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CHINNA KATHA

VOLUME 2

HISTOIRES ET PARABOLES EXTRAITES DES DISCOURS DIVINS

DE

BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA

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AVANT-PROPOS

‘’Oka Chinna Katha !’’ Si Bhagavan interrompt le flux de Son discours en cours avec ces trois mots télougous qui veulent dire ‘’Une petite histoire !’’, toutes les oreilles se dressent et tous les cœurs sont en alerte, car l’histoire qui va suivre est un éclair qui illumine, une ondée qui rafraîchit, une plaisanterie qui chatouille, un médicament qui soulage, un aperçu de la grandeur des épopées ou de l’absurdité prétentieuse, une parenthèse poétique ou une pique hilarante, un air qui éclaire ou une dragée de perspicacité, une repartie cinglante ou une volée de bois vert à l’encontre du cirque religieux. Ce peut être un récit stimulant du passé ou la mention d’une comédie contemporaine ou peut-être encore un coup d’estoc à l’encontre d’une dispute théologique ou une remontrance élégante à l’encontre d’un dignitaire égoïste. Si nous considérons son intérêt, la ‘’petite histoire’’ est un instrument efficace dans l’arsenal pédagogique de Bhagavan. Dans Ses discours, les paraboles et les histoires scintillent au firmament de Son amour et Il s’arrange pour que certaines touchent nos cœurs et s’y nichent pour que nous les cajolions et que nous les chouchoutions jusqu’à ce qu’elles fassent partie intégrante de nos pensées et de notre comportement. Voici un bouquet parfumé et enchanteur de ces kathas multicolores pour notre plus grande délectation, méditation et inspiration.

- Le regretté N. Kasturi

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SOMMAIRE 1. Guru dakshina 7 2. La loyauté envers le guru 8 3. Pureté, patience et persévérance 9 4. Samarth Ramdas 11 5. Pratiquez et puis prêchez ! 14 6. Le Maître et les disciples 15 7. Le Maître et le chercheur 17 8. Chaque action produira une réaction 17 9. Lettre à son fils 18 10. Tel père, tel fils 18 11. Le rôle de la mère 19 12. Putali Bai 20 13. Une mère exemplaire 20 14. La mère et la patrie 22 15. Le patriotisme 22 16. Vous devez dire la vérité 23 17. Ne mentez jamais, même pour plaisanter 24 18. L’honnêteté est la meilleure politique 25 19. Les moyens déterminent la fin 25 20. Gare à la colère ! 26 21. L’orgueil d’Arjuna 27 22. La cupidité sème les germes du malheur 28 23. L’avarice conduit au malheur 29 24. L’homme à l’esprit duel est réellement aveugle 29 25. L’attachement 30 26. La princesse aux pieds ailés 31 27. Un partage juste et équitable des biens 32 28. Le désir conduit au désespoir 32 29. Ô joie, ô désespoir croustillant… 33 30. Des diplômes particuliers 33 31. Retenir par cœur est dangereux 34 32. Trois sortes d’écoute 35 33. Ne pas suivre aveuglément les instructions 36 34. Ne pas condamner trop hâtivement 37 35. Fruits à vendre ici 38 36. L’imitation aveugle 38 37. Le remède à un épineux problème 39 38. Qu’est-ce qui est le plus blanc dans le monde ? 39 39. Un concours de beauté 41 40. Le tact et la discrétion en matière de pensées, de paroles et d’actes 41 41. Le pouvoir de la pensée 43 42. On devient ce que l’on pense 44 43. Bien mal acquis ne profite jamais 45 44. La précipitation nuit gravement 46

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45. Agir avec à-propos, ici et maintenant 47 46. Le contrôle de l’esprit 48 47. Garder l’esprit occupé 49 48. Purifier son esprit 49 49. Le contrôle des sens 50 50. La fin du mental 50 51. Toujours faire preuve de prudence 52 52. L’humilité de Sir Isaac Newton 53 53. L’exemple d’Einstein 54 54. L’équanimité 54 55. Une question d’indulgence 55 56. Voir le bien en toute chose 56 57. Qui est vraiment philosophe ? 56 58. Rien que des beaux parleurs ! 57 59. Qui est un vrai pandit ? 58 60. Qu’en est-il du péché ? 59 61. Préférences et aversions 60 62. Goût et dégoût 61 63. La pratique rend l’homme parfait 61 64. Le devoir est Dieu 63 65. Le travail est adoration 63 66. Sur le fil 64 67. Le pouvoir de la prière 65 68. S’adapter et s’accommoder 66 69. Une question de supériorité 67 70. L’effort humain 67 71. La dignité du travail 68 72. Aide-toi et le Ciel t’aidera 68 73. Une résolution ferme 69 74. Acte de déraison, offrande spirituelle ou sadhana ? 69 75. La division de l’attention 70 76. Le masque de la prétention 71 77. Le désir d’un fidèle 71 78. Tout est divin 72 79. Shiva ou Vishnu ? 72 80. Dieu est omniprésent 73 81. Le culte des idoles 74 82. Ne pas considérer Dieu comme une pierre ou comme une image 74 83. Qui est le gardien du temple ? 75 84. Du bois de santal réduit en charbon de bois… 76 85. Qu’est-ce que le véritable détachement ? 77 86. Un mariage…sans mari ! 77 87. Le dernier souhait de Mahmoud de Ghaznî 78 88. La destruction de l’attachement 78 89. La charité est l’ornement de la main 79 90. L’importance des bonnes fréquentations 80

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91. La transformation d’un pécheur en saint 81 92. Qui est digne d’entrer au Paradis ? 82 93. Qu’entend-on par sacrifice ? 83 94. Le bénéfice du don 83 95. Un excès d’indulgence 84 96. Qui est le véritable ami ? 84 97. Tel roi, tel peuple 85 98. Les modes du divin 87 99. L’impatience 88 100. Les épreuves approfondissent les convictions 89 101. Qu’est-ce que la prière authentique ? 90 102. Demandez et on vous donnera ! 91 103. La foi est le souffle même de la vie 92 104. Le pouvoir de la foi 93 105. Comment gagner la grâce de Dieu 94 106. Dieu n’abandonnera jamais Son fidèle 95 107. Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné de surcroît 96 108. Cesse de réclamer, ô mental ! 97 109. Ceci appartient au fidèle qui m’est le plus cher 98 110. Les chants chers au Seigneur 99 111. Un renoncement complet 100 112. L’indulgence de Draupadi 101 113. Un sacré entêtement pour Krishna ! 102 114. Bénis sont les cœurs purs, car ils verront Dieu 102 115. Le plan et la logique de Dieu 104 116. Comment devenir cher au Seigneur 104 117. Le karma est responsable de tout 105 118. Le réservoir de l’amour et de la bienveillance 106 119. Qu’en est-il de la véritable intrépidité ? 107 120. Shiva et Shankaracharya 109 121. Ubhaya Bharathi 109 122. Le sage, les hommes et les animaux 110 123. Les dons de la grâce et l’ingratitude 113 124. Chalo re man Ganga Yamuna Teer 114 125. Les trois stades 115 126. Le martyre de Mansour 117 127. La béatitude est Brahman 118 128. Naabhaka, fils et étudiant idéal 119 129. Jada Bharata 120 130. Bhasmasura 122 131. Le sankalpa divin 123 132. Urgence et fusion 123 133. L’amour donne tant et plus 125 134. L’influence des vibrations d’un lieu 126 135. Une leçon de fraternité 127

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136. L’humanité 127 137. Ne jugez pas quelque chose par son apparence extérieure 128 138. Jnanadeva & Namadeva 128 139. Le marché du siècle 129 140. Les cinq transgressions 129 141. Les trois questions 130 142. La longanimité, la plus grande qualité d’un chercheur spirituel 131 143. Qu’est-ce que la véritable dévotion ? 132 144. Qu’est-ce qu’un véritable fidèle ? 132 145. Sri Rama et le chien qui saignait 133 146. Promesse et négligence coupable 133 147. Dieu fait tout pour le mieux 134 148. Un véritable yogi 135 149. Quand le ministre d’un roi devint ministre de Dieu 136 150. Le pandit et la laitière 137 151. La grève des organes des sens 137 152. La parabole du vignoble 138 153. Muhammad Ghûrî 139 154. L’exemple d’Edison 140 155. L’art subtil de la repartie 140 156. La qualité ou la quantité ? 141

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1. GURU DAKSHINA C’était l’époque où Krishna et Balarama étudiaient sous la tutelle du grand sage, Sandeepani. Ils se conduisaient en étudiants idéaux en servant leur guru avec appréhension et respect et cependant, ils ne manquaient ni d’amour, ni de loyauté à l’égard du sage. Un jour, Krishna s’approcha de son guru et lui dit : ‘’Ô sage ! Nous remarquons souvent que vos yeux sont remplis de larmes, quand nous conversons avec vous. Il doit y avoir quelque raison impérieuse derrière ce chagrin. Pourriez-vous nous en faire part ? Aucun acte de service ne peut être aussi saint ni aussi méritoire que celui de restaurer la joie dans le cœur de notre guru. N’hésitez pas et n’ayez aucun doute là-dessus !’’ Sandeepani attira les deux frères tout près de lui et les faisant s’asseoir, il leur dit : ‘’Les enfants, je retire une grande joie de votre présence dans l’ashram. Elle me rappelle mon fils que j’ai perdu…’’ En prononçant ces paroles, il éclata en sanglots. Balarama tomba à ses pieds et dit : ‘’Guruji ! Dites-nous ce qui lui est arrivé et où il se trouve maintenant et nous vous le ramènerons, très certainement !’’ ‘’Les enfants, après de nombreuses années passées en tapas (austérités), j’ai été béni et j’ai reçu un fils. Je l’ai élevé avec amour et beaucoup de soin. Et puis un jour, il s’est rendu à Prabhasa Kshetra pour prendre un bain sacré dans la mer et il s’est noyé en se baignant. Depuis lors, je souffre d’une peine inconsolable, mais depuis que vous êtes arrivés dans mon ashram, j’en retire un grand réconfort et beaucoup de joie. Vous êtes si bons, si humbles, si disciplinés ! Je suis triste, parce que dans un jour ou deux, vous devrez quitter l’ashram. Vous avez appris tout ce qu’il y avait à apprendre. Vous ne sauriez rester plus longtemps. Après votre départ, je serai de nouveau envahi par un chagrin inconsolable.’’ Krishna se leva et les mains jointes, il dit avec fermeté : ‘’Ô meilleur des maîtres ! Nous devons témoigner notre gratitude à notre instructeur ! Vous nous avez appris des arts et des sciences précieuses. Notre devoir n’est-il pas de plaire à notre guru ? Nous allons immédiatement nous rendre à Prabhasa Kshetra pour y rechercher votre fils et si nécessaire, nous nous battrons contre l’océan et même contre le Seigneur de la Mort pour ramener votre fils. Nous vous prions de nous bénir.’’ Sandeepani était confiant dans le fait que les garçons réussiraient dans leur entreprise. Il savait que ce n’était pas des garçons ordinaires et par conséquent, il les bénit et les autorisa à tenter l’aventure. Balarama et Krishna prirent rapidement la direction de la mer et depuis la rive, ils lancèrent à voix haute et d’une voix impérieuse : ‘’Océan ! Restitue-nous immédiatement le fils de notre guru, Sandeepani, ou alors endure le châtiment que nous avons bien l’intention de t’infliger !’’ L’océan se mit à trembler de peur en entendant ces mots. Il toucha leurs pieds et il dit : ‘’Pardonnez-moi, ô vénérables, mais ce n’est pas ma faute. Alors que le garçon se baignait, sa destinée l’a attiré dans les profondeurs et Panchajana, l’ogre qui vit dans les cavernes, l’a avalé. Voilà la vérité. Je vous laisse décider.’’ Krishna remercia l’océan pour lui avoir transmis cette

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information et après avoir plongé dans ses profondeurs, il atteignit la caverne de l’ogre qu’il éventra, mais il ne put découvrir les restes du garçon, puisqu’il avait été remis au Dieu de la Mort. Il trouva une conque dans l’estomac de l’ogre, puis il se rendit chez le Dieu de la Mort et devant l’entrée de sa demeure, il souffla dans la conque. Le Seigneur de la Mort apparut devant les deux frères, Balarama et Krishna et il s’enquit poliment : ‘’Puis-je savoir ce qui vous amène chez moi ?’’ Les frères lui ordonnèrent d’amener le fils de leur guru, Sandeepani, et de le leur remettre. Yama répondit : ‘’Je ferai certainement comme il vous plaira. Mes serviteurs vont aller chercher le garçon pour vous le remettre.’’ Quelques secondes plus tard, le fils béni fut restitué à Krishna. Balarama et Krishna se hâtèrent de retourner à l’ermitage avec le garçon. Ils remirent son fils à leur guru et ils dirent : ‘’C’est notre guru dakshina. Nous vous prions de l’accepter comme telle.’’ La joie des parents fut indescriptible et ils bénirent les deux frères. Sandeepani versait des larmes de joie en réalisant sa toute bonne fortune d’avoir comme pupilles de telles Incarnations divines. Même les Avatars reconnaissent la grandeur d’un précepteur et obéissent à l’injonction des Upanishads, ‘’Acharya Devo Bhava’’ (Vénérez votre guru comme Dieu) pour montrer l’exemple au monde.

2. LA LOYAUTÉ ENVERS LE GURU Il y avait un grand sage qui s’appelait Gautama dans l’Inde ancienne. Il avait beaucoup de disciples qui étudiaient sous sa direction. Un jour, il appela tous ses disciples et il leur dit : ‘’Mes chers enfants ! Vous savez que nous expérimentons une terrible sécheresse dans cette région et il n’y a aucun signe d’amélioration. Je suis très inquiet en ce qui concerne le cheptel de notre ermitage. Les bêtes sont déjà devenues faméliques et faibles. Je ne puis supporter la vue de la souffrance de ces pauvres créatures. Ces vaches doivent être conduites ailleurs où il y a de vastes pâturages et beaucoup d’eau et je serais très heureux que l’un d’entre vous se porte volontaire pour entreprendre cette tâche. Vous pourrez les ramener une fois que la calamité sera passée.’’ Beaucoup de pupilles se contentèrent de baisser la tête, de peur que leur Maître ne découvre leurs véritables sentiments. Certains tentèrent même de se dissimuler derrière les autres pour éviter le regard direct du guru. Un élève qui s’appelait Sathyakama se leva et dit, après avoir salué le Maître : ‘’Maître, je les conduirai, ne vous faites pas de soucis.’’ Beaucoup d’étudiants essayèrent alors de le dissuader d’entreprendre une tâche aussi dangereuse et le mirent en garde : ‘’Oh ! Il te faudra rester tout seul en pleine nature, bien loin des commodités de l’ermitage et il se peut même que tu ne trouves aucune nourriture acceptable.’’ Sathyakama répondit : ‘’Mes chers amis ! J’ai tout à fait confiance dans le fait que les bénédictions de notre guru me procureront la sécurité et de quoi m’alimenter et je ne serai pas tout seul, puisque j’aurai ces vaches pour me tenir compagnie.’’

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Le guru était satisfait qu’au moins un parmi ses nombreux élèves se soit porté volontaire pour entreprendre ce travail et lui rendre service. Il bénit Sathyakama et il dit : ‘’Tu emmènes avec toi 400 vaches. Tu pourras revenir lorsque le troupeau se sera multiplié pour atteindre un total de mille vaches. ‘’ Sathyakama emmena le bétail dans une vallée pittoresque. Chaque jour, il se levait dès l’aube, il accomplissait ses ablutions et se baignait, puis il effectuait ses prosternations au dieu du Soleil et récitait ses prières. Qu’il s’occupe du bétail, qu’il marche ou bien encore assis, il chantait constamment le Nom de Dieu. Il veillait affectueusement sur le bétail. Il considérait que servir le bétail était comme un service rendu au guru. Il n’éprouvait jamais d’angoisse ni de souci par rapport à sa vie solitaire et il ne se souciait même pas de compter les vaches. Un matin, les rites terminés, il s’assit sous un arbre et Indra, le chef des dieux apparut devant lui et lui dit : ‘’Mon cher fils ! N’as-tu pas remarqué que le troupeau s’est multiplié jusqu’à totaliser un millier de vaches ? Tu peux maintenant retourner à l’ermitage de ton Maître et je t’accompagnerai. Allons-y !’’ Sathyakama se prosterna devant Indra et le remercia pour lui avoir rappelé qu’il était temps de rentrer. Sathyakama et Indra durent passer quatre nuits dans quatre endroits différents. Chaque matin, Sathyakama apprenait l’essence d’un Véda et c’est ainsi qu’en arrivant à l’ermitage de son guru, il maîtrisait les quatre Védas. Son visage luisait d’une étrange splendeur suite à l’illumination védique conférée par le dieu du Ciel. Après avoir éclairé Sathyakama, le Seigneur Indra disparut, ayant répandu sa grâce sur le jeune garçon. Sathyakama arriva à l’ermitage de son guru en compagnie de mille vaches et il reçut un accueil vibrant de la part de son guru et des autres résidents. Sathyakama se prosterna aux pieds de son Maître. Gautama l’embrassa et lui dit : ‘’Je sais que tu es maintenant un grand savant védique et tu le mérites, mon fils !’’ Sathyakama ne sut plaire à Indra, le dieu du Ciel, qu’en raison de son amour et de sa loyauté à l’égard de son guru.

3. PURETÉ, PATIENCE ET PERSÉVÉRANCE Un certain aspirant spirituel se rendit auprès d’un sage et lui demanda un mantra. Le sage dit qu’il ne lui communiquerait le mantra que si le disciple acceptait de le servir pendant douze ans en exécutant toutes ses injonctions. Le disciple y consentit et entreprit de rendre service à son précepteur pendant douze ans avec une grande dévotion. Au terme de cette période, lorsque le sage sentit sa fin approcher, il demanda à son disciple de lui apporter une feuille de palmier sur laquelle il écrirait le mantra avant de mourir. Le disciple partit chercher une feuille de palmier, mais avant qu’il ne puisse revenir, son précepteur avait quitté ce monde. Le disciple apprit de la bouche d’un garçon qui était là qu’avant de mourir, le sage avait écrit quelque chose sur le sable, qu’une femme avait copié, mais ensuite, celle-ci avait effacé l’inscription. Le disciple se mit à chercher la femme qui possédait quelques ânes. Il

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apprit d’elle qu’elle avait recopié l’inscription sur le rouleau de feuille de palmier qu’elle portait à l’oreille. Lorsqu’elle apprit du jeune homme que l’inscription était un mantra qui lui était destiné et pour lequel il avait servi le sage fidèlement pendant douze ans, la femme dit qu’elle ne lui remettrait la feuille de palmier que s’il la servait avec obligeance pendant douze ans. Le disciple, qui était déterminé à obtenir le mantra, coûte que coûte, y consentit. Le jeune homme s’occupa des ânes et servit la femme pendant de nombreuses années et il vivait de la nourriture que celle-ci lui donnait. Un jour, il ne reçut rien à manger et il partit en quête de nourriture. Il apprit que le roi nourrissait les pauvres depuis longtemps et qu’il pourrait peut-être recevoir un repas, s’il se rendait à la soupe populaire. Sur place, il apprit que le jour même, le roi avait cessé de nourrir les pauvres, parce que cela n’avait pas produit les résultats escomptés. Le roi avait commencé à nourrir les pauvres en suivant le conseil de son précepteur, qui lui avait dit qu’il aurait un fils, si un homme réellement pieux mangeait de la nourriture qu’il servait aux pauvres. Dans le palais, il y avait une cloche, et quand celle-ci sonnerait d’elle-même, cela signifierait qu’un homme pieux avait goûté la nourriture du roi. Comme ces repas se prolongeaient depuis pas mal de temps et que la cloche restait muette, le roi avait décidé de mettre un terme aux repas. Cela se produisit donc le jour où le jeune disciple se rendit à la soupe populaire. En apprenant que tous les récipients employés pour cuisiner avaient été envoyés à la rivière pour y être nettoyés, le jeune homme s’y précipita pour voir s’il ne restait pas quelques restes dans les marmites. Il découvrit tout de même quelques miettes qu’il se mit à manger. Et c’est à cet instant précis que la cloche se mit à sonner au palais. Le roi fut tout surpris d’entendre la cloche et il envoya immédiatement des messagers pour qu’ils découvrent qui avait mangé la nourriture servie et qui avait fait sonner la cloche. Après enquête, les messagers retrouvèrent la trace du jeune homme tout près de la rivière et ils le conduisirent auprès du roi. Le roi était fou de joie en voyant le jeune homme, parce qu’il savait qu’il aurait bientôt un fils. Il offrit au jeune homme la moitié de son royaume et il l’invita à rester auprès de lui. Le jeune homme raconta au roi toute son histoire et lui dit qu’il n’était pas intéressé par le royaume ni par autre chose, mais seulement par le mantra de son guru qui était détenu par la femme propriétaire des ânes. Le jeune homme insista pour que le rouleau de feuille de palmier que la femme portait à l’oreille puisse être obtenu sans faire usage de la force. Le roi envoya des hommes chercher la femme qui fut conduite devant lui. Ayant appris qu’elle était acrobate et qu’elle réalisait des prouesses sur une corde, le roi lui demanda de faire la démonstration de ses talents devant la reine qui était maintenant enceinte. Alors qu’elle était en train de danser sur la corde raide, il lui demanda si elle serait capable d’attraper deux boucles d’oreilles en diamant qu’il lui lancerait et de les fixer à ses oreilles, tout en continuant de danser. Elle accepta avec enthousiasme ! Le roi lui lança les boucles d’oreilles en diamant qui scintillaient. Elle les attrapa habilement, puis elle ôta prestement le rouleau de feuille de palmier

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qu’elle portait à l’oreille, le jeta au sol et elle le remplaça par les magnifiques boucles d’oreilles en diamant. Dès que le rouleau de feuille de palmier eut touché le sol, le jeune homme bondit et s’en empara et il s’empressa de lire le mantra écrit. Après avoir lu le mantra, le jeune homme obtint sur le champ l’Illumination et la Libération. Tout aspirant spirituel devrait posséder une telle détermination et être prêt à n’importe quel sacrifice pour atteindre son but.

4. SAMARTH RAMDAS Dans un endroit appelé Baadar dans le district d’Aurangabad dans le Maharashtra, un couple qui était fort dévoué à Dieu conçut un fils et le nomma Narayana. Celui devint un garnement qui négligeait ses études et qui se querellait avec les autres enfants. A l’âge de 8 ans, il perdit son père, et sa mère, Ramaa Devi trouvait compliqué de contrôler son fils espiègle et délinquant. Sa famille et ses voisins lui conseillèrent de le marier afin qu’il réalise ses responsabilités et qu’il change pour le mieux. Alors que le garçon n’avait que 13 ans et qu’il était trop jeune pour se marier, sa mère céda aux persuasions et organisa le mariage. Pour la cérémonie du mariage, un épais rideau avait été tiré entre le futur marié et son épouse conformément à la coutume qui prévalait alors et le prêtre tira le rideau pour remettre le mangala sutra (le cordon sacré et auspicieux du mariage) au futur époux pour qu’il l’attache au cou de l’épouse, mais voilà ! Le futur marié avait disparu à l’insu de tout le monde ! On passa les environs au peigne fin pour le retrouver, mais en vain, aussi le mariage dut-il être annulé. Le garçon qui avait fui la salle des mariages arriva finalement à Nasik, près de la source de la rivière sacrée, Godavari. Il séjourna là-bas pendant quelque temps avant de se rendre sur une montagne voisine appelée Chitrakuta et que l’on considère comme sacrée, puisque Sri Rama y a vécu pendant presque 12 ans. Là-bas, il porta son dévolu sur un endroit magnifique appelé Panchavati. Le garçon était subjugué par la grandeur du décor et par sa sainteté associée au séjour de Sri Rama pendant son exil. Il était constamment plongé dans la contemplation de Sri Rama. Quelle fut la raison de la transformation du garnement en un pieux jeune homme ? En dehors du fait que ses bons samskaras latents (prédispositions) furent réveillés par le choc brutal et soudain de la perspective d’avoir sur les bras et de se retrouver aux prises avec les lourdes responsabilités de la vie conjugale, le garçon entra dans un temple d’Hanuman réputé au cours du trajet jusqu’à Nasik et pria de tout son cœur la déité pour que celle-ci lui octroie toutes les qualités nobles pour lesquelles Hanuman était renommé et il reçut le signal que sa prière avait été entendue par un léger mouvement de l’idole qui émit des vibrations spirituelles en direction du garçon.

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Après avoir passé douze années de pénitence intense à Panchavati, Narayana finit par obtenir la triple réalisation de Sri Rama, à l’instar d’Hanuman. A savoir, quand il était conscient du corps, il était le serviteur et Rama était le maître ; quand il était conscient d’être un jiva (âme individuelle), il faisait partie intégrante de Rama (vishihstadvaita) ; et quand il était conscient d’être l’Atma, lui et Rama étaient un (advaita). Ayant réalisé cela, il retourna à Nasik et là, il apprit que le pays était en proie à une sévère famine. Alors, il se mit à songer que passer son temps à ne penser qu’à sa propre libération, alors que tous ses compatriotes souffraient en raison de la famine, équivalait et revenait à un égoïsme extrême. Et c’est ainsi qu’il forgea la devise ‘’Dil mae Raam, Haath mae Kaam’’ (c.-à-d. ‘’Rama dans le cœur et le travail dans les mains’’) et qu’il entra dans l’arène du service social avec toute son énergie et tout son zèle en se donnant ainsi qu’à son groupe de travailleurs dévoués des devises comme ‘’Manava seva, c’est Madhava seva’’ (‘’Servir l’homme, c’est servir Dieu’’) et ‘’Grama seva’’, c’est ‘’Rama seva’’ (‘’Servir les villages, c’est servir Dieu’’). Il remplit le réservoir de son cœur avec l’eau bénite du Ramnam (Nom de Rama) qui s’écoulait via le robinet de ses mains pour étancher la soif de la multitude de ses compatriotes. En se rendant donc de village en village et en faisant du service social, couplé avec le chant du Ramnam, Narayana finit par arriver à Rameswaram, à la pointe sud de la péninsule indienne. Puis de là, il se rendit aux centres de pèlerinage de Tirupati (où il eut le darshan du Seigneur Venkateshwara et de Hampi (où il vénéra le Seigneur Virupaksha). Finalement, il retourna à Nasik. Sur la route de Nasik, il aperçut le saint, Tukaram, qui chantait si mélodieusement les gloires de Rama qu’un grand nombre de personnes, dont Shivaji, le souverain du Maharashtra, furent attirées par lui. Shivaji écouta Tukaram et lui parla de sa décision de renoncer à son royaume et de se consacrer pleinement et de tout son cœur à la poursuite de la voie spirituelle. Tukaram réprimanda Shivaji pour sa vision étroite de la spiritualité et il l’exhorta à considérer le devoir comme Dieu et le travail comme adoration. Shivaji pria alors Tukaram pour être initié, mais Tukaram n’y consentit pas en disant : ‘’C’est Ramdas votre guru, pas moi, aussi vous ne devez être initié que par lui.’’ Plutôt déçu, Shivaji retourna dans sa capitale. Lorsque Shivaji apprit que Narayana, alias Ramdas, était à Nasik, il envoya ses ministres et d’autres hauts dignitaires pour inviter Ramdas à la cour royale, avec un groupe de musiciens et les autres honneurs traditionnels appropriés pour une personnalité très distinguée. Une fois Ramdas arrivé, le roi le reçut avec tous les honneurs et tout le respect qui lui étaient dus, organisa son séjour dans le palais même et après lui avoir lavé les pieds, il aspergea sa propre tête de cette eau bénite et il se soumit à lui en toute humilité : ‘’Ô vénérable Maître ! A partir de maintenant, ce royaume vous appartient et moi aussi, je suis à vous.’’ Ramdas répondit alors : ‘’Mon fils, je suis un ascète qui a renoncé à tout. Je n’ai ni le droit, ni le désir d’avoir votre royaume limité. Le Royaume de Dieu est illimité. Le but de ma vie est d’aider tout le monde à gagner ce Royaume illimité de Dieu et donc, je ne veux pas de votre royaume. Je vous couronne maintenant comme le souverain de ce royaume que vous m’avez offert. Dorénavant, vous serez un roi différent. Vous devriez considérer que

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ce royaume appartient réellement à Dieu et que vous êtes juste Son instrument ou l’administrateur qui gère le royaume en Son nom.’’ Etant donné que Ramdas avait la capacité extraordinaire de pouvoir accomplir beaucoup de grandes choses, il en vint à être connu comme Samarth Ramdas, ‘’Samarth’’ signifiant un homme aux aptitudes polyvalentes ou aux talents multiples. Il y a dans sa vie un épisode qui décrit le contexte où le titre ‘’Samarth’’ lui fut décerné. Il avait l’habitude de s’habiller et de se déplacer comme Kodandapani (Rama armé de son arc et de ses flèches). Une fois, alors qu’il suivait la rive de la Godavari dans cet accoutrement, des brahmanes qui se baignaient lui demandèrent s’il faisait partie de la communauté des koyas (chasseurs provenant d’une tribu montagneuse). Ramdas leur répondit qu’il était Ramdas (un serviteur de Rama) et non un koya, à la suite de quoi ils lui demandèrent pourquoi il était vêtu et équipé d’un arc et de flèches, comme Rama, s’il n’était que le serviteur de Rama. Ils l’interpelèrent en lui disant : ‘’Quelle utilité y a-t-il à seulement tenter d’imiter Kodandapani en apparence uniquement ? Etes-vous capable de manier l’arc et les flèches, comme le faisait Rama ?’’ Juste à ce moment-là, un oiseau filait très haut dans le ciel au-dessus de leurs têtes. Les brahmanes montrèrent l’oiseau à Ramdas et ils lui demandèrent s’il pourrait abattre cet oiseau. Avec le Nom de Rama sur les lèvres, Ramdas décocha immédiatement une flèche en direction de l’oiseau qui s’écrasa juste devant les brahmanes. Voyant que l’oiseau était mort, les brahmanes accusèrent Ramdas en disant : ‘’Il n’y a aucune harmonie entre vos pensées, vos paroles et vos actes. Par conséquent, vous êtes quelqu’un de mauvais ! Vous chantez le Nom de Rama, mais dans le même temps, vous avez commis le péché de tuer un oiseau innocent pour faire étalage de votre habileté.’’ Lorsque Ramdas leur rétorqua qu’il n’avait abattu l’oiseau que sur leur instance, ils lui firent cette remontrance : ‘’Si nous vous demandions de manger de l’herbe, le feriez-vous ? N’avez-vous ni pensée propre et indépendante, ni discernement ?’’ Alors, Ramdas répondit gentiment : ‘’Messieurs, le passé est passé. Alors, veuillez me dire ce que je devrais faire, maintenant.’’ Ils lui demandèrent de se repentir pour son péché. Ramdas ferma les yeux et pria Dieu de tout son cœur en se repentant pour son péché et en demandant Son pardon, puis il ouvrit les yeux et il indiqua aux brahmanes que l’oiseau mort n’avait pas retrouvé la vie malgré son repentir. Les brahmanes lui dirent alors d’un ton réprobateur : ‘’Quel écervelé ! Le repentir ne pourra pas défaire ce que vous avez fait ! Son but est de vous rendre à même de décider de ne plus répéter de telles fautes à l’avenir.’’ ‘’Ce n’est pas ça se repentir, à mon humble avis’’, répondit Ramdas. ‘’Dieu et Son Nom sont si puissants que si nous Le prions sincèrement, alors Sa grâce ramènera l’oiseau à la vie.’’ Alors, il prit l’oiseau mort, il le serra contre sa poitrine et les larmes s’écoulant le long de ses joues, il pria de tout son cœur : ‘’ Ô Rama ! Si je chante Ton Nom avec tout mon esprit, de tout mon cœur et de toute mon âme et s’il est bien vrai que j’ai tué cet oiseau par ignorance et non dans l’intention de le tuer, puisse Ta Grâce ressusciter cet oiseau ou emporter ma vie avec celle de cet oiseau !’’ A la conclusion de sa prière, l’oiseau frémit entre ses mains. Alors, il ouvrit les yeux, il remercia le Tout-Puissant et il relâcha l’oiseau dans le ciel.

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Stupéfaits par ce miracle, les brahmanes s’exclamèrent d’une seule voix : ‘’Vénérable ! Pardonnez-nous de ne pas avoir reconnu votre grandeur ! Puisque vous avez la capacité de tuer un oiseau qui vole d’une seule flèche et celle de ressusciter cet oiseau mort, vous serez dorénavant connu par le digne nom de ‘’Samarth Ramdas’’ ! Par la suite, Ramdas visita Pandaripuram, où il fut le témoin oculaire de la manière idéale par laquelle un homme qui s’appelait Pundarika servait ses parents comme de véritables dieux, faisant attendre le Seigneur Panduranga Lui-même sur deux briques devant sa maison jusqu’à ce qu’il ait terminé de rendre service à ses parents. Ensuite, il rendit visite à Shivaji et lui donna trois choses pour le guider dans ses devoirs royaux : la première, une noix de coco pour lui rappeler que tout comme notre intention en achetant une noix de coco, c’est de consommer le cœur blanc qui est à l’intérieur, similairement, le but de posséder et d’administrer le royaume est que le roi lui-même mène une vie sattvique (pure) et aussi qu’il veille à ce que la qualité sattvique prévale dans son royaume ; la deuxième, une poignée de terre pour rappeler au roi et par son entremise à ses sujets la sainteté de Bharat, leur patrie ; et la troisième, deux briques qui sont un symbole. Comme on utilise des briques pour construire des maisons pour assurer la sécurité des résidents, le roi devrait utiliser ses pouvoirs pour protéger la population et pour promouvoir son bien-être et son progrès. C’est alors que le souvenir du service dévoué de Pundarika rendu à ses parents à Pandaripuram fut ravivé dans l’esprit de Ramdas et il se hâta de rentrer chez lui dans l’optique de rendre service à sa vieille mère. Une fois arrivé chez lui, sa mère âgée ne put le reconnaître, surtout en raison de sa longue barbe et de son étrange tenue. Il lui dit qu’il était son fils, Narayana, populairement connu sous le nom de Samarth Ramdas et là-dessus, sa mère s’exclama extatiquement : ‘’Oh mon cher fils ! J’ai tellement entendu parler de Ramdas et je brûlais de le voir depuis si longtemps, mais j’ignorais qu’il s’agissait du nom populaire de mon fils, Narayana ! Je suis fière de toi et je remercie le Seigneur pour avoir fait de moi la mère de quelqu’un d’aussi illustre. Ma vie est accomplie.’’ Et ce disant, elle rendit son dernier soupir sur les genoux de son fils. Ramdas s’occupa dûment des funérailles de sa mère et peu de temps après, il apprit la mort de Shivaji en 1680 (précisément six ans après son couronnement par Ramdas, en 1674). Il se rendit à la capitale, installa comme roi le fils de Shivaji et le bénit afin qu’il puisse diriger le royaume en suivant les traces de son noble père.

5. PRATIQUEZ ET PUIS PRÊCHEZ ! Ramakrishna Paramahamsa était un guru idéal. Il y a une anecdote intéressante qui illustre comment jamais il ne prêcha quelque chose qu’il ne pratiquait pas lui-même.

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Un jour, une vieille dame vint voir Ramakrishna Paramahamsa avec son petit-fils âgé de 10 ans. Elle se prosterna devant lui et dit : ‘’Maître ! Je suis venue vous demander conseil ! Ce garçon est mon petit-fils. Il a perdu son père et sa mère, quand il avait tout juste 5 ans. C’est moi qui m‘occupe de lui. Il adore les bonbons. Il en mange tellement que sa santé se détériore, jour après jour. Les docteurs lui ont conseillé de ne pas manger de bonbons, mais il ne prête aucune attention à leurs conseils. Cependant, il a beaucoup de respect et d’admiration pour vous. Je suis donc venue vous demander de faire en sorte que ce garçon cesse de manger des bonbons. Je suis sûre qu’il n’y a que vous qui puissiez y parvenir.’’ Ramakrishna dit : ‘’Mère, ne vous tracassez pas. Revenez avec votre petit-fils dans un mois. Entre-temps, je concocterai un plan pour persuader le garçon que sa santé est très importante, plus importante encore que la richesse.’’ La vieille dame le remercia et prit congé. Exactement un mois plus tard, elle revint avec son petit-fils. Tous deux saluèrent le Maître. Ramakrishna fit asseoir le garçon à côté de lui et lui dit : ‘’Mon garçon ! Rappelle-toi que notre véritable richesse, c’est la santé ! Si tu ne veilles pas comme il faut à ta santé, tu ne pourras pas devenir un jeune homme fort et sain. Tu ne pourras rien faire de grand dans la vie, si tu es faible. Si quelque chose que nous mangeons ne convient pas à notre constitution, nous devrions renoncer à en manger. A partir de demain, tu ne devrais plus manger de bonbons. Après un certain temps, tu pourras de nouveau en remanger avec modération. Tu es un bon garçon et tu m’écouteras, n’est-ce pas ?’’ Le garçon acquiesça et il promit de ne plus manger de bonbons. La vieille dame envoya le garçon faire une course pour pouvoir parler confidentiellement avec le Maître. ‘’Maître, puis-je vous poser une question ?’’, dit la vieille dame. ‘’Certainement, Mère !’’, répondit Ramakrishna. ‘’Maître, ce conseil que vous avez donné aujourd’hui à mon petit-fils, vous auriez pu le lui donner le mois passé. Pourquoi m’avoir demandé de revenir dans un mois ? Je ne comprends pas.’’ Ramakrishna répondit avec un sourire bienveillant : ‘’Mère ! Je mange moi-même beaucoup de bonbons ! Comment puis-je conseiller au garçon de faire quelque chose que je ne fais pas moi-même ? On n’a pas le droit de prêcher quelque chose aux autres que l’on ne pratique pas soi-même. Donc, j’ai demandé du temps. Ce mois-ci, je n’ai pas mangé de bonbons, aussi ai-je gagné le droit de conseiller votre petit-fils.’’ La vieille dame s’émerveilla de la conduite juste de Ramakrishna. Elle se prosterna à ses pieds, puis elle prit congé. Jamais nous ne devrions conseiller quelque chose à quelqu’un que nous ne pratiquons pas nous-mêmes.

6. LE MAÎTRE ET LES DISCIPLES Ramakrishna Paramahamsa avait plusieurs disciples dans son ashram. Les disciples se rendaient tous les jours à Calcutta pour y acheter de la nourriture, des fleurs, des vêtements et d’autres produits de première nécessité. Ils devaient traverser le fleuve dans un ferry.

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Un jour, ce fut le tour de Brahmananda de se rendre à Calcutta. Il monta dans le ferry et il se tint silencieusement dans un coin. Il y avait plusieurs personnes dans le ferry. Un individu qui n’avait que du mépris pour les sannyasins dit : ‘’Regardez cet homme, comme il est fort et solide, mais à quoi sert-il ? Il ne fait aucun travail, il ne fait que manger et dormir. Il y en a un paquet comme lui dans cet ashram. C’est la faute de ce guru qui corrompt la jeunesse !’’ Beaucoup de gens s’exclamèrent : ‘’C’est vrai ! C’est vrai ! Eux aussi vont devenir des bons à rien !’’ Ceci peina et blessa Brahmananda. Que connaissent-ils de notre Maître ?, songea-t-il. Il supporta silencieusement l’insulte. Il était d’une nature timide et il n’aurait jamais pu répliquer, ni riposter. Le soir, il retourna à l’ashram avec ses achats. Ramakrishna les interrogeait tous les jours en détail sur leurs expériences, simplement pour savoir comment ils se conduisaient dans le monde extérieur et donc, il demanda à Brahmananda : ‘’Eh bien, que s’est-il passé aujourd’hui ?’’ Brahmananda décrivit franchement tout l’incident. Ramakrishna se mit alors en colère et il cria : ‘’Quoi ? Tu t’es-tu, alors que l’on offensait ton guru ? Tu aurais dû leur répondre d’une manière appropriée ! Il n’y a pas de place pour des gens comme toi dans cet ashram !’’ Pendant ce temps-là, Vivekananda écoutait toute l’histoire de Brahmananda et il entendit aussi l’avertissement du Maître. Le lendemain, ce fut le tour de Vivekananda de se rendre à Calcutta. Il monta dans le ferry et scruta attentivement les visages des gens et le même homme qui la veille avait parlé d’une manière insultante de Ramakrishna dit en indiquant Vivekananda : ‘’Voilà encore l’un d’entre eux, un parasite ! Ils vénèrent tous ce brahmane illettré ! Ces jeunes sont tous des idiots !’’ Vivekananda s’approcha de l’individu et il dit en levant la main droite : ‘’Si vous dites encore un seul mot contre notre Maître, je vous jette à l’eau, prenez garde !’’ Le passeur prit peur. Il recommanda à l’homme de ne pas poursuivre sur sa lancée. Il lui murmura aussi à l’oreille : ‘’Ce gars-là fera certainement ce qu’il dit et nous serons tous dans le pétrin.’’ Ce soir-là, Vivekananda fut appelé en présence du Maître et Ramakrishna lui demanda : ‘’Eh bien ? Quelles nouvelles ?’’ Vivekananda raconta tout l’incident avec beaucoup d’excitation. ‘’Quoi ?’’, s’écria Ramakrishna. ‘’Tu portes la robe d’un sannyasin, mais tu ne te conduis pas comme tel. Comment oses-tu perdre ainsi ton calme ! Il n’y a pas de place pour des gens comme toi dans cet ashram !’’ Vivekananda tomba aux pieds de son Maître et il dit : ‘’Ô Maître ! N’avez-vous pas réprimandé Brahmananda pour ne pas avoir riposté, hier ? Pourquoi êtes-vous en colère, alors que j’ai fait mon devoir de disciple dévoué ? Je vous prie de m’éclairer à ce propos.’’ Ramakrishna lui donna quelques petites tapes dans le dos et puis il dit : ‘’Mon cher fils ! Ce conseil n’était destiné qu’à des personnes comme Brahmananda, très timides, très timorées. Il devrait avoir plus de caractère. Mais en ce qui te concerne, toi tu en as trop ! Tu dois te maîtriser, te calmer. C’est le devoir de tout guru de conseiller ses disciples conformément à leur nature et à leur tempérament. Je ne suis pas du tout en colère, ni contre toi, ni contre Brahmananda.’’

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7. LE MAÎTRE ET LE CHERCHEUR Un guru conseilla ainsi un chercheur : ‘’Va dans la forêt ! Comment peux-tu trouver la paix sur la place du marché ?’’ A un autre chercheur, il dit : ‘’Reste là où tu es.’’ Les deux chercheurs se rencontrèrent et discutèrent du conseil de leur guru. L’un des deux dit : ‘’Comment se fait-il qu’il nous a donné des conseils aussi contradictoires ? Peut-être que nous n’avons pas bien compris ses paroles. Allons tous les deux le trouver afin qu’il clarifie nos doutes.’’ Tous les deux se rendirent auprès de leur guru pour lui exprimer leurs doutes et le guru répondit : ‘’Les conseils diffèrent, parce qu’ils se basent sur les progrès spirituels du chercheur...’’

8. CHAQUE ACTION PRODUIRA UNE RÉACTION Premchand est un auteur très réputé dans la littérature et la langue hindi. Ses deux fils étudiaient à Allahabad, tandis que lui et sa femme vivaient dans une petite ville située au nord d’Allahabad. Un jour Premchand et sa femme durent prendre le train pour aller rendre visite dans une autre ville située plus au sud et ils devaient passer par Allahabad. Il écrivit à ses fils de venir les rejoindre à la gare en ce jour spécifique. Le train s’arrêta à la gare et les parents se tenaient à la porte du wagon. Ils virent leurs fils qui accouraient vers eux. Le fils aîné toucha les pieds de ses parents avant de s’adresser à eux et le plus jeune se contenta de leur parler. Les parents les interrogèrent au sujet de leur santé et de leurs études. Tous les deux dirent que tout allait bien. Alors que le train s’apprêtait à repartir, l’aîné s’inclina de nouveau et toucha les pieds de ses parents, tandis que le plus jeune se contenta d’agiter la main. La femme de Premchand parlait de leurs fils et elle était très heureuse de cette petite réunion, mais à sa grande surprise, elle vit que son mari était plutôt inhabituellement silencieux et morose. Elle lui demanda : ‘’Mon cher, pourquoi es-tu tout à coup si sérieux et si silencieux au lieu d’être heureux ?’’ Premchand répondit : ‘’Tu n’as pas bien observé, apparemment. Es-tu satisfaite du comportement de notre second fils ?’’ ‘’Quel est le problème ? Je ne vois rien de mal chez lui. Il est juste jeune et un peu fou fou.’’ ‘’Non, non’’, dit Premchand. ‘’L’aîné nous a salué en touchant révérencieusement nos pieds à deux reprises, alors que le cadet ne s’est absolument pas soucié d’en faire autant !’’ ‘’Pourquoi prends-tu cela aussi sérieusement ?’’, dit sa femme. ‘’Il est jeune, après tout. Il a dû être gêné de toucher nos pieds devant tant de gens. Il nous aura sûrement salués respectueusement dans son esprit. Il apprendra et il s’améliorera avec le temps.’’ Mais Premchand ne pouvait pas arriver à un compromis et il dit : ‘’Ma chère, de bonnes habitudes révèlent notre véritable nature et la tournure de notre esprit. Depuis tout petits, les enfants devraient cultiver de

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bonnes habitudes. Ces gestes devraient être spontanés. J’ignore ce que l’avenir lui réserve.’’ Les paroles du père étaient justes. En temps voulu, le fils aîné, en vertu de sa diligence et de ses bonnes habitudes, passa sa licence de lettres, puis il se rendit à Londres où il obtint son diplôme d’avocat. Une fois de retour en Inde, il exerça en tant qu’avocat pendant seulement deux ou trois ans avant de devenir juge au Tribunal d’Allahabad. Il était très respecté pour ses bonnes manières et pour son sens de la courtoisie. Le fils cadet, par pure négligence, ne put s’en tirer aussi bien et il dut interrompre ses études. Il devint employé de bureau au Tribunal d’Allahabad. Tandis que le fils aîné était salué par tous, le cadet devait saluer tout le monde. Quelle est la morale de cette histoire ? Le caractère constitue la destinée. Chacune de nos actions dans le présent aura des répercussions sur nous dans le futur.

9. LETTRE À SON FILS Vous avez peut-être entendu parler de l’illustre et noble Anglais, Philip Sidney. Lorsqu’il était à l’école, son père lui écrivit une lettre qui comportait ces quelques recommandations. Il écrivit : ‘’Mon cher fils, offre à Dieu quotidiennement tes prières sincères et efforce-toi constamment de tourner ton esprit vers Dieu. Conduis-toi avec respect et humilité à l’égard de tes professeurs et de tes condisciples. Ne laisse aucune latitude à la colère, à l’avidité et au mécontentement et ne prends pas à cœur toute critique que l’on pourrait te lancer. Que les éloges d’autrui ne te rendent pas euphorique et ne te laisse pas aller à critiquer les autres.’’ A la fin de sa lettre, le père écrivit cette importante mise en garde. Il dit : ‘’Si tu dois faire une promesse à quelqu’un, fais-la seulement à Dieu et à personne d’autre. La parole est un don de Dieu et donc, la parole donnée ne doit être offerte qu’à Dieu. Tu n’as aucun droit de faire un pacte avec quelqu’un d’autre. Tu seras coupable d’abuser de ta parole. Ta sagesse grandira. Tu te démarqueras comme un étudiant idéal. Contrôle toujours ta langue. Ne lui permets jamais de se déchainer, ni de déraper.’’ Philip Sidney suivit la recommandation de son père et il acquit une grande éminence.

10. TEL PÈRE, TEL FILS Un riche marchand n’avait qu’un seul fils et il perdit sa femme, alors que son fils n’avait que cinq ans. Il devint à la fois le père et la mère de son fils et il l’éleva avec un soin tendre et affectueux. Il lui donna une bonne éducation et il le maria à une jolie fille. La belle-fille était assez ennuyée par la présence du beau-père. Elle le considérait comme un gêneur et comme un obstacle à leur liberté. Elle tenta de persuader son mari de se débrouiller pour que toute la propriété soit placée sous sa garde. Le mari répondit : ‘’Ne te tracasse pas, je suis fils unique et le seul propriétaire des lieux.’’

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Mais elle n’était pas tranquille et toute la journée, elle le harcelait à ce sujet. Un jour, le fils dit à son père : ‘’Papa, tu te fais vieux ! Ce doit être dur pour toi de gérer la propriété et de veiller à l’équilibre du budget. Pourquoi ne me remettrais-tu pas la gestion ?’’ Le père qui connaissait parfaitement les modes et les us du monde y consentit et lui remit tous les papiers relatifs à la propriété ainsi que les clés du coffre. Au bout de quelques mois, la belle-fille pensa que le vieil homme qui toussait et qui éternuait tout le temps ne devrait pas occuper la pièce en façade donnant sur la véranda. Un jour, elle dit à son mari : ‘’Mon chéri, je vais bientôt mettre au monde un enfant et nous pourrions avoir besoin de la pièce de devant. Tu devrais construire une hutte avec un toit en chaume pour ton père dans le jardin.’’ L’homme aimait tant sa femme et l’estimait tellement sage qu’il exécuta son souhait. La belle-fille avait coutume de servir le repas du vieil homme très tard dans l’après-midi sur un plateau en terre. Un beau jour, un fils naquit. Celui-ci devint un enfant vif, intelligent et affectueux. Il était toujours avec son grand-père. C’était pour lui amusant et gai d’écouter ses histoires et ses blagues. Il était assez contrarié par l’attitude de sa mère à l’égard de son cher Papy, mais il connaissait sa nature inflexible et la dépendance de son père à son égard. Un jour, le père et la mère cherchèrent quelque chose pendant plus d’une heure dans le courant de l’après-midi après avoir mangé. L’enfant sauta des genoux de son grand-père et il courut dans la maison. Il vit ses parents qui cherchaient après quelque chose et il demanda, l’air de rien : ‘’Qu’est-ce que tu cherches, Papa ?’’ ‘’Oh, le plateau en terre de ton Papy. Il est déjà tard. Ne devrions-nous pas lui servir son dîner ? As-tu vu le plateau ?’’ L’enfant de cinq ans répondit avec un malicieux sourire en coin : ‘’Bien sûr ! Il est avec moi. Je le garde précieusement dans mon coffre !’’ ‘’Quoi ? Tu gardes ce plateau en terre dans ton coffre ? Mais pour quelle raison ? Va le chercher !’’, dit le père. L’enfant répondit : ‘’Non, Papa ! Je le veux ! Je voudrais le garder, à l’avenir. Ne devrais-je pas conserver ce plateau pour te servir ton repas, quand tu seras vieux, comme mon Papy ? Je n’en n’aurai peut-être pas, alors... ‘’ Les deux parents étaient bouche bée et en restèrent comme deux ronds de flan ! Ils purent comprendre l’état d’esprit de leur enfant et ils eurent honte de leur conduite. A partir de ce jour, ils commencèrent à s’occuper du vieil homme avec respect et affection. Si vous respectez vos parents, alors vos enfants vous respecteront aussi.

11. LE RÔLE DE LA MÈRE Le Seigneur Krishna rendit visite à la reine Gandhari pour la réconforter après la bataille de Kurukshetra. Celle-ci l’accusa : ‘’Alors que Tu es Dieu, comment as-Tu pu être aussi partial ? Tu as soutenu les Pandavas, mais Tu n’as pas pu sauver ne fût-ce qu’un des cent fils que j’ai portés !’’ Krishna répondit : ‘’Ma sœur, Je ne suis pas

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responsable de la mort de tes enfants. C’est toi, la responsable !’’ Gandhari répondit : ‘’Krishna, comment peux-Tu avoir le cœur aussi dur pour m’accuser de la sorte ?’’ Krishna répliqua : ‘’Ma sœur, tu as mis au monde une centaine de fils, mais as-tu jamais jeté un regard affectueux sur au moins l’un d’eux ? Tu as préféré rester les yeux bandés. Tu n’as pas su voir par toi-même comment tes fils se débrouillaient. Tes fils sont certainement très infortunés, parce qu’ils n’ont pas pu jouir des soins et des regards tendres et affectueux de leur mère. Comment auraient-ils pu devenir des héros disciplinés, consciencieux et vertueux ? La mère est la première éducatrice et la première instructrice. Réfléchis un peu à ta situation et compare-là avec celle de la reine Kunti. Depuis la mort de son mari, Kunti a élevé ses fils avec beaucoup de soin et beaucoup d’affection. Elle était avec eux au palais et dans la maison de cire. Les Pandavas ne faisaient jamais rien sans les bénédictions de leur mère. Ils ont pu obtenir Ma grâce, non pas en raison de leurs talents individuels, mais de la prière permanente que Kunti M’adressait : ‘’Ô Krishna ! Toi seul devrais les protéger !’’ Ceux qui ne sont pas assez fortunés pour jouir des regards affectueux de leur mère ne peuvent pas obtenir la vision divine, ni gagner l’amour de Dieu.’’ C’est ainsi que le Seigneur Krishna éclaira la reine Gandhari sur le rôle d’une mère.

12. PUTALI BAI Putali Bai, la mère de Gandhi avait coutume d’observer quotidiennement un vœu rituel appelé ‘’Kokila Vratha’’. Au terme du rituel, elle attendait l’appel du kokila (le coucou indien) avant de prendre son petit-déjeuner. Mais un jour, elle attendit longtemps sans prendre sa nourriture l’appel du coucou. Le jeune Gandhi l’avait remarqué. Il sortit de la maison, il imita l’appel du coucou et il dit à sa mère : ‘’Maintenant que le coucou a appelé, mère, s’il te plaît, mange !’’ Incapable de contenir son chagrin, la mère gifla Gandhi et se lamenta : ‘’Quel péché ai-je donc commis pour avoir mis au monde un tel menteur ? Quelle grande pécheresse je suis pour avoir engendré un si vilain menteur comme fils, ô Seigneur !’’ Elle pleurait, tout en parlant. Profondément ému par les paroles de sa mère, Gandhi lui fit cette promesse : ‘’Désormais, de toute ma vie, je ne dirai plus de mensonge.’’ A cette époque, les mères avaient coutume d’observer le comportement de leurs enfants et elles s’efforçaient de les garder sur le droit chemin.

13. UNE MÈRE EXEMPLAIRE Dans la ville de Calcutta, une mère vivait avec son fils. Pour l’éducation de son fils, la mère fit beaucoup de sacrifices. Elle insista toutefois sur ceci : ‘’Mon cher fils, ne te tracasse pas concernant l’éducation mondaine. Les sots acquièrent tous types

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d’érudition, mais ils n’ont aucune compréhension de qui ils sont. Par l’étude seule, un homme ne s’affranchit pas de ses manières viles. Par le savoir, on n’apprend seulement qu’à s’engager dans la controverse, mais on n’obtient pas la sagesse parfaite. Pourquoi poursuivre des études qui n’aboutissent qu’à la mort ? On devrait étudier ce qui affranchit de la mort. Seule la connaissance spirituelle peut mener à l’immortalité. Elle est immuable. La connaissance matérielle est provisoire. Pour gagner sa vie, l’éducation matérielle est nécessaire, mais on ne devrait acquérir ce type d’éducation que pour mener une vie indépendante avec des désirs limités. Par conséquent, mon cher fils, tout en poursuivant tes études, embarque-toi aussi dans la quête spirituelle !’’ Le garçon termina ses études et il trouva un petit emploi. Un jour, il y eut une fête populaire au village. Les femmes du village revêtirent leurs plus belles parures et leurs plus beaux ornements pour participer à la fête. La mère s’y rendit aussi, mais en guenilles. Son fils ne put supporter cette vision et il dit : ‘’Mère ! Tu n’as aucune tenue chic ni aucun bijou. Cela me chagrine de te voir ainsi. S’il te plaît, dis-moi quels ornements tu souhaiterais posséder, mère !’’ La mère répondit : ‘’Ce n’est pas le bon moment. Je te le dirai, le moment voulu.’’ Grâce à la bonne conduite et à la diligence du garçon, il s’éleva jusqu’à un poste plus élevé et il retourna voir sa mère et lui demanda quels ornements elle désirait. ‘’Je me les procurerai dans la mesure de mes possibilités’’, dit-il. La mère lui dit qu’elle souhaitait trois ornements, mais qu’elle lui en révélerait plus tard la nature. Avec les années, le fils finit par obtenir un poste très élevé. De nouveau, il l’implora : ‘’Mère ! J’ai pas mal d’argent, maintenant. Dis-moi quels bijoux tu aimerais et je te les rapporterai !’’ La mère répondit : ‘’Mon cher fils ! Je ne suis maintenant plus en état de porter des bijoux. Néanmoins, il y a quand même certains ‘’ornements’’ qui m’intéressent et je vais te dire leur nature. Attirant son fils tout près d’elle, elle lui dit : ‘’Dans notre petit village, il me peine de voir que les enfants doivent parcourir de longues distances pour leurs études. Le premier ornement que je souhaite, c’est que tu fondes une école primaire dans le village. Deuxièmement, les gens ne disposent d’aucune infrastructure pour y être soignés, même pour des petites maladies. Je passe des nuits sans sommeil à songer à leur détresse. Quand tu bâtiras un petit hôpital pour les villageois, ce sera mon deuxième ‘’ornement’’. Le troisième ‘’ornement’’ est quelque chose que tu devras entreprendre toi-même. Dans les jours à venir, il se peut que ta réputation grandisse. Si quelqu’un demande, ‘’qui est votre mère ?’’, il est possible que tu mentionnes mon nom. Ta conduite doit faire en sorte que le nom de ta mère soit respecté. Tu dois partager avec autrui les bénéfices de l’éducation que tu as reçue. Ne poursuis pas la richesse. L’adorateur de Mammon n’aspirera pas à Dieu. Celui qui cherche Dieu ne cherchera pas la richesse. Que tu respectes ceci est le troisième ‘’ornement’’ que je souhaite obtenir de toi...’’

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14. LA MÈRE ET LA PATRIE Sri Rama et Lakshmana, aidés par l’armée des Vanaras, traversèrent la mer sur le pont qu’ils avaient construit. Ils conquirent Lanka, tuèrent Ravana et secoururent Sita. Lakshmana contempla la ville de Lanka dans toute sa splendeur et fit remarquer : ‘’Mon frère, pourquoi rentrer à Ayodhya ? Permets qu’elle soit gouvernée par notre frère, Bharata. Lanka paraît plus prospère qu’Ayodhya, à tous égards. Tu peux tout aussi bien être le souverain de Lanka. Tu as gagné le droit d’être son souverain après avoir vaincu et tué Ravana.’’ Sri Rama répondit en souriant sur un ton affectueux, mais sévère : ‘’Mon frère, Lakshmana ! Quelle que puisse être la laideur d’une mère, on ne peut pas considérer comme mère une autre femme. Similairement, quelle que soit la prospérité et l’attractivité de Lanka, je n’ai pas besoin de ses trésors, ni de sa richesse. Mon lieu de naissance est pour moi plus sacré, plus cher. C’est vraiment pour moi un paradis. Rappelle-toi, mon frère, que la mère et que la patrie doivent être considérées comme plus précieuses et plus chères que le paradis même. Il faut noter ici que Lakshmana a délibérément posé cette question étrange de manière à faire savoir au monde que même chez les anciens rois illustres de la Race Solaire, ainsi que chez les souverains indiens qui leur succédèrent, on trouve un heureux mélange de préoccupation pour le bien-être personnel et national.

Mata bhoomi putroham Prithivyah. La Terre est ma mère et je suis son enfant.

- Atharva Veda

15. LE PATRIOTISME Subhas Bose faisait ses études à l’université de Calcutta. Il y avait un professeur anglais qui avait coutume de parler de l’Inde et des Indiens en des termes désobligeants. Subhas Bose, qui était très patriote, ne put supporter d’entendre des remarques aussi désobligeantes sur sa patrie. Il fut patient pendant un moment, mais étant donné que le professeur continuait dans la même veine, il se leva, sauta par-dessus trois bureaux, saisit l’Anglais par le cou et le battit avec ses sandales. Bose déclara encore : ‘’Je peux supporter n’importe quoi, mais pas que ma patrie soit abusée, ni ridiculisée. Cela n’a aucune importance, ce qui m’arrivera à moi, mais je dois défendre l’honneur de mon pays !’’ Les étudiants qui furent témoins de l’incident étaient abasourdis. Le professeur anglais cria : ‘’A l’aide ! A l’aide !’’ Des nouvelles de l’incident parvinrent jusqu’aux autorités qui tinrent une réunion d’urgence et qui exclurent temporairement Subhas Bose pendant une période de cinq ans. Subhas était déterminé à consacrer sa vie entière au service de sa patrie. Etant donné que Subhas ne pouvait pas poursuivre ses études à Calcutta, son père l’envoya à Londres, mais même là-bas, Subhas chérissait

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l’amour de la patrie. Il était déterminé à terminer ses études et à retourner en Inde pour servir sa patrie. Il étudia dur et réussit ses examens. Il rentra en Inde et se plongea dans la politique nationale. ‘’Je dois ma nourriture et tout le reste à mon pays. Je dois être reconnaissant à la nation en la servant.’’ C’était sa ferme résolution.

16. VOUS DEVEZ DIRE LA VÉRITÉ Un jour, la déesse Parvati demanda à Shiva : ‘’Seigneur, j’ai entendu dire qu’il y a un sanctuaire pour ton adoration à Kashi (Bénarès) et que ceux qui visitent Kashi et qui t’y rendent un culte après s’être baigné dans le Gange sacré gagneront le mérite de venir au Kailash et d’y demeurer pour toujours. Est-ce vrai ?’’ Le Seigneur Shiva répondit : ‘’Tout le monde ne peut pas obtenir un tel mérite. Simplement visiter Kashi et vénérer mon image ne suffisent pas. Je vais éclaircir ce point pour toi. Rendons-nous à Kashi sous la forme d’un couple âgé. Je vais te faire jouer une belle scène !’’ Le Seigneur Shiva et Parvati apparurent devant le temple de Shiva, Parvati sous la forme d’une vieille de 80 ans et le Seigneur Shiva sous la forme d’un vieillard chancelant de 90 ans. Shiva posa la tête sur les genoux de Parvati et il se mit à gémir douloureusement et la vieille criait désespérément. Elle suppliait chaque pèlerin en disant : ‘’Ô dévots, regardez par ici ! C’est mon mari ! Il a si soif qu’il pourrait mourir d’un instant à l’autre. Pourriez-vous lui rapporter un peu d’eau pour qu’il puisse boire ? Je ne puis le laisser tout seul.’’ Les pèlerins revenaient des ghats après avoir pris leur bain rituel dans le Gange. Leurs vêtements étaient humides et ils transportaient de l’eau dans de petits récipients brillants en cuivre. Ils virent et entendirent la femme qui se lamentait. Certains d’entre eux dirent : ‘’Attendez ! Nous nous occuperons de votre mari après avoir offert l’eau sacrée du Gange au Seigneur Vishwanath.’’ D’autres dirent : ‘’Oh, mais comme c’est désagréable ! Pourquoi ces mendiants ne nous laissent-ils même pas tranquillement célébrer le culte ?’’ D’autres dirent encore : ‘’On ne devrait pas autoriser ces mendiants à s’asseoir ici !’’ Il y avait foule tout près de l’entrée du temple. Un pickpocket professionnel suivait quelques pèlerins. Il entendit lui aussi les lamentations de la vieille femme et ne put supporter la vision du vieillard qui souffrait et de la vieille qui geignait. Il s’approcha d’eux et dit : ‘’Mère, que voulez-vous ? Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ?’’ La vieille femme répondit : ‘’Fils, nous sommes venus ici pour avoir le darshan du Seigneur Vishweshwara. Mon mari s’est brusquement senti mal et épuisé, il s’est évanoui. Il pourrait survivre, si on lui versait un peu d’eau dans sa bouche déshydratée. Son état est trop critique pour que je l’abandonne et que j’aille moi-même chercher de l’eau. J’ai prié de nombreuses personnes de m’aider, mais aucune n’a voulu me donner une seule goutte d’eau, alors qu’elles transportaient des cruches entières.’’ Le voleur fut touché par la compassion. Il avait apporté un peu d’eau dans sa gourde. La femme l’arrêta net et dit : ‘’Fils, mon mari peut mourir à tout moment.

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Il n’acceptera pas l’eau, à moins que la personne qui lui donne de l’eau ne dise la vérité…’’ Le pickpocket dit : ‘’Alors, Mère, veuillez-me dire ce que je devrais faire…’’ Avec un rire cynique, il dit : ‘’Mère, je n’avais encore jamais fait aucune bonne action jusqu’à présent. Je suis un pickpocket professionnel. Ma seule bonne action que je m’apprête à faire maintenant, c’est offrir de l’eau à ce vieil homme mourant. Voilà la vérité !’’ Et il versa doucement de l’eau dans la bouche du vieil homme. Le pickpocket venait à peine de conclure sa bonne action que le couple de personnes âgées disparut et qu’à leurs places se tenaient le Seigneur Shiva et la déesse Parvati dans toute leur splendeur. Shiva dit : ‘’Fils, tu es effectivement béni. Il n’y a pas de plus grande morale que de dire la vérité et aucun culte sincère n’est plus fructueux que servir son prochain. Tu as racheté tous les péchés que tu avais commis jusqu’à présent grâce à cette seule bonne action.’’

17. NE MENTEZ JAMAIS, MÊME POUR PLAISANTER Jadis vivait une famille heureuse de quatre personnes : le père, la mère et leurs deux enfants. Un jour, l’aîné, un garçon de 12 ans, était occupé à étudier pour un examen et ce jour-là s’avérait être celui de son anniversaire. Son père s’apprêtait à partir travailler et lui dit : ‘’Tiens, voici une pièce d’or ! Remets-la à ta mère ; qu’elle commande une bague sur mesure pour toi.’’ Le garçon remercia son père, déposa la pièce sur la table et reprit sa lecture. Sa sœur arriva en trombe dans la pièce et la pièce d’or qui scintillait captiva son attention. Elle la prit dans sa main et demanda à son frère : ‘’Qu’est-ce que c’est, mon frère ? Qui t’a donné ça ?’’ Juste pour la taquiner, le frère dit : ‘’C’est une pièce d’or que Papa m’a donnée comme cadeau d’anniversaire. En veux-tu aussi une ?’’ La fillette était toute excitée d’entendre ceci. ‘’Oh oui, mon frère ! Dis-moi comment en avoir une !’’ Le garçon dit : ‘’Eh bien, c’est très simple ! Tu dois seulement un peu attendre.’’ ‘’Si c’est ainsi, eh bien, j’attendrai, mais comment faire ?’’, demanda la fillette. ‘’Tu plantes simplement cette pièce dans la terre, tu l’arroses tous les jours et elle deviendra une plante et alors, elle donnera des fruits et dans chaque fruit, nous pourrons trouver une pièce !’’, dit le garçon. Après lui avoir expliqué toute la procédure, il reprit sa lecture. L’innocente fillette crut les paroles de son frère et courut dans le jardin avec la pièce. Elle creusa un trou près du puits, y déposa la pièce et la recouvrit avec de la terre. Puis, elle dessina un cercle autour de l’endroit. Elle était très fière d’avoir réalisé ce travail, se lava les mains et courut dans la maison. La servante qui avait vu la fillette enterrer la pièce s’en empara et s’éloigna tranquillement. Au bout d’un moment, la mère appela son fils pour qu’il vienne prendre son petit-déjeuner. Le garçon voulut montrer la pièce à sa mère. Il la chercha sur la table, mais elle n’était plus là. Il appela sa sœur et lui demanda où elle avait mis la pièce. C’est alors que sa mère entra. La fillette était en train d’expliquer comment elle avait soigneusement planté la pièce dans le jardin. La mère demanda : ‘’Quelle pièce ? Qu’est-ce que c’est que cette affaire ?’’ Le garçon expliqua toute l’histoire à sa mère. Tous les trois se précipitèrent dans le jardin, mais découvrirent que le trou était vide.

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Le garçon se mit à gronder sa sœur, puis à pleurer. La mère les fit tous les deux rentrer, les fit s’asseoir tout près d’elle et dit : ‘’Mon fils, ne pleure pas, aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Tu ne peux pas blâmer ta sœur. Elle ignore tout des pièces d’or. Pourquoi racontes-tu des mensonges ? Tu ne devrais pas raconter de mensonges, même pour mener quelqu’un en bateau ou pour plaisanter. Vois qu’elles en sont les conséquences ! Je ne suis pas fâchée, je suis seulement désolée pour toi. Souviens-toi de ne plus jamais dire de mensonges, même pour plaisanter !’’

18. L’HONNÊTETÉ EST LA MEILLEURE POLITIQUE C.V. Raman, un lauréat du Prix Nobel à la notoriété mondiale, était d’une nature simple et sans prétention et il était respecté comme un homme intègre au bon caractère. Il était également très aimable et charitable. Il dépensa tout l’argent qu’il avait reçu comme Prix Nobel pour fonder un institut de recherche scientifique à Bangalore. Une fois, il avait convoqué des candidats pour des entrevues pour des postes d’assistants de recherche dans son institut. Parmi les jeunes hommes qui furent interviewés, il y en avait un à qui Raman dit franchement que les chances qu’il soit sélectionné étaient quasiment nulles. Quand les entrevues furent terminées, Raman rentra dîner chez lui à midi. Quand il retourna à l’institut, à 15 heures, il vit le jeune homme qui traînait près du bureau. Il l’appela et lui dit d’une voix sévère : ‘’Ne vous ai-je pas dit que vous ne seriez pas sélectionné, alors pourquoi êtes-vous encore ici ?’’ Le jeune homme répondit en toute humilité : ‘’Monsieur, je vous prie de bien vouloir m’excuser. Je ne suis pas ici pour vous redemander de bien vouloir me sélectionner. Je suis juste ici pour rendre au comptable de votre bureau l’excès d’argent qui m’avait été octroyé comme indemnité de frais de déplacement, par inadvertance.’’ C.V. Raman fut surpris et enchanté par l’honnêteté et par l’intégrité du jeune homme. Il dit : ‘’Eh bien, mon cher garçon, ne te tracasse pas ! Je te sélectionne maintenant pour faire du travail de recherche dans mon institut. Ton amour de la vérité et de l’honnêteté seront toujours un bien précieux pour toi dans ton travail de recherche et dans la vie...’’

19. LES MOYENS DÉTERMINENT LA FIN Karma est l’un des plus grand héros et guerriers de la bataille de Kurukshetra. L’ambition de toute sa vie était de surpasser Arjuna au tir-à-l’arc. Il était à la recherche d’un précepteur duquel il pourrait apprendre l’art et la science du tir-à-l’arc et posséder des arcs et des flèches rares qui pourraient devenir les armes les plus puissamment destructrices, quand elles étaient chargées par le pouvoir des chants sacrés. On lui dit que le sage Parasurama était le meilleur précepteur et qu’il était le possesseur de tels arcs et de telles flèches. Il savait aussi que Parasurama ne condescendrait jamais à prendre sous son aile un jeune kshatriya comme disciple. C’était un ennemi invétéré du clan kshatriya. Il se demandait quoi faire. Sa passion

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pour la possession de la connaissance du tir-à-l’arc était telle qu’il était prêt à berner le sage. Il se déguisa en un jeune brahmane et il s’approcha du sage. Il se conduisit d’une telle manière que Parasurama fut impressionné par lui et qu’il consentit à être son acharya (guru). Karna gagna la faveur de son guru et il devint son disciple précieux et dévoué. En peu de temps, il apprit du sage tout ce que l’on doit apprendre du tir-à-l’arc. Un jour, après l’entraînement, Parasurama se sentit fatigué et voulut se reposer. Il posa sa tête sur les genoux de Karna et s’endormit. Il sombra rapidement dans les profondeurs du sommeil. Karna demeura immobile, de peur que le moindre de ses mouvements ne réveille son guru. Inopinément, un bourdon se glissa sous la cuisse de Karna et le piqua. Du sang suintait, mais Karna ne bougeait pas. Il restait immobile, avec une patience et une force de caractère inimaginables. Les cheveux emmêlés de Parasurama se mirent à tremper dans le sang qui suintait toujours. Il se leva et contempla le sang qui coulait et Karna qui restait immobile et calme. Il haussa les sourcils et demanda sévèrement : ‘’Dis-moi qui tu es réellement ! Tu n’es pas un brahmane de naissance. Un brahmane ne supportera pas la vue de l’effusion du sang ni une douleur aussi vive. Tu dois être un kshatriya, pas vrai ?’’ Karna dut avouer sa véritable identité et sa passion de toute une vie pour le tir-à-l’arc qui l’avait fait tromper le sage. Parasurama dit : ‘’Puisque tu as appris cet art en trompant ton guru, ce que tu as appris ne te sera d’aucune utilité au moment le plus critique de ta vie !’’

20. GARE À LA COLÈRE ! Rajendra Prasad avait un très bon serviteur nommé Ratna qui était exceptionnellement fidèle et qui pendant longtemps servit à la satisfaction de son maître. Un jour, il lui fut demandé de nettoyer sa chambre. Rajendra Prasad avait gardé un stylo que le Mahatma Gandhi lui avait offert dans l’un de ses livres. Alors que le serviteur nettoyait la table, le livre tomba et la plume se brisa. Il devint nerveux, mais dit la vérité à son maître en implorant son pardon pour cette faute. Sur ce, Rajendra Prasad l’invectiva rageusement et lui demanda de sortir et de ne plus se représenter, car le stylo qu’il avait cassé était un cadeau très précieux du Mahatma. Le serviteur argua alors qu’il ne pourrait pas survivre sans lui et implora son pardon, mais Rajendra Prasad n’était pas d’humeur à l’écouter et ordonna au serviteur de disparaître de sa vue. Pendant la nuit, Rajendra Prasad ne put fermer l’œil, car le souvenir d’avoir chassé son serviteur le hantait. Quand il se leva, le lendemain, son café habituel du matin que Ratna lui servait lui manquait. Il réfléchit à son comportement et regretta d’avoir congédié un serviteur aussi fidèle pour une si petite faute. Il réalisa que c’était sa propre faute d’avoir gardé ce stylo à la légère dans un livre au lieu de le conserver dans un endroit sûr. Il fit rappeler Ratna et le reprit en lui demandant pardon et lui dit : ‘’Ratna, tu es un bon garçon. C’était mon erreur d’avoir mis ce stylo dans un

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livre, aussi tu dois m’excuser pour cette action précipitée.’’ Il lui demanda de continuer à le servir jusqu’à la fin de sa vie. La colère jaillit d’une humeur intérieure et celui qui cède à un accès de colère en souffrira. Vous devriez contrôler la colère et éviter de parler ou d’agir, lorsque vous êtes d’humeur colérique. (Incident tiré de la vie de Babu Rajendra Prasad, premier Président de l’Inde).

21. L’ORGUEIL D’ARJUNA Une fois, Arjuna se rendit dans le sud de l’Inde pour une expédition de conquête. Après être arrivé à Ramasethu, où Rama avait érigé un pont pour traverser jusqu’à Lanka, il était plutôt gonflé d’orgueil en raison de ses aptitudes inégalées avec un arc. Il se sentait même supérieur à Rama, car Rama avait érigé laborieusement ce pont, pierre par pierre. Arjuna dit à voix haute : ‘’Si j’étais Rama, j’aurais fait vibrer mon arc et j’aurais érigé une arche de flèches par-dessus l’océan sur laquelle l’armée aurait pu marcher en toute sécurité !’’ Hanuman surprit Arjuna en se présentant devant lui avec un large sourire, ce qui le rendait encore plus laid, pensa Arjuna. Puis il le mit au défi d’en construire un pour qu’au moins un singe, c’est-à-dire lui-même, puisse effectuer la traversée, sans parler d’une grande armée. Il fut convenu que si Arjuna échouait, il devrait expier son péché visant à décrier Rama en raison de sa vanité en mettant un terme à sa propre vie. Arjuna décocha une pluie de flèches qui s’imbriquèrent solidement les unes dans les autres, de sorte qu’une énorme structure fut érigée reliant l’Inde et Lanka. Hanuman déclara que le pont était trop fragile, mais Arjuna fut d’accord de s’immoler, si le pont ne pouvait pas supporter le poids d’Hanuman. Hanuman ne fit que quelques pas sur le pont qui s’écroula dans la mer, sous son poids ! Fidèle à sa parole, Arjuna alluma un feu et il était sur le point de s’immoler pour expier le péché d’orgueil qui l’avait fait se sentir supérieur à Rama Lui-même. Juste à ce moment-là, Krishna apparut et Il lui demanda la raison de cet étrange geste, comme s’Il l’ignorait. En réalité, c’était la raison même pour laquelle Il était apparu sur la scène. Quand on Lui raconta le pari et l’échec d’Arjuna, Il déclara que tout contrat ne pouvait être validé que s’il était conclu devant un témoin. Comment pouvait-on faire confiance aux deux parties, puisque c’était de leur intérêt de modifier les conditions à leur avantage ? Aussi voulut-Il que le pont soit reconstruit et qu’Hanuman le fasse de nouveau s’écrouler. Il fut reconstruit et Hanuman l’emprunta de nouveau, mais il put bien utiliser toute sa force et tout son poids, le pont demeura absolument intact. Hanuman sauta dessus sans lui causer la moindre brèche. Le truc, c’était que Krishna, dans Sa forme subtile, soutenait le pont avec Son dos, là où les pas d’Hanuman se posaient, ce même dos qui garda en place le Mont Mandara pendant le mémorable barattage de l’océan de lait par les dieux et par les démons. Arjuna et Hanuman s’en rendirent

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bien compte, quand le dos de Krishna se mit à saigner. Les deux héros réalisèrent que le Seigneur avait intercédé pour sauver l’honneur de Son fidèle. C’est ainsi qu’Arjuna reçut une leçon d’humilité. Il tomba aux pieds d’Hanuman et il pria pour qu’il l’aide dans ses futures batailles. Hanuman consentit à lui prodiguer son aide, réalisant qu’Arjuna était un fidèle bien-aimé du Seigneur Krishna. En conséquence, pendant la bataille de Kurukshetra, Hanuman était bien présent sur l’étendard du char d’Arjuna, le protégeant et lui donnant de la force jusqu’à ce que les Kauravas soient finalement détruits.

22. LA CUPIDITÉ SÈME LES GERMES DU MALHEUR Deux amis vivaient dans un village. Un jour, tous les deux partirent ensemble pour un travail dont ils devaient s’acquitter dans le village voisin. Ils devaient traverser un bois en cours de route. Ils aperçurent un cavalier devant eux qui se dirigeait vers le village. Un petit paquet glissa d’un sac reposant sur le dos du cheval et tomba par terre. Le cavalier poursuivit son chemin, inconscient de sa perte. Les deux amis coururent ramasser le petit paquet. Ils l’ouvrirent et ils furent surpris de découvrir un joyau rare et précieux étincelant. Ils se réjouirent de cet incident fortuit. L’un d’eux dit : ‘’Mon cher ami, garde le joyau sur toi en sécurité. Je m’en vais chercher un peu de nourriture pour nous deux au village. Nous discuterons ensuite du joyau.’’ La vision du joyau avait déjà corrompu les deux jeunes hommes. Tous les deux désiraient devenir l’unique propriétaire du joyau. Le jeune homme qui était allé chercher la nourriture termina rapidement son repas et acheta un autre repas à emporter, puis il se rendit dans un autre magasin où il acheta un petit paquet de poison. Sur le chemin du retour vers l’endroit où il devait retrouver son ami, il mélangea le poison avec la nourriture qu’il réemballa proprement, puis il se hâta de le rejoindre sur place. Après que son ami lui ait donné le paquet de nourriture, l’autre dit : ‘’Garde le joyau, je vais me laver les mains dans la mare toute proche.’’ Le jeune homme prit le paquet avec empressement et il l’ouvrit. Il baissa la tête et contemplait avidement et béatement son contenu. Tout-à-coup, un bâton lourd et dur lui fracassa la tête avec une telle force qu’il mourut sur le champ. Bien entendu, c’était l’autre jeune homme qui l’avait frappé à la tête. Celui-ci prit le joyau, le mit dans sa poche, puis il ouvrit le paquet de nourriture qu’il entreprit de manger avec délice. Il n’avait pas fini d’avaler deux ou trois bouchées qu’il s’écroula, mort, la main à la poche. Quelle est la raison de la fin malheureuse de ces deux jeunes hommes ? La cupidité, l’avidité. Souvenez-vous bien que la cupidité sème les germes du malheur…

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23. L’AVARICE CONDUIT AU MALHEUR Deux frères qui étaient tous les deux avares vivaient dans un village. Le plus jeune pouvait être déclaré avare, à juste titre et l’aîné était encore plus avare que lui. Ils étaient si pingres qu’ils ne prenaient même pas un repas complet. Ils ne rendaient un culte à Dieu que dans l’unique désir d’obtenir encore plus d’argent. A la fin du culte, il est de coutume d’offrir à Dieu un peu de nourriture et puis plus tard de la consommer comme prasad. Ces frères ne déposaient devant l’idole qu’un tout petit morceau de sucre candi pendant une seconde, car ils redoutaient qu’une fourmi ne puisse en manger une part ! Un jour, ils reçurent la nouvelle de la mort de l’un de leurs parents éloignés. Le frère aîné – le plus avare des deux – voulut s’acquitter du devoir de rendre visite à la famille en deuil et de lui présenter ses condoléances. Il voulut partir très tôt le lendemain matin, et à pied. Il faisait encore noir, lorsqu’il se réveilla, mais il décida de partir. Après que le frère aîné ait quitté la maison, le cadet pensa que, puisque le jour était sur le point de se lever, il était inutile de laisser la lampe brûler. Il éteignit la lampe et la reposa dans une petite niche dans le mur. Un scorpion s’y trouvait et le piqua. Moins d’une demi-heure plus tard, l’ainé frappa à la porte. Le cadet ouvrit la porte et demanda : ‘’Pourquoi es-tu revenu ? Quel est le problème ?’’ L’aîné répondit : ‘’Mon cher frère, je me tracassais seulement par rapport au fait que tu aurais pu oublier d’éteindre la lampe, aussi suis-je revenu pour vérifier !’’ Le cadet, en dépit de la douleur due à la piqûre de scorpion, dit : ‘’Hélas ! Quel malheur ! Tu ne me connais pas ! Ton désir d’éviter tout gaspillage d’huile est certes louable, mais qu’en est-il donc de tes sandales ? Tu les auras usées maintenant, par ton retour inutile !’’ L’aîné répliqua immédiatement avec une lueur pétillante dans le regard : ‘’Oh, mais souviens-toi que je suis ton aîné ! Je suis revenu à pieds nus et avec mes sandales bien en sécurité dans mon sac !’’ Et il reprit de nouveau son voyage, nus pieds. En cours de route, dans cette région de collines qu’il devait traverser et qui était infestée par toutes sortes de bestioles, il fut piqué par un serpent et il mourut. Tel est le malheur auquel conduit l’avarice…

24. L’HOMME À L’ESPRIT DUEL EST RÉELLEMENT AVEUGLE

Dans un village vivait un fermier qui avait l’habitude de conduire son bétail dans la forêt voisine pour qu’il puisse y paître. Un très riche propriétaire terrien qui habitait dans ce village fit conduire son bétail dans la même forêt. Ce propriétaire terrien, en vertu de son avoir et de son affluence, possédait beaucoup d’influence sur tout le village, c’était quasiment un dictateur.

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Un jour, le taureau du fermier et le taureau du propriétaire terrien s’affrontèrent et le taureau de propriétaire terrien fut mortellement blessé. Le fermier redoutait de rapporter l’évènement au propriétaire terrien et il était très nerveux. Il se hâta de se rendre jusqu’à la demeure du propriétaire terrien et il dit : ‘’Maître, aujourd’hui, un incident inhabituel a eu lieu dans la forêt…’’ ‘’Qu’en est-il ? Eh bien, dis-le-moi !’’, dit le propriétaire terrien. Le fermier dit : ‘’Mon seigneur, votre taureau et mon taureau se sont affrontés…’’ ‘’Oh, en est-il ainsi ? Il n’y a rien d’inhabituel à cela. Même des hommes sensibles se querellent entre eux’’, répondit le propriétaire terrien. ‘’Mon seigneur’’, poursuivit le fermier, ‘’votre taureau a tué mon taureau.’’ ‘’Oh, en est-il ainsi ? Qu’y a-t-il d’inhabituel à cela ? Chaque créature qui naît doit mourir un jour ou l’autre’’, dit le propriétaire terrien. Le fermier réalisa subitement qu’avec sa nervosité, il avait mal rapporté l’histoire et il dit : ‘’Mon seigneur, pardonnez-moi, mais ma langue a fourché ! C’est mon taureau qui a tué votre taureau !’’ ‘’Quoi ?’’, rugit le propriétaire terrien. ‘’Comment oses-tu venir me rapporter une telle chose ? Que faisais-tu, quand ton taureau a blessé mon taureau ? Tu dois être dûment puni !’’ Il appela son serviteur et lui ordonna de donner au fermier vingt coups de fouet sur le dos. Le sentiment de propriété aveugle notre jugement et il dégrade notre nature. Bénie est la personne qui s’identifie aux autres dans leurs souffrances, comme dans leurs joies.

25. L’ATTACHEMENT Jadis, un fermier loua quelques hectares à un zamindar1 pour cultiver pendant une période de dix ans. Grâce à son dur labeur, le fermier développa la ferme et il fit lever de bonnes récoltes. Les revenus qui provenaient de la terre augmentèrent progressivement. Il payait aussi régulièrement la rente due au zamindar. Au terme de la location, les ouvriers agricoles du zamindar se rendirent dans les champs et commencèrent à labourer la terre. Le fils du fermier qui n’avait que dix ans et qui n’avait pas connaissance de la location se fâcha contre les ouvriers et il dit : ‘’Pourquoi êtes-vous tous ici en train de travailler dans nos champs ? Cette terre nous appartient !’’ Les ouvriers agricoles sympathisèrent avec lui et dirent : ‘’Cher garçon, cette terre appartient au zamindar, l’ignores-tu ? Demande à ton père !’’ Le garçon courut auprès de son père qui était à la maison. Les larmes aux yeux, il s’écria : ‘’Papa, viens vite ! Allons réclamer notre terre ! Le zamindar occupe nos champs ! Allons chasser ses ouvriers agricoles !’’ Le père fit asseoir son fils près de lui et lui dit calmement : ‘’Cher fils, le champ appartient au zamindar à partir d’aujourd’hui. Je l’avais pris en location pour une

1 Propriétaire terrien

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période de dix ans. Cette période est à présent terminée et il n’est donc que juste et approprié qu’il s’occupe de la terre. C’est sa propriété.’’ Pourquoi le garçon est-il devenu malheureux et pourquoi s’est-il mis à discuter avec les ouvriers ? Il n’avait aucune plainte à formuler à leur encontre, ni à l’encontre du zamindar. C’est son sentiment de possession qui l’a rendu triste et qui l’a mis en colère. Un tel attachement lie l’homme à ses biens et le rend malheureux au moment de se séparer d’eux, comme il se doit, tôt ou tard.

26. LA PRINCESSE AUX PIEDS AILÉS Jadis, une princesse belle et charmante vivait en Grèce. Elle n’était pas seulement belle, mais elle était également très douée pour le tir, la chasse et la course à pied. En fait, elle avait gagné le titre de ‘’princesse aux pieds ailés’’. Beaucoup de beaux princes héroïques souhaitaient obtenir son cœur et sa main, aussi la princesse devisa-t-elle un plan ingénieux. Elle annonça qu’elle épouserait le jeune homme qui la battrait à la course à pied. Des centaines de jeunes guerriers vinrent faire la course avec elle, mais elle les distançait toujours tous... Finalement, un jeune homme voulut à tout prix la battre à la course et rechercha les conseils d’un sage. Il lui expliqua le cas de la princesse aux pieds ailés et de son challenge. Il exprima aussi ses regrets par rapport au fait que beaucoup de jeunes guerriers étaient humiliés par la princesse. Le sage lui dit : ‘’Ne t’inquiète pas. Glisse dans ta poche quelques joyaux et quelques bijoux étincelants et dans ta course, laisse-les choir, l’un après l’autre sur le circuit à des moments stratégiques.’’ Le jour de la course, le jeune homme se dota de quelques beaux joyaux et de quelques beaux bijoux. Le jeune homme et la princesse commencèrent alors à courir. Tous les deux étaient d’excellents coureurs. Chaque fois que la princesse était sur le point de le dépasser, le jeune homme laissa discrètement choir un joyau ou un bijou étincelant et la princesse s’arrêtait illico pour ramasser le beau joyau ou le beau bijou qui après tout se trouvait sur le circuit. Elle ne doutait pas qu’en dépit de ces haltes, elle serait capable de distancer son rival, mais ces haltes brèves, mais assez fréquentes firent en sorte qu’il atteigne l’arrivée avant elle. C’est ainsi que le jeune homme gagna la course et le cœur et la main de la princesse. Pourquoi la princesse aux pieds ailés a-t-elle perdu, cette fois ? A cause de son amour pour les joyaux et les bijoux. Le désir de lucre affaiblit toujours et il empêche de réaliser l’objectif réel de la vie. Si nous voulons réellement réussir dans la vie, nous devons renoncer à l’attachement et être prêts à sacrifier ce que nous possédons, comme ce jeune homme l’a fait.

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27. UN PARTAGE JUSTE ET ÉQUITABLE DES BIENS Deux frères voulurent partager équitablement leurs biens après le décès de leur père. Ils trouvèrent facile de partager équitablement les terres, l’argent, la maison, les ustensiles et d’autres choses du même acabit, mais il n’y avait qu’une seule vache. Comment la partager équitablement ? Leur appétit pour les richesses et les biens était tel qu’ils n’hésitèrent pas à décider de couper la vache en deux pour un partage juste et équitable. Les voisins ne purent supporter cette attitude des deux frères. Ils dirent : ‘’La vache est un animal sacré pour nous, hindous. Tuer une vache est un péché ! Vous pouvez vendre cette vache à l’un d’entre nous, et puis partager la somme que vous en tirerez équitablement entre vous-mêmes.’’ Les deux frères s’empressèrent d’accepter. Mais pour quelle raison ne purent-ils pas songer eux-mêmes à cette solution simple ? L’instinct de possession très développé chez eux avait aveuglé leur raison et endurci leur cœur.

28. LE DÉSIR CONDUIT À DÉSESPÉRER… Une fois, un groupe de 80 personnes se rendit à New York pour participer à une conférence. Il était prévu de les loger dans un hôtel très chic dans un grand building. Le leader opta pour le vingtième étage. Il pensait qu’ils pourraient tous jouir d’une vue grandiose sur toute la ville depuis une telle hauteur. Il voulait que le groupe se réjouisse d’occuper l’étage le plus élevé. La conférence prit fin. Les personnes de ce groupe étaient occupées à acheter des cadeaux et d’autres choses. Elles étaient maintenant prêtes à rentrer chez elles. Une fois leurs achats terminés, elles se dirigèrent vers l’hôtel avec une kyrielle de paquets et de colis. Inopinément, l’ascenseur tomba en panne et refusa de fonctionner. Il leur fallut à toutes gravir les vingt étages. Pour passer le temps et pour atténuer quelque peu la monotonie de leur ascension, elles décidèrent de se distraire mutuellement. Chaque membre devrait brièvement décrire quel était le but de sa vie. A l’exception du leader, tous les membres du groupe avaient terminé de décrire leurs points de vue concernant le but de leurs vies. Le leader était sur le point d’arriver au vingtième étage… quand il s’aperçut qu’il avait oublié les clés de leurs chambres au rez-de-chaussée avec quelques autres paquets ! Comment pourrait-il bien dire quelque chose concernant le but de sa vie ? Pathétiquement, il dit : ‘’Mes chers amis, je ne peux rien dire concernant le but de ma vie, mais la responsabilité immédiate qui m’incombe, c’est de redescendre jusqu’au rez-de-chaussée et de retrouver les clés que j’ai laissées là…’’ La situation critique de l’homme dans la vie moderne est typique de celle du leader de ce groupe. C’est lui qui a décidé d’occuper l’étage le plus élevé sans se soucier des désavantages, ni des responsabilités supplémentaires que cela entraîne. Les leaders dépourvus de prévoyance et d’un sens des responsabilités adéquat soulèvent initialement de grands espoirs, mais en fin de compte, ils conduisent la société à

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l’échec et à la frustration. C’est ce désir qui l’a conduit, lui et les autres à une telle situation désespérante.

29. Ô JOIE, Ô DÉSESPOIR CROUSTILLANT… Un certain chef de famille désirait ardemment savourer un type d’en-cas particulier appelé ‘’murukku’’. Un jour, il dit à sa femme : ‘’Ma chérie, ce soir, je rapporterai tous les ingrédients nécessaires à la préparation de murukkus. S’il te plaît, demain, voudras-tu bien les confectionner ? Cela fait si longtemps que je n’en n’ai plus mangés !’’ Le lendemain, la femme prépara les en-cas. Tandis qu’elle les confectionnait et qu’elle les retirait un par un de la poêle, elle voulut en goûter juste un et elle en mangea un qu’elle trouva croustillant et savoureux. Elle en mangea ensuite un second qui lui parut encore plus savoureux. Aussi en mangea-t-elle encore un…Et puis encore un…Et elle continua d’engloutir les en-cas, l’un après l’autre. Le mari rentra du bureau et demanda à sa femme de lui apporter seulement quatre pièces de ces en-cas qu’elle avait préparés. La femme n’en apporta qu’un seul sur un plateau. Le mari demanda : ‘’Qu’est-ce que c’est que çà ? Je t’ai demandé de m’en apporter quatre et tu ne m’en apportes qu’un seul ! Combien en as-tu préparé, en fait ?’’ La femme répondit : ‘’J’en ai confectionné vingt.’’ ‘’Alors, apportes-en quelques-uns en plus’’, demanda le mari. ‘’Je regrette, mais je les ai mangés !’’, répondit la femme. ‘’Quoi ??? Tu en as mangé dix-neuf ??? Comment as-tu pu ?’’, cria le mari. La femme prit le dernier en-cas du plateau, le cassa en deux morceaux qu’elle fourra dans sa bouche, puis elle dit : ‘’C’est ainsi que j’ai mangé les dix-neuf en-cas !’’ Que pouvait bien dire le mari ? La situation était totalement hors de son contrôle. Il ferma simplement les yeux, amèrement déçu. Ce chef de ménage voulut savourer ses murukkus préférés. Le pauvre homme fit tout ce qui était nécessaire pour satisfaire son désir, mais il échoua lamentablement. Ce qu’il voulait savourer mit un terme à sa joie !

30. DES DIPLÔMES PARTICULIERS Dans une certaine ville vivait un homme qui ne parvenait pas à obtenir un emploi. Il se lassa d’approcher les gens, d’aller de porte en porte à la recherche d’un emploi et de les mettre au courant de sa situation précaire. Il réfléchit à un plan. Il fit fabriquer une belle plaque nominative et ajouter deux diplômes après son nom – PDCG & PDCF.

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Certaines personnes qui passaient par là se demandaient bien quelles qualifications représentaient précisément ces diplômes. Elles présumaient que l’occupant des lieux devait être un grand savant aux très hautes qualifications. Un jour, un monsieur d’un certain âge entra dans la maison. Le candidat à la recherche d’un emploi le reçut et supposa qu’il devait avoir été très impressionné par ses diplômes. Il dit : ‘’Monsieur, puis-je savoir ce qui vous amène ici ?’’ Le vieux monsieur répondit : ‘’Cher Monsieur, je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais puis-je savoir ce que représentent ces diplômes – PDCG & PDCF ? J’ai bien entendu parler du FRCS et de quelques autres diplômes similaires, mais jusqu’ici, je n’avais encore jamais rien lu, ni entendu concernant ces deux diplômes. Il n’empêche que je suis réellement très heureux d’avoir parmi nous quelqu’un de si hautement qualifié !’’ Le candidat à la recherche d’un emploi répondit : ‘’Monsieur, je vous prie de bien vouloir m’excuser. Etant donné que j’ai cruellement besoin d’un emploi et que je ne puis personnellement pas mettre au courant tout le monde de mon besoin urgent d’un emploi, j’ai fait fabriquer cette plaque nominative et PDCG signifie ‘’PÈRE DE CINQ GARÇONS’’ et PDCF ‘’PÈRE DE CINQ FILLES’’. Monsieur, ne pensez-vous pas que j’ai effectivement besoin d’un emploi ?’’, demanda le candidat. Le vieux monsieur étouffa un rire et quitta les lieux, fort déçu. Nous ne devrions pas nous laisser éblouir par les diplômes dont les gens peuvent se prévaloir…

31. RETENIR PAR CŒUR EST DANGEREUX Une personne sans instruction et simple d’esprit arriva dans un centre de recrutement militaire. Elle effectuait une formation de quelques mois qui devait lui permettre de rentrer à l’armée. Malheureusement, après seulement une semaine de cette formation, la nouvelle arriva au centre que celui-ci recevrait la visite d’un officier qui interviewerait les candidats et qui inspecterait le type de formation donné par le centre. La personne responsable de la formation des candidats était très tracassée par le simple d’esprit récemment recruté, mais comme il s’agissait d’un officier de l’armée expérimenté, il connaissait bien le type de questions qui seraient posées aux nouvelles recrues. Aussi briefa-t-il l’homme complètement pour qu’il réponde correctement aux questions les plus plausibles. Il lui demanda d’abord de se souvenir de la séquence des questions. La première question serait : ‘’Quel âge avez-vous ?’’ Vous devez répondre : ‘’22 ans !’’ La deuxième question serait : ‘’Depuis combien de temps êtes-vous dans ce centre ?’’ Vous devez répondre : ‘’Depuis deux ans !’’ Et la troisième pourrait être : ‘’Etes-vous heureux dans ce centre ou votre foyer vous manque-t-il ?’’ Vous devez répondre : ‘’Je suis heureux ici, comme dans mon foyer, les deux !’’

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Le cadet apprit par cœur ces réponses. Le jour de l’inspection, on lui demanda de se rendre dans la salle d’entrevue. Là, l’officier qui procédait à l’inspection lui demanda : ‘’Depuis combien de temps êtes-vous ici ?’’ Le cadet qui ne se souvenait que de la séquence des questions répondit : ‘’22 ans !’’ L’officier était assez surpris. Ensuite, il demanda : ‘’Quel âge avez-vous ?’’ Le cadet répondit : ‘’Deux ans !’’ ‘’Qu’est-ce que c’est que cette absurdité ! Etes-vous fou ou bien alors c’est moi qui le suis ?’’, rugit l’officier. ‘’Les deux !’’, répondit calmement le cadet qui ne pouvait plus se rappeler que cette partie de la réponse, car il avait pris peur. Il est périlleux de mémoriser les choses par cœur. Les étudiants doivent d’abord comprendre et puis alors seulement se rappeler par cœur ce qu’ils veulent mémoriser pour avoir une bonne maîtrise de ce qu’ils apprennent…

32. TROIS SORTES D’ÉCOUTE A la cour d’un roi, les ministres, les pandits et les artistes étaient tous assis à leurs places respectives. Le roi et ses ministres avaient acquis une certaine renommée et une certaine notoriété pour leur intelligence et pour leur sagesse. Un jour, un sage arriva à la cour. Il reçut un accueil chaleureux avec tous les honneurs qui lui étaient dus. Le roi lui demanda : ‘’Ô vénérable ! Puis-je savoir ce qui vous amène ici ? Nous sommes très heureux de votre présence ici aujourd’hui.’’ Le sage répondit : ‘’Ô roi, votre cour est réputée pour son intelligence et pour sa sagesse. J’ai apporté trois magnifiques poupées et j’aimerais que vos ministres procèdent à l’évaluation et à l’estimation de ces poupées.’’ Il présenta les trois poupées au roi. Le roi appela son ministre le plus ancien et lui remit les poupées pour qu’il procède à leur évaluation et à leur estimation. Le ministre jeta un simple coup d’œil aux poupées, puis il ordonna à un messager royal d’aller lui chercher un mince fil d’acier. Le ministre inséra ensuite le fil d’acier dans l’oreille droite de l’une des poupées et le fil ressortit par l’oreille gauche. Il l’a mis de côté. Il prit une autre poupée et il inséra de nouveau le fil dans son oreille droite qui ressortit par la bouche de la poupée. Il l’a mis aussi de côté. Il prit la troisième poupée et il inséra le fil à l’intérieur de son oreille droite, mais il ne ressortit ni par l’autre oreille, ni par la bouche. Le roi et ses courtisans observaient toute la scène avec la plus grande attention. Le ministre rendit hommage au sage, puis il dit : ‘’Ô vénérable, parmi ces trois poupées, la troisième est la meilleure. Les trois poupées symbolisent en réalité trois types d’écoute. Elles représentent les trois catégories d’auditeurs dans le monde. La première catégorie écoute par une oreille, et cela ressort par l’autre. La deuxième catégorie écoute et elle ne mémorise que pour redire tout ce qu’elle aura entendu. Et la troisième catégorie écoute, retient tout ce qu’elle a entendu et le garde précieusement dans son cœur. C’est la meilleure catégorie d’auditeurs.’’ Le sage complimenta le roi et le ministre pour l’évaluation et pour l’estimation réussie de ses poupées et après les avoir bénis tous les deux, il quitta la cour.

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Sravanam (l’écoute) est le premier et le plus fondamental des neuf types de dévotion. Après avoir entendu les paroles des sages, nous devrions essayer de ruminer leur sens et leur message dans notre esprit, puis de les mettre en pratique afin d’élever nos vies.

33. NE PAS SUIVRE AVEUGLÉMENT LES INSTRUCTIONS Il y avait un guru qui avait quelques disciples. Ils lui étaient vraiment fidèles et lui obéissaient sans réserve. Une fois, ils voyageaient tous ensemble dans un char à bœufs et le guru âgé voulut se reposer un peu et leur dit : ‘’Ecoutez, mes chers ! Je me sens un peu fatigué et il se pourrait que je m’endorme. Veillez bien à nos bagages. Soyez vigilants et surveillez bien tout ce qui pourrait tomber en dehors du char-à-bœufs.’’ Les disciples acquiescèrent. Après quelques minutes, le kamandalu (pot à eau) du guru tomba en dehors du char. Tous les disciples virent l’objet tomber. Le guru se réveilla après avoir piqué un petit roupillon et il s’enquit : ‘’Je suppose que tout est bien en sécurité ?’’ ‘’Oui, Maître !’’, répondirent les disciples. ‘’Seulement votre kamandalu est tombé en dehors du char…’’ ‘’Quoi ?’’, s’écria le guru. ‘’Si mon kamandalu est tombé en dehors du char, pourquoi ne pas l’avoir arrêté pour le ramasser ? Que vais-je faire à présent pour transporter mon eau ? Je n’ai pas d’autre récipient !’’ Les disciples répondirent : ‘’Maître, vous ne nous aviez demandé que de surveiller tout ce qui tombait et c’est ce que nous avons tous fait au moment où le kamandalu est tombé !’’ ‘’Oh, quels balourds ! Ce n’était pas du tout mon idée ! Bon ! Le passé est le passé. Au moins maintenant, si quelque chose tombe, vous devez le ramasser et le remettre dans le char à bœuf, comprenez-vous ?’’ Les disciples acquiescèrent. Le guru reprit son somme et les disciples s’assoupirent eux aussi. Tout à coup, le char s’arrêta et les bœufs laissèrent choir une bouse sur le sol. Un des disciples descendit prestement du char, ramassa les bouses et les lança à l’intérieur du char ! Malheureusement, un morceau de celles-ci atteignit le visage de son guru ! Le guru se réveilla pour découvrir les bouses à l’intérieur du char. ‘’Qu’est-ce que c’est que cela ?’’, s’écria le guru. Les disciples répondirent : ‘’Maître, ne nous aviez-vous pas dit que tout ce qui tombait par terre, nous devions le ramasser et le remettre dans le char à bœufs ?’’ Le guru réfléchit et au bout d’un moment, il imagina un plan. Il dressa la liste de tous les objets qui se trouvaient à l’intérieur du char-à-bœufs, puis il leur remit la liste et il leur dit : ‘’Ecoutez-moi bien ! Si l’un de ces objets tombe, vous devez le ramasser et le remettre dans le char-à-bœufs !’’ Et le guru se rendormit. Le char-à-bœufs dut gravir une petite colline. Sur le flanc de la colline coulait un ruisseau et au cours de l’ascension de la colline, les disciples s’assoupirent, le guru glissa en dehors du char et il tomba dans le ruisseau. Les disciples se réveillèrent, parce qu’ils entendirent un gros plouf et le guru qui criait au secours ! Ils s’aperçurent que c’était leur guru qui était tombé dans le ruisseau et ils prirent immédiatement la liste et vérifièrent. La liste était assez longue, mais nulle part, ils ne purent y découvrir le nom du guru. Ils pensèrent qu’il était de leur devoir de continuer à avancer conformément aux

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instructions du guru. Le guru hurla et leur ordonna d’arrêter le char et de venir à son secours. Les disciples étaient de bons bougres qui croyaient en l’obéissance et au guru seva. Ils arrêtèrent le char et accoururent vers lui et se postèrent devant lui, les mains jointes. Le guru se remit derechef à crier : ‘’Qu’est-ce qui vous est arrivé à tous, aujourd’hui ? Voulez-vous voir arriver ma fin ? Quand j’ai glissé en bas du char, n’était-ce pas votre devoir de venir me secourir ?’’ L’un des disciples dit alors calmement : ‘’Maître ! Vous n’aviez pas inclus votre nom dans la check-list de tout ce qui se trouvait à l’intérieur du char et qui devait y retourner, aussi, nous n’avons pas bougé. Nous n’avons fait que vous obéir à la lettre.’’ Le guru, exaspéré, dit : ‘’Oui, çà, je le sais que vous n’avez fait que m’obéir à la lettre sans vous soucier de saisir le sens et l’esprit sous-jacent à ce qu’il y avait d’écrit là !’’ On ne doit pas suivre aveuglément des instructions. Cela réduira l’homme au niveau d’une machine. Il faut faire faire usage de son raisonnement et de son discernement pour que les actions conviennent aux nécessités de la situation….

34. NE PAS CONDAMNER TROP HÂTIVEMENT C’était l’époque où Sri Rama était engagé dans une terrible bataille à Lanka contre Ravana. Un jour, alors que la bataille du jour était sur le point de s’achever, un enfant que portait une ogresse fut blessé par une flèche perdue. La mère laissa tomber son enfant et s’enfuit. Lakshmana qui avait observé la scène dit à Rama : ‘’Regarde, frère ! Comme ces ogresses ont le cœur dur ! Elles n’aiment même pas leurs propres enfants !’’ Rama répondit calmement : ‘’Frère, ne condamne pas les gens hâtivement et durement. Il est possible que cette ogresse ait une raison de s’enfuir ainsi. Va la trouver et demande-le-lui toi-même.’’ Lakshmana salua l’ogresse et l’interrogea au sujet de son geste indigne. Elle répondit : ‘’Nous sommes certainement des ogres, mais nous ne sommes pas tous aussi mauvais ! Qu’en est-il de Vibhishana ? N’aime-t-il pas Rama ? N’est-il pas bon ? Ne penses-tu pas qu’il y a aussi des ogres parmi les hommes ? Ne critique pas et ne condamne pas les autres si hâtivement ! Je vais te dire pourquoi j’ai laissé tomber mon fils qui était mortellement blessé. Lorsqu’il est question de trouver son salut, chacun est seul. Qu’il s’agisse d’une mère et de son enfant ou d’un mari et de sa femme, chacun suivra une voie différente et atteindra le but en conformité avec ses actions, tôt ou tard. Il me faut chercher mon propre salut. Quand je me suis rendue compte que mon fils allait certainement mourir, pourquoi aurais-je dû me soucier de lui en m’attardant sur le champ de bataille ? J’aurais pu être touchée par une flèche. Je ne souhaite pas mourir. Je souhaite rester en vie afin d’être emmenée à Ayodhya par Sri Rama comme prisonnière. Ainsi, je pourrai être bénie par le darshan du Seigneur, ce qui me sauvera du cycle des naissances et des morts.’’

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Lakshmana se prosterna devant l’ogresse et il prit congé d’elle, puis il raconta tout l’épisode à Rama. Sri Rama dit : ‘’Frère, souviens-toi qu’il y aura du bien même dans des choses qui paraissent extérieurement mauvaises. Une action est bonne ou mauvaise conformément au motif qui la sous-tend. Juger précipitamment est toujours périlleux. ‘’

35. FRUITS À VENDRE ICI Une fois, un vendeur de fruits décida de rendre son échoppe plus attractive en y fixant une plaque joliment peinte. Il loua les services d’un peintre pour qu’il lui fabrique une pancarte colorée avec les mots ‘’FRUITS À VENDRE ICI’’, puis il la fixa à son échoppe un jour auspicieux. Un autre jour, un client lui dit : ‘’Cher monsieur, excusez-moi, si je puis me permettre de vous donner mon avis, j’aimerais vous dire une chose concernant la pancarte...’’ Le vendeur de fruits répondit : ‘’Je vous en prie, Monsieur, de quoi s’agit-il ? J’aimerais bien l’entendre !’’ Le client répondit : ‘’Ne pensez-vous pas que le mot ‘’ICI’’ est superflu ? N’est-il pas évident que les fruits sont ici ?’’ Le vendeur de fruits le remercia pour sa remarque et il demanda au peintre d’effacer le mot ‘’ICI’’ et de repeindre la pancarte. Au bout de quelques jours, un autre client lui dit : ‘’Cher ami ! Tout le monde sait très bien que l’on vend des fruits, ici ! Alors, à quoi bon préciser que ce sont des fruits sur votre pancarte ? Les gens qui ont des yeux peuvent voir les fruits colorés bien disposés dans votre échoppe !’’ Le vendeur de fruits se demanda pourquoi une telle idée ne l’avait pas frappé plus tôt et il demanda au peintre d’effacer aussi le mot ‘’FRUITS’’. Finalement, le vendeur de fruits songea que les mots restants – ‘’À VENDRE’’ – seraient dénués de sens, tout seuls…Ainsi demanda-t-il au peintre d’effacer aussi ces deux mots ! Et ce fut la fin de la pancarte pour laquelle il avait autant dépensé. Pourquoi a-t-il encouru une telle perte ? Uniquement pour avoir agi en suivant les suggestions fantaisistes de ses clients sans sérieusement y réfléchir, ni exercer son propre jugement...

36. L’IMITATION AVEUGLE Un sage vivait dans un ermitage avec son fils. Il accomplissait l’homa quotidiennement. Il avait aussi un chat familier qui folâtrait autour du feu et qui l’enquiquinait beaucoup pendant qu’il accomplissait son rituel, aussi le sage attrapait-il le chat et le gardait dans un panier avant de se rasseoir pour accomplir son rituel, tous les jours. Son fils qui observa cela pendant des années pensa que la capture du chat et son emprisonnement dans le panier faisaient également intégralement partie du rituel !

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Le sage mourut en temps voulu et le fils dut continuer le rituel de l’homa qui faisait partie de la vie sacrée de l’ashram. Néanmoins, on ne pouvait pas facilement trouver de chats aux alentours de l’ashram et donc, il se donna réellement beaucoup de mal pour trouver un chat afin de pouvoir accomplir l’homa exactement comme son père ! Nous devons nous familiariser avec le sens profond de chaque rituel avant de vouloir l’accomplir. Ce n’est qu’alors qu’il produira les résultats escomptés. Sinon, il peut nous égarer et nous amener à faire des choses insensées et il ne nous apportera que le ridicule…

37. LE REMÈDE À UN ÉPINEUX PROBLÈME Autrefois, il y avait un roi qui ne pouvait pas endurer la douleur des piqûres d’épines, chaque fois qu’il devait emprunter certains chemins, aussi employait-il de nombreux hommes pour ôter les épines de tous les chemins, de tous les sentiers et de toutes les allées de son royaume. Son ministre était assez sage pour réaliser la franche sottise du roi et un jour, il dit au roi : ‘’Votre majesté ! C’est une perte d’argent conséquente que d’employer autant d’hommes simplement pour enlever les épines de toutes les voiries. C’est une tâche sans fin. Au lieu de cela, vous pourriez ordonner que l’on vous confectionne une paire de chaussures appropriées et vous pourriez alors emprunter n’importe quel chemin, en toute sûreté. Vous pourriez même marcher sans souci dans la forêt.’’ Le roi fut enchanté du conseil de son ministre futé. Le sens profond de cette histoire, c’est que des pieds qui ne portent pas de sandales ne pourront que souffrir de la douleur due aux épines piquantes et aux pierres coupantes. Pareillement, un cœur qui est dénué d’amour ressent vivement les piqûres et les peines dues aux problèmes de l’entourage, parce qu’un cœur aussi sec ignore comment donner et comment pardonner. Celui qui aime tout le monde aide le monde et celui qui n’aime que lui-même vit dans l’isolement.

38. QU’EST-CE QUI EST LE PLUS BLANC DANS LE MONDE ?

Un jour, un roi convoqua une assemblée pour découvrir quelle était la personne la plus intelligente du royaume. Il posa cette question devant l’assemblée : ‘’Quelle est la chose la plus blanche dans le monde ? Quelle est la plus noire ?’’ Il y eut différentes réponses parmi les intellectuels présents. L’un d’eux dit ‘’c’est le lait’’, un autre, ‘’c’est le coton’’, un autre dit encore ‘’c’est la farine de riz’’, et ainsi de suite. Il y avait un grand dévot dans cette assemblée. Lorsqu’il fut interrogé par le roi, il répondit : ‘’Je ne suis ni intelligent, ni instruit, mais si petite que soit mon intelligence, elle est un don de Dieu. Toute l’intelligence que chaque personne possède vient de Dieu. Il y a certaines personnes qui en font mauvais usage et d’autres qui l’utilisent à bon escient.’’ Alors, après avoir offert une prière à Dieu, il

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déclara : ‘’Le jour est la chose la plus blanche de toutes et la nuit est la chose la plus noire de toutes. Ceci est l’évidence en ce monde. Le jour est blanc, la nuit est noire. Toutes nos vies traversent cette succession de jours et de nuits, de blanc et de noir. Quel est celui qui a triomphé de ce cycle de jours et de nuits ? C’est uniquement Dieu. La combinaison du blanc et du noir est décrite comme une journée. Celui qui a conquis ce cycle est Dieu. La différence entre dinamu (le jour) et daivamu (Dieu) est que pour Dieu il n’y a ni jour ni nuit, alors qu’ils existent pour le monde.’’ Il conclut en disant : ‘’Seul Dieu peut donner la grâce aux hommes de pouvoir transcender le jour et la nuit.’’ Tous les érudits présents dans l’assemblée se sentirent insultés par l’impudence de cet homme illettré qui s’était présenté pour donner une réponse à la question du roi. Tout type d’arrogance peut être tempéré, mais l’arrogance des érudits et des pandits ne peut être facilement rabaissée. C’est la principale maladie des érudits. Ils étudient beaucoup de livres et sont imprégnés de connaissances livresques, mais ils ne pratiquent même pas une fraction de ce qu’ils ont appris, avec pour résultat qu’ils ne font que s’enorgueillir. Les érudits s’approchèrent du roi et lui dirent : ‘’Vous ne devriez pas prendre cet homme illettré au mot. Il devrait être prié de fournir la preuve de ce qu’il déclare. Dans le monde aujourd’hui, la preuve est demandée pour tout et dans tous les domaines.’’ Sur ce, le roi demanda au dévot de fournir la preuve de ses déclarations. Ce dernier demanda un délai d’une journée pour fournir cette preuve. Il stipula également que pendant cette période, personne ne devrait le questionner ou s’opposer à ce qu’il faisait ou limiter ses mouvements d’aucune façon. Le roi lui accorda ses deux requêtes et annonça que personne ne devrait interférer avec les mouvements et les actions du dévot dans le palais ou ailleurs. Le lendemain, le roi se reposait au palais après le déjeuner. Le dévot remplit une tasse avec du lait et la déposa sur le seuil de la porte de la chambre à coucher du roi. Ensuite, il amena un petit enfant qui tétait et lui donna une fessée. Ce faisant, l’enfant hurla tellement fort que la sieste du roi en fut perturbée. Le roi se leva très en colère et poussa la porte pour découvrir qui avait eu l’outrecuidance de déranger sa sieste et en sortant, il renversa la tasse de lait qu’il n’avait pas pu voir ! Le dévot dit au roi : ‘’Parce que le jour est plus lumineux et plus blanc que le lait, vous ne pouviez pas voir le lait. Ô roi ! Si le lait est bien la chose la plus blanche, comment se fait-il que vous n’avez pas pu le voir ? La blancheur du lait est moindre que celle du jour. La lumière du jour est plus blanche que le lait. Vous devez accepter ce fait.’’ Le dévot ajouta : ‘’Les étoiles sont également présentes dans le ciel pendant le jour, mais elles ne peuvent pas être vues en raison de la puissante lumière du jour. Lorsque la nuit descend, les étoiles deviennent visibles.’’ La lumière du jour représente jnana (la connaissance supérieure) ; l’obscurité de la nuit, ajnana (l’ignorance). La divinité transcende à la fois la connaissance et

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l’ignorance. Oubliant le divin, les gens se plongent dans l’expérimentation des choses du monde. Le divin ne peut être expérimenté que par le divin.

39. UN CONCOURS DE BEAUTÉ Un jour, la richesse et la pauvreté s’approchèrent d’un marchand et elles se présentèrent sous la forme de deux déesses. Le marchand les salua toutes les deux et dit : ‘’Puis-je savoir ce qui vous amène dans mon humble demeure ?’’ La déesse de la richesse dit : ‘’Nous voulons votre estimation et que vous nous disiez laquelle de nous deux est la plus belle.’’ Le marchand était bien embêté ! Il savait qu’il se trouvait entre le marteau et l’enclume. S’il devait déclarer que la richesse était plus belle que la pauvreté, la pauvreté le maudirait et s’il devait déclarer que la pauvreté était plus belle que la richesse, la richesse l’abandonnerait. Néanmoins, il retrouva son aplomb et il dit : ‘’J’ai beaucoup de respect pour toutes les deux. Voudriez-vous avoir l’amabilité de suivre mes instructions ? Je pourrai alors faire une estimation correcte.’’ Les déesses y consentirent. Il dit : ‘’Mère Lakshmi, pourriez-vous vous rendre jusqu’à la barrière et rentrer dans la maison ? Mère Jyestha, pourriez-vous marcher d’ici jusqu’à la barrière ? Je pourrai ainsi vous contempler tout à loisir, de près et de loin.’’ Les deux déesses firent comme le marchand l’avait souhaité. Puis, le marchand s’exclama gaiement : ‘’Mère Lakshmi ! Vous êtes vraiment très belle, quand je vous vois rentrer dans la maison ! Et vous, Mère Jyestha, vous êtes toute aussi belle, quand je vous vois sortir de la maison !’’ Les deux déesses apprécièrent le trait d’esprit et la sagesse du marchand. La déesse de la richesse resta heureusement dans sa demeure, tandis que la déesse de la pauvreté s’éloigna tout heureusement. Lorsque nous sommes confrontés à un grave problème, si nous nous tournons vers l’intérieur et si nous réfléchissons calmement, un rayon d’espoir et de lumière jaillira et nous indiquera la voie.

40. LE TACT ET LA DISCRÉTION EN MATIÈRE DE PENSÉES, DE PAROLES ET D’ACTES

Autrefois vivait une femme au foyer qui était très intéressée par les discours concernant les sujets religieux et éthiques et au temple local, le pandit donnait plusieurs discours quotidiennement, l’après-midi. Cette dame avait coutume d’assister aux discours régulièrement. Un jour, le pandit expliquait les devoirs d’une femme idéale et il dit : ‘’Pour la femme, son mari est Dieu, en vérité. Si elle le sert et si elle le garde heureux, c’est tout aussi bon que rendre un culte. Elle sera bénie par Dieu.’’ Il décrivit aussi en détail comment une femme devrait s’occuper de son mari. Elle devrait être prête à lui laver

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les pieds, lorsqu’il rentre à la maison, le soir, puis le faire asseoir dans un fauteuil confortable, délacer ses chaussures, le ventiler et lui servir une tasse de café bien chaud. Elle devait être très attentive et faire preuve de perspicacité, de manière à comprendre les besoins de son mari. La dame écouta le discours avec une grande attention et enregistra mentalement les devoirs qui lui incombaient et leur séquence. Le soir, à 17 heures, elle était prête, avec un petit seau d’eau devant la porte d’entrée. Dès que son mari fut descendu de la voiture, elle renversa le seau rempli d’eau sur ses chaussures, le prit par la main, et puis le fit asseoir sur un sofa. Elle délaça ses chaussures, se précipita dans la cuisine et lui rapporta une tasse de café fumant. Ensuite, elle alluma le ventilateur. Le pauvre mari était sidéré ! Il se demandait ce qui était bien arrivé à sa femme. Il entra tout doucement dans son bureau et téléphona au médecin de famille en le priant de bien vouloir venir immédiatement. A son arrivée, le mari décrivit par le menu le comportement sibyllin de sa femme. Le docteur examina la dame et dit : ‘’Il n’y a rien d’anormal chez elle, elle est juste un peu excitée, c’est tout ! Permettez-lui de se reposer un peu.’’ La dame ne fit aucune objection par rapport à cette ‘’attention’’, puisqu’il lui fallait obéir à son mari et faire en sorte qu’il soit satisfait. Au bout de deux jours, elle se rendit de nouveau au temple, comme à l’accoutumée. Ce jour-là, le pandit pérorait sur le but de l’homme dans la vie et sur ce qu’est la vie. Il dit : ‘’La vie est un rêve, seul Dieu est réel. Personne n’aime réellement personne dans le monde. Le réseau des relations mondaines est uniquement basé sur de l’amour égoïste. Seul l’amour de Dieu est désintéressé. C’est ainsi que l’on ne doit aimer que Dieu. Qui est qui ? Que sont les choses ? Personne ne vous accompagnera, lorsque vous mourrez. C’est votre amour pour Dieu qui vous vaudra du mérite. Vous êtes arrivé seul dans le monde et vous en repartirez seul.’’ La dame songea : ‘’Oh, quelle révélation ! Il est bien vrai que j’ai gaspillé ma vie ! Au moins, à partir d’aujourd’hui, je dois penser à Dieu et à rien d’autre !’’ Et bien résolue, elle rentra chez elle. Elle prit un bain rituel, se vêtit simplement et s’assit dans la pièce réservée à la puja et médita les paroles du pandit. Ce jour-là, le mari retourna chez lui assez tôt et ne trouva pas sa femme sur le pas de la porte. Il songea que sa femme devait s’être remise de son ‘’excitation’’ ! Il frappa à la porte. Il n’y eut aucune réponse, même après plusieurs coups répétés. Il pouvait entendre sa voix qui marmonnait indistinctement des mots. Il envoya son chauffeur pour qu’il entre dans la maison par la porte arrière et pour qu’il lui ouvre ensuite la porte d’entrée. Il entra et il entendit la voix de sa femme qui provenait de la pièce où on célébrait la puja. Il se positionna à l’entrée. Sa femme avait fermé les yeux et elle disait : ‘’Qui es-tu ? Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’un mari ? Chacun doit vivre et s’occuper de son propre Soi !’’ Le mari commençait à paniquer et à craindre que son état n’empire. Il envoya son chauffeur pour qu’il ramène immédiatement le docteur. Le docteur la vit et l’entendit aussi. Puis, le mari et le docteur s’assirent un moment pour discuter de la situation. Le docteur demanda : ‘’Comment votre femme passe-t-

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elle son temps, quand vous n’êtes pas à la maison ?’’ Le mari dit : ‘’Oh, c’est une femme simple et vertueuse ! Elle se rend au temple de la localité pour y écouter des discours religieux.’’ Le docteur répondit en souriant : ‘’D’accord ! Maintenant je comprends la raison de la conduite étrange de votre femme. Elle doit avoir pris à cœur et au pied de la lettre chaque parole du pandit. Ne lui permettez pas de se rendre au temple pendant quelques jours et elle ira très bien !’’ Après trois jours, la dame retrouva son état mental habituel et redevint très enjouée. Et puis un jour, elle aspira de nouveau à se rendre au temple et ce jour-là, le pandit pérorait sur la vérité : ‘’Seule la vérité triomphera ! N’hésitez jamais à dire la vérité ! La Vérité est Dieu et Dieu est la Vérité !’’ Ce soir-là, le mari et la femme devaient assister à un mariage et elle alla s’asseoir avec les femmes. Le prêtre qui célébrait le mariage connaissait très bien la dame et son mari. Il fit le tour de la salle avec un plateau d’argent sur lequel reposait le mangala sutra qui devait être touché et béni par les maîtresses de maison. Tout en s’approchant d’elle, il lui dit en passant : ‘’Mataji, j’espère que tout le monde va bien et que tout va bien chez vous.’’ La dame répondit : ‘’Oh oui, tout va bien, si ce n’est que ma belle-mère est décédée le mois dernier !’’ Une dame âgée qui était assise à côté d’elle lui fit gentiment remarquer : ‘’Amma, vous ne devriez pas prononcer de telles paroles de mauvais augure, alors que le mangala sutra circule pour être béni.’’ La dame se sentit offusquée : ‘’Qu’y a-t-il de mal ? Ne puis-je pas dire la vérité ? Je n’ai rien dit que la vérité ! Pourquoi devrais-je avoir peur de dire la vérité ? C’est la vérité que ma belle-mère est décédée !’’, cria-t-elle. Une autre dame plus jeune s’approcha d’elle et dit : ‘’Amma, c’est peut-être la vérité que votre belle-mère est décédée, mais des nouvelles de décès et d’autres expressions similaires de mauvais augure ne devraient pas être formulées, alors qu’une telle cérémonie est en cours. Vous devez le savoir.’’ Tous les gens qui assistaient au mariage dévisageaient la dame avec stupéfaction. Quelle est la morale de cette histoire ? Même la vérité devrait être évoquée avec tact et discrétion. Ne permettons pas à nos paroles de blesser les autres, même si elles sont véridiques. Nous pouvons bien écouter des discours remplis d’idées saintes et d’enseignements sacrés, mais nous devrions les mettre en pratique silencieusement et ne jamais faire d’histoires à leur propos.

41. LE POUVOIR DE LA PENSÉE En Grande-Bretagne, il y avait un jeune garçon pauvre qui gagnait sa vie en écrivant des adresses sur des enveloppes pour des personnes illettrées. Il donnait aussi cours à des enfants. En écrivant les adresses, il disait ‘’Que Dieu vous bénisse !’’ et lorsqu’il renvoyait les enfants chez eux, de nouveau, il disait ‘’Que Dieu répande Sa grâce sur vous !’’ Il avait une foi immense en Dieu et il tentait d’inspirer cette foi en tout un chacun. Il avait coutume de dire aux enfants : ‘’Ayez foi en Dieu !’’ Il ne se tracassait

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jamais par rapport à ses maigres revenus, mais il croyait fermement qu’un jour, Dieu lui donnerait ce qu’il méritait. Et Dieu y veilla. En temps voulu, il devient Premier Ministre de la Grande-Bretagne. Il s’appelait Ramsay Mac Donald. Quel miracle ! De pauvre scribe qu’il était, il devint Premier Ministre. Rien n’est impossible pour Dieu, pourvu que l’homme croie fermement en Lui et travaille dur pour réaliser sa bonne ambition. C’est la pensée qui décide de notre destinée. Une bonne pensée devrait être nourrie et alimentée avec l’eau de la foi. Alors, la pensée deviendra réalité par la force et par le pouvoir de la volonté et de la grâce de Dieu.

42. ON DEVIENT CE QUE L’ON PENSE Il y a quelques décennies, dans le Tamil Nadu, il y avait un jeune garçon qui provenait d’une pauvre famille brahmane. C’était l’époque où Gandhiji devenait populaire, comme leader du mouvement national pour s’affranchir du gouvernement britannique. Le peuple parlait de cet avocat décidé à gagner la liberté du peuple en n’utilisant que des méthodes pacifiques. La mère de ce jeune garçon tenait absolument à ce que son fils devienne aussi avocat et serve le pays, comme Ghandiji. Elle répétait souvent au garçon : ‘’Mon cher fils ! Tu devrais devenir avocat, comme Ghandiji, et tenter d’être le défenseur des pauvres et lutter pour leur bien-être. Tu devrais toujours suivre la voie du dharma et te battre uniquement pour la justice !’’ Ces paroles produisirent une impression indélébile dans l’esprit du jeune garçon et il se résolut à accomplir le vœu de sa mère. Il travailla dur et il endura patiemment plusieurs handicaps qui faisaient obstacle à ses études. Ils étaient si pauvres qu’ils ne pouvaient même pas trouver de l’argent pour acheter du pétrole pour la lampe à pétrole. Il s’asseyait sous un lampadaire dans la rue, où il étudiait pour ses examens. Il se sentait parfois somnolent et savait qu’une tasse de thé bien chaud remédierait à sa somnolence, mais où trouver l’argent ? Alors, il se rendait auprès d’un robinet public, se rinçait le visage, buvait un peu d’eau et puis revenait continuer sa lecture. Ainsi, il travailla dur en gardant toujours à l’esprit son unique but : devenir avocat et servir la société. Il finit par réussir dans son entreprise. Avec les bénédictions de sa mère et via ses propres efforts sincères, il se fit un nom en tant qu’avocat très compétent et honnête. Il se fit apprécier des membres du barreau et il gagna l’estime des avocats plus anciens. Il avait foi en Dieu et foi en lui-même. En temps voulu, il devient juge à la Haute Cour de Madras, le premier Indien à occuper ce poste. Ce n’était nul autre que Sir T. Muthuswamy Iyer. Comment a-t-il atteint cette distinction ? En raison de sa dévotion, de son dévouement, de son discernement, de sa discipline et de sa détermination. Il était dévoué à sa mère et à Dieu. Il s’est consacré à l’unique idéal auquel il aspirait. Il a vécu une vie de discipline et il utilisait son discernement dans sa carrière professionnelle. Et par-

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dessus tout, il avait cette détermination : ‘’Je dois devenir avocat et combler les espérances de ma mère.’’

43. BIEN MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS Un berger conduisait son troupeau vers un bois proche. Sur le chemin, il aperçut une belle petite pierre qui scintillait. Il la ramassa et songea : ‘’Quelle jolie pierre ! Ce serait merveilleux, si je l’accrochais au cou de mon petit agneau !’’ Non sans peine, il réussit à l’attacher au cou de son agneau. Il aimait observer son petit protégé qui gambadait et qui folâtrait avec la pierre brillante qui étincelait au soleil. Un jour, comme à son habitude, il se reposait sous un grand arbre en gardant un œil vigilant sur l’agneau qui broutait avec le troupeau. Un cavalier descendit alors de sa monture pour se reposer sous le même arbre. Il remarqua que le garçon regardait souvent en direction de son agneau qui portait une pierre étincelante. Cet homme qui était marchand de pierres précieuses put tout de suite déceler qu’il s’agissait d’une pièce rare et décida de s’en emparer. Il initia pour se faire une conversation informelle avec le garçon. Le garçon qui était naïf lui déclara avoir trouvé par hasard la pierre brillante. Le marchand dit : ‘’Mon cher garçon, si je te donne cinquante roupies, me donneras-tu cette pierre ?’’ Le garçon songea : ‘’Cinquante roupies !’’ Avec cela, je pourrai m’acheter beaucoup de perles et de pierres de couleur comme celle-ci pour mon agneau. Pourquoi ne pas la céder à cet homme ?’’ Il accepta alors les cinquante roupies et remit la pierre à l’homme. Le marchand de pierres précieuses quitta immédiatement les lieux. Il voulait examiner le joyau de près et en estimer la valeur. Il fit donc halte un peu plus loin et s’assit sous un arbre. Il saisit la pierre et la plaça dans sa paume et songea : ‘’Oh ! Mais elle vaut réellement une fortune ! Je pourrai la vendre pour cent mille roupies et je l’ai obtenue pour à peine cinquante roupies !’’ Juste alors, le joyau éclata en mille morceaux qui s’éparpillèrent dans la poussière. Le marchand fut abasourdi, choqué et déçu et il entendit ces paroles qui résonnèrent depuis quelque part : ‘’Ô, homme ! Toi qui es marchand de pierres précieuses et qui connaissais bien sa grande valeur, tu as escroqué le garçon et tu l’as acquise au prix d’une perle de verre. Tu es avare et cupide et donc, tu es indigne de posséder un tel joyau. Ce jeune berger naïf aimait cette pierre, même s’il en ignorait la valeur. Il la considérait comme un bel ornement pour son agneau chéri…’’ Coupable et effrayé par ce qu’il avait entendu, le marchand remonta sur son cheval et il s’enfuit sans demander son reste. La supercherie et la ruse peuvent bien apporter la fortune, mais jamais le bonheur authentique dans la vie. Seules des transactions honnêtes garantissent une vie de contentement de soi, de paix et de joie.

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44. LA PRÉCIPITATION NUIT GRAVEMENT Un jour, un roi se rendit dans une forêt pour une partie de chasse. Vers la fin de l’après-midi, il éprouva une certaine lassitude et chercha un endroit pour se reposer. Il aperçut un ermitage et s’en approcha dans l’espoir de trouver un abri. Les résidents de cet ermitage accueillirent le roi avec tous les honneurs qui lui étaient dus et ils lui offrirent quelques fruits sucrés et de l’eau fraîche. Le sage qui dirigeait l’ermitage sortit du hall de prière et dit en bénissant le roi : ‘’J’espère que tout va bien pour vous et pour vos sujets.’’ Le roi répondit : ‘’Ô, vénérable ! Par la grâce de Dieu et les bénédictions d’âmes saintes, telles que la vôtre, nous sommes tous heureux, mais j’ai une faveur personnelle à vous demander. Je souhaiterais obtenir un message de votre part, non seulement pour mon bonheur personnel, mais pour celui de mon peuple.’’ Le sage écrivit quelques mots sur un parchemin qu’il plia et le lui remit. Il dit : ‘’Lis-le, mon fils, comprends-le, mets-le en pratique et tout ira bien pour vous. Je vous bénis.’’ Le roi se prosterna devant le sage et il quitta l’ermitage. Il glissa le morceau de parchemin dans le fourreau de son épée. Au palais, comme à l’accoutumée, le domestique qui avait la responsabilité de s’occuper de la chambre royale préparait la literie. Il prit les poussières dans la chambre, changea les draps de lit et les taies d’oreiller et vaporisa un doux parfum. Il était très satisfait du travail accompli. Il restait là, debout, en train de contempler l’artistique châlit, le doux lit et les chaudes couvertures. Il fut alors tenté de s’asseoir un peu sur le lit et songea : ‘’Il faudra certainement encore quelques heures avant que le roi ne retourne de la chasse. Pourquoi ne pas se reposer un peu sur le lit ? Je pourrai refaire le lit en deux temps et trois mouvements…’’ Il posa sa tête sur l’oreiller moelleux, il étendit les jambes et il tira les draps au-dessus de sa tête. Pauvre homme ! Le voilà qui s’endormit bientôt ! La reine entra dans la chambre un peu plus tardivement que d’habitude et elle trouva le lit déjà occupé. Elle pensa que le roi était sans doute trop fatigué pour dîner et que par conséquent, il avait dû directement se rendre dans la chambre à coucher. ‘’Pourquoi le déranger ? Je pourrai lui parler demain. Je vais aussi me coucher’’, décida-t-elle et elle s’endormit rapidement. Le roi rentra de la chasse. Après avoir constaté que la reine s’était déjà retirée, il se rendit dans la chambre à coucher et vit que quelqu’un dormait à côté de la reine. Naturellement, ceci le rendit furieux et il tira son épée pour tuer l’occupant du lit allongé à côté de son épouse. Le morceau de parchemin qu’il avait gardé dans le fourreau de son épée tomba alors par terre sur le tapis. Il le ramassa et lut ce message : ‘’La précipitation nuit gravement ; ne versez jamais dans la précipitation.’’ Il remit l’épée dans son fourreau. Sur ces entrefaites, la reine se réveilla et elle aperçut son mari…puis elle se retourna vers l’autre occupant du lit royal... Elle était terrorisée. Le roi tira les draps qui recouvraient le visage de l’occupant du lit. Le serviteur se réveilla immédiatement et vit le roi et la reine. Il ne pouvait en croire ses yeux. Il lui fallut du temps pour saisir la situation. Il tomba aux pieds du roi et de la reine et supplia : ‘’Ô Maître ! Pardonnez-moi cette audace ! Je suis prêt à accepter tout

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châtiment que vous pourriez m’octroyer.’’ Il confessa alors en toute simplicité comment il avait été tenté de se reposer un peu sur le lit royal et qu’il s’était endormi. La reine tomba également aux pieds de son époux et gémit : ‘’Mon Seigneur, pardonnez-moi ! En entrant dans la chambre à coucher, j’ai vu que le lit était déjà occupé. J’ai supposé qu’il devait s’agir de votre royale altesse et je n’ai pas voulu vous déranger, aussi je…’’ Elle fondit en larmes. Le roi dit calmement : ‘’Je ne suis pas du tout en colère contre vous, mais je dois dire que je vous aurais tous les deux tués sans ce parchemin...’’ Le roi lui parla alors de sa rencontre avec le sage et de son message : ‘’La précipitation nuit gravement ; ne versez jamais dans la précipitation.’’ Je suis sidéré de réaliser l’efficacité et la pertinence de ce message. Je le considère comme un mantra sacré. Souvenons-nous de ce message, comprenons-le et appliquons-le dans nos vies.’’ Le lendemain, le roi entreprit de faire graver le message sur des colonnes érigées dans les centres importants et aux carrefours de la capitale de son royaume. De fait, comme Baba le répète : La précipitation nuit gravement et elle est source d’inquiétude, aussi ne versez jamais dans la précipitation.’’

45. AGIR AVEC À-PROPOS, ICI ET MAINTENANT Un jour, un homme pauvre s’approcha du roi Yudhishthira, l’aîné des Pandavas. On l’appelait lui aussi Dharmaraja, car il suivait toujours la voie de la vertu. Le pauvre homme demanda au roi son aide et Yudhishthira dit : ‘’Revenez demain. Je vous donnerai ce que vous voulez.’’ Bhima, le frère de Yudhishthira entendit cette promesse. Il convoqua sur le champ toute la suite royale pour une réunion inopinée et il annonça que le lendemain serait célébré comme un jour de victoire. Cette annonce soudaine généra beaucoup d’agitation. Tout le monde voulut connaître la nature de cette victoire et qui l’avait remportée. La nouvelle parvint aux oreilles de Dharmaraja et Bhima fut sommé de fournir des explications. Bhima dit : ‘’Nous avons remporté une victoire sur la mort durant les prochaines vingt-quatre heures. Dharmaraja a demandé à un pauvre homme de revenir demain pour recevoir son aide. Cela signifie que Dharmaraja est tout à fait sûr qu’il sera toujours en vie dans les vingt-quatre heures. N’est-ce pas une victoire ?’’ Yudhishthira réalisa qu’il avait reçu une leçon, par inadvertance. Il rappela le pauvre homme et il lui donna ce qu’il voulait. Agissez et vivez dans l’instant. Ne remettez jamais à demain tout le bien que vous pouvez faire aujourd’hui.

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46. LE CONTRÔLE DE L’ESPRIT

Jadis, il y a longtemps, il y avait un roi qui avait cinq jolies femmes. Il les aimait toutes et elles l’aimaient aussi, mais au fil du temps, leurs demandes devinrent trop importantes pour qu’il puisse les satisfaire. Elles apparaissaient toujours renfrognées et il ne pouvait pas les garder sous contrôle. Pour finir, il se décida de chercher le moyen de résoudre ce problème. Il confia son souci à son ministre et sollicita son avis. Le ministre dit tristement : ‘’Monseigneur, ma position n’est pas meilleure, car je suis moi aussi sous le contrôle de ma femme !’’ Le roi et son ministre retournèrent la question sous toutes ses coutures pendant longtemps, mais ils ne purent trouver la moindre piste pour tenter de résoudre le problème. Finalement, le ministre dit : ‘’Monseigneur, nous pouvons faire une chose. Nous allons convoquer une assemblée de tous les époux pour en trouver au moins quelques-uns qui sont en mesure de contrôler leurs femmes.’’ Le ministre prit toutes les dispositions pour la réunion et il envoya des invitations à chaque époux dans la capitale. L’assemblée fut séparée en deux sections : une section qui comprenait ceux que leurs femmes contrôlaient et l’autre section qui comprenait ceux qui contrôlaient leurs femmes. Le jour convenu, à midi, la grande salle de réunion était pleine…et il n’y avait pas un chat dans la section réservée aux maris qui avaient le contrôle sur leurs femmes. Le roi se réjouit de cette occurrence fortuite. Il songea : ‘’Pas mal, il y a 100 % des maris qui sont sous le contrôle de leurs femmes.’’ Au bout du compte, il y eut un monsieur qui vint s’asseoir dans l’autre section. Le roi et son ministre s’approchèrent alors de lui et le ministre dit : ‘’Toutes nos félicitations, cher monsieur ! Nous sommes très heureux de voir qu’il y a au moins une personne dans toute cette assemblée qui est en mesure de contrôler sa femme. Pourriez-vous, je vous prie, nous faire savoir par quel moyen vous avez remporté cette victoire ?’’ Le monsieur répondit : ‘’Vous vous méprenez, Votre Majesté ! Moi aussi, je suis sous le contrôle de ma femme…’’ ‘’Dans ce cas, veuillez aller vous asseoir dans l’autre section. Vous ne pouvez pas vous asseoir ici !’’, ordonna le ministre. Mais le monsieur supplia : ‘’Votre Majesté ! Vous pouvez bien m’infliger n’importe quel châtiment pour vous désobéir, mais je ne puis désobéir à ma femme qui m’a bien dit de ne pas aller m’asseoir avec les autres, mais d’aller m’asseoir tout seul, séparément, et je n’oserais jamais déplaire à ma femme !’’ Le roi et son ministre poussèrent alors un soupir de soulagement…et de désespoir ! Quelle est la signification réelle de cette histoire ? Le roi dans l’histoire, c’est l’esprit humain et ses cinq femmes sont les cinq sens. L’esprit est contrôlé par les sens et est incapable de satisfaire les exigences des sens. Les yeux disent : ‘’Nous désirons voir de belles choses… !’’ Les oreilles rétorquent : ‘’Et nous, nous voulons écouter de la bonne musique !’’ Le nez s’emballe : ‘’Moi, je veux respirer des parfums suaves et capiteux !’’ Et la langue déclare : ‘’Et moi, je veux goûter des plats succulents et savoureux !’’

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Que peut faire l’esprit qui est tiraillé dans toutes sortes de directions différentes ? C’est la situation pathétique de l’homme qui est l’esclave de ses sens et donc, le premier devoir de quelqu’un est-il d’apprendre l’art et la science du contrôle de l’esprit…

47. GARDER L’ESPRIT OCCUPÉ Un jeune homme rejoignit l’armée sans en informer ses parents. Il s’attira la sympathie de tous les officiers de l’armée en raison de son dur labeur et de son obéissance. Un officier appréciait réellement ce jeune homme. Bientôt, la nouvelle arriva au camp que la guerre avait pris fin et donc, il n’y avait pas beaucoup de travail à faire pour chacun, hormis le travail de routine. Ce jeune homme, qui avait l’habitude de travailler dur ne savait pas rester assis inoccupé et pourtant, il n’avait rien à faire. Ses pensées tournaient naturellement autour de son foyer, de ses parents et de ses frères et sœurs. Chaque soir, il s’asseyait sous un arbre et il pensait aux siens. L’officier remarqua un changement chez le jeune homme qui n’était plus ni actif, ni alerte, mais absent. Il maigrissait et s’affaiblissait. Un jour, l’officier l’appela et lui dit : ‘’Mon garçon, je veux que tu ailles creuser une grande fosse de 2 m³. Vas-y immédiatement. Il te faut creuser cette fosse à l’endroit où tu t’assieds d’habitude, le soir.’’ Le jeune homme termina le travail au bout de deux heures et il rapporta la chose à l’officier qui lui dit : ‘’Mon garçon, après le déjeuner, tu iras reboucher la fosse que tu as creusée.’’ Le jeune homme acheva le travail dans l’après-midi et il rapporta la chose à l’officier. L’officier remarqua que le garçon était de nouveau actif et énergique et il demanda : ‘’As-tu bien mangé aujourd’hui ?’’ Le jeune homme répondit : ‘’Oui monsieur ! J’ai réellement apprécié mon repas, aujourd’hui.’’ L’officier demanda : ‘’Combien de fois as-tu pensé à ta maison et à tes parents, aujourd’hui ?’’ Le jeune homme répondit : ‘’Oh, je n’ai pas eu le temps de songer à ma famille, monsieur, j’étais trop occupé par le travail que vous m’avez donné.’’ L’officier fit donc indirectement réaliser au jeune homme que l’on doit garder l’esprit occupé. Le cerveau du fainéant est l’atelier du diable.

48. PURIFIER SON ESPRIT Autrefois, un roi demanda à un grand peintre de réaliser une immense fresque sur un mur de sa salle d’audience, une scène tirée de la bataille du Mahabharata. Un autre peintre se présenta et il demanda l’autorisation de réaliser une fresque sur le mur opposé. Il dit que pendant la même période, il réaliserait une fresque aussi grandiose, en réalité, la réplique exacte de l’autre fresque, nonobstant la tenture qui serait tirée entre les deux murs.

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A la date fixée pour l’inauguration des fresques, le roi fit tirer le rideau et il fut émerveillé de voir la copie exacte de la même scène de la bataille du Mahabharata jusque dans les moindres détails. Le roi lui demanda alors comment il avait pu réaliser cela. L’artiste répondit qu’il n’avait utilisé aucun pinceau, ni aucune peinture. Ce qu’il avait fait, c’était polir entièrement le mur qui lui avait été confié. Il avait poli ce mur d’une manière telle qu’il brillait comme un miroir. Ainsi sa fresque n’était-elle qu’un reflet de l’original. Similairement, nous devons purifier notre esprit pour que la grandeur et la beauté sublimes de Dieu puissent se refléter dans notre cœur.

49. LE CONTRÔLE DES SENS Une fois, un expert en lutte se pavanait en rue, particulièrement fier de son robuste physique et tout à coup, il entendit quelqu’un qui riait sous cape derrière lui. Il se retourna par curiosité et s’aperçut que c’était une femme qui se moquait de lui. Elle continuait de se moquer de sa stature imposante et de son apparence rebutante. Le lutteur se sentit vexé. Irrité, il grinçait des dents et leva la main, comme pour lui administrer une correction, mais la femme parvint à s’échapper et cria : ‘’Quel type d’homme êtes-vous donc ? Vous n’êtes même pas capable d’endurer sereinement le rire d’une femme ! Vous ne semblez avoir aucun contrôle sur votre esprit et sur vos sens. Vous n’êtes qu’un tas de muscles ! Est-ce cela toute votre grandeur ?’’ Le lutteur s’éloigna sans dire un mot – mais certainement un peu assagi.

50. LA FIN DU MENTAL Un jour, le roi Janaka envoya ce message aux habitants de son royaume : ‘’S’il y a parmi vous un grand érudit, un pandit, un mahatma, un yogi, un maharishi, un sage ou peu importe, qu’il vienne m’enseigner la connaissance de l’Atma.’’ Dans son message, il disait encore qu’il espérait atteindre l’Atma jnana ou la connaissance du Soi, quelques instants après avoir été correctement instruit. En remontant sur son cheval, avant même d’être parfaitement assis, il devrait avoir atteint l’Atma jnana. Il dit : ‘’Si la personne qui se propose de m’enseigner l’Atma jnana n’est pas en mesure d’accomplir la tâche de m’apporter cette expérience de l’Illumination subite, alors je ne veux pas la voir, même s’il s’agit du plus grand érudit, de la personne la plus instruite ou de la personne la plus cultivée du pays.’’ Eh bien, tous les pandits et tous les rishis furent quelque peu effrayés par une telle exigence. Ils se rendaient bien compte que ce serait un test redoutable de leur savoir, aussi nul n’osa se présenter pour instruire le roi aux conditions qui avaient été posées. C’est à ce moment-là que le jeune Astavakra entra dans le royaume. Alors qu’il circulait sur la route en direction de la capitale, Mithilapuram, il croisa pas mal de personnes qui venaient de là-bas, dont quelques érudits et quelques pandits. Tous tiraient la tête et avaient l’air soucieux et chagriné. Astavakra leur demanda quelle

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était la raison de leur souci et de leur peine et ils lui expliquèrent tout ce qui était arrivé. Cependant, Astavakra ne pouvait pas comprendre pourquoi ils devraient s’effaroucher d’une si petite chose et il ajouta : ‘’Je résoudrai avec joie le problème du roi.’’ Ceci dit, il se rendit directement à la cour de Janaka et il s’adressa au roi : ‘’Majesté, je suis tout prêt à vous permettre de faire l’expérience de la connaissance de l’Atma, comme vous le désirez, mais une telle connaissance sacrée ne peut s’enseigner si facilement. Ce palais est saturé par le rajoguna2 et par le tamoguna.3 Nous devons quitter ce lieu et nous rendre dans une zone purement sattvique.’’ Ils quittèrent alors le palais et ils empruntèrent une route qui menait à la forêt. Comme le voulait la coutume, chaque fois que l’empereur quittait les murs du palais, l’armée le suivit et Janaka la fit stationner à l’extérieur de la forêt. Astavakra et Janaka pénétrèrent à l’intérieur de la forêt, puis Astavakra dit au roi Janaka : ‘’Je n’exaucerai pas votre souhait, à moins que vous n’acceptiez mes conditions. Je peux bien être un jeune garçon, mais c’est moi qui suis dans la position du précepteur, et vous pouvez bien être un empereur tout-puissant, mais c’est vous qui êtes dans la position du disciple. Etes-vous prêt à accepter cette relation ? Si c’est le cas, alors il vous faudra présenter l’offrande traditionnelle au Guru, la gurudakshina, l’offrande rituelle faite au Guru par le sishya (disciple). Ce n’est qu’après que vous m’ayez présenté votre offrande que je commencerai à vous instruire.’’ Le roi Janaka dit à Astavakra : ‘’La réalisation de Dieu est la chose la plus importante pour moi, aussi suis-je prêt à vous donner absolument tout ce que vous voulez.’’ Mais Astavakra répondit : ‘’Je ne désire obtenir de vous aucune chose matérielle, tout ce que je veux, c’est votre esprit. Vous devez m’offrir votre esprit !’’ Le roi répondit : ‘’Très bien, je vous l’offre. Jusqu’à présent, je pensais que c’était mon esprit, mais dorénavant, il vous appartient.’’ Astavakra demanda à Janaka de descendre de cheval, positionna le cheval devant le roi, puis demanda au roi de s’asseoir au milieu de la route. Ensuite, Astavakra s’enfonça dans la forêt, puis il s’assit tranquillement sous un arbre. Les soldats attendirent longtemps. Ni le roi, ni Astavakra n’étaient revenus. Les soldats voulurent découvrir ce qui leur était arrivé et ainsi, un par un, ils partirent à leur recherche. En suivant la route qui conduisait dans la forêt, ils découvrirent le roi qui était assis là au beau milieu de la route avec son cheval qui lui faisait face. Le roi avait les yeux fermés et il était pratiquement immobile. Astavakra était invisible. Les officiers eurent peur qu’Astavakra n’ait jeté un sort au roi par le biais d’une formule magique et qu’il ait ainsi perdu conscience. Ils allèrent chercher le premier ministre. Le premier ministre arriva sur place et s’adressa à Janaka : ‘’Mon roi ! Mon roi ! Mon roi !…’’ Mais le roi Janaka n’ouvrit pas les yeux. Il ne bougeait absolument pas. Le premier ministre commençait à éprouver une certaine angoisse. Non seulement le premier ministre, mais tous les officiels commençaient à éprouver de l’anxiété, l’heure à laquelle le roi prenait généralement son repas étant dépassée, et le roi n’avait toujours pas bougé. La journée passa ainsi et le soir tomba, mais le roi ne

2 La passion et l’ambition

3 L’indolence

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bougea pas de sa posture, assis sur la route et immobile. Ne voyant pas d’autre alternative, le premier ministre renvoya son char vers la cité pour faire venir la reine, en pensant que si la reine s’adressait au roi, il répondrait sûrement. La reine vint et elle s’adressa au roi : ‘’Rajah ! Rajah ! Rajah !...’’ Le roi ne remua pas. Il n’y avait absolument aucune réponse de la part du roi. Pendant ce temps-là, les soldats passaient toute la forêt au peigne fin pour retrouver Astavakra et là, sous un arbre, il était tranquillement assis dans un calme et une sérénité absolue. Les soldats se saisirent de lui et ils l’amenèrent à l’endroit où se trouvait le roi. Astavakra leur dit : ‘’Pourquoi êtes-vous tous aussi soucieux ? Le roi est sain et sauf et tout va bien.’’ Mais ils insistèrent et le conduisirent jusqu’au roi qui était assis sur la route, les yeux clos et le corps complètement immobile. Un soldat lança : ‘’Regardez ! Voyez ce qui est arrivé au roi !’’ Jusque-là, que ce soient le premier ministre, les autres ministres, la reine, les officiels de la cour ou des gens du commun qui aient appelé ou qui se soient adressés au roi, celui-ci n’avait pas ouvert la bouche pour leur répondre, ni même ouvert les yeux en signe de reconnaissance, mais à présent, Astavakra lui-même s’adressa au roi. Le roi Janaka ouvrit immédiatement les yeux et répondit : ‘’Swami ?’’ Astavakra interrogea le roi : ‘’Eh bien, des ministres, des soldats et encore beaucoup d’autres personnes sont venus. Alors, pourquoi n’avez-vous pas répondu à leurs sollicitations ?’’ Janaka répondit : ‘’Les pensées, les paroles et les actes sont associés au mental et je vous ai offert mon esprit dans son intégralité. Par conséquent, avant que je ne puisse utiliser cet esprit pour quoi que ce soit, j’ai besoin de votre permission. De quel droit parlerais-je à quelqu’un ou ferais-je usage de cet esprit d’aucune manière sans votre autorisation ou votre ordre ?’’ Astavakra dit alors : ‘’Vous avez atteint l’état de la Réalisation divine.’’ Astavakra dit à Janaka de mettre un pied à l’étrier et de monter sur son cheval. Lorsqu’il fut monté sur son cheval, qu’il se fut assis dessus et qu’il eut mis le second pied à l’étrier, il atteignit l’expérience atmique (la Réalisation du Soi). Une fois qu’une personne a offert son esprit, et avec celui-ci, la totalité de ses paroles, de ses actes et de ses pensées, alors, elle n’a plus le droit ni le pouvoir d’accomplir aucune action sans l’autorisation de Celui/Cela à qui elle a remis son esprit.

51. TOUJOURS FAIRE PREUVE DE PRUDENCE Il y avait un saint musulman qui s’appelait Hazarat Muhammad. C’était quelqu’un de très pieux et de très vertueux qui vivait une vie très austère et qui avait ainsi le contrôle total sur ses sens. Il avait quelques disciples. Lorsqu’il fut âgé, il devina intuitivement que sa fin approchait et il entreprit de se préparer pour cet événement. Un jour, il se plaignit d’une douleur intense dans la gorge et se mit à haleter. Ses disciples se rassemblèrent autour de lui, chacun d’eux étant soucieux d’entendre la dernière parole du Maître. Il paraissait vouloir dire quelque chose, mais la glaire qui s’était accumulée dans la gorge l’empêchait de parler. Les disciples essayèrent

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alors de l’aider comme ils le purent, puis dirent : ‘’Maître, vous vouliez nous dire quelque chose, dites-nous de quoi il s’agit, s’il vous plaît.’’ Mais Hazarat Muhammad se trouvait en méditation profonde et ne pouvait entendre les paroles de ses disciples. Leur prière intense et sincère le soulagea de sa douleur à la gorge. Il ouvrit les yeux et contempla ses disciples. Ils en furent tous très heureux. De nouveau, ils dirent : ‘’Maître, faites-nous savoir quel est votre désir et nous l’exaucerons certainement.’’ Hazarat Muhammad dit : ‘’Mes chers enfants, j’ai eu un rêve étrange. J’étais poursuivi par Maya ou par le pouvoir de l’illusion et j’ai demandé à Maya : ‘’Pourquoi me poursuis-tu ?’’ Maya a répondu : ‘’Muhammad, il n’y a personne dans ce monde qui ne soit devenu mon esclave, à part toi. Tu m’as conquise.’’ ‘’Maya’’, répondis-je, ‘’je te prie de ne point tirer de conclusion trop hâtive en me certifiant être libéré de ton emprise. Jusqu’à mon dernier souffle, je pourrais succomber à Maya, au tout dernier moment.’’ Je cherchai alors refuge en Dieu, dans un abandon total et dans une prière silencieuse. ‘’Mes enfants ! Souvenons-nous que nous devons faire preuve de prudence, à tout moment. Nous ignorons quand et comment Maya tentera de s’emparer de nous. Aussi passez chaque seconde en prière et vous pourrez contrôler vos sens. Voilà mon message.’’

52. L’HUMILITÉ DE SIR ISAAC NEWTON Vous devez tous connaître le nom de Sir Isaac Newton, le scientifique anglais du 18ème siècle. Il était toujours occupé dans son laboratoire à mener des expériences ou à noter ses découvertes. Il aimait beaucoup les animaux. Il avait un chien et un chat. Newton avait coutume de verrouiller la porte du labo de l’intérieur pour que son chat ou son chien ne le dérange pas. La chatte était très mince et petite. Elle aimait être avec son maître. Elle avait coutume de gratter à la porte du laboratoire et de constamment miauler, comme pour exiger qu’on la laisse entrer. Newton ne pouvait supporter les miaulements pitoyables de sa chatte, ni qu’elle gratte à sa porte, mais il ne pouvait pas non plus laisser sa porte ouverte, car les gens pourraient entrer et le déranger. Il fit alors appeler un charpentier et il lui demanda de fabriquer une chatière dans la porte pour que la chatte puisse entrer et sortir à sa guise du laboratoire. Le charpentier réalisa le travail. Newton était tout heureux de sa bonne idée. En temps voulu, la chatte mit au monde un chaton. L’ayant remarqué, Newton fit à nouveau appeler le charpentier et lui dit : ‘’Ce serait une bonne chose, si vous fabriquiez une autre petite chatière pour que le chaton puisse également passer...’’ Le charpentier, ne pouvant saisir la logique newtonienne, dit : ‘’Excusez-moi, monsieur, mais n’est-il pas inutile de fabriquer une nouvelle chatière, puisque la chatte et le chaton peuvent très bien entrer et sortir par le même trou, l’un après l’autre ?’’ Newton dit alors : ‘’Oh, mais comme vous êtes ingénieux ! Cette idée ne m’avait même pas frappé ! Eh bien, j’aurai appris quelque chose de vous, aujourd’hui !’’

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Telle était l’humilité de Newton, un scientifique mondialement célèbre. Il ne suffit pas d’être reconnu et renommé pour son érudition et pour ses capacités intellectuelles. Il faut aussi savoir faire preuve d’humilité pour apprécier le savoir-faire et les aptitudes d’autrui.

53. L’EXEMPLE D’EINSTEIN Einstein, le célèbre scientifique, était connu pour sa simplicité, que ce soit dans son langage, sa façon de s’habiller et son comportement. Il parvenait à effectuer son travail avec juste un classeur de documents, un crayon et une corbeille à papier. Il y a beaucoup d’événements dans sa vie qui illustrent son amour de l’humanité et son sens de l’humilité. Dans le quartier où il habitait, il y avait une petite fille qui ne s’en sortait pas en mathématiques dans sa classe. Elle était très pauvre et par conséquent, elle ne pouvait pas s’offrir des cours privés en cette matière et donc, elle était très mécontente de son faible niveau en mathématiques. Un jour, une dame lui dit : ‘’Ma chérie, Einstein, le célèbre mathématicien habite dans notre quartier. Pourquoi n’irais-tu pas lui demander de te coacher en mathématiques ?’’ La petite fille se rendit chez Einstein et elle fut chaleureusement reçue. Celui-ci lui demanda : ‘’Que désires-tu, mon enfant ?’’ Elle répondit : ‘’Monsieur, je dois vous demander une faveur. Je suis très faible en mathématiques et je redoute d’échouer à l’examen, cette année encore. Je suis venue pour vous demander de me donner des cours particuliers en mathématiques.’’ Einstein répondit : ‘’Mais certainement, mon enfant. Reviens demain. Je t’enseignerai les mathématiques. Ne te tracasse plus.’’ La petite fille le remercia et elle prit congé, et à partir du lendemain, Einstein lui enseigna les mathématiques. Au bout d’un mois, la mère de la petite fille se rendit chez Einstein et elle dit : ‘’Monsieur, je vous suis réellement reconnaissante de coacher ma fille, mais je crains qu’en donnant des cours particuliers à ma fille, vous ne dépensiez beaucoup de votre temps. Il est possible que nous soyons pour vous une source d’inconvénients.’’ Einstein répondit : ‘’Chère mère, c’est vraiment un réel plaisir que d’enseigner à votre fille. En fait, c’est même une opportunité pour moi d’apprendre de votre fille différentes choses relatives à la vie de tous les jours. Je comprends maintenant à quel point j’étais ignorant par rapport à diverses matières relatives à la vie actuelle. Je dois réellement remercier votre fille.’’ C’est ainsi que la mère de la petite fille put s’émerveiller de l’humilité et de l’humanité d’Einstein.

54. L’ÉQUANIMITÉ Vous devez tous connaître le nom de Saint Tukaram et ses bhajans. C’était un fidèle du Seigneur Panduranga qui passait son temps à chanter des bhajans à son bien-aimé Seigneur, que ce soit au travail ou pour Le vénérer.

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Tukaram possédait un demi-hectare de terre où il avait planté des cannes à sucre. La récolte était parvenue à maturité et il se préparait à couper les cannes pour les ramener à la maison. Un soir, il rentra chez lui avec une charretée de cannes à sucre. Tous les enfants du hameau s’agglutinèrent alors autour de la charrette en criant : ‘’Papy, donne-nous une canne à sucre !’’ Tukaram aimait l’humanité en général et les enfants innocents, en particulier. Il offrit à chacun d’eux une canne à sucre. Lorsqu’il arriva chez lui, la charrette était vide, à l’exception d’une seule canne à sucre. Sa femme attendait à la porte l’arrivée de la récolte. Hélas ! La charrette était vide ! Elle regarda son mari avec fureur et elle s’écria : ‘’N’as-tu donc aucun grain de bon sens ? As-tu oublié que tu as une femme et des enfants à la maison ? Tu as distribué gratuitement toute la récolte ! Veux-tu que moi et les enfants, nous en pâtissions et nous mourrions ?’’ Elle s’empara alors de la dernière canne à sucre et elle se mit à battre son mari avec celle-ci et celle-ci se brisa en trois morceaux. Tukaram s’exclama alors avec beaucoup de joie : ‘’Ma chérie ! De quelle intelligence as-tu fait preuve ! Tu as résolu mon dilemme ! J’étais en train de me demander comment partager en trois cette canne à sucre. A présent qu’il y en a trois morceaux, tu peux en prendre un et les enfants peuvent avoir les deux autres.’’ Telle est la nature d’un vrai dévot : il est rempli d’amour pour tout le monde et même pour ceux qui lui font du mal. En effet, comme le dit Swami : l’amour est pur désintéressement et altruisme, l’amour donne et il pardonne.

55. UNE QUESTION D’INDULGENCE Zebunnissa était la fille du roi Aurangzeb. C’était la princesse la plus accomplie. Non seulement elle était belle, mais elle était érudite, poétesse et elle révérait la culture indienne. Elle était également très bonne et compatissante. Aurangzeb lui avait offert un magnifique miroir. Alors que la princesse se détendait lors d’une soirée calme, fraîche et agréable, elle appela sa servante et lui demanda d’aller chercher le miroir dans ses appartements. La servante courut afin de le rapporter, mais malheureusement, alors qu’elle revenait avec le miroir chéri de sa maîtresse, il lui glissa des mains et se brisa en mille morceaux. Le cœur de la servante se brisa, du même coup. ‘’Que vais-je faire, maintenant ? J’ai fait quelque chose de tout à fait impardonnable ! Eh bien, il va falloir que j’assume les conséquences.’’ En réfléchissant de la sorte, elle arriva auprès de la princesse avec quelques morceaux brisés dans sa main, elle tomba aux pieds de sa chère princesse et elle éclata en sanglots. Elle plaida ainsi : ‘’Ma chère princesse, j’ai brisé le miroir qui vous est si cher ! Je suis prête à endurer tout châtiment que vous êtes en droit de m’infliger.’’ Zebunnissa la rassura et dit : ‘’Ne te tracasse pas. Je me réjouis que cet instrument trop flatteur soit brisé. Pourquoi s’en chagriner ? Même le corps auquel tous ces articles s’adressent est soumis aux dégâts et à la destruction.’’

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Seule une approche aussi réfléchie de la vie et de ses plaisirs fugaces peut nous donner la force de jouir de la paix et de l’équanimité, même à l’occasion d’une perte cruelle.

56. VOIR LE BIEN EN TOUTE CHOSE Des gens étaient en train de circuler dans une rue et ils tenaient tous un mouchoir contre leur nez. Le cadavre d’un chien gisait sur le côté de la route. ‘’Oh, cela fait des jours qu’il pourrit là !’’, s’exclama un homme. ‘’Oh, ça pue !’’, dit un autre. ‘’Pourquoi les balayeurs ne peuvent-ils pas l’enlever de la rue ?’’, vociféra un troisième. C’est alors qu’une voix douce se fit entendre derrière eux. ‘’Ho, les hommes ! Admirez les belles dents blanches que ce chien possède encore ! Même les dents des humains ne sont pas aussi blanches.’’ C’était la voix de Jésus. Cette leçon s’adresse aussi à nous tous pour que nous soyons toujours prêts à voir le bien en toute chose.

57. QUI EST VRAIMENT PHILOSOPHE ? Socrate était un philosophe grec. C’était un chercheur et un amoureux de la vérité. Il passa toute sa vie à rechercher la vérité. Son allégation unique était que le premier devoir de quelqu’un est de se connaître lui-même. ‘’Connais-toi toi-même !’’ était son message et la mission de sa vie. Il était toujours absorbé dans la contemplation de la question ‘’qui suis-je ?’’. Un jour, Socrate déambulait dans une rue, totalement perdu dans son questionnement habituel, ‘’qui suis-je ?’’, et un fonctionnaire de l’Etat à la retraite arrivait en sens inverse. Lui aussi était perdu dans ses pensées concernant un sérieux problème personnel. Il s’interrogeait : ’’Maintenant que je suis à la retraite, comment trouver un nouvel emploi approprié ?’’ Socrate et le fonctionnaire à la retraite étant tous les deux ‘’absents’’ se heurtèrent de plein fouet. Le fonctionnaire à la retraite s’en irrita et tonna : ‘’Est-ce ainsi que l’on marche dans la rue ? N’avez-vous donc aucun bon sens ? Qui êtes-vous ?’’ Socrate salua immédiatement le fonctionnaire et dit : ‘’Monsieur, je vous serais extrêmement reconnaissant si vous pouviez me dire qui je suis. C’est la question à laquelle j’essayais de trouver une réponse.’’ Le fonctionnaire à la retraite ne pouvait pas comprendre les paroles de Socrate. Il le prit pour un fou et il continua son chemin. Socrate rentra chez lui très tard dans l’après-midi. Sa femme l’attendait pour lui servir son repas. Il alla s’asseoir dans son fauteuil et sombra de nouveau dans une rêverie. Sa femme l’appela pour souper, non pas une fois, mais trois fois. Il n’y eut aucune réponse. Alors, elle perdit son sang-froid, se saisit d’un pot rempli d’eau froide et elle l’en aspergea copieusement. Socrate s’exclama alors, avec le sourire : ‘’Oh ! Tous les jours, il y avait du tonnerre et des éclairs, mais aujourd’hui, cela tombe à verse !’’ Il n’était nullement contrarié par la mauvaise humeur de sa femme, ni par ses vitupérations.

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58. RIEN QUE DES BEAUX PARLEURS ! Il y avait un petit royaume où, assez curieusement, tous les gens étaient parfaitement heureux et en très bonne santé. Au fil du temps, son souverain et ses sujets s’enorgueillirent d’une bonne fortune aussi exceptionnelle et prétendirent qu’il s’agissait de la récompense de leur vertu personnelle. Etant donné qu’ils étaient tous en bonne santé, il n’y avait pas de médecin dans le royaume. Un jour, un médecin arriva dans sa capitale et se réjouit de découvrir qu’il n’y avait pas d’autre médecin dans tout le royaume pour le concurrencer dans sa profession, mais chaque fois qu’il initiait une conversation avec ses habitants et qu’il s’enquérait de leur santé, ceux-ci disaient : ‘’Oh vous savez, nous sommes des Brahmajnanis, aucune maladie ne peut nous affecter. Nous sommes les heureux élus de Dieu, nous sommes bénis par Lui et nous avons santé et bonheur. Pourquoi vous attarder ici ? Vous feriez mieux d’aller voir ailleurs pour gagner votre vie.’’ Néanmoins, le médecin ne voulait pas quitter la ville et il espérait aussi qu’un tel snobisme ne durerait pas longtemps. Un jour, le roi tomba inopinément malade et le médecin fut appelé en présence du roi. Il était heureux que Dieu lui ait offert une opportunité de démontrer son talent. Il traita le roi avec révérence et beaucoup d’attention. Le roi se remit lentement, mais sûrement. Néanmoins, il dit : ‘’Monsieur, je vous suis réellement reconnaissant et redevable pour le traitement que vous me prodiguez, mais n’est-il pas possible de me guérir plus rapidement ? Voyez-vous, je n’ai pas l’habitude de rester allongé ainsi pendant des jours d’affilée…’’ Le médecin voulut enseigner une bonne leçon au roi et à ses sujets et il dit : ‘’Ô roi, il y aurait bien un traitement plus rapide, mais je crains bien de ne pas être en mesure d’obtenir ce que je désire pour préparer le remède.’’ Le roi dit : ‘’Vous n’avez pas besoin de mettre en doute les capacités de mes ministres ou de mes sujets. Ils seront tout prêts à vous procurer tout ce que vous pourriez requérir. Ce sont tous des Brahmajnanis qu’aucun genre d’effort ou de sacrifice de leur part pour guérir leur roi bien-aimé ne dérangera. Allez ! Dites-moi ce qu’il vous faut !’’ Le médecin dit : ‘’Majesté, je suis content que vous soyez aussi confiant. Il me faut simplement 100 g de la chair provenant du corps d’un Brahmajnani. C’est tout !’’ ‘’Oh, rien de plus facile !’’, s’exclama le roi. Le roi convoqua immédiatement son ministre et il lui ordonna de lui rapporter immédiatement 100 g de la chair provenant d’un Brahmajnani de la ville. Le ministre revint très tard dans la soirée, très triste et abattu. Le roi demanda vivement : ‘’Pourquoi venez-vous si tard ? Allez, où est cette chair ?’’ Le ministre déclara alors : ‘’Ô roi, je regrette, mais je n’ai pas pu me procurer ce que vous désiriez. Lorsque j’ai fait savoir à vos sujets ce dont vous aviez besoin, chacun a dit : ‘’Oh, mais je ne suis pas un Brahmajnani ! Croyez-vous qu’on trouve des Brahmajnanis dans des villes comme celle-ci ? Comment pourrions-nous dire, en toute certitude, que nous sommes bien tous des Brahmajnanis ?’’ Le roi fut surpris d’entendre ceci et regarda piteusement le médecin. Celui-ci dit : ‘’Ô roi, ne soyez pas chagriné. C’est ainsi que va le monde. On peut bien prétendre être n’importe quoi, mais se montrer à la hauteur d’un idéal aussi élevé est extrêmement

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ardu. Vous êtes à présent rétabli. Je n’ai pas besoin de chair humaine. J’ai organisé ce petit drame simplement pour vous faire connaître la vérité. Pardonnez-moi.’’ Chaque personne est ‘’trois en une’’, c’est-à-dire, ce qu’elle pense d’elle-même, ce que les autres pensent qu’elle est, et finalement, ce qu’elle est réellement.

59. QUI EST UN VRAI PANDIT ? La cour du roi Janaka était véritablement un nid d’érudits toujours en train de débattre, de philosophes toujours en train de discourir et de sages. Il s’avéra qu’une réunion de savants védiques qui durerait une semaine fut organisée et que, dans cette optique, des invitations furent envoyées aux hommes les plus cultivés pour prendre part à cette assemblée. Les réunions journalières seraient suivies par une assemblée de personnes triées sur le volet et le roi en personne présiderait à ces réunions. Ashtavakra, un jeune garçon à l’apparence très peu raffinée, mais doté d’une rare intelligence, manifesta le désir de participer à la réunion. Les gens ignoraient tout de lui et de ses qualifications. Il avait une foi énorme en lui-même et en Dieu. Il arriva aux grilles du palais plein d’entrain, mais qui laisserait entrer à la cour un garçon aussi vilain ? Les gens lui souriaient narquoisement. Durant trois jours, il attendit devant les grilles. Il n’était certainement pas prêt à renoncer à sa résolution, aussi plaida-t-il patiemment sa cause auprès de nombreux érudits. Par compassion, l’un des plus âgés informa le roi Janaka de la présence de ce jeune garçon démuni. Le roi Janaka ordonna à ses serviteurs de le faire entrer. Il venait juste de prendre sa place et la réunion était sur le point de commencer. Une atmosphère sereine et solennelle régnait dans la salle. C’est alors qu’entra Ashtavakra. Lorsque les érudits virent sa silhouette dégingandée se joindre à cette auguste assemblée, ils se mirent tous à rire à gorge déployée. Le roi Janaka, lui, ne riait pas, mais il observait attentivement le garçon et tous ses faits et gestes. Ashtavakra jeta un coup d’œil à la ronde et il se mit à rire encore plus bruyamment que tous les savants védiques réunis, ce qui constitua pour eux un problème. ‘’Pourquoi ce jeunet mal dégrossi rirait-il de nous ? Il y a certainement une raison pour que nous, nous riions, car qui ne rirait pas face à une telle apparition ?’’ Un des érudits prit alors la liberté d’interroger Ashtavakra. ‘’Oh, étranger, qui es-tu ? Nous ignorons qui tu es, mais quand tu es entré, ton apparence nous a fait rire et en réponse à notre rire, tu as également ri encore plus fort. Quelle en est la raison ? Qu’y a-t-il de si drôle et qui puisse susciter ton rire dans cette assemblée ?’’ Ashtavakra répondit calmement : ‘’Eh bien, monsieur, j’ai rejoint cette assemblée, présumant qu’il s’agissait d’une sacrée réunion de savants védiques convoquée par le sage roi Janaka, mais si j’avais su quel genre de personnes prendrait part à cette réunion, je ne serais pas venu ! J’ai attendu patiemment pendant trois jours avant de pouvoir entrer dans cette salle, impatient de me retrouver parmi d’illustres pandits, mais hélas, je ne vois pas un seul pandit, mais uniquement des cordonniers qui tannent le cuir !’’ Tous les érudits se mirent à fulminer et se sentirent outragés, mais Ashtavakra poursuivit dans la même veine.

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‘’Il n’y a que des cordonniers qui estimeront la valeur d’un article en fonction de la valeur d’une peau particulière. C’est le mot juste pour vous décrire. Vous vous êtes tous moqué de mon apparence extérieure, n’est-ce pas ? Vous avez présumé que j’étais indigne de connaissance et d’érudition. Comment pouvez-vous vous considérer comme des pandits ? Un pandit, c’est quelqu’un qui est doté d’une vision équilibrée. Il voit l’Atma qui est le même en chacun, mais vous ne semblez vous préoccuper que du revêtement extérieur du corps. Pas même un seul parmi vous dans cette assemblée n’a fait l’effort de connaître mes qualifications.’’ Honteux, les érudits baissèrent la tête. Le roi Janaka descendit de son siège et pria Ashtavakra de prendre place au sein de cette assemblée. Il est inutile de dire que c’est Ashtavakra qui guida les délibérations de cette assemblée durant le reste de la semaine. Il est incorrect de juger les gens uniquement en fonction de leur apparence extérieure.

60. QU’EN EST-IL DU PÉCHÉ ? Un jour, Adi Shankaracharya arriva dans la ville sainte de Kasi (Bénarès), après avoir terminé victorieusement sa campagne nationale de débats philosophiques. Là-bas, tandis qu’il recevait le darshan de la déité du lieu, Viswanatha, il lui adressa la prière suivante : ‘’Ô Seigneur ! Je suis venu Te voir pour expier mes péchés.’’ N’est-ce pas étrange ? Adi Shankaracharya avait sanctifié sa courte vie en étudiant toutes les Ecritures du pays et en écrivant de nombreux volumes contenant des exposés brillants et des commentaires profonds sur les Védas, sur les Upanishads et sur d’autres textes. Qui plus est, il avait dirigé sa vie en fonction des directives prescrites par les Ecritures. En raison de ses glorieux accomplissements, il est acclamé comme l’incarnation même du Seigneur Shiva. Par conséquent, il peut paraître étrange et même paradoxal qu’une personne aussi illustre et de son standing prie de la sorte. Quels furent donc les péchés qu’il a commis ? Lui-même donne cette réponse : ‘’Ô Seigneur Shankara ! Mon premier péché, c’est que malgré que je sache (et que j’enseigne également aux autres) que Dieu se situe au-delà du mental et du langage, j’ai tenté de Te décrire par l’entremise de plusieurs hymnes (stotras) que j’ai composés, ce qui témoigne d’un défaut de conformité entre ma pensée et ma parole. Ensuite, convaincu par les paroles des Ecritures, suivant lesquelles Dieu imprègne toutes choses dans l’univers manifesté, je prêche cette vérité à chacun et pourtant, je suis venu à Bénarès pour avoir Ton darshan et ceci indique que mes pensées, mes paroles et mes actes se contredisent. C’est ma deuxième offense. Troisièmement, j’ai une foi ferme dans l’enseignement des Ecritures selon lequel le même Atma (Soi) est immanent dans tous les êtres et suivant lequel il n’y a aucune différence entre le jivatma (âme individuelle) et le Paramatma (Ame suprême). Alors même que je proclame ceci dans tous mes discours, je suis maintenant venu ici pour

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me tenir devant Toi, comme si nous étions tous les deux séparés et différents l’un de l’autre. C’est ma troisième faute. Par conséquent, je prie pour pouvoir être absous de ces trois péchés dont je suis coupable.’’ De l’épisode qui précède tiré de la vie illustre de Shankaracharya, nous devons apprendre une leçon importante. L’idée populaire, c’est que seulement se livrer à des activités comme accuser, critiquer, injurier, insulter, outrager, vilipender, abuser, blesser ou nuire physiquement à autrui peut être considéré comme un péché, mais contrairement à cette idée, le fait de penser une chose, d’en dire une autre et puis de faire quelque chose de tout à fait différent constitue également un péché qui est commis par la majorité des gens. Ce n’est que si l’homme renonce à ce type de péché et s’il veille à l’harmonie et à l’unité entre ses pensées, ses paroles et ses actes qu’il peut être considéré comme un homme parfait. Les Upanishads ont déclaré qu’un Mahatma (une grande âme), c’est celui (celle) qui pratique la pureté et l’unité entre la pensée, la parole et l’acte, tandis que celui (ou celle) dont les pensées, les paroles et les actes se contredisent est une âme mutilée ou déchue.

61. PRÉFÉRENCES ET AVERSIONS Un jour, Swami Vivekananda retournait à Dakshineshwar après s’être adressé à une assemblée d’aspirants spirituels dans un village. Un marchand de fleurs et de fruits le suivait et il y avait aussi deux jeunes filles qui rentraient chez elles avec leurs paniers vides, après avoir vendu du poisson au village. Soudain, il y eut une forte averse et le marchand de fleurs invita Vivekananda et les deux jeunes filles jusqu’à sa maison proche et leur dit qu’ils pourraient reprendre la route aussitôt que la pluie aurait cessé. Il leur offrit de légers rafraîchissements. Etant donné qu’il n’y avait aucune indication que le temps allait s’améliorer, ils décidèrent de passer la nuit sur place. Les jeunes filles dormirent à l’intérieur et les hommes, sur la véranda. Le marchand de fleurs et Vivekananda n’arrivaient pas à dormir à cause de l’odeur du poisson qui provenait des paniers dans un coin de la véranda. Ils entendirent les deux jeune filles qui discutaient : ‘’Oh ! Je n’arrive pas à dormir à cause de l’odeur des fleurs ! Que faire ?’’, se plaignait l’une des jeunes filles. L’autre se leva et elle dit : ‘’C’est vrai, moi non plus, je n’arrive pas à dormir ! Allons chercher nos paniers et déposons-les tout près de nos têtes et à ce moment-là, peut-être bien que nous parviendrons à dormir.’’ Elles allèrent chercher leurs paniers dans la véranda et elles s’endormirent bientôt profondément. Vivekananda fut plongé dans ses réflexions : ‘’Qu’est-ce que l’homme, sinon une créature modelée selon ses goûts et ses habitudes... Je n’arrivais pas à dormir, n’étant point habitué à l’odeur pestilentielle du poisson et ces jeunes filles n’arrivaient pas à dormir, n’étant habituées qu’à l’odeur du poisson et non au parfum des fleurs...’’

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62. GOÛT ET DÉGOÛT Akbar, le célèbre empereur de Delhi passait par une période de mélancolie et de dépression et nul n’arrivait à trouver la raison de cette anomalie mentale chez le roi qui était toujours plein d’entrain et plein d’enthousiasme. Son empire était prospère et à l’abri des ennemis, intérieurs et extérieurs. Ses sujets l’aimaient, quelles que soient leurs castes et leurs croyances. Alors, pourquoi un tel tourment ? On finit par identifier la raison de sa mélancolie. C’était la nourriture qu’il consommait tous les jours. Bien entendu, il avait lui-même établi le menu. Ni le cuisinier, ni le surintendant de la cuisine impériale n’étaient à blâmer. Le roi développa du dégoût envers la viande et une forte aversion pour la nourriture elle-même et la perte de cet important plaisir qui persistait depuis des jours pesait lourdement sur son moral. Alors, Akbar appela Birbal en sa présence et il ordonna que son menu soit vite changé. L’ordre fut exécuté. Birbal se racla longuement les méninges et il opta pour des aubergines, pour changer. Il se procura des paniers remplis de belles aubergines toutes fraîches et il fit préparer des chutneys, de la salade, de la soupe, et de délicieuses et savoureuses galettes – le tout à base d’aubergines. Akbar apprécia chaque élément du menu et il ne tarit pas d’éloges à l’égard de Birbal. Il y avait des aubergines au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner et ceci continua allègrement pendant quelques jours. Toutefois, au bout de quelques jours, Akbar finit aussi par être dégoûté par les aubergines et il déversa tout son fiel sur Birbal. Birbal devait trouver autre chose, mais n’ignorait pas que cela finirait aussi par rapidement dégoûter Akbar et donc, il se rendit chez Akbar et lui dit résolument : ‘’Majesté ! La faute n’incombe pas au menu. C’est votre propre esprit qui s’entiche et qui se lasse rapidement. Changez le menu quotidiennement et mangez chaque élément du menu avec la même délectation. Une fois que vous réglerez ainsi votre esprit et que vous en devenez le maître, vous n’aurez plus jamais ce problème.’’ De toutes les victoires, la conquête du mental est la plus ardue, mais c’est aussi celle qui procure le plus de pouvoir, le plus de paix et le plus de joie.

63. LA PRATIQUE REND L’HOMME PARFAIT Autrefois, un roi convoqua tous les bergers du royaume et il leur parla ainsi : ‘’Je vais donner une chèvre à chacun d’entre vous et vous devrez l’élever d’une certaine manière, puis je vous reconvoquerai tous au bout de deux mois et vous devrez ramener la chèvre. Si vous êtes capables de faire en sorte que la chèvre s’abstienne de manger de l’herbe et des feuilles, je vous offrirai une récompense de mille roupies. Et je vous donnerai aussi de l’argent pour bien nourrir les chèvres.’’ Les bergers étaient

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très contents et émerveillés de l’intérêt que le roi témoignait à l’adresse de simples bergers. Ils pensaient qu’il serait facile d’élever la chèvre de manière à ce que celle-ci s’abstienne de manger de l’herbe et des feuilles. Ils pensaient : ‘’Après tout, le goût pour un genre particulier de nourriture est une question d’habitude. Nous pourrons nourrir la chèvre avec autre chose que de l’herbe et des feuilles.’’ Au bout de deux mois, il fut demandé à tous les bergers de ramener leurs chèvres dans la capitale. Une vaste zone fut dégagée, puis clôturée, et au centre de cet enclos, on disposa un tas avec des feuilles vertes. Au jour et à l’heure prévue, les bergers arrivèrent avec leurs chèvres bien grasses. Le roi pénétra dans l’enclos et il ordonna aux bergers de lâcher leurs chèvres. Toutes les chèvres se précipitèrent avidement vers le tas de feuilles. Le roi jeta un coup d’œil scrutateur à la ronde et son regard se posa sur une jeune fille et sur une chèvre qui se tenait immobile juste à côté d’elle. Il vit que la chèvre regardait simplement la baguette que la jeune fille tenait en main et que celle-ci tenait une poignée de feuilles dans l’autre main. La chèvre n’était ni attachée à un piquet, ni attachée autrement. Elle était libre de courir où elle voulait, mais elle ne bougeait pas. Le roi en fut plutôt surpris et ravi et il demanda à la bergère : ‘’Ô jeune fille, je suis réellement satisfait qu’au moins une bergère parmi autant de bergers ait été en mesure d’élever une chèvre conformément à mes attentes. Les chèvres possèdent un goût instinctif pour les feuilles. Comment êtes-vous parvenue à accomplir cette prouesse ?’’ La jeune fille salua le roi et dit : ‘’Ô roi, nos préférences et nos aversions sont liées à nos habitudes. Si nous continuons à manger ou à faire une chose pendant des jours et des mois d’affilée, nous développons notre goût pour cela et cela devient une habitude. De même, si nous continuons à nous abstenir de faire quelque chose pendant des jours ou pendant des mois, nous réussirons certainement dans notre entreprise. Dès le jour où je suis rentrée chez moi avec la chèvre, j’ai suivi une stratégie particulière. Je tenais une poignée de feuilles à portée de la bouche de la chèvre et quand elle s’apprêtait à les manger, je frappais fort sur sa bouche avec une baguette, ce que j’ai continué de faire pendant un mois. Naturellement, la chèvre ne montrait plus aucun empressement à manger des feuilles par peur de recevoir un coup sur la bouche. Dès qu’elle apercevait la baguette, elle se tenait tranquille, mais je nourrissais ma chèvre avec autre chose et je prenais soin d’elle avec affection. Ô roi, rien n’est impossible à réaliser pour n’importe qui d’entre nous. Ce qui est indispensable, ce sont des efforts ainsi qu’une pratique continue et soutenue.’’ Le roi remercia la bergère pour lui avoir enseigné une leçon pour la vie, la congratula et lui remit une bourse de mille roupies, comme il l’avait promis. Quand Arjuna implora ainsi le Seigneur Krishna : ‘’Oh, Seigneur ! Comment puis-je accomplir la tâche la plus ardue qui consiste à garder l’esprit sous contrôle ?’’, le Seigneur Krishna le rassura en disant : ‘’Ô puissant guerrier, ne désespère pas ; pratique le détachement et le contrôle des sens.’’

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64. LE DEVOIR EST DIEU C’était l’époque où l’approvisionnement en électricité pour éclairer les rues n’était possible que pour quelques grandes villes, en Inde. Dans une ville plus modeste, chaque rue disposait de trois ou quatre lampes à huile avec une cheminée en verre au bout d’un poteau. Les autorités municipales employaient des ouvriers pour allumer les lampes vers 18 heures. Les dépenses concernant l’huile, les mèches et les cheminées en verre étaient prises en charge par les municipalités. Il y avait un allumeur de réverbères qui faisait allègrement et scrupuleusement son travail. Il avait une grande foi en Dieu et récitait toujours le nom de son cher Dieu, Rama. Il était très ponctuel et régulier dans son travail. Il arrivait dans son quartier à 17 heures, nettoyait les cheminées, versait l’huile dans les réservoirs, redressait les mèches et allumait les lampes et tout en opérant il chantait ‘’Janaki Jeevana Ram, Karoonga Tumhara Kam’’, ce qui veut dire: ‘’Ô Seigneur de Janaki, je ne fais que Ton travail, je ne fais que Te servir.’’ Des rapports parvinrent aux autorités municipales suivant lesquels les lampes qui étaient allumées par ce dévot brillaient plus fort et pendant toute la nuit, alors que celles qui étaient allumées par les autres ouvriers de la ville étaient pâlottes et ne brûlaient que pendant une partie de la nuit. On procéda à une enquête concernant cette question et le fonctionnaire rapporteur soumit aux autorités le fait que tous les allumeurs de réverbères de la ville disposaient bien de la même huile et du même matériel et qu’ils recevaient également le même salaire. Quant à la rue où les lampes brillaient clairement pendant toute la nuit, à l’inverse des autres rues, il s’agissait là d’un cas unique où l’allumeur de réverbères était connu pour être un homme très pieux qui faisait son devoir au service de Dieu. Tout travail qui est fait sincèrement au service de Dieu ne manquera pas de refléter Son amour et Sa gloire.

65. LE TRAVAIL EST ADORATION Tous ceux qui connaissent la lutte indienne pour se libérer de la tutelle britannique doivent avoir entendu parler de Sardar Vallabhai Patel qui est devenu vice-premier ministre de l’Inde, quand Pandit Jawaharlal Nehru était premier ministre. Patel était un authentique gandhien qui croyait en la maxime ‘’Vivre simplement et avec discernement’’, et sa fille, Maniben, suivait également les traces de son père. Un jour, Mahavir Thyagi, un ami de la famille de Patel, leur rendit visite et observa que Maniben était occupée à des corvées ménagères et qu’elle portait un vieux sari en khadi raccommodé ici et là. Mahavir Thyagi ne put supporter de voir la fille du vice-premier ministre de l’Inde habillée de la sorte et occupée à des tâches ménagères et il dit : ‘’Ma fille, tu ne devrais pas te montrer aussi parcimonieuse. Ne crois-tu pas que

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cela stigmatise le statut de ton père ?’’ Maniben s’en indigna, mais répondit calmement : ‘’Thyagiji, pour quelle raison devrais-je nuire à la réputation de mon père ? Je ne me sens ni malheureuse, ni humiliée de porter un tel sari raccommodé, puisqu’il a été fabriqué à partir du fil que j’ai moi-même tissé et je n’aime pas engager des domestiques. Il n’y a pas de mal à ce qu’une femme fasse son propre travail ménager. C’est son devoir. Je crois en la dignité du travail. Il n’y a que ceux qui ont gagné de l’argent par de vils moyens qui peuvent se permettre de vivre une vie de luxe. Je crois en l’autonomie.’’ Et sans attendre une réponse, elle se dirigea rapidement vers ses appartements. Le Dr Suseela Nayar qui se trouvait aussi là dit : ‘’Thyagiji ! Vous ne semblez pas avoir compris Maniben. C’est une karma yogini qui considère son travail comme un acte d’adoration. Elle se gardera occupée du matin jusqu’au soir. Elle fait la vaisselle, elle lave le linge de toute la famille, elle prépare les repas et chaque fois qu’elle trouvera le temps, elle travaillera à son métier à tisser. Non seulement, elle tisse, mais elle fabrique et coud aussi des vêtements pour chacun. Elle ne gaspille rien. Quand son sari est déchiré, elle rapiècera des dhotis de son père et elle utilisera cela. Elle est un modèle vivant de vie simple et de discernement’’ – que le Mahatma nous a enseigné à tous.’’ Il y en a beaucoup qui louent et qui adorent Gandhi, mais il y en a très peu qui sont capables de le suivre...

66. SUR LE FIL Un jour, pendant le festival de Sankranthi, Draupadi se trouvait dans la résidence du Seigneur Krishna. Le Seigneur Krishna se délectait de canne à sucre fraîche qu’il partageait avec chacun. Alors qu’il tranchait un morceau de canne à sucre, il se blessa au petit doigt et son sang se mit à couler. Les reines coururent alors dans leurs appartements et entreprirent de fouiller frénétiquement leurs garde-robes dans l’espoir d’y dénicher quelque morceau de tissu grossier avec lequel elles pourraient bander sa blessure, mais Draupadi, qui était assise aux pieds de lotus du Seigneur, déchira immédiatement un pan de son sari avec lequel elle banda la blessure. Les reines revinrent avec leurs bouts de tissu et furent déçues de s’apercevoir que Draupadi s’était déjà occupée de la blessure de Krishna. Les années passèrent et un jour, Draupadi fut humiliée par Dussasana à la cour de Dhritarashtra à Hastinapur, où il tenta de la déshabiller. Elle cria à l’aide et pria pour que le Seigneur Krishna vienne immédiatement à son secours et sauve sa vertu. Le Seigneur Krishna qui se trouvait alors à Dwaraka à plusieurs centaines de kilomètres de là répondit sur le champ à sa prière sincère. Il remua le petit doigt – le même petit doigt auquel Draupadi avec appliqué un bandage à l’aide d’un morceau de tissu provenant de son propre sari – et des mètres et des mètres de tissu apparurent et couvrirent le corps de Draupadi ! C’est ainsi que ce petit service et ce petit sacrifice

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de Draupadi lui valut ultérieurement la grâce et la protection du Seigneur dans son grand malheur, lorsqu’aucun des héroïques Pandavas ne put la sauver. Toute bonne action est un acte divin que Dieu récompense au moment approprié…

67. LE POUVOIR DE LA PRIÈRE Jadis, il y avait dans un village deux pandits qui n’étaient pas très prospères et qui voulaient solliciter l’aide du roi en faisant montre de leur érudition. Or, la nouvelle leur parvint suivant laquelle le roi du royaume voisin organisait une grande réunion pour les pandits à laquelle ils pouvaient également participer. Les pandits ne voulurent pas manquer une telle occasion et décidèrent de se mettre en route. Chacun entreprit le voyage en emportant quelques vêtements et un paquet de nourriture. Les pandits étaient très scrupuleux ; ils observaient les injonctions des Védas en matière de diététique et ne mangeaient jamais de la nourriture préparée par toutes sortes de gens ou que l’on vendait dans des échoppes. A midi, après avoir parcouru une longue distance, ils avaient très faim et ils s’arrêtèrent dans un endroit où il y avait un immense banian et un ruisseau qui coulait tout près. Ils allèrent se baigner dans le ruisseau, puis ils s’assirent sous l’arbre pour prendre leur repas. Ils ouvrirent leurs paquets de nourriture, fermèrent les yeux et ils entreprirent de réciter la prière qu’ils récitaient toujours avant de commencer leur repas, mais un terrible vacarme les fit sursauter et sortir de leur prière. Ils regardèrent alors autour d’eux et constatèrent que l’arbre s’était fendu et qu’un être céleste en sortait ! Ils se levèrent pour saluer l’être céleste. La déité rayonnante et resplendissante dit : ‘’Ô pandits, j’ignore comment vous remercier ! J’ai été victime de la malédiction d’un sage qui m’a contrainte à demeurer dans cet arbre en raison d’une maladresse de ma part. Cela faisait des lustres que j’étais prisonnière de cet arbre. Ce chant sacré que vous avez récité a eu le pouvoir de me sauver et de me dégager de cette effroyable malédiction. Comment pourrais-je vous témoigner ma gratitude ? Vous pouvez me demander n’importe quelle faveur !’’ Les deux pandits s’inclinèrent aux pieds de la déité et ils dirent : ‘’Nous ne désirons rien, nous sommes suffisamment bénis par votre présence.’’ L’être céleste dit alors : ‘’Je vous aiderai. Je sais où vous vous rendez et pourquoi. Je veillerai à ce que vous obteniez ce que vous cherchez. Je vous bénis.’’ Les pandits le remercièrent et l’être céleste disparut. Les pandits se restaurèrent joyeusement, puis ils se reposèrent un peu sous l’arbre. Ils arrivèrent à temps à la cour du roi et constatèrent qu’un grand nombre d’érudits attendaient impatiemment d’être introduits en présence du roi. Ces pandits qui étaient simples et humbles décidèrent d’attendre un peu. Ils avaient une grande foi dans les paroles de l’être céleste. Leur tour arriva bientôt et ils furent appelés. A la cour, on leur offrit des sièges appropriés. Le roi leur demanda alors d’exposer ce qu’ils savaient. Priant mentalement l’être céleste, les pandits se mirent à réciter des versets qu’ils avaient

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composés. Le roi fut très satisfait de leur érudition et leur fit don de quelques hectares de terrain à cultiver. Les pandits remercièrent le roi et puis s’en retournèrent dans leur village, comblés. Il est tout à fait clair que les pandits ne purent s’acquitter de leur tâche louablement à la cour du roi qu’en raison de la bénédiction de l’être céleste. Il se peut que nous ayons du talent ou des talents, mais sans la grâce de Dieu, ces talents ne seront pas reconnus par la société. Il n’y a rien d’autre que la prière sincère qui pourrait nous valoir la grâce de Dieu. Bhagavad Gita, 4.24 : voici les versets que les pandits ont récités avant de prendre leur repas. ‘’Brahmarpanam Brahma Havir, Brahmagnau Brahmana Hutam Brahmaiva Tena Gantavyam, Brahma Karma Samadhinaha.’’ L’acte d’offrir est Brahman, l’offrande est Brahman, elle est offerte par Brahman, dans le feu sacré qui est Brahman. Celui-là seul atteint Brahman, qui s’absorbe en Brahman. Bhagavad Gita, 15.14. ‘’Aham Vaishvaanaro Bhutva Praaninaam Dehamaashritaha Praanapanna Samaa Yukthaha, Pachaamyanaam Chatur Vidham.’’ Je suis Vaishvanara, l’Energie cosmique omniprésente qui imprègne tout, logée dans les corps des êtres vivants. Unie à leurs souffles vitaux entrant et sortant, Je digère les quatre types d’offrandes de nourriture.

68. S’ADAPTER ET S’ACCOMODER Manikavachakar était l’un des grands sages du Tamil Nadu. C’était un saint, un poète et un érudit. Un jour, il fut pris au dépourvu par une averse soudaine. Alors qu’il cherchait à s’abriter, il repéra une petite portion de sol sec sous la véranda surélevée d’une maison. Les occupants des lieux dormaient à poings fermés à l’intérieur derrière les portes closes. Il était heureux d’avoir pu trouver un endroit sec où se reposer, par la grâce de Dieu. Il reposa sa tête sur son bras et il étendit ses jambes, puis s’endormit, mais il fut vite tiré de son sommeil par un bruit de pas précipités sous la véranda et vit un homme trempé jusqu’aux os. Il lui fit bon accueil et dit : ‘’Jusque-là, il y avait de l’espace pour dormir pour une seule personne. Nous nous assoirons et nous chanterons doucement des bhajans.’’ Au bout de quelques minutes, un autre homme arriva en courant et se réfugia sous la véranda. Manikavachakar lui fit aussi bon accueil et dit : ‘’Jusque-là, il y avait de la place pour que deux personnes puissent s’asseoir, mais il y a suffisamment de place pour que trois personnes puissent se tenir debout. Nous passerons la nuit en chantant le Nom divin.’’ Voilà l’esprit d’abnégation des saints qui se préoccupent plus du bien-être des autres que de leur propre bien-être.

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69. UNE QUESTION DE SUPÉRIORITÉ Un jour, un mendiant se trouvait devant une maison pour y mendier. La belle-fille lui demanda de s’en aller. La belle-mère qui s’en revenait du marché juste à ce moment-là entendit sa belle-fille qui demandait au mendiant de partir. Elle se fâcha, car elle pensait qu’il s’agissait là d’une privation et d’un déni de son autorité dans la maison et elle demanda au mendiant d’attendre un peu. Le mendiant songea que la vieille dame devait avoir bon cœur et attendit impatiemment son aumône devant la porte. Au bout de quelques minutes, la belle-mère ressortit de la maison et elle dit : ‘’Allez-vous-en ! Il n’y a rien que je puisse vous donner !’’ Le mendiant s’en alla tout dépité en grommelant : ‘’Vous auriez pu me le dire avant d’entrer dans la maison ! Pourquoi m’avoir alors demandé d’attendre ?’’ Qu’est-ce qui a poussé la belle-mère à se comporter d’une manière aussi sotte ? Un sentiment de jalousie et de supériorité mal placé ! A moins que la belle-mère et la belle-fille ne partagent un sentiment commun – celui d’œuvrer ensemble pour le bien-être de la famille – il n’y aura ni paix, ni joie au foyer.

70. L’EFFORT HUMAIN Dans un village vivait un professeur de musique. Celui-ci gagnait sa vie en enseignant la musique aux enfants dans une ville voisine. Il se rendait à bicyclette dans cette ville, tôt le matin, et il rentrait chez lui pour le dîner. Sa femme l’attendait et ne prenait jamais son repas avant qu’il ne rentre, aussi tard qu’il puisse être. Un jour, il arriva très tard pour le dîner. Sa femme avait fort faim et elle savait que son mari serait aussi fatigué et qu’il aurait faim. Elle lui dit : ‘’Chéri, va vite prendre ton bain et pendant ce temps-là, je préparerai le dîner.’’ Le professeur de musique qui fredonnait un air se rendit auprès du puits avec du savon et une serviette. Il puisa l’eau du puits, tout en chantant. Il se savonna le visage et le corps et il voulut puiser un autre seau d’eau, mais il ne parvenait plus à ouvrir les yeux en raison de la mousse qui recouvrait tout son visage. Le seau tomba alors dans le puits avec la corde. Il était désemparé et s’assit sur une pierre toute proche et se mit à chanter : ‘’Ô Seigneur, je T’abandonne tout ! Il te faut venir me secourir…’’ Et il se perdit dans le chant et la prière. Sa femme qui l’entendait chanter se précipita alors vers le puits et à sa grande surprise, elle vit son mari qui était bien assis, les yeux fermés, et qui chantait. Elle s’aperçut que la corde et que le seau n’étaient plus là et elle s’irrita : ‘’Si tu continues de chanter sans faire aucun effort pour récupérer le seau, crois-tu que Dieu t’aidera ? Dieu t’a donné l’intelligence, la parole, ainsi que d’autres facultés ! Nous devons les utiliser ! Quand le seau est tombé dans le puits avec la corde, tu aurais pu m’appeler et j’aurais alors fait quelque chose !’’ Elle rentra à l’intérieur de la maison et elle

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ramena un pot rempli d’eau et lui demanda de terminer ses ablutions. Se contenter simplement de supplier pour que Dieu intervienne, sans faire soi-même de son mieux pour résoudre le problème ne servira à rien. Dieu aide ceux qui s’aident eux-mêmes.

71. LA DIGNITÉ DU TRAVAIL Un jour, Iswara Chandra Vidyasagar se rendit dans un village des environs pour y prononcer un discours. Les gens avaient coutume d’affluer en grands nombres pour écouter ses conférences. Un jeune officier qui voulait écouter la conférence d’Iswara Chandra Vidyasagar descendit du train avec un sac pour se rendre à la salle de conférences. Iswara Chandra Vidyasagar descendit également du même train. Le jeune officier héla un porteur afin que celui-ci porte son sac. Iswara Chandra s’approcha de lui et dit : ‘’Pourquoi avez-vous besoin d’un coolie pour porter un sac si petit ? Etes-vous dans l’incapacité de le porter vous-même et d’épargner l’argent ?’’ L’officier répondit : ‘’Il n’est pas en adéquation avec ma dignité de porter mon sac, je suis une personne éduquée...’’ Iswara Chandra lui dit : ‘’La caractéristique de l’éducation, c’est l’humilité, pas l’orgueil. Si vous ne pouvez pas porter votre propre sac, alors comment faites-vous pour porter votre corps ? Si néanmoins, vous ne pouvez pas porter votre sac, je le ferai.’’ Et Iswara Chandra porta le sac de l’officier. Il agissait sur la base de la devise d’une vie simple et de pensées élevées. Le jeune homme émit le désir d’offrir de l’argent à son ‘’porteur’’, mais Iswara Chandra lui dit : ‘’Vous servir est ma récompense...’’ Le jeune officier s’éloigna et plus tard, il se rendit sur les lieux du meeting. Là-bas, des gens offraient des guirlandes à Iswara Chandra Vidyasagar pour l’accueillir. Le jeune officier réalisa alors que l’homme qui s’était proposé de porter son sac à la gare n’était nul autre que l’orateur distingué du soir, Iswara Chandra Vidyasagar et il éprouva de la honte d’avoir fait porter son sac à un homme aussi illustre que lui. Il songea : ‘’Quelle est son éducation et quelle est la mienne ? Je suis comme un ver luisant face au soleil !’’

72. AIDE-TOI ET LE CIEL T’AIDERA Il y avait un dévot du Seigneur Rama qui se rendait régulièrement au temple pour y adorer le Seigneur et chanter son Nom. Un jour, il ramenait une charrette remplie de victuailles de la ville dans son village et la charrette bascula et se renversa brusquement sur la route. Il s’assit à côté de la charrette renversée pour pleurer son malheur. Il pensa que s’il priait sincèrement le Seigneur Rama, Il viendrait certainement arranger les choses. Il ferma les yeux et il entreprit de chanter 1008 fois le nom de Rama, mais Rama n’apparut pas ! Il se mit alors à se réprimander pour sa foi aveugle en Dieu et il en conclut que les histoires que les épopées racontaient concernant le Seigneur compatissant devaient être

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fausses. Soudain, il entendit une voix : ‘’Ô, sot ! Je t’ai donné la force physique et l’intelligence que tu dois utiliser ! Attèle-toi à la tâche devant toi. Tu dois toi-même faire l’effort de régler les choses, si elles tournent mal et si le problème dépasse tes capacités, alors, à ce moment-là, Je viendrai t’aider...’’

73. UNE RÉSOLUTION FERME Un petit oiseau pondit ses œufs sur le littoral de l’océan. Naturellement, quand la marée monta, les œufs furent emportés par les vagues. L’oiseau pondit ses œufs à plusieurs reprises sur le littoral, mais à chaque fois, les vagues les emportaient. L’oiseau se sentait profondément blessé et frustré et cette frustration se transforma en colère contre l’océan. ‘’Comme l’océan doit être cruel pour emporter ainsi tous mes œufs !’’, songea-t-il. L’oiseau voulut prendre sa revanche sur l’océan et il prit la résolution ferme de vider l’océan de toute son eau. Tous les jours, sans prendre de repos, il plongeait dans la mer, prenait un peu d’eau dans son bec, puis il volait au-dessus du rivage et il versait l’eau dans le sable. Jour après jour, il poursuivit ses efforts pour vider l’océan, mais il finit par comprendre qu’il ne pourrait pas accomplir cette tâche tout seul. L’oiseau fit alors appel à l’aigle, le roi des oiseaux, afin que justice lui soit rendue. L’oiseau savait que Garuda, qui était le véhicule du Seigneur Vishnu, interviendrait certainement en sa faveur. L’oiseau gagna la grâce de Vishnu. Le Seigneur Vishnu réprimanda vertement l’océan qui assura au petit oiseau qu’il ne toucherait plus jamais aux œufs qu’il pondrait. Il pouvait désormais bâtir son nid sur le littoral, sans aucune crainte. Nous devons tous apprendre une leçon de ce petit oiseau. Comment ce petit oiseau put-il surpasser l’océan ? Uniquement en raison de sa résolution ferme et de son aplomb. Il ne pensa jamais : ‘’Oh, je ne suis qu’un tout petit oiseau, que puis-je y faire ? Comment pourrais-je jamais obtenir gain de cause contre le puissant océan ?’’ Dieu apprécie toujours les efforts sincères et une résolution ferme pour une bonne cause.

74. ACTE DE DÉRAISON, OFFRANDE SPIRITUELLE OU SADHANA ?

Le roi Vikramaditya parcourut un jour son pays incognito pour découvrir ce que ses habitants fabriquaient et il aperçut un vieux brahmane qui accomplissait un yajna (sacrifice). Apparemment, étant donné que ce yajna était célébré depuis de nombreuses années, un énorme monticule de cendres s’était constitué tout près du foyer sacrificiel. Vikramaditya demanda à ce vieux brahmane ce qu’il faisait. Celui-ci répondit : ‘’Cela fait maintenant plus de 60 ans que je célèbre ce yajna et ce monticule que vous voyez est la cendre qui s’est accumulée à cause du yajna. Mais quand bien

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même ai-je célébré ce yajna sans aucune interruption, je n’ai pu encore obtenir aucune vision du yajna Purusha (Seigneur du sacrifice)…’’ Vikramaditya fut profondément touché par les propos anxieux et angoissés du vieil homme et lui-même s’assit en méditation et il s’engagea dans une pénitence austère, mais malgré sa longue pénitence, il ne put obtenir aucune vision du yajna Purusha. Il songea : ‘’A quoi bon toute cette pénitence, si je ne puis obtenir la grâce du Seigneur ? A quoi bon vivre ?’’ Après avoir réfléchi en ces termes, il sortit son épée de son fourreau et il décida de mettre un terme à son existence futile et inutile. S’adressant mentalement au yajna Purusha, il dit : ‘’Si Tu n’apparais pas devant moi, alors je T’offre ma vie en sacrifice !’’ Tandis qu’il s’apprêtait à se trancher la tête, le yajna Purusha apparut devant lui, prit l’épée du roi et lui dit : ‘’Ô, Vikramaditya ! Ceci est un acte de déraison et non une offrande spirituelle ! Où suis-Je ? En tant que Vaiswaanara, Je réside dans tous les êtres en tant que pouvoir digestif. Est-ce là un signe de spiritualité que de rechercher extérieurement une vision du Divin qui est à l’intérieur de toi, d’une part et d’autre part, de mettre un terme à ta vie, parce que tu n’obtiens pas une vision du Divin qui est en toi ? Ce type d’acte est le fruit d’une tendance rajasique. Un vrai dévot ne devrait pas avoir recours à de tels actes désespérés. Pour Me réaliser, tu as besoin de mettre l’amour en pratique et pas d’un courage inconsidéré. Dans tout ce que tu vois et dans tout ce que tu fais, sois conscient du Divin qui imprègne tout. C’est seulement alors que le travail se transforme en adoration. Ce que le vieux brahmane fait depuis 60 ans, c’est marmonner les mots d’un mantra sans en comprendre le sens, et il n’a pas invité Ma présence de tout son cœur et de toute son âme. Je ne Me manifeste qu’à celui qui prie de tout son cœur et avec des pensées, des paroles et des actes qui sont en harmonie. Celui qui ne peut pas M’offrir un culte aussi dévoué devrait suivre Mes injonctions sans aucune hésitation.

75. LA DIVISION DE L’ATTENTION Dans un village, il y avait un avocat qui avait acquis une grande réputation comme plaideur capable d’obtenir gain de cause pour ses clients innocents et miséricorde pour ceux qui étaient coupables. C’était un dévot du Seigneur Shiva. Quotidiennement, en début de matinée, après avoir pris son bain, il passait une heure à pratiquer le japa. Il avait coutume de chanter 1008 fois le panchakshari, Om Namah Shivaya. Un jour qu’il récitait le mantra, il entendit qu’un client demandait à sa belle-fille : ‘’L’avocat est-il là, madame ? Est-il contactable aujourd’hui ?’’ Sa belle-fille répondit : ‘’Mon beau-père est actuellement chez le cordonnier, il vous faudra attendre un peu…’’ L’avocat était perplexe et en colère. Il se hâta de se rendre dans la cuisine et demanda à sa belle-fille : ‘’Que viens-tu de dire ? As-tu perdu la tête ? Comment oses-tu dire que je suis chez le cordonnier, alors que tu sais bien que je suis dans la pièce réservée à la puja et que j’y récite le panchakshari sacré ?’’ La belle-fille répondit : ‘’Je vous prie de m’excuser, Papa. Vous étiez effectivement dans la pièce réservée à la

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puja, mais où était votre esprit ? N’étiez-vous pas en train de vous tracasser et de vous demander si le cordonnier apporterait à temps votre paire de chaussures pour vous rendre au tribunal ? Ne m’avez-vous pas demandé une ou deux fois si le cordonnier était passé, tout en récitant le Nom ?’’ L’avocat ne sut que répondre, parce que ce que sa belle-fille disait était la vérité, puis il la remercia pour lui avoir signalé son manque de concentration avec autant d’à-propos et de sagesse. Nous ne devrions pas chanter le Nom de Dieu, ni prier mécaniquement. Nous devrions mettre tout notre esprit, tout notre cœur et toute notre âme dans le japa, dans namasmarana ou dans la prière. Prononcer des mots sacrés, tout en pensant à autre chose n’est pas du tout une sadhana. Le mantra doit émaner de l’intérieur et pas seulement du bout des lèvres, dit Baba. Il doit être chargé d’amour et de reconnaissance à l’égard de Dieu.

76. LE MASQUE DE LA PRÉTENTION Une fois, un homme portant la robe ocre arriva devant une maison et cria ‘’bhiksham dehi’’ (il demanda l’aumône). La maîtresse de maison sortit et vit cet homme et lui dit : ‘’Mon fils, allez derrière. Il y a un puits, là. Prenez votre bain et faites japa et pendant ce temps-là, je vous préparerai à dîner.’’ L’homme répondit : ‘’Mère, je n’ai pas besoin de prendre un bain ni de pratiquer le japa, puisque je récite continuellement le Nom de Govinda. N’avez-vous jamais entendu les versets ‘’Govindethi Sadaa Snanam’’ (chanter continuellement le Nom de Govinda est le bain véritable) et ‘’Govindethi Sada Japam’’ (chanter continuellement le Nom de Govinda, c’est japa) ? Alors, vous pouvez tout de suite me servir mon repas.’’ La dame sut immédiatement qu’il ne s’agissait pas là d’un véritable sannyasin et qu’il était même trop paresseux que pour prendre un bain. Elle voulut lui donner une leçon et lui arracher le masque de sa prétention. Elle lui dit : ‘’Est-ce ainsi, mon fils ? Dans ce cas-là, tu peux aussi assouvir ta faim en dégustant le riz sucré du Govinda Nama…’’ Et c’est ainsi que ce mendiant déguisé en sannyasin reçut une leçon d’humilité et ramené au bon sens par cette dame sagace et avisée. Il est difficile de garder une fausse attitude pendant longtemps dans le domaine de la spiritualité. Tôt ou tard, la vérité apparaît et ce qui est faux est exposé…

77. LE DÉSIR D’UN FIDÈLE Après avoir terminé sa mission à Lanka, Hanuman se rendit auprès de Mère Sita pour recevoir ses bénédictions avant de retourner auprès de Rama et Mère Sita bénit ainsi Hanuman : ‘’Hanuman ! Tu es rempli de vaillance, d’intelligence et de courage. Puisses-tu ne jamais dépérir et vieillir !’’ Ceci n’eut pas l’air de réjouir Hanuman.

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Ayant constaté sa déception, Sita le bénit de nouveau : ‘’Deviens immortel !’’ Ceci non plus n’eut pas l’air de réjouir Hanuman. Interprétant son sentiment, Mère Sita le bénit alors ainsi : ‘’Puissent les résidents des trois mondes louer tes vertus !’’ Hanuman était dans l’embarras et il baissa la tête, comme s’il avait honte d’entendre ses louanges. Finalement, Mère Sita lui accorda cette ultime bénédiction : ‘’Puisse Sri Rama t’aimer toujours !’’ Aussitôt qu’il entendit ces paroles, Hanuman fut aux anges. ‘’C’est tout ce que je voulais’’, dit Hanuman. ‘’Je dois être digne de l’amour de Rama. Vivre sans l’amour de Rama, c’est une vie de mort-vivant. L’unique chose que je désire, c’est l’Amour de Rama !’’

78. TOUT EST DIVIN Tout est divin. Lorsque nous serons fermement établis dans la vérité de notre divinité, nous réaliserons directement que les autres aussi sont divins. Nous éprouvons de la compassion pour autrui, dès que nous ne nous considérons plus comme des entités séparées. Il y a une histoire qui illustre cette vérité. Une dame prépara des sucreries pour Shirdi Sai Baba, mais il s’avéra qu’un chien pénétra à l’intérieur de sa maison et les mangea. La dame battit le chien à l’aide d’un bâton et le chassa. Puis elle prépara un nouveau plateau de friandises qu’elle apporta à Baba qui les refusa en prétextant qu’il en avait déjà mangé et qu’Il n’avait plus faim ! La dame rétorqua que ce n’était pas possible, puisque c’était la première fois qu’elle lui amenait des sucreries. Baba dit : ‘’Non ! J’ai mangé toutes les sucreries que vous aviez préparées et puis vous m’avez battu à l’aide d’un bâton et vous m’avez chassé !’’ La dame interloquée se demanda pendant un moment ce que Baba voulait dire avant de brusquement se rappeler qu’un chien était bien entré à l’intérieur de la maison, qu’il avait mangé toutes les sucreries et qu’elle l’avait battu et puis chassé. C’est ainsi que Shirdi Sai Baba fit comprendre à ses fidèles qu’Il n’était pas confiné à Sa seule forme physique, mais qu’Il était le Résident intérieur de tous les êtres vivants.

79. SHIVA OU VISHNU ? Le maharaja de Burdwan organisa un jour une conférence où les excellences de Shiva et de Vishnu furent discutées par des shastris et par des pandits bien connus, et les deux groupes antagonistes expliquèrent et vantèrent le panchakshari mantra de Shiva et l’ashtakshari mantra de Vishnu. Le maharaja refusa de prêter une allégeance exclusive à Shiva ou à Vishnu et voulut que le grand prêtre du palais qui était également un grand érudit et un sadhaka prononce son verdict. Le grand prêtre dit qu’aucun des pandits n’avait vu ni Shiva, ni Vishnu et que chacun louait et glorifiait l’un d’eux avec enthousiasme, tout en tournant l’autre en dérision et en le rabaissant, simultanément. Chacun d’entre eux ne disait de ces dieux que ce qu’il pensait d’eux, sans avoir aucun contact avec eux. Il déclara encore que tout qui aurait vu l’un d’eux garderait le silence, non seulement par rapport à ce qu’il aurait vu, mais également

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par rapport à ce qu’il n’aurait pu voir. Ce verdict mit un terme au conflit et tous les pandits rentrèrent chez eux, honteux et penauds – la conférence ayant pleinement mis en lumière leur ignorance totale de Dieu ainsi que l’orgueil mal placé de leurs connaissances livresques. Comme un saint l’a dit justement, il ne suffit pas de croire en Dieu. On doit percevoir Dieu avant de pouvoir parler comme une autorité sur tout aspect de Sa divinité.

80. DIEU EST OMNIPRÉSENT Thiruppandar était un grand dévot du Seigneur Shiva. Un jour, il visita un célèbre centre de pèlerinage consacré à son Seigneur préféré. Après le darshan de Shiva, il sentit qu’il était trop fatigué et trop faible pour continuer à marcher et il se reposa dans le temple même pendant la nuit. Le prêtre pénétra à l’intérieur du temple au petit matin, muni d’un pot d’eau pour célébrer l’abhishekham (bain cérémoniel) du lingam, mais à sa grande consternation, il aperçut un vieil homme qui dormait juste en face du sanctuaire, les jambes allongées dans la direction du saint des saints. Cette vision le rendit furieux et dans un geste d’indignation, il aspergea d’eau le visage du vieil homme. Il n’y eut pas la moindre réaction de sa part, aussi se baissa-t-il et tenta-t-il de soulever les jambes du vieil homme. Le vieil homme ouvrit alors immédiatement les yeux et il dit sur un ton implorant : ‘’Mon cher fils, pourquoi es-tu en train de tirer ainsi sur mes jambes ?’’ Le prêtre vociféra : ‘’Oh ! Pour quelqu’un de votre âge, n’avez-vous pas honte de vous laisser aller à un acte aussi sacrilège que d’étaler vos jambes vers Dieu ?’’ Le vieil homme répondit doucement : ‘’Mon cher fils, j’ai une crampe dans les jambes et je ne puis me lever. Veux-tu bien avoir l’obligeance de poser mes deux pieds dans la direction de ton choix, où Dieu ne se trouve pas ? Je parviendrai certainement à me relever au bout d’un moment…’’ Le prêtre ne voulut pas perdre son temps à argumenter avec l’homme, aussi saisit-il les deux pieds de l’homme qu’il souleva et qu’il reposa dans la direction opposée…et un lingam apparut soudainement sous ses pieds ! Le prêtre tenta alors de poser ailleurs les pieds du vieil homme, mais un autre lingam apparut au même endroit ! Une minute plus tard, l’endroit était entouré de lingams ! Le prêtre tomba alors aux pieds du vieil homme et dit : ‘’Ô vénérable ! Vous devez être une âme réalisée. Je vous prie de me pardonner mes paroles et mes actes insultants.’’ Le vieil homme se leva et dit : ‘’Mon cher fils ! N’as-tu point lu dans les Ecritures que Dieu est omniprésent ? Peux-tu limiter Dieu à un lieu, à une image ou à une photo encadrée ? Nous avons bien sûr des temples avec des idoles et des images à vénérer, mais celles-ci aident simplement les fidèles à orienter leur foi et leur dévotion vers Dieu, en tant qu’incarnations des diverses shaktis (pouvoirs) divines de ce vaste univers illimité. Le Créateur suprême, le Dieu tout-puissant est unique et souviens-toi qu’Il est omniprésent.’’

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81. LE CULTE DES IDOLES Il n’y a qu’un seul Dieu et Il est omniprésent ! C’est la vérité, mais pour se concentrer sur l’Omniprésent, un point fixe ou une forme préliminaire est nécessaire. Et pour concevoir le divin comme partout présent et à tout moment, l’esprit de l’homme doit être clarifié et purifié via certains processus psychologiques et certains exercices appelés sadhanas. C’est pourquoi il est préconisé des rituels réguliers par l’entremise desquels on vénère des idoles de Dieu. Certains pourraient se demander : ‘’Dieu peut-Il être une pierre ou une image ou un morceau de papier ?’’ L’Omniprésent n’est pas absent de la pierre ou de l’image. Nous ne diminuons pas Dieu pour L’enfermer dans une pierre ou une image. Nous prétendons et nous réalisons qu’Il est également dans la pierre. Nous élevons l’image aux dimensions de l’absolu. Nous procédons à un agrandissement de la photo qui dépasse de loin son cadre. Dans le processus d’une telle sadhana, nous devenons conscient que la photo peut également devenir un outil pour que l’esprit échappe à ses limitations afin d’englober l’Omniprésent. Il y a une histoire qui illustre ce point dans la vie de Vivekananda. Le maharaja d’Alwar dans le Rajasthan soutenait à Swami Vivekananda qu’il était impossible de percevoir Dieu dans un tableau réalisé par un artiste, que c’était juste une toile avec des taches de couleurs. Vivekananda demanda alors au ministre qui se tenait à côté du roi d’enlever du mur le portrait du grand-père du maharaja et quand ce fut fait, il demanda au ministre de cracher dessus ! Tandis que le ministre hésitait à s’exécuter, Vivekananda dit : ‘’Ne faites pas de sentiment ! Le maharaja prétend qu’un portrait n’est qu’une tache de couleurs sur un morceau de toile. Vous ne devez pas identifier cette image avec le grand-père du maharaja.’’ Dans la salle d’audience, tout le monde était frappé par la crainte, le tableau du grand-père du maharaja étant pour eux un objet de vénération. Vivekananda remarqua alors : ‘’Maharaja ! Ne réalisez-vous pas à présent que le portrait de votre grand-père est un objet de vénération pour vous, comme pour tous vos sujets ? Et bien similairement, le tableau de Dieu qui est peint par un artiste mérite l’adoration de tous ceux qui aiment Dieu.’’ Le maharaja d’Alwar remercia Swamiji de lui avoir ouvert les yeux à cette grande vérité.

82. NE PAS CONSIDÉRER DIEU COMME UNE PIERRE OU COMME UNE IMAGE

A Dakshineshwar, près de Calcutta, il y a un temple du Seigneur Krishna qui ne se trouve qu’à quelques pas du célèbre temple de la déesse Durga, dont Ramakrishna était le prêtre. Un jour, les prêtres du temple de Krishna se rendirent compte qu’une jambe de l’idole de Krishna était brisée et ils informèrent Mathur Babu et Rani Rasmani, les bienfaiteurs du temple, du dommage que l’idole du Seigneur Krishna avait subi.

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Rani Rasmani consulta de nombreux pandits par rapport à ce problème et ils déclarèrent tous unanimement qu’il n’était pas approprié de rendre un culte à une idole brisée, quand bien même serait-elle réparée. Ils recommandèrent que l’on installe à sa place et que l’on consacre une nouvelle idole. Rani Rasmani souhaita requérir l’avis de Ramakrishna Paramahamsa concernant la question et elle lui fit part de celui des pandits. Ramakrishna Paramahamsa lui répondit d’une manière très émouvante : ‘’Mère, réfléchissez vous-même un peu à la question et puis dites-moi... Si votre beau-fils avait un accident et si sa jambe était fracturée, que feriez-vous ? Le conduiriez-vous à l’hôpital pour réparer la fracture ou bien partiriez-vous en quête d’un nouveau parti approprié pour remarier votre fille ?’’ Rani Rasmani ne sut que répondre. Elle comprenait les sentiments dévotionnels de Ramakrishna et elle était encline à être d’accord avec lui, mais comment réparer la jambe ? Ramakrishna Paramahamsa ajouta alors : ‘’Mère, ne vous tracassez pas ! Je réparerai moi-même la jambe brisée de l’idole. Depuis ma tendre enfance, il s’avère que je suis expert en fabrication et en peinture d’idoles...’’ Si nous vénérons des idoles, nous ne devrions pas les considérer comme des formes de glaise, de pierre ou de métal, mais comme des réceptacles de l’Esprit divin. Il est vrai que l’image n’est pas Dieu, mais Dieu est assurément dans l’image, si seulement nous avons foi en sa présence – en son omniprésence.

83. QUI EST LE GARDIEN DU TEMPLE ? Une nuit, on déroba les joyaux de l’idole du Seigneur Krishna dans le temple de Dakshineshwar. Rani Rasmani et Mathur Babu furent informés du vol et Mathur Babu arriva au temple, le lendemain matin en s’interrogeant sur la manière dont les ornements du Seigneur avaient bien pu être dérobés. Il se mit alors à crier en direction de l’idole : ‘’Ô Seigneur ! Toi qui es le Protecteur et le Conservateur de l’univers... Pourquoi n’as-Tu pas été en mesure de protéger Tes propres ornements ?’’ Ramakrishna Paramahamsa fut choqué d’entendre de telles paroles adressées à son bien-aimé Seigneur. Ceci le mit hors de lui et il dit : ‘’Comment osez-vous mettre le Seigneur en cause, Mathur Babu ? Croyez-vous que le Seigneur se soucie de tels ornements ? A-t-Il besoin de ces ornements, alors que la déesse de la richesse elle-même est Sa consort ? Tout cet or et tout cet argent ne sont rien que de la poussière aux yeux du Seigneur ! En réalité, c’est vous qui avez décoré l’idole avec de tels ornements. Lui n’a jamais rien réclamé ! Si vous avez acheté les ornements et décoré l’idole avec ces ornements, n’est-ce pas votre devoir de veiller à la sécurité du temple ?’’ Dieu ne se soucie guère du faste ou du cérémonial. Ce qu’Il veut, c’est une foi sincère et sans aucune réserve…

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84. DU BOIS DE SANTAL RÉDUIT EN CHARBON DE BOIS…

Un raja chassait dans la forêt. Il repéra un cerf et en le pourchassant, il s’éloigna pour s’apercevoir ensuite que sa suite était restée bien loin derrière lui. Il se perdit et fut terrassé par la faim et la soif. Finalement, il vit une petite cabane dans laquelle vivaient un pauvre bûcheron et sa femme. Leur garde-manger était presque vide, mais la femme réussit tout de même à lui confectionner une roti4 que le raja dévora avec délice. Il n’avait encore jamais goûté quelque chose d’aussi savoureux, puisqu’il n’avait encore jamais eu aussi faim qu’alors ! Et il s’endormit à poings fermés par la suite, comme il n’avait jamais été aussi épuisé. Ses courtisans et ses soldats arrivèrent alors à l’endroit où il se trouvait et le bûcheron, plutôt estomaqué, apprit que son invité n’était nul autre que le monarque du royaume. Il s’excusa pour la maigre pitance qu’il lui avait offerte, même si le roi n’avait fait aucune remarque désobligeante à cet égard. Le lendemain, des hommes arrivèrent en provenance de la capitale pour le conduire à la cour du roi et le pauvre homme était sûr et certain qu’il allait être puni pour ne pas s’être occupé adéquatement du souverain, comme il seyait. Sa femme l’accompagnait, car elle voulait partager le sort de son seigneur. Le raja leur offrit des sièges et insista pour qu’ils y prennent place – un honneur qui était généralement réservé aux animaux qui étaient sur le point d’être sacrifiés – comme le bûcheron le savait. Lui et sa femme furent ensuite somptueusement nourris – soit un autre honneur qui est généralement dispensé à de tels animaux. Le raja lui demanda alors quelle récompense il aimerait recevoir de lui et l’homme effrayé ne put demander que ceci : ‘’Je vous prie de me permettre de rentrer chez moi vivant avec ma femme ! Ne me tranchez pas la tête !’’, s’écria-t-il. ‘’Je ne suis pas un despote ingrat pour vous traiter aussi cruellement’’, dit-il. ‘’Si je vous fais don d’un domaine, vous le ruinerez, car vous ignorez tout de l’agriculture et si je vous fais don de quelques richesses, des voleurs vous les déroberont, car vous vivez tout seuls dans la jungle. Eh bien, je vous fais don d’une plantation de bois de santal dans cette forêt, soit 15 hectares de bois. Faites-en bon usage et prospérez !’’ Le bûcheron se sentit soulagé et il retourna chez lui dans les bois, tout guilleret. Après à peu près six mois, le roi retourna chasser dans la forêt et s’étant souvenu de la roti, il partit à la recherche du bûcheron qu’il retrouva assez satisfait, mais il fut déçu, quand le bûcheron lui dit qu’il avait entrepris de vendre du charbon de bois, plutôt que du bois ! Cet homme brûlait son bois de santal qu’il réduisait en charbon de bois, ignorant la valeur du don qu’il avait reçu. Similairement, l’homme ne réalise pas la valeur du don précieux constitué par le nombre de jours de vie qu’il a reçus du Seigneur et il les dilapide via l’acquisition d’objets éphémères et des plaisirs qui le sont tout autant, ce qui transformera immanquablement sa vie en tragédie plutôt qu’en un heureux pèlerinage vers Dieu...

4 Genre de crêpe indienne qui est un peu l’équivalent de notre pain, en Occident.

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85. QU’EST-CE QUE LE VÉRITABLE DÉTACHEMENT ? Un jour, le roi Sikhadhwaja fut submergé par l’esprit du renoncement et il prit alors la direction de la forêt pour y pratiquer l’ascétisme. Son épouse, la reine Choodala, possédait un esprit de détachement encore supérieur au sien, mais ne le manifesta jamais ouvertement. Après que le roi ait quitté le palais, elle se déguisa en homme, revêtit une tenue ocre, plaça un collier de rudrakshas autour de son cou, puis elle partit à sa recherche dans la jungle. Après l’avoir finalement retrouvé, elle lui demanda qui il était. Le roi répondit qu’il était le souverain du royaume, qu’il avait renoncé à ses richesses, à son trésor, à son armée, à sa cour, etc., etc. ‘’Et pourquoi avoir renoncé à tout cela ?’’, demanda Choodala. ‘’Pour avoir la paix !’’, répondit le roi. Mais il dût bien lui avouer qu’il ne l’avait point trouvée. Choodala lui dit alors que renoncer aux ‘’choses’’ ne sera guère fructueux. Ainsi, ce à quoi il fallait renoncer, c’était au désir des choses, de même qu’à l’orgueil et à la vanité de les posséder, quand on les possédait. On devait également se détacher du monde objectif extérieur, de manière à pouvoir tourner son attention vers l’intérieur et triompher des démons de son royaume intérieur et devenir maître de soi. Lorsque le roi tenta de se prosterner aux pieds de son nouveau guru qui était venu l’éclairer, Choodala lui dévoila alors son identité. C’était une épouse fidèle qui devint le guru de son mari. Il y avait beaucoup de telles femmes dans les temps anciens qui commandaient le respect et qui étaient très honorables, étant bien mieux éduquées aux valeurs de la vie que ne le sont les femmes actuelles.

86. UN MARIAGE…SANS MARI ! La cérémonie d’un mariage est une fameuse affaire dans un village, car tous les villageois parleraient du mariage, avant et après, durant des jours d’affilée. Dans un village, il y avait une famille fort aisée, dont la fille unique était à marier et les préparatifs du mariage allaient bon train avec beaucoup de chichis et de tralalas. Un jour, la maîtresse de la maison dont la fille était à marier dit à sa voisine : ‘’Amma, nous allons célébrer le mariage de notre fille en grande pompe ! Nous avons prévu un orchestre de Bombay, des confiseries de Calcutta, des maîtres de musique carnatique de Madras, des noix de coco du Kerala, des fleurs de Bangalore et des fruits du Cachemire. Des chefs cuisiniers viendront aussi de Mysore. Vous pouvez venir, bien sûr, car il se pourrait que je sois très occupée et que je ne vous invite pas en personne juste avant la cérémonie du mariage...’’ Sa voisine répondit : ‘’Amma, je n’ai besoin d’aucune invitation particulière pour assister au mariage de votre fille et je suis réellement très heureuse que vous le célébriez aussi fastueusement ici dans notre village, mais pardonnez-moi…Dites-moi…Qui est donc le futur marié ? Que fait-il ? Quels sont ses qualités et ses qualifications ? La dame lui répondit alors : ‘’Oh ! J’avais oublié de vous le dire. Seul le mari n’a pas encore été choisi !’’

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Et c’est ainsi que va le monde. Nous nous faisons un maximum de tracas et nous nous montrons extrêmement pointilleux par rapport à toute une série de choses inutiles ou futiles, mais nous accordons bien peu d’attention au principal objet. Les jeunes mariés sont les figures principales de la cérémonie d’un mariage ; tout le reste est secondaire et passe à l’arrière-plan et pareillement, nous oublions que le corps nous a été donné pour réaliser la divinité qui est en nous et nous ne nous efforçons que de combler les besoins du corps.

87. LE DERNIER SOUHAIT DE MAHMOUD DE GHAZNÎ Mahmoud de Ghaznî était un thésaurisateur cupide. Pendant toute sa vie, il fut obsédé par l’accumulation de diamants, de joyaux et de perles. Il envahit l’Inde à plusieurs reprises et il emporta ses précieux joyaux qu’il recelait précieusement dans son palais. Un jour, Mahmoud tomba malade et sentit qu’il ne vivrait plus longtemps. Il se souvint de toutes ses aventures passées et songea : ‘’J’ai amassé tellement de richesses grâce à d’énormes efforts consentis tout au long de ma vie, mais je dois partir seul et laisser tout ici, puisqu’elles ne m’accompagneront pas…’’ Alors, il appela ses vizirs et il dit : ‘’J’ai une faveur à vous demander.’’ Les vizirs furent surpris par le changement abrupt d’attitude et de ton. ‘’Et quelle est-elle, votre Majesté ?’’, s’enquirent-ils ensemble à l’unisson. ‘’Dites-le nous et nous nous ferons un devoir d’exaucer votre ultime désir !’’ Mahmoud de Ghaznî dit : ‘’Vous allez emporter mon corps via une procession à travers les rues de la capitale, n’est-ce pas ? Alors, je vous prierai de bien vouloir disposer mon corps de façon à ce que j’ai les mains tendues et bien visibles pour tous les citoyens.’’ Les vizirs étaient interloqués et demandèrent : ‘’Votre Majesté ! Auriez-vous l’amabilité de nous faire savoir pour quelle raison vous chérissez un désir aussi curieux ?’’ Le roi mourant répondit alors : ‘’Je veux que tout mon peuple sache que le grand Mahmoud de Ghaznî quitte le monde, les mains vides…’’

88. LA DESTRUCTION DE L’ATTACHEMENT Une fois, le sage Agastya, durant son séjour sur la terre, rencontra un fermier qui s’efforçait péniblement de nourrir sa famille. Par compassion pour l’homme, le sage lui dit : ‘’Cher ami, ne vous inquiétez pas, tous vos ennuis vont cesser. J’ai le pouvoir de vous affranchir de tout esclavage. Accompagnez-moi à Vaikunta, la Demeure du Seigneur !’’ Le fermier répondit : ‘’Ô vénérable ! Comment puis-je abandonner mes enfants ? Revenez dans dix ans. Je serai alors prêt à vous accompagner.’’ Le sage revint au bout de dix ans et se rappela aux bons souvenirs du fermier. ‘’Cher ami, la période de dix ans que vous aviez fixée a pris fin hier. Accompagnez-moi à Vaikunta et

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expérimentez là-bas la Félicité éternelle...’’ Le fermier dit : ‘’Ô vénérable ! Mon fils aîné vient tout juste de se marier et je me réjouis de voir mes petits-enfants. Revenez dans dix ans.’’ Le sage se représenta à la porte de la maison du fermier au bout de dix ans et on lui dit que le fermier était mort. Il vit un chien tout près de la porte. Intuitivement, il put deviner que le fermier s’était réincarné en chien. Il accorda alors au chien la faculté de parole et la conscience de sa vie précédente et demanda au chien : ‘’Ô homme ! N’as-tu pas honte de t’être réincarné en chien ? Viens ! Je vais te libérer de cette vie misérable.’’ Le chien dit : ‘’Ô sage ! Je désire monter la garde devant la porte de mon fils. Il est tellement insouciant ! Des voleurs pourraient entrer et dérober tous les biens que j’avais accumulés pour lui et sa famille. Revenez dans dix ans.’’ Le sage revint au bout de dix ans. L’aspect de la localité avait changé et à la place de la petite maison du fermier se dressait une grande demeure. Il put intuitivement deviner que le fermier s’était réincarné en serpent et qu’il vivait à l’intérieur d’une fourmilière dans le jardin et qu’il gardait des richesses sous terre. Le sage s’approcha de la fourmilière et murmura : ‘’Ô cher homme ! Quel destin misérable ! Tu t’es réincarné en serpent venimeux. Accompagne-moi. Je te libérerai.’’ Le serpent répondit de l’intérieur : ‘’Ô vénérable ! C’est impossible, car je dois garder les richesses que je conserve cachées sous terre.’’ Le sage se rendit finalement auprès des habitants de la maison et leur dit : ‘’Mes chers enfants, il y a une fourmilière dans votre jardin. Un serpent venimeux y vit et y garde toutes les richesses que votre grand-père avait accumulées pour vous. Vous feriez mieux de tuer le serpent et de prendre possession des biens.’’ Les petits-enfants ne furent que trop heureux de s’acquitter de la tâche. Le serpent fut tué et finalement libéré. Ce qui est dommage, c’est que ce sont les personnes mêmes pour lesquelles le fermier avait accumulé tant de biens et pour lesquelles il s’était réincarné à de si nombreuses reprises qui le tuèrent sans merci. Tant que les nœuds de l’attachement perdurent, il n’y a aucun espoir de salut pour un individu.

89. LA CHARITÉ EST L’ORNEMENT DE LA MAIN En Uttar Pradesh, il y avait une dame très pieuse qui n’était pas riche, mais qui était bonne et compatissante. Elle épargnait régulièrement de l’argent à partir de ses revenus et avec cet argent, elle avait coutume d’acheter des couvertures qu’elle donnait aux pauvres. Sa manière de rendre service était spéciale et unique. Cette dame pieuse avait l’habitude de prendre ces couvertures et d’arpenter les rues pendant les nuits d’hiver afin de chercher ceux qui y dormaient sans rien pour couvrir leur corps.

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Elle couvrait leurs corps avec les couvertures qu’elle avait apportées avant de rentrer rapidement chez elle et elle ne parlait jamais à personne de ce service nocturne. Par la grâce de Dieu, avec le temps, elle put gagner davantage d’argent et ainsi en épargner plus et donc acheter plus de couvertures. La nuit, elle circulait maintenant en véhicule et elle emportait beaucoup de couvertures. Avec le temps, les citoyens prirent connaissance des activités charitables de cette dame très pieuse, mais quelque chose les rendait perplexes. En effet, cette dame marchait toujours la tête basse et semblait malheureuse. Un jour, on lui demanda pourquoi elle marchait la tête basse et pourquoi elle avait l’air si malheureuse, au lieu d’être fière et heureuse, et elle répondit ceci : ‘’Dieu m’a donné des richesses à profusion et Il a fait pareil pour beaucoup d’autres personnes, mais moi qui n’ai que deux mains pour donner, n’est-ce pas pour moi un sujet de honte ? Comment pourrais-je bien être fière ?’’ Une parole de sagesse dit : ‘’Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite...’’5

90. L’IMPORTANCE DES BONNES FRÉQUENTATIONS Un jour, un chasseur captura deux superbes perroquets et il en vendit un à un boucher et l’autre à Haridas qui rassemblait les dévots autour de lui et qui glorifiait le Seigneur Hari via ses chants et ses histoires. Au bout de six mois, il s’avéra que le chasseur repassa devant l’échoppe du boucher. Il se rappela du perroquet, entra dans l’échoppe et entendit immédiatement la voix criarde et perçante du perroquet qui s’égosillait. Il quitta l’échoppe, abasourdi par les paroles prononcées par le perroquet…Maintenant, il était très curieux de savoir comment s’en tirait l’autre perroquet et il entra dans l’ashram d’Haridas. Le perroquet battit alors joyeusement des ailes et il s’écria : ‘’Bienvenue ! Bienvenue ! Hare Rama ! Hare Rama ! Rama Rama Hare Hare ! Hare Krishna ! Hare Krishna ! Krishna Krishna Hare Hare !’’ Et la vision du perroquet et le son de ses paroles le ravirent et l’enchantèrent. Alors qu’il s’en retournait vers sa cabane, il était sidéré par les paroles prononcées par les deux perroquets qui étaient diamétralement opposées dans leur ton, leur tonalité et leur contenu. Les paroles du premier étaient outrageantes et répugnantes, alors que les paroles du second perroquet étaient douces, réconfortantes et sublimes. L’environnement et la compagnie constante dans laquelle ils avaient baigné et grandi avaient fait toute la différence. Il a été justement dit : ‘’Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es.’’

5 Il fait certainement référence à ce célèbre passage de la Bible : ‘’Gardez-vous de pratiquer votre religion devant

les hommes pour attirer leurs regards ; sinon, pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux

cieux. Quand donc tu fais l’aumône, ne le fais pas claironner devant toi, comme font les hypocrites dans les

synagogues et dans les rues, en vue de la gloire qui vient des hommes. En vérité, je vous le déclare : ils ont reçu

leur récompense. Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que

ton aumône reste dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6.1-4), NDT.

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91. LA TRANSFORMATION D’UN PÉCHEUR EN SAINT Sri Krishna Chaitanya fut le pionnier du mouvement nagar sankirtan. Il avait coutume de se plonger dans la contemplation du Seigneur en chantant sa gloire et oubliait le monde extérieur. Un jour, il conduisait le nagar sankirtan à Nabadwīp et des responsables de la localité se joignirent aux bhajans. Tous chantaient extatiquement les bhajans en déambulant dans les rues. Un voleur se joignit aussi au groupe en pensant qu’il y aurait là une belle opportunité pour lui de faire les poches des riches fidèles perdus dans le chant et dans la danse, mais en s’intégrant au groupe, il se mit à chanter avec encore plus d’ardeur que les autres. Tous arrivèrent dans un temple et s’assirent. Il s’assit tout près de Chaitanya pendant que ceux qui étaient assis devant écoutaient son discours. Beaucoup de gens avaient déjà quitté l’enceinte du temple. Il s’agrippa alors aux pieds de Chaitanya et lui dit : ‘’Swami, vous faites aux gens tellement de recommandations ! Veillez avoir la bonté de me transmettre un mantra sacré, je vous prie.’’ Chaitanya le regarda et dit : ‘’Dites-moi d’abord qui vous êtes et ce que vous faites…’’ Le voleur répondit : ‘’Swami ! Comment pourrais-je vous mentir ? Je suis un voleur et j’ai volé pendant toute ma vie. Je m’appelle Rama et on m’appelle ‘’Rama, le voleur…’’ Chaitanya dit : ‘’Oh, quel malheur ! Je vais vous donner un Nom ou un conseil, mais que me donnerez-vous comme gurudakshina ?’’ Le voleur répondit immédiatement, sans hésiter : ‘’Je vous donnerai une partie du butin ramené de mes larcins !’’ Chaitanya dit : ‘’Je n’ai nullement besoin d’argent. J’insiste seulement pour que vous renonciez à voler.’’ Le voleur dit : ‘’Mais Swami, c’est ma profession ! Comment pourrai-je alors gagner ma vie, moi qui n’ai pas d’autres compétences ?’’ ‘’Eh bien’’, dit alors Chaitanya, ‘’je vous donnerai un Nom sacré, mais à une condition ! Quand vous irez voler, vous devrez d’abord réciter 1008 fois ce Nom sacré que je vais maintenant vous donner’’, et Chaitanya lui chuchota à l’oreille ‘’Om Namo Bhagavathe Vasudevayah’’. A ce moment-là, une transformation s’était déjà initiée dans le voleur en raison du contact avec le saint. Il fut aussi libéré du péché de ses actions passées en raison de sa conversation avec Chaitanya. Le voleur rentra chez lui, quelque peu purifié. Un jour, beaucoup de riches propriétaires avaient verrouillé leurs maisons et ils étaient partis pour recevoir le darshan de Sri Krishna Chaitanya. Le voleur ne voulut pas manquer une telle opportunité de cambriolage. Il s’introduisit à l’intérieur d’une maison et pénétra dans la pièce où se trouvait le coffre. Il l’ouvrit et vit de précieux joyaux et des bijoux en or, mais il se résolut à ne toucher à rien avant d’avoir préalablement récité 1008 fois le mantra qui lui avait été donné. Avant d’en avoir terminé, le maître des lieux arriva avec toute sa famille. La maîtresse des lieux voulut enlever tous les bijoux dont elle s’était parée avant de quitter la maison et les remettre dans le coffre et elle trouva un étranger perdu dans la récitation du mantra sacré ‘’Om Namo Bhagavathe Vasudevayah’’. Elle crut qu’il devait s’agir d’un grand sage qui était venu chez eux pour les bénir et elle appela son mari. Le voleur était

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perdu dans sa méditation. Toute la famille s’assit autour de lui, les mains jointes. Ils pensèrent qu’il devait s’agir d’une âme sainte, comme Chaitanya. Le voleur ouvrit les yeux au bout de 1008 répétitions du mantra et il fut très surpris d’apercevoir un groupe de gens assis révérencieusement devant lui. Le maître de maison s’exclama : ‘’Oh Monsieur ! Pouvons-nous savoir qui vous êtes et pouvons-nous vous prier de nous faire l’honneur de prendre votre repas avec nous aujourd’hui pour nous racheter de nos péchés ?’’ Le voleur se dit alors en lui-même : ‘’Si la simple récitation épisodique du Nom du Seigneur peut m’apporter pareil honneur, de plus grandes choses encore peuvent survenir en prenant sincèrement l’habitude quotidienne de réciter continuellement le Nom. Je peux certainement gagner la grâce du Seigneur !’’, et il décida alors de renoncer à voler. Il se prosterna devant le maître de maison et sa femme et dit : ‘’Mère ! Laissez-moi vous dire la vérité. Je suis un voleur. Permettez-moi de me rendre dans la forêt et je passerai le restant de ma vie dans la contemplation de Dieu.’’ Tous furent étonnés par ses paroles, mais furent très heureux. Cette nuit-là, il séjourna chez eux, en tant qu’invité. La nouvelle de cet événement se propagea comme une traînée de poudre aux alentours au petit matin et tout le voisinage vint le voir. On le conduisit autour de la ville en palanquin, puis on le déposa dans la forêt où il souhaitait pratiquer ses austérités. Ultérieurement, il revint voir Chaitanya et il reçut ses bénédictions pour pouvoir devenir un vrai sage.

92. QUI EST DIGNE D’ENTRER AU PARADIS ? Un jour, il arriva que trois personnes se présentèrent aux portes du Paradis et les gardes leur demandèrent : ‘’Qu’avez-vous fait pour pouvoir entrer au Paradis ?’’ ‘’J’ai la maîtrise de toutes les Ecritures saintes, aussi ai-je suffisamment de mérites pour pouvoir entrer au Paradis’’, dit l’une d’elles. Les gardes lui dirent : ‘’Vous connaissez seulement par cœur les textes des Ecritures, mais vous n’en avez pas mis une seule parole en application durant toute votre vie ! Revendiquer de simples connaissances théoriques sans la moindre application concrète est vain et inutile. Vous n’avez pas votre place ici au Paradis. Vous pouvez repartir.’’ La deuxième personne dit : ‘’J’ai accompli des centaines de yagnas et de yagas qui ont fait ma renommée, aussi dois-je être autorisé à entrer au Paradis.’’ Les gardes dirent : ‘’Vous avez accompli tous ces yagnas et tous ces yagas à des fins égoïstes ! Par conséquent, vous n’avez pas le droit d’entrer au Paradis.’’ La troisième personne dit alors, en toute humilité : ‘’Je ne suis qu’un fermier qui offrais à manger et à boire aux passants et qui leur proposais aussi un abri, quand c’était nécessaire et donc, j’essayais de partager avec les autres tout ce que je pouvais bien posséder sur le moment. Je me faisais une règle et un rituel d’être prêt à partager tout ce que je pouvais bien gagner avec les autres. C’est la seule sadhana que j’ai strictement suivie.’’ ‘’Vous pouvez entrer !’’, déclarèrent les gardes.

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Cette histoire illustre la vérité selon laquelle ce n’est ni par l’entremise d’un savoir, ni par le biais de rituels que l’on peut accéder au Paradis. Ce n’est qu’en (se) sacrifiant pour le bonheur des autres que l’on obtient le mérite d’entrer au Paradis.

93. QU’ENTEND-ON PAR SACRIFICE ? Un grand roi entendit des sermons du Bouddha sur le contentement et le renoncement et il voulut gagner l’approbation du Bouddha. Celui-ci gardait un petit tambourin tout près de lui et un jour, ses disciples lui demandèrent : ‘’Maître, pour quelle raison gardez-vous ce petit tambourin tout près de vous ?’’ Et Bouddha répondit : ‘’Je jouerai de ce tambourin le jour où la personne qui aura accompli le plus grand sacrifice s’approchera de moi’’, et tout le monde se demandait bien qui serait cette personne. Le roi qui avait entendu cette déclaration du Bouddha chargea ses éléphants avec un énorme trésor pour se rendre auprès de lui. Il souhaitait offrir ce trésor au Bouddha pour obtenir sa bénédiction. Sur la route, une vieille femme salua le roi et elle l’implora en ces termes : ‘’J’ai faim ! Pourriez-vous me donner un peu de nourriture ?’’ Le roi lui tendit une grenade depuis son palanquin et la vieille femme arriva auprès du Bouddha, nantie de ce fruit. Le roi était déjà arrivé à l’ashram du Bouddha et attendait le son du tambourin, puisqu’il avait amené des éléphants chargés d’un trésor pour l’offrir au Bouddha. La vieille femme arriva elle aussi auprès du Bouddha en ayant même toutes les peines du monde pour trouver son chemin, mais elle finit par déposer le fruit à ses pieds. Bouddha le prit et joua immédiatement du tambourin. Le roi en fut abasourdi et demanda au Bouddha : ‘’Swami ! Je vous ai offert d’immenses richesses et vous n’avez pas joué du tambourin, mais vous avez joué du tambourin après avoir reçu un simple fruit. Etait-ce là un sacrifice ?’’ Bouddha répondit : ‘’Ô, roi ! Un sacrifice ne s’estime pas en termes de quantité. C’est la qualité qui compte. Vous êtes roi et il est tout naturel pour vous d’offrir de l’or. Mais cette vieille femme, alors même qu’elle avait faim, n’a pas mangé ce fruit, mais elle me l’a offert. Elle aurait pu le manger et assouvir sa faim. Quel plus grand sacrifice peut-il bien y avoir ? Offrir du superflu ne constitue pas un sacrifice, mais renoncer à ce qui vous est cher et qui est essentiel pour vous, cela, c’est un sacrifice.’’

94. LE BÉNÉFICE DU DON Un jour, Shankaracharya arriva devant une hutte avec son bol de mendiant. La hutte appartenait à une vieille dame très pauvre. Quand celle-ci entendit la demande d’aumône de l’acharya – bhavathi bhiksham dehi – elle se sentit fort misérable et malheureuse de ne pouvoir offrir aucune sorte de nourriture à ce sage. Elle se tordit les mains et se racla les méninges de désespoir pour trouver quelque chose. Soudain,

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elle repéra un myrobolan6, le tout dernier de la poignée qu’elle avait cueillis à un arbre devant sa hutte. Elle prit ce fruit et elle le laissa tomber dans le bol de l’acharya, sans pouvoir regarder le visage du distingué mendiant. Shankaracharya fut touché par sa contribution. Debout, tout près de la porte, il chanta un hymne de louanges à l’adresse de la Déesse de la richesse et une pluie de myrobolans se mit immédiatement à tomber de l’arbre et c’est ainsi que cette vieille dame reçut la bénédiction d’une fortune qui la préserva du besoin durant le restant de sa vie, car elle avait donné avec amour l’unique fruit qu’elle possédait. Le Seigneur ne nous a-t-Il par garanti Lui-même dans la Bhagavad Gita que même une feuille, une fleur, un fruit ou de l’eau offert comme une pieuse offrande par quelqu’un qui a l’esprit pur est largement suffisant pour gagner la compassion et la grâce du Seigneur ?

95. UN EXCÈS D’INDULGENCE Dans l’histoire indienne, on apprend que Muhammad Ghûrî envahit l’Inde à plusieurs reprises, qu’il fut capturé plusieurs fois, mais qu’on le libéra à chaque fois, parce qu’il avait demandé pardon. Une fois, il fut capturé par le vaillant prince rajpoute, Prithviraj. Muhammad Ghûrî se rendit et demanda pardon et sa protection. Prithviraj lui pardonna et l’autorisa à retourner dans son pays, mais Muhammad Ghûrî était un homme ingrat. Il envahit de nouveau l’Inde, réussit à capturer Prithviraj par des moyens déloyaux et éborgna impitoyablement Prithviraj. Il ne fait aucun doute que Prithviraj fit preuve d’indulgence, même envers l’ennemi, mais avec quel résultat ? L’indulgence est une grande vertu, mais qui ne devrait pas être pratiquée sans discernement en toutes occasions dans la vie mondaine. Dans chaque cas, on doit examiner la situation et tenter d’estimer la nature de l’individu qui demande pardon, la raison de ses mauvaises actions et la possibilité qu’il ne retombe dans ses crimes plutôt que de se réformer par le repentir.

96. QUI EST LE VÉRITABLE AMI ? Le roi Bhoja était le protecteur des pandits, des artistes et des poètes, et sa cour fourmillait de grands poètes, dont le plus grand était Kalidas. Kalidas était non seulement un poète de la cour, mais il était aussi un ami proche de Bhoja. C’était un très bon roi, mais qui avait une faiblesse. Il adorait jouer et parier. Kalidas ourdit alors un plan afin de faire prendre conscience au roi que jouer et parier constituait l’un des sept vices.

6 Fruit de l’arbre du même nom, aussi appelé prunier-cerise.

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Quotidiennement, le roi se rendait en palanquin dans la maison de jeux royale, après les audiences du jour à la cour et Kalidas connaissait la route qu’il empruntait. Un jour, Kalidas se vêtit d’une robe ocre et il s’emmêla les cheveux à la manière des ascètes. Il se para aussi d’un rosaire de perles sacrées et il alla délibérément se poster devant l’étal d’un boucher situé sur un côté de la route que le roi emprunterait dans son palanquin. Tandis que le palanquin s’approchait, il haussa le ton de sa voix pour s’entretenir avec le boucher en faisant mine d’être intéressé par la vente de la viande. Naturellement, le roi regardait de-ci de-là par curiosité et pour se familiariser avec les usages du monde, chaque fois qu’il circulait en palanquin. Ses yeux se fixèrent sur l’homme en robe ocre et il demanda aux porteurs du palanquin de s’arrêter, puis il envoya un de ses messagers auprès de cet homme pour lui demander ce qu’un sannyasin fabriquait près d’une boucherie et si c’était approprié. Kalidas répondit : ‘’Oh, il n’y a pas de souci ! Dites à votre roi que non seulement je mange de la viande, mais que je consomme également de l’alcool…’’ Le messager communiqua la nouvelle au roi qui se mit en rage et qui lui fit alors savoir qu’en tant que roi, il ne tolérerait pas la vision d’un sannyasin mangeant de la viande et buvant de l’alcool. Il voulut aussi savoir comment il parvenait à se procurer de l’argent pour acheter de la viande et pour boire. Kalidas répondit avec un sourire narquois : ‘’Oh, c’est simple ! Je parie et je gagne de l’argent. Un des moyens les plus faciles pour soutirer de l’argent de la poche de quelqu’un d’autre, c’est de jouer et de parier !’’ Le roi subodora que cet homme en robe ocre n’était pas un homme ordinaire. Il décida de ne pas se rendre à la maison de jeux et ordonna aux porteurs du palanquin qu’on le reconduise au palais. Au bout d’un moment, il fit appeler son ami Kalidas pour s’entretenir au sujet de l’homme en robe ocre et Kalidas se présenta, vêtu comme le sannyasin que le roi avait vu cet après-midi-là. ‘’Qu’est-ce que c’est que toute cette comédie ?’’, demanda sèchement le roi. Kalidas répondit calmement : ‘’Mon très cher ami ! Je n’ai joué toute cette comédie que pour votre plus grand bénéfice. Si un sannyasin mange de la viande, s’il boit de l’alcool et s’il joue, les conséquences auxquelles il devra faire face sont uniquement personnelles, mais si le roi s’adonne à n’importe lequel de ces trois vices, il montre le mauvais exemple à ses sujets. N’avez-vous jamais entendu l’adage ‘’Tel roi, tels sujets’’ ? Ô roi ! Pardonnez-moi, si j’ai pris trop de libertés et si je vous ai déplu.’’ Le roi Bhoja étreignit alors son ami et lui dit : ‘’Ô Kalidas ! C’est réellement une chance d’avoir un ami, un philosophe et un guide tel que toi !’’

97. TEL ROI, TEL PEUPLE Il y a vraiment très longtemps, il y avait un roi qui gouvernait son royaume d’une manière juste et vertueuse. Il aimait énormément son peuple. Il consultait toujours la population avant d’introduire une nouvelle loi ou une nouvelle réforme. Les citoyens adoraient aussi leur roi et ils étaient même prêts à risquer leur vie pour lui.

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Un jour, la reine était en train d’appliquer de l’huile sur les cheveux du roi et elle aperçut quelques cheveux gris. Elle sut que le roi prenait de l’âge et que Dieu venait d’envoyer un premier signal pour rappeler au roi que sa fin approchait. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues et elles tombèrent sur la main du roi. Le roi leva les yeux et voyant la reine en larmes, il demanda : ‘’Que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu ?’’ La reine lui fit part de la raison. Le roi sourit et dit : ‘’Ma chère ! Il est bon que tu m’aies dit la vérité. Maintenant que je sais que ma fin approche, je dois m’apprêter à mourir paisiblement et sereinement en prière et en pénitence. Je vais transmettre la responsabilité du gouvernement du royaume aux ministres. Allons dans la forêt pour y passer paisiblement le restant de notre vie.’’ Le roi convoqua immédiatement une réunion de tous les ministres et leur fit part de sa décision. La nouvelle se répandit et tous les citoyens accoururent au palais. Les ministres et les citoyens demandèrent au roi de ne pas les abandonner à leur sort et lui dirent que s’il les laissait, ils seraient aussi éteints qu’un corps sans son cœur. Le roi tenta de les convaincre du caractère inéluctable de la mort et que l’homme devrait se préparer à lui faire face en menant une vie ascétique dans la forêt. Les habitants dirent : ‘’Ô roi ! Nous allons nous rendre dans la forêt pour y prier le Seigneur Brahma de vous accorder une longue vie. Jusqu’à notre retour, nous vous prions de bien vouloir continuer à assumer la charge du royaume.’’ Les habitants se rendirent dans la forêt pour offrir leurs prières sincères au Seigneur Brahma. Le Seigneur se réjouit de leur amour et de leur loyauté à l’égard du roi et Il lui accorda une longue vie. Les habitants s’en retournèrent au palais dans l’allégresse et informèrent le roi de la bénédiction divine. Le roi en fut ravi. Cependant, la reine se prépara pour se rendre dans la forêt et prit congé du roi et du peuple. Les citoyens crurent que la reine devait être irritée, parce qu’ils n’avaient obtenu la bénédiction du Seigneur que pour le roi. La reine entra dans une méditation profonde et le Seigneur lui apparut et la reine interrogea le Seigneur en toute humilité : ‘’Ô Seigneur ! Est-il vrai que Vous avez accordé au roi 200 ans de vie ?’’ ‘’Oui’’, dit le Seigneur. La reine demanda alors : ‘’Ô Seigneur ! A quoi bon une longue vie pour le roi, si tous les citoyens qui l’aiment tellement ne bénéficient pas aussi d’une longue vie ?’’ ‘’Qu’il en soit ainsi !’’, dit le Seigneur. ‘’J’accorde également une longue vie à votre peuple. Et pas seulement à votre peuple, Je vous accorde aussi une longue vie, même si vous ne l’avez pas demandé !’’ La reine s’en retourna et elle fit part au roi et aux citoyens des bénédictions du Seigneur. Tel était l’esprit de sacrifice du peuple, du roi et de la reine dans l’Inde ancienne.

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98. LES MODES DU DIVIN Pendant leur période d’exil, les Pandavas pénétrèrent un jour dans la forêt de Roma Rishi. Roma Rishi était un sage dont le corps était couvert de poils et dont la barbe était tellement longue qu’elle s’étendait, telle une carpette dans l’entièreté de la forêt. Dans cette forêt, il y avait un arbre sacré qui produisait un genre très spécial de fruit qui, s’il était goûté par une personne, assouvirait sa faim et sa soif pendant des années, mais ce fruit ne devait pas être cueilli. Il ne devait être mangé qu’une fois tombé de lui-même. Ce jour-là, Dharmaraja et Draupadi eurent la chance de pouvoir s’approcher de cet arbre et Draupadi fut très tentée de goûter au gros fruit appétissant qui pendait à l’arbre. ‘’Ne pouvons-nous pas cueillir ce fruit ?’’, dit-elle. ‘’Nous nous le partagerons, ensuite…’’ Dharmaraja décocha une flèche et le fruit tomba par terre. Il voulut le ramasser, mais le fruit était tellement lourd qu’il ne put même pas le déplacer. Dharmaraja tenta de le soulever de toutes ses forces en utilisant ses deux mains, mais en vain. Draupadi essaya elle aussi, mais sans succès ! Sur ces entrefaites, Arjuna arriva sur place. Lui aussi tenta bien de soulever le fruit, mais sans y parvenir. Tous les trois essayèrent de soulever le fruit, mais il ne bougea pas. Les deux frères les plus jeunes arrivèrent alors et ils tentèrent de le soulever, mais sans plus de réussite. Finalement, le grand héros, Bhima, arriva sur place et demanda à tous les autres de bien vouloir s’écarter et dit : ‘’Moi, je vais le soulever !’’ Mais même Bhima échoua. Dans le même temps, les poils de Roma Rishi qui s’étendaient sur toute la zone se mirent à remuer car, dès l’instant où ces six personnes étaient en train de piétiner à qui mieux mieux pour tenter de soulever le fruit, ses poils furent foulés aux pieds et arrachés. Il soupçonna qu’on devait tenter de voler le fruit et il devint furibond ! Ses longs poils se mirent à converger, puis à s’enrouler autour des Pandavas pour les étouffer. Draupadi comprit le danger. Elle implora immédiatement le Seigneur Krishna qui apparut devant eux. Draupadi tomba à Ses pieds et Le pria de les aider. Krishna dit : ‘’Petite sœur, Je suis impuissant ! Roma Rishi est un grand sage et Je réside dans son cœur. Comment pourrais-Je bien faire quoi que ce soit qui s’oppose à la volonté de Mes dévots ?’’ Draupadi L’implora de nouveau : ‘’Toi seul peux nous sauver ! Tu peux tout faire, si Tu le veux !’’ Krishna dit : ‘’Je vous aiderai, à condition que vous gardiez tous le silence, quelle que soit la situation et de faire exactement ce que Je vous dis.’’ Draupadi et les Pandavas Lui promirent d’obéir à Ses ordres. Krishna prit alors la direction de l’ashram de Roma Rishi et Il leur demanda de Le suivre au bout d’un moment. Entretemps, Roma Rishi fulminait tellement qu’il avait décidé de se rendre auprès de l’arbre afin de maudire les maraudeurs. C’est à ce moment-là que Krishna entra dans

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l’ashram et Roma Rishi tomba aux Pieds de lotus du Seigneur. Il était ivre de joie de pouvoir Le voir et il dit : ‘’Quelle heureuse fortune de Vous avoir comme invité, Ô Seigneur ! Que puis-je donc faire pour Vous ?’’ Krishna entreprit alors de discuter de certains points spirituels jusqu’à l’arrivée des Pandavas. Aussitôt que les Pandavas et Draupadi arrivèrent à l’ashram, Krishna se hâta de les rejoindre et Il se prosterna à leurs pieds. Les Pandavas étaient embarrassés, mais se souvenant du commandement du Seigneur, ils gardèrent le silence. Après avoir vu Krishna se prosterner aux pieds des Pandavas, Roma Rishi en fit autant, puis Krishna leur demanda d’entrer dans l’ashram et les présenta à Roma Rishi. Il loua la vertu de Dharmaraja, le courage d’Arjuna et de Bhima, l’intelligence de Nakula et de Sahadeva et par-dessus tout, la dévotion de Draupadi. Sur ces entrefaites, Roma Rishi avait complètement oublié le fruit et les maraudeurs. Krishna informa alors Roma Rishi que les Pandavas étaient les personnes qui furent tentées de goûter au fruit, sans être conscientes de la nature unique de ce fruit. Roma Rishi souhaita plaire à ceux qui avaient su plaire au Seigneur Lui-même et dit : ‘’Qu’ils prennent ce fruit ! Je voudrais qu’ils le dégustent !’’ Après avoir mangé le fruit, les Pandavas purent vivre sans ressentir la faim pendant longtemps. Il est compliqué de comprendre les modes du Seigneur. Tout ce que nous pouvons faire, c’est toujours nous souvenir de Lui avec amour et prier avec ferveur pour obtenir Sa grâce inégalable.

99. L’IMPATIENCE Les modes du divin ne sont pas facilement compris. Souhaitant le bien-être de tous, le divin utilise une infinité de méthodes. Ceci peut s’illustrer par l’histoire d’un dévot qui aspirait à être riche et qui accomplit une pénitence ardue pour obtenir les bénédictions de Lakshmi, la déesse de la richesse. L’homme est prêt à subir tout un tas d’épreuves pour acquérir la richesse matérielle, mais il ne fera aucun effort pour réaliser le divin… Lakshmi apparut devant ce dévot et lui demanda ce qu’il voulait et il lui répondit qu’il voulait Lakshmi elle-même ! Elle y consentit et lui dit qu’après s’être parée de tous ses bijoux, elle le suivrait jusque chez lui et lui demanda de prendre les devants. Elle lui dit qu’elle l’accompagnerait jusque chez lui et qu’elle lui remettrait tous ses bijoux. Cependant, elle imposa une condition : ‘’Vous devrez me précéder sans jamais vous retourner. Si vous vous retournez, même une seule fois, je n’irai pas plus loin !’’ Au comble de la joie, le dévot prit la direction de son domicile, à grandes enjambées. Derrière lui, les bijoux de la déesse produisaient toutes sortes de tintements, tandis qu’elle le suivait, et incapable de contenir la curiosité qui le démangeait vis-à-vis des bijoux qu’elle portait, il se retourna. Dès qu’il se retourna, Lakshmi s’arrêta net et cessa de le suivre. Il n’avait pas pu attendre patiemment pour contempler la déesse Lakshmi et ses joyaux, une fois arrivé chez lui.

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C’est ce qui arrive, quand on n’arrive pas à contrôler ses désirs. Bien qu’il avait obtenu la grâce divine, le dévot ne sut en tirer aucun bénéfice. Ceci signifie que si vous êtes béni par l’abondance de la grâce divine, vous devez développer la capacité d’en profiter au mieux et pour développer cette capacité, vous devez obéir implicitement aux injonctions divines. Si le dévot de cette histoire avec suivi les conditions de Lakshmi, il aurait pu profiter de ses faveurs, mais incapable de respecter ses conditions, il dilapida ce qui lui avait été offert.

100. LES ÉPREUVES APPROFONDISSENT LES CONVICTIONS

Prahlada n’était pas seulement un dévot du Seigneur Narayana, mais c’était aussi un roi vertueux. C’était le plus généreux des rois. Il ne refusait jamais une faveur, un don ou une aide à ceux qui venaient le trouver. Un jour, Indra s’approcha de lui, déguisé en brahmane, dans l’idée de le mettre à l’épreuve. Prahlada lui présenta ses respects et lui demanda : ‘’Que souhaitez-vous obtenir de moi ? Comment puis-je vous contenter ?’’ Le brahmane répondit : ‘’Ô roi, je souhaiterais que vous me fassiez don de votre sheela (caractère) !’’ ‘’Qu’il en soit donc ainsi!’’, dit Prahlada. ‘’Votre souhait est exaucé. Je vous fais don de ce caractère.’’ Le brahmane quitta la cour. A peine le brahmane avait-il pris congé que l’on put apercevoir un jeune homme charmant qui s’écartait de la cour. Prahlada lui demanda qui il était et le jeune homme répondit : ‘’Je suis la réputation ! Je ne puis rester auprès de vous plus longtemps, puisque sheela vous a déserté.’’ Prahlada l’autorisa à partir. Quelques secondes plus tard, on aperçut un autre jeune homme brillant qui s’éloignait de la cour. ‘’Puis-je savoir qui vous êtes ?’’, lui demanda Prahlada. ‘’Je suis la valeur’’, répondit le jeune homme. ‘’Comment puis-je rester avec vous sans caractère, ni réputation ? C’est la raison pour laquelle je pars.’’ Prahlada l’autorisa à partir. On aperçut bientôt une charmante dame qui se hâtait de quitter la cour et Prahlada lui demanda : ‘’Mère, puis-je savoir qui vous êtes ?’’ ‘’Je suis Rajya Lakshmi, la déité qui gouverne ce royaume’’, répondit-elle et elle ajouta : ‘’Je ne puis vivre ici sans le caractère, la réputation et la valeur. C’est la raison pour laquelle je m’en vais ailleurs.’’ Prahlada lui permit de partir. Puis, on vit une dame qui s’éloignait, les larmes aux yeux. Prahlada courut vers elle et lui demanda : ‘’Mère, qui êtes-vous ?’’ ‘’Mon fils, je suis Dharma Devatha’’, répondit-elle. ‘’Je ne suis pas à ma place, là où il n’y a ni caractère, ni réputation, ni valeur. Même Rajya Lakshmi vous a quitté !’’ Prahlada se prosterna à ses pieds et lui dit : ‘’Mère, je puis vivre sans caractère, sans réputation, sans valeur et sans Rajyalakshmi, mais je ne puis vivre sans vous ! Comment pourrais-je vous envoyer ailleurs ? C’est le devoir du roi de protéger le dharma. Le dharma seul est le fondement du monde entier. Je vous prie de demeurer auprès de moi et de ne pas m’abandonner.’’ Dharma Devatha y consentit et quand Dharma Devatha accepta de rester, tous les autres retournèrent à la cour et dirent : ’’Nous ne pouvons pas exister sans Dharma Devatha. Il nous plaît de

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demeurer auprès de vous.’’ Le Seigneur Indra ne mit Prahlada à l’épreuve que pour montrer au monde la grandeur de Prahlada qui n’était fondée que sur sa pratique du dharma.

101. QU’EST-CE QUE LA PRIÈRE AUTHENTIQUE ? Akbar, comme tout le monde le sait, est l’un des plus grands empereurs moghols. Il appréciait beaucoup l’humanité et respectait les grandes âmes pieuses de toutes les religions. Il avait entendu parler de la réputation de Guru Nanak et de ses tentatives pour unir les hindous et les musulmans. Il souhaita le recevoir et l’honorer dans sa cour, aussi lui fit-il parvenir un message par l’entremise de son ministre, lui présentant ses respects et le priant de lui faire la grâce de venir à la cour. Guru Nanak répondit ceci au ministre : ‘’Je ne répondrai qu’à l’appel de Dieu, l’Empereur des empereurs et je ne me rendrai que dans sa cour à Lui.’’ Le ministre transmit le message à l’empereur. Le respect d’Akbar pour Guru Nanak s’accrût encore et il lui envoya un nouveau message afin qu’ils se rencontrent au moins à la mosquée. Nanak accepta et il arriva à la mosquée à l’heure convenue. Akbar et Nanak furent accueillis par le mollah avec tous les honneurs qui leur étaient dus. D’après la tradition, le mollah devait d’abord dire les prières et donc, il s’agenouilla et pria à voix haute et Nanak se mit à rire bruyamment et ostensiblement. Tous les musulmans qui étaient dans le temple étaient en colère, mais ils n’osèrent rien dire en raison de la présence de l’empereur. Puis Akbar s’agenouilla et pria et Nanak se mit à rire encore plus bruyamment. L’atmosphère devint tendue dans la mosquée. Les visages des fidèles s’empourprèrent et leurs mâchoires se crispèrent. Ils étaient prêts à se jeter sur Nanak. Akbar les retint par un geste silencieux. Tous les deux sortirent de la mosquée et Akbar interrogea Nanak en toute humilité : ‘’Ô vénérable ! Pourrais-je savoir pour quelle raison vous riiez aussi bruyamment et ostensiblement pendant la prière ? Cela était-il réellement approprié ?’’ Guru Nanak répondit : ‘’Ô roi ! Comment aurais-je pu me retenir de rire, alors que je pouvais clairement voir que ni le mollah, ni votre majesté ne songeaient à Dieu en priant ? Le mollah pensait à son fils souffrant et vous-même vous pensiez au couple de magnifiques chevaux arabes qui vous ont été offerts. Est-il approprié d’appeler cela une prière, de la part du mollah ou de la part de votre majesté ? N’est-ce pas là de l’hypocrisie ?’’ Le mollah et l’empereur demandèrent pardon à Nanak et ils le remercièrent de leur avoir ouvert les yeux à leurs propres faiblesses. Souvenez-vous que la prière n’est pas un simple chapelet de paroles de louange adressées à Dieu que l’on récite mécaniquement. Il s’agit d’une tentative sincère et sérieuse pour éveiller la divinité qui est en nous. Nous devrions prier avec une concentration totale. Ce qui compte, c’est le sentiment, et non la voix ou les paroles.

‘’Se contenter d’aduler est une bien piètre adoration.’’ ― Baba

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102. DEMANDEZ ET ON VOUS DONNERA ! Dans un obscur petit village perdu vivaient une mère et son fils. Le garçon avait perdu son père, alors qu’il avait à peine deux ans. La mère se donnait beaucoup de mal pour gagner suffisamment d’argent pour élever son fils unique et l’éduquer. Le garçon était très intelligent et très obéissant et il avait beaucoup d’amour et de respect pour sa mère. Le garçon grandit et il atteignit la dernière année d’école primaire. Il étudia avec beaucoup d’application pour réussir son examen. Un jour, il dit à sa mère : ‘’Maman, dans quatre jours, il faudra payer un montant de 20 roupies pour les frais d’examen…’’ La mère se mit à paniquer, car elle n’avait plus d’argent et c’était la dernière semaine du mois. Elle se rendit auprès du directeur et elle lui fit part de son incapacité à pouvoir payer à temps les frais d’examen et elle lui demanda de l’aider, mais en vain. Elle retourna chez elle, elle s’assit sous un arbre près de sa hutte et elle se mit à pleurer. Le garçon rentra de l’école et trouva sa mère en train de pleurer. Il s’assit à côté d’elle et il lui demanda pourquoi elle pleurait. ‘’Mon fils, je n’ai plus d’argent ! Tu ne peux plus aller à l’école. Tu ferais mieux de venir travailler avec moi. Il n’y a pas d’autre moyen...’’ Le garçon dit alors : ‘’Pourquoi ne demandes-tu pas à quelqu’un un prêt de 20 roupies ? Après l’examen, je travaillerai et je pourrai rembourser le montant.’’ ‘’Mon cher fils !’’, répondit la mère, ‘’et qui donc me prêtera cet argent ? Seulement Dieu, si telle est Sa volonté !’’ Le garçon s’empressa de demander : ‘’Qui est Dieu, maman ? Où est-Il ? Où habite-t-Il ? Que j’aille chercher cet argent chez Lui !’’ La mère répondit sans trop y croire : ‘’Oui, il y a bien le Seigneur de Vaikunta, Narayana, la source de toutes les richesses...’’ Sans hésiter une seule seconde, le garçon courut jusqu’à la poste. Il avait quelques piécettes sur lui. Il acheta une carte postale et il écrivit quelques mots sur la situation malheureuse de sa mère, son propre besoin et pria Dieu de bien vouloir lui envoyer immédiatement 20 roupies par retour du courrier. Il courut à la boite postale attachée à un arbre, mais il était trop petit pour atteindre la fente et glisser la lettre dans la boite aux lettres. Le receveur des postes qui observait le garçon depuis un bon bout de temps sortit, prit la carte et demanda : ‘’A qui écris-tu cette lettre ?’’ ‘’Oh monsieur, c’est une lettre urgente adressée au Seigneur Narayana de Vaikunta. Je dois payer mes frais d’examen endéans trois jours et je Lui écris pour qu’Il m’envoie 20 roupies immédiatement’’, répondit-il. Le receveur des postes regarda fixement l’adresse indiquée sur la carte postale. Il ne savait pas quoi dire. Il avait les larmes aux yeux face à l’innocence de ce garçon. ‘’Mon cher garçon, qui t’a donné cette adresse ?’’, demanda le receveur des postes. Le garçon rapporta la conversation qu’il avait eue avec sa mère. ‘’Monsieur, ma mère dit que Dieu est très bon et qu’Il aidera certainement des pauvres comme nous, si seulement nous Le prions avec ferveur !’’ Le receveur des postes était très ému. Il donna une petite tape amicale au garçon et il dit : ‘’Mon cher garçon ! Je veillerai à l’envoi exprès de cette carte postale. Reviens après-demain !’’ Le garçon retourna chez lui en courant, tout guilleret, et il dit à sa mère qu’il aurait l’argent dans un jour.

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Le garçon revint à la poste, le surlendemain, et le receveur dit : ‘’Mon cher garçon, voici l’enveloppe. A l’intérieur tu trouveras 20 roupies. Maintenant, va vite payer tes frais d’examen !’’ Le garçon courut chez lui avec l’enveloppe qu’il remit à sa mère. Elle lui demanda sèchement où il avait trouvé cet argent et le garçon lui raconta toute la conversation qu’il avait eue avec le receveur des postes, mais elle ne le crut pas. Elle se précipita chez le receveur des postes et elle lui demanda si ce que son fils lui avait raconté était vrai et comment c’était possible. Le receveur des postes lui répondit : ‘’Mère, croyez-moi, j’ai toujours été un homme dur. Quand j’ai vu votre fils avec cette lettre, je ne pouvais pas croire mes propres yeux. Une lettre écrite à Dieu, avec une telle foi ! Cela m’a ému. Cela doit être Dieu qui m’a incité à venir en aide à votre fils. S’il vous plait, prenez cet argent. Cela doit être la volonté de Dieu que je lui donne cet argent. Sinon, je n’aurais pas vu votre fils poster la lettre qui serait restée sans réponse et la foi en Dieu de votre fils aurait été brisée. Je considère ceci comme une belle opportunité d’aider un bon garçon.’’ Si nous prions Dieu avec sincérité, Celui-ci nous aidera. Il incitera quelqu’un à agir, comme Son agent. Seule une foi absolue en Dieu sauvera quelqu’un de tous les problèmes et de toutes les vicissitudes.

103. LA FOI EST LE SOUFFLE MÊME DE LA VIE Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un navire qui transportait des cipayes indiens fut bombardé par les Japonais et coulé. Beaucoup d’entre eux perdirent la vie, mais cinq réussirent à gagner leur canot de sauvetage et espéraient avoir une chance de pouvoir survivre en dépit du déferlement des vagues de l’océan. Ils furent rudement secoués pendant de nombreuses heures. L’un d’eux désespérait et s’écria : ‘’L’océan va m’engloutir et je serai la proie des requins !’’ En proie à la panique, il fit un faux mouvement, tomba à l’eau et se noya. Un autre cipaye se lamentait et se chagrinait pour sa famille. ‘’Oh, je vais mourir sans pouvoir m’occuper de l’avenir de ma famille !’’ Lui aussi perdit la foi en sa survie et il rendit son dernier soupir. Un troisième cipaye se dit : ‘’J’ai ici avec moi la police et les documents de l’assurance. Quel idiot ! J’aurais dû les laisser chez moi. Que va faire ma femme ? Je ne vais pas tarder à mourir…’’ Et lui aussi mourut. Les deux derniers hommes tentèrent de renforcer mutuellement leur foi en Dieu et dirent : ’’Nous ne cèderons pas à la peur ! Nous prouverons que, peu importe combien la situation peut être désespérée, Dieu protège assurément l’homme qui a foi en Lui !’’ Alors même qu’ils parlaient en ces termes, un hélicoptère qui avait décollé depuis un navire qui avait reçu des signaux de détresse repéra les deux hommes et les hissa à bord et quand ils furent de retour sur la terre ferme, ils dirent :

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‘’Il n’y a qu’une poignée de secondes entre la victoire et la défaite. La foi a gagné ! Elle a mérité la victoire et le manque de foi a provoqué la défaite et la mort.’’

104. LE POUVOIR DE LA FOI Un jeune garçon avait l’habitude de faire la navette entre son village et son école située dans une ville voisine. Il devait traverser une forêt en cours de route. Généralement, il était de retour chez lui bien avant le coucher du soleil, mais un jour, il s’avéra qu’il dut quitter l’école en fin d’après-midi et l’obscurité était déjà tombée. Le garçon redoutait de traverser la forêt dans l’obscurité et il dit à sa mère qu’il avait peur de marcher tout seul, la nuit. Sa mère lui dit : ‘’Pourquoi as-tu peur ? Chaque fois que tu as besoin de quelqu’un pour t’accompagner, crie pour appeler ton Frère et Celui-ci t’aidera.’’ Le garçon demanda : ‘’Qui est mon frère ?’’ La mère répondit : ‘’Nul autre que le Seigneur Krishna ! Dieu est Père, Mère, Maître, Frère, Parent, Ami, tout ! Chaque fois que tu as des soucis, n’hésite pas à L’appeler et Il t’aidera.’’ Le garçon avait une foi totale dans les paroles de sa mère. De nos jours, même si Dieu Lui-même dit quelque chose, personne ne Le croit ! C’est pourquoi Jésus a déclaré : ‘’Si je devais être un enfant tous les jours pendant un moment, un enfant qui a une foi totale en sa mère, comme je serais heureux !’’ Et donc, ce jour-là, le garçon s’en retournait chez lui après l’école et il faisait déjà nuit et il s’écria : ‘’Mon Frère, Krishna !’’ Au bout de quelques instants, Krishna apparut devant le garçon sous la forme d’un gamin et Il lui dit : ‘’Pourquoi as-tu peur, alors que Je suis là ? Je t’escorterai jusque chez toi.’’ Il accompagna le garçon jusqu’aux alentours de son village avant de disparaître. Le garçon raconta alors à sa mère comment son ‘’Frère’’ l’avait aidé, conformément à ce qu’elle lui avait dit et sa mère ajouta : ‘’Il ne t’aide pas seulement, toi, mais tous ceux qui recherchent Son aide.’’ A partir de ce moment-là, le garçon appela son ‘’Frère’’, chaque fois qu’il avait besoin de Son aide et Krishna ne manqua jamais de répondre et progressivement, il développa son courage. ‘’Si votre foi est totale, Dieu vous aidera sûrement et Il vous rendra intrépide. Ceux qui ont foi en Dieu ne resteront jamais seuls. Ce sont ceux qui n’ont pas la foi qui souffrent. Vous n’avez pas besoin de vous mettre en quête de Dieu. C’est Dieu qui est en quête d’un authentique fidèle’’, déclara Bhagavan.

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105. COMMENT GAGNER LA GRÂCE DE DIEU Dans un petit village vivait une famille pauvre, mais heureuse qui comprenait le mari, sa femme et leur fille. Vu qu’il n’y avait pas d’école primaire dans ce village, tous les enfants du village devaient traverser un petit bois pour atteindre un gros village où il y avait une bonne école primaire. La petite fille fut admise dans cette école. Elle avait coutume d’emporter son repas de midi dans un petit panier. Un jour, elle aperçut un vieil homme malade et faible dans une ancienne auberge délabrée qui se trouvait dans le bois. Elle s’approcha de lui et lui dit : ‘’Grand-père ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi êtes-vous tout seul dans cette vieille auberge toute délabrée ? Puis-je vous aider ?’’ Le vieil homme dit : ‘’Ma chère, je dois me rendre dans un village qui est très éloigné. Hier, je suis brusquement tombé malade et je suis même trop faible que pour aller boire de l’eau à la mare toute proche. Il est vrai que je n’ai rien mangé depuis hier.’’ La petite fille lui donna son repas de midi, alla chercher de l’eau à la mare et reprit la direction de l’école. Le lendemain, elle apporta de la nourriture pour le vieil homme dans un paquet séparé et elle alla chercher de l’eau pour lui et elle continua à servir le vieil homme de cette manière pendant une semaine complète. Le vieil homme paraissait avoir retrouvé une meilleure santé et le moral. Le septième jour, alors que la petite fille revenait de l’école, il l’appela et lui dit : ‘’Ma chère, je suis maintenant assez fort pour marcher et retourner dans mon village. Je te suis extrêmement reconnaissant pour le service aimable que tu m’as rendu, mais dis-moi la vérité. Comment as-tu fait pour te procurer de la nourriture tous les jours ? M’apportes-tu la nourriture avec la permission de tes parents ?’’ La petite fille répondit : ‘’Grand-père ! Je ne fais jamais rien sans la permission de mes parents qui m’ont appris à aider les malades et les personnes âgées. Il y a un grand arbre près de ce bois et il y a beaucoup de petits fruits sucrés qui en tombent. Sur le chemin de l’école, j’en ramasse un peu et je les emporte, puis je les vends à mes amies et à toutes personnes qui veulent en acheter et avec cet argent, je vous ai acheté à manger. Je n’ai pas volé d’argent, ni de la nourriture chez moi. Etes-vous satisfait, grand-père ? Je vous souhaite un bon voyage.’’ Le vieil homme bénit la petite fille qui se hâta de retourner dans son village. Avant de quitter le bois, le vieil homme pria ainsi le Seigneur : ‘’Ô mon Dieu ! Je ne suis pas assez riche pour aider la petite fille ou ses parents. Puisque Tu es omniscient et pleinement miséricordieux, je Te prie de bien vouloir bénir la petite fille et ses parents de la manière que Tu estimeras la plus appropriée.’’ Un jour, un vieil homme frappa à la porte de cette famille pauvre. Le père ouvrit la porte et accueillit son hôte. Le vieil homme dit : ‘’Monsieur ! Je présume que vous devez être le père de la petite fille qui va à l’école dans le village voisin. Votre fille a dû vous parler du vieil homme malade qui se trouvait dans l’ancienne auberge délabrée dans le bois. Je suis ce vieil homme. Je n’ai pas de mots pour vous exprimer ma gratitude, à vous et à votre fille. Vous devez être vraiment fier de votre fille qui

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est si gentille et qui a un si bon cœur. Je suis venu pour vous témoigner ma gratitude. Je désire aussi que vous acceptiez un peu d’argent que j’ai apporté. Je veux que vous utilisiez cet argent pour les études de votre fille.’’ Le père répondit : ‘’Ô, vénérable ! Nous sommes peut-être pauvres, mais nous n’accepterons rien de la part d’un étranger, et cela encore bien pour un service rendu par ma fille. Quelle est la valeur d’un tel service, si nous acceptons de l’argent ? Nous vous prions de bien vouloir comprendre nos sentiments. Attendez ! Je vais d’abord aller vous chercher quelque chose de frais à boire.’’ Le père partit chercher un jus de fruits et lorsqu’il revint avec le jus, le vieil homme avait disparu et il aperçut un sac avec de l’argent abandonné sur le seuil de la porte. Il courut dans la rue et il chercha partout après le vieil homme qui était introuvable. Puis il appela sa femme et dit : ‘’Qu’allons-nous faire ? Ce vieil homme a laissé ce sac avec de l’argent et nous ne connaissons même pas son adresse !’’ La femme répondit : ‘’Mon cher, utilisons cet argent pour une bonne cause. Ce doit être la volonté de Dieu que nous Lui rendions un service ou l’autre. Consacrons cet argent à l’éducation d’enfants comme notre fille. Aidons ceux qui sont encore plus pauvres que nous.’’ C’était Dieu Lui-même qui était venu bénir la gentille petite fille au bon cœur et pour faire un cadeau à ses parents. Pourquoi ? Parce que ceux-ci appliquaient Ses commandements divins : Tu nourriras les pauvres et tu serviras les malades.

106. DIEU N’ABANDONNERA JAMAIS SON FIDÈLE Il y avait un dévot du Seigneur Krishna qui s’appelait Sena du temps du régime d’Akbar. C’était le masseur royal. Tous les matins à 7 heures, il venait masser le corps de l’empereur avec de l’huile et aussi oindre sa chevelure de cette même huile. C’était une âme enjouée et il faisait son travail fort gracieusement et aimablement. Il était toujours ponctuel et ne ratait jamais son rendez-vous quotidien. Sena avait coutume de se lever tôt le matin, de prendre son bain, puis de rendre un culte au Seigneur Krishna dans son petit appartement et après avoir fini sa puja, il se rendait au palais. Un jour, il tomba en transe et il ne vit pas le temps passer. Il s’était égaré dans la contemplation de la vision de Krishna jouant de la flûte. Sa femme n’osa pas le déranger, bien qu’elle sût que l’empereur réprimanderait Sena, si celui-ci arrivait en retard. Pendant ce temps-là, dans les appartements du palais, comme à l’accoutumée, Akbar était massé par Sena et l’empereur s’exclama même chaleureusement : ‘’Sena, comme tu fais bien ton travail et aujourd’hui, tout particulièrement ! Je me sens si détendu et si joyeux ! Je suis tout à fait apaisé et soulagé de toutes mes douleurs physiques. Tes doigts doivent être divins !’’ Ceci dit, Akbar se pencha et à sa grande stupéfaction, il aperçut dans le bol rempli d’huile le reflet du visage du masseur, le visage d’un charme exquis du Seigneur Krishna ! Il n’arrivait pas à le croire. Il leva la tête pour

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bien regarder le masseur, mais celui-ci avait disparu ! Il n’y avait plus personne. C’était le Seigneur Krishna en personne qui avait fait le travail de Sena, barbier et masseur de son état ! Que devons-nous retenir de cette histoire ? Que Dieu n’abandonnera jamais Ses fidèles et qu’Il est toujours prêt à venir sauver de tout mal tout fidèle qui Lui aura offert la totalité de son cœur.

107. CHERCHEZ D’ABORD LE ROYAUME DE DIEU ET TOUT LE RESTE VOUS SERA DONNÉ DE SURCROÎT

Une fois, un grand roi organisa une exposition tout à fait exceptionnelle. C’était un grand amateur d’art, d’architecture, de musique, de science, etc. Dans cette exposition, il avait mis en valeur des objets de tous types et d’une grande variété. Cette exposition était ouverte à tous et qui plus est, elle était entièrement gratuite ! Il n’y avait aucun droit d’entrée. En outre, le roi fit encore cette annonce extraordinaire : ‘’Tous les citoyens pourront non seulement découvrir cette exposition gratuitement, mais ils pourront aussi emporter tous les objets qui les intéressent.’’ Naturellement, on se pressa au portillon. Ce fut la toute grande foule et la bousculade, une cohue d’hommes, de femmes et d’enfants qui emportèrent avidement autant d’objets et d’articles qu’ils le purent. Le roi s’amusait beaucoup en regardant tous les gens qui déambulaient joyeusement dans les allées. Soudain, ses yeux se fixèrent sur une jeune fille qui avait visité l’exposition de fond en comble, mais qui s’apprêtait à repartir les mains vides. Malgré tout, elle incarnait la sérénité et le calme. Le roi s’approcha d’elle et il lui demanda gentiment : ‘’Madame, comment se fait-il qu’aucun objet ne vous ait attirée ? N’avez-vous pas apprécié cette exposition ? N’est-elle pas à votre goût ? Pourrais-je le savoir ?’’ La jeune fille répondit gracieusement, mais fermement : ‘’Votre Majesté, cette exposition est réellement grandiose. Il ne pourrait y avoir une meilleure foire avec toute cette variété d’objets et d’articles réellement intéressants !’’ ‘’Alors, pourquoi n’emportez-vous pas au moins un ou deux articles de cette exposition ?’’, demanda le roi. La jeune fille répondit : ‘’Oh, votre Majesté, vous savez… Il n’y a pas de fin aux désirs…Je ne veux rien du tout...’’ Le roi dit alors : ‘’Madame, demandez-moi n’importe quoi et cela vous appartiendra…’’ La jeune fille dit alors avec un léger sourire qui jouait sur ses lèvres : ‘’Tiendrez-vous votre promesse, même si mon vœu est plutôt improbable ?’’ ‘’Très certainement !’’, répondit le roi. ‘’Alors dans ce cas, je ne veux que vous !’’, répondit la jeune fille. Et le roi l’épousa donc, conformément à sa parole. Désormais, étant l’épouse du roi, toute cette exposition lui appartenait. Quelle est la signification profonde de cette histoire ? Ce monde merveilleux qui est d’une variété infinie est l’exposition et Dieu est le roi et le propriétaire de cette exposition. Les citoyens du monde sont libres d’y entrer à leur guise et d’emporter autant qu’ils peuvent et de s’amuser, mais il y en a quelques-uns qui n’auront aucun désir pour les objets du monde et ne se languiront qu’après son Créateur. La jeune fille de l’histoire représente ces âmes très rares.

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Aussi, demandez ce qui vous permettra d’obtenir tout ce que vous recherchez réellement…

108. CESSE DE RÉCLAMER, Ô MENTAL ! Jadis vivait un pandit qui s’appelait Srivastanka, à Kanchipuram. Son père était le chef d’un village proche de la ville de Kanchi. Après la mort de son père, Srivastanka prit la direction du village. Les villageois l’appelaient ‘’Kooresa’’. Kooresa avait beaucoup de respect pour l’acharya Ramanuja. Son ambition de toute une vie était de devenir le disciple de Sri Ramanuja et de le servir. Un jour, il décida inopinément de renoncer à ses richesses, à ses terres et à l’administration du village pour se rendre à Srirangam, là où Sri Ramanuja vivait. Sa femme, Andal, décida également de l’accompagner. Ils durent traverser une jungle épaisse et la femme demanda craintivement à son mari : ‘’N’y a-t-il pas des brigands dans cette jungle ?’’ Kooresa répondit : ‘’Pour quelle raison devrions-nous avoir peur, alors que nous n’avons rien sur nous qu’ils pourraient bien voler ?’’ La femme confessa alors d’une voix chevrotante : ‘’J’ai apporté ton petit gobelet en or dans lequel tu bois toujours ton eau !’’ Kooresa dit : ‘’Donne-moi vite ce gobelet, que je m’en débarrasse !’’ Ce qu’il fit. Au bout de trois jours, le couple arriva à Srirangam et ils logèrent dans une auberge pour pèlerins tout près du temple de Sri Ranganatha. Kooresa était éreinté. Le voyage avait été pénible et ils n’avaient emporté aucune nourriture avec eux. La femme s’assit avec la tête de son mari qui reposait sur ses genoux. Elle était perdue dans ses pensées. Soudain, elle entendit les cloches du temple qui sonnaient pour annoncer l’offrande de nourriture au Seigneur Ranganatha. Elle pria le Seigneur : ‘’Ton serviteur est complètement affamé et Tu T’apprêtes à Te sustenter avec toute cette pléthore de nourriture riche ! Est-il juste de Ta part de laisser les choses aller ainsi ?’’ Au bout de quelques minutes, une procession partit du temple pour arriver au choultry. Une fanfare précédait une longue file de prêtres et de pandits. Ceux-ci déposèrent les offrandes de nourriture devant la dame et lui dirent que le Seigneur Ranganatha leur avait commandé d’apporter cette nourriture à son fidèle dévot dans le choultry. Kooresa se réveilla et s’assit, jeta un regard à la ronde et se demanda s’il ne rêvait pas ! Il voyait là toute une multitude de plats remplis de mets savoureux, là devant lui. Il regarda le grand prêtre et lui dit gravement et poliment : ‘’Monsieur, je n’ai jamais demandé, ni prié pour que l’on m’apporte de la nourriture. Même le Seigneur ne peut m’accorder que ce dont j’ai besoin et pour quoi j’ai prié. Comment moi, l’atma pourrais-je réclamer simplement ‘’anna’’ (de la nourriture) au Paramatma ? Je vous prie de bien vouloir emporter tout cela.’’ Mais le grand prêtre et les pandits pressèrent Kooresa d’en prendre au moins un peu comme prasad. Kooresa goûta ainsi quelques mets et donna un peu de nourriture à sa femme. Au bout d’un moment, il lui demanda ‘’Dis-moi, as-tu prié pour recevoir de la nourriture ?’’, et elle confessa,

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les larmes aux yeux : ‘’Seigneur, je n’ai pas prié pour recevoir de la nourriture ! J’ai juste exprimé mes sentiments dans une prière : ‘’Ô Ranganatha ! Comment pourrais-Tu accepter ces offrandes, alors que Ton fidèle est affamé et meurt de faim ?’’ Kooresa l’éclaira alors gentiment : ‘’Ma chère ! Comprends bien ce que je vais te dire. Celui qui donne, quand on lui demande, c’est prabhu et Celui qui donne, sans qu’on Lui demande, ce dont on a besoin, c’est Vibhu. Prabhu signifie maître et Vibhu, souverain cosmique. Un fidèle ne devrait jamais rien demander au Seigneur suprême, mais laisser simplement tout à Sa discrétion. Cesse de réclamer, ô mental ! Plus tu réclames et plus il touche le fond Et plus il faut du temps pour que la réponse vienne. N’a-t-Il pas exaucé le désir angoissé de Sabari sans être sollicité ? N’a-t-Il pas béni Jatayu, l’oiseau qui donna sa vie pour Lui ? Alors, cesse donc de réclamer, ô mental ! Kooresa nous a enseigné la leçon du lâcher-prise total. Ayez foi en Lui et permettez-Lui de vous donner ce qui vous apportera le Bien éternel.

109. CECI APPARTIENT AU FIDÈLE QUI M’EST LE PLUS CHER

Un jour, dans le saint sanctuaire du Seigneur Viswanath, à Kasi, tous les fidèles et les prêtres du temple étaient occupés à chanter des hymnes. Tout à coup, ils entendirent un bruit métallique et lorsqu’ils tournèrent la tête dans la direction d’où provenait le bruit, ils aperçurent sur le sol un plateau en or étincelant. Sans doute était-il tombé du ciel à travers une ouverture du centre de la salle qui mène au saint des saints. Tout le monde se pressa autour de lui, émerveillé, et le grand prêtre s’en approcha afin de l’examiner. Il vit qu’il portait une inscription : ‘’CECI APPARTIENT AU

FIDÈLE QUI M’EST LE PLUS CHER’’. Le grand prêtre lut l’inscription à voix haute. Tous les prêtres du temple rivalisèrent alors pour s’emparer du plateau avec le sentiment, ‘’Qui pourrait être un plus grand dévot que moi ? Je consacre mon temps, mon talent et ma force uniquement pour honorer le Seigneur Viswanath.’’ Mais si l’un d’entre eux touchait le plateau, il devenait de la vulgaire terre cuite. La nouvelle concernant le plateau en or se propagea comme un feu de forêt. Des érudits, des chanteurs, des poètes et des prédicateurs vinrent tenter leur chance, mais en vain. Les jours, les semaines et les mois passèrent, mais le plateau n’avait toujours pas trouvé d’acquéreur. Un jour, un étranger vint au temple. Il était devant l’entrée et il eut les larmes aux yeux, lorsqu’il vit des mendiants, des aveugles, des sourds et des estropiés qui réclamaient pitoyablement la charité. Il se sentit honteux de son inaptitude à les soulager de leur faim et de leur douleur. Il voulut prier le Seigneur et il entra dans le

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temple. Il vit un attroupement de gens qui discutaient de quelque chose. Il essaya de se frayer un chemin à travers la foule pour découvrir pourquoi ces gens étaient là. Il vit un plateau en or au milieu d’un enclos. Il se renseigna et on le mit au courant de l’épisode du plateau en or. Il était plutôt surpris et triste de l’attitude des gens et des prêtres. A la place de prier le Seigneur de l’univers pour tenter de Le posséder, Lui, ils étaient avides de posséder un plateau en or. Remarquant son attitude nonchalante, le grand prêtre le pria de tenter sa chance. L’étranger répondit : ‘’Ô, vénérable ! L’or et l’argent ne m’intéressent pas ; ce à quoi j’aspire, c’est la grâce de Dieu.’’ L’estime du prêtre pour cet homme augmenta. Il l’invita à nouveau : ‘’Au moins, pour nous satisfaire, tente ta chance.’’ L’étranger toucha le plateau sans aucune trace d’attachement. Et, miracle ! Il brilla avec un éclat redoublé ! Tous les prêtres s’agglutinèrent autour de lui et demandèrent : ‘’Monsieur, d’où venez-vous ? Quelles sont vos qualifications ? Quelles branches d’études avez-vous maîtrisées ? Combien d’années avez-vous passées en pénitence ?’’ L’étranger répondit calmement : ‘’Je n’ai aucun lieu particulier. Je m’arrange juste pour gagner ma vie en travaillant dur. La seule sadhana que je fais, c’est namasmarana. Peut-être ceci a-t-il purifié mon cœur et l’a-t-il rempli d’amour et de compassion. Ceci m’a permis de contrôler mon mental et mes sens. Je n’ai lu aucun livre et je ne maîtrise aucune science. Le seul art que je connais, c’est chanter le Nom divin. Les seules actions que j’accomplis, c’est être bon envers les pauvres. ‘’ Ainsi, l’unique qualification nécessaire pour être cher au Seigneur, c’est avoir un cœur compatissant et savoir contrôler ses sens et on peut y parvenir par le biais de namasmarana, avec une foi totale dans le Seigneur.

110. LES CHANTS CHERS AU SEIGNEUR Le poète, compositeur et musicien, Jaya Deva est originaire d’Orissa. Il avait écrit de nombreux chants et de nombreux vers sur le Seigneur Krishna. L’une de ses compositions les plus célèbres s’intitule ‘’Geetha Govinda’’. Elle est très populaire dans toute l’Inde. A l’époque où Jaya Deva vivait en Orissa, un certain roi, Lakshmana Sena, dirigeait cet Etat. Le roi entendit parler de la renommée et de la popularité croissante de Jaya Deva. Il entendit de nombreuses histoires sur la ferveur dévotionnelle et l’influence de ses chants. Parmi tous les chants de Jaya Deva, un chant particulier devint spécialement populaire à cette époque. Celui-ci décrit combien le Seigneur Krishna adore se promener sur les berges de la Yamuna chaque soir en profitant de la brise fraîche et agréable. Dheera Sameere Yamuna Teere Vasathi Vane vana mali !

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Ce chant à la mélodie entraînante était même zézayé par les marmots et des gens issus de toutes les classes fredonnaient ce chant, que ce soit au travail, pendant leurs loisirs ou quand ils se reposaient. Un jour, la fille d’un fermier se rendait dans l’un de ses champs pour y ramasser des légumes. Elle portait un panier sur la tête. Alors qu’elle chantait à pleins poumons ‘’Dheera sameere’’, elle entendit brusquement des pas précipités dans son dos et elle vit avec surprise qu’un charmant jeune homme la poursuivait. Alors, elle prit peur et elle se mit à courir. Le jeune homme la rattrapa et la pria de bien vouloir s’arrêter. ‘’Chère jeune fille’’, dit-il. ‘’Ne crains rien ! Je suis ce Krishna, ce Vanamali que tu chantais ! Parmi les hommes, Je suis un homme ; parmi les femmes, Je suis une femme ; et parmi les enfants, Je suis un enfant. Je suis venu pour t’accorder Mon darshan en réponse à ton chant.’’ C’est ainsi que la fille du fermier fut bénie par le Seigneur Krishna, en personne. De tels épisodes parvinrent aux oreilles du roi et le roi devint jaloux de Jaya Deva. Il était également compositeur et il composa des chants sur Krishna, une compilation appelée ‘’Abhinava Geetha Govindam’’ (le nouveau Geetha Govindam). Il décréta même que dans son royaume, seulement ses chants devraient être chantés, et pas ceux de Jaya Deva, mais les gens ne firent aucun cas du commandement royal et ils continuèrent à ne chanter que les chants de Jaya Deva. Le roi Lakshmana Sena souhaita connaître par lui-même les mérites respectifs de ses chants et de ceux de Jaya Deva. Un jour, le roi apporta les deux compositions, ‘’Geetha Govindam’’ et ‘’New Geetha Govindam’’ au temple du Seigneur Jagannath. Il déposa les deux œuvres aux Pieds de Lotus du Seigneur et il pria : ‘’Ô Seigneur de tout l’univers, je Te laisse seul juge.’’ Il ordonna aux prêtres du temple de verrouiller les portes du sanctuaire et de lui remettre les clés. Le lendemain, en début de matinée, le roi Lakshmana Sena, accompagné de la reine et des ministres, entra dans le temple. Il ouvrit les portes du sanctuaire et à sa grande surprise, il constata que le livre de Jaya Deva se retrouvait entre les mains divines et le sien dans un coin du sanctuaire. Il réalisa alors la grandeur de Jaya Deva. Seuls les chants qui fusent du cœur d’un fidèle seront approuvés par le Seigneur et non ceux qui sont composés pour faire étalage de son érudition ou de son talent.

111. UN RENONCEMENT COMPLET Jadis vivait un fidèle du Seigneur Narayana qui chantait continuellement le Nom du Seigneur. C’était également un grand érudit. Un jour, il se rendit à la cour du roi et lui fit la démonstration de son érudition par l’entremise de quelques discours. Le roi apprécia et lui fit don d’une robe en soie. L’érudit reçut ce présent avec beaucoup de joie et rentra chez lui.

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Un jour, comme à l’accoutumée, il alla prendre son bain dans la rivière pour ses ablutions matinales. Il lava sa robe de soie, l’étendit sur la rive sablonneuse, puis s’assit pour son Gayatri japa. Tout à coup, il y eut une forte rafale de vent qui emporta sa robe de soie. Pas loin de là, il y avait un dhobi qui était fort occupé par son travail et celui-ci portait une robe de soie qui ressemblait très fort à celle qui avait été offerte à l’érudit. Etant donné que c’était le dhobi du palais royal, il avait amené les robes régaliennes à laver et il avait juste envie de porter l’une de ces robes en soie pendant un moment avant de les laver. L’érudit rouvrit les yeux au terme de ses prières et il chercha sa robe qui n’était plus là. C’est alors qu’il aperçut le dhobi. Il s’approcha de lui et il lui dit : ‘’Cette robe m’appartient !’’ Le dhobi répondit : ‘’Comment cela se pourrait-il ? Elle appartient au roi !’’ ‘’Effectivement, elle appartenait certainement au roi, mais il m’en a fait cadeau’’, répondit l’érudit. ‘’Absolument pas ! C’est moi-même qui l’ai apportée ici avec toutes les autres robes du roi pour les laver. Elle ne vous appartient pas !’’, dit le dhobi. Alors, tous les deux commencèrent à se disputer et finalement, le dhobi leva la main pour frapper l’érudit et celui-ci s’écria : ‘’Oh Seigneur ! Narayana ! Sauve-moi !’’ A Vaikuntha, le Seigneur Narayana entendit l’appel de son fidèle, descendit de son trône, s’apprêta à descendre sur Terre avant de remonter rapidement sur son trône. L’épouse du Seigneur Narayana, Lakshmi, qui avait pu observer cet étrange manège du Seigneur demanda : ‘’Mon Seigneur, pourquoi êtes-vous donc descendu de votre trône pour faire quelques pas avant de vous raviser et de vous rasseoir immédiatement sur votre trône ?’’ Le Seigneur répondit avec un petit sourire : ‘’J’ai voulu aller secourir un de mes fidèles, un pandit, qui était frappé par un dhobi, mais le pandit a perdu son calme et il a lui-même entrepris de retourner les coups. Je serais venu à son secours, s’il s’était abstenu de cogner lui aussi en retour.’’ Aussi longtemps qu’un homme pense qu’il peut se défendre lui-même, Dieu ne viendra pas à son aide. Ce n’est que le renoncement total pour ne dépendre que de Dieu qui amènera la Seigneur à venir à son secours. Aussi, prions toujours avec humilité : ‘’Ô Seigneur, je suis à Toi. Que Ta Volonté soit faite.’’

112. L’INDULGENCE DE DRAUPADI Jamais Draupadi, la reine des Pandavas, ne put se montrer indifférente à l’égard de l’observance du juste code de conduite. Aswatthama, qui avait tué les fils des Pandavas, fut amené par Bhima devant Draupadi. Les Pandavas la pressèrent de punir Aswatthama de la façon la plus appropriée, mais Draupadi s’avança, lui présenta ses respects et le questionna calmement : ‘’Les Upa Pandavas que tu as tués ne t’avaient aucunement provoqué. Ils dormaient et ils étaient sans défense et sans armes. Comment as-tu pu, toi, un

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grand guerrier et le fils de Dronacharya, te résoudre à commettre un acte aussi atroce que celui de trancher la gorge d’enfants endormis ?’’ Incapable de supporter davantage la vision de la plaidoirie de Draupadi, Bhima bondit pour tuer Aswatthama, mais elle mit en garde Bhima pour qu’il ne s’abaisse pas à commettre un acte aussi indigne. ‘’Il n’est pas correct qu’un véritable guerrier tue quelqu’un qui a peur, qui vient chercher refuge, qui est endormi, qui est ivre et impuissant, qui est repentant, ni une femme, par-dessus tout, même s’il mérite d’être puni’’, dit-elle. ‘’En outre, souviens-toi qu’Aswatthama est le fils de ton guru et réalise à quel point sa mère sera affligée par le chagrin, si tu le tues.’’ Telle fut l’indulgence témoignée par Draupadi à l’égard de l’ennemi, quelqu’un qui avait tué les enfants des Pandavas.

113. UN SACRÉ ENTÊTEMENT POUR KRISHNA ! Un jour, Sathyabhama et Rukmini questionnèrent le Seigneur Krishna : ‘’Pourquoi fais-Tu toujours aussi grand cas de la dévotion de Draupadi ? Est-elle si exceptionnelle que cela ?’’ Le Seigneur répondit avec un sourire : ‘’Vous le saurez bientôt !’’ Draupadi vint rendre visite à son cher frère, Krishna, et une suite lui fut attribuée. Krishna appela Sathyabhama et Rukmini et dit : ‘’Rejoignons maintenant Draupadi dans ses appartements.’’ Draupadi les reçut avec affection et avec enthousiasme. Elle venait tout juste de prendre un bain d’huile et ses longues tresses étaient encore détachées. Elle était en train de se coiffer. Le Seigneur se tourna vers ses reines et leur dit : ‘’Regardez ! Ma sœur semble avoir quelques difficultés à peigner ses longues tresses. Pourquoi ne l’aideriez-vous pas, toutes les deux ?’’ Sathyabhama et Rukmini s’empressèrent d’accepter. Les tresses furent séparées en deux parts égales et Sathyabhama prit soin d’une moitié et Rukmini de l’autre, et tandis qu’elles peignaient toutes les deux Draupadi, elles entendirent alors un doux murmure, ‘’Krishna ! Krishna’’, qui émanait de chacun de ses cheveux. Elles en furent toutes saisies et regardèrent Krishna comme pour dire que maintenant, elles comprenaient bien la mesure de la dévotion de Draupadi. Krishna était tranquillement assis et s’amusait de la scène. La dévotion authentique est silencieuse et elle évite tout exhibitionnisme.

114. BÉNIS SONT LES CŒURS PURS, CAR ILS VERRONT DIEU

Srisailam est un grand centre de pèlerinage de l’Andhra Pradesh, renommé pour son temple consacré à Shiva et à Parvati au sommet d’une colline. Là-bas, le Seigneur

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Shiva est adoré sous la forme de Mallikarjuna et la déesse Parvati sous la forme de Bhramaramba. Il existe une légende relative à ce sanctuaire sacré et à la divinité qui y réside en tant que Shiva et Shakti. Dans un hameau tout proche de Srisailam vivaient une mère et son petit garçon de six ans qui s’appelait Balaramanna et qui étudiait à l’école primaire locale. La veille de Shivarathri, tous les garçons de l’école étaient sur le chemin du retour et discutaient de la fête avec enthousiasme. L’un des garçons dit : ‘’Ma sœur et mon beau-frère viennent, ce soir, pour Shivarathri et demain, nous irons tous au temple sur la colline. Oh, quelle joie d’être avec ma sœur et mon beau-frère !’’ Un autre garçon dit : ‘’Ma sœur et mon beau-frère sont déjà arrivés et ils m’ont apporté de nouveaux habits pour l’occasion. Nous irons tous au temple, ce soir !’’ Balaramanna les entendit discuter et il se demanda si lui aussi, il avait une sœur et un beau-frère. Il courut chez lui et demanda à sa mère : ‘’Maman, est-ce que j’ai une sœur ? Où est-elle ? Que fait mon beau-frère ? Pourquoi ne nous rendent-ils pas visite ? Mes amis s’amusent tous en compagnie de leurs sœurs. Moi aussi, je voudrais être avec ma sœur et mon beau-frère !’’ La mère connaissait les sentiments de son fils et pour le réconforter et semer en lui les graines de la foi, elle dit : ‘’Mon chéri, toi aussi, tu as une sœur et un beau-frère. Ce sont Bhramaramba et Mallikarjuna.’’ ‘’Est-ce vrai ? Où sont-ils ? Je vais aller les chercher et je les ramènerai à la maison pour la fête. Dis-moi où ils sont !’’, dit le petit garçon. La mère envoya son fils avec ses voisins au temple sur la colline. Elle leur demanda de bien veiller sur lui et elle leur remit un peu d’argent pour lui acheter quelques petits souvenirs. Balaramanna dit : ‘’Maman ! Ne devrais-je pas prendre quelque chose pour ma sœur ?’’ ‘’Non, mon fils’’, répondit la mère. ‘’Etant donné que tu es encore un enfant, ce sont eux qui te feront beaucoup de cadeaux.’’ Balaramanna fut conduit jusqu’au sanctuaire et les voisins lui montrèrent les deux idoles qui étaient magnifiquement décorées avec des fleurs et des ornements et ils dirent : ‘’Regarde ! Voici la déesse, Bhramaramba, ta sœur, et voilà le Seigneur Mallikarjuna !’’ Balaramanna courut immédiatement jusqu’à l’idole de Bhramaramba, lui prit la main et dit : ‘’Ma sœur ! S’il te plaît, rentre à la maison avec moi. Maman m’a envoyé pour t’inviter !’’ Il n’y eut aucune réponse et il courut jusqu’à l’autre idole et il dit à voix haute : ‘’Beau-frère ! S’il te plaît, viens avec moi et avec ma sœur. Je ne partirai pas d’ici sans vous !’’ Les prêtres du temple le prirent pour un fou ou pour un hurluberlu et ils l’évacuèrent du temple. La douleur de Balaramanna était immense, incommensurable. Il était déterminé à rentrer chez lui avec sa sœur et avec son beau-frère et il décida de mettre un terme à sa vie, si sa sœur et si son beau-frère n’apparaissaient pas là, maintenant, devant lui. Il courut jusqu’au bord du précipice et cria : ‘’Ecoutez ! Si vous ne venez pas avec moi, toi, ma sœur, et toi, mon beau-frère, je me jetterai en bas et je mettrai un terme à ma vie !’’ Immédiatement, il entendit quelqu’un qui l’appelait : ‘’Attends, attends, mon frère ! Nous arrivons ! Nous arrivons !’’ Le Seigneur Mallikarjuna et Bhramaramba coururent vers lui et ils le serrèrent dans leurs bras. Balaramanna dit : ‘’Vous devez venir avec moi ! Maman vous attend !’’ Et le Seigneur très compatissant et Son

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épouse accompagnèrent le petit garçon. Ils lui avaient accordé la merveilleuse vision de pouvoir les voir sous les formes de Shiva et de Shakti.

Ce que vous avez contemplé, une fois que vous l’avez contemplé, Accrochez-vous à cela, jusqu’à ce que vous remportiez la victoire.

Ce que vous avez demandé, une fois que vous l’avez demandé, Demandez-le bien fort jusqu’à ce que vous remportiez la victoire.

Ce que vous avez souhaité, une fois que vous l’avez souhaité, Souhaitez-le bien fort jusqu’à ce vous remportiez la victoire. Ce que vous avez projeté, une fois que vous l’avez projeté,

Projetez-le mieux jusqu’à ce que vous remportiez la victoire. Il doit vous accorder cela pour que vous cessiez vos lamentations.

Lamentez-vous, pleurez, priez jusqu’à ce que vous remportiez la victoire. Ne perdez pas courage et ne vous esquivez pas.

La dévotion authentique remportera certainement la victoire.

- Baba

115. LE PLAN ET LA LOGIQUE DE DIEU Entraînez, formez votre esprit à suivre le plan du Seigneur pour établir le dharma dans le monde. Que pourriez-vous faire avec votre piètre intelligence ? Il y avait un homme qui se moquait beaucoup de Dieu, car Celui-ci avait fait en sorte que l’énorme banian produise des fruits minuscules, comme des baies, alors qu’une petite plante grimpante produisait les grosses courges cireuses. ‘’Dieu n’a aucun sens des proportions !’’, disait-il. Cependant, un après-midi, au bord de la route qui menait au village voisin, il se reposa à l’ombre d’un banian et il s’endormit rapidement et lorsqu’il se réveilla au bout d’une heure, il vit une grande quantité de fruits qui étaient tombés sur son corps. Il comprit alors immédiatement que si le banian avait des fruits proportionnels à sa taille, un seul de ces fruits qui lui seraient tombés dessus depuis cette hauteur l’aurait tué. Mais heureusement, le banian abrite et donne de l’ombre aux hommes, comme aux bêtes. ‘’C’est la raison pour laquelle Dieu, dans Sa sagesse, doit avoir imaginé des fruits aussi petits’’, se dit-il en lui-même. Il remercia Dieu profusément pour son sens de la logique et il reprit la route.

116. COMMENT DEVENIR CHER AU SEIGNEUR Gauranga était le nom originel de Sri Krishna Chaitanya. Apprenons comment il a pu mériter le titre de Sri Krishna Chaitanya. Il voulut devenir très précieux pour le Seigneur Krishna. Il s’émerveillait toujours de la bonne fortune de Sa flûte qui était proche de Lui et qui Lui était si chère. Elle jouissait de la Félicité du contact des lèvres

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et des mains divines et parfois, elle reposait dans Son vêtement. Il aspirait à être aussi précieux et aussi proche du Seigneur que Sa flûte. Et puis un jour, il pria le Seigneur. ‘’Ô Seigneur ! Ne me confierais-Tu pas le secret pour que je puisse me rapprocher de Toi et devenir quelqu’un qui T’est cher ? Quelle chance a donc Ta flûte !’’ Cette nuit-là, le Seigneur Krishna lui apparut en rêve et Il lui dit : ‘’Gauranga ! Si tu veux te transformer en un instrument similaire à une flûte via lequel Mon souffle pourra se propager et duquel émanera de la musique divine, examine donc la flûte. La flûte est creuse. Il n’y a rien à l’intérieur. Quand Je souffle à l’intérieur, l’air circule librement et produit des airs enchanteurs. Alors, vide-toi ! Débarrasse ton cœur de toutes ses passions et émotions et ton esprit de tous ses désirs. A ce moment-là, Je ferai certainement de toi Mon instrument. Mais attention ! Il ne devrait plus y avoir la moindre trace d’ego, ni d’attachement en toi, car ceux-ci feraient barrage à Mon souffle qui ne pourrait pas circuler librement et aucune belle musique n’en sortirait. Je te bénis, Gauranga.’’ Gauranga se réveilla tout excité, le lendemain matin. Il savait bien que le moyen le plus sûr et le plus efficace pour purifier son cœur, c’était de chanter des bhajans. Il se dota alors d’une paire de cymbales et d’un tambour et il se mit à arpenter les rues de la ville en chantant des bhajans, mais il y avait quelques personnes en ville qui n’appréciaient guère d’être dérangées pendant leur sommeil de si bon matin et qui décidèrent de mettre un terme à ce nagara sankeerthan. Un jour, elles s’emparèrent de son tambour et le brisèrent. Gauranga n’en fut nullement affecté, mais dit simplement : ‘’Ô Seigneur ! Que Ta Volonté soit faite ! Peut-être n’apprécies-Tu pas les battements de mon tambour et c’est pourquoi, on l’a brisé.’’ Le lendemain, alors que Gauranga s’apprêtait à chanter des bhajans, quelques hommes s’approchèrent de lui et lui arrachèrent ses cymbales. Gauranga s’exclama alors extatiquement : ‘’Ô Seigneur ! Peut-être n’es-Tu pas tout à fait satisfait de la manière dont je joue des cymbales et je suis donc heureux de m’en être débarrassé !’’ Et il continua alors à chanter des bhajans tout en battant la mesure avec ses mains et il continua dans cette veine pendant des années. Cette sadhana unique le débarrassa de toute trace d’attachement et d’égoïsme et il atteignit un stade où rien que prononcer le Nom de Krishna le mettait en transe. Il n’y avait rien d’autre que la conscience de Krishna dans le sang de Gauranga et c’est la raison pour laquelle ses admirateurs et ses fervents suiveurs le baptisèrent Sri Krishna Chaitanya.

117. LE KARMA EST RESPONSABLE DE TOUT Une femme qui n’avait qu’un fils unique et qui avait perdu son mari voulut aller habiter dans un village voisin. Prenant son fils avec elle, elle se mit en chemin et en traversant une petite forêt, elle se reposa sous un arbre avec son enfant dans son giron.

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Tout à coup, l’enfant se réveilla en poussant un cri perçant et il se mit à pleurer. Sa mère se réveilla, elle aussi, et elle aperçut un cobra qui se faufila au creux d’une fourmilière, après avoir mordu son fils. Endéans quelques minutes, l’enfant mourut et la mère se mit à se lamenter désespérément de la mort de son fils unique. Un voleur qui passait par là l’entendit pleurer et lui demanda : ‘’Mère ! Que se passe-t-il ?’’ ‘’Mon fils unique a été mordu par un serpent !’’, répondit la mère. Le voleur décida alors de retourner la fourmilière et de tuer le serpent, mais la femme lui prit les mains et lui dit : ‘’Cher fils, je te prie de ne pas tuer ce cobra. Mon propre fils retrouvera-t-il la vie, si tu tues ce cobra ?’’ ‘’Ce cobra mortel pourrait mordre d’autres personnes qui pourraient venir ici’’, répondit le voleur. ‘’Il est de mon devoir de détruire cette créature venimeuse !’’ ‘’Mon fils, c’est par décret du destin que ce cobra a mordu mon propre fils’’, repartit la femme. ‘’Sa mort est la conséquence de son propre karma passé. Personne ne peut échapper aux conséquences du karma qu’il a semé au cours de ses vies antérieures.’’

118. LE RÉSERVOIR DE L’AMOUR ET DE LA BIENVEILLANCE

Il y avait dans une certaine ville qui souffrait du manque d’eau potable quelques philanthropes qui lui fournirent un puits, un réservoir et un système de distribution d’eau avec des tuyaux et des robinets. Ils étaient si satisfaits et fiers de leur bienveillance qu’ils décidèrent même d’inviter le gouverneur de l’Etat pour l’inauguration du système de distribution d’eau, un jour et au moment le plus favorable déterminé par des astrologues. Le gouverneur accepta gracieusement. Les philanthropes exultaient et ils firent même placer un segment de tuyau en or et un robinet en or fabriqués tout spécialement pour l’occasion ! Des festons et des bannières furent suspendus à un pavillon érigé autour du fameux robinet et des groupes de musiciens furent embauchés dans la métropole. Des pandits furent aussi conviés pour réciter des hymnes védiques, quand l’eau se mettrait à couler. Enfin, le grand moment arriva et le gouverneur s’approcha solennellement du robinet en or qu’il eut beau tourner, mais pas une seule goutte d’eau ne s’en écoula ! Tout le monde s’interrogea alors : mais pourquoi ? Le puits était rempli, la pompe fonctionnait et il n’y avait aucune fuite dans le réservoir. Quelle pouvait bien être l’origine de la panne ?, se demandait-on. Finalement, quelqu’un s’aperçut que c’est le segment en or qui n’avait pas été raccordé au système d’approvisionnement normal et toute la cérémonie se clôtura par un remarquable fiasco ! Si on accomplit des œuvres de charité, si l’on fait œuvre de bienveillance ou si l’on fait des sacrifices, il faut veiller à ce que ces actes de charité, de bienveillance ou ces sacrifices soient bien raccordés au réservoir d’amour de notre cœur, puisque ce n’est qu’alors qu’ils réussissent à nous procurer la joie véritable et entière d’avoir rendu les autres heureux.

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119. QU’EN EST-IL DE LA VÉRITABLE INTRÉPIDITÉ ? Un jour, un mendiant en guenilles, aux cheveux hirsutes, et sale se présenta à la porte de chez Chaitanya et resta planté là, méditatif et les yeux fermés. L’ayant aperçu, Chaitanya sortit et lui demanda : ‘’Qui êtes-vous ? Venez à l’intérieur.’’ Après avoir entendu ces paroles douces et avenantes, le mendiant ouvrit les yeux et répondit en toute humilité ‘’Swami, je ne mérite pas de rentrer chez vous, car je suis une personne méprisable qui provient de la caste des chandalas (intouchables). Je n’en suis pas digne et je pourrais souiller votre demeure sacrée.’’ Tout sourires, Chaitanya se rapprocha de lui et lui dit affectueusement : ‘’Mon fils, ne dites jamais que vous êtes mauvais, méprisable ou indigne. Qui est mauvais et qui est sacré sur cette Terre ? Tous sont sacrés, puisque le même Dieu rayonne dans le cœur de chacun, aussi veuillez entrer sans aucune hésitation.’’ Tandis que le mendiant hésitait toujours à entrer, Chaitanya lui demanda quel était le but de sa visite et le visiteur répondit : ‘’Swami, je ne cesse de psalmodier le Nom de Dieu, mais il me semble que cela manque de pouvoir spirituel. Tout comme une personne comateuse possède simplement la vie sans aucune conscience, il semblerait que je répète mécaniquement le Nom du Seigneur sans expérimenter le pouvoir divin. Je suis venu vous trouver dans l’espoir que si vous m’initiez à l’un des Noms du Seigneur, celui-ci sera chargé de pouvoir spirituel et je pourrai alors ressentir les bienfaits de psalmodier un tel Nom.’’ Chaitanya lui répondit : ‘’Tous les Noms de Dieu sont saturés de pouvoir divin. Le Nom de Dieu est omnipotent et Il rayonne de Lui-même. Il n’est donc pas correct que vous sous-estimiez l’efficacité d’aucun Nom du Seigneur, mais pour votre satisfaction, je vais vous donner l’initiation mantrique, puisque vous la désirez. Veuillez entrer, je vous prie.’’ Le visiteur répondit en entrant lentement dans la pièce, plein d’humilité, d’hésitation, de nervosité et de crainte et il s’assit dans un coin de la pièce. Constatant son embarras, Chaitanya lui dit doucement : ‘’Mon fils, pourquoi avez-vous si peur ? La liberté et l’intrépidité sont les droits de naissance de chaque homme. La liberté étant votre véritable nature, pourquoi céder à la peur ? Il vous faut reconnaître le pouvoir atmique qui se situe au-delà de toutes les pensées et évacuer la peur.’’ Ceci dit, Chaitanya se rapprocha encore plus près du mendiant qui s’écria avec appréhension : ‘’Swami, s’il vous plaît, ne me touchez pas ! Si vous me touchez, nous serons tous les deux coupables d’avoir enfreint les normes traditionnelles de notre société. Et je le dis d’autant plus que nous sommes maintenant en hiver et que si vous me touchez, vous devrez alors de nouveau vous baigner dans l’eau froide et ceci pourrait affecter votre santé. Je vous ai accepté comme guru (précepteur) et puisque, d’après les Ecritures, le guru est Dieu, en vérité, c’est contre Dieu que je pécherai en vous causant du mal. Je suis venu pour obéir à vos commandements et pour recevoir votre aide, et non pour vous faire du mal. A cause de mes péchés perpétrés dans mes vies passées, je suis né maintenant comme un intouchable. Je ne souhaite pas ajouter à mon lot de péchés en vous laissant me toucher maintenant.’’

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Chaitanya le réprimanda en entendant cela : ‘’Quel béotien vous êtes ! Vous révélez seulement votre ignorance en observant l’intouchabilité. Vous ignorez la divinité qui est inhérente en chaque être. Dieu ne fait aucune distinction de castes et de religions. Il n’y a aucune caste pour aucun des cinq éléments, à savoir, la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther qui émanent tous de Dieu. Indépendamment des castes et des religions qui sont prêchées par les hommes, tous partagent pareillement les dons de la nature qui sont offerts par les cinq éléments. Par conséquent, il n’y a aucun besoin d’observer de telles différences comme les castes et les religions. Rapprochez-vous !’’ Mais le mendiant n’arrivait pas à se défaire de sa peur, puisqu’il entretenait cette peur depuis son enfance. Cela montre que des sentiments, tels que la peur, l’amour, la haine, etc., s’enracinent profondément dans une personne, si celle-ci les nourrit pendant longtemps depuis son plus jeune âge. Chaitanya dit au mendiant : ‘’Dieu ne dote jamais l’homme avec de la peur. C’est notre propre faiblesse qui nourrit et qui entretient la peur, en raison de lacunes personnelles. Celui qui n’a commis aucun mal, ni aucun méfait n’aura aucune crainte et donc, il n’aura besoin d’aucune protection, ni d’aucune assurance. L’intrépidité est une caractéristique divine. On peut devenir intrépide via le renoncement ou via le sacrifice. Par exemple, si vous transportez avec vous ou sur vous des objets de valeur, il y a toute latitude pour avoir peur, mais si vous renoncez à ces objets de valeur, alors vous serez affranchi de la peur, où que vous soyez, y compris dans une jungle infestée de brigands. Mon cher enfant, réalisez que votre nature même, c’est une intrépidité absolue en toutes circonstances. Restez fidèle à votre véritable nature !’’ Ceci dit, Chaitanya étreignit le mendiant, mais celui-ci se mit à trembler avec des sentiments mêlés de félicité et de crainte – de félicité à cause de l’étreinte d’un saint, comme Chaitanya, et de crainte à cause de la méprise selon laquelle Chaitanya serait souillé par le contact physique avec lui. Il s’écria : ‘’Oh, Swami ! Ne laissez pas mes péchés vous souiller !’’ Riant de sa déclaration, Chaitanya lui dit en le rassurant : ‘’Oh, innocent que vous êtes ! Vous et moi, nous sommes un, maintenant. Nous ne sommes plus séparés.’’ Ceci dit, Chaitanya l’étreignit chaleureusement et lui murmura à l’oreille le Nom du Seigneur. Le Nom alla directement se loger dans le cœur du vieil homme et le transforma tellement qu’il s’exclama extatiquement : ‘’Swami ! Personne n’est aussi fortuné que moi-même, car je suis maintenant sanctifié, sacré et pur ! Je me suis débarrassé de l’idée fausse de n’être que ce corps composé par les cinq éléments et j’ai réalisé quelle était ma véritable nature par votre grâce et par la grâce du Nom du Seigneur que vous m’avez donné !’’ Notre vie devient sanctifiée, quand nous chérissons le Nom du Seigneur dans notre cœur avec un sentiment d’amour intense. En l’absence d’un tel amour, toutes les soi-disant ou prétendues pratiques spirituelles s’avéreront vaines et inutiles. Des disciplines spirituelles diverses et variées ne sont nécessaires que pour la purification du cœur. Une fois que le cœur devient pur, l’étude des Ecritures ou les pratiques spirituelles ne sont plus utiles. Après toutes ces explications, Chaitanya exhorta son nouveau disciple à renoncer à la peur une fois pour toutes. A partir de là, ce mendiant devint connu sous le nom de Haridasa.

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La morale de cette histoire, c’est que nous devrions laisser tomber toutes les différences qui se basent sur notre naissance et sur notre statut dans la vie et psalmodier ou chanter les Noms du Seigneur avec un amour et une dévotion intenses. D’abord, le Nom devrait faire fondre le cœur du fidèle et puis ensuite seulement, il peut faire fondre le cœur de Dieu et attirer Sa grâce sur le fidèle. Dieu ne se soucie pas de savoir pendant combien de temps, ni quelle voie vous avez suivie en pratiquant la sadhana. Ce qu’Il veut, c’est un amour pour Lui qui soit sincère, sans réserve et intense.

120. SHIVA ET SHANKARACHARYA Alors que Shankaracharya se trouvait à Kasi (Varanasi), à l’approche d’un intouchable, il s’écria : ‘’Eloignez-vous ! Eloignez-vous !’’ et l’autre homme lui demanda : ‘’Qui voulez-vous éloigner de vous ? Le corps ? Le corps est inerte. Quel droit votre corps inerte a-t-il de demander à mon corps inerte de s’éloigner de lui ? Tous les deux sont inertes. Comment un objet inerte peut-il s’adresser à un autre ? Ou alors, peut-être voulez que l’Atma en moi s’éloigne de vous ? L’Atma en moi est identique à l’Atma en vous. Qu’est-ce qui devrait s’éloigner de vous ?’’ Il y eut une discussion entre eux à propos du corps et de l’Atma, au bout de laquelle Shankaracharya réalisa que la personne qui avait reconnu le principe de l’Atma n’était personne d’autre que le Seigneur Lui-même et il se prosterna devant l’homme qui lui faisait face. Alors, Shiva révéla qui Il était et il dit à Shankaracharya : ‘’C’était pour enlever de ton esprit cette notion inappropriée que j’ai pris la forme d’un intouchable.’’

121. UBHAYA BHARATHI Au cours de ses périples philosophiques victorieux à travers Bharat (l’Inde), Adi Shankaracharya rencontra Sri Mandana Misra et il débattit avec lui sur les facultés intellectuelles. Tous les deux convinrent qu’Ubhaya Bharathi, une grande âme érudite au cœur pur et totalement désintéressée, était la personne la plus compétente pour décider qui remporterait ce débat. Ubhaya Bharathi n’était nulle autre que la femme de Mandana Misra. Ce choix était unique sous de nombreux aspects. Que Shankaracharya soit prêt à avoir comme juge dans ce débat la femme de son opposant était remarquable ! C’était-là le plus grand témoignage de sa foi en l’impartialité totale d’Ubhaya Bharathi. Shankaracharya savait que la faculté discriminatrice de l’intelligence était supérieure à la capacité intellectuelle de l’ingéniosité. Les étudiants devraient comprendre le pouvoir de l’intelligence. Il ne s’agit pas de l’intelligence, comme on la comprend couramment, la simple faculté de l’intellect. C’est l’intelligence où la pureté et la vérité se combinent au zèle et à la loyauté. Ubhaya Bharathi était dotée d’une telle intelligence. L’intelligence inclut aussi le yoga et le Principe suprême qui possède une influence purificatrice sur l’intelligence. L’intelligence n’est donc pas seulement la capacité de penser ou le pouvoir de délibérer ou de discriminer. Au-delà, il y a la faculté d’investigation

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profonde et de pouvoir juger et dotée de cette capacité, Ubhaya Bharati se prononça en faveur de Shankaracharya et contre son mari. Cette décision se fondait sur la vérité et la pureté. Shankaracharya était extrêmement satisfait du verdict d’Ubhaya Bharathi. Ubhaya Bharathi déclara alors qu’en vertu de l’accord préalable entre les deux participants du débat, le vaincu ― en l’occurrence Mandana Misra ― prendrait le sanyasa et deviendrait disciple de Shankaracharya. Dans le même temps, comme femme dévouée de Mandana Misra se conformant aux idéaux de la féminité indienne, d’après lesquels la femme devrait suivre son mari dans sa bonne ou dans sa mauvaise fortune, Ubhaya Bharathi décida de devenir elle-même sannyasin. Bien qu’elle ne fût pas dans l’obligation d’adopter la vie monastique, elle décida de le faire. Elle fonda un ashram, où elle voulut montrer aux érudits arrogants qui s’appuyaient sur la simple expertise intellectuelle qu’elle était inférieure à l’intelligence qui était associée à la vérité et à la pureté. Un jour, en allant à la rivière pour s’y baigner avec ses disciples, elle aperçut un ascète qui avait renoncé à ‘’tout’’ dans la vie et qui dormait au bord de la route avec sa tête qui reposait sur un pot à eau vide, en l’utilisant comme un oreiller et en s’assurant ainsi que personne ne le lui déroberait. Tant que vous entretenez un attachement ou de l’ego, vous ne pourrez jamais comprendre l’Atma, ni expérimenter la félicité atmique et dans l’idée de donner une leçon à cet ascète, Ubhaya Bharathi s’adressa ainsi à l’une de ses disciples, à la portée des oreilles de celui-ci : ‘’Regarde cet ascète qui a ostensiblement renoncé à tout type d’attachement, mais sans renoncer à son attachement à l’égard de son pot à eau !’’ Ces paroles le piquèrent au vif et il pensa : ‘’Une simple femme a-t-elle le droit de m’enseigner comment me comporter ?’’ Tandis qu’Ubhaya Bharathi s’en retournait de la rivière, l’ascète jeta le pot à eau à ses pieds et il lui dit : ‘’Alors, qu’en est-il de mon renoncement ?’’ Ubhaya Bharathi observa alors : ‘’Hélas ! Non seulement vous êtes encore rempli d’attachement, mais vous êtes aussi rempli d’ego !’’ En entendant ces paroles, l’ascète courut vers elle, se prosterna à ses pieds et il l’implora de lui pardonner ses lacunes.

122. LE SAGE, LES HOMMES ET LES ANIMAUX Un jour, un fin renard se mit à s’interroger : ‘’Pourquoi donc l’homme est-il considéré comme la consécration de la création et en quoi est-il supérieur aux animaux ? L’homme et la bête ont pareillement des émotions et des passions. Ils ont pareillement de bonnes et de mauvaises qualités. Pourquoi alors cette supériorité ? Allons voir le roi lion et demandons-lui son avis.’’ Et le renard se rendit chez le lion, ventre à terre. ‘’Quelle joie de vous revoir après si longtemps ! Dites-moi donc ce que vous désirez’’, dit le lion. Le renard répondit en toute humilité : ‘’Ô roi ! L’homme devient tout puissant et il revendique la supériorité sur toute la création ! Je ne puis supporter l’arrogance de l’homme et sa prétendue supériorité sur tous les animaux. En quoi lui sommes-nous inférieurs ? Ne sommes-nous pas en mesure d’établir notre

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supériorité ? Nous devons faire quelque chose par rapport à cela !’’ Le lion acquiesça et dit : ‘’C’est juste, mon cher, qu’allons-nous faire ?’’ Le lion et le renard discutèrent du problème pendant longtemps et ils décidèrent finalement d’organiser une grande réunion de tous les animaux dans la forêt, où ils mettraient sur la table tous les mérites et les démérites relatifs des hommes et des animaux. Puis, le lion dit au renard : ‘’Allez procéder à tous les arrangements nécessaires pour cette grande réunion et invitez tous les animaux, petits et grands, sans exception. Mais qui présidera lors de cette réunion ?’’ ‘’Il y a un sage dans notre forêt qui pratique la pénitence depuis longtemps’’, dit le renard. ‘’C’est un ami de l’homme et des animaux. Il n’aura sûrement aucune préférence, ni aucun préjugé. Pourquoi ne pas lui demander de présider la réunion ?’’ ‘’Faites-donc !’’, répondit le lion. Endéans une semaine, le renard exécuta l’entièreté du plan. Une grande zone dans la forêt fut éclaircie pour organiser la réunion et le jour convenu, tous les animaux se mirent à converger vers l’endroit prévu. Très vite, ils s’installèrent à leurs places respectives. Le sage arriva à l’heure et il prit son siège présidentiel. Le lion et l’éléphant se placèrent de chaque côté de lui, tandis que le renard prit place face à l’assistance. Le renard qui était le secrétaire de la réunion souhaita la bienvenue à l’assemblée : ‘’Je vous souhaite la bienvenue à tous et je vous remercie d’avoir bien voulu participer à cette grande réunion.’’ Faisant référence à l’ordre du jour de la réunion, le renard dit : ‘’Il me plaît de vous soumettre quatre points majeurs au sujet desquels nous devons délibérer. Il vous faudra bien y réfléchir et puis donner votre avis, ces points ayant un lien vital avec le respect de nous-mêmes :

1. L’homme et les animaux sont nés pareillement de la matrice d’une mère. Alors pourquoi les animaux devraient-ils être nommés d’une certaine façon et les hommes d’une autre ? Ils devraient être appelés similairement.

2. Il existe une notion bizarre d’après laquelle l’homme serait sage et les animaux stupides ! Nous ne pouvons pas accepter une telle humiliation, ni de telles stigmates non fondées.

3. On prétend que l’homme dispose de la très gracieuse faculté de parole, mais quelle raison y a-t-il d’en être fier, alors que l’homme ne fait qu’abuser de cette faculté ? De quelle manière souffrons-nous de l’absence de cette faculté ? Serions-nous muets, nous sommes capables de nous procurer de la nourriture, de trouver un abri, d’élever nos enfants et de vivre heureux. Aussi, on ne peut pas considérer que l’homme nous est supérieur, uniquement en raison de cette faculté rare dont il peut se vanter.

4. Et finalement, on dit que nous sommes cruels et que l’homme est bon et compatissant ! Mais dans les faits, nous sommes plus aimables et plus attentionnés que l’homme et donc, nous devons également réfuter une telle allégation.

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Après avoir lu l’ordre du jour, le renard s’en retourna à sa place. Le lion s’avança alors et levant la tête, il dit sur un ton digne : ‘’J’approuve totalement tous les points qui sont à l’ordre du jour. Je ne puis considérer l’homme comme nous étant supérieur, en aucune manière. Prenons d’abord l’élément de la vaillance et de la force. Y a-t-il un seul homme qui puisse me surpasser en force et en vaillance ? Mais même si je suis l’unique monarque de la forêt, moi je ne trempe dans aucune injustice, ni dans aucune corruption ! Je ne tue aucun animal, si ce n’est pour me nourrir. Alors, l’homme peut-il prétendre nous être supérieur ?’’ ‘’Jamais, jamais !’’, rugit toute l’assemblée. Le lion reprit sa place à côté du sage et l’éléphant se leva pour proclamer sa propre gloire : ‘’En termes de physique, de stature et de puissance, je suis de loin supérieur à l’homme. C’est un pygmée à côté de moi ! Quant à mon esprit, je suis réputé pour avoir une intelligence subtile. Depuis des temps immémoriaux, pour chaque cérémonie importante et auspicieuse qui est célébrée dans le temple ou au palais, ma présence est considérée comme étant propice. Des hommes pieux m’offrent même des fleurs et des fruits, avec un sentiment de profond respect. Alors, comment l’homme peut-il prétendre nous être supérieur ?’’ ‘’C’est impossible, c’est impossible !’’, s’exclama toute l’assistance. Et l’éléphant retourna à sa place à côté du sage. Puis, le chien s’avança et après avoir salué l’assistance, il dit : ‘’J’ai de bonnes raisons d’affirmer que les animaux sont certainement supérieurs aux hommes. Prenez par exemple les qualités d’amour, de fidélité et de loyauté. Un homme peut-il se targuer d’être supérieur au chien, en ce qui concerne ces qualités ? L’homme lui-même nous garde et nous traite comme un membre de sa famille en raison de telles qualités rares. Mais qu’en est-il des hommes ? Ils n’ont pas la moindre gratitude, car ils nous nourrissent avec des produits alimentaires bon marché ou les restes de leurs repas. Je n’ai aucun doute que nous les animaux, nous sommes nettement supérieurs aux hommes, en ce qui concerne ces nobles caractéristiques.’’ Et après s’être exprimé ainsi, il retourna dans son coin sous les acclamations du public. C’était maintenant au tour du président de rendre son verdict concernant le sujet de la controverse. Le sage se leva et il dit : ‘’Mes amis, ce que le chien a dit est vrai. L’homme dit souvent une chose et il en fait une autre et on ne retrouve pas cette incohérence chez les animaux.’’ Tous les animaux applaudirent longuement. Le sage poursuivit : ‘’En ce qui concerne la nourriture, le sommeil et d’autres habitudes de vie, il n’y a absolument aucune différence entre l’homme et les animaux. Mais il y a par ailleurs une différence fondamentale : les animaux sont dans l’incapacité de se transformer, alors que l’homme peut se transformer via l’éducation, la bonne compagnie et l’émulation. Les animaux ne peuvent même pas modifier leurs habitudes alimentaires.’’ Le renard se leva immédiatement et lui posa cette question : ‘’Ô maître, ce que vous avez dit est la vérité, mais pensez-vous que tous les hommes se transforment ?’’ ‘’Eh bien, il ne fait aucun doute que les hommes qui ne le font pas sont pires que des animaux !’’, dit le sage. Tous les animaux applaudirent et

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jubilèrent. Cependant, le sage poursuivit : ‘’Les hommes possèdent également une autre vertu : le discernement.’’ ‘’Il est vrai qu’ils ont un certain discernement’’, consentit le renard, ‘’mais comment en font-ils usage ? Ils font même honte aux animaux par leur mauvaise conduite. Quelle pitié ! Et l’homme consacre tout son temps, tous ses talents, toute sa force et tout son argent à gagner sa croûte, alors que nous, les animaux, nous nous procurons notre nourriture sans travailler !’’ Le sage se rendait bien compte que le renard essayait de dépasser les limites et qu’il faisait trop grand cas de leur nature instinctive aussi ajouta-t-il : ‘’Oh, mes chers animaux ! Je dois aussi évoquer une autre différence importante. L’homme peut conquérir l’illusion ! Il peut réaliser le Soi ou l’Atma et parvenir à l’immortalité. En se détachant de l’illusion et en acquérant la Vision atmique, l’homme peut devenir Dieu. Pourquoi ne pas reconnaître et admettre vos propres limitations ?’’ ‘’Ô sage’’, répondirent-ils, ‘’voulez-vous dire que tous les hommes agissent dans ce sens ?’’ ‘’Non, non, pas tous’’, répondit le sage. ‘’Alors, tous ceux qui n’atteignent pas le Nirvana en conquérant l’illusion et en acquérant la Vision atmique doivent être considérés comme nos camarades !’’, déclarèrent unanimement les animaux. ‘’Oh, mes chers !’’, repartit le sage, ‘’je suis venu dans cette forêt uniquement pour être votre ami et pour prouver que je suis un homme authentique.’’

123. LES DONS DE LA GRÂCE ET L’INGRATITUDE Un jour, Jésus déambulait dans les rues d’une ville. C’était un quartier de taudis et il aperçut un jeune homme par terre, ivre mort. Il s’approcha de lui, s’assit à côté de lui et le réveilla. Le jeune homme ouvrit les yeux et vit Jésus. Jésus lui demanda : ‘’Fils ! Pourquoi gaspilles-tu ta précieuse jeunesse à boire ?’’ Le jeune homme répondit : ‘’Maître, j’étais un lépreux. Vous m’avez guéri de la lèpre. Que puis-je faire d’autre ?’’ Jésus poussa un soupir et il s’éloigna. Dans une autre rue, il vit un homme qui était aux trousses d’une jolie femme. Jésus le rattrapa et lui demanda : ‘’Fils, pourquoi profaner ton corps en te livrant à un acte aussi immoral ?’’ L’homme répondit : ‘’Maître, j’étais totalement aveugle et vous m’avez rendu la vision ! Que puis-je faire d’autre ?’’ Jésus s’engouffra dans une autre rue et il vit un vieil homme qui pleurait amèrement. Jésus s’approcha de lui et le toucha gentiment. Le vieil homme essuya ses larmes et regarda Jésus. Jésus l’interrogea : ‘’Pourquoi pleurez-vous, vieil homme ?’’ Celui-ci répondit : ‘’Maître, j’étais à l’article de la mort et vous m’avez sauvé la vie ! Que puis-je faire d’autre, excepté pleurer, dans mon grand âge ?’’ En périodes de difficulté et de détresse, nous réclamons l’aide de Dieu, mais une fois que Dieu, dans Son amour et Sa compassion illimités a répondu à nos prières, nous L’ignorons pour retomber dans nos vies égocentriques. Nous devons nous prévenir contre ce formidable péché d’ingratitude à l’égard de Dieu.

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124. CHALO RE MAN GANGA YAMUNA TEER Meera était une grande dévote du Seigneur Krishna depuis sa tendre enfance. Tout au long de sa vie, elle adora seulement Krishna, de tout son cœur. Elle ne désira et elle n’aspira jamais à rien d’autre qu’à la grâce du Seigneur Krishna. Néanmoins, elle chérissait tout de même un désir, celui d’installer sa magnifique idole du Seigneur Krishna dans un temple de marbre et elle se demandait si son unique désir serait un jour exaucé ou non. En temps voulu, elle devint une belle jeune fille et on la maria à Maha Rana de Chittorgarh. Meera, qui à cette époque venait tout juste d’entrer dans l’adolescence, ne nourrissait aucune attente par rapport au mariage ou à la vie conjugale et donc, son amour pour Krishna l’accompagna à Chittorgarh. Là, elle demanda à son mari d’ériger un temple pour son idole et Maha Rana érigea un temple de marbre pour le Seigneur Krishna pour plaire à sa femme. La joie de Meera fut incommensurable. Son vœu était enfin exaucé. Hélas ! Car elle ne pouvait pas alors réaliser la désolation que cet unique désir introduirait dans sa vie. Meera consacrait tout son temps à vénérer le Seigneur Krishna et à chanter des bhajans. La plupart du temps, elle se trouvait dans le temple, ce qui irritait particulièrement Maha Rana, car il avait l’impression que sa femme l’ignorait, aussi ordonna-t-il la fermeture du temple et donc, Meera fut empêchée d’entrer dans le temple. Elle en fut choquée au-delà de toute mesure. Elle ne savait plus quoi faire. Elle retrouva toutefois vite sa bonne humeur coutumière et se dit : ‘’Pourquoi devrais-je me chagriner de la fermeture de ce temple ? Maha Rana a pu le fermer, parce qu’il a été construit par lui, mais comment pourrait-il fermer les portes du temple de mon cœur où réside le Seigneur ? C’est le temple érigé par Dieu et la résidence réelle de Dieu. Le Seigneur n’a-t-Il pas dit Lui-même : ‘’Où que Mes dévots chantent, Je suis présent là, Narada’’ ? Je L’atteindrai là.’’ Et c’est ainsi que Meera devint une âme illuminée qui chantait :

Chalo re man Ganga Jamuna Teer (Ô mental, rends-toi où confluent le Gange et la Yamuna)

Ganga Jamuna nirmala paani Sithala hota sharir.

(Et là, immerge-toi dans les eaux pures de ces rivières. Le corps entier en sera rafraîchi.)

La signification profonde du chant est : ‘’Oh mental, fixe-toi fermement entre les sourcils où se croisent les deux nerfs, ida et pingala, et tu es sûr d’avoir la vision magnifique du Seigneur. Meera décrit cette vision :

Mora mukta peetambara shobhe Kundala rajatha sarir.

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‘’Tu verras le Seigneur dans toute Sa splendeur, vêtu d’une robe de soie jaune, couronné d’une plume de paon, porteur de boucles d’oreille dorées étincelantes.’’

Ainsi, Meera retourna la punition à son avantage : elle eut mentalement la vision du Seigneur, de l’idole qu’elle ne pouvait plus voir. Primo, elle était avec le Seigneur dans le temple. Puis, elle réalisa que le Seigneur était en elle avant d’aspirer à s’unir, à devenir une avec Lui, le but ultime auquel aspire chaque fidèle.

125. LES TROIS STADES Un petit bouvier qui avait une grande foi en Dieu vivait dans un village et chaque fois qu’il avait du temps, il allait au temple du village écouter les discours d’un pandit. Un jour, le pandit décrivit la forme magnifique du Seigneur Vishnu : ‘’Il a le teint mat ; Il arbore une belle marque blanche sur le front ; Il monte un aigle blanc ; Il est extrêmement compatissant ; Il se précipiterait pour accorder Sa vision à Son dévot et Il accepterait même la nourriture offerte, pourvu que sa prière soit sincère ; Il apprécie beaucoup la musique et les chants dévotionnels et on peut gagner Sa grâce en chantant des bhajans et en priant.’’ Le jeune bouvier écouta très attentivement chaque mot concernant la description du Seigneur qui produisit sur son cœur une impression indélébile. ‘’Il me faut voir le Seigneur !’’, pensa-t-il. Ce jeune bouvier avait l’habitude de prendre pour son déjeuner du riz cuit trempé dans du babeurre et il décida de l’offrir au Seigneur. Se souvenant de la description du pandit, il chanta : ‘’Ô Seigneur au teint mat qui porte une marque blanche sur le front, qui monte un aigle blanc, je Te prie de bien vouloir descendre et d’accepter ce babeurre et ce riz !’’ Il chanta cette ritournelle à plusieurs reprises, mais il n’y eut aucune réponse. Il décida alors de ne pas manger la nourriture, à moins que celle-ci ne soit acceptée par Dieu. Il continua d’offrir de la nourriture comme celle-ci et de chanter sa ritournelle tous les jours pendant une semaine. A la fin de la semaine, il avait perdu toutes ses forces, puisqu’il n’avait pas touché à la nourriture, ni bu depuis plusieurs jours. Il pensait que Dieu n’avait pas répondu en raison de ses propres manquements. Peut-être que sa chanson n’était pas suffisamment mélodieuse que pour faire fondre le cœur du Seigneur. Un jour, alors qu’il chantait et qu’il priait comme de coutume, un vieux brahmane apparut devant lui. Le bouvier lui demanda : ‘’Qui êtes-vous, Monsieur ? D’où venez-vous ?’’ ‘’Je suis Narayana !’’, répondit le brahmane, ‘’et je suis venu en

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réponse à tes prières.’’ Le jeune bouvier le regarda, puis dit : ‘’Votre forme n’est pas conforme à la belle forme décrite par le pandit. Vous ne pouvez pas être Narayana !’’ Cependant, le bouvier voulut éclaircir son propre doute, aussi demanda-t-il au vieux brahmane de revenir au même endroit à 7 heures, le lendemain matin. Ce soir-là, le bouvier courut chez le pandit, lui raconta tout ce qui s’était passé et lui demanda de bien vouloir l’accompagner jusqu’au lit de la rivière, le lendemain matin. ‘’Je n’ai pas encore perdu toute ma tête que pour t’accompagner voir cet homme qui prétend être Narayana !’’, s’écria le pandit. Le jeune bouvier tomba à ses pieds et versa des larmes à profusion et ajouta qu’il mourrait, s’il ne l’accompagnait pas. Le pandit finit par accepter et la nouvelle se répandit dans tout le village. Le lendemain matin, à 7 heures, le pandit, le bouvier et les villageois atteignirent le lit de la rivière. Tout à coup, le bouvier indiqua quelque chose et dit : ‘’Voilà le vieux brahmane qui est venu hier !’’ Le pandit et les villageois ne virent personne et dirent : ‘’De qui parles-tu ? Il n’y a personne ici, imbécile ! Tu nous as causé inutilement tout ce dérangement et tu dois être puni !’’ Alors, quelques-uns d’entre eux entreprirent de lui administrer une correction et le jeune bouvier se mit en colère contre le vieux brahmane et lui dit : ‘’C’est vous le responsable de mon malheur ! Attendez, je vais vous donner une bonne leçon !’’ et il gifla le vieux brahmane. Abruptement apparut à sa place le Seigneur Vishnu au teint mat, dans toute Sa splendeur. Il portait une robe jaune, des bijoux étincelants, montait un aigle blanc et Il avait un sourire enchanteur. Le petit bouvier se mit à danser de joie et à chanter : ‘’Oh Seigneur au teint mat qui monte un aigle blanc ! Oh Père, Tu es descendu par compassion pour moi !’’ A ce moment-là, un char descendit du ciel et le Seigneur demanda au jeune bouvier d’y monter et Dieu et Son dévot disparurent. Le pandit érudit et les villageois réalisèrent seulement alors que seule une aspiration sincère vaudra à quelqu’un la Grâce divine. Cette histoire illustre les trois stades de la voie pour réaliser Dieu. Le bouvier avait une grande foi en Dieu, mais il ne suffit pas d’avoir simplement la foi. Il doit y avoir le désir intense de connaître Dieu. Il écouta la description du Seigneur et de Son amour pour Son fidèle, donnée par le pandit. C’est la première étape, la connaissance qui concerne le Seigneur, par l’entremise des Ecritures ou d’un guru. L’étape suivante, c’est une aspiration intense pour voir le Seigneur et cette aspiration intense sera récompensée par une vision. Il ne suffit pas de voir n’importe quelle forme. On doit voir le Seigneur dans la forme à laquelle on aspire et cette vision fut aussi accordée au bouvier, mais ce n’est pas non plus le stade ultime. L’apothéose, c’est la fusion avec le Seigneur, devenir Un avec Lui.

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Jnatum drashtum cha tatvena Praveshtum cha paramtapa.

Bhagavad Gita, 11.54

126. LE MARTYRE DE MANSOUR Il y a environ 400 ans vivait un homme qui s’appelait Mansour dans la cité de Bénarès. Grâce à ses bons samskaras (les bonnes tendances dont il avait hérité) et à l’enseignement de son précepteur, il avait développé une foi ferme dans le dicton védique ‘’Aham Brahmasmi’’ (Je suis Dieu). Quand des gens l’entendaient répéter cet aphorisme, ils lui demandaient s’il était réellement Dieu et il leur répétait trois fois catégoriquement : ‘’Oui, je suis Dieu !’’ En temps voulu, il devint la cible de la jalousie et de la haine d’hommes importants de Bénarès, dont des savants védiques et des chefs d’institution religieuses. Ceux-ci se rendirent en groupe auprès du roi de Bénarès et se plaignirent de Mansour en disant qu’il n’avait aucune connaissance du sanskrit, ni des Ecritures, mais qu’il déambulait en criant ‘’Je suis Dieu !’’ et qu’il outrageait ainsi même d’éminents érudits et d’éminents pandits. Le roi convoqua Mansour à la cour et lui demanda : ‘’Qui êtes-vous ?’’ La réponse fusa : ‘’Je suis Dieu !’’ Le roi le fit examiner par des médecins qui conclurent qu’il n’était pas fou. Alors, le roi lui conseilla de cesser de répéter qu’il était Dieu en raison des plaintes des experts et des chefs religieux, suivant lesquelles il se rendait coupable de blasphème. Mansour refusa catégoriquement d’obéir à l’ordre du roi et déclara qu’il préférerait renoncer à la vie plutôt que de désavouer sa foi inébranlable et sa conviction ferme de son unité avec le divin. ‘’Pourquoi voulez-vous que je délaisse la vérité ?’’, demanda-t-il hardiment au roi. La vérité, c’est que je suis Dieu, que vous êtes Dieu et que chacun est Dieu !’’ Etant donné qu’il ne voulait pas changer d’attitude, malgré toutes sortes de tentatives de persuasion et de menaces, le roi ordonna qu’on lui coupe les mains pour avoir commis le délit de désobéir au roi. Alors que les sbires du roi maintenaient fermement Mansour et levaient leurs sabres rutilants pour lui trancher les mains, Mansour continuait de crier hardiment et de plus belle ‘’Aham Brahmasmi !’’ Après lui avoir coupé les deux mains, les bourreaux se rendirent auprès du roi et lui rapportèrent que Mansour répétait résolument sa déclaration en souriant, alors même que ses mains avaient été tranchées et qu’il saignait profusément. Le roi se rendit alors sur la scène du calvaire de Mansour et il constata que le lieu résonnait avec le mantra sacré ‘’Aham Brahmasmi’’ qui continuait de jaillir de la bouche d’un Mansour souriant et de son sang qui s’écoulait en abondance sur le sol. Peu de temps après, Mansour rendit son dernier soupir, le visage calme et souriant, et ‘’Aham Brahmasmi’’ toujours sur le bout de la langue.

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Le roi était profondément ému et il se prosterna aux pieds de Mansour. Il convoqua les savants, les prêtres, les pandits et les chefs des institutions religieuses qui avaient formulé une plainte à l’encontre du très saint Mansour. Aussitôt qu’ils furent arrivés, il les tança en disant : ‘’Quelle est l’utilité de tout votre savoir livresque ? Vous n’avez pas su reconnaître, ni comprendre la grandeur de Mansour. C’était un homme d’unité entre pensée, parole et action. Vous, vous ne mettez pas en pratique ce que vous lisez, ni ce que vous enseignez. Vous êtes une bande de rats de bibliothèque envieux d’une réelle grande âme ! Fourvoyé par vos plaintes, j’ai commis le péché de tuer un saint. Toutefois, il est devenu un martyr en soutenant la vérité la plus haute, ‘’Aham Brahmasmi’’. Pour vous donner une leçon et pour vous fournir une source d’inspiration à vous ainsi qu’à vos descendants, je vais faire ériger un mémorial pour Mansour dans votre agrahara7 même ! Le critère de la vraie dévotion, ce n’est pas l’expertise en matière d’Ecritures ou l’accomplissement routinier de pratiques soi-disant spirituelles, mais la réalisation de la divinité qui est en soi et dans tous les autres et qui ne peut s’obtenir que par une adhésion constante à la vérité, à la pureté du cœur et à l’amour universel. Là où il y a chitta suddhi (pureté de l’esprit et du cœur), il y aura jnana siddhi (acquisition de la sagesse). Celui qui a la pureté de l’esprit et du cœur n’a aucunement besoin de se rendre dans la forêt, ni dans les centres de pèlerinage en quête de Dieu. Il trouvera Dieu en lui-même et dans autrui.

127. LA BÉATITUDE EST BRAHMAN Un jour, Brighu, le fils de Varuna, s’approcha de son père et lui demanda : ‘’Père, voudrais-tu m’éclairer par rapport à Brahman ?’’ Le sage Varuna répondit affectueusement : ‘’Fils, personne ne peut éclairer quelqu’un d’autre par rapport à Brahman. On doit soi-même en faire l’expérience par l’entremise de la méditation. Va pratiquer la méditation et l’auto-investigation ou la recherche du Soi. Je te bénis.’’ Brighu alla dans la forêt pratiquer la méditation. Il pratiquait également l’auto-investigation. Il réfléchissait à diverses questions relatives au monde spirituel. Un jour, il pensa : ‘’Quelle est la chose la plus essentielle qui est nécessaire pour l’existence de tous les êtres vivants, en général, et de l’homme, en particulier ? Ce doit être la nourriture’’, décida-t-il. ‘’L’homme vit, croît et ne travaille qu’à cause de la nourriture. La chose la plus essentielle pour la vie, c’est la nourriture, aussi la nourriture est Brahman.’’ Il courut chez son père et dit : ‘’Père, je sais ce qu’est Brahman ! La nourriture est Brahman !’’ Varuna répondit en souriant : ‘’Non, mon fils, la nourriture n’est pas Brahman. Retourne méditer.’’ Brighu retourna dans la forêt et il poursuivit ses austérités pendant quelque temps. Un jour, il songea : ‘’La nourriture est peut-être essentielle, mais sans énergie, comment la nourriture peut-elle être digérée ? Quelle est cette énergie ? Ce doit être

7 Quartier ou petit village destiné aux brahmanes financé par une donation royale

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le prana (l’air vital), aussi le prana est-il Brahman.’’ Il retourna voir son père et dit : ‘’Père, je sais ce qu’est Brahman ! Le prana est Brahman !’’ Varuna répondit : ‘’Non, mon fils, retourne méditer quelques jours de plus.’’ Brighu obéit à l’ordre de son père et il poursuivit ses méditations. Un jour, il pensa : ‘’La nourriture est essentielle, le prana est essentiel, mais qu’est-ce qui est plus essentiel ? A moins d’avoir le désir de vivre et de manger, à quoi servent la nourriture et le prana ? Le siège du désir, c’est manas (le mental), aussi manas est-il Brahman’’, conclut-il. Brighu vint rapporter sa découverte : ‘’Père, manas est Brahman !’’ Varuna sourit et dit : ‘’Non, mon fils, manas n’est pas Brahman. Poursuis tes austérités quelques jours de plus.’’ Brighu reprit ses austérités. Un jour, il pensa : ‘’La nourriture procure de la force, le prana énergise, le mental produit les désirs et vijnana (l’intelligence) dote l’homme de discernement (viveka), et je dois découvrir ce qu’est le but ultime de la vie de l’homme, je dois en faire l’expérience.’’ Suivant sa résolution, il entra de nouveau en méditation profonde. Un jour, il fit l’expérience d’une joie ineffable, indicible, et il demeura assis, totalement inconscient du monde extérieur. Ce jour-là, Varuna se rendit dans la forêt et il se mit à la recherche de son fils et il fut tout heureux de voir que son fils était en samadhi. D’après le rayonnement resplendissant qui émanait du visage de son fils, il savait que son fils avait réalisé que la Béatitude est Brahman. Dans l’ère upanishadique, les parents et les précepteurs encourageaient leurs pupilles à poser des questions, mais sans toutefois leur donner des réponses toutes prêtes ou toutes préparées. Ils leur recommandaient de pratiquer l’auto-investigation et de découvrir par eux-mêmes les réponses, car l’expérience est le meilleur professeur….

128. NAABHAKA, FILS ET ÉTUDIANT IDÉAL Nous connaissons tous bien l’histoire du roi Ambarisha et son attitude d’abandon total au Seigneur Hari. Les ancêtres d’Ambarisha étaient eux aussi pareillement grands dans leur dévotion à l’égard de Dieu. Prenons l’histoire de Naabhaka. Autrefois, il y avait un roi qui s’appelait Nabhaka. Dès son plus jeune âge, son fils, Naabhaka, s’intéressa à l’étude de tout ce que l’on devrait apprendre. Il se rendit dans un gurukulam et en temps voulu, il devint un savant éclectique. Au terme de ses études, il rentra chez lui et Naabhaka fut informé par ses frères que leur vieux père leur avait déjà distribué tous ses biens et qu’il ne lui restait plus rien. Ils ajoutèrent toutefois qu’il pouvait revendiquer leur vieux père comme étant son bien propre. Comme c’était quelqu’un de vertueux, Naabhaka accepta volontiers la proposition. De quoi d’autre un fils devrait-il s’occuper, sinon de ses parents ? Il avait foi dans le dicton védique : ‘’Considérez la mère comme Dieu, considérez le père comme Dieu.’’

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Mais un jour, son père lui dit : ‘’Fils, je n’ai plus aucune richesse, mais je peux te dire comment acquérir des richesses. Angirasa est en train d’accomplir un grand yajna et les prêtres qui officient ne savent pas comment le conclure de manière appropriée. Deux mantras doivent être récités afin que le yagna confère tous les bénéfices à son commanditaire. Ils ne connaissent pas ces mantras. Je vais t’apprendre maintenant à les réciter.’’ Ensuite, Naabhaka reçut la permission et les bénédictions de son père et il se rendit à l’endroit où l’on accomplissait le yagna et il dit : ‘’Je connais les mantras qui concluront ce yagna en apothéose…’’ Angirasa l’autorisa à réciter les mantras et le yagna put donc ainsi être mené à bien, puis Angirasa dit : ‘’Fils, je suis réellement très heureux que tu sois arrivé juste à temps pour nous contenter tous. A présent, nous allons tous gagner Svarga, le Paradis, et tout ce qui m’appartient est désormais à toi.’’ Naabhaka entreprit ensuite de rassembler tout ce qu’Angirasa avait laissé et c’est alors qu’un personnage à la peau sombre apparut. ‘’Qui êtes-vous ?’’, demanda Naabhaka. ‘’Je suis Rudra !’’, répondit l’homme, ‘’et moi seul puis revendiquer le droit d’être le propriétaire de ce qui reste du yagna.’’ Naabhaka et Rudra se mirent alors à argumenter concernant leurs revendications respectives, puis finalement Naabhaka dit : ‘’Il serait préférable que nous demandions l’avis d’un tiers concernant la propriété des biens liés au yajna.’’ Le père de Naabhaka qui était expert en matière de connaissances des injonctions shastriques dit : ‘’Fils, ces biens appartiennent à Rudra et à lui seul.’’ Naabhaka tomba immédiatement aux pieds de Rudra et il implora son pardon. La conduite vertueuse de Naabhaka plut énormément à Rudra et celui-ci dit : ‘’Quel étudiant védique idéal tu es ! Seuls des étudiants comme toi devraient être les guides du monde. Pour te récompenser de ta conduite vertueuse, je te fais don de tout ce qui m’appartient. Tu peux diriger le royaume d’une manière vertueuse et gagner renommée et notoriété pour ton clan.’’ Et après avoir ainsi béni Naabhaka, Rudra disparut.

129. JADA BHARATA L’arrière-petit-fils de Swayambhu Manu, Bharata, était le fils illustre de son illustre père, Rishabha. Il était la réplique de son père en vertus morales et spirituelles. Bharata monta sur le trône d’une partie de Jambudvipa8, qui par la suite prit le nom de Bharatvarsha, d’après son nom, puis il suivit la vie d’ascète après avoir gouverné le royaume pendant longtemps. Il vivait dans un ermitage sur la rive de la Gandaki et il passait son temps à réciter le Gayatri mantra et à méditer. Un jour, il s’assit pour méditer après ses ablutions. Une biche qui s’était écartée de sa harde bondit dans la rivière pour s’y rafraîchir et étancher sa soif. Soudain, le rugissement terrible d’un lion retentit dans la forêt à l’entour et terrifiée par son rugissement, la biche mit au monde un faon dans la

8 Le sous-continent indien

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rivière, regagna l’autre rive et mourut. Bouleversé par l’incident, le sage royal fut submergé par la pitié à la vue du minuscule animal qui flottait sur la rivière. Il le recueillit et il le ramena à son ermitage. Il entreprit ensuite de le nourrir et de veiller sur lui, ce qui au fil du temps entraîna son déclin spirituel, car il finit par arrêter ses pratiques dévotionnelles pour les remplacer par une angoisse tenaillante concernant la sécurité du faon. Au bout de quelque temps, Bharata tomba malade. Alors qu’il se mourait, il vit le daim maintenant adulte qui versait des larmes à son chevet, tel un fils. Il mourut en songeant à son cher daim et en conséquence, il dut renaître dans un corps de daim, mais il se souvenait des incidents de sa vie passée. Rempli de contrition pour avoir dévié de la voie du détachement, il se tint à l’écart des autres daims auxquels il était apparenté. Après un certain temps, il entra dans la Gandaki où il poussa son dernier soupir. Dans sa vie suivante, il naquit dans une famille brahmane. Se souvenant toujours des expériences malheureuses de ses deux vies antérieures, il était extrêmement méfiant à l’idée de contracter de nouveaux liens et feignait d’être stupide et niais, mais son père l’aimait bien et il le considérait comme un enfant normal. Il accomplit également la cérémonie du cordon sacré. Mais ses deux parents moururent inopinément. Ses beaux-frères le brimaient et ils le faisaient travailler dur, mais Bharata ne se hérissa jamais par rapport aux mauvais traitements que ses frères et les gens lui administraient. Il demeurait tellement imperturbable qu’on le surnomma ‘’Jada Bharata’’.9 Un jour, il fut capturé par le chef d’une bande de brigands et il fut conduit au temple de la déesse Kali pour y être offert en sacrifice. Quand tout fut prêt pour le sacrifice, le chef des brigands tira son épée en récitant un mantra et s’apprêta à trancher la tête de Bharata. Tout à coup, la déesse apparut, s’empara de l’épée qu’elle arracha des mains du chef des brigands et elle lui trancha sa propre tête ! Même alors, Bharata demeura imperturbable. Un autre jour, Rahugana, un roi du Sind, se déplaçait en palanquin jusqu’à l’ermitage du sage Kapila. Les porteurs étaient assez fatigués. Ils avaient besoin d’une personne supplémentaire pour aider à porter le palanquin et ils furent attirés par le physique puissant et robuste de Bharata. Ils lui ordonnèrent de se joindre aux porteurs du palanquin royal, mais Bharata était plutôt lent et ses pas étaient irréguliers. Malgré tous les avertissements, Bharata continuait de transporter le palanquin avec des mouvements qui occasionnaient du roulis et le roi qui était joliment secoué se mit en colère et le réprimanda : ‘’Même si vous êtes encore vivant, vous êtes comme mort ! Bien que vous soyez robuste et fort, vous agissez ainsi délibérément et je compte bien vous punir pour cela !’’ Bharata trouva approprié d’ouvrir la bouche et répondit : ‘’Ô roi vaillant !

9 Que l’on pourrait traduire par Bharata de bois, Bharat, tas de bois, en quelque sorte !, NDT

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Comment Moi, l’Esprit qui est dépourvu de corps, puis-Je être las de porter quoi que ce soit ? Vous dites que je suis robuste, mais sachez que cette robustesse, ainsi que la maigreur, la faim, la soif, la peur, la colère et l’attachement ont trait à celui qui s’identifie au corps, mais pas à Moi, le Soi pur. Vous avez dit que j’étais comme mort, un cadavre. Sachez que nous sommes tous des cadavres et que seul le pouvoir du divin nous fait nous mouvoir !’’ Le roi descendit immédiatement du palanquin, débarrassé de sa vanité et de son orgueil, et il se prosterna devant Bharata. ‘’Je vous suis reconnaissant de m’avoir ouvert les yeux’’, plaida-t-il. Voici quelques enseignements du sage Bharata :

1. On devrait avoir le contrôle de ses sens. Cela seul peut empêcher que l’on s’attache au physique. On ne devrait pas se soucier du confort physique.

2. On doit diminuer ses désirs d’objets matériels et aspirer à être proche de Dieu. 3. On ne peut pas échapper aux conséquences de ses actes, en dépit de toutes les

sadhanas spirituelles. 4. Tel cœur, telle expérience. 5. Chacun devrait tracer son propre chemin pour surmonter son destin.

130. BHASMASURA Padmasura était un grand dévot du Seigneur Shiva qui accomplit une pénitence austère durant de nombreuses années. Le Seigneur Shiva accorda ensuite à Padmasura la faveur qu’il désirait. Padmasura pria pour que tout ce qu’il touche soit réduit en cendres. Padmasura qui était un démon totalement dépourvu du moindre sentiment de gratitude voulut poser sa main sur la tête du Seigneur Shiva Lui-même et le Seigneur Shiva sollicita l’aide du Seigneur Vishnu, Celui qui soutient et qui protège. Le Seigneur Shiva ne pouvait pas reprendre la faveur accordée à son dévot et le Seigneur Vishnu ne pouvait pas non plus punir immédiatement Padmasura. Le Seigneur Vishnu conçut alors un plan magistral : il se transforma en une exquise danseuse, Mohini. En apercevant Mohini, les passions de Padmasura se réveillèrent et il poursuivit Mohini, plutôt que le Seigneur Shiva ! Mohini se laissa rattraper et s’adressa à lui avec douceur. Avec un sourire enchanteur, elle lui dit : ‘’Je veux bien t’épouser, mais à une seule condition : c’est que tu fasses simplement tout ce que je ferai, quand je danserai...’’ Padmasura se dépêcha d’accepter. La préoccupation unique de Padmasura était maintenant d’épouser Mohini et il perdit tout discernement. Mohini se mit alors à danser et Padmasura imitait le moindre de ses mouvements. A un moment donné, Mohini posa sa main sur sa tête, tout en regardant Padmasura langoureusement. Padmasura fit pareil…et il fut réduit en cendres ! Sa main causa sa propre perte. Par la suite, Padmasura fut connu sous le nom de Bhasmasura. La leçon que l’on devrait retenir de cette histoire, c’est que nous

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devons être prudents, quand nous prions le Seigneur, car la chose pour laquelle nous prions pourrait parfaitement se retourner contre nous et provoquer notre chute. Une autre leçon, c’est que le Seigneur Lui-même doit respecter le code du dharma, lorsqu’Il s’acquitte de Son devoir de protection.

131. LE SANKALPA DIVIN Un jour, le Seigneur Shiva entreprit de donner des discours à des sages et à des saints au Kailash et de temps à autre, des devas venaient aussi écouter ces discours divins. Parvati suggéra qu’un grand hall soit bâti pour accueillir cette assemblée de manière à pouvoir écouter sans être affecté par le brouillard constant, la brume et les vents froids. D’une manière ou d’une autre, le Seigneur Shiva n’avait aucunement l’intention d’ériger un tel hall et par l’intermédiaire d’astrologues, il tenta de dissuader Parvati d’en entamer la construction. Les astrologues annoncèrent que les étoiles prédisaient que le hall serait détruit par le feu, Sani n’y étant pas favorable depuis le départ. Le hall fut néanmoins érigé. Le Seigneur Shiva proposa de demander à Sani la faveur d’épargner le hall de son courroux, bien qu’Il doutât que la planète n’y consente jamais. Parvati se sentait profondément blessée et résolut de ne pas accorder au petit potentat le crédit de détruire le hall qu’elle avait bâti et elle jura qu’elle préférerait y bouter le feu elle-même. Cependant, Shiva lui demanda de d’abord attendre le résultat de Son appel à Sani, puisqu’Il entreprenait d’introduire une requête auprès de lui. ‘’ Si Sani accepte d’épargner le hall de son courroux, Je reviendrai t’apporter la bonne nouvelle’’, lui dit-il. Mais s’il se montre intraitable, Je lèverai la main et jouerai du damaru (petit tambour) et en entendant ce signal, tu pourras bouter le feu au hall et ainsi priver Sani du crédit de l’avoir fait.’’ Parvati y consentit. Sani accepta lui aussi la requête du Seigneur Shiva, mais il demanda au Seigneur Shiva de lui accorder une faveur : ‘’Seigneur, je ne vous ai jamais vu danser Votre danse que toutes les déités stellaires louent’’, dit-il. ‘’Voudriez-Vous avoir l’obligeance de danser cette danse pendant quelques minutes ?’’ Le Seigneur Shiva y consentit volontiers et Il se lança dans la danse Tandava et pour ce faire, leva la main et fit résonner le damaru. Parvati qui se tenait prête en attendant le signal bouta alors le feu au hall avec sa torche et le hall fut réduit en cendres ! Tout doit se passer conformément au sankalpa (décision, volonté) de Shiva. Rien ne peut arrêter le sankalpa divin qui doit s’accomplir.

132. URGENCE ET FUSION Nandanar était un ardent dévot du Seigneur Shiva. Il avait l’habitude de méditer sur le Seigneur Shiva chez lui et au travail. Il travaillait comme ouvrier agricole pour un fermier qui possédait 5 ha de terres. Etant donné qu’il était issu d’une basse caste

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(celle des harijans), il ne pouvait pas pénétrer à l’intérieur de l’enceinte du temple local de Shiva. Il en était très chagriné et il se demandait bien pourquoi les gens qui étaient issus des basses castes devaient être traités de la sorte. Un jour, il exprima franchement son opinion concernant l’entrée du temple à son maître. ‘’Pourquoi aspires-tu à quelque chose qui se situe au-delà de la portée de ce que tu peux réaliser ?’’, dit le fermier. ‘’Tous ces cultes et tous ces rituels ne sont pas pour toi, mais les gens de haute caste. Contentons-nous d’accomplir notre travail.’’ Néanmoins, Nandanar dit : ‘’Maître, tous sont les enfants d’un Dieu unique en dépit de nombreuses différences. Pour quelle raison devrait-on refuser à quelqu’un l’opportunité de recevoir le darshan du Seigneur ? Je ne peux pas comprendre ! Je suis toutefois bien décidé à me rendre à Chidambaram après-demain. C’est l’ambition de toute ma vie !’’ Le maître se mit à rire et dit : ‘’Comment pourrais-tu quitter le village maintenant ? Les récoltes sont prêtes à être rentrées. Il te faut moissonner et empiler le blé dans les greniers à blé.’’ Nandanar ne put rien répliquer et il rentra chez lui, découragé et démoralisé. Ce soir-là, il pria intensément et avant d’aller dormir, il dit : ‘’Oh mon Dieu ! Toi seul devrais pouvoir m’aider. J’abandonne tout entre Tes mains ! Je dois aller à Chidambaram !’’ Tôt le matin, Nandanar alla au champ commencer son travail. Et qu’aperçut-il, là ? Des centaines d’hommes qui moissonnaient et qui récoltaient le blé ! Le travail était quasiment terminé. Nandanar resta planté à côté du champ, abasourdi, et il ne put s’empêcher de verser des larmes de joie. ‘’Ô Seigneur miséricordieux ! Tu as entendu ma prière et Tu as Toi-même pris ces multiples formes’’, se dit-il en lui-même. ‘’Comment pourrais-je Te remercier ?’’ Juste alors, le propriétaire du champ arriva sur place et fut satisfait du travail effectué. ‘’Nandanar, tu peux à présent te rendre à Chidambaram et assouvir ton désir’’, dit-il. Nandanar fit doucement la route jusqu’à Chidambaram. Il se sentait plutôt faible, n’ayant pris aucun repas, la veille au soir. Il était trop triste et contrarié pour s’alimenter. Dès qu’il arriva à l’entrée du temple, il s’écroula. Il faisait encore noir, alors. A ce moment précis, le Seigneur Nataraja apparut en songe au prêtre du temple et lui dit : ‘’Lève-toi et va t’occuper de Mon fidèle qui s’est évanoui devant l’entrée du temple. Donne lui d’abord un bon repas et à boire. Qu’il prenne ensuite un bon bain et qu’il s’apprête pour entrer dans le sanctuaire.’’ Le prêtre sortit immédiatement en courant et il trouva Nandanar qui gisait par terre. Il le ramena chez lui avec l’aide d’autres prêtres. Il prit ensuite des dispositions pour qu’il puisse se baigner, manger et boire. Il veilla aussi à ce qu’il soit correctement vêtu. Puis le prêtre et Nandanar entrèrent dans le temple au milieu du brouhaha de la foule des fidèles.

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Nandanar contempla le Seigneur Shiva sous la forme de Nataraja. Le Seigneur Shiva souriait. Nandanar se réjouit de ce sourire béatifique, tomba dans les pommes et rendit son dernier soupir. Inutile de dire qu’il se fondit dans le Seigneur.

133. L’AMOUR DONNE TANT ET PLUS Rama se préparait à partir en exil. Avant de prendre la direction de la forêt, il voulait distribuer aux pauvres ses bijoux et d’autres biens, ce qu’il faisait avec joie. C’est alors qu’un vieux brahmane arriva à pied, de très loin, après avoir parcouru une longue distance simplement pour l’apercevoir. ‘’J’ignore si je vivrai encore pendant longtemps et j’entends que Rama va partir en exil dans la forêt pendant quatorze ans. Je dois le voir au moins une fois !’’, pensait-il. Tandis que le vieil homme approchait, Rama faisait don de vaches et de biens matériels. Le vieux brahmane tressaillit à la vue de Rama et s’exclama : ‘’Quelle incarnation du sacrifice est le Seigneur ! Il ne manquera pas d’atteindre l’immortalité. N’agit-il pas en conformité avec le dicton védique ― ‘’L’immortalité ne peut s’acquérir par le biais d’une descendance, de richesses, ni de bonnes actions, mais uniquement par le sacrifice’’ ? ‘’Rama ! Tu es sans aucun doute l’incarnation même du dharma !’’, s’exclama-t-il encore. Ayant repéré le vieux brahmane, Rama lui fit signe de s’approcher encore plus près et lui demanda : ‘’Ô noble brahmane, qu’est-ce qui vous amène ici ?’’ ‘’Swami ! Je me fais vieux et j’ai appris que vous preniez la direction de la forêt et que vous ne reviendriez pas avant 14 ans. Il est possible que je ne vive pas aussi longtemps. Je suis venu pour contempler une fois votre visage, faire l’expérience de votre amour durant un bref instant, toucher vos pieds sacrés et racheter ma vie !’’ ‘’N’avez-vous pas d’autre désir ?’’, lui demanda Rama. ‘’Je n’ai aucun autre désir. Qu’est-ce qu’un vieil homme comme moi pourrait-il bien désirer, alors qu’il trouve même difficile de vivre ? Mon unique désir, c’est vous voir, vous parler et vous toucher’’, répondit le brahmane. ‘’Et qu’allez–vous gagner avec ces trois désirs ?’’, demanda Rama. ‘’Swami ! L’homme est hanté par le péché, par les conséquences de ses actes et par le chagrin’’, répondit le vieil homme. ‘’Pour me débarrasser de tout cela, j’ai besoin de votre darshan. Dharshanam papanasanam. (Le darshan du divin efface les péchés.) Je voudrais toucher vos pieds sacrés, parce que sparsanam karma vimochanam (le contact d’une personne sainte libère des effets des actions passées) et je voudrais vous parler, parce que sambhashanam sankatanasanam (converser avec une personne sainte élimine le désarroi). Rama fut profondément touché et enchanté par les paroles du vieux brahmane qu’il étreignit. ‘’Cela vous procure-t-il de la joie ?’’, demanda-t-il. Les larmes coulant le long de ses joues, le brahmane répondit : ‘’Swami ! Actuellement, j’ai l’impression d’être au Paradis ! Faites-moi l’aumône, puis je prendrai congé de vous et je rentrerai chez moi.’’

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Rama dit : ‘’Fils, puisque vous m’avez offert votre amour, ne devrais-je pas vous offrir le mien ? Acceptez donc quelque chose de moi !’’ Voyant que le brahmane tenait un bâton en main, Rama dit : ‘’Vous êtes maintenant devenu suffisamment fort grâce à mon contact et vous pourrez marcher sans l’aide de ce bâton. Jetez-le aussi loin que vos forces vous le permettent et tout ce qui se situera dans la zone délimitée par votre bâton, cheptel et richesses, vous appartiendra !’’ Le vieux brahmane pouvait bien se rendre compte qu’il avait certes retrouvé des forces et que la sénilité avait disparu, parce qu’il avait touché les pieds sacrés de Rama et qu’il l’avait même étreint, et il songea qu’il devrait obéir à l’ordre de Rama. ‘’Je n’ai aucun désir’’, se dit-il en lui-même. ‘’Mon seul et unique désir, c’est d’obéir à Rama, sinon ma vie n’aura aucun sens.’’ Il jeta alors le bâton de toutes ses forces et celui-ci traversa la Sarayu avant de revenir, là où Rama se tenait. Plusieurs belles demeures, plusieurs bâtiments et du bétail se trouvaient dans la zone délimitée par le bâton et tout cela devait être offert comme don au brahmane. Celui-ci dit alors à Rama : ‘’Ô Seigneur, pourquoi m’encombrez-vous avec tous ces biens, alors que je suis seulement venu pour avoir votre darshan ?’’ Rama répondit : ‘’Ô noble brahmane, ceci est le fruit des bonnes actions de votre vie passée et pas uniquement une récompense méritée maintenant dans cette vie-ci. Il y a tellement de gens qui viennent me voir de loin, après avoir entendu que j’étais sur le point de partir pour la forêt, mais c’est votre souhait qui m’a touché. Sans les lois du royaume, je vous aurais fait don de tout le royaume.’’ Rama fit don au brahmane de tout ce qui se trouvait dans la zone délimitée par le bâton, comme il l’avait promis. Le brahmane dit : ‘’C’est un splendide exemple que vous avez montré à tout le monde ! Rama, le prince d’Ayodhya, alors même qu’il s’apprêtait à prendre la direction de la forêt et que tout son royaume était plongé dans la douleur, put faire don de tous ses biens en souriant et avec amour ― un splendide exemple de sacrifice suprême, de détachement et d’équanimité.’’

134. L’INFLUENCE DES VIBRATIONS D’UN LIEU Rama et Lakshmana étaient partis à la recherche de Mère Sita. Tout à coup, Lakshmana ressentit de la lassitude et dit à Rama : ‘’J’en ai plein le dos de chercher Sita ! Je voudrais rentrer à Ayodhya et vivre une vie plus confortable !’’ Rama sourit et il dit : ‘’Continuons encore un peu et je t’expliquerai certaines choses…’’ Ils marchèrent encore pendant quelque temps, puis ils s’assirent sous un arbre. Soudain, Lakshmana se prosterna devant Rama, saisit ses pieds et lui dit : ‘’Mon frère, pardonne-moi pour ce que j’ai dit. Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu parler ainsi. Comment des pensées aussi mauvaises ont-elles bien pu pénétrer dans mon esprit ?’’ Les lecteurs pourraient eux aussi avoir un doute par rapport au fait que Lakshmana ait pu s’exprimer de la sorte. Comment Lakshmana qui avait déclaré que Rama était tout pour lui et qu’il ne pourrait pas vivre sans Rama, ne fût-ce que quelques instants, a-t-il pu exprimer un tel souci pour son confort physique ?

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Rama, l’omniscient, l’incarnation de la compassion et de la grâce, répondit alors à Lakshmana : ‘’Lakshmana, la zone que nous venons juste de traverser, il y a quelques instants, était souvent fréquentée par Surpanakha. Ce lieu est surchargé à l’extrême de ses mauvaises qualités et ce sont ces vibrations qui ont provoqué en toi de mauvaises pensées. Dès que tu t’es éloigné de ce lieu, ta bonne nature innée s’est réaffirmée.’’

135. UNE LEÇON DE FRATERNITÉ Il y a de nombreux épisodes qui éclairent la fraternité dans le Ramayana. En voici un. Un jour, les quatre jeunes frères jouaient à la balle et après leurs jeux, Rama courut se reposer dans le giron de sa mère, Kausalya. Il était particulièrement gai. Kausalya lui demanda ce qui l’avait rendu aussi joyeux et Rama dit : ‘’Maman, aujourd’hui, Bharata a gagné notre jeu, c’est pourquoi je suis très heureux !’’ Peu de temps après, Bharata courut vers Kausalya, les larmes dégoulinant le long de ses joues. Kausalya lui demanda ce qui le chagrinait plutôt que de se sentir heureux. Bharata répondit : ‘’Maman, j’allais perdre la partie et mon frère, Rama, est parvenu à perdre pour me faire gagner ! Je suis triste à cause de la défaite de mon frère aîné.’’ Quel bel exemple d’amour fraternel ! L’aîné devrait veiller au succès de son cadet, même en perdant lui-même le jeu.

136. L’HUMANITÉ Après avoir tué Ravana, Rama donna l’ordre à Lakshmana, à Sugriva et à d’autres d’entreprendre les préparatifs pour le couronnement de Vibhishana, le futur souverain de Lanka. Il conseilla à Vibhishana d’accomplir les rites funéraires de son frère d’une manière appropriée, puis il demanda à Hanuman d’aller informer Mère Sita de la mort de Ravana et de veiller à ce qu’elle se prépare à venir en sa présence. Hanuman s’envola prévenir Mère Sita et lui communiqua la bonne nouvelle. Mère Sita ne put s’empêcher de verser des larmes de joie en apprenant la nouvelle de la mort de Ravana des mains de Rama. Hanuman dit : ‘’Mère, j’ai une faveur à vous demander. Me l’accorderez-vous ?’’ ‘’Certainement, mon fils’’, répondit Mère Sita. ‘’Mère, je voudrais punir tous ces démons ici qui ont été désobligeants à votre égard. J’attends votre permission’’, dit Hanuman. Mère Sita répondit calmement : ‘’Mon fils, ne les juge pas trop sévèrement. Après tout, les démons n’ont fait que leur devoir. Ils ont obéi aux ordres de leur roi, pas vrai ? En outre, rappelle-toi que chacun agira en fonction de ses prédispositions naturelles et je vais illustrer cette vérité par une histoire. Un jour, un homme qui traversait une forêt était poursuivi par un tigre affamé et l’homme courait à perdre haleine. Il repéra un arbre auquel il grimpa et il s’installa confortablement sur une branche, mais il redoutait toujours le tigre. Le tigre regarda en l’air et il aperçut un ours sur une branche supérieure de l’arbre et il s’adressa ainsi à l’ours : ‘’Ohé, l’ami ! Je meurs de faim ! Aurais-tu l’obligeance de bien vouloir

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pousser cet homme par terre pour que je puisse me rassasier ? Cela fait un petit bout de temps déjà que je suis à sa poursuite...’’ ‘’Je regrette, mais c’est impossible’’, dit l’ours. ‘’Cet homme est à présent mon hôte. Il a trouvé un abri dans cet arbre où je suis.’’ Le tigre resta campé sur le sol et vit que l’ours s’était maintenant endormi sur la branche du dessus et il s’adressa alors à l’homme : ‘’Ohé, l’homme ! Tout ce qu’il me faut, c’est quelque chose à manger ! Pourquoi ne pousserais-tu pas l’ours qui s’est endormi en bas et si tu le fais, je m’en irai !’’ Oubliant l’hospitalité offerte et la protection généreusement accordée par l’ours, l’homme le poussa en bas, mais par chance, l’ours parvint à se rattraper à une autre branche. Le tigre qui avait bien observé toute la scène s’adressa alors de nouveau à l’ours : ‘’Ohé, l’ami ! Nous sommes tous les deux des résidents de cette forêt ! Maintenant, au moins, pousse en bas cet homme vraiment ingrat !’’ ‘’Je n’en ferai rien’’, répondit l’ours. ‘’Il est mon hôte et c’est peut-être dans sa nature d’être ingrat, mais ma nature, c’est d’être hospitalier et de pardonner !’’ Mère Sita regardait Hanuman et lui demanda : ‘’Qu’as-tu compris de cette histoire ? Chacun s’engagera dans des actions qui sont conformes à sa nature. Il est dans la nature du démon d’être cruel et désobligeant, tandis qu’il est dans notre nature d’être bon et de pardonner !’’ Quelle chance a eu Hanuman d’être éclairé par Mère Sita au sujet de l’humanité !

137. NE JUGEZ PAS QUELQUE CHOSE PAR SON APPARENCE EXTÉRIEURE

Un roi demanda un jour à un entrepreneur en bâtiment de lui construire un palais et il voulait qu’il utilise du bois qui serait lisse et sans aucun nœud sur toute sa longueur. L’entrepreneur chercha dans tout le royaume, mais il ne put trouver aucun bois droit, lisse et sans nœuds. Finalement, il aperçut des bananiers et il remarqua que leurs troncs étaient lisses, droits et sans nœuds. Il coupa ces arbres et il les apporta au roi. ‘’Bien entendu, les troncs de ces arbres sont lisses, droits et sans nœuds, mais ils manquent de robustesse et nous ne pouvons pas les utiliser pour la construction du palais’’, dit le roi. Quelle est la signification profonde de cette histoire ? Ce n’est pas seulement et uniquement la qualité extérieure qui compte, mais la robustesse intérieure. Cela seul donne de la valeur à quelque chose.

138. JNANADEVA & NAMADEVA Deux personnes, Jnanadeva et Namadeva, traversaient une forêt. Elles avaient fort soif et elles ne parvenaient pas à trouver un puits ou une mare et elles continuaient péniblement à cheminer. Enfin, elles aperçurent un puits et coururent dans sa direction. Elles regardèrent avidement à l’intérieur. Il y avait bien de l’eau tout au fond du puits, mais comment pourraient-elles la boire ? Il n’y avait ni corde, ni seau pour puiser cette eau et il n’était pas question de pouvoir descendre au fond du

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puits, car le puits était vétuste et menaçait de s’effondrer. Jnanadeva ferma simplement les yeux, comme pour prier et il se transforma rapidement en oiseau. Il vola jusqu’au fond du puits et il put boire à satiété. Namadeva, lui, se mit à chanter le Nom du Seigneur Vittal avec une dévotion intense et le niveau de l’eau se mit à monter lentement jusqu’à enfin être à la portée de Namadeva. Celui-ci plongea simplement ses mains dans le puits et il put boire à satiété. Tel est le pouvoir de namasmarana !

139. LE MARCHÉ DU SIÈCLE Une vieille femme portait un panier de fruits qu’elle avait cueillis dans la jungle dans les environs. Krishna qui avait à peine trois ans s’approcha d’elle et lui dit : ‘’Mamy, je voudrais avoir quelques fruits !’’ ‘’Mon enfant, il te faut payer le prix des fruits que tu choisiras’’, répondit la vieille. ‘’Mamy, combien coûtent-ils ?’’, demanda innocemment Krishna. ‘’Tu dois me donner quelque chose en échange des fruits que tu prendras’’, répondit la vieille. Krishna courut chez lui et Il rapporta une poignée de riz. La femme accepta le riz et elle donna quelques fruits à Krishna. ‘’Quel enfant charmant j’ai vu, aujourd’hui ! Je me réjouis de lui avoir donné ces fruits !’’, songea-t-elle. Alors qu’elle s’en retournait lentement vers sa hutte, elle se rendit compte que son panier devenait plus lourd. Elle arriva chez elle, elle déposa le panier par terre et elle fut stupéfaite de découvrir que tous les grains de riz s’étaient transformés en de précieux joyaux. ‘’Oh ! Cet enfant doit être divin !’’, se dit-elle, ‘’sinon, comment un tel miracle aurait-il pu se produire ?’’ Et elle sortit de sa hutte en courant pour inviter ses voisines à voir le miracle.

140. LES CINQ TRANSGRESSIONS Vysampayana était le plus grand disciple du sage Vyasa. Après avoir terminé ses études, Vysampayana prit congé de son maître et fonda son propre gurukula. L’institution du gurukula est très différente des écoles et des instituts résidentiels actuels. La maison du guru était le foyer résidentiel, l’ombrage offert par les arbres constituait les salles de classe et les étudiants devaient se comporter comme les membres d’une seule et même famille. Les étudiants devaient aussi aider le guru et son épouse pour toutes les tâches ménagères et ils devaient être satisfaits de manger la nourriture qu’on leur donnait et la considérer comme du prasad. Les gurus étaient purement désintéressés et ils débordaient d’amour pour leurs étudiants. Ils étaient aussi bienveillants que stricts pour maintenir la discipline et l’ordre. Les gurus accordaient une très grande importance à l’inculcation des valeurs humaines et à la pratique de ces valeurs. Yajnavalkya fut le meilleur de tous les disciples qui rejoignirent le gurukula de Vysampayana. Il avait une intelligence vive et un esprit acéré et il pouvait apprendre

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très vite ses leçons. C’était aussi un pratiquant assidu du japa et de la méditation, ce qui lui conférait de rares pouvoirs. Vysampayana était très content de lui et ne tarissait pas d’éloges à son égard. Avec le temps, l’ego de Yajnavalkya enfla et s’ensuivirent ensuite une certaine indifférence, le non-respect des convenances, la désobéissance et même de la jalousie. Vysampayana constata le changement graduel dans l’attitude de Yajnavalkya et un jour, il l’appela et lui dit vertement : ‘’Yajnavalkya, tu ne mérites pas de rester plus longtemps dans ce gurukula, puisque tu cultives maintenant les cinq transgressions (ego, indifférence, non-respect des convenances, désobéissance et jalousie). Il te faut partir d’ici immédiatement et avant de partir, il te faut restituer tout ce que tu as appris de moi.’’ Yajnavalkya reconnut ses écarts de conduite et il régurgita tout ce qu’il avait appris de son guru. Ses vomissures furent absorbées par des oiseaux taittiri (des perdrix) qui se mirent à chanter l’Upanishad, d’où le nom de cette Upanishad, la Taittiriya Upanishad. Yajnavalkya se repentit sincèrement de sa délinquance et se racheta en renonçant à la nourriture et en pratiquant Suryopasana (le culte du soleil). Satisfait de la pénitence austère de Yajnavalkya, le dieu du soleil apparut devant lui et lui dit : ‘’Mon enfant, trahir son guru ou trahir Dieu est un grand péché, mais le passé est le passé. Fais bien attention, maintenant. Je vais à nouveau t’enseigner les Vedas.’’ Et le dieu du soleil lui enseigna à nouveau les Vedas. La leçon qu’il faut retenir, c’est qu’un étudiant devrait bien se garder de commettre ces cinq transgressions.

141. LES TROIS QUESTIONS Un jour, un roi voulut connaître les réponses à trois questions auxquelles il réfléchissait depuis longtemps et il souleva ces questions à la cour. Ces questions étaient ‘’Où est Dieu ?’’, ‘’Dans quelle direction regarde-t-Il ?’’ et ‘’Que fait-Il ?’’ Personne ne sut répondre à ces questions. Le roi convoqua un sage à la cour, avec tous les honneurs qui lui étaient dus, puis il demanda au sage de répondre à ces questions. Le sage répondit : ‘’A l’image du beurre dans le lait, Dieu est partout.’’ Pour répondre à la deuxième question, le sage demanda une lampe, puis il alluma la lampe et il demanda au roi : ‘’Dans quelle direction cette lampe diffuse-t-elle sa lumière ?’’ ‘’La lampe diffuse sa lumière dans toutes les directions’’, répondit le roi. ‘’Similairement, Dieu est une Splendeur effulgente et Sa vision n’est pas dirigée vers un lieu, ni une personne particulière, car Il voit tout’’, dit le sage. ‘’Et que fait-Il ?’’, demanda le roi. ‘’Etant donné que, d’une certaine manière, je vous instruis dans les questions spirituelles, je me trouve dans la position d’un précepteur et vous dans celle d’un disciple, aussi nous devons échanger nos places’’, répondit le sage. ‘’Etes-vous prêt à le faire ?’’ Le roi y consentit, descendit de sa position élevée et prit place sur le siège que le sage occupait. Le sage ajouta alors, avec un clin d’œil : ‘’Voilà ce que Dieu fait ! Il rabaisse les puissants et Il élève les humbles. Il peut enrichir le pauvre et Il peut appauvrir le riche. Il peut tout faire. Il est omniprésent, omniscient

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et omnipotent !’’ Le roi fut très satisfait de ces réponses. Il exprima sa gratitude au sage et l’honora d’une manière appropriée. Comme le roi de cette histoire, chacun d’entre nous devrait essayer de comprendre les vraies caractéristiques de Dieu : Son omniprésence, Son omniscience et Son omnipotence.

142. LA LONGANIMITÉ, LA PLUS GRANDE QUALITÉ D’UN CHERCHEUR SPIRITUEL

Un jour, un disciple se rendit auprès d’un précepteur et lui demanda de lui transmettre la Connaissance suprême du Soi. Le guru lui donna un mantra et lui demanda de le réciter continuellement sans aucun désir égoïste et lui dit qu’après avoir pratiqué cette sadhana pendant une année entière, il pourrait revenir pour recevoir la Connaissance suprême. Au terme d’une année, le disciple s’approcha de son guru et lui dit : ‘’Ô vénérable ! J’ai récité le mantra pendant une année entière…’’ Il attendait avec impatience la réponse du précepteur. Il pensait que son guru lui transmettrait certainement la Connaissance suprême. A ce moment-là, tout à fait inconsciente de la présence du disciple, une jeune servante balayait le périmètre de l’ashram et de la poussière fut projetée sur le jeune homme. Le disciple fulminait, car il était arrivé à l’ashram après avoir procédé à ses ablutions et cette poussière l’avait sali. Il lui lança alors un regard noir qui apeura la jeune fille. Le précepteur avait observé toute la scène. Le guru lui dit : ‘’Tu n’es pas apte à recevoir cette Connaissance. Tu t’es fâché sur la jeune servante qui par inadvertance a projeté sur toi un peu de poussière. Comment la Connaissance suprême pourrait-elle être transmise à quelqu’un qui n’a même pas un soupçon d’indulgence ? Retourne pratiquer ta sadhana une année de plus.’’ Au terme d’une deuxième année, le disciple était sur le point de pénétrer dans l’enceinte de l’ashram quand, conformément aux instructions du guru, la jeune fille projeta de nouveau de la poussière sur le disciple d’une manière fort généreuse. Le disciple s’en indigna et s’approcha d’elle pour lui infliger une correction et il eut toutes les peines du monde à se retenir. Le disciple se dirigea alors vers son guru et lui présenta ses respects. ‘’Tu n’es toujours pas apte à recevoir la Connaissance’’, dit le guru. ‘’L’année passée, tu exhibais les qualités d’un serpent et maintenant, celles d’un chien ! Reviens après t’être débarrassé de ces qualités animales.’’ Au terme d’une troisième année, le disciple pénétra à l’intérieur de l’ashram après avoir procédé à ses ablutions et conformément aux instructions du guru, la jeune servante se débrouilla pour renverser de l’eau sale sur le disciple. Le disciple salua calmement la jeune fille et lui dit : ‘’Mère ! Je vous présente mes salutations ! Vous

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m’avez aidé à acquérir la plus grande vertu : la longanimité ! A présent, je suis digne de recevoir la grâce de mon guru ! Je vous en serai éternellement reconnaissant.’’ Dès que le disciple se fut prosterné devant son guru, celui-ci lui dit affectueusement : ‘’Fils, à présent, tu es parfaitement apte à recevoir la Connaissance suprême.’’

143. QU’EST-CE QUE LA VÉRITABLE DÉVOTION ? Un jour, un fidèle organisa chez lui un parayana10 d’une semaine de la Bhagavad Gita. Tout le monde le remercia pour ce service remarquable et le complimenta pour sa dévotion et son dévouement. Le quatrième jour, une vache mourut dans son étable. Il arrêta alors le parayana, ayant l’impression que la vache était morte en conséquence du programme qu’il avait organisé ! C’est complètement ridicule ! Quel lien peut-il bien y avoir entre la mort de cette vache et le parayana de la Bhagavad Gita ? Ceci n’est pas de la vraie dévotion. Les difficultés et les peines, les naissances et les morts sont des nuages qui passent. Si un fidèle entreprend un exercice spirituel ou un rituel religieux, il doit le mener à son terme en dépit des nombreux obstacles auxquels il pourrait devoir faire face.

144. QU’EST-CE QU’UN VÉRITABLE FIDÈLE ? Un jour, Vivekananda se trouvait dans une ville pour y donner des discours spirituels. Les gens voyaient en lui un grand moine et un érudit profond. Ils écoutèrent ses discours avec une attention soutenue pendant environ trois jours. Chaque jour, après son discours, des gens se rassemblaient autour de lui pour l’interroger sur des points subtils concernant la sadhana, l’éthique et les Ecritures. Les étudiants étaient aussi avides d’en savoir plus sur la régénérescence nationale et sur les solutions qu’il pourrait préconiser. Il y avait un vieil homme qui était assis dans un coin et qui observait Vivekananda avec un grand intérêt, mais sans pouvoir prononcer un mot. Il resta là pendant les trois jours en attendant une opportunité pour s’approcher du moine. Le troisième jour, il s’enhardit, s’approcha de lui et lui dit : ‘’Fils, puis-je t’apporter quelque chose à manger ? Ces gens ne t’ont jamais rien proposé et ils ne t’ont jamais laissé aucun répit pour te détendre, ni pour penser à manger. Je vais aller te chercher quelque chose à manger et à boire !’’ Vivekananda fut très touché par les paroles affectueuses du vieil homme et lui dit avec un sourire éclatant : ‘’D’accord, allons tous les deux chez vous pour nous sustenter !’’ Le vieil homme fut certainement béni, car il avait témoigné de la compassion pour un de ses semblables. Il était bien disposé à rendre un service aimable au moine. C’est indéniablement de la dévotion authentique et un véritable fidèle.

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Lecture complète et détaillée avec toutes les explications complémentaires, une forme de rituel

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145. SRI RAMA ET LE CHIEN QUI SAIGNAIT Un jour, un chien qui saignait après avoir reçu des coups vint trouver Sri Rama. Lakshmana lui demanda pourquoi il avait reçu ces coups et le chien dit : ‘’C’est un brahmane qui m’a battu avec un bâton !’’ Le brahmane fut interrogé et répondit que le chien le gênait toujours en lui coupant la route. Rama demanda alors au chien : ‘’Eh bien, comment veux-tu que je punisse ce brahmane ?’’ ‘’Nommez-le donc gestionnaire d’un temple !’’, répondit le chien. ‘’Ce serait là une récompense et pas une punition !’’, répondit Rama, interloqué. ‘’Non’’, dit le chien. ‘’J’ai été le gestionnaire d’un temple dans ma vie passée et il était impossible de ne pas mal gérer, mal utiliser ou de ne pas détourner une partie de l’argent de Dieu. Quand il sera un tel gestionnaire, lui aussi renaîtra sous la forme d’un chien et il aura peut-être également l’opportunité d’être battu comme moi !’’ En réalité, non seulement le chien et le brahmane, mais chacun de nous vit à partir des ressources de Dieu, car tout ceci ne Lui appartient-il pas ? Et que faisons-nous en retour de tous les bénéfices que nous retirons des biens du Seigneur ? Nous ne devrions pas seulement manger et nous tourner les pouces. Nous devrions rendre service aux pauvres et aux personnes vulnérables d’une manière qui soit appropriée pour nous.

146. PROMESSE ET NÉGLIGENCE COUPABLE Les membres de la famille de Babasaheb Tarkhad étaient d’ardents fidèles de Shirdi Sai Baba, mais Tarkhad était un membre du Prarthana Samaj qui ne croyait pas en la vénération d’un Dieu avec un nom et avec une forme. Depuis le début, sa femme et son fils étaient de fervents fidèles de Baba et ils se rendaient souvent à Shirdi pour avoir le darshan de Baba. On proposa un jour au fils de Tarkhad de partir à Shirdi avec sa mère pour passer là-bas ses vacances d’été, mais le fils ne voulait pas partir et son père lui demanda pourquoi il ne voulait pas accompagner sa mère à Shirdi. Le garçon dit : ‘’Si je pars à Shirdi, qui rendra un culte à Baba dans notre maison ? Qui offrira l’arati et le prasad à Baba ? Tu pourrais ne pas aimer ainsi rendre un culte à la photo de Baba, puisque tu es un membre du Prarthana Samaj.’’ Le père était très touché par la dévotion de son fils à l’égard de Baba et par le culte qu’il célébrait et il dit : ‘’Mon fils, je te certifie, je te promets que je célébrerai le culte précisément comme tu le fais. Ne te fais pas de souci !’’ ‘’Papa, accompliras-tu réellement la puja quotidiennement ?’’, demanda encore le fils. ‘’Oui, mon fils, je le ferai’’, répondit le père. La mère et le fils prirent alors la direction de Shirdi. Comme promis, Tarkhad rendit quotidiennement un culte à l’image de Sai Baba, comme le faisait son fils et il offrit même quelques morceaux de sucre comme

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offrandes à Baba. Ces morceaux de sucre étaient distribués au moment du déjeuner. Tout alla bien pendant quelque temps. Un jour, il accomplit la puja, comme à l’accoutumée, avant de se rendre au bureau et il rentra chez lui pour déjeuner. Il se rendit dans la pièce réservée à la puja pour la distribution du sucre, mais il ne trouva rien. ‘’Qu’est-il arrivé aux morceaux de sucre ?’’, demanda-t-il au cuisinier. Le cuisinier répondit que le maître avait complètement oublié les morceaux de sucre comme offrandes et qu’il avait quitté la maison dans la précipitation. Tarkhad se sentit très chagriné de ne pas avoir offert d’offrandes à Baba. Il n’y avait pas de prasad à distribuer. Il avait manqué de tenir la promesse qu’il avait faite à son fils. Il écrivit une lettre à son fils qui racontait toute l’affaire et le pria de bien vouloir la déposer devant Baba et de Lui demander pardon pour sa négligence. Environ à la même heure, alors que l’arati de midi était sur le point de débuter à Shirdi, Baba dit à Mme Tarkhad : ‘’Mère, j’ai visité votre maison à Bandra dans l’idée de manger quelque chose. J’ai trouvé la porte close, mais je suis tout de même entré dans la maison et plus particulièrement dans la pièce où l’on célèbre la puja et je n’ai trouvé aucune offrande là. Tarkhad ne m’avait rien laissé à manger, aussi suis-je revenu avec ma faim inassouvie...’’ Mme Tarkhad ne comprit rien à ses dires, mais son fils saisit toute l’affaire. Il écrivit une lettre à son père qui stipulait tout ce qui s’était passé à Shirdi et il lui demanda de ne plus négliger la puja à la maison. Quelle leçon devrions-nous tirer de ceci ? On ne devrait jamais manquer de tenir les promesses que l’on a faites. Les gens font des promesses, mais ce sont seulement des opportunités ratées, dit Baba.

147. DIEU FAIT TOUT POUR LE MIEUX Autrefois, le ministre d’un roi avait pour habitude de déclarer que tout ce qui arrivait arrivait pour le bien de quelqu’un. Un jour, le roi coupa l’un de ses doigts en tranchant un morceau de canne à sucre et voyant le doigt qui saignait, le ministre déclara, comme à l’accoutumée : ‘’Dieu fait tout pour le mieux !’’ Le roi se fâcha alors tout rouge et il dit : ‘’Je suis en train de souffrir ici avec mon doigt sanguinolent et vous, vous dites que Dieu fait tout pour le mieux ! J’en ai assez de votre philosophie ! Est-ce là une façon de me réconforter ? Comment ceci pourrait-il être pour le mieux, alors que ma douleur est tellement intense et tellement palpable ?’’ Et le roi fit immédiatement jeter son ministre en prison. Mais même alors, le ministre dit calmement : ‘’Même cette décision est pour le mieux.’’ Quelques jours plus tard, le roi partit chasser seul dans la forêt et au terme de sa partie de chasse, le roi se reposa sous un arbre. C’est à ce moment-là que les sbires d’un chef tribal de la forêt capturèrent le roi et le ligotèrent. ‘’Pourquoi me ligotez-

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vous ? Que voulez-vous faire de moi ?’’, questionna le roi. ‘’Nous allons vous sacrifier sur l’autel de notre déesse Kali’’, répondirent les membres de la tribu. ‘’C’est la coutume de lui offrir un sacrifice humain, une fois l’an et le moment est arrivé. Nous étions partis à la recherche d’un être humain et nous avons eu la bonne fortune de vous trouver !’’ ‘’Laissez-moi partir ! Je suis le roi de ce royaume et vous ne pouvez certainement pas me tuer pour ce sacrifice !’’, protesta le roi avec véhémence. Les forestiers éclatèrent alors de rire et ils dirent : ‘’Nous nous réjouissons que le sacrifice de cette année sera tout à fait unique et notre déesse sera très satisfaite, puisque nous allons lui offrir en sacrifice un personnage illustre.’’ Le roi fut transporté et dûment installé sur l’autel sacrificiel. Tout était prêt pour que le coup fatal soit porté, mais le prêtre remarqua le bandage à l’index de sa main gauche. Il ôta le bandage et s’aperçut qu’il manquait un morceau de doigt. ‘’Un tel homme n’est pas acceptable comme sacrifice pour notre déesse. Un homme au corps défectueux est indigne pour notre sacrifice. Libérez-le !’, dit le prêtre. Le roi se souvint alors des paroles prononcées par son ministre, lorsque son doigt fut coupé : ‘’Dieu fait tout pour le mieux !’’ Il réalisa que c’est seulement sa blessure au doigt qui l’avait sauvé d’une mort certaine. Il se hâta de rentrer chez lui et il alla directement à la prison pour libérer son ministre. ‘’Je vous demande pardon pour le traitement irréfléchi, inconsidéré et cruel que je vous ai infligé’’, dit-il. ‘’Votre Majesté, vous ne m’avez causé aucun préjudice. Il n’y a rien à vous pardonner’’, dit le ministre. ‘’Pourquoi avez-vous dit que le fait que je vous ai envoyé en prison était pour votre propre bien ?’’, demanda encore le roi. ‘’Eh bien, si je n’avais pas été emprisonné, je vous aurais accompagné, quand vous êtes parti chasser’’, répondit le ministre. ‘’Je vous aurais tenu compagnie. Et lorsque les membres de cette tribu auraient découvert que vous étiez inapte pour le sacrifice, alors bien sûr, c’est moi qu’ils auraient choisi et qu’ils auraient offert en sacrifice ! Aussi, Dieu fait-Il tout pour le mieux !’’

148. UN VÉRITABLE YOGI Un jour, un homme à la robe ocre emprunta une rue et une bande de jeunes garçons le suivit en parlant de lui à la légère, mais le mendiant n’en fit aucun cas. Il devait se rendre dans un village voisin avant le coucher du soleil, aussi arpentait-il la rue d’un pas assez vif. Ces garçons continuèrent de le suivre et pour finir, le mendiant s’assit sous un arbre en bordure du village. Les garçons n’arrêtaient pas de l’insulter pour le provoquer. Ils constatèrent que le mendiant était tranquillement assis et qu’il ne montrait aucun signe de colère ou d’irritation et ils se lassèrent de s’égosiller contre lui. Comme ils étaient devenus silencieux, le mendiant leur demanda : ‘’Mes enfants, n’avez-vous plus rien à dire ? Faites-le maintenant parce que, quand j’entrerai dans ce village, je crains que vous n’ayez inutilement des ennuis.’’ ‘’Et que va-t-il se passer ?’’, demanda insolemment l’un des garçons. ‘’Mon enfant, moi je ne ferai rien du tout. Les louanges et les blâmes ne s’attachent qu’au corps et non à moi-même’’, répondit le mendiant, ‘’mais dans le village, il y a beaucoup de gens qui me tiennent

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un haute estime et si vous vous permettez encore de m’insulter, comme vous l’avez fait, ces villageois vont vous flanquer une raclée et c’est pour vous épargner une telle expérience, que je vous préviens à l’avance.’’ En entendant ces paroles, ces garçons ne purent s’empêcher de regretter leur comportement. ‘’Malgré toutes les insultes dont nous l’avons bombardé, cet être noble est resté calme, imperturbable et il ne s’est pas emporté’’, pensèrent-ils. ‘’Et qui plus est, il se préoccupe de notre sort. D’une certaine manière, il nous a enseigné une bonne leçon aujourd’hui. Il est sans aucun doute l’incarnation même du pardon.’’ Tous se prosternèrent aux pieds du mendiant et lui demandèrent pardon.

149. QUAND LE MINISTRE D’UN ROI DEVINT MINISTRE DE DIEU

Manikkavacakar, l’auteur du Thiruvasagam est l’un des plus grands saints shivaïtes. Ce ministre qui est devenu un saint est particulièrement intéressant. Manikkavacakar était le premier ministre d’un royaume du pays tamoul. Le roi de ce royaume adorait les chevaux et un jour, il envoya son premier ministre acheter des chevaux. Au cours de son périple, le premier ministre rencontra un sage appelé Thirukannan. Ce sage expliqua au ministre la nature éphémère du monde et la joie éternelle que l’on pouvait expérimenter en contemplant Dieu. Manikkavacakar fut fort inspiré et fort influencé par les enseignements du sage et il décida de déroger à la commande royale de l’achat de chevaux, car il voulait utiliser l’argent pour construire un temple pour le Seigneur Shiva. Sur ces entrefaites, le roi se tracassait pour son premier ministre. Il fit procéder à une petite enquête et il apprit que le premier ministre avait utilisé l’argent qui lui avait été confié pour acheter des chevaux, dans la construction d’un temple. Il fit arrêter le ministre et le fit mettre en prison. Le ministre n’en fut pas affecté. Il continuait de chanter le nom du Seigneur dans sa prison. Plus tard, le roi réalisa son erreur, le fit appeler en sa présence et lui demanda ce qu’il avait fait avec l’argent. Le ministre dit : ‘’Ô, roi ! J’ai utilisé l’argent pour Dieu. Ce que Dieu a donné, je le Lui ai rendu. Sans le pouvoir de Dieu, pas une cellule du corps humain ne peut bouger, pas un brin d’herbe ne peut bouger. L’univers entier existe par la volonté de Dieu. Ô, roi ! Par une heureuse fortune, vous avez pu devenir souverain et par malchance, je suis devenu ministre. Je considère le fait d’être devenu ministre comme une mauvaise fortune. Un ministre devrait être prêt à utiliser toutes ses énergies au service de Dieu. C’est certainement une heureuse fortune que j’ai réalisé la vérité juste à temps et que j’ai accepté le poste de ministre de Dieu. La conscience devrait s’épanouir et proclamer la gloire de Dieu. C’est en raison de la réalisation de cette vérité que j’ai utilisé l’argent qui m’avait été confié pour acheter des chevaux pour ériger un temple

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pour le Seigneur Shiva. Le roi réalisa que le ministre était indéniablement un vrai fidèle et il ordonna sa libération.

150. LE PANDIT ET LA LAITIÈRE Il y avait autrefois un pandit qui menait une vie disciplinée en respectant un horaire fixe préétabli. Il se réveillait aux petites heures, récitait le Pranava et plus tard, après ses ablutions, il buvait un verre de lait à 7 heures, exactement. Parfois, la laitière arrivait en retard, car elle habitait de l’autre côté d’une rivière qui coulait entre la zone où elle vivait et la zone où vivait le pandit. Il lui fallait attraper un ferry pour effectuer la traversée de la rivière avec son lait et le ferry démarrait parfois un peu plus tôt ou un peu plus tard et donc, parfois, quand elle arrivait chez le pandit, il était déjà très tard. Un jour, le pandit la réprimanda et lui dit : ‘’Vous perturbez ma vie disciplinée ! Ignorez-vous que je dois prendre mon verre de lait à 7 heures ? Pourquoi dépendez-vous de ce bateau pour effectuer la traversée ? Répétez simplement le Nom de Rama et vous pourrez traverser la rivière à pied ! Rama veillera à ce que vous ne vous noyiez pas !’’ La jeune fille qui était plutôt simple et campagnarde eut foi dans les paroles du pandit. Le lendemain, elle répéta le Nom de Rama et elle traversa tout simplement la rivière à pied en marchant sur l’eau. ‘’Comment avez-vous pu arriver à temps ?’’, questionna le pandit. ‘’Monsieur, j’ai répété le Nom de Rama en suivant vos instructions d’hier et j’ai pu simplement traverser à pied’’, répondit-elle. Le pandit était tout à fait estomaqué et il ne la crut pas. Il but le lait et il dit : ‘’Allons à la rivière et faites-moi voir comment vous traversez la rivière.’’ La jeune fille entra dans la rivière en répétant le Nom de Rama et elle put simplement traverser à pied en marchant sur l’eau. La jeune fille invita le pandit à la suivre, mais le pandit savait très bien qu’il ne pourrait pas traverser la rivière à pied, puisque lui-même n’avait pas foi en ce qu’il avait avancé…

151. LA GRÈVE DES ORGANES DES SENS Un jour, les organes du corps – les yeux, les oreilles et d’autres membres devinrent jaloux de la langue. Ils se dirent en eux-mêmes : ‘’C’est nous qui faisons tous les efforts pour nous procurer de la nourriture pour la transmettre à la langue et c’est la langue seule qui profite de toute cette nourriture !’’ Ils se mirent alors en grève et ils cessèrent de lui fournir de la nourriture, mais la jalousie leur avait fait oublié le fait qu’ils ne pouvaient fonctionner que grâce à un approvisionnement en énergie à partir de la nourriture qui est transmise à l’estomac par la langue et c’est ainsi qu’ils provoquèrent leur propre périclitement. En fait, ils ne réalisaient pas non plus que la langue ne faisait que goûter la nourriture avant qu’elle-même ne la transmette

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ensuite. La nourriture ainsi transmise à l’estomac devient du sang qui fournit l’énergie. Sans ce rôle essentiel de la langue, tous les autres organes s’arrêteraient de fonctionner. Qu’est-ce qui a provoqué la destruction des organes qui sont partis en grève ? La jalousie ― le monstre vert de la jalousie !

152. LA PARABOLE DU VIGNOBLE Dans un village, une querelle opposait depuis longtemps deux groupes de personnes pour une raison ou l’autre. Un habitant de ce village qui possédait un hectare de terrain cultivait des raisins qu’il vendait pour gagner sa vie. Il n’appartenait à aucun des deux groupes, mais les deux groupes d’opposants vinrent trouver cet individu et entreprirent d’exercer des pressions sur lui afin qu’il rejoigne leur parti respectif. Et c’est ainsi que sous la contrainte, il rejoignit le groupe qui comprenait le plus grand nombre de ces gens malintentionnés. Quelques mois plus tard, cet homme honnête fut arrêté par la police avec tous les autres membres du groupe et c’est ainsi qu’il n’y avait plus personne pour s’occuper de son vignoble. Les vignes qui n’avaient plus reçu d’eau depuis des semaines se desséchèrent et commencèrent à dépérir. Il n’y avait pas de fruits et par conséquent pas de revenus et pas suffisamment de nourriture pour sa femme ou pour ses enfants à la maison. Cet homme recevait une carte postale par semaine de la part de sa femme, en prison. Les règles et le règlement de la prison étaient tels que les lettres reçues par les prisonniers n’étaient pas censurées, tandis que les lettres qui étaient postées par les prisonniers étaient censurées. Un jour, sa femme lui écrivit : ‘’Il semblerait que tu sois bien soigné en prison, mais as-tu réfléchi à notre misérable situation ? Depuis que tu as quitté la maison, notre vignoble est totalement desséché et il n’y a plus personne pour cultiver la terre et pour la préparer pour la prochaine récolte et je n’ai pas d’argent pour arranger la situation. Maintenant, les enfants et moi, nous sommes à demi morts de faim, aussi si tu as quelque méthode à suggérer pour préparer la terre, ce n’est qu’à cette condition que nous aurons quelque chose à manger dans un proche avenir, au moins. J’attends ta réponse...’’ A la lecture de cette lettre, il se sentit très triste, mais il conçut un plan et il écrivit ceci à sa femme : ‘’Ne te fais pas de soucis ! Je ne t’ai jamais parlé d’un trésor, un récipient qui contient beaucoup de pièces d’or que j’avais enterré sous une allée de notre vignoble. Tu n’as qu’à le déterrer pour utiliser ces pièces...’’ La lettre fut censurée et elle fut lue par le directeur de la prison qui ne la posta pas. Il rassembla tous les prisonniers de la prison et il leur demanda de retourner tout le vignoble dans l’optique de découvrir le trésor et en deux temps et trois mouvements, tout le vignoble fut retourné, mais ils ne découvrirent aucun trésor. Quelques jours plus tard, il y eut de bonnes pluies et cette année-là, la récolte du raisin s’avéra excellente. La femme était très heureuse. Elle vendit les raisins et elle obtint une belle somme d’argent.

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Au bout de six mois, le mari fut libéré et aussitôt qu’il fut rentré chez lui, elle l’interrogea avidement : ‘’Comment as-tu réussi à envoyer autant d’hommes pour retourner la terre ?’’ La femme n’avait pas reçu la lettre de son mari, aussi ignorait-elle tout de son plan. ‘’Par la grâce de Dieu, j’ai pu songer à un plan et je les ai fait croire à un trésor. Remercions Dieu !’’ Quel est le sens profond de cette histoire ? L’individu, ce cultivateur possède un hectare de terrain ― l’homme a un cœur et dans ce cœur, il y a deux groupes, celui des bonnes qualités et celui des mauvaises qualités, et ces deux groupes s’opposent. Initialement, le jiva, le maître de céans et propriétaire du cœur n’était pas suborné par les deux parties, mais plus tard, il fut attiré par un groupe. Le jiva a une femme, Nivritti (activités intérieures) et des enfants, pravritti (activités extérieures). Puisque le jiva s’est uni à un groupe, il devait être incarcéré. C’est la servitude, l’esclavage. Néanmoins, il réalise que le champ du cœur doit être nettoyé (retourné) pour trouver la sagesse – l’or. Pour obtenir cette sagesse, tous les prisonniers (ceux qui sont asservis) doivent creuser le champ du cœur. Et après l’avoir retourné et nettoyé, on obtient la récolte de Félicité. Alors, qu’est-ce qui est essentiel ? La purification du champ du cœur par le biais des sadhanas prescrites.

153. MUHAMMAD GHÛRÎ Beaucoup d’entre vous ont entendu parler des invasions de Muhammad Ghûrî et de la manière dont il a pillé notre pays. Un jour, Muhammad Ghûrî affronta Rana Prithviraj et il fut vaincu, mais Prithviraj le laissa repartir, lorsqu’il implora son pardon. Ghûrî attaqua et affronta six fois Prithviraj et il fut à chaque fois vaincu et Prithviraj lui permettait magnanimement de rentrer dans son pays. Lorsque Muhammad Ghûrî envahit l’Inde pour la septième fois et lorsqu’il affronta Prithviraj, cette fois, Prithviraj fut vaincu. Tout autre roi aurait permis à Prithviraj de repartir, s’il s’était trouvé dans la position de Ghûrî, en gardant à l’esprit à quel point Prithviraj s’était comporté gracieusement à l’égard de son ennemi, mais Ghûrî était l’incarnation même de l’ingratitude et non seulement fit-il prisonnier Prithviraj, mais il le rendit également aveugle. Un jour, le ministre de Prithviraj s’approcha de Ghûrî et lui dit : ‘’Ne vous enorgueillissez pas d’avoir vaincu Prithviraj et de l’avoir rendu aveugle. Il pourra toujours livrer férocement bataille, parce que c’est un sabdabedi !’’11 Ghûrî ne put le croire et voulut découvrir par lui-même si c’était vrai que Prithviraj était un sabdabedi. Un jour, Ghûrî fit appeler Prithviraj et lui demanda de décocher une flèche sur une cloche qui n’était pas bien loin de son trône. Ghûrî avait à peine fait sonner la cloche que la flèche de Prithviraj frappa la cloche et la brisa. Alors, Ghûrî décida de condamner à mort Prithviraj, mais avant cela, il demanda à

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Un archer qui peut toucher sa cible en ne s’orientant rien qu’avec le son

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Prithviraj de lui faire une nouvelle démonstration. Prithviraj pria Dieu avec ferveur et décocha sa flèche à l’instant précis où il entendit le son de la cloche, mais cette fois-ci, la flèche fusa en direction de Ghûrî et lui transperça la gorge ! Il s’écroula, mort. Voilà le châtiment qui fut administré à quelqu’un dont l’ingratitude était sans limite. Dieu répondra sûrement à la prière sincère d’une personne bonne et juste.

154. L’EXEMPLE D’EDISON Thomas Alva Edison naquit dans une famille pauvre dans l’Etat de l’Ohio, le 11 février 1847. Les études ne l’intéressaient guère, mais il possédait un cerveau inventif et l’aptitude pour mener lui-même tout seul des expériences. Ses premières expériences causèrent pas mal de dégâts aux biens de ses parents qui le chassèrent de la maison. Il était prêt à quitter la maison, mais il n’était pas prêt à renoncer à mener ses expériences. Pendant quelque temps, il gagna sa vie en vendant des bonbons dans les trains. Une fois, le contrôleur d’un train le frappa violemment, parce qu’il avait provoqué une explosion dans les toilettes et son ouïe en fut affectée par la suite. Un jour, il empêcha que l’enfant d’un homme riche ne soit renversé par un train et cet homme riche s’avéra être un bienfaiteur dans sa vie. Il trouva un travail pour Edison à la Compagnie des Télégraphes. Là-bas, il avait toute latitude et tous les encouragements pour mener à bien ses expériences. Avec le temps, les entreprises et les efforts scientifiques d’Edison furent couronnés de succès. C’est le plus grand inventeur du 19ème siècle et le monde lui doit l’ampoule électrique, le gramophone, le téléphone et beaucoup d’autres choses. Un garçon pauvre aux débuts humbles devint le plus grand inventeur du monde – celui qui offrit au monde lumière et émerveillements. Comment a-t-il réussi ? En vertu de sa persévérance et de sa détermination. Il crut toujours au dicton : ‘’Je peux le faire, je dois le faire et je le ferai !’’ La vie d’Edison illustre cette vérité : ‘’La patience permet à quelqu’un d’endurer les problèmes, mais c’est la persévérance qui nous sort de ces problèmes.’’

155. L’ART SUBTIL DE LA REPARTIE Winston Churchill est connu pour son sens de l’humour et de la repartie. C’était aussi un excellent orateur, mais quand il était enfant, il n’était pas si intelligent ou si avisé. Il n’avait pas de bons résultats à l’école, mais principalement en vertu de sa confiance en lui-même, de son dur labeur et d’effort soutenus, il est devenu le premier ministre de la Grande-Bretagne. Jeune homme, il s’engagea dans l’armée avant d’entrer rapidement en politique. Il s’entraîna à devenir un orateur public efficace. Avant de se rendre à un meeting, il se tenait face à un miroir et pratiquait l’art et la technique pour prendre la parole à la

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réunion, ainsi que le type de gestes et la gestuelle auxquels il devrait avoir recours pour impressionner son public. Il essayait toujours de se corriger et de s’améliorer continuellement. Un jour, à l’occasion d’un meeting électoral, il vociférait contre le parti d’opposition sans mâcher ses mots et dans le public, une femme qui se sentit particulièrement provoquée par l’attaque de Churchill se leva et cria : ‘’Fermez-la ! Si j’avais été votre femme, je vous aurais administré un poison pour mettre un terme à votre vie !’’ Churchill lui répondit calmement : ‘’Et moi, si j’avais été votre mari, je vous aurais enfoncé la coupe de poison au fond de la gorge !’’ La femme ne put rien ajouter. Une autre fois, un parlementaire d’un parti d’opposition répliquait au discours de Churchill. Voyant que Churchill était assis, les yeux fermés, et présumant que Churchill ne l’écoutait pas, il se plaignit qu’il n’était pas bienséant qu’une personne telle que Churchill s’endorme, alors qu’un membre d’un parti d’opposition lui répondait. Churchill se leva alors immédiatement et lui dit : ‘’J’aurais été profondément heureux de m’être endormi, mais il a bien fallu que j’endure les propos de l’honorable parlementaire !’’ Cette réplique provoqua l’hilarité générale dans le Parlement. On doit cultiver l’art subtil de la repartie qui peut rendre de fiers services et s’avérer utile dans toutes sortes de situations délicates.

156. LA QUALITÉ OU LA QUANTITÉ ? Chakravarty Rajagopalachari était réputé pour son art subtil de la repartie, pour ses traits d’esprit et pour sa sagesse. Un jour, en tant que premier ministre, il siégeait à l’assemblée et soudain, un parlementaire l’interpella : ‘’Monsieur, j’ai un doute, pourriez-vous l’éclaircir, je vous prie ? Un garde qui veille pendant toute la nuit n’est payé que 50 ou 100 roupies, mais un fonctionnaire des services administratifs bien installé dans son bureau qui a l’air conditionné et qui appose simplement sa signature sur des papiers reçoit un salaire supérieur à mille roupies. Est-ce juste ?’’ Rajagopalachari voulut lui donner une leçon et il ne répondit pas immédiatement. En regardant par la fenêtre, il aperçut un sannyasin qui faisait signe à un chauffeur de rickshaw et qui s’apprêtait à monter dans le véhicule. Rajagopalachari fit appeler un garde et lui demanda de se renseigner pour savoir qui était ce sannyasin. Le garde retourna au bout d’une minute pour dire que le sannyasin s’appelait Ananda. Rajagopalachari demanda ensuite au garde d’aller se renseigner pour voir où allait ce sannyasin. Le garde rapporta la nouvelle que le sannyasin se rendait dans un village des alentours. Rajagopalachari demanda ensuite au garde d’aller se renseigner pour savoir s’il serait possible de le rencontrer là-bas et combien de temps il resterait là. Le garde rapporta à Rajagopalachari ce que le sannyasin lui avait dit. Ensuite, Rajagopalachari fit appeler un fonctionnaire des services administratifs et lui demanda d’aller trouver ce sannyasin pour savoir qui il était. Le fonctionnaire des services administratifs revint au bout d’une dizaine de minutes avec toutes les

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données qu’il avait pu récolter concernant le sannyasin. Alors, le regard pétillant et prenant un air de St Thomas, Rajagopalachari dit : ‘’Monsieur, vous avez pu constater que le fonctionnaire des services administratifs a pu rassembler toutes les données requises concernant le sannyasin endéans quelques minutes, alors que le garde a dû faire la navette et s’y reprendre à maintes reprises pour contrôler les mêmes données. Le fonctionnaire des services administratifs est mieux payé en raison de son intelligence. Ce n’est pas que le travail que le garde effectue ou que la tâche qu’il accomplit soit inférieure. Même un fonctionnaire des services administratifs doit être préparé pour accomplir son devoir et pour faire le travail qui est attendu de lui au meilleur de ses compétences. Ce n’est pas le nombre d’heures que l’on preste qui compte, mais la qualité du travail que l’on accomplit.’’

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