fiche de lecture krugman
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Fiche de lecture : Paul Krugman,Sortez-nous de cette crise … mainte-
nant !
L’auteur
Paul Krugman, économiste américain né en 1953 à New York, tient une tribune de-
puis 1999 dans le New York Times ce qui lui a permis de devenir un « faiseur d'opinion ». Il
est aujourd'hui professeur d’économie et de relations internationales à l’université de Prin-
ceton. Il a obtenu le prix Nobel d'économie en 2008 pour avoir montré « les effets des éco-
nomies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité
économique ». Néokeynésien, il est un des principaux auteurs de la nouvelle théorie du
commerce international, qui repose sur le commerce intra-firme et intra-industrie, les effets
de réseau, et les situations de concurrence imparfaite.
Introduction : Et maintenant ?
Il faut admettre notre état de dépression (« état d’activité chroniquement inférieur à
la normale, qui se prolonge un temps considérable sans qu’il y ait de tendance marquée à la
reprise ou à l’effondrement complet », Keynes → Actualité de sous-emploi), mais pas l’ac-
cepter : cet état cause « des dégâts immenses et cumulatifs » et il faut donc intervenir. Rap-
pel de principes keynésiens « volontairement oubliés par les Gens Très Sérieux » selon Krug-
man → Présentation du but du pamphlet : « faire pression, par le biais d’un public informé,
pour que nous changions de cap et que nous mettions fin à cette crise ».
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Table des matières
Chapitre 1 : L’étendue des dégâts...............................................................................3
Chapitre 2 : Économie de la crise.................................................................................4
Chapitre 3 : Le moment Minsky...................................................................................5
Chapitre 4 : Les banquiers se déchaînent....................................................................6
Chapitre 5 : Le nouvel Âge doré...................................................................................7
Chapitre 6 : Économie de l’âge obscur.........................................................................8
Chapitre 7 : Anatomie d’une réaction inadéquate........................................................9
Chapitre 8 : Et le déficit, alors ?.................................................................................10
Chapitre 9 : Inflation, la menace fantôme..................................................................11
Chapitre 10 : Eurodämmerung...................................................................................12
Chapitre 11 : Les austériens......................................................................................13
Chapitre 12 : Ce qu’il en coûtera...............................................................................14
Chapitre 13 : Sortez-nous de cette crise !..................................................................15
Postface : Que sait-on vraiment des effets de la dépense publique ?........................16
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Chapitre 1 : L’étendue des dégâts.
Constat de la situation américaine : certes, on aperçoit une petite embellie, mais on
attend toujours la « dynamique positive » qu’annonçait Bernanke en 2009. Problème de la
crise de la dette et des politiques d’austérité qui ont creusé la situation européenne. → Quels
aspects de la souffrance ?
La pénurie d’emplois.
Travaux de la recherche sur le bonheur. Question de l’existence du chômage volon-
taire. 2011, McDo crée 50 000 postes et reçoit un million de candidatures. Problème des
diverses mesures du chômage (U6 : 24M de chômeurs, soit 15% de la pop. Américaine, deux
fois plus qu’avant la crise), de la « zone grise » (sous-qualification, fins de mois difficiles,
entrepreneurs indépendants). « Les économistes connaissent le prix de tout et la valeur de
rien ».
Vies brisées.
C’est la première fois depuis 1929 que les Américains vivent un chômage de longue
durée massif (4 demandeurs par emploi). Cela, conjugué à la faible aide sociale aux USA,
tourne la situation des chômeurs en cauchemar. À terme, on peut même finir par être consi-
déré comme « inemployable ». Situation des jeunes (25% de sous-emploi, emplois sous-qua-
lifiés donc salaires bas) qui pourrait se perpétuer sur le long terme (travaux de Lisa Kahn).
Dollars et cents.
« Grande Récession » (fin 2007-mai 2009) : PIB réel américain a perdu 5%. Pas de
rebond depuis. Estimation du CBO du PIB potentiel : output gap serait de 7% (1M $ / an).
Ainsi, selon Krugman, les USA pourraient perdre dans cette crise au moins 5 à 7 milliards de
$.
Perte d’avenir.
Critique des « apologistes de l’inaction ». Keynes : « Le long terme est un mauvais
guide pour les affaires courantes. À long terme, nous serons tous morts. » Trop facile d’an-
noncer le calme après la tempête. De plus, l’inaction sur court terme peut nuire aux pers-
pectives à long terme : inemployabilité des chômeurs de longue durée, phénomène de dé-
qualification, goulets d’étranglement (PIB potentiel affaibli) dus à la faiblesse de l’investisse-
ment et à la crise budgétaire (suppression de postes dans l’enseignement). Il faut donc agir
maintenant, car sinon on se condamne à un avenir amputé.
Souffrance sans frontières.
Tableau sombre de l’Europe (chômage des jeunes en Espagne). Seul aspect positif :
meilleure protection sociale qu’aux USA. Faiblesses provoquées par l’union monétaire dé-
nuée de politiques communes pourtant indispensables.
3
Politique du désespoir.
Nationalisme & radicalisation : écho de 1929 vs. Loi de Godwin.
Don’t Give Up
Tout cela aurait pu être évité si l’on acceptait d’appliquer les leçons de la Grande
Dépression.
4
Chapitre 2 : Économie de la crise.
Keynes, Fischer, Hicks nous ont enseigné depuis les années 30 que rien de tout cela
n’est inexorable. La crise est un problème de bobine et pas du moteur économique, contrai-
rement à ce que tous veulent croire.
Tout est affaire de demande.
Insuffisance généralisée de la demande. Détracteurs se basent sur la loi de Say. Pour
Riedl, la demande se transfère toujours d’un groupe à un autre, donc jamais d’IGD. Démons-
tration de l’existence de l’IGD par le biais de la coopérative de baby-sitting du Congrès, qui
montre que « mes dépenses sont tes revenus et vice-versa ». Chacun cherche à dépenser
moins qu’il ne peut produire, ce qui est non-viable à l’échelle macro-économique. Solution
qu’on peut tirer de l’analogie : il faut accroître la masse monétaire. La Fed l’a fait, mais cette
fois ça n’a pas marché à cause de …
La trappe à liquidité.
En réinjectant de la masse monétaire via les banques, la Fed a fait baisser les taux
d’intérêts, afin de permettre aux ménages d’ajouter à leurs liquidités. Problème : ces taux
ont atteint le plancher zéro fin 2008, et zéro n’était pas assez bas car les endettés ont déci-
dé de stopper leurs emprunts et les créanciers n’investissent pas (puisque pas de de-
mande).
Un problème structurel ?
C’est l’idée avancée par les détracteurs de l’IGD et du problème de bobine. On parle
de problèmes structurels, de « baisse générale des compétences », de progrès technolo-
gique qui rend la main-d’œuvre inutile, de déplacement de la main-d’œuvre du secteur im-
mobilier saturé vers d’autres secteurs. Incohérence de ces idées : où sont les gens bien for-
més en plein-emploi, où sont les secteurs bien portants ? On est face à un appauvrissement
généralisé, à une économie handicapée par la faiblesse de la demande.
Dépenser plus pour gagner plus.
À la fin des années 30, une situation de dépression américaine a été résolue en deux
ans par une politique de dépense publique (dans l’économie de guerre, certes ; mais en éco-
nomie, la dépense crée la demande quelle que soit son affectation originelle). C’est ce qu’il
nous faudrait aujourd’hui.
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Chapitre 3 : Le moment Minsky.
La crise actuelle, loin d’amener les économistes à réviser leurs notions, a entraîné un
retour aux « vieux » auteurs : Keynes bien sûr, mais aussi Irving Fischer et Hyman Minsky.
La nuit où ils ont relu Minsky.
Minsky a toujours été marginalisé alors qu’il annonçait qu’une crise allait se produire
selon son hypothèse d’instabilité financière. Paradoxe de la tranquillité + Déflation par la
dette (Fischer).
Le moment Minsky.
« Les débiteurs ne peuvent pas dépenser, et les créanciers ne veulent pas dépen-
ser » (pays européens mais aussi secteur privé) → Baisse de la demande globale. Le mo-
ment Minsky, c’est le moment où Vil Coyote (les prêteurs) reste suspendu dans le vide (taux
d’endettement fort) jusqu’à ce qu’il regarde en bas (redécouvre le risque de la dette) et
tombe (déflation par la dette).
L’économie de l’autre côté du miroir.
Trappe à liquidité + excès d’endettement → Monde de paradoxes, où la prudence ne
fait qu’aggraver la situation. Paradoxe de l’épargne : une tendance massive à l’épargne,
plutôt que de favoriser l’investissement, va, en temps de crise, faire baisser les revenus et
ralentir l’économie. Paradoxe du désendettement (Fischer). Paradoxe de la flexibilité (Eg-
gertsson) : pour réduire le chômage, on baisse habituellement les salaires, mais en fait cela
va déprimer la consommation et donc entraîner davantage de chômage.
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Chapitre 4 : Les banquiers se déchaînent.
Illusion générale vis-à-vis du système financier (subprimes originellement notés AAA).
Banquiers en folie.
Origine (orfèvres) & fonction des banques (éviter à l’épargnant de choisir entre liqui-
dité et rendement). Mais le système bancaire est faible car il repose sur l’hypothèse où les
épargnants ne vont pas retirer leurs liquidités en même temps … Ce qui arrive rapidement
en cas de crise de confiance (cf. crise actuelle), provoquant ainsi une prophétie autoréalisa-
trice destructrice. Il faut noter que cette notion de risque est inhérente à la nature des
banques. Jusqu’aux années 30, pour se prémunir de telles situations, les banques affichaient
des coef de liquidité de 25 à 30 % + système de prêteurs en dernier ressort (d’abord ad hoc
puis création de la Réserve Fédérale). Puis, réglementation Glass-Steagall en 1933. Puis,
1980, Reagan au pouvoir → Dérégulation financière + +. Apparition d’un « système bancaire
fantôme ». 1999, Clinton supprime séparation entre activités bancaires.
Le Grand Mensonge.
Paradigme républicain : crise de 2008, faute du Congrès qui a incité Fannie Mae &
Freddie Mac aux crédits subprimes. → Mensonge : ces crédits ont eu lieu à travers le monde
et souvent sans rapport avec les emprunteurs à faible revenu. De plus, la plupart de ces
prêts ont été consentis par des prêteurs privés, non concernés par le Community Reinvest-
ment Act.
Les années pas-si-bonnes-que-ça.
1989, faillite des caisses d’épargne américaines. La dérégulation de Reagan a fait
que les déposants, assurés contre les pertes, ont pris de hauts risques, tout retombant sur le
contribuable. 1998, faillite du hedge fund LTCM → Plan de sauvetage ad hoc et pas de leçon
retenue. Pour Eugene Fama, la dérégulation de la finance a permis une « croissance excep-
tionnelle » (alors que, dans les faits, la croissance a ralenti après les 80s) ; pour Krugman,
elle a surtout entraîné des inégalités et une distribution des revenus post-fordiste, des reve-
nus des plus riches qui ont explosé, d’où une cécité vis-à-vis du fonctionnement réel de
l’économie.
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Chapitre 5 : Le nouvel Âge doré.
Article de Vanity Fair sur les « Taj Mahal » de Greenwich (Connecticut), où se sont
installés les gestionnaires de hedge funds. La « croissance extraordinaire » de Fama serait-
elle en fait celle des revenus de certains individus influents ? → Graphiques p.98, comparai-
son des évolutions des revenus moyens et du centième supérieur de la population.
Pourquoi les riches sont-ils devenus (vraiment beaucoup) plus
riches ?
Réfutation de la « prime à la compétence (25 gestionnaires de hedge funds ont ga-
gné plus que les 80 000 enseignants de NYC). La question des inégalités et des revenus des
plus riches a été longtemps occultée par les économistes. Et même lorsque ceux-ci s’y sont
attaqués, ils ont été confrontés à un double-problème : 1La « projection dans un champ de
bataille politique », et 2Une inadéquation des outils économiques traditionnels aux revenus
des plus riches : pas de notion d’offre ou de demande, pas de correspondance entre revenu
et produit marginal de ces grands riches. Pour Krugman, ils extorquent de la valeur plutôt
que de la créer. La dérégulation financière y serait pour beaucoup : effet de contagion du
« modèle » de réussite de la finance sur les élites économiques, baisse du syndicalisme
(donc peu de contre-pouvoir), démembrement fiscal.
Les inégalités et la crise.
Retour des inégalités et dépression économique ont sûrement des causes com-
munes : virage politique à droite → réduction des taux supérieurs d’imposition, altération
des normes sociales, dérégulation financière. Pour autant, une causalité directe entre inéga-
lités et crise reste difficile à démontrer. Krugman démonte la thèse de la « sous-consomma-
tion » (idée que, les revenus se concentrant chez une élite, la demande globale ralentit en
sapant le pouvoir d’achat de la classe moyenne). La réalité a été que la dépense du consom-
mateur est restée forte. En vérité, selon Krugman, la montée de inégalités a justement don-
né lieu à trop de consommation : les défavorisés se sont trop endettés. « Cascade de dé-
penses » selon Robert Frank : analyse sociologique des groupes de référence (on prend
comme référent le groupe juste au-dessus du sien) → dans une logique top/down, la norme
de consommation s’est déplacée vers le haut. Pour Elizabeth Warren : inégalités en matière
d’éducation → les familles « moyennes » s’efforcent de résider dans de bons quartiers pour
avoir une bonne école → forts taux d’endettement → elles sont plus vulnérables face à une
perte d’emploi ou à la maladie. Krugman s’avance à dire que l’influence des inégalités sur
l’économie est avant tout politique : « Il est difficile de faire comprendre quelque chose à un
homme quand son salaire dépend du fait qu’il ne le comprenne pas » (Upton Sinclair).
L’élite et l’économie politique des mauvaises décisions.
Exemple révélateur : fusion (illégale) de Citicorp & Travelers Group. Appui des
hommes politiques pour faire changer la loi et, par rétroaction, légaliser cette fusion →
portes-tambours pour Phil Gramm et Robert Rubin. Georges Stigler, théorie de la capture de
régulation. Question des revenus post-mandats des hommes politiques → Plaire à Davos plu-
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tôt qu’à son électorat ! Corrélation entre inégalités des revenus et durcissement des posi-
tions politiques US.
Chapitre 6 : Économie de l’âge obscur.
Robert Lucas, Économie de l’âge obscur (2003) : « le problème central de la macro-
économie – la prévention des dépressions – est résolu, et ce pour de nombreuses années »
→ Krugman : « les économistes ont jusqu’ici constitué une partie du problème, pas sa solu-
tion » ! Comment a-t-on pu s’employer ainsi à oublier les enseignements de la macroécono-
mie depuis 1930 ?
L’anti-keynésianisme.
Une « tradition » de la droite selon Krugman. En 2005, un magazine classait la Théo-
rie générale parmi les 10 livres les plus nocifs des XIX° et XX° siècles, avec Mein Kampf et le
Capital. Les conservateurs, s’ils admettaient l’utilité de l’État dans les crises, risqueraient
une pente glissante vers le socialisme. Amalgame entre keynésianisme et planification cen-
trale + redistribution radicale. Kalecki montre que les capitalistes tiennent leur pouvoir du
laissez-faire : « La fonction sociale de la doctrine de la « finance saine » est de faire dé-
pendre le niveau de l’emploi de l’état de la confiance ».
Quelques rares exceptions.
Années 1930, peu de respect pour les marchés financiers → Keynes : métaphore du
concours de beauté et d’une économie de casino. Puis tout cela a disparu de l’analyse finan-
cière, laissant place à l’hypothèse d’efficience des marchés de Fama – les marchés finan-
ciers déterminent le prix des actifs à leur valeur fondamentale, en fonction de toute l’info
disponible. MEDAF (modèle d’évaluation des actifs financiers) très utile et séduisant, mais
détaché du monde réel, du rendement. Alan Greenspan, « prophète égaré », et Fama : pas
changé d’avis même après Lehman Brothers. Pour de nombreux économistes, il est trop
difficile d’admettre ses erreurs.
Murmures et ricanements.
Milton Friedman, 1965 : « Désormais nous sommes tous keynésiens ». → Une ma-
croéconomie aux fondements philosophiques très homogène (monétarisme/keynésianisme
par ex.). Et puis, schisme en 2 groupes : macro-économistes d’eau de mer (keynésiens) et
d’eau douce (puristes du laissez-faire pour qui jamais d’insuffisance généralisée de la de-
mande). En 1980, Robert Lucas, après avoir lancé des idées séduisantes, déclare que « la
seule évocation des thèses keynésiennes provoquera désormais murmures et ricane-
ments ». Peu après, les nouveaux modèles économiques tombaient à l’eau ; mais il était
pour les économistes d’eau douce trop tard pour admettre leur erreur, et ils se sont enfon-
cés plus profond dans l’erreur → Théorie des cycles réels absurde mais terriblement in-
fluente. Mais certains sont revenus vers le keynésianisme en le « relookant » → NÉK. Krug-
man : « Du coup, au lieu de se montrer utiles quand la guerre a frappé, trop d’économistes
se sont lancés dans des guerres de religion. »
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L’économie de pacotille.
Pendant longtemps, pas de problème : la FED avait tout en main, les politiques mo-
nétaires suffisaient – ce que Friedman avait prévu : Bernanke l’a remercié « grâce à vous,
cela ne se reproduira plus ». Or, en 2008, ça n’a pas suffi, et les guerres au sein de la ma-
cro-économie aboutissent à l’absence d’une solution claire et partagée. Les économistes
conservateurs s’opposent à une relance → Barro, la relance contrebalancée par baisse de la
consommation privé ; R. Lucas, théorème d’équivalence ricardienne.
10
Chapitre 7 : Anatomie d’une réaction inadéquate.
Obama : promesses d’actes audacieux et rapides pour résoudre la crise. ARRA (Ame-
rican Recovery and Reinvestment Act), programme important de création d’emplois … Mais
inadapté à la taille de l’enjeu (comparaison WPA de 1933…). Cette politique de la demi-me-
sure a été largement partagée par les gouvernements du monde ; inefficaces face à la crise,
on en a trop vite déduit qu’aucune politique de relance ne pourrait être la solution.
La crise survient.
Développement de la bulle immobilière aux USA (Sand states, émission Flip this
house) → pic en 2006. Puis éclatement de la bulle → Ménages en défaut de remboursement
→ Dénonciation des déchets toxiques, écoulés auprès de banques devenant insolvables par
la suite. Août 2007, BNP Paribas gèle deux de ses fonds d’investissements. → Récession
américaine, en suspens jusqu’à la faillite de LB le 15 septembre 2008 → Crise de confiance
vis-à-vis du système bancaire fantôme, mise en pension, haircuts → Crise de liquidités →
Vente massive d’actifs. Réduction de l’accès à l’emprunt pour les moins solides. Plan de sau-
vetage des banques (TARP aux termes trop généreux pour les banques & actionnaires ?) →
2009, retour à une situation +/- normale des marchés financiers. Mais il aurait fallu un plan
de sauvetage équivalent pour l’économie réelle !
Relance inadéquate.
Taux d’intérêts à court terme déjà à 0 → Fed impuissante. Reste la relance budgé-
taire (« accroissement temporaire de la dépense publique et/ou des abattements fiscaux,
profilés de façon à soutenir la dépense globale et créer de l’emploi ») → ARRA de seulement
787 milliards de $, très insuffisant et a discrédité l’idée de la relance budgétaire. Dépense
publique US est bien passée de 19,7 à 24,1 % du PIB, mais c’est 1parce que la croissance
s’est gelée et 2cette hausse de la dépense se concentre sur des programmes sociaux en
réaction à la crise. ARRA conçu comme bref coup de pouce ; 40 % déductions fiscales, reste
partagé entre allocs chômage, Medicaid, renflouement admin publiques. Très peu d’inv ou
d’emploi direct type WPA (New Deal de Roosevelt).
Les raisons de l’échec.
« Les mesures adéquates étaient très difficiles à imposer politiquement, mais nous
ne saurons jamais si elles seraient passées parce qu’Obama et son administration n’ont ja-
mais rien envisagé d’assez conséquent pour régler le problème ». + Larry Summers, p.153.
Le fiasco de l’immobilier.
Remboursement par les ménages de leur dette = effet de richesse négatif qui com-
prime la demande globale. Dès lors, solution serait de réduire directement la dette, modifier
les contrats pour éviter l’épidémie de saisies de biens immobiliers. 2009, administration
Obama a lancé un programme de soulagement de la dette ; mais là aussi, à échelle bien
trop minuscule par rapport aux enjeux.
11
Le chemin que l’on n’a pas emprunté.
Ø.
Chapitre 8 : Et le déficit, alors ?
Relance discréditée car trop faible ampleur du plan, et surtout parce que « les débats
avaient cessé de se focaliser sur le chômage pour se recentrer sur la dette et le déficit » …
Ce qui est injustifié.
Introuvables vigiles.
Vigiles du Trésor : « investisseurs qui se débarrassent des obligations d’un pays
quand ils perdent confiance en sa politique monétaire/budgétaire ». Or, le marché obliga-
taire américain présente des taux réels aujourd’hui négatifs : empruntez donc davantage !
Cf. courbe p.164.
Comprendre les taux d’intérêts.
Idée répandue sur l’emprunt d’État : il provoque nécessairement la hausse des taux
d’intérêts, puisqu’on accroît la demande de prêts. FAUX dans une économie déprimée, car
on est dans une trappe à liquidités : épargne des ménages > montant des investissements
souhaités par les firmes. L’État, en empruntant, ne fait que trouver un usage à l’excédent
d’épargne disponible du secteur privé. « Dans une économie déprimée, le déficit budgétaire
ne fait pas concurrence au secteur privé dans la quête de fonds et il n’y a donc pas explo-
sion des taux d’intérêts. Comment explique-t-on alors les remontées des taux d’intérêts à
long terme (courbe p.164) ? Par des poussées d’optimisme. Cas de l’Europe : les taux d’inté-
rêts ont grimpé en flèche, non pas par optimisme, mais au contraire par la peur du défaut de
solvabilité des Etats … La Grèce, l’Italie, l’Irlande ont des taux d’endettement bien moins
lourds que l’UK pendant le XX° siècle, mais ils risquent une attaque des bond vigilantes –
cause : l’euro.
Et le poids de la dette ?
La dette n’a rien de tragique tant qu’elle croît moins vite que la somme de la crois-
sance et de l’inflation. Justification historique : USA 1946-1962, dette équivalente mais pas-
sant, grâce à la croissance et l’inflation, de 94% à 60% du PIB. « Nous n’aurons jamais à
rembourser la dette actuelle. Il suffira de payer une part suffisante de ses intérêts, de façon
à ce qu’elle croisse nettement plus lentement que l’économie. » On pourrait par exemple
décider de payer (valeur de la dette x taux d’intérêts réels) pour que la valeur réelle de la
dette (déflatée) reste constante – du coup, le poids de la dette dans le PIB baisserait. Cela
coûterait 125 milliards de $ par an aux USA – soit moins de 1% du PIB.
La focalisation insensée sur le déficit de court terme.
Les coupes budgétaires ont-elles un sens ? Non. Les « austériens expansionnistes »
se heurtent au théorème « Dépenses = revenus » ; sans compter les effets à long terme des
coupes sur la croissance potentielle (goulets d’étranglement précipités, donc rapport dette/
PIB empire !).
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Peut-on traiter par la dette un problème créé par la dette ?
Importance de l’identité des débiteurs. Endettement US net à l’étranger faible. Essen-
tiel dette US = argent prêté à nous-mêmes ! Le jeu de la dette s’arrête lorsque les « pa-
tients » n’ont plus confiance en les « impatients » qui leur ont emprunté → choc de désen-
dettement (Fischer → Dépression). Solution ? 1. Allègement de la dette ; 2. Inflation ; 3. In-
tervention de l’État – donc substitution de la dette privée par la dette publique. Exemple
historique : WW2, dépenses militaires ont comblé la demande globale, puis boom de conso a
pris le relais car expansion + inflation = allègement de la dette privée.
Chapitre 9 : Inflation, la menace fantôme.
Selon les anti-inflationnistes, déficit budgétaire + rachat d’obligations & crédits im-
mobiliers par la FED → Inflation. Ils tirent la sonnette d’alarme … Alors que Ø inflation car
trappe à liquidité.
La monnaie, la demande et l’inflation (ou son absence).
Lorsque la Fed achète des titres ou des emprunts aux banques, elle crée la monnaie
dont elle les crédite sur leur compte de réserve. Les banques vont alors offrir des prêts,
aboutissant à plus de demande. C’est donc le boom qui crée l’inflation ; pas de boom (éco
déprimée) = pas d’inflation (Japon). Stagflation (inflation + chômage élevé) résulterait d’un
choc négatif sur des prix puis de l’indexation des salaires sur le coût de la vie – mais ça
n’existe presque plus. Bref, pourquoi l’action de la Fed n’a-t-elle pas créé d’inflation ? Parce
que la trappe à liquidité fait que les prêts « sûrs » ne rapportent quasiment rien, donc les
banques laissent dormir l’argent sur leur compte de réserve. De +, cette politique de la Fed
a permis de limiter la panique bancaire et de renflouer le financement à CT des entreprises.
Et d’abord, quel est vraiment le niveau de l’inflation ?
Mesure de l’inflation : Indice des Prix à la Conso (IPC). 2008-2011 : +3,6 % en 3 ans
(peu). Inflation de base (IPC – cours de l’alimentaire & énergie) sert à calculer l’inertie de
l’inflation. On étudie alors des prix qui ne sont que rarement révisés, et dont la révision cor-
rige & anticipe l’inflation → spirale auto-entretenue de l’inflation. L’inflation ne s’installe que
si elle s’incorpore ainsi dans l’éco. Théorie du complot inflationniste : l’inflation officielle est
falsifiée … In fine, on observe une faible inflation, qui pourrait encore baisser, mais cela
compliquerait la sortie de crise.
Plaidoyer pour une inflation plus forte.
Article d’Olivier Blanchard du FMI : il faudrait viser une inflation de 4%. Pas de risque
type hyperinflationniste (retour au troc & impossibilité d’anticiper), mais avantages : attrac-
tivité de l’emprunt, marge de manœuvre Fed plus grande, réduction de la valeur réelle de la
dette, contournement de la rigidité nominale des salaires à la baisse (important en Europe
pour réajuster les salaires sur l’Allemagne).
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Chapitre 10 : Eurodämmerung.
L’établissement (« fatal » selon Krugman) d’une monnaie commune est plus politique
qu’économique – ignorant les inconvénients de taille d’une telle politique.
Le problème de la monnaie (unique).
Avantages de l’€ : on évite les coûts réels des transactions extérieures (taux de
change, nécessité d’une réserve de devises) et il y a moins d’incertitude (meilleure visibilité)
pour le futur liée à la fluctuation entre les taux de change. Plus une entité politique fait com-
merce avec ses voisines, plus il est problématique qu’elle ait une monnaie propre. MAIS.
Espagne : bulle immobilière → inflation → hausse salaires → puis bulle éclate, pas possible de
se réorienter vers l’industrie car salaire non compétitifs ! Seule solution en monnaie com-
mune : forcer des salaires plus bas. En monnaie propre, elle aurait pu recourir à la dévalua-
tion, baissant la valeur relative des salaires (Friedman, heure d’été). Donc monnaie unique a
des gains d’efficacité mais une perte de flexibilité critique en cas de choc asymétrique. Cri-
tères Zone Monétaire Optimale : intégration commerciale (échanges à 60% intra-européens
donc OK) + mobilité de la main d’œuvre (diversité culturelle & linguistique en Europe donc
NON) + intégration budgétaire (absence de gouvernement central … NON).
L’eurobulle.
Création de l’euro a mis les investisseurs en confiance vis-à-vis du sud de l’Europe
(GIPSI), jugé désormais aussi sûr que l’Allemagne → baisse taux d’emprunts pour GIPSI →
bulles immobilières → Sud perd sa compétitivité car salaires grimpent → Déficits commer-
ciaux se creusent. Éclatement des bulles → choc asymétrique → manque d’intégration bud-
gétaire a creusé déficits & dettes. La crise US n’a été qu’un révélateur : la crise européenne
devait éclater tôt ou tard.
La Grande Illusion européenne.
« Hellénisation » du problème : la crise serait essentiellement due à l’irresponsabilité
budgétaire – d’où la nécessité d’imposer des règles pour que ça ne se reproduise plus.
FAUX : graphe p.215 → la dette n’a explosé qu’avec la crise, donc stop avec le côté morale
fataliste (« pêché »).
Le véritable problème de l’Europe.
« L’Europe est un assemblage de nations possédant chacune son propre budget et
son propre marché du travail, mais pas sa propre monnaie – et c’est cela qui crée la crise ».
La stratégie de la déflation (« dévaluation interne ») inefficace : socialement très coûteux,
économiquement très lente (cliquet) … Risque de déflation par la dette. € → Grande vulnéra-
bilité face à une crise autoréalisatrice : peur d’un défaut par illiquidité entraîne le défaut.
Sauver l’euro.
Faut-il revenir à sa monnaie propre ? Pas forcément. Induirait coûts importants : pa-
nique bancaire, problèmes juridiques des dettes libellées en €, et défaite politique coûteuse
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pour la démocratie. Mieux vaut donc sauver l’€. Comment ? Mettre fin à la panique (BCE doit
racheter obligations d’État), politique monétaire expansionniste, relance Allemande, austéri-
té prolongée pour les déficitaires.
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Chapitre 11 : Les austériens.
2008-2010 : Etats ont eu recours à des politiques budgétaires & monétaires expan-
sionnistes ; mais dès 2010, soudain, « tout ce qui était blanc sera noir » → OCDE préconise
austérité : USA ne suivent pas, mais UK & BCE, si. Quels arguments des austériens ? Plutôt
une cacophonie illusoire...
Le jeu de la peur.
2010, alors que situation s’est globalement améliorée, crise grecque déclenche la
montée de l’austérianisme. Stigmatisation à la grecque des pays déficitaires, dont USA.
Alarmes de Bowles & Simpson → Or, taux d’emprunt US n’ont jamais été si bas ! Excuse des
alarmistes : la Fed rachète secrètement de la dette sous couvert d’un programme ! Or, fin
du programme, taux toujours aussi bas. Dégradation par S&Poor’s → Les taux continuent de
baisser ! Il faudrait que l’austérité attende un peu, car dans le contexte actuel la réduction
des dépenses publiques ne pourrait être compensée.
La fée confiance.
(JP Trichet p.225) Illusion d’une confiance qui compenserait la baisse de la demande,
le ralentissement de l’économie, la montée du chômage. 2 façons dont la réduction des dé-
penses pourrait stimuler la demande : impressionner les investisseurs (baisse taux d’inté-
rêts) ou les consommateurs (qui s’attendent à une baisse d’impôts). Cependant, notion
d’austérité expansionniste peu plausible. Même étude 2011 FMI reconnaît que l’austérité a
un effet déprimant plutôt qu’expansionniste ! En fait on a sous-estimé combien la situation
actuelle était « keynésienne » parce que politiques monétaires ne sont plus efficaces.
L’expérience britannique.
UK de Cameron = seul État à s’être lancé très volontairement dans l’austérité. Résul-
tat ? Les taux sont tout aussi bas qu’ailleurs (« il semblerait que les investisseurs
n’éprouvent aucune inquiétude envers un État tant qu’il est économiquement avancé, qu’il
possède un gouvernement stable et sa monnaie propre ») … et l’économie reste profondé-
ment déprimée.
Le travail des crises.
Austériens & OCDE appellent à relever les taux d’intérêts. Mais pourquoi donc ? On
se fie plus au marché qu’aux modèles, et on sur-interprète … Liquidationnisme pas mort ?
Le pourquoi du comment.
Keynes explique la popularité de l’économie ricardienne par sa « grandeur morale »
et sa capacité à « séduire les forces sociales dominantes ». Kalecki explique l’importance
pour les PDG à invoquer la confiance : cela leur confère un moyen de pression auprès du
gouvernement ! Donc cette focalisation sur l’acquittement des dettes est en faveur des
créanciers.
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Chapitre 12 : Ce qu’il en coûtera.
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Chapitre 13 : Sortez-nous de cette crise !
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Postface : Que sait-on vraiment des effets de la dépense pu-
blique ?
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