les derniers feux, réflexions crépusculaires

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BalaDômes

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Réflexions crépusculaires

e soleil est las, las de briller, las de réchauffer, las de se montrer; il a usé ses

forces tout au long de cette journée d’automne, il est fatigué de rougir des pentes qui ne voient même pas la robe

écarlate qu’il leur a tissée.

e soleil n’a plus qu’une idée: aller se coucher, disparaître d’un monde où on ne reconnaît pas ses bienfaits. Un monde qui serait bien étonné

s’il ne revenait pas le lendemain.

insi que le soleil, je suis las de vivre, las de travailler, las de me montrer, j’ai usé mes forces tout au long de la vie et je suis fatigué des tracas rencontrés sur ma route, des petits bonheurs qui n’en

font pas un grand.

e n’ai plus qu’une envie: dormir pour oublier, disparaître d’un monde où je ne

manquerais pas, un monde qui ne s’apercevrait pas de mon départ.

emain, ragaillardi, le soleil se lèvera et insoucieux du monde, il luira. Des lueurs roses de l’aurore aux reflets

cuivrés du crépuscule, il déversera ses bienfaits sur des monts qui les

trouveront très naturels.

uel tollé général s’il lui prenait la fantaisie de disparaître pour de bon ! Comme s’il allait de soi que l’astre

bienveillant revienne ponctuellement, jour après jour, nous permettre de vivre.

emain, peu gaillard, je me lèverai et je ferai semblant d’être heureux.

Du matin au soir, je m’agiterai, histoire de me prouver mon inutilité.

Je ferai comme si de rien n’était, machinalement, comme un automate.

our après jour, bien forcé, je vivrai comme un mannequin aux rouages un peu rouillés mais bien huilés. Si, par hasard, je demeurais couché,

quelle importance ?

’évidence, c’est que nous sommes des milliards d’êtres humains, qui ne

servent pas à grand-chose, sinon à détruire leur monde et eux-mêmes pour parachever

leur œuvre.

A réalité, c’est que notre seule utilité est de transmettre la vie, une vie qui se poursuivrait très bien sans nous

mais pas sans le soleil. Il l’ignore, moi, je le sais, c’est ma seule dérisoire supériorité.

Texte: Nicole Voilhes

Photos: Jean Pierre Voilhes

soirs d’automne dans la Chaîne des Puys

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