas possible.93
L'autarcie des débuts de la mission de Clairvaux, était peut être nécessaire à cause de motifs
logistiques, les salésiens ayant dû « se débrouiller » tout seuls, les « supérieurs » étant en Italie et
Madagascar étant dans une situation politique très problématique. Mai il ne faut pas répéter le
schéma de l'enfance ou des débuts de la mission aujourd'hui.
3.4 La communion et le dialogue dans le processus d'inculturation
Comment la communion peut-elle être assurée ? Amaladoss dit que la réponse est le
dialogue et il parle de dialogue inter-culturel et inter-religieux. Dans des situations inter
culturelles ou inter-religieuses l'incarnation n'est pas nécessairement la meilleure option ou
paradigme pour comprendre le processus de la rencontre entre l'évangile et la culture, mais plutôt
le paradigme du dialogue, car il nous prépare à recevoir aussi bien qu'à donner.94 Il s'agirait non
seulement de christianiser la culture mais plutôt d'annoncer l'évangile en invitant la culture
malgache à la transformation.
La communion implique le dialogue et non la domination. Mais pour pouvoir dialoguer
nous avons besoin d'un regard plus positif sur la culture malgache et sur les autres religions
notamment réformées. L'instinct de supériorité met en cause tout espoir de dialogue avec les
autres. C'est pour cela que le provincial et le directeur ne doivent pas renoncer à leur rôle
d'animation et de participation au dialogue.95
' Le CG 24 dira au n° 231 que c'est l'Esprit qui est la source des richesses et des formes originales de synergie. 94 Voir à ce propos Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 29. 1)5 Sur ce rôle, voir Constitutions salésiennes, n° 44.
234
Selon les Constitutions salésiennes, le salésien doit imiter l'attitude du Bon Pasteur qui
conquiert par la douceur et le don de soi, puisque son désir est celui de rassembler ses disciples
dans l'unité de la communion fraternelle.96 Cette attitude évangélique est une ligne d'orientation
pour le travail de tous les salésiens (religieux et laïcs).
La rencontre avec l'autre est toujours une épreuve cruciale et purifiante qui appelle le
disciple du Christ, missionnaire ou autochtone, à la conversion. Le dialogue rend aussi présent de
manière prophétique l'évangile dans une culture et une société hiérarchisées.
C'est dans le dialogue qu'est possible la réciprocité, qui s'exprime par le donner et le
recevoir. C'est pourquoi la définition familière d'inculturation comme « dialogue entre évangile
et culture »97 nous semble pertinente.
À ce stade de notre réflexion, il nous semble nécessaire d'appliquer le concept de
communion à l'ensemble des relations humaines entre missionnaires et autochtones. Selon
Georges Bihin et Philippe Van Vlaenderen, on peut distinguer quatre composantes essentielles et
indissociables de la communion : la communication, la fraternité, la réconciliation et la solidarité.
Chacune à sa manière constituant un pilier avec des attributs différents qui explicitent le concept
de communion.98
Dans la communication nous pouvons reconnaître les attitudes suivantes : s'informer,
débattre, dialoguer et interpeller. Ces attitudes peuvent se fonder sur le commandement de
l'amour du prochain (Mt 22,39). La fraternité, qui peut s'inspirer de Mt 23,8 « vous êtes tous
frères », implique les valeurs de l'amour, la recherche de la vérité, la pratique de la justice et le
respect de la liberté d'autrui. La réconciliation, fondée sur Jn 17,21 « que tous soient un comme
toi, Père », nous engage dans la repentance, le pardon, la réparation et l'engagement pour la paix.
Tandis que la solidarité, signifiera se reconnaître égaux, s'accepter dépendants, apprendre à
partager et s'entraider. Comme fondement de cette valeur on peut citer le texte de Gaudium et
spes n° 44 qui parle de l'aide que l'Église reçoit du monde d'aujourd'hui et le texte de Ph 2,7, « il
[le Christ] s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur ».
Terminons ce paragraphe en donnant un exemple de domaine où la communion n'est pas
encore arrivée, l'économie. Nous pouvons seulement dire que les laïcs à Clairvaux n'ont aucun
' On lira notamment sur le sujet Constitutions salésiennes, n° 11. '" Michaèl Amaldoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralité dans les Églises ?, 10. ,8 Voir Georges Bihin et Philippe Van Vlaenderen, Gouverner l'Église autrement ? Pour une Église - Communion (Bruxelles : EVO, 1998), 25-27.
235
accès aux informations concernant les données économiques et qu'ils ne participent pas au
contrôle. Ils sont plutôt objet de contrôle. Les laïcs ne participent pas non plus à l'élaboration du
budget et leur avis est rarement demandé pour déterminer les priorités au niveau de la gestion
financière. Ici certainement, l'inculturation n'a presque pas fait de chemin. Rappelons ce que
nous avons déjà dit, les missionnaires sont absorbés par des tâches dont le but n'est pas toujours
l'émergence d'une Église qui signifie le salut. On sent ici un terrain difficile à aborder, car
Clairvaux par rapport à d'autres institutions qui travaillent dans le même domaine semble un îlot
de prospérité au milieu d'une population déshéritée. Parler d'économie est critique, puisque
Clairvaux vit en dépendance de l'extérieur. Cette situation, est-elle un mal nécessaire ? en tout
cas, il nous semble que cette dépendance ne correspond nullement au charisme spécifique
salésien, ni à l'intention de Don Bosco fondateur. La bienfaisance devrait être un acte de
solidarité qui évite la dépendance, plus qu'une aumône. Il nous semble qu'il faut cesser de
réduire les échanges entre les Églises à un simple transfert de personnel et du matériel. Ce qui
compte, dans la ligne de la communion, c'est de partager avec les autres. Cette exigence pose une
question fondamentale : qu'apporte Madagascar à l'Occident ? Qu'apporte Clairvaux à
l'Occident ? qu'apportent les jeunes et les laïcs aux bienfaiteurs ?
4. Les éléments du processus d'inculturation
Le Synode Africain parle d'une inculturation que touche tous les domaines de la vie de
l'Église et de l'évangélisation : théologie, liturgie, vie et structure de l'Église," et d'un autre côté,
chez la personne, l'intégralité de son être personnel et social : culture, économie et politique,
qu'il ne faut pas confondre avec les aspects qui influencent et expliquent le processus que nous
allons appeler coordonnées. Lors de la recherche, nous avons travaillé sur trois de celles-ci :
l'histoire, le temps et les semina verbi.
Le chapitre IV (point 1.1) avait consacré un petit paragraphe au temps et à l'histoire, en
tant qu'éléments faisant partie du processus d'inculturation. Dans ce dernier chapitre nous
voudrions leur donner leur portée théologique.
Ecclesia in Africa, n° 62.
236
4.1 L'histoire
Tout d'abord précisons que la notion d'histoire pour nous n'est pas statique, elle est une
dynamique historique en évolution constante, vécue dans le temps et puisque l'histoire est
vivante, elle peut devenir histoire du salut. Pour Hegel l'« histoire originale » est un récit des
événements à la façon d'un témoin et l'« histoire réfléchie » est un regard sur le passé sous
l'angle de l'historien professionnel qui s'efforce d'analyser les causes et les conséquences des
événements. Ce que nous apprend la recherche, c'est que l'histoire n'est pas seulement un lieu de
contingence mais un lieu théologique, un lieu de révélation, où Dieu est à l'œuvre et donne sens à
la succession apparemment fortuite des événements. Tout ce qui a été et ce qui est peut trouver
un sens en Dieu. En premier lieu parce que le temps historique se confond avec le développement
de l'histoire du salut de chaque peuple et de chaque personne. Deuxièmement, parce que
l'histoire ne reçoit pas seulement son sens d'une volonté extérieure, d'une Providence divine,
mais de l'intérieur, ce sont les croyants qui construisent et qui donnent sens à leur histoire, ce qui
nous permet de dire que si l'histoire a une intentionnalité, elle ne prive l'homme ni de sa liberté
ni de son engagement. C'est cette tension qui permet à l'histoire de devenir histoire de salut pour
les hommes. Prenons par exemple la réflexion que le groupe a faite sur la vocation, c'est en
relisant leur histoire qu'ils ont découvert l'action de Dieu.
Si le christianisme annonce une révélation historique de Dieu, par sa venue en personne
dans l'histoire, cette affirmation risque de se figer dans l'intégrisme, rappelant que Dieu s'est
donné, une fois pour toutes, en Jésus-Christ, dans un passé indéformable et épuisé. En fait, le don
est accompli, c'est vrai, mais il est inépuisable ! Mais ici aussi il faut éviter le progressisme
théologique, où tout serait à inventer. C'est pour cela que nous préférons parler de continuité.
Précisons que même si la théologie est une activité humaine, historique et concrète « ce
n'est pas parce qu'elle porte sur le divin, l'éternel et le transcendant qu'elle a ces mêmes
prédicats ». )0 Le cardinal Joseph Ratzinger le dit de façon très simple et à la fois profonde dans
son autobiographie : « la Révélation, c'est-à-dire Dieu venu à la rencontre de l'Homme, dépasse
toujours ce que peuvent dire les mots humains, elle dépasse aussi les Paroles de l'Écriture [...]
L'Écriture est le témoignage essentiel de la Révélation, mais la Révélation est quelque chose de
Vivant, de plus grand et, plus encore, elle est interpellation et écoute, sinon elle n'est justement
Clodovis Boff, Théorie et pratique. La méthode des théologies de la libération, 89.
237
pas devenue Révélation ». ' Le but de la révélation dira le théologien, est entre autres de
rassembler les hommes, de les réunir.
Cette coordonnée, l'histoire, ne signifie pas que nous voulons faire une théologie de
l'histoire, ce qui signifierait, à notre avis, faire un discours totalisant et passif, nous voulons faire
histoire, cela rejoint et nous rapproche encore une fois de la théologie de la libération.
Le salésien doit donc être attentif à l'histoire, car par vocation il est solidaire du monde et
bien évidemment de son histoire.102
4.2 Le chronos et le kairos
La question du temps fait référence à la dimension dynamique du processus
d'inculturation. Dans ce cadre, la tâche théologique consiste à décrypter le temps de Dieu dans
l'ordinaire de la vie et du temps d'une communauté chrétienne.
Le père Vecchi nous dit : « un autre facteur à considérer dans l'inculturation est le temps.
Il s'agit moins du temps "chronologique", c'est-à-dire du simple fil des années, que du temps
rempli par la présence du Christ, dans lequel opère l'Esprit Saint », ce que nous appelons
kairos.
Pour le Malgache, le temps n'est pas tant lié à une question chronologique des heures qu'à
une question existentielle. Il a une conception du temps plus élastique que celle de l'Occident.
Pour la culture malgache, le temps est rythmé comme la nature, il met en relation l'homme avec
le passé et les ancêtres. Ce chronos malgache est ouvert et vivant, cyclique, il tend vers une
acceptation d'un éternel retour, comme pour les saisons, ce qui explique en partie sa croyance
dans le retour des choses, ny atao no miverina et dans une certaine fatalité. Tandis que la
temporalité chrétienne articule deux temps, le naturel et l'historique, autrement dit le répétitif et
l'événementiel, pour leur donner un sens de « révélation ».
Mais qu'est-ce que ce kairos ? Le terme grec kairos a profondément pénétré la culture et
la mentalité chrétiennes. Sa signification théologique, si en principe elle signifie occasion propice
ou moment favorable, est devenue moment favorable pour accueillir et faire fructifier en nous la
"" Joseph Ratzinger, Ma vie. Souvenirs (1927-1977) (Fayard, 1998), 109. 102 Les Constitutions salésiennes au n° 7 reprennent le n° 1 de Uaudium et spes. Le n° 19 des Constitutions salésiennes parle du salésien attentif aux signes des temps. 103 Juan Vecchi, « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, » ACG, n° 362 (1998) : 20.
238
parole de Dieu, à l'intérieur du parcours historique et eschatologique de l'humanité. C'est le
moment propice de la grâce qui nous sauve. De cette façon l'histoire devient une histoire du
salut, une dynamique temporelle encore inachevée.
Le processus d'inculturation est vécu dans le temps. Ainsi l'évangile se réinculture à
chaque époque, dans des milieux et temps différents, dans notre cas à Clairvaux ; car comme
nous avons déjà vu, l'évangile nous arrive déjà inculture, interprété par la communauté croyante
ou par le croyant qui le proclame (le missionnaire ou la communauté salésienne missionnaire).
La question du temps est importante, car Dieu agit et il est présent dans le temps, c'est
notre foi. Pour le Malgache c'est difficile à comprendre, car il n'a pas la même notion
théologique, biblique, ni philosophique du temps que les salésiens missionnaires.
Le chronos et le kairos ne sont pas à opposer, l'un a besoin de l'autre, le kairos se révèle
dans le chronos, faute de quoi il deviendrait spiritualisme. Le chronos a besoin du kairos pour
qu'il le porte plus loin, pour éviter ainsi le matérialisme. Ce qui nous amène bien loin de la
mythologie grecque où chronos, dieu du temps, mangea ses propres enfants,104 mais sans
ouverture, c'est un risque encore actuel. Comment ne pas voir ici encore la dialectique entre ce
dieu méchant et le Dieu d'amour de Jésus-Christ ? Oui, nous venons de dire qu'il ne faut pas
opposer le chronos et le kairos, parce que notre conception est optimiste, encore une fois parce
que nous donnons du sens au chronos. Cependant, cet optimisme croyant doit être nuancé, il ne
faut pas oublier que pour les jeunes pauvres et pour les sociétés pauvres du Sud, « pueblo
crucifwado », le temps est souvent une suite d'événements de mort, une « chronique d'une mort
annoncée » pour reprendre l'expression de Gabriel Garcia Marquez,105 où le message chrétien,
s'il n'est pas accompagné de « faits », risque de rester une utopie encore pire : « opium du
peuple ». Pour les jeunes en difficulté, une nouvelle coordonnée s'ajoute à la compréhension du
temps : la misère. En effet, pour ces jeunes, le temps présent est une fatalité et un drame, le futur
un luxe, parce qu'ils n'ont pas de futur ni de rêves. Pour eux le temps n'est ni un moment
propice, ni un moment de salut, alors qu'ils vivent au jour le jour, sans savoir ce qui arrivera
demain. Ouvrir les jeunes au temps de Dieu, signifie les éduquer à l'espérance, les éduquer au
projet et à la confiance en Dieu, c'est les évangéliser, ainsi l'évangélisation devient prophétie et
bonne nouvelle pour eux.
Voir Mytïam Philibert, Dictionnaire illustré des mythologies (France : Lodi, 1997), 53. Gabriel Garcia Marquez, colombien. Prix nobel de littérature (1982).
239
Le chronos nous parle du processus historique de l'inculturation dans le temps et dans
l'histoire, tandis que le kairos nous parle de la mystérieuse action de la grâce dans les personnes
et les institutions, il donne du sens aux processus croyants. L'action de Dieu se trouve ainsi
inévitablement sous la loi de la temporalité, quant à son être et quant à l'expérience que nous en
avons.
Le chrétien vit entre deux temps : le temps de l'homme et le temps de Dieu. Il en résulte
un style de vie qui d'une part prend au sérieux le présent, et qui d'autre part est habité par la force
d'attendre un temps différent, un avenir surprenant, par-delà des perspectives et des efforts
présents, ce qui lui permet de critiquer et relativiser le temps présent, ce qui l'ouvre à la confiance
et à l'espérance d'un avenir. « Le présent est le temps de l'action, de la décision, et
l'interrogation porte sur ce qui va déterminer son orientation : la continuité ou la nouveauté ? Le
présent est essentiel en ce sens qu'il est le lieu où tout se joue, mais ce qui s'y joue lui vient
d'ailleurs ».' Le présent est déjà riche de l'à-venir de Dieu, il est l'eschatologie dans l'histoire,
le temps et la culture d'aujourd'hui, mais sans les limites du monde présent. La foi chrétienne dit
que le Seigneur ressuscitera des corps, mais sans les limites du temps présent. À la résurrection il
n'aura plus de chronos, mais du kairos.
4.3 Les semina verbi, entre continuité et discontinuité
Outre les deux coordonnées antérieures du processus, qui font référence à l'histoire et au
temps, nous avons une troisième coordonnée, également importante quand on parle
d'inculturation : il s'agit des semina verbi, qui nous permettent de parler de la dialectique
continuité ou discontinuité dans le processus.
Les salésiens voient, en vertu de la grâce, une continuité entre la création et la rédemption,
le salut. « Le mystère de la rédemption n'est pas séparé du mystère de la création, il l'amène à
son accomplissement ».107 Comme Paul VI l'a bien indiqué, création et rédemption sont liées.108
Autrement dit, la création ne reste pas un acte ponctuel, mais par l'incarnation, elle devient une
dynamique de vie, Dieu se révèle en respectant les temps des hommes. Ainsi, dans l'histoire du
"' André Gounelle, «Mémoire, action et projet», dans Entre mémoire et actions. L'émergence de théologies pratiques, sous la direction de Jean-Yves Baziou et Marie-Hélène Lavianne (Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2004), 86. 107 Michaël Amaladoss, À la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 49. 108 Cf. Evangelii nuntiandi, n° 31.
240
salut, l'incarnation et la rédemption sont inséparables. Ajoutons encore que l'incarnation et la
rédemption ne sont pas à comprendre comme une œuvre de sauvetage de la part de Dieu. « La
promotion à laquelle nous travaillons selon l'esprit de l'évangile, réalise l'amour libérateur du
Christ et constitue un signe de la présence du Royaume de Dieu».1 Cette perspective de
l'incarnation en tant que bonne nouvelle enrichit la conception de l'incarnation comme salut (du
péché) et elle donne un regard plus positif de la culture. Ce qui étonne, c'est que tant
l'incarnation que la rédemption, même si elles sont déjà accomplies une fois pour toutes par et
dans le Christ, restent dynamiques dans leur actualisation, parce que les hommes qui rencontrent
le Christ sont toujours nouveaux. Ainsi l'incarnation et le salut ne sont pas en opposition, mais
plutôt en complémentarité et elles deviennent mémoire dans la vie croyante. Cette perspective de
l'histoire du salut est cruciale pour arriver à une compréhension des implications de
l'inculturation.
La continuité est possible grâce aux semina verbi, car Dieu ne peut pas ne pas accueillir ce
qui est humain dans la culture, et comme dit très bien Xavier Thévenot « ce qui est chrétien
assume ce qui est authentiquement humain ». ' L'inculturation n'utilise pas l'homme comme un
réceptacle,111 mais bien au contraire, par un dessein de Dieu qui nous reste difficile à expliquer,
parce qu'enraciné dans l'amour de Dieu, il nous a déjà précédé, il a inscrit dans le cœur de
l'homme des semences d'humanité qui permettront à l'évangile de trouver un terrain propice ou
mieux encore de se reconnaître. Selon le père Vecchi encore, le Christ peut assumer toutes les
« semences » de vérité, disséminées dans l'histoire humaine, mais pas n'importe comment, les
semina verbi ont besoin parfois d'être corrigés, purifiés. Ils ont besoin d'un nouveau sens ou d'un
nouveau développement. Ainsi l'évangile interpelle tout ce qui n'est pas complètement
évangélique dans la culture. Regardons par exemple l'attitude du Christ par rapport à la femme,
attitude qui dépasse toutes les normes en vigueur dans la culture de son temps."2
Constitutions salésiennes, n° 33. ' l 0 Xavier Thévenot, Eduquer à la suite de Don Bosco, 161. 111 Ce qui serait tomber dans l'erreur d'Apollinaire qui, même s'il a affirmé l'unité et la sainteté dans le Christ, a toutefois compromis l'intégrité de sa nature humaine, en la privant de son âme rationnelle, source autonome de décision et d'action. En agissant ainsi, il a rendu complètement vaine l'œuvre rédemptrice du Christ. Contre cette grave erreur se concentra la réaction d'Epiphane, Diodore, Grégoire de Naziance et Grégoire de Nysse, en partant du principe patristique, que « ce qui n'est pas assumé, n'est pas sauvé ». « Nous anathématisons ceux qui disent que le Verbe de Dieu a habité dans une chair humaine à la place d'une âme raisonnable spirituelle, parce que le Fils et Verbe de Dieu n'a pas été dans son corps à la place d'une âme raisonnable et spirituelle, mais c'est notre âme (raisonnable et spirituelle) que, sans péché, il a prise et sauvée », « Tomus Damasi », Denzinger, n° 159. 112 Voir Jean Paul II, Lettre aux femmes, n° 3 ; Mulieris dignitatem, n° 12.
241
Regardons de plus près le terme mémorial, qui se prête bien pour comprendre la notion de
temps et de continuité. L'ancien testament et les écrits juifs parlent souvent d'un objet ou d'un
repas mémorial, il s'agit pour l'homme de disposer d'un signe qui lui rappelle les hauts faits de
Dieu, mais il s'agit aussi, par ce signe, de rappeler à Dieu ses promesses (Lv 24,7 ; Si 45,9), pour
qu'il n'oublie pas dans le présent le peuple qu'il a libéré dans le passé. Dans la Bible, le
mémorial n'est pas seulement un rappel du passé, il est mémoire aussi de l'avenir. Le début de
cette réalisation commence ici et aujourd'hui. Faire mémoire signifie se rappeler la fidélité de
Dieu. C'est faire renaître le passé. Il a été fidèle hier, Il le sera encore aujourd'hui et demain.
Quand nous parlons de mémoire nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à
l'eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, « faites cela en mémoire de
moi » (Le 22,19 ; 1 Cor 11,25). L'eucharistie est le mémorial qui apporte le salut aujourd'hui en
actualisant la mort et la résurrection du Christ ainsi que sa présence bienfaisante par l'Esprit
Saint. « Le chrétien montre son originalité par rapport à l'AT en ce qu'il actualise, lors de
l'eucharistie, l'événement de la croix rédemptrice : il fait mémoire [...] de Jésus. Selon Jn, ce
souvenir est rendu possible par l'action de l'Esprit Saint, qui en rappelant fait comprendre et
actualise la présence de Jésus ».
L'inculturation à quelque chose à voir avec cette dynamique eucharistique, elle veut aussi
faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Vivre l'inculturation signifie vivre de
façon eucharistique, parce que comme disait Cyrille de Jérusalem, par la communion au Christ
nous devenons des « Christophores » : « sous le pain il t'est donné le corps et sous le vin le sang,
afin que participant au corps et au sang du Christ tu deviennes "co-corps" et "co-sang" avec lui.
De cette manière, nous devenons des "christophores", dans la mesure où le corps et le sang du
Christ se sont distribués dans nos membres ». L'eucharistie nous parle de l'incarnation et du
salut du Christ en nous. Nous sommes donc appelés à continuer à faire mémoire de l'incarnation
et du salut en nous et dans notre culture, ainsi l'homme et la culture deviennent des lieux
théologiques, Bénézet Bujo nous confirme dans cette idée : « il faut prendre conscience du fait
113 Mot « Mémoire, » dans Xavier Léon-Dufour, Dictionnaire du Nouveau Testament (Paris : Seuil, 1975), 361. 114 Cirillo Di Gerusalemme, « Catechesis mystagogica 4,3, » dans SCh 126 (1966), 136-137, cité par Nunzio Conte, Prendete e mangiate, prendele e bevete. Teologia e pastorale délia Eucarislia (Messina : COOP. S. TOM. 1992), 170-171.
242
que la culture reste une référence et un lieu théologique incontournable partout dans le
monde »."5
Certains considèrent le concept de semina verbi comme une récupération ou concordisme
de la culture africaine et malgache avec l'évangile (voir à la page 208, chapitre V, note n° 31),
nous pensons au contraire qu'il signifie une valorisation de la culture. Nier toute continuité
possible, ce serait refuser de reconnaître dans les cultures une capacité d'accueil de l'évangile.
Cependant, nous partageons avec Jean-Marc Ela l'idée que le terme semina verbi risque de ne pas
rendre compte de l'effort de réinterprétation de la culture africaine « à partir des défis de
l'histoire, le besoin de survivre, de se défendre et de résister »,"6 mais tout en tenant compte de
cette observation, nous croyons que c'est un concept qui conserve encore sa validité et que nous
pouvons continuer à exploiter.
Conclusion
Une des caractéristiques de la théologie pratique, c'est qu'elle utilise les catégories du
langage et de la communication. Pour nous, le langage a un rôle déterminant, notamment à cause
de la logique qui le supporte. Le Malgache, en élaborant son système de pensée, arrache les
phénomènes à leur mutisme, il met en relation ce qui est d'abord dispersé et donne enfin, grâce
au pouvoir des mots, une dimension universelle à la singularité des choses. C'est pour cela que
notre interprétation théologique a donné une grande importance aux mots et aux concepts (culture
Clairvaux, mémorial, semina verbi, etc.)."7 Nous croyons pouvoir dire que grâce au langage,
notre thèse prend un caractère universel.
La dimension critique a été aussi favorisée par la méthode de recherche. Nous rappelons
que les éléments de la R-A sont au nombre de six : la tension dialectique entre la recherche et
l'action ; la recherche s'effectue dans le monde réel ; la recherche vise un changement effectif;
115 «Reconstruire l'Afrique à partir de la culture? Entretien avec le Professeur Bénézet Bujo, » Telema, 114 (2003) : 54. 116 Jean-Marc Ela, « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré, 46. 117 Nous trouvons un exemple de l'importance du langage dans le cas du tabou alimentaire à Madagascar. Précisons qu'en malgache, le mot abstinence a été traduit par fifadian-kanina, expression qui signifie « tabou de manger », elle porte à confusion parce que pour le christianisme il n'y a pas de tabou alimentaire. Le vendredi saint, par exemple, est un jour d'abstinence, mais sans tabou. Il est important d'apporter cette précision pour éviter les confusions chez les croyants, puisque le tabou est toujours accompagné de la peur.
243
l'implication de toutes les personnes ; la réalisation de la recherche sur une échelle restreinte ; la
capacité critique (systématique et scientifique).
La dimension critique est liée à l'aspect systématique de toute notre réflexion et aux sujets
qui ont été abordés, dans leur double dimension personnelle et institutionnelle. Cette démarche
propre à la théologie pratique critique, a mis en évidence des coordonnées essentielles pour la
réalisation de l'inculturation. La première, l'histoire ; la deuxième, le temps ; la troisième les
semina verbi. Ainsi, pour cette dernière, nous avons dit que les intuitions humaines présentes
dans la culture peuvent être saisies comme une présence de Dieu. Au terme de ce paragraphe, le
concept de mémoire a été utilisé pour relier les trois coordonnées précédentes.
Un principe théologique implicite à toute cette recherche a été que Dieu est présent, chez
le peuple malgache, avant même l'arrivée des missionnaires, autrement dit que l'Esprit Saint a
précédé les missionnaires. Ce principe théologique se fonde dans l'incarnation conçue comme un
acte de confiance de Dieu envers l'homme, ce principe se justifie dans l'amour de Dieu, « le
Verbe s'est fait chair pour que nous connaissions ainsi l'amour de Dieu».1 8 Ainsi nous avons
voulu, à travers cette recherche, imiter cette confiance divine en faisant confiance au groupe (co-
chercheurs) et en faisant confiance à nos intuitions.
L'incarnation est inséparable de la rédemption, ces deux dimensions sont en acte dans
l'inculturation et à l'intérieur du système préventif. Elles nous permettent de faire ressortir la
dimension personnelle de cette libération. Concluons en affirmant que l'inculturation ne doit
jamais être coupée de l'ensemble du mystère chrétien, notamment du mystère pascal.
Suite à tout ce que nous venons de dire, nous proposons un nouveau schéma, pour mieux
comprendre la dimension théologique du système préventif à l'intérieur de l'inculturation.
118 Catéchisme de l'Église Catholique, n° 458.
244
Nouveau schéma théologique du processus d'inculturation « salésien-malgache »
Principe de base Par amour, Dieu s'incarne, il veut sauver les jeunes et leurs éducateurs
Fondement théologique 1. Création 2. Incarnation 3. Rédemption - Salut 4. Mystère pascal
Trois dialectiques théologiques incarnation - création incarnation - libération (salut) incarnation - mort, résurrection
et venue de l'Esprit
Rapports dialectiques de l'inculturation
1. Trois possibilités Continuité : semina verbi Purification Ruptures
2. À deux niveaux Valeurs (inculturation) Relationnel (communion)
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Synthèse : Culture Clairvaux. Dans laquelle les rapports trouvent de nouveaux équilibres, grâce à l'inculturation.
Selon le schéma, nous trouvons à l'origine l'amour du Père pour les jeunes. Dieu
s'incarne par amour et pour sauver les jeunes « voici comment s'est manifesté l'amour de Dieu
au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui »
(1 Jn 4, 9). Le salut est lié à la vie et non seulement au pardon des péchés. C'est la libération du
péché, des structures du péché et des perversions culturelles ou religieuses (idéologie,
dogmatisme, etc.) qui sont au cœur de l'incarnation. L'incarnation nous dit que nous sommes
tous des frères et soeurs.
L'inculturation est un processus dynamique vécu dans l'histoire et le temps. Trois types
de rapports sont possibles : continuité, purification et ruptures, avec deux niveaux ou dimensions
à inculturer : les valeurs et le relationnel. Cet ensemble est complexe.
Au niveau théologique nous avons trois types de dialectiques : incarnation - création ;
incarnation - libération (salut) ; incarnation - mort, résurrection et venue de l'Esprit, qui ne sont
245
jamais à couper de l'ensemble du mystère chrétien. « Il convient de souligner cette dimension du
mystère chrétien. L'histoire du salut se réalise dans un processus de tensions et de conflits ».
Dans tout ce que nous venons de dire sur la dimension théologique du processus
tl'inculturation à Clairvaux, nous reconnaissons, à échelle réduite, les questions qui préoccupent
l'Église à d'autres niveaux : rapport laïcs - clercs, rôle des femmes, œcuménisme, etc. Ce qui
montre que chaque communauté croyante porte en soi les soucis de toute l'Église et que chaque
petit noyau croyant peut devenir, par sa vie et sa réflexion, un élément de contribution et
d'ouverture, c'est ce qu'on appelle l'ouverture à l'universel, souci de toute théologie qui a la
prétention de s'appeler pratique.
119 Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 77.
246
CONCLUSION GÉNÉRALE
À la fin de la recherche, il nous faut avouer qu'elle nous a porté bien loin, par des chemins
que nous n'avions pas imaginé parcourir, parce que non connus à l'avance et aussi parce que
négligés par les autres recherches concernant Pinculturation et la salésianité.
Si nous n'avons pas pu échapper ni faire l'économie de l'exigence académique de
systématisation lors de la rédaction de cette thèse, cette conclusion enrichira la réflexion qui a
précédé par d'autres éléments plus personnels, mais non moins importants, qui ont fait partie de
ce projet d'investigation.
II. La compréhension et l'évaluation du processus d'inculturation
Pour ce qui concerne la compréhension du processus d'inculturation, nous avons été
tentés par l'approfondissement de tant de matériel et de thèmes intéressants, mais qui nous
auraient déviés des objectifs de la recherche. Ainsi nous avons dû apprendre que pour
comprendre le processus d'inculturation il faut avant tout plonger, s'immerger, et ensuite prendre
du recul pour ne pas se perdre dans les détails. Cette deuxième étape a été très difficile à faire et
parfois un peu frustrante pour le pasteur qui voulait « améliorer la pratique du terrain », mais
c'était le prix à payer pour pouvoir élaborer une théologie.
En relation à la distance critique et à la fonction critique de la théologie pratique, le sujet a
été beaucoup développé dans le dernier chapitre de cette thèse. Nous avons affirmé que notre
recherche était à insérer dans la théologie pratique critique pour différentes raisons : parce
qu'innovatrice et capable de remettre en question la culture et le système préventif; parce que
nous avons travaillé sur un discours en l'analysant et en l'interpellant ; parce qu'elle était
interdisciplinaire ; à cause de l'importance donnée à la libération des hommes et à la praxis ;
parce qu'elle a fait une critique institutionnelle ; et enfin parce que nous avons utilisé les
catégories du langage et le rapport entre personnes, en portant une grande attention à la tension
dialectique et au changement.
Dans cette démarche nous avons compris que le nombre de variables était infini, c'est
pour cela que l'attitude herméneutique doit toujours accompagner la réflexion sur la culture et
l'évangile. Dans le scénario de Pinculturation trois types de représentations sont possibles : la
rupture, la purification et la continuité. Ils ne sont pas à comprendre comme des moments « clairs
et distincts » mais plutôt comme des projets, dans lesquels le processus se vit de manière plutôt
circulaire.
248
Les acteurs La recherche a analysé le rôle de deux types d'intervenants ou acteurs : les salésiens
consacrés et les salésiens laïcs, dans leur rapport parfois conflictuel. Les acteurs font partie de la
communauté locale et c'est cette communauté, qui est le véritable sujet du processus
d'inculturation.
La recherche nous a montré que pour ne pas engendrer mépris et exclusion, il faut éviter
tout sentiment de supériorité ou infériorité. Les acteurs de l'inculturation doivent donc apprendre
à s'écouter et dialoguer, pour rendre réelle la communion dans une Église famille de Dieu.
Les domaines
L'inculturation, dans tous les domaines de la vie des chrétiens, implique un discernement
en vue de la découverte de chemins capables de synthétiser de manière harmonieuse et vitale les
valeurs culturelles et le sens de la foi, sans rien perdre de ce qui est bon, vrai et beau (humain)
des unes et de l'autre. L'inculturation devrait parcourir deux chemins, celui des domaines à
toucher et celui de la profondeur, seulement ainsi elle pourra être considérée comme intégrale.
Les critères Le critère fondamental de discernement c'est la pertinence historique de la réponse à la
lumière du Christ mort et ressuscité. L'inculturation à Madagascar doit faire un double
discernement, celui de la culture malgache elle-même et celui du système préventif, habillé par la
culture étrangère, au risque que, sans un vrai discernement, le système préventif ou la culture
deviennent des idéologies, pour justifier leur pouvoir et leurs propres idées.
L'inculturation exige une bonne dose de courage, de franchise et de liberté, une grande
capacité de discernement, dans un processus continu d'équilibre instable, de tension dynamique
toujours ouverte aux exigences diverses et nouvelles.
Les étapes
Nous avons identifié trois moments du processus d'inculturation à Clairvaux.1 D'abord
celui de la nouveauté. Même si, l'inculturation présuppose une attitude positive envers toutes les
1 11 nous semble plus correct de parler de moments que d'étapes d'inculturation. Car la notion d'« étapes », même si elle est plus systématique, nous fait penser à de périodes à passer sans revenir en arrière. Tandis que le concept de « moments » met en évidence l'unité de l'ensemble du processus et la difficulté dans la définition de ses contours.
249
cultures et, en l'occurrence, envers la culture malgache, pour découvrir ses valeurs propres, les
difficultés ne manquent pas dans cette première période. À leur origine, nous trouvons le manque
de dialogue et les innombrables malentendus. De la part du missionnaire, cette période se
caractérise par la connaissance superficielle de la langue et de la culture, pour quelques uns un
certain mépris plutôt inconscient de la population locale, pour d'autres un sentiment de
supériorité. Pour les autochtones, c'est le contraire : un sentiment d'infériorité et méfiance envers
les nouveaux venus. Mais tout n'est pas négatif, au contraire, l'enthousiasme et la nouveauté
caractérisent cette époque. L'important à ce moment est d'apprendre à se connaître et de
s'apprivoiser, cela n'est pas possible sans un processus. À cette époque, la peur de l'autre est
présente des deux côtés, tant salésiens que laïcs, mais aussi la curiosité. Ici trouvent leur origine
des blessures qui peuvent durer vingt ans et des idées clés qui peuvent être assumées pour toute la
vie. Cette période est aussi celle de la recherche de solutions aux problèmes, mais sans les laïcs.
Ainsi, les missionnaires travaillent un peu seuls. « On se situe ici dans la logique du "donneur" et
du "receveur" ».2
Le moment intermédiaire, c'est la période du travail. L'œuvre et les projets grandissent.
On ressent parfois la routine. Les salésiens et les laïcs travaillent ensemble, mais sans exploiter à
fond leurs richesses mutuelles. Cette période est marquée par les changements, des avancées et
des reculs en fonction des personnes. Il y a aussi des conflits et des réussites dans le rapport
salésiens - laïcs, et dans le travail éducatif, fondamentalement on avance.
Quand la période de la maturité arrive, ce sont les laïcs qui sont les porteurs et les
protagonistes de l'inculturation. À ce moment, le rapport entre laïcs et salésiens est presque
d'égal à égal. On parle de collaboration, du projet commun. Les laïcs sont considérés aptes à
trouver des solutions pour le présent, à comprendre le passé et à se projeter vers le futur. Ils
prennent de grandes responsabilités. L'inculturation gagne en profondeur et en dimensions
(aspects) de la culture qui sont touchées. Les laïcs se sentent porteurs d'une vocation.
Il faut préciser que les frontières entre les étapes ne sont pas faciles à distinguer, et que les
distinctions que nous avons faites nous paraissent quelque peu artificielles, puisqu'à l'intérieur de
chaque moment il y a des sous étapes, ensuite même si on avance, il arrive qu'on revienne en
arrière. Bref le processus n'est pas seulement circulaire, mais il est aussi progressif, certainement
pas linéaire.
' Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 200.
250
2. Les semina verbi et la continuité
Dieu nous précède et il est présent dans tout ce qu'il y a d'humain, de vrai, de bon et beau
dans la culture. Pourquoi ? Seulement pour faciliter Pinculturation ? Nous croyons que l'amour
de Dieu ne peut pas attendre, il nous précède toujours, « allez dire à ses disciples et à Pierre : Il
vous précède en Galilée » (Me 16,7). C'est vrai qu'il prépare le terrain, par sa présence, car
l'Esprit Saint ne peut pas être circonscrit aux limites institutionnelles. Par son Esprit qui est
amour, Dieu est présent, avant l'arrivée du missionnaire, dans ces semences d'humanité, dans
lesquelles l'évangile se reconnaît. Sans cette présence, l'évangélisation ne serait pas possible, elle
se trouverait seulement devant des obstacles, les conditions de germination seraient impossibles
et la conversion à l'évangile relèverait plus du miracle, que d'une annonce - réponse. Comme
nous venons d'affirmer, il ne s'agit pas seulement d'une condition de possibilité pratique, mais
plutôt ontologique, car ne pas trouver des semences du Verbe signifierait que les cultures ou bien
l'évangile n'ont rien d'humain, ce qui serait nier la création et l'incarnation. Cette erreur, sorte de
docétisme moderne, nierait la portée anthropologique et théologique de l'incarnation.
Chalcédoine, Vatican II et le Synode Africain entre autres sont là pour nous mettre en garde
contre cette hérésie qui, depuis le IIe siècle jusqu'à nos jours, a revêtu des apparences variables
refusant la réalité de l'incarnation. Voilà encore une des raisons pour ne pas couper
l'inculturation de l'incarnation et celle-ci de l'ensemble de la révélation. Le cardinal Joseph
Ratzinger à l'occasion de la rencontre de la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie à
Hong Kong en 1993 a exprimé cette conviction que «l'inculturation présuppose donc
l'universalité de chaque culture. Elle présuppose que, dans toutes les cultures, c'est la même
nature humaine qui est à l'œuvre ».
Revenons aux semences déposées par Dieu dans l'homme et dans la culture, elles nous
rappellent que la bonté est présente dans l'homme parce que ce que Dieu a créé est bon (Gen
1,31). Cette semence a été plantée par l'Esprit Saint dans la culture, c'est aux missionnaires de la
déceler et de la découvrir à l'aide des autochtones. Ainsi la terre (l'homme et la culture) est digne
de respect, parce que choisie par Dieu depuis la création du monde (Ps 8). Nous comprenons
mieux pourquoi il n'y a pas de rupture, Dieu n'a jamais abandonné sa création. En créant, il
s'introduit dans sa création, elle porte sa marque. L'incarnation et le salut sont donc liés à la
1 Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995) : 699.
251
création par cet amour. Nous pouvons bien dire que l'Esprit du Seigneur était au commencement
(Gen 1,2) et qu'il continue à être avec nous jusqu'à la fin des temps, «je suis avec vous tous les
jours jusqu'à la fin des temps » (Mt 28,20).
La dimension personnelle de Pinculturation est à concevoir comme un processus par
lequel les personnes, et non seulement les institutions, parcourent un itinéraire spirituel en faisant
une expérience croyante. L'inculturation n'est donc pas seulement une mode, mais elle peut
devenir un chemin fécond d'évangélisation des personnes et des institutions elles-mêmes,
puisque les unes comme les autres ont besoin de conversion.
Quand on travaille à l'inculturation, le plus pertinent semble être de travailler sur la
culture « actuelle » des gens et non pas rester dans une culture nostalgique, ou profiter de la
théologie pour rétablir l'importance des valeurs passées qui ne sont plus vécues. Notre travail
théologique n'est pas fait pour sauver une culture, mais pour sauver un peuple avec la culture
qu'il vit. Le risque à éviter est l'ethno-théologie.5 Nous devons «rompre aujourd'hui avec le
charme de l'exotisme pour rejoindre l'indigène dans le "contemporain" ».
Nous avons dit ainsi que l'inculturation dépasse le fondement théologique de l'incarnation
et qu'il est possible de voir même une dimension politique dans celle-ci, car le Christ s'incarne
pour le salut de l'homme, qui commence déjà ici sur terre par la libération intégrale du jeune.
C'est peut être le concept d'évangélisation intégrale qu'il faudrait utiliser, pour exprimer la
volonté d'engagement au service de la libération des pauvres à travers la transformation de la
culture, ce projet n'est possible que dans la collaboration avec tous.
3. Ouvertures et questions
La recherche a touché un nombre réduit de personnes et a analysé une réalité très
contextuelle, ce qui nous a permis de tirer des conclusions très pertinentes pour le terrain et les
personnes concernées. Même si ces résultats ne sont pas généralisables, par ce travail très
4 Joseph Ratzinger dit à ce propos : « quiconque regarde les choses de plus près s'aperçoit aisément qu'il ne saurait y avoir un simple retour vers le passé. Non seulement parce que la convergence de l'humanité vers une seule communauté de vie et de destin ne peut être arrêtée, mais aussi parce que la diffusion de la civilisation technologique est irréversible. C'est un rêve romantique que de vouloir préserver des îlots pré-technologiques dans l'océan de l'humanité », Joseph Ratzinger, « Le Christ, la foi et le défi des cultures, » La Documentation Catholique, n° 2120 (1995): 704. 5 Jean-Marc Ela dit que «"recapturer" la tradition peut être un alibi dangereux », « Identité propre d'une théologie africaine, » dans Théologie et choc des cultures, sous la direction de Claude Geffré, 37. 6 Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, 18.
252
contextuel, nous souhaitons avoir contribué à fonder solidement des généralisations. Nous
espérons que cette limite contribuera à donner valeur et pertinence à notre recherche. Nous
espérons aussi que nos conclusions pourront aider d'autres communautés salésiennes à continuer
leur processus d'inculturation et aider l'Église de Madagascar à mieux comprendre un processus
d'inculturation en marche. Il est vrai que nous avons travaillé sur le système préventif, mais nous
croyons qu'on aurait pu travailler de la même façon sur le fondement théologique d'autres
Congrégations religieuses ou sur d'autres aspects de la foi chrétienne.
Dans un petit Centre comme Clairvaux à Antananarivo, nous avons trouvé plusieurs
problèmes reliés à l'œcuménisme, la religion traditionnelle, le pouvoir dans l'Église, le rôle des
femmes et l'évangélisation, ce qui nous a bien surpris, parce que dans un univers si clos, nous
avons retrouvé les préoccupations de l'Église universelle.
Cette recherche porte la limite de n'avoir pu être réalisée directement avec les salésiens
consacrés, ni avec les jeunes, ce sont des chemins à parcourir dans le futur, pour mettre ensemble
tous les acteurs participants à l'inculturation. Même si sur la faisabilité de cette réalisation nous
avons des doutes, comment mettre ensemble tant de monde pour une recherche ? et en deuxième
lieu nous avons une objection, parce que ce désir de connaissance peut cacher la tentation d'une
théologie globalisante qui vise à tout comprendre dans des approches totalisantes difficilement
réalisables, mais fort séduisantes.
D'autres chercheurs, nous espérons, développeront peut-être une approche salésienne pour
des institutions protestantes, nous souhaitons aussi qu'un jour une femme malgache décrive le
système préventif avec sa propre sensibilité.
Le rapport entre la philosophie du langage et la théologie de l'inculturation, aussi pourrait
bien s'avérer un chemin fécond à suivre dans les recherches postérieures concernant
l'inculturation salésienne. Non seulement dans la fonction langagière de la théologie, mais dans
toute sa dimension symbolique. Nous avons parlé de la symbolique et du pouvoir du langage
dans la symbolisation des choses. Nous découvrons comment elle ne peut pas être complètement
étrangère au langage. Il y a une parenté entre l'inculturation et le langage, c'est peut-être déjà ce
que la Parole de Dieu annonçait : « et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn
1,14). Dieu qui s'incarne pour le salut et la libération de l'homme, il le fait pour habiter parmi
nous et pour nous habiter. C'est une piste que d'autres recherches pourraient bien suivre. Mais ici
aussi le risque d'une théologie herméneutique spéculative guette la théologie pratique.
253
Il nous faut signaler encore une limite à notre recherche : il nous semble que le groupe
(co-chercheurs) avait une supposition ou un sous-entendu, tout ce qui n'est pas évangile est
culture ou tout ce qui n'est pas salésien est culture, si bien que parler d'inculturation nous semble
aujourd'hui avoir parfois parlé d'évangélisation, ce malentendu est dû au manque d'une
définition d'inculturation et d'évangélisation au tout début de la recherche.
Nous espérons ainsi que la manière de mener la recherche, les résultats de celle-ci et la
(conviction profonde qu'il fallait travailler avec des intervenants, enrichiront le monde de la
recherche en théologie pratique et en inculturation, notamment chez les salésiens.
4. La dialectique et ses limites
La recherche nous a appris que la dialectique de l'inculturation est complexe et cela à tous
les niveaux (valeurs, relations, etc.). Nous avons eu pas mal de difficultés à systématiser cette
réalité vivante, ce qui pourrait donner l'impression pour des esprits plus penchés vers l'érudition
(l'Occident ou le Nord), que notre recherche n'a pas abouti totalement. Cela n'est pas étonnant
puisque la mise ensemble du matériel et des variables n'est pas une tâche aisée, mais aussi parce
que cette manière de faire théologie n'est pas très habituelle dans le milieu salésien, plus orienté
vers des approches historiques et pédagogiques.
Cette analyse dialectique, si elle est intellectuellement séduisante et éclairante, ne semble
par rendre suffisamment compte de la complexité de la réalité de l'inculturation. Car à certains
moments plusieurs éléments sont en jeu. Parler de dialectique signifie segmenter les éléments et
se centrer seulement sur deux pôles, ce qui dans la réalité ne se passe jamais ainsi puisque
souvent plusieurs éléments, même exogènes à cette dialectique, sont enjeu et la conditionnent.
La dialectique nous dit que l'évolution se fait par sauts et par conflits, en rupture de
continuité. C'est pour cela que l'idée du processus, que petit à petit nous avons développé, rend
mieux compte de ce qui est en train de se passer, car en parlant de dialectique il faut éviter toute
idée d'antagonisme, puisque la vraie inculturation doit se réaliser sur le modèle de la communion
dans la reconnaissance des diversités plutôt que du conflit.
La dialectique, conçue comme un conflit, nous rappelle la conception protestante qui
souligne plutôt la tension entre le réfèrent biblique et le contexte social, rappelons que les
protestants préfèrent parler de contextualisation. Dans le milieu catholique, nous sommes plus
sensibles à l'intégration de la tradition chrétienne dans la culture.
254
Peut-être qu'il serait plus juste, en parlant de la dialectique de l'inculturation, de parler
d'une dialectique du donner et du recevoir réciproque, de communion, mais à des niveaux
différents entre la culture et l'évangile. Mais s'il faut donner tant d'explications à un concept
comme celui de dialectique et s'il faut tellement de nuances, c'est probablement parce qu'il n'est
plus capable de rendre compte de la réalité dans sa totalité et il faudrait tourner la page pour
chercher un nouveau paradigme.
5. Vers un nouveau paradigme : la complexité
Michaël Amaladoss affirme que « les discours théologiques sur la rencontre entre
évangile et culture semblent trop souvent ignorer la complexité »,7 ce que nous trouvons tout à
l'ait exact.
Pour explorer ce nouveau paradigme, l'image proposée par Gilles Routhier et Frédéric
Laugrand nous semble fort évocatrice : « les cultures apparaissent aujourd'hui comme des
nébuleuses fluides en constante formation et transformation, avec leur homogénéité et leurs
catégories mais également avec leurs propres contradictions, leurs héritages multiples et leurs
emprunts exogènes ». La culture serait donc un système ouvert ou perméable, imprévisible et
porteur d'innovations, ce qui n'exclut pas la résistance au changement, mais qui nous met en
difficulté pour trouver des repères et pour le systématiser. Ceci dit, nous pouvons déjà affirmer
que les phénomènes sont plus complexes que les interprétations simplistes de jadis, parce que la
culture est sujette à des changements et qu'elle est poussée à se réaménager continuellement.
Le travail que nous avons fait avec l'anthropologie n'a fait que confirmer que la
compréhension du contexte culturel dans lequel le système préventif évolue exige la prise en
compte de plusieurs éléments. Mais les facteurs ne sont pas seulement liés à la culture, il y a des
éléments intrinsèques au processus d'inculturation et à la démarche théologique qui sont
compliqués, et qui exigent une maîtrise de nombreux aspects d'ordre théologique, pastoral,
salésien, pédagogique... qui sont impossibles à gérer dans une démarche individuelle, il faut un
travail interdisciplinaire et communautaire. Nous affirmons que l'inculturation est en fait une
Michaël Amaladoss, A la rencontre des cultures. Comment conjuguer unité et pluralisme dans les Églises ?, 12. * Gilles Routhier et Frédéric Laugrand, L'espace missionnaire. Lieu d'innovations et de rencontres intercu/turelles, 13.
255
pratique complexe aux nombreuses facettes. Le Directoire général pour la catéchèse (1997)
l'avait confirmé indirectement en soulignant la gravité de la tâche de l'inculturation :
L'« inculturation » de la foi [...] est un processus profond et global qui requiert beaucoup de temps. Car il ne s'agit pas d'une adaptation superficielle qui, pour rendre plus attrayant le message chrétien, se contente de le recouvrir d'un vernis décoratif. Il s'agit au contraire de la pénétration de l'évangile au plus profond des personnes et des peuples, pour les rejoindre «. . . de façon vitale, en profondeur et jusque dans les racines » de leurs cultures.9
Les effets et les coordonnées de l'inculturation ne sont pas toujours complètement
prévisibles, encore moins maîtrisables. Les difficultés d'une théologie pratique qui travaille sur
l'inculturation sont liées au fait que la culture, comme la foi, est vivante et, comme tout être
vivant, naît, grandit, évolue et se transforme ou parfois meurt. Ainsi dans la démarche réflexive et
interprétative, il faut apporter à la culture toute la sympathie que l'on peut éprouver à l'égard
d'un être vivant. Mais il y a aussi une attitude à développer chez le chercheur, l'humilité. Il faut
renoncer à la prétention de tout comprendre et de saisir la réalité dans toute sa richesse, il faut se
dire qu'on a pu découvrir une partie de cette réalité, qu'on a eu la grâce de participer à son
dévoilement.
La complexité des herméneutiques différentes
La complexité d'une réflexion sur l'inculturation s'explique en partie par la difficulté à
faire travailler ensemble des sciences et des méthodes aujourd'hui très compliquées et complexes,
dans un projet commun, celui de la théologie pratique. Ce défi méthodologique peut être compris
comme le défi d'articuler des rationalités différentes, et pas simplement de juxtaposer ou de les
décliner les unes après les autres.
Dans cette thèse nous avons mis à contribution plusieurs méthodes : la R-A pour la partie
anthropologique et la recherche documentaire, la corrélation dialectique et critique dans la
méthode théologique, avec la contribution d'autres disciplines comme la linguistique, la biblique,
la pédagogie, etc. dans un but bien déterminé, la compréhension et l'évaluation du processus
(l'inculturation à Clairvaux. L'articulation de ces référents avec le contexte socio-culturel nous a
obligés à construire une nouvelle articulation, plus souple.
' Directoire général pour la catéchèse, n° 109.
256
Nous avons dû faire ainsi un double effort herméneutique : interpréter les formulations du
passé (toujours conditionnées par les circonstances culturelles et historiques), et repenser la foi
dans les coordonnées du contexte culturel actuel à Madagascar, ce qui a soulevé le problème de la
juste compréhension du patrimoine traditionnel et de sa formulation actuelle qui ne sacrifie ni la
continuité ni l'actualité, autant pour le système préventif que pour la culture malgache.
La complexité du nombre de variables qui sont en jeu
La complexité est aussi liée au nombre de variables qui sont en action, en même temps
dans les diverses situations. Ce qui donne une grande possibilité de scénarios et des niveaux
d'inculturation à rejoindre.
L'inculturation est un travail ardu parce qu'elle concerne tous les aspects de l'expérience
chrétienne et ecclésiale : la profession de foi, l'univers symbolique, la liturgie, l'élaboration
théologique, la spiritualité, la morale, la discipline, les institutions, etc. et de même au niveau
salésien, comme la grille de thèmes abordés l'a présenté, notamment avec les trois piliers et les
dimensions du système préventif.
Le problème c'est comment saisir toutes ces variables dans une culture concrète et
historique ? et d'un autre côté comment avoir l'humilité d'admettre que « le rapport
évangile/cultures ne se produit pas indépendamment des facteurs sociaux, techniques,
économiques et politiques qui influencent les acteurs ».12 On pourrait même se demander : quelle
culture doit être inculturée ? Celle d'hier ou celle d'aujourd'hui ?
Si nous croyons que la culture est un système souple, susceptible d'évoluer, les éléments
de ce système reçoivent leur sens des relations qu'ils entretiennent avec les autres éléments,
valeurs, traditions... qui forment cet ensemble culturel. Donner un autre sens, c'est altérer sa
signification première et s'exposer à toute sorte de conséquences : rejet, folklorisation,
syncrétismes... mais au plus profond à une rupture culturelle. Ainsi une vraie inculturation doit
prendre en compte toute la personne dans sa culture et dans son rapport aux autres, nous dirions
une « inculturation intégrale ». Monseigneur Peter Kwasi Sarpong, évêque de Kumasi (Ghana),
10 Sur cette question, voir Emilio Alberich, « Inculturer et indigéniser le christianisme, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 446. " Voir Emilio Alberich, « Inculturer et indigéniser le christianisme, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 441. 12 Jean-Luc Vande Kerkhove, « Le rapport entre évangile et cultures : dynamisme et implications de la rencontre. » Dans Les défis de la Mission « adgentes » en Afrique. Séminaire de missiologie de la famille salésienne Ngunda, 8-12 novembre 2004, 4L
257
parlait lors de l'Assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques d'une inculturation qui
embrasse la totalité de la vie humaine.13 C'est pour cela qu'il faut aller aux racines et aux valeurs
culturelles, et ne jamais rester seulement au plan des représentations et rites. Déjà l'exhortation
apostolique post-synodale Ecclesia in Africa au n° 62, parlait du besoin de recherches dans le
domaine des cultures africaines dans toute leur complexité.
Pour confirmer nos affirmations prenons par exemple les intervenants, ils sont d'origine
différente (tribus), hommes et femmes, de différentes religions... ne fût-ce que pour cela, nous
pouvons saisir combien le dialogue entre le système préventif et la culture malgache est
laborieux. Nous voudrions insister sur le fait que ce n'est pas seulement l'inculturation qui est
complexe, mais c'est le processus, le chemin pour y arriver.
La complexité de l'articulation d'un discours en théologie pratique
Repenser la salésianité et la pratique du système préventif dans un contexte et une culture
différentes est une opération délicate. Les logiques qui sont enjeu, comme nous l'avons vu, sont
différentes, d'où le sentiment parfois de confusion, de références brouillées, d'imprécision quant
à l'action et à sa systématisation théorique. Comment articuler dans une même rhétorique des
éléments si différents ?
Articuler, signifie travailler autour de l'interaction entre l'évangile et les diverses cultures
humaines. Car si l'évangile est le même hier, aujourd'hui et demain, les cultures ne sont pas les
mêmes hier, aujourd'hui et demain ; elles sont en elles-mêmes des réalités dynamiques et
relatives en tant qu'expression, mais indispensables en tant que réalité, on ne peut pas faire
l'économie de la culture.
Une deuxième articulation est celle des sciences humaines et de la théologie.
Pour la théologie, désigner le réel comme une complexité n'est pas dû à une altération que produirait artificiellement un examen scientifique mais désigne une interprétation théologale ouverte sur le mystère de la création. Si la recherche appelle l'exigence de trouver du neuf et si cette nouveauté apparaît bien dans la structure complexe du réel au prix du discernement critique que permettent les procédures scientifiques, la théologie se trouve une fois encore en compagnie de l'exigence commune qui consiste à s'interroger pour comprendre.
13 Cf. dans Maurice Cheza (dir), Le Synode africain. Histoire et texte, 97. 14 Jean-Louis Souletie, « S'étonner, chercher, interroger, croire, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 282.
258
Ce qui nous porte à dire que la théologie de l'inculturation n'est pas seulement appelée à
rendre compte, justifier ou orienter un processus, c'est la théologie elle-même qui doit faire
sienne une nouvelle façon de faire, autrement dit être capable de créer à l'aide des sciences
humaines.
Troisième aspect, un rôle important dans cette nouvelle façon de dire consiste en la place
du langage dans le discours théologique. La fonction de la théologie est de produire des discours
de foi en relation avec les diverses pratiques humaines dans la culture, fides quaerens verbum,
une foi qui cherche à dire ou, plus précisément, à discourir avec efficacité.15 Pour Marcel Viau la
nature discursive de la théologie pratique constitue sa visée première, à savoir sa pertinence pour
le monde contemporain.
Enfin terminons ce point, en mettant en évidence que tout discours humain est limité dans
son élaboration quand il concerne une réalité transcendante, qui dépasse le langage et l'humain et
qui cependant a besoin du langage et de l'homme pour se réaliser, et se communiquer.
La mondialisation et l'ouverture à l'universel16
La mondialisation fait fi de deux caractères indispensables à tout lieu humain : celui du
temps et celui de l'espace, la mondialisation se réfère à la planète dans la diversité, tandis que la
globalisation évoque l'unité qui se forge à partir de cette diversité.
L'accroissement des échanges entre les humains, échanges économiques et
technologiques (notamment la communication), le développement du tourisme, les mouvements
de population, les migrations temporaires ou définitives à l'intérieur de l'île de Madagascar
affectent chaque jour un nombre grandissant de personnes. Nous nous rendons compte que « nul
ne peut prétendre rendre pleinement compte de tels phénomènes et en saisir complètement la
portée ».17 Ainsi, les participants à la recherche ont insisté sur le fait que leur milieu de travail et
de vie se trouve envahi par des manières d'agir qui arrivent de l'extérieur et entrent en
concurrence avec ce qui était la culture traditionnelle malgache. À cause de la mondialisation et
la globalisation les frontières deviennent perméables et les appartenances incertaines à
' Voir Marcel Viau, « De la théologie pastorale à la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 45. 16 Pour un regard salésien de la mondialisation et globalisation, consulter Juan Vecchi, Mondialisation. Globalisation et les enfants de la rue (Paris : Don Bosco, 2003), 19-33. 17 Jacques Audinet, « La pratique évangélique dans la mondialisation, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 55.
259
Madagascar. Les échanges sont toujours ambivalents mais dans tous les cas ils portent à
relativiser certains éléments culturels. Les choses se métissent comme le groupe de recherche l'a
bien dit. Mais nous avons ressenti une certaine méfiance envers la nouveauté, probablement liée
aux sentiments identitaires très forts chez les malgaches, qui suivent la décolonisation et la
malgachisation, et d'autre part un enthousiasme envers ce qui vient d'ailleurs, un paradoxe de
plus.
La globalisation nous apprend que toute pratique ne peut être envisagée que comme un
maillon d'un réseau plus large et ultimement mondial. L'articulation entre la globalisation et les
problèmes à Madagascar, nous met devant une question importante : comment redéfinir les
lâches et les méthodes de la théologie malgache afin qu'elle puisse saisir l'ampleur des enjeux de
l'évangile dans les dynamiques historiques en cours? Une théologie inculturée peut s'avérer
insuffisante pour faire face aux défis de la foi provoqués par les crises et les changements à
Madagascar qui sont le fruit des contraintes de la globalisation, c'est pour cela que la dimension
libératrice de la théologie et de la foi ne doivent pas être négligés. La théologie malgache aussi
doit résister à la tentation de la pensée unique.
6. La recherche dans le cadre de la formation doctorale
Nous voudrions dans ce point faire entrer notre recherche dans un cadre plus large, celui
de la théologie pratique et du cheminement de formation doctorale que nous avons accepté de
parcourir.
Selon le schéma de formation doctorale en théologie pratique qui nous a accompagné
pendant ces années à l'Université Laval, il fallait développer trois dimensions ou « savoirs » :
connaissances (savoir-acquis), attitudes (savoir-être) et habilités (savoir-faire). Ces dimensions
montrent déjà l'ambition d'un projet de formation en théologie pratique.
La recherche nous a permis d'en découvrir et d'en approfondir les « savoirs »
(connaissances) différents. Le premier est d'ordre méthodologique aux niveaux de la R-A et de la
méthode en théologie pratique. Le deuxième type de savoir concerne les connaissances
anthropologiques, salésiennes et théologiques que nous avons élaborées et approfondies par
rapport à l'inculturation.
Nous avons appris ainsi à utiliser avec rigueur la R-A, méthode fort féconde pour la
recherche en théologie pratique, notamment quand le sujet concerne l'inculturation. C'est grâce à
260
cette approche que la compréhension du processus d'inculturation a pu être faite par tout le
groupe. Nous pouvons affirmer que le sujet de recherche n'aurait jamais pu être abordé en
profondeur avec une méthode classique ou simplement documentaire. Il fallait une méthode
capable de s'adapter au type de recherche, respectueuse de la mentalité des membres du groupe
de recherche et capable de tenir compte des détails.
Nous avons appris aussi à faire de la théologie pratique, en faisant appel à
l'interdisciplinarité, dans le dialogue entre philosophie, anthropologie, sociologie, linguistique et
pédagogie. C'est grâce à cette approche que nous avons pu découvrir des aspects insoupçonnés
de l'inculturation. À ce point, nous avons l'impression que la théologie pratique touche toutes les
dimensions du travail du théologien et du pasteur. Mais cette façon de faire, comme aussi
l'inculturation, risquent de devenir « fourre tout », si on ne précise pas ses contours, ses contenus
et ses méthodes.
Le savoir être est plus difficile à évaluer et à saisir dans cette thèse. Il pourrait sembler
prétentieux de dire que nous sommes meilleurs, mais ici il s'agit de déterminer si nous avons été
capables de porter un jugement critique sur nos attitudes et si nous avons pu croître au niveau
affectif et spirituel. Ce niveau affectif concerne le rapport avec les autres et avec Dieu. La
question est de savoir comment en rendre compte et pourquoi nous devons rendre compte de cela
dans ce type de thèse. La réponse se trouve dans le projet de la théologie pratique, au moins, tel
qu'il est présenté à l'Université Laval. Nous espérons que le lecteur a pu reconnaître dans cette
thèse la dimension de l'« être ».
Le travail de recherche et d'écriture a été long et parfois difficile. C'est dans la prière que
j'ai trouvé le courage de continuer et d'avancer. C'est aussi souvent en méditant que certaines
intuitions me sont venues à l'esprit. Le travail de compréhension et d'évaluation m'a porté sur un
chemin nouveau et à des conclusions auxquelles, très honnêtement, je ne m'attendais pas.
J'ai appris qu'il fallait prendre du temps pour que certaines choses mûrissent en moi, qu'il
fallait perdre sa vie pour la retrouver en Dieu (Le 17,33 ; Mt 10,39 ; Me 8,35), se laisser porter
par la recherche sans vouloir l'utiliser pour justifier mes idées. Pour moi aussi, la recherche a été
une vraie conversion, pour apprendre à écouter les laïcs et pour me laisser interpeller par eux. La
recherche m'a permis de faire un examen de conscience : comment est-ce que je vis
l'inculturation ? L'ai-je favorisée ?
261
La recherche a transformé aussi le groupe de recherche à plusieurs niveaux : au niveau
personnel, puisque les intervenants ont augmenté leurs connaissances et au niveau de
l'expérience dans l'application de la méthode (R-A), mais ce qui est le plus important, le groupe
a grandi dans sa foi, les Verbatim en témoignent. Le milieu de provenance des intervenants a été
aussi changé, la famille et le quartier ont bénéficié de cette recherche, par le changement
d'attitudes des participants le milieu de travail a aussi été transformé. Ne fût-ce que pour ces
changements, cette recherche méritait d'être faite.
S'il est vrai que « c'est en forgeant qu'on devient forgeron », devise qui est revenue tout
au long de la formation doctorale en théologie pratique, c'est en faisant de la recherche que nous
avons appris à utiliser la R-A, à faire de l'inculturation et à faire de la théologie avec un groupe
croyant. Nous avons ainsi approfondi trois types de savoir-faire : au plan de la R-A, de
l'inculturation et de la théologie pratique.
7. Le pari d'une théologie faite au Sud
Nous voudrions ajouter à la fin de cette thèse quelques éléments plus personnels, non pour
capter la sympathie des lecteurs, mais pour aider à mieux saisir, à ceux qui sont au Nord (non
seulement physique, mais symbolique), comment on fait la théologie au Sud.
Pendant toute la recherche, nous avons eu souvent le sentiment d'être tiraillés par deux
mondes, le premier (le Nord) et le troisième (le Sud). Nous avons ressenti comme mission celle
de créer des liens, mais parfois nous avons été déchirés et nous l'avons accepté comme le prix à
payer pour faire une théologie engagée.
Notre travail, si bien soutenu et financé par plusieurs bourses et de nombreux bienfaiteurs,
envers qui nous sommes infiniment reconnaissants, a été difficile, parce que la logistique des
démarches administratives a été pénible. Heureusement le consulat Canadien à Madagascar a
essayé de nous aider à rendre plus supportable des démarches longues et compliquées.
Les conditions climatiques et le climat politique à Madagascar, il convient de les
mentionner. Ils ont conditionné ce travail de manière importante. Nous avons commencé nos
recherches à Antananarivo en pleine crise politique de 2002 et nous avons continué et terminé à
Tuléar, peu propice à la réflexion à cause de la chaleur et du manque de moyens de
communication les plus élémentaires.
262
Si selon la célèbre expression en Afrique, selon laquelle on fait de la théologie « sous
l'arbre », ici nous l'avons faite dans le sable et la chaleur. À cela il faut ajouter les voyages de
presque 2000 kilomètres pour chaque rencontre de R-A. Notre ligne de téléphone a été à maintes
reprises coupée et quand la connexion fonctionnait, nous n'avons jamais dépassé les 21,0 kbits/s.
À certaines périodes nous n'avions pas d'électricité... et sans exagérer, à plusieurs reprises nous
avons dû travailler avec une bougie.
À tout cela il s'ajoute notre engagement pastoral. Nous avons terminé cette thèse en étant
recteur du séminaire avec 41 séminaristes et représentant de l'évêque pour les religieuses du
diocèse.
Nous terminons en disant merci à tous ceux et celles qui ont cru à ce projet : confrères,
collègues de promotion à l'Université Laval, professeurs, notamment le père Gilles Routhier les
salésiens du Canada. Ils nous ont permis non seulement de parcourir quelques 200.000 kilomètres
en cinq ans, mais aussi autant de kilomètres dans notre réflexion.
Au tout début de cette thèse nous avons proposé une image, celle du Bon Pasteur (Jean
10,1-18), nous voudrions y revenir encore à la fin de ce parcours. Dans la parabole et dans
l'inculturation, il y a quelque chose de l'ordre de la vie et de la mort qui est en jeu.
Deuxièmement, c'est toujours le Seigneur qui prend l'initiative de venir à la rencontre de la
culture. Il appartient à celui qui est perdu dans des pâturages ou ailleurs d'accepter d'être porté
vers deux choses : un maître et une communauté, nous avons appelé cela dans notre recherche
des valeurs et des relations, le but étant que les membres de la communauté aient la vie en
abondance (Jn 10,10).
Nous voudrions reprendre une expression du père Vecchi qui parle de Jn 4,38 pour
conclure : « la maturité de la moisson se doit aussi à la communion admirable que crée l'Esprit
entre les générations dans une histoire réelle de salut. D'autres ont peiné avant vous et vous, vous
profitez de leurs travaux. Rien n'est perdu des efforts ni des temps qui ont précédé, malgré IX •
l'infécondité et les lenteurs apparentes ». Après vingt ans de travail salésien à Clairvaux, est-ce
que nous pouvons dire que la phase de fondation est vraiment accomplie ? Ce qui est certain,
c'est que la maturation de cette inculturation est nécessaire. Après tout, que sont vingt ans pour
l'évangélisation ? Un équinoxe de printemps qui annonce une Pâque, celle de la naissance en
18 Juan Vecchi, « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Notre engagement missionnaire en vue de l'an 2000, » ACG, n° 362 (1998) : 4.
263
terre malgache d'un Don Bosco, inculture pour et par les malgaches. Dans nos oreilles résonne
encore l'appel de Paul VI à Kampala en 1969 «Africains, vous êtes désormais vos propres
missionnaires ».
264
BIBLIOGRAPHIE
Nous avons organisé cette bibliographie suivant la logique de notre recherche et de notre
thèse. Trois grands ensembles de littérature ont servi à notre approche théorique et donnent des
informations tout à fait pertinentes pour notre sujet : la culture malgache, les références
théologiques et salésiennes, et l'inculturation salésienne.
Dans le premier pôle, qui concerne le contexte de recherche, nous avons placé : la
linguistique, les ouvrages sur Madagascar et son histoire, l'anthropologie culturelle générale et
malgache en particulier, et le matériel concernant le milieu d'intervention : le Centre Notre Dame
de Clairvaux.
Le deuxième ensemble présente les références théologiques et salésiennes en rapport avec
notre sujet : le magistère et la théologie, les ouvrages sur le christianisme à Madagascar, les
documents officiels de la Congrégation salésienne, les documents salésiens à Madagascar et la
documentation sur le système éducatif de Don Bosco.
Le troisième corpus bibliographique approche l'inculturation : le concept d'inculturation
en général, l'inculturation en Afrique, l'inculturation à Madagascar et le système éducatif
salésien en lien avec l'inculturation.
Le quatrième point, non moins important, est comme une sorte de complément
méthodologique et épistémologique, nous présentons ainsi la documentation de base concernant
la théologie pratique, la méthode qualitative, la méthode de la R-A, l'observation participante et
l'interview.
Nous précisons que certaines références bibliographiques sont incomplètes, notamment
pour les lieux d'édition, les dates, et c'est parce qu'il s'agit souvent de documents inédits ou bien
qui ne fournissent pas ces renseignements.
Nous voudrions faire état de la difficulté pour avoir accès à tout ce matériel à cause de
notre milieu d'intervention. La recherche de certains livres à édition très limitée a pris parfois des
mois, pour ne pas dire des années. Nous avons ainsi du chercher de livres au Canada, Italie,
Belgique, France, Equateur, Chili et Madagascar. C'est pour cela que cette recherche a été
précédée par plusieurs années de recherche bibliographique et plusieurs voyages à l'étranger.
Malgré cela, pour certains ouvrages, faute de la première édition, nous avons dû utiliser la
version et l'édition qui étaient à notre disposition.
266
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HERIBERTO LUIS CABRERA REYES
L'INCULTURATION DU « SYSTEME PREVENTIF» SALESIEN À MADAGASCAR
COMPRÉHENSION ET ÉVALUATION DU PROCESSUS À CLAIRVAUX
Tome II
Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de doctorat en théologie pratique pour l'obtention du grade de docteur en théologie pratique (DThP)
FACULTE DE THEOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2007
© Heriberto Luis Cabrera Reyes, 2007
TABLE DE MATIERES
ANNEXES 2 1. Glossaire 3
2. Formulaire de consentement éclairé 6
3. Approbation du CERUL 10
4. Verbatim des rencontres du groupe de recherche ou R-A 11
ANNEXES
2
1. Glossaire
Nous avons voulu mettre en annexe un vocabulaire pour faciliter la compréhension des termes malgaches par ceux qui ne sont pas habitués à cette langue et qui appartiennent à des zones culturelles différentes.
Par souci de clarté nous avons essayé de donner une traduction à des termes qui mériteraient de plus longues explications et dont parfois le sens est différent selon les auteurs.
Malagasy Français
Aina
Amana
Ambany
Ambony
Anay
Andriamanitra A ndriananahary
Androany/anio
Angatra
Ankohonana Anlsika
A r a-boa) anahary
Be loatra
Fahafaham-po
Fady
Famadihana
Famorana
Fanafody gasy
Fanahy
Fanambaniana
Fandroana
Faritra
Fiarahamonina
vie, souffle de vie
conjonction, et
en bas, au-dessous
en haut, au-dessus
à nous (exclusif)
dieu
dieu créateur
aujourd'hui
fantôme
proches, famille nucléaire
à nous (inclusif)
naturel, crée par dieu
trop
satisfait
tabou, prohibé, interdit
retournement des ossements des ancêtres
circoncision
potion pour ensorceler (positive ou négative),
médicament traditionnel
esprit, âme
humiliation
bain
circonscription
relation de voisinage (mpiara-monina = voisin)
5
Fihavanana
Fihetsika
Finoana
Finoanoam-poana
Firenena
Foko
Fomba
Fomba aman-panao
Fomban-drazana
Hamamiam-pitiavana
Hampivoalra
Hasina
Hirosoana
Ho avy
Isika
Izahay
Izao
Joro
Kabary
Kanto
Kolontsaina
Lahatra
Lehibe
Loza
Mahafoy
Mahatsapa
Mamaly
Mandritra
Mangata-bady
Manokana
Mialoha
bonnes relations, solidarité
comportement
croyance, foi
superstition
nation
tribu, clan
coutumes, habitudes
façon de faire, us et coutumes
coutumes des ancêtres, us et coutumes
douceur
s'améliore
sacré, saint, sacralité
qu'avance
futur, à venir
nous (inclusif)
nous (exclusif)
maintenant
qu'on met debout, sacrifice
discours
artistique, esthétique, beau
culture
chance, destin
adulte, grand
accident, danger
s'abandonne, se donne, s'offre
sentir, éprouver
répondre
pendant
demandée en mariage
unique, particulier
avant, précéder
4
Mifangaro se mélanger Mitaiza élever
Mitsinjo prévenir
Mpanandro devin, astrologue
Mpisikidy sorcier et devin
Nofo chair
Ny le /la
Olombelona personne, personne vivante
Olom-po personne du cœur
Olona personne
Ondry brebis, mouton
Osy chèvre
Ra sang
Ruzana ancêtre
Ray aman-dreny père et mère, parents
Sakaiza ami
Sampy idoles, objets sacrés, talismans protecteurs
Sy e1
Tamana habitué, accoutumé (à leur aise)
Tampoka imprévu, brusque, inattendu
Tianao foana qu'aime toujours
Tody châtiment, retour des choses
Tsiny blâme, censure, faute
Valana corps
Zanahary dieu créateur (d'un groupe, procréation/fécondité, principe de vie),
dieu, dieu soleil
Zava-kanto objet d'art, artistique
Zoky aîné, frère aîné
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2. Formulaire de consentement éclairé
Titre du projet de recherche : Le processus d'inculturation du système préventif à partir de Clairvaux
Informations générales Cette recherche s'effectue dans le cadre du projet de doctorat en théologie pratique de Heriberto Luis Cabrera Reyes, sous la direction du professeur Gilles Routhier.
1. Buts de la recherche Avec l'aide d'un groupe de professeurs et d'éducateurs travaillant au Centre Notre Dame de Clairvaux, nous voudrions découvrir la relation entre le système préventif salésien et la culture malgache.
2. Objectifs du projet de recherche • Compréhension et évaluation du processus d'inculturation à Clairvaux • Favoriser la formation des personnes qui participeront à la recherche.
3. Méthode La méthode qui sera utilisée est la recherche - action. Elle peut être définie comme une : recherche qui est menée de sorte que les acteurs sociaux sujets de la recherche s'y trouvent eux-mêmes engagés en contribuant à identifier et à élaborer une solution au problème étudié.1
Votre contribution consistera à participer activement aux réunions de groupe et à une interview individuelle.
4. Techniques La recherche prend la forme de plusieurs interviews de groupe (groupe de travail) d'une durée d'environ lh30 à 2h00 et d'une interview individuelle d'environ 30 minutes.
4.1 L'interview de groupe Elle touchera les éléments suivants : éléments d'information sur votre culture, votre travail, la façon par laquelle vous appliquez le système préventif, et le rapport évangile et culture. Les réunions seront enregistrées sur cassette audio et on produira un document avec la transcription des enregistrements. Ce document écrit sera discuté par le groupe. Si c'est nécessaire, pour certains thèmes, on travaillera de façons séparées, avec les participants masculins d'une part et féminins d'autre part.
4.2 L'interview individuelle Comprend les éléments suivants : éléments d'information concernant la façon d'appliquer le système préventif et le rapport évangile - culture. L'interview sera anonyme, et c'est seulement avec le consentement de l'interviewé que certains éléments pourront être rapportés au groupe, pour enrichir les discussions d'ensemble.
1 Louisette Lavoie et collab. La recherche action, théorie et pratique, manuel d'autoformation. (Sainte-Foy : Presses de l'Université de Québec, 1996), 12-13.
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Elle sera enregistrée sur une cassette audio.
5. Durée et fréquence Tous les mois, se tiendra une rencontre (interview de groupe) d'une durée de lh30 à 2h00, habituellement le mercredi ou le samedi après-midi. Au total 6 à 8 rencontres dont trois seront d"une demi-journée de travail de 3 à 4 heures par jour), échelonnées de la façon suivante : au début, au milieu et à la fin de la recherche. Cette dernière rencontre servira à donner le rapport final en malgache. Enfin, une de ces rencontres sera consacrée à une interview individuelle. Toutes les rencontres s'effectueront lorsque les élèves seront absents pour ne pas perturber le travail des participants, ni le fonctionnement de l'institution.
6. Avantages - désavantages - effets secondaires La participation à cette recherche fournira une occasion de réfléchir sur le rapport entre le système préventif et la culture malgache, soit au niveau personnel que groupai. La recherche devrait favoriser l'enrichissement mutuel et devrait permettre aux participants de mieux saisir les intuitions fondatrices de Don Bosco. L'unité du groupe devrait se voir renforcée, ainsi que l'intégration culture et foi. Il n'y a aucun risque connu lié à la participation à la recherche, d'autant plus que la confidentialité des réponses sera assurée.
7. Confidentialité En ce qui concerne le caractère confidentiel des renseignements fournis par les participants (es), les mesures suivantes sont prévues : Les noms des participants (es) ne paraîtront sur aucun rapport. Un code sera utilisé sur les divers documents de recherche. Seul le chercheur aura accès à la liste de noms et de codes. Mais il y a toujours un risque que certains participants soient reconnus, même si l'on ne mentionne pas leurs noms, étant donné que la recherche s'effectue dans un petit milieu. Si les renseignements obtenus dans cette recherche sont soumis à des analyses ultérieures, seul le code apparaîtra sur les divers documents. Tout participant qui signe ce formulaire est tenu à respecter les autres participants, aussi devra-t-il faire preuve de discrétion, notamment hors des réunions. Les participants ne feront pas référence au nom des autres personnes en relation avec ce qu'elles ont dit lors des rencontres. Pendant toute la période de la recherche, les cassettes audio seront conservées dans une armoire sous clé, dans le bureau du chercheur. Après le dépôt de la thèse, les cassettes seront détruites en totalité. Toutefois, le chercheur se réserve le droit d'utiliser les transcriptions des réunions et de l'interview individuelle pour des fins de publication ou de recherche ultérieure.
8. Communication de résultats À la fin de la recherche un rapport global (conclusion) en malgache sera transmis à tous les participants. Une copie de ce rapport sera transmise au Provincial des salésiens à Madagascar, au directeur de l'école primaire, du Centre de Formation Professionnelle et de l'internat. Si la recherche fait l'objet de publication, aucun des participants ne pourra être identifié.
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9. Clause de liberté Chaque participant (e) pourra se retirer de cette recherche en tout temps, sans avoir à fournir de raison ni à subir de préjudice quelconque.
10. Montant de compensation Une indemnité de transport et de matériaux (cahier, stylos...) sera donnée aux participants en trois tranches égales :
• À la deuxième réunion de travail • À la quatrième réunion de travail • À la fin de la recherche
Cette indemnité est d'un montant de 40 euros. En cas de retrait le participant aura droit à la moitié de l'indemnité (20 euros).
11. Nom et numéro de téléphone du chercheur Toute question concernant le projet de recherche pourra être adressée au chercheur : Heriberto Luis Cabrera Reyes Tél. 0320262830 Salésiens Don Bosco Séminaire de Propédeutique B.P535 601 Tuléar Madagascar
Ou bien à Père Gilles Routhier, directeur de thèse Faculté de théologie Université Laval (Québec) GIK 7P4 Courriel : Gilles.Routhier@ftsr.ulaval.ca
12. Questions litigieuses Pour toute question litigieuse d'ordre éthique, entourant cette recherche, il sera possible de communiquer avec les membres du CÉRUL (Comité d'Éthique de la Recherche de l'Université Laval) Maison Michael - John - Brophy Université Laval (Québec) G1K7P4 Canada
En cas de plaintes et de critiques il sera également possible de communiquer avec : Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval Pavillon Alphonse Desjardins, Bureau 3320 Université Laval (Québec) G1K7P4 Canada Courriel : ombuds@ombuds.ulaval.ca
X
Je soussigné (e) consens librement à participer à la recherche intitulée Le processus d'inculturation du système préventif à partir de Clairvaux.
Signature du (de la) participant (e), date
Signature du témoin, date
Signature du chercheur, date
N° et date d'approbation du CERUL
()
3. Approbation du CERUL
ES ffl UN|VI RS|T|
| p LAVAL Vice-rectorat à la recherche Comité d'éthique de la recherche
Sainte-Foy, le 31 août 2004
Monsieur Heriberto Luis Cabrera Reyes Monsieur Gilles Routhier Centre Notre-Dame de Clairvaux - Salésiens Bon Bosco B.P 41-105 Ivato Aéroport Madagascar
Objet : Projet de recherche intitulé: Le processus d'inculturation du système préventif à partir de Clairvaux (2004-187)
Monsieur,
Le Comité d'éthique de la recherche de l'Université Laval a pris connaissance du projet de recherche cité en objet et l'a trouvé conforme sur le plan déontologique. Par conséquent, le Comité approuve ledit projet pour une période d'un an, soit jusqu'au Ie' septembre 2005.
Le Comité d'éthique devra être informé et devra réévaluer ce projet advenant toute modification ou l'obtention de toute nouvelle information qui surviendrait à une date ultérieure à celle de la présente approbation et qui comporterait des changements dans le choix des sujets, dans la manière d'obtenir leur consentement ou dans les risques encourus.
Le projet devra être réévalué un an à partir de la date d'approbation, le chercheur indiquant brièvement l'évolution et le déroulement de sa recherche, le nombre de participants recrutés et si les perspectives de cette recherche se déroulent tel que prévu. Un formulaire de demande de renouvellement est disponible sur le site Internet du Comité à l'adresse suivante : http://www.ulaval.ca/vrr/deontologie/cdr/CDR.html .
Veuillez agréer, Monsieur, nos sentiments les meilleurs.
Edith Deleury Présidente Comité d'éthique de la recherche de l'Université Laval
Maison Mlchael John Brophy (418) 656-2131, poste 4506 Québec (Québec) Gl K 7P4 Télécopieur : (418) 656-2840 CANADA cer@vrr.ulaval.ca
www.ulaval ca/vrr
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4. Verbatim des rencontres du groupe de recherche ou R-A
Classification du matériel par titres
1. Concepts
1.1 Culture malgache
1.2 Système préventif
1.3 Culture Clairvaux
1.4 Mise en relation des concepts
2. Les trois piliers du système préventif
2.1 Religion
2.2 Amour
2.3 Raison
2.4 L'équilibre entre les trois piliers
3. Dimensions du système préventif 3.1 L'assistance
3.2 La prévention
3.3 Un type de regard sur les jeunes
3.4 L'éducateur et la vocation
3.5 L'ambiance
3.6. Les finalités
4. Sujets particuliers
4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
4.2 Le tabou et le système préventif
4.3 Le rapport missionnaires - autochtones
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ? Le rapport adulte -jeune
4.5 Le rapport catholiques - protestants
4.6 Le déplacement trop fréquent des salésiens
4.7 Système préventif et économie
I I
Sigles : la personne garde silence
(...) mot difficile à comprendre
(?) le mot qui précède n'est pas sûr ou clair
( ) commentaire important écrit par celui qui a révisé le Verbatim
Les noms des tous les intervenants et de quelques salésiens ont été changés.
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PREMIÈRE RÉUNION
02 octobre 2004
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.1 Culture II y a un conflit entre la culture malgache et les influences externes (à malgache Madagascar), notamment chez les jeunes.
La culture est notre base ou notre origine. C'est quelque chose de très ancien, qui n'est pas encore perdu, c'est un héritage. Tout ce que voient nos yeux est culture. La culture se voit dans toutes les choses. La culture est quelque chose de très important et précieux. Il y a 18 tribus à Madagascar. La culture est la connaissance et l'éducation qu'une personne a dans les domaines de : ny ankohonany, la littérature, la langue, les relations entre personnes, l'éducation sociale, les études, ny fomba amam-panao (famadihana, famorana, mangata-bady...), ny fomban drazana, ny kanto, ny flarahamonina (tsy misara-mianakavy), ny lafim-pihariana, ny foko, ny faritra, ny ftrenena sy ny zava-kanto. La culture concerne ny rafi-pihariana. La culture est la façon de faire et de penser des malgaches. La culture est liée à quelque chose du passé, aux ancêtres, eux étaient les vrais malgaches. La culture actuelle est métissée. La culture est la croyance en Dieu créateur et aux idoles. C'est le christianisme qui a changé la culture malgache, ensuite ce sera la mondialisation et le matérialisme. Il y a des choses semblables dans l'île mais aussi des différences, selon les régions de l'île ou selon qu'il s'agit de la ville (civilisée) ou de la campagne (traditionnelle). Quelques éléments de la culture sont le respect des anciens et des parents, l'importance donnée à la nature, la façon de vivre, de se soigner, de travailler... Au niveau social, dans la culture malgache, il a des règles et une classification sociale. La culture est vivante et les gens la vivent. Tout ce qui occupe la raison (saina) est culture. En contact avec la culture extérieure, la culture malgache est détruite. Font partie de la culture, les croyances dans le : tsiny, tody, fady, mpanandro, mpisikidy, joro, fandroana... Font partie de la culture, les proverbes et leur sagesse. Font partie de la culture, l'amour ou fihavanana. La culture donne une identité (maha-izy ny olona), elle est naturelle {ara-
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boajanahary). La culture est une richesse mais elle comporte aussi des limites. En fait, la culture peut donner des fruits positifs et négatifs, peut développer (faire progresser) ou bien choquer. Il y a des éléments bons et mauvais dans la culture malgache, comme par exemple ny fmoanoam-poana sy ny fanafody gasy. La culture est le fruit de l'éducation qu'on reçoit : parents, société et école. L'amour de la terre de ses ancêtres fait partie de la culture. Une des caractéristiques culturelles du malgache est de parler avec le cœur.
1.2 système préventif
Nous vivons dans le système préventif, cela se voit dans toutes les choses. Le système préventif est une même ambiance pour tous. Le système préventif est efficace. Trois sont les éléments de base du système préventif : la religion, la raison et Y amorevolezza.
1.3 Culture Clairvaux
À Clairvaux, il y a une culture de famille ou un esprit de famille entre employés et enfants. À Clairvaux, il y a des ray aman-dreny : les pères, la communauté religieuse et les éducateurs. Un élément original à Clairvaux est la fête. À Clairvaux, éducateurs et jeunes se comprennent avec le cœur, il y a une ambiance qui met les personnes à leur aise (tamana), un des éléments de ce climat est la confiance. Le Centre sécurise les jeunes. La culture Clairvaux est le type d'éducation qui est donnée au Centre, par le moyen de la croyance en Dieu et le respect de la Vierge Marie. Le Centre ne fait pas de distinction de religions pour accepter les jeunes. À Clairvaux il y a trois catégories de personnes : les jeunes, les employés (éducateurs et professeurs) et la communauté salésienne. Sans amour on ne peut pas s'en sortir. La culture Clairvaux est l'ensemble de tout ce qui est soigné par les salésiens, les éducateurs et les jeunes, pour le bien commun. Le Centre a ses traditions et son organisation, parfois il les impose aux jeunes et ceux-ci deviennent soumis.
1.4 Mise en relation des concepts
Il y a une grande relation entre la culture malgache et le système préventif. La réflexion des ancêtres, qui prend base dans ce qu'elle voit dans la nature, est un principe de prévention. Il s'agit d'une sagesse populaire, qui est conservée dans les proverbes, par exemple : aleo misoroka, toy izay mitsabo (mieux vaut prévenir que soigner).2
Il y a des relations entre prévention et culture malgache par exemple, dans les proverbes, on parle de prévenir et de l'importance des enfants.
2 Ce proverbe est probablement d'origine étrangère.
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Il y a des conséquences dans l'application du système préventif chez les jeunes malgaches, quand on ne tient pas compte de la culture.
2. Les trois piliers du système préventif
2.1 Religion Nous rendons grâce à Dieu pour cette recherche. Même si dans notre propre vie on ne voit pas toujours le visage de Dieu, il y a toujours une place pour lui, même petite. Dans la culture malgache, Dieu a une grande place. Comme c'est le cas pour le système préventif. Prier Dieu est un peu une habitude pour nous.
4. Sujets particuliers 4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
A propos de la parole des femmes à Clairvaux, voir des femmes qui prononcent des discours (mikabary) est encore rare.
4.2 Le tabou et le système préventif
A Clairvaux il y a \efady osy et le fady cheval. Un exemple de fady. Les missionnaires au commencement ne savaient pas qu'il ne fallait pas utiliser le bois d'un arbre brûlé par la foudre, devant les jeunes ils ne l'utilisent pas mais ensuite ils le mélangent au bois normal. Les jeunes ont peur des fady.
4.3 Le rapport missionnaires -autochtones
Il y a des difficultés à parler avec les missionnaires. Les éducateurs ont peur de parler avec eux. Il y a des difficultés depuis deux ans dans les rapports entre salésiens étrangers et laïcs malgaches.3
Il y a une confusion dans le rapport avec les salésiens puisqu'ils sont aussi employeurs. Les salésiens sont ambony et les laïcs ambany. Le problème avec les missionnaires, c'est qu'ils ne prennent pas trop en considération les croyances des malgaches. Les missionnaires parlent avec la raison et les Malgaches avec le cœur.
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ?
Dans la culture malgache, les enfants sont un peu oubliés, l'adulte est loin des enfants, tandis que dans le système préventif ils sont proches des éducateurs. On est adulte (lehibe) quand on a une place à cause de la richesse, de l'ancienneté ou des responsabilités religieuses. Il faut connaître les jeunes.
4.5 Le rapport catholiques -protestants
Le christianisme avec ses différences, catholiques - protestants, a divisé le Jihavanana malgache. Les catholiques et les protestants ne sont pas complètement égaux (dans leur identité).
1 Probablement il fait référence aux rapports avec un salésien.
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Verbatim
Jean/ Kolontsaina izany satria, miaina amin'ny andavanandro, ny asa aman-draharaha, ny adidy,
ary saika tsy voafaritra intsony ao anatin'izay rehetrarehetra izay ilay atao hoe : kolontsaina. Dia
ho ahy izany, tamin'ity herinandro ity, lasa nanomboka te-hahafantatra na handalina misimisy
kokoa an'ilay izy aho. Dia nanjary nanana hevitra maromaro amin'ny ambara hoe kolontsaina.
Asa, tonga dia holazaiko daholo sa ?
Solofo/ A. a (tsia). Rehefa avy eo isika miditra amin'ilay izy fa ilay zavatra nanaitra antsika aloha
no aseho aloha izany.
Jacques/ Ho anay manokana indray, taorian'ny fivoriana... tsy nampoiziko ho ilay zavatra
hodinihina amin'ilay fivoriana, tsy nampoiziko hoe ilay fikarohana hataon'i mompera ilay izy.
Dia avy eo aho voantso, dia somary sadaikatra kely ihany aho, satria ny antony dia voalohany
aloha, tsy dia noeritreretiko loatra... Noeritreretiko izany ny tenako hoe : tsy hahavita izany
zavatra izany aho, kanefa moa rehefa tonga ilay fiantsoana dia namaly tamim-pahatsorana izany
aho hoe : eny àry, fa hiezaka aho hanao ilay izy. Nanomboka teo izany dia nanomboka namerina
namaky boky sy namohafoha ny zavatra lasa taloha izany araka ny tenin'i monsieur Jean teo hoe
miaina ao anatin'ilay asa, dia indraindray mieritreritra fotsiny hoe : ahoana sy ahoana ny fomba
hanaovana ity asa ity ? Fa amin'izao somary lasa ohatra ny hoe karazany misy recyclage
tamin'ny ara-tsaina, izany no zavatra nisy hatramin'izao. Dia avy eo, tao anatin'ilay fikarohana
io, nahitana... nahitako azo lazaina hoe : tena zava-baovao mihitsy, nandalo teo...
Louise/ Ho ahy manokana moa izany ilay... ny lohateny ny vinavina... ilay vinavinan'asam-
pikarohana nataon'i mompera izany, dia hitako hoe tsara dia tsara aloha ilay izy tamin'ny
voalohany, satria raha ohatra isika mijery momba ny hoe kolontsaina malagasy, dia
ampifandraisina amin'ilay hoe système préventif izany, amin'ny fomba fanabeazana salezianina,
hitako dia misy ifandraisany be dia be izany ilay izy. Izany hoe : mety ho eo amin'ny firenentsika
ilay izy no hampiharina, zavatra tokony tsy hanavao antsika izay zavatra izay, satria raha dinihina
amin'izay maha-malagasy izay, raha dinihina amin'ireo razantsika fahiny isika, tsy maintsy
miainga amin'ireo razantsika fahiny ireo foana raha isika hiteny foana hoe : kolontsaina
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malagasy, satria ireo no niandohantsika izany. Ka ireo razantsika taloha ireo dia tena lalim-
pandinihana tokoa. Izy tsy namaky boky, izy tsy hoe avara-pianarana na nandia fianarana (tetsy
sy teroa ?) fa izy tena lalim-pandinihana ny zava-boahary, ny manodidina azy, ny zavatra rehetra.
Dia nivohitra izay zavatra izay taty aoriana. Hitantsika amin'ireny ohabolana maro isan-karazany
ireny izany ilay izy, dia hita taratra amin'ireny ny fomba fisainantsika malagasy. Ny fomba
amam-panao rehetra dia naraikitra tao anaty ohabolana. Dia amiko izany, tokony tsy hanavao
antsika malagasy izany fomba fisainana hoe lafa-pitsinjovana mialoha izay, satria hitako tena
mifandray. Raha mandray ohatra fotsiny isika, ohabolana iray, ohatra hoe... maro moa izany (...)
maro fa (...) manaporofo izany, ohabolana (...) manaporofo izany lafa-pitsinjovana, ohatra
anankiray (...) ho tadidiko : aleo misoroka, toy izay mitsabo, izay manaporofo tanteraka mihitsy
hoe lafa-pitsinjovana mialoha, ny razantsika teo aloha afaka mametraka izany hoe aleo misoroka,
toy izay mitsabo, ka izay ohabolana izay dia tsy inona fa ilay système préventif ihany, ka ho eto
Madagasikara izany dia mety tsara ilay izy, raha eto amin'ny firenentsika no dinihina. Izaho
izany dia ohatra ny hoe nampitaha ilay thème sy amin'ny rafi-pisainana malagasy, afaka... mety
tsara ilay izy.
Hery/ Raha nandray ilay laza adina aho izany hoe : inona ny kolontsaina malagasy ? Farito ny
hoe kolontsaina malagasy, dia ny zavatra voalohany tonga tao an-tsaiko, dia ny hoe : goavana
izany kolontsaina malagasy izany. Ny antony dia misy foko valoambinifolo eto Madagasikara.
Dia teo izany aho no nametraka fanontaniana noho ny maha-goavana azy, dia hoe : inona moa
izany no tena kolontsaina malagasy ? Rehefa tena nandinika anefa, dia hitako fa azo bangoina sy
be dia be ny ifandraisan'ireo kolontsaina maro sy isankarazany sy goavana ireo. Dia ny zavatra
tena nisongadina tao an-tsaiko aloha, dia lafiny anankiefatra, izay angamba rehefa avy eo vao
hovahavahana lalina : dia ny resaka literatiora malagasy, ny resaka fanabeazana malagasy, ny
resaka rafi-piaraha-monina malagasy, ary ny resaka rafi-pihariana malagasy. Ireo no zavatra
vao... tonga tao an-tsaiko tamin'io famaritana io. Dia rehefa avy eo moa izany isika, rehefa tena
hamahavaha ny tena anatiny, dia hosinganiko manokana ireo efatra ireo, dia any amin'ny farany
aho mba hisintona ny hevitro manokana mikasika ny atao hoe famaritana ny kolontsaina
malagasy amin'ny hevitro.
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Arthur/ Ho ahy indray izany, raha naharay ny taratasin'i mompera aloha, dia ohatra ny sadaikatra
ihany, dia rehefa nodinihina sy nohalalinina lavitra ilay izy, dia misy zavatra manaitra, sady hoe
famohazana indray ilay saina tia karokaroka taloha, napetrapetraka satria variana tamin'ilay
fampianarana, ilay scientifique sy ny karazany. Dia tsy mivelatra intsony eo amin'ny lafin'ilay
kolontsaina izay. Dia nanomboka notadiavina izany, hokarohina indray izany ilay izy. Naverina
indray ilay fikarohana taloha hoe : inona izany hoe tsara ity zavatra ity ? Tokony hatrehina,
tokony hatao, dia izay aloha no nandraisako azy tamin'ny voalohany, dia lasa ohatra ny hoe lasa
mahafinaritra be izany ilay izy, dia tonga manatrika, satria hoe amin'ilay tenin'izy roalahy tery
aloha hoe lasa mamporisika anao izany, hiverina amin'ny taloha indray, hoe hikaroka an'ilay
zavatra efa navalona be dia be taloha, dia averina fohazina indray, na famakiana boky izany, na
document isankarazany.
Monique/ Izaho izany an, nanaitra ahy ... vao hoe : handinika momba ny kolontsaina sy ny lafa-
pitsinjovana malagasy. Dia ny fihetseham-po tao amiko dia faly satria amin'izao efa fizotry ny
fanatontoloana izao izany dia mila ho very ny kolontsaina. Dia nanaitra ahy indrindra ny
tenin'i monsieur Olivier hoe hamaritra momba ny kolontsaina isika, hoy mompera, dia hoy izy
hoe marina raha hahita famaritana intsony angamba, hoy izy. Dia izaho izany faly be mihitsy hoe:
raha misy olona mitrandraka momba an'izany eto amin'ny firenena, dia tena mbola anisan'ny
zavatra mahafinaritra, satria ny kolontsaina izao efa manomboka miady laharana amin'ny
kolontsaina avy any ivelany. Mbola anisan'ny mahafaly ahy koa, fa isika izao, ny tanorantsika,
ny ankizy beazintsika izao no manomboka tsy hahalala izany hoe : kolontsaina malagasy izany
intsony, efa manomboka variana amin'ny kolontsaina avy any ivelany. Tena faly aho, ary tena
isaorako mihitsy ary hoe mbola misy andian'olona afaka mbola mikaroka sy mitrandraka,
manitikitika an'izany hoe : kolontsaina malagasy izany. Marina mihitsy ny voalazan'ny namana
teo hoe : toa hadino, toa tsy noeritreretina akory ny momba an'izany. Dia isaorana mompera
narnporisika anay, izay ianao atao hoe vahiny, vahiny ianao nefa mandalina momba izany, fa
izahay dia toa natoritory akory, fa isaorana betsaka mihitsy ianao, niantso anay, nanaitra izany,
satria izahay ireto ray aman-dreny mpanabe ny asanay. Efa manaiky izahay fa hoe izay no
niantsoana anay, hanabe ny tanora.
IX
Olivier/ Voalohany indrindra aloha dia hiteny momba ilay réaction teo am-pandraisana ilay
zavatra hatao izany. Voalazan'i madame Monique teo hoe : marina raha hahita famaritana ny atao
hoe kolontsaina izany ? Ny itenenana an'izany manko hoe : ny tena mantsy teo amin'ny lafïny
teknika, teknika no ampianarina, dia any amin'ny teknika moa ny famaritana tonga dia mazava
be tsara, indrindra indrindra eo amin'ny scientifique izany hoe hatreto ka hatreto ny famaritana.
Ilay izy anefa kolontsaina, literatiora no jerena ; kolontsaina izany zavatra efa hatramin'ny taloha
ela be ka hatramin'izao, tsy tapaka fa mitohy foana ilay izy, dia ilaina izany. Dia hijanona eo
amin'ny lafiny teknika aho, fa hitodika kosa amin'ny resaka fanabeazana. Raha vao miresaka
fanabeazana isika, dia efa fantatra avy hatrany fa tsy maintsy ao ilay kolontsaina. Lafiny
literatiora indrindra indrindra, amin'ny maha-kolontsaina azy izany, tsy maintsy mivelatra ny
mpanabe. Dia izaho aloha raha vao mahare hoe : hanao fikarohana sahala amin'izao, handalina
momba ny lafa-pitsinjovana sy ny kolontsaina, dia isaorako lehibe Andriamanitra, dia misaotra
an'i mompera koa nitarika ho amin'izany. Izaho efa nikasakasa ihany tamin'ny taona fahatelo
niasako teto amin'ny Centre, tsy tadidiko na quatre-vingt-sept na quatre-vingt-six, efa nikasakasa
hanao karazana fitanana an-tsoratra na fikarohana momba ilay hoe, tsy fikarohana fa fitanana an-
tsoratra ny vokatra azo sy ny zavatra niova teo amin'ny zavatra hitako izany, teo amin'ilay asa
nataoko. Karazana saika hanao mémoire kely aho izany, hitadidiana ilay izy hoe : ohatra izao ny
zavatra niainana teto amin'ny Centre, indrindra indrindra teto amin'ny Centre, dia ohatra izao ny
fiovàny, fiovàny hatrany. Dia efa saika hanao izay aho. Fa nony efa tonga teo amin'ny taona
quatre-vingt-neuf izany, tonga ny fanambadiana, tonga ny tokantrano, ny asa eo ihany koa, dia
lasa sahirana izany amin'ny fiainana andavanandro. Ny tokantranon'ny tena vonjena, ny asa
vonjena, dia araka ny voalazan'i monsieur Arthur teo, variana amin'ilay androany sy ny asa, sy
ny etsy sy ny eroa, fa ilay fandinihana ny tena fizotry ny zavatra hatao sy mba atao hoe ny
fikarohana kely hapetraka dia tsy voatazona intsony. Ny famaritana ny kolontsaina, tsy mbola
hanome izao aho, fa miandry rehefa avy eo, fa karazana réaction fotsiny izay nomeko izay.
Marie/ Ny ahy koa mitovitovy amin'ny anareo rehetra ihany, fa tamin'izaho vao naharè (?) hoe
misy fiantsoana hono ! Dia misy filazana ! Inona indray ity ? Dia avy eo dia nodinihina, dia hoe
rariny ary hitsiny raha anisan'ny voafidy hanontaniana sy hasaina hanao fikarohana ny tena, noho
ny maha... satria vao nivoaka niasa dia tao amin'ny Centre ihany izany. Dia nanomboka
nihetsiketsika ny ati-doha teny an-dàlana teny, dia inona tokoa moa izany kolontsaina izany ? Dia
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lasa hitanao daholo, lasa namerina ao anatin'ny saina iray manontolo izany hoe : ity izany izao
mikasika ny kolontsaina ? Iry mikasika ny kolontsaina, ity mikasika ny kolontsaina. Izay rehetra
hitan'ny maso dia toa mikasika ny kolontsaina avokoa. Dia izany. Tena hitako izany hoe hita
amin'ny sehatra rehetra ity kolontsaintsika ity, na amin'inona moa, na amin'inona, fa rehefa
manao famaritana dia hita eo. Dia misaotra an'i mompera tamin'izay.
Louis/ Ny ahy indray moa eo amin'ilay réaction izany, ny fandraisako an'ilay hoe kolontsaina,
nanomezana ilay tolokevitra voalohany iny, dia ohatra ny zavatra lalina be izany ny fandinihako
azy voalohany indrindra. Dia rehefa tonga tany an-trano aho izany, nandinika, nijerijery tahirin-
kevitra, hay izy io zavatra iainantsika ihany. Dia rehefa eo aho izany, eo am-pandinihana azy eo,
dia ahoana ny fomba fampiharana azy ? Ka amiko izany io resaka kolontsaina io dia isika ihany
no mikaroka ilay izy, dia mamoaka io zavatra io amin'ny hevitra hoe : izao no tokony
hampiasana azy, ary no tokony hanaovana azy, satria amin'ny maha-mpanabe antsika moa dia
mifandray izany ilay resaka kolontsaina, ary ampitaina amin'ny ankizy ihany koa satria izy tsy
mahafantatra an'izany, fa mbola vao mianatra. Izay no tena nandraisako ilay izy, satria zavatra
sarobidy mihitsy ilay kolontsaina.
Jean/ Ankoatra ilay zavatra noteneniko teo, mikasika ny hoe kolontsaina, dia any amin'ilay hoe
système préventif izany no horesahiko. Vao nahazo an'ity koa... dia ohatra ny hoe manao
recyclage-na système izany, dia nifanandrify indrindra tao anatin'ny fanomanana ity fety ity, dia
tena mahatsapa mihitsy ny efficacité-n'ilay izy. Ohatra resaka préparation zavatra, nisy
komisiona najoro moa izany hanomana iny fety iny, ary rehefa nojerena ilay izy dia hita hoe :
préventif ê ! Tena fitsinjovana mialoha ilay zavatra natao. Marina fa tsy hoe lavorary tanteraka,
na tamin'ny répétition, na amy fametrapetrahana ny tontolo rehetra, fa tsapa mihitsy izany hoe,
ny hasarobidin'ilay hoe miomana mialoha, ary tsikaritra eny amin'ny endriky ny rehetrarehetra
ii)'... tsy mahafantatra ny ao anatin'ny olona aho fa ny fahitako ny endriky ny olona
rehetrarehetra omaly dia ohatra ny hoe nahatsapa ity zavatra ity hoe tsara raha nisy fiomanana
mialoha, ary samy avy eo nahazo ambiance tsara daholo ny olona rehetrarehetra (?), misaotra.
Solofo/ Eny àry ê ! Izaho koa mba hilaza ny hevitro ihany satria anisan'ny ao anatin'ilay izy
ihany aho hoe : efa nandray ilay taratasy iny moa izany, indrindra tao anatin'ilay taratasy misy
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somary teny hoe : tsy maningotra anao amin'ny zavatra na inona na inona ity fivoriana ity, dia
somary lasa saina ihany moa hoe : fa inona moa izany no tena hatao ao anatin'ilay izy ? dia avy
eo moa rehefa nohazavaina ny zavatra rehetrarehetra, dia nahatsiaro hoe faly aho. Ny antony
nahatonga ahy ho faly dia anisany ihany koa aho efa nanana eritreritra hoe hanoratra, hanoratra
boky, fa tsy tena hoe boky mikasika ny système préventif, na ohatra izany ilay boky no eritreritro
hosoratana fa mikasika ny hoe fanabeazana. Amin'ny maha hoe mpanabe fotsiny izay, dia
nieritreritra hanoratra izay boky izay aho. Dia avy eo moa nahazo an'ity dia mety hihemotra
herintaona indray ny fanoratana boky. Maka soupape izany aloha (rires), satria tena zavatra ngeza
be ilay izy. Dia tonga dia mitohy ihany aho amin'izay resaka izay hoe : ho antsika izany teo am-
pandraisana ilay taratasy, eo am-pieritreretana hoe : mankaiza marina moa izany ny fiafaran'ity
zavatra ataontsika ity ? Manao ahoana no mety fiantraikany eo amin'ny asa, ny fanabeazana,
sns... ? Mety misy mieritreritra ve ? Izaho izany mieritreritra hoe tena mivelatra be isika. Mety
misy mieritreritra ve hoe sanatria manao karazana manipulation mompera ka hoe isika no
hikarohany hevitra sa isika tena mieritreritra hoe tena manampy amin'ny asa aman-draharaha
tokoa ity zavatra hatao ity ? Na manampy amin'ny maha-olona, fivoarana amin'ny maha-olona ?
Amintsika manokana mihitsy aloha izay, na manampy amin'ny resaka ara-tokantrano, fa nomena
tokantrano, sns... ohatra izay.
Jacques/ Izaho koa (...) monsieur Solofo, tena mieritreritra izay, fa ny tena zavatra tao an-dohako
voalohany, rehefa... satria izaho raha vao nahazo iny taratasy iny, miala tsiny, na matory amin'ny
alina aza aho dia lasa eritreritra hoe : ahoana marina moa ilay culture malagasy ? Tena ohatra ny
hoe miverimberina matetika tao an-dohako izany ilay izy. Fa ny tena zavatra iray nipetraka tao
an-dohako tamin'ny farany, dia hoe ity fikarohana ity hampiasaina eto Madagasikara, izany hoe
ity fikarohana ity izany hahasoa ny tanora malagasy rehetra, izay handray ity fanabeazana
amin'ny alalan'ity fikarohana ity. Izay izany no nipetraka tao an-dohako, nahatonga nahafaly ahy
sady mbola isaorako an'i mompera. Nahafaly ny hoe anisan'ny mba hilazalaza ny hevitro momba
ity culture malagasy ity.
Olivier/ Izaho angamba hamaly kely ny fanontanian'i monsieur Solofo, sa mompera no handeha
aloha ?... Ny tiako hotenenina dia hoe ny resaka momba ohatra ny hoe manipulation izany ianao
ilay fanontanianao teo. Dia izaho aloha, tsy dia lasa lalina be tamin'izay ny eritreritro, fa ny ahy
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izany tonga dia nahafaly ahy fotsiny ny hoe : afaka manao fikarohana aho, afaka miresaka
malalaka, mifampihaino ohatra izao aho, dia efa izay dia efa zava-dehibe amiko, satria ilay
iikasako tary aloha izany, nisy tohiny izy amin'izao fotoana izao. Dia efa tsy nieritreritra
an'izany mihitsy aho, fa raha mbola misy ankoatra izao aza, mbola hatao, dia mbola hanao aho,
fa ny fandraisako anjara fotsiny ny ahy dia efa zava-dehibe.
Diego/ Misy fanontaniana roa fa tsy voatery hamaly ianareo. Monsieur Olivier manao fisaorana
an'Andriamanitra, ho an'ity asa fikarohana ity, nahoana ? Tsy voatery mamaly, fa hapetrako ny
fanontaniana, raha vonona ianao avy eo mamaly, fa afaka mandinika kely, fa tsy voatery.
Monsieur Jean, ianao niteny hoe : zavatra toy izany, satria ny système préventif, mila manao
recyclage ny système, afaka manazava ve ? (...) Omeko fotoana kely, afaka mandinika kely, tsy
voatery mamaly. Amin'ny hevitrao, mila recyclage ve io ? Sa inona no tiana hambara? Na inona
ny zavatra tokony recyclé, na efa recyclé ? ....
Jean/ Angamba tonga dia mamaly haingana be aho satria (manatona mihitsy ?) amin'ny
ankapobeny amin'ny izany, ny tena efa miaina ao anatin'ilay système, fa rehefa nisy an'ity
fanadihadiana ity, dia ohatra ny voatery mandini-tena, izany hoe : izao zavatra ataoko izao ve
tena préventive tokoa amin'izao ? Satria misy amin'ilay efa elaela niasana izany dia ohatra ny
mieritreritra hoe : toa izay hatao, toa ohatra ny tonga dia mandehandeha, ary misy fampiharana
mihitsy ilay izy. Fa rehefa tonga ity atao hoe sujet ity, dia avy eo dia lasa mi-retour, ary tena lasa
te-hianatra kely hoe : ahoana moa izany ilay tena préventif amin'ilay izy. Izay izany dia tonga dia
tohizako amin'ilay hoe manipulation. Ilay izy indray moa ho ahy, satria efa niara-niasa akaiky
tamin'i mompera aho, mompera Diego, dia ho ahy izy ity dia heveriko ihany hoe mbola mety
hanampy ahy bebe kokoa amin'ny fanatontosana... satria mahatsiaro tena aho... ho ahy
manokana, am-panetren-tena lehibe, ohatra ny hoe mahazo traikefa ngeza be aho amin'ilay
vokatra fiasana, satria hitako ny fiasana andavanandro, ny fanomanana ny zavatra rehetrarehetra,
izay heverina hoe préventive, ary avy eo, mbola am-panetren-tena ihany koa no ilazàna fa
mahatsiaro fahasahiranana be aho tao anatin'ny taona roa, angamba tao anatin'ny fiasana, satria
izaho efa zatra niasa tamin'ny hoe organisation, préparation na coordination, ka raha ohatra aho
manao izany zavatra izany teo am-perin'asa, dia nahatsiaro hoe : tsy misy fahafahana mihitsy
tamin'izay roa taona izay. Izay izany ilay izy ho ahy, fa tsy hoe manipulation, fa...
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Louise/ Momba izay fanontanian'i monsieur Solofo izay izany, dia tsotra ny fandraisako azy :
izaho tsy dia nieritreritra aloha hoe tanora malagasy eran'i Madagasikara, fa ohatra ny
nieritreritra tsotra fotsiny aho hoe, jereko ilay ekipa nantsoin'i mompera : mpanabe sy
mpampianatra eto amin'ny Centre Notre Dame de Clairvaux daholo, ary eto amin'ny Centre
Notre Dame de Clairvaux izany dia sehatra anankiray ampiharana amin'ny maha-mpitarika azy
hoe salezianina izany amin'ny fomba fanabeazana, amin'ny alalan'ny système préventif. Dia
tsotra be izany no nieritreretako azy hoe : hanamafisan'orina (...) ho fampiharana ny système
préventif, mba tsy hananosarotra izany ilay izy, fa hoe azo hampiharina. Ny ahy izany dia izay
ihany hoe : araka ny toe-tsaina malagasy, mba tsy ho zavatra vaovao eto amintsika izany ilay izy,
fa mba hanamafisan'orina izay fomba, efa fombantsika teo aloha ihany, fa hadinodino. Dia hitako
hoe : rariny sy hitsiny ilay izy, ary mahafaly ny mandray anjara.
Hery/ Ny ahy izany, ny hoe manipulation, tsy dia tena tany loatra ilay terme, fa ohatra ny somary
masiaka loatra ilay terme hoe manipulation, fa ohatra ny hoe ny fahitako ilay izy, hoe ny
fandraisako ilay izy : niala teo amin'i Clairvaux mompera Diego amin'ny fotoana mbola
mampafana ny fony hitantana ny ankizy, satria ohatra ny hoe vara-datsaka amintsika daholo
ihany aloha ilay hoe niala izy, dia hoe nahita hevitra izy mba hahafahany indray mbola manohy
ilay asa eo amin'i Clairvaux, indrindra izany fa isika chef. Izaho moa somary faly satria... ary
tena faly satria hoe : anisan'ny voatsonga izany, tao anatin'ny hoe nosafidian'i mompera hoe
hitondra ny hevitra, na dia hoe somary kelikely ihany angamba ny traikefa, raha miohatra
amin'ny sasany amin'ny resaka hoe fanabeazana salezianina, dia faharoa, eo amin'ilay resaka
hoe système préventif sy ny kolontsaina mihitsy izany. Matetika ao amin'ny Centre aho, mahita
aho na isika rehetra, rehefa aorian'ny fivoriana na événement, dia miteny foana hoe misy ny
resaka an-jorony na isika samy mpampianatra, na isika mpiasa. Mety misy problème kely eo
amin'ny fitadiavana organisation, na fitaizana miainga amin'ilay hoe préventif Don Bosco sy ny
ankizy malagasy, satria izany hoe miainga avy any foana ilay hoe Don Bosco prévention, fa tsy
voajery mihitsy ilay fototra iray hoe ahoana indray ny réaction-n'ireo malagasy sy ilay
kolontsaina misy sy ilay fiarahamonina misy ny tsirairay eo amin'ilay izy. Ka misaotra an'i
mompera izany fa tonga ilay fotoana izao, izay ny salezianina indray, izay efa avy any ambony,
dia hiainga avy aty ambany indray hijery ny fototra, dia mety hampifandray an'ireo, miaraka
amintsika malagasy, izay manampy azy, dia ny aoriana moa izany tonga dia ny finalité-n'ilay izy.
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Dia hisy zava-baovao hivoaka izany hitondran'ny salezianina aloha voalohany indrindra, ary ny
faharoa, hitondrantsika malagasy indray ny fitaizana handraisana izay tsara sy ratsy eo amin'ny
hoe maha-malagasy antsika, sy ny hoe (maha) kristianina moa izany, ny resaka fivavahana moa
izany, ny resaka masindahy Don Bosco, dia resaka fivavahana. Izay izany no ao an-tsaiko
amin'izay.
Solofo/ Misaotra antsika amin'izay fanontaniana izay, izay izany no anton'izay fanontaniana izay
hoe mba hazava amintsika ilay zavatra. Tena mazava marina amintsika tokoa ny zavatra
iantsoana antsika sy ny fïkarohana izay hataontsika. Ka araka izay hoe fampitahana na ny hoe
fampifandraisana an'ilay système préventif, ataontsika hoe système préventif sy kolontsaina
malagasy antsika, dia hiditra amin'izay izany isika hoe : inona marina moa ny hoe kolontsaina
malagasy, izay eritreretintsika hampidirana na hampifandraisina amin'ny système préventif,
araka izay efa nandinihantsika azy sy iainantsika andavanandro, ahoana ny fihevitsika ilay
kolontsaina...
Olivier/ Izao izany, mompera moa niteny hoe tsy voatery valiana ny fanontaniana, valiako avy
hatrany satria nifandraika amin'ilay kolontsaina rehefa avy eo, koa satria nanontany izy hoe :
nahoana ianao no misaotra an'Andriamanitra ? Ilay fisaorana an'Andriamanitra, na dia ny
fijerinareo ny fiainako andavanandro aza, tsy dia ahitana ny endrik'Andriamanitra loatra, any
anaty any angamba (rires) amin'ny anatiny, amin'ny farany anaty any misy place kely dia kely,
faran'izay kely indrindra ho an'Andriamanitra ihany, ary hitantsika tsara fa amin'ny kolontsaina
malagasy, manana anjara toerana betsaka, mba tsy hitenenana hoe izao isan-jato na izao isan-jato
izany. Manana toerana betsaka Andriamanitra na Andriananahary izany. Manana toerana betsaka
ao isika, ka ny tena koa moa kristianina, mompera koa no iresahana, fïkarohana hatao momba
an'i Don Bosco, Don Bosco : système préventif, mi-se basé amin'ny trois éléments : religion,
raison, amorevolezza, donc ilay izy tsy hoe noforoniko ilay teny hoe misaotra an'Andriamanitra,
fa ohatra ny efa misy fahazarana kely, nefa koa kolontsaina koa, nefa tena avy amin'ny fo koa,
sao dia ataonareo hoe (rires) tarin'ilay système préventif angamba monsieur Olivier dia niteny
an'ilay hoe misaotra an'Andriamanitra, fa dia izay izany ilay izy, izay lafiny telo izay...
Diego/ Ny anton'ny fanontaniana, hitanareo fa mivoaka ny valiny.
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Louise/ Hamaly avy hatrany aho angamba, ilay hoe ; tsy nalaiko tao anaty boky ilay izy, fa izao
izany : tsy niezaka mihitsy hoe hamaky boky, fa niezaka hoe handinika manokana hoe : inona ny
toe-tsaina malagasy, dia amiko angamba ny hoe toe-tsaina malagasy, dia ireo fomba amam-panao
sy ireo raki-pisainana malagasy, niainan'ireo razantsika teo aloha, izay angamba no andraisako
azy (...)•
Amiko manko hoe niaraka tamintsika nanao formation tamin'i père Lupo, dia nivoatra ny
kolontsaina, dia lasa izao, lasa izao... fa kosa angamba ny tena maha-malagasy dia ilay teo aloha,
aloha hoe izay no tena maha-malagasy ny malagasy, fa taty aoriana ilay izy lasa niova arakaraka
ny... raha atao hoe niova ilay izy, dia satria efa nisy ilay kolontsaina vahiny, dia amin'izay
angamba efa lasa kolontsaina métis izy amiko. Fa ny tena izy dia ny tena hoe ny fomba amam-
panao mbamin'ny raki-pisainana niainan'ireo razantsika fahiny teo aloha. Tafiditra ao
anatin'izany izany, araka ny voalazan'i monsieur Olivier teo ny finoana. Ireo razantsika teo aloha
izay lali-pandinihana, hoy aho teo aloha, dia efa nino izany Andriamanitra tsy hita maso.
Zanahary no fiantsoany azy, teo aloha, hoe aza ny lohasaha mangina (no jerena) fa ny zanahary
eo an-tampon'ny loha. Mino ny zanahary izy, Andriamanitra, mino koa izy ireo, tsy azo lavina,
ny lanjan' izany hoe razana. Izay no raki-pisainantsika malagasy teo aloha. Mino ny razana fa
afaka mitahy ny razana, manaja ny zokiolona izay tsy hita intsony ankehitriny. Manaja ny
zokiolona, mametraka amin'ny toerana maha-izy azy hoe : ny zokiolona, ny Ilhetsika
andavanandro rehetra.
Marie/ Ny ahy ity lavalava ihany, satria somary namakimaky boky moa, no somary nandinidinika
lavidavitra kely aho. Dia amiko ny atao hoe kolontsaina izany, dia ireo karazam-pahalalana sy
fanabeazana noraisin'ny olona iray. Atao hoe olona iray satria olona iray aloha no omena ilay
kolontsaina, dia izy io, avy amin'ireto sehatra manaraka ireto : avy amin'ny ankohonany, satria
vao teraka izy, avy any am-bohoka, dia efa nisy kolontsaina nomen-dreniny azy; dia vao nivoaka
avy tao koa izy, dia izay nomeny azy eo nomeny azy eo, dia nitohy, nitohy, nitohy. Rehefa
nivoaka eo amin'ny ankohonany izy, dia miakatra any amin'ny fiarahamonina, dia mandray
fanabeazana amin'ny fiarahamonina, dia mandray koa ny fianarana avy amin'ny flanarana
norantoviny. Dia mbola mitodika ato amin'i Louise aho. Rehefa tonga ao amin'ilay fanabeazana
norantoviny tao izy, dia tsy miala ary tsy misaraka ao ny fomba amam-panao. Raha nandova ny
fomba amam-panaon'ny ray aman-dreny, dia mandray ilay fomba amam-panao ilay taranaka aty
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aoriana. Ohatra hoe ny finoana, raha katôlika izy, ohatra ny mandeha automatique, mandeha
katôlika; mivadika secte ilay ray aman-dreny, mivadika secte koa ny zanany. Ny kanto, ny zava-
kanto manodidina azy sy norantoviny avy amin'ny vondron'olona nipoirany, ohatra : ny
razambeny, sns. Dia samy manana ny kolontsaina maha-izy azy anefa ny firenena rehetra, dia ny
fahitako azy dia mivelona sy miaina amin'ity kolontsaina ity, manaraka izany. Ka lovain'ny
taranaka amam-para. Zaraiko roa lehibe eto ny fisehon'ny kolontsaina. Voalohany any
ambanivohitra : ny fahitantsika ny kolontsaina any ambanivohitra, dia ny an-dry zareo any dia tsy
dia misy fiovana endrika loatra : culture traditionnelle izany ny any. Stable izany ny culture any
ambanivohitra, stable kokoa satria ny zokiolona ao amin'ny tanàna, na avy eo amin'ilay toerana,
dia mitàna ilay kolontsaina, mitàna ilay kolontsaina tsy hiova. Aty an-tanan-dehibe kosa izany,
efa culture civilisée izany ny aty, efa mivoatra, dia manaraka ny toetr'andro ny ety amin'ny
tanan-dehibe. Dia averiko kely ilay any Ambanivohitra teo, ohatra izao ny any, mbola mitazona
tsara any famadihana, dia rehefa manao famadihana dia manao ilay mianjaika be ny vehivavy,
manao akanjo lava, manao tanavoho, mitondra elo, sns, fa raha aty an-drenivohitra kosa izay no
jerena, raha mianjaika ny vehivavy amin'izao, somary bory volo izy, nefa mitafy lamba, tsy
manao tanavoho intsony. Ohatra izany ohatra izay. Dia izay ny fahitako ilay kolontsaina,
arakaraka ilay sehatra misy azy miovaova.
Monique/ Izao izany, raha ilay resaka hoe kolontsaina, culture izany, dia ilay hoe raha vao
miresaka kolontsaina ianao, dia tonga dia mifanindry an-dalana amin'izay foana ilay fomba
ainam-panao, izany hoe ny culture sy ny civilisation izany ohatra ny miara-dalana eny foana raha
vao miresaka. Dia amiko ilay hoe kolontsaina, raha nalaina amin'ilay rafi-teny nakambana
nahazoana azy dia ny hoe : kolon'ny saina, izany hoe zavatra nokolokoloin'ny saina izany no
nahazoana ny kolontsaina. Dia hoe, raha ny famaritana amin'ny ankapobeny dia hoe :
filambaran'ny zavatra rehetra nokolokoloina, novolavolain'ny saina teo amin'ny olona, teo
amin'ny rafi-piarahamonina, teo amin'ny firenena anankiray, mampiavaka ny kolontsain'ny
firenena anankiray. Raha ny niandohan'ny kolontsaina malagasy dia teo amin'ny taon-jato
fahafolo, ka hatramin'ny taon-jato fahadimy ambin'ny folo ny base, fototry ny kolontsaina
malagasy. Ny kolontsaina malagasy dia nisongadina indrindra fa ny sain'ny malagasy teo aloha.
Zavatra nokolokoloin'ny saina izany ilay izy. Mino an'Andriamanitra ny malagasy, nino ny
hasin'ny razana izy, nino an'ilay fanahy tsy mba maty izy, ary koa teo amin'ny rafi-
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piarahamonina izy dia fatra-pandala ny rafi-piarahamonina misy ny antanatohatra. Teo amin'ny
resaka foko ohatra : dia misy ny andriana, riy hova, ny andevo. Teo amin'ny ankohonana : misy
ny ray, ny reny, ny zanaka. Izay aloha izany ny eo amin'ny rafi-piarahamonina. Ohatra fotsiny
izay. Dia ny kolontsaina malagasy koa dia nanome lanja eo amin'ny fandinihany ny zava-
boahary manodidina azy, dia isan'ny kolontsaina malagasy koa ny fahaiza-mandrindra. Ohatra
hoe ny fambolem-bary ; izay nataony vary ho foto-tsakafo. Io izao dia anisan'ny kolontsaina iray
ihany koa io. Ny fanomezan-danja ny zavamaniry, vokatry ny kolontsaina. Ny fandinihany ny
zavamaniry manodidina azy nahafahan'ny malagasy nanao zavatra be dia be teo amin'ny
fiainany. Izay ilay ilazako hoe : raha vao miresaka kolontsaina, dia miampita any amin'ilay
fomba amam-panao. Ohatra hoe ny fiotazana, ny fanjonoana; izany izao dia vokatry ny
kolontsaina hoe izany no niveloman'ny razantsika fahiny. Nanjono, nihaza, nioty. Rehefa
nivoatra nampiasa an'io ravin-kazo, nampiasa io zavamaniry io izy, nentiny nanaovana fitafiana,
nampiasainy nataony fitaovana. Izany hoe nanome lanja ny hasin'ny zava-boahary, zava-maniry
izy izany, indrindra indrindra, kolontsaina teo amin'ny zava-maniry, nanaovany fanafody, dia
nitsabôana. Mbola kolontsaina malagasy ihany izay rehetra rehetra izay. Dia ny kolontsaina moa
araka ny voalazan'ny namana teo dia hoe, arakaraka ny faritra misy azy koa izany ilay
kolontsaina. Hafa ny kolontsaina avy any amin'ny faritra avaratra, andrefana, atsinanana. Dia
amin'izao iainantsika izao, raha miampita aho, izay izany ilay resako teo hoe mbola taloha, fa
raha ny iainantsika izao, dia mifandraika amin'ilay tenin'i madame Marie hoe : efa manomboka
mamorona kolontsaina. Izay ilay noteneniko teo hoe : mifanindry an-dalana amin'ny kolontsaina
any ivelany ny kolontsaina malagasy, dia mila ho resy. Misy antokon'olona, satria arakaraka ny
fiarahamonina sy ny antokon'olona no mahapotika sy mampiroborobo ny kolontsaina anankiray.
Misy kolontsaina efa manomboka rava. Manao malabary izao ohatra, dia aty andrenivohitra
izany, efa manomboka ilaozana, satria mifanindry an-dalana amin'ny kolontsaina avy any ivelany
ny kolontsaintsika, vokatry ny fanatontoloana. Dia eo indrindra isika hoe : mivoatra ve ny
kolontsaina malagasy ? Ampivoarintsika ve sa nataontsika ambanin-javatra ? Dia izay moa ilay
mbola anisan'ny mahafaly ahy ihany amin'ity fandinihana ity kolontsaina ity, izay hoentina eo
amin'ny tanora sy ny zanatsika, izay hobeazintsika satria tena nanana ny maha-izy azy mihitsy
izany kolontsaina malagasy izany. Tena nanana. Dia ahoana no hitondrantsika izany eo amin'ny
tanora, mba tsy hoe navaozina ve aho sa nopotehina ? Izay aloha izany ny resaka momba izay.
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Arthur/ Ho ahy indray ilay hoe kolontsaina : ilay izy aloha tsy namakiana boky, fa nijerevana
kosa amin'ilay trangam-piainana misy andavanandro. Eo amin'ny fiarahamonina no voalohany,
dia avy eo manodidina ny tanora, satria raha jerena amin'izao fotoana izao, ireo tanora sasany,
ohatra ny tsy mahaiantatra loatra hoe : inona ilay kolontsaina ? Ny fahafantarany azy hoe
kolontsaina, dia any amin'ny resaka zava-kanto izay, izay ny an'ny sasany aloha ny kolontsaina.
Eo amin'ny fiarahamonina indray ilay izy dia mibahan-toerana lehibe, ilay hoe famadihana,
fomban-drazana. Any indray ny an'ny sasany ilay kolontsaina. Raha ny fandinihako ny
kolontsaina dia zavatra anankiray tena ngeza be iny. Mifangaro ny trangam-piainana maro isan-
karazany, ary azo atao hoe miainga avy amin'io kolontsaina io no nikarohan'ilay razana taloha,
ilay fomba fanabeazany ny taranany rehetra, izay mifandimby, mivoitra avy amin'ilay
kolontsaina, satria ny anton'izay tsy mba nisy fampianarana trano be ohatra izao antsika izao, na
hoe zava-maneno tonga lafatra be, fa araka ilay zavatra niainany isan'andro ihany nanovozany (?)
azy. Dia miainga avy amin'izay koa ny an'ilay tanora ankehitriny hoe rehefa misy zavatra kely,
dia hoe potika ilay kolontsaina. Tsy mahatsiaro intsony izany ilay zavatra hoe : tena fototra
niavian'ilay kolontsaina, fa niainga foana tamin'ilay hoe : fivoarana misy ankehitriny, dia lasa
any ilay izy.
Hery/ Araka ny teniko tany am-piandohana izany, dia ny zavatra nanaitra ahy voalohany dia hoe :
goavana be ilay laza adina hoe kolontsaina malagasy. Dia tamin'ity herinandro ity aho dia tsy
misy fotoana mihitsy hoe namakiako boky na nijereko archives, fa dia tena hoe niasa saina
mihitsy rehefa malalaka, dia hoe ahoana moa izany kolontsaina izany ? Ka teo izany no
nahafahako naka ilay santionany (?) anankiefatra teo aho hoe : ny literatiora, ny fanabeazana, ny
fiarahamonina ary ny lafim-pihariana. Ireo efatra ireo izany no nosinganiko. Nalaiko aloha dia
nanaovako fandinihana tsotsotra nandritra iny herinandro iny, dia avy eo nisintonako ny hoe :
ahoana marina moa izany kolontsaina izany ? Ka teo amin'ny resaka literatiora izany, ny zavatra
tonga tao an-tsaiko voalohany dia ny teny malagasy. Ny zavatra niseho teo amiko izany dia hoe :
manana ny teniny ny malagasy, izay mampiavaka azy amin'ny firenena eran'izao tontolo izao, na
dia misy aza ny fitenim-paritra eto amintsika, dia teny iray ihany dia afaka hoentintsika hatrany
avaratry ny Nosy, ka hatrany atsimon'ny Nosy izany. Iny izany ny anankiray izay tonga tao an-
tsaiko. Faharoa, teo amin'ny resaka zava-kanto, dia nahita aho fa manana ny maha-izy azy sy
mampiavaka azy amin'ireo firenena maro eran-tany ny malagasy, dia ohatra amin'izany ny
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fananany zava-maneno manokana, toy ny valiha, ny jejo voatavo, sns, ary ny fananany dihy toy
ny salegy, afindrafindrao. Manokana daholo izany ireny. Ohatra izay izany ny teo amin'ny resaka
literatiora. llay teo amin'ny fiarahamonina indray, dia zavatra nanaitra ahy dia ny nahatsapa fa ny
inalagasy dia tia mandala ny hoe tsy misaramianakavy. Izany hoe tsy te-hisaraka mihitsy izy
izany. Dia izay no mahatonga ny ohabolana hoe : velona iray trano, maty iray fasana, sy hoe
trano atsimo sy avaratra. Dia manarak'izay dia teo amin'ny fomba amam-panao, dia teo moa ny
fomba amam-panao dia maro ny maha-malagasy ny malagasy, dia ao ny famadihana sy ny
famorana sy ny fombafomba rehefa mamadika na mangata-bady, sns. Dia androany moa izany
aho, satria androany moa hoe maty ny bebeko, dia handevina azy dia teo am-panaovana ilay izy
mihitsy aho. Dia teo am-pamonosana izany no nahatsapako hoe : mbola betsaka ny fombafomba,
ohatra ny hoe : rehefa hibata ilay razana, dia tsy miteny hoe : batao io razana io, fa hoe batao ny
olona. Izay izany tena nampiharina (commentaires) mihitsy androany, dia raiso ny olona dia tsy
azo akisaka... dia mbola ampiasaina ilay izy androany. Dia faharoa koa, teo amin'ilay resaka
fatotra, izany hoe tsy maintsy tady anankidimy no ampiasaina androany, hoe impair moa izany :
dimy na fito, fa tsy azo atao enina hoy ilay dadatoanay. Izy moa izany no nitarika ilay izy teo.
Dia rehefa hamatotra ilay izy dia tsy maintsy avy any amin'ny loha no alefa na.... na ho aiza... be
dia be izany fa santionany fotsiny ny kolontsaina hitako androany... Dia hoe fombafomba amam-
panao manokana mihitsy izany ankoatr'ilay mamangy, sns... teo izany, ny fomba amam-panao.
Dia farany moa teo amin'ny fiarahamonina, ny tena tsikaritra, dia ny finoan'ny malagasy hoe :
tena olona vontom-pinoana sy manam-pinoana mihitsy ny malagasy, satria voalohany aloha, izy
mino an'Andriamanitra, faharoa izy mino ny razana, ary ankoatra ireo, dia mbola zavatra be dia
be koa no mbola ninoany: ny tsiny, ny tody, ny fady, sns... be dia be izany ny zavatra inoan'ny
malagasy. Dia anatonan'ny hoe mpisikidy rehefa handeha hanorina trano dia mila mpanandro,
sns... Izay izany anisan'ny mampiavaka ny malagasy teo amin'ny rafi-piarahamonina. Raha teo
amin'ny ara-panabeazana indray, dia ny zavatra tsapako dia ny malagasy dia olona manam-
pahalalàna, amin'ny teny frantsay hoe intelligent, izany ry zareo, satria maro ireo fomba
nanabeazan'ny malagasy ny taranany izany. Anisan'izany ny ohabolana, ny angano, sns, izany,
ary ny nanaitra ahy manokana izany, dia ilay hoe tsy azo atao ny mandaka rindrina, anisan'ny
fanabeazana lehibe tamin'ny gasy izany. Tsy hoe ilay mandaka rindrina loatra no tsy azo atao,
hoy izy, fa ilay hoe : hay mandoto rindrina ny fandakàna iny rindrina iny. Ohatra izay izany no
fahitako ilay fanabeazana. Teo amin'ny rafi-pihariana indray, ny malagasy dia olona tia
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fihavanana, miara-mihary, tia manao ny resaka valin-tànana izany teo amin'ny asa, izany hoe : tia
mifanampy izany izy ireo teo amin'ny asa fihariana izay nataony. Dia noho ireo lafiny efatra ireo
izany, dia izay no nahatonga ahy hanao sinton-kevitra kely hoe : amiko izany ny kolontsaina
malagasy dia kolontsaina iray mahaleo tena, feno fitiavana, mpandala ny fihavanana, ary vontom-
pinoana izany. Izay izany no noeritreretiko sy nosintomiko tamin'izay fandinihana tsotra nataoko
momba izay kolontsaina malagasy izay.
Jacques/ Ny ahy aloha ny zavatra tonga tao an-tsaiko voalohany raha vao hoe handinika momba
ity kolontsaina malagasy ity aho, dia izao ny zavatra nipetraka tao an-tsaiko voalohany,
fanontaniana aloha ilay izy hoe : moa ve ny olona anankiray, raha tsy misy olona iray miara-
miaina aminy, manana kolontsaina ? Izay no tena nodinihiko voalohany izany. Dia hovaliako ato
anatin'ity izany ilay izy, fa izay izany no nipetraka voalohany, nahatonga ahy hitarika ilay
fandinihana. Dia avy aho izany nanoratra amin'izay hoe : ny kolontsaina dia fitambarana kasinga
na éléments : kasinga roa lehibe mandrafitra ny maha-izy azy ny olona. Dia ilay maha-izy azy ny
olona io, hazavaiko any amin'ny farany, fa mbola tsy mazava angamba. Izay maha-izy azy ny
olona izay mitatra eo anivon'ny fiarahamonina, satria ilay olona miaina ao anatin'ny
fiarahamonina. Mitatra amin'ny faritra misy ilay olona, ary avy eo mitatra eo anivon'ny firenena
mihitsy. Satria ny olona tsirairay no mandrafitra ny firenena izany. Io kasinga voalohany io dia
ny toetra ara-boajanahary : izany hoe avy ao anatin'ilay olona mihitsy izany, toetra ara-
boajanaharin'ilay olona izany, indrindra ny haren-tsaina ananan'ilay olona sy ny fahalemeny. Ny
kasinga faharoa, ny avy aty ivelany, eo izany ilay fanabeazana azony tamin'ny voalohany
tamin'ny ray aman-dreniny, ny fanabeazana azony teo amin'ny fiarahamonina, ny sekoly izay
nianarany, ny fomba amam-panao, sy ny fomban-drazana, ny haino aman-jery, ary indrindra
indrindra ho antsika malagasy ny finoana. Miankina be dia be amin'ny finoana koa izany ny
antsika malagasy ny kolontsaina. Arak'izany, ny olona tsirairay dia efa samy manana ny
kolontsaina ao anatiny ao. Na izany aza, na dia samy manana ny kolontsaina tsirairay aza ny
olona, dia misy kolontsaina maromaro iraisany. Izany hoe : kolontsaina maromaro izany no
itovizan'ny olona, na eo anivon'ny fiarahamonina, indrindra indrindra ny foko, ny faritra na ny
firenena. Ohatra : samihafa ny fomba itondrana ny kolontsaina, misy maha-samihafa azy kely,
ohatra, ny kolontsaina eto Antananarivo sy ny kolontsaina any Tamatave, satria ny antony, ilay
fomban-drazana izany somary misy maha-samihafa azy kely, kanefa eo amin'ny tany malagasy
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ihany. Izany hoe miovaova izany ilay kolontsaina, arakaraka ny faritra, na fiarahamonina, na
firenena moa izany mazava ho azy. Noho izany dia mety ho tsara na mety ho ratsy ny vokatra
ateraky ny kolontsaina, arakaraka ny vokatra entiny amin'ny fiarahamonina. Ohatra : raha ilay
kolontsaina ka mitondra fandrosoana ho an'ny isam-batan'olona, na ho an'ny fiarahamonina, na
ho an'ny faritra, na ho an'ny firenena, dia mitondra vokatra tsara izy. Raha ohatra kosa ka
mifanohitra amin'izay, dia miteraka voka-dratsy. Dia iverenako kely ny hoe : maha-izy azy ny
olona. Ahoana izany hoe ilay maha-izy azy ny olona. Ohatra vitsivitsy ihany no noraisiko
tamin'izy. Ohatra anankiroa ihany no noraisiko tamin'iny : ny hoe maha-izy azy ny olona, ny
tomba fijery na fandinihana zavatra anankiray, ohatra izany ny fomba fijerin'ny malagasy ny atao
hoe Andriamanitra, dia izaho moa tsy niara-niaina tamin'ny malagasy tany aloha tany, fa ny oha-
pitenenana izay navela sy ny ohabolana izay navelany no holazaiko eto. Ohatra hoe : aza ny
lohasaha mangina no jerena, fa Andriamanitra ao an-tampon'ny loha. Teo koa ny fomba
fijerin'ny malagasy ny fomba fiainana : mamy ny miaina, ny aina lahitokana, sns. Fomba
fijerin'ny razana ny oha-pitenenana hoe : ambony fipetraka, fa ambany fijery, dia avy eo ny
fiaraha-miaina, izany hoe ny fiarahamonina mihitsy (...). Fomba fijery sy fandinihana toe-javatra
iray, dia ilay ohabolana noraisiko teo. Ny faharoa, ny fahaiza-miaina eo anivon'ny
fiarahamonina, satria zava-dehibe ho an'ny malagasy ilay fahaiza-miaina eo anivon'ny
fiarahamonina. Ohatra ny ohabolana-pitenenana amin'izany dia hoe : aleo halan'andriana, toy
izay halam-bahoaka. Izay izany ny ohatra anankiroa lehibe noraisiko, dia ilay maha-izy azy ny
olona, izay nolazaiko tamin'ny voalohany.
Jean/ Ho ahy izany, mikasika ny atao hoe kolontsaina, dia tonga dia nadikako amin'ny teny ngeza
be hoe izany kolontsaina izany, notenenin'ny madame tatsy moa hoe fikolokoloana, dia matetika
ny zavatra kolokoloina toy ireny dia apetraka toy ny hoe : harena izany. Ka ho ahy ny famaritana
napetrako ny kolontsaina, dia haren-tsaina izany ho an'ny malagasy, ary ho antsika io, zavatra
tena mampihavaka antsika malagasy, izany hoe : tena maha-izy antsika, tsy itovizantsika amin'ny
hafa. Izay no maha-haren-tsaina azy, ny foto-pisainantsika. Ka ny fahitako an'ireo izany, ny
fahitana azy hatramin'izay, ary mbola tazana hatramin'izao fotoana izao ity haren-tsaina ity, na
ity kolontsaina ity, dia niorim-paka tamin'ilay hoe : fihavanana malagasy : fihavanana, firaisan-
kina, ary na mbola misy zavatra ataontsika, na dia amin'izao vaninandro ankehitriny izao àry, eny
na dia indraindray aza tsy dia mandeha amin'ny laoniny loatra ny rafi-piaraha-monina, dia mety
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hoe havan-dry-anona iny... fihavanana izay. Resaka fihavanana izay, izay no teneniko hoe ao
anatin'ny kolontsaina ilay izy. Sanatria misy tsy mety dia hoe : havan-dra-anona, fa mety moa dia
hoe havanay ireny. Dia ankoatr'io ny firaisankina amin'izay atao, dia misy ny firaisankina ihany
koa, dia apetrako ao anatiny ao miaraka amin'ilay misy ny antsoina hoe toa fitiavan-tanindrazana
izany. Io koa karazana kolontsaina, fa io tsy itovizantsika amin'ny vahiny mihitsy, ary maha saro-
piaro antsika raha ohatra misy voakasika ny tanintsika, dia napetrako ao anatiny ilay izy. Raha
vahavahana tsikelikely izany ireo zavatra ireo, dia teo amin'ny lafiny fiarahamonina amin'ny
ankapobeny izany, raha raisintsika ohatra ireo fianakaviana sy ny ankohonany, dia ao anatin'ny
kolontsaina, ary mbola hita mirakitra mandraka ankehitriny koa ny fahitana azy taloha, izay lasa
izay hoe : ny lahy no lohan'ny vavy. Na dia tokony efa hiova aza izay toe-tsaina eo amin'izay
lafiny izay, dia efa toe-tsaina raiki-tampisaka (...). Raha ohatra amintsika eto amin'ny Centre
sarotra (...) ny vehivavy mikabary (...) fa ity rafitra tao anatin'ny hoe kolontsaina, dia eo ihany
koa ilay lafiny iray hoe (...) : fanajana ny zokiolona, dia mbola apetraka. Vokatr'ireo zavatra
ireo, dia lasa tsy haiko na kolontsaina na inona fa lasa tary an-jorony tary ny zaza amam-
behivavy. Ity lafiny anankiray ity tonga dia miditra any amin'ny système préventif. Somary misy
mifanohitra kely satria lasa hadinodino kely ny ankizy eo araka ny fiheverako azy. Matetika
rehefa mikorana ny lehibe, dia eo ny (...) fa ny ankizy ary ê ! Io aty ilay izy ê ! Dia eo amin'ny
lafin'ny mpiray tanàna, tsapako hoe ao anatin'ny fiarahamonina misy ny mpiray tanàna, misy ny
mpiray vodirindrina, trano atsimo sy avaratra. Dia avy eo misy ny fehim-pihavanana, arakaraka
izay zavatra miseho amin'ny lafim-piarahamonina. Io no haren-tsaintsika, ary na dia atao hoe :
olona vao mipetraka amin'ny tanàna kelikely na (...) dia misy fehim-pihavanana. Raha misy
zavatra manjô, aoriana, dia ohatra izany : ny tsy mandry mihitsy ny saina, lasa manatona foana
ily izy. Io izany amin'ny ankapobeny no lafi-piarahamonina. Ny mety ho endrik'ity hoe :
zokiolona ity fotsiny amin'izao hoe rafi-piainana, kolontsaina lasa kolon-tsaintsika amin'izao
fotoana izao dia napetraka indray izany ohatra ireo hoe ankoatry ny efa maha-hoe zokiolona, ny
lohalaharana, dia mitana ny toeran'ity zokiolona ity koa ankehitriny izany ny vokatry ny
fandrosoana, ny avara-pianarana, mahay, lasa toa ray aman-dreny be. Ny laibany eo amin'ny
tanàna, izany hoe ny mpanan-karena, dia mahazo toerana toy ny zokiolona izy, ny mpitondra
fivavahana, lasa kolontsaintsika nolovaina (...) lasa ray aman-dreny izy. Hiditra eo amin'ny
lafiny ara-pinoana, dia ny malagasy tena olona tena mino mihitsy, ary isika mety mieritreritra hoe
ahoana moa : misy olona tsy mivavaka mihitsy, matahotra an'Andriamanitra izy, miantso
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an'Andriamanitra hoe : maty aho Andriamanitra, nefa tsy miditra ao amin'ny fiangonana, midika
fa manam-pinoana, kolontsaina izay, mino an'Andriamanitra. Dia ankoatra ireo, tsy maharitra
izy, fa kolontsainy iray, dia mino an'Andriamanitra izy ho ataony Andriamanitra hita maso, satria
tsy tazana, ity izany ilay antsoina hoe sampy, noheveriko hoe kolontsaina. Io moa endriky ny
iinoana, finoana kristianina. Misy mampitovitovy ihany hoe : ny sapile misy sampy ihany fa
nasiana le fotsiny (rires). Misy tena manaja ilay sampy izany, fa mety mahatsara ny lafi-
piarahamonina, kolontsaina io, dia ireo karazana... ity finoana ity kolontsaina ho azy. Manana
fanantenana be izy amin'ity finoana ity, rehefa nomena sampy anankiray na vato anankiray aza
izy, hosorany menaka iny avy eo satria heveriny fa manome hery azy, itokisany. Ity no mbola
ilazako hoe : manam-pinoana ny malagasy. Dia ankehitriny moa izany tsy misakana ireo ilay izy
fa misy ny fivoarana, dia tonga ny fivavahana kristianina, malalaka ny fivavahana amin'izao,
mbola ilazako hoe ao anatin'ny kolontsaintsika mihitsy hoe : tena manam-pinoana isika. Eo
amin'ny fomba amam-panao : mandala ny nentin-drazana, mbola tazonintsika ny kolontsaina
nentin-drazana ankehitriny, na dia eo aza ny soratra sy ny mariazy, raha tsy mandefa vodiondry,
sahirana be mihitsy. Ny kolontsaina, fanajana ny ray aman-dreny, ary tsy maintsy atao. Eo ihany
koa moa, notenenina teo ny famadihana, efa mety civilisé ho an'ny sasany, ohatra fonosina any
amin'ny toerana any ny razana, fa aty an-trano izy no manao ny tantana, dia fomban-drazana,
misy fomba amam-panao (...), ny famorana, ny joro, ny fandroana sy ny sisa... mbola zavatra ao
anatiny io, dia amin'ny fomba amam-panao ihany koa, tafiditra ao anatiny : ny fanajana sy
fatahorana ny fady, ny tsiny sy ny tody. Dia mbola mety vokatry ny finoana ihany koa angamba.
Dia avelako hatreo ny amin'iny, fa hiditra amin'ny lafiny ara-panabeazana. Ny fanabeazana dia
kolontsaina malagasy hitako, ny azy ny fiarahamonina nisy ny sekoly voalohany tamin'ny ntaolo,
dia nisy oha-pitenenana moa hoe : ny soa fianatra. Tany Fianarantsoa tany ity zavatra ity ; dia
mbola tafiditra ihany koa aza manenjika ny randrana tsy manendrika ny tena, io karazana sekoly
nijerena azy. Dia ao anatiny ny hoe : tsy ny tany no fady, fa ny vavam-bahoaka. Io dia
fanamafisana hoe ny fiarahamonina no sekoly. Dia amin'ny lafiny ara-panabeazana ankoatra ireo,
miainga ihany koa avy amin'ny oha-piainana omen'ny ray aman-dreny ity kolontsaina ity.
Matetika ankehitriny, na ny ankizy aza mbola miainga amin'izay atoron'ny ray aman-dreny. Fa
napetrany kely fotsiny hoe izay adala no toa an-drainy, Ny feon-drainy, feon-janany, sns... ny
fomba fanabeazana, ity anankiray ity fomba fanabeazana, efa notenenin'i Hery teo fa lazaiko ilay
izy satria, noheveriko hoe irony système préventif irony ny ohabolana, na ankamantatra, na
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angano, sns... dia tafiditra ao anatiny. Dia notenenin'i Jacques teo, mikasika ny hoe mamy ny
miaina, sns... ity heveriko ihany koa fa mifandray betsaka amin'ny système préventif indray
satria manome lanja ny ankizy, handimby aty aoriana, dia ankapobeny izay izany ny zavatra
azoko lazaina, raha fintinina ankapobeny izany ilay izy, dia ny système préventif sy ny
kolontsaina, tonga dia ampifandraisiko, ohatra ny hoe heveriko hoe mifandray ihany, mitovy fa
ny zavatra tsikaritro kely fotsiny tsy misy teo amin'ny ntaolo malagasy, dia ny ilay atao hoe
assistance izany. Izany hoe ny fanarahana akaiky, fa isika manana fitokisana fa tonga dia
alefantsika any ny ankizy, na ny zavatra atao fa tsy dia misy fanaraha-maso, fa ankapobeny azo
ampifandraisina tsara izy...
Solofo/ Alohan'ny handraisan'i monsieur Louis fitenenana, dia manazava kely amintsika vetivety
fotsiny aho hoe : rehefa vita ny tour de table ataontsika, dia misy pause kely.
Louis/ Eo amin'ny resaka hoe kolontsaina no dinihintsika eto moa, ary efa saika voalazalaza
daholo ny ankapoben'ilay izy, nefa na izany aza, na tsy izany, izaho koa mbola manana ny
hevitro (rires), ka ny hevitro momba io kolontsaina io dia ny niandohany aloha angamba no
hojereko voalohany indrindra. Ny niandohan'ireo kolontsaina dia ireo razambe teo aloha, izany
hoe ny razana efa tsy hitantsika maso aloha, no vao niandohan'izy io, ary ny nahatonga azy, tsy
namaky boky aho fa misy olona efa antitrantitra ireny mba nifampiresaka tamiko, dia nanazava
tamiko izy. Ka nahatonga azy nanao ireny kolontsaina ireny, ny ankabeazany fa tsy hoe izy
rehetra akory, dia zavatra nihatra tamin'ilay olona aloha voalohany indrindra hoe nihatra
tamin'ny fiainany izany, ohatra hoe ny ohabolana, dia misy koa ara-pianakaviana koa ilay izy, tao
amin'ny fianakaviana iray koa nisy zavatra nihatra taminy, na ohatra ilay notenenin'i Hery hoe :
zava-maneno, dia nisy zavatra nataony tao, dia te-handihy be izy nefa tsy misy zava-maneno.
Mandihy tsy amin'aponga, anefa ilay izy. Dia nitady hevitra izy izany hoe : inona no mba hatao
mba hahazoantsika mifaly bebe kokoa noho ilay mandihy amin'izao ? dia namorona izy. Nisy
taloha ny amponga fandrotrarana, amponga tany, izany nampiasaina daholo taloha. Miankina
amin'ny fikarohana izany. Izany hoe : ireo razana teo aloha izany dia nikaroka, nampiasa saina.
Madame Monique moa efa nanazava ilay izy hoe kolontsaina izany, dia ilay saina no
kolokoloina. Mikolokolo izany dia mikaroka, nikaroka izay izy dia nahita, dia aty aoriana, eo
amin'ny mpiara-belona izany ilay izy, dia nisy koa ny (...), satria raha hanome ohatra anankiray
>i
aho izao, ary na ilay olona niteny an'izany aza... ary lasa fiteny ilay izy : nahita olona mamo izy,
dia nitsitra tery amin'ny arabe, ramatoa efa antitra izy, fa mbola velona izy izao, dia hoy izy :
aleo mihomehy, toy izay mitomany, dia lasa fiteny izany ilay izy satria nahita ilay olona mamo
izy, dia nihomehezany izany ilay olona, fa tsy azo hitomaniana satria mbola tsy maty. Matetika
inantsy ny ranomaso tena mirotsaka be dia be dia eo amin'ny fahoriana. Ny tena ankabetsahan'ny
ranomaso aloha dia eo amin'ny fahoriana. Dia izay dia lasa kolontsaina izany ilay izy hoe aleo
mihomehy, toy izay mitomany, izany hoe manao ohatra isaky ny zavatra miseho izany, zavatra
rehetrarehetra miseho dia manome ohatra foana ilay olona izany. Ohatra ny hoe raha malina,
mifehy hazo tokana. Hazo anankiray ve azo fatorana fa izany hoe noho ny fahamalinany izany,
matahotra izy, dia nafatony ihany ilay hazo, dia lasa kolontsaina, lasa ohabolana foana ilay
zavatra atao rehetrarehetra. Izay izany no fandinihako ilay hoe kolontsaina, fa ny famaritana moa
dia mbola eo am-pitadiavana azy hatramin'izao.
Solofo/ Ho anay indray izany, ny famaritana amin'ny iantsoan'i monsieur Louis teo, mbola tsy
hitako hoe : faritana ohatra ny ahoana ny kolontsaina malagasy, fa misy hasinkasiny kelikely
madinidinika izay nojereko, dia ny resaka, ny teny izany, na fomba fiteny, dia eo koa ny rafi-
piarahamonina. Ireo anankiroa ireo sy ny finoana. Ny teny izany, izay tafiditra ao anatin'ny hoe
kolontsaina malagasy, dia anisan'ny mampiavaka ny malagasy izy io. Mampiavaka ny malagasy,
tsy amin'ny resaka hoe teny ara-voambolana sy ny teny... fotsiny, fa ny hoe arakaraka ny
haben'ny ao amin'ny fo no avoakan'ny vava. Izany hoe ny malagasy izany rehefa miteny, ary
anisan'ny kolontsaina ngeza be izany, dia miteny avy amin'ny fo. Izay izany : kolontsaina
malagasy ngeza be izay. Rehefa miteny dia avy ao amin'ny fo. Dia eo izany ilay
fahasamihafan'ilay fitenenana fa izay no tena hitako hoe mampiavaka ny kolontsaina malagasy
anankiray. Dia eo amin'ny lafim-piarahamonina indray koa izany no nahitako ny hoe : efa
tamin'ny nisian'ny hoe malagasy ny malagasy izany, no efa nisy ny rafitra tao anatin'ny
fiarahamonina. Rafitra hitantsika ny hoe : ny sokajin'olona isan-karazany, ny hoe ny zokiolona,
araka ilay efa notenenintsika teo, dia misy koa ny hoe ireo rafitra tsy hita maso : Andriamanitra
sy ny razana. Ireny izany tafiditra tao anatiny, fa rehefa avy eo, ireo tena hoe ny kolontsaina,
noeritreretina ho kolontsaina malagasy, araka ny nandikako azy, dia niova, niova, nampiova azy
ngeza be araka ny fandinihako noho ny fahatongavan'ny fivavahana kristianina, sy ny
colonisation. Izany hoe tao anatin'ny fahatongavan'ny fivavahana kristianina izany no nampiova
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an'ilay noeritreretina hoe, ilay arak'ilay voatanisantsika teo hoe : kolontsaina tena malagasy.
Anisan'izany ohatra ny fanafoanana tsikelikely ny rafi-piarahamonina, tao anatin'ny kristianisma
izany. Anisan'ny nofoanana tamin'izany ny fanekena hoe ny razana dia tsy anisan'ny ao amin'ny
rafi-piarahamonina tsy hita maso intsony tao anatin'ny kolontsaina malagasy. Ilay
fahatongavan'ny kristianisma izany izay. Ny fanilikilihany ny hoe : ny finoana ny razana,
anisan'izay koa izay simba tao anatin'ny kristianisma ihany koa ny fihavanana, izay
noeritreretintsika ho fihavanana tamin'ilay fihavanana ara-pototra, dia simba tao anatin'ilay
kristianisma, anisan'izany ohatra ny kolontsaina ngeza be teo amin'ny malagasy, ny resaka hoe :
lova tsy mifindra, fitazonana fihavanana izany. Fa rehefa tonga ny kristianisma dia nandà an'izay
lova tsy mifindra izay izy, lova tsy mifindra moa dia hoe havana ihany no vady, no mpivady. Dia
izay izany dia rava tao anatin'ny kristianisma, dia nanjary nampisaratsaraka ny fihavanana teo
amin'ny malagasy. Anisan'ny nampisaratsaraka moa ny fahasamihafan'ny finoana niditra : ny
finoana katolika, ny finoana protestant, ny ataontsika hoe : ny protestant, na ny nentin'ny
norvégiens izany, na ny luthériens na ny réformateurs, dia izay koa izany anisan'ny nampiova
ilay kolontsaina malagasy, nanefy indray kolontsaina vaovao, tsy araka ilay kolontsaina taloha
intsony, fa nanefy kolontsaina vaovao indray ny kristianisma dia rehefa nitatra tsikelikely, dia
amin'izao fotoana izao dia mandinika indray aho hoe mbola hiova indray ny toe-tsaina malagasy
hoentin'ny mondialisation. Izany hoe mipetraka eo ambonin'ilay mondialisation indray ilay efa
kolontsaina novain'ny kristianisma, dia hiova indray eo ambonin'ny kolontsaina hoentin'ny
mondialisation. Anisan'izany ny kolontsaina, araka ny nieritreretako azy, dia kolontsaina
miankina amin'ny ara-materialy, kolontsaina ara-materialy, izay manomboka hitantsika
amin'izao fotoana izao. Dia lasa niova arakaraka izay. Miteny an'ilay hoe kolontsaina ara-
materialy aho, dia ohatra hoe : tefen'ny haino aman-jery izao ny toe-tsaina, ny toe-tsaina
malagasy. Taloha raha nahamenatra, na dia ny nataontsika hoe, tsy fantatro... ny misolo akanjo
eo imason'ny anabavy na anadahy, dia amin'izao fotoana izao nentin'ny kolontsaina ara-
materialy, dia tsy misy olana mihitsy izany zavatra rehetrarehetra izany.
Olivier/ Efa betsaka ny voalaza, nefa manana hotenenina ihany, ary indraindray misy ohatra ny
areti-mifindra kely mitovitovy amin'ny tetsy aloha ilay izy. Izaho tsy mbola manana famaritana
ohatra an'i monsieur Solofo, fa mbola eo am-pamaritana azy aho, satria manahirana amin'ny
kolontsaina izany. Sain'olombelona izany, sain'olombelona lehibe dia lehibe, tsy mbola manana
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i'amaritana aho. Zavatra tsotra kely fotsiny àry, ohatra hoe : inona no atao hoe maçonnerie ?
Sarotra ho anay no mbola manao izany définition izany, indrindra moa ilay hoe inona no atao hoe
kolontsaina ? Tena mbola eo am-pikarohana aho, izay no isaorako, nisian'ity fikarohana ity,
satria ity fikarohana ity no hahafahana mamaritra azy. Miala tsiny fa somary lavalava kely
angamba. Resaka kolontsaina izany aloha dia hofakafakaina, hojerena aloha araka izay takatry ny
saiko, araka izay fomba fijeriko izany. Izaho tsy hanao hoe, araka ny fijerin-drànona, na rànona,
fa ny fomba fahitako azy fotsiny, nandinidinika aho nandritra izay andro vitsivitsy izay hoe :
manao ahoana ny kolontsaina malagasy ? Ny kolontsaina aloha dia zavatra iainana andavanandro,
na isika velona rehetra izao dia miaina amin'ny kolontsaina daholo, fa ny tsy fantatro fotsiny
hoe : kolontsaina ohatra ny inona, kolontsaina avy aiza, ary kolontsaina tahaka ny ahoana, fa
zavatra iainana an-davan'andro, izany hoe zavatra mamolavola ny olona isan'andro isan'andro
izy io. Fa raha hijery manokana ny kolontsaina malagasy isika, satria système préventif no
dinihintsika, dia resaka kolontsaina malagasy, dia hijery kely ny kolontsaina malagasy
hatramin'izay nisy teo aloha sy hatramin'izao aho izany. Ny kolontsaina malagasy dia misy
itovizany manerana ny Nosy, misy maha-samihafa azy manerana ny Nosy. Ny itovizany aloha
moa araka ny fantatra, dia ny finoana an'Andriamanitra, dia manerana ny Nosy izay, hatrany
atsimo ka hatrany avaratra, mino an'Andriamanitra, manana finoana na dia ankoatra
an'Andriamanitra aza. Manana finoana iraisana ny malagasy manerana ny Nosy izay, dia ny teny
koa azo lazaina hoe : iray ny fototeny izany, azo lazaina hoe iray ny fototeny, na dia tsy
mifankahazo ihany, na dia sahirana be aza aho mihaino ny tenin-dry zareo ao afovoany-atsimo,
faritra atsimo amin'ny afovoamboany ao, sahirana be izaho mihaino azy, kanefa azoko ihany, dia
azo lazaina hoe misy itambarany ihany izany, dia misy maha-samihafa azy koa ny kolontsaina,
satria hoy aho hoe zava-misy iainana andavanandro izy io, arakaraka ny morontsiraka sy
afovoan-tany, dia misy maha-samihafa azy koa arakaraka ny tanan-dehibe sy ambanivohitra dia
misy maha-samihafa azy koa ny amorontsiraka sy afovoantany, ambanivohitra sy ny renivohitra,
tanàna lehibe sy ny tanàn-tsalasalany, misy ny tena ambanivohitra, sy mbola misy ny tena anaty
ala aza hatramin'izao, samihafa daholo izay. Dia eo koa ny atsimo sy avaratra, ny andrefana sy
ny atsinanana. Misy maha-samihafa azy koa ny toe-tsaina fa ny lafy tsarany lehibe indrindra
aloha, dia ny finoana an'Andriamanitra, izay mora nahatafidiran'ny finoana kristianina, i
monsieur Solofo, mino aho fa isika rehetra eto kristianina daholo, tsy misy tsy kristianina,
kristianina daholo na dia hoe tsy mitovy tanteraka aza ny tena maha-kristianina. Ny finoana
VI
mantsy, fa tsy ny hoe maha-kristianina, dia kristianina daholo, dia mazava ho azy, manana ny
anjara toerana lehibe ilay finoana an'Andriamanitra, tafiditra mora foana ny finoana kristianina,
dia mety hino koa aho, mety ho tafiditra mora ihany ny système préventif, satria ilay fotony telo
lehibe hoe : religion, raison, amorevolezza mety ho tafiditra ihany koa. Iny izany no tena zavatra
positive teo amin'ilay kolontsaina malagasy izay iny. Dia miala tsiny aho mba hiresaka kely ny
lafy ratsiny eo amin'ilay finoana. Ny tena araka ny voateniko teny am-boalohany hoe mino,
manana finoana be dia be ny malagasy, indrindra fa voarakitra ao anaty kolontsaina izay, fa ny
tena ohatra ny manahirana ny saiko amin'izao fotoana izao, fisainako ho ahy samirery ity, fa tsy
hiarahako amin'ny olona : ilay finoanoam-poana no betsaka, ary mbola mety ao anatin'ilay
minomino foana ny tenako, sao dia heverinareo manala tena aho, satria izao no itenenako an'izay,
dia ity : nisy resaka ambony tamboho izy ity, tsy resaka ambony tamboho (?), fa resaka entre
samy bandy izany: dia ny dahalo, hono, rehefa manafika izany any amin'ny faritra menabe any,
atsimo-andrefana any, dia... tamy... avy eny amin'ny tendrombohitra izy, no nitsotsorika avy
eny amin'ilay tanàna, dia sady manompa no niteny ratsy, no manao poa-basy, no nitoraka pilotra
sady miambozona ilay mohara izany, dia rava mandositra daholo ilay tanàna. Mbola tsy nisy
olona voa, tsy mbola nisy naratra, tsy misy na inona na inona fa ilay teny ratsy sy ilay poa-basy
sy toraka pilotra fotsiny, dia efa lasa, avy eo dia tonga dia alainy fotsiny dia robainy fotsiny ny
entana. Dia izaho tamin'izay, tsy fantatro fa hevitra sendra tonga tao an-tsaiko fotsiny, nefa
mampametra-panontaniana ahy, izay hevitra izay dia tonga tao an-tsaiko hoe : ilay olona tafihina
daholo eo an-tanàna izany, be finoana amin'ny fanafody kokoa noho ilay dahalo mampiasa
fanafody, azonareo izany ?
Intervenants/ Eny.
Olivier/ Mitondra mohara be izy hoe ity zavatra ity tsy haiko, nalainy taiza, nalainy taiza, ao
anatin'ny kolontsaina no nangalàna an'io ! Dia hoe ity raha vao tonga ao an-tanàna ka mibetroka
indray mandeha, sady manompa no manao poa-basy. Tera-kovitra daholo ny olona dia mitsoaka,
ilay olona eo an-tanàna, raha vao miainga any ny dahalo ka mivoaka ny poa-basy sy... iny ilay
mohara be iny, raha vao mipoaka ny basy sy mitifitra ny pilotra izy dia tonga dia mangovitra,
malemy, torana mihitsy, izay ! Betsaka izany ilay finoan'ny olona tafihana an'ilay moharan'ny
dahalo, noho ny finoan'ilay dahalo ny mohara entiny, azonareo izany ? Dia izay lafiny izay no
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lafy ratsin'ilay finoana eto amin'ny kolontsaina malagasy. Zavatra iray anisan'ny noresahin'i
mompera Lorenzo, salezianina tonga voalohany teto amin'i Clairvaux, niasa voalohany teto. Dia
nisy hazo iray voan'ny varatra teo am-pitan'ny tranon'i madame Louise teo mihitsy ilay izy, dia
tamin'izay izy tranon'i monsieur Philippe tamin'izay, dia mompera Lorenzo, ohatra ny fanao
amin'izao fotoana izao hoe : ao anatin'ny ho an'ny primaire izany, dia ao anatin'ny amin'ny
efatra ka hatramin'ny dimy, ny ekipa primaire no manao fanadiovana izay malotoloto eny,
tamin'izay kirihitra, tena kirihitra be mihitsy dia nanala, dia nisy hazo voan'ny varatra dia hoe
alaina, mompera Lorenzo izany niteny hoe : alaina atao kitay ireo. Avy amin'izay ny ankizy :
mompera â ! mompera â ! Ny ankizy matoky an'i mompera, mompera namana akaiky, mompera,
tsy azo ampirehetina, tsy mety... izao izao... dia mompera, izao hoy izy, tsy tonga dia manohitra
avy hatrany ilay izy aho fa andao fa hapetrapetrantsika ary izany. Nahodiko, hoy izy, ilay hevitra,
tsy tonga dia nitsipaka ilay hevitra, ilay finoan'ilay ankizy, na ilay fisainan'ilay ankizy, fa
nahodinkodiko teo ilay hevitra, dia farany ilay kitay izany tafiditra nifangaro ho azy tany an-
dakozia ihany, lany ihany ilay izy dia tsy dia nisy na inona loatra angamba (rires) dia finoanoam-
poana ohatra izay, dia na izaho koa aza anefa tsy afaka niala aho, fa mbola misy fotoana,
indraindray aho mila hanamarika ilay izy an-tsoratra hoe : teto aho voan'ny finoanoam-poana,
teto aho voan'ny finoanom-poana, fa mbola tsy tsikaritro, fa na izaho koa àry mbola nisy an'io
finoanoam-poana io, matetika tsy afaka tanteraka, fa izaho izany efa mba niezaka ihany hoe :
hiala amin'io satria efa entin'ilay hoe ity no zavatra mety, ity zavatra mety, dia miezaka hiala
amin'io aho ka eo amin'ilay tanora beazintsika indrindra indrindra, mbola azo lazaina moa izao
hoe ny salezianina no mitondra ilay système préventif, misy tenin'i monsieur Hery, misy resaka
an-jorony aorian'ny événement na aorian'ny fivoriana satria ilay zavatra entin'ny salezianina
indraindray tsy mahadinika loatra ilay hoe : malagasy anie ka misy an'ilay finoana, tsy ilay
finoana kristianina ohatra ny azy ihany fa misy an'ilay finoana an'Andriamanitra andriananahary,
ilay finoanoam-poana mbola ao, ary ny malagasy rehefa miresaka, dia miresaka amin'ny fo, ka
izaho izao ohatra, miresaka amin'ny fo, dia avy eo mompera mamaly ahy par raison ohatra, dia
tezitra aho na malahelo aho dia mety hiteny mafy be aho, kanefa ny azy par raison no itenenany
azy, izaho miteny mafy be satria izaho efa niteny taminy foana, nefa mbola novalian'i mompera
ihany ilay izy hoe : efa mba tamin'ny foko no nanaovako azy dia tezitra indraindray. Dia ilay tsy
misara-mianakavy koa, io anisan'ny zavatra manahirana be ao amin'ny Centre, izany hoe : izao
eo ho eo ihany, fa taloha tena anisan'ny nanahirana, ilay ankizy nalaina avy ary hoe tsy misara-
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mianakavy, marina fa ny sasany tsy tena teo amin'ny fianakaviany no nalaina nankaty amin'ny
Centre, na naterina taty amin'ny Centre, fa rehefa tonga taty izy dia ilay malahelo ê ! ilay namany
ê ! Ilay namany tany, dia ilay fianakaviany, ilay alahelo ê ! sns, dia nahatonga antsika ho sahirana
eo amin'ny ilay fanabeazana sy ny sahala amin'izany, ny fanabeazana ataontsika, dia ireo izay,
no tena ohatra ny jereko hoe lafiny tsaran'ilay finoana malagasy mora ampidirana ny finoana
kristianina izy fa ny lafy ratsiny, dia ilay finoanoam-poana, ilay tsy misara-mianakavy, ireo no
tena manahirana be amin'ilay izy. Dia ilay fahatakaran'ilay, azo lazaina hoe, ny salezianina, izay
lazaina spécialiste amin'ny système préventif, ilay tsy fahatakarany tsara ilay finoana sy ilay fo,
fo malagasy izany, tsy mbola takatry ry zareo mihitsy, zavatra mazava be izao ohatra, mijery
fotsiny izao isika, ohatra mompera Salvatore tonga izao, be dia be ny ouah, ouah etsy sy eroa,
ahoana koa àry izany ? Ahoana koa àry izany ? Fa ny mahagaga an'ilay izy, tsy afaka
mifampiresaka amin'i mompera Salvatore izany hoe : mompera ohatra izao ange no tena
fandehany, ohatra izao no hevitro, tsy afaka, fa izy koa mbola tsy fantatro tsy hainy tsara ny teny
gasy, dia vao miteny fotsiny izy izany dia lasa resaka an-jorony ilay izy, ka raha amintsika, ilay
miresaka amin'ny fo dia tsy afaka manao dialogue tsara isika, dia izay no tena manahirana
amin'ilay izy, ka io raha vao tsy afaka mifampiresaka tsara koa dia mety hisy hipoaka, ohatra
ilay... père Charles saika nipoaka indray mandeha iny koa, raha izao no mitohy. Izay angamba no
azoko lazaina.
Diego/ ... izaho mieritreritra fa compliqué, tsy fantatro, satria ny fotoana mandalo, mino aho fa
ianareo reraka, satria efa nisy fety tamin'ny maraina, tsy fantatro na mbola vita ny famaritana,
satria tsy tokony manao haingana koa, na par exemple ohatra koa, manao pause kely, avy eo...
satria mety ny famaritana sarotra ho vita, fa mety misy zavatra sasantsasany... toy
caractéristique, ny endriky ny fomba malagasy soratantsika, zavatra dimy, enina ohatra misy teny
hoe mitantara ilay fomba amam-panao par exemple manao zavatra ankapobe, io tazonina ho
androany, ny hafa ho an'ny manaraka hodinihintsika, tsy fantatra, na tsy voatery, na ajanona toy
izany ? Tohizantsika ny resaka amin'ny manaraka ?
Solofo/ Ny fotoana tokoa mandeha, reraky ny fety fa mieritreritra aho hoe : raha ohatra manao
pause dia tohizana kely satria noeritreretina moa hoe adiny roa izany ilay zavatra hataontsika,
satria nanomboka tamin'ny roa, dia izany hoe amin'ny efatra eo ho eo, dia manao pause kely
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isika satria, araka ny hevitro izany, nieritreritra aho hoe mbola tsy hamaritra isika hoe inona
marina moa no atao hoe : kolontsaina, fa te-hijery aho izany, hoe misy ohatra ity taratasy
ilaintsika ity mantsy, izany hoe à partir de Clairvaux dia ny zavatra dinihina izany. Dia ohatra
izao isika nahita en général hoe ilay kolontsaina dia mieritreritra aho hoe : azontsika atao ve hoe
mamaritra na mijery kely tsotsotra hoe ohatra ny ahoana ny kolontsaina hitantsika ao amin'i
Clairvaux (...).
Pause
Solofo/ Miverina izany isika amin'ilay hoe kolontsaina ihany, fa somary hakelezintsika indray
izany ilay sehatra hamaritantsika ilay hoe kolontsaina sy hamakafakantsika ilay hoe kolontsaina
dia ilay sehatra Clairvaux izany, ny sehatra Clairvaux no hamaritantsika indray hoe manao
ahoana indray àry ny hoe kolontsaina hitantsika na hoe : kolontsaina mivoitra ao amin'i
Clairvaux, tsy hataontsika tour de table be indray ity... fa izay manana hevitra dia manangan-
tanana dia miteny hoe izao no fahitako azy. Monsieur Jean.
Jean/ Tonga dia ny kolontsaina ato amin'i Clairvaux : ny zavatra tsikaritro, haingana be ilay izy.
Raha ho antsika samy mpiara-miasa dia ohatra ny hoe kolontsaina ho antsika dia samy ohatra ny
fianakaviana, fianakaviana par secteur, ohatra izany raha resaka agro-élevage raha heveriko
mifanakaiky be ry zareo, raha vao amin'ny atelier dia efa ry zareo samy atelier, secteur internat
dia efa internat, sns, izany. Raha mankaty amin'ny ankizy koa aho dia samy mitàna ny faritra
misy azy ireo ankizy ireo, ohatra hoe iray Centre izy, Centre Fenomanana, ankizin'i Tanjombato,
mandeha, mitsitokotoko araka ny secteur niaviany avy any angamba no ilazàna azy. Izany no
zavatra tsikaritro, azoko valiana haingana koa.
Solofo/ Monsieur Arthur.
Arthur/ Ny fahitako azy indray, ny kolontsain'i Clairvaux, ankoatr'izay voalazan'i monsieur Jean
izay dia tena manana ny mampiavaka azy manokana, ohatra : fety izao dia tafiditra ao anatin'ny
kolontsain'i Clairvaux ilay tsy misara-mianakavy, ahoana moa ity tsy misara-mianakavy ? I
Clairvaux rehefa hoe misy ny fety dia miaraka ao daholo ny sokajy rehetra rehetra (...), tsy an-
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kanavaka, azonareo angamba ny tiako hotenenina amin'ny hoe sokajy rehetra tsy an-kanavaka,
kanefa kosa, na hoe samy sahirana any, dia samihafa be ilay kolontsain'i Clairvaux, ohatra
fotsiny ny ato amin'dry masera, raha vao misy izany fety izany, dia tsy ao ilay tsy misara-
mianakavy ohatra ny antsika izay. Izay dia efa mampiavaka azy izay.
Marie/ Ny hitako sy ohatra ny hoe dradradradràina tato amintsika sy niainana hatramin'ny izay
dia ny hoe fianakaviana ny mpiara-miasa sy ny ankizy ao amin'ny Centre Notre Dame de
Clairvaux, ekena ary marina dia marina izay, tonga dia misy ratsy kely tazako izany nefa ao
anatin'ilay izy. Manana ray aman-dreny isika ohatra hoe mompera, ny communauté nefa
niatetika raha sendra misy zavatra midona amintsika na amin'ny namantsika, ohatra fahoriana dia
sarotra dia sarotra amintsika ny mangataka amin'ny pretra izany sy ny communauté izany hoe :
andeha izahay handevina ohatra, na handeha, asa mety sao dia hoe noho ny hoe : sao dia bory
karama aho ? Mitranga izay fotoana izay sao dia mba bory karama aho, sa ahoana ? Ny tsapako
amin'ny ankizy anefa koa amin'izao iny aloha azo hoe leferina ihany satria rehefa asa dia asa.
Azontsika ialana koa anefa izay hoe zavatra tsy mety izay. Isika nametrahana ilay hoe chef
angamba no tokony handrindra ilay tahotra, heveriko hoe tahotra ilay izy, tahotra ilay
fifaneraserana akaiky amin'ny lehibentsika, dia ny hitako amin'ny fifandraisana izay amin'ny
ankizy : isika sy ny mpanabe sy ny ankizy rehetra, ohatra ny hoe mifankahazo am-po,
mifankahazo am-po raha misy, indrindra indrindra, raha misy olana ilay ankizy. Manana
hitarainana foana izany ireo ankizintsika ireo. Isika koa manana itarainana amin'ny mpiara-miasa
amintsika. Mpiara-miasa amintsika hoy aho satria raha tsy mifankahazoazo amintsika i Hery,
mifankatia tsara amin'i Monique aho, raha tsy mahazoazo an'i Jean aho, mifankatia tsara amin'i
Louise aho. Izany hoe isika izany tsy mandeha irery, tsy miasa irery, ao amin'i Clairvaux na
olana ara-pianakaviana ity, na olana ara-bola, na olana ara-panabeazana, na olana arak'asa, dia
mahay mifameno, izay aloha tena hitako, izaho tsy mbola niasa tany ivelany fa mahita ambiance
aho ato, tamana aho, tamana aho satria mahita ambiance. Fa ho an'izay niasa tany ivelany, tsy
fantatro ! Asa mety mahita lafy ratsiny izy, na mahita lafy tsarany. Izany hoe isika izany manam-
paharetana kokoa raha miasa ao amin'i Clairvaux, manana faharetana amin'ny... misy patience
amin'ny zava-drehetra izay misy, na misy zavatra mahasosotra amin'ny rànona (?), misy zavatra
mahasosotra, mora milefitra isika, satria ohatra notezaina tao anatin'ny fitiavana, notezaina tao
anatin'ny fitiavana, dia mora milefitra kokoa sy hoe atao amin'ny sofintsika foana hoe : isika
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raha te-hamindra fitiavana amin'ny ankizintsika isika, isika izany no manam-pitiavana
voalohany, dia mora ny mamindra ilay fïtiavana amin'ny ankizy. Raha ohatra isika tsy manam-
pitiavana, dia sarotra amintsika ny mitia ny ankizy indrindra indrindra fantatsika fa ny ankizy
mahantra, ny ankizy maditra, ny ankizy sarotra fehezina, ankizy na... ohatra hoe : nampijalian'ny
ray aman-dreniny, sns... Dia mompera moa io miteny foana hoe : rehefa mivory ny primaire no
tena mitranga ilay izy hoe : ianareo, hoy izy, no heverin'ireo ankizy ireo ho renin'ireo ankizy ireo
ka ny zavatra nihatra tamin'ireo ankizy ireo hitany tany amin'ny ray aman-dreniny, na nataon'ny
ray aman-dreniny azy, dia averiny atao aminareo. Raha miteny ratsy ny reniny tany aminy dia
miverina, ka tena tsapa aloha izany, tena tsapa, tena tsapa mihitsy, dia rehefa mahatsiaro an'izay
ianao, dia hoe tena marina tokoa izany, eee dia ity ankizy ity izany dia toy izao, na tokony ho
izao, no hitondrana azy, dia ianao izany manitsy tsikelikely tsikelikely ilay fomba fitaizanao
an'ilay ankizinao ao amin'ny ilay fianarana. Satria izy manana ny maha-izy azy izy, nanana ny
kolontsaina nentiny avy any an-tanàna izy, dia rehefa tonga ao dia arafitra ho afaka miara-monina
amin'ny olona ilay zaza, ho en sécurité kokoa ao amin'ilay Centre, izany angamba aloha no tiako
hambara.
Louise/ Ny kolontsaina hitako amin'i Clairvaux izany dia miseho amin'ny alalan'ilay
fanabeazana, indrindra indrindra izany amintsika ilay tanora. Matetika ilay tanora tonga ao, isika
tsy dia manontany hoe manao ahoana ny fombanao ? Ahoana izay niaviany tany ? Isika matetika
tsy nijery an'izay, fa ilay fanabeazana iraisantsika omena azy, no lasa mamaritra ilay kolontsaina
ao amin'i Clairvaux, izay aloha izany dia hita izay, ohatra hoe : miseho indrindra indrindra
voalohany amin'ny alàlan'ny finoana, finoana an'Andriamanitra, isika manabe ilay ankizy, efa
nino an'Andriamanitra izy ireo, isika tsy manontany azy hoe : efa nino an'Andriamanitra izy ireo
sa tsia, satria isika mandray ankizy ao amin'i Clairvaux tsy miankina amin'ny alàlan' ny finoana,
na ankizy silamo, na protestants io, fa raisina izy, fa anjarantsika ao no mbola manamafy orina
izay finoana an'Andriamanitra izay. Dia miseho koa izany izay amin'ny fanabeazana koa iainany
ao anatin'ny fianakaviany, dia manamarina iny tenin'i monsieur Jean izany hoe : hita mihitsy ao
amin'ny Centre misy fiforonana fianakaviana maromaro izany amin'ny alàlan'ny ohatra hoe
atelier. Hita hoe mahazo aina kokoa ilay ankizy, amin'ny ohatra hoe ao amin'ny fer dia misy
rohim-pihavanana kokoa, dia tsy haiko ohatra hoe amin'ny agro, ohatra ny hoe hafa mihitsy ilay
ambiance, hoe ankizy tafarako samy any amin'ny agro tafidina tany ambany, fa ny indro kely
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izany, ohatra indrindra any amin'ny agro, dia mbola ao ilay toe-tsaina, ilay finoanoam-poana,
ohatra hoe hatramin'izao, mampanao pratique anao ny ankizy hoe mikitika soavaly, indrindra
tonga koa ny osy, lasa misy disadisa be amin'ny fanabeazana satria hoe ao ilay finoana izany hoe
tsy azo iompiana soavaly aty Ivato, tsy azo andalovanan'ny osy aty Ivato, nefa mampiditra osy sy
soavaly. Misy ankizy tena ampanaovinao pratique izany, indrindra mandray ilay tongotr'ilay
soavaly. Mino aho, izany hoe : misy koa tahotra, avy amin'ilay ankizy mihitsy, handray ilay
tongotr'ilay soavaly, fa misy ankizy milaza mihitsy hoe : sao aho dia handray an'io dia hidiran-
doza eo izy amin'ny ilay hoe : fady io ! Dia mbola atao ihany. Dia sarotra be izany ny manabe
ilay ankizy amin'izay efa tafiditra amin'ilay finoanoam-poana izay. Izany no hitako manokana
any aminay.
Olivier/ Ny kolontsaina eo amin'i Clairvaux dia kolontsaina azoko lazaina ho lehibe teo izany,
dia ireto no zavatra tsapako : na olona tao amin'ny communauté salezianina, na mpiasa mpiara-
miasa, indrindra indrindra eo amin'ilay mpanabe, mpampianatra sy mpanabe izany, dia na tao
amin'ny communauté, na tao amin'ny mpanabe mpampianatra mpanabe amin'ilay internes, izay
mpanabe rehetra tena manao ilay asa tamin'ny fony, ka mandray tsara, na ataontsika hoe : tsy
nahatanteraka ilay système préventif aza, fa mankafy an'ilay izy, dia niaina tamin'ilay izy, dia
tamàna, ary saika tsy nahafoy an'i Clairvaux; fa tena latsa-dranomaso nivoaka tao, ary alahelo
lehibe no nialany tao, na dia noho ny adidy samihafa tsy maintsy niandraiketany aza. Ny
nahatsapako voalohany an'izany dia tamin'i père Claudio no nandeha voalohany, hatao hoe
directeur nandeha voalohany, na dia teo ihany aza ny directeur hafa, ny mpanampy azy hafa
mantsy fa tsy hoe directeur hafa, miraiki-po izany, miraiki-po amin'ilay Clairvaux mihitsy ilay
olona raha vao mankafy ilay izy, dia izay izany kolontsaina iray lehibe ananan'i Clairvaux, izany
hoe : izay niditra ankitsi-po, ka nanao ilay asa am-pitiavana, ka nifangaro marina tamin'ireo
tanora sy ireo ankizy beazina dia raikitra, dia tena tsy nahita intsony ilay hoe : endriky ny karama
fa tena ilay asa, ilay fiainana fanabeazana mihitsy no tena niainany dia zavatra tsapa foana izay,
ary izay no nahatonga ny kabarin'i monsieur Liva hoe : izahay eto amin'i Clairvaux efa zatra
nilaozan'ny olo-malala. Ilay olona mankafy an'ilay fanabeazana koa dia mahita ilay namany, na
mpiara miasa aminy izany na salezianina, lasa... dia... misy voadona kely any anaty any,
voadona mihitsy hoe lasa indray ity ary ao izany no ahitana ilay esprit de famille, notenenin'ny
sasany taminareo teo, fa tsy voatanisako na iza na iza, dia eo amin' ilay resaka kolontsaina hoe :
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izahay samy avy ary an'anona izahay samy avy ary an'anona, ny secteur zao, secteur zatsy ; ny
classe koa ary dia efa ahitana an'io, malagasy tsy misara-mianakavy ity, voateny teo aloha izany,
mbola hita ao amin'i Clairvaux izay hoe, ohatra, ny anay bâtiment première année, sy ny
deuxième année sy ny orientation, dia manavaka hoe ity ny ramosénay, ramosénay, ramosénay na
ny ankizy samy ankizy izahay, asanay ity. Fa misy lafy tsarany izany ilay izy hoe raha ohatra ilay
izy ka hanatsarana ilay asa, hampandrosoana ilay ankizy eo amin'ny fanabeazana, sy hanaovany
asa tsara dia tena mety dia mety mihitsy. Fa indraindray ilay izy mitarika fifanolanana, mitarika
fifamaliana, indraindray ary mitarika ady, hitantsika tamin'ny herintaona ilay hoe : kilasy mandry
sy kilasy mody, ilay resaka ady sipa taty ivelany dia saika tafiditra tato anatiny, vokatr'ilay hoe
nipianakavy kely, mpianakavy etsy sy eroa dia manjary miady, ka ny lafy tsaran'io izany dia hita
ilay maha-fianakaviana ny fianakaviana fa indraindray ilay izy miteraka ady anatiny ao ihany.
Izay angamba aloha no azoko tenenina.
Louise/ Misy hadinoko kely, ny tena mampiavaka indrindra koa angamba an'i Clairvaux, dia ilay
toe-tsaina, azo lazaina toe-tsain'ilay système préventif, iny dia mampiavaka antsika iny. Ka ny
nanaporofo izay na ny fanabeazantsika ilay tanora fotsiny, ary matoa izy nomentsika fianarana
dia mba ho tafita ao amin'ny fiainany, izany hoe : manana avenir manokana izy. Izay dia
mifandraika indrindra izany amin'ilay toe-tsaina malagasy; mba hahatonga azy tsy ho sahirana
any aoriana, ilay ohabolana hoe : tanora ratsy fihary, antitra vao ratsy laoka. Ny asantsika izany
dia manabe ilay ankizy ho amin'izay, indrindra na efa tafavoaka aza ilay ankizy, efa miasa,
mbola manabe ihany. Tsy eo amin'ilay fampianarana intsony fa ilay mba hikolokoloany ilay
asany. Izay izany no hitako hoe mampiavaka ihany koa ilay toe-tsaina Clairvaux.
Jean/ Zavatra hitako ao izany, tokony ngeza be ihany koa, miainga amin'ity mpiaramiasa ity dia
isika amin'ny ankapobeny, efa mieritreritra toy ny fianakaviana iray, dia ny fiainantsika, tsy toy
ny any amin'ny orinasa, fa ataoko hoe, ny tiako tenenina... mahafantatra ny kileman'ny hafa
isika anatin'ny toeram-piasana ary io lasa tsy sakana amin'ny asantsika, ohatra hoe : izaho
mahafantatra ny kileman'i madame atsy na madame aroa, lasa toa hery mampandeha ny asantsika
izay zavatra izay, ary io lasa haren-tsaina alain'ny ankizy tahaka ihany koa, satria ho an'ny
ankizy, tsapantsika tsara fa lasa tsy manavakavaka izy, raisintsika na amin'ireny hoe na misy
kilemaina ara-batana ireny mihitsy amin'ny Centre, tsy misy complexe mihitsy, fa tonga dia
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rniray be, vokatry ny asantsika sy ilay fampisehoantsika hoe tsy misy fifampijerena arina an-tava
na fifosana fahasamihafana fahafahana, fa mifandray tsara. Izay no heveriko hoe kolontsaina
ngeza be ao anatiny.
Monique/ Ny anay izany, ny kolontsaina dia ezaka izany, amin'ny famaritana feno avy aty
amiko. Ny kolontsaina, dia fitambaran'ny zavatra rehetra nokolokoloin'ny sain'ny salezianina, ny
mpanabe ary ny ankizy ato Clairvaux, izay mikatsaka ny soa ho an'ny betsaka, ny soa ho an'ny
('entre. Hita ao amin'ny Centre ny kolontsaina mifanome fitiavana. Apetrako tsara ilay tsofoka if.
Kolontsaina mifanome fitiavana, kolontsaina mifanabe, satria hitantsika raha misy directeur
miala ho an'izay tranainy, lazainy fa isika indray no manabe azy. Directeur no misy miteny
an'izany hoe : nobeazina, mifanabe, mety isika koa beazin'ny ankizy; mety ny ankizy koa
manabe antsika.
Kolontsaina ity moa no tokony hoteneniko voalohany, izany hoe kolontsaina mino
an'Andriamanitra, manaja an'i masina Maria; manahaka an'i Don Bosco, kolontsaintsika izay.
Te-hanahaka an'i Don Bosco isika amin'ny fomba fanabeazana ny tsirairay dia ao, hoy aho, ilay
hoe : mifanome fitiavana, mifanabe, ilay misy tsofoka if daholo, mifanampy. Kolontsaina araka
ny tenenin'ny namany teo dia ampiako hoe tena mandala ilay soatoavina malagasy isika; ilay
firaisan-kina, ilay fihavanana, dia ilay fifanajana. Ohatra hoe : raha misy fikatsahana ny soa ho
an'ny tanora, ny ho avin'ny tanora, soa ho an'ny Centre, dia efa eo izay.
Ka eo rehefa mivory isika any amin'ny évaluation, tsy misy fanapahan-kevitra raikitra aloha fa
misalasala eo, raha misy ankizy iray roahina, tsy roahina, atao ahoana, sa... Dia eo no ahitana
ilay kolontsaina, ilay... misy ny soatoavina malagasy ; ilay fihavanana, manaiky ny directeur
isika izay tompon'ny teny farany. Manaiky izay daholo isika dia ilay fanajana koa; manaja ilay
antanantohatra, ohatra hoe directeur, any amin'ny économe ianareo miresaka an'izao dia misy ny
secteur sns. Izay izany ny zavatra azoko lazaina, mikorontana ihany ny filazako azy fa tsy
manam-potoana aho izay mi-redigé azy fa ohatra izay no fahitako azy, raha nakambakambako teo
ilay izy.
Hery/ Raha ny momba ny kolontsaina Clairvaux manokana, ny zavatra tsapako izany dia eo izany
no ahitana ny fifangaroan'ilay kolontsaina malagasy sy ilay kolontsaina na ataontsika hoe tsy
kolontsaina angamba ilay izy, fa ilay système préventif an'i Don Bosco. Rehefa hitako ilay izy,
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dia ilay fifangaroana tena mavesa-danja eo, dia ilay fitiavana sy fihenoan'ny fitiavana, ary
manjaka ny fitiavana eo amin'i Clairvaux izany, ary tsapako fa raha vao tsy misy fitiavana izany
ao amin'i Clairvaux dia tsy tamana, ary izaho mahita fa raha vao ny olona miala tsiny, mety ho
anisany aho, fa mbola tamana tsara izao aho, raha vao ohatra izany manana esprit tsy misy
fitiavana ao amin'io asa io dia tsy tafavoaka mihitsy. Izaho somary efa nahita asa hafa izany,
natao tany amin'ny madame Marie fa hafa mihitsy izany ny zavatra iainana eny noho ny iainana
ao amin'i Clairvaux izany. Ka raha vao tsy misy fitiavana izany dia tsy tafavoaka mihitsy.
Indraindray anefa ohatra ny maha-sadaikatra ihany ilay izy satria, miala tsiny amin'ny salezianina
izany, toa mifangaro ihany indraindray ilay resaka hoe mpampiasa sy mpiasa, dia efa any
antsoina hoe fitiavana sy ny fianakaviana. Ny antony itenenako an'izany, eo amin'ilay
fanabeazana izany, dia matetika ny manaporofo izay izany : miasa amin'ny fo ny mpampianatra
na mpanabe izany, ka raha misy zavatra tadiaviny, na fitiavana io, na zavatra hampandeha ny
asany bebe kokoa dia indraindray toa bloqué ny antsoina hoe économie, na hoe tsotsorina hoe tsy
maika izany, na ohatra izay ilay zavatra mitranga, dia na hodinihana, hany ka ohatra ny
voatohana ihany ilay mpiasa any amin'ilay hambom-po, ilay hoe mampiasa ilay tena hoe : miala
tsiny aho amin'ny teny frantsay, enthousiasme izany, dia teo izy no tavela, dia lasa hoe nanana...
miverina tampoka ilay esprit hoe : hay ve izaho eto ka mpiasa ! Izay izany no ohatra ny hoe
manahirana kely amin'ilay izy. Fa na izany na tsy izany, dia feno ny fifaliana ao amin'i
Clairvaux, ary ny zavatra tiako hotsindrina manokana : tena tsapako foana eo amin'ny mpianatra
izany, amin'ilay fotoana iray tena itantaran'ilay mpianatra anankiray ny tena momba azy, ka
ahatsapana, izao no teneniko, na henoko hoe ny tantaram-piainany, eo aho vao tena latsa-paka,
ary tena ohatra hoe voadona, na hoe, indraindray ohatra nanenina mihitsy amin'ny lafiny maro
aho, ohatra ny te-hanao récupération izany ny zavatra vita. Ny antony mantsy dia izao rehefa
mampianatra ianao dia araka ny teny hoe : soa ho an'ny be sy ny maro no atao, ary tanjona iray
no ao an-tsaina hoe : handefa fampianarana ho an'ny ankizy rehetra, ao anatin'izay, tonga ao an-
tsaina ilay hoe hampianatra, hampianatra dia lasa lavitra be ianao mitady moyen rehetra,
pédagogie izany io, hahatafita ilay fianarana ; ilay izy tsy tafavoaka any amin'ny voalohany hoe :
ity ankizy ity ohatra izao. Indray andro any misy fotoana anankiray, mitantara tampoka aminao
hoe izaho ange ramosé ka ohatra izao no tena fiainako ! Izaho ange ramosé, ka raha tafavoaka eto
dia ny zokiko sy zandriko sy ray aman-dreniko mpanendaka, izay amin'ny anona anona ohatra
izao sy izao... mifoka rongony, tsy te-hiverina any intsony aho, izany no tena antony tsy
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mampahay ahy. Eo vao tonga saina hoe : hay ve ity olona ity ka nanana olana hafa no nahatonga
azy tsy naharay ity hafatra ity ! Eo izany vao toa miverina nanao hoe any miezaka manarina
an'izay zavatra izay, ka mandra-pahatongan'izany zavatra izany matetika no tena hitako fa olana
ho ahy manokana ary mahatonga ahy ho sadaikatra; indrindra amin'izao fety ho an'ny taom-
pianarana. Eo amin'ny orientation indrindra indrindra, mandra-pahitako hoe ohatra izao izany ity
ankizy ity, dia lasa mitandritandrina na amin'ny zavatra hàtao : ampanaovina asa mafy sao dia
mitaraina, na hoe ahoana, na maha-kamokamo azy. Hibedy ianao, tena inona ny problème-n'ity ?
Ianao anefa tsy mahalala mialoha ny tena problème-ny, fa tena manombatombana hatrany fotsiny
ianao. Lasa ohatra izay zany ilay izy. Izay izany no midika fa tsy maintsy zavatra amin'ny fo no
anaovana ny asa, dia mifanakalo amin'ilay fitiavana any ny ankizy koa amin'ny fotoana
itantarany aminao iny. Amin'iny izy no miantomboka matoky bebe kokoa anao, ary manomboka
amin'ny izy, dia izay zavatra asainao ataony dia vitany avokoa na inona na inona.
Jacques/ Efa be dia be angamba ilay zavatra positif voalazantsika teo, fa hiteny kely vetivety
fotsiny aho. Ho anay ny fahitako ny Centre. Ny Centre izany dia efa manana ny culture-ny. Izany
hoe isika miara-miasa amin'ny salezianina, efa maro ny culture-ny mipetraka, ny système
préventif izay mifanindran-dalana akaiky amin'ny evanjely, izay aloha izany zavatra efa
mipetraka izay. Tonga ny ankizy, mandray ankizy vao vao, manana culture-ny izy avy any an-
tranony. Dia eo amin'izany somary hitako, somary lafiny ataontsika hoe (face / facina ?), mba
tsy ilazako hoe côté négatif izany, dia isika nandray ilay ankizy avy eo ny tenin'i madame Louise
teo tiako horaisina, horaisina hoe... hamafisiko tsara hoe... isika mandray ilay ankizy finoana
hafa, na fomba samy hafa, dia matetika isika efa manana ny fombafombantsika eto amin'ny
Centre, manana ny fomba... fomba amam-panaon'ny Centre, ny tradition, ny organisation, sns...
dia ny ankizy tonga avy any, tonga dia miditra ao anatin'ilay organisation, miditra tsikelikely
izany ao anatin'ny organisation. Izany hoe ilay fomba amam-panaon'ilay ankizy rehetra tany
ivelan'ny Centre, tamin'ny mbola tsy tonga teto amin'ny Centre caché, karazan'ny ohatra ny hoe
tsy maty, fa lasa ohatra ny hoe caché fotsiny (...) camouflé, fa izy manaraka ilay organisation
misy ao amin'ny Centre sy ny kolontsaina ao amin'ny Centre. Misy fotoana amin'izay ary
ipoahan'ny ilay kolontsaina iny, dia eo ilay problème izany ao, ka izao no tiako hotsipihina
amin'izay zavatra izay zany, raha mba misy organisation-ntsika indray hoe, ahoana àry no fomba
fijerentsika, tsy fantatro izay fomba hoe hijerentsika : ahoana ny fomba hahafantarana misimisy
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kokoa ? Izany hoe an'ilay ankizy mba ahafahana manabe azy akaikikaiky kokoa. Tsy hoe
hanaraka ny kolontsain'ny Centre ihany fa mba ho resy lahatra izy amin'ny farany, mba tena
hahazo ilay fanabeazana. Dia avy eo raha mandinika isika rehefa lasa maintimolaly ilay ankizy
dia misy manomboka miverina... misy tena azo lazaina hoe... be dia be izany no very ilay
kolontsain'ny Centre fa miverina tamin'ilay kolontsaina taloha izy. Misy indray nampian'ilay
fotoana nijanonany tao amin'ny Centre dia tena nahazo ilay kolontsaina tao amin'ny Centre dia
ilay ankizy tafavoaka ireny (...). Izay izany fanamarinana kely fotsiny dia avy eo momba ilay
climat amin'ny Centre, io no tena zava-dehibe, izaho tena mahafantatra, satria mba niresadresaka
ihany, tsy holazaiko hoe iza na iza, misy mpiasa ohatra te-hiala izy, kanefa noho ny fisiany climat
familial fotsiny, climat familial amin'ny resaka asa, sns, tsy afaka miala ilay olona ; ity anisan'ny
antony anankiray izay zavatra izay, tsy mahafoy ny Centre izany na dia marina ary hoe samy
mahafantatra isika, fa sarotra, nefa noho io climat familial io dia mijanona ao amin'ny Centre ilay
olona. Izay no tena tiako homarihina.
Solofo/ Araka izay moa izany, dia hatreo aloha no hamaranantsika an'iny, izany hoe manana teny
iraim-bava fotsiny aho mikasika ilay kolontsaina Clairvaux iny fotsiny hoe ny fomba fahitako azy
izany, ny kolontsaina Clairvaux dia raha ny ankehitriny izao no hitantsika dia mifamatotra be dia
be amin'ny système préventif, dia ao amin'ny fifamatorana amin'ny système préventif io, araka
ilay efa notenenin'i monsieur Jacques azy teo, ny fandinihana azy izany, izany hoe ny tanora
manana ny kolontsaina maha-izy azy dia tonga ao amin'i Clairvaux, dia fieritreretako azy indray,
dia tsy hoe caché akory ilay kolontsaina fa manjary lasa, ilay tanora izany lasa soumission, raha
izay no azo ilazàna azy amin'ny zavatra atao na ny mpiara-miasa ihany koa aza indraindray dia
tafiditra ao anatin'izay, antsoiko hoe soumis izay. Tsy tena afaka mivelatra amin'ny maha-izy azy
mba ahafahana manao ilay fanabeazana, ilay hoe éducation, ilay ohatra hoe ny famoahana avy ao
anaty, dia iny no kolokoloina izany, fa indraindray lasa soumission satria efa canalisé amin'ny
ilay zavatra misy ao amin'ny Centre. Dia ohatra izay, kanefa na izany na tsy izany, izaho kosa
mahita zavatra iray izay tena hitako hoe ngeza be ao anatin'ny kolontsain'ny Centre, ny resaka
finoana, ny fahalalahan'ny finoana ao amin'ny Centre. Isika mieritreritra hoe, misy tokoa ny
tanora, manana ny finoana izy avy any, tonga aty amin'ny Centre izy dia hoe (...) fa misy miova,
arakaraka izay, izany hoe miova miova ny finoany izy, lasa katolika izy, fa misy kosa mijanona
amin'ny finoany taloha ihany hoe protestant izy, dia protestant ihany, mivoaka avao, tsy misy
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faneriterena kanefa na izany na tsy izany, dia kolontsaina ngeza be ny finoana ao amin'ny Centre.
Mahita isika, marina fa manabe isika hoe mivavaka, sns, fa mahita isika araka ilay voalaza
aninkeo iny hoe : misy tanora, na dia tsy maro aza, na ataontsika hoe vitsy aza, tena vontom-
pinoana ao amin'ny Centre ohatra hoe : izy mahafoy tena mivavaka, tsy amin'ny fotoana
ieritreretan'ny Centre hivavahany...
Monique/ mbola tsy voatokana akory (?).
Solofo/ le, ohatra izay, ary tsy teo amin'ny lagrôty ihany fa maro izany ny zavatra hitantsika
ohatra an'izany.
Eny àry dia misaotra antsika rehetra izany tamin'izay zavatra izay, fa ohatra ny hoe te-hangalatra
ora kely aho, tsy fantatro na azo atao ihany ny hoe, satria moa dingana voalohany ilay
fivoriantsika nataontsika androany, dia te-hanotany ihany koa aho hoe : ahoana ny fomba fiasa ?
Ilay nametrahan'i mompera ahy hoe izaho ve no directeur-n'ity fivoriana ity ? Dia manao ahoana
ny hetsika, tsy mitsara ahy fa mitsara ilay méthode sy ny zavatra nataontsika teo.
Diego/ Tsy tokony hatahotra ianareo raha te-hanao critique momba ny salezianina, sns, izaho tsy
vexé satria ity dia asa fikarohana ... sarotra ny manao mahitsy, fa aza matahotra, satria asako ity
zavatra ity, na raha misy anaran'olona azo atao fa avy eo tsy mivoaka ny anarana anatin'ny
compte-rendu (...) satria araka ny nolazain'i monsieur Solofo, (...) amin'ny manaraka izy no
mitarika ny fivoriana ; na mety hisy koa mbola hitarika fa azon'olon-kafa, atao.
(Commentaires)
Olivier/ Ny hevitro izany, aleo aloha, mbola izy ihany amin'ny manaraka, fa amin'ny heriny
indray isika mifidy vaovao.
Monique/ Tsy hoe mifidy, fa raha misy olona anankiray te-hanao dia ao indray (...) satria izy dia
karazana formation koa. Raha hitanao fa ilainao, dia mba mianatra ianao fa aleo aloha izy no
hanao, mety izany sa tsy mety ?
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Intervenants/ Eny.
Jacques/ Ny continuité-n'ilay zavatra nataontsika androany manko mbola tsy voafatotrantsika
tanteraka... ilay... inonailay...
Diego/ Ataontsika fepetra deux fois.
Intervenants/ A, arakaraka, atao malalaka mihitsy.
Diego/ Amin'ny manaraka ?
Intervenants/ Mbola izy ihany ?
Diego/ Tsy fantatro, ianareo mamaky ny zavatra rehetra ? Alefako ny compte-rendu rehetra ? Na
manao résumé aho. Izaho mieritreritra ny compte-rendu complet, fa mety be dia be tsy fantatro
raha ianareo manana fotoana hamakiana, fa halefako complet ary avy eo...
Olivier/ Fa rahoviana ny fivoriana manaraka ?
Diego/ Fa mbola hofîdina ny daty.
Donc, omeko complet.
Monique/ Ahoana ilay compte rendu ? Aleo aloha tapaka tsara ny hanaovantsika azy.
Diego/ Complet sa tsy complet ?
Monique/ Aleo résumé satria misy hevitra miverimberina.
Diego/ Donc j'envoie le résumé, fa raha misy te-hamaky ny complet hapetrako copie anankiray
ao amin'ny secrétaire. Ok.
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(Rires et commentaires)
Diego/ Amin'ny manaraka mbola miresaka momba ity zavatra ity, fa angamba mbola tokony
hovana kely ilay programa satria izaho mieritreritra manao par partie, fa ny zavatra hitako, ny
zavatra mandeha boribory, ataontsika amin'ny fombanareo boribory, fa ny asako, asiana resaka
amin'ny toerana tokony hisy an'izany.
Amin'ny manaraka izaho manao proposition satria, mivoaka zavatra maro io resahintsika indray,
io dinihintsika indray, fa par ordre. Fa ny resaka manaraka mikasika ny système préventif,
voalohany mbola miverina momba ny zavatra nataontsika, fa avy eo tokony hitady famaritana
momba ny système préventif fa tsy ilay resaka ankapobeny satria androany efa manomboka
mivoaka, ao Clairvaux, système préventif ao Clairvaux. Miangavy anareo, raha manam-potoana
ianareo, tsara raha mamaky ny boky momba ny système préventif nosoratan'i Don Bosco, na
tsara raha mijery ny taratasy momba ny formation rehetra azonareo nanomboka ny taona deux
mille raha tsy diso.
Momba ny kolontsaina, mbola afaka miverina kely isika, fa izaho manomana un dossier, amin'ny
ity dossier ity misy ny définition momba ny kolontsaina ankapobeny, eran'izao tontolo izao.
Misy définition momba ny kolontsaina malagasy, misy définition-n'ny kolontsaina ao anatin'ny
fiangonana, araka ny hevitry ny fiangonana. Misy définition momba ny kolontsaina, eo amin'ny
fiangonana eto Madagasikara, misy ny zavatra rehetra. Raha te ho vakinareo, dia lasa formation
ho anareo. La prochaine réunion, izaho... efa fantatrareo fa handeha ho any andafy aho. Izaho
manao proposition ity, Alarobia treize octobre raha azo atao, raha azo atao amin'ny iray sy
sasany, mety ?
Olivier/ Ilay amin'ny iray sy sasany mompera, raha misy fivoriana amin'i Clairvaux ?
Diego/ Efa niresaka tamin'ny frera. Ok.
Dia ny manaraka raha tsy misy problème, angamba amin'ny alakamisy vingt-quatre, vingt-cinq
octobre raha tsy misy problème, fa tsy mbola sûr, hariva amin'ny cinq raha mety ho anareo.
Dimy latsaka kely (...).
L'autre serait, raha azo atao alakamisy vingt-sept octobre à dix-sept heures latsaka kely ok, avy
eo mandritra ny roa volana tsy miova intsony hatramin'ny décembre. Treize et vingt-sept octobre
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(...)• Miala tsiny fa mandalo eto Tanà aho iray andro fotsiny (...), une heure et demie maximum,
fa androany dia voalohany. Efa nolazaiko fa ilay voalohany, mety afovoany mbola misy lavalava
kokoa, ilay farany mbola lavalava kokoa, fa ny hafa izaho miezaka. Manomboka ity, raha vitako
angamba rahampitso na amin'ny alatsinainy manomboka manao interview aho mikasika ny
kolontsaina, mikasika ny fomba fanabeazana salezianina. Izaho manontany raha ianareo tsy
mbola vonona mamaly, raha mbola te-hiandry, tsy voatery mamaly, mbola afaka miandry. Fa
izaho manontany, raha manam-potoana koa aho, raha manam-potoana ianareo. Hiresaka isika
raha azo atao ny interview raha vonona na tsy vonona. Avy eo ny fiovana manaraka, manomboka
ny tatitra madame Marie. Ok, na manao tatitra, miverina momba ny définition, raha misy resaka
tokony hatao, dia avy eo miditra amin'ny sujet mikasika ny système préventif fa angamba izaho
mandray ny zavatra nolazainareo amin'izao satria misy zavatra maro tokony hodinihina. Ok !
Izaho miangavy, zavatra farany, farany dia farany, afatsy raha misy zavatra avy aminareo. Raha
afaka miteny zavatra roa ianareo momba ity fivoriana ity. Mahaliana ity resaka ity (...).
Jean/ Vizana aho (...).
Monique/ Ny ahy, mamporisika ity fivoriana ity.
Jacques/ Ny motivation tena tsara.
Olivier/ Ao tsara, izay fitenenana amin'izao fotoana izao.
Hery/ Ny ahy, fahitako, ohatra hoe, mifantoka amin'ny toe-tsaina iray daholo isika izao, ohatra
hoe mahafinaritra be izany hotohizana, miainga même départ izany isika izao.
Intervenant/ Mampivoatra ny fivoriana.
(Rires et commentaires)
Olivier/ Mbola mieritreritra isika hoe tafavoaka isika sa tsy tafavoaka ? Fa sao dia any amin'ny
farany mety hoe tsy tafavoaka ? Tsy afa-panadinana, tsy tafavoaka ny fikarohana ?
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Diego/ Amin'izao miditra amin'ny lafiny pratique aho, misy ny saran-dalana, omeko anareo
comme ça, tsy misy enveloppe. Miangavy anareo hametraka ny anarana sy ny sonia. Misaotra.
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DEUXIÈME RÉUNION
13 octobre 2004
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.1 Culture malgache Un membre du groupe corrige la définition donnée à la première
rencontre sur la culture, il précise que la culture n'est pas quelque chose héritée au sein de la mère, mais plutôt le fruit de l'éducation.
1.3 Culture Clairvaux La patience est un élément important du système préventif (nouvel élément mentionné par plusieurs participants). Don Bosco était un homme plein d'amour. Question : pourquoi le système préventif est une culture ? Réponse : parce que c'est quelque chose que nous vivons. Le système préventif à Clairvaux est fondamental pour l'existence de Clairvaux. Il est positif. L'assistance peut aussi être exagérée, par exemple lorsque l'assistance devient pénitentiaire, sur-protection ou bien une réponse aux caprices des jeunes. Le système préventif en tant que théorie est clair, mais notre problème c'est sa pratique.
2. Les trois piliers du système préventif 2.1 Religion 2.2 La foi (Jïvavahanà)
La foi est quelque chose à enseigner aux jeunes. (Quelqu'un va encore plus loin en disant) : il ne suffit pas d'enseigner la foi, il faut la vivre fiainana ny fïnoana . Mot employé : fivavahana.
2.2 Amour Le jeune doit savoir qu'il est aimé. Mots employés : amorevolezza, hamamiam-pitiavana. L'éducateur doit aimer les jeunes.
2.3 Raison Le système préventif a besoin de la raison (réflexion, intelligence...). 3. Dimensions du système préventif 3.11 L'assistance Ce qui caractérise l'assistance c'est d'être active et disponible.
Elle doit être comme celle des parents, frères et amis (ray aman-dreny, zoky et sakaiza). Il faut encourager les jeunes. Éduquer signifie animer et surveiller.
3.2 La prévention Définition de la prévention : ensemble d'idées et actions ou responsabilités prises pour préparer avant, pour prévenir les accidents qui peuvent arriver. Il s'agit de tout ce qui peut éviter quelque chose de mauvaise. À cette définition un intervenant ajoute : entina manabe ny lanora
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(qui porte à éduquer les jeunes), puisque sinon l'éducation resterait superficielle. Il faut prévoir ce qui peut arriver. Mots employés : fitsinjovana mialoha, mitsinjo ny androany, izao, ho avy, hisorohana. La prévention, protège les éducateurs et la vie des jeunes. Protège les responsables. Les personnes qui utilisent le système préventif sont des personnes qui sont toujours en train de réfléchir. Quand on utilise le système préventif, on pense à ce qui peut arriver de mauvais, on doute.4
Prévenir à trois sens : mialoha (programmation, préparer avant), mandritra (pendant la réalisation des choses, ici nous touchons l'assistance, l'animation et l'éducation. 11 s'agit d'une présence, avec patience, qui exige du temps), l'après (évaluation). À propos de l'après (ho avy), l'après c'est la vie au ciel, la vie pour toujours. Nous voulons, en fait, sauver l'esprit des jeunes.5
3.3 Un type de regard sur les jeunes
Le regard envers les jeunes doit être positif, plein d'espoir. Il faut connaître l'histoire et le caractère des jeunes, parler avec eux.
3.4 L'éducateur et la vocation
L'éducateur doit être formé. Etre éducateur, c'est un appel de Dieu, une vocation. L'éducateur doit se connaître soi-même, connaître ses capacités, son caractère, ce qu'il aime ou non. L'éducateur doit être un modèle et un conseiller.
4. Sujets particuliers
4.3 Le rapport missionnaires -autochtones
Le problème avec les salésiens n'est pas lié à leur statut de consacrés mais plutôt au fait qu'ils soient étrangers, en fait la relation malgache -étranger est toujours un problème. Dans notre culture, nous sommes toujours d'accord avec le chef, même si au fond nous ne sommes pas d'accord. Cette façon de faire complique les choses.
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ?
Dans la culture malgache, l'adulte n'est pas si proche du jeune, c'est le grand frère qui élève (mitaiza) le plus jeune. L'assistance salésienne ne fonctionne pas selon la culture malgache, puisque le système salésien exige d'être ami du jeune, par exemple pour une personne mariée l'assistance est impossible, elle peut organiser mais pas être amie (une seule intervenante à dit cela). Mais à Clairvaux c'est différent, c'est l'adulte qui éduque. Le problème c'est qu'à Clairvaux il y a trop de jeunes, il faudrait les diviser par groupes de 14 comme dans la tradition malgache, et ensuite donner diverses responsabilités dans le groupe.
4 Ici on voit clairement comme la réflexion avance ou se précise, quelqu'un dit qu'il faut prévoir, un autre ajoute : prévoir aussi les mauvaises choses qui peuvent arriver.
La notion d'esprit en malgache n'a pas la même connotation que dans la culture occidentale, le fanahy est quelque chose qui fait que l'homme soit homme.
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4.6 Le déplacement Le déplacement trop fréquent des salésiens touche les jeunes et les trop fréquent des éducateurs, il y a de grandes conséquences. salésiens Pour ce qui concerne les nouveaux éducateurs ou salésiens, ils portent
un nouveau système et on commence toujours d'acapo. La solution à ce problème ce sont les échanges d'idées entre éducateurs. Question : est-ce dans la règle des salésiens de bouger ainsi de manière imprévue ?
Verbatim
Solofo/ Eny àry ! Hasehoko vetivety aloha izany ny laha dinika, ordre du jour izany, ary
aorian'izay isika dia hiroso tsikelikely amin'ilay ordre du jour izany. Ny hataontsika voalohany,
dia manao karazana partage kely indray isika araka ny mahazatra, partage, izany hoe mikasika ny
hoe : nanao ahoana indray no niainantsika ilay zavatra noresahintsika tamin'ny farany nandritra
ny herinandro ? Izany hoe taorian'ilay isika samy namoaka hevitra momba ny kolontsaina, dia
nanao ahoana ny niainantsika izay nandritra ny herinandro? Ataontsika eo amin'ny roapolo
minitra eo izany izay resaka izay. Izany hoe : roa minitra isaky ny mandray fitenenana izany, raha
lava ilay izy. Dia avy eo faharoa, mihaino ny tatitr'i madame Marie isika mikasika ny
fivoriantsika farany teo mihaino tatitra. Raha misy karazana commentaire kely, dia manao izay
commentaire izay isika, dia ao anatin'izay commentaire izay isika no miditra amin'ny trosième
point amin'ny famaritana tsotsotra ny hoe : système préventif. Définition opérationnelle. Dia io
moa izany no tena somary hibahanantsika amin'ity fivoriana ity. Manana eo amin'ny dimampolo
minitra na adin'iray latsaka kely eo isika amin'izay famaritana ny système préventif izay. Dia
aorian'izay moa ny famehezantsika ohatra ny mahazatra, deux mots pour résumer cette session.
Dia izay izany no hataontsika ao anatin'izao ordre du jour izao. Nezahina izany mba hoe rehefa
miresaka isika, tonga dia mazava be, mahitsy be, ilay tenenintsika, sady miezaka koa isika
mifehy fotoana, nefa mahalaza izay hevitra tiantsika havoaka. Eny àry, dia hanao ilay partage
izany isika izao hoe : nanao ahoana moa izany ilay herinandrontsika tamin'iny lasa iny ?
Marie/ Ny ahy, ny nataoko izany nandritra ny herinandro izao, dia nitady aho aloha hoe...
nandalina bebe kokoa izany ilay hoe ilay fifandraisan'ny culture sy ny système préventif, satria
tamin'ny herinandro ambony isika, efa namariparitra na tsy tena hoe tena bien défini : inona ny
culture ? Dia nandinika ireny dossier ireny aho. Efa mazava amintsika hoe : izao no système
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préventif, dia ny hoe ahoana marina izany ny fifandraisan'izy roa ireo ? Dia nanao analyse-n'izay
izany no nataoko mandritra iny herinandro iny. Ny fanabeazana malagasy sy ny système
préventif. Izay no nataoko mandritra ny herinandro.
Louise/ Mitovy amin'izay an'i madame Marie izay ihany angamba... tamin'ity aho izany somary
nandalindalina kokoa tamin'ny alàlan'ny documents, tamin'ny fivoriana voalohany, niezaka
nandalina tamin'ny saiko manokana. Fa tamin'ny herinandro teo izany nandalina kokoa, nijery
ny formation rehetra, namerina, nandinika lalindalina kokoa ny fiainan'i Don Bosco, dia
nampitaha ilay fomba, ny kolontsaina malagasy, ilay système préventif hoe ahoana no tena
niainan'i Don Bosco, na ny kolontsainan'i Don Bosco ? Nampitaha an'izay izany.
Hery/ Ny anay koa izany mitovitovy amin'izay. Voatery moa, sady nanana fotoana aho
namerenana indray, ny tantaran'i Don Bosco indrindra indrindra, no tena naverina satria izay moa
izany no tena fototr'ilay hoe préventif, ary avy eo dia nanomboka nandinika aloha ny zavatra
niainana tao amin'i Clairvaux izany, nandritra izay, ary avy eo, satria moa isika efa niara-niaina
tamin'ny ankizy, dia efa nanomboka naka partie kely aho izany hoe ahoana moa izany ny
fiainana amin'ny ankizy samy ankizy ato amin'i Clairvaux amin'izao ? Ny fiainan'ny ankizy sy
ny mpampianatra ary ny mpanabe ? Ny mpampianatra moa no tena hitako, izaho izany, ary ny
iiainantsika mpiara-miasa indray izany. Izay no nanaovako ny karazana analyse keliko.
Louis/ Ny zavatra nodinihiko sy noeritreretiko izany nandritra izay fotoana izay, dia eo amin'ny
resaka kolontsaina ao amin'ny Centre, resaka système préventif izany, nanomboka tamin'ny
nahatongavako teto, dia nampitahaiko hatramin'izao izany. Ireo no tena nibahana tamin'ny
fandinihako an'ilay izy, miaraka amin'ilay dossiers nomena ahy, ireto izany no tena nodinihiko
taminy.
Jacques/ Ho ahy angamba aloha, ny zavatra voalohany nataoko dia jery todika ilay zavatra vita
tamin'ny farany ireny. Ilay famaritana ilay kolontsaina malagasy izany. Dia hitako fa misy
somary hevitra diso kely izany nolazaiko tamin'iny, fahadisoan-kevitra izany, fa ny culture,
ny kolontsaina tsy hoe avy any am-bohoka dia efa manana kolontsaina ny olona, fa fanabeazana
azony teo amin'ny fiarahamonina ilay izy. Izay fotsiny no ahitsiko kely, dia avy eo nanomboka
s s
niezaka nanao pratique kely aho tamin'ity herinandro ity, nijery ny kolontsaina tao amin'i
Clairvaux, dia azo lazaina ho henjana ara-pan abeazana izany, rehefa tena misy contact somary
mafanafana, dia avy eo mitohy ilay izy, vao tena miova izany, tena hitanao hoe : ao ilay culture-
n"i Clairvaux rehefa manana ilay faharetana izany ianao. Izay no tiako tenenina amin'ilay
kolontsaina Clairvaux. Ilay faharetana, rehefa tena manana faharetana, dia tena mi-réussir ilay izy
amin'ny farany. Manana faharetana sy mahay mandresy lahatra amin'ny zavatra tokony hatao
izany.
Monique/ Zavatra telo ny ahy no teneniko : voalohany tsy afa-po aho tamin'ny famaritana ilay
hoe kolontsaina, faharoa, niezaka ny hahalala izany ny fomba hoentiko hanaovako ilay
fikarohana miaraka amin'i mompera, indrindra moa ity taratasy ity, somary ohatra ny... tamin'ity
aho izany nandinika, ahoana izany no itondrako ? Fa izao zavatra karazana famintinana nomen'i
mompera. Ahoana izany no fomba hitondrako ilay famaritana ? Inona no hataoko ? Izay izany ny
faharoa. Fahatelo, dia tsy maintsy nanao ilay karazana hoe : devoir aho izany, dia nikaroka ilay
fomba hoentiko hamaritra ilay système préventif, dia nitaratra ny zava-misy teo amin'i Clairvaux.
Jean/ Ho ahy indray, taorian'iny herinandro iny izany dia ohatra ny hoe fahatsapana faharesen-
dahatra izany. Efa resy lahatra ihany aho hatramin'izay, fa tamin'ity ohatra ny nahatsapa
kokoa, resy lahatra betsaka mihitsy amin'ilay fampiasana ilay système préventif. Dia ankoatra io
nampihatra ilay izy ihany koa moa izany izahay, sady nahazo documents, no nikaroka
documents, satria ao anatin'ny nampanaovana formation ny mpanabe miaraka aminay izany, dia
ohatra ny hoe tafahaona ny tia sy ny manina (...).
Arthur/ Ho anay indray izany, raha niainga tamin'ny zava-bitantsika tamin'ny farany, dia eo
aloha ny fampitahana ilay culture izay nataontsika amin'ny zavatra nisy natao tao amin'i
Clairvaux. Dia tamin'ny zavatra nisy koa, natomboka tamin'ny kilasy mody ahy tamin'ity, dia
izay rehetrarehetra izay. Dia nampiana ihany koa ny fandinihana ilay système préventif, dia
mitovy amin'ilay an'i Jacques teo hoe : raha manana faharetana ianao, ahitana vokatra ilay izy.
Olivier/ Izaho izany nandritra iny herinandro iny, ilay avy namariparitra ny kolontsaina amin'ny
ankapobeny sy ny kolontsaina teto amin'i Clairvaux isika teto, dia nandinika ny vokatra azo tao
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amin'i Clairvaux, nanomboka hatramin'ny nahatongavan'ny salezianina teto, indrindra koa moa
isika, nandritra ny faharoapolo taona, dia nandinika hoe : nanao ahoana ny vokatra ? Nisy nuance
kely, izany hoe misy kely manao ohatra izao hoe arakarak'ilay ambiance-n'ilay communauté
éducative, communauté an'ny mpanabe, izay no tiako hotenenina. Misy nuance kely. Fa ilay eo
amin'ny kolontsaina dia izao : Clairvaux tsy afaka mihodina raha vao tsy ny système préventif no
ampiasaina ao. Tonga io dia maty, maty rahampitso io, raha ohatra ka tsy système préventif izany
no ampiasaina ao, ary singaniko manokana dia hoe tsara dia tsara ho an'i Clairvaux ny système
préventif-n'i Don Bosco. Ny hoe système préventif mantsy, mampiasa ihany ny olona sasany, fa
tena raha vao tsy système préventif no ampiasaina ao, dia maty rahampitso i Clairvaux. Dia izay
izany no lafiny, tsapako hoe, nodinihiko tsara mihitsy. Dia nijery kely indray aho anefa teo
amin'ilay resaka maintimolaly izany, satria ny ankizintsika mivoaka avy eto hoe iny no tanjona
kendrena, dia eo aho no ny assistance izany, hitako hoe misy zavatra kely tokony mbola
holanjalanjaintsika, amin'ilay assistance, fa manjary be loatra ilay assistance ataontsika angamba,
na mihoatra loatra ny assistance tokony hataontsika, dia misy tsy voafehy kely izany eo amin'ny
assistance izay no tsapako sy voadiniko.
Solofo/ Ho ahy izany, tamin'iny herinandro iny, dia nahita ihany koa aho tsy fahafaham-po teo
amin'ilay resaka kolontsaina efa nataontsika iny. Anisan'ny tsy nahafa-po ahy ny hoe : rehefa
ilay voalaza teo ny hoe : kolontsaina tena kolontsaina ngeza be ao amin'i Clairvaux io resaka
patience io, hoe tena mila faharetana ny amin'ny fanabeazana ao amin'i Clairvaux, amin'ny
fampiharana ny système préventif. Dia nahita ihany koa aho hoe namaky document aho, dia
natnerina ny fiofanana efa hita hatramin'izay, mikasika ny système préventif dia ao amin'ilay
resaka hoe animation amin'ny récréation io izany no hitako ihany koa ny récréation ao an-tsekoly
sy ny récréation, mandritra ny hoe aorian'ny sakafo, dia nahita aho izany hoe rehefa misy fiovana
assistant, dia misy somary fihemoran'ny animation amin'ny récréation. Io izany hitako ngeza be.
Io izany nampieritreritra ahy hoe : (...) trandrahina koa ve ny hoe fïjerena olona hoe mba mateza
ao anatin'ny assistance ? indrindra indrindra. Izay no tsapako nandritra iny herinandro iny izany,
mikasika ny hoe taorian'ny fïvoriantsika.
Monique/ Efa lasa telo aho izao fa mbola manana anankiroa ihany koa izany. Dia mbola zavatra
niainako tamin'ny herinandro. Sahirana aho, fa ohatra ny fohy ilay fotoana anelanelan'ny
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première réunion sy deuxième réunion izany, dia mahatsiaro somary teritery aho izany mikaroka.
Iny moa efa nolazain'i mompera fa izany hoe lazaina ihany. Faharoa manaraka izay izany, raha
nasaina nanao ilay devoir aho, dia tsy nibahan-toerana tamin'ny lafy tsaran'ny système préventif
aho, fa fantatro fa tsy maintsy ilaina, fa teo amin'ny zavatra tsy mandeha izany no nibahanako
indrindra, nandritra ny nanaovako ny asa fikarohako tamin'ny herinandro.
Solofo/ Misaotra antsika rehetra amin'izay partage izay. Dia miditra aloha isika amin'ny tatitr'i
madame Marie, dia avy eo raha ohatra misy commentaire kely hataontsika aorian'ilay tatitra
izany, mikasika izay tatitra izay hoe teto ilay fanitsiana, na ohatra izao sy izao dia hasiantsika
izay ilay izy.
Marie/ Tatitry ny fihaonana tamin'ny asabotsy deux octobre. Ny toerana izany dia teto,
nanomboka tamin'ny roa latsaka fahatelony hatramin'ny efatra. Dia mpandray anjara, isika
rehetra ireo ihany. Fizotrany : nanao ny fiarahabana izany, dia faharoa : fanendrena ny
mpitantsoratra sy ny mpitarika ny dinidinika, dia tao ny dinidinika natao, dia natao ny
famerenana indray ny tanjon'ny fikarohana. Nofakafakaina ireto lohahevitra ireto : inona no
nanaitra anao raha vao voaantso ho mpandray anjara ianao ? Faharoa, famaritana ankapobeny ny
kolontsaina malagasy ary fahatelo, ireo kolontsaina mivoitra ao amin'i Clairvaux. Voalohany,
fanolorana ny tanjon'ny fikarohana, izay midika hoe fahafahana maneho ny fampifandraisana ny
lafa-pitsinjovana mialoha sy ny kolontsaina malagasy, nataon'i mompera. Faharoa, niditra tao
amin'ny dinidinika. Inona no nanaitra anao raha vao voaantso ianao ? Hafaliana ?
Fankasitrahana? Fahavitrihana ? Fanantenana ? Ary fïezahana fa hiroso lalina amin'ny
fandinihan-tena sy ny fandinihana ny asa, ary ny iïfandraisana amin'ny tanora. Inona no atao
hoe : kolontsaina malagasy ? Niainga tamin'ny ara-tantara ny ankamaroan'ny famaritana, ny
foto-pinoan'ireo razana fahiny, izay nino ny zanahary mpahary, ny fomba amam-panaony, izay
narahin'ny taranany aty aoriana, saingy niova tsikelikely araka ny fandrosoana. Ao koa ny
famaritana avy amin'ny sehatra maro, toy ny teny, ny asam-pamokarana, ny fiarahamonina, ny
finoana, sns. Tsy mbola nisy ny famaritana niraisana, fa tosa-kevitra no natao na brainstorming.
Inona ny kolontsaina nivoitra tao amin'i Notre Dame de Clairvaux ? Teboka dimy no nivoitra
tao : tao ny fiainam-pianakaviana izay hita indrindra isaka ny secteur, tao ny tsy misara-
mianakavy, izay ahitana fa misy rohim-pihavanana ny samy secteur. Fahatelo, tao ny
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fifandraisana akaiky amin'ny olona ao anatin'ny vondrona, ao anatin'ny groupe, ohatra ny
mpiandry iray fiaviana, mifankahazo kokoa. Fahaefatra, fampiharana ny système préventif, enti-
manabe ny tanora, ary fahadimy, fampianarana sy fanabeazana ny finoana. Nozaraina tamin'io
ihany koa ny ampahan'ny saram-panonerana voalohany sy ny dossier sur la culture, natolotra
ihany koa ireo lohahevitra hodinihana amin'ny treize octobre : ny kolontsaina malagasy,
famaritana sy ny lafa-pitsinjovana mialoha ao amin'i Clairvaux. Izay no famintinana.
Inona no tsy ampy ?
Diego/ Ny faharoa, azafady, ny faharoa ?
Marie/ Tsy misara-mianakavy.
Olivier/ Saika hanontaniako kely angamba ilay hoe, tena miaina amin'ny... monsieur Hery
angamba niteny izany, mety tsy voalaza teo, miaina amin'ny finoana ilay kolontsaina na kolom-
panabeazana ao, satria ny salezianina ao anatin'ny fiangonana, isika rehetra kristianina daholo, na
ny ankizy hafa finoana tonga miova finoana ny sasany, manaraka tsara, manaja ilay izy. Ohatra
ny hoe tsy voalaza tsara angamba, na tsy fantatro, na izaho...
Marie/ Fampianarana ny fanabeazana ny finoana.
Olivier/ Ka tsy fampianarana fotsiny ilay izy, fa iainan'ny mpanabe sy ny ankizy mihitsy ilay izy.
Marie/ Anampiako azy izany hoe fiainana ny finoana.
Olivier/ Izay angamba. Tena iainana mihitsy ilay izy, fa tsy hoe ampianarina sy ampitaina
fotsiny.
Jean/ Efa tafiditra ao anatiny ve ilay nolazaiko hoe foana tanteraka ny fanavakavahana izany :
amin'eo ilay tsy misy ankizy sy mpanabe ? Tsy misy hoe kilemaina sy... ao anatin'ny
kolontsain'i Clairvaux.
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Intervenants/ Tsy tafiditra.
Jean/ Satria tena hitako ngeza be, mampandeha ny... tsy manavaka mihitsy na finoana, tsy
mampisy ny fahasamihafana, tsy haiko... Foana izany.
Intervenants/ Foana izany.
Jean/ Lasa harena ny fahasamihafana...
Intervenants/ Tsy misara-mianakavy... tsy misy fanavakavahana.
Arthur/ Mety efa ao anatin'ilay tsy misara-mianakavy angamba.
Intervenants/ A. a (tsia).
Jean/ Tsy misara-mianakavy ange, mety mandeha par secteur.
Louise/ Commentaire kely angamba amin'ny maha-asa fikarohana azy. Izaho izany mahita hoe :
misy tsy ampy kely ilay fomba fandinihantsika, satria isika izany araka ny fahitako azy, hijery ny
tena kolontsaina malagasy sy ny kolontsaina ato amin'i Clairvaux : système préventif, dia ny
hampifandray an'izay. Dia raha isika izao tonga dia hiditra amin'ny système préventif, fa ilay, tao
amin'ilay resaka kolontsaina malagasy mbola tiako hoe, tsy haiko androany na amin'ny
manaraka, soso-kevitra izany hoe : mbola tokony ho tsara halalinina kokoa aloha ilay izy. Ohatra
hoe : ny importance-ny, ny historique-ny, ny synonymie-ny, ny épidémologie-ny, izany hoe
ohatra : tamin'ny oviana ? Dia hoe taiza no tena nisiany izy io voalohany ? Jerena mihitsy izany
hoe eran-tany aloha, dia avy eo indray eto Madagasikara (...) amin'i Clairvaux. Mba ho afa-po
amin'ilay asa hoe tena voafehintsika mihitsy ny momba ilay kolontsaina amin'ny ankapobeny,
hoe oviana izy ? Iza no concerné amin'ilay izy ? Ny olona antitra sa ny tanora, sa ny zaza ? Tiako
izany hoe hivelabelatra kokoa ilay asam-pikarohana ataontsika.
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Diego/ Madame Louise, nahoana ho anao no manan-danja ity zavatra ity ? Nahoana amin'ny
hevitrao tokony hohalalinina ?
Louise/ Satria raha vao... hitako izany lalana tokony ananany mba tsy ho very ilay fotoanantsika,
izany hoe efa nijery an'ilay kolontsaina ihany isika, dia tokony hofantarintsika daholo ny rehetra
manodidina azy aloha, dia hahafahantsika mamaritra définition tsara anankiray : inona izany no
atao hoe kolontsaina ao anatin'ilay izy ? Satria isika izany, araka ny fahitako hoe, manao asa
fikarohana, nefa tsy ampy izany raha mihodinkodina eo amin'ilay définition ihany, dia avy eo
passé zavatra hafa indray. Fa hoe mba amin'ny maha-asa fikarohana azy, afa-po isika miala eto
hoe voafehintsika daholo ny... na ny tantaran'izany, ny tena tantara ny kolontsaina dans le
monde : taiza ? Iza no concerné ? Inona ny cause favorisante ilay izy ? Na inona inona ny cause
déterminante-ny ?
Monique/ Teny nanampy an'izay fanazavana an'i madame Louise izay, izaho koa momba
an'izay, ohatra ny hoe hazo anankiray izany no karohintsika ny momba azy. Tsy ilay voa fotsiny,
tsy ilay voan'ny ilay fruit fotsiny no jerentsika, fa ilay tena... raha manam-potoana isika dia
tokony hoe ny momba iny hazo rehetra iny, mba hahafahantsika mampivelatra azy tsara eo
amin'ny fiainantsika, fa tsy tonga dia ilay any amin'ny fruit no jerena.
Jean/ Ny eritreritro, satria raha ny fiaingan'ilay fikarohana, araka ny fahazoako azy, dia tena
lehibe indrindra ny système préventif. Dia ny eritreritro hoe : izaho tsy manda an'izay fikarohana
izay, fa apetrantsika mazava aloha ny mikasika ny système préventif, dia avy eo, ho avy
amin'izay isika amin'ilay kolontsaina, dia izay vao ampifandraisintsika, vao ho tena vita ilay asa,
raha azoko tsara ny tena tanjon'ilay izy, satria ny système préventif no tena asantsika, tsy manao
aho hoe tsy misy dikany ny kolontsaina, fa ny système préventif izany no tena efa iainantsika
amin'izao vaninandro izao, ary tsy mamaritra kolontsaina izany isika miaina ilay izy, fa izany
hoe miaina amin'izay iainantsika, dia miezaka mampi-s'adapter araka ny zava-misy ankehitriny.
Izay no mahatonga ahy hiteny hoe : tsy hoe trandrahina, fa aleo aloha miroso amin'ilay système
préventif, dia avy eo jerentsika ifotony izay zavatra izay. Izay no hevitro.
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Louise/ Amiko manokana manko : amin'ilay izy, tsy hoe ilay kolontsaina irery, fa même ilay
système préventif koa tiako hatao ohatra izay. Dia mba mifandanja tsara izany ry zareo, dia
ampifandraisina avy eo, mba tena hoe marim-pototra ilay étude natao tato amin'ilay iray, dia ato
amin'ilay iray, fa izaho mahita hoe misy fifandraisany avy eo, ny zavatra azo atao.
Hery/ Remarque kely fotsiny, tsy hoe mananina, fa ohatra izay an'i madame Louise izay izany.
Ohatra ny hoe somary mifangaro ilay izy tamin'ny farany teo, izany hoe indraindray isika miteny
kely kolontsaina, dia mifangaro tampoka amin'ilay préventif ilay izy. Mety asa ! Mety ho marina
ihany ilay tenin'i madame Louise hoe : tsy mivoaka tsara ilay tena hoe kolontsaina, dia lasa
mifangaro ilay izy amin'ny farany. Fa ilay izy aloha ilay fotoana amiko tsy dia mampaninona
raha hoe alefa aloha ilay préventif, izay vao alefa indray ilay kolontsaina, tena hiditra lalina fa
any amin'ny farany isika dia hahita fifandraisana ihany ny farany.
Diego/ Mety manampy fa tsy dia mandany fotoana loatra : ny fivoriana voalohany sy ny faharoa,
karazana fivoriana introduction, fidirana amin'ny resaka, ary raha ianareo mivily lalana kely,
satria manomboka miresaka tamin'ny farany momba ny système préventif, tsy grave loatra satria
avy eo mbola manao karazana résumé, mandamina ny zavatra apetraka anatin'ny toerana tokony
hisy azy. Io no asako, dia avy eo manome ny taratasy anareo aho. Noho izany, aza matahotra
satria efa voalazako fa ny asantsika dia boribory, mbola miverina, tsy dia hoe tapitra indray
mandeha, mbola miverina. Mbola hohitanareo fa amin'ny trosième réunion, amin'ny réunion
manaraka, ny zavatra hataontsika, miresaka momba ny introduction, mandray ny zavatra manan-
danja indrindra amin'ny introduction, dia handeha lalina be fa tsy tokony hadinoina araka ny
voalazan'i monsieur Jean; isika miditra amin'ny resaka kolontsaina, satria te-hiresaka ny système
préventif ao anatin'ny kolontsaina. Io ny tena tanjona. Noho izany mbola misy réunion enina
ankoatra ity vao miditra lalina kokoa amin'ity zavatra ity.
Olivier/ Ny zavatra tiako holazaina dia izay ihany, satria mantsy ilay tenin'i mompera teo, raha
somary mivily lalana kely isika; dia niverina nankao amin'i Clairvaux izany. Dia... ka tsy
fantatro izay na ao anatin'izao lahadinika izao no force-ntsika izao... na ampidirintsika izao, na
ahoana, fa... izaho izany momba an'i Jean ilay teo hoe : aleo aloha miditra amin'i Clairvaux, tsy
hisy système préventif fotsiny araka ny tenin'i Jean, satria ilay système préventif, mbola
6.S
Madagasikara, Don Bosco maneran-tany, fa aleo ilay système préventif sy kolontsaina ao amin'i
Clairvaux mihitsy aloha no ampidirina. Fa rehefa tsy tafavoaka isika, dia miverina indray
amin'ny définition-n'i madame Louise.
Solofo/ Miroso ihany izany isika ao anatin'ilay anona, izay moa no tena maha-zava-dehibe ilay
izy, ilay adihevitra ohatra izay. Dia araka ny hevitro izany, ataontsika mitovitovy amin'ilay
nanaovantsika ilay kolontsaina ihany aloha. Izany hoe karazana mbola fampidirana indray
mandeha indray ity, ao amin'ilay hoe système préventif izany no ataontsika, dia na ahoana na
ahoana dia tsy maintsy miainga ohatra ilay hoe nanaovana kolontsaina ihany no anaovana ilay
système préventif hoe ahoana ny hahafantaran'ny tsirairay azy ? Avy eo isika hiditra amin'ilay
hoe manao ahoana ny système préventif ? Dia hampiharintsika ao amin'ny Centre izany, raha hoe
miainga avy amin'ilay système préventif, bloque ngeza be tamin'ny mille huit cent quatre-vingt
na mille huit cent soixante-dix, dia izay angamba no hanaovantsika azy.
Araka ny hevitro, alefantsika karazana manao tour de table ihany aloha isika amin'ny voalohany.
Milazalaza momba momba izay fantatra izany mikasika ilay hoe système préventif, dia avy eo
isika, ataontsika karazana adihevitra ilay izy, mba hivoahan'ilay hevitra bebe kokoa, atao
adihevitra ilay izy, fa tsy hataontsika hoe filazana izay fantatry ny tsirairay fotsiny.
Olivier/ Dia ahoana tsara àry ny fipetrak'ilay adihevitra amin'izay ?
Solofo/ Izany hoe ny fipetrak'ilay adihevitra izany, ohatra izao hoe : efa isika rehetra efa samy
mahafantatra hoe ny système préventif izany dia basé amin'ny trois piliers, manao hoe ny
fitiavana amorevolezza hoy isika, ny raison, ny fivavahana. Dia ao anatin'izay izany isika
milazalaza aloha isika araka ny hevitro dia izao izany amorevolezza izany, tsy ampy ho an'ny
tanora ny tiavina fa ilainy ny mahatsapa hoe tiana izy. Dia eo izany isika miadihevitra hoe dia
ahoana moa izany ? Izany hoe tanora mahatsapa hoe tiana izany. Asa raha azonareo ny
fandehan'ilay izy, satria amin'ny ankapobeny efa samy mahafantatra hoe izao ilay anona an'ilay
système préventif.
Jacques/ Tonga la pratique.
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Solofo/ Ka izay mantsy ilay izy hoe manao définition opérationnelle du système préventif isika.
Ohatra izay.
Jean/ Ka ho ahy moa izany, iny izany napetrako ao anatin'ny fotokevitra lehibe iainana ao
anatin'ilay izy, fa rehefa avy eo mety holazainareo ihany koa hoe miorina amin'ilay fisainana,
hamamian-pitiavana, fivavahana. Mipetraka eo ambonin'izay foana ny zavatra rehetra. Dia ny
fomba fanatanterahana ny système prévenif no lazaiko hoe, izy izany miankina amin'ny zavatra
roa, dia ao izany ny fiarahana matetika, fiarahana mavitrika, assistance izany, active, dia misy ny
fitsinjovana mialoha. Izay izany ny mi-prévoir ny zavatra hiseho. Dia hohazavaiko fotsiny ireo
roa ireo araka ny fahitako azy. Dia ilay fiarahana lazaiko teo izany, ohatra ny hoe miaraka
amin'ny ankizy. Eo izany dia disponibilité tanteraka mihitsy. Dia ao anatiny ao, mandritra ny
fotoam-pikatrohana, miaraka akaiky amin'ny tanora, toy ny misolo ny ray aman-dreniny, namany
na zokiny, sakaiza nobeazina, dia ohatra na modely mpitari-dalana, mpanoro hevitra sy mpiahy
mba hahafahana manabe ily tanora sy hahafahana ny beazina mandray ary koa manolotra izay
avy aminy. Dia rehefa madivadiva hifarana moa izany ilay fiarahana satria sehatra fanabeazana
ao amin'i Clairvaux no resahiko, mba hialana amin'ilay hoe zatra tantanan-dava ilay tanora, dia
efa misy andrana iray, ohatra hoe ny foyer no ilazantsika azy, manomboka jerena hoe afaka
mahazaka tena irery ve ny tanora ? Any izany no itondrako ilay izy. Dia ity zavatra iainana
rehetrarehetra mba hahitana ny indicateur-n'ny fahombiazan'ny asa, dia manao ny évaluation
matetika. Misy ny évaluation izany atao amin'ny ankizy. Ity izany, indraindray isika mijery na
conseil de classe, no fijerena note de conduite, sns, sns, dia eo amin'io évaluation io koa
andrefesana ny fivoarana sy ijerena ny lesoka. Dia mandritra ny fiarahana izany, ny zavatra
tokony hibahana betsaka, dia mampiasa betsaka ny fiarahana moa efa ao, fiarahana amin'ny
tanora mandrakariva, dia avy eo ny firesahana betsaka ihany koa, ary fanomezana ny
encouragement, izany hoe famporisihana, dia fitarihana ny tanora mba hijery hatrany ny lafiny
tsara amin'ny zavatra atao, mba hananany fanantenana. Izay ihany no lazaiko ao anatin'ilay hoe
accompagnement miaraka amin'ny tanora foana izany ianao, na hoe assistance, dia aty amin'ny
fitsinjovana mialoha izany. Satria anankiroa ilay izy teo hoy aho. Dia ao anatin'io izany ny
zavatra tsapako indrindra, ity tena tsoahiko hoe avy amin'i Clairvaux, dia aty amin'ny fanofanana
ny mpanabe na formation éducateur, any izany no tena heveriko hoe préventif, fitsinjovana
mialoha ny zavatra hatao satria raha tsy misy formation amin'ilay mpanabe, ataoko fa miasa
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maina nametraka fotsiny an'ilay izy, fa tsy afa-miasa. Dia ankoatra izay ihany koa efa
notenenin'i monsieur Solofo teo ihany hoe : fijerena araka izay azo atao izany ny fahatsapana fa
antson'Andriamanitra amin'io olona io ny manao ny asan'ny fanabeazana izay, tsy fantatro hoe :
mety ho sarotra ny fanatanterahana azy. Fa io zavatra io tokony hiseho. Dia ankoatra izay koa...
misy amin'ny fanatanterahana ny asa izany, dia mifototra amin'ny zavatra maromaro. Dia ao
ny... tsy maintsy miainga amin'ilay fiaraha-miasa eo amin'ny mpiara-miasa izany, ho an'ny
mpiara-miasa ao anatin'ilay izy. Miara-miasa amim-piraisan-kina sy hamamiam-pitiavana, dia
manatanteraka ny ataoko amin'ny teny frantsay, tsy hitako ny tena handikana azy, fandrindrana,
ao ny coordination izany, dia misy ny organisation, dia misy ny programmation, dia mety
répétition, préparation, communication, réunion, formation moa efa noteneniko teo, dia ao koa ny
information. Dia avy eo miaro ny asa atao na ny zavatra misy amin'ilay toerana, ilay atao hoe
projet indicatif iny izany miaro mba tsy ho voahozongozona ilay izy, raha misy fiovana ny
mpitondra ao amin'ny faritra. Dia ary amin'ny fiainanao ankapobeny, na ianao personnel izany.
Ny olona mampiasa ilay système préventif, dia matetika olona mieritreritra foana, ohatra hoe
mieritreritra mandrakariva ny asanao izany, ohatra miheritreritra foana, miheritreritra mialoha
indrindra raha misy zavatra hatrehina, na mety hiseho, zavatra hiseho. Dia maminavina koa hoe
mety hisy olana hiseho, dia efa manana eo ho eo vahaolana hoentina miatrika izay. Raha tonga ny
tsy fetezana dia inona no hatao ? Dia indraindray ihany koa manana toetra miahiahy ratsy mba
hanana ny tsara. Miahiahy ratsy. Manana ahiahy foana izany ianao hoe, sao dia mba izao... mba
hiarovana ny tsy hitrangan'ny loza, indrindra amin'ny fiarahana amin'ny tanora. Ity moa izany
misy ohatra anankiray, dia ohatra ny tena... Nisy ray aman-dreny tao amin'ny Centre namangy
ny zanany, dia nanome zavatra, dia napetrako tao amin'ny biraoko ilay zavatra. Dia nokitikitihiko
teo foana, dia niahiahy aho. Dia norokorohako teo ilay zavatra. Dia farany tapa-kevitra aho fa
hosokafako. Dia paraky no hitako tao anatin'ilay izy. Ohatra ilay ahiahy izany ilay zavatra
noteneniko. Farany moa izany ny... dia izay izany amin'ny ankapobeny.
Solofo/ Misaotra anao, dia somary miezaka mamintina ihany aloha isika, mamoaka ilay tena
hevitra lehibe, dia avy eo isika manao adihevitra amin'ilay point sasantsasany hoe tokony
anona...
Omentsika an'i madame Louise angamba aloha ny fitenenana.
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Louise/ Ny ahy angamba famaritana fohy fotsiny fa be dia be ilay fanazavana (...)• Ny système
préventif izany na hoe lafa-pitsinjovana mialoha, dia fomba iray napetrak'i Don Bosco, hitaizana
sy hanabeazana ireo tanora sahanin'ireo salezianina, izay mbola lovain'ny Centre Notre Dame de
Clairvaux ankehitriny. Satria amin'ny maha-fikambanana salezianina azy aloha, mazava ho azy,
fa ny tena hoe famaritana azy izany, ny fahitako azy dia hoe : fitambaran'ireo hevitra na fihetsika
na andraikitra raisina eo noho eo. Izay izany, ny hevitra na fihetsika, tonga dia ireo no manapa-
kevitra na efa voaomana mialoha koa, hiarovana ny loza na ny ratsy mety hitranga.
Solofo/ Izay no famaritana omen'i madame. Misaotra betsaka, monsieur Hery.
Hery/ Misaotra tompoko, ny anay izany dia miompana indrindra ny zavatra nodinihiko tamin'ity,
momba ny kolontsaina Clairvaux moa izany sy ny système préventif, ka ny voalohany aloha dia
ny nandinihiko ny tantaran'i Don Bosco izany. Rehefa namaky kely ny tantaran'i Don Bosco aho
ankoatra ilay nahazatra sy ny karazany ireny aho izany (...) dia nahita lalindalina kokoa fa Don
Bosco izany dia niaina ao amin'ny kamboty, nahita fa kamboty any mbola kely. Izany hoe
nanana ny situation izy izany, ary teo izy no nanomboka anefa be fikirizana koa izy, ary nanam-
pitiavana. Izay izany no zavatra tena nomarihiko fotsiny tao amin'ny tantaran'i Don Bosco, ary
nakako soso-kevitra hoe... tsoa-kevitra hoe izay no tena nahatonga azy namorona ny tena hoe
fomba fanabeazana manokana satria niaina ny an'ilay karazana fahasarotana teo amin'ny
fiainany, dia namaritra izany hoe ity fikolokoloana ny saina sy ny finoana ary indrindra indrindra
ny fitiavana no tena hitako hoe nameno ny fony izany raha ny tantara novakiko izany tao amin'ny
tantarany rehetra izany. Hitako fa feno fitiavana izy, ary nataony be lavitra ny fitiavana
nahafahany namoaka ilay hoe hafaliana izany. Izay izany tamin'ny tantaran'i Don Bosco, dia
miditra amin'izay aho eo amin'ny resaka Clairvaux. Ny zavatra tena nomarihiko manokana, dia
ao amin'ny fifampitaizana ny ankizy samy ankizy, izay manome kolontsaina anankiray
manokana ho an'i Clairvaux izany. Io izany dia mitana anjara toerana lehibe, ary tokony
hofantsika aloha. Ohatra amin'izay, izany hoe : lamaody, ny manao kavina, ny fomba fiteny, sns,
sns izany... Ny fahafantarantsika an'io izany no hahafahana koa mamaritra avy eo hoe : ahoana
ilay système préventif? Dia avy eo izany miditra koa aho amin'ilay resaka hoe : ny ankizy sy ny
mpanabe izany. Dia voalohany indrindra aloha, dia ny mpanabe dia tokony hanam-pitiavana, ary
tokony ho tia ny ankizy. Izay izany tena fepetra iray voalohany tsy maintsy hofantarina,
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hahafahana mampihatra ilay système préventif. Dia eo indrindra aho izany ohatra ny hoe
hanamarika kely an'ilay efa noteneniko, efa notenenin'i monsieur Solofo tery aloha, hoy izy hoe :
ny fiovan'ny assistant, hoy izy, mety mahatonga ny fihemorana eo amin'ny animation. Ny ahy
izany tsy ny animation ihany, fa ilay mpanabe amin'ny ankapobeny mihitsy no tena misy
fiantraikany lehibe amin'ilay fitaizana sy ilay fanabeazana, raha vao misy fiovana. Satria ilay izy
amiko, miompana amin'ilay fitiavana, ka raha vao ohatra ka misy mpanabe miovaova matetika,
dia manavao fitiavana foana, dia mitondra système vaovao, dia ohatra ny hoe miainga any
amin'ny fiandohana foana. lo izany, tena tsara dinihina manokana mihitsy izany ny hoe : ny
fomba tena hisafidianana olona iray na olona maromaro tena voatokana hanabe izany, amin'ny
lafiny rehetra izany. Dia avy eo moa ny resaka mpanabe samy mpanabe, io koa mitana anjara
toerana lehibe ihany ao amin'ny fifampitaizan'i Don Bosco. Satria ny mpanabe samy mpanabe
dia samy mahita ny fomba fijeriny na ny ankizy na ny teknika fomba fitaizany. Ka ilay
fifanakalozana eo amin'ny mpanabe sy ny... mpanabe, dia zava-dehibe tokoa, ary angamba ny
tena mpifanakalo matetika angamba izahay sy madame Louise, dia hitako mihitsy hoe sakana
ilay fomba fitaizana indray amin'ilay fifanakalozana matetika. Dia ao asiako entre parenthèse
kely. Izaho izany somary tsy dia d'accord tamin'ilay fomba fiasanay tany amin'ny CF.P. momba
ny hoe par secteur ny conseil de classe. Ny antony, indraindray, misy zavatra tsy voavahan'ilay
secteur hâfa, nefa tsy fantatry ny secteur hafa. Dia amiko ilay izy mandringa ilay préventif satria
izaho raha nahita problème tany amin'ny fer ohatra iny ka tafavoaka taty amiko ilay izy, dia
ahafahako mandray traikefa hoe mba tsy hisian'izay zavatra iray izay intsony any amiko,
amin'ny ankizy iray ohatra izao, ilay cas ohatra izao, dia efa fantatro izay. Dia ohatra izao ny
fomba anana izay. Matetika anefa dia raha par secteur ilay izy, dia samy manana ny tranony any
izany ilay izy. Hany ka misy répétition foana ilay problème, satria mety afaka kelikely ilay
problème nitranga tary amin'ny agro, mety hitranga any amin'ny bois. Efa tokony hanana
prévention izany ireo mpampianatra sy mpanabe ireo amin'iny ilay cas anankiray iny, kanefa tsy
hita ilay izy. Dia lasa mamaha problème im-betsaka izany. Dia farany moa eo amin'ny
salezianina izay miasa ao amin'ny Don Bosco, ny zavatra hitako fotsiny dia somary tsy dia
tena... indrindra eo amin'ny mpanabe, samy manana ny... ohatra ny hoe mametraka ny... ny asa
izany ny salezianina, ary somary sahirana ny mpanabe, mifampiresaka tanteraka sy direct
indrindra indrindra. Dia ato moa nahita ny resaka vazaha, ilay fifandraisan'ilay vazaha moa, fa
tsy tena ilay salezianina loatra, ilay fifandraisana vazaha sy malagasy indraindray, hitako fa
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mametraka problème foana, eo amin'ilay ohatra ny hoe tsy fahasahiana tena miteny mivantana ny
soa tena soa, fa somary manaikinaiky hatrany izay zavatra tian'ny lehibe hatao na dia mety misy
mandringa aza izay zavatra izay. Izay izany ny ohatra ny hoe hitako hahafahana mamaritra izany
ilay prévention, izay efa noteneniko teo hoe : fanalana ny olana izany izay mety mitranga dieny
mialoha. Amin'ny maha-mpanabe antsika.
Diego/ Momba ny fiovàna, ny fiovàn'ny mpanabe sy mpampianatra, sns... hoy ianao. Ao
anatin'ny mpanabe sy ny mpampianatra misy ny salezianina ?
Hery/ Mbola tsy ao ny salezianina, fa mety mbola hisy salezianina ihany koa. Ilay fitiavana,
ohatra ilay farany teo izao, ilay hoe niala tampoka mompera, dia tonga ny mompera hafa, dia tsy
maintsy hisy foana ilay olana kely izany. Fa noezahiko novahana izany ireo mpanabe sy mpanabe
sy anona, fa mety ho tafiditra ihany koa angamba ny salezianina amin'izay.
Jacques/ Fa alohan'izay aloha, tsindriako kely ilay tenin'i monsieur Hery teo, tsy ny mpanabe
ihany fa na ny salezianina indrindra indrindra, satria teo izao ohatra, ohatra misy directeur
vaovao, misy directeur taloha, dia jereo raha mandinika ianareo fa tena manan-danja lehibe ny
fisian'ny directeur taloha raha sendra mandalo ao amin'i Clairvaux ohatra, na amin'izao fotoana
izao aza. Dia avy eo raha misy olona vaovao, eo amin'ny iray volana na roa volana eo, mbola tsy
misy mandeha ny zavatra fa mbola fifankahafantarana fotsiny, dia any ilay lesoka lehibe. Fa
hiditra amin'ilay système préventif amin'izay aho. Ho ahy izany, sokajiako anatin'ny zavatra telo
ilay tomba fanatanterahana ilay système préventif, izany hoe : eo aloha izany ilay aloha, izany
hoe : mialoha. Ilay programmation sy ilay fanomanana mialoha ny zavatra tokony hatao izany
iny, avy eo mandritra, mandritra ilay fanatanterahana ilay zavatra nomanina mialoha iny, dia ao
anatin'izay ny assistance, ny animation, ny éducation, sns, rehetra manodidina izany hoe
mandritra izay izany eo afovoany. Dia ity farany ity somary nataoko entre parenthèse, kanefa
ilaina ao anatin'ilay système préventif ilay izy, ilay aoriana, ilay aoriana izay midika ilay hoe ilay
évaluation araka ny notenenin'i monsieur Jean, ny évaluation-n'ny zavatra efa vita hoe nanao
ahoana ny fanatanterahana iny zavatra iny. Inona no zavatra tokony ho hatsaraina. Ahoana ny
fomba mety hahafahana manatsara ilay zavatra nivoriana taloha izany. Ao anatin'izay zavatra
telo izay hoe : aloha-mandritra-aoriana izay, dia ilaina be dia be ireto zavatra efatra ireto izany :
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ny tena ilaina, fa misy zavatra hafa mety ilaina, fa ireto zavatra efatra ireto no tena ilaina be dia
be. Voalohany aloha izany ilay présence eo amin'ilay mandritra, tena zava-dehibe izany aloha io,
tena tsy maintsy ilaina, dia fara-faharatsiny, tena ratsy indrindra, présence corporelle, avy eo ny
faharetana, faharetana amin'ny zavatra atao, dia avy eo mila miasa izany ny saina eo. Eo ilay hoe:
mandany fotoana miresaka amin'ny tanora, sns, sns, dia avy eo moa ilay hamamiam-pitiavana,
izay tena lehibe, hamamiam-pitiavana na ilay amorevolezza, ary ny tena farany, tena... tsy hoe
zavatra kely ilay izy, fa ilay fivavahana, na ianao mivavaka ho an'ilay tanora tena sarotra beazina
na hoe mivavaka personnel, satria ilay système préventif, basé ao anatin'ny fivavahana sy
mifandray tanteraka amin'ny evanjely izany ilay izy. Izay àry !
Monique/ Ny système préventif ao amin'i Clairvaux izany dia tsy isalasalana kosa aloha fa
manaraka ilay tetik'adin'i Don Bosco amin'ny ankapobeny, fa kosa ny tena tsapa misongadina
amin'ilay izy dia ny système préventif ao amin'i Clairvaux dia manao izay hampandehanana ny
fiainana androany, dia mitsinjo koa ny fiainan'ny ankizy, mitsinjo ny ho avy. Izany hoe mitsinjo
ny androany, mitsinjo ny izao, dia mitsinjo ny ho avy eo amin'ny ankizy, izay izany ny système
préventif-n'i Clairvaux. Dia eo amin'ilay hoe mitsinjo ny fiainan'ny ankizy izany tsy asiana
resaka, dia eo koa ny système préventif-n'i Clairvaux koa mitsinjo ny mpanabe, hampandeha ny
asan'ny mpanabe androany. Izay koa izany no tena hita. Averiko tsara hoe : mitsinjo ny
fiainan'ny ankizy izao, hampandeha ny fiainan'ny ankizy izao, dia mitsinjo ny fiainana ho avy.
Ao, koa ilay mitsinjo hampandeha ny fiainan'ny lehibe izao, fa tsy mijery ny ho avy satria hitako
miteraka olana amin'izay izao ohatra ny hoe eo amin'ny fiovan'ny olona mpitondra. Izay no
zava-misy androany aloha, dia tsy maintsy atao izay hampandeha izay zavatra izay. Io fiovana
mpitondra io izany, dia tsy haiko eo amin'ny rafitra salezianina eto Madagasikara mihitsy, ny
tena mahatonga an'izay hoe : miova tampoka ilay olona, tonga tampoka ny olona, nefa ny
système préventif mila programmation be. Tamin'ity taona ity aho izao dia tena nanana olana
goavana mihitsy. Mila programmation io, mila fiomanana io, mila tetika. Ny fitaovana entina
ampiasaina ao amin'i Clairvaux indraindray vonjy maika aloha, vonjy tavanandro aloha, ohatra
holazaiko fotsiny hoe fitaovana anankiray, ohatra hoe : carnet de correspondence-n'ny ankizy.
Tsy anisan'ny Sekoly faran'izay mahantra akory i Clairvaux, ka tapaka cahier kely sahala
amin'iny no atao carnet de correspondance. Izany izao dia tsy fantatro ny fanapahan-kevitra tany
ho any hoe : mila carnet de correspondance dia tonga dia nohetezana ny cahier, dia natao carnet
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de correspondance. Hany ka tsy misy lanjany amin'ny ankizy ilay izy raha tena mitsinjo ny
fiainan'ny ankizy. Manana olana amin'ny ankizy isika satria arian'ilay ankizy. Ny ankizy mahay
manamboatra, ary manamboatra carnet.
Ny kolontsaina malagasy koa no hitako olana izany. Fa izaho mahita ohatra be dia be efa
nolazaiko eto assistance sy ny kolontsaina malagasy. Raha ny ankizy malagasy izany, tsy olon-
dehibe hoe dada, fa ny malagasy, afaka mifampitaiza ny zoky sy zandry eo amin'ny malagasy.
Dia eo amin'ilay andraikitra izany no tena ibahanan'izay hoe manana andraikitra ny zoky, fa raha
vao hoe mijoro ho ray aman-dreny ianao miaraka amin'ny ankizy, dia efa tsy mety ilay
assistance, satria amin'ny assistance dia tokony ho namana, ka izay izany no tokony
hibahanantsika. Dia eo indrindra no mahatonga ahy manao soso-kevitra hoe : ilay assistance
ohatra ny tsy mety intsony raha hoe olona efa manambady no manao assistance ao izany, fa ilay
olona efa manambady mi-organisé, dia izy samy izy no mifampitaiza satria izay ilay kolontsaina
malagasy. Ny zanaka samy zanaka no mifampitaiza. Ny andraikitry ny zoky dia miahy ny zandry,
mampianatra ny zandry, miaro ny zandry, mitsinjo ny zandry. Izay ilay kolontsaina malagasy
amintsika. Fa ny ao amintsika tsy maintsy misy lehibe, ka izay no anekeko hoe, tena ekeko
mihitsy, fa hanan-danja eo amin'ny système préventif amin'i Clairvaux ny répartition en groupe.
Ohatra misongadina ao amin'i Clairvaux fotsiny anie réfectoire, olana foana ê ! Satria olona be
dia be anankiray no tsy maintsy ahin'ny responsable réfectoire anankiray. Azo atao tonga dia
izarana andraikitra ny iray latabatra. Izaho izany tamin'ny herintaona nanandrana ilay hoe
pédagogie de groupe, fa hitako tena mety, hitako tena mahomby, dia hitako hoe : izay izao ny
problème ao amin'ny réfectoire, mampihatra izay répartition en groupe izay. Mbola olana ao
amin'i Clairvaux ihany koa izany, be loatra ilay olona, be loatra izany, tsy mifanentana amin'ny
kolontsaina malagasy. Ny kolontsaina Malagasy ; efatra ambin'ny folo no be indrindra ny ankizy
ao an-trano, fito lahy, fito vavy : efatra ambin'ny folo raha be indrindra. Ireo efatra ambin'ny folo
ireo mahay mifampitaiza. Dia izao izany hoe répartise-na en groupe de quatorze mihitsy izany
ilay ankizy ao amin'i Clairvaux, amin'izay asa rehetra natao, izay atao rehetra rehetra mihitsy
izany, répartise-na en groupe mihitsy hitako mahomby, satria be loatra, olana foana, mbola tsy
misy solution voavaha mihitsy ao amin'ny réfectoire. Izao manomboka amin'ity taona ity
mompera Silvestro, efa miezaka ilay hoe atao en groupe ny salle d'étude, satria matetika ny salle
d'étude izay toerana iarahan'ny betsaka izany ao dia misy olana foana. Réfectoire, salle d'étude,
dortoir, satria be loatra, any izany no lazaina, dia mbola olana koa ilay fifanajana, ilay fanekena
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lehibe. Ilay fanajana dia manaiky lehibe, dia matahotra. Fa izaho izany manana olana betsaka
amin'izay zavatra izay. Izay aloha izany ny ahy ny famintinana tsotsotra. Misy zavatra azo
resahina ihany.
Olivier/ Angamba momba ny système préventif ny zavatra tsapako aloha dia tsy ampy ilay
fotoana itenenana izany, satria vao miteny... tsy fantatro izay niteny teo, fa vao nisy iray niteny
teo, dia efa somary voafehy kely ohatra izao izy, dia izaho koa izany izao tsy maintsy voafehy
kely araka izay, dia tsy maintsy hiteny aho satria raha vao hiteny ny zavatra niainana sy ny
zavatra tsapa rehetra dia tsy ampy ilay fotoana. Tsy ampy aloha izany ny fotoana voalohany
indrindra, fa ny amin'ilay système préventif ny zavatra voalohany aloha dia i Clairvaux no atao
hoe salezianina mampiasa, trano salezianina mampiasa be indrindra ny système préventif
nampianarin'i Don Bosco eto Madagasikara. I Clairvaux no mampiasa azy amin'ny ampahany be
indrindra. Complet, azo lazaina hoe complet ny ampiasana ny système préventif satria vingt-
quatre heures sur vingt-quatre misy tanora tsy misaraka amin'ny mpanabe izany. Resaka système
préventif vao niditra voalohany tao amin'ny Centre aho, ny andro nigadonako tao, dia efa
notenenina io hatramin'izao mbola tenenina foana, iainana foana. Misy ny hoe vaovao ê ! ny
fiovàna ê ! Efa voalazako tery aloha ilay misy hoe : nuance kely, misy kely hoe ohatra izao no
mampiavaka azy tamin'ny groupe izao, na groupe izao. Dia eo koa ilay notenenin'i madame
Monique hoe arakarak'ilay olona mitondra ilay izy ao, dia misy zavatra manahirana kely, fa ilay
izy rehefa miova ilay olona dia misy fahasahiranana. Ny ahy izany, ny zavatra tsapako voalohany
tamin'ny vao nanomboka niova directeur voalohany indrindra izahay, mbola tsy herintaona
talohan'ny nialany, dia efa niteny mompera Silvestro hoe, tsy mompera Silvestro no jerenareo, fa
directeur, hoy izy. Tsy ho izaho foana no directeur eo, fa izay directeur eo, solontenan'i Don
Bosco, dia efa tokony miomana ianao handray an'izay zavatra izay izany, ka izay anisan'ny
hanindriako an'ilay hoe : tokony hisy mpanabe maharitraritra izany io izay vao miova. Ilay
animation amin'ny resaka kilasy mandry izany, fa tsy any amin'ilay fampianarana, satria any
amin'ilay fampianarana iny mandeha normal iny izany, fa indrindra eo amin'ilay animation,
fïainana maha-kilasimandry azy izany, tokony misy mpanabe maharitraritra kely. Ilay izy
amin'ny ankapobeny izany efa voalaza ilay andry telo, toko telo andrin'ny lafa-pitsinjovana,
système préventif izany. Dia ny ahy izany no tiako tsindriana kely fotsiny ilay hoe Don Bosco
izany, ny nahatonga azy tena namorona araka ny fahafantarako azy dia taloha izy nanenjika
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namangy ny tany am-ponja izany. Nahita ny tanora tany am-ponja, dia nandeha nankany. Dia
tany izy no nieritreritra hoe hitory teny, hampiova, sns, sns dia rehefa nandinika tany izy, nanao
izay azony natao tany izy, dia hoy izy hoe : tsy misy hevitra intsony ity fa tara loatra, fa handeha
hivoaka any ivelany, any ivelany aho no hanamboatra, hitsinjo sy hisoroka mba tsy ho tonga aty
am-ponja ilay tanora. Izay no nahatonga azy nanao ny système préventif, kanefa raha vao nanao
ny système préventif izy, ny azy tsotra fotsiny... dia ny nandraisako azy, tsy dia hoe tsotra
fotsiny, ny ho avy no jerena, dia tonga, dia voalohany indrindra, dia hoe : fiainana mandrakizay
ny azy no jereny hoe : ianao ity, dia tsy olona ohatra izao fotsiny, fa mbola hiaina ianao any
ankoatra any. Dia izay no mahatonga ilay hoe finoana no ery amin'ny voalohany na ny
fivavahana hoy isika. Dia ilay fanahin'ny olona hovonjena nefa mba hamonjena ny fanahiny, tsy
maintsy mampiasa ny raison sy ny amorevolezza ianao, dia izay no nahatonga ilay andry telo, dia
ilay izy moa izany iainana be dia be izany ilay iainana, dia misy ilay nuance, dia misy ilay
problème, sns, dia izao no tena tsy hitako mihitsy izay hamariparitana azy sy ilazàna azy, araka
ilay nolazaiko teto, tsy ampy ilay fotoana, fa ny ahy izany dia feheziko fotsiny hoe : be dia be ilay
zavatra fantatra, dia mila équilibre ilay izy. Mila équilibre ilay izy. Dia mahita lafy tsarany amin'i
mompera Silvestro ianao, dia amboarina ny... miova ilay izy tonga mompera manaraka mompera
Erminio, dia ianao mpanabe izany no mi-équilibre hoe ohatra izao izany no tokony ho izy, dia ato
ho ato. Équilibre foana izany, ohatra ny lafim-piainana rehetrarehetra ihany io fa ny système
préventif, na lazaina amin'ny formation aza, samihafa no andraisan'ny rehetra azy, fa mila
équilibre. Ohatra, teo izao ilay noteneninareo ny communication sy ny notenenin'i monsieur
Hery hoe indraindray misy tsy fifankahazoana amin'ny mpanabe, nefa izay tsy fifankahazoana
izay tokony tsy hisy, nefa raha mifankahazo be koa ilay mpanabe, mety ny kileman'i Hery no
azoko tany amin'ilay fifankahazoanay, dia manimba koa izay, fa izany hoe resaka équilibre, mila
équilibre foana izany ilay izy, ilay zavatra atao, sy ilay... indrindra eo amin'ny fiovaovana, izay
ny ahy, tena, no ohatra ny hoe tsapako. Dia anisan'ny noteneniko teo, tamin'ny voalohany ilay
hoe ilay assistance izany mila équilibre satria vao miala ilay ankizy avy eto dia... marina fa tsy
izy rehetra, fa misy ihany ilay soavaly tapa-kofehy na hoe tsy eo intsony ilay mpanara-maso, na
hoe tsy eo intsony ilay anona. Misy koa lafiny anankiray, rehefa manao animation isika, tonga ny
asa anankiray dia manao animation, organisation, groupe... tonga dia mandeha ilay asa, asa be
ohatra izany. Lasa ilay tanora avy eo tonga any ivelany any, miandry an'ilay animation izy, na
miandry an'ilay fitarihana ilay asa izy, dia miandry eny. Tsy hita ilay izy dia tsy afaka mamorona
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izy, fa isika nentanin'ilay fitiavana, nentanin'ilay hoe système préventif, nentin'ilay hoe fitiavana
ny tanora, nentin'ilay hoe amorevolezza, mandeha be, izay no nitenenako hoe mila équilibre
foana izany ilay... anjaran'ny tsirairay no mandamina.
Jacques/ Te hametraka fanontaniana kely aho, ilay hoe mivoaka any ivelan'ny Centre satria izay
indrindra no... ilay mandeha mivoaka, hoy ianao hoe : isika manao organisation, manao zavatra
maro be ho an'ilay tanora, dia rehefa nivoaka ivelan'ny Centre izy, izany hoe : après ny Centre,
izay ve no tianao hazavaina amin'ilay hoe : miandry animation izy vao hanao zavatra sa hoe ?
Roger/ E. e (eny). Izay mihitsy, ohatra hoteneniko izao hoe, ny bâtiment izany no hoteneniko, dia
atao ny asa, inty ny asa, amboarina ity rindrina ity, dia alefa. Misy telo ambin'ny folo izy eo
ianao izany mpanabe, efa manana ny préparation-nao (aoriana ?)... ianao efa manana préparation
dia hoe hatreto no atao, izao no atao aloha, izao ny fomba fanaovana azy izao izao, gropy izao
etsy, gropy izao etsy, izao no atao aloha, dia 'ndao amin'izay àry. Dia tonga teo izy dia somary
mihanahana kely, azonao ? Dia tonga ianao manome exemple hoe tonga... manomboka manao
ianao izany, efa manomboka manao ianao, dia hitany eo ianao manao ilay asa, lasa, dia hitany
hoe ity izany, dia avy eo ilay asa mandeha be, miroborobo be, dia mandeha be. Fa rehefa tonga
any ivelany izy izany, azonao ? Dia ity ny asa ataonao, omen'ny patron izy, na omen'ny chef
d'équipe hoe : ity ny asa ataonao, dia inona moa izany... aiza ny...? aiza...? Dia ohatra ny
somary sahirana kely izy eo, na misy tsy tafavoaka mihitsy.
Arthur/ Ny ahy angamba eo amin'ilay hoe système préventif araka ny voalazan'i monsieur
Olivier teo hoe raha ny zavatra niainana, sy mbola hiainana, hatramin'izay no hotenenina, dia
somary voafehy ihany amin'ny voalazan'ny tery aloha fa ny azoko tenenina angamba dia
ampiako ilay tenin'i Jacques hoe ilay fiainana an'ilay système préventif, rehefa voaomana tsara
mialoha ilay izy, dia mahafinaritra ny miaina azy, na eo am-panatanterahana azy, ary indrindra
indrindra ilay fijerena ilay zava-mitranga aty aoriana satria raha voaomanao tsara mialoha ilay
izy, na hoe ilay fiovaovana voalazantsika hoe mpitondra, directeur, sns, sns, rehefa voaomana
mialoha ilay izy hoe rehefa miaina tsara ilay système, tsy dia misy zavatra atahorana ilay izy, fa
eo amin'ny entina miainga fotsiny angamba no misy décalage kely fotsiny, fa mandeha tsara
ihany ilay izy, raha ho an'ilay fiainana ny système préventif.
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Marie/ Ny ahy izany ny resaka hoe système préventif alohan'ny hiresahana ny système préventif
aloha, dia tokony mahalala aloha izany isika hoe : iza aloha ilay tanora ? Tsy ho resaka théorie
fotsiny iny aloha, fa tsy maintsy miresaka ilay tanora isika, mahafantatra ilay tanora. Avy eo, ilay
tanora moa efa hitantsika amin'ireny critère rehetra ireny hoe : izao no tanora ? Mahafantatra ny
halemeny, mahafantatra ny loza mananontanona azy, sy ny zavatra niainany ? Avy eo dia
mahafantatra ny tenantsika isika ? Iza isika ? Inona ny capacité-ntsika ? Savoir-faire ? Savoir-
être ? Tokony ho fantatsika ny toetrantsika, ny fombantsika, ny tiantsika, ny tsy tiantsika, tokony
ho fantatsika. Fahatelo, izay vao afaka mifandray izany ilay tanora sy ny mpanabe. Ny système
préventif karazana moyen, tetika izany entina hanabeazana. Ka io izany mitovy amin'ny tetika
rehetra hoe raha organisation de travail, dia izao no tokony hatao ; raha ohatra ny anona, dia izao
no hatao. Ilay tetika izany dia miankina amin'ny hoe raison - affection - religion. Moyen izany
izy io, dia moyen entina hisorohana, hisorohana amin'ny ankapobeny izany hoe, hisorohana ny
zavatra mety hitranga. Rehefa misoroka ianao, dia on est prêt à tout, tsy maintsy vonona
mandrakariva ianao amin'ny zavatra rehetra, dia ny dikan'izany, miankina amin'ireto zavatra
irelo ilay zavatra tadiavina aminao : mila lamin'asa, programmation, mila organisation, ka ilay
organisation miankina amin'ny temps et espace izany : fotoana sy ny habaka, miankina ihany koa
amin'ny tanjona izay anaovana ny action anankiray, ary farany araka ny notenenin'ny olona teo
hoc: manao évaluation ny zavatra rehetra hanatsarana, izay zavatra tsy mety na ahitsy, na
anohizana, izay zavatra tokony hatao. Dia izay ilay système préventif.
Louis/ Ny ahy indray, izany ilay système préventif dia io kolontsaina ao amin'ny Centre izany,
dia ny système préventif no kolontsaina, ka rehefa kolontsaina izy io, dia zavatra iainana, ka ny
namorona azy dia i Don Bosco. Izy no namorona ilay système préventif, ka ny zavatra tiana ho
fantatra voalohany indrindra amin'ilay namorona an'io zavatra io, dia fiarovan-tena, tokony
mahay miaro tena izany rehefa mahafantatra ilay système préventif na mpanabe izany na
mpampianatra, dia fiarovan-tena ho azy io. Ny mpanabe voalohany indrindra tokony hisy
formation izany. Efa voateny teo hoe : misy formation ho azy aloha. Ampahafantarina azy ilay
système préventif dia avy eo ny mpanabe indray no mampita azy amin'ny mpianatra. Manabe ny
mpianatra ianao izany amin'izay fotoana izay, fa ilay eo amin'ilay fiovaovana hoe misy mpanabe
tokony tsy hiala mihitsy izany, nefa miala ny système tsy miala manaraka ilay mpanabe, fa
mijanona ao foana. Ilay système préventif izany mijanona ao foana. Ka raha misy olona izany ao,
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dia ilay mpanabe mifanoro, raha ohatra hoe tsy ao mompera manao ny formation, dia ny
mpanabe samy mpanabe izany no mifanoro amin'ilay izy hoe : izao no zavatra misy, hiarovany
ny tenany io izany amin'izay fotoana izay, ka amin'ny ambangovangony sy fohifohy ihany moa
no nandinihako ilay izy izany, dia ohatra izay no fandraisako ilay hoe système préventif satria
kolontsaina ao amin'ny Centre izy io.
Solofo/ Ho ahy izany, mikasika izay système préventif izay, ilay efa voalazako tary aloha tary,
ilay anona be... ilay famaritana ngeza be araka ny nahitako azy iny, fa raha mijery ny hoe
système préventif ao amin'ny Centre dia miverina indray mandeha amin'ilay tenin'i madame
Marie, ilay hoe fahafantarana ny tantaram-piainan'ny tanora, izany hoe : manao ahoana izy ? Dia
tsy vitan'ny hoe tantaram-piainany fa ny toetrany ihany koa hoe : manao ahoana ity tanora ity ?
Mora tohanana ve ? Faly lava ? sns, miainga avy amin'izay izany ilay izy. Dia eo vao mipetraka
ny hoe resaka hoe : assistance, araka ilay lazaintsika izany. Matetika mantsy, izaho mahita, izay
no mahatonga ahy miteny, resaka assistance teo hoe, izaho matetika mahita ny hoe assistance
anaty récréation, dia indraindray ny mpanabe, lasa mpanabe pénitencière ao amin'ny Centre, tena
mahita an'izany aho. Mahita olona izany hoe tena ao anatina récréation, tsy milalao izany. Tsy
fantatro aloha hoe ahoana ? Valo taona aho no tao, nahita mpanabe aho tsy mbola nilalao mihitsy
izy, mbola tsy hitako hoe nilalao niaraka tamin'ny tanora. Dia io izany, hoy aho indraindray, ary
ohatra somary ny nanaitra ny sofiko kely ilay notenenin'i monsieur Jacques hoe na dia hoe
présence corporelle fotsiny aza, dia ohatra ny nanaitra ny sofiko kely iny, satria izaho izany
mahita hoe amin'ny ankapobeny, raha resaka système préventif no resahina, dia efa tena masaka
ara-théorie ny ao amin'ny Centre. Tena masaka ara-théorie ny ao amin'ny Centre raha vao resaka
hoe système préventif, efa hain'ny Centre izany fa ara-théorie, fa raha tonga ao anatin'ny
pratique, dia eo misy olana foana izany. Dia indraindray koa izaho mahita somary voka-dratsiny
kely izany ao anatin'ilay système préventif ampiasaintsika ao amin'ny Centre, ilay somary hitako
hoe no voka-dratsiny kely, dia lasa ohatra ny sur-protection ilay izy. Lasa ohatra ny sur
protection ilay système préventif ampiasaintsika ao amin'ny Centre, ny mahatonga ilay hoe sur
protection izany ohatra ny hoe : fanalàna fanaintainana ho an'ireo tanora ireo fotsiny, fa tsy tena
mahatsapa ilay tanora hoe fanabeazana ity zavatra atao amin'ity. Karazana ohatra ny hoe
famaliana caprice, dia lasa sur-protection ilay izy, ary izay no mahatonga ilay olana hoe : efa lasa
maintimolaly ilay tanora dia miriorio fotsiny izy, dia mahatsiaro ny Centre indray hoe tena aleo
7X
indray hiverina ao amin'ny Centre aloha fa... ao amin'ny Centre indray no misy zavatra ohatra
izao, dia aleo indray aloha miverina ao amin'ny Centre. Dia ohatra izay izany ilay hoe système
préventif izany araka ny fahitako azy, miankina be dia be amin'ny mpanabe ilay izy. Ny mpanabe
no tiako tenenina : na mpampianatra io, na assistant io, ny olona rehetra ao amin'ny Centre, na
salezianina io, ao amin'ny Centre izany. Ireo rehetrarehetra ireo no karazana aina mamelona ilay
système préventif izany ao amin'ny Centre. Izay aloha no azoko ambara.
Diego/ Misy zavatra tiako holazaina, tsy fantatro na azo lazaina na tsy azo lazaina fa... karazana
valiny. Izaho koa mahita fa ny salezianina miova matetika, fa ianareo tsy miova matetika, ary ho
ahy, angamba miresaka amin'ny fo aho amin'izao. Ho ahy ny ho avin'i Clairvaux miankina
amin'ny stabilité-nareo. Satria ianareo no ho aviny, ary izaho mampivory anareo androany, tsy
misy ao ny salezianina satria ianareo, mino aho fa tsikelikely ianareo mandray anjara kokoa, na
andraikilra kokoa. Efa be andraikitra ianareo, fa mety mbola hitombo. Ny zavatra faharoa, hoy
monsieur Olivier, fa ny fotoana fohy, marina, fa tsy tokony ho kivy ianareo, satria mbola misy
fotoana, fohy androany, fa tsy fohy satria mandritra ny iray taona mivory, ary amin'ny fivoriana
manaraka manao, satria madame, tena marina... mbola vaovao isika, akaiky loatra ity fivoriana
ity. Ny manaraka, d'ici quinze jours mahery na seize jours, dia misy elanelany. Ny... andraso
kely.. izaho mieritreritra fa ny zavatra nolazainareo amin'izao efa nanao ilay tour de la question.
Izany hoe ianareo efa namoaka androany ny votoatin'ny système préventif, fa misy zavatra
mahagaga ahy, faly aho satria ianareo namoaka ny système préventif sy ny fomba moderne, azo
lazaina par exemple : ny zavatra rehetra momba ny organisation, misy resaka mikasika ny
programmation, ny évaluation, io zavatra io tsy nolazain'i Don Bosco amin'io fomba fiteny io, fa
c'est une conception moderne actuelle du système préventif, ary io dia approche systémique,
alors, ny fivoriana ataontsika androany araka ny hevitro, satria izaho tokony manampy anareo,
mahita ilay vokatra. Efa nanao ilay tour de la question, efa identifié, mbola omeko ny résumé, ny
votoatin'ny système préventif, efa nivoaka angamba daholo. Efa nivoaka koa ny conception
moderne androany, ary ianareo manome ny famaritana satria raha atambatra ny zavatra rehetra
nolazainareo, efa misy ny famaritana, fa ny famaritana moderne. Dia ankoatra izay, ny zavatra
nivoaka androany, angamba tsy complet, fa nivoaka ny famaritana ny système préventif ao
amïn'i Clairvaux. Mba hitanareo ny zavatra nolazainareo.
Manao pause kely aloha isika izany cinq minutes.
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Louise/ Fijoroan'ilay mompera eo mety mahafoana ilay izy, tsy ho lasa ady. Fantany ny zavatra
mety hitranga raha miady tampoka izy, fa ilay hoe firotsahana tanteraka, izay izao no
fanabeazana indray amin'izay. Izany hoe : tsy manabe izany ilay mompera mijoro sy ilay
mpanabe mijoro, fa mpitazana fotsiny, tsy fanabeazana izay, fa raha hiresaka fanabeazana isika,
tena firotsahana tanteraka izany amin'ny fientanana ataon'ny tanora, sady manara-maso ho
fisorohana ny loza mety hitranga. Izany hoe sady mientana izany miaraka amin'ny tanora
amin'ny kilalao sy ny zavatra rehetra, no manara-maso koa ny zavatra mety hitranga. Izay izany
no fahitako azy.
Solofo/ Omentsika fitenenana kely aloha madame Monique, dia avy eo isika miditra amin'ilay...
Monique/ Ilay corporelle izany mety, raha ohatra efa misy fanehoam-pitiavana nataon'iny olona
iny taloha, dia mamokatra ilay izy. Raha ohatra olona tsy naneho fitiavana azy taloha, tsy
niresaka taminy taloha, dia tsy misy dikany, fa... dia olona fotsiny mijoro.
Solofo/ Eny àry ! Dia miainga avy amin'izay adihevitra izay isika, dia hanandrana hamaritra ilay
système préventif dia izay système préventif izay isika, satria efa nivoaka ilay resaka teo hoe :
nisy efa nomen'i madame Louise teo hoe ny système préventif, hoy izy, na hoe lafa-pitsinjovana
mialoha dia fitambaran'ny hevitra na fihetsika eo noho eo, na andraikitra. Hevitra na fihetsika na
andraikitra eo noho eo na, efa voaomana mialoha, hiarovana ny ratsy mety hitranga. Ohatra izay
ilay izy...
Louise/ Satria amiko manko ilay... voaboasako kely angamba aloha ilay izy hazava, nofintiniko
mantsy hoe, mahatonga azy hoe hevitra indray ny système préventif hevitra hitanao eo noho eo.
Rehefa zavatra rehetra mety hiarovana ny ratsy, mety hitranga izany amiko, dia système préventif
daholo, izay fomba ataonao, na fitenenanao io, satria indraindray eo ilay izy vao hitanao, ny
fihetsikao, ny teny na signe na ohatra izay na koa ilay izy voaomana mialoha, izay aloha
angamba ny tena ao an-tsaintsika rehetra, ilay tena voaomana mialoha, hoe manao
programmation isika, manomana zavatra mialoha. Ity izao fantatra ilay ohatra izao, ity afaka roa
volana vao hoe 'ndao isika hanao zavatra ohatra izao mba tsy hahatonga ity ho izao. Ireto tanora
ireto mety ohatra izao. Izao izany no hiarovantsika ny tanora. Ireo angamba amin'ny ankapobeny
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no ieritreretantsika ny système préventif, fa amiko ny fihetsika eo noho eo koa, na hevitra, na
andraikitra koa, raisina koa ilay izy.
Solofo/ Araka ny hevitro, raha ohatra hoe ampiana ilay an'i madame Marie izay, raha resaka
fanabeazana hoentina manabe, satria mantsy ilay méthode hoentina manabe izany ilay izy. Raha
mipetraka izao ilay fitambarana hevitra dia hiarovana ny ratsy mety hitranga fotsiny, dia ohatra
ny hoe... araka ny hevitro, ohatra ny hoe tsy ampy ilay anona, asiana hoentina manabe ny tanora,
asa raha manao ahoana ny fijerinareo an'izay ? Raisina hoe io zavatra io izany, izay ilay
fitambarana hevitra sy fihetsika, sy ny andraikitra raisina eo noho eo, na efa voaomana mialoha,
hiarovana ny ratsy mety hitranga, ary ho entina manabe ny tanora.
Olivier/ Angaha moa ilay izy, tsy maintsy fehezanteny iray no amaritana azy ?
Solofo/ Tsy voatery hoe fehezanteny iray, azonao ? Fa ilay izy rehefa avy eo mbola mety mahita
point be dia be isika ao anatin'ilay définition, fa ny tiako ho tenenina, izany hoe raha ohatra
mantsy izy mipetraka hoe hevitra na fihetsika eo noho eo, hiarovana ny ratsy mety hitranga
fotsiny, ohatra ny hoe tsy tena lalina kokoa izay amin'ny resaka fanabeazana.
Olivier/ Ny ahy izany ny hevitro dia izao : hanao ilay famaritana isika, hoy ianao teo, dia tsara
misy secrétaire anankiray ankoatr'ilay secrétaire efa mitàna an'izy rehetrarehetra izany, dia
ohatra raisina voalohany izany ilay amin'i madame Louise, dia nampiana kely ny an'i madame
Marie, dia nampiana ilay anao teo, dia misy anankiray mandray, mandray foana, dia haverintsika
avy eo, dia avy eo vao hita ilay... izay angamba...
Diego/ Proposition, ahoana raha ianareo, par exemple : madame Marie manoratra ny famaritana,
dia avy eo passé-na aminareo rehetra, io fenoina, dia itondrantsika io famaritana io amin'ny
herinandro ho avy, non, tapa-bolana ho avy, ary manao adihevitra amin'io définition io. Mety ?
Intervenants/ Mety.
Diego/ Madame Marie, ianao afaka manomana izany ?
XI
Marie/ Azo atao.
Louise/ Momba ny tenin'i monsieur Solofo teo, tsy fantatro efa tafiditra tao satria hoe ilay
définition (plusieurs personnes parlent à la fois), satria hoe ny ahy ny lafa-pitsinjovana mialoha
dia fomba iray, izany hoe ilay source izay nahitana an'ilay izy, nampidiriko ao anatin'ilay
définition, dia fomba iray napetrak'i Don Bosco, hitaizana sy hanabeazana ireo tanora sahanin'ny
salezianina, izay mbola nolovain'ny Centre Notre Dame de Clairvaux ankehitriny. Izay sy izay,
dia mitohy ihany amin'ilay hoe fitambaran'ny (...).
Monique/ Ny ahy, fanampin'ilay an'i mompera, tsy hoe madame Marie no tonga dia mamorona
azy, fa izay manana hevitra dia soratany kely, soratany... alefany ao ilay izy, dia avy eo... izay...
Diego/ Madame Marie, mety vita mialoha ? Ary ianao mizarazara azy amin'ny rehetra, mety vita
aloha, iray andro mialoha, na roa andro mialoha mba hahafahantsika mandinika mialoha. Mety
ho vita ?
Marie/ E. e (eny).
Solofo/ Izany hoe ny hevitry ny tsirairay izany.
Olivier/ Famaritana mihitsy aloha izany ny antsika.
Solofo/ Famaritana araka izay hiheverantsika azy alefa mialoha.
Olivier/ Amin'ny manaraka izy alamina, alamintsika araka izay tratrantsika eto.
Solofo/ Ataoko fa dia tonga teo amin'ny teboka fahefatra isika izao, teo amin'ilay lahadinika
androany, amin'ny hoe teny kely ho entintsika mamarana ity fivoriana ity indray izany. Teny
kely avy fotsiny.
Diego/ Teny iray, roa....
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Olivier/ Izaho izany no handray fitenenana, mamporisika antsika rehetra ihany satria, ho anay
izany, dia mitovy amin'ny teniko tamin'ny voalohany foana hoe manampy be dia be, ary,
mahavelom-bolo foana ilay mahita hevitra mivoaka avy amin'ny olona samihafa, nefa (singa?)
zavatra iray dia ny fanabeazana ny tanora, dia mamporisika sy mamporisika ahy ilay izy izany,
dia mampientana ahy, mampavitrika, ohatra ny hoe, lasa ohatra ny hoe... na ny zavatra
manahirana amin'ny fiainana andavanandro, sns, aza, rehefa mamonjy an'ity réunion ity ohatra
ny lasa maivamaivana izany.
Louise/ Ny zavatra azoko tsoahina angamba aloha izany, faly be aho aloha satria efa namaky ny
tantaran'i Don Bosco ihany aho, fa amin'izao aho vao tena nandalina kokoa izany. Dia ny zavatra
nahafaly ahy izany hoe : misy phrase notenenin'i Don Bosco izany, ao anatin'ny bokiny ao, page
cent soixante un hoe : fanabeazana miseho amin'ny alalan'ny firotsahana tanteraka, miaraka
amin'ny tanora io izany. Dia izay firotsahana tanteraka izay izany, rehefa nodinihiko amin'ny
fomba fiasako manokana, dia hitako hoe nety tamiko ilay izy. Io izany efa toetra teo anatiko
mihitsy. Izaho tsy mbola nahafantatra ny système préventif n'ny Centre niasa teto, fa miasa ny
tanora, dia tsy mety amiko ny mijery fa manao tanteraka. Ny ankizy angamba mety maka vilona,
madame tsy maintsy maka vilona, mitery, madame tsy maintsy mitery, manasa tranon'omby,
madame manasa tranon'omby, madame manasa tranon-kisoa. Dia iny izany tena hoe mirotsaka
tanteraka miaraka amin'ny tanora, dia izay izany no anasako antsika rehetra, fa arakaraka ny
fanaovanao an'izay, mora azo ny fon'ilay tanora. Izay hoe fanehoam-pitiavana izay izany, satria
fanehoam-pitiavana sy hafaliana tsy misy fetra, satria ny anay moa sangisangy isan'andro. Dia
izay hafaliana izay manko, eo amin'ny fiainan'ny tanora izany, sarobidy amin'ny tanora, resaka
hafaliana izay. Ny tanora izany voasintona amin'ny resaka hafaliana foana, satria ao anatin'ny
fiainan' ny tanora, dia hafaliana sy tsiky no tena iainana, dia ohatra ny hoe mba partage izany no
ataoko aminareo hoe tsara ilay mirotsaka tanteraka miaraka amin'ny tanora, fa ahazoana vetivety
kokoa ny fony iny. Ary matetika koa amin'iny mora tafita ilay fampianarana satria voarain'ny
tanora ny fampianaranao (...) mazava loatra moa misy ny fitiavany an'ilay mpampianatra, ary
ilay zavatra ampianarinao azy koa rehefa misy ilay ambiance izany.
Louis/ Fohifohy ihany ilay teniko. Ny zavatra nahafinaritra aloha, hita nisongadina mihitsy izany,
dia ilay hevitry ny tsirairay eo amin'ny famoahana azy izany, dia... raha izaho izany izao no
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manambatra azy rehefa any an-trano any dia hitako hoe ity no hotsoahiko amin'ilay izy. Ka ny
hanentanana antsika angamba, dia ny fampiharana azy any amin'ny ankizy, any angamba no tena
zava-dehibe, indrindra amin'ny dinidinika ataontsika eto. Dia manaraka izay, dia ilay fotoana
moa fohy dia fohy. Ka mieritreritra... raha ohatra ahy izao, tsy ampy mihitsy ilay zavatra tokony
hitenenako, angamba miangavy antsika mba samy hamitimpitina ilay teny rehefa mivory amin'ny
manaraka, fa misy lava be loatra dia tena tsy afaka mivalampatra intsony. Izay angamba !
Jean/ Ho ahy, ny ahy ny hamintinako azy hoe : ity fihaonantsika ity izany mampifanabe antsika,
marina isika fa samy mpanabe, fa mampifanabe antsika ilay izy, dia ny zavatra tsapako ihany koa
hoe : ny olona tena mampihatra ny système préventif na miaina io système io, ho ahy manokana
aloha, ohatra hoe, tsapako hoe tena olona izy, fijeriko manokana, tsy hoe mitoraka an'i mompera
aho akory raha miteny satria niditra ny Centre izy tena tsapa mihitsy hoe olona miaina
amin'izany système préventif izany. Mampihatra ilay izy, fa hafaliana feno ho an'ny tanora ilay
izy, dia ahatsapako mihitsy hoe, raha tena miaina amin'izany isika, tena manana ny anjara
toerana lehibe eo amin'ny fiarahamonina, fampandrosoana ny firenena. Misaotra.
Arthur/ Ho ahy izao ny zavatra tsikaritro amin'ny androany, ilay izy ohatra ny... tsy hoe ohatra,
fa mahafinaritra, raha tamin'ny vao nanomboka azy ity isika tamin'ny asabotsy, raha
nahatsikaritra ianareo tamin'ny adihevitra nataontsika, ohatra ny somary nivoaka kely ilay izy,
nefa androany ilay izy tonga dia tena hita hoe (rires)... tena nifantoka tanteraka tao isika rehetra,
asa angamba, hoy aho hoe efa manomboka zatra angamba isika dia...
Jacques/ Tsipihiko fotsiny hoe androany isika izany efa nanana expérience kokoa, dia efa
concentré amin'ilay zavatra hatao, dia mba tonga dia mizotra ara-dalàna ilay izy fa tsy misy hoe
hevitra hafa.
Hery/ Ny ahy koa izany dia mitovy amin'izay hoe mahafinaritra ilay izy, fa ilay fo koa te-hiteny
zavatra be dia be foana, ary izao mbola manana ohatra ny hoe fanontaniana maromaro, niainga
tamin'ilay hevitry ny tsirairay teo. Tiako hanontaniana fa voafehy moa ilay izy, dia angamba...
nanome toky moa mompera teo hoe mbola... betsaka ny fotoana, dia hanam-paharetana koa aho
izany. Amin'izay fotoana izay no mba hametrahako ny hetehetako koa.
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Monique/ Ny ahy izany, efa niteny monsieur Solofo hoe famaritana ny atao, dia amiko izany
famaritana izany tsy mila fanazavana be angamba ny définition ny fahalalako azy. Fa izay no
nangatahina hoe samy manao famaritana, dia eny an-dalana eny mbola misy manao définition.
Izany hoe ilay izy izany misy dingana, étape no itondrana ilay fivoriana hoe eto manome
définition, dia rehefa avy eo, hoy izy, miady hevitra rehefa avy eo. Tonga dia natao tany amin'ny
définition izany ilay fanazavana, dia lasa ilay fotoana... ka ny ahy izany ohatra ny hoe tokony
miezaka ihany isika ilay notenenina teo amin'ilay izy. Izao izaho indray dia efa diso, fa hoy
indray izy teo hoe : izao isika, dia hanao teny kely, asa mot-clé na hoe phrase-clé. Raha mot-clé
moa izao no tadiaviny amin'iny farany iny, dia ohatra ny hoe miteny fotsiny aho hoe : tsara ny
fivoriana, afa-po aho. Tokony ho izay no farany, fa mbola misy explication indray ao anatin'ilay
izy. Izay zavatra izay izany ny ahy no tiako holazaina.
Olivier/ Ny tiako hotenenina fotsiny, ilay tenin'i monsieur Hery teo, apetrako amintsika rehetra
ilay izy hoe : azo atao ve izany ? Tokony ! Marina moa mompera tsy hita fa any izy, fa ny
hevitsika samy nilaza teo, dia izy te-hametraka fanontaniana. Azo tohizana any ivelany ve ?
Hery/ Dia ny ahy indray ny soso-kevitro dia hoe : ilay moment ilay laps de temps, ilay ao
amin'ilay pause isika tena... eo vao tena hanomboka ilay zavatra, sao dia tokony hisy minute
mihitsy izany hoe certain temps... adiny iray anaovana ilay ohatra ny ilay any amin'ny pause iny,
fa hitako mihitsy hoe ohatra ny mangatsiaka daholo hoe tonga ilay pause, dia vao mijanona ilay
pause, dia raikitra amin'izay ilay resaka hoe : ahoana amin'izay ilay hevitrao momba an'ity.
Monique/ Azafady hoe, ka izay ange ilay nolazaiko teo, nametraka i Solofo fa henointsika tsara,
izao hanome famaritana daholo, fa tany amin'ilay famaritana isika dia efa nanao ilay zavatra
matsirotsiro tiantsika hatao, ary dia tsy nahazo fy tsara intsony isika taty amin'ilay dingana
manaraka. Ilay phase faharoa izany isika efa tsy nahazo tsirony intsony fa efa nohanintsika
mialoha.
Diego/ Atambatra ny hevitrareo, izaho faly satria efa misy velona mandrakizay ny système
préventif eto Madagasikara, tsy dia hoe misafosafo anareo aho. Momba ny programa amin'ny
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manaraka, mbola miditra lalina kokoa amin'ny zavatra sasantsasany. Manao résumé aho, miasa
amin'ny définition izay ataonareo. Io no tanjona amin'ny manaraka.
Intervenant/ Tsy miasa ?
Diego/ Non, miasa, miasa. Io zavatra roa angamba no hataontsika. Noho izany amin'ny manaraka
misy zavatra be dia be. Zavatra manaraka, raha ianareo te-hiresaka lava, ny resaka, satria ny
système préventif dia fiainana, velona, velona aminareo, noho izany ny resaka dia masaka. Izaho
mizarazara aminareo, ho an'izay tsy mbola nahazo, la lettre de Rome sy ny système préventif
nosoratan'i Don Bosco, ho an'izay tsy mbola... Zanako malala sy système préventif ho an'izay
tsy manana, afaka mandray.
Ny fotoana dia fohy, fa amin'ny lafiny iray tsara raha fohy, satria voatery fintinina, nifidy ny
zavatra manan-danja, tsy very amin'ny zavatra tsy misy... tsy dia hoe tsy manan-danja... fa ny
zavatra farany angamba, rehefa... amin'ny tapa-bolana ho avy manomboka manao interview aho,
ao anatin'io zavatra io ianareo afaka mamoaka, miteny lava be, trente minutes ho anao
manokana! Ok, misaotra tompoko.
Solofo/ Izany hoe misy tiako hotenenina kely fotsiny, izany hoe ho anay izany nahita teo amin'ny
famoahantsika ilay fivoriana dia hitako hoe ny traikefam-piainantsika no nivoaka, fa tsy resaka
théorie be fotsiny. Ny traikefam-piainantsika, dia avy eo ny faharoa, tiako hotenenina dia hoe iza
no directeur-n'ny fivoriantsika amin'ny manaraka ?
Intervenant/ Solofo ihany (rires et commentaires).
Solofo/ Io izany fanentanana koa amin'ilay hoe fianarana manentana. Io moa talenta azoko tany
amin'ny scout tany izy io. Amin'ny vingt-sept izany ny fivoriantsika. Alakamisy vingt-sept
novembre.
(Commentaires)
Intervenant/ Amin'ny dimy ora hariva ny fivoriantsika...
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Jacques/ Mompera, amin'ny fanombohana sy ny famaranana, tsy misy vavaka ?
Diego/ Miankina aminareo...
(Commentaires... la prière n'est pas enregistrée).
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TROISIÈME RÉUNION
27 novembre 2004
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.2 Système préventif Définition du système préventif : il s'agit de l'harmonie pour pouvoir
élever et éduquer dans un climat où règne l'amour, pour façonner les personnes.
2. Les trois piliers du système préventif 2.2 Amour Nouveau concept : cœur plein d'amour ou fo feno fitiavana .
Nous donnons beaucoup trop {be loalra) aux jeunes. Ils sont surprotégés... Il faut un équilibre et beaucoup d'attention puisque l'excès nuit. Dans ce sens, il faut faire attention à ne pas surprotéger ou gâter les jeunes. La solution à ce problème c'est que les jeunes s'engagent {tokony handray anjara), qu'ils soignent les choses et qu'ils apprennent à réparer tout de suite ce qu'ils abîment. Nous, éducateurs, nous sommes aussi trop gâtés et nous réagissons parfois comme les jeunes. Entre nous, éducateurs, il y a aussi de Pégoïsme. Question : y a-t-il de l'affection exagérée, diso be loalra ? Explication du fo feno fitiavana : il s'agit d'un amour inconditionnel (lianao foana), la raison qui réfléchit contrôle (maîtrise) le cœur. La tête pense, la tête maîtrise le cœur {manao saina mandinika, ny saina mandinika mifehy ny fo). Quand nous donnons trop aux jeunes, ils deviennent parfois passifs, ils ne prennent pas de responsabilités. Quand les pères salésiens donnent trop aux jeunes, c'est à nous (éducateurs), de parler avec les jeunes. Le malgache est connu comme un homme du cœur olon 'ny fo. L'amour dans le système préventif est un amour sans limite envers les jeunes. Nous aimons les jeunes quoi qu'ils fassent. Il faut montrer de l'amour à ceux qu'on éduque.
2.3 Raison On peut aller chez les jeunes et leur demander les raisons (le pourquoi) de leur manière d'agir.
2.4 L'équilibre entre les trois piliers
Puisque tout excès nuit, il faut être équilibré dans l'amour, la raison peut équilibrer l'amour, mais le risque c'est que l'amour devienne devoir. L'amour doit suivre une intelligence qui réfléchit, de façon à évaluer et à déterminer si on n'est pas en train de gâter les jeunes.
3. Dimensions du système préventif
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3.1 L'assistance L'assistance peut aussi être trop exagérée. On peut voir l'éducateur comme un superviseur, un organisateur, un facilitateur et un guide. Cette vision peut être élargie.
3.2 La prévention La prévention protège les éducateurs. Il faut prévenir le péché, autrement dit, il faut protéger les jeunes pour qu'ils ne pèchent pas.
3.5 L'éducateur et la vocation
L'éducateur doit être modèle aussi dans sa façon de s'habiller.
4. Sujets particuliers 4.3 Le rapport missionnaires -autochtones
La communication avec les salésiens est difficile à cause de leur origine, par exemple parfois ils utilisent des mots qui nous blessent sans qu'ils le sachent. Pourquoi les salésiens changent-ils d'attitude quand ils changent de poste de travail ou de responsabilité ? Les salésiens étrangers sont en difficulté parce qu'ils ont une autre culture. La communication avec un salésien est insuffisante.
4.4 L'adulte malgache éducateur, est-ce possible ?
L'adulte malgache ou ray aman-dreny assistant est-ce possible ? Ils sont tous d'accord pour dire que c'est possible. Il y a un problème, l'éducateur est proche du jeune, il suscite chez le jeune une question : pourquoi mes parents ne font pas comme ça ? Parfois nous, éducateurs, nous sommes distraits. Il faut être prêt à surveiller et voir ce que font les jeunes. Les jeunes ont une image négative des parents qu'ils transposent sur nous, c'est un problème. Il y a deux types d'attitudes chez les éducateurs : 1. Ceux qui ont le même comportement ou fihetsika que les jeunes, par exemple ils jouent avec les jeunes, mais cette façon de faire n'est pas obligatoire. 2. En tant que femme adulte, l'éducatrice peut devenir organisatrice, superviseuse ou facilitatrice. Selon ses propres caractéristiques, chaque professeur ou éducateur incarne le système préventif à sa manière.
4.6 Le déplacement trop fréquent des salésiens
Le déplacement trop fréquent des salésiens est probablement une stratégie de l'institution salésienne, qui a ses priorités. Un premier problème, c'est le déplacement trop rapide des salésiens. Un deuxième problème, c'est que ce déplacement arrive de façon inattendue. Nous sommes aussi gâtés. Nous sommes très attachés au père directeur qui est parti. Quand la décision du déplacement arrive de manière inattendue ou brusque (lampoka), sans préavis, trop tard, cela pose des problèmes, non pas tellement à cause du changement, que nous acceptons et que nous trouvons normal dans un visage (dynamique) de la vie, mais parce que c'est inattendu. Cela suscite une question : où est la
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prévention dans tout cela ? Le déplacement a des conséquences chez les jeunes, cela crée du désordre, mais aussi chez les éducateurs, on ne sait pas où aller, notamment si c'est le directeur qui part. On savait que les directeurs changeaient tous les trois ans, mais voilà qu'ils changent après un ou deux ans ! Le changement est normal, nous acceptons cette règle des salésiens. Comme solution, il faudrait préparer les changements, sauf dans le cas d'erreurs (faute professionnelle), mais cela reste exceptionnel. La possibilité du changement nous invite à avoir toujours une roue de secours. Malgré les déplacements, c'est le système qui continue à marcher toujours, il reste ici à Clairvaux. Un changement produit toujours un désordre ou plutôt cela fait bouger les éducateurs : il faut apprendre à construire avec le changement. Nous devons aussi être souples dans notre travail, pour nous adapter et changer. Le déplacement des salésiens est un signe que les laïcs à Clairvaux sont à la hauteur et mûrs pour pouvoir continuer le travail éducatif sans difficulté. Ce sont eux qui doivent assurer la continuité. Il faut savoir que les personnes (laïcs ou salésiens) ne peuvent pas rester ici à Clairvaux pour une éternité (toujours). Personne ne dure ici à Clairvaux. Le déplacement imprévu rend difficile toute l'organisation à Clairvaux (vide de poste trop longtemps, notamment pour le directeur). Il faut préparer le changement et inviter les laïcs à s'engager plus pour éviter la souffrance ou des difficultés chez les jeunes. Le projet éducatif du Centre nous protège. Nous sommes dans un macro-système, le changement est une réalité, il faut se construire avec les faits (rappel d'une formation reçue).
Verbatim
(Procès verbal de Marie... pas enregistré)
Solofo/ Sao dia misy anampiana na ohatra izany ilay fitanana an-tsoratra, hoe misy ohatra izao
ohatra.
Olivier/ Azo enti-mody.
Monique/ Tohizana enti-mody.
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Marie/ Asiana enti-mody.
Monique/ Tohizana hatrany ihany ny famaritana raha tsy afa-po.
Marie/ Mbola famaritana (...)• Ezaho amin'ny hevitra manaraka. Aleo tsy asiana ohatra izay.
Solofo/ Eny àry ! Misaotra an'i madame Marie isika ny amin'izay tatitra natao izay, dia eto aho
izao dia mahita hoe, raha ny vokatr'ilay partage nataontsika teo izany, dia nihompana be dia be
tamin'ilay famaritana ilay lafa-pitsinjovana sy ilay pratique izany isika, dia mieritreritra aho hoe
sao dia tokony... io aloha no hasiantsika resaka. Izany hoe ilay fomba anaovantsika azy
angamba, satria ilay anona nozaraintsika tamin'ny alatsinainy sy talata teo, mikasika ny système
préventif, dia ny anankiray ilay famaritana, dia mieritreritra aho hoe mety ho azontsika jerena
miaraka ilay izy ao anatin'ilay famaritana, dia hoe aiza ho aiza no mety ivoahan'ireto olana
tokony hovaliana ireto amin'ity grille ity izany. Asa raha... ilay izy. Ohatra araka ny hevitro
izany, ohatra hoe misy définition iray ohatra hoe an'i monsieur Hery, raisintsika ohatra hoe :
fitaizana sy fanabeazana anjakan'ny fitiavana, ka voarindra sy voalamina mialoha mba
hamolavolana olona. Dia ery amin'ilay hoe voarindra sy voalamina aloha izany, ohatra misy
tsindrim-peo amin'io hoe : ahoana ilay changement d'éducateurs, professeurs et salésiens, trop
souvent ? Azonareo ny fandehan'ilay izy, misy an'io ilay izy, fa voarindra mialoha ny zavatra fa
misy ilay changement trop souvent ity amin'ilay olana tokony hovahana. Ilay fampifandraisana
ilay grille sy ilay définition antsika izany, dia eo no asiantsika adihevitra, asa raha... dia ao
anatin'ilay adihevitra moa izany, dia tena adihevitra no hataontsika. Izay mandray anjara amin'ny
fitenenana izany... ohatra izay.
Marie/ Izao angamba, ny fijeriko an'io : manana ny stratégie-ny angamba ny salezianina matoa
manova, ohatra hoe manova ny mpitondra, satria ny institution izao, niveau-n'ny institution no
resahina, ohatra hoe : mompera Diego, ohatra tsy ampy telo taona, fa tokony mbola hanao
herintaona ohatra, dia manana ny stratégie-ny izy, inona no prioritaire kokoa amin-dry zareo
hanovàny an'ilay izy ? Matoa koa izy, tadidio tsara tamintsika nivory niaraka tamin'ny
provincial, dia nametraka tsara izy tamintsika, tamintsika ilay nangataka hoe aleo mompera
hipetraka eto aminay mba fara-faharatsiny hanapitra ny taona, dia inona no noteneniny tamintsika
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tarnin'iny ? Matoky izahay hoy izy fa mpanabe mahavita azy ianareo, matoa izay esorinay, olona
efa mature, maturité, mahazaka ilay fiovana. Isika mpanabe izany, matoa isika ilaozana, dia efa
mahazaka. Isika izany no tokony handrindra sy handamina ny sain'ny ankizy amin'ny fiovana ê !
Dia tokony hapetraka hoe tsy misy olona maharitra eto. Tsy misy olona maharitra izany eo
amin'ny institution iray. Izay aloha no hevitro.
Monique/ Dia izao izany, ny ahy izany ny hitako, tonga dia raisiko ohatra tena sady akaiky ilay
fahalasanan'i mompera Diego teo. Raha lasa mompera, izaho izany nanana olana, ohatra hoe ilay
tamin'ny rentrée scolaire izany no tena olana tamiko. Izaho izany tamin'ny vacances fotsiny, dia
hoy aho hoe : lasa nandalo tao amin'i Frère. Frère â ! Classe de fahafiry no tazoniko ?
Hahafahako mba any an-trano aho, mamakivaky boky, dia manomana an'ilay taonako iray
manontolo. Dia nanontany an'i Vero koa aho, tsy efa vita ve aky ny liste-n'ny ankizy voaray
tokony efa mba fantatra hoe izao sy izao, dia haminaniana, mba... satria ny vacances ho an'ny
mpampianatra, anomanany sahady, ahafahany mi-se documenter, sy handaminany ny taona.
Izaho izany tena hoe, asa firy andro talohan'ny fidirana, tsy afaka manome... noho ny fiovan'ilay
directeur, tsy misy mompera Silvestro, fa herinandro mialoha angamba vao nisy hoe iny
mompera Silvestro. Izaho efa nanomanomana ihany hoe : parallèle ny septième, satria plus de
vingt, efa nanomanomana ihany aho hoe septième izany. Tonga mompera Silvestro, dia nanana
problème moa izany madame Marie amin'ilay hanohy ilay huitème, dia lasa izy nankany amin'i
mompera, dia nisalasala mompera. Dia niarahaba an'i mompera Silvestro indray izahay sy
madame Domoina, dia mila miresaka aminareo tsirairay aho hoy izy. Dia nilaza ny problème koa
izany ry madame Domoina amin'ilay olana, amin'ilay fampianarana français, nandray décision
mompera Silvestro, dia hoe ianao mitana huitième, Silvia, mitana septième, Marie indray
miverina mampanao français. Nanomboka teo aho izany dia tena nisavoritaka be mihitsy aho
izany hoe : ahoana no hanaovana ity zavatra ity ? Satria tsy maintsy mandray fanapahan-kevitra
izy izany. Mbola tao anatin'io koa ny kilasiko. Izaho izany efa nanomana ny kilasiko tsara satria
izay ilay hoe omanina mialoha. Fa na io kilasinao io àry, fanehoam-pitiavana ny ankizy. Izaho
tena nahavita niborosy trano, ilay avy nolokoina iny ny fianarako, hoe hanajako ny mpianatro.
Borosiko ny trano, dioviko ny trano handraisako ny mpianatro. Nivoaka tampoka indray ny
décision, fa hoe tsy ato ny kilasinao, fa miakatra ao ambony, mandray ny kilasin'i madame Silvia
izay simba, mila atao maçon, mila atao inona... indray aho amin'izany. Fotoana tokony
02
hanaovako préparation, nanadiovako trano vaovao indray. Izaho izany tena hitako nanana olana
tarnin'ilay hoe fiovana mompera, amin'izay ilay izy tampoka, azonareo ? Ohatra ny hoe tsy afaka
manomana intsony ny directeur vaovao eo, hoe izao no anaovana ity Centre ity, fa ohatra ny hoe
tsy maintsy nandray fanapahan-kevitra haingana izy fa hoe maika hiditra ny mpianatra.
Tamin'iny ary nahemotra indray ny rentrée scolaire dia hoy aho hoe : aiza ny préventif
amin'izao ? Hoy aho hoe tena tsy misy fitsinjovana mihitsy ilay ankizin'i Clairvaux ity zavatra
ity, fa ilay izy tena nihatra be tamiko mihitsy izany. Dia lasa sahirana aho. Lazaiko anareo fa izao
aho vao nanomboka nisento izany tamin'ny korontana tamin'ny asako, na ny préparation-ko.
Izaho tany amin'ny vacances-ko, efa tena nanomana mihitsy aho izany hoe, dia tena mikorontana
be, tena sahirana. Dia hitanareo, vokatr'izay hoe tsy afahako manomana be izay, fa foara (foire)
ao amin'ny kilasiko izao â ! Foara (foire) be mihitsy. Mikorontana ny ankizy, sorena ny ankizy,
tsy mandeha amin'ny laoniny izay zavatra rehetra, dia hoy aho hoe ilay fanovàna, ekeko ilay
manova, fa tokony hasiana anona hoe... Na mompera io ary ange mbola nanana projet, zavatra
no hatao ho an'ny tanoran'i Clairvaux. Fa ny fahalalako hoe ilaina ilay miova, fa ilay tampoka
kosa ê ! Tsy haiko aloha na hoe tampoka ilay izy, fa amiko tampoka ilay izy ê ! Ekeko fa manana
rafitra ny salezianina. Taloha aho naheno hoe isaky ny telo taona hono miova, dia mahazo manao
mandat deuxième année, dia misy ny six ans, siosio fa tsy mbola nisy directeur niteny tamiko.
Nivadika fa misy directeur miala herintaona, misy directeur miala roa taona. Dia ahoana izany
hoe na io mompera directeur io izao àry dia sarotra be ny hanomanany ny taona manaraka sao dia
lasa tampoka indray izy amin'ny volana août, nefa ilay système préventif amiko, tena mila
fanomanana.
Ilery/ Ny ahy izany, miompana indrindra amin'ilay tenin'i madame Marie, izaho izany manaiky
amin'ilay hoe institution salezianina, misy règle izany, na misy rafitra ao anatiny izany. Fa ny
ahy fotsiny izany ny hitako hoe olana kely amin'ilay izy, dia ohatra izay hoe tampoka be izay.
Izaho izany mahatsapa fa amin'ilay zavatra ataontsika, ilay asa ataontsika : sahala mompera, na
mpampianatra, na ny ankizy, dia resaka fitiavana no tena manjaka, ary tsy haiko amintsika
rehetrarehetra ireo, fa izaho rehefa alohan'ny handehanan'ny deuxième année, ilay amin'ilay
mois de juin izany, dia ohatra ny mivontovonto kely izany ny foko, ohatra ny malahelo be aho,
kanefa manomboka any amin'ny volana mai - avril any aho, dia efa manomana tsikelikely ny
saiko izany, hoe : tsy maintsy hiresaka amin'ireo tanora ireo. Ka ilay tampoka izany, eo izany no
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tena mampisavoritaka matetika, ary ilay izy hitako misy fiantraikany eo amiko aloha, izaho
mahita : be fiantraikany eo amiko, indrindra koa eo amin'ny tanora hitako. Indray andro, tsy
haiko aloha izy ity na tafiditra anatin'ilay hoe mpianatsika na tanora taizantsika, fa ny cas-n'i
Claudia izany. Fantatsika rehetra angamba i Claudia. Izy iny mantsy matetika, ilay
manampinampy ahy eny an-jaridaina eny rehefa ilay vacances iny. Tena anisan'ny zavatra tena
niantraika taminy lehibe indrindra ny nandehanan'i mompera Pietro, nankany Maurice, satria
tena nahateny mihitsy izy tamiko hoe : izaho ve ramosé Hery miova dada foana, satria moa izany
hiova an'i mompera Diego indray ny dadany. Dia izaho ve hoy izy, monsieur Hery hiova dada
foana, tsy hitako mihitsy, malahelo be aho, hoy izy, tsy hitako mihitsy ny hatao. Dia hitako izany
fa miantraika amin'ny ankizy koa ilay izy, ary ny ankizy maromaro izay no miantraika
amin'izay. Dia izaho izany mahatsapa fa manaiky ny fiovana, fa angamba ny solution atoroko
hoe : tokony homanina tsikelikely amin'ny lafiny rehetra ny fiovana, indrindra raha hoe
mampandeha tsara ilay système izany. Raha ohatra moa ka misy zavatra tsy nety nataony, akory
atao, fa izay indray angamba mety zavatra exceptionnel, fa raha hoe mahavita tsara ilay zavatra
izy izany, dia tokony homanina tsikelikely daholo izay hanovàna ilay rafitra.
Solofo/ Izany hoe, izaho mantsy izao nahita amin'ilay définition-ko, misy hoe fandraisana
vahaolana, efa novinavinaina mialoha, eo amin'ny fisehoan-javatra tampoka. Ny nahatonga ahy
nametraka io izao, nahita aho hoe : taloha izany misy fomba fitenin'i frera Gianni ny hoe roue de
secours, roue de secours izay fomba fitenin'i frera Gianni izay, rehefa misy zavatra, ohatra hoe
asa ao amin'ny atelier, ohatra hoe tapaka tampoka ny courant, tsy maintsy manana roue de
secours izahay, satria ao amin'ny atelier tsy hoe anona... dia ohatra izay izany ilay izy ao anatina
fisehoan-javatra tampoka, anisan'ny famaritana ao anatin'ilay système préventif noraisiko, izany
hoe fandraisana vahaolana, efa novinavinaina mialoha eo amin'ny fisehoan-javatra tampoka.
Izany hoe raha miverina aho ao amin'ilay fiovana tampoka sy ilay karazany teo sy ilay resaka
hoe fitiavana ny tanora, dia mahita koa aho hoe madame Louise izao nahita famaritana hafa
mihitsy amin'ilay amorevolezza hoe feno fitiavana. Izany hoe tsy hamamiam-pitiavana izany ilay
azy fa hoe fo feno fitiavana, dia izay ilay mitarika an'ilay notenenin'i Hery teo ve hoe malahelo
rehefa hisaraka amin'ny tanora, na ilay nampieritreritra ahy hoe sur-protegé. Hitanareo ilay izy,
izany hoe indraindray izany mantsy manao ohatra ny hoe tiana ho eo foana ilay tanora, tiana
hokolokoloina foana ilay tanora, fa tsy avela homena lalana izy. Dia araka ilay notenenin'i
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madame Marie hoe hanana ny fahazarana. Izay moa ilay an'i madame Marie hoe hanana
fahazavana tsara ao anatin'ilay... ahoana ny hevitrareo amin'izay... ?
Olivier/ Angamba izaho efa niteny betsaka an'ilay fitiavana, na fampianarana, na fanampiana
omentsika ny ankizy izany, efa niteny foana aho tany amin'ny fivoriana, any amin'ny fivoriana
amin'ny sehatr'asa misy antsika izany. Matetika aho miteny hoe manome be loatra isika,
manome be loatra isika. Dia raha tadidinareo ny teniko, tsy tadidiko na ny fivoriana teo na ny teo
alohan'izay, niteny hoe mila équilibre ilay izy. Nahatsiaro ny tenin'i Hery momba an'i Claudia
aho. Izany hoe mety be loatra ny affection nomen'i père Pietro, dia niraiki-po izy, dia efa avy eo
anefa tsy voatery ho izay ilay izy, fa hisolo ilay dadany, dia nanjary nisy ratra kely indray ao
anatiny. Dia tokony hotandremana izay izany. Fa io moa tsy haiko ilay philosophe niteny iny hoe:
tout excès nuit, izay zavatra diso be loatra, dia manimba foana.
Diego/ Azafady, tsy manapaka ny tenin'i monsieur monsieur Olivier, mety misy affection diso be
loatra ve ?
Olivier/ Misy ka, tena misy ny affection diso be loatra, fitiavana omena diso be loatra, misy, tena
misy mihitsy izany, izay mahatonga ny...
Hery/ Ka eo mantsy ny problème, raha vao resaka fitiavana. Dia notsipihiko mihitsy ato izao ilay
an'i madame Louise : fo feno fitiavana. Ao anatin'ny fitiavana, tena amin'ny fo no miantraika ;
ary mihatsaravelatsihy ianao, ny saina no miantraika. Raha vao manao équilibre ianao, dia ny
saina no miasa, kanefa raha vao ny saina no miasa, tsy fitiavana izay, fa devoir amiko : asa izany
izay. Fa raha vao misy fo ilay izy, misy fitiavana, dia tena miantraika aty amin'ny fo, ka izaho
angamba miverina kely amin'ny tenin'i... mety ho tafiditra ihany, izay ilay mahatonga ilay
problème iray hoe sur-protegé sy gâté, satria ianao raha vao manome fitiavana, dia tsy maintsy ao
aho, anisan'ireo rehetrarehetra ireo. Efa niaina fitiavana daholo angamba isika, na amin'ny ray
aman-dreny, na amin'ny zanaka, na amin'ny vady, sipa indrindra indrindra, sns.... fa tafiditra ao
ilay izy, dia izay izany no hitako hoe olana kely amin'ilay izy.
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Louise/ Ampiana angamba ny fo feno fitiavana, inona moa no tiako holazaina amin'ilay fo feno
fitiavana ? Ilay fo feno fitiavana lazaiko eto ange dia ilay hoe feno fitiavana, izany hoe : tsy
manam-petra ny fitiavana an'ilay tanora. Tianao foana izy amin'izay zavatra rehetra ataony. Ary
io fitiavana io, matoa tianao izy izany, dia mikatsaka ny hahasoa azy. Any izany ilay fo feno
fitiavana, fa tsy hoe fo feno fitiavana ka ny fo no miasa. Raha ato izao misy fandinihana nataoko,
dia hoe fitaizana tsy amin'ny alalan'ny fo anefa, fa baikon'ny saina mandinika. Izany hoe misy
ilay fitiavana fa arahinao amin'ny saina mandinika. Ohatra hoe gaté-na izao. Fitiavana izay, fa
raha tena tianao izy, lanjalanjainao ny fomba hampihantanao ilay zaza, satria mety hanimba azy.
Izay izany, ilay sainao mandinika koa eo an-daniny. Izay izany ilay tiako holazaina hoe fo feno
fitiavana. Fo feno fitiavana ilay tia azy amin'ny fonao iray manontolo. Ary ireo tanora ireo,
fantatsika hoe manana problème, tsy ampy an'izany, dia omenao izy. Mikatsaka ilay hahasoa azy
izany ilay fitiavana omenao. Ao ny affection, ao ny rehetra, mety koa ianao manafay, fitiavana
azy koa izay. Manafay ianao hoe mba hanitsiana azy, fa tsy ilay fo miasa hoe lasa baikon'ny fo,
nefa ratsy izay.
Solofo/ Hiverina kely vetivety ato amin'i monsieur Olivier ary isika amin'ilay noteneniko teo hoe
manome be loatra, dia avy eo...
Olivier/ Izaho manko mahatsapa... azy io matetika. Marina fa tonga ny tanora, tsy manana na
inona na inona izy, ny tanora, na ny ankizy izany, eo amin'ny sehatr'asa misy antsika; dia ny
zavatra omena ilay tanora efa be dia be, na ara-materialy io, na amin'ny fianarana io, na amin'ny
fitiavana... inona moa ? : ny affection io, dia indraindray izany, misy ohatra mitaky amin'ny
ankizy aho hanao dessin, dia mitaky lames (?) aho izany. Ianareo mitadiava na dia tapaka lames
(?) kely ohatra an'io aza. Mikaroka anareo, débrouillez-vous mahita an'io, mba io handraisanareo
anjara io, entinareo manabe anareo. Dia manao an'izay karazana hoe fanerena izay, ary fitiavana
no entiko manao izay fanerena kely izay. Dia tsapan'ny sasany anefa hoe raha misy ao ve, ao dia
ahoana, ahoana... ? Dia ohatra izay izany ilay izy. Dia mahatsapa aho izany hoe indraindray isika
manome be loatra. Ny vokatr'ilay izy : rehefa mivoaka ny ankizintsika, na misy zavatra atao, na
indrindra amin'ilay hoe zavatra miova tampoka, dia mihanahana ny ankizintsika, miandry antsika
izy hihetsika, satria manome be loatra. Ohatra teneniko ihany koa amin'ilay manome be loatra :
mampianatra aho izao anikeo maraina izany, mampianatra manao trano, ataonao izany, dia
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nangady fototra. Dia efa manazava, aho mialoha hoe : izao no fomba anaovana ity, avy eto dia
manketsy, dia iry no atao, dia iry no atao. Dia mandeha, mandeha. Dia misy ilay ankizy tsy
mitadidy an'iny, misaina an'iny, dia kelikely, kelikely dia ohatra ny mangoraka indray ilay fo,
miverina indray ilay fo. Raha ny tokony ho izy, tokony hanery ny ankizy hitadidy ilay zavatra efa
nomeko, izay no tena fitiavana, nefa izaho indray avy eo no lasa manome indray satria ohatra ny
hoe zatra manome, dia manome, manome, manome be loatra.
Jean/ Izaho miverina ary amin'ilay changement des éducateurs àry izany, dia mifamahofaho ao
ny zavatra rehetrarehetra, fa ho ahy manokana izany ny système préventif efa karazany fiarovana
lehibe ho antsika, ary mampianatra antsika hiatrika ny asa izany, araka ny fiheverako. Ary ny
fiovana, aminy maha-endriky ny fiainana mety ho tonga tampoka, ary tsy voatery io izany,
hainpisavoritaka antsika, araka ny fiheverako. Moa koa izahay mety hanana tombon-dahiny kely
satria nisy fotoana, efa roa taona teo ho eo mompera, nisy fotoana nandehanany matetika tany an-
dafy, dia mazava ho azy izany fa tsy maintsy mandray andraikitra matetika ianao manoloana izay
zavatra izay. Dia jereko ohatra hoe tamin'ny farany teo hoe lasa i mompera, handeha mompera.
Izaho tena tao foana nandrindra ny vacances, ary mahita inona àry no hatao. Hitako ny listen'ny
ankizy, efa hitako daholo ny listen'ny ankizy, na primaire na professionnel, fa avy eo na izaho
mijery ary efa tonga dia (...) tsy azo atao ny manao kilasy telo amin'ireto ankizy ireto. Izaho sy
frera Ginno iny no mihodinkodina, dia mieritreritra eo. Dia hoy i frera Ginno tamin'izay hoe :
ahoana moa no hanakaramana olona.... ? ny ankizy vitsy kely teo izany no nandehanan'ilay
resaka. Ary hita koa fa misy problème ao amin'i madame Marie, amin'ilay sady manenjika
fivoriana, manao infirmerie, mankatsy no mankeroa. Izany angamba ity monsieur Jean no mahita
hoe : hataontsika kilasy telo ilay izy. Dia avy eo mbola antony daholo daholo izany ao anatin'ilay
izy. Fa ny ahy no tsy mahataitra ahy izany, raha ny hiverenako, tsy hoe tsy sahirana aho, fa tena
sahirana, fa efa misy projet napetrantsika, ilay izy tena miaro antsika. Ary napetrako tary aloha
hoe préventif, izany hoe fiovan'ny mpanabe izany. Marina rehefa misy fiovana, tsy maintsy
miova ny zavatra. Fa système tsy maintsy mandeha foana, ny système préventif, Clairvaux vao
voapetraka foana par secteur, misy chef secteur, misy ny rehetrarehetra, fa indraindray izany
izaho mieritreritra, alaim-panahy indraindray mieritreritra ny asako aho, izaho, dia lasa mijaly
aho manatanteraka ilay asako. Fa raha ohatra ianao manomboka ianao manomboka mitodika
amin'ny hoe : inona no metimety kokoa amin'ireto ankizy ireo ? Dia mampandefitra ny asa ;
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ohatra izany, omeko ohatra ianareo : izaho efa manana rafitra anankiray ho an'ny organisation ao
amin'ny internat, ohatra hoe asa fanadiovana. Dia ity no efa napetrako telo taona, dia miditra
taona manaraka, dia mbola mieritreritra aho hoe ity no efa préparation... nefa avy eo ny liste
miova. Tamin'ity izao, tampoka, hitako hoe misy externe François Bernard, tsy tao anatin'ny
zavatra... nefa isika manana ilay système izany, dia voatery tsy maintsy manova ny zavatra ary
miaina amin'ny zava-misy. Izay no mahatonga ahy miteny hoe : tsy ampy ahy mihitsy ilay
hieritreritra ity famaritana ny système ity, satria tonga dia pratique foana izany, pratique, ary atao
hoe... hiverenako ny tenin'i monsieur Jacques teo hoe tamin'ny asabotsy, zavatra niseho,
tantaraiko kely aminareo ilay izy : nisy ankizy anankiray, tapaka ny tanany, atao hoe noheverinay
fa tapaka, dia namonjy any amin'ny dokotera izy, izaho mampianatra hira. Izahay sy Jacques
izany no mampianatra hira. Ny olako izany mitana ankizy amin'ny gitara, fa izahay roa lahy
samy mitana groupe. Dia ny zavatra nataoko izany, inty izany préventif, napetrako mialoha tao
anatin'ny théâtre ny bafle sy ny clavier. Dia izaho niteny tamin'ny mpanabe hoe mba jerijereo io
zavatra io. Raikitra ny fianaran-kira, dia rehefa nanomboka ny fianaran-kira, tsy misy nandeha na
ny orgue, na ny zavatra rehetrarehetra. Tsy hoe tsy préventif no nataoko, nefa nandinika fa tsy
préventif, satria napetrako mialoha efa misy ankizy ao anatiny ao. Fa izaho efa niteny tamin'ny
mpanabe fa izaho tsy afaka miteny hoe ity mpanabe ity tsy manao ny asany satria misy zavatra
dingana maromaro hoe mpanabe, iza io olona ? Asa raha azonareo, ohatra izay ilay tiako
hapetraka, fa ny hamaranako azy foana dia hoe préventif, miaro antsika, dia mahatonga antsika
hoe vonona foana amin'ny zavatra misy. Matetika moa izaho mihaona amin'ny provincial, dia
izy mananihany ahy hoe, akory izao ? Inona no tiany hotenenina ? Akory izao ? Manao ahoana ?
Toa faly daholo ianareo ? Io no teneniny. Misy fety, tonga ny provincial Afrique ireny. Ahoana,
mitady an'iza ianareo ? Mompera iza no tadiavinareo ? Ianareo rehetra no manao zavatra, mahita
ny zavatra... manampy be dia be ilay fahitana ilay izy. Ka izay no ohatra ny hoe angamba tsy
fantatro hoe, na conseil hoe système ampiasaintsika, manampy antsika amin'ny zavatra.
Diego/ Tsy voatery manaiky ny zavatra holazaiko. Taloha rehefa izaho niasa tany Betafo, izaho
mahita ny olana izay mety mitranga, ny projet miovaova foana, ary miaraka amin'ny tanora
manamboatra ny projet; fa rehefa tonga ny mompera misolo ahy, maty ny projet. Rehefa tonga
tany amin'i Clairvaux aho, izaho mieritreritra hoe ny fomba Clairvaux tokony manohy ary mbola
mazoto aho manamboatra ny projet éducatif miaraka aminareo, fa alohan'ny fanamboarana ny
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projet, manao formation mandritra ny taona maro, raha mbola tadidinareo. Ity asa fikarohana ity
tsy mandeha raha tsy misy ny fanomanana efatra taona lasa, fara fahakeliny. Efatra taona lasa
manomboka ny fanomanana ity gropy ity, ary izaho nieritreritra ny formation, ny fianarana
nandritra ireto efatra taona lasa ireto, ary izaho taloha mieritreritra fa ity asa fikarohana ity,
manome toky fa mbola manohy ny fomba fanabeazan'i Don Bosco isika ato amin'i Clairvaux, na
miova aza ny salezianina. Ity asa fikarohana ity, tonga aoriana, fa efa hitanareo, fa efa masaka
ianareo, efa matotra. Angamba tsy nampoizinareo fa noho ny zavatra mitranga efa hitanareo fa
matotra, ary ny zavatra faharoa, mikasika ny resaka nataonareo taloha momba ny fitiavana sy ny
manome. Ny manome tsy voatery fitiavana, ny manome mamantatra ny fitiavana, fa tsy voatery,
ary mompera Thévenot, olona tena manam-pahaizana, fa tsy voatery ianareo manaiky ny hevitr'i
mompera Thévenot, fa hoy izy mikasika ity olana ity, momba ilay fitiavana be loatra, sns... hoy
izy hoe : ny fitiavana, ny saina, ny raison, ny religion na fivavahana na finoana : izy telo
mifampifehy. Rehefa misy banga na misy anankiray mihoatra kokoa, hoy izy : lasa perverti ny
système préventif, izany hoe manaratsy ny ankizy. Fa tena manaratsy tanteraka. Noho izany izy
telo tokony miara-miasa, tokony équilibré izy telo, raha sendra misy banga... lasa trop spirituel,
lasa trop affective, lasa trop intellectuel, hoy izy.
Intervenants/ E. e (eny).
Louise/ Efa voalazan'i mompera teo ihany angamba fa saika hanampy ilay resaka hoe
changement aho izany. Ilay izy moa raha misy ilay trop souvent amiko no olana, trop souvent, ity
teny ity izany hoe trop souvent, io izany izy no olana amiko. Fa raha hoe changement, zavatra
trangam-piainana izany, tsy azo lavina eo amin'ny fiainana satria raha ohatra hoe mino isika
izany, hoe ny provincial nanao fanapahan-kevitra ary efa nanazava ihany izy tamintsika ilay
nangataka fivoriana taminy iny, nanazava ny antonantony izy hoe misy izany ny zavatra
tampoka, tokony mahay manaiky koa isika ; mafy ho antsika ilay izy, fa tokony mahay manaiky
isika, tokony mahay mi-s'adapte. Ny tiako holazaina izany dia hoe isika, marina isika manaraka
ilay système préventif fa amin'ny zavatra rehetra, tokony tsy hoe borné loatra koa anefa, hoe tsy
maintsy ity no anaovana azy, dia na inona na inona dia tsy maintsy manaraka an'ity. Ka raha vao
miova izany dia io ary fa io... tokony tsy ho olana izany amiko fa arahana foana ilay système
préventif araka ilay définition taloha moa, fa ajanoko indray ilay izy hoe hevitra na fihetsika na
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andraikitra, raisina eo noho eo. Izany hoe indraindray koa efa système préventif koa izay,
hiomananao amin'izay zavatra nitranga tampotampoka izay, dia mandray fanapahan-kevitra eo
noho eo ianao, ahafahanao miomana amin'ilay hoe mety ho vokatr'izay zavatra izay.
Jacques/ Misaotra ! Misaotra manome fitenenana. Ny zavatra tena tiako hotsindriana izay. Efa
malama moa ilay izy, fa mbola pasohako ihany ilay changement des éducateurs na changement
salésien izany. Izaho manaiky ilay hoe continuité-n'ny Centre, tamin'ny nahalasanan'i mompera
roa lahy moa tamin'ny herintaona izany. Dia izaho nahateny mihitsy tao amin'ny birao hoe, dia
ahoana izany ny continuité-n'ny Centre ? Nefa rehefa tena nandinika aho dia teo koa ilay
formation efa azontsika, indrindra indrindra ilay relation d'aide, sy ilay système mompera
Rosario izany, tena ampiasaiko eto. Isika izany ao anatina macro-système iray. Ataoko hoe ilay
salezianina izany macro-système, dia isika système iray ao. Ka raha ohatra misy mikorontana
amin'ny macro-système, tsy maintsy mikorontana koa isika. Izany hoe miankina... raha misy
hoe... tsy haiko, korontana, azafady amin'ny fitenenana, tsy hoe korontana, ohatra hoe misy
fiovana kely izany ao amin'ilay macro-système, dia tsy maintsy mihetsika koa izany isika. Noho
izany ilay fiovana dia réalité io, réalité amin'ny fiainana. Tsy maintsy ekentsika izay zavatra izay.
Na amin'ny fomba ahoana, na amin'ny fomba ahoana, na eo amin'ny resaka salezianina io, na eo
amin'ny resaka mpanabe io, na mety ho fiovana izany eo amin'ny Centre, dia tokony ho vonona
isika eo amin'izay zavatra izay, satria io réalité misy eo amin'ny fiainana, ary ny olona amin'ny
maha-olona azy dia miova, miova, miova foana. Dia eo no nampahatsiaro ahy tamin'ilay
formation nataontsika, isika rehetra angamba samy nandray anjara tamin'iny formation d'aide iny
hoe : un homme ou une femme en santé psychologique, c'est celui qui prend conscience d'effet
facile ou difficile, et qui se construit avec, dia izany no tena hitako hoe somary nampitabataba be
antsika izany... dia najanontsika ilay tapany faharoa hoe : et qui construit avec, isika izany tsy
mi-construit avec, fa manao ohatra ny hoe réaction, nefa normal ilay réaction noho ilay fitiavana
efa am-po, efa nisy fiaraha-miasa amin'ny zavatra betsaka, dia izay no tena tiako hotsindriana.
Avy eo dia momba ilay tenin'i monsieur Olivier teo, zavatra hafa indray izany ity hoe : isika
manome be loatra. Izaho mahatsapa io zavatra io, satria izaho ao amin'ny Centre foana aho,
miaraka amin'ny ankizy foana aho amin'ny sivy alina aho izany no mody, fa tena mahatsapa aho
satria ohatra, resaka solomaso ohatra, nanome solomaso isika indray mandeha, ataontsika hoe
groupe indray mandeha aloha izany nanome solomaso, avy eo angamba tafaran'izay, groupe
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efatra, groupe dimy nankao amin'ny dokotera, noho ny tsy fahafantarana hoe marary maso
marina ity zaza ity, dia lasa ohatra ny hoe lasa nihangeza be izany ilay izy avy eo. Izay ilay
manome. Dia ity zavatra tena tsapako, zavatra tena misy, ary betsaka ao amin'ny Centre. Ohatra
resaka akanjo izany. Isika manko manome foana izany, dia tsy hisy fandraisana anjaran'ny
ankizy. Dia matetika isika raha mahatsikaritra ilay akanjo verivery ireny, ilay akanjo rovitra, na
ilay akanjo simba; io akanjo io dia akanjon'ny Centre. Ny akanjo ampiasaina andavanandro ny
akanjon'ny Centre izany, fa raha ny akanjon'ny ankizy, ny avy any an-trano, tena voasasa tsara,
voakajy tsara, tsy dia very loatra. Izay izany no zavatra tsapako, raha ohatra, ny eritreritro indray
amin'ny solution, tonga dia manome solution aho eto : raha ohatra isika mampandray anjara ny
ankizy izany amin'io zavatra io, ohatra hoe mandray anjara izy amin'ny resaka akanjo, mandray
anjara amin'ny resaka kiraro ; jereo ange ny kiraro rehefa misy rovitra, tsy ela mihitsy izy maka
kofehy, dia manjaitra ilay izy. Izany hoe voakolokolo koa izany ilay zavatra nisasaran'ilay
ankizy, ka raha ohatra isika manomboka mieritreritra hoe asaina miantoka akanjo izy ohatra, na
hoe zavatra ohatra izany, izay manana mazava ho azy, izay tsy manana no omena, dia mba mety
hoe voakajy kokoa izany ilay izy, satria hoe vokatry ny fisasaran'ny ankizy, na hoe zavatra
an'azy. Tsy hoe ny akanjo ihany izay, fa mety ho fitaovana, kofafa, na resaka fitaovam-
pianarana, dia voakajy izay avy any an-trano, fa ny an'ny Centre, vetivety dia potika.
Solofo/ Andraso kely vetivety. Izany hoe ohatra ny mihodina eo amin'ilay anona io isika, fa
mieritreritra aho, ohatra ny mety ilay notenenin'i monsieur Jacques teo hoe misy olana io izany,
efa somary mihodina eo amin'ilay olana foana isika fa manandrana manao tsirin-kevitra na
vahaolana isika. Misy ohatra efa notenenin'i mompera teo hoe tokony holanjalanjaina izany eo
amin'ilay resaka hoe manome be loatra, na hoe lanjalanjaina ilay piliers telo, fampandraisana
anjara, dia misy azontsika raisina koa itony, ilay misy point kely ery. Ilay ray aman-dreny
assistant, est-il possible ? Comment ? Ao anatin'ilay adihevintsika izany, ary hoe sady miroso
ihany izany isika. Raha ohatra mieritreritra isika ary amin'ny fiovana matetika moa izany, fa
ataontsika fotsiny... raisintsika fotsiny hoe fiovana mpanabe, dia mety manao ahoana àry ny
eritreritra raha hoe misy ilay ray aman-dreny assistant, izany hoe tena foyer ray aman-dreny
mihitsy ilay izy izany.
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Monique/ Izaho moa no nandefa iny resaka iny tamin'ny heriny, dia izaho no hanazava azy, fa
mialoha an'izay izany, ohatra, ialana tsiny indrindra fa ohatra ny mbola te-hiverina amin'ilay
fiovana teo aho. Ilay fiovana, izahay sy monsieur Hery izany niteny hoe miteraka olana any
amin'ilay ankizy ilay izy, dia ny anay koa moa niainga tamin'ny olako ilay izy, dia notohizako
hoe manjary misy olana any amin'ilay ankizy, fa ilay fiovana mety hoe aminao ilay izy, tsy olana
aminao mpanabe, fa amin'ny ankizy ilay izy sao dia misy fiantraikany amin'ny ankizy. Izay ilay
an'i Hery teo moa ilay nitondrany an'i Claudia, fa raha ny fahazoako an'ilay an'i monsieur Jean
aloha izany, tsy olana, ohatra ny hoe tsy olana amin'i monsieur Jean, fa izaho izany, nampiteny
ahy teo, dia manahy aho, ary efa hitako mihitsy fa nisy olana teo amin'ilay ankizy, ilay fiovana
tary, dia nisy tsy fandaminana teo amin'ilay asa, nisy korontana kely izany, tsy voaomana aloha
ilay fandaminana, dia nisy olana teo amin'ilay mpianatro, satria izany izaho, jereo tsara mihitsy
ny ahy, ato amin'ilay définition, hoe ankehitriny, hoy izy, dia izay zavatra rehetra ataon'ny
mpanabe, maneho fitiavana ka... maneho fitiavana ny beazina, izany amin'ny beazina foana,
inona ny antony anomezana ilay fitiavana, manome fitiavana an'ilay beazina, ka miaro azy tsy
hanota. Izaho izany tsy nanao ilay hoe loza na anona... fa ilay hoe hanota. Azonareo ve ? Izaho
izany manana olana amin'ny fanomanana ilay asako, satria mila fotoana ny fanomanana
indraindray, miezaka mampandeha ny asako fotsiny aho, fa eo amin'ilay ankizy, ilay firindran'ny
fampianarako, miteraka korontana ho an'ilay ankizy, mitabataba ny ankizy, mety ho kamo ny
ankizy. Ny hakamoana koa ange mety ho fototry ny fahotana ê ! Ny ahy izany, précisé-ko tsara
mihitsy ilay hoe manota. Claudia, ohatra hoe déçue izy amin'ilay hoe miova dada foana. Aminao
ilay izy mety ho zakanao, zakantsika mpanabe io, isika efa mahay système préventif, zakantsika
sy tsara mihitsy ny fiovana io, monsieur Jean efa ela... fa amin'ilay ankizy ilay izy. Ka ilay
système préventif ve natao ho antsika mpanabe ? Indraindray koa manko izay no nahatonga ahy
hanao définition négative tamin'ny heriny hoe : indraindray ny système préventif-ntsika, mamaha
olana ho antsika mpanabe. Niteny an'izany aho tamin'ny heriny hoe atao fotsiny izay hamahana
olana ny fahasahiranantsika lehibe, nefa amiko ny système préventif dia tena ilay hoe ahoana ny
fiantraikany any amin'ny ankizy. Ny ahy tena miteny foana aho hoe beazina, miaro ny beazina
tsy hanota, dia izay zavatra izay izany ny ahy ilay izy. Dia izaho koa izany te-hiteny kely an'ilay
an'i Olivier hoe fitiavana mitafotafo, fitiavana tsy misy fetra, efa miaro azy tsy hanota na be na
kely ilay fitiavana amiko, izay izany no antony. Izaho izany tamin'ny nanao définition dia hoe
maninona Don Bosco no manome fitiavana ? Manome fitiavana izy, inona no antony ? Maninona
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izy no nanao ny raison ? Inona ny objectif-ny tamin'izy nanao ilay raison ? Naninona izy no
nanao ilay, inona moa izany ? Religion ? Inona ny objectif-ny tamin'io ? Dia tonga amin'izay aho
izany dia miampita amin'ilay hoe, izaho ilay miteny hoe ray aman-dreny mpanabe, izaho nanao
anio. Dia io izany mety tsy mazava amin'ny rehetra aloha io, fa ny tiako holazaina amin'io, dia
ohatra hoe, raha ianao mpanabe, fomba ahoana moa ohatra hoe ny paoziko ? Izaho izany handeha
hanao assistant ery amin'ny lalao ? Miaraka milalao amin'ny ankizy, izaho miaraka amin'ny
kiraro avoavo, miaraka amin'ny jupe tsy dia ao loatra, monsieur Jean miaraka amin'ny paozi-na
ray aman-dreny, miaraka amin'ny kiraro rànona, fa tsy miaraka tennis. Eo izany ilay hoe
paozin'ilay izy izany. Fa jereo tsara mihitsy mompera Silvestro izao, assistant miaraka amin'ny
ankizy any amin'ny récréation. Manao ahoana ny tenue-n'i père Silvestro ? Tonga izy dia
miaraka amin'ny short, ary misy tantara iray ity tantaraiko anareo : mompera Pietro izany indray
mandeha niara-nanao basket tamin'ny ankizy, fa tsy niantso intsony ny ankizy hoe mompera
directeur, fa hoy izy hoe da-mompra ! alefaso da-mompra ! Hitanareo, satria i mompera Pietro
miaraka amin'ny short, dia lasa tsy niantso intsony izy hoe mompera directeur, izany hoe ilay
fihetsiny izany efa mitovy, mitovy loko. Fa raha izaho no hanao baolina eny, hanelingelina ny
ankizy indray angamba ilay paoziko, ary izany no tiako horesahina. Dia eo indray izany dia te-
hampiditra sahady hoe ilay ray aman-dreny assistant amiko, ilay assistant, ilay tena hoe miaraka
amin'ny ankizy. Izaho te-hampiditra ilay hoe pédagogie de groupe, tokony hoe superviseur. Izaho
izany miteny an'i Jacques sy i Jean, tsy hoe alaina amin'ny asany izy, tsy ho assistant intsony,
azonareo izany, fa organisateur, superviseur, facilitateur, guide-n'ilay ankizy izy izany ; dia eo no
mahatonga ilay hoe efficace be raha hoe pédagogie de groupe no entinao ao amin'io Clairvaux io,
mi-organisé i Jacques sy i Jean, fa ilay superviseur aty ivelany fa ilay zoky. Jereo tsara mihitsy
anie isika ary vitsy tamin'ny herintaona, mety hoe ramosé Fikara, fa mbola voatonon'ny ankizy
foana hoe Fikara, Fikara, fa monsieur Jean mbola misy kely, izany hoe mbola misy elanelany
kely izany... izay, hitanareo tsara izay. Fa raha tena ao izany ilay izy, ny fahitako an'ilay izy
izany dia misy hoe fisokafany kely miaraka amin'ny fihetsika ao izany, na fitafy, na fihetsikao.
Fa ilay ray aman-dreny akory tsy ailika. Ialana tsiny, sanatria hoe roahy ramosé Jean, na ... iza
moa ? Rànona... fa izay izany araka ny eritreretro, ametrahana ilay hoe ray aman-dreny assistant.
Solofo/ Omentsika an'i Hery ny fitenenana aloha, dia avy eo isika mety manao pause kely ohatra,
ka misy anona kely, dia avy eo miverina amin'ny mafana be ohatra izay.
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Hery/ Hidirako avy eo ilay ray aman-dreny assistant, fa ny itarihako izany, fa mbola hiverina kely
aho amin'ilay olana teo, hevitro manokana hoe, miantraika foana, tsy haiko na hoe manaiky isika
na tsy manaiky, fa zava-misy eo amin'ny Centre izany, na amin'ny mpanabe sy mpianatra, na
amin'ny mpanabe samy mpanabe. Ilay ohatra ny hoe sentiment. Ilay any amin'ny fo foana izany
no voadona, raha vao resaka fitiavana. Mahita aho hoe marina ilay tenin'i Papa. Dia hitan'i
monsieur Arthur tamin'ny voalohany hoe i frera Ginno anisan'ny praticien, hoy izy, amin'ilay
teny eo... izy tena ara-bakiteny mihitsy izay zavatra izay, ataony eo amin'ny Centre, ary tamin'ny
vao tonga izy, dia izao no notenenin'i frera Nestor, satria izy naman'i Hoby be, dia niaraka teo
izahay. Izao no notenenin'i frera Nestor hoe : mampihanta be io frera io, fa mitandrema ianareo,
izay no tenin'i frera Nestor, vao tonga taty izy. Izaho naheno izay teny izay, dia anatrehan'i
Hoby, satria izy mpinamana be, fa mampihanta izy. Ary tena no-remarqué-ko ilay izy fa ara-
bakiteny ilay izy. Ary tsy haiko na diso isika, na tsy diso, fa na isika ary mihanta loatra amin'i
frera. Be dia be ny zavatra mitranga raha ohatra ka misy zavatra azo ao. Nahoana no tsy mahazo
ny ary ? Dia miteny daholo, na samy mpanabe ireo àry. Izany hoe, amiko izany, tsy haiko izany
na fahalementsika, na fahotantsika avy eo ? Napetraka ilay hoe équilibre, ary marina ilay izy,
raison, religion, fa mahatsapa aho fa ao amin'i Clairvaux, manjakazaka kokoa ilay fitiavana
rehefa tena raikitra ilay izy. Raha nahazo combinaison rànona, ahoana ny combinaison-n-
drànona... mikorontana i Frera, manome solution eo noho eo satria izy tsy te ho ratsy eo
imason'ny rehetrarehetra, ary tsy combinaison ihany, fa amin'ny lafiny rehetra mihitsy io ao
anatin'ny Centre, na ankizy io, na tanora, eny na dia isika lehibe aza lazaina fa hoe mety manana
raison kokoa, ary dia izay koa no itaritako an'ilay hoe ray aman-dreny assistant, est-il possible ?
Comment ? Izaho d'accord amin'ny ray aman-dreny assistant, ny antony maha-d'accord ahy
amin'ilay izy dia hoe : raha misy ray aman-dreny assistant, izany hoe groupé-na vitsivitsy ilay
ankizy, dia concentré kokoa amin'ireny ilay ray aman-dreny, ary voajery kokoa ireny tanora
ireny izany. Voataiza kokoa izy amin'ny lafiny rehetrarehetra, kanefa hitako problème kely, dia
hiverina ihany koa ity ilay problème fitiavana ity avy eo, satria tsy maintsy hisy ny hoe ny ao an-
tokantranonay ohatra izao, ary ny ankizy samy ankizy, na ray aman-dreny, nahoana ny ray aman-
dreny manao izao amin'ny zanany ? Dia feheziny izany, raha ataontsika izany, nahoana ry zareo
no tsy manao izao aty aminay ? Eo izany mety hisy indray ny conflit amin'ilay fanabeazana, dia
tsy fantatro aloha izay mbola hitranga amin'izay fotoana izay. Ny ahy fotsiny izany hoe possible
ilay ray aman-dreny, fa mbola mila fandinihana lalina hoe ahoana indray no hampitovy...? Ilay
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ray aman-dreny ve formé-na manokana mihitsy ? Sa ahoana ny critère handraisana ireo ray
aman-dreny ireo ? Ray aman-dreny tsy manambady, tsy miteraka ve ? Sa mompera ve ? Sa frera
ve. sa laika ? Fa ahoana ny condition-ny ? Be dia be izany ilay fomba hanatanterahana azy, ka
mbola tsy voavahako ny olana.
Solofo/ Hanao pause kely ve sa hotohizana ?
Intervenants/ Tohizana.
Solofo/ (...) Tena lasa ny saiko amin'ny zavatra notenen'i monsieur Hery teo, ilay hoe, ohatra
hoc, ilay ray aman-dreny, foyer, tokantrano mihitsy, no eritreretina monsieur Hery, raha tsy misy
diso aho, ary dia ahoana iry manao izao ?(.. .) Ny fanabeazana tsy misy akory (...) izao foana ny
laoka (?) tokony fanabeazana ny tanora.
Olivier/ Efa be dia be ny zavatra mihodina anatin'ny saiko, fa (...) miverina amin'ny conclusion
trop souvent (...) changement brusque na tampoka.
(Commentaires)
Olivier/ Trop souvent io, fa ataovy fotsiny hoe changement, changement brusque, angamba ilay
hoe tampoka izay angamba no mety...
Intervenants/ Trop souvent et brusque.
Olivier/ A. a (tsia), ny trop souvent, tsy ekeko izany ilay trop souvent.
(Commentaires)
Olivier/ Fa amiko izany tsy mipetraka mihitsy hoe changement na souvent, na trop souvent tsy
mipetraka mihitsy amiko, asa d'accord ianareo na tsia ? Fa ilay brusque angamba, changement
brusque izay fotsiny. Ilay souvent, tena miala mihitsy iny, fa tsy ao iny.
105
Changement brusque izay fotsiny angaha. Kanefa raha ny fandinihako azy, vao indray mandeha
izay isika no tratran'ilay tena brusque. Indray mandeha no tratran'ilay brusque, ka isika koa gâté
amin'ilay notenenintsika teo ihany. Isika rehetra miteny hoe gâté ihany, niraiki-po be loatra
tamin'ilay mompera directeur-ntsika hoe mompera ohatra izao, manao an'izao, dia ohatra ilay
firaketam-pontsika amin'ny ankizy koa, dia lasa tampoka momperantsika, dia eo... mitovy
amin'ny ankizy isika amin'izay. Dia miverina amin'ilay notenenin'i madame Monique hoe
miantraika amin'ilay ankizy ilay izy. Dia indraindray angamba isika mieritreritra hoe ankizy, fa
io misy lafiny iray izay ihany. Mety misy mahamarina ihany, fa ity, tamin'izao vao nanambady
dia naka ny acte de baptême tany amin'i mompera tany amin'ny paroasy tany Ambatolampy
izany. Dia niteny ilay mompera tao hoe... zandrinay no nandeha naka azy tany, dia hoy izy hoe,
izao ny teniny : izy tsy mahalala ity système éducatif ity, fa système préventif ity, fa ny fantany
fotsiny hoe : ny olona, hoy izy, raha mijanona ela loatra, manabe, indrindra miaraka amin'ny
ankizy maditra, maditra, nasiany teny mihitsy hoe maditra. Izy tsy niteny hoe ohatra i Clairvaux,
fa maditra, dia misy fiovana manahaka ny ankizy, izay no teneniny (rires du groupe), dia hoy izy
hoe : ahoana...? Dia naverin'ilay zandriko tsara tamiko hoe ahoana hono fa ? Izany miteny, izany
ny zokin'ialahy ahoana raha ela be any izy ? Sao dia lasa ohatra ilay ankizy izany ? Dia
nanadihady ilay zandrinay aho izany, dia tsy fantatro na nanala ilay zandrinay izy na ahoana, fa
mety misy fiantraikany kely ihany aloha izay, ohatra ny hoe tsetsatsetsa tsy aritra kely ihany izay,
fa amiko izany ilay voalohany iny dia efa miala iny, ity ilay communication ity, misy resaka io
rehefa avy eo, fa tsy hiresaka amin'izay aho. Manaraka izay réfectoire, mpanabe parfois pas avec
les garçons ilay ray aman-dreny assistant, les jeunes de Clairvaux parfois surprotégés, gâtés, il
faut former le mpanabe, il faut parler parmi (?) les mpanabe, ekeko iny. Ilay point sisa ireto,
problème d'organisation io, ny fahalalako an'io fa tsy hiatrika amin'ity défintion ity akory ireo.
Dia ilay communication, io, dia io ilay resaka culture angamba no tena mahatonga an'io, satria
isika matetika ny malagasy, malaza hoe olon'ny fo, matetika mihitsy hoe olon'ny fo ny malagasy.
Fa raha vao misy zavatra manohitra kely azy, tsy aharaiketan'ilay fony amin'ilay olona tokony,
hi-se communiqué-ny izany, dia mihataka izy, recul izay. Ohatra izao na i mompera ihany aza,
tadidinareo tsara tamin'izy économe, manao ahoana ny fandraisanareo azy ? Manao ahoana ny
fifosanareo azy ?
Intervenants/ (Rires) tsika azy hoe ! tsika azy.
106
Olivier/ Izaho manala tena aho, fa izaho tsy nifosa azy (rires). Dia tonga teo amin'ny directeur
izy, dia niova tsikelikely, dia niova tsikelikely, dia izao, izao izao ianareo. Indraindray ianareo
aza angamba tsy avotra hoe mompera, fa Diego angamba no iantsoanareo azy, satria ilay fo izany
amintsika voadona foana. Ka io communication io, isika mila miezaka izany, isika atao hoe
mpanabe maka ilay communication, ry zareo koa olona tsy mitovy fiaviana amintsika matetika,
dia sahirana kely koa izy. Kanefa raha dinihina ohatra hoe mijery an'i frera Ginno izao isika,
frera Ginno angamba na dia ompaina aza indraindray, tsy tezitra, dia afaka mi-se communiquer.
Nefa matetika izao izahay sy frera Ginno izao tsy mbola misy problème mihitsy izahay sy frera
Ginno, nefa izaho mahatsiaro fa tsy ampy ny communication-ko amin'i frera Ginno. Mahatsapa
aho eo amin'ny asa ataoko mihitsy fa tsy ampy ny communication, satria izaho izao, izao miainga
aho amin'ny valo handeha hampianatra, dia mandeha mampianatra any, mampianatra any,
mandra-piveriko avy any, ka tokony hihaonako amin'i frera Ginno, misy zavatra efa tokony
holazainy ahy, na tokony nanontaniako azy tao nandritra ny fotoana iny, tsy voalazany tamiko,
ary tsy voaontaniko taminy, azonareo izay ? Dia iny angamba tsy fantatro na fotoana na
organisation no maha-tsy ampy an'iny. Dia miverina ato amin'ny définition amin'izay aho, sao
dia tokony hojerentsika manokana ny définition an'ireto : raison, religion, amorevolezza, moa ny
ahy no itenenako azy, satria ilay fomba fandikana azy, fomba fandikana azy ihany, fa sao dia
tokony ho ireo aloha no hojerentsika tsirairay, satria ireo no andry telo lehiben'ilay izy, sao dia
ireo no tokony hojerentsika tsirairay, vao afaka hamaritra ny tena izy amin'izay isika, tsy hoe
tena izy izany, fa hanana ny famaritana amin'izay isika, asa raha d'accord amin'izay ianareo ?
Jean/ Notenenin'i madame Monique teo ilay hoe système préventif, tsy hoe mamaly ny teninao
aho fa hoe miaro antsika ilay système préventif araka ny fahazoako azy. Raha vao miresaka hoe
système préventif, dia tsy monsieur Jean irery no resahina, tamin'ny ankizy sy ny système
préventif izany tsy mijanona eo amin'ny mpanabe, fa ho an'ny mpanabe sy ny ankizy. Noho
izany raha miteny an'io aho, dia tena miaro antsika rehetrarehetra. Fa ny zavatra tsikaritro anefa,
tena hitako, indrindra ho anao moa izany, dia ohatra tena ilay problème-nao moa izany no tena
exposé-nao be izany, dia ohatra ny hoe ahoana àry... izay no mahatonga antsika ohatra ny
mieritreritra ilay asantsika na isika, fa ao anatin'ny système préventif tsy misaraka mihitsy. Tsy
afaka mampiasa an'io raha ohatra hoe ho ahy irery, ny toerako irery, fa ampiasaiko amin'ny
ankizy izy. Dia ankoatra izay mikasika ilay programa ny pédagogie de groupe, ataoko fa miasa
107
ihany izy ao amin'ny réfectoire, dia amin'ny asa rehetrarehetra izay atao fa... mahita angamba
isika hoe misy ankizy mitantana, efa nataony hatramin'izay ilay izy amin'ny ankapobeny, efa
tarnin'ny andron'i mompera Diego. Dia mikasika ho an'ny asanay manokana, izay mamita ny
asany, dia arakaraka ny fahitan'ny tompon'andraikitra rehefa tsy, rehefa ray aman-dreny ianao,
dia... ohatra izay.
Louis/ Atombotsika any amin'ny voalohany angamba izy teo, ao amin'ilay changement, eo
amin'ilay changement io izany angamba atao tsy mahataitra io eo amin'ny salezianina, ato amin'i
Clairvaux satria efa ela no nisian'io zavatra io. Efa zatra hoy i Liva, efa zatra, efa zatra loatra
an'io isika. Izaho moa efa tranainainy ihany tao amin'ny Centre, dia raha tafaresaka tamin'i
mompera Silvestro, izay nandray anay voalohany tao aho, dia taty aoriana, nandeha ny asa izany,
dia niresaka izahay, dia hoe na ny assistant aza hoy izy, tsy voatery ho assistant eto foana
mandrakizay ianao, izay no teniny aloha. Fa tsy maintsy miovaova izany ilay assistant, manjary,
fa amin'ny tenin'i Olivier teo hoe lasa manaraka ny toe-tsain'ilay ...
Intervenants/ Ankizy (rires).
Louis/ Mamindra izany, ary efa ao anatin'ny eritreritro mihitsy izay fïtenenana izay, ka io no
nahatonga an'i mompera Silvestro nijanona teo, noho ny fahavitsian'ny salezianina tarnin'ny
andro misy azy teto voalohany izany, ka raha ohatra miova ary ilay salezianina na ilay mpanabe,
satria tsy voatery hoe salezianina directeur, na ny économe ihany no miova mantsy eto, fa ny
rehetrarehetra izany mety misy fiovany daholo, dia isika ilay manana ny système préventif tsy
manaraka an'ireo ilay système, fa napetrany eo amintsika eo foana. Mijanona eo izany ilay
système préventif. Mandeha foana izany ilay système préventif, isika izany no mitazona ilay izy,
ka rehefa eo am-pelatanantsika ilay izy, dia anjarantsika izany no manovo fahalalana bebe kokoa
amin'ilay système préventif io hoentintsika hanabeazana ilay ankizy. Ary raha ny Centre rehetra
eto Madagasikara angamba, isika no tena mampiasa be dia be an'io système préventif io, ary lasa
fanaovan'ny mompera stage indray eto amintsika amin'izay fotoana izay.
Marie/ Taloha.
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Louis/ Izany hoe ny mompera izany tsy mijanona ela eto, fa mandeha any lakaoty any izy, na any
amin'ny sasany any, dia miverina eto. Ohatra hoe ny... ohatra i mompera Claudio izy, tamin'ny
quatre-vingt onze izy no teo, dia lasa tany izy, dia naverina eto indray izy, dia izao izao. Ny
fahitako an'i mompera Silvestro izao, ny système-n'i mompera Claudio taloha narahiny, izany
hoe nandray ilay fiofanana azony tamin'izy nanao stage tato izany ny itondrany ny Centre
amin'izao fotoana izao. Na amin'ny resaka fahadiovana, na inona na inona, amin'ny
rehetrarehetra mihitsy, dia i mompera Claudio taloha izany. Dia midina kely ihany isika eo
amin'ilay resaka ilay hoe manome be. Izaho manaiky an'iny, ilay manome be iny aloha, satria
matetika mompera malalaka be loatra izany ilay fony manome ilay ankizy, kanefa anjarantsika
mpanabe no miteny an'ilay ankizy amin'izay fotoana izay, fa mompera anie amin'ny maha-
mompera azy, dia miteny izy, indraindray iny tsy tena vokatry ny fony, misy zavatra ataon'i
mompera izay. Na tsy mety aza ny ataon'ilay ankizy, tsara, tsara, sady tehatehafina ilay ankizy,
nef a na dia efa hita fa tsy mety izao aza (rires) dia tehafina ilay ankizy, dia tsara tsara. Dia isika
mpanabe anefa no mahita izay zavatra izay. Ilay ankizy tsy mahafantatra an'ilay izy hoe ratsy
izany no nataony, mompera anefa mahita fa ratsy, isika mpanabe raha mahita eo, tokony hiteny
an'ilay ankizy izany isika rehefa any am-pianarany any hoe : tsy nety iny nataonao iny, fa
mompera anie mitsapa ny lohanao ê ! Izay izany, mitsapa ny lohan'ilay ankizy izy.
Marie/ Mamporisiaka.
Louis/ Dia mandeha ihany isika amin'ny... midina, midina izany isika, dia sady mandray ilay
teninareo aho amin'ilay dinidinintsika, ilay an'i Hery amin'ilay hoe Claudio, ilay hoe manome
be... misolo dada foana... dia raha ohatra aho no teo amin'ny toerany, dia niteny an'ilay zaza aho
amin'izay fotoana izay, nanoro azy hoe... omeko azy izany izay zavatra tokony ho fantany
rehetra hoe, tsy hirona be amin'ny fitiavany an'i mompera, satria i mompera Pietro izany no
nitondra azy nankao amin'ny Centre. Lasa i mompera Pietro, dia napetrany tamin'i mompera
Diego, dia lasa indray i mompera Diego, napetrany amin'iza indray ary ? Tsy amin'ny mpanabe
ve ilay izy no tokony hapetraka amin'izay fotoana izay ? Raha ny tena izy izany dia tokony
niteny izany i Hery, nanoro. Izany hoe nanoro an'ilay ankizy izany ianao. Niteny an'ilay ankizy
ianao tamin'izay fotoana izay hoe ianao tsy tokony hiteny betsaka an'izany hoe misolo dada
foana, misolo... manoro amin'izay hevitra tokony ho fantatrao ianao amin'izay fotoana izay. Any
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izany ilay fitiavana an'ilay ankizy. Izany hoe tafiditra ao anatin'ilay système préventif izany isika
amin'izay fotoana izay. Dia eo amin'ilay fisahanana ilay asa sy izay andraikitra rehetrarehetra
indray, dia angamba isika efa voafehin'ilay système foana. Tsy tokony ho taitra hoe : izaho
sahirana be mihitsy, nanao an'iry, nanao an'iry... dia raisiko koa ilay tenin'i monsieur Solofo hoe
ilay tenin'i frera Gianni : roue de secours, satria isika ao. Tsy voatery hoe hitana ny kilasy, ohatra
hoe ao amin'ny primaire, dia madame Marie tsy hitana français ao foana mandra-pialany ao, na i
madame Monique, tsy hitana T5 foana mandra-pialany eo. Fa tsy maintsy vonona foana ianao
izany, hitana izay kilasy rehetrarehetra. Ataoko ohatra amiko izao, kilasy telo izao no ao amin'ny
bois, fa tsy manahirana ahy mihitsy ny mandray ny orientation, raha tsy ao i Etienne, tsy
manahirana ahy ny mandray ny première année, raha tsy eo Ernest. Matetika ary misy tsy tonga
ny mpampianatra any amin'ny enseignement général any, dia miteny i Frera aloha, manao ahoana
hono, alefa aty ny deuxième année, na alefa aty ny première année, mihazakazaka izany i Arthur,
dia ny tena izany efa mahatsiaro reraka satria maraina tontolo ny andro izany ianao hoe quatre sur
quatre ilay maraina iny, tsy mipetraka mihitsy satria machine no ao, dia tsy maintsy mitety
an'ireo ankizy rehetra ireo ianao. Tsy mijanona mipetraka mihitsy izany, dia ny hariva koa mbola
misy quatre ora koa izany, dia hoe a. a... alefaso fa tsy maninona, izany hoe ianao izany tsy
maintsy vonona foana hanao ilay zavatra, tsy hampivezivezy ilay ankizy eran'ny tanàna fotsiny
izany, ka... izay ny amin'ilay roue de secours. Dia eo amin'ilay communication, ilay
communication indray, manahirana amin'izy io, voalaza teo ilay fiaviana. Raha hoe ny amin'ny
mompera aloha, na frera, ny zavatra hitako amin'izy io indraindray amin'ny maha-malagasy
antsika aloha, dia misy teny maharary izany ataon'i mompera, fa tsy fantany hoe maharary
an'ireto malagasy ireto io. Tsy fantany hoe maharary azy. Dia avy eo ilay malagasy izany, ohatra
ny tohina izany ny fony, dia ohatra ny tsy manatona firy : izaho tena nomeny... amintsika izany
hoe amin'ny paquet mihitsy izany no... ilay frappe nomena, nomen'i mompera, nomen'i Frera.
Tsy eritreretin'i Frera hoe maharary antsika ilay izy, fa teneniny fotsiny ilay izy. Dia amintsika
samy mpiasa, na samy personnel izany, dia io indray ilay ohatra ny... misy ohatra fitiavan-tena
indraindray... iry natao... iry nataon'i Frera ohatra izao, fa izy izany no ao, fa efa vazaha izay
izany. Ohatra izay no fahitako ilay fandehan'ilay hoe communication. Dia eo amin'ilay ray
aman-dreny assistant, ray aman-dreny assistant, manaiky an'io aho. Satria izaho moa efa somary
ray aman-dreny ihany. Tsy hoe izaho tsy mahay milalao amin'ny ankizy,
110
Olivier/ Tena ray aman-dreny, fa tsy somary.
Louis/ Ny ray aman-dreny, mbola efatra ny zanako mantsy (rires) efatra ambin'ny folo ny tanjona
hoy ny ntaolo, fa mbola tsy fantatra aloha izany...
Tsara ilay ray aman-dreny assistant satria izaho izao efa mandray ilay ray aman-dreny assistant
aho izao mantsy. Izaho tsy milalao eny aho, fa kosa mijery, mijery aho izany hoe rànona manao
an'izao iry, fa afaka manatona eny, ary tena manatona mihitsy aho miteny hoe fa maninona
ialahy no manao an'izany ? Rehefa milalao eny izany ilay ankizy indraindray tonga dia raikitra
tampoka izany ilay combat, dia avy aho manatona, na izaho miteny ilay mpanabe eo akaiky eo,
satria indraindray izahay varian-dresaka eo am-baravarana eo, mpanabe rehetra, misy roa telo na
efatra miresaka eo am-baravarana eo, dia lasa aho miteny hoe, mandehana mba jereo kely lery fa
manao an'izao. Izay izany no mahatsara ilay ray aman-dreny, ray aman-dreny vonona hanara-
maso sy mijery ny zavatra ataon'ny ankizy izany. Izay angamba no azoko tenenina.
Solofo/ Misaotra anao ny amin'iny, ho an'ny sasany, fohifohy ihany sisa ny fotoanantsika,
taperintsika (?) mihitsy ny teny kely, mamely mafy monsieur Hery.
Hery/ Ny anay amin'ny anona ohatra ny tsy aritro mihitsy ilay hoe difficulté de parler de façon
directe avec les salésiens, dia pourquoi ? Qui ? Quoi ? Dia izaho indray mbola manontany koa
hoe, on va faire, eo aloha izany ilay gasy, ilay kolontsaina malagasy izany hoe, ohatra ny hoe
olon'ny fo araka ny voateny teo, fa ny fanontaniana mipetraka amiko koa hoe : formation an'ny
salezianina mihitsy ve ? Sa efa lova nolovain-dry zareo hoe rehefa mompera directeur izy, dia
ohatra izao no tokony ho toetrany ? Rehefa économe izy, ohatra izao no tokony ho toetrany? Io la
clé io, na rehefa frera izy, dia ohatra izao no tokony ho toetrany. Ny tsapako mantsy, ohatra ny
hoe resaka frera izany izao, même na frera, ary angamba ianareo mahatsapa fa mizara ny olana.
Raha ohatra izao isika mangataka zavatra aminy dia hoe : io mompera manao an'izao io, ka izay
no tsy mahatafavoaka io zavatra io. Izany hoe : hita fa ohatra ny hoe ny place-ko frera, fa hita
mihitsy izy hoe manana problème koa izy izany, izany hoe : eo ilay envers ny samy salezianina
ary izany ; dia ohatra ny hoe misy fahasahiranana ihany amin'ilay place hoe mompera sy ilay izy,
ary ny économe sy...Voateniteny moa izany hoe mompera Diego tamin'ny économe, ohatra izao
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ny profil-ny, no ho tonga izy direktera ohatra izao ny profil-ny, noho izy amin'ny radio izao ny
profil-ny...
Olivier/ Aty amin'ny recherche, fa tsy...
Hery/ Dia izay izany ilay hoe ahoana àry izay zavatra izay ? Zavatra efa no-formé-ndry zareo
mihitsy ve ilay izy ? Ka tokony hanaiky an'izay koa isika, dia hiainga amin'izay koa ny
zavantsika, sa tsy fantatro... ?
Arthur/ Ilay changement, ilay izy efa voalazan'i monsieur Jean, angamba ny tena niaina be dia be
tamin'ity changement ity dia ny assistant no tena niaina be dia be tamin'io changement io, sady
miaina amin'io changement izy, no tena izy koa angamba hoy aho, ny fahatsapako azy amin'ny
maha-assistant ahy koa, dia miaina be dia be amin'ny système préventif, ka raha misy angamba
hoe olona tsy taitra amin'ilay changement, satria efa niainany ilay système préventif, efa vonona
mandrakariva ilay aoriana, dia ny assistant angamba no tena nanao an'izay. Dia eo amin'ilay hoe
ilay ray aman-dreny, ilay assistant ray aman-dreny. Amiko aloha dia tena hoe ray aman-dreny,
ary tena henjana be ilay ray aman-dreny assistant. Raha ohariko moa, raha jerevana izao : asa
dimy taona angamba izay no nisian'ny externe, raha hoe ilay ray aman-dreny assistant, dia tena
ray aman-dreny mihitsy (...) fa tena izy. Ary ilay ray aman-dreny assistant no tena azo lazaina
inoan'ilay ankizy kokoa, noho ny ray aman-dreny any an-trano. Izay no mahatonga ilay izy
hoe... Mompera directeur taloha moa no tena miteny an'izay foana rehefa miteny hoe lasa
miankina be dia be aty amintsika ilay ray aman-dreny amin'ilay fanabeazana ilay zanany, satria
hoy izy, diso ray aman-dreny loatra ilay assistant, dia manome be loatra hoy monsieur Olivier.
Ka io zava-misy io, tena ray aman-dreny ilay assistant. Na ilay zavatra ataon'ilay tanora aza any
an-trano any, dia tsy maintsy hoe... ary ohatra izay foana moa ilay iainana ao ambony ao :
alazako amin'ny monsieur Arthur ianareo any an-trano, rehefa tonga any. Izay ilay izy satria ilay
assistant diso ray aman-dreny loatra. Tonga amin'ilay tenenin'i Hery hoe...
Solofo/ Misaotra antsika rehetra ny amin'izay, dia hiroso isika avy eo amin'ny hoe deux mots
pour résumer. Izany hoe mba hafahantsika mamintina kely, teny indroa am-bava avy eo antsika
rehetra, fa te-hametraka kely fotsiny aho hoe réflexion kely hoentina mandritra
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mandrapahatongan'ny volana décembre hoe être éducateur, c'est une vocation, efa
voambarantsika teo koa anefa ilay hoe tsy tokony hijanona maharitra ela amin'io toerana io.
Réflexion iny izany. Hoe fa nahoana indray izany no ohatra izay...? Fa dia hamarana ilay fotoana
isika, dia homena teny kely roa am-bava avy izany isika hamintinana ilay izy...
Olivier/ Ohatra ny fanontaniana izany no apetrako hoe mitodika any amin'ilay recherche ihany ve
ilay resantsika ? Sa sao dia mivàona ? Izaho nametraka an'izay fotsiny aho izany. Tsy voatery
valiana amin'ny antsoin'i mompera. Sao dia mivaona ilay resatsika : ilay sao dia mivaona, sao
dia ny problème misy antsika no jerentsika, fa tsy ilay recherche tokony hataontsika no
ataontsika, izay no apetrako voalohany.
Diego/ La recherche, manana trois objectifs, averiko indray : évaluer, comprendre et améliorer,
izany hoe : mitsara azo lazaina, fanazavana ny zavatra nataonareo ary tokony misy fiovana,
ataoko fa, dia ilay zavatra nataonareo, satria ianareo miteny hoe misy zavatra miova, avy eo misy
zavatra nodinihinareo. Amin'izao ianareo, mitsara, miteny ny zavatra, ny olana misy, sns... sady
mandinika lalina kokoa, satria ny recherche, aza hadinoina, ny recherche, tsy dia hoe zavatra...
tsy mampiasa anareo ho manao recherche, fa ny recherche dia zavatra ho anareo, dia tokony
manampy anareo. Dia rehefa tapitra ny recherche, ianareo tokony miteny amiko : mompera ny
zavatra ataontsika mety sa tsy mety ? Very fotoana sa tsy very ? Ary tsy... ny Université manome
note, fa ilay note tena manan-danja dia ny note-nareo, fa ny note-nareo tsy miankina amiko,
miankina amin'ny zavatra vitanareo.
Olivier/ Ilay deux mots-ko izany, un mot no lasa (rires) sady efa voavaly ilay izy fa izaho izany
mbola mametraka ihany hoe sao dia tokony hojerentsika tsirairay ilay raison, religion,
amorevolezza, na ilay affection, na hamamian-pitiavana, sns... Sao tokony, tsy hojerena fa
halalinina mihitsy, ary mamadika dossier, mamadika documentation, sns, sns, sns...
Louise/ Deux mots angamba, tsy afa-po loatra aho amin'ilay resaka hoe manome fitiavana be
loatra, miverina eo ihany aho izany. Ny tiako holazaina amin'iny fotsiny izany dia hoe raha
ohatra moa ireo tanora ireo tsy nanam-pitiavana hatramin'izay na ny tenako koa aza, misy zavatra
tsy ananako, ka omena be dia be aho ve tsy ho faly ? Faly ilay tanora, fa matoa misy ilay olana,
113
na ny fanabeazana efa nentiny avy any an-trano no tsy ampy, na isika mpanabe no tsy mahay
manabe azy.
Marie/ Izaho indray dia faly fa be dia be ny zavatra hita androany, na dia ireto points maromaro
ireto, ary dia tonga dia ohatra ny hoe misy vahaolana misingatsingana tsirairay ihany, dia isika
ihany no namaha ny olana napetrantsika.
Monique/ Ny ahy izany dia miverina amin'ilay tenin'i Olivier teo hoe : tokony hojerena tsirairay
ilay izy, dia hoe inona no antony ametrahana ilay fitiavana ? Inona no antony nametrahana ilay
telo piliers izany ? Izay ihany ny ahy tiako hojerena tsirairay ilay izy, fa ohatra ny tsy afa-po
mihitsy sao hoe système préventif sao dia... Izaho izany mbola mitady hivily ihany ny saiko hoe
système préventif pour résoudre le problème du mpanabe, any foana izany ny ahy. Dia eo aho
izao dia mametraka fanontaniana ihany koa manitikitika ny saiko, hoe : satria any ny problème-
ko manko hoe... Izaho manome fotoana hanaovako préparation dia système préventif amiko mila
préparation. Dia eo aho izany hoe en tant que je suis institutrice izany, izay aloha izany ny ahy.
Dia eo indrindra hoe tsy maninona ve ny système préventif raha ohatra hoe tsy misy préparation ?
Tena manan-danja eo amin'ny système préventif ve ny préparation ? Izany ny ahy.
Arthur/ Ho anay izany ohatra ny tsy dia, ohatra dia tsy miteny mihitsy angamba sempotra be
(rires) tena tsy azoko mihitsy... tena tsy en forme... ilay amin'ny ankapobeny aloha ohatra ny be
dia be ilay zavatra nataontsika androany, na ilay olana rehetrarehetra ary... ohatra tonga dia...
amin'ny ankapobeny ohatra ny voaravona ilay izy. Dia tonga koa aho dia mamaly ilay tenin'i
monsieur Olivier hoe... ohatra ny tsy dia misy fivoahana loatra ilay izy (...) ao ihany.
Hery/ Ny ahy izany, androany aho ohatra ny hoe faly par rapport amin'ny taloha mihitsy. Faly
aho tamin'ny taloha fa vao maika faly aho androany. Ny antony nahafaly ahy dia tena efa niaina
tao anatin'ilay olana sy ilay famahana ilay olana amin'izay. Tamin'ny voalohany mantsy isika
tamin'ny ilay anona... niaina tao anatin'ilay théorie, ohatra izay, hoe kolontsaina, préventif. Fa
izao izany isika, miditra amin'ilay tena hoe : inona ny olana, inona ny vahaolana. Ny tena
mahafaly ahy izany, ohatra ny hoe misy zavatra indraindray mavesabesatra, ohatra hoe izaho
izany nilomano irery tao anatin'ilay olana sy ny karazany, fa misy karazana fivoahana hevitra be
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dia be teto, dia ohatra ny manomboka mihamisava izany ilay olana, dia ohatra ny hoe hanampy
ahy izay any amin'ny sport hoy aho hoe : hanampy betsaka anay amin'ny fanavaozana ilay hoe
préventif sy ilay fanabeazana angamba ilay izy.
Jacques/ Ampiako kely ihany, inty izany ny hevitra kely sendra tonga tao an-tsaiko tao, dia
atsidiko ihany izany ilay izy. Tsy hoe tsy d'accord aho na hiteny hoe d'accord amin'ilay ray
aman-dreny assistant. Ny zavatra atsidiko fotsiny, ny ankizy izany manana image amin'ny ray
aman-dreny any an-trano sy ny ray aman-dreny, ataoko hoe ray aman-dreny izany ilay assistant.
Indraindray ny ankizy manao karazana ohatra ny hoe mampitovy ny zavatra misy sy... dia izay
fotsiny no atsidiko, inona izany no vahaolana horaisintsika ? Ny ankizy izany manana image
ratsy indraindray. Misy image ratsy amin'ny ray aman-dreny any an-trano, dia indraindray mety
hoe afindrany amintsika izay zavatra izay, dia inona ny vahaolana raisintsika amin'izay ?
Jean/ Ho ahy tena tsapako ato anatin'ity fikarohana ataontsika ity fa tena miditra ao anatin'ny
tena vontoatin'ny asantsika isika izany, ary tena mitrandraka mihitsy ny atao hoe système
préventif, dia avy eo koa angamba ny tsirairay samy mahita vahaolana amin'ny iainany an'ilay
andraikitra maha-mpanabe azy.
Louis/ Amiko indray aloha, dia tsara ilay adihevitsika, fa ny indro kely angamba amin'ny
fieritreretako azy, dia lasa lava loatra teo amin'ilay adihevitra teo amin'ilay changement ; teo
amin'ilay changement izany ohatra ny ni-domine be isika teo, izay vao nifindra tary amin'ny
zavatra hafa tary ambany, izay angamba.
Solofo/ Ho ahy izany dia tena mahafa-po ahy ilay zavatra natao, fa saingy tsy ampy ilay fotoana
dia mbola te-hiresaka ihany aho, nefa na izany na tsy izany, dia izay moa no nahatonga ilay hoe
mbola hifankahita indray isika amin'ny manaraka, veloma ihany ny aina, hoy Kardinaly izay,
rehefa mihira izy. Dia ny fivoriantsika manaraka ?
Diego/ Mikasika ny fivoriana manaraka. Ny zavatra hataontsika amin'ny manaraka, izaho
manome résumé kely, ordonné ny zavatra efa noresahintsika, fa manao taratasy vaovao angamba,
ILS
toy ity, momba ny zavatra tsy mbola noresahina, fa angamba tsotra kokoa, na ny zavatra mbola
azo iverenana raha mbola misy fanontaniana sasantsasany.
Mikasika ny daty, miankina aminareo, satria fantatrareo fa lavitra aho. Izaho tokony miakatra eto
Antananarivo sady sahirana kely du six au neuf décembre, izany hoe proposition, ohatra raha
tianareo, par exemple : arakaraka izay mety ho anareo, satria ho ahy dia mitovy, ohatra mivory le
jeudi deux décembre à cinq heures ohatra, na le vendredi trois décembre à cinq heures, na le
samedi après-midi amin'ny ora izay mampety anareo. Na mety koa angamba libéré aho le mardi
sept à cinq heures, na le vendredi dix à cinq heures, na le samedi onze, raha tianareo, par exemple
afaka mivory indroa, raha mazoto ianareo. Tsy noterena, satria hitanareo masaka tsara ilay
resaka, angamba azo atao. Par exemple le vendredi trois avy eo le vendredi dix, raha mety ho
anareo ity ora ity ?
(Commentaires)
Intervenants/ Jeudi deux, vendredi dix.
Jeudi deux sy vendredi dix décembre.
Diego/ Ny zomà, ny asabotsy angamba izaho manao interview, mety mangataka rendez-vous
aminareo amin'io fotoana io. Fa izaho miteny mialoha mba...
Olivier/ Tokony efa miomana dieny izao izany, ny fotoana fotsiny sisa hotenenin'i mompera
hoe...
Diego/ Na alefako par e-mail ny liste ny andro malalaka, dia avy eo ianareo manoratra...
Intervenants/ E. e (eny).
Diego/ Na mandritra ny classe, rehefa malalaka ianareo. Tsy fantatro raha tianareo ilay
fanontaniana aloha na ataoko... comme ça tsy afaka manomana ... na te-hanomana ny valiny...
Intervenants/ Aleo manomana... (commentaires).
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Jacques/ Ohatra hoe raha misy fanontaniana tianao atao exprès na ohatra izay, dia azonao atao, na
tsy fantako... fa ohatra hoe izy tokony homanina mialoha...
Diego/ Donc, alefako par e-mail koa ?
Intervenants/ E. e (eny).
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QUATRIÈME RÉUNION
2 décembre 2004
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.4 Mise en relation des concepts
Nous avons beaucoup d'idées mais la pratique du système préventif fait défaut. Nouveau concept : pratique du système préventif égale foncer. Si on ne fonce pas dans la relation entre éducateurs ou avec les jeunes, il y a des conséquences dans l'ambiance. Quand manque la communication, il y a des conséquences dans l'ambiance, elle est donc nécessaire. Le système préventif est très appliqué à Clairvaux, surtout à l'internat. Le système préventif aide beaucoup à l'amélioration et à l'effort dans le travail. Quand le système n'est pas appliqué, il y a des problèmes, mais quand on l'applique, il y a de bons résultats. Quand nous vivons le système préventif, il y a des conséquences même dans la société où nous vivons (hors Clairvaux). Le système préventif peut devenir un laisser-faire (perversion). Le système préventif a besoin d'effort et de patience. Les problèmes d'organisation au fond ne sont pas des problèmes du système préventif, mais plutôt des problèmes techniques. L'initiative parfois est aussi exagérée (perversion). Le système préventif exige une relation entre toutes les personnes pour qu'il fonctionne. La façon de pratiquer le système préventif par les salésiens et par les laïcs n'est pas la même.
2. Les trois piliers du système préventif 2.2 Amour Nouveau concept : amour comme partage de vie (fifampizarana
fiainana). 2.3 Raison Le système préventif nous oblige à toujours réfléchir, à rechercher. 3. Dimensions du système préventif 3.4 L'éducateur et la vocation
Etre éducateur à Clairvaux, est-ce une vocation ? A cette question, tout le monde répond oui. Si nous travaillons seulement pour le salaire, ce n'est pas une vocation. Mais si nous fonçons, nous avons la vocation. Sans foncer, il n'y a pas de vocation. Si on fonce on a la vocation. Quand nous fonçons, même si nous sommes fatigués, c'est parce que nous avons l'amour. Quand nous travaillons plus que ce que demande notre horaire de
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travail ou quand nous faisons des heures supplémentaires sans demander une compensation, nous démontrons que nous avons la vocation. Parce que celui qui aime donne (mahafoy) . Mais il faut mettre une nuance, parfois les circonstances, une sorte de démon nous tente et détruit l'appel de Dieu. Il faut prendre soin de l'amour et de la confiance. Ce qui prouve que travailler à Clairvaux est une vocation : • Le type d'enfants et de jeunes dont nous nous occupons sont des
enfants et des jeunes avec des problèmes ou des difficultés particulières. Particulière est aussi la manière de répondre à ces problèmes.
• Être éducateur est une vocation particulière (manokand), spéciale. L'éducation spécialisée s'adapte aux problèmes des jeunes.
• Nous sommes appelés par Dieu pour que les talents de jeunes s'améliorent (hampivoatra).
• Il y a un appel de Dieu pour accomplir ce travail. • Il y a une vocation, puisqu'on ne pourrait pas le vivre sans
l'amour, et Dieu est amour. Celui qui vit dans l'amour vit en Dieu. • Nous continuons à foncer malgré les problèmes, parce que nous
aimons. • L'amour porte au partage de sa propre vie avec les jeunes, entre
éducateurs, entre les pères et les ouvriers, cette vie est un don de Dieu.
• Dans le document de la pastorale de jeunes, on dit que la sainteté est un don particulier, l'éducation aussi.
• J'aime le travail à Clairvaux. • Selon la conception générale, la vocation est un appel à être prêtre
ou religieux, mais ici nous parlons d'un appel à éduquer les jeunes.
• Être éducateur est une vocation, la preuve : je suis encore ici. • La vocation a besoin du don de soi. Je sais que les jeunes ont besoin de moi et que j'ai besoin des jeunes. Notre travail a besoin de patience et de compréhension. Je pense souvent à Clairvaux, même à la maison. L'objectif de l'éducation, c'est que les jeunes réussissent (tafita ireo ankizy ireo). La vocation est un appel de Dieu à une personne. Nous sommes envoyés ici (mission). Pour accomplir cet envoi toutes les grâces nécessaires nous sont données. Dieu réclame la croissance de nos talents. Cette vocation exige que nous soyons des modèles avec un bon comportement et un bon caractère. Les jeunes ont besoin d'accompagnement. Nous sommes la lumière qui accompagne les enfants. Nous avons peur de la responsabilité qui nous a été confiée. La façon de vivre cet appel est différente.
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Quand nous parlons de vocation, nous ne parlons pas seulement au niveau rationnel, mais surtout au niveau de la foi. On peut travailler pour l'argent, mais on peut aussi travailler pour aider les jeunes et leur montrer notre amour. La vocation a besoin d'être soignée par une formation continue. On doit soigner les sentiments. Saint Paul parle des dons qui sont différents pour chacun. La propre vocation se compare à celle de Jonas, parce qu'au commencement nous ne voulions pas répondre à l'appel. Je découvre la fécondité de mon travail, cela me surprend, mais la parole dit si tu crois, tu feras des miracles. J'ai suivi la foi traditionnelle. J'ai un mauvais caractère, une manière de faire aussi mauvaise, mais malgré cela, je n'arrive pas à comprendre comment je peux faire tout ce que j 'ai fait pour les jeunes. Ce qui est le plus beau c'est de voir les jeunes apprendre. Je suis obligé d'enseigner d'une façon individuelle, pour que le jeune apprenne. Merci surtout à Dieu qui nous a donné la raison et nous a appelé à ce travail saint.
3.5 L'ambiance L'ambiance consiste en types de relations. Il y a trois types de relations : jeunes - jeunes ; jeunes - éducateurs ; éducateurs - éducateurs. C'est facile de détruire l'ambiance à Clairvaux, surtout quand il n'y a pas de confiance.
4. Sujets particuliers 4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
Le problème, c'est que dans notre culture, les femmes ne font pas de discours. Nous sommes différentes, mais il n'est pas suffisant que chacune vive sa différence, il faut que celle-ci soit vivante et brillante, c'est-à-dire que nous la manifestions. Notamment dans notre féminité.
4.3 Le rapport missionnaires -autochtones
Nous avons peur de parler avec les salésiens, peut-être parce que nous craignons de perdre notre emploi, ou bien parce que nous avons peur de ne pas bien accomplir le travail, question de cohérence. Parfois, il y a une sorte de complexe envers le chef.
Verbatim
Jean/ Atombontsika ny vavaka ary aloha ny fivoriantsika androany...
Intervenants/ Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina. Amen.
Arahaba ry Maria feno hasoavana... (complet).
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Jean/ Masindahy Joany Bosco.
Intervenants/ Mivavaha ho anay. Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina. Amen.
Solofo/ Misaotra an'i ramosé Jean isika tamin'ny nitarihany iny vavaka iny. Faly miarahaba
antsika indray tratra izao fivoriana fahefatra izao, ary dia manohy ity asa fikarohana izay
ataontsika ity. Efa eo am-pelatanantsika moa ny ordre du jour-ntsika, ny lahadinika androany dia
misy partage dia aorian'ilay partage ilay hoe approfondir le sujet io, ilay fahatelo angamba
asiantsika kely anelanelany amin'ny tatitr'i madame Marie, raha hoe misy tatitra azo atao
madame Marie, asiantsika tatitra kely aloha, tatitr'ilay fivoriana fahatelo iny dia sady mamerina
kely amintsika amin'ny olana efa novaliana, ireto ambany ireto ilay izy, eo mamerina izay ihany,
dia hiditra amin'ilay partage aloha isika izao hoe iray volana. Dia eo izany azo lazaina hoe iray
volana no nihaonantsika farany teto, manao ahoana ny vokatry ny fivoriana nataontsika sy ny
zavatra noeritreretina izany ? Dia hataontsika tour de table, manomboka eto amin'i monsieur
Louis indray no...
Louis/ Nandritra izay iray volana nanaovantsika ny fivoriana teto izay : asa fikarohana, ny
zavatra tsapa izany dia nibahan-toerana teo amintsika ilay atao hoe système préventif, ka raha
nandinika an'iny izany dia ohatra ny manao, ohabolan'ny razantsika miteny hoe : mpitari-bato
vilam-bava ihany isika indraindray, satria eo amin'ilay famoahana ilay hevitra izany isika be dia
be mihitsy, fa eo amin'ilay fanatanterahana azy... hatramin'izay iray volana izay hoy aho, ny
fijeriko azy, dia tsy ampy loatra ny fanatanterahana ilay système préventif. Izay angamba ny
zavatra hitako tamin'iny fotoana iny.
Jean/ Ho ahy indray izany tanatin'izay fotoana izay, dia nahatsapako be mihitsy, hoe ny système
préventif ity dia tena miasa be indrindra indrindra raha ao amin'i Clairvaux dia ho an'ny internat
izany no tena tsapako satria tao anatin'ilay fihaonana izay, dia ankapobeny saika ny fandaminana
tao amin'ny internat no anisan'ny voaresantsika betsaka indrindra. Tsy misy secteur hafa voalaza
betsaka hafa-tsy amin'ny internat. Noho izany ihany koa, manampy be dia be ahy ilay izy
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amin'ny fanatsarana ny asa na ny fiezahana araka izay azo atao amin'ny asa satria tsapako hoe
tena asa lehibe ny asan'ny internat amin'ny Centre amin'ny asam-panabeazana. Misaotra betsaka.
Jacques/ Angamba efa nolazain'i monsieur Jean teo, fa izahay moa mifampiresaka matetika
amin'ity resaka système préventif ity, dia ny zavatra tena tsapako sy niainako izany tao
anatin'izay iray volana izay, be dia be. Tao ohatra nisy problème isan-karazany vokatr'ilay tsy
fampiasana ilay système préventif, teo ohatra ny zavatra voka-tsoa koa, vokatra ny fampiasana ny
ilay système préventif, ary amin'izao koa, mbola ao anatin'ilay fanomanana ilay fety amin'ny
valo décembre manomana dieny mialoha ao anatin'ilay système préventif dia ataoko hoe zavatra
efa iainana io zavatra io, fa ny fandalinana izay nataontsika teto dia manampy kokoa mba
hampanankarena izay zavatra efa niainana izay tao amin'ny Centre Notre Dame de Clairvaux.
Izay angamba no azoko lazaina.
Hery/ Raha tamin'izay iray volana izay dia angamba izaho hanamafy kely ny tenin'i monsieur
Louis ihany raha ny niainana tamin'iny iray volana iny. Ohatra ny mampanontany tena ihany ilay
izy indraindray hoe : aiza ho aiza ihany ilay système préventif? Indraindray satria mifamahofaho
ihany indraindray ny zavatra mitranga. Misy ihany ny tanteraka, fa indraindray toa misy zavatra
tsy tanteraka, dia mahatonga ilay saina hieritreritra hoe hatraiza no ahatanterahan'izay zavatra
izay ?
Arthur/ Ny fiainana ny système préventif nandritra izay iray volana izay : ilay izy, raha ho anay
aloha, dia tsy mipetraka hoe niainana teo amin'ny externe ihany ilay izy, fa azo lazaina hoe
niainana hatrany amin'ilay fiarahamonina mihitsy aza, ilay izy. Ary ilay système préventif hoe
niainana hatrany amin'ny fiaraha-monina izay nahatonga ilay dondon-trano amin'ny alina izay.
Ilay fiangavian'olona sy ny manodidina, angamba hoe diso préventive loatra, dia fantatry ny
olona (rires) dia eo ilay olona tonga mangataka fanampiana, sns.
Monique/ Dia ny anay tokoa moa izany niainako azy hoe vokatr'ilay fivoriana teo marina. Dia
tamintsika ilay nivory farany teo, ny zavatra nandaniana ny fotoana moa izany dia ilay problème-
ko, ilay entiko. Dia rehefa vita ilay fivoriana, izaho izany somary navesabesatra ihany tamin'ilay
resaka nifanaovantsika. Dia namadibadika fa ahoana àry izany ? Fa nahoana no tsy olana amin-
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dry zareo, nefa tena olako mihitsy ? Dia fa nahoana ?... Dia ianao koa mompera nisy fotoana hoe
ohatra izao ny fomba fandinihana problème, dia namadibadika an'iny aho. Dia tamin'iny koa
moa nisy ilay formation en communication interpersonnelle, dia noho ny andro vitsivitsy, afaka
roa andro teo izany, dia nitsiry tao an-dohako tao izany hoe hay samihafa izahay, satria izy
izao... dia ireny ny valin-teny nomeny ; satria izaho izao... dia ireny ny valin-teny nomeny,
satria izao, satria izao... dia izay fahasamihafana izay izany, dia hoy aho hoe : tsy velona fotsiny
ny système préventif ao amin'i Clairvaux raha samy miaina amin'ny fahasamihafana fa tokony
ho velona mamirapiratra, velona tsara mihitsy. Ary indrindra ny tena nahafinaritra ahy izany, dia
miaina amin'ilay fahasamihafana, dia ilay maha-vehivavy ahy eo anatrehan'ilay lehilahy be dia
be sy ny système préventif, tena nahafinaritra ahy mihitsy. Mbola nanampy anay niaina
fahasamihafana, ary tena mbola nahafaly ahy mihitsy izany, raha niakatra tany amin'i frera Ginno
aho indray mandeha, dia gaga be aho nahita ny biraon'i frera Ginno nadio, niova be. Ahoana hoy
izy ? Dia nanampy izy hoe eto amin'ny Centre misy vehivavy, tokony hivelatra, misongadina
tsara ny maha-vehivavy. Madame Hoby no nomeko andraikitra manadio io birao io. Hitanao,
hitanao ilay nataonao tamin'ny herintaona ? Hitako fa tokony hivelatra. Dia vao mainka indray
nahazo hery aho hoe tsy maintsy ho aho, ny maha-izy ahy tsy maintsy hasehoko. Dia ny maha-
samihafa ; tsy hitovy mihitsy ny olona rehetrarehetra eo anatrehan'ny fisehoan-javatra. Ny
problème-n'ny anankiray, ny problème-n'ny anankiray. Dia hoy aho hoe : izay indrindra no tena
tokony hampahatsara, hampamirapiratra ny système préventif. Tsy ampy fotsiny izany hoe, misy
système préventif eo amin'i Clairvaux, système préventif velona, mamirapiratra, kanto no tokony
hovelomina ao amin'i Clairvaux. Izay izany ny ahy.
Marie/ Ny anay indray, nandritra izay iray volana izay, dia hitako hoe nanova ny fomba fijeriko
ilay izy ; dia nanova ny fomba fitantanako ny asako satria misy izany ilay ohatra ny hoe
gaboraraka, laisser aller, laisser tout faire, dia niteraka disadisa na amin'ny mpiara-miasa, na
amin'ny ankizy, dia lasa tsy voahaja izany ilay système préventif, dia rehefa mandeha ny
fivoriana, fivoriana satria niverina nivory isan-kerinandro koa izany amin'izao ny primaire, dia
izay izany no mitaiza, mitaiza tsikelikely hoe : izao indray izany no fomba fitantanana ny asa, ary
hajaina izay zavatra tapaka, dia iny no arahina. Dia nisy ihany koa teo amin'ilay fitondrana ny
ankizy any am-pianarana, nanana olana tamin'ny mpianatra dia hitako hoe tsy vitako irery ilay
123
izy, dia hoentina eo anivon'ny be sy ny maro, dia iaraha-mamaha ilay olana. Izay izany, sady
nitaiza ahy ilay izy no nanampy ahy tamin'ny asako.
Louise/ Ilay système préventif izany tena hitako hoe lasa sarotra be ho anay indray ilay izy satria
tena niezahako izany niainana ilay izy, tena niainana ilay izy hoe : niaina izany système préventif,
hitako tena mampiasa saina be ilay izy. Indraindray ianao tsy mahita tory satria nampihariko
mihitsy izany ilay izy teo amin'ny fiarahako amin'ny tanora, ny tao an-trano. Dia hitako hoe
ianao izany tsy maintsy misaina foana, mikaroka hevitra foana mba tsy hiavian'ny loza, manao
planning ny zavatra ho avy rehetra. Dia ohatra ny lasa miasa saina be izany. Izay no nahatsapako
ilay izy. Nefa ilay izy tsara, ary hitako hoe misy vokatra tsara ilay izy, fa tena mila fiezahana
izany ary mila faharetana be ilay izy. Dia faharoa manarak'izay, izaho koa izany niezaka
nandalina boky tamin'ilay hoe maha-malagasy. Dia rehefa nandalina aho izany dia niezaka
nampifandray ilay hoe système préventif-n'ny salezianina sy ilay fahamalinana moa no hitako tao
anatin'ny boky. Ny filazan'ny ntaolo malagasy azy hoe ny fahamalinana izany hoe, ny fisorohana
moa izany... fa fahamalinana no iantsoana azy. Nefa rehefa nohalaliniko izy dia ilay système
préventif ihany fa mbola tsy vitako moa ilay étude fa mahafinaritra be ilay izy aloha.
Olivier/ Raha nahatadidy moa isika tamin'ny fîvoriana farany misy fanontaniana kely izay
napetrako hoe, sao dia lasa any ivelan'ny zavatra tokony hodinihina isika. Fanontaniana diso
fipetraka angamba ilay izy, fa ny nahatonga ahy nametraka an'iny dia nipetraka foana ilay
zavatra noresahintsika tamin'iny hoe changement de directeur, ity, ity... directeur, ray aman-
dreny... Dia niteny aho tamin'iny hoe problème organisation fotsiny sisa ireo, fa tsy dia ilay hoe
vontoatin'ny hoe système préventif loatra izany, izay no noteneniko tamin'iny, dia izay no
noteneniko, ohatra ny hoe teny mavesatra voalazako tamin'iny izany. Kanefa nandritra izay iray
volana izay dia hitako fa misy zavatra mavesabesatra vokatr'ilay organisation tao anaty système
préventif tsy vita tsara izany. Izay no fahatsapako ilay izy izany hoe misy organisation tao
anatin'ny Centre Notre Dame de Clairvaux, tsy vita ara-dalàna, tsy voaomana tsara ny
organisation. Resaka organisation fotsiny ilay izy ; problème technique amin'ilay fanatanterahana
ilay système préventif, dia nisy fikorontànana; izaho tsy miteny hoe lafiny tatsy na teroa, fa ny
ankapobeny mihitsy izany, na ahy manokana teo amin'ny niarahako amin'ny ankizy aza, dia
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ohatra ny nisy korontana kely izany amin'ny fandehan'ny asa satria nisy organisation tsy
voalamina tsara.
Solofo/ Ho ahy indray izany, izaho koa niezaka nanandrana hoe : tena nirona tao anatin'ilay
système préventif, dia indraindray somary lasa diso lalana ihany izany amin'ny resaka initiative
ao anatin'io système préventif io. Fa ny hitako amin'ny fampiharana ny système préventif ao
amin'ny Centre izany, tena ilaina communication. Izany hoe ny système préventif izany ho an'ny
Centre, tsy hoe olona tsirairay avy no miaina azy, fa tsy maintsy iainana ao anatina groupe ilay
izy. Izany hoe tsy hoe masaka ara-potokevitra ny système préventif aho, dia izaho no mampihatra
izay irery amin'ny Centre, fa mila communication ilay izy, mila fifandraisana aman'olona
rehetrarehetra ao anatin'ny Centre izany vao mandeha ny système préventif. Ka ao anatin'ilay izy
anefa dia misy koa ny hoe : samihafa koa ny fampiharan'ny tsirairay ny système préventif. Ny
tiako hotenenina amin'ny samihafa dia ohatra hoe fampiharan'ny salezianina ny système
préventif amin'ny Centre sy ny fampiharan'ny laika, ny fandraisany ny hoe système préventif ao
amin'ny Centre. Dia izay no hitako mandritra ny iray volana.
Solofo/ Eny àry ! Misaotra antsika rehetra tamin'izay partage izay, angamba mety mbola
hivelatra kokoa izay rehefa avy eo, rehefa mandamina ireto... isika, fa hihaino ny tatitr'i madame
Marie vetivety isika dia...
Marie/ Tsy vakiako ny aty ambony.
Rehefa vita ny fiarahabana sy ny vavaka dia niditra tamin'ny fifampizarana izay niainany
tamin'ny fotoana tsy nihaonana ny rehetra, ka hita tao ny vokatry ny fikarohana tamin'ny
famaritana ny lafa-pitsinjovana mialoha, sy ny fampiharana izany teo amin'ny tontolon'ny asa.
Tsapa fa nitombo hatrany ny fiainana sy ny fampiharana ny système préventif teo amin'ny
rehetra. Faharoa, niditra tamin'ny famahana ny olana rehetra nipetraka ny vontoatin'ny
adihevitra, ka voavaha tamin'izany ny hoe ny olana : ny fiovana tampoka eo amin'ny mpitantana,
ny ray aman-dreny assistant ve azo atao ? Ny fampihantàna be ny tanora; ny fifandraisana
amin'ny salésiens Don Bosco vazaha sy ny mpiara-miasa. Nofaranana tamin'ny teny kely ny
dinidinika. Tsapa fa tafiditra tsara ny tanjon'ny fikarohana sy ny vontoatiny, saingy eo amin'ny
fitsinjarana fotoana famahana olana isanisany no tsy nahafa-po ny rehetra.
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Izay, nisy nibahana kely izany tamin'io lafin-javatra io.
Solofo/ Dia iny izany no hojerentsika kely ao anatin'ity manaraka ity hoe eo amin'ny fandraisana
fitenenana sy fanazavana hevitra izany mba miezaka isika hoe tena manome fotoana ho an'ny
hala, nefa afaka mamoaka ny hevitry ny tena izany ao anatin'ilay izy. Tonga dia hojerentsika
arakarak'izao ilay hitantsika ao anatiny izao ilay izy amin'izay zavatra iainantsika izany. Dia
jerentsika arakaraka ny point ireny ihany. Isika moa tsy miala amin'ny hoe fanombanantsika ny
Centre, sy fikarohana koa hoe inona no zavatra iainana. Hitantsika izao ny hoe mpanabe na hoe
Mpampianatra ao amin'i Clairvaux dia fiantsoana manokana : être éducateur ou professeur à
Clairvaux est une vocation, dia efa nisy resaka ihany anefa... ilay nitsidika, nataon'i monsieur
Olivier hoe... izay moa resaka hafa mihitsy tamin'ilay izy, resaka ilay hoe raha miaraka amin'ny
zaza maditra, hifindran'ny aretiny eo. Ohatra izay, ahoana ny hevitsika amin'ilay hoe vocation
tokoa ilay éducateur sa hoe anareo professeur sa hoe ahoana... ?
Jacques/ Izaho angamba tonga dia handray ilay izy aloha fa alohan'ny tena hoe handraisako an'io
zavatra io dia tsara ihany izany mba hanipika ilay zavatra voalazan'i monsieur Louis sy monsieur
Hery tamin'ilay teny fampidirana teo ilay hoe fanatanterahana somary tsy dia ao loatra sy isika
mpanabe ao amin'ny Centre. Io dia zavatra azo tsapain-tanana, ka io no hampiditra ilay resaka
hoe vocation ve sa tsy vocation ilay hiasàna ao amin'ny Centre ? Satria tena miankina amin'ity
raharaha ity izany ilay izy. Ny fahitako azy manokana, sady arak'ilay nisy an'ilay fivoriantsika
iny moa, dia matetika isika be théorie be isika. Manana isika ilay théorie, efa ao an-tsaintsika, efa
iainantsika ilay système préventif, kanefa ny fahitako azy, fahitako manokana izay : somary tsy
dia ampy an'ilay mi-fonce izany, tsy dia ampy loatra amintsika. Indraindray isika mi-fonce, fa
misy fotoana matetika tena tsy mampi-fonce antsika. Dia lasa misy zavatra be dia be avy eo
vokatr'ilay izy. Dia eo no tena hatsapana hoe vocation ve sa tsy vocation ilay éducateur ? Izaho
mieritreritra hoe tena vocation io. Raha ohatra izany isika ka hiasa fotsiny hoe azafady amin'ilay
vava miteny hoe hiasa fotsiny amin'ilay karama, fa tsy hi-fonce, dia mazava ho azy fa tsy ao
amintsika ilay vocation. Izay aloha, izay zavatra anankiray. Dia avy eo vokatr'ilay hoe rehefa tsy
mi-fonce isika dia lasa misy fiantraikany hatrany amin'ilay ambiance io. Rehefa ohatra izany
isika lasa ao anatin'izay ilay tsy mi-fonce izay, dia lasa misy vokany amin'ilay ambiance ao
amin'i Clairvaux. Ilay ery amin'ilay point afovoamboany ery izay. Ilay ambiance avy eo, rehefa
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tsy mi-fonce dia ratsy ilay fifandraisana eo amin'ilay mpanabe samy mpanabe aloha ; dia avy eo
amin'ilay tanora sy ilay mpanabe ; dia avy eo misy fiantraikany eo amin'ny tanora samy tanora
koa izany ilay izy. Izay izany ilay resaka ambiance. Raha vao tsy mandeha izany, raha vao tsy ao
izany ilay vocation, dia ratsy ilay ambiance, ilay ambiance ery ambany hoe : eo misy hoe inona
no atao hoe ambiance ao amin'i Clairvaux ? Dia ilay ambiance ao izany dia ilay fifandraisana
amin'ny tanora samy tanora, dia amin'ny mpanabe sy ny tanora, ary avy eo amin'ny mpanabe
samy mpanabe. Dia avy eo vokatr'izay zavatra izay ny tsy fisian'ilay ambiance, tsy ampy mihitsy
ilay communication izany ao anatin'izay zavatra izay. Ilay communication tena tsy ampy. Ohatra
izao, io samy voa amin'io daholo isika izany, ny fahitako azy. Ohatra izao : misy zavatra ataonay
ohatra any amin'ny internat, misy fivoriana. Indraindray tsy tafita any amin'ny professionnel ;
misy zavatra miseho any amin'ny professionnel, tena tsy tafita ohatra amin'ny internat. Dia eo ny
tena zavatra ngeza be dia ilay hoe : parler de façon directe avec les salésiens. Kanefa hoy aho,
amin'ny eritreritro manokana, rehefa tsy mandeha izany ireo zavatra nolazaiko teo ireo, dia isika
indraindray matahotra, matahotra, tsy fantatro na hoe matahotra inona na matahotra inona,
miresaka amin'ny salezianina. Izany hoe tsy dia an'ny olona rehetra aloha izay zavatra izay, tsy
ny olona rehetra, fa misy olona ihany izany sahy miresaka mivantana amin'ilay problème misy,
ka nanao ilay communication amin'ny salezianina. Fa indraindray ilay izy ohatra ny hoe,
karazany ohatra ny hoe afenimpenintsika any izany ilay izy indraindray. Satria ny antony tsy
fantatro na hoe isika raha ohatra hoe miteny amin'izany amin'ny directeur aho na hiteny an'izany
amin'ny responsable, mety hoe : matahotra ilay place-tsika ve ? Sa mety hoe matahotra hoe tsy
mahavita ny asantsika satria tsy mandeha ny asa ? Nefa tena ilaina be io. Ilay hoe parler de façon
directe io amin'izany, ka noeritreretiko, mety mahatonga an'io ilay hoe : nahoana no tsy afaka
miteny mivantana ? Dia izay izany no noeritreretiko tamin'ilay izy hoe : mety tahotra, tahotra.
Mety hoe raha miteny any aho, tsy mahavita ilay asako ara-dalàna ve ? Sa hoe...
Solofo/ Satria tsy vocation-ko akory ilay izy.
Jacques/ Tsy any ilay resaka hoe tsy vocation, tsy miditra amin'ity resaka ity fa ilay hoe être
éducateur.
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Solofo/ Ny tiako hotenenina mantsy hoe vocation ilay izy ve ? Misy fiantraikany amin'ilay hoe
vocation ve izany ilay hoe tsy fitenenana ilay anona izay ? Dia efa noteneninao moa hoe rehefa
tsy mi-fonce, dia tsy vocation ilay izy.
Jacques/ Rehefa tsy mi-fonce. Izany hoe ny olona na manana vocation na tsy manana vocation,
afaka mi-fonce foana. Fa eo amin' izay hoe mi-fonce izay, satria manko ilay hoe mi-fonce ity,
raha ohatra izany isika hoe efa vizaka no tena ahitana hoe vocation. Rehefa tena vizaka isika
mbola mi-fonce ihany, ao ilay vocation, ao ilay fitiavana.
Jacques/ Izay indrindra mantsy, monsieur Hery toa niteny hoe asa na efa nifanitsy amin'ny
notenenin'i monsieur Hery ihany ilay hoe na vocation na tsy vocation, rehefa mi-fonce dia mety ;
manao ahoana ny fipetrak'izay... izany hoe ahafahako manao animation an'ilay izy izany hoe
apetrako amin'i monsieur Hery raha hoe resaka ilay mi-fonce ao anatin'ilay vocation ve izany ?
Hery/ Izaho angamba mbola tsy hamaly ilay hoe mi-fonce sy tsy mi-fonce, fa tonga dia hoe ny
ahy ilay eo amin'ny hoe éducateur à Clairvaux. Tsindriako manokana izany ilay à Clairvaux. Ny
anton'izany betsaka ny éducateur sy professeur eto Madagascar, na eto amin'izao tontolo izao
mihitsy izany. Fa ilay à Clairvaux izany no tiako hotsindriana manokana hoe vocation ilay izy
amin'ny hevitro manokana noho izao zavatra izao : ny ankizy izay tazaintsika izany no hangalàko
azy, dia ankizy manana problème hoy isika na hoe manana fahasahiranana. Ny zavatra tsapako
anefa ireo fahasahiranan'ny ankizy ireo dia samihafa dia samihafa. Izany hoe raha ankizy enina
ambin'ny folo na telopolo no tantanako, ankavitsiana amin'ireo no tena mitovy problème, na dia
tsy fantatro ary ny problème-ny ; fa hitako hoe samihafa ny olan'ireo ankizy ireo. Noho izany dia
tena ianao manokana mihitsy izany no ho samihafa koa ny fomba hamahanao ny olana sy
hitaizanao an'ireo ankizy ireo. Manome ohatra aho, ao anatin'ny kilasy anankiray na dia samy
orientation, ary ohatra ilay ankizy ; fa misy ankizy tena tsy mahazo na inona na inona mihitsy
amin'ny zavatra teneninao na averina im-polo ilay izy na injato amin'ny vava izany. Dia ianao
izany tsy maintsy mitady moyen hafa ahazoan'iny ankizy iny. Dia ny dikan'izay izany, noho ireo
problème be dia be izay mahazo an'ireo ankizy ireo dia mampiova ny zavatra iainany, nefa
zavatra iray ihany no tanjona, dia ny éducation dia eo izany no hametrahako hoe : vocation
manokana ny ao amin'i Clairvaux, io resaka éducateur io, satria ianao tsy afaka hampitovy
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amin'ny lafiny rehetra ny ankizy tsirairay avy amin'ny fitaizana, kanefa ny tanjonao dia tsy
maintsy zavatra iray, ny hahatafita ireo ankizy ireo. Izany hoe rehefa hivoaka izany ireo ankizy
ireo, dia mitovy ny zavatra azony sy ny étiquette hoentiny : na toe-tsaina io, na ara-panahy, na
ara-pahalalàna, na ara-pitiavana. Ilay mitovy teneniko, tsy hoe samy mahazo vingt daholo na hoe
samy leader daholo, fa ny minimum izany amin'ilay mitovy. Izay izany no antony itenenako.
Jean/ Izaho izany manamafy be an'izay tenin'i monsieur Hery izay, misaotra azy aho amin'izay
fa tena vocation mihitsy izany ho an'ny éducateur miasa ao amin'i Clairvaux. Misy antony
maromaro noho ireo olana ireo, olana ho an'ny tanora, ny tantaram-piainany, sns, sns... Dia ny
ahy angamba tonga dia raisiko mivantana, izany hoe ny zavatra ampiharina ao amin'i Clairvaux
dia karazany éducation spécialisée angaha ! Izany hoe mi-s'adapter amin'ny problème ilay
tanora. Dia ohatra mivaingana izany, maromaro no hitako satria efa betsaka ny mpiara-miasa
miasa ato amin'i Clairvaux : misy tanora mivoaka avy any amin'ny école normale, ary tena izy
mahay satria mpiasam-panjakana izy no niditra tao amin'i Clairvaux, fa ny fiheveran'ny olona
amin'ny hoe mivoaka avy any amin'ny école normale izy, dia tena mahay be izany fomba
fanabeazana izany, fa ny zavatra misy dia tsy toy izany, ary mompera directeur tonga tao nilaza
mihitsy hoe : tsy ilaina eto ity fahaizanao ity. Ny zavatra nisy tamin'izay dia niady amin'ny
tanora io mpanabe io, satria hentitra izy amin'ilay zavatra nianarany izany. Ohatra anankiray iny,
dia be dia be ny olona atao hoe mety manana ny maripahaizana ambony, na olon-tsotra ihany
koa, fa manoloana ilay asa, na zavatra atao ato amin'i Clairvaux ; tena mila... heveriko hoe
antson'Andriamanitra. Dia anampiako an'izay, ohatra ny somary mandinidinika ilay izy, fa na
izaho koa aza somary tonga saina foana amin'ny asa izay ataoko, ary matetika amin'ny fotoana
fitsaharana moa izany vao ohatra ny mahatsiaro ilay izy. Tamin'ny volana lasa teo iny aho, nisy
fotoana nijanonako efatra andro na dimy andro tao an-trano, tsy salama aho tamin'izay, dia eo
aho no mandinika hoe... mijery ny ora sy ny fotoana, ilay amin'ny alina iny hoe ahoana no
hahazakako an'izao ? Nahita ny aizina, izaho mieritreritra hoe tsy avy aty ilay izy, fa vocation.
Izany hoe antson'Andriamanitra no anatanterahana ilay asa. Misaotra !
Monique/ Ny ahy koa moa izany tsy hanohitra mihitsy fa amiko dia vocation ilay asam-
panabeazana ao amin'i Clairvaux. Vocation satria ao izany tsy mandeha mihitsy ny fiainana raha
tsy misy fitiavana. Ilay fitiavana io tsy hoe fitiavana... fa fitiavana fifampizarana fiainana ny ao.
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Dia fitiavana misy fifampitokisana, dia izay ilay ambiance ao amin'i Clairvaux. Fitiavana
fifampizaram-piainana dia fitiavana misy fifampitokisana. Nefa ilay système préventif mihitsy
dia tsy maintsy ao foana ilay fitiavana. mompera, mompera sy ny mpiasa misy ny ambiance, raha
misy ny fitiavana fifampizarana fiainana. Ny mpanabe samy mpanabe, ao ilay fitiavana
fifampizarana fiainana. Dia mifampatoky. Izay izao vao omaly isika no niresaka hoe misy tsy
fifampitokisana, misy tsy fifankatiavana. Asa na mety ho simba ilay ambiance na ahoana, fa misy
ambiance kely... misy groupe-n'olona izany ao amin'i Clairvaux manana olana amin'izay
ambiance izay. Dia iverenako koa ilay izy hoe, satria izany amiko Andriamanitra dia fitiavana,
izay rehetra ifotoran'ny hoe tsy mandeha raha tsy misy fitiavana, amiko dia ohatra ny hoe
fiantson'Andriamanitra izay, ianao ao. Dia manamafy ny tenin'ny atsy aho hoe mi-fonce, na dia
misy olana àry. Ny zavatra tianao ihany koa no tsy maintsy hi-fonce-vanao na hoe hiezahanao
raha ohatra hoe tenenina amin'ny teny gasy. Mbola ao koa izany ilay hoe fitiavana, ao amin'i
Clairvaux fiainan'ny tanora no kianina ao, karakaraina, fiainan'ny tanora. Izany fiainana izany
fanomezan'Andriamanitra izany ! fiantson'Andriamanitra izany ! Ao amin'ny pastorale des
jeunes, page six, milaza mihitsy fa hoe raha toa ka fanomezan'Andriamanitra manokana ny
fahamasinana, ny fanabeazana kosa, fitaovana natao hampivoarana ireo talenta maro karazana
ireo. Ao amin'i Clairvaux nefa amin'izay, ianao tsy maintsy miezaka hampivoatra ny talentan'ny
ankizy, antsoin'Andriamanitra ianao. Araka ilay nolazain'i monsieur Jean teo hoe misy olona
nianatra, nandalina tany, manam-pahaizana fa tsy ao aminy ilay fitiavana. Ao amin'i Clairvaux
kosa anefa misy olona hoe tsy manam-pahaizana mihitsy, fa tiany ilay asa, miezaka izy mianatra
hanatsara an'iny asany iny. Ialako tsiny raha ohatra izaho izao hiteny hoe laniko teto ny roapolo
taona, ity asako ity anefa mbola be olana. Manao formation, hitako fa mbola tsy mandeha izany
fampianarako izany. Roapolo taona nampianatra teto aho, mbola tsy izy ihany. Tapa-kevitra aho
fa hianatra, dia izay ilay miverina atsy hoe mi-fonce aho izany, hoe ahoana mihitsy ny
hampandeha ity asako ato amin'i Clairvaux ity, satria tiako ilay asako ; fa raha ohatra io hoe tsy
tiako, efa nitsoaka efa ela aho fa olana lava. Na izaho efa nanana olana tamina directeur, efa
nanana olana tamin'ny mpianatra, nanana olana tamin'ny mpiara-miasa, inty mbola eo ihany. Dia
lazaiko anareo koa hoe vao niditra mihitsy, navesatry ny olana aho, fa amin'ny antsoin'i...
amin'izay ny anarany ampiasaina ny hoe mi-fonce, ireo izahay enina ambin'ny folo mianaka
mbola eo ihany izao, mbola tsy misy niala, isaorako an'Andriamanitra. Misy ambiance ao
aminay. Ary mompera Ladis, milaza izy fa hoe rehefa miditra ao amin'ny huitième dia misy
130
ambiance, mahafinaritra ahy ilay ankizy. Ilay olana izany izay nitambesatra tamiko tamin'ny
rentrée, novahako izaho samirery. Hitanareo... rehefa ao izany ilay fitiavana dia misy ilay
ambiance. Dia zava-misy fitiavana fiantson'Andriamanitra, izay ny ahy, fiainan'ny tanora no
karakaraina, dia tsy maintsy mifototra amin'ny fitiavana izay vao mety.
Marie/ Ny ahy aloha amin'ny voalohany généralité an'ilay vocation aloha nojereko, hoe inona no
atao hoe vocation ? Vocation amiko dia antson'Andriamanitra amin'ny olona iray. Isika izany dia
nohann'Andriamanitra isika, dia nisy iraka nampanaoviny antsika eto, mission izany. Dia mba
hamitantsika izay iraka rehetra izay anefa, tsy maintsy omeny ny fahasoavana rehetra isika,
omeny moyen rehetra hahafahantsika mamita ilay iraka. Dia inona no nomeny antsika ? Nomeny
talenta isika, dia io talenta io tsy azontsika atao odian-tsy hita izany, dia izay ilay talenta
nomen'Andriamanitra. Ohatra ahy izao talenta nomen'Andriamanitra ahy, dia ny fahaizana.
Nomeny an'ity rehetrarehetra ity aho, nomeny olona, nomeny ankizy hobeazina, sns... dia iny
izany no hanatanterahako ny asako sy hampiasako ny talenta satria takin'Andriamanitra hoe
ampitomboy ny talentanao, fa tsy apetraka fotsiny. Dia mitaky anao ho modely izany izy, mitaky
anao hanana toetra mendrika sy toetra tsara, satria ao amin'i Clairvaux izany ilay tanora dia mila
harovana noho izy hoe sahirana, sns... dia mila accompagné-na izy, dia mila tantanana izy, dia
ianao ilay iraka, ianao izany ilay jiro afaka mitantana ilay ankizy, hahatratrarana ilay tanjon'i
Clairvaux manokana hoe : ho tonga kristianina mazoto sy olom-pirenena vanona. Izay no
amaritako ilay vocation.
Louise/ Izaho angamba miombon-kevitra amin'ny rehetra koa amin'ilay hoe vocation ilay
éducateur ao amin'i Clairvaux. Ny zavatra tsapako aloha, tsy vao izao aho vao nandinika
an'izany fa hatramin'izay vao niditra tao amin'i Clairvaux hoe izaho izany hatramin'ny
fahatanorako, toa efa miha-antitra mihitsy (rires), tamin'ny mbola mademoiselle angamba, satria
ianareo manda daholo. Tamin'ny mbola mademoisselle aho, zatra niaraka tamin'ankizy aho
izany, niaraka tamina tanora foana, dia teo izany no nampanontany tena ahy hoe eto amin'i
Clairvaux koa miaraka amin'ny tanora. Hitako izany hoe misy fitohizany ilay fiainako izany. Fa
ny nahafaly ahy indrindra izany niasa tao amin'i Clairvaux : ilay tanora aloha voalohany
indiïndra, tsy dia ilay asa loatra hoe manao ferme, ohatra izany... fa ilay fiarahako amin'ilay
tanora izany no tena hitako hoe zava-dehibe tamiko voalohany, dia nahafaly ahy hoe zavatra
131
nianarako koa ilay asa nataoko. Mifanampy izany ilay izy. Dia izay izany, hitako hoe tena
vocation marina ilay fiasàna ao amin'i Clairvaux izany. Fa amin'izay maha-vocation izay izany
no hanaporofoako an'ilay izy. Tena mila faharetana be ilay izy, ary mila fandeferana, izay izany
no tena anaporofoako an'azy satria ny olana dia betsaka, ary indraindray ianao tena hoe... week-
end izany, be dia be ny ankizy tonga ao aminao mitaraina ohatra izany. Fa indraindray ianao hoe
matory kely iny hoe : madame, maman'i Tiana hoy izy, rànona... mitady anao. Dia ohatra ny hoe
mila tsy haharay kapa mihitsy ianao mitsoriaka ho any an-tokontany hoe tonga ao anona, dia
inona ny olana ? Dia mifampiresaka, dia indraindray lany fotoana be. Matetitetika izany ohatra
izay dia ohatra dia tena tsapako mihitsy hoe tanora mila ahy, izaho mila tanora. Ohatra ny tsy
mety koa ilay fiainako hoe tsy miaraka amin'ny tanora satria izaho zatra niaraka foana tamin'ny
ankizy sy tanora foana. Fa ilay izy nefa mila izay faharetana sy fandeferana izay, ary aritro ilay
izy, voalefitro izany, ary ohatra ny hoe tsy hita ilay harerahana, tsy hita ilay anona rehetra fa...
tsara.
Arthur/ Ilay... Ilay izy raha raisina, raha tsorina angamba ilay izy hoe : vocation ve ilay ao
amin'ny Centre ? Dia amiko angamba hoe vocation spéciale mihitsy ilay izy raha tena amboarina.
Satria nahoana moa no vocation spéciale ? Raha araka ilay voalazan'ny rehetrarehetra teo. Ilay
izy moa novahan'i monsieur Hery teo, ilay fiainana ilay olan'ilay tanora, raha olona, tsy hoe
vocation tsotra fotsiny amin'izao, ataoko angamba fa tsy hahatanty an'ilay olan'ny tsirairay fa
amin'ny antsoin'i monsieur Jean hoe misy, ary hoe nahita fianarana, mitsoaka matanjaka, ka
mainka ve moa ka hoe olona tsy olona hoe vocation ? Vocation fotsiny tsotra izao ? Hanahirana
ihany. Ny tena tsy relijiozy akory, ka izay no mahatonga ahy hoe ilay izy raha raisina dia
vocation spéciale. Satria ny vocation amin'ny ankapobeny ilay vocation amin'ny fahazoan'ny
olon-tsotra azy dia hoe : antson'Andriamanitra ho pretra foana izay, na ho relijiozy. Nefa ao
amin'i Clairvaux tsy antson'Andriamanitra ho pretra, na ho relijiozy mihitsy ilay izy fa antso
manokana hoe : ianao... Andao ianao hanabe ny tanora, sarotra ariana, na ahoana izy tena... raha
tsorina ilay izy dia averiko ihany hoe vocation spéciale mihitsy ilay izy fa tsy vocation fotsiny
amin'izao.
Louise/ Hampiako kely angamba ilay teniko teo, hadinoko ilay izy fa efa voasoratra ato, amin'ny
maha-vocation azy anefa tsy ampy ilay izy amiko. Tena tsy ampy fa tokony hotohizana foana
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izany, izay ilay resaka formation satria marina hoe vocation ilay izy, fa misy zavatra koa anefa
tokony ho fantatra, hanampiana anao izany amin'izay maha-vocation anao izay. Dia tena hitako
hoe hanampiana an'izay izany, tokony hasiana foana, tohizana ilay formation, resaka
fanabeazana, resaka psychologie. Ohatra izay izany mba hahatomombana, hahalavorary ilay asa.
Louis/ Izaho koa angamba amin'izay resaka éducateur ao amin'ny Centre izay dia miombon-
kevitra amin'ny rehetra aho aloha satria manaiky an'ilay izy aho hoe vocation matoa tafajanona
ao, satria ahitana karazam-piainan'ankizy maro dia maro mihitsy ao amin'ny Centre izany, dia
ohatra ny hoe ianao izany no mifehy ny tenanao voalohany indrindra hoentinao hanabeazana
an'ireo ankizy ireo. Ka raha tsy mahafehy ny tenanao ianao, dia tsy manana fandavan-tena ihany
koa dia tsy voafehy anefa ilay ankizy. Tsy voateninao izany. Raha hanome ohatra aho izao hoe
inona no maha-vocation azy ? Talohan'ny nidirako hiasa tato izany dia efa be dia be ny orin'asa
noteteziko aloha. Niasa, ataoko hoe dimy volana, herintaona raha ela indrindra, dia niala. Mbola
nianatra koa aho anefa dia efa tsy tia an'izany hoe hampianatra izany. Tena niteny mihitsy aho
hoe izaho tsy tia mampianatra fa mafy ny asa. Ny niafarany anefa lasa nankaty amin'ny
fanabeazana aty ihany, roapolo taona, latsaka kely fotsiny angamba, dia izay no mahatonga ahy
hiteny hoe vocation izany ny fanabeazana ao amin'ny Centre, ka io vocation io mila fandavan-
tena, mila fikarohana, mila faharetana ihany koa. Ka raha tsy mahazo an'izay ianao dia mety tsy
ho vocation indray ilay izy fa lasa zavatra hafa fotsiny. Izay angamba no fandraisako azy.
Louise/ Ny zavatra tsikaritra, manampy ihany amin'ilay hoe hahafantarana izany hoe vocation na
tsy vocation, dia matetika ireo mpiasa mimenomenona raha hoe mihoatra ny ora tokony hiasany,
miasa ankoatry ny ora, ahoana... ? Mihoatra be ilay ora, na reraka be. Raha ohatra izay izany dia
hitako hoe mbola tsy ao aminy ilay... satria ianao indraindray tena mahatsapa mihitsy hoe
mihoatra lavitra ny oranao, fa iny tsy... ohatra ny hoe mandeha ho azy izany ilay izy. Ohatra ny
mandeha ho azy fotsiny.
Olivier/ Ohatra ny saika hanontany aho izany, ilay tonga dia... ilay fanontaniako izany efa ohatra
izay : saika hapetrako izany ilay izy, fa mbola tsy manan-kolazaina aho izany. Ilay niteny ianao
teo hoe : ilay mpampianatra, mpanabe izany milaza hoe efa lany ny ora, efa mihoatra ny ora,
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ireny izany tsy manana vocation ve izany ireny ? Misy anankiray koa teo tokony hipetrahan'izay
fanontaniako izay fa tsy tadidiko na iza na iza ?
Solofo/ Amin'izay fanontanian'i monsieur Olivier teo izay, hamaly rehefa avy eo madame Louise
amin'izay anona izay, fa hiresaka kely vetivety koa aho ny amin'ny hoe ahoana moa no fahitàko
an'ity resaka vocation ity...? Hoe vocation tokoa ve ilay izy ? Dia izaho aloha izany niezaka
namantatra ihany koa ohatra ilay notenenin'i madame Marie teo hoe : inona marina moa izany
antsoina hoe : antso izany ? Efa imbetsaka ihany aho no nandinika an'izany hoe
antson'Andriamanitra izany. Indrindra moa tao anatin'ny scoutisme izany. Tao anatin'ny
scoutisme, dimy ambin'ny folo taona nanaovana ny scoutisme aho dia efa niaina hoe ahoana
izany antson'Andriamanitra izany ? Tamin'ilay naharay ity taratasy ity aho avy eo dia niezaka
indray mandeha indray, nanao remise en question hoe : vocation-ko tokoa ve ny ao ? Dia misy
zavatra maromaro izany hitako tao anatin'izay. Izaho moa niezaka namaly an'izay hoe vocation
ve ilay éducateur ao amin'ny Centre sa tsia ? Dia niezaka nandalina araka ny baiboly ihany koa
aho. Tsy dia manam-pahaizana be aho, fa koa sanatria tsy hoe : nanao horoscope tao anatin'ny
baiboly, fa niezaka nandinika aho araka izay takatry ny saiko. Hitako tao ny hoe nozarazaraina
samihafa ny fanomezam-pahasoavana, ka rehefa ao amin'ny fampianarana dia aoka ho ao
amin'ny fampianarana marina. Ohatra izay izany no fandehan'ilay izy hoe raha ohatra izany misy
olona manana fikendrena zavatra hafa tafiditra ao amin'ny Centre. Zavatra efa hitantsika izany,
tsy tafapetraka herintaona. Dia ohatra izay koa ilay izy izany hoe mbola taratasin'i masindahy
Paoly ihany ity hoe rehefa nantsoina ho amin'ny fahafahana ianareo ry rahalahy, dia aza hoentina
hanaraka anao izany fahafahana izany, fa mifanompoa amin'ny fitiavana. Dia mbola mivaingana
ao anatiny koa ilay fitiavana, ilay nibahan-toerana be tamintsika, ilay hoe amorevolezza, ilay
noresahantsika iny hoe araka ilay efa voalaza teo hoe Andriamanitra dia fitiavana, ary izay
mitoetra ao amin'ny fitiavana no mitoetra amin'Andriamanitra. Dia nandinika aho izany hoe tena
vocation-ko tokoa ve ny ao amin'ny Centre ? Mba hahafahako mamaritra hoe vocation tokoa io,
dia nisy fotoana vao nanomboka tany amin'ny enin- taona tany ho any aho dia efa mba nanana
eritreritra, naniry ny ho mpitandrina, ho pasteur, fa mandrak'ity ny androany tsy lasa pasteur.
Rehefa miresaka amin'ny mamanay izany aho, mifampizara amin'i Marna, ohatra izay rehefa
mifankahita, na ny asa eo amin'ny Centre dia matetika olana no voalaza amin'i Marna. Dia izao
no teniny hoe tena io mihitsy ny antso ho an'ialahy io, io mihitsy ny antso ho an'ialahy fa tsy ilay
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resaka pasteur fa io no tena mahasolo an'izay noeritreretin'ialahy izay. Dia io izany no
nandinihako hoe antso tokoa ilay izy, fa ao anatin'izay antso izay anefa samy manana ny fomba
iainany azy ny tsirairay avy. Dia mahatsiaro indray aho, ohatra ny nahazo an'i Jonasa, niaraka
nankany Niniva, hoe izy tsy... ohatra ny hoe matahotra ilay andraikitra nomena azy izy, ao
anatin'izay. Mieritreritra izy hoe tsy zakany ilay andraikitra nomena azy, kanefa dia nantsoina
izy. Dia ohatra izay izany ny fandehan'ilay izy hoe... nahita aho izany hoe antso ilay izy, fa ilay
fornba iainana izay antso izay no samihafa, ary eo no mety mampisy an'ilay hoe, indraindray
misy mimenomenona hoe mihoatra ny ora satria raha mahita isika tena zavatra marina ity lazaiko
ity hoe : ny ankabetsahan'ny olona miasa ao amin'ny Centre dia olona manana spécialité,
tsirairary avy mihitsy, manana spécialité, tsy misy azo atao tsinontsinona izany. Izany hoe ny
tiako hotenenina dia izao hoe : raha ohatra ka miala ao amin'ny Centre dia tsy ho chômeur fa
mahita asa, kanefa androany mimenomenona hoe, tsy anona intsony... fa maharitra roapolo
taona, ataoko fa nisy an'izany mihitsy tao, ho an'ireo naharitra roapolo taona. Ho ahy naharitra
sivy taona, mieritreritra izany hoe tsy mahavita hiasa intsony aho... hametraka démisssion aho, fa
tsy vitako intsony ao. Fa mbola tavela ao aho hatramin'izao. Izany hoe izay izany ilay fiainana
ilay antso izany. Ohatra ilay nandraisako ilay ohatra hoe Jonasa, satria ho Jonasa hoe tsy hanao
an'io aho, fa amin'ny farany vita ihany ilay mission, satria eo koa ilay resaka hoe fïvavahana,
resaka finoana, resaka ara-panahy... rehefa resaka vocation no resahantsika dia tsy mipetraka
fotsiny hoe vocation amin'izao fotsiny hoe ara-tsaina izy hoe rationnel, fa misy koa ny ara-
panahy indrindra indrindra. Ny fanaovana laretirety ho an'ny mpiara-miasa ohatra na hoe
fanaovana laretirety miaraka amin'ny tanora ao amin'ny Centre dia mamelona indray ilay antso
ao anatin'ny tena hoe : izay indray ilay antso fa velona tsikelikely. Ilay izy izany tsinona zavatra
mila velomina ilay izy. Zavatra tokony ho ohatra izay.
Madame Louise dia avy eo i Hery sy monsieur Olivier.
Louise/ Izaho aloha tonga dia hamaly mivantana ilay izy angamba satria vao teo izaho no avy
niteny an'ilay izy, dia nametraka fanontaniana ianao. Amiko izany ny asa misy karazany roa ; dia
ny asa amin'ny ankapobeny aloha, matoa ianao miasa dia mitady vola, izay aloha izany tsy azo
lavina izay. Miasa ianao dia mitady vola. Fa ilay ao amin'ny Centre izany, tsy izay mihitsy. Tsy
hoe tsy mitady vola, fa misy ilay mitady vola, fa ilay fanampiana an'ilay tanora, ao amin'ilay
fitiavana izany. Ambonin'ilay resaka mitady vola izany, mbola misy asa hafa atao. Dia ilay tena
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hoe fanehoana fitiavana, ary izaho aloha vao tafiditra tao dia i père Pietro... ny tenako foana moa
no raisiko, ny tenako no hitako. Père Pietro, niteny tamiko hoe : ireo tanora ireo tsy ampy
affection. Ilay asa teo ihany, fa tany no tena nanompanany ny dinidinika tamiko nandray ahy hoe:
tanora tsy ampy affection ireo, izao sy izao... Izaho tamin'ny voalohany mbola tsy nahafantatra
hoe inona izany Centre Notre Dame de Clairvaux sy ny rehetrarehetra. Dia ilay tanora aloha no
tena nanompanany ny resaka hoe tanora manana problème ireo, tanora ohatra izao... tsy ampy
affection. Dia izay vao nidinika momba ny asa izany. Dia teo izany no nahitako hoe tsy resaka
vola ihany, fa ankoatra ilay hoe asa itadiavam-bola izany, dia misy izay asa fanampiny izay. Ka
izaho izany mahatsapa hoe amin'ny maha vocation azy, tena vocation mihitsy ilay izy raha ohatra
ianao ka indraindray miasa, ka tsy tsaroanao hoe mihoatra ny orako, nefa tsy angatahanao
tambiny iny amin'ny lehibe. Izay izany no tsapako amin'ny tena maha-vocation azy. Fa raha
ohatra hoe miasa amin'io toerana io ianao, ka mahatsapa hoe mihoatra ny ora, dia lasa olana iny,
dia tena sahy milaza aho hoe tsy vocation ilay izy satria izao tsotra ny hamaliako azy hoe izay tia
mahafoy. Izay foana ny fiainana. Raha tia ianao dia mahafoy, ka raha tianao ireo tanora ireo, dia
tsy maintsy mahafoy zavatra ianao ho azy. Mahafoy izany ianao fotoana, mety ho very ny
fotoananao, mahafoy ianao vola, satria io fotoananao mihoatra io tokony misolo vola, dia afoinao
ho an'ilay tanora.
Diego/ Ny zavatra tsapako... angamba izaho tsy dia miteny tsiambaratelo satria maro aminareo
no niresaka tamiko. Misy zavatra tsy azo resahina fa raha ianareo mamaky ny
tenin'Andriamanitra : Abrahama, Isaaka, Moizy, sns... ny antso... Maria ho an'ny vehivavy...
maro aminareo no voaantso toy ny zavatra nitranga tamin'ny baiboly. Izaho mbola nitadidy fa ny
mompera mitady anareo. Misy tsy te-hamaly, misy tany an-trano, misy mandray fotoana, misy
mieritreritra, avy eo misy te-hiala, avy eo tsy miala. Misy aminareo matahotra, farany resy. Fa
resin'inona ? Resin'ny fitiavana, fa tsy resin'i mompera. Ny mompera tsy dia mandresy lahatra,
tsy dia hoe ny karama no handresy lahatra, fa farany... farany, dia resin'ny fitiavana. Angamba io
manambara fa vocation.
Solofo/ Misaotra anao, monsieur Hery.
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Hery/ Notenenin'i mompera moa izany fa izaho manokana dia ohatra izay mihitsy ilay izy,
mompera Pietro moa izany niantso ahy tany an-trano tamin'ny ora tsy nampoiziko, satria izaho
raha nanao demande tato amin'ny Centre dia tamin'ny fotoana nandefasako demande tsy
noraisina aho. Efa nailikilik'i Vero ny dossier-ko, fa hoy aho hoe raiso any fotsiny iny fa mety
mbola hisy ilànao an'iny indray andro any. Dia tena iray andro tokoa nivoaka ho azy ilay izy, ary
izaho tsy nahatadidy ny dossier nalefako taty amin'i Clairvaux izany. Efa tena nanao zavatra hafa
mihitsy aho, no tonga tampoka ry zareo. Dia hoe misy an'ity, ianao izao... olona tsy fantatro no
teo anoloako, vazaha be anankiroa : mompera Salvatore sy mompera Pietro, tsy misy fantatro.
Ianareo mitady anona... adiny telo aho eran'Ampitatafika, tsy nahita anareo, efa dernière chance
ity. Dia hitako ianao, ianao izao... Dia nandà aho moa tamin'ilay izy nefa avy eo hoe... hay...
dia raikitra ilay izy. Fa tiako hanampy an'i monsieur Olivier hoe nanontany izy hoe fa ireo olona
izay tsy... ohatra ny hoe notenenin'i madame Louise moa hoe manao ohatra ny hoe ora... hoe
mimenomenona raha mihoatra ny ora ve ? Vocation sa tsy vocation ? Ilay izy angamba ny
fahitako azy, raha ny fahitako, mijery anona be... ao ihany ilay vocation, fa misy ilay zavatra
iainany ohatra ny indraindray mahatonga azy mimenomenona. Ohatra raisiko ho ohatra misy
karazana fifampitahana kely. Ohatra hoe izaho chef : izaho ampombo, miala tsiny aho amin'ny
fitenenan-dry zalahy. Izaho ampombo, ianao chef. Ianao tokony hiasa kokoa noho izahay.
Nahoana no anona...? Izay izany anankiray hitako hoe antony anankiray. Misy karazana
complexe kely izany ao anatiny hoe izaho tokony ohatran'io ihany koa. Nefa moa eo amin'ny
resaka antanan-tohatra ilay izy dia tsy mety, dia hitako hoe misy anona kely... izay iray. Dia ny
faharoa hitako ihany koa dia mahatsapa aho, ny ahitako izany hoe vocation dia ao ihany, fa raha
mahita ianareo, rehefa ametrahana andraikitra ireny olona ireny, fa very daholo ilay fotoana. Tsy
misy an'ireny olona ireny ka hoe hody aloha aho. Mitenena ange ianareo, maka sary an-tsaina,
tsy hanonona olona aho hoe nametrahana andraikitra ny olona anankiray ohatra izao, izay mety
tena hita fa hoe, tena hoe, mety tsy dia miraharaha ohatra izany. Miteny hoe izay indray ora, fa
ametraho andraikitra anie iny olona iray iny ê ! Fa izy mihitsy no anisan'ny taraiky. Raisiko
ohatra, be dia be ny organisation napetraka tamin'izao fotoana izao izany tao amin'ny Centre, ary
tao anatin'io organisation io no nizaràna ho comité kely vitsivitsy ny Centre amin'izao fotoana
izao : comité de fête, comité CF.P. comité an'izao sy comité an'izao. Fa mandraisa ianareo olona
iray ao anatin'ireny komity ireny fa tsy misy manao rainàzy ary tsy misy an'izany hoe nandeha
niala ilay andraikitra napetraka taminy ireny olona ireny, fa tena vitany hatramin'ny farany ilay
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izy, ary tena notenenin'i monsieur Jacques hoe mi-fonce hatramin'ny farany izy amin'ireny. Ka
eo amin'ilay andraikitra koa izany no hitako indraindray ho concentré be angamba amin'ny olona
vitsivitsy ilay andraikitra indraindray fa ireny olona ireny koa matetika tia an'ilay ankizy koa
ireny. Fa ilay olona tsy vocation angamba aloha azo tenenina ohatra hoe, hitako mihitsy vao
miditra ao, miala tsiny aho monsieur Elie, ilay lasa izy izao. Fa izaho vao nahita an'azy mihitsy
dia tena hitako hoe : tsy haharitra eto ity bandy ity ho aho.
Olivier/ Izay aho izany vao hiteny fa... mbola tsy niteny. Izaho tsy hipasoka ny efa malama fa
izaho tonga dia... momba ny anareo rehetrarehetra sady manamafy ny tenin'i monsieur Arthur
hoe spéciale mihitsy ilay izy. Témoignage kely iray no teneniko anareo : dia ny mpivady moa ao
an-trano misy ny miresaka, dia misy ny fifamaliana indraindray, sns... dia indraindray ny
fiainana mandeha tsara, indraindray tsy mety. Dia rehefa misy problème eo amin'ny ankizy, dia
izao no tenenin'ny vadiko hoe : ianao, hoy izy, efa lany andro manabe ny zanak'olona dia ny
zanakao tsy voabenao. Izay no noteneniny, kanefa na izany na tsy izany, izy mahatsapa tsara fa
mifantoka lalina be amin'ilay fanabeazana aho izany. Dia iray aloha izay. Témoignage faharoa,
efa misy fotoana, tsy dia hoe isan'andro fa misy fotoana rehefa mitsotra eo am-pandriana
alohan'ny hatory iny, dia efa maty ny jiro, dia efa manomboka mikipy ny maso, dia mieritreritra
kely ny zavatra natao, dia rehefa nodinihiko ny lalana rehetrarehetra nalehako androany, ny
zavatra rehetra nosainiko, ny zavatra rehetra nataoko, ny zavatra rehetra nolazaiko, dia gaga aho,
gaga aho hoe... nahoana...? Dia izaho ve no nahavita an'izany ? Tsy azoko inoana izany ilay
zavatra vitako, na ny androany, na ny omaly, niainga hatramin'ny... indrindra fa rehefa misy ilay
repos notenenin'i monsieur Jean, na rehefa misy fotoana handinihanao kely, dia hoe taiza avy
moa ny lalana nalehako androany ? Inona avy ny zavatra nataoko ? Dia tsy azonao eritreretina
mihitsy. Tsy takatry ny saina mihitsy. Dia ohatra izay ilay mampino ahy ilay tenin'Andriamanitra
hoe... tsy tenin'Andriamanitra moa izany fa ilay zavatra miseho hoe Kristy tonga nofo izany, ilay
teny hoe raha mino ianao dia hahavita zava-mahagaga. Izay izany. Dia ilay izy izaho tsy tia
an'ireny fahagagàna, ilay hoe magie ireny, hoe miracle. Ohatra hoe marary aho izao, marary ny
vavoniko, dia ivavahan'i monsieur Jean aho fa izy manana fanomezam-pahasoavana, dia sitrana
aho. Tsy tia an'ireny mihitsy aho. Tsy tia an'ireny aho, fa izay ilay fiainana nalehako... niainako
androany tontolo dia ny zavatra vitako tao, izay no tena nahatsapako hoe misy
fahasoavan'Andriamanitra, tsy takatra pesimpesenina, ni-guidé ahy nandritra iny andro iny.
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Marina misy sain-dratsy aho, izaho manana ny sain-dratsy, manana ny toetra ratsiko aho, manana
ny fomba ratsiko aho, fa rehefa atambatro ilay zavatra vitako tao anatin'ny andro iray, tena tsy
takatry ny saiko mihitsy hoe nahavita an'izany aho. Témoignage fahatelo izany : nijery ny
zavatra vitako aho, amin'ilay... tsy dia ilay cahier amin'ny anona professionnel loatra fa ilay hoe
préparation efa nataoko tany aloha, sns... rehetrarehetra izay. Dia nojereko ilay izy, gaga aho hoe
izaho, nefa sora-tanako izao ilay izy hoe : izany efa tao anatin'ny saiko izany ! Izaho efa nahavita
an'izany. Dia gaga aho. Dia anampiako an'izay farany angamba satria... hitsimbadika kely ato
amin'ilay ambiance Clairvaux, c'est quoi ? Ity angamba ny ahy mety fitiavan-tena, fa tsy
fantatro, fa ny ahy izany ny zavatra tena mahafinaritra ahy, tena mahafinaritra indrindra,
amin'ilay ambiance dia manao zavatra anankiray, misy zavatra iray atao ao amin'ny
fampianarana, tena amin'ilay mpampianatra mihitsy izany. Dia eo amin'ilay pratique dia tsy
hain'ilay ankizy. Misy zavatra tsy hainy dia manazava ianao, manazava miaraka amin'ny be sy
ny maro, dia : mazava ? Eny hoy izy, alefa àry ilay pratique, tsy azony. Dia tonga mankeo aminy
ary aho, dia manazava amin'ny fomba manokana, mitady ny fomba manokana, araka ilay teny
tery hoe ilay fomba spéciale, dia avy eo ilay izy hainy, dia rehefa hainy ilay izy, dia eo noho eo
ihany izy dia efa misaotra, hoe misaotra ramosé. Dia rehefa ohatra ny mahatsapa an'izay aho
izany dia ohatra ny hoe asio pompe dimy àry (rires), ohatra hoe. Ilay izy izany, tsy hoe io resaka
pompe io moa malaza be papa na monsieur Olivier mpanao an'io. Fa ilay izy ohatra ny hoe
ambiance-ko izany ilay izy. Izaho efa mi-fonce mafy mihitsy rehefa mahita an'ilay ankizy hoe
teto tsy hainy ity, tsy tafavoakany. Niara-niaina tamin'ny rehetrarehetra ihany hoe tsy tafavoaka,
fa rehefa niditra mitokana, nanazava mitokana an'azy, dia nazava iny, nazava iny. Dia raha
mazava dia asio soratra kely. Izay angamba fa lasa lava be ilay izy. Ilay ambiance Clairvaux iny.
Izay no tena tsapako hoe ambiance izay amiko. Izay.
Solofo/ Manahoana no fijerinareo an'izay ? Mbola misy holazaina ve isika amin'izay hoe
vocation ao amin'i Clairvaux izay ? Sa hoe...
Monique/ Ny ahy izany tsy fantatro hoe ny vocation koa ve mila kolokoloina, kolokoloina izany
ilay izy, dia hoy aho hoe mila kolokoloina tokoa izany ilay izy amin'ny alalan'ny fitrandrahanao
zavatra maro isan-karazany. Ny fikolokoloanao ny toe-po, ny formation, sns, sns... Fa ny hitako
hoe ny olona, ilay... lasa aloha tsy miandry ora ve tsy manana vocation fa hoe sanatria hoe
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mitady karama. Dia ny ahy izany vocation fa indraindray ilay circonstance, fisehon-javatra misy
no ohatra ny hoe misy demony maka fanahy anao, hamotika ny fiantson'Andnamanitra anao. Dia
mila matanjaka ianao amin'izay zavatra izay. Dia hitako koa izany, hitako hoe mora maha-potika
ilay ambiance ao amin'i Clairvaux, dia ilay tsy fisian'ny fifampitokisana, na amin'ny ankizy
izany, na amin'ny lehibe samy lehibe, raha tsy misy ny fifampitokisana : ohatra izao hoe : raha
vao mamoaka... raha mamoaka... ohatra izao misy lalàna mivoaka ao amin'ny direction hoe
manao an'izao sy izao, dia hita hoe ohatra ny heno izany ny feon'ny rehetrarehetra, ohatra ny hoe
manimba ambiance izany ilay izy, raha vao misy hoe mikitikitika ilay fifampitokisana. Ka ny
tsirairay koa izany amin'izay, hoy aho hoe : na izaho, na ianao, dia samy mikolokolo an'ilay
fitiavana sy ny fifampitokisana mba tsy... eo izany no tena hanjakan'ny demony, hanapotika ilay
fiantsoan'Andriamanitra ao amin'i Clairvaux. Dia manarakaraka izay koa raha vao misy olona
iray koa izany miditra ao amin'i Clairvaux. Fantatra ny ankizin'i Clairvaux fa hoe efa zaza
sahirana. Raha vao manambany an'ireo, manambany an'ireo ankizy ireo fotsiny izy, tsy te-
hifampikasokasoka amin'ireo. Ohatra izao nisy mpampianatra anankiray hoe mitovy tarehy
amin'ny mpianatra iray izy. Izahay mbamin-dry madame Domoina moa dia mananihany hoe
ianareo sy i anona hono mitovy, fa tezitra izy. Dia hanihaninay foana. Ny niafarany, lasa ihany
izy,, satria ohatra ny hoe na ilay hitovy sy hilahatra amin'ny ankizy ary dia ohatra ny hoe ambany
izy izany, raha vao asiana elanelany hoe ambany sy ambony eo ny ankizy, dia hita mihitsy hoe...
dia ohatra izay koa amin'ny samy... raha vao misy an'izay zavatra izay izany, dia efa ao koa ilay
demony mikolokolo an'ilay izy.
Louise/ Angamba hamariniko kely vetivety fotsiny ilay resaka... ilay hoe mihoatra ny ora sy
isan-karazany... izy ange misy lafiny roa ohatra ny notenenin'i madame Monique izao hoe misy
circonstance, mety miaina an'izay ny olona rehetrarehetra. Ohatra hoe : tokony hirava amin'ny
dimy ilay izy, nefa misy zavatra tokony tsy maintsy vonjenao, indraindray ianao mimenomenona
kely hoe ny ora efa tapitra, nefa ilay asa mbola tsy vita. Izay, iainantsika olombelona izay. Fa ny
tiako holazaina hoe tsy vocation ilay hoe mihoatra ny ora, mihoatra ny ora. Misy kosa anie tena
hoe tsy misy zavatra vonjena ohatra, tsy misy na inona na inona, dia mba mihoatra eo aloha.
Ohatra izany. Dia mampimenomenona foana, mihoatra foana ilay ora, izao... Dia indraindray
hoe. misy mahavita mihitsy hoe : ilaozana ilay tanora dia lasa, efa orako. Miditra amin'ny valo,
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tokony mirava amin'ny roa ambin'ny folo izay ilay lazaiko hoe tsy vocation izy amin'izay. Fa
indraindray misy manam-potoana kely.
Solofo/ Eny àry ! Hatreo ilay vocation aloha izany, iny noresahantsika iny. Dia hamarana ny
androany aloha izany isika fa amin'ny zomà indray izany isika, zomà le dix no mijery ny
manaraka indray. Hita hoe na ivoriana indray mandeha isaky ny point, ary isaky ny point, ilay izy
dia tena (...) dia isaorana moa isika rehetra. Isaorana indrindra indrindra Andriamanitra manome
saina antsika sy miantso antsika ho amin'izay asa masina izay. Dia miditra amin'ilay quatrième
point ery ambany ery isika ny amin'ny hoe famintinana kely amin'izay niainantsika izay
fivoriana izay, deux mots pour résumer.
Louise/ Deux mots : nahafinaritra ilay izy, tao anatin'ny hafanana tanteraka dia notapahina.
Marie/ Ny fahitako azy, ohatra ny hoe tena nanao étude lalina izany ny tsirairay nandritra ilay
fotoana dia efa nanana bagage nentina teto, dia afaka namoaka tsara an'izay tiany holazaina mba
hamariparitana an'izay lohahevitra tiana hodinihana.
Monique/ Tsy fantatro ny fihainon'ny rehetra ahy, fa izaho izany ohatra ny... satria izay izany ny
olako, tsy mahay miresaka aho, tsy mahay milaza hevitra. Dia hoy aho hoe : efa mahay milaza
hevitra angamba aho.
Arthur/ Ny fijeriko azy indray, tamin'ity resaka vocation ity tena hitako hoe lasa lalina be mihitsy
ilay hevitry ny tsirairay. Dikan'izany angamba, efa iainantsika tanteraka mihitsy ity zavatra
iarahantsika amin'ny mompera ity. Tsy mipetrapetraka fotsiny izany ilay izy, fa tena hita hoe
iainantsika rehetrarehetra ilay izy matoa isika mahatafavoaka ilay izy. Lasa lalina be ilay
fotokevitra nitondrantsika azy tsirairay avy.
Hery/ Ilay vocation izany amiko tena mikasika amin'ny tsirairay, tena isika mihitsy izany. Izay
no hitako hoe mahalalina ilay adihevitra izany, dia hitako hoe mbola tsy ampy ilay... na ilay
vocation aza, mbola tsy ampy mihitsy ilay fotoana.
141
Jacques/ Izao aloha atao hoe tena fohy loatra angamba ilay fotoana nandinihantsika tsirairay, nefa
izay moa izany ny fandaminana, dia miezaka isika manaraka izay. Fa zavatra kely tiako
hotenenina na dia deux mots aza. Mety ve raha ohatra hoe, soso-kevitra izany ity : izay point
hitantsika hoe tokony ho abordé-na, tonga dia abordé-tsika daholo ? Ohatra hoe mahazo
fitenenana isika, dia tonga dia ampijerena antsika daholo ilay point rehetrarehetra sa hoe tsy
maintsy hoe eo amin'ilay vocation izany isika, dia ho lany eo ilay fotoana kelintsika efa
notsitsiana ?
Jean/ Ho an'ny fihaonantsika androany ity, ohatra ny manamaivana ahy satria omaly aho somary
mavesabesatra ihany mieritreritra ny resaka hoe miasa ho an'ny karama fotsiny ny olona, araka
ny fomba nihaonana omaly izany, efa nahatsapa io misy vocation, mpiara-miasa rehetra
maivamaivana. Misaotra.
Louis/ Ny ahy aloha ny fijeriko ilay dinidinintsika androany dia tsara ilay izy satria tonga
alohaloha izany ilay programan'ilay asantsika ity dia samy nikarokaroka tany daholo ny
rehetrarehetra, dia namoaka ny heviny. Ka ny tena vontoatin'ilay hevitra izany dia mitovy
daholo, amin'ny fandraisako azy, ny voalazan'ny rehetra.
Olivier/ Izaho mbola tsy niteny, tsy niteny an'ilay deux mots aho. Rehefa mihaino ilay anareo dia
hadino indray ilay saika holazaina. Miasa loatra ny saina. Voalohany izany, nisy fitenenana teny
amin'ny fidirana izany ilay ohatra ny hoe misy trouble kely, ilay système préventif hoe angamba
isika be théorie loatra hoy izy... dia iza koa moa ilay niteny anankiray, monsieur Hery koa
angamba, tsy tadidiko tsara ny teninao, fa ohatra ny avy aminareo mirahalahy no azoko ilay
hevitra. Fa rehefa tena nodinihana ilay izy, ny niainana nandritra izay roapolo taona izay dia
logique ilay izy hoe rehefa tonga ny anankiray, dia miditra ny anankiray. Dia tsy maintsy misy
rahona mifamahofaho kely fa tsy hitanareo fa mandalo ihany io, hoy ry zalahy tsy mahatafiditra
vary amin'izao fotoana. Tsy ampy ny vary, dia hoe mandalo ihany io, hoy izy. Izay no ataoko
anareo hoe ny ambiance omaly iny izany, ohatra ny hoe taitaitra kely daholo ny rehetrarehetra, fa
fombany ireny. Efa nisy ohatra ireny, efa tadidinareo tsara, tao amin'ny efitranon'i madame
Domoina moa izay, ilay eo akaikin'ny tohatra io. Tamin'ny andro nahatongavan-dry mompera,
tonga izy dia ohatra ny hoe mandray an-tanana. Mahalala ny zavatra rehetra izy, dia mandray an-
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tanana dia milaza ny heviny dia nisy kely ihany... dia avy eo mandeha foana io, milamina foana
io... izay.
Solofo/ Ho ahy izany, raha hoe vocation no tena nivoaka teto androany dia tsy voalazako izay
teny noeritreretiko holazaina, tsy ampy izany. Tsy hoe ilay fotoana araka ny fijeriko azy, fa
niaina be tao anatina sentiment aho dia...
Diego/ Momba ny manaraka, tsy voatery horesahintsika ireto point ireto. Azo fidina, fa ianareo
tokony mifidy. Ho ahy angamba, tsy dia forcé an ! Ny zavatra manan-danja angamba raha mbola
azo resahina kely, momba ny religion, raison, amorevolezza, raha azo resahina... angamba ity
zavatra kely mety ho vita indray mandeha par exemple : ny fahatahorana azo atambatra amin'ny
fahatahorana miresaka amin'ny salezianina, fa ny antony fotsiny... misy momba ilay fady tsy
voatery horesahantsika ohatra. Ny finoanoam-poana, raha tianareo azo resahina, ny zavatra
intéressant angamba dia ny fisian'ny vehivavy satria androany misy resaka momba izany, ny
fisian'ny vehivavy an'i Clairvaux. Izaho... mametraka ity ordre ity... izaho tsy mieritreritra fa
ianareo manomboka amin'ny voalohany. Angamba tsy fantatro raha tokony hofidina izao raha
tianareo mbola azo resahina amin'ny manaraka, amin'ny zomà ho avy ny momba ny vocation, fa
izaho mametraka fanontaniana raha tianareo, na manomana texte kely aloha... amin'ity fivoriana
ity mba hanampy anareo, mba mandalina kokoa momba ny antson'Andriamanitra, raha tianareo,
fa miankina aminareo. Donc, omeko ny fitenenana mba hovaliana. Zavatra manaraka, ny
fivoriana manaraka dia zomà, fa ny fivoriana fahenina, tokony ho volana avrily, fa angamba efa
lavitra loatra. Ianareo efa manana traikefa amin'izao, raha akaiky loatra indraindray tsy mety, fa
angamba ny manaraka mety, satria raha mbola momba ny vocation, tsara. Arakaraka anareo...
Ny interview, hanomboka amin'ity herinandro ity, fa mety tsy vita daholo. Raha ianareo tsy
vonona na tsy te-hanao, tsy misy olana mihitsy, tsy misy olana. Ny zavatra farany... miala tsiny
raha nandray ny taratasy mifangaro vary amin'anana.
Intervenants/ Tsy maninona. Aleo izao.
Diego/ Tsy lava loatra.
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Intervenants/ Tsy maninona, tena mety tsara izay.
Olivier/ Fanontaniana kely momba ny interview, mety hoe question générale ? question de
relation ? Dia ilay question à choisir hoy izy. Misy soratra an'izay ery ambony ery. Dia hoe lasa
izany ny eritreritro hoe iray ihany ve no fidiana sa azo atao izy rehetra ve sa... ?
Diego/ Izay tianareo na iray, na roa, na hafa...
Monique/ Fa ny faharetany trente minutes ihany.
(Commentaires)
Monique/ Ny tiako hanontaniana amin'izay, ianao izany ve efa manana fanontaniana sa izaho...
tonga dia milaza ilay olona.
Diego/ Question ouverte. Ary izao, miala tsiny raha manavakavaka kely izaho te-hanontany
anareo roa : manao ahoana, ho anareo, ny fisianareo eto amin'i Clairvaux raha tsy catholique...?
Amin'ny maha-diacre anareo sady.... maha-FJKM ? Raha azo atao, io tena intéressant ho antsika
ang;amba, azo zaraina raha ianareo manaiky, azo zaraina amin'ny hafa.
Olivier/ Fanontaniana farany mompera, izaho manko rehefa miteny dia somary miverimberina
ilay teniko, tsy voalahatro tsara, sns... dia efa nieritreritra aho izany hoe... efa nisy préparation
kely izay ihany mihitsy saika hoeritreretiko hoe enregistré-ko mialoha, dans une cassette, ary
cassette no omeko an'i mompera. Aleoko manao an'izay satria amin'ilay cassette izany aho afaka
manitsy hoe ity tsy mety, dia mba amboarina... (rires).
Diego/ Raha misy mila cassette, izaho afaka manome cassette rahampitso.
Olivier/ Izaho izany omena iray mompera.
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Jacques/ Sao dia mba hevitra mety, dia mba ilay fotoanan'i mompera tsy lany... ny olona,
arakaraka ianao...
Diego/ Na omeko ny enregistreur, azo omena ny enregistreur rahampitso, satria izaho mijanona
eto une semaine (...).
Solofo/ Sao matahotra raha mahita mompera (rires)... tsy milaza ilay teny mihitsy...
(Commentaires et rires)
Diego/ miangavy anareo manao enregistrement, amin'ny farany ianareo tokony hiteny raha azo
ampiasaina ny zavatra nolazainareo, raha tsy azo ampiasaina, tazoniko ho ahy fa tsy mivoaka,
moa mety manampy ahy raha tsy azo ampiasaina.
Olivier/ Ilay izy mety misy taratasy kely miaraka ilay cassette hoe izao...
Monique/ Ka izay, azo jerena daholo ny ao am-pon'ny tsirairay dia enregistre-na malalaka.
Solofo/ ... Hojerentsika izao ve ny thème amin'ny herinandro ? Dia mba mafana ohatra ilay teo
koa ilay izy hoe efa voaomana tsara ilay izy, mba tsy ho tampoka isika. Ahoana ny hevitrareo
amin'izay fotoana izay ?
(Commentaires)
Solofo/... Ity les points ilay anona ity mantsy hoe : religion, raison et amorevolezza ?
Olivier/ Io raha tsy diso aho, izaho no nametraka fanontaniana an'io hoe sao dia tokony
hodinihintsika, halalinina aloha ilay hoe religion, inona no atao hoe religion ? Inona no atao hoe
raison ? Dia inona no atao hoe amorevolezza ? Efa noresahantsika.
Intervenants/ Efa noresahintsika... ampy.
145
Monique/ Raison angamba, fa ilay religion koa angamba efa... tena misy zavatra be dia be.
Intervenants/ Mifandray ireo....
Monique/ Eny àry ! Tsy maninona.
Olivier/ Iza sisa... ?
Solofo/ Religion et raison, dia la peur.
Jean/ Et la difficulté...
Monique/ Izaho indray mieritreritra ilay hoe la peur sy ilay professeur tokony miaraka amin'ilay
paroles de femmes.
Solofo/ Ireo telo ireo izany, miaraka, hitanareo ilay hoe paroles de femmes, la peur, dia
mifangaro amin'ilay resaka hoe...
Olivier/ Inona moa no tianareo holazaina amin'ity paroles de femmes ity ? Iza no nivoahan'io ?
Monique/ Izaho manana holazaina fa aza matahotra ianao.
Olivier/ Apetraho ilay fanontaniana fa izaho ange tsy mahazo tsara ilay hoe paroles de femmes ...
Sa hoe ny vehivavy tsy afaka miteny eo amin'ny...?
Monique/ Izay ilay hoe akohovavy maneno... fomba malagasy, kolontsaina... miainga amin'ny
kolontsaina malagasy, ary tonga amin'i Clairvaux, izay angamba io...
(Commentaires)
Jacques/ Amin'ny malagasy, fa tsy ao amin'i Clairvaux...
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Monique/ Eny... manao ahoana ny kolontsaina malagasy : akohovavy maneno ao amin'i
Clairvaux ? Izay angamba ilay izy, afaka amin'ireny tsy misy akony, na misy akony ; ohatra izay
angamba no fahalalako an'io...
Jean/ Ohatra ny tena noresahiko teto tamin'izy... niteny tamin'io... ilay nanana fahasahiranana
ohatra, rehefa misy zavatra atao ireny, dia manendry an'ilay vehivavy ianao mba mikabary, dia
izy no manomboka... izay mihitsy ny tena...
Intervenants/ Eny... ao izany... ao izany...
Jacques/ Kabary fotsiny... fa tsy hoe... satria resaka fanabeazana mahita tsara ny vehivavy...
mandeha tsara ny fanabeazana...
Jean/ Resaka kabary izay...
Diego/ Oviana no tokony hisy fivoriana fahenina ?.... Amin'ny hevitrareo... satria izaho
mieritreritra tamin'ny voalohan'ny avrily, fa angamba avrily lavitra be. Angamba mety faran'ny
janvier...?
Solofo/ Eo ho eo amin'ny fin janvier...eo, début février fara-fahatarany...
Marie/ Isika manapaka azy...
Solofo/ Hamarana ny fotoana amin'ny vavaka isika, dia mangataka an'i madame Louise isika
hitarika izay vavaka izay...
Louise/ Amin'ny anaran'ny ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
Misaotra anao izahay ry Andriamanitra rainay masina ô, raha mbola manome fotoana teo indray
handinika ny hanatsaranay ny asanay indrindra ny fitondranay ireo tanora. Misaotra betsaka anao
indrindra izahay, ary mbola ankinina aminao izao koa ny fiainanay izay miala eto
147
Tantano ny dianay ho tody soa izahay... ataonay. Tariho ireo olona rehetra... Ireo tanora, ireo
mpiara-miasa rehetra. Fanahy Masina ô, misaotra anao izahay. Fanahy Masina ô, misaotra anao
izahay. Fanahy Masina ô, misaotra anao izahay. Amin'ny anaran'ny Ray, sy ny Zanaka sy ny
Fanahy Masina.
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CINQUIÈME ET SIXIÈME RÉUNION
10 décembre 2004
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.4 Mise en relation des concepts
Il arrive que les laïcs mélangent les rôles dans le lieu du travail, en prenant la place des salésiens. Le système préventif demande souplesse et capacité d'adaptation, créativité et rapidité. L'application du système préventif n'est pas la question d'une seule personne, il faut se mettre d'accord de façon claire entre tous. Nous façonnons les jeunes pour qu'ils deviennent de bons chrétiens. Le système préventif n'est pas une religion, c'est pour cela qu'il ne sépare pas.
2. Les trois piliers du système préventif 2.1 Religion La religion, c'est croire au ciel et le préparer.
Il faut sauver l'âme des jeunes pour qu'ils arrivent au ciel. Pour cela, il faut que les personnes aient de l'éducation et du travail. Nous travaillons ensemble avec Dieu. La chose la plus grave et la plus dangereuse, c'est de ne pas sauver l'esprit. Don Bosco a dit : donne-moi l'âme et le reste... La religion c'est la force qui pousse à l'intérieur du système préventif. La religion ouvre aux sacrements de la pénitence et de l'eucharistie. Religion, ce principe en éducation signifie éduquer en se basant
totalement sur le fivavahana. Religion, ce principe signifie la foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. L'éducation des jeunes se base sur l'enseignement donné par Jésus. Les éducateurs vivent leur être-chrétien et ils ont soif de recollections. Un intervenant (protestant) dit : sans foi, rien ne fonctionne, la religion est une façon, la meilleure, pour élever les personnes. La personne qui est pleine de foi et qui vit dans la prière, arrive facilement à être un citoyen réussi (honnête). La vie dans la foi nous fait libres et nous devenons des chrétiens zélés (bons). Il faut avoir une attitude croyante parce que les jeunes que nous éduquons ont été créés par Dieu. Don Bosco a éduqué avec la parole de Dieu. Il a été porté par la foi en Jésus Christ, l'amour de Jésus Christ et la foi en Dieu. La religion (prière) est le dressage de la vie, pour qu'elle se conforme à la volonté de Dieu. Le Catéchisme de l'Église Catholique dit que la prière c'est parler... penser à Dieu, je suis d'accord, mais il faut que la vie se conforme à la volonté de Dieu. Tout ce que nous faisons doit devenir religion (prière), mon travail de
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constructeur et le jeu. Il y a deux types de foi : celle qu'ont vit et celle qu'on étudie, elles doivent s'harmoniser. Les protestants et les catholiques doivent vivre les trois piliers : foi, espérance et charité. Nous sommes dans une institution catholique et cette religion est proposée. Il y a la foi que nous vivons et la foi que nous proclamons, mais quelle foi devons-nous proclamer et enseigner ? Réponse (d'un protestant) : il faut enseigner la foi catholique, il n'y pas de discussion sur cela. Ce n'est pas tellement une foi qu'il faut proclamer, mais une éducation dans la foi. La foi est proposée. Quelle foi peut convaincre le jeune ? J'apprends aux jeunes que, quand ils ont un problème, il faut parler avec Dieu, c'est la tactique que je donne aux jeunes. La définition de la foi nous la trouvons en HblO,l.
2.2 Amour La religion a comme base l'amour de Dieu le Père. L'amour de Dieu le Père est un amour qui donne sa vie (tnahqfby), qui donne son fils pour nous. Il est plein d'amour et il nous protège. Dieu Fils est l'amour agapè, qui nous aide, Dieu Esprit Saint nous associe, nous met ensemble. Ils sont un visage de l'amour que les jeunes doivent voir chez les éducateurs. L'éducateur reçoit et aime les jeunes comme ils sont, pas comme il pense qu'ils devraient être.
2.3 Raison Il faut utiliser la raison, l'intelligence en éducation puisque les enfants sont les maîtres de leur vie et pas nous. La raison signifie la prise des responsabilités de la part des enfants dans leur propre développement. 11 faut éduquer les jeunes à une intelligence scientifique.
3. Dimensions du système préventif 3.2 La prévention Il faudrait faire des pré-évaluations ou un sondage d'opinions avant de
faire les choses. 3.4 L'éducateur et la vocation
Le jeune doit voir que l'éducateur aussi se confesse, cela renforce chez le jeune, l'importance de la pratique de ce sacrement. Nous devons croire en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Nous témoignons dans l'école, dans la cour de récréation... avec notre attitude de chaque jour. Nous devons être des miroirs ou des modèles pour leur futur. C'est notre responsabilité d'enseigner Jésus de telle manière que les jeunes l'accueillent plus facilement. Nous devons être des modèles au niveau de la prière, de la conduite et de la manière de s'habiller. Quand nous sommes sales, nous devons nous confesser, nous avons besoin de récollections et de retraites.
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L'éducateur doit avoir une manière optimiste de voir, voir toujours le bon côté et être miséricordieux. L'éducateur doit être en règle selon l'Église, marié correctement, avoir reçu les sacrements selon son statut, même ceux qui sont d'une autre religion. L'éducateur doit aimer la prière, recevoir les sacrements et vivre dans la grâce reçue. La foi propre de l'éducateur le porte à éduquer les jeunes. Ce n'est pas moi ou vous que les jeunes doivent imiter, mais Jésus Christ. Dans ce sens, nous devons aller avant les enfants, au moins les conduire pour contempler ensemble Jésus Christ. Notre tâche n'est pas de guider, mais d'aider. Selon le proverbe : izay naman'ny amboalambo, dia amboalambo, l'ami des mauvais est mauvais, donc si l'éducateur n'est pas un modèle, les jeunes trouveront une excuse pour faire le mal comme lui. Nous donnons un soutien dans le cheminement des jeunes. Don Bosco a promis : maison, pain et paradis. (Quelqu'un a corrigé) c'est plutôt : travail, pain et ciel. Maison et pain sont une même chose. Être chrétien signifie suivre le Christ. Être éducateur chrétien signifie accomplir ce que nous demande le Christ : ce que nous avons fait à un plus petit, c'est à lui... Le groupe discute sur le témoignage que donnent ceux qui fument. L'éducateur porte la bonne nouvelle, l'évangile, le Christ. Quelqu'un dit avoir écrit l'histoire de son appel. La vocation est en relation avec l'ambiance qui perdure dans la relation avec les jeunes. On aime, on partage avec les jeunes et ils vous racontent leur vie. Il y a la confiance. Toutes les personnes sont des appelées, mais la façon de vivre cet appel est différente. La vocation est un appel de Dieu qui nous aime.
3.5 L'ambiance L'amour, le partage et la confiance conditionnnent l'ambiance. Ceux qui vivent le système préventif sont toujours dans la joie, ils ont de la patience et aiment leur travail. C'est une joie d'être avec Dieu, dit une chanson. La semaine prépare la fête du dimanche. Si nous travaillons bien pendant la semaine nous pouvons fêter le dimanche. Si tu travailles, étudies et pries bien pendant tous les jours de ta vie, le ciel sera une fête pour toi.
3.6 Les finalités L'objectif c'est la satisfaction (Jahafaham-po). Don Bosco a dit c'est difficile d'éduquer sans donner un objectif clair au jeune . La personne est esprit et corps, la vie n'est pas ici sur la terre seulement, mais il y une vie au ciel, un paradis que Dieu a préparé pour nous. Donc l'objectif dernier et le plus important, c'est préparer le paradis. Parce que c'est une fête d'être avec Dieu (dit une chanson).
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Nous éduquons les jeunes pour qu'ils se comportent de façon vraie, honnête (droite) et cohérente avec l'évangile, avec le commandement de l'amour, dans l'amour, à l'intérieur de l'amour. L'éducation intégrale implique l'intelligence, le corps et l'esprit. L'objectif c'est le bon chrétien et l'honnête citoyen . Pour être un bon chrétien, il faut évidemment prier et pratiquer la religion. L'objectif est d'évangéliser en éduquant ou d'éduquer en évangélisant.
4. Sujets particuliers 4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
Je voudrais être comme sainte Marie éducatrice, c'est elle qui a appris à Don Bosco à éduquer. Comment est-ce qu'elle a éduqué ? Je suis en train d'approfondir la façon d'éduquer de la Vierge Marie. À propos des femmes, je ne crois pas qu'il y ait un vrai problème ici au Centre. Les femmes ne veulent pas faire de discours, elles laissent cela aux hommes, mais pas toutes, cela dépend des femmes. Les femmes ont du poids, de l'importance, au Centre. La parole des femmes est importante.
4.2 Le tabou et le système préventif
Au Centre, il y a des tabous. Le tabou ne concerne pas la religion mais la croyance (jinoana). Il y a le tabou du cheval et de la chèvre. Nombreux sont les éducateurs et les professeurs qui ont pour tabou la chèvre. (Ils rient quand ils parlent du tabou). On peut utiliser la pédagogie active dans ce domaine. Le tabou est une sorte de croyance et le chrétien peut encore croire à cela. Nous ne pouvons pas forcer les jeunes à aimer les choses, cela ne veut pas dire qu'ils ne mangeront pas la viande tabou, mais il faut les faire manger, grâce à l'éducation. Nous prenons les jeunes comme ils sont. Nous n'utilisons pas la répression. Le problème n'est pas le fait de ne pas manger de chèvre, mais c'est le tabou, puisqu'il suscite des problèmes au Centre. Les jeunes et certains professeurs demandent de la graisse de chèvre contre les ensorcellements. Les jeunes ne mangent pas de chèvre parce qu'ils ont peur que la force du contre-ensorcellement soit perdue en mangeant. Le tabou fait partie de la culture, des croyances malgaches. Le système préventif n'entre pas dans le tabou, mais il éduque. Il faut sortir et se libérer du tabou. Quand le tabou est quelque chose d'individuel il n'y a pas tellement de problème, mais quand il est vraiment source de rupture au sein de la communauté ou quand il y a des conséquences économiques, ou quand il empêche d'évoluer, il faut l'enlever. Dans ce cas, on peut parler d'un caprice.
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C'est la responsabilité des éducateurs de convaincre le jeune quand le tabou empêche le développement. Il ne faut pas se laisser dominer par les idées ou la façon de faire des jeunes. Il faut chercher une solution au tabou. Comment procéder avec le tabou
• Demander au jeune la raison du tabou, ou bien demander à leurs parents la raison du tabou, peut-être s'agit-il d'un tabou familial ? Parfois, il ne s'agit pas d'un tabou mais d'un problème médical.
• Il faut prévoir ce qui peut se passer, ses conséquences si on donne à manger quelque chose qui est tabou.
• Il ne faut pas tromper le jeune et lui donner à manger sans lui dire ce qu'il mange.
• À propos du tabou, il faut réfléchir avec les jeunes. Il faut faire entrer la raison dans la discussion. Convaincre du point de vue scientifique, expliquer que le tabou existe peut-être à cause d'une allergie, mais que nous avons une infirmière à la maison pour soigner cela. Faire goûter un petit peu de la viande tabou. Il faut poser des questions : on va perdre la viande ? pourquoi ne pas goûter un tout petit peu ? demande à tes parents le pourquoi du tabou ? Il faut du temps et de la négociation pour convaincre. Il ne faut pas isoler ceux qui ont un tabou. On peut aussi blaguer avec les jeunes à propos du tabou. Il faut connaître les jeunes pour pouvoir les aider. Il faut proposer la catéchèse sacramentelle comme chemin. Il faut prier ensemble avec les jeunes. Il faut dire que si on ne respecte pas un tabou mais on croit en Jésus Christ, il n'aura pas de problèmes. Laisser libre les jeunes décider de manger ou non. Il faut empêcher avec fermeté l'idolâtrie. Il faut mettre les jeunes devant un choix entre deux possibilités. Il faut tenir compte de la famille du jeune. Il faut éduquer à une façon de penser scientifique, qui cherche, qui sait donner du poids, évaluer, prouver, essayer...
4.3 Le rapport A propos de la peur de prendre la parole devant les salésiens, cela missionnaires - dépend de la personne. 11 y a certains qui sont plus proches des autochtones salésiens parce qu'ils habitent le Centre, parce qu'ils ont des relations
avec eux, parce qu'ils participent aux réunions avec eux. Il y a d'autres qui n'aiment pas parler, mais cela ne veut pas dire qu'ils ont peur. Il faut toujours faire l'effort de s'expliquer quand il y a un problème. On peut utiliser la raison pour se mettre d'accord.
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La difficulté de parler est liée à la colonisation, maha-zanatany antsika. Il y a peut-être des préjugés en nous : c'est un étranger, un dictateur... Les premiers salésiens ont appliqué une discipline très sévère, ils nous ont humilié. Ils ne pensaient pas qu'ils nous humiliaient, mais leur façon de faire était comme ça. Le rapport entre personnes dépend du caractère des éducateurs ou des salésiens ; de l'image que les laïcs ont du directeur ou de l'économe : patron, chef de discipline, celui qui gouverne et pas quelqu'un avec qui on travaille, ensemble. Certains pensent que les laïcs plus proches des salésiens peuvent influencer le directeur contre eux, ils appellent ces laïcs : chefs, riches, cette façon de se comporter détruit les personnes. Les salésiens utilisent parfois (sans le savoir) des mots qui font du mal.
4.5 Le rapport II y a une petite différence de foi entre les catholiques et les catholiques - protestants, mais nous nous mettons bien d'accord. Le problème, c'est protestants quand il y a un musulman ou une autre religion, parce qu'il y a des
erreurs en eux. Nous sommes très chrétiens dans notre façon d'éduquer, sans cette façon de faire nous ne pourrions pas convaincre les autres et on ne pourrait pas les empêcher de commettre des erreurs. Nous sommes parfois trop chrétiens. Je deviens parfois méchant et exigeant, par exemple avec les musulmans qui ne mangent pas de porc. Avec les protestants, il n'y a pas de problèmes ni d'empêchements pour le travail ni pour l'application du système préventif. Dans une ambiance à penchant catholique (Clairvaux), je crains que les jeunes protestants changent de religion et deviennent des catholiques. La différence avec ceux qui sont d'une autre religion est au niveau de la réception des sacrements. Il n'y a pas de problèmes entre religions quand on respecte la différence. Je me demande comment les protestants vivent le fait que des jeunes reçoivent la première communion. Que pensent-ils de cela ? Comment montrer que les protestants aussi aiment la prière ? C'est un problème si les jeunes ne les voient pas servir leur Église. Les protestants suivent bien les idées de base de Don Bosco. Pour les protestants, la difficulté concerne la Vierge Marie et pour les musulmans manger du porc. Catholiques et protestants doivent savoir pardonner, pour pouvoir changer petit à petit de caractère et de mentalité. Le problème avec les religions non chrétiennes c'est l'accomplissement du système préventif, par exemple dans les repas, ou dans les activités spirituelles. Pour moi, ce n'est pas un problème, puisqu'il y a des éducateurs
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d'autres religions qui peuvent être des modèles au niveau de respect. La différence entre protestants et catholiques n'est pas trop grande, seulement un peu dans la manière de prier. (Quelqu'un a corrigé). Il y a des différences entre catholiques et réformateurs, au moins cinquante quatre idées différentes du point de vue théologique et aussi les traditions, mais cela ne se distingue pas au Centre, grâce au respect. Le système préventif ne choisit pas une religion, Dieu {Andriamanilra) est un seul. Il faut respecter sa propre religion. Tant pour les catholiques que pour les protestants, il n'y a pas trop de problèmes de nourriture, parce qu'ils n'ont pas de tabou, mais avec les autres, il y a souvent de problèmes, par exemple avec les adventistes. Un des principes de base à Clairvaux, c'est de ne pas faire de discrimination à cause de la religion. À propos de la question de l'intercommunion, je voudrais bien pouvoir recevoir la communion chez les catholiques (a dit un protestant). Entre les personnes simples (laïcs), l'intercommunion n'est pas difficile, mais au niveau plus important (lehibebe) c'est difficile. Dans le milieu protestant, c'est possible l'intercommunion, tandis qu'ici au Centre, ce n'est pas possible. Nous souhaitons tous l'intercommunion. Les protestants désirent l'intercommunion. Si quelqu'un ne reçoit pas la communion, cela signifie quelque chose.7
Je (protestant) voudrais essayer le système préventif avec la religion protestante.
Verbatim
Jacques/ Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina. Amen.
Apetrantsika am-pelantanan'i masina Maria ilay Reny malalantsika, izao fivoriana izao mba
hikatsaka ny soa tanteraka ho an'ny tanora isika.
Intervenants/Arahaba ry Maria... (complet).
Jacques/ Masindahy Joany Bosco.
Intervenants/ Mivavaha ho anay.
' Expression seulement retrouvée dans le procès verbal, mais qui est absent dans les enregistrements ainsi que dans le Verbatim. 711 est sous entendu : péché, faute morale.
155
Solofo/ Eny àry ! Dia faly miarahaba antsika rehetra indray nahatratra izao fivoriana fahadirny sy
fahenina, dia araka ny tomba fiasantsika moa izany dia hanao partage kely isika, efa anatin'ny
ordre du jour-ntsika, manao partage vetivety isika mikasika ny herinandro. Taorian'ny
nandinihantsika ny vocation, dia avy eo miditra amin'ny tatitr'i madame Marie isika. Ataontsika
tour de table ihany ny herinandrontsika. Atombotsika amin'i monsieur Louis.
Louis/ Eo, nandritra izay herinandro izay nandinihako ilay vocation dia tena nandinika mafy
mihitsy aho hoe inona mihitsy moa no atao hoe vocation ao amin'ny Centre izany ? Dia
mipetraka amiko aloha ny fanontaniana hoe inona avy izany ny zavatra tokony hataoko ? Dia avy
eo amin'ny mpiara-miasa amiko rehetrarehetra. Izay izany no tena nodinihiko mihitsy nandritra
izay herinandro izay mikasika ny atao hoe vocation.
Jean/ Ny ahy manokana indray izany mikasika ilay vocation, efa ohatra hoe, heveriko efa tafiditra
ao anatiny isika fa tany amin'ilay teny farany mikasika ilay système préventif iny sy ny formation
ohatra misy... somary nampiasa ny saiko izany, teo amin'ilay hoe fandraisana initiative ny laika
sy ny salezianina, dia ilay izy fotsiny amin'ny ankapobeny, araka ny fahatsapako izany angamba
tsy dia mbola tafiditra be loatra amin'ilay système préventif angamba. Ohatra izay, dia manjary
somary misy fifangaroan-javatra kely ao anatintsika rehefa mampiasa ilay système isika, dia
somary mampiova ilay toerantsika eo amin'ny toeram-piasana. Indraindray mety voakasikasika
ny organigramme, ny toerana hoe maha-mpiasa sy ny maha-mpampiasa, ny anjara toerana hoe
salezianina sy laika, lasa ohatra ny hoe mifangaro ilay izy. Nefa ny zavatra tsy mahakivy tao
anatin'iny ihany dia tsapa fa ny formation manitsy antsika, ary mampiezaka antsika satria misy
ny tenintsika, vokatry ny formation hampiasa ny voambolana tao anatin'ny formation midika hoe
misy fanantenana hampiezaka antsika ny formation.
Jacques/ Izaho aloha ny niainako ny vocation ny fiasana ao amin'ny Centre. Indrindra moa
tamin'ilay fety nomanintsika tamin'ity herinandro ity. Somary hita hoe sahirankirana ny tsirairay,
samy niezaka nandray anjara tamin'ny fety, dia tena hita ilay fiaraha-miasa fa betsaka ny olona
manana vocation amin'io toerana ao amin'ny Centre io izany.
156
Hery/ Ny anay moa izany resaka hoe fiainana vocation izany dia araka ny maha-vocation azy dia
hitako hoe ao anatin'ny fifaliana foana izany ny olona rehetra hoe miaina amin'ilay izy, dia ao
anatin'ny... na inona na inona izany dia manana faharetana, fitiavana ny asa indrindra indrindra,
dia tena hita hoe miaina ny vocation izany ianao amin'izay fotoana izay.
Arthur/ Ny fomba niainana azy izany tamin'ity herinandro ity dia eo aloha ilay fijerena aloha hoe
tena ao anatin'ny ilay vocation ny olona tsirairay matoa hoe mahatafavoaka an-tsakany sy an-
davany ny zavatra hataony, na eo amin'ny fifandraisana amin'ny tanora izany, na amin'ny asany
iray manontolo.
Monique/ Vanim-potoanan'ny fankalazana an'i masina Maria tsy azon-keloka moa dia ny ahy
izany apetrako foana hoe izaho vehivavy, miasa ao amin'i Clairvaux dia nankalaza ny fetin'i
masina Maria tsy azon-keloka, dia niezaka aho izany te-haka tahaka an'i masina Maria mpanabe,
hoe ahoana ny fomba nentin'i masina Maria nanabeazana ? Dia i Don Bosco koa moa ilay hoe
masina Maria no mpampianatra azy dia nanomboka niha-lalina kokoa izany nianatra ny fomba
fanabeazan'i masina Maria, dia niezaka koa aho izany, dia nanaraka ny fandaharana rehetra izany
tao amin'i Clairvaux, na dia efa ny hasiviana amin'ny dimy sy sasany, ny famerenan-kira.
Niezaka nandray andraikitra izany hoe tena hampiaina, te-hampiaina ny maha-reny, maha-reny
ahy koa sahala amin'i masina Maria ao amin'i Clairvaux.
Marie/ Ny ahy aloha raha hoe resaka vocation no nataoko, dia namerina nanoratra, tena nanoratra
mihitsy aho, nanomboka tamin'ny mille neuf cent soixante dix-sept mandrapahatonga izao
fiainana izao, mikasika ny hoe ahoana ny fiantson'Andriamanitra ao amiko ? Dia vitako an-
tsoratra moa izay. Fa ankoatra izay izany tamin'ny fanomanana ny fety dia nisy zavatra... tiako
hosintonina izany ilay fiaraha-miasa tamin'ny mpanabe. Izany hoe rehefa mampiasa ilay système
préventif izany isika dia hitako hoe mila souplesse be mihitsy izany mampiasa ilay izy. Izany hoe
raha misy situation mitranga, dia tokony hahay mi-s'adapte amin'ilay situation ianao. Mahay
manova, dia manana esprit de créativité vetivety mba... ny objectif-ko amin'ilay izy dia hoe
tokony hahita fahafaham-po izany, hahita satisfaction ary hahita fahasambarana ny olona
amin'ny action anankiray. Indrindra hoe amin'iny fety iny izao, dia manao pré-évaluation izany
amin'ilay voalohany hoe raha izao no hatao, ho afa-po ve rànona ? Afa-po ve rànona... ? Dia
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ohatra ny hoe manao sondage d'opinion izany aloha, alohan'ny action anankiray dia izay izany
no hitako hoe tena ilana ilay izy. Farany ilay izy hoe nety tokoa, afa-po ny olona dia satisfait,
satisfait ny olona.
Louise/ Izaho moa izany tamin'iny herinandro iny satria vocation no naharitraritra kokoa
tamin'ny resantsika farany teo, dia tena ohatra ny hoe niezaka nanaporofo izay rehetra
voalazantsika teto izany aho amin'ilay hoe caractéristique-n'ny vocation rehetrarehetra ilay
nivoaka teto, dia rehefa nodinihiko izany ilay izy dia hitako hoe voaporofo ilay izy hoe tena
vocation marina ilay miasa ao amin'i Clairvaux satria raha jereko hoe ilay vocation mifandray
amin'ilay ambiance, ilay ambiance nefa tsy mandalo fa maharitra, hitako izany hoe misy
ambiance maharitra amin'ny fiarahana amin'ny tanora. Misy ilay fitiavana na avy aminao
mankany amin'ilay tanora, ilay tanora mankany aminao, misy ilay fifampizarana. Hitako hoe ilay
tanora tena mamboraka ny fiainany aminao. Misy ilay fifampitokisana, misy koa ilay teo amin'ny
resaka religion hoe ilay fiarahana, ilay fanaporofoana amin'ny tanora izany ny lalana tokony
haïahiny. Ohatra amin'ny finoana sy ny rehetra, dia ianao koa miezaka miaraka aminy, ohatra
hoe mikonfesy miaraka aminy, dia ianao koa mandeha mikonfesy mihitsy hitan'ny tanora, dia
ohatra ny vao miha-manamafy ilay izy dia tena resy lahatra hoe tena vocation marina ny iainana
ao amin'i Clairvaux, hitako.
Solofo/ Monsieur Olivier mandritra (?) ny herinandro isika.
Olivier/ Ny herinandro... ny vocation no noresahintsika tamin'ny farany izany... dia ny ahy moa
izany ilay vocation, tsy dia nandalina firy an'iny intsony aho fa amin'ny maha-vocation azy izay,
efa iainana andavanandro io. Fa izaho izany tamin'ny herinandro iny nanomana ilay
enregistrement-n'ny interview aho izany, satria isaky ny mivory isika teto dia tsy ampy foana ilay
fotoana, tsy ampy foana. Nanao famaritana, tsy afa-po, izay foana dia somokotra tamin'iny aho
izany tamin'iny herinandro iny hatramin'ny androany dia mbola nanao interview mihitsy
androany. Dia tamin'ny andro voalohany nanaovako ny interview, ny appareil moa izany tany
amiko, dia nanomana aho, nanomana, nanomana, dia nandeha, nandeha, nandeha... tamin'ny...
asa, na tamin'ny folo alina na tamin'ny folo sy sasany alina aho no nijanona dia natory fa tsy
nahita tory, satria ohatra ny hoe niverina daholo na ilay resaka nataontsika na ny zavatra
158
rehetrarehetra natao hatramin'izay, dia niverina daholo. Dia ohatra izay foana no mihodina tao
an-tsaiko, dia lasa mbamin'ny torimaso, tsy azo intsony. Izay angamba.
Solofo/ Ho anay izany, dia niverina indray mandeha koa aho aloha, nandinika ny vocation hoe.
Tcna nampiasa ny saiko dia ilay hoe : iza marina no tena manana ilay vocation ao amin'ny
Centre ? Raha ohatra ka lazaina hoe misy tsy manana vocation, dia misy manana vocation. Dia
nandinika aho, dia rehefa avy eo dia nahita tsoa-kevitra aho hoe ny olona rehetra dia samy
antsoin'Andriamanitra. Izay no tsoa-kevitra hitako, fa ny fiainana ilay fiantsoan'Andriamanitra
no samihafa, dia avy eo koa moa aho nanomana ny interview, efa nisy karazana fampidiran-
dresaka ihany niarahako tamin'i mompera dia avy eo moa mbola nanomana ihany aho izay
noeritreretiko holazaina tao anatin'izay, dia tao anatin'iny herinandro iny aho somary nandalo
fahasahiranana kely ara-pifandraisana communication tamin'ny mpiara-miasa, dia nahafaly hoe
nisy fiofanana, dia hita hoe miha-mivoatra kokoa amin'ny maha-olona izany eo amin'ny
famahana olana. Izay no azoko ambara, dia misaotra antsika rehetra tamin'izay fifampizarana
izay. Hihaino ny tatitr'i madame Marie izany isika izao.
Marie/ Tonga dia vakiako angamba ? Fiarahabana sy vavaka fohy no nentina nanombohana ny
fotoana. Nisy ny fifampizarana izay niainana nandritra ny fotoana lava izay tsy nihaonana,
vokany : tsapa fa ilaina sy miasa be ato amin'ny Centre ny système préventif, be ny nanontany
tena amin'ny fampiasana marina amin'ny système préventif eo amin'ny asa ataony. Tao ny
niaina amin'ny maha-izy azy sy ny système préventif, ohatra eo amin'ny toeran'ny vehivavy sy
ny système préventif, tao ny nanova ny tomba fiasàny amin'ny famahana ny olana, mahatsapa fa
tsy asan'ny olon-tokana ny système préventif tao ny mbola nandalina sy nanao fikarohana ary
nahita fa mila faharetana ny fampiasana ny système préventif, ary mila fifanarahana mazava.
Nodinihana avy eo ny hoe : ny maha-mpanabe, mpampianatra eto amin'i Clairvaux ve dia
vocation ? Niara-niaiky ny rehetra fa antson'Andriamanitra ny maha-mpanabe na maha-
mpampianatra eto amin'ny Centre. Tao ny nanoritsoritra izany araka ny tantaram-piainany, tao
ny lanasongadinana ireo karazana vocation ho pretra na relijiozy ary laika, tao nahita fa vocation
spécialisée ny eto amin'ny Centre satria tsy tanora fe tanora fotsiny no beazina fa tanora manana
olana, tra-pahasahiranana, ka mitaky fandavan-tena, faharetana, fotoana. Hita koa ny famaritana
ny vocation, araka ny maha-antson'Andriamanitra azy, sy araka ny fitiavan'Andriamanitra
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antsika. Ny ambiance à Clairvaux indray no manaraka : dia miankina indrindra amin'ny lafim-
pifandraisana misy, tanora sy mpanabe, tanora samy tanora, ary mpanabe samy mpanabe. Tsapa
fa miankina amin'ny fifankatiavana, fifampizarana, ary fifampitokisana no mampaharitra io
ambiance io. Nofaranana tamin'ny teny kely sy vavaka ny fotoana, ary hita fa niaina lalina
tamin'ny adihevitra ny rehetra ka tsy hitahita akory dia lany ny fotoana. Nampanan-danja ny
adihevitra ny nahatongavan'ireo lohahevitra mialoha tany amin'ny mpandray anjara. Tapaka fa
ny zomà folo desambra no fihaonana manaraka.
Solofo/ Eny, ataoko fa tafita daholo ny zavatra rehetra. Misaotra an'i madame Marie isika ny
amin'izay tatitra izay dia hiditra isika araka ilay fandalinana kely nataontsika teo hoe
hojerevantsika izany izao ilay fandalinana ny hoe religion, raison dia ny anton'ireo éléments
anankitelo dia ilay point voalohany io izany no hojerentsika. Misy ilay anona... averiko indray
mandeha fotsiny hoe famintinana izay resaka sy tiana holazaina izany, miezaka mamintina araka
izay azo atao an'izay isika. Ity lohahevitra ity izay hodinihintsika ity, raha tsy diso aho dia
nivoaka avy tany amin'i monsieur Olivier izy ity, hoe sao dia tokony hojerentsika koa ny hoe
religion sy raison, dia te-hametraka fanontaniana aho avy hatrany hoe mety efa manana hevitra
avy hatrany amin'izay ve monsieur Olivier mba hanombohantsika ny dinidinika hoe...? Tsy
matiinona...
Olivier/ Momba ny religion izany, ny nahazoako azy ao anatin'ny système préventif, dia ny
système préventif moa amin'ny maha-préventif azy, dia mitsinjo lavitra ka ny religion amin'ny
ankapobeny aloha izany no itenenako azy hoe i Don Bosco miteny hoe sarotra ny manabe ny
tanora raha tsy misy tanjona mazava omena azy, ka ny religion, dia ny lanitra izany, paradisa
izany no filazantsika azy. Dia... donc izany ny olona beazina dia ampahafantarina azy hoe : ianao
tsy olona fa olona foana, tsy zavaboahary mitovy amin'ny zavaboahary rehetra ianao, fa ianao
olombelona manana fanahy sy vatana, ary tsy eto amin'ity tany ity ihany no fiainanao, fa hisy ny
iïainanao any ankoatra, paradisa izay nomanin'Andriamanitra ho antsika. Ao anatin'ny religion
izay. Dia izay no tomba itaritan'i Don Bosco ny fomba fanabeazany. Izany hoe ny lanitra no
tanjona farany sady lehibe indrindra omanina ho antsika, ka io no ampitaina sy omena ny ankizy.
Tsapa izany eo amin'ny zavatra rehetra nataony. Misy toriteniny anankiray izay koa manao hoe
fety, fety ny miaraka aminao, hoy ny hirantsika moa izy niteny mihitsy hoe fety. Dia ilay fety dia
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ohatra izao no nanaovany azy hoe : alatsinainy mandra-pahatongan'ny asabotsy : miasa sy
mianatra, ao anatiny ihany koa ny vavaka, fa ny alatsinainy mandra-pahatonga ny asabotsy izany
dia manomana ny alahady, dia ny alahady fety, alahady dia rehefa fety ny alahady, tokony
miravoravo ny olona rehetra izany : ny mpanabe sy ny beazina amin'ny maha-fanabeazana azy.
Dia raha miezaka tsara ianao, nanao ny asanao tsara mandritra ny herinandro, dia afaka manao
fety ny alahady. Dia mitohy amin'izay koa ilay hoe raha miasa tsara ianao, sy nianatra tsara sy
nivavaka tsara nandritra ny androm-piainanao dia fety ho anao any an-danitra. Dia izay moa
amin'ny ankapobeny ny fahazoako ilay religion hoe : mino ny lanitra, ary ny lanitra no
karakaraina, atao izay tsy maintsy hamonjena ny olona, hamonjena ny fanahiny, hahatongavana
any an-danitra, ka ao anatin'izay ilay hoe tsy maintsy olona manana fianarana sy asa,
ampianarina izy dia miasa ara-dalàna ; mora kokoa ny hamonjena ny olona amin'izay, noho ny
hoe : olona tsy manana asa sy fianarana dia mifameno ihany izany izy telo izay ilay religion aloha
amin'ny ankapobeny.
Solofo/ Misaotra anao amin'izay, madame Marie manan-kambara ihany koa...
Marie/ Tsy hamerina ilay tenin'i Olivier mikasika ny lanitra aho fa miditra kely mikasika ny
fitiavana, satria ny religion izany tena hoe hery manosika eo amin'ny système préventif izy,
mifototra amin'ny fitiavan'Andriamanitra Ray izany ny tena ao anatin'io ilay fitiavana io.
Amin'inona izay fitiavan'Andriamanitra Ray izay ? Andriamanitra Ray aloha, dia Andriamanitra
Zanaka, dia Andriamanitra Fanahy Masina. Miala tsiny ohatra fa somary mitory kely.
Andriamanitra Ray na hoe z (?), dia nahafoy izy, nahafoy ny ainy izy, nanome ny zanany ho
antsika, dia avy eo indray Andriamanitra zanaka, ilay avy amin'ny hoe fitiavana agapé, dia
mpanompo, nanompo antsika izy, dia hoe Andriamanitra Fanahy Masina na roaha, dia
mampiombona, mampiombona antsika. Ka io toe-panahy, io fitiavana io izany : ireo endri-
pitiavana ireo dia tokony ho hitan'ny tanora ao amin'ny mpanabe, satria isika araka ny tenintsika
mandrakariva, isika dia modely. Mpanabe alaina tahaka. Io fiainam-pinoana io izany ilay
fiainam-pinoan'i Don Bosco io, io no tena fototra, ka manome vahana indrindra amin'ny
fandraisana ny sakramenta dia ny pénitence ary ny eucharistie. Beazina izany ireo tanora ireo
mba hanana lalam-pitondran-tena, tena marina sy mahitsy, mifanaraka amin'ny evanjely. Dia
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miaraka amin'ny didim-pitiavana izany. Dia tokony ho tsapantsika izany, ary tokony ho
hitantsika any amin'ny ankizy fa hoe miha-zanak'Andriamanitra ny tanora taizaintsika.
Solofo/ Madame Louise, dia avy eo monsieur Jean.
Louise/ Amiko izany ilay fomba fanabeazana naorin'i Don Bosco izany dia ilay système
préventif amiko izany ilay resaka hoe raison, religion, ilay amorevolezza. Izy telo ireo izany
aniiko dia ohatra ny hoe arofanina koa amiko hoe : arofanina anankitelo mba tsy hampivaona
an'izay fomba fanabeazan'i Don Bosco izay. Ka raha mivaona amin'izay arofanina telo izay
izany dia tsy ilay système préventif naorin'i Don Bosco intsony ilay izy. Izany hoe tokony hisy
an'ilay raison, religion, amorevolezza izay izany ilay dinidinihintsika hoe inona marina izany izy
telo ireo ? Tokony ho fantatra marina ilay izy hoe mivaona amin'ilay système préventif ve isika
sa tsia ? Dia amiko manokana izany ilay religion dia fitaizana izay miankina tanteraka amin'ny
fivavahana. Izany hoe eo amin'ilay fomba fanabeazana izany dia fitaizana daholo izy telo. Izany
hoe ny finoana an'Andriamanitra Ray, Zanaka sy Fanahy Masina izany no fototra ijoroany raha
te-hanabe tanora ho kristianina mazoto isika satria tokony hibanjina ilay tanjona foana izany
hanabeazana tanora, hoe isika mamolavola tanora ho kristianina mazoto, dia ça fait izany isika
tsy maintsy mino, mino izany an'Andriamanitra Ray, Zanaka sy Fanahy Masina. Izay izany no
fototra raha te-hanabe ilay tanora isika. Ka io Andriamanitra Ray, Zanaka, Fanahy Masina
inoantsika io izany dia ao ilay Andriamanitra Ray be fitiavana, tsy maintsy tafiditra izany ilay
hoe fitiavana. Andriamanitra Ray be fitiavana izy io izany hotahafintsika avy aty amintsika
mpanabe, satria isika no hanabe ilay tanora. Izany hoe fanampin'ny tenin'i madame Marie ihany
izany ny zavatra efa voasoratro ato. Io Ray be fitiavana io izany no tahafintsika mpanabe, avy eo
izany isika mpanabe kosa no ho fitaratra indray handrafetan'ireo tanora ny ho aviny any aoriana.
Izany hoe isika aloha izany tsy maintsy maka ilay avy any ambony, dia mampiseho an'ilay
tanora, ary ilay fampisehoana izany somary sarotsarotra satria tsy vitan'ny teny, satria isika dia
mitory tokoa na ao am-pianarana na eny an-tokontany hoe izao ry tanora, izao ry tanora, fa
indrindra tena tsarain'ny tanora koa isika amin'ny fihetsika andavanandro. Dia isika izany no lasa
ohatra ny hoe fitaratra handrafetany an'ilay ho aviny izany, ny fiainany rehetra. Ka ny
fampianarana ny tanora izany sy ny fanabeazana rehetra. Izany hoe ny zavatra rehetra
ampianarintsika izany ho fanabeazana ny tanora dia mifototra ary tsy mifanipaka velively
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arnin'ny fampianaran'i Jesoa. Izany hoe mifandray foana izany ireo, tsy nivaona amin'ilay
fampianaran'i Jesoa izany, fa kosa manampy arnin'ny lafiny tsotra ho mora hampiharina kokoa.
Izany hoe anjarantsika izany no mamolavola ilay fampianaran'i Jesoa mba ho mora ampiharin'ny
tanora, ho mora raisina, hampivelatra ny maha-olona sy ny ara-panahy an'ilay tanora.
Jean/ Mikasika ny ahy moa izany tonga dia any arnin'ny fivavahana no hidirako, dia manamafy
ilay tenin'i monsieur Olivier teo ; misy tenin'i Don Bosco mihitsy hoe any am-paradisa aho no
miandry anareo na tiako hitohy any am-paradisa izao... iny izany ilay resaka tanjona lehibe. Fa
ankoatra an'ireo ihany koa, ny fivavahana izany dia araka ny fanabeazan'i Don Bosco dia efa
tokony (...) hampahafantarina ny tanora fa Andriamanitra mandavorary ny zavatra rehetra ny
fitiavany ary isika dia mpiara-miasa amin'Andriamanitra, dia avy eo hampahafantarina ny tanora
fa ny zavatra tena grave indrindra, ny zavatra tena mampidi-doza dia ny olona raha tsy afaka
mamonjy ny fanahy, dia nampidiriny arnin'ny vavak'i Don Bosco hoe : famonjena ny fanahy no
tena zava-dehibe. Dia misy tenin'i Don Bosco koa manao hoe : omeo ahy ny fanahy, fa ny sisa...
Iny ilay tenin'i Don Bosco. Dia iny moa izany tsoahina hoe rehefa, mazava ho azy, rehefa
manam-panahy ny olona dia afaka manatontosa ny adidy, ny asa sy ny zavatra rehetrarehetra
tokony hatao. Izay no mikasika ny fivavahana.
Jacques/ Izaho somary hanampy kely an'ilay izy fotsiny fa efa betsaka ilay voalaza teo. I Don
Bosco koa izany niteny an'ity hoe izaho mampanantena trano, mofo, paradisa. Trano, mofo,
paradisa. Dia i Don Bosco moa izany niezaka foana, ilay hoe éducation intégral : ilay saina, ilay
vatana, ilay saina, ilay fanahy. Noezahina hotratrarina daholo izany ireo tanjona anankitelo ireo,
ary ity resaka religion ity tena zava-dehibe satria misy banga lehibe izany ilay fanabeazana
omena ny tanora satria ny antony : isika olombelona tsy afaka mahafantatra ny ao am-pon'ny
tanora fa ny ora (?) sy Andriamanitra irery no afaka mifampiresaka, mibitsika mangina ny zavatra
ao anatiny ao. Ka eto no saika hampidirako kely an'ity zavatra ity hoe isika eo arnin'ny Centre
efa manome ilay mofo sy ilay trano, ataoko fa efa tsara io zavatra io. Dia ilay fomba hanaovana
ilay katesizy alarobia amin'ilay fampidirana ilay ara-panahy izany no angatahana soso-kevitra
hoe tokony hodinihina misimisy kokoa satria raha misy ny zavatra tsy mandeha arnin'ny resaka
ara-panahy, dia ilay katesizy alarobia io tena sarotra ho an'ny ankizy ny mandray an'ilay izy. Tsy
fantatro hoe ahoana ny fomba handinihana azy ?
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Solofo/ Izaho izao manana hambara kely, dia avy eo... ilay tiako hambara hoe voalaza ilay anona
rehetrarehetra teo hoe mahita aho hoe raha nametraka ny tanjona ngeza be hoe olom-pirenena
vanona sy kristianina mazoto, dia mba hahatratrarana izay araka ny fijeriko azy dia eo ilay
religion, indrindra pretra no olona ni-inventé an'ity fomba fanabeazana ity izany. Izany hoe tsy
azo odian-tsy hita izany izay zavatra izay hoe pretra no olona ni-inventé an'ilay fomba
fanabeazana, ary ny tanjona napetrany dia hoe kristianina mazoto... dia mazava ho azy fa mba
hahatratrarana izay dia tsy maintsy misy ny fivavahana, misy ny religion ao anatin'ilay
napetrany. Fa io religion io araka ilay voalaza teo, efa nisy nilaza hoe miainga avy amin'ny
mpanabe ilay fiainana ilay ara-panahy izany, ilay hoe miaina amin'ny maha-kristianina azy ny
mpanabe, azontsika jerena ve izay hoe mpanabe miaina amin'ny maha-kristianina azy izany ?
Tafiditra ao anatin'ilay religion mantsy izay hoe... ohatra ilay nojerentsika hoe ahoana ny
amin'izany hoe amorevolezza ? Dia hoy isika hoe manome foana, sns... dia azontsika jerena koa
hoe : ahoana izany hoe mpanabe miaina ao anatin'ny religion izany ? Ilay... zavatra ohatra izay
hoe : misy mpanabe mangetaheta fihatahana foana, fisintahana ilazàna azy amin'ny teny gasy,
récollection, fihatahana, fihatahana masina foana, mety hoe ahoana no fijerintsika an'izay, asa ?
Monsieur Hery saika hiteny. Dia asa na mifanitsy amin'izay, na... ?
Hery/ Te-hampiditra kely ny resaka fivavahana izany. Dia tonga dia ampiarahana amin'ny resaka
raison ilay izy. Ny olona rehetra, mivoaka kely mihitsy aho aloha. Ny olona rehetra manam-
panahy ary rehefa tsy manam-pinoana dia tsy mandeha ny zavatra rehetra izany, ary ny
fivavahana izany dia fomba iray, ataoko hoe tsara indrindra hoentina hitaizana ny olona na
handresen-dahatra ny olona anankiray na olona maromaro. Raha mijery ny tantara fotsiny isika
hoe : eran'izao tontolo izao dia anisan'ny fomba, na dia hoe somary ratsy àry, fomba
nampiasain'ny olona hanjanahana na ohatra izany ny resaka fivavahana. Izay izany midika fa
raha ny olona no vontom-pinoana, raha miaina amin'ny vavaka, dia mora aminy ny mandeha ho
tonga olom-pirenena vanona, olom-pirenena vanona aloha, hatreo aloha satria mbola fivavahana
fotsiny no resahina. Fa eto kosa aho manokana momba ny resaka hoe religion, raison,
amorevolezza, izay nentin'i Don Bosco izany. Dia izy izany dia nampihatra ara-bakiteny i Don
Bosco, nampihatra ara-bakiteny ny fiainany, ny filazantsara hoy... na ny vaovao mahafaly izany,
izay novoizin'i Jesoa Kristy tamin'ny fampianarany rehetrarehetra : nanomboka tany amin'ny
Matio hatrany amin'ny Jaona izany, dia nampiseho daholo ny resaka fiainana amin'ny finoana,
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ary io fiainana amin'ny finoana io no lasa mitondra ny fahalalàna, dia lasa ho kristianina mazoto
moa avy eo amin'ny maha-kristianina antsika izany, amin'ny maha-kristianina an'i Don Bosco
izany. Ka zava-dehibe izany ny resaka finoana amin'ny fampitana ny fitaizana izany ho lasa
olom-pirenena vanona izany. Rehefa olona izany tsy manam-pinoana, dia very ny aminy, dia izay
no mitarika koa hoe raha mpanabe dia tokony hiseho ho modely amin'ny resaka fivavahana, na
ara-pihetsika, satria... fihetsika ivelany izany, na resaka fiakanjo sy ny karazany, sy ny
rehetrarehetra dia itsarana hoe Kristianina ve ireny sa ? Ohatra izay izany ilay izy.
Solofo/ Izay ny hevitr'i monsieur Hery amin'izay. Manao ahoana hoe mpanabe miaina ao
anatin'ny fivavahana ? Miaina ao anatin'ny finoana ?
Madame Marie.
Marie/ Hanampiako kely an'izay, hoe isika izany ilay hoe modely. Ny... io ilay finoana
ananantsika io izany. Tsy tahaka hoe... Eritrereto hoe tahaka ny akanjo tafiantsika ê ! Dia mila
diovina raha maloto. Tahaka an'izany koa ny tenantsika hoe raha maloto ny tenantsika dia mila
fanadiovana mba ho mendrika izay mijery sy mendrika ny tenanao. Izay angamba no anona...
arakaraka an'iny moa ilay hoe mila konfesy, mila récollection, mila laretirety, sns...
Jean/ Angamba... tonga dia akaiky hoe amin'ny fiainana andavanandro, izany hoe ankapobeny,
heveriko hoe mpanabe tokony ho modely, manam-pinoana, dia mpanabe manana ny fomba fijery,
mijery ny lafy tsarany mandrakariva izany, dia mpanabe mamindra fo, mpanabe... efa tsy lazaiko
intsony izany hoe mazoto mivavaka, sns... lohalaharana amin'ny resaka fitaritana (?) ara-
pinoana. Dia misy zavatra lehibe ihany koa, ohatra hoe tena takian'ny fiangonana, tokony ho ara-
dalana, araka ny lalànan'ny fiangonana. Izany hoe vita mariazy ara-dalana, mandray feno ny
sakramenta araka ny maha-izy azy, na hafa finoana koa ihany koa... resaka (?) protestant dia ara-
dalàna amin'ny tokantranony fa tsy sanatria olona manana fitondran-tena hafa amin'ny lafiny
ara-panambadiana satria tanora no beazina. Efa eo ihany koa moa izany ny fitondran-tena,
fahaiza-miaina ankapobeny mihitsy no tena soritako. Izay angamba.
Monique/ Ny ahy moa izany, sady eo ihany dia mba hilaza ny hevitro momba ny raison sy
religion aho. Dia ato moa tokony ho fantatsika fa ny manabe dia ny mandray sy mitia ny tanora
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araka ny maha-izy azy, fa tsy hoe araka izay iheveran'ny mpanabe azy. Ka noho izany, raha
hanabe ny tanora isika dia araka ny maha-izy azy ilay tanora no hanabeazana. Ka noho izany ilay
tanora io izany, tokony hanana, hanana modely halain-tahaka eo amin'ny fiainana. Tsy ianao
izany, amiko tsy ianao mihitsy no alain'ny tanora tahaka fa hoe i Jesoa Kristy no alain'ny tanora
tahaka. Izay no mahatonga ilay hoe tsy maintsy mirona ao amin'ilay finoana satria ilay ankizy
beazina dia ankizy efa noharin'Andriamanitra araka izay nitiavan'Andriamanitra azy. Ianao anefa
tsy mahalala an'izay hoe inona moa no nitiavan'Andriamanitra an'ity ? Fa tsy maintsy orienté-
nao foana izany ilay ankizy haka tahaka an'i Jesoa Kristy. Dia, noho izany, raha ianao hitarika ny
ankizy haka tahaka an'i Jesoa Kristy, ianao izany tsy maintsy mialoha lalana ilay ankizy, na
farafaharatsiny mifampitantana amin'ilay ankizy hiaraka hibanjina an'i Jesoa Kristy, hiaraka
hanao modely an'i Jesoa Kristy. Izay ilay hoe mpanabe miaina amin'ny finoana. Tsy maintsy izy
izany mahafantatra an'ilay Jesoa Kristy izany izy mba hahafahany mamporisika ilay ankizy haka
tahaka an'i Jesoa Kristy, satria amin'ilay hoe raison izany, ny antony hametrahana ilay hoe raison
dia hoe fahaizana mampiasa ny saina satria ny ankizy mihitsy no tompon'ny fiainana fa tsy ianao.
Ny ankizy izany no tompon'ny fampandrosoana ny fiainana fa tsy ianao no hoe hotaritiko
mankatô ity fa zanako, na hoe hotaritiko mankaty ity fa zanako. Fa ny ankizy mihitsy no
mahalala fa ianao mpanampy. Guide fotsiny ianao, mpanohana azy amin'izay lalan-kizorany,
hitondrany ny fiainany. Ka amin'izay fotoana izay izany ianao, tsy maintsy mino alohan'ny
ankizy ianao izany.
Louise/ Ilay tenin'i madame Monique teo angamba tsy mifanohitra amin'ny lazaina rehetra teo
ihany amin'ilay hoe isika mpanabe fitaratra. Izany hoe isika izany tsy maintsy mialoha lalana,
mazava ho azy. Tsy hoe isika hoe mi-guidé azy hoe izao no tokony hataonao, mifanampy ihany
izany ilay izy, fa tsara mihitsy... ilay efa noteneniko teo ihany no tenenin'i monsieur Solofo hoe
tsara mihitsy ilay hevitr'i monsieur Olivier. Tokony hohalalinina marina ilay izy mba tsy
hampiova antsika, surtout isika no mikarakara ity zavatra ity hoe matianina amin'ity resaka
système préventif ity, dia tokony mba hisy hevitra mivoaka matotra izany hoe inona marina ilay
raison, mba tsy hisy hivaona, izany hoe izay marina ilay système préventif. Mety misy
hieritreritra hoe raison ohatra izao no itondrany azy, dia isika mety hoe tsy iny ilay izy. Dia
amiko izany, tsy haiko hoe miadihevitra izao isika na inona ilay maha-kristianina ? Dia amiko ny
fiainantsika andavanandro, isan'andro, isa-minitra, hitan'ny tanora izany. Fomba fitenintsika
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an'ireo tanora ireo, raha miteny ratsy an'ireo tanora ireo isika, dia mazava ho azy hiteny ratsy koa
izany izy. Zavatra amin'ny madinika izany, fa tsy zavatra amin'ny ankapobeny io zavatra io. Ny
madinidinika ohatra ny toetran'i sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Amin'ny zavatra madinika sy
ny vovoka kely iny dia efa ahitana zavatra. Ny tanora izany mahita antsika amin'ireny zavatra
madinika rehetra ireny. Misy fomba fitenintsika malagasy hoe izay naman'ny amboalambo, dia
amboalambo. Izany hoe raha olona atao hoe saika malemy paika ianao, rehefa miaraka amin'ny
amboalambo, dia mivadika amboalambo ho azy. Dia ohatra izay foana ilay hoe ampahafantaro
ahy aloha ny namanao, dia ho fantatro ny toetranao. Ka raha isika izany mpanabe manao fihetsika
hafahafa mifanohitra amin'ny ilay maha-kristianina, mazava ho azy izany ireo tanora ireo dia tsy
maintsy... matoa izany madame manao an'io dia izay izany no tokony hatao. Matoa ramosé
manao an'io, dia ohatra iny izany no tokony hatao.
Louis/ Eo amin'ilay religion angamba no hojerentsika. Io koa moa no zavatra eo anoloana
amin'ny izao fotoana izao. Dia isika moa izany miaina amin'ilay système préventif ka raha
miaina amin'io isika, i Don Bosco nitaiza ny ankizy izany. Izy, tsy ankizy hoe tsy manana olana,
fa ankizy manana olana izany no nangoniny, notezainy. Ary ny fomba nitaizany azy izany dia
avy amin'ny fivavahana aloha voalohany indrindra. Amin'ny resaka soratra masina aloha no
nitaizany ny ankizy. Ka iny soratra masina iny izany no nitaritany ny sain'ny ankizy tsikelikely
tsikelikely satria ireo ankizy ireo, ato amintsika fotsiny izao, ny ankizy ato amintsika, dia ankizy
manana olana, tsy mahafantatra na inona na inona. Ohatra ny hoe ankizy nangoningonina tany.
Mety mbola tsy niditra tany am-piangonana hatramin'ny niainany mihitsy ary ilay ankizy. Ka
raha hampianatra an'ireo ianao, na hiteny tahaka ny inona àry, dia tsy fantany izany, raha tsy hoe
matotra aloha ianao amin'izay fotoana izay, mahafantatra tsara hoe izao no atao hoe Soratra
Masina. Izany hoe tokony olona ara-dalàna izany ianao, manana ny maha-izy azy ianao eo
amin'ny fiainanao rehetrarehetra iray manontolo mihitsy. Ka io religion io zavatra lava be
mihitsy io raha io no taritina, hiadiana hevitra, fa ny finoanao ihany no mitondra anao hanabe
an'ireo ankizy ireo. Izay angamba ny ahy no fandinihako ilay religion.
Solofo/ Izaho mahita kely ohatra izao araka ilay notenenin'i madame Louise teo mantsy hoe...
hofaritantsika... hojerentsika... hohalalinintsika ilay religion hoe indrindra indrindra moa izany
tsy hoe ilay religion fotsiny no tena halalinintsika, fa ilay hoe toetra maha-kristianina mihitsy.
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Izay mihitsy ilay izy teo. Toetra maha-kristianina, mamaritra moa izany isika hoe inona no atao
hoe kristianina ? Dia mpanara-dia an'i Jesoa Kristy. Amin'ny resaka hoe famaritana ankapobeny
izany izay. Fa raha mijery izany isika, raha mahita izao, asa na ahoana ny hevitrareo ? Fa izaho
koa moa izany sady mamaky an'ity boky nozaraina ho antsika ity, ilay D.B.A. ity, misy ilay
resaka anona... ato anatin'ity, fa mijery aho izany hoe... anisan'ny mety ho toetra iray ve
hahafahana miteny hoe mpanabe kristianina isika ny hoe ny fahatanterahan'ny zavatra takian'i
Jesoa Kristy hoe : izay nataonareo tamin'ireo kely indrindra ireo no nataonareo tamiko : tany an-
tranomaizina aho novanginareo, narary aho novanginareo, tsy nanam-pitafiana aho, notafinareo,
noana aho, nomenareo hanina... satria isika mantsy izao araka ny fijeriko azy efa ao anatin'izay
sehatra izay. Raha ny fijeriko azy izany ao anatin'izay sehatra izay isika hoe : fikarakarana ny
madinika, tsy fantatro hoe azo ambara hoe efa feno ve izay sa manakory ?
Monsieur Olivier.
Olivier/ Izaho izany nanokatra ilay fitenenana teo aho. Izao no teny nolazaiko teo efa niainako
depuis, depuis izany iny zavatra iny. Juste vao nandray ny système préventif aho dia efa iny no
tonga voalohany iny. Ilay tenin'i monsieur Jacques teo angamba misy ohatra ny ahitsiko kely
ohatra : trano sy mofo ary lanitra. Tsy izay no nahazoako azy fa hoe asa, mofo, lanitra. Ilay trano
sy mofo angamba zavatra iray ihany. Zavatra iray ihany io satria io ilay tombontsoa azo avy
amin'ny asa io, fa hoe ny zavatra ampanantenaiko anareo hoy izy dia asa, dia mofo, dia lanitra.
Ny tena izy dia hoe lanitra no tena voalohany izany. Ka i Don Bosco raha ny fahalalako azy, tsy
nanabe tanora mihitsy izy raha tsy ny finoana no tao anatiny. Tsy nisy nahataitra azy io resaka
fanabeazana io raha tsy ny finoana no nitarika azy, ny finoana an'i Jesoa Kristy, fitiavany an'i
Jesoa Kristy, finoana an'Andriamanitra. Marina ilay teniny teo hoe ilay fivavahana ity raha
anaovana adihevitra dia lasa lava be, mivoaka débat hatrany amin'ny radio, télé sy gazety, sns...
fa isika tsy miditra amin'izay, fa mamariparitra hoe : izao ohatra izao no fahitako ny finoana
sns... Dia izaho efa namaritra io finoana io foana hatramin'izay, mamariparitra foana, isaky ny
misy laretirety ao amin'ny Centre Notre Dame de Clarivaux dia nanaraka foana aho, tsy mbola
nisy laretirety angamba natao ka hoe tapaka aho, tsy tao, nandritra izay nahatongavan'ny
salezianina izay, fa teo foana aho, dia namaritra ny teny hoe : inona no atao hoe mivavaka ? Efa
namaritra an'izay samirery. Tsy nanoratra aho, tsy naninona fa izaho samirery ao an-tsaiko no
namaritra. Dia ny namaritako azy hoe ny fivavahana dia... miala tsiny amin'ny teny frantsay hoe:
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dressage-n'ny fiainana, hifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra, izay izany no amaritako
izany hoe : dressage-n'ny fiainana hifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra, ao misy
mamaritra ohatra hoe ny katesizy kely mamaritra hoe ny atao hoe mivavaka dia miresaka... ny
saina sy ny hevitra mandinika an'Andriamanitra, izay hoe mivavaka, tsy manda izay aho, fa...
araka ny amaritako azy : dressage-n'ny fiainana hifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra.
Raha miaina ianao androany, hitanao fa tsy mifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra, sao dia
mila mandohalika mivavaka ianao hiovan'ny toe-ponao na hiovan'ny herim-batanao hahatonga
azy hifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra. Niaina ianao androany, nisy tsy nifanaraka
tamin'ny sitrapon'Andriamanitra, sao dia tokony hihaino ny fampianarana any am-piangonana
ianao ? Na tokony hamaky baiboly ianao ? Hahazoanao hery na fanovàna ny toe-tsainao
hifanaraka amin'ny sitrapon'Andriamanitra. Ohatra izay izany no fahatsapako azy. Raha marary
ianao, sao dia tokony hivavaka ianao hahazo vola hitsabôana anao, na miasa ianao hahazo vola
hitsabôana anao, sns... Izany hoe na inona na inona izany zavatra ataonao dia tokony vavaka
daholo, fa tsy hoe... ny... manao dinidinika izao isika, dia izao dinidinika izao tsy ho vavaka, na
hoe mandrafitra biriky aho izao, tsy vavaka izany mandrafitra biriky izany. Fa misy teny
anankiray izay tadidiko tao anaty laretirety, ny toritenin'i mompera, fanazavan'i mompera Ginno
Louis, tsy tadidiko tsara ilay ohatra, fa ilay hevitra izany no voaraiko hoe : nisy tanora izany
nanontany hoe raha eo am-panaovam-baolina ianao no tonga izany i Jesoa Kristy, dia inona no
ataonao hoe ho avy i Jesoa Kristy ? Fa... indrindra amin'izao anona izao hoe ny flavian'i Jesoa
Kristy foana no tenenina, ho avy i Jesoa Kristy haka ny fiainana hitsara an'izao. Ka raha tonga
Jesoa Kristy, eo am-panaovam-baolina ianao, dia inona no hataonao ? Dia ny valin-teny
nomen'ilay olona tamin'izay dia hoe tohizana ny baolina fa tohizana hatrany an-danitra. Izay
izany ilay finoana izay, azonareo izany ? Izany hoe ny fiainanao toutes les secondes, toutes les
minutes, na ny tierce de seconde na ny millième de tierce de seconde izany tokony ao amin'ilay
finoana dia mijery an'ilay fiainana mandrakizay foana. Na inona na inona zavatra miseho, tokony
ho vonona amin'izay foana ianao. Dia niteny kely aho, misy an'ilay hoe finoana hampianarana sy
hiainana, ataoko fa voalaza ao anatin'ilay religion nodinihantsika izay. I Don Bosco, tsy voatery i
Don Bosco ihany fa na iza na iza manabe ka ao anatin'ny finoana, dia misy ny finoana iainana,
dia misy ny finoana hampianarana, fa tokony hifanaraka ireo araka ny notenenin'i madame
Monique. Dia ao amin'ny ankizintsika, hitanareo ilay hoe ankizy manana olana isan-karazany dia
ny fanontaniana mipetraka amiko izao dia ohatra ilay hoe kristianina foana no notenenintsika teo.
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Misy marina, misy maha-samihafa finoana kely antsika eto, nefa fahasamihafana finoana tsy dia
mankaiza ilay izy fa mifanaraka tsara ihany. Fa ametrahako fanontaniana eo amin'ilay finoana
ampianirana raha ohatra ka ankizy musulman no tonga amin'ny sehatra misy antsika, ao amin'i
Clairvaux. Tsy fantatro na efa nisy na tsy nisy na takona. Dia io no mampametraka fanontaniana
ahy hoe : ahoana ? Satria misy fifandisoany kely na finoana hafa ankoatra ny musulman aza.
Musulman mety mbola misy ifandraisany kely amin'ny christianisme ihany tany aloha tany, io
fotsiny no mahatonga ahy hametraka fanontaniana fa ny ilazako izany, efa manomboka
mamakafaka aho amin'ilay resaka religion dia ny finoana an'Andriamanitra tsy azonao ialana
mihitsy io, fa tsy maintsy iainanao toutes les secondes ! Tsy miteny anareo mihitsy aho hoe je
suis parfait, na hoe izaho izao, fa angamba amin'ny maha-samy mpanota antsika angamba, izaho
no mpanota indrindra (rires)... fa... fa tsy maintsy mijery an'izay foana isika hoe... tsy maintsy
miandrandra izay foana hoe : any amin'ny lanitra anie no tanjona farany, amin'ny lanitra anie no
tanjona farany, dia izay tsy maintsy ampitaina amin'ilay ankizy ary tsy maintsy iainana.
Solofo/ Misaotra an'i monsieur Olivier. Monsieur Hery angamba efa taloha kely teo, ary avy
eo...
Hery/ Ny ahy izany, ilay tenin'i madame Louise no nahalasa ny saiko, ilay hoe kristianina, ilay
mpanabe kristianina tokony ho modely, dia indraindray ohatra mametraka fanontaniana aho hoe
aiza ho aiza moa izany no mety ho fahalemen'ny tsirairay eo anatrehan'izay zavatra izay ?
Ohatra, miala tsiny aho fa izaho moa ohatra ny hoe lasa miteny, tsy fantatro... ohatra hoe eo
amin'i monsieur Olivier ohatra ny hoe tena hitako ohatra ny hoe mifoka sigara izy. Ataoko hoe
fahalemena izay izao. Ahoana izany ny fipetrak'izay zavatra izay amin'ny hoe maha-mpanabe
azy ? Amin'ilay hoe modely izany amin'io. Hoe tsy azo resena mihitsy ve ilay izy sa tsy manam-
pinoana ve, sa ? Ohatra, ohatra lasa, ohatra izay izany ilay izy, dia ahoana no tokony ho
vahaolana amin'izay ? Dia ny faharoa indray eo amin'ny tanora. Fanontaniana koa mbola tiako
hapetraka hoe : izaho izany mahatsapa fa ireo tanora ireo indraindray manana environnement
hafa, izany hoe société iainana hafa mihitsy... rehefa miala eto amin'ny Centre izany, ny
fianakaviana dia izany. Dia indraindray ireo voataiza mafana be izy eto, indray andro izay
angamba nisy fivoriana tao amin'ny Centre, tsy haiko na tamin'ny firy taona lasa izay, dia
discussion tamin'izay dia resaka arbre de noël hoe hasiana arbre de noël, sa tsy hasiana arbre de
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noël, dia mivoaka ny fitenenana, tsy tadidiko na monsieur Solofo niteny tamin'izay, na iza hoe,
aleo asiana arbre de noël fa ireo tanora ireo mety tsy hanao arbre de noël intsony raha tsy eto
amin'ny Centre ihany. Izay izany no mahalasa ny saiko hoe isika izany no mametraka ilay izy.
Dia ahoana indray izany ny fiainan'ireo tanora ireo ? Satria izy tsy hijanona ao amin'ny Centre
mandrakizay rehefa mivoaka any amin'ny... ilay société hisy azy, izay mitombina mihitsy ny
tenin'i monsieur Solofo tamin'izay hoe : mety izy rehefa tonga any amin'ilay fiarahamonina hisy
azy, tsy hahalala... ary tsy hiditra amin'ny varavaram-piangonana akory àry. Mety resaka teny
ratsy ny fiainany ao an-tokantrano ao, dia eo izany no mahalasa saina ahy hoe, ahoana indray ny
prévention an'ilay religion amin'izay fotoana izay izany ?
Solofo/ Izany hoe sady mitarika antsika anatin'ilay anona ihany aho hoe... angamba tonga dia
azontsika idirana ihany efa somary nitsidika kely teo ny resaka hoe système préventif ao anatina
œcuménisme, satria mety azontsika tonga dia resahina miaraka eto satria anatin'ny religion dia
araka ilay notenenin'i monsieur Hery teo, misy efa mangetaheta te-hiteny ihany koa eto dia
manampy kely fotsiny aho hoe raha mijery isika amin'ny resaka religion, dia tokony ho izay
tokoa no jerentsika aloha izany hoe : entina manabe. Izany hoe isika izany tsy dia hijery zavatra
ankapobeny, ngeza be fa somary tena hiditra lalindalina isika amin'ny fanabeazana mihitsy hoe
religion, ilay hoe entina hampianarina sy hiainana, izay ilay noresahin'i monsieur Olivier teo hoe:
ahoana ny amin'izay hoe religion entina hampianarina sy hiainana ? Dia aoriana ilay suivi teo
izany.
Monsieur Arthur.
Arthur/ Ka izay indrindra ilay izy : isika fantatra be, isika mazava tsara hoe ao anatina
œcuménisme isika ao amin'ny Centre sady miaina ao anatin'ilay système préventif, dia ny fomba
fijeriko azy hoe isika miaina ao anatin'ny œcuménisme io diso... tsy mahamenatra no miteny
an'izay... diso kristianina loatra isika ao anatin'ilay fanabeazana, ao anatin'izay Clairvaux izay
sy ao anatin'izay fiainana système préventif izay. Satria raha tsy diso kristianina loatra isika,
misy ao tanora tsy ao anatin'ny hoe fivavahana catholique na protestant fa tena misy ao. Ka raha
tsy hoe diso kristianina loatra ohatra izay isika, ataoko fa tsy haharesy lahatra an'ireo, ary tsy
hahatazona an'ireo mihitsy hoy aho.
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Jean/ Angamba tohizako kely izay zavatra izay hoe mety diso kristianisma loatra satria mahita
ankizy aho, angamba silamo izy ireo, ilay tsy mihinan-kisoa, miditra amin'izay zavatra izay aho
dia lasa ohatra ny masiaka be, ataoko hoe... indrindra izaho mihitsy, ary no ohatra ny tonga
saina...
(Commentaires)
Intervenant/ Aleo mijanona satria...
Intervenant/ Miresaka ihany isika...
Intervenant/ Alefa ihany...
Jean/ Dia miainga ankapobeny fotsiny tamin'izany hoe rehefa miditra kilasimandry izany,
ankapobeny izany fa tsy ny resaka finoana ilay izy. Izay no zavatra ohatra ny hoe tsy voajeriko
loatra ao anatiny, izany hoe mety misy finoana hafa any ivelany ka tany izany ohatra mametra
olana satria vitsy loatra izy, vitsy loatra izy, dia lasa problème be ho an'ilay toerana fa ohatra ny
hoe finoana catholique sy protestant tsy dia misy fiavahany loatra. Izaho ohatra hoe miara-miasa
amin'ny protestant akaiky misy eto amin'ny Centre, misy koa any ivelany fa tsy sakana ho
an'ilay fampandehanana ilay asa na ny système préventif. Jereko koa ny ankizy fa ao anatin'ilay
izy ny fanabeazana, izaho indray no manana tebiteby hoe sao dia mampiditra lalina an'ilay tanora
satria ato amin'ny Centre izy, nefa mompera moa miteny hoe tsy mijery ny any ivelany, fa ato
amin'ny Centre izany, mahita ilay tontolo iainana ato amin'ny Centre izy dia mirona ho azy
amin'ny catholique, dia miova finoana ho catholique, avy eo rehefa miverina any amin'ny
fianakaviany izy, protestant daholo ny any, iny izany tsy jerentsika ilay teny (...) fa tebiteby ho
ahy fotsiny izany izay zavatra izay manoloana ny ara-pinoana. Dia ilay mpanabe modely teo
mbola tiako ampiana kely ny teniko hoe angamba, mety hoe... sady miainga avy amin'ny tenin'i
Don Bosco ampitaina ho an'ny tanora... angamba raha tena te-hamaritra ilay izy dia hoe ny
mpanabe samy mahavita ny adidiny an-tsakany sy an-davany fotsiny dia izay no atao hoe
mpanabe modely, manam-pinoana. Izay.
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Monique/ Dia ny anay koa izany, ny hoe... mpanabe manam-pinoana, izay mihitsy moa izany no
saika hoteneniko teo, dia ny mpanabe manam-pinoana, ny mpanabe mahavita ny adidiny,
mpanabe tia vavaka, mpanabe miaina ny sakramenta, mandray sakramenta ary miaina ny
tahasoavana noraisiny. Amiko izany izay ny mpanabe, dia eo indrindra aho hoe inona moa no
maha-samihafa azy amin'ny finoana hafa ? Fanatanterahana adidy ao, tsy misy hidirana
catholique na protestant. Fitiavam-bavaka, samy efa tia vavaka. Fandraisana ny sakramenta, eo
angamba no ohatra ny hoe maha-samihafa kely amin'ilay finoana hafa, nefa na izaho mahita ao
amin'i Clairvaux fa ireo mpanabe izay manana finoana hafa, amiko tsy manana olana amiko
izany, tsy manana olana amin'ireo mpanabe hafa finoana rehefa manaja ilay fahasamihafantsika,
izany hoe tsy hiraisantsika, dia eo amin'ilay sakramenta. Io angamba no hitako hoe maha-
samihafa ilay finoana hoe ry zareo tsy mandray an'izany sakramenta izany, tsy miaina ny
sakramenta fa ny catholique no miaina amin'ny sakramenta. Dia hoy aho hoe eo angamba rehefa
manaja, rehefa hoe manaja izany hoe... fomba fanao hoe... rehefa atao komonio voalohany ny
ankizy, dia ahoana ny fihetseham-pon-dry zareo amin' izany ? Tsy manohitra ilay hevitra
andraisan'ilay ankizy komonio voalohany. Misy ny konfirmasio, tsy manohitra ilay hevitra ry
zareo andraisana an'ilay konfirmasio. Raha misy... eo amin'ilay hoe fanaovana mariage, amin-
dry zareo aloha ny mariage tsy sakramenta fa amin'ny catholique tena hoe sakramenta mihitsy io.
Dia miaina ilay fahasoavana. Eo izany ny ahy hoe rehefa manaja fotsiny dia amiko tsy misy ny
olana eo amin'ny lafiny fanabeazana satria samy miezaka manao ny adidiny tsara. Samy
mpanabe, samy manao ny adidiny tsara, modely eo anatrehan'ny ankizy ny fanaovana adidy.
Fitiavam-bavaka, efa hitan'ny ankizy hoe io fa mazoto mivavaka. Fa ny olana amiko fotsiny hoe
raha mpanabe protestant ve, fantatry ny ankizy ve hoe iny rehefa alahady mba mandeha ?
Azonareo izany hoe raha protestant izy dia any amin'ny maha-protestant azy mihitsy izany
mampiseho an'ilay fitiavam-bavaka. Ohatra ny hoe monsieur Solofo, monsieur Hery. Fantatry ny
ankizy angamba hoe ireo mandray andraikitra, ireo manompo any amin'ilay fiangonana misy
azy. Fa ny tena ohatra ny olana ho ahy hoe tsy hitan'ilay ankizy manompo any amin'ny
fiangonana catholique, tsy hitan'ilay ankizy manompo any amin'ilay fiangonana protestant,
lalako tsiny indrindra raha ohatra aho izao... miteny... ohatra izao hoe madame Silvia tsy
fantatra intsony hoe catholique sa protestant. Mivavaka any amin'ny catholique foana no
ahitan'ny ankizy azy, nefa point d'interrogation izao hoe eto amin'ilay fandraisana sakramenta.
Efa nisy fotoana angamba izahay samy vehivavy niresaka an'izay, dia nisy fotoana fanentanana
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an'izay, dia an ! an ! an! Izaho mijanona amin'izao aho. Ianao izany tsy hitan'ny ankizy hoe
protestant madame Silvia fa tsy hitany hoe io fa mankany amin'ny protestant tokoa, iainany
tanteraka, mijoro amin'ny maha-izy azy. Io fa catholique, nefa tsy hitanao, dia izaho koa izany
manana olana amin'izay aho amin'izao manokana.
Louise/ Ny ahy angamba aloha ilay resaka hoe catholique sy protestant amin'ny Centre tsy dia
hita taratra loatra ê ! Ary mino aho fa ny ankabeazan'ny tanora tsy dia mahafantatra hoe
monsieur Solofo protestant, monsieur Hery protestant satria ry zareo manaraka ny fomba
fanabeazana izay tokony arahina eo amin'ny Centre, même ry zareo manaraka tsara ny foto-
kevitra ijoroan'i Don Bosco rehetra. Raha raisina hoe... tsy hoe raisina, fa tena hoe catholique i
Don Bosco, izy manaraka tsara. Atao ny fotoam-pivavahana, ry zareo tazana, atao arahaba ry
Maria, ry zareo aza manaraka kely ihany koa (rires) tsy mety amin'ny protestant ilay resaka
Maria. Amiko izany ilay izy tsy misy olana, tsy misy olana, fa saika hotsindriako kely ilay hoe
misy musulman, misy ankizy tsy mihinana kisoa. Izaho izany tsy haiko hoe tokony hasiana ihany
ve ilay dinidinika mivaona kely amin'ilay hoe suivi androany ? Ilay resaka hoe fady soavaly,
mety tokony hasiana ihany ve ? Satria raha hoe nametraka olana ilay ankizy anankiroa : fady
kisoa, izaho nefa mahita fa tena olana be mihitsy izao ao amin'ny Centre ity resaka fady ity.
Izany hoe tsy any amin'ilay resaka religion intsony ilay izy fa ilay resaka finoana mihitsy izany,
ilay finoan'ny tsirairay, satria izahay izao efa nanomana, izaho dia père Salvatore dia monsieur
Raphaël, ny laoka hatao amin'ny huit décembre dia osy, dia ahoana ? Dia efa izay no napetrak'i
père Salvatore hoe osy dia aleo tanterahina. Vonoina ny osy fa tsy nohanina satria nahoana ? Be
dia be na mpampianatra na mpanabe fady osy, izay izany tokony hodinihintsika ihany. Dia hanao
ahoana izany ireo osy ireo, hampiana dia mitombo be dia be, dia atao ahoana ? Izao novonoina
ilay osy, tsy nohanina, dia ohatra ny tena olana be (rires et commentaires), dia izahay aloha
niteny ihany tamin'izay, izahay telo vavy tafara-dalana hoe tokony hotoroana hevitra ihany
angamba ny mpahandro an'ilay osy, avy namonjy neuvaine izahay tamin'izay hoe andao toroana
hevitra ny mpahandro hoe ataovy be saosy fa somary misy fofona mantsy ilay osy. Fa misy ange
fady osy ê ! Dia nahateny ianao hoe aleo be dia be no tsy mihinana dia amin'izay ngeza ny
portion (rires) hoy aho izany, fa avy eo gaga hoe tafaray latabatra indray izahay nisakafo, aiza
ilay osy ? Tsy nisy indray ange ilay osy ê ! Dia ahoana izany ilay osy ? Ity resaka fady ity izany
angamba tsy haiko hoe asiana resaka ihany ve sa tsia ? Satria izao dia izao ilay osy dia any. Dia
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hoy aho mantsy an'i monsieur Raphaël hoe na tsy nohanina tamin'ny huit décembre io na
nohanina amin'ny fotoana hafa, mbola be dia be ihany no tsy hihinana an'io, satria mbola be dia
be no tsy hihinana ao, na tanora na mpanabe.
Diego/ Ataontsika ilay resaka amin'ny manaraka momba ny fady, tohizantsika ilay resaka
finoana na finoana razana angamba... ataontsika...
Marie/ Mikasika kely an'ilay hoe religion aho, tokony tsy hohadinointsika izany fa hoe ankizy
nanana olana tao anatin'ny fianakaviana ilay ankizintsika io. Dia misy tiako hoe... ato amin'ilay
hoe sakramenta : na protestant izy na catholique tokony hahay ilay fo izany mamela heloka, satria
niaina an'izany izany izy hoe niharan'ny tsy rariny izy tany aminy, niharan'ny tsy nety, dia ilay
sakramentan'ny fampihavanana raha catholique izy dia tokony niditra tao aminy izany noraisiny,
ary raha protestant kosa izy dia ilay hoe fahaizana mamela heloka izany no tiako hotsindriana,
satria rehefa manana ilay fahaizana mamela heloka izy, dia miova tsikelikely izany ny toe-pony
sy ny toe-piainany, dia tsy mandeha an-jambany izy fa lasa... miha-mahitsy, dia lasa nankafy
an'ny tenany izy hoe ity izaho mahay mamela heloka, lasa tia ny namany izy ary vetivety dia ho
tafita. Ilay fiainana, ilay hoe le pardon mihitsy izany no tokony hiainana ao amin'ilay hoe maha-
kristianina fa tsy ilay hoe apetrako fotsiny hoe ity théorie na éthique na ohatra izany. Izay ilay
fiainana izay izany ilay tena hoe maha-kristianina.
Dia ato amin'ilay hoe protestant, catholique, sns... dia ilay hôe na protestant izy na catholique na
inona ao anatin'ny foto-pinoany izany amin'ny maha-kristianina satria hoe : mino an'i Jesoa
Kristy, dia tokony miaina ao anatin'ilay hoe : finoana, fanantenana, fitiavana. Dia efa miaina
amin'ireo trois piliers ireo izy. Dia ireo izany no ohatra ny hoe iainan'ny... izay izany ilay hoe
œcuménisme, miaina an'ireo zavatra telo ireo.
Jacques/ Ny fahitako azy indray, ity resaka système préventif ity tsy manavakavaka finoana satria
ity système fa tsy hoe finoana. Tsy finoana ny système préventif, fa système, noho izany tsy
manavakavaka izy na protestant, na catholique na secte, fa ny mampisy problème amin'ity hoe
misy finoana samihafa ity izany indrindra ankoatra ilay hoe catholique sy protestant, dia
amin'ilay resaka amin'ny fanatanterahantsika ilay système préventif, ohatra izao mampisy
problème amin'io any amin'ny resaka sakafo na any amin'ny resaka hoe activité spirituelle,
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ohatra hoe resaka recollection. Indraindray tsy mazoto mandray anjara ilay hafa finoana,
musulman, sns... any izany no misy problème. Ity resaka finoana ity anefa tsy azo ifanerena. Ity
resaka ara-pinoana (?), ny tsirairay tokony samy hijoro amin'ny finoana ananany, ary izay no
tena zavatra lehibe, fa mampisy problème antsika dia any amin'ilay hoe fandraisana anjaran'ireo
tanora ireo na fandraisana anjarantsika amin'ny resaka activité spirituelle izany. Ho ahy tsy dia
problème na protestant na misy catholique na misy finoana hafa satria misy mpanabe ireo hafa
finoana, afaka manome modely ny ankizy amin'ny fanajana ilay zavatra misy. Izay izany no tena
angatahina be dia be amin'ilay ankizy. Tsy maintsy manaja ilay fandaminana ao amin'ny Centre
izy, na dia hafa finoana aza, ary misy mpanabe modeliny mitantana azy amin'izay hoe fanajana
ny zava-misy ao amin'ny Centre izay, ka noho izany ilay système préventif averiko ihany, tsy
manavakavaka ara-pinoana.
Solofo/ Andraso, hiteny kely aloha ny protestant... (rires)
Hery/ Ilay izy angamba resaka hoe protestant sy catholique. Izy ireo tsy dia mifanalavitra loatra,
fa eo amin'ilay fombafomba fivavahana no misy maha-samihafa azy kely. Teo nanome ohatra
madame Louise hoe ny arahaba ry Maria, sns... izany hoe ao amin'ny fomba fivavahana izany
hitako hoe... misy ny maha-samihafa azy, na izany na tsy izany anefa, tsy dia nametraka olana
loatra ny fomba fivavahana satria rehefa samy manaja ilay izy fotsiny, izany hoe ao anatina
fivavahana, na fivavahana inona ianao na fivavahana inona, rehefa ianao manaja ny fivavahana
izay iainanao, dia izay no zava-dehibe. Dia eo kely fotsiny no maha-sanganehana kely, raha eo
amin'ny protestant sy catholique ilay izy, tsy dia misy olana, raha ohatra resaka sakafo, tsy misy
olana angamba fa mitovy, catholique, protestant. Raha resaka hoe fadifady ohatra samy tsy misy
ihany, fa ny any amin'ilay fivavahana hafa no miteraka olana matetika. Ohatra hoe advantista na
ohatra izay. Izay ilay miteraka hoe mety hisy izany ilay rôle eo amin'ny système préventif
amin'izay fotoana izay. Dia ny tena mametraka... ny ahy fotsiny ametrahako fanontaniana
fotsiny hoe ny Centre Notre Dame de Clairvaux mametraka fa tsy manavaka finoana. Izay izany
ilay napetraka, izany hoe ny olona sahirana, ny hamonjy azy ao anatin'ny fahasahiranana no
zava-dehibe, dia eo ilay prévention, ilay système préventif izay ilay hoe mitsinjo mialoha.
Indraindray anefa isika tratran'ilay cas be dia be ohatra ilay hoe... satria na dia ny fady aza ange,
karazana finoana ihany ny resaka fady. Izany hoe mety kristianina izy, fa mbola sadasada kely
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ilay finoana, mety misy fady. Izay no ametrahako fanontaniana hoe : ahoana izany ny
fipetrak'ilay système préventif ao anatin'ilay ohatra hoe : be dia be ilay tsy mihinana osy ? Dia
lasa problème ilay izy amin'izao fotoana izao, satria madame izao lasa nalahelo, izaho koa
nalahelo satria izaho mety te-hihinana osy koa aho amin'izao fotoana izao, dia lasa problème
izany ilay eo amin'ilay lafiny finoana sy ilay système préventif, ilay resaka hoe fisian'ilay osy,
ohatra izany amin'iny zavatra iny. Dia mipetraka foana izany io amin'ny resaka maro samihafa,
mety tsy ny osy ihany fa ny zavatra hafa rehetrarehetra hoe aiza ho aiza ny système préventif eo
amin'ny fanajana ? Satria madame Monique koa niteny hoe tokony hanaja ilay maha-olona ny
olona ny fanabeazana azy fa tsy ny anao no inventé-nao. Dia eo izany, aiza ho aiza indray izay
zavatra izay eo anatrehan'ny olana iray mitranga ohatra izay ?
Solofo/ Izany hoe : handray fitenenana kely aho, dia avy eo monsieur Olivier angamba rehefa avy
eo... Izany hoe ny zavatra hitako ao amin'ny Centre izany isika miresaka fahasamihafan'ny
finoana, amin'ny ankapobeny aloha, isika niteny hoe tsy dia misy fahasamihafana fa matoa misy
hoe catholique sy ireo réformateur dia misy fahasamihafany izany, fara-fahakeliny fotokevitra
efatra amby dimampolo no tsy itovizany raha amin'ny resaka teolojia izany, izay, fara-fahakeliny
izay. Fa eo koa ny fombafomba isan-karazany, kanefa izay tsy dia misongadina eo amin'ny
Centre. Ny hitako izany, eo aloha ilay fifanajana. Fa ny Centre koa tsy tokony hohadinointsika
hoe : katolika, tena hoe : institution catholique, fa kosa izy, tsy manery koa izy ho katolika fa mi-
proposé izy. Na finoana inona ianao na finoana inona, dia mi-proposé foana ny Centre hoe ity
misy finoana katolika. Izay zavatra izay tsy azo hihodivirana izay. Izay no mahatonga ilay resaka
anona ohatra izay... fa izaho izao, raha mandinika... ny ahy moa ity, resaka eritreritra be fotsiny,
faniriana fotsiny, araka ilay noteneninareo teo hoe fandraisana anjara amin'ny sakramenta. Misy
fotoana aho taloha tena manentana amin'ny lamesa, tena mamaky teny, sns... ohatra izany ery
amin'ny otely ery, fa ilay zavatra ohatra hoe mba tiako faniriana izany, eo mantsy no tena zava-
dehibe amin'ilay izy hoe : firaisan'aina, ho antsika aty amin'ny laika sy anona tsotsotra aty ilay
izy mety tsy dia olana loatra ny inter-communion, fa rehefa miakatra sehatra lehibebe ilay inter
communion dia sarotra kokoa. Izany hoe ilay inter-communion ny hoe : ny protestant mandray
komonio any amin'ny catholique, fa ho an'ny protestant mantsy izay zavatra izay malalaka. Ny
pasteur isaky ny misy fandraisana fanasan'ny Tompo dia manasa ny olona rehetra eo izy rehefa
tsy inanameloka azy ny fisainany, fa ny amin'ny catholique izany mbola misy ilay fangatahana
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alàlana be dia be ny resaka inter-communion. Dia io no mampieritreritra ahy hoe angamba any
aoriana any mety mbola hisy ny inter-communion ao amin'ny Centre. Tena mampiseho hoe
firaisan'aina sy ny amin'ny hoe maha-kristianina, zavatra... eritreretiko hoe : azo iainana ihany
satria mety tsy dia misy anona... lafiny ara-teolojika be moa no anona amin'ilay izy dia...
hohenointsika monsieur Olivier avy eo...
Olivier/ Ilay resaka teolojika izany, ekeko ny tenin'i monsieur Solofo teo hoe misy
fahasamihafana, izaho tsy hiditra amin'iny resaka teolojika iny fa ny ahy izany ilay finoana
ampianarina sy ilay finoana iainana. Finoana iainantsika mpanabe sy finoana ampianarintsika ny
tanora. Dia misy teny izay tany hoe : évangéliser en éduquant ou éduquer en évangélisant, dia
izany hoe ny mpanabe mpitory filazantsara, tsy misy afaka manda an'izay isika, fa mpitory
filazantsara isika, mitondra vaovao mahafaly, mitondra an'i Kristy, aina ho an'ireto ankizy
manan'olana ireto, dia misy finoana ampianarintsika ny tanora, ary misy finoana iainantsika, ary
eny, ohatra hoe mampametraka fanontaniana ahy hoe : ilay finoana iainantsika ve no toriantsika
amin'ilay ankizy ? Satria évangéliser en éduquant. Mitory vaovao mahafaly eo am-panabeazana.
Ilay finoana iainantsika ve no torintsika ? Sa ilay finoan'ilay ankizy ? Sa finoan'iza no toriana sy
lazaina amin'ilay finoana ampianarina ? Mazava ho azy fa ny finoana iainana iny dia efa tsy mety
iainana araka ny voalazantsika teo hoe : izaho catholique, tokony manambady aho, vita mariazy,
vita ohatra izao, tokony mahavita ny adidiko isan'alahady, tokony mitarika ny zanako hivavaka,
mitondra ny zanako mikonfesy, tokony mitondra ny zanako manao komonio, tokony mitarika ny
zanako mivavaka samirery, tena mivavaka samirery koa aho. Tokony ho hitan'ny ankizy
amin'izay izany. Dia eo izany ilay fanontaniana apetrako hoe : satria i Don Bosco te-hampiditra
ny ankizy any an-danitra, hitondra ny ankizy any an-danitra, izay ilay finoany, fa tsy ilay resaka
discussion-ntsika hoe teolojia, mankatsy, mankeroa, fa hoe : ho entina any an-danitra ireo, dia
ampahafantarina amin'ireo ankizy ireo, mitoria vaovao mahafaly, reseo lahatra ireo, finoana iza
àry ilay handresen-dahatra azy ? Fa ny ahy izany dia mbola eo fotsiny hoe, ilay lanitra izany no
handresen-dahatra azy, misy lanitra, fiainana mandrakizay ho antsika dia araho ireto. Dia eo
amin'ilay kristianisma angamba aloha tsy dia misy problème izay, fa rehefa resaka... rehefa
tonga ao amin'ilay hoe : tena iainana izany izy hoe : izaho tena hiaina, dia hoe izaho rehefa
mahatsiaro diso aho dia handeha hikonfesy aho. Izaho izao no hataoko, rehefa misy olona marary
eo am-bavahaonan'ny fahafatesana, omena an'ity sakramenta ity, dia eo no misy maha-samihafa
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kely eo amin'ny protestant izany fa mipetraka fbana ilay... ny ahy izany ilay hoe hevitry ny
olona iainany (...), lanitra dia ilay fiainam-panahy, ohatra ny hoe resaka socialisation ve izany sa
fahaizana miara-monina ? Resaka... amin'ilay, indrindra ilay tenin'i Kristy hoe : izay nataonareo
tamin'ireny madinika indrindra ireny, kanefa misy problème kely mipetraka amiko fotsiny ilay
hoe inona ilay finoany ?... Ohatra i Dominique Savio hoe ny Saint tao amin'ny système préventif
izany, nefa jereo tsara ny maha-saint an'i Dominique Savio, izy mahita hoe ary misy olona
anibavahaonan'ny fahafatesana, omeo an'ity sakramenta ity izy, alainy, notaritiny avy any i Don
Bosco dia roritiny nankany. Azonareo izay ? Ka isika izany eo amin'ilay maha-mpanabe antsika
mampihatra ilay système préventif, finoana inona no ampiharintsika ? Fa ho anay aloha izany dia
ohatra ny hoe : lanitra fotsiny hoe : mino ny lanitra isika amin'ny alàlan'i Kristy, dia izay ihany,
fa ilay fombafomba rehetrarehetra, sns... tsy mbola... tsy hita fa izay fantatra fotsiny hoe izay
iainako ny fiainana ny finoana catholique izany, izay no ampitaiko amin'ny ankizy. Izaho tsy
afaka miteny mihitsy hoe ohatra izao ny finoana hafa na ny finoana tsy fantatra.. Dia izay izany
no tiako hatao amin'ilay izy hoe... miala tsiny fa ohatra lavalava ihany aho.
Solofo/ Miverina ny finoana iainana sy ny finoana izay...
Olivier/ Ampianarina izay...
Solofo/ Izay tena manova...
Olivier/ Andraso ê ! Andraso ê ! Andao aloha hoe miteny...
Izaho, misy fotoana itenenako amin'ny ankizy, tena ampianarako ny ankizy mihitsy hoe resaka
finoana an'Andriamanitra, hoe : rehefa tena tratran'ny problème ianareo ry zalahy, nefa tena
sahirana ianareo, dia akimpio ny maso, dia mijanona na eny an-dalana ianareo, na aiza na aiza,
dia miresaka amin'Andriamanitra, mitenena, aza miteny mafy fa mitenena moramora dia teneno
azy izay ao am-po. Izay zany no ohatra ny hoe clé kely nomeko an-dry zalahy. Teneno amin'i
Jesoa Kristy hoe : ity ohatra izao, ohatra izao, ohatra izao, teneno. Izay zany ilay finoana
ampianariko fa ankoatra ny katesizy izany, raha hoe tokony anjarako ny mampianatra katesizy,
mampianatra an'iny aho. Fa izay izany ny ahy ny mba tactique kely omeko ny ankizy.
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Solofo/ Ohatra hoe, izaho izany eto zao mahita, ny resaka hoe : hoy monsieur Olivier : inona ny
finoana entina ampianarina ? Angamba izany zavatra mazava be araka ny fijeriko azy, katolika
izany aloha no zavatra tokony haseho, tsy misy adihevitra. Raha miresaka indrindra indrindra
isika eo amin'ny Centre dia resaka hoe katolika, institution catholique. Izay mantsy no nahatonga
ahy miteny hoe institution katolika, ho ahy efa somary manana traikefa kely. Miala tsiny aho
miteny an'izany. Manana traikefa kely amin'ilay œcuménisme aho tamin'ny resaka scoutisme.
Scoutisme mantsy œcuménique be, dia io izany azo iainana amin'ny finoana rehetra. Izaho koa
rehefa kelikely, te-hanandrana système préventif hiainana amin'ny finoana protestant. Satria ny
religion resahantsika teo : manao ahoana amin'izay ? Dia araka izay izany, ilay izy hoe : izay
foana izany ilay izy hoe, ilay noteneniko hoe : mi-proposer an'ilay finoana katolika. Ilay tanjona
ange tsy dia ilay resaka hoe fombam-pivavahana hoe katolika na protestant, fa finoana, finoana,
finoana. Izany hoe ny famaritana ny finoana moa izany hitantsika any amin'ny bokin'ny hebrio,
toko faha-iraika ambin'ny folo andininy voalohany, dia any isika mamaritra hoe inona no atao
hoe finoana ? Fa izay izany no tokony haseho izay, ka mba hahalalana hahazoana an'izay izany,
dia misy ny catholicisme ao amin'ny Centre, dia io no proposé-na. dia amiko izany, izaho tsy
miteny mihitsy aho hoe andao ry zalahy isika hivavaka any amin'ny protestant. Mahafantatra
ankizy betsaka aho ao protestant, fa izaho tsy miteny an'izay satria ao anatin'ny système
préventif ao amin'ny Centre isika, dia ny katolika no proposé-na, ary miezaka manampy ny
tanora hanapa-kevitra, amin'izany hoe : hiditra ao anatin'izany finoana katolika izany araka izay
fahafahany manatanteraka izay. Fa izaho izany miaina amin'ny ahy aho, dia manaja ny hafa. Izay
ilay hoe fantatro sy inoako.
Diego/ Misy fanampiana kely, amin'ny hevitro satria institution catholique, fa ho an'ny ankizy
tsy azo atao proposition maro loatra satria raha ianao manao proposition roa, telo... very izy ireo.
Aleo misy proposition anankiray, mazava, avy eo ny ankizy mifidy... any ivelany manao izay
tiana hatao...
Louise/ Vetivety, ohatra ny hoe remarque fotsiny, tsy ilay resaka rehetra noresahantsika teo fa
ohatra ny manohana ny mihaino ilay namantsika iray protestant, izay isaorana an-dry zareo
betsaka aloha : tena mahita ambiance izy ao amintsika katolika ry zareo tsy mametraka olana. Fa
remarque kely izany hoe manohana ry zareo, ary tena faly tokoa tena... mandray anjara amin'ny
180
lafiny rehetra, dia maniry mafy an'ilay inter-communion. Io izany no manohana be ahy, dia
hitako, tsapako izany hoe : sarotra be ilay fanekena ilay izy, nefa tokony hodinihana ihany tokoa
ihany, surtout amin'ny Centre, raha tena miaina marina isika ny système préventif, tokony
hasiana fandinihana ihany koa, satria fomba ahoana tokoa moa no hanazavana ny sain'ny tanora
rehetra ? Izay miditra hoe protestant ireo, protestant ? Mba hampilamina ny sain'ilay tanora,
satria izy en tant que chef d'atelier, en tant que mpampianatra, tsy maintsy lasa saina ihany ny
tanora ao an-tsainy ao hoe : ramosé dia tsy mba mandray mihitsy isaky ny mandray. Midika
zavatra lehibe mantsy rehefa tsy mandray ao am-piangonana, nefa ianao mamporisika,
mampianatra hoe tokony ho izao ny fitondran-tena, nefa ianao tsy manao. Midika zavatra be dia
be. Fantatry ny tanora anefa hoe manambady ramosé, iny rehefa fety mitrotro zaza ramosé, nefa
ramosé tsy mandray komonio. Dia isika izany tsy maintsy manana adidy foana hanazava
amin'izay orientation miakatra satria amin'izay vaovao foana izany dia hoe ramosé iny
protestant, nefa isika miaina ny système préventif tokony mba hojerena kely. Remarque kely
izany fa...
Jacques/ Izaho zavatra fohy ihany isaky ny mandeha... Izaho ohatra ny te-hanindry kely ilay
teny... nisy niteny teo hoe : finoana inona no torintsika ? Dia araka ny hevitro, ao amin'ny Centre
tsy dia hoe ilay finoana loatra no asongadina kely hoe hotoriana be, fa isika mitory fanabeazana.
Izany hoe ilay fanabeazana izany no torintsika am-pinoana, ampitaintsika am-pinoana ilay izy.
Ny finoana ampianarina amin'ny Centre, ampianarina. Ohatra mampianatra katesizy isika,
mivavaka... ampianarina, ao anatin'ilay fampianarana ilay finoana izany izay zavatra izay, dia
isika mi-proposé ny finoana katolika. Izay no misy satria izay... tsy hoe izay no nentintsika fa
izay izany no zavatra misy ao amin'ny Centre, mi-proposé an'ilay finoana. Isika tsy mitory
finoana, izay aloha ny ahy, tsy mitory finoana mihitsy isika fa mi-proposé finoana ary mitory
fanabeazana. Dia ilay hoe hojerena ilay resaka inter-communion, sns... hoe ahoana ny fomba...
izaho manan-kevitra kely amin'io, angamba io... tsy fantatro, izaho aloha tsy mompera, fa io
misy mompera, mety tsy dia miankina amintsika loatra ao amin'ny Centre ihany io zavatra io fa
miankina be dia be amin'ny Eveka.
Jean/ Izaho moa izany amin'ilay resaka finoana tena... amin'ny ankapobeny izany, iainana ilay
izy ny système préventif dia mazava mihitsy fa katolika. Fa heveriko hoe tratran'ny tsy
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nampoizina aho teo amin'ny hoe fady osy, satria maro be izany ilay tao anatin'ilay izy. Rehefa
nojerena angamba, raha atao ny isan-jato dia ohatra ny goavangoavana ilay izy, ary
nifampiresaka izahay sy monsieur Raphaël dia izany zavatra nojereko izany ilay ambiance fety,
fetin'i masina Maria. Ny zavatra atao anaty fety, ary izaho miaina tanteraka ao anaty fiainan'ny
tanora amin'ny zavatra tsy ankafiziny dia anisan'ny nanohana mihitsy, azo atao monsieur aloha
aho (rires) mbola misy vanim-potoana hafa hihinana ny osy. Dia ao anatin'ny saiko sy ny
eritreritro koa izany ny resaka fampidirana ilay zavatra tsy... satria raha jerena amin'ny fijerena
azy, ngeza be ilay izy. Ny fiheverako tsy azo atao an-terisetra be ilay zavatra hoe tsy maintsy ho
tia. Tsy midika akory tsy hihinana ireo olona ireo, tsy azo atao an-terisetra, ary izay ny amin'ny
fanabeazana. Dia nojereko, nodinihiko hatrany amin'ny projet-n'ny Centre, ny critère
d'acceptation, tsy dia manavaka loatra ny ara-pinoana fa miezaka mampita ny lafiny ara-
panabeazana. Dia mbola tao anatin'iny fotoana iny ihany koa, dia nieritreritra ny salezianina
namako taloha, raha tsy diso aho niasa tany Bemaneviky, Ambanja ry zareo. Tsy tadidiko na
Bemaneviky na Mahajanga fa ny tanora milalao amin'ny oratorio-ndry zareo izany dia
musulmans daholo, dia rehefa amin'ny fotoana amin'ilay vavaka tafandriamandry iny, ataony
satria adidin-dry zareo salezianina araka ny fomba izany ilay izy, natao ilay izy, fa tsy misy
tanora manao. Dia avy eo tsy nasian-dry zareo intsony fa ny nataony dia milalao ihany ao
amin'ny oratorio, mampita ny fanabeazana. Dia araka ny ao anatin'ny saiko izany, teo izany lasa
karazany somary toa nametraka olana ho ahy satria izaho koa masaka be amin'ny finoako
katolika, dia teo fotsiny hoe angamba mila zavatra hojerentsika lalina kely ny amin'izay zavatra
izay.
Diego/ Azafady, katolika ve sa... sy protestant ireo ankizy fady osy, sa ankizy...?
Louise/ Katolika na mpampianatra katolika, izay ange no mahatonga azy ho olana. Ilay
nahatonga azy ho olana izany, tsy hoe tsy ilay mihinana osy, tsy any izany ilay olana tiako
apelrako satria ilay osy iny azo hanina amin'ny fotoana, na tsy hanina mihitsy fa amidy any
ivelany. Tsy olana aminay. Fa ilay hoe : aiza ho aiza ilay olana amin'ity resaka fady ao amin'ny
Centre ? Satria miteraka problème. Efa problème aminao ilay izy matoa ianao nangataka hoe aleo
akoho. Efa problema aminao ilay izy, satria ianao mametraka hoe olona roa no tsy mihinana
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kisoa, problème ho anao. Izaho izany manamafy hoe roa fotsiny izay, fa ity be dia be ny tsy
mihinana osy. Ka aiza ho aiza ilay izy ?
Diego/ Mba tsy very ny resaka... donc, angamba ampy amin'ny resaka religion satria hitanareo,
manomboka mivily lalana, midika hoe angamba... ny inter-comunion vita ny resaka, donc tsy
misy resaka intsony. Raha tianareo miditra kely amin'ny resaka momba ny fady, fa tsy mijanona
amin'ny karazana fady fa ny zavatra manampy antsika, satria ny resaka hataontsika mety
manampy amin'ny zavatra maro. Ny olona manam-pinoana katolika na protestant, nahoana
mbola manana fady ? Tokony manao na tsy tokony manao ? Ary tsy mitady ny solution na ny
vahaolana angamba amin'izao fotoana izao. Fa tokony manao, tsy tokony manao ? Fa angamba
misy aminareo manao ? Tsy fantatro... izaho tsy te-hamely...
Louise/ Miditra amin'ilay resaka hoe fady osy izany isika izao. Ilay resaka fady. Ny fahitako azy
izany ohatra ny tanora mpianatra izao. Novonoina ilay osy, dia mamono ry zareo fa tonga dia
milaza izahay madame tsy mihinana an'io. Fa inona no antony ? Fady ! (réponse des jeunes).
Dia izaho tena miteny an'ilay tanora hoe anontanio ny ray aman-dreninareo, inona no antony
mahafady ? Satria ilay izy lasa amin'ny taranaka, taranaka, taranaka fotsiny ankehitriny fa tsy
fantatra ange, raha tena anontanianareo hoe inona no antony mahafady amin'ny ankapobeny ?
Tsy fantatra intsony hoe inona ilay antony ? Fa ilay taranaka aty aoriana lazain'ny ray aman-
dreny fotsiny hoe tandremo fa fady io... fa tsy fantatra ilay antony. Dia izaho miteny amin'ny
tanora mihitsy hoe : mba anontanio ny ray aman-dreninareo hoe... hadihadiana izany ilay izy
hoe : inona no antony mahafady ? Zavatra iray izay. Zavatra faharoa, rehefa novonoina koa ilay
osy dia be dia be ny ankizy nangataka tao ambany hoe, omena taviny kely madame hampirimina
ilay tavin'osy, ny tavin'osy izany hampirimina ! Ilay jaboran'osy. Na mpampianatra aza niresaka
tamiko dia mitovy amin'ny firesaky ny mpianatra ihany ny firesak'ilay mpampianatra hoe : ilay
tavin'osy ange madame, ny mahatonga ny ankizy mangataka ilay tavin'osy, ny mpianatra koa
niteny : itony madame miaro amin'ny mpamosavy, itony madame fanafodin'ny ody gasy izany
ilay izy. Dia teo amin'izay aho izany toran'ny hehy, amin'ny hoe : aleo hiavaka eo izany amin'ny
huit décembre izay fady osy (rires). Izaho izany sady mihomehy satria izay fady osy aleo
atokantsika teto hoe ireo izany ry zalahy (rires) satria ampifandraisiko izany ilay izy. Matoa izany
ny ankizy mitahiry an'iny, hiarovany amin'ny mosavy sy ity zavatra ity, ka matoa izany ilay tsy
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mihinana matahotra ho matin'iny herin'ilay tavin'ilay osy iny ilay fanafody tazominy. Ohatra ny
hoe nampifandraisiko fa tena tsy fantatro ilay antony, fa amiko manokana izany hoe, mety hoe :
ratsy saina be aho fa mety izay no nieritreretako azy hoe : ilay olona tsy mihinana an'ireny izany
no tena mpilalao (rires) dia hoe : aleo àry izany jereko. Izay izany hoe tokony hohalalinintsika
ilay izy hoe inona marina ilay...
Solofo/ Izany... araka izay... ilay resaka mandeha ato kolontsaina ilay izy, kolontsaina sy
fivavahana io.
Jacques/ Fady familial...
Solofo/ Io misy... raha ohatra mantsy izao misy olona anontaniantsika ohatra hoe : inona moa no
maha-protestant anao ? Dia hoe dadanay protestant, dadabenay, izahay zafikelina pastera.
Hitanareo, ohatra izay ilay izy. Misy zavatra ohatra izany ilay fanontaniana hoe : inona moa izany
no maha-katolika anao ? Ny dadabenay anie katekista tamin'izany fotoan'androny izany. Izahay
manana... rahalahinay hoe pretra, izao... masera, izao no anabavinay. Na hatrany amin'io resaka
io ary izany ka ohatra izay ilay zavatra misy eto. Resaka kolontsaina io, resaka fivavahana
malagasy. Izany hoe ilay izy araka ny fijeriko azy, tsy azo atao tsinontsinona, ary indrindra
indrindra koa tsy azo anilihan'olona ilay izy, tsy azo anavahan'olona ilay izy satria io tsy... raha
izaho jerena, izaho miresaka hoe système préventif sy ny fady dia hoy aho hoe : ny système
préventif izany dia entina hisorohana hoe raha misy olona fady osy ireto, ary maro ilay fady osy,
dia système préventif dia izao : tsy mampiditra ilay olona amin'io fadiny io satria manabe ianao.
Ekeko fa manabe ianao. Izany izao mbola fanadihadiana hoe mbola ngeza be mihitsy hoe :
ahoana no hialana amin'ny fady, sns...? Sy izao sy izao ? Fa raha mieritreritra hoe, raha manabe
ianao dia ilay tanora beazina aloha voalohany indrindra raisina amin'ny maha-izy azy izy, fa tsy
tefena isika. Izay aloha izany tokony ho zavatra mipetraka, raisina amin'ny maha-izy azy, fa tsy
tefena hoy isika. Dia avy eo isika maneho ilay zavatra fotsiny hoe ohatra izao ny zavatra misy
eto. Fa rehefa fantatra kosa hoe mifanaraka ara-moraly koa ilay zavatra, mieritreritra aho hoe
mety mivaona amin'ny fanabeazana noho izany... lasa ohatra ny any amin'ny miaramila ohatra
ilay izy hoe : tsy maintsy manao paompy dimampolo amby zato ialahy na dia tokony tsy ho
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vitan'ny aina aza. Dia ny zavatra mifanohitra amin'ny ara-moraly aza ohatra, tsy maintsy
terentsika ihany, dia mety hivaona amin'ny fanabeazana.
Jean/ Efa nangitikitika ihany aho te-hiteny an'ity zavatra ity fa ny noteneniko teo ireo olako
mikasika ny taloha, tsy dia tena hoe olako, fa olan'ilay tanora. Dia ilay teo ihany koa... izay no
tena antony, tsy olako mihitsy satria izaho tsy niteny hoe tsy azon'ialahy atao io osy io fa izaho
maminany izany, mi-prévoir hoe inona ny zava-hitranga amin'ity fety lehibe ity ? Fa tena olan'ny
tanora maro, ary imbetsaka, omaly alakamisy izao misy hena amin'ny hariva, dia tanora mbola
nanontany hoe : sao dia mba fitapitahinao amin'io izahay ramosé, fa sao dia osy io ataonareo io
(rires). Izay misy eo leisy ê ! Izaho izany mijery ny rehetrarehetra fa izay misy eo, atao izay... ny
valinteniko, fa any ilay fipetrak'ilay... Dia tohiziko kely fotsiny, avy eo moa misy somary
nifampiresahanay sy frera Ginno izany, dia tamin'ny alahady no mikasika an'izy io, nahoana tsy
ity ? Tena sakafo tsara (paroles de frère Ginno)... amin'ny paka, eny ho aho frera marina izany
kanefa... indraindray koa mety alaim-panahy ilay olona, satria ianao ohatra, eo amin'ny latabatra,
misy sakafo tsy hohaninao, ohatra hoe patsa izao fa tsy miteny ny olona hoe fady an'io ianao fa
problème médical aho fahasalamana... Izahay tsy miteny fa sao mety... mba mipetraka amin'ny
olona sasany ny zavatra ohatra izay. Fa isika angamba mety resaka christianisme dia isika no
mety mametraka ngeza be hoe : ity finoanareo ity dia tsy atao, fa tsy fantatro ny tena fototra
mazava, fa izay izany no nentiko namaliana tsotra an'ilay...
Solofo/ Ilay resak'i monsieur Hery, dia te-hanampy an'i monsieur Hery aho hoe tiako raha manao
ilay témoignage kely monsieur Hery, mikasika io fady osy, izay raha hoe misy azo atao, sns...
Hery/ Izaho tsy fady osy ka !
(Rires)
Solofo/ Tadidinao mantsy ilay resaka nataontsika sy ianao tamin'ny professeur Lupo, ilay hoe
nisy nivoaka vay eo, ohatra izay.
185
Hery/ Izaho tsy fady osy, izaho tsy fady na inona na inona, fa izahay taranak'olona be fady. Ny
antony dia : ny avy any amin'ny mamako taranak'olona avy ao Ambohijafy, tsy mihinan-kisoa,
ka izy io dia toerana iray tsy dia misy hoe mihinana kisoa aloha, fa en plus-n'izany dia fady
voankena koa ry mamanay izany, dia fady ohatra ny hoe resaka zava-mahadomelina izany, dia
izay izany no napetraka. Indray andro, izahay ao an-trano tsy misy fady fa i mamanay no mifady
izany. Nisy menaka nanendasana voankena tao an-trano satria izahay mihinana voankena. Dia
nalefa ilay izy dia sendra nihinana tsy nahy mamanay, sendra nihinana tsinay izy, ary dadanay
anisan'ny tsy mino ny resaka fady izany, fa nihinana ilay mamanay. Nandritra ny telo volana
ngarangidina izy, nisy vay daholo ny tenany iray manontolo, ary tena nijaly, tena nijaly izy
tamin'izay. Dia natao moa izay hanasitranana azy. Nisy zavatra kikisana, vidiana eny an'anona...
dia any, dia farany afaka ilay izy. Fa nanomboka teo izany dadanay dia tena nanaja ny fady, ary
mamanay. Izany hoe tena sarotiny mihitsy, lasa i dadanay indray no sarotiny amin'ilay
fisarahan'ilay izy. Izahay rehetrarehetra mihinana, fa mamanay irery no tsy mihinana. Dia
mipetraka fotsiny moa teo ilay izy hoe anona... fa izao : ry zareo rehetra avy any moa izany tsy
mihinana, fa izahay mihinana. Izay angamba ny resaka hoe fady, anona... fa ny hanampiako kely
fotsiny ao amin'ilay hoe fady ohatra ilay teo, lasa misy fisalasalana, lasa misy fitaintainana eo
tanora ohatra izany izao amin'ilay resaka osy amin'izao fotoana izao, ary isaky ny misy hena
hivoaka, dia manahy foana ny tanora hoe sao dia mbola misy osy àry io. Ka araka ny tenin'i
monsieur Jean teo hoe : tsy tsara ny mifamitaka, fa ny ahy angamba ny vahaolana amiko dia
izao : indray andro any tena havoaka hoe io ilay osy fa hohanintsika, fa saingy izy tsy mihinana
osy, ity ny azy. Hohanintsika ny osy, inty ho an'izay tsy mihinana osy. Anjarany avy eo no
mihinana raha hihinana izy. Izany hoe avela izy eo, dia anjarany avy eo, aleo aho hi-goûter kely
ilay osy fa tsy maninona aho amin'izay. Dia avy eo izy dia mazava ny sain'ny rehetrarehetra
amin'izay fotoana izay.
(Rires)
Marie/... efa somary nandinika kely an'ilay fady aho izany tany an-trano dia hoe... raha ohatra
hoe : efa tafiditra individuel izy aloha, tsy dia misy problème loatra, fa raha ohatra hoe tena
tafapaka ao amin'ny fiarahamonina izy dia... finoana latsa-paka izy izay, kanefa raha vao ohatra
izy ka misy fiantraikany amin'ny économie, tsy hahafahan'ny ohatra hoe toerana anankiray
186
mivoatra, dia tokony hesorina fa lasa caprice izy amin'izay; lasa hoe caprice izy amin'izay, dia
ohatra ny hoe raha nampiditra... dia tokony hisaina izany raha ohatra hoe mieritreritra zavatra
anankiray, ohatra hoe : ao amin'i Clairvaux, ohatra hoe mompera mampiditra soavaly, tokony
izany raha misy zavatra anankiray hampidirina ao amin'i Clairvaux dia tokony ho sainina hoe
mety handresena lahatra ny ankizy aloha hoe, ohatra hoe soavaly, satria misy koa ankizy tsy
mihinana soavaly, hoe inona no ilàna ilay soavaly ? Tokony hoe soavaly natao hitaritana ve izy ?
Hoe soavaly de trait sa soavaly hampiasaina rehefa alahady ? Dia rehefa avy eo amin'izay, rehefa
aty aoriana izany, rehefa ohatra hoe hovonoina ny soavaly dia tsy maintsy misy izany miditra be
dia be ilay raison, misy fandresen-dahatra an'ilay ankizy hoe very ny vola, raha ohatra ka tsy izao
io, ka tsy izao io, ka tsy izao io... dia raha miteny indray hoe izahay mivoaka an'izao, izao, dia
hoe inona no ilàna ny infirmerie raha ohatra izao raha ohatra ka misy an'izao sy izao ê ! Mila
izany miasa be dia be, be dia be izany ny raison, raha vao misy miditra ny resaka finoana,
finoanoam-poana indrindra indrindra. Dia ilay fandresen-dahatra izany, anjarantsika mpanabe no
tena tsy maintsy mandresy lahatra, raha vao ohatra hoe misy sakana izany amin'ny
développement an'ilay toerana anankiray ny fisian'ny toe-javatra anankiray. Ohatra izao izany
ilay osy izay hoe avela fotsiny ve izany ireo hena ireo ? Hariana fotsiny ve ireo hena ireo ?
Maninona raha mba manandrana kely ? Raha misy marary ao ange ny infirmerie ê ! Ohatra izao.
Dia hita amin'izay hoe misy voan'ny vay ve ? Misy tokoa ve ilay voan'ny vay ? Misy tokoa ve
ilay masaka ny lelany ? Satria mety mitranga izany hoe : allergique ilay izy, par médical fotsiny
izany. Izany hoe efa manana fandresen-dahatra ara-tsiantifika isika, dia resy lahatra daholo ilay
finoanoam-poana indrindra indrindra. Dia resy lahatra ho azy, dia lasa manaiky ho azy fa ela
izany ka izay napetrako hoe rehefa manana raison, dia manana problème amin'ny
fanatanterahana ilay raison satria mila temps, mila fotoana maharitra izany ny fandresen-dahatra.
Isika anefa dia hoe rehefa miresaka ilay raison na hisy négociation dia hoe maika aho noho ity,
maika aho noho ity, dia misy olana kely mipetraka.
Louise/ Ny ahy angamba ohatra izay notenenin'i madame Marie izay koa no saika hoteneniko.
Izaho tsy miresaka mpampianatra izany na mpanabe, ilay fady osy satria efa samy lehibe, samy
mahafantatra ny hitondrany ny tenany, fa ny ahy izany ilay tanora ange no resahiko. Hoy aho
mantsy amin'ilay tanora : anontanio aloha ny ray aman-dreninareo, inona ilay antony mahafady ?
Misy ohatra izay notenenin'i madame Marie izay, resaka allergique ange ilay izy ! Izany izao
187
amiko tsy resaka fady. Tokony hazavaina ilay sain'ny tanora hoe : tsy fady anao izany fa ny toe-
batanao no tsy mahazaka an'azy. Misy olona ohatra fady ronono, vao mihinana ronono dia
mandoa, ohatra izay. Izany izany azo hazavaina ilay tanora satria amin'ny maha-fanabeazana azy
izany isika tsy tokony mi-se laisser faire amin'ny zavatra rehetra izany hoe : izaho manao an'izao
dia ekena izany fa hajaina ny hevitrao, satria izay no maha-anao anao. Non ! Tokony isika izany
miezaka foana mitady vahaolana ohatra izay an'i madame Marie izay hoe inona ilay antony ?
Izay manko ilay tiako tena havoaka foana hoe tokony hodinihintsika foana hoe inona no tokony
ho anton'ilay tanora mifady ? Izaho tsy miresaka mpanabe, fa ilay tanora. Tsy hoe sanatria ailika
izy na inona, fa tokony hofantarina ilay antony izany hoe inona marina ê ? Iny moa resaka
hanihaniko ange iny, tsy hoe sanatria akory dia avoaka tokoa hoe mitokana ery ianareo ilay fady
osy, fa hanihaniko amin'ilay tanora izany, amin'ilay hoe hay ! Izay izany ilay antony mahafady
osy satria contre mosavy ity izany dia ho an'ilay tsy mihinana izany, sao dia maty ilay mosaviny.
Resaka hanihany amin'ilay tanora izay, fa hoe tokony hofantarina hoe inona ilay tena antony
satria araka izay hoe misy ilay izy, allergique sa fïnoana tahaka ny ahoana ny antony maha-fady
azy ê ? Tokony hofantarina hahafahana manampy an'ilay tanora satria misy ohatra... tsy haiko..
manao témoignage kely iray koa aho, zaza tao an-tranoko, angamba fantatrareo Jeanne, ilay
ankizivavy kely avy any Manakara, ilay maintimainty kely, ilay niasa tao aminay iny. Izy io, tsy
vita batemy, tsy vita komonio voalohany, rehetrarehetra. Fa izy tsy niteny hoe musulman izany ry
zareo, hoe silamo, dia rehefa tao ary izy, dia naterin'ny zokiny izy tao aminay izany, ny zokiny
izany nifampiresaka, satria hoe izaho ho'aho izany rehefa mandray ankizy dia tsaratsara foana
miresaka amin'ny lehibe satria indraindray rehefa ankizy mitady asa ireny dia izy fotsiny. Tsara
ho aho miresaka amin'ny ray aman-dreny, dia ny zokiny lahy moa no nentiny hoe ny ray aman-
dreniko any Manakara, dia ny zokiny lahy izany no niresaka tamiko tao. Dia be dia be fadiny izy
iny, be dia be fadiny. Ilay zokiny lahy izany no nanazava, fa izy moa amin'ny maha-zaza azy, dia
iny izany no solon-dray aman-dreny, fa izy eo dia mifampiresaka, dia hoe izahay fady raha ohatra
ka... mitandrema ianao madama ianao mividy hani-masaka na manta eny an-dalana ka misy
aotomobile mandalo ka mitondra razana, dia aza omena amin'io mihitsy Jeanne rehefa tonga aty
an-trano. Ianao izany... dia lasa problème ho anao ilay izy satria hividy laoka izany ianao, ka
raha ohatra mandalo ilay razana, ilay aotomobile mitondra faty, dia Jeanne izany itadiavana laoka
hafa, tsy hariako iny fa novidiko fa hohaninay fa izy itadiavana laoka hafa. Dia farany aho izany
niteny hoe ianao moa vita batemy, nony avy niresaka tamin'ilay zokiny izany. Dia misy koa hoe
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fady hena kisoa, fady kisoa. Dia fa manao ahoana ho'aho raha mihinana kisoa izy ?
Nanontaniako ilay zokiny lahy. Izahay madame rehefa mihinana kisoa tena mivoaka vay, dia
ohatra ny hoe voan'ny androbe ireny dia ohatra izao sy izao. Hay ve hoy aho, ohatra izao... izao !
Dia avy eo dia noteneniko amin'izay izany i Jeanne hoe vonona ve ianao hampianariko katesizy ?
Fa ny anay ho aho raha vao ankizy tonga ato dia mila mandray sakramenta, dia ianao, vonona ve
ianao hatao batemy sy komonio voalohany ? Dia faly be izy, izaho vonona (réponse de la fille).
Dia navelako aloha izy hianatra, hianatra tsara. Dia rehefa tena tafiditra ao anatin'ilay fivavahana
izy izany, miaraka mivavaka aminay isan'andro, rehefa mivavaka alohan'ny hatory miaraka dia
asaina mandray anjara koa izy amin'ny vavaka. Dia teo amin'izay noresahiko taminy hoe : ianao
izao efa mivavaka, isika izao mamaky baiboly, tsy misy resaka hoe izao... izao... izao, ka andao
ange mba hanandrana hihinana henan-kisoa fa raha tena mino an'i Jesoa Kristy ianao, tsy
maninona izany ianao. Sa ianao ve mbola matahotra ilay tenin'ny zokinao ? Dia nisalasala izy
aloha, dia navelako ihany tsy nihinana. Izahay mihinana dia izy nanaovana laoka hafa. Dia farany
izy mihitsy no tapa-kevitra hoe : izaho hihinana. Tena mino an'Andriamanitra ianao, mino an'i
Jesoa Kristy ianao, fa izany fahafantarako an'izany tsy anona izany... fa ianao... satria ny
fahafantarako, nanontaniako ny zokiny rehetrarehetra tsy misy vita sakramenta sy anona izany...
ary nisy fotoana aza izy indray mandeha hoe : hangataka hody fa feno roa ambin'ny folo ny
isan'ny zafin'ny dadabeny, dia mila mankany, dia mila misotro ràn'omby manta, dia mila
hosorana rà. Izaho mahatsapa hoe tena resaka sampy ilay izy, izany ny fieritreretako azy. Dia
nosakanako mafy izy tamin'izay hoe ianao izao efa mivavaka, fa aza mamonjy an'izany, dia hoy
izy hoe izaho ange tsy zafin'ny dadabenay intsony raha vao tsy mankany ê ! Dia hoy aho hoe : ka
inona àry no tianao ? Ho zafin'ny dadabe sa ho zanak'Andriamanitra, satria raha lasa any ianao
ka tsy vita ny batemy sy ny komonio voalohany, dia ahoana ? Nomeko an'azy izany ilay safidy.
Dia nieritreritra indray izany izy. Omeko fotoana dia vetivety hoe : a. a. izaho te ho lasa
zanak'Andriamanitra fa tsy zafin'ny dadabe, fa ianao ho aho, zafin'ny dadabenao foana ianao, fa
tsy misy an'izany tsy ho zafin'i dadabe izany, fa ratsiratsy kokoa ianao hoe : tsy
zanak'Andriamanitra noho ny zafin'i dadabe. Dia tsy lasa izy tamin'izay. Tonga àry ny fotoana,
tapa-kevitra izy, nihinana henan-kisoa, dia nihinana, tsy naninona fa ataoko hoe tao izany ilay
finoana. Fa nony nody amin'izay àry izy, dia lasa teo izany hoe maty ny bebeny, nody, dia izaho
izany tena faly, nitantara izy hoe izaho mipetraka any Antananarivo, mianatra katesizy aho,
mianatra an'izao... noeritreretiko izany ilay izy hoe tena hahafaly ny ray aman-dreniny ny
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fitantarany ny fiainany taty, kanjo izay no nahatonga azy tsy niverina intsony. Ilay resaka mihitsy
izany no fomba nitondrany an'ilay zanany, izany hoe nihinana henan-kisoa izy, dia tezitra ny
dadany, noho izany nandefa taratasy hoe tsy afaka mankany intsony i Jeanne fa novainareo
katolika ilay zanakay nefa izahay silamo. Izahay tsy mihinana henan-kisoa, nasainareo... nefa
izaho izany hoe amin'ilay toe-tsaiko, izy ange izao tsy naninona akory ê ! Tsy naninona izy
nihinana henan-kisoa. Izay izany ilay tiako hofantarina hoe tokony hobeazina kosa ilay tanora,
fantarina ilay tena antony araka izay izany. Maharitra izay zavatra izay. Satria... dia izao izany
ohatra ny somary mihomehy kely hoe izao izany Jeanne dia niverina tsy nihinana henan-kisoa
indray, fa efa nanandrana ihany aloha taty.
Monique/ Ka izany resaka rehetrarehetra izany izao, izaho mijery fa efa tonga misy resaka raison
voaray ao anatin'ilay izy izany, tena... satria hoe ny ankizy izany, ny raison izany dia hoe :
fandraisan'ny ankizy andraikitra amin'ny fampandrosoana ny fiainany. Dia ao amin'io dia misy
an'ilay hoe ny ankizy izany mandray anjara amin'ilay fampandrosoana ny fiainana... Dia hoe
izaho izany miteny kely amintsika hoe ohatra ny mbola tsy manana toe-tsaina ny handresena ny
finoanoam-poana izany, dia ny fitaizana ny ankizy hanana toe-tsaina scientifique. Matoa mbola
betsaka izany ilay ankizy mino ao amin'ny Centre dia ilay fombam-panabeazana, ilay pédagogie
nentintsika izany mbola tsy tonga tany amin'ilay fitaizana ilay ankizy hanana toe-tsaina
scientifique, mikaroka, mandanjalanja, manaporofo, manandrana, sns, sns, sns... Ialana tsiny fa
izaho izany tamin'ny herintaona moa nandalina momba ny pédagogie active, dia raha mbola
mipetraka ny finoanoam-poana, dia hoe mbola tsy masaka izany ilay pédagogie active,
participative fa mbola nanao ilay pédagogie magistrale izany isika, mbola nanome. Dia hany ilay
ankizy vao nomena fotsiny hoe fady ny osy, nionona, fa tsy mbola nandalo dingana... nefa ilay
ankizy beazintsika efa somary lehibe daholo, tsy mbola mandalo dingana hoe... tokony efa
manana toe-tsaina izany ilay ankizy hoe hoporofoiko aloha, handramako aloha. Izay ilay lazain'i
Hery hoe tsy maintsy taizantsika izany ny toe-tsain'ireo ankizy ireo, hanaporofo, hanandrana.
Izay ilay toe-tsaina scientifique fa raha mbola misy resaka fady dia mbola tsy tonga amin'ny
scientifique ny olona, fa rehefa tonga any amin'ny scientifique manko, dia izy ihany no mahalala
hoe : ah ! Tsy zakako satria izao... tsy zakako satria izao... fa mbola isika izao dia mijanona
fotsiny hoe fady dia vita teo. Ka izaho izany mamporisika antsika any amin'ilay raison, ilay
fombam-panabeazana. Ao anaty boky nosoratan'i mompera moa hoe la pédagogie salésienne est
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une pédagogie active, mompera Heriberto nilaza an'izay, mampanjaka be dia be mihitsy, mitaiza
ny ankizy hanana toe-tsaina scientifique. Misaotra.
Diego/ Mba tsy ho very ny fotoanantsika satria kely sisa. Izaho te-hanao karazana famintinana
kely mety manampy anareo mba hahitanareo aiza no misy antsika hatramin'izao.
Alors, misy ny fady, efa misy resaka be, misy ohatra lava... (rires)
Alors ny zavatra hitanareo... tsy avy amiko, fa hitanareo fa manampy ny olona mba handresy ny
finoana dia voalohany ny raison, ny resaka. Ny zavatra faharoa, mila fotoana temps, fotoana, tsy
vita indray andro, mila mpanampy mpandresy, izay olona azo antoka, olona modely azo
ametrahana fitokisana, fa ity zavatra ity tsy vita indray andro, ary mila olona miara-dalana
amin'ity zavatra ity, mila mpanampy, raha tsy izany tsy mandresy. Misy lafiny roa mba
hahafahantsika... fa ianareo tsy miteny mandresy azafady, io tenin'i mompera Diego, azafady.
Ny teny hampiasainareo, zava-dehibe, ianareo miteny hoe mampandroso, izany hoe isika tsy
miady amin'ny fady fa mampandroso ny ankizy, c'est ça... tena tsara. mampandroso, tsy te-
hampijanona... satria ao amin'ny hevitrareo ny fady mampijanona ny fandrosoan'ny ankizy.
Tsara ity tanjona ity, ilay tanjonareo, ilay fampandrosoana ny ankizy, avy eo misy ny finoana, ny
finoana katolika, na io koa ny protestant afaka manampy ny ankizy amin'ny fandresena, fa misy
foana olona tokony hanampy. Miditra amin'ny thème vaovao, anatin'ny lisitrareo. Ianareo
miditra amin'ny resaka mikasika ny... satria efa misy resaka momba ny raison, ianareo afaka
manohy, fa raha tsy tianareo azo ajanona satria efa nisy resaka. Fa... miditra ao anatin'ny thème
anankiray anatin'ny feuille, tsy ao anatin'ny thème nofidinareo : momba ny finoanoam-poana,
hoy ianareo hatramin'izao, fa ny zavatra afaka manampy ny tanora, mety manampy koa ny
mpanabe, dia hoy ianareo : dia ny raison, ny resaka. Fa hoy ianareo ny fomba fanabeazana koa ao
anatiny, tsy ny hevitra fotsiny, fa ny fomba fampitana. Dia ny zavatra fahatelo, hoy ianareo,
mitovy angamba amin'ny raison sy ilay saina scientifique. Voilà, aiza no misy antsika
hatramin'izao, tsy mamerimberina ny resaka. Tsara raha mandroso, tsy mijanona amin'ity resaka
ity.
Solofo/ Mieritreritra aho hoe... amin'ny fito mahery dimy izao, hanao pause sa tonga dia mitohy?
Intervenants/ Mitohy...
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Jean/ Amin'ny firy mifarana ?
Diego/ Sept heures vingt-cinq maximum, angamba tsy miditra intsony amin'ny thème hafa na
arakarakareo. Na hajanona ity thème ity, ampy ve ? Raha ampy araka ny hevitrareo, dia afaka
miditra amin'ny zavatra mikasika ny teny.
Intervenants/ Izay mihitsy... sept heures vingt...
Solofo/ Nefa hitako hoe isika tena ao anatiny tsara raha entina thème iray isika, tsy hovitantsika
ao anatin'ny folo minitra. Ity parole...
Diego/ Na manomboka miresaka ?
Solofo/ Na manomboka miresaka dia tohizana... tonga ampidirintsika mikasika ilay deuxième
point ilay ao anatin'ilay la parole, la peur de prendre la parole devant les salésiens, pourquoi ?
Avec qui ? Dia avy eo koa moa dia misy koa la parole, dia eo ambany eo : la femme et la prise de
parole à Clairvaux.
Jacques/ Ity ilay hoe la peur de prendre la parole devant les salésiens, ity iny angamba, izaho
mahita hoe arakarak'ilay olona sy ilay asan'ilay olona. Marina hoe miara-miasa amin'ny
salezianina daholo isika fa misy karazana olona izany tena ohatra ny hoe somary lasa akaiky
kokoa amin'ilay asa, ilay hoe mipetraka ao amin'ny Centre foana, mifandray, misy fivoriana
matetika dia matetika izany. Ohatra hoe ho anay, ho ahy manokana aloha, tsy dia mipetraka
loatra ity olana ity satria ohatra ny hoe efa zatra ao anatin'ilay fifandraisana raha misy problème
dia miezaka mifanazava foana izahay ao anatin'ilay... ohatra izao izahay niresaka tamin'i
mompera Charles tamin'ny herintaona iny. Izahay manana problème tamin'i mompera Charles fa
izahay tena mifanjinja miresaka, manazava, sns, mampiasa ilay raison, dia mahita marimaritra
iraisana izahay nony avy eo. Avy eo izahay tsy manana ity resaka hoe tahotra hiteny eo
anoloan'ny salezianina izany, rehefa hoe misy zavatra tokony hotenenina, dia miteny araka ny
fahafahan'ny tsirairay. Ity ilay resaka hoe parole de femmes ity. Izaho tsy dia mino loatra an'ity
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satria ho ahy ny olona rehetra ao amin'ny Centre rehefa mandray fitenenana, ataoko fa samy
manan-danja amin'ny lafiny arak'asa hisian'ny tsirairay.
Jean/ Dia ny ahy fotsiny, ny tena marina, io no resahin'i monsieur Jacques teo, ny zavatra saika
hoteneniko, fa ny... angamba mety antony vitsivitsy araka ny fiheverako ihany koa, miteraka ity
fahasarotan-dresaka ity, dia voalohany indrindra aloha miainga tamin'ny maha-zanatany antsika,
dia mety misy foto-pisainana mieritreritra, vokatry ny fanjanahan-tany, izany hoe vazaha izany,
colon, mpanjakazaka. Ity no zava-misy voalohany. Dia ny faharoa, misy koa mety vokatry ny
zavatra nataon'ny salezianina taloha, satria tadidiko ny salezianina taloha tena manenjana be, ary
azo lazaina hoe : tena manambany ny... izy tsy mieritreritra hanambany ny malagasy, fa ny
fomba nentiny ho antsika malagasy, fanambaniana. Ohatra hoe : ianareo tsy mahita sakafo raha
tsy eto, misy mihinan-kena isan'andro, ny malagasy... manaratsy amin'ny fifandraisana amin-dry
zareo, ary mafy be izany ho an'ny malagasy. Dia ao ihany koa tafiditra izany, ohatra hoe
nentiny... vokatr'ireo zavatra rehetrarehetra ireo sy ilay toetran'ilay mpanabe, dia ny toetran'ireo
salezianina dia miteraka ho an'ny olona, ohatra hoe misy image-na directeur na économe hoe
karazana... tsy tena hoe mpiara-miasa fa mpampiasa, mpifehy ary tompon'ny discipline,
fampitahorana, mpibaiko, mpandroaka, mpanafay, tsy tia loatra ny fiarahamonina, dia ny... Ny
zavatra loza aterak'ilay izy kosa anefa dia izao : lasa manimba ny mpiara-miasa akaiky amin'ireo
salezianina ireo. Ohatra ilay gasy ilay notenenin'i monsieur Jacques teo, manjary...
Olivier/ Laika fa tsy gasy.
Jean/... ilay laika malagasy miaraka amin-dry zareo satria efa misy relijiozy malagasy eo. Eny
marina... Hoe lasa... (rires) lasa, lasa toa mifindra zavatra amin'izay. Manjary lasa mahazo teny
hafahafa ireo olona ireo hoe chef-chef, laibalaibany ilay gasy miaraka amin-dry zareo. Izay izany
no voka-dratsin'ilay izy avy eo, ary miteraka toa fifandrafesana be ihany. Dia na ohatra misy
resaka fandaminana mikasika ny asa, ka ohatra ianao manomboka miteny hoe directeur na ohatra
izany, dia lasa ohatra ny hoe menacé olona ianao izany : directeur raha ohatra ianao manana
fahazarana miresaka amin'ilay asa fotsiny, fa ilay olona mieritreritra hoe ampitahorinao directeur
aho izany ! Miova be ilay zavatra amin'izay, dia aty amin'ilay resaka vehivavy indray no
teneniko. Izaho mihitsy no tena niteny an'ity, fa ny tena tiako hotenenina izany, matetika rehefa
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miantso ny vehivavy mikabary, dia ry zareo ohatra ny somary... nisy sa tsy hoe betsaka, ianareo
lehilahy no tokony hiteny, fa izaho mieritreritra anefa ny vehivavy tena manan-danja ny tenin-dry
zareo. Ohatra misy témoignage iray ohatra : madame Monique tamin'ny répétition tamin'ny,
oviana ? Tamin'ny zomà, talata ?... Répétition générale...
(Commentaires)
Jean/ Fa nitsangana izy, nampangina ny tanora, ary nihaino azy ny tanora, ary tsapako. Izahay
mahatsapa mihitsy fa manan-danja ny vehivavy. Tena mila vehivavy aho, indrindra ny tenin'ny
vehivavy satria raha sahirankirana amin'ny zavatra misy aty ny tanora, lasa izy mankao an-
dakozia na mankany amin'ny madame Louise izy na mankany amin'ireo madame ireo moa
izany, manan-kery mihitsy, manan-danja ny tenin'ny vehivavy ao amin'ny Centre fa ity ilay
noteneniko tamin'ity dia any amin'ilay resaka kabary, ary io indray anefa, arakaraka ny vehivavy
fa tsy ny vehivavy rehetrarehetra angamba satria mety misy vehivavy tsy misalasala tonga dia
mandray fitenenana. Izay.
Louis/ Eo amin'ny fahitako an'ilay hoe la peur de prendre la parole devant les salésiens, io dia
arakarak'ilay olona io. Izany hoe ilay olona rehetra izany misy manana fitenenana, misy te-
hiresaka foana, misy te-hiteny, tsy te-hiteny mihitsy izy hoe hiresaka amin'ny salezianina, tsy
midika akory izany hoe matahotra izy, fa tsy te-hiresaka aminy fotsiny izy. Faharoan'izay koa,
angamba aho hanao ohatra kely satria zavatra niainako foana moa izany no lazaiko. Efa elaela
nipetrahana tao amin'ny Centre aho, dia indray mandeha tamin'ny fotoan'androny izany, voan'ny
machine izany ny tanako, dia nankany amin'ny dokotera aho, dia naka certificat médical aho, dia
tonga izany ny mpiasan'ny anona... nanao constat, dia face à face ohatra izao no miresaka
niaraka amin'ny directeur. Dia rehefa natao teo izany ny resaka dia nolazaiko daholo ny momba
ny machine... dia avy eo aho, nasaina nivoaka, dia rehefa nivoaka aho izany dia nifampiresaka
tao izany ireo. Fa nony ampitso marainan'iny, niarahaba an'i mompera directeur aho, tsy niteny
izy tao anatin'ny tapa-bolana, ary mbola tadidiko hatramin'izao izany. Tsy niteny nandritra ny
tapa-bolana dia nony taty aoriana tsy nisy valiny izany ilay taratasy nalefako tany amin'ny
C.Na.P.S. tsy voaraiko mihitsy. Dia nandeha tany amin'ny C.Na.P.S. aho, dia ny tany... niteny
hoe efa lasa any. Dia nanontany an'i mompera aho, izahay no nanao ny pansement satria...
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masera Eisa moa izany nanao ny pansement fa tsy niakatra tany intsony aho. Dia i mompera
économe tamin'izay niteny hoe : vous perdez votre temps. Dia nanomboka tamin'izay dia hoy
aho hoe : tsy mety izany fa mamparary ilay olona izay fitenenana izay. Dia izaho koa izany, a. a.
eià nanaja foana aho izany, miarahaba, miarahaba, farany izaho koa tsy niteny. Dia ohatra izay
izany hoe ilay salezianina izany, rehefa hoe vazaha izy izany dia ohatra ny fahitako azy ohatra ny
manambany ilay gasy ohatra izany izay. Tsy hitenenana ny fahatahoran'ilay olona miresaka
aminy, manjary matahotra izany ilay gasy miresaka satria indraindray manao teny tsy voahevitra
izany ilay vazaha indraindray. Tsy hoe ny salezianina ihany fa misy fiteny tsy voahevitra
mamparary ny fon'ilay olona tsy dia tia teny loatra amin'ny salezianina, mahatonga azy tsy
miresaka indraindray, moa indraindray koa efa voalazako teo hoe efa toetran'ilay olona tsy tia
resadresaka raha tsy anontaniana, ohatra izay. Izay no fandraisako an'ilay hoe fahatahorana
miresaka amin'ny salezianina. Eo amin'ilay fandraisan'ny vehivavy fitenenana ao amin'ny
Centre, miankina aminy ihany io, miankina amin'ilay vehivavy, te-handray izy afaka mandray,
tsy azo ambaniana aloha ny vehivavy hoe : tsy mahazo mandray andraikitra, tsy mahazo mandray
fitenenana, fa afaka mandray fitenenana amin'ny hevitro manokana, afaka mandray izy amin'ny
fitenenana.
Solofo/ Dia misaotra anao, dia efa izay izany no tari-kevitra, anona... dia hijanona hatreo aloha
isika dia amin'ny fivoriantsika fahafito sy fahavalo mitambatra indray isika mbola manana
fotoana be dia be indray, dia hitantsika eo koa ny lahadinika manaraka amin'izay ny ordre du jour
amin'ny manaraka, fa dia hamehy an'izao fivoriana izao izany isika ao anatin'ny fandraisana
fitenenana fohy dia ataontsika tour de table, manomboka ato amin'i monsieur Olivier indray ny
fitenenana fohy.
Olivier/ Fohy tsy afa-po foana (rires), raha misy miteny aho izao, ohatra izao ny lavalava ilay
teny teo fa voatery lava ilay izy, fa tsy afa-po foana aho izany amin' ilay anjara fitenenana, nefa
miezaka ny ho afa-po izany fa... tsy maintsy izay moa ilay izy, satria raha hoe hanambara ny ao
am-po rehetra sy izay zavatra tsapa rehetra. Aok'izay hoy izy.
Louise/ Ny ahy mitovy amin'izay, mbola tsy afa-po, ny faniriana moa izany voafetra ihany ilay
fivoriantsika ohatra izao fa ohatra ny mieritreritra aho amintsika miresaka eo hoe tsy mety ve
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raha hasiana ohatra izao foana ? Tsy ilay resaka ilay... foto-kevitra avy amin'i mompera ihany no
nasantsika fa hoe : ohatra ny mba tsara ihany ilay misy ohatra izao. Dia mandinika thème iray
hafa ao amin'ny Centre hoe misy ohatra izao. Inona no mba hevitsika ? Inona no mety ho
vahaolana ?
Marie/ Izaho indray aloha, afa-po satria ohatra ny hoe tena lasa lavidavitra, ary ohatra ny hoe ny
vokatr'ilay fikarohana rehetrarehetra tany, izay niainana rehetra, ohatra ny hoe tafavoaka daholo
ihany amin'ny antsipiriany, na dia ohatra ny misy fifangaroan-kevitra ary any anatiny any, dia
misy adihevitra... misy...
Monique/ Izaho koa afa-po androany, sady... izaho izany ohatra tsy dia manana hevitra firy
nentina, fa dia ohatra hoe... mahafinaritra ahy ny nihaino hevitra vaovao avy amin'ny namana
tsirairay.
Arthur/ Tsy hoe mahafinaritra ilay nihaino an'ilay hevitra fa anisan'ny hoe nanahirana kely
ihany, nanangan-tanana aho, dia avy eo najanoko ilay izy, fa zavatra saika hoteneniko,
notenenin'ny sasany, dia ohatra ny (rires)... ilay tanana... mahafinaritra ilay izy.
Hery/ Androany angamba ny fotoana bebe kokoa noho ny ilay hatramin'izay, dia ny zavatra
nodinihintsika koa somary lalindalina kokoa satria tena nifototra tamin'ny resaka finoana sy
raison ilay izy ao anatina système préventif, dia goavana ilay izy, dia mahafinaritra.
Jacques/ Izaho ohatra ny pour an'ilay hevitr'i madame Louise teo, ohatra ny mety be izay satria
isika izany izao tsy hoe mpanabe Assistant ihany na hoe mpampianatra ihany fa mikambana
mihitsy isika, ka raha ohatra hoe dinihintsika, tiako hodinihana manokana mihitsy ao, ilay resaka
fampitana ny finoana ao amin'ny Centre, resaka katesizy alarobia indrindra indrindra, dia resaka
ara-pivavahana, resaka ilay notenenintsika teto... izao toa izao (...) dia tsara mba nodinihintsika
akaiky hoe ahoana ny fomba hanatanterahantsika azy mba ho motivé kokoa ilay ankizy.
Jean/ Ho ahy ngeza be ny adihevitra androany ary mahafinaritra. Tohizo.
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Louis/ Ny anay aloha ohatra mahafinaritra ilay izy, satria misy hevitra maromaro noraisiko ihany,
hanampy ny am-pelatanako.
Solofo/ Ho anay nahafinaritra ahy ilay izy indrindra indrindra ilay hoe afaka maneho ny heviny
ny katolika momba ny protestant, ny protestant momba ny katolika, dia zavatra tena ngeza be
mbola tsy nisy fifampizarana teo amin'ny fiainan'ny Centre angamba izay.
Diego/ Ho ahy... fanazavana kely... mbola afaka miverina amin'ny resaka amin'ny manaraka
raha misy zavatra hadino na momba ny protestant na momba ny resaka (...) tsy voatery tapaka
raha amin'ny volana ho avy ianareo manana fotoana aloha. Ny zavatra faharoa, izaho koa
mieritreritra fa ity karazana groupe ity angamba tokony manohy, tsy fantatro karazana
fikambanana na karazana engagement, satria ianareo manana engagement rehetra misy ilay
coopérateur fa tsy fantatro... satria ianareo misy sasantsasany aminareo tsy coopérateur, fa
coopérateur angamba ihany, tsy fantatro ?
Marie/ Tena coopérateur daholo...
Diego/ Ny zavatra hafa... dia... araka ny hevitro, efa hitanareo fa ny fandinihana lasa lalina
kokoa, à chaque fois, mihalalina mihalalina. Zavatra ity tsy vita raha ianareo tsy mandray anjara,
misaotra anareo, fa aza hadinoina misy fanomanana. Nandritra roa taona ianareo nahazo
formation. Tamin'ny taona farany, rehefa niaraka tany Clairvaux, mbola tadidinareo ? Fa misy
mivory ianareo. Io zavatra io anatin'ny fanomanana. Izany hoe ity zavatra ity mety tsy ho vita
amin'ny groupe hafa raha tampoka. Misaotra.
Solofo/ Mangataka an'i monsieur Arthur isika hamarana ny fivoriantsika amin'ny vavaka.
Hitarika antsika amin'ny fivavahana.
Arthur/ Ry Andriamanitra Ray ô ! Misaotra anao amin'ny fo sy ny saina madio izahay androany,
raha nahatontosa soa aman-tsara, am-pitiavana, ny lahadinika izay nodinihinay mianadahy
tsirairay avy androany, zava-dehibe ho an'ny fiainanay, tsy ho an'ny fiainanay ihany, ho an'ny
fiainan'ireo tanora izay beazinay, noho ny zavatra nataonay notontosana androany dia misaotra
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be dia be Anao izahay ry Andrimanitra ô, amin'ny izay firaisam-po sy fïraisan-tsaina mianadahy aoka izay.
Voninahitra ho an'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
Intervenants/ Tahaka ny taloha sy ny ankehitriny ary mandrakizay. Amen.
Arthur/ Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
Diego/ Mirary soa anareo hanao noely sambatra sy taom-baovao miaraka amin'ny
fïanakavianareo.
(Commentaires)
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SEPTIÈME ET HUITIÈME RÉUNIONS
21 janvier 2005
Synthèse en français
1. Concepts (Propos rapportés) 1.4 Mise en relation des concepts
Le système préventif n'est pas l'affaire d'une seule personne mais d'un groupe. Ce travail en groupe est nécessaire pour pouvoir arriver à l'objectif. Le groupe est la communauté éducative.
3. Dimensions du système préventif 3.4 L'éducateur et la vocation
Éduquer est un travail saint, un travail de Dieu, puisque nous formons des personnes pour arriver à être d'honnêtes citoyens et de bons chrétiens.
4. Sujets particuliers 4.1 La parole des femmes dans un milieu masculin
Dans l'éducation malgache ancienne, la femme ne parlait pas, les raisons sont nombreuses : l'homme remplace le père (prend la place du père), il est la tête de la famille, la femme suit. Mais il y a des femmes qui parlent et qui dirigent le pays, par exemple les reines... elles ont été élevées, mises debout à cette tâche parce que nobles. Quand la femme est compétente, ayant du savoir, du savoir-faire, du savoir-être, elle parle. La femme peut diriger et remplacer l'homme. Les femmes réclament leur épanouissement, mais elles ont besoin du soutien des hommes et de ceux qui leur sont proches. Les femmes ont une force au niveau de l'amélioration des choses et de l'attention à la beauté. Dans le passé, c'étaient les sœurs qui s'occupaient de l'habillement des enfants et elles intervenaient quand les jeunes étaient mal habillés.
4.2 Le tabou et le système préventif
Nous avons eu un échec dans la gestion du tabou, quand nous n'avons pas dit la vérité aux jeunes. Il est important de leur poser des questions pour dépasser le tabou : pourquoi le tabou ? Quelles sont les conséquences négatives du tabou dans votre corps ? Il faudrait témoigner de ses propres tabous et dire comment nous les avons dépassés. Il faut aussi savoir argumenter pour convaincre les jeunes : nous avons évolué ; nous voyageons ; nous ne savons pas toujours ce que nous mangeons, il n'y a pas de conséquences quand on mange de la viande tabou et si on est malade on va se soigner. Le tabou arrête le développement. (Un participant raconte l'histoire d'un crocodile) Je travaille le tabou
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chez les jeunes, en leur posant des questions et en les laissant réfléchir. Je les pousse à donner du poids, à réagir devant un cas qui ne les touche pas, pour les mettre enfin devant un dilemme - choix.
4.3 Le rapport missionnaires -autochtones
Certaines attitudes des salésiens méprisent les malgaches. 11 faudrait donner des responsabilités aux laïcs. Les personnes qui n'ont pas trop de relations avec les salésiens demandent aux autres d'intervenir auprès d'eux. Ce n'est pas seulement parce que les salésiens sont étrangers qu'on a de problèmes, il y a des questions personnelles, par exemple, dans mon cas, je supporte mal les mots durs. Il y a vingt ans, le rapport à Clairvaux était plus familial, puisque les personnes étaient moins nombreuses, maintenant c'est plus difficile de communiquer.
4.5 Le rapport catholiques -protestants
L'œcuménisme c'est bien. Dans la classe la plus œcuménique du Centre, je vois que les élèves ne se font pas du mal entre eux, comme avant. J'ai lu le livre du pasteur Rabetolina James, Tratra ny tanjona, nous ne pouvons plus dépasser le point où nous sommes arrivés au niveau œcuménique : nous vivons la foi chrétienne. Nous croyons en un seul Dieu.
4.7 Système préventif et économie
Parler du système préventif et de l'économie, ce n'est pas seulement parler de salaire ou de l'argent qui arrive à Clairvaux. Est-ce que le système préventif a besoin d'argent ? Oui, le système préventif a besoin d'argent. La prévention a un rapport avec l'argent, par exemple dans la prophylaxie médicale (dans l'élevage) c'est mieux de prévenir que soigner, il a deux dimensions : la prévention et le soin des maladies. C'est cher de soigner une maladie et quand l'animal est malade il risque de mourir, la prévention est moins chère que le soin. En général, les salésiens utilisent ce qui existe sur place pour la production. Il faut améliorer le travail par l'utilisation de bons instruments. L'argent qui arrive à Clairvaux dépend des projets et des résultats de notre travail. Il y a des bienfaiteurs à l'étranger et à Madagascar, en plus on travaille ensemble avec le gouvernement malgache. Les aides dépendent de l'expérience, de la capacité et de la relation qu'entretiennent les salésiens avec l'étranger. Chaque salésien a son idée sur les priorités dans la recherche du bien des jeunes. Il y a des salésiens qui ne veulent pas parler de la question économique et d'autres si. Si la qualité de ce que les jeunes produisent dans les ateliers est bonne et si la production augmente, nous pouvons réduire l'argent qui vient du budget, en plus, cela valorise le travail des jeunes et permet de répondre à la question que se posent les jeunes : comment vais-je
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vivre quand je travaillerai ? Les salésiens font un budget prévisionnel. On dit souvent que l'argent vient de la Providence, des bienfaiteurs de l'étranger et de Madagascar. L'effort fait par les jeunes, l'effort des éducateurs, les critères d'acceptation des jeunes déclenchent la solidarité. Ceux qui travaillent sont aidés. Comme dit la parole de Dieu : si la foi n'est pas accompagnée par le travail, elle est nulle . Il faut avoir la foi. Nous nous confions à la Providence. Il faut savoir respecter les choses. Les jeunes ne respectent pas les choses parce qu'ils sont gâtés par le Centre. Je suis en désaccord avec le mot gâté, puisque si on n'a pas de moyens, les personnes remplacent les moyens. Si vous utilisez des moyens, l'éducation est plus facile. Si les choses qui sont autour des jeunes sont belles, 30% ou la moitié de l'éducation est faite. Je m'oppose à ce que vous disiez que nous donnons trop. Questions : qu'est-ce que nous donnons en trop aux jeunes ? Moyens ou éducation ? La pédagogie magistrale donne le savoir. Mais il faut toucher les jeunes pour faire sortir le savoir qui est en eux. Le problème n'est pas l'argent, mais les projets pour utiliser l'argent. Il faut toujours chercher des projets pour faire avancer la vie. Il faut que les jeunes sachent faire des sacrifices, puisque la vie est chère. Les jeunes externes sont plus motivés que les jeunes internes, ces derniers ne savent pas que la vie est chère. La raison de ce manque de motivation est que les internes ne savent pas d'où vient l'argent. Il faut qu'ils sachent l'amour des responsables envers eux.8
Le Centre est très riche. Je me pose le problème : quand les salésiens étrangers seront vieux, ou quand diminuera l'argent de l'étranger, comment ferons-nous ? Il ne faut pas que les salésiens gardent pour eux les relations à l'étranger, il faut qu'ils les partagent entre eux. Le rapport ou compte-rendu économique est aussi important, il doit être clair. C'est bien quand les salésiens expliquent la question de l'argent : d'où il vient et comment il est dépensé, cela évite des questions et des commentaires. Ce n'est pas seulement les jeunes, mais nous aussi, qui ne respectons pas les choses. L'économie est stable à Clairvaux. Il faut changer la mentalité des jeunes, ils sont de passage et il faut qu'ils pensent à ceux qui vont les remplacer. Ce qu'ils reçoivent n'est pas un droit. Il faut dire aux jeunes d'où vient l'argent et qu'il est difficile de le trouver. Parfois les salésiens gaspillent, ne font pas attention, cela dévalorise
Manifesté dans la recherche d'argent pour subvenir aux besoins du Centre.
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le travail des jeunes. Les jeunes disent que les pères ne sont pas difficiles en relation au gaspillage. Les choses sont au service des jeunes. Il ne faut pas utiliser la nourriture, par exemple, pour faire du chantage ou pour faire pression sur les jeunes, ils sont très sensibles sur cet aspect. Le Centre a des potentialités qu'on peut explorer. Il faut explorer l'autofinancement. Il y a beaucoup de gaspillage à Clairvaux, surtout dans l'incapacité d'économiser. Si on a le sens de l'appartenance, on fait plus d'attention. Les jeunes doivent apprendre à donner aux autres, ils ont reçu, ils doivent aussi donner. Dieu ne fait pas de préférences. L'éducation des jeunes doit être réelle et non pas fictive au niveau de l'argent. Il faut éduquer les jeunes à aimer l'art et à le respecter. Les jeunes ne connaissent pas l'art. Je me mets d'accord avec mes enfants dans l'utilisation des choses. La parole de Dieu dit : allez porter la bonne nouvelle, ne vous préoccupez pas de comment vous allez vous habiller ou de ce que vous allez manger... Il y a des personnes qui croient en Dieu à Clairvaux et qui travaillent. Parfois, c'est notre travail ou celui de ceux qui nous ont précédés, qui nous permettent d'avoir de l'argent pour le Centre. Don Bosco a dit que Jésus et Marie s'occupent de nous. Quand vous éduquez vraiment, il y aura toujours de l'argent. Il faut aussi donner des responsabilités aux éducateurs dans la gestion du Centre.
Verbatim
Solofo/ Hanomboka izao fivoriana izao àry isika amin'ny vavaka fohy, dia hapetrantsika eo am-pelatanan'Andriamanitra indray ity fotoanantsika ity. Ny adiny roa izay hifandinihantsika eto, ary
hangatahantsika ny Fanahy Masina.
Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina. Amen.
Fanahy Masina !
Intervenants/ Hazavao ny sainay.
Solofo/ Fanahy Masina !
202
Intervenants/ Herezo izahay.
Solofo/ Fanahy Masina !
Intervenants/ Hamasino izahay.
Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
Solofo/ Dia faly miarahaba antsika rehetra indray izany, mahatratra izao fivoriana farany sady
voalohan'ny taona izao. Dia miarahaba antsika rehetra tratry ny taona, dia araka ny mahazatra sy
ny fandaharana eo am-pelatanantsika ny amin'ny hoe : hanao fifampizarana isika. Manana roa
minitra avy eo isika amin'ny fifampizarana indray, mandritra ny iray volana eo ho eo izay tsy
niliaonana, dia niainana tao anatin'izay iray volana izay. Dia atombontsika ato amin'i monsieur
Louis, dia mihodina araka izay isika.
Louis/ Raha ny fijeriko ny zavatra vitantsika tamin'ny volana lasa iny izany, tamin'ny herintaona,
tamin'ny desambra izany, dia nifantoka be dia be teo amin'ny finoana isika sy teo amin'ny fady.
Dia raha nandinika ilay izy aho izany dia teo amin'ilay finoana izany, finoana katolika sy finoana
protestant, tena nibahan-toerana tato amintsika dia nandinika an'iny koa aho izany tany an-trano,
indrindra indrindra eo amin'ilay inter-communion, teo izany no tena nodinihiko satria zava-
dehibe tokoa ilay izy. Dia eo amin'ilay fady, misy izany hevitra teto be dia be mihitsy no
nivoaka, dia izaho koa izany nandinika an'izy iny dia misy karazany maro izany ny fady. Misy
ny fady ara-tsakafo, araka andro tsy hiasana, araka ny hoe fiompiana, izay izany ny karazany
maromaro amin'ny fady hitako rehefa nandinika an'ilay zavatra vitantsika teto tamin'iny andro
iny. Izay angamba.
Jean/ Ho anay izany tao anatin'izay fotoana izay lasa ohatra ny hoe lasa mampandinidinika ahy
foana ny tantaran'i Don Bosco satria ao anatin'ny fetin'i Don Bosco, moa koa ny mampandinika
ahy koa ny système préventif, dia lasa ohatra ny mahatonga matetika mi-évaluer matetika ny
zavatra ataoko. Manao évaluation foana, nanao ahoana ny fampiharana ny système préventif ?
Dia mitarika ahy koa mazoto kokoa amin'ny préparation. Dia avy eo ahatsapako hoe ity système
préventif ity tena zavatra... angamba ho ahy teneniko hoe ohatra ny hoe masina mihitsy amin'ny
203
fanatanterahana ny asa satria manova ny fombam-piainako amin'ny ankapobeny mihitsy izany,
tsy hahatonga ahy tena miseho hoe izaho no tena mahavita ny asa tsara. Mampanetry tena be
izany ilay izy mba hahafahana mampandroso ilay asam-panabeazana. Dia avy eo koa tao ho ao
dia lasa ohatra nampifanakaikeziko ny système préventif sy ny communication inter-personnelle
satria nisy karazany famaranana kely natao tao anatin'ilay izy, dia ohatra ny tafiditra be,
mifanakaikikaiky foana, dia mampi-évaluer ahy. Dia ankoatra ireo, tao anatin'ity fotoana ity isika
niresaka fady, dia mbola vao niha-resy lahatra tanteraka satria misy fotoana nihinananay osy tao
amin'ny Centre, fa savoritaka be, dia izaho nieritreritra, ao anatiko izany hoe tena ni-prévoir be
tamin'ny huit décembre, satria angamba tsy masaka ny fety tamin'ny huit décembre raha ohatra
nampiasa ny osy, resaka fady izany fa hoe mbola mila mandeha tsikelikely izany. Izay izany
amin'ny ankapobeny no niainana ilay izy.
Jacques/ Somary lavalava moa iny fotoana iny, nandalo tao ny fety, nandalo tao ny vacances,
sns... ny fandraisana ny ankizy koa dia izay anisan'ny fomba niainana ilay système préventif
araka ny fifampizarantsika teto satria mila fanomanana mialoha izany fidiran'ny mpianatra izany,
dia niezaka izany ilay zavatra voalazantsika teto mba niezahako kely izany mba hoe hampiharina
amin'ilay zavatra iainana andavanandro. Dia ohatra hoe ilay fanomanana mialoha, dia ao
anatin'izay koa ohatra ilay fampiasana ny... teto moa noresahintsika matetika eto ilay hoe tokony
hi-fonce amin'ny asa, dia mba niezahanay izany izay, dia miara-miasa akaikikaiky kokoa sy
manao zavatra avy hatrany, ohatra hoe misy hevitra tapaka, dia tsy miandriandry fotoana izany
ny fanatanterahana an'iny fa tonga dia manatanteraka avy hatrany an'ilay izy. Dia teo koa moa
ilay évaluation nataontsika tamin'ny iïvoriana lehibe tao amin'ny théâtre. Raha manatanteraka
avy hatrany dia hita hoe vetivety ilay zavatra sady tsy hadino ilay izy. Dia avy eo zavatra
manaraka, ny fiainana an'ilay fifampizarana be dia be nataontsika teto, ohatra hoe fiatrehana ny
zavatra misy, ohatra hoe mpanabe tokony ho mijoro ho modely, expérience kely tao anatin'izay
iray volana tsy nivoriantsika izay, hitako fa tena mahomby ilay izy. Ohatra hoe fandraisana anjara
amin'ny resaka fivavahana maraina fotsiny ohatra hoe mizara ilay mpanabe dia samy hitan'ny
tanora any anatina chapelle sy ny ohatra izay izany ilay fijoroana modely na amin'ny fomba
fiakanjo, na zavatra ohatra izany, dia manampy an'ilay tanora. Teo izany no nahitako hoe
mpanabe lasa point de référence foana izany ho an'ny tanora amin'ny zavatra rehetra izay atao.
Zavatra manaraka, ilay fifampizarana nataontsika teto izany, indrindra ilay hoe raison
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noresahintsika be dia be tamin'ny farany iny, dia nanampy ahy manokana izany ilay hoe manana
sang-froid eo amin'ny situation iray. Ohatra izao ilay noresahan'i monsieur Jean teo hoe : fady
osy tao amin'ny... misy ankizy fady osy tao amin'ny Centre, nefa nihinana osy izahay indray
hariva izay ary lasa savorovoro be ilay izy. Teo anatrehan'izay situation izay izany niezaka
mihitsy aho... nanana... miezaka ho calme teo anatrehan'ilay situation, dia nandinika hoe inona
marina moa izany no nahatonga ity savorovoro be ity. Teo aloha ilay hoe fady osy, dia teo koa
ilay tsy nilaza mialoha an'ilay ankizy, tsy nilaza ny fahamarinana tamin'ny ankizy. Misy hevitra
mantsy izany niainga hoe : aleo tsy tenenina hoe osy ilay hohanina, dia nihinana moa izany ny
ankizy tamin'ny voalohany tsy nahafantatra, dia faharoa nisy ankizy nahita izany ilay izy. Isika
tsy nilaza ilay fahamarinana teo anatrehan'ny ankizy, dia nipoaka ilay izy, nohararaotin'ny
ankizy, dia nipoaka ilay izy, tamin'izay fotoana izay, dia lasa nisy korontana, nefa nampianatra
zavatra maro koa fa hojerentsika rehefa avy eo.
Hery/ Ny anay angamba tamin'izay iray volana izay dia ny ambiance Clairvaux no tena hitako
nitranga satria tao anatin'io iray volana io betsaka ny fety, betsaka ny famaranana ny trimestre,
dia raha momba ny asa manokana aloha niaraka tamin'ny tanora dia eo amin'ny volana desambra
eo ny asa sy ny fianaranay no sarotra indrindra eo amin'ilay manetsa, kanefa mahafinaritra kokoa
ilay ankizy izany miresaka... ny ankizy tamin'ity izany, ny orientation première année, deuxième
année tamin'ity taona ity, hitako nanetsa par rapport ny isan-taona. Ohatra ny hoe nanana
ambiance kokoa izany dia nahafinaritra kokoa ilay nanao ilay asa na dia faran'izay mafy ary.
Manaraka koa izany, teo no nahitako ny resaka fety rehetrarehetra, na ny arbre de noël, na ilay
fety miaraka amin'ilay ankizy famaranana ny taona, nanao bal, fety niaraka amin'ny mpiasa sy
ny karazany, dia nisy hoe fifanakaikezana kokoa izany, dia tena marina mihitsy izany ilay
voalaza hatramin'izay teo no nampandini-tena hoe, marina ilay izy, hoe ilaina ilay mihosina,
ilaina ilay miaraka amin'ny fotoana izay maha-mety azy, ary mijoro foana ianao amin'izay hoe
mpanabe foana na dia hoe any anatin'ireny tanora sy zavatra iainana ireny izany.
Arthur/ Ho ahy indray izany nandritra izay iray volana izay dia teo aloha ny fiainana ilay hoe
fady, hoe niainana izany ilay izy eo amin'ny fiarahamonina sy ny manodidina ilay fandresen-
dahatra azy. Izay aloha no voalohany eo amin'ilay fady. Dia teo koa... asa angamba na
vokatr'ilay fandinihana ataontsika fa raha vao misy zavatra miteny kely dia hoe izay ilay
205
kolontsaina izay, dia mila fanazavana izany...ilay... mila fanamboarana haingana izany ilay...
sain'ilay olona na ilay fiarahamonina izay nisy noresahana, hoe ireo dia ohatra izao, nohazavaina
teo ilay izy. Izany hoe fandresen-dahatra izany amin'ny ankapobeny. Dia mandritra izay iray
volana izay koa dia isika koa nijery an'ilay œcuménisme, dia nisy tanora anankiray niresaka, dia
nisy olana tamin'ny fianakaviana izay œcuménisme izay, ary tena niverina avy tany amin'ny
vacances izy, ary tsy nampoiziko mihitsy ilay izy, ary azo lazaina hoe nahafinaritra fa niverina
avy any izy, tena rehefa noresena lahatra ilay izy hoe : ilay œcuménisme tsy misy zavatra ratsy
io, fa zavatra anankiray ihany io no miparitaka avy eo mitambatra ho anankiray indray, dia
niverina avy any izy tena faly be fa lasa tamin'ny taom-baovao izahay mianakavy hoy izy lasa tsy
niady, tsy ni-bal izany, fa lasa taom-baovao fiaraha-mivavaka izany no nisy tao anatin'ilay
tokantrano, dia niravona tamin'izay ny disadisa rehetrarehetra hoy izy, dia izy sady faly, izaho
koa naheno an'ilay izy ohatra ny tonga dia faly be satria angamba hoe nahomby ilay fandresen-
dahatra sy ny vokatr'ilay hoe niainantsika nandritra izay iray volana sy ny fifampizarantsika
rehetrarehetra nandritra ny nanombohantsika ilay... ity zavatra ity satria nifangaro tao
daholodaholo na ny kolontsaina, na ny fady tamin'io tanora anankiray io.
Mimique/ Ny ahy izany ny tena niainako tamin'iny dia ilay fahasahiana manolotra soso-kevitra
izany. Ohatra ny hoe nisy fotoana izany nifampiresahanay sy i frera Ginno dia nanolotra soso-
kevitra taminy aho, nisy fotoana koa nihaonana tampoka tamin'i mompera économe, dia tonga
dia sahy niresaka taminy aho tamin'ilay resaka ohatra hoe resaka vary. Dia rehefa niresaka
tamin'ilay olona ianao izany, dia nomeny andraikitra, dia tonga koa dia sahy, tonga dia tsy
nisalasala fa tonga dia nandray ilay andraikitra izany teo amin'ilay izy fa ny tsapako fotsiny teo
amin'ilay fandraisana andraikitra izany dia mila fanomanana foana izany ny ahy hoe ny zavatra
hitako, hoe io saina io izany rehefa mandray andraikitra, mila miasa hatramin'ny kely indrindra
izany, mitady ny sakana mety hipoitra amin'ny zavatra na dia hoe kely indrindra ary izay ny
zavatra hitako dia ilay fanomanan-javatra mialoha, fanomanan-javatra mialoha miaraka ny saina
mikarokaroka izany, izay izany ny zavatra tena hoe hitako, dia teo amin'ilay hoe fiaraha-
misalahy ny rehetra. Nahafinaritra mihitsy izany tamin'iny faramparan'iny taona iny ilay fiaraha-
misalahy dia ny ahy izany ny zavatra niainako tsy dia nanalavitra ny niainan'i Jacques sy i Hery.
206
Marie/ Ny anay indray, tato... izaho moa anisan'ilay hoe commission des fêtes ihany na dia...
dia tafiditra amin'ilay préparation. Ianao izany raha ohatra hoe tafiditra hoe nomena andraikitra,
na tompon'andraïkitra, dia tsy hotazominao irery izany ny andraikitrao, fa tsy maintsy manao
répartition amin'ny zavatra rehetra. Izany hoe indrindra indrindra izany hoe tsy hoe groupe kely
izany fa tena hoe groupe élargi mihitsy no hanaovana ny répartition mba hahatongavana any
amin'ny objectif, ka raha ohatra hoe misy zavatra hatao, ny tiako dia hoe ny hahafa-po ny rehetra,
ny hahafaly ny rehetra amin'ny zavatra niaraha-nanomana. Iny izany no tena hoe tanjona raha
ohatra hoe misy asa atao na amin'ny asa inona io na asa inona. Dia tato amin'ilay hoe resaka fady
dia nampianatra septième aho tamin'io andro io, dia sendra... ohatra ny nisy resaka kely hoe
izahay madame nihinana osy. Dia tonga aho dia... efa tadidiko hoe nihinana osy tokoa moa ireto.
Dia lasa aho hoe ilay expérience niainako izany no tsy maintsy navoaka tamin'ny ankizy,
nanazava izany aho hoe, nanome ilay raison hoe : iza no fady osy ? Fanontaniana voalohany dia
roa no nanangan-tanana. Inona ny voka-dratsy tao amin'ny vatanareo fa fady osy ianareo ? Dia
hoe... an ! an ! Nisy ve ? An ! an ! Nisy masaka ny aty vava ? An ! an ! dia ahoana ? Dia avy eo
nanazava hoe izahay izao taloha fady voankena dia nanontany ray aman-dreny tamin'izay hoe :
fa nahoana no fady voankena ? Dia nanontany aho dia nanazava ny mpianatra hoe fady voankena
satria ny voankena izany dia mamoa izany, dia dorana eo am-pototry ny hazo mamoa, dia rehefa
tonga ny fotoana fandrotsahana dia tonga voa. Ohatra ny manga, eo am-pototry ny manga. Dia
fady voankena satria ahitana soa io zavatra io dia fady an'io, kanefa hoy aho, isika amin'izao
fotoana izao, isika efa miaina ny taonjato efa mivoatra dia na aiza na aiza alehanareo mety hisy
osy io zavatra hohaninareo io. Ahoana no fomba ahasakananareo hoe misy voankena ity zavatra
hohaninareo ity ? Tsy misy fiantraikany izany rehefa tsy misy fiantraikany amin'ny vatanao io
zavatra io dia hano. Dia tapaka teo ilay izy satria tamin'izay izany dia ohatra ny hoe resy lahatra
tamin'izay ny ankizy. Dia tsy maninona izany raha mihinana osy ? Tsy maninona ho aho, hano !
Rehefa tsy marary dia mihinana. Dia izay ihany. Fa raha ohatra hoe misy marary dia manatona,
dia izay. Dia ohatra izany... dia ohatra hoe dia tao amin'ny izay maika koa Njiva, hoe sao dia
misy osy io tamin'ny alarobia, sao dia misy osy io ? Dia hoy aho mantsy an'i Njiva : izao fotsiny,
rehefa misy osy io dia mihinana tetracycline, afaka ny vainao raha misy vay ianao. Dia tsy
fantatro na nihinana ihany izy teo na tsy nihinana ? Tsy fantatro...
Hery/ Mbola nanontany izy tao an-dakozia.
207
Marie/ Mbola ni-confirmé tao an-dakozia. Dia hitako fotsiny hoe rehefa misy zavatra hatao izany
amin'ny zavatra rehetra dia hoe tokony mba hijery an'ilay point positif an'ilay zavatra hatao
izany ny olona rehetra. Dia ny hitako ihany koa izany hoe tato amin'ilay hoe fanomanana fety,
nisavoritaka mihitsy izahay hoe atao any an-tokontany, sa atao any an-trano. Dia farany moa dia
hoy mompera mba manana ianareo finoana ê ! Izany hoe manana finoana fa tsy ho latsaka ny
orana. Dia, ka izao anie fotoam-pahavaratra ê ! an ! an ! Hohitantsika eo ê ! Dia izay dia nijanona
teo... ohatra izay izany ilay expérience... nandritra ny...
Louise/ Ny niainako tamin'ny iray volana aloha izany, hitako lava be ilay tsy nihaonantsika aloha
voalohany indrindra hoe rahoviana ihany indray moa ilay hivory ? Izay izao no tena tsapako
ohatra ny manantena be hoe asa zatra ilay mifanakaikikaiky dia ohatra ny fieritreretako azy
ohatra ny hoe tapa-taona isika vao tafahaona ato indray. Ny dikany izany : mamy be ilay
fiarahana mivory, ilay mandinika zavatra ohatra izao mahafinaritra be. Dia tao anatin'izay izany
ny tsapako dia ilay resaka ambiance izany, hoe eo amin'ny tanora samy tanora izany, hitako izay;
mpampianatra samy mpampianatra dia mpampianatra sy ny mpianatra. Hitako hoe mahafinaritra
be izany izay fotoana izay izany. Ny fahitako manokana moa sy ny niainako izany, hoe izaho
miaraka amin'ny mpianatra, misy ambiance. Ny mpianatra izay ampianariko, hitako samy misy
ambiance entre ndry zareo izany. Nefa manampy an'izay koa, matoa tonga tamin'izay aho, izaho
koa nahatsapa fa isika ilay nivory tato anisan'ny nanentana ny hahatonga izay zavatra izay. Izany
hoe tsy hionona fotsiny hoe mivory. Fa isika tsy... tonga dia tsy misalasala aho izany miteny
hampisy an'ilay ambiance. Ohatra hoe anniversaire ireny izao : lasa fomba fahazarantsika
mifampiarahaba. Taloha tsy fantatro hoe anniversaire-n-drànona androany, an-drànona... ? Fa
izao lasa mahafinaritra ê ! Asiana calendrier, asiana tableau dia misy soratra hoe an-drànona
amin'izao, an-drànona, dia miara-tonga miarahaba ilay olona. Zava-dehibe izany ilay hoe
mampiseho ilay firaisam-po, firaisan-tsaina, ary izay zavatra izay izany hita mihitsy hoe izay ilay
fitarafantsika mpanabe eo anatrehan'ilay tanora satria ny fahitan'ny tanora izay firaisantsika izay,
dia mampisy akony lehibe eo amin'ny fiainan-dry zareo izany. Izay ambiance izay izany no tsara
tsy ho tapaka fa hihatsara hatrany. Dia ilay resaka fady teo moa, tsy hitako hoe misy lafy ratsiny
ny nanampohana azy, nefa misy lafy tsarany ihany koa satria raha tsy nanampoka ohatra izay koa
ilay tanora, efa niziriziry tamin'ny heviny hoe tsy hihinana. Dia inona moa no vokany raha
hohanina ilay izy ? Dia inona ilay nitranga ? Tsy nisy akory. Hahafahana mandresy lahatra ilay
208
tanora izany amin'ny finoanoam-poana sy ny zavatra rehetra, ary fantatra fa ilay hoe fady anie ka
mampijanona ny fandrosoana ê ! Ilay mbola fitazomana amin'izao hoe fady an'izao, fady
an'izao... Ny fantatra fotsiny dia hoe misy ny fady ara-tsiantifika izany, izay mahatonga ny
vatanao hoe tsy mahazaka ilay zavatra tsotra izao. Iny izany no zavatra hoe : tsy azonao lavina
iny ê ! Fa misy kosa hoe finoana hoe... izaho koa nanazava izay tao am-pianarana hoe misy hoy
aho izao, nitantara tamiko mihitsy hoe fady voay. Dia inona no mahafady an'ilay voay. Dia hoe
ny voay izany misy renirano be voay be, dia mazàna izany... nefa io lalàna tsy maintsy
hiampitàna, dia izay olona mita eo izany matetika raha sendra ilay voay dia lany, dia maty, dia
ilay olona anankiray izany hamonjy marary izy, dia ilay olona marary izany efa marary mafy,
nefa izy no handeha hitsabo an'ilay marary, dia nisy voay izany nipoitra teo fa tsy nihetsika, dia
avy hono ilay olona, dia ohatra ny hoe niresaka tamin'ilay voay izany hoe raha tianao ho avotra
ilay olona, izao zavatra anton-dia tsara no andehanako, dia mba tsy hohaninao aho. Izay izany no
teniny tamin'ilay voay, dia tsy nihetsika ihany ilay voay. Dia avy eo anefa ilay olona tsy nijanona
tamin'izay, fa nianika teo amin'ny lamosin'ilay voay. Dia mbola niresaka ihany hono ilay olona,
ohatra ny hoe niresaka tamin'ilay voay, dia nentin'ilay voay niampita izany ilay olona,
nentin'ilay voay niampita teny amoron-drano izany, dia faly be izany ilay olona mpitsabo io. Dia
avy eo voatsabo ilay olona, dia sitrana. Dia nanomboka teo izany ilay rangahy nametraka hoe
raha mbola taranako dia tsy hihinana henam-boay, ary tsy hamono voay, ary raha mahita voay
maty... raha mahita olona mamono voay izany dia handrara mba tsy hamono io voay io. Raha
ohatra indray ka efa maty ilay voay, tsy azony sakanana ilay olona, dia aoka anie hoy izy ny
akanjo eny an-koditrao mba androvito kely, dia ataovy ohatra ny hoe solona lamba mena,
apetraho eo ambonin'ilay voay. Tantara marina io izany. Dia nanomboka teo izany ny taranak'io
tsy nihinana voay satria nanavotra an'ireo ilay voay, satria izany raha tsy nisy ilay voay... raha
nihinana ilay voay, dia maty izy ka raha maty izy tsy nisy ilay taranany. Izay izany no nahatonga
azy hoe fady voay. Tantaraiko amin'ny tanora izany izay dia hoe ahoana ho aho izao apetrako
aminareo raha ianareo taranak'io rangahy io ? Ianareo ve hihinana ilay voay sa tsy hihinana ? Dia
samy nilaza ny heviny moa ny tanora hoe sarotra be izany madame, nanavotra ve dia hohanina ?
Nanavotra ve dia hovonoina ? Dia hoy aho tamin'ilay tanora hoe, raha ny hevitro indray ho aho,
isika izany tsy misy forcé fa avela tena hoe miaina malalaka izany ilay tanora, samy milaza ny
heviny. Ny hevitro indray izany izao no holazaiko, dia amiko izao raha misy hena azoko
hohanina eo, dia hohaniko aloha ilay hena hafa ho fanajako ilay razako teo aloha izany hoe mba
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nanavotra ilay razako angaha ilay voay fa ity misy hena, hohaniko ilay hena, fa raha tsy mahita
laoka hohanina aho, hohaniko ilay voay satria mahasoa anay koa ny hihinanako ilay voay. Izany
hoe nahasoa ny Razambeko ilay voay taloha, nanavotra ny razambeko, fa mahasoa ahy koa
ankehitriny satria mitondra nofo ho ahy. Izay no napetrako tamin'ilay tanora ho dinidinihin'ilay
tanora. Fa isika izany tsy tokony hoe borné be, misy ohatra izao, dia tsy maintsy izao, fa
halalinina ilay izy. Tsara foana izany mahafantatra ny antony hoe : inona moa izany no
mahatonga ilay fady ? Dia avy eo ianao mandanjalanja, mandinika hoe inona izany no fepetra
horaisiko manoloana izany ? Fa raha amiko dia izay hoe raha misy hena hafa azo hohaniko eo,
mba ho fitiavako, fanehoako firaisam-poko amin'ilay razambeko taloha dia hoe, an ! Ity henam-
boay ity, ny razamben'ity voay ity nanavotra ny razambeko, dia mba hajaiko, tsy hohaniko, fa
mihinana an'ity aho. Fa raha tsy misy laoka afa-tsy io, dia hohaniko am-pilaminana, hohaniko
ihany ianao ry voay fa hahasoa ahy, ho lasa nofoko ihany ianao. Izay no nametrahako azy moa
izany.
Olivier/ Zavatra be dia be moa no efa nivoriantsika teto, ary ilay izy tsy voatery hoe ny sixième
ihany no nihinana fa tany amin'ny début dia efa ambiance be ny' antsika mianakavy dia ny
ambiance koa ny any amin'i Clairvaux, ka ny tena tsapako izany aloha dia eo amin'ny resaka
système préventif, ilay... tsy vita na... ohatra mitovitovy amin'ilay notenenin'i madame Marie
hoe tsy vitan'olon-tokana ny système préventif fa tsy maintsy mi-créer foana ianao ilay groupe sy
ilay vondrona mpanabe sy ilay... inona moa izany ny filazana azy hoe ?... Communauté
éducative izany, tsy maintsy mi-créé an'izay foana hoe mitatra mankery fa tsy hoe izaho,
mahalala ilay izy aho, izaho mahatsapa ilay izy, dia izaho no miaina ilay izy, ka tsy manaparitaka
na manao izay hiainan'ny hafa an'ilay izy na manao organisation mifanaraka amin'ilay izy.
Maromaro moa no efa niteny an'izay angamba teo. Izay aloha no zava-dehibe. Dia ny iray, eo
amin'ilay resaka œcuménisme, mbola misy koa ny finoanoam-poana sy ny fady fa tsy ho
teneniko, fa ilay œcuménisme : nametrahan'ny zanako fanontaniana aho fa ny resaka krismasy
mantsy, ilay nisy resaka tao amin'ny télé hoe tsy hankalaza ny krismasy izahay, ary ny didy folo
mampahafaty ilay izy hoy izy, tsy tadidiko tsara... Ka tena mifanohitra be amin'ilay zavatra
hiainana izany, dia ahoana ?... Izaho izany nanazava hoe raha ny vingt-cinq desambra, tsy
possible ny amin'ny andro misy fanala be no teraka any anaty tranon'omby i Jesoa satria tsy
hahazaka ilay hatsiaka izy. Marihana fa izy tena olombelona fa tsy hoe mody olombelona, fa tena
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olombelona izy ka raha nisy hatsiaka tany, tsy nahazaka izy fa io ilay daty tsy fantatra marina fa
vinavina io izay hoe fetin'ny masoandro. Kristy mitovy amin'ny masoandro, dia izay no
nohazavaiko taminy. Dia ilay izy izany ohatra ny taitra ilay zanako nanao hoe, tsy vingt-cinq
décembre marina ve izany ny anniversairen'i Jesoa ? Ohatra taitra kely izy, dia niato kely. Dia
ilay fanazavana nomeko ohatra ny tsy ampy azy. Izay angamba no azoko lazaina fa araka ny
teniko teo hoe be dia be ilay izy fa ny fady sy ny finoanoam-poana angamba tsy hiteny aho fa
hohitantsika eny ihany.
Solofo/ Ho ahy izany nandritra izay fotoana izay ihany koa dia hitako somary ela ihany ilay izy.
Ela ihany ilay fotoana nivoriantsika dia tao anatiny koa moa izany, karazana sasin-teny ihany ity
ataoko ity, ny fitaintainana miandry ity taratasy ity hoe ahoana ihany ? Satria somary nisy olana
kely ny fahazoana azy. Efa tamin'ny alarobia mihitsy vao azo ilay taratasy, dia efa tamin'ny le
neuf ilay izy no tonga tamin'ny e-mail, fa tamin'ny alarobia ilay izy vao azo. Dia ny zavatra
niainana tao anatin'izay izany dia nijery hoe ahoana marina moa no ifandraisan'ireto trois piliers
ireto ? Satria raha ny ankamaroan'ny formation na fiofanana efa natao hatramin'izay dia
miompana be dia be amin'ny resaka hamamiam-pitiavana foana ny formation efa natao betsaka
izany, ny resaka amorevolezza, amorevolezza ohatra izay ilay izy. Dia avy eo rehefa tena nahita
isika ilay hoe ndeha hohalalinintsika kely ny resaka ny raison sy ny religion, ohatra ny hoe ny
karazany nampifandray an'ilay izy, ary moa izany dia hoe : ahoana marina ny fomba
hampifandray an'izay ? Ny fijeriko azy izany hoe... raha miteny aho izany hoe hamamiam-
pitiavana, izay ilay toetra entina miaina amin'ilay... ilay toetra izany izay entina miaina
amin'ilay système préventif, ny raison, dia ilay saina manao analyse. Izany hoe ilay analyse hatao
izany. Dia ny religion moa iny ilay fiainana andavanandro mihitsy hoe fiainam-bavaka. Dia
mieritreritra aho hoe raha olona miaina amin'ireo izany na dia... tsy antsoina hoe olona ao
anatin'ilay... inona ilay nolazain'i Papa ilay groupe kely teo ?... Communauté éducative, ary ilay
izy fa miaina amin'ireo ilay anona ireo. Izaho izany mahita fa misy olona miaina ao anatin'ireo
zavatra ireo, fa tsy mahafantatra hoe système préventif ity atao ity. Misy olona miaina ao
anatin'ireo, dia izaho izany mandinika hoe resy lahatra aho izany amin'ny ilay resaka hoe azo
iainana ilay izy, système ilay izy, fa tsy finoana ilay système préventif, dia mahita koa aho
amin'ny resaka œcuménisme izany, niresaka tamin'ny tanora aho, tanora ao amintsika izany.
Hitako ao amin'ny deuxième année fer izany, hitako tena œcuménique be ilay kilasy. Misy
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anglikana, misy protestant, dia misy katolika. Kanefa ny fomba fiainana ao amin'ilay izy dia tena
hoe tsy misy fanilikilihana, tsy misy zavatra anona ohatra izay izany, fa dia tena mifanaja
mihitsy. Mifaneho hevitra ohatra izany mihitsy hoe izahay protestant, izahay fa ohatra izao ;
izahay anglikana fa ohatra izao, izao dia nefa tsy misy fifanaratsiana izany. Taloha mantsy ohatra
izay ny endriky ny fisehoan'ny œcuménisme : fifanaratsiana sy ny anona ohatra izay, fa tena hita
hoe misy firaisankina indray ao anatin'ilay izy. Dia nahita, namaky boky koa moa izaho, boky
navoakan'ilay pasitera spécialiste amin'ity œcuménisme ity, pasteur Rabeatonina James, dia ny
boky farany navoakany mikasika ny œcuménisme, dia izao no titre an'ilay boky hoe : tratra ny
tanjona, dia hita ao anatin'ilay boky izany hoe raha ny œcuménisme malagasy eto Madagascar,
hiaina amin'ny finoana kristianina, dia hatreo ny tanjona. Hatramin'izay dingana vita tao
anatin'izay anona izay izany no tanjona fa tsy afaka mihoatra an'izay intsony aloha izany isika
hatreto. Izay no fahitako ilay izy. Dia mikasika ny fady dia teo moa izany ilay hoe raha te-
handresy lahatra ny hafa dia izaho aloha izany mila resy lahatra, dia nandresy lahatra ny tenako
aho ny amin'ny karazana fady maromaro hoe ara-tsiantifika, sns... expérience sy ohatra izay, dia
resy lahatra aho, dia avy eo nandresy lahatra ny tanora ihany koa mikasika ny resaka fady osy iny
hoe... no somary resabe, rànona nandeha dia nanazava tamin'ny tanora aho, satria izahay koa,
ohatra izay... dia hoe taranak'Ambohimanarina fady osy. Na tanànan'Ambohimanarina fotsiny
aza vao hiakarana osy, dia tena misy rambon-danitra moa no ilazàna azy, ary tena misy
hatramin'izao izany, fa mbola tsy voazava ara-tsiantifika moa, fa izaho nihinana osy, dia mbola
tsy misy vay aho tao, tsy nihinana tetracycline (rires ).
Louise/ Ianao niditra amin'ny tanànan'Ambohimanarina, tsy maninona ?...
Solofo/ Nisy fotoana talohan'ny krismasy izany nanao excursion tany Ambohimanga izahay,
niaraka tamin'ny ankizy katekomena tao aminay, ankizy noraisina tao, dia nanasa anay ry zareo.
Ny laoka nentinay efa-mianaka tena saosisy mihitsy, teny Ambohimanga... fa izahay mbola ireto
foana izahay hatramin'izao (rires). Lasa afaka efatra mianaka...
Dia misaotra antsika rehetra amin'izay partage izay fa miditra hihaino ny tatitr'i madame Marie
isika tamin'ny fivoriantsika farany.
212
Marie/ Tsy teneniko angamba ny fandaharam-potoana fa tonga dia fizotran'ny fihaonana no atao:
natomboka tamin'ny vavaka ny fihaonana, ka rehefa vita ny fifampiarahabana dia nomena anjara
fitenenana fohy ny rehetra hilaza izay niainany. Tao ny niaina ny antson'Andriamanitra tao
amin'ny tsirairay, nandinika izany indrindra teo amin'ny asam-panabeazana niandraiketany avy
sy ny fivoarana nisy tao amin'ny tenany. Nifandray kokoa teo amin'ny asa, satria asa iray ihany
no iaraha-manatanteraka. Niezaka ho modely eo amin'ny fitiavam-bavaka sy ny asa hafa, toy ny
fety. Nampisy ambiance teo amin'ny asa niraisana. Niroso tamin'ny fandinihana ny système
piéventif avy eo ny fotoana. Ny finoana, tsy eto an-tany ihany no fiainana hoy i Don Bosco, fa
any am-paradisa koa. Mila fiomanana io fiainana io, mila fampianarana manokana toy ny
katesizy. Miasa betsaka ny fandresen-dahatra amin'ny fialana amin'ny finoanoam-poana toy ny
fady. Mila fanaporofoana ara-tsiansa aza indraindray, ary mampiasa ny pédagogie active.
Miendrika arofanina na balises ny mpanabe eo amin'ny système préventif, ka manampy ny
tanora hamonjy ny fanahiny, hiala amin'ny loza sy ny ratsy. Tsy mifidy finoana ny système
préventif, ary tsy manelingelina ny finoan'ny olona. Andriamanitra tokana no inoana. Raha
mpanabe afaka manaraka ny fiainan'ny Centre dia ekena. Mpanabe mivavaka, tia vavaka, afaka
mamporisika ny tanora hivavaka. Afaka hijoro ho modely. Raha jerena ny lohahevitra faharoa,
dia miompana amin'ny hoe tahotra ny vehivavy hiteny manoloana ny pretra salezianina na ny
vazaha. Toe-po sy arakaraka ilay vehivavy io satria hita fa misy ny sahy, misy ny miahotra. Mety
noho ny colonisation na fanjanahantany taloha koa io nefa, satria tao ny hoe mataho-bazaha.
Misy araka ny tenin'ny sasany fa ilay pretra vazaha mihitsy no tena efa manambany ilay
vehivavy sy ny olona. Na dia izany aza dia mila vehivavy sy asam-behivavy, vehivavy reny tena
izy ny tanora ato amin'ny Centre. Nofaranana tamin'ny teny fohy ny lahadinika ka tsapa fa tsy
ampy ny fotoana. Mbola mangetaheta fitenenana sy adihevitra, indrindra amin'ny vokatry ny
fandalinana lalina nataon'ny isam-batan'olona. Tapaka fa ny zomà, androany izany, no atao ny
fihaonana farany fahafito sy fahavalo. Dia toy izay sy toy izay ny tatitra.
Solofo/ Misaotra an'i madame Marie. Asa raha misy hadino sa ao daholo ihany ? Misy ampiana ?
Jacques/ Ohatra ilay paroles teo saika nitadidiako azy, notenenintsika tamin'izay dia ohatra ny
hoe : tsy ilay vehivavy ihany no matahotra miresaka amin'ilay salezianina fa misy groupe mihitsy
izany matahotra. Misy karazan'olona mihitsy izany matahotra miteny direct amin'ilay
213
salezianina. Dia nampian'i monsieur Louis moa, azafady monsieur Louis hoe efa nisy mihitsy
zavatra taloha nahatonga izay antony izay hoe teo ilay fanambaniana, teo ilay tsy fanajana, fa tsy
ilay vehivavy ihany.
Marie/ Loe-po sy arakaraka ilay vehivavy na ilay olona izany no tokony.
Solofo/ Eny àry ! Raha mijery moa izany isika ilay lahadinika ao amintsika io dia misy an'ilay
hoe ilay paroles izany, dia iny izany efa voaresantsika ihany tamin'ny voalohany, dia raha mijery
eto amin'ny ora hananantsika izany satria ireto koa misy an'ilay sujet vaovao sy ilay anona
farany ity, dia nieritreritra aho hoe tonga dia dinganintsika ilay paroles fa hiditra amin'ilay
système préventif sy ny économie isika. Manao ahoana ny hevitrareo tonga... ?
Marie/ Izaho ohatra ny mbola mahita hevitra kely mikasika ilay hoe paroles, indrindra ny
vehivavy, dia mikasika ny culture izany no hidirako kely amin'io. Ny tamin'ny fomba izany,
fomba fitaizana malagasy taloha, araka ny fandinihako, dia tena tsy natao hiteny mihitsy ny
vehivavy. Tsy natao hiteny mihitsy ny vehivavy fa ny lehilahy mihitsy no nomena tombondahiny.
Antony maromaro no nahatonga izay : lehilahy izany hoe handimby ray izy, hamelo-maso ny
tanindrazana ho loham-pianakaviana, fa ny vehivavy mpanaraka, mpanaraka, mandeha
manambady. Dia ohatra ny hoe napetraka tamin'izay. Dia nataon'ny vehivavy izay, dia nanaja ny
anadahiny na be taona àry izy, nanaja ny dadatoany na be taona àry izy, dia ireny no nomeny ny
fitenenana, kanefa nisy ny vehivavy niteny ary nitondra ny firenena izany, tahaka an-
dRanavalona sy Rasoherina nasondrotry ny fiaraha-monina indray izy na nasondrotr'ilay hoe
maha-andriana azy izany dia hoe nisolo, lasa nitondra, dia ny apetrako amin'izay izany dia hoe
rehefa manana compétence izany ilay vehivavy, indrindra indrindra, dia miteny. Rehefa manana
ilay savoir izany, savoir-faire indrindra indrindra, dia ilay savoir-être dia lasa miteny izy, dia iny
dia lasa nihaniova, dia mandraka ankehitriny izany ny vehivavy manana io fomba io, manana io
sy niala tamin'io fomba taloha hoe izahay koa ange afaka mitondra, afaka misolo. Dia aty aoriana
koa izany, rehefa maty vady koa ny vehivavy dia tsy maintsy niteny izy fa raha mbola eo ny
vadiny, tsy vehivavy no miteny eo am-pamangiana fa ny lehilahy, ohatra hoe famangiana sanatria
an'izany. Dia toy izany izany ê ! Mbola izy ihany izany no mitana ny loham-pianakaviana fa
rehefa hoe voatery izy, na nasondrotra, na haneho ny fahaizany dia mandray ny fitenenana, izay.
214
Solofo/ Resaka autorité izany ?
Marie/ E. e (eny) na autorité na andraikitra na ny... izay izany.
Monique/ Manampy kely an'izay fotsiny aho, ao amin'ny Centre koa izany izay zavatra izay tena
hita hoe misongadina be mihitsy hoe iza ilay vehivavy, raha vao ohatra hoe ampianao izy izany.
Ny vehivavy izany, ny vehivavy rehetrarehetra tena mitaky fampivelarana azy. Dia mila
fanohanana, fanohanana lehilahy izay manodidina azy. Ao izany ilay hoe fahaizana ao anatiny.
Fa eo amin'ilay hoe nasondrotry ny fiarahamonina, dia ao amin'i Clairvaux izany tena hita
mihitsy hoe raha misy vehivavy izany ohatra hoe... hita hoe somary ohatra ny nomena
andraikitra izy, dia ohatra ny hoe somary notohanana tamin'izay, dia manomboka... na dia tsy
mahasahy miteny àry izy, fa izay fanohanan'ny lehilahy manodidina azy, famporisihan'ny
lehilahy manodidina azy izay, nahatonga azy mihasahy dia mihanivelatra. Mihamampiseho ny
tsara ao aminy izy. Ohatra fotsiny izao hoe ity misy tantara iray ohatra hoe hafaliana be mihitsy
ho an'i frera Ginno nanome andraikitra an'i Hoby. Hoe i Hoby no omeko andraikitra nanadio, ny
inona izany ny... ?
Solofo/ Salle de prof sy bureau...
Monique/ Tena ohatra faly izy hoe tena hita mihitsy fa mivelatra, misy zavatra ao amin'ny
vehivavy fa tsy asehony, lasa mivelatra izy rehefa nomena ny andraikitra. Jereo madame Louise,
andraikitra iray ngeza be mihitsy no nomena azy mahasahy miteny. Madame Marie tena omena
ilay hoe andraikitra izy dia.... Fa misy vehivavy ao izany, misy zavatra hitako mihitsy ao amin'i
Clairvaux ary amin'ny vehivavy rehetrarehetra misy hatsaran-javatra, hakanton-javatra ao aminy
ao fa ilay izy efa tsy sahy miteny dia ilay fomba entina hoe hanampiana azy koa ohatra ny mbola
tsy hita dia lasa mikombona ao izany ilay izy. Ohatra izay ny fahalalako azy...
Diego/ Efa hitanareo taloha niasa, nisy masera niasa tamintsika, rehefa izy ireo niala, nisy
fiantraikany ve ? Izany hoe rehefa lasa ny masera, ny vehivavy mihena, mihemotra. Amin'izao,
tsikelikely izy ireo mandray anjara kokoa, na sa tsy misy izany ?
215
Monique/ Misy ka, ohatra resahina ny tamin'ny évaluation izao, hita vokany be eo amin'ny
ankizy izany ny tomba fitafin'ny ankizy. Ny ankizin'ny Centre mitafy araka izay tiany, fa taloha
masera tena mahavatra mihitsy, tena miteny, ohatra izay.
Diego/ Amin'izao ianareo manomboka misolo ny asan'i masera ?
Intervenants/ E. e (eny).
Monique/ Misolo ny asan'i masera dia nanontaniana tamin'ny évaluation hoe ny vehivavy ve
mba mandray andraikitra mba miteny ny ankizy ? Hay tena miteny mihitsy izany ireo vehivavy
ireo tena misy mandray andraikitra, miteny amin'izay mahasoa ny tanora.
Diego/ Noho izany raha azoko tsara, ny fialan'ny masera mahatsara ny fandraisan'anjaranareo
kokoa.
Intervenants/ E. e (eny).
Monique/ Fa tamin'izy vao niala, nisy olana, fa izao vao, izao...
Diego/ Satria tsy ao izy ireo, ianareo afaka mandray anjara kokoa.
Intervenants/ Voatery, voatery...
Marie/ Satria tsy mahazaka ilay zavatra...
Diego/ Satria safidy koa, safidy.
Intervenants/ E. e (eny)... noho ny zava-misy... voatery... (commentaires).
Jean/ Mbola misy resahako kely amin'ilay la peur de parler aux salésiens. Izy ity izany, ny
niresahako an'io dia ny... ankapobeny moa izany hatramin'ny hoe ilay fiantraikany... nefa izao
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ho milazalaza kely ihany, ny antony moa izany nisy ilay hoe fanjanahantany, sns, sns... Misy
salezianina nanimba... somary hoe nanao fihetsika manambany izany, fa angamba ihany koa ao
anatin'ilay izy tokony hoe andraikitra omena mivantana ny olona tsirairay, mba hahafahany
miroso amin'io zavatra io satria, ny olana mantsy araka ny noteneniko dia ny olona zatra efa
manana andraikitra mazava izany no lasa... tsy maintsy ihany koa angamba... tsy maintsy
mifandray bebe kokoa amin'ny salezianina. Dia avy eo mety manana tendance ny olona tsy
manana andraikitra kokoa, mampita foana hoe ianareo no akaiky ao, ary io zavatra io avy eo misy
lafy ratsiny satria nisy fïsehoan-javatra mandrara... ireo olona ireo indray avy eo no lasa toy ny
hoe... omeko ohatra mazava izany, ohatra hoe amiko izao... angamba mety vokatry ny fihaonana
matetika, na fifampiresahana amin'ny mompera tompon'andraikitra, dia mety tafiditra hoe
mpandrava firaisankina, tsy te-hiray ao anatin'ny mpiasa izany, ka izay zavatra izay no ataoko
hoe mitaky andraikitra ihany koa amintsika ilay efa zatra miteny, mampahafantatra ny olona
amin'ny zavatra misy. Izay izany...
Olivier/ Miteny kely, hiresaka momba ity ilay hoe la parole de femmes, io tsy dia azoko tsara
hoe : la parole de femmes hoe : ny vehivavy ve no tokony hitondra teny ve ? Sa maneho ny
heviny ve, sa mitarika soso-kevitra ? Tsy azoko tsara ? Fa mandinika ilay voalazanareo teo aho,
ny momba ny niainako an'ilay hoe miresaka amin'ny salezianina hoe matahotra miresaka
amin'ny salezianina, efa nisy nitenenako an'izay tany amin'ny interview, fa ny ahy izany ny
mahatonga ilay hoe izaho tsy sahy miteny indraindray na hoe matahotra miteny, raha milaza ny
hevitro aho, ka misy manohitra ilay izy, ka manohitra izy ka tsy hainy ny maneho ilay izy
arakaraka ny fisainako, ilay teniko, dia tohina kely izany aho, ary tsy afaka mihoatra an'io. Tsy
hitako izay fomba hihoarana an'io izany, na amin'ny salezianina izany, na amintsika rehetra koa
àry izany. Raha miteny aho izao, milaza ny hevitro, dia mety ilay olona mamaly ilay izy, avoavo
kely ny feony na teny henjakenjana no navoakany, na dia malefaka aza ny feony, dia tsy
voaresako aminy intsony avy eo, ka raha tratran'izay zavatra izay amin'ny salezianina, niainako
hatramin'izay izany, dia mihemotra foana aho. Ka mahatsiaro ilay tenin'i Jean teo aho izany dia
hoe : na dia ao aza izay zavatra izay dia tokony hiezaka, ary tena hitako fa tsy mety mihitsy ilay
hoe : ianareo mba akaikin'io fa mandehàna teneno ity, lazao ity. Fa miverina tamin'ny teniko tery
am-boalohany aho hoe : tokony hiaina an-kalalahana, afaka mifandray mazava tsara ny
rehetrarehetra, groupe ilay izy fa tsy ny tsirairay hoe : izaho ve mivory matetika kokoa ? Na izaho
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chef secteur na izaho efa tranainy dia izaho foana no tokony hiteny amin'i mompera sy hiresaka
amin'i mompera sy hifandinika ny zavatra rehetrarehetra. Tsy tokony ho izay ê ! Tokony hanana
fahafaha-miteny sy mifanakalo hevitra malalaka tsara daholo ny rehetrarehetra, fa tsy mety
mihitsy ilay hoe ianareo no akaiky any ka teneno ity izao no tokony hatao fa tsy izao no atao. Dia
manjary misy, ohatra hoe misy... ilay tenin'i Jean hoe mpandrava laka. Io tsy mety fa izao, izao,
izao, io no tena mpanimba ny anona ao, dia tahaka... Hitanareo tamin'ny resaka, inona moa izy
teo ? Ilay resaka grève saika nipoaka tamin'i Clairvaux hoe ireo chef secteur ireo, azonareo izay ?
Satria ilay olona rehetrarehetra izany nisy tsy afaka niresaka mazava tamin'i mompera hoe : izao
ange ity, izao ange ity. Nanana ny hevitra nampalahelo azy izy, tsy tafaresaka amin'i mompera
izy. Dia noho isika izany, nanankinana ny andraikitra dia hoe izao, izao, dia hoe andeha aloha
hifanakalo hevitra kely, dia hoe an ! an ! an ! Tsy raikitra rangahy io â ! Tsy lasa rangahy io, isika
tsy dia anona amin'io, isika sahala amin'izao, dia inona no niafarantsika ? Ireo no tena
mpandrava efa, ireo no mpandray vola anona kokoa, ireo no izao, izao. Ka izay no noteneniko
tamin'ny voalohany teo hoe tokony hozarintsika ilay olona manodidina antsika hahay hifanakalo
hevitra, fa na izaho àry efa noteneniko teo, fa izaho manana kilema amin'io fa... na isika izao...
Henjakenjana kely ianareo miteny, dia ohatra ny miforitra aho. Dia raha vao tsy hitanareo izay
kilemako izay, dia mihena ilay relation-tsika.
Solofo/ Asa, manakory isika amin'izay anona kely izay ?
Marie/ Tohizana angamba...
Solofo/ Tohizantsika... Eny àry ! Miditra amin'ny sujet vaovao isika hoe système préventif sy ny
économie de financement. Izany hoe ny tena tiana horesahina eto izany resaka, tsy dia resaka hoe
karama na vola miditra na ohatra izany fa ny hoe manao ahoana ny vola ilaina izany raha resaka
hoe financement ao anatina système préventif. Ohatra izany manao tari-dresaka aho hoe raha
mampihatra ity système préventif ity araka ny zavatra hita ao amin'ny Centre, dia mila
hatramin'ny hoe sept cent millions mandritra ny herintaona. Asa, raha azonareo ilay zavatra tiako
hahatongavana anatin'izay. Hoe io système préventif io izany raha mampihatra an'io isika mety
ve raha tsy maintsy hoe sept cent millions ve ao anatin'ny herintaona ? Sa ve hoe : azo
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ampiharina tsy misy vola ilay izy ? Sa tsy maintsy misy vola ilay izy ? Sa manao ahoana ny
lafiny, ohatra izay ? Tari-dresaka izay ahy izay, madame Louise dia...
Diego/ Azo lazaina koa manao ahoana ny fahitanareo ny fomba fampiasan' ny vola... azo
resahina koa... avy aiza ny vola ? Azo resahina koa ny fanazavana omena ny salezianina
aminareo momba ny vola. Inoana ny hevitrareo momba ny resaka... ny salezianina miresaka
aminareo momba ny vola, na tsy miresaka ? Manao ahoana ny fandraisanareo ity resaka ity ? Dia
secret ny resaka momba ny vola sa tsy secret ? Manao ahoana ny fomba fandraisanareo ny fomba
fanapahan-kevitra salezianina momba ny vola ? Ny fomba fampiasan'ny salezianina vola ? Na
ianareo mandray anjara momba ny fampiasana ny vola ? Ireto zavatra ireto mety hanampy ho
an'ny hafa koa.
Louise/ Ny ahy angamba aloha ilay resaka système préventif et économie, ilay hoe fomba
fisorohana mialoha izany eo, misy fifandraisany amin'ny hoe resaka ara-bola. Eto angamba dia
hoentiko amin'ny toe-tsaintsika malagasy ny fandinihana nataon'ireo ntaolo taloha hoe aleo
misoroka, toy izay mitsabo. Izay izany mifandray ihany amin'ny système préventif ao amin'ny
Centre izany izay. Dia ny fahitako azy, raisiko izany ohatra akaiky... aminay izany ohatra hoe
izahay manao fiompiana, dia rehefa manao fiompiana ianao mampianatra ny tanora resaka aretina
hoe ohatra izao ny aretin'ny biby, izao. Dia ao anatin'izay izahay mianatra ny resaka prophylaxie
médicale, izany hoe inona no fomba entina hisorohana ilay aretina ? Raha hoe amin'ny fiompiana
izany handraisana (?) ny resaka système préventif, dia ampianarina ny tanora mihitsy izany hoe
ilaina izany ny misoroka mialoha an'ilay aretina. Ampianarina azy ilay aretina, ampianarina azy
koa ny mitsabo ilay biby, hoe raha voan'ity aretina ity izy, inty ny fanafody vidiana, ity ny
zavatra ampiasaina, fa tsy mionona amin'izay fa ampianarina azy koa anefa ny fomba entina
hisorohana an'ilay aretina iny, izany hoe azo atao nefa ny misoroka ilay aretina. Izany hoe ilaina
izany ny mahalala hoe izao no itsabôana azy. Fa ny zava-dehibe dia indrindra indrindra fa
fantany hoe azo atao dia azo atao tokoa ny misoroka. Amin'io misoroka an'ilay aretina io izany,
mba tsy ho tonga. Mbola misy ihany koa ny fanafody ampiasaina. Azonareo ilay izy ? Misy izany
fitsabôana, dia misy ihany koa ilay fanafody itsabôana fa misy ihany koa fanafody fisorohana
mba tsy ho tonga ilay aretina, dia eo izany hitan'ilay tanora mazava tsara, ary ampianarina, ary
fantany fa na samy mampiasa fanafody, ary hafahafa kokoa ilay mampiasa fanafody misoroka
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dieny mialoha satria mora lavitra ny vola miala amin'ilay manao vaksiny. Ilay vaksiny moa izany
no antsoina hoe fanafody fisorohana mialoha, noho ilay hoe : efa marary ilay biby, vao mividy
fanafody ianao hitsabôana. Lafo be izany amin'iny, satria na ny sainao miasa, marary ilay biby,
ny vola miala, fanafody miala, ny fotoana hitsabôana azy, ary matetika mety tsy ho voatsabo
amin'ilay fanafody izany ilay biby rehefa marary izany. Tsy voatery hoe marary ny biby dia
hotsaboina dia ho sitrana. Ohatra antsika olona koa izany. Tsy voatery hoe ho sitrana indraindray.
Mahafaty an'ilay biby mihitsy izany ilay aretina noho ilay hoe : tsy fisorohana dieny mialoha.
Izany hoe raha itarina izany ilay izy, manao fisorohana mialoha ianao, miala vola amin'ilay
vaksiny fa mora kokoa matetika, tsy matetika, fa izay mihitsy mora, mora ny vaksiny noho ny
tena fanafody fitsabôana, raha ho sitrana ary ilay biby fa raha tsy ho sitrana dia mety maty
mihitsy. Izay izany no hitan'ny tanora izay. Dia amiko izany izay no andraisako azy hoe resaka
ara-bola aloha, tsy misy ohatra ny manao système préventif mampihena kokoa ny vola mivoaka
izany, ny fampiharana ny resaka système préventif. Izany hoe économique kokoa, izany hoe aleo
manao système préventif, toy izay miaina amin'izao. Dia rehefa mitranga ny mitranga izay vao
mtkorapaka.
Jean/ Ny ahy moa izany mikasika ilay izy dia ohatra ny noraisiko ankapobeny, avy eo miditra
amin'ilay fifandraisana amin'ny salezianina izany. Dia ny nolazaiko ato amin'ilay resaka
économie izany. Ankapobeny ny fahitako azy ny salezianina tsy dia mamorona loatra ny zavatra
tsy misy, fa kosa mampiasa izay zavatra misy eo aminy eo izy, dia avy eo ataony izay hahafahany
mamokatra amin'ny zavatra izay misy eo. Ohatra izany ny toerana niaingana, ohatra raha
mieritreritra i Clairvaux aloha, dia ankapobeny miasa amin'izay zavatra, sehatra nisy teo izy
izany, dia niezahany ny hampamokatra azy, dia mitohy avy eo nefa satria amin'ny maha-
préventif dia miezaka izany mampijery lavitra ny tanora mba hahita ny tsaratsara kokoa. Dia avy
eo tonga hatrany amin'ny fanatsarana amin'ny fampiasana ny fitaovana tsara, tsara, fitaovana
raitra. Tafiditra amin'izany ny resaka trano, ny toerana hiasana, fitaovam-panabeazana ezahina
ho miha-arifomba hatrany hatrany. Izany misy lafiny ara-économie daholo mandeha amin'ilay
izy, ohatra ny atelier sy ny sekoly sy ny fanatanjahan-tena. Dia izany no tsoahiko ankapobeny dia
ilay tenin'i Don Bosco, araka i Don Bosco izany misy ilay hoe, ho ahy izany dia asa, mofo,
paradisa. Dia avy eo ny fahitako azy izany dia miainga amin'ilay projet. Ny projet ataon'ny
Centre no mahatonga ny financement ho bebe kokoa satria arakaraka ny vokatry avy amintsika,
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vokatry ny asa ataontsika no mahatonga ny bailleurs na ny mpamatsy ara-bola izany manohana
ny Centre. Dia io hitako be dia be tamin'ny taloha. Ohatra hoe ny fiaraha-miasan'ny fanjakana,
tazanay taty ny ministera isan-tsokajiny ireny, dia eo koa ny mpanao soa avy any ivelany, dia
misy mpanao soa avy eto an-toerana. Dia mikasika ny fampiasana ilay vola ao anatin'ny Centre
na ny ara-toe-karena, dia ny fahitako azy angamba arakaraka ny traikefan'ilay salezianina
mpitondra. Ny tiako holazaina izany hoe traikefa, dia eo ny fahaizany amin'ny maha-izy azy, dia
eo koa ny fifandraisany amin'ny olona maro any ivelany any. Dia ankoatra ireo moa eo mihitsy
angamba ny kolontsain'ny salezianina satria tena mahita... mahatsapa mihitsy aho tao anatin'ny
fotoana maromaro, izany hoe rehefa salezianina izao dia hafa kokoa ilay fomba fitantanana, ity
salezianina ity dia ity indray ny zavatra lehibe napetrany. Dia izy izany mametraka araka ny
laharam-pahamehana ilay fiheverany hoe lehibe amin'ny fanabeazana ny tanora. Omeko ohatra
vitsivitsy ianareo izany. Ohatra ireny resaka zava-maneno ireny izany. Misy salezianina, miteny
tainin'izany hoe : tsy io zavatra voalohany tokony hatao, fa mbola misy zavatra hafa tokony
hatao, dia tsy nikarakara fa taty aoriana nisy fotoana nahatongavan'i mompera Pietro sy i
mompera Diego, dia nanamboatra ny sonorisation sy ny resaka fikarakarana ihany koa ho an'ny
sport. Zavatra ohatra izay. Fa ohatra tamin'ny andro taloha, ohatra hoe : fanatsarana ny tanàna
ankapobeny any. Poulailler aloha izao no ataontsika, tamin'ny andron'i mompera Claudio sy i
mompera Erminio, samy manana ny heviny hoe laharam-pahamehana, fa hoe hanasoavana ny
tanora. Izay izany ny fahitako azy... dia raha ohatra zareo hoe fifampiresahana ihany koa,
arakaraka ny salezianina, arakaraka ny salezianina. Misy salezianina tsy dia tena tia hiresaka
an'izany, fa misy koa salezianina tena milaza mivantana hoe isika izao no loharanom-bolantsika,
izao no fampiasana ny vola, izao ity sy ity. Izay izany misaotra betsaka.
Marie/ Ny anay izany tonga dia resahiko hoe ny Centre izany mamokatra, dia ankoatr'ilay
fahaizana omena ny tanora izany, dia mamokatra ny ankizy, dia rehefa azony ny vola amin'io
dia, iny indray ampitomboina indray ny production, dia arakarak'ilay qualité avoakan'ilay ankizy
izany no itomboan'ilay production, dia io no ahafahana manao na mampihena ny vola mivoaka,
hita izany na amin'ny fambolena na eny amin'ny atelier, sns... Hitantsika izany fa tena hoe
miroborobo taty aoriana, indrindra indrindra ireo vola ireo. Iny izany ohatra ny hoe mametraka
sahady ilay tanora hoe ity asa ataontsika ity â ! Valorisé izany ity asa ataontsika ity. Tsy hoe
mijanona amin'ny fianarana fotsiny hoe théorie, pratique. Ilay pratique izany misy valeur, dia any
221
amin'ilay tena hoe valeur-n'ilay izy, ilay vision an'ilay hoe future n'ilay ankizy izany hoe :
ahoana izany no fomba hiainako rehefa hiasa aho any aoriana ? Raha en qualité tsara aho,
niamokatra... mety mahazo vola betsaka. Dia ny salezianina koa izany dia hita hoe manao budget
prévisionnel aloha ny fahitako azy. Dia avy aiza anefa ny vola rehefa avy eo ? Rehefa tonga ny
projet. Dia ny henoko matetika dia hoe avy any amin'ny Providence. Dia hoe... dia mandinika
aho dia hoe, io izany ilay fahasoavan'Andriamanitra, ilay fahasoavan'Andriamanitra tonga eo
amin'ny Centre. Ilay mpanao soa, na any ivelany io na eto an-toerana izany, dia izy ilay
manampy ny Centre. Io fahasoavan'Andriamanitra, na ilay fitiavan'olona na ilay fanampian'ny
olona io anefany, mila zavatra izany manaitra azy, mila hoe : mila déclencher-na izany ilay izy.
Dia ny hitako hoe mampi-déclencher an'azy dia hoe ny effort vitan'ilay ankizy, ny effort
vitan'ilay mpanabe sy ilay fi-conservé-tsika an'ilay hoe critère-n'ilay acceptation tena ankizy
mahantra fa tsy hoe zanaky ny mpanankarena aty dia atsofotsofoka eo mba hahazoana vola. Ny
effort vitantsika rehetrarehetra izany, iny no mitombo... no mampirotsaka ilay fanampiana. Dia
ao anatin'izay koa izany ilay hoe : performance vitantsika ihany koa ilay hoe : ohatra ny inona
ilay qualité an'ilay résultat ? Na avy amin'ny production izany, na avy amin'ny réussite scolaire,
ny réussite rehetrarehetra ireny izany. Ahoana koa ny fitantanan'i mompera ? Dia ny rapport
n'izy rehetrarehetra izay aloha, hitako ohatra ilay fanaovan'i mompera, indrindra i mompera
Diego moa ilay eo ambody ordinateur, fantatro hoe manao rapport izy izay, ho aiza ? Ho any
amin'ilay mpanao soa, hitohizan'izany fanomezam-pahasoavana avy any amin'ny olona
rehetrarehetra io. Vokany, vokatr'izay hoe économie stable izany no hitako hoe ao amin'ny
Centre, dia manana avenir tsara izany ny tanora, manana avenir tsara ny mpanabe sy ny mpiasa
rehetra eo. Raha voatazona tsara izany ilay fitantanana mahomby, ilay ezaka vita isan'andro
isan'andro, na dia amin'ny kely indrindra ary... dia izay. Dia izay ihany (rires)
Solofo/ Monsieur Hery et avy eo monsieur Jacques...
Marie/ Andraso aloha... misy fanampiny kely... dia ilay ohatra hoe ilay infrastructure, ilay biens
rehetrarehetra, ilay fananan'ny Centre rehetrarehetra, tokony hoe tsapan'ny tanora hoe izy ange
ka olona mandalo ny ao amin'ny Centre. Tokony izany hoe olona mandalo, fa raha mitandrina ka
mikajy an'io izy dia misy olona sahirana vaovao indray, handimby toerana an'azy aty aoriana.
Dia tokony hoe ho hi-rendre service an'ilay izy foana izany ny biens rehetrarehetra, dia misy
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lanamarihana kely izany atao hoe, tokony hoe ny fananan'ny Centre, indrindra ny sakafo indray
no resahiko kely eto... indrindra ny sakafo izany tokony ho fitaovana izany hanampiana azy,
hanompoana izany hi-rendre service an'ilay ankizy fa tsy entina hanaovana chantage na
hanaovana air pression hoe te-hihinana ialahy dia tsara, tsy te-hihinana fa io no zava-misy.
Ohatra izay izany satria ny olona izany, na isika na ny tanora, ny olombelona dia sensible be
indrindra amin'ny sakafo. Dia tokony hoe hiezaka izany ny mpanabe tsy hiteniteny indrindra
indrindra mikasika ny sakafo. Izay.
Hery/ Hanampiako ny an'i madame Marie izany, hamafïsiko ilay resaka hoe système préventif-
économie, ilay hoe hatsarampon'Andriamanitra moa izany matoa tavela, tafiditra ny resaka
économie satria raha nanazava ny... indrindra ny mpitantana teo aloha izany i mompera Diego,
dia notsindriana foana fa ny vola tonga ao amin'ny Centre dia resaka... fanampian'ny mpanao
soa izany. Dia efa nohazavainy be dia be moa ilay resaka hoe : arakaraka ny asa izany no
hanampian'ny olona, fa ny olona miasa no ampiana, fa tsy ny olona tsy miasa, dia iny no
mampaharitra an'io zavatra io satria raha jerena côté négatif tampoka izany ny système préventif
- économie raha ohatra ka hoe providence no hijerena azy, tonga dia zavatra... raha tena hoe tsy
miasa izany, tonga dia zavatra contraire izany, satria prévention izany mitsinjo mialoha. Ao
anatin'ny taona iray ve ianao hahita sept cent millions ? Ohatra, raisiko ohatra izay notenenina
teo izay. Raha ohatra ka tsy manam-pinoana moa izany amin'ilay izy, dia iny izany miankina
amin'ilay asa ataonao. Misy tenin'Andriamanitra moa hoe : ny fïnoana tsy arahin'asa, foana, dia
ny asa koa tsy maintsy arahim-pinoana. Dia eo moa izany no maha-stable an'ilay izy, dia
mipetraka eo iny. Fa ny tiako homarihina kely fotsiny angamba, eo amin'ny resaka hoe...
somary, na mpanabe io na mpianatra, indraindray aho ohatra ny mandini-tena ihany hoe ohatra
ny tsy... ohatra ny... tsy dia raharahaintsika loatra ilay fandaniana izany, mihoa-pampana loatra
ilay fandaniantsika izany, dia lasa ohatra ny tsy préventif intsony izany. Izay izany no tiako
hotsindriana amin'ny resaka prévention sy ny économie amin'izao fotoana izao hoe raha ao
amin'i Clairvaux manokana, tokony hojerena lalina mihitsy ny resaka fandanindaniana foana
amin'ny zavatra rehetra izany. Be dia be ny zavatra mitranga hatramin'ny hoe rano, ny jiro, na
dia ny matériaux rehetrarehetra amin'ny resaka ampiasantsika izany, na ny resaka sakafo,
indrindra indrindra amin'izao ilay sakafo betsaka izao mbola mahita aho, tena mbola grave ihany
ny... ireny izany mitambatambatra ao anatin'ny tanora, fa tena hitako hoe... any izany no tena
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tokony hojerena lalina ny vahaolana amin'izay. Dia izay izany tokony hampianarina ny ankizy
tanteraka mihitsy hoe hiaina an'izay hoe... na dia tsy isika aza... tsy ny ankizy ihany fa ny
mpampianatra sy ny mpanabe rehetra koa hoe, na dia tsy antsika aza no tena hoe tonga izany ny
vola avy any, dia hoe misy foana, dia tokony efa hahay isika hoe, hahay hanaja sy hitsitsy (?)
an'izay satria izay izany no tena hitako hoe gravy be ao amin'ny Centre amin'izao fotoana izao.
Na cahier io, na stylo, sns... Ireo izany no tsara jerena lalina izay zavatra izay.
Jacques/ Izaho aloha talohan'ny niresahana ity zavatra ity, tena efa ela aho izany niresaka ity
resaka financement ity. Nieritreritra sy nandinika an'io aho, ary matetika mifampiresaka izahay
mirahalahy moa mifankahita amin'izay, dia mifampiresaka an'ity izahay. Fa nandinika ihany
aho, fa hialako tsiny dieny mialoha, raha ohatra ka... lasa hoe... somary... miditra lavidavitra
ilay izy izany. Zavatra voalohany aloha dia efa noresahantsika teto fa ny ankizin'ny Centre dia
gâté. Io dia zavatra misy, ary io dia mahatonga ilay tsy fanajana zavatra maro isan-karazany. Ny
anton'izay ? Dia tsy fantatro na infrastructure... ny Centre manana infrastructure ngeza be, tena
ngeza be, ary indray andro izay nisy olona nandalo izany teo, olona namangy, dia niteny hoe :
izao zavatra misy eto aminareo izao, nandalo teo amin'ny atelier izy, dia valeur-na milliard maro
be ireo atelier ireo, izay izany no nolazain'ilay olona. Tonga saina tamin'izay zavatra izay aho.
Izay izany hoe manana infrastructure ngeza be isika, ary manana harena be dia be, ka ny mety
avy amin'izay zavatra izay, misy foana ilay izy dia mety ho mahatonga ny tsy fanajana isan-
karazany hataontsika... satria mahita koa aho hoe isika koa manao sy ny ankizy. Ohatra fotsiny
hoe, araka ny tenin'i Hery hoe resaka rano, resaka jiro, resaka fampiasana ny fitaovana isan-
karazany, izay tsy tokony hampiasantsika fitaovana nefa ampiasantsika fitaovana, tsy
mifanentana amin'ilay zavatra hampiasaina an'ilay izy. Izany izany zava-misy eo amintsika izay,
fandaniam-bola izany zavatra izany. Izao anefa ny zavatra tena mampisaina ahy izany, tsy
fantatro ianareo na mba manana izay eritreritra izay fa apetrako dieny voalohany aloha fa isika
maloky ny Providence, fanomezana avy amin'ny Providence. Araka ny tenin'i Don Bosco dia
hoe ny trano salezianina dia miankina be dia be amin'izay Providence izay. Izao anefa, na dia
manampy aza ny Providence hatramin'izao aloha dia mahita hoe rehefa misy confrère avy any
ivelany eo, manana fifandraisana amin'ny olona avy any ivelany any izy, mahay manao projet,
sns... miditra izany ilay financement ho an'ny trano salezianina anankiray, ho an'ny Centre
indrindra indrindra. Dia ohatra izany hoe araka ilay nolazaintsika teo hoe par projet ny
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famatsiambolan'ny Centre dia mahazo vola isika. Eo anefa misy toerana hafa tsy hahazoana vola
raha par projet, ohatra izany ny entretien, sarotra izany ny mahita vola ho an'ny entretien, ohatra
hoe izany, ohatra vidina jiro sy rano mety sarotra izany ny mahita izany satria tsy misy projet ho
an'izany. Dia nandinika an'izay aho izany : raha ohatra izany ka miha-antitra daholo, ary izany
ireo confrère vazaha ireo na hoe mihamihena ny fomba ahazoana vola any an-dafy, na hoe
mandroso ny taona, dia mandroso ny fiainana, dia ilay olona any an-dafy tsy te-hanome vola,
raha tsy dia tena mahita hoe izao mazava ny zavatra misy. Heureusement aloha hatramin'izay
mbola misy izany izay aloha hatramin'izao, fa raha lasa àry izay zavatra izay, dia inona àry izany
ny financement-n'ny Centre ? Ohatra izay, ohatra fotsiny noraisiko. Tsy sanatria hoe
fanambaniana antsika, fa ohatra izany lasa gasy daholo izany ohatra ny confrères. Ity mety...
miala tsiny dieny voalohany aho, fa raha lasa gasy daholo izany ny confrères rehetrarehetra,
fomba ahoana moa no hahitan'ireo olona ireo fifandraisana any an-dafy ? Mety misy
fifandraisana eto Madagasikara mety kely ny vola. Fomba ahoana moa no hahafahan'ny olona
any an-dafy matoky anao ? Ianao tsy nifanerasera taminy, ianao tsy nisy zavatra mihitsy izany
hahafantarany anao, afa-tsy ianao salezianina, tsy nisy zavatra mihitsy hahafantarany anao,
ahoana moa no fomba hanomezany vola anao ? Na hi-confier-ny vola aminao ? Tsy hanome anao
izy. Amin'izay fotoana izay dia mametra-panontaniana aho hoe : ahoana ny critère d'acceptation-
tsika amin'ny ankizy ? Ny ankizy sahirana, ny ankizy tsy manana hatao, no beazintsika amin'izay
fotoana izay, hanao ahoana ny ho avin'ny Centre amin'izay fotoana izay ? Afoheziko kely izy, eo
anatrehan'izay problème maro be izay, dia nandinika ihany aho hoe ny Centre manana
potentialité be dia be azo trandrahana. Ohatra fotsiny izao resaka terrain, ny resaka terrain-n'ny
Centre azo lazaina hoe rhanan-karena amin'izay zavatra izay. Ny autofinancement tokony
hotrandrahantsika mafy, autofinancement io, ohatra hoe tahak'izay ataontsika amin'ny agri-
élevage, tahaka ny ataontsika amin'ny agri ohatra, amin'ny élevage, au lieu de mividy ronono
any ivelany izany, dia efa mahatsapa izany ny Centre hoe tokony hividy omby izany, dia ilay
omby no karakaraina. Sady T.P. ho an'ny ankizy no manome vokatra fa tokony tsy hionona
amin'izay isika. Teo moa efa nisy niteny izany teo, madame Marie hoe efa manao zavatra iray
dia tokony hotazomina. Amiko, tsy tokony hotazomina fotsiny ilay izy, tokony hampitomboina
izany, manana zavatra be dia be isika, ohatra hoe resaka kianja, fanaovana spectacle, zavatra
ohatra izany azontsika trandrahana. Be dia be ny zavatra azontsika trandrahana. Ohatra hoe au
lieu de mampiasa eau de robinet anondrahana eny an-jaridaina, tokony mangady lavaka... na
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mampiasa... ohatra zavatra ohatra izany. Dia zavatra betsaka no azontsika ampiasaina. Izay
angamba aloha no azoko lazaina kely.
Solofo/ Somary handray fitenenana kely aho, ny fijeriko azy amin'ity système préventif sy ny
financement na économie ity, eo amin'ny lafiny fomba fampiasana vola aloha izany araka ny efa
noresahantsika teo dia hoe... somary misy resaka hoe gaspillage indraindray amin'ilay tsy
fahaizana mitsitsy. Fa izaho koa izany somary efa nandinika an'izy io tao anatina taona somary
anonanona kely, satria taloha tamin'izaho vao tonga tao amin'ny atelier taloha, tena misy hoe
fitaovana na resaka matériaux izany fa tsy ilay matériel, ilay matériaux ampiasaina, ohatra hoe
tôle, vy, ohatra izany, simbasimba fotsiny. Tena ampiasaina izany, tsy misy resaka iny, dia rehefa
simba dia tsy misy ariana (...) ohatra izany. Dia nandinika an'io aho izany taty aoriana hoe, ilay
zavatra izany rehefa raisina hoe ahy ilay izy, dia haiko kokoa ny mitandrina azy. Io moa efa
voaresantsika matetika. Izaho miresaka an'izany foana ho an'ny tanora, indrindra ho an'ny
deuxième année hoe rehefa misy zavatra anankiray atao, rehefa misy zavatra anankiray
ampiasaina, dia eritrereto hoe anao io. Sens d'appartenance izany. Anao io, rehefa hoe anao io,
dia hainao ny mikarakara azy, mitsitsy, sns... faharoa manarak'izay, aorian'ilay hoe ilay sens
d'appartenance izay, dia tokony hojerena koa ilay hoe fiezahana izany manolotra ny soa ho an'ny
hafa, dia manao resaka anona moa izany aho, manazava hoe raha tany amin'ny première année sy
ny orientation ianareo, miresaka amin'ny deuxième année, raha tany amin'ny première année sy
ny orientation ianareo, dia mandany fotsiny. Izany hoe ividianana vy ianareo hiasanareo, sns...
ohatra izany, fa tonga aty amin'ny deuxième année ianareo dia tokony hiezaka hanao zavatra
tsara mba hamatsiana indray ilay zandry manaraka, satria ianareo novatsian'ny olona, dia tokony
mba hamatsy koa izany ianareo. Resaka ohatra izay izany hoe rehefa nandanian'ny olona izany
ianao, dia tokony mba manome ho an'ny olona ihany koa. Ohatra izay izany ny eritreritro hoe
raha izay no ezahina mafimafy kokoa, dia hihena ihany ny resaka gaspillage. Ohatra hoe ny
fanasana tanana ao amin'ny atelier, dia tena miandry ao mihitsy aho hoe : manosotra savony
daholo izao, dia manosotra savony ; hidina daholo ny robinet rehefa mikosoka tanana, satria ilay
fikosehan-tanana ela kokoa noho ilay fanakobanan-tanana, nefa ilay rano mandeha foana, dia
miandry mihitsy aho hoe, dia indraindray moa ry zalahy miteny hoe i mompera àry tsy sarotiny
amin'izany, fa izaho sarotiny satria ahy ity atelier ity, izaho no tompon'andraikitra eto. Dia
miseho ho sarotiny amin'ilay izy aho izany, mba miezaka ohatra izay koa ny tanora. Dia efa
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mahafantatra moa ry zalahy hoe manosotra savony ê ! Dia mikosoka ê ! Dia efa mihidy sy
niivoha ohatra izay fotsiny ilay robinet. Dia ohatra izay izany, fandaniana rano. Izany hoe zavatra
madinidinika ohatra izay. dia efa nandinika koa aho tamin'ilay noresahin'i Jacques hoe raha
ohatra moa izany ka malagasy daholo ny confrères mitondra ny anona... dia nahita... dia izaho
nametraka ihany koa hoe Andriamanitra tsy miangatra, tena izay mihitsy ny fijeriko azy hoe
Andriamanitra tsy miangatra. Fa raha ohatra ve ? i mompera Diego anie tsy italiana ê ! Ahoana
izy nahita financement tany ivelany ? Ohatra izay izany ilay tiako hotenenina hoe eo amin'ilay
fïzarana ilay soa ohatra izay koa asa raha azonareo hoe raha manana relation avy any ivelany aho
tsy tokony hotazomiko ho ahy irery ilay izy, entre les confrères salésiens. Afaka mizara ihany koa
aho hoe : ity lesy Ladis misy olona ohatra izao ity, amin-dry zareo samy izy izany, dia omeko
anao ity zavatra ity. Etsy an-daniny koa misy koa ny tanora izay raha tsy diso aho misy resaka
parrainage, izay mompera ? Misy hoe ity tanora iray ity â ! Dia misy olona mpiantoka izy
mandra-pahavitany io fianarana ao amin'ny Centre io. Izany hoe ilay izy izany, eo ilay projet
tonga dia ahazoana bolongam-bola hoe hanao réfectoire lehibe isika. Enga anie ka ho tanteraka
izay, dia mahazo bolongam-bola be amin'izay isika, fa eo koa ilay hoe madinidinika,
financement... ilay resaka parrainage izany, mahazo famatsiana, misy olona mpiantoka izany ny
tanora, tsy izy rehetra aloha, tsy hoe cent pour cent fa misy ihany mpiantoka, ary izany moa izany
eo amin'ny resaka compte-rendu ireny tokony hotenenina hoe raha tao anatin'ny fotoana
niainako tao amin'ny Centre izany dia mbola mpitantana anankiray ihany, mpitantana tao taloha
ihany no nalaza i mompera Diego ihany izao no hitako hoe nanao compte-rendu amina resaka
ara-bola hatramin'izay aloha. Hatramin'izay hitako izany dia izy ihany no nanao, kanefa izaho
mahita hoe hahafahana misaina kokoa izay compte-rendu izay, mba tsy ho lasa lavitra be izany
ny saina indraindray, mahita hoe vola be dia be anie no miditra amin'ireo, na avy aiza ny lalam-
bolan'ireo, na ahoana sy ahoana... ? Ahoana no izao fotsiny... ? Izahay mba ahoana, ohatra
izao... fa rehefa misy compte-rendu dia mazava ilay izy, dia misy motivation ihany koa amin'ny
tsirairay izany hoe : hay izay no fandehan'io vola io ! Marina tsy voalaza amin'ny antsipiriany
ilay izy, kanefa misy filazana kosa hoe io volantsika io misy olona mpanao soa izany manome io
vola io, ireto sy ireto sy ireto, tamin'izao sy izao sy izao. Izao no tsy azontsika hihoarana, izao no
mbola azontsika hatao, sns, sns, arakaraka ilay vola eo am-pelatanana. Dia avy eo moa resaka hoe
fomba fampiasana azy ihany : izaho izany nahita ohatra izao koa anankiray, ary ity moa faniriako
mihitsy ity raha mba tanteraka ihany koa, na dia hoe ao amin'ny foyer fotsiny aza dia ny méthode
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ny resaka gestion ao amin'i père Bernard. Rehefa omena andraikitra izany ny tanora dia
mahafantatra izy, ohatra hoe i mompera Bernard dia ity ny vola dix mille ity, laokantsika telo
ambin'ny folo lahy ity androany, mandehàna ialahy miantsena, fa tsy hoe tonga ilay sakafo dia
mihinana ; asa raha azonareo ilay fiantraikan'ilay izy ara-toe-tsaina izany ? Izaho mantsy efa
manana eritreritra ohatra izay koa hoe maninona raha ovaina ohatra izay koa ny fomba
fitantanana any amin'ny foyer hoe tena ry zareo mihitsy no mandray an-tanana ny zavatra iainany
iray manontolo, satria amiko mitovy ihany i père Bernard sy ny foyer, samy efa hivoaka amin'iny
taona iray iny izany, dia hoe mba ry zareo mihitsy no mitantana izay volany izay. Dia arakaraka
izay moa ny fitaran'ny Centre raha tsy diso aho amin'ilay hoe raha vao projet dia ny communauté
tsikelikely dia manana fitantanana izy, ary izay no tena tokony ho izy, ao anatina fitantanana
izany tsy tokony hisy mihitsy izany hoe fitantanana fictive, fa tokony zavatra réel foana. Tsy
misy nofinofy izany no tiako hotenenina ê ! Fa tokony zavatra réel foana no iainan'ny ankizy.
Tokony... ohatra ilay efa noeritreretintsika hoe raha manimba carnet izy, tsy hoe mikapa bozaka
ny sasany, fa hoe mividiana ialahy carnet. Roapolo ariary ohatra. Dia amin'izay fotoana izay
marary an'ilay ankizy ny zavatra omena azy. Ohatra izay izany no tiako hambara.
Madame Monique.
Monique/ Izaho izany, ilay vola izany fantatra hoe fanampiana avy any ivelany. Dia izaho koa
izany tato ho ato vao tena nahalala tsara ilay fidiram-bola tao satria mompera Diego tena
nanazava hoe fitadiavam-bola any ivelany ilay izy. Dia ny fahalalako azy koa izany, taloha izany
mandeha ny feo, teo moa no tena mampimenomenona ny mpiasa ê ! Tsy asondrotra ny karama fa
tsy misy vola. Aiza koa no tsy misy vola, nefa manao trano be ? Aiza koa no tsy misy vola nefa
manao an'itsy ? Fa tsy azo mihitsy izany hoe ity vola azo ity dia misy projet, dia teo koa
manomboka niha-nazava tamiko hoe tsy mety vita mihitsy ny réfectoire, izay problème be satria
mbola tsy tonga ny vola hanaovana ilay réfectoire. Farany teo nisy fisondrotan-karama tsaratsara,
dia hoe tenin'i mompera directeur farany dia hoe misaotra ny mpanao soa. Dia hoe izay ve izany
vao nisy budget ho an'ny salaire ve ? Azonareo tsara ve ? Izay aho izany vao mahalala hoe izay
izany vao misy budget ho an'ny salaire. Izay izany no tena fandehany... eo amin'ny...
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Diego/ Une précision, on a réussi à avoir un petit budget pour les salaires, il y a un an et demi
plus ou moins... fa un peu petit, fa misy un petit budget pour le salaire, avy amin'ny paroisse Ste
Suzanne... à Bruxelles, c'est l'unique endroit...
Intervenant/ Misaotra mompera...
Louise/ Izany hoe raha azonay tsara dia efa projet tamin'i mompera efa vita taloha izany ilay ...
dia izao izy vao tanteraka.
Solofo/ Mbola mitohy ny an'i madame Monique.
Monique/ Misaotra an'i mompera aloha amin'izay... fa izay vao hita hoe na ny karama ary izany
dia avy amin'ny budget, fa io manko no tena mampimenomenona ny mpiasa. Dia io, io koa izany
no fahalalako azy, io projet io ve ? Tsy haiko aloha hoe... arakaraka, sa efa nisy projet nataon'i
mompera Diego tohizin'ny mompera hafa, dia tohizin'ny mompera hafa sa hoe niova araka ilay
hoe hafa izao i Silvestro, izay tian'i Silvestro indray no atao ?
Louise/ Père Silvestro.
Monique/ Fa izaho, aza fady indrindra...
Olivier/ Misy père foana, any aloha, fa ny anarana sisa tononina, fa ela be...
Monique/ Fahatelo aho hiresaka ilay hoe système préventif sy ny fandaniam-bola. Ny système
préventif amiko tena mila vola satria, système préventif amiko mila fitaovana ary eo indrindra no
mahatonga ahy hoe manohitra ilay teninareo hoe gâté ny mpianatr'i Clairvaux. Raha vao mahita
ohatra izany izao hoe manao fitaovana hilalaovana frera, dia maheno feo aho hoe gâté ilay
mpianatra, jereo ny fitaovana, amiko ny fanabeazana raha vao tsy misy fitaovana ianao, dia lasa
ny tenanao, ny tenanao izany no misolo an'iny fitaovana iny. Ianao no misolo ny fitaovana. Raha
vao tsy mampiasa fitaovana ianao na mampianatra, na manabe ianao. Raha mampianatra ianao no
tsy manana fitaovana, midika izany hoe tsy maintsy ny tenanao foana izany, mampita, fa raha vao
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mampiasa fitaovana ianao dia mahamora ny fanabeazana. Izay kosa izany ny ahy tonga dia
apetrako. Dia ny ahy izany système préventif amiko tena mila fitaovana mihitsy satria ianao
mpanabe tsy ary miteny foana. Fa io fitaovana io dia efa mahadika zavatra io. Raha niteny ohatra
mompera directeur farany tamin'ny primaire. Primaire manko nanao fahadisoana izay hoe tsy
niteny tamin'i mompera directeur fa matahotra ilay hoe mandany vola hoe tsy misy rideau, fa
rideau atsy mifindra atsy, mifindra atsy, asa tadidinareo ny teniny tamin'ny hoe gaga aho hoy izy,
tsy niteny tamiko hoe tsy misy rideau, fa misy rideau atsy afindra atsy, ampoule atsy afindra atsy.
ïeo aminay no nisy an'izay. Dia rehefa niteny moa dia hoy madame Silvia hoe ka ny ao aminay
ary izao ny rideau dia rideau kely tsy ampy ilay varavarankely, dia namaly izy : tsy mety izany
hoy izy fa ny zavatra tsara manodidina ny ankizy, dia vita hoy izy ny trente pour cent-n'ny
fanabeazana. Raha vao manome zavatra tsara ho an'ny ankizy ianao, dia tonga dia vitanao ny
trente... ny ampahany amin'ny fanabeazana, tsy tadidiko. Dia izaho izany tena manohitra ilay
hoe gâté ny mpianatr'i Clairvaux. Fa tena mila, tena mila fitaovana ireo entina manabe azy. Dia
izaho koa manohitra ilay hoe manome be isika. Izaho izany mametra-panontaniana foana hoe :
ahoana no ilazan'ireo mpampianatra ireo hoe manome be ? Fitiavana ve no homena be ? Amiko
tena tokony omena. Fitaovana ve no omena be ? Amiko tokony homena. Fahaizana ve no omena
be ? Ny fahaizana tompoko, raha vao pédagogie magistrale no manome fahaizana. Fa ny
fahaizana, ilay fahaizana ao amin'ny ankizy no kitikitihina hivoaka. Isika izany tokony tsy
manome... fahaizana mihitsy fa ilay efa ao amin'ny ankizy ao, iny no kitikitihinao hivoaka. Izay
izany ny ahy, dia eo indrindra isika izao. Fa kosa isika mihitsy, raha gâté koa àry ireo, mbola
miteny aho hoe tsy ireo ange no gâté tany an-tranony tany fa tonga tao amintsika izay izany vao
gâté ? Fitaovana tsy hitany daholo ireo. Fa amiko tsy gâté fa ilaina ilay fitaovana. Fa io kosa ny
ahy no olana hoe... ny olana ny ahy izany tsy resa-bola mihitsy ilay olana, fa ilay tetika entina
mampiasa vola. Ohatra ny any an-trano izaho manokana aloha ê ! Izaho hatramin'izay niainako,
tsy mbola manana vola ampy izany aho nampiasaina teo amin'ny fiainako, fa mitady tetika foana
aho ho entiko mampandroso ny fiainana. Dia ohatra izay koa ny ahy no eritreretiko ny amin'i
Clairvaux. Raha ny vola be izany mantsy, ohatra ny hoe tsy resahina ny vola be, fa ilay tetika
entina mampiasa ilay vola ny ahy no zava-dehibe. Porofo fotsiny no jerentsika hoe misy mpiasa
tsy misy elanelan-karama, ialana tsiny fa hoe misy mpiasa anankiray mandrosondroso kokoa ny
fiainany, misy mpiasa anankiray bloqué eo. Midika izany fa tsy ilay vola kirakiraina no zava-
dehibe, fa ilay tetika, dia eo problème-ntsika, ilay tetika entintsika mampiasa ilay vola. Dia io
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noteneninareo ilay rano, efa tsara izao ny tetika amin'ilay rano hoe manangona ranonorana mba
tsy hisian'ilay fandanindaniam-poana. Ohatra hoe... ilay eo... izaho manana olana ianao no
miteny ilay hoe carnet, amiko izany izao hoe carnet io ny anay... inona ny olana hanaovana ilay
tapaka taratasy kely io ? Fa izaho izany manana olana amin'ny primaire amin'ny tapaka cahier
kely iny. Ny fanajany an'iny, eo izany satria amiko, omenao fitaovana ilay ankizy, tsara iny, raha
vao tsara iny tsy mila miteny intsony ianao, tokony izany ilay izy hoe hajao ity fa tsara, fa efa
tonga dia ao anatin'ny ankizy ilay izy hoe tonga dia manaja azy tsara satria ny carnet kely iny,
mifono gazety kely, ariany. Dia izaho tsy manaiky ilay hoe vidina izany ilay carnet fa tokony hoe
mandany vola, ohatra hoe mandany vola mankany amin'ny imprimerie. Carnet, tena efa hoe...
tena efa hoe carnet tena manana izay tetika ilaintsika, dia mampiasa satria tsy misy olana intsony
amiko ny carnet fa izaho izao mbola manana olana amin'ny carnet izao amin'io ankizy io.
Fanajana fitaovana, ka iny carnet kely iny ary tsy haintsika ny miteny ny ankizy, hiady amin'ny
ankizy foana hoe hajao ny fitaovana. Carnet aza leitsy tsy misy endriny, dia jereo koa izaho koa
niteny hoe... izaho koa manana olana amin'ilay protégé-cahier gazety. Tamin'ity misaotra
an Andriamanitra io directeur io nanaiky nividy protégé-cahier tena izy. Amiko tsy problème
mihitsy trois cent mille no nolaniana tamin'ity. Nividy cahier ohatra ity. Fa io izahay izao
mandinika fa manana tetika ny primaire, izay no ataoko hoe ilay tetika no zava-dehibe fa tsy ny
vola lany. Manana tetika ny primaire hoe tenenina ilay ankizy satria expérience tamin'ny zanakay
tany an-trano, protège sahala amin'itony tokony ho ampy cinq ans. Ireo ankizinay ireo izany tsy
hozarainay intsony ny tranainy fa ny vaovao no omenay. Fa tena mitaiza an'ilay ankizy hankafy
ny kanto, dia hanaja ny zavatra ilay izy. Izao no olana, malahelo i frera Ginno, tsy fantatry ny
ankizintsika intsony ny kanto sy ny lafo vidy. Ataoko tsara hoy izy ny trano dia avy eo tonga dia
nasiako soratra. Ka io tsy ny ankizintsika mihitsy no omena tsiny, fa miankina amintsika, izay
fomba nentintsika nitaizana ilay ankizy, hankafy ilay kanto. Fa lokoina soa aman-tsara ilay trano,
vita loko, narahan-dry zareo tamin'inona indray ilay izy ? Efa tsy hain'ny ankizy intsony izany
ilay hoe mankafy ny zavatra kanto sy tsara ao. Ohatra koa jereko ianareo hoe, izaho izao koa voa
tamin'ity, izany hoe... efa noteneniko tamin'ny évaluation générale-ko fa jereo tsara fa manao
dépense-na kofafa isan-taona, isan-taona, isan-taona, isan-taona, kofafa bozaka... nefa raha par
classe manana kofafa borosy, atao ilay tetika hanajan'ilay ankizy sady tezaina ny ankizy tsara, fa
tezaina ny ankizy hanaja an'iny, mety tsy hi-dépense kofafa isan-taona, isaky ny rentrée scolaire,
kofafa, kofafa. Fa io izany averiko foana hoe tsy ilay vola lany amiko no zava-dehibe. Ny vola
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aleo lany rehefa mahasoa sy mahatonga ilay fanabeazana, fa ilay tetika entina mampiasa ilay
fitaovana handaniana ilay vola no tsy mety ao amintsika ao. Izay izany no zavatra tena hitako. Ny
anay izao tamin'ity taona ity, nividy kofafa borosy izahay, vita tsara ny fafa tranon'ny ankizy, ny
ankizy madio. Izaho kosa... taloha izany ireo vehivavy ireo dia hoe asiana savoka ve ny trano tsy
hiteny indray mompera hoe mandany vola, fa izaho tsy niera intsony tamin'ity, omeo savoka hoy
aho izaho. Misy tetika koa ao hoe ary hovidiko ny savoka. Mandany vola amin'ny savoka aho fa
manana tetika hiarahako amin'ny mpianatra hampiasana an'iny. Fa izay izany no hitako tsy ampy
ao, dia lasa misy ilay gaspillage. Fa amiko ny fandaniam-bola momba ny asa fanabeazana tsy
maninona mihitsy na amina million àry, fa ilay hoe tetika hitaizanao azy mba hateza ilay izy. Fa
tsy mividy kofafa koa, mividy angady, angady ratsiratsy no vidiana, moramora. Mividy angady
ratsiratsy indray aho amin'ny rentrée scolaire, moramora... dia isaky ny fidirana izao izany dia
mividy. Maninona raha mividy angady iray tena lafo, apetraka. Ahoana no hiadianao amin'ny
ankizy hoe tapaka sahady ? Ianao no miady amin'ilay ankizy nefa ny zavatra novidinao ratsy, dia
izay izany dia efa misy conflit amin'ilay fanabeazana. Ohatra kosa resaka hoe fanasam-bilia,
izaho no miteny : mampalahelo ahy ny mijery ny ankizy, menaka be. Ao mandany andro, fa
maninona raha mividy, savon spécial savon, tsy maninona iny raha lafo, ary izaho tena mandinika
mihitsy ao an-trano fa mandany kokoa ity savony vaingany anasana vilia ity noho ilay savony
ranony fa tena spécial mihitsy, hanasana vilia izany. Izaho niteny an'izay tamin'i monsieur Jean
fa tsy mbola tanteraka moa ilay izy. Ny fotoana lanin'ny ankizy manasa vilia, kely ; ny vilia
madio tsara; ianao tsy manana olana amin'ilay ankizy. Ka ny ahy izany ny fandaniam-bola ao
amin'i Clairvaux, izaho tsy hiteny mihitsy, izaho tsy hiteny mihitsy hoe gâté ny ankizy ; izaho tsy
hiteny na oviana na oviana mihitsy manome be, fa ilay tetika hataonao hanaovana ilay izy. Ohatra
fotsiny koa hoe eo amin'ny resaka sakafo. Nahoana ianao no mividy... tsy voatery hihinana
taolana anie ny mpianatra ê ! Fa azo atao hoe raha haka tsiron-kanina ianao, satria izay no but hoe
hananana hoe qualité-na sakafo miditra ao, ny toto-kena koa ange mety betsaka mora zaraina ê !
Fa ny antsika ao amin'i Clairvaux, ohatra hoe aleo ilay moramora tsy handaniam-bola. Nefa ilay
moramora tsy handaniam-bola tsy mandeha amin'ny fanabeazana, fa tena ohatra ny hoe te-
hampahantra antsika fotsiny. Ohatra ny hoe aleo isika miaina amin'ny mahantra, satria isika
mahantra ê ! Fa izany aloha ny ahy, izay ny ahy na any an-trano ary ohatra hoe misy zavatra tian-
janako, tena mahavatra mihitsy aho mividy indray mandeha, fa izahay sy ny zanako mifanaraka
amin'ny fampiasana an'iny. Izay izany ny ahy amin'ilay izy.
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Olivier/ Izaho izany nandinika ny resaka financement izany moa, efa nanatsidika ny tany aloha
tany tamin'ny resaka interview. Dia hoy izy mompera hoe efa betsaka koa no niteny talohanao,
hoy izy. Raha misy vazivazy fanaon'ny relijiozy amin'ny fikambanana isan-karazany ao
anatin'ny fiangonana katolika manao hoe misy misitery anankitelo hoy izy tsy fantatry ny Fanahy
Masina, Fanahy Masina indray no lazainy fa tsy mahafantatra azy, dia vazivazy ilay izy nefa
misy fahamarinany ihany hoe : ny fahaizan'ny jésuites moa izany, fa ny jésuites tena mpandalina
be ny teolojia izany, dia ny faharoa ny isan'ny franciscaines angaha, izay asa mety diso fa be dia
be izany ny franciscaines, tsy fantatry ny Fanahy Masina ny isany. Dia ny fahatelo, ny volan'ny
salezianina (rires). Be dia be ny volan'ny salezianina, ary tsy fantatry ny Fanahy Masina hoe avy
aiza ireo. Fa ny zavatra tsapa anefa dia izao : ilaina ilay Fanahy Masina tsy hahafantatra an'io, fa
tsotra be io araka ny fahazoako azy amin'ilay tenin'i Jesoa naniraka ny apostoly izy hoe :
mandehàna hoy izy, mitoria ny vaovao mahafaly, dia aza mihary izay fitafianareo sy
hohaninareo, fa omena anareo foana ireny. Fa jereo fa tsy ambanin'ny voro-manidina sy ny (...)
eny an-tsaha ianareo. Fa ireny mitafy ny tsara, tsara noho ny tenenin'i madame Monique. Dia
izay ilay izy. Izaho tsy mitadidy izay toko sy andininy, fa ilay izy fotsiny izany no raisiko. Dia ny
ahy izany ny porofo fotsiny hoe hahalalako hoe mety ny zavatra atao, mety ny zavatra atao, mety
ara-pinoana izany. Mino izany, misy olona mino ao amin'i Clairvaux, misy olona mino ao amin'i
Clairvaux, dia misy olona miasa. Fa efa mino sy miasa ianao dia omen'Andriamanitra ireo. Ka
ilay asa be dia be, efa voalazanareo teo daholo ny asa, be dia be noteneninareo hoe, tsy maintsy
mino ianao dia miasa. Ny asa tsy hoe... mety tsy ny asa ataontsika izao anie no hahazoana ny
volan'ny Centre amin'izao, fa efa ny asan'ny tany aloha tany. Fa raha raisintsika amin'ilay hoe
tamin'i Don Bosco vao nanorina ny fanabeazana ny tanora mihitsy, dia tena tsotra mihitsy ny azy
hoe : a. a... ianareo ry Jesoa sy masina Maria mitsimbina anay fa izahay tsy manana fidiram-bola
avy etsy sy avy eroa izahay. Dia nandeha moa, nisy vola avy ary, nisy vola avy ary, nisy vola avy
ary. Dia misy... izaho moa tamin'ny classe terminale, nanana problème amin'ny ilay adihevitra
ara-pinoana ity, ny ankizy samy terminale, sns... izany. Dia nisy ranamana advantista izay niteny
hoe : izahay hoy izy manana mpaminany be, nalaza be tany amin'ny mille huit cent tany,
resaka... na hoe aty amin'ny taon-jato faharoa polo sy faharaika ambin'ny roapolo dia ny
médecine sy ny éducation no hatanjaka be indrindra. Dia raha dinihiko ilay izy misy
fahamarinany. Ny médecine amin'izao fotoana izao dia tena karohina lalina mihitsy. Dia ny
éducation tena zava-dehibe mihitsy, fa ity olona ity raisiko hoe izaho izany raha ni-éduquer-na
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hatramin'ny fahakeliko aho ho tonga mpiady, dia rehefa lehibe aho mpiady ; raha ni-éduquer-na
tamin'ny fony mbola kely aho ho lasa ingénieur, dia lasa ingénieur aho. Ni-éduquer-na tamin'ny
mbola kely aho ho mpanenjika fivavahana fotsiny, dia lasa an'izay aho. Ka amin'izay fotoana
izay, hitanareo tsara zava-misy anatiny sy ivelany, ilay resaka éducation samihafa be mihitsy. Dia
mampalahelo hoe amin'izao fotoana izao, misy olona sahy mijoro hoe milahatra eny amin'ny
arabe, dia mitondra pancarte mampiseho ny Papa Ray Masina hoe tsofy rano ny fanambadianay,
nefa lehilahy samy anankiroa izy no miaraka eny. Hitanareo, tafiditra ilay éducation izany, ka
arniko izany rehefa ilay éducation no mitombina, ilay éducation ataon'ny système préventif izay
taritin'ny salezianina, vao mitombina io : misy foana ny vola, azonareo izay ? Izay ilay izy. Fa ny
ohatra zavatra mampalahelo ahy fotsiny dia izao : vao nanao ny dortoir vaovao voalohany, ilay
misy hoe Lion's club io (...) tsy miteny i mompera, salezianina tsy fantatro, manam-bola ireto
katolika ireto, vola katolika... manam-bola mihitsy, izao, izao, izao... izay, izay aloha ny teniny.
Dia mandeha teny, teny... ary izaho efa mahafantatra tsara fa hoe ny vola raha hanaovana trano
na zavatra etsy sy eroa, mandeha par projet efa fantatro, taloha hatramin'ny vao niditra teo dia efa
fantatro izany. Fa... kanefa ny olona izany dia mieritreritra hoe misy vola ao. Dia nisy mpiasa
mihitsy tena niresaka tamiko mihitsy izy hoe... ohatra nanao ny kianja Dominique Savio, dia
hoe : maninona ny vola tamin'itony raha nanampiana ny karaman'ny mpiasa, fa tsy natao
tamin'ity. Tena misy miteny an'izany mihitsy. Izay no zavatra tsy mety izany. Tsy azo atao
izany. Dia nandeha, ny olona rehefa mandeha amin'ny marina ianao, tena manabe marina ianao,
vola misy foana, ary izay no nanekeko an'ilay tenin'i Solofo teo hoe Andriamanitra tsy
miangatra, fa rehefa tena mandeha araka ilay izy ianao, mino dia miasa, tsy misy problème
intsony. Izay fotsiny hoe... Dia ny ankizy koa... ny ankizy... indray mandeha izay nisy
fikambanana avy any amin'ny ville tonga taty nanome zavatra izy. Ianareo rankizy dia nomeny
an'ireto, ireto, ireto, ireto, fa izahay izany mpanao soa dia nomenay ireto. Dia naseho ilay izy, dia
nampirimina. Dia ny mpanabe miaraka amin'ny mompera izany nieritreritra hoe rehefa ilain'ny
ankizy ireo vao zaraina, na misy fandaharana tokony hanomezana ireo. Vao nitontona ilay izy,
dia hoy ilay ankizy hoe aiza ny zavatra nomen'ilay olona teo ? Azonareo izany ? Ilay izy nisy
cahier, nisy biscuit, nisy zavatra, nisy iroa sy iroa... dia ny mpanabe izany nihevitra hoe rehefa
fety omena biscuit, rehefa lany ny cahier am-pianarana, omena. Rehefa misy an'ity sy ity. Ilay
ankizy vao hoe aiza ny zavatra...? Misy ankizy niteny hoe aiza ilay zavatray nomen'ilay olona
mpanao soa teo ? Azonareo izay ? Izay ilay zavatra tsy tiako... Izay izany ilay zavatra tsy mety.
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Dia ny faharoa ilay mpiasa sy ilay mpanao trano, ilay entreprise nilaza hoe : ah ! Be vola ireto
salezianina ireto. Dia misy mpianatra koa, mpianatra... vao tamin'iny herinandro iny. Dia
rniraraka ilay ciment, dia izaho miteny hoe raofy, raofy, raofy, raofy... Raofy hoy aho ta sady
vola (...) no aina nandreraka ny nanao azy, izay no teniko, raofy fa vola (...) io. Dia hoy izy sady
nananihany izy no nilaza, kanefa ilay izy toe-tsainy mihitsy ilay izy sady nataony ihany no
nandraoka an'ilay izy : ny vola misy, ny mpanao soa manome toky, misy azonareo izany ? Fa iny
resaka entre ny ankizy raha mandinika tsara ianareo, fa niteny an'io ny ankizy, ary ny mpiara-
miasa amintsika, miteny an'io zavatra io koa hoe ny vola misy, ny mpanao soa manome toky. Dia
tsy hajaina ilay vola araka ny tenin'i madame Monique, tsy tandremana ilay zavatra, ka ilay izy
isika rehefa mino ka miasa, tsy maintsy manome valiny foana Andriamanitra. Izay ilay izy.
Louise/ Hanamafisako an'izay tenin'i monsieur Olivier izay angamba ny... voalohany indrindra
aloha izany henonay eto izany ilay izy hoe : fa efa projet nataon'i mompera taloha ilay
fanampiana karama izany, efa novolavolain'i mompera. Tanteraka ilay izy ankehitriny, dia tsy
hainay ny tsy hisaotra an'i mompera satria i mompera no loharano nipoirana nahazoana ilay izy.
Dia tsy afaka hoe mi-se passer amin'izay izahay fa zara, ary ilay izy fantatra hoe mompera, dia
maneho fisaorana lehibe amin'i mompera aloha amin'izay lafiny iray izay. dia manarak'izay
izany maniry izany izahay hoe tsara kokoa ilay fomba nentin'i mompera izany, nentina niaraha-
niasa taminay teo aloha izany, ilay hoe misy fotoana fivoriana dia manao tatitra foana momba ny
fahazoana ny vola, na hoe mivoaka, ary ianareo salezianina dia manazava mihitsy fa hoe sady
hamangy fianakaviana no hikaroka vola, handondom-baravarana ary sy ary. Zava-dehibe izany
ny fahenoana izay zavatra izay satria, indrindra indrindra izany, ho an'ilay tanora, inona moa no
mahatonga ilay tanora miteny hoe misy foana ny vola ohatra izao sy izao satria tsy azony ilay izy,
avy aiza ilay vola ? Heveriny hoe mitobaka fotsiny avy any ilay vola hoe nanahirana koa ange na
ny nitady azy io, nanahirana, ka raha nisy ilay tatitra ohatra izay, ny an'ny mpanabe aloha
angamba iny efa toe-tsaina mihitsy satria fantatr'ilay mpanabe ihany ange hoe avy aiza ilay vola,
fa eo amin'ilay mpianatra mihitsy hoe mba tsara koa angamba ny mpianatra mba hanazavana hoe
io vola io ange karohina mafy ohatra izay izany. Mba tsapan'ilay tanora ilay izy fa raha hoe
hitany hoe misy foana, ilay mpitondra izany mikaroka, mitady ilay izy. Henjana ny mitady ilay
izy. Dia tonga tokoa ilay vola fa izay asa izay tsy fantany, dia mazava ho azy izy tonga dia hoe :
misy foana ny vola ka, satria tsy maintsy hoe hikaroka vola foana koa hampandeha ilay Centre,
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dia misy tokoa ilay vola. Fa izay zavatra izay mila fanazavana izay. Dia eo amin'ilay système
préventif angamba hitako hoe indraindray koa, na eo amin'ilay mpitondra ary mety... isika
mpanabe izao miezaka manao izay, fa indraindray ny mpitondra hitako hoe tsy manaraka kely
an'ilay izy izany, dia lasa ianao indray izany no mandini-tena hoe tsy système préventif anie ity
ataon-dry zareo ity satria ny hahatsapako izany, ohatra ny hoe tohana ihany aho izany sady
malahelo hoe ahoana moa no hahavitanay production ohatra izany hoe ? Satria napetraka hoe
izahay no hamokatra foana ny hena hohanina ao amin'ny Centre amin'izao izany, dia ohatra ny
tonga saina ihany aho satria angamba hatramin'izay nidirana taty telo volana latsaka, satria tsy
vao niditra dia namono omby, fa efa ataoko hoe tapa-bolana, roa tokom-bolana, ça fait izany eo
amin'ny roa volana mahery kely, omby be anankiroa no novonoina, osy anankiray, plus poulet de
chair aman-jatony, dia hitako ihany izany hoe gaspillage be ilay izy, hoe voadinika ve ilay
aoriana ? Hahavita ohatra izay foana ve ? Satria izao, izao hanomana fety dia tonga indray ny
mompera dia hoe inona indray ny biby hovonoina ? (Rires) azonareo ? Hoe tonga indray izany
izao, satria izaho izany taitra mihitsy hoe foana sahady ny ao amin'ny frigo, même izany ilay
asan'ny tanora tsapako hoe tsy valorisé intsony, satria na ny tanora miezaka, vetivety dia lany
ilay biby ompiany izany. Ao anatin'ny indray maka fotsiny satria amin'izao lasa mihinan-kena
foana. Tsy hoe... tsara ny ankizy mihinan-kena fa na izany koa ny ankizy ange mahatsapa hoe :
tokony hiafy, lafo ilay fiainana ê ! Fa ny ankizy izany tsy mahatsapa ilay zava-misy amin'izao
mihitsy, fa miaina foana, miaina foana. Tsara ilay miaina fa... tsy manohitra ny tenin'i madame
Monique fa resaka tsy misy hifandraisany angamba ilay izy. Fa ny ankizy koa tsara mahatsapa
hoe : efa lafo ilay fiainana. Ny ankizy izao ao amin'ny Centre, ny ankizin'ny interne tsy
mahatsapa mihitsy hoe efa lafo ange ny vary ê ! Fa deux fois, tsy haiko hoe efa firy fois amin'ny
taloha izao ny vidin'ny vary amin'izao ? Ary izaho mahatsapa ao am-pianarana, ny ankizy
externe motivés kokoa mianatra noho ny ankizy interne. Izahay sy monsieur Jean moa efa
tafaresaka an'izay hoe nahoana ny tanora... matetika ilay ankizy externe motivé kokoa mianatra
noho ny ankizy interne. Dia hoy aho hoe mazava ho azy, hoy aho, satria ny externe mody, mahita
ilay fahasahiranana ao an-trano iainany isan-kariva hoe... ary misy mpianatro externe efa miteny
mihitsy hoe... izaho izany miezaka mampita vaovao foana amin'ny tanora, fantatrareo ry tanora
fa izao indray ny vidim-bary ? Tiako izany mba ho tsapan-dry zareo mba hahafahany miezaka
izany, efa sarotra ny fiainana, mila miezaka, mila mianatra. Dia misy externe anankiray tonga dia
miteny eo imason'ny mpianatro hoe ny anay aloha ry madame efa antsasaky ny vary
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fandrahoanay hatramin'izay no andrahoana. Malahelo be ianao hoe izany tokoa no iainan'ireto
ankizy ireto. Dia... nefa io ankizy miteny an'io, izy no meilleur élève ao am-pianarana. Tsy izy
irery fa ny externe rehetra izany hitako hoe mahay kokoa noho ny interne. Nahoana ? Satria ny
ankizintsika izany tsy mahatsapa hoe nanao ahoana no nahazoana ity vola ity, ireo vary ireo ange
lafo, nefa ireo lehibe ireo mbola miezaka tsy manova ilay fitondrana ilay tanora. Tokony ho
tsapany izany na ny fitiavan'ilay lehibe, tokony ho tsapany ny fihavian'ilay vola. Tokony... be
dia be izany ny zavatra tokony hazavaina aminy, dia hany ilay tanora lasa... tsy miraharaha izany
izy, mazava ho azy satria tsy fantany ilay izy hoe mandeha foana ilay fiainany ohatra izao, fa
tokony mba ho tsapany kely ihany hoe lafo ny fiainana, dia misy fiantraikany kely any aminy koa
izay zavatra izay. Même hoe isika efa niresaka tamin'ny évaluation hoe be dia be ny varinapango
very sy izao. Dia misy ankizy (...) tsy mihinana apango. Dia tokony ho tsapany izany izay
zavatra izay. Dia lafiny anankiray izany, ilay resaka gaspillage teo, ampiako kely hoe amin'izao
dia sahirana indray, inona indray ny biby hovonoinao ? Mahagaga hoe lany sahady ilay biby be
dia be tao, dia lasa... dia voatery izany tsy maintsy mamorona hoe ity biby anankiray, même
hatramin'ny hoe tenenina hatramin'ny kisoa novidiana, kisoa vao novidiana reproducteur, dia
hoy aho hoe : an ! an ! an ! kosa ê ! Ny kisoa tsy azo atao satria amin'ilay hoe tsy maintsy hisy
foana homena. Dia hoe voadinika mialoha ve ? Izay hoe nandeha araka ilay préventif ve ? Ny
nianao ilay zavatra ? Hoe ity hohanina izao... mois, ity hohanina izao mba tsy ho izay satria lasa
hitako sahirana amin'ilay laoka izany.
Solofo/ Misaotra anao madame amin'izay fanazavana izay. Hiditra amin'ny manaraka isika,
ataoko fa ao ihany isika amin'izay anona izay.... Mety anona kely hanambara fotsiny aho hoe....
ny fijeriko azy handravonako ilay anona, raha ny fijeriko azy dia fanomezana andraikitra ny
tsirairay, na ao anatin'ny fitantanana no vahaolana anankiray na ny mpanabe na ny tanora. Ny
mpanabe koa izany tokony homena andraikitra ao anaty fitantanana, izaho izany mahita an'izany.
Ohatra hoe taloha izahay raha manao commande dia miteny amin'i frera, dia i frera mampaniraka
an'i monsieur Raphaël dia hoe mandehana hividiano tube ry zareo, dia avy eo tsy mifanaraka
amin'ilay tompony mihitsy ilay izy, dia lasa gaspillé be. Dia izao izahay mihitsy mandray an-
tanana ny fividianana ilay izy dia manafatra hoe tahaka izao sy izao. Dia izahay no
tompon'andraikitra amin'ilay zavatra ataonay. Ohatra izay no tiako tenenina hoe tokony hivelatra
amin'izay fanomezana andraikitra ny mpanabe izay izany ny rafitra ara-pitantanana madinidinika
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isan-karazany. Dia miditra amin'ilay point gras izany isika, hoe... (rires) miditra amin'ny point
gras isika... ataoko fa mazava amintsika rehetra ny tiana hambara sy ny zavatra tokony holazaina
ao anatin'io mandritra izay fikarohana na fanadihadiana, fandalinana nandritra ny enim-bolana
nataontsika izay. Nitondra inona ho antsika izany izay zavatra natao izay ? Inona no niova teo
amin'ny fiainana sa inona no... nanampy anao ve ilay izy ? Sa ahoana ny resaka sady... ? Ity
angamba efa samy nomanin'ny tsirairay avy, mino aho fa ho antsika....
Marie/ Aleo raisiko voalohany, manjary izaho mbola haka note...
Solofo/ Madame Marie aloha no hiteny, anao no voalohany, avy eo dia ataontsika tour de table
nianomboka aty amin'i monsieur Olivier indray ilay izy. Tonga dia ataontsika mitohy ohatra izay
ilay izy dia madame Monique no mamarana azy.
Marie/ Vokatr'ity asa natao ity izany dia hitako hoe nahazo teknika vaovao aloha izaho amin'ilay
fomba fiasa amin'ity ilay hoe fanadihadiana ity. Azo ampiasaina izany izy amin'ny resaka hoe
asa na groupe na ohatra izany rehefa misy zavatra hatao. Dia lasa nanana fomba fijery attentive
kokoa amin'ny tanora izany. Lasa hoe tena mijery akaikikaiky kokoa ny tanora, indrindra
amin'ny zavatra hatao. Dia lasa manana toe-tsaina optimiste, indraindray manko négative,
indraindray matetika ê ! Défensive be ohatra izany ny toetrako taloha, fa izao lasa hoe optimiste
kokoa aho izany, indrindra rehefa ohatra hoe misy zavatra mitranga. Dia ny zavatra... dia ny
hitako koa hoe mi-conservé ilay ambiance na ilay ambiance efa tsara izany dia tiako conservé-na
ilay izy. Tsy tiako hoe hisy zavatra hanapotika azy na hanimba ilay qualité de relation amin'ny
fiainana na ao amin'ny Centre na amin'ny collaborateur, sns... Dia namporisika ahy ihany koa
izany ity asa ity hoe manana esprit constructif, dia créatif izany hoe : inona no ilain'ny tanora ?
Inona no manaitra ny tanora manoloana ny fety, manoloana ny situation, zavatra hafa ? Dia
mamporisika ihany koa izy ity izany hoe hijery... hoe any amin'ilay hoe fandresen-dahatra izany.
Rehefa hoe manao fandresen-dahatra izany dia miverina any amin'ilay optimisme foana hoe raha
mandresy lahatra ianao dia tsy any amin'ny négatif mihitsy izany no itondrana azy, tena hoe ilay
avela tanteraka iny fa any amin'ilay hoe point positif foana. Dia nialako ihany koa izany hoe tsy
mahavita zavatra ianao raha hoe intérêt personnel ho anao ny zavatra ataonao, fa tokony hoe
intérêt ho an'ny rehetra. Intérêt-na groupe na intérêt ho an'ny rehetra foana izany. Dia hitako
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hoe... ihany koa hoe ahazoana traikefa betsaka na amin'ny fanaovana réflexion na méditation iny
asa rehetrarehetra iny. Mamporisika anao izany hanao fikarohana lalina, manao adihevitra atsy sy
aroa, hahafahana mitrandraka izany hoe : ahoana tokoa moa izany ? Dia farany hoe nanontany
tena aho izany hoe ilaina ve ny fisiako ao amin'ny Centre ? Lasa niafara tamin'izay izany ilay
izy, dia hoe tsapako izany fa hoe ilaina izany hoe en tant que mère, en tant qu'éducatrice, en tant
qu'amie, en tant que conseillère, dia réparatrice ihany koa, réparatrice ny zavatra tsy mety izany
raha ohatra ka anona... dia raha bangoina izany dia hoe lasa misy mitombo izany ilay maturité-ko
ao anatin'ilay vokatr'ilay asa fikarohana sy ny relation sy ny réponsabilité nanao. Izay no hitako
ho anona.... mety ho théorie ihany ilay izy fa izay no fahatsapako azy. Izay... Lasa ohatra'izay
izany no tanjon'ny fiainako.
Monique/ Teny kely fotsiny, ato ohatra ny misy teny hoe un mot de conclusion ?
Diego/ Manana trois minutes maxi par tête.
Marie/ Ny anay izay deux minutes.
(Rires)
Louise/ Ny ahy angamba mety tsy haiko na firy segonda. Fa ilay hitako izany ilay recherche
nataontsika izany, dia izay hoe tsapako izany hoe ilay vokatry ny fikarohana nataontsika izany,
ilay resaka système préventif sy ny kolontsaina malagasy. Izay anankiroa izay izany no
natambatra, dia ny fahitako azy izany, dia hitako hoe afaka mifandray tsara ilay izy, ary
mifameno mihitsy ny fahitako azy. Dia ny fahitako azy izany dia io ilay système préventif io izay
dia mety tsara ho antsika malagasy. Vokatr'izay izany à l'aise tsara izany mihaino ilay izy satria
zavatra efa tato amiko ihany ilay izy no hatsaraina. Izany hoe ilay système préventif-n'ny
salezianina izany tena ohatra ny hoe iray fototra amin'ilay malagasy ihany, fa izy izany amin'ny
antsipiriany kokoa izany, fa ny an'ny malagasy bangoina iray tokana fotsiny, fa ny azy ohatra
manamafy... ohatra hoe mampitombo amin'ny maha-izaho ahy, maha-antsika antsika malagasy
hoe : izao no tena fandehan'io, izao sy izao sy izao. Izao no tokony hatao rehefa izao, izao, ny
fanomanana mialoha amin'ny lafiny rehetra sy ny izao. Izay izany no tena tsapako tamin'ilay
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recherche iny. Izany hoe izaho izany à l'aise kokoa amin'izao fa mipetraka amin'ny toerako tsara
aho izany izao amin'izao. Dia ohatra ny hoe izay, à l'aise be ianao. Dia vokatry ny fihaonantsika
izany lasa miompana kokoa tamin'ny resaka pratique izany. Amin'ny resaka fampiharana mihitsy
izany, lasa niainana bebe kokoa tsy ohatra izay taloha izay.
Olivier/ Izaho izany dia... momba ity recherche nataontsika ity. Raha tany am-boalohany moa
ohatra ny fahazoako azy dia ity fikarohana vitantsika ity, dia mety handeha mankatsy, mankery.
Ny fahalalako azy tsy nandeha nankany ilay izy, fa ny fiainantsika sy i Clairvaux no mahazo
tombontsoa be amin'ilay recherche nataontsika. Izany hoe ny maha-mpanabe antsika tsirairay
avy. Nahazo tombony, ary i Clairvaux mahazo tombony satria ilay zavatra iainantsika, sy...
ohatra ny hoe nanao récollection izany isika na nanao hoe formation, na... izay angamba
récollection - formation, izay ilay vokatr'ilay izy, ny fahatsapako ilay izy. Dia ny zavatra tena
tsikaritro tao izany, izaho izany lasa ohatra ny nanjary nahafantatra kokoa ny tenako aho izao
izany, fa teo alohaloha teo ohatra ny tsy dia fantatro loatra ny tenako. Inona no mahatonga ahy
miteny an'izay ? Satria izahay teto amin'ny Centre nanomboka niaraka tamin'ny salezianina. Ny
salezianina août izahay... octobre no tonga dia tany aloha ohatra ny hoe familiale kokoa izany
ilay équipe, azonareo ? Akaiky kokoa ilay familiale, mifanakaiky ny assistant samy assitant,
afaka mifankahita sy mifampiresaka eo daholo. Fa izao izao ilay izy efa hitako hoe ny assistant
sasany, ary ny sasany ary, dia efa... sarotra izany ilay communication. Dia nony efa betsaka
izany ilay assistant sy ny personnel-n'ny Centre, izaho ohatra ny saika nanana problème kely,
azonareo izany ? Ohatra ny tsy nahafantatra tsara ilay tenako aho. Misy instabilité izany raha ilay
terme nolazain'i madame teo. Dia nony efa nandeha nefa, miteny, teny, teny, misy... indraindray
misy ohatra ny fihatahana kely arak'ilay tenako noteneniko teo hoe izaho rehefa manambara ny
hevitro aho ka manohitra ilay olona, mampiasa teny henjakenjana na miteny maherihery, dia
miahotra kely aho, dia efa misy an'izay izany, nisy recul kely izay. Dia ity recherche nataontsika
ity izany no miverina indray ilay hoe stabilisé, ohatra ilay tany am-boalohany tahaka ilay
notenenin'i madame teo. Dia izay no azoko lazaina.
Solofo/ Ho anay koa izany tao anatin'izay nanaovantsika fikarohana izay dia nahatsapa aho izany
hoe nisy fitomboana tato amiko. Ny fitomboana dia ny fitomboana ara-tsaina aloha izany
voalohany indrindra. Ilay théorie nolazaintsika teo hoe ahoana marina moa izany ity système
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préventif ity rehefa ampiharina ao anatin'ny kolontsaina malagasy, na hoe niainana tao anatin'ny
kolontsaina malagasy, dia manao ahoana izy ? Dia nahita aho izany tao anatin'ilay izy hoe, ho
anay, ho ahy manokana izany dia ny système préventif izany dia manjary lasa kolontsaiko satria
namakafaka aho tamin'ny voalohany, dia niezaka nankafy, dia avy eo nifehy ilay izy, dia miaina
ao anatiny, dia lasa kolontsaina ato amiko izany ilay système préventif dia faharoa manarak'izay,
nahazo fahalalàna ihany koa aho ny amin'ny hoe mandrindra groupe kely ao anati-na recherche
ohatra izao. Expérience de vie teo amin'ny fiainako mbola tsy nandalo mihitsy ny ohatra izany,
dia hitako teto. Dia isaorako ny équipe iray manontolo mihitsy izany ny amin'ny hoe nanome
fitokisana ahy sy nanolotra ny andraikitra ho ahy tao anatin'ny fitantanana izay séance rehetra
natrehintsika rehetra izay, avy eo hitako ihany koa hoe tamin'ny voalohany, niainga tamin'ny
pratique no tena fikarohana natao, araka ny fijeriko azy, tamin'ny pratique ny fikarohana natao,
dia nandalo tamin'ny théorie, kanefa dia miverina amin'ny pratique ihany, dia mieritreritra aho
hoe ho tsara kokoa ny vokatra ho azoko. Izaho aloha izany miteny eto hoe : ho tsara kokoa ny
vokatra ho azoko amin'ny fanabeazana ao amin'ny Centre, dia ho an'ny fianakaviako sy ny
manodidina ahy ihany koa. Dia manarak'izany dia nahita aho hoe tapitra eto ilay fivoriana, dia
hoy aho hoe tratra ny tanjona. Ny tanjona napetraka tamin'ny voalohany izany, tratra ny tanjona,
tsy nisy fivoriana raté, satria izany ao anatin'ilay tanjona napetraka sy ny fomba fiasa hoe impiry
isika no nivory, izao sy izao sy izao, na dia mitambatra aza ilay fivoriana, dia hoy aho hoe tratra
ilay tanjona araka ilay taratasy, ilay nifanekena voalohany iny izany, asa raha tadidinareo ilay
taratasy individuel iny. Dia rehefa niverina namaky an'iny dia hoy aho hoe io izany ilay
notakiana tamin'ny voalohany, tratra izy io. Marina fa tsy ampy ny fotoana, sns... kanefa afaka
miteny isika hoe tratra ny tanjona satria tonga hatramin'ny farany. Dia tao anatin'izay koa moa,
tamin'ny voalohany vao nihaonantsika teto, dia nametraka hoe manana hetaheta aho hamoaka
boky ho an'ny fanabeazana, sns.... dia vita izy androany fa hitadiavana... hiandrasana ny
Providence izany hanamaroana azy (rires), mbola anay irery ity... dia hitadiavana Providence
hanamaroana azy, hiparitàny. Dia isaorana izany i mompera Diego nametraka fitokisana sy
niantso anay hoe hiara-hiasa aminao amin'ny fikarohana izay hatao, dia isaorana koa ny Tompo
nanome saina sy ny fahasalamana sy ny fotoana sy ny Fanahy Masina nitarika tamin'izany.
Misaotra Tompoko.
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Louis/ Ho ahy indray nandritra izay enim-bolana izay izany dia zavatra tena nahafinaritra ahy
voalohany indrindra aloha dia ohatra ny nampamerina ny... nampikaroka ahy documents be dia
be mihitsy izany ilay izy. Izany hoe efa nisy tao ihany, fa efa nijanona fotsiny tany izany ilay
anona fa tsy voajerijery intsony, dia izay no isaorako an'i mompera voalohany indrindra aloha
satria ohatra ny hoe nanao révision izany. En plus-n'ilay hoe révision natao izany, dia nisy ihany
koa zavatra maro be azo teto, fanampiana tamin'ny tolokevitra tsirairay nataon'ny rehetra izay
tsy taty amiko izany, fa azoko avy amin'ny rehetra entiko miaina hitondrana ny fanabeazana ao
amin'ny Centre izany satria ao moa no foto-pivelomana raha ohatra ka hoe izay no tokony
hilazàna azy, ka hanabeazana ny Centre. Nanampy ahy be dia be izany na i mompera na ny
mpiara-miasa ireto izany, dia nanampy ahy betsaka mihitsy izy amin'ny tolokevitra izay mbola
tsy nananako, satria na ny teny entiko amin'ny ankizy aza indraindray mety tsy voadiniko loatra,
manjary miteniteny foana. Dia nisy anefa ity formation nandritra... fikarohana nandritra ity enim-
bolana ity, dia ohatra ny nanampy be, dia afaka nandinika ny zavatra tokony hataoko rehetra aho
izany na amin'ny mpianatra na amin'ny mpiara-miasa rehetra. Dia ohatra izay izany no
fahazoako ilay fikarohana nataontsika nandritra izay enim-bolana izay.
Jean/ Ho ahy izy ity nahatsapako, nanampy ahy nahatsapako hoe sarobidy ny asako avy amin'ny
système préventif dia notsoahiko avy amin'izay : asa masina ilay izy, asan'Andriamanitra satria
mamolavola ho tonga olom-banona sy kristianina mazoto. Dia ho an'ny tenako manokana ihany
koa mbola ao anatiny hoe mitovitovy amin'i monsieur Louis ihany hoe nanova ahy ilay izy, ary
namporisika ahy hianatra, dia lasa manana hetaheta te-handalina zavatra maro kokoa aho fa tsy
mijanona amin'ilay teo dia tsapako hoe mampivoatra ahy ilay izy, ary mampivoatra ny tanora
manodidina ahy. Dia isaorana i mompera sy isika rehetra nandray anjara. Misaotra.
Jacques/ Ho anay indray izany, marina hoe fikarohana nomentsika lohateny ity asa nataontsika
ity, nefa ho ahy ilay izy ohatra ny hoe tsy fikarohana fa lasa ohatra ny hoe formation satria raha
ho ahy manokana izany, dimy taona ihany teo amin'ny fiainako no tsy niarahako niaina
tamin'ireto salezianina ireto izany. Ça fait efa any amin'ny roa ambin'ny roapolo taona izany
niarahako niaina tamin'ireto salezianina ireto. Dia io izany isaorako manokana ny salezianina
satria zava-dehibe izany zavatra izany, ary nahatsiaro an'izay aho... fotoana elaela kely izay. Fa
nandritra izay roa ambin'ny roapolo taona izay sy ny niainako ity enim-bolana niarahantsika tato
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ity dia izaho mahita hoe mbola kely dia kely ny fahalalàko izany système préventif izany. Azo
lazaina hoe mbola amateur-n'ny système préventif aho izany. Araka ny fifampizarana nataontsika
teto, be dia be ny zavatra nitranga teto, lasa toy ny formation ho anay ilay izy; ary izay zavatra
izay nahatonga ahy hisaotra antsika rehetra satria zava-dehibe izany zavatra izany. Dia misaotra
antsika rehetra amin'izay zavatra izay, ary indrindra indrindra ao anatin'izay système préventif
izay dia tsapako fa ilaina dia ilaina ny fanaovana recyclage ny fahaizako izany. Ho anay
manokana ilaina ny fanaovana recyclage ny fahaizana anananao satria ny ankizy izany, ny tanora
izay beazintsika pressés-n'izao fiainana izao, dia mitarika antsika hanome azy fanabeazana
spécialisé kokoa an'ilay tanora tsirairay, izay ilay ilàna ilay recyclage foana izany. Dia misaotra
be dia be anao mompera, misaotra antsika rehetra nanome izay formation nandritra ny enim-
bolana izay.
Hery/ Ny anay angamba, dia... ny malagasy aloha izany olon'ny fo, dia izaho koa malagasy, dia
tafiditra ao anatin'ilay olon'ny fo aho. Nandritra izay fotoana fohy, ataoko hoe fohy ihany raha
jerena satria anisan'ny zandriny indrindra aho raha tao amin'i Clairvaux izany aho, dia betsaka ny
mety ho fanaintainana, betsaka ny olana, betsaka ny zavatra nitranga izany ao amin'ny asako, na
tahotra io, na resaka traikefa izany, kanefa izany nony nitranga izany ity recherche nataontsika ity
dia ohatra ny hoe nisy fifampizarana be dia be teo amintsika mianakavy folo mianadahy mianaka
ireto, dia nahazoana izany... ohatra ny hoe soulagement kely amin'ilay izay mavesatra taty
amin'ny tena hoe hay izany raha nisy zavatra ohatra izao, tsy ampy teo amiko, natahorako ny
nanao azy na ohatra izao. Ohatra izao ny hevitry ny sasany sy ny maromaro tao anatin'izay
rehetrarehetra izay, dia hitako izany fa mampitombo ny fahalalàna eo amin'ny fanabeazana izany
izay atao dia mampiditra lalina kokoa, dia isaorana moa izany ny Tompo, isaorana mompera,
isaorana isika rehetrarehetra mba voatsonga tao anatin'ny maro, satria betsaka ihany fa vitsy
ihany no voafidy hanana izao anjara izao, na dia mety betsaka raha parmi ny cinquante ny mpiasa
ao amin'ny Centre no mety haniry izao zavatra izao. Dia tena fisaorana lehibe satria mampisy
lanjany ny tenako aloha voalohany indrindra, dia mampisy lanjany kokoa, ary mampandroso
kokoa ny asa hataoko, dia mety hampisy lanjany kokoa ny ankizy izay tezaiko, na dia tany aloha
tany ary aho tamin'ny fiainako izany tamin'ny mbola kely, dia zavatra mba tena tsy tiako mihitsy
dia izany hoe hanabe izany, na dia ireo fianakaviako iray manontolo dia mpampianatra daholo,
dia izaho tena tsy tia an'izany hoe mpampianatra sy mpanabe izany mihitsy no asako. Dia izay no
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anisan'ny anankiray izany namporisika ahy izany hitia ny resaka hoe fambolena sy fiompiana,
kanjo ilay izy na dia izay àry ny fianarana nataoko, tafaverina aty amin'ilay fampianarana ihany
aho sy fanabeazana dia isaorana be dia be moa ny Tompo mandahatra ny fiainan'ny tsirairay.
Arthur/ Mitovy izany isika sy Hery, ny ahy koa ny fianakaviako iray manontolo dia saika
mpampianatra daholo. Ity fandinihana nataontsika ity angamba ilay izy tsy vitan'ny hoe, tsy
vitan'ny hoe recherche ilay izy, fa tena ianao mihitsy no karohana. Ianao no karohana satria
nahoana ? Raha teo aloha, niaraka teo anivon'ny tanora trinitera anisan'ny nitarika ny tanora
tamin'ny paroasy tamin'izay dia nampitaha... dia nahita ity anon'i mompera ity dia nekena moa
ilay izy, dia nampitaha ilay système anankiroa, dia manana système izy ao ilay hoe système
préventif ataoko fa misy an'izay fa hita hoe hafa ihany ilay système préventif misy amin'ny
salezianina izay hita hoe misy mampiavaka be ilay izy ary tena haingana kokoa raha oharina
amin'izay an'azy izay. Dia ny faharoa manaraka izay, dia teo amin'ilay hoe ianao mihitsy no tena
karohina teo amin'ilay recherche satria raha taloha raha mandeha hoe manao fitsidihana ankizy,
adiny iray, na antsasakadiny, na fahefakadiny, tonga dia ezahiko hovitaiko tanora dimy iny, na
enina, nefa amin'izao hatramin'ny nisian'ity recherche ity dia tena ianao no karohina. Dia rehefa
voakaroka ianao izany, dia lasa tsy nionona intsony aho izany tamin'ny hoe azoko ilay zavatra
izay nilaiko tamin'ity olona ity, fa nosokirina hatramin'ny farany izany ilay izy. Ka amiko raha
hoe adiny iray, antsasakadiny hahavitako tanora roa na efatra. amin'izao adiny roa, trano
anankiray ihany no vitako dia vita, satria efa voakaroko izany ilay izy. Izaho efa nokarohina
tamin'ilay formation nataontsika, dia lasa izaho koa izany lasa nisikotra ilay zavatra. Izany hoe
anisan'ny nanatsara ilay fomba fiasa izany ilay izy, na firesahana amin'ny tanora, ary lasa
nahafinaritra ilay izy satria voasikotra hatramin'ny farany ilay izy satria isika teto dia tsy nionona
fotsiny hoe inona no anton'ilay fady ? Fa tena nokarohintsika hatrany amin'ilay fotony ilay izy.
Dia lasa izay koa no lasa nentina tamin'ny fiainana.
Monique/ Izaho izany dia midera an'Andriamanitra aloha izany aho noho ny fitantanany ahy eo
amin'ny faharoapolo taona. Roapolo taona no nanaovako ilay asam-panabeazana. Dia eo amin'ny
faharoapolo taona aho izany nahatsapa fitantanana, dia tao anatin'izany fitantanana izany aloha
dia tiako ny manasongadina fa i mompera Diego izany no fitaovana nahomby
nampiasain'Andriamanitra nanazava tamin'izany satria tamin'ny herintaona aho izao nandalina
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momba ny ilay hoe pédagogie active, izao indray aho manao recherche momba ny système
préventif. Izany rehetrarehetra izany dia sahiko mihitsy ny miteny fa i mompera Diego izany
fanilo manazava ahy satria ilay fihetsiny tao amin'i Clairvaux, ilay teniny, ilay mamporisika hoe
mandalina, mianara, ilay fombany dia nampahatonga ahy hoe mbola vitako ihany izany mianatra
izany ê ! Ary dia natao tokoa. Diniho tsara fa roapolo taona ve tsy nieritreritra an'izany ! Nefa
afaka nanao an'izany foana, fa rehefa nahita an'azy, ny teniny dia afaka nianatra, namporisika
ilay izy. Dia ity koa mbola, ity recherche ity izany mampifandray, mampifameno an'ireo. Tsy
tian'Andriamanitra hitanila be loatra aho izany amin'ny pédagogie active fa... satria izay ilay
asako, dia nampiarahiny ilay système préventif dia eo aho izany, handalina aho izany hoe ahoana
no hampifandraisako izany amin'ny asako ? Vokatr'izany, vokatr'ity recherche ity dia niova ny
toe-tsaiko. Noho... izaho manko, efa nanana olana aho tamin'ny asako tao amin'i Clairvaux.
Misy fifandonana matetika, na amin'ny mpianatra, na amin'ny mpiara-miasa, na amin'ny
mompera, dia tsy nanana tetika entina mihitsy aho fa dia indraindray fahakiviana. Izao izany dia
niova ny toe-tsaiko satria efa manana tetika hoentiko miaina amin'ilay izy aho. Dia indrindra koa
ny tena nahaliana ahy tamin'ity ilay fomba nivoriana. Tsy mitovy amin'ny fomba fivoriana izay
nataoko hatramin'izay izy ity, fa hitako hoe efa hafahafa, efa mba fomba hafa mihitsy ity fomba
nivoriana teto ity. Ity recherche ity koa izany dia efa nolazaiko teo, dia tena hitako mihitsy fa hoe
hanazava ny lalako amin'ny asam-panabeazana hiarahako amin'ny S.D.B. miaraka amin'ny
système préventif, enga anie mba hahavita ny roapolo taona manaraka indray aho izany raha ho
vokatr'ity recherche ity, fa kosa mangata-bavaka ho an'ny tsirairay aho satria ohatra ilay hoe
nahazo vola be tamin'ny Providence, fa ho gaspillé-na sa hasiantetika ny fandaniana azy ? Izay
izany ny ahy izao. Ho gaspillé-ko fotsiny ity zavatra nentiko azoko tamin'ny formation ity ? Sa
hanana tetika hoe izao no hampiasako azy, amin'ny maha-malagasy ahy izay olon'ny fo, amin'ny
maha-renim-pianakaviana ahy izay olon'ny fo, satria ny fo indraindray no manimba ny saina.
Solofo/ Mompera, manao ahoana ny fahitanao izay enim-bolana niarahantsika izay ?
Diego/ Ity fikarohana ity efa voaomana ela be. Tsy dia hoe dimy volana fa mba ho tonga amin'ny
zavatra vitantsika misy angamba telo taona. Fa tamin'ny voalohany izaho tsy nahatsapa koa ity
zavatra ity, nanomboka tamin'ny fampianarana momba ny système préventif, nanomboka iray
taona, avy eo nandritra ny iray taona tsy nisy fivoriana loatra, mbola tadidinareo fa nivory isika,
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ary io taona io nanomana ny fifandraisanareo mba mifankahalala kokoa, mba miala kely ny
tahotra. Angamba tsara amin'ity lafiny ity, izaho tsy directeur intsony, ity zavatra ity mety
manampy amin'ny asa fikarohana satria libre kokoa ianareo, ary izaho libre kokoa. Ho ahy
mavesatra ny fialana amin'i Clairvaux, fa androany... je suis un peu ému... satria androany afaka
manidy varavarana aho. Tsy dia hoe tsy mifandray intsony amin'i Clairvaux fa androany izaho
afaka mandeha am-piadanana, satria ny antony, ny zavatra farany azo atolotra an'i Clairvaux dia
ity asa fikarohana ity. Izany no zavatra azo atolotra ho an'ny tanora sy ho anareo. Tsy misy
zavatra hafa azo atolotra, ary izaho manantena hisy tombontsoa ho anareo. Merci satria ianareo
mandray anjara mavitrika. Efa hitanareo izaho tsy miteny loatra. Ity méthode ity souple, noho
izany ny méthode manaraka ny asantsika, ary io no mahatonga antsika s'adapter, manao deux
réunions pour une, ny méthode manampy amin'ity zavatra ity. Ka ny voalohany rehefa izaho
nanomboka nanao ity asa ity, nisy salezianina niteny tamiko hoe mandany fotoana, very ny
fotoana hoy izy....
Olivier/ Frera Ginno...
Diego/ A. a (tsia), tsy miasa ao amin'i Clairvaux izy izao. Misy salezianina miteny very ny
fotoananao, tsy azo antoka ny mpiasa, kanefa izaho matoky anareo rehetra, matoky anareo aho,
indrindra an'i frera Ginno, ohatra izy manampy, an'i mompera Pietro, ary ny salezianina izay
misolo ahy. Izy ireo koa manampy satria manome alalana mba hanaovana ity zavatra ity.
Izaho no niantso anareo folo, fa izaho nieritreritra mety misy tsy tonga satria tamin'ny voalohany
tsy fantatro raha ianareo maharitra hatramin'ny farany, tsy fantatro raha tonga ianareo folo. Izaho
mieritreritra hisy fito, valo, fa farany tonga ianareo rehetra. Io no mahatonga ny fotoana tery,
noho ity antony ity satria izaho nieritreritra hoe tamin'ny voalohany angamba tsy folo, donc izaho
koa tamin'ny voalohany natahotra, mety tsy hisy hiteny aminareo, satria tamin'i Clairvaux misy
sasantsasany aminareo tsy miteny loatra rehefa misy fivoriana, fa fantatrareo ilay la parabole du
Seigneur : Andriamanitra mamafy, ary miantso antsika ho tany lonaka, ary izaho mamafy, tsy
Andriamanitra aho, fa manao ny asa, ary manasa anareo rehetra, hitako fa ianareo rehetra tany
lonaka, satria safidy, mifidy ho tany lonaka. Misaotra anareo noho ny fandraisana sy ny
fifampizaranareo, ary izaho izao tsy miahiahy intsony. Na tsy ao aza ny vazaha, fantatro fa i Don
Bosco mijanona eto Madagasikara mandrakizay. Merci.
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Intervenants/ Merci...
Diego/ Mamy ity fotoana ity sarotra ity ho ahy.
Misy bonbons kely hozaraina.
Ity ny transcription-n'ny interview rehetra, mba hitanareo, efa vita ny transcription-n'ny
interview rehetra, ce sont cinquante huit pages. Ity asa fïkarohana, lasa deux cent pages.
Miangavy anareo rehefa tonga i frera Ginno, raha afaka miresaka ianareo satria miankina
amin'ny programme-nareo. Amin'ny vacances de pâques, raha manam-potoana ianareo afaka
mivory isika. Izaho manome... tsy boky... fa résumé. Tsara raha ianareo mifampiresaka, na
rehefa tonga i frera Ginno miresàha, satria tsy imposé... tsy fantatro raha manao fivoriana ianareo
fa ampy adiny iray, tsy mila fotoana be loatra...
Solofo/ Vacances de pâques avec toute mon affection, voasoratra ato izany.
(Rires, applaudissements et commentaires)
Intervenants/ Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
Andriamanitra ô ! Misaotra anao izahay, nanome anay hery sy tanjaka nahafahanay nanatontosa
iny asa lehibe iny. Enga anie hahitan'i mompera voka-tsoa ny fandinihana rehetra nataonay, ary
ho entinay tsirairay miasa sy miaina amin'ny fiainanay andavanandro.
Voninahitra ho an'ny Ray sy ny Zanaka sy Fanahy Masina.
Don Bosco. Mivavaha ho anay.
Amin'ny anaran'ny Ray sy ny Zanaka sy ny Fanahy Masina.
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