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AÏKIDO AÏKIDO m a g a z i n e FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES ROBERT HANNS Transmission et respect SYLVIA NOLL Une ernergie à toutes épreuves LES BASES DE L’AÏKIBUDO La notion d’ukemi AIKI MAG 15 28/01/05 19:11 Page 1

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AÏKIDOAÏKIDOm a g a z i n e

F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

ROBERT HANNSTransmission

et respect

SYLVIA NOLLUne ernergie à

toutes épreuves

LES BASES DE

L’AÏKIBUDOLa notion

d’ukemi

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L’ALLURE

L ’Assemblée Générale de la Fédération Internationale à Tokyo en septembre, puis en novembre celle de notreFédération qui a élu un nouveau Comité Directeur, furent les instants de réflexion et de décision qui ont fixé ce quisera l’allure de l’olympiade à venir puisque notre monde a lui aussi réglé son pas sur cette périodicité sportive.

Allure en terme de rythme autant que d’attitude.Ainsi, pour notre Comité Directeur, la période sera celle de l’accomplissement de la fusion de tout l’Aïkido fran-çais probablement au sein de l’union existante (UFA) dans laquelle le rapprochement a été progressivementnoué durant ces dix dernières années.Il n’y a plus qu’à supprimer la distinction entre les groupes, maintenant reconnue factice, puisque quelles quesoient les approches, l’unicité de la discipline a pu être actée dans la première étape de la médiation queconduit avec talent Jean-Luc Rougé pour le compte du Ministère.Il fallait certes y aller doucement -et l’Aïkido a prouvé là être aussi une science de la lenteur- mais aussi y arriveret c’est maintenant.Déjà, les jurys des passages de grades, toujours point crucial et moteur des avancées, ne seront plus paritairesdans un proche avenir.Bien sûr l’Aïkido ne se réduit pas à ce qu’il faut savoir montrer mais aussi à ce que l’on est capable de trans-mettre, objet de la graduation. Le plaisir de la pratique et sa diversité ne s’y retrouveraient pas totalement ; lesgrades doivent être des points de repère communs à tous.La fière allure que nous allons aussi avoir sera celle de la réception dans deux ans du Comité Directeur de laFédération Internationale puisque notre pays a été, à notre demande, préféré au Japon pour la tenue de cetévènement.Notre accueil du Doshu, qui a beaucoup marqué tant pas son ampleur que par sa sincérité, et dont il m’ademandé à nouveau de vous remercier tous, a placé haut notre réputation en la matière.

Mais en y mettant autant de cœur nous pourrons, j’en suis sûr, après quelques indis-pensables frayeurs, faire de cette réunion des représentants de l’Aïkido mondial unévénement qui aura du sens : celui du sentiment de fraternité entre nous tous biensûr, car sans, il n’y a rien.Mais aussi le plaisir de pouvoir faire que cette discipline, qui est une des seules àne pas être structurée par la compétition, arrive à garder une cohérence et unedirection.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

Ce numéro me donne l’occasion de remercier personnellement tous ceuxqui ont collaboré bénévolement au Comité Directeur Fédéral pendant des annéeset qui n’ont pas souhaité ou pu continuer ; tout spécialement Irène Lecoq pour la densité et la qualité du travail effectué, Daniel Bourguignon (CommissionPromotion et Communication), Louis Clériot (Commission Distinctions), Alain Tisman(Commission Jeunes) et Serge Socirat.

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éDITO par maxime delhomme

AÏKIDO MAGAZINE décembre 2004 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche.Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisat ion: Ciné Horizon

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infos-stages

STAGES-WasquehalStage dirigé par Yasuno sensei 7e danle 27 février 05. Rens : 0608169572.

-ParisStage dirigé par Yasuno sensei 7e danle 26 février 05. Rens : 0611401931.

-LyonStage dirigé par Yasuno sensei 7e danles 5 et 6 mars 05. Rens : 0478854247.

-VincennesStage de Pâques dirigé par ChristianTissier 7e dan du 26 au 30 avril 05.Rens : 0603247649.

-ValloireStage dirigé par Christian Mouza 5e dan, du 13 au 19 mars 2005.Rens : 06 08 16 24 88.

-Roquebrune / Argensstage dirigé par Christian Tissier 7e dan,du 24 au 29 juillet et du 31 juillet au5 août 05. Rens : 0603247649.

-BoulourisStage dirigé par Alain Guerrier 6e danet Phillipe Grangé 5e dan, du 14 au16 mai 2005. Rens : 0663061400.

-WattensStage dirigé par Paul Muller 7e dandu 22 au 28 aout. Rens : 0388840134.

-CrestStage dirigé par Alain Guerrier 6e dan du 17 au 20 juillet 2004. Rens : 0663061400.

-NiortStage dirigé par J.L. Subileau 6e dan du 11 au 17 juillet 2005. Rens : 0549096074.

- Ile de NoirmoutierStage dirigé par Joel Roche 5e dan,du 14 au 16 mai et du 11 au 17juillet 2004.Rens : 0241487566.

-Lons le SaunierStage dirigé par Michel Erb 4e dan du 19 au 21 aout 2005. Rens : 0688679702.

-BoulourisStage dirigé par Paul Muller 7e dan,du 11 au 17 avril et 4 au 10 juillet2005. Rens : 0388840134.

-Porto-VecchioStage dirigé par Christian Mouza 5e dan, du 18 au 23 juillet 2005.Rens : 06 08 16 24 88.

-Wégimontstage dirigé par Christian Tissier 7e dan,13 au 20 aout 05. Rens : 32-2-5374762.

CALENDRIER DES STAGES NATIONAUXSAISON 2004/2005

ALSACE2 et 3 avril 2005 - Mulhouse - Franck NoëlAUVERGNE9 avril 2005 - Clermont-Ferrand - Christian TissierBOURGOGNE6 février 2005 - Dijon - Christian TissierBRETAGNE22 mai 2005 - Rennes - Christian TissierCENTRE21 novembre 2004 - Orléans - Christian TissierCORSE21 mai 2005 - Corte - Christian TissierCOTE D’AZUR13 mars 2005 - Boulouris - Bernard PalmierFRANCHE COMTE9 avril 2005 - Lons-le-Saunier - Philippe GouttardILE DE FRANCE20 mars 2005 - Paris - Franck NoëlLORRAINE26 et 27 février 2005 - Pont-à-Mousson - Bernard PalmierMIDI PYRENEES10 avril 2005 - Toulouse - Franck NoëlBASSE NORMANDIE10 avril 2005 - Caen - Christian TissierPICARDIE17 avril 2005 - Laon - Christian TissierPOITOU CHARENTES3 avril 2005 - Poitiers - Christian TissierPROVENCE26 février 2005 - Simiane ou Calas - Christian Tissier

STAGE PREPARATION AU BREVET D’ETAT 1° & 2°du 12 au 16 mai 2005 - NarbonneSTAGE ENSEIGNANTS & FUTURS ENSEIGNANTSdu 23 au 29 août 2005 - Dinard

STAGES ENSEIGNANTS ENFANTS5 et 6 mars 2005 - Arnaud Waltz - Pays de Loire5 au 8 mai 2005 - Jean-Michel Merit - Centre

CERTIFICAT MEDICAL DU SPORTIF

Compte tenu de l’évolution de la législation et de lapression des pouvoirs publics, un certificat de noncontre-indication à la pratique de l’AIKIDO ou del’AIKIBUDO doit être obligatoirement remis à son clubd’appartenance dès l’inscription afin notamment depouvoir obtenir une licence auprès de la Fédération.Contrairement à certaines idées reçues, l’obligation defournir un certificat médical ne concerne plus seule-ment la compétition mais « toute pratique ou épreuvesportive ainsi que les séances d’entraînements organiséspar le club ou la structure fédérale ».

LE COMITÉ DIRECTEUR

Le nouveau Comité Directeur dela FFAAA a été élu le 26 novembre 2004.Bureau Fédéral :Maxime Delhomme, Président, Paul Lagarrigue, Vice Président,Pascale Girod, Secrétaire générale, Robert Hanns, Secrétaire géné-ral adjoint, Marcel Dromer, Trésorier, Jean Liard, Trésorier adjoint.Comité Directeur :Composé des membres du Bureau Fédéral et de Claude Jalbert,Président d'Honneur (non élu), ainsi que de : Jean Marc Aubry,Fernand Azzopardi, René Carpentier, Gérard Clérin, DanielConeggo, Michel Coulon, Michel Desmot, Gilles Etienne, MichelHamon, Annie Jarry, Catherine Lagarrigue, Jean Robert Lefevre,Philippe Mattéi, Azzouz Mebarek, Gérard Méresse, SilvaTscharner-Piétri, Louis Vizzino, mais également du Président del'Aikibudo Didier Ferrier et du secrétaire général Etienne Bouleyqui sont élus par l'AG de la co-discipline.

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infosUNE SOIRÉE TRÈS DISTINGUÉELes dernières élections fédérales qui ont nommé un nouveau Comité Directeur et élu MaximeDelhomme pour un nouveau mandat de Président, ont également été l’occasion de remettrequelques distinctions et diplômes aux promus présents lors d’une soirée particulièrement chaleureuse.

Beaucoup de monde présents pour cette remise de distinctions. Parmi les promus augrade de 7e dan Mariano Aristin, Paul Muller,Louis Clériot ont reçu leurs diplôme desmains du Président Maxime Delhomme.

Trois Présidents de Ligues ayant cumulé 5 mandats de Président : Henri Byrde Côted’Azur, Jean Liard Centre, Gérard MeresseBourgogne ont été distingués de la médailled’or fédérale. Également présents pour recevoir sa distinction Marcel Dromer, trésorier de la fédération, ainsi qu’AlainVerdier pour son diplôme de 6e dan et DanielConeggo qui a reçu son diplôme de 5e dan.

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BON DE COMMANDE COFFRET 2DVD

Christian Tissier 7e danShihan Aïkikaï de Tokyo

PRINCIPES ET APPLICATIONSIMMOBILISATIONSET PROJECTIONSDans ce coffret 2 dvd ChristianTissier, l’incon-tournable réfé-rence de l’Aïkidoauthentique en

Europe propose, sous uneforme simple et précise, la découverte desprincipes fondamentaux de l’Aïkido à travers toutes les techniques d’immobili-sations et de projections sur les diversesformes d’attaques classiques. En bonus,vous pourrez revivre la saga des 3 Doshude l’Aïkikaï ainsi que les démonstrationsde Christian Tissier à Bercy. Durée 2h 50.

Je désire commander.............. Coffret 2DVDau prix unitaire de 65 € soit .................€Frais de port : 1 DVD : 5 €

Je règle la somme de ............… €

❒ par chèque à la commande

ADRESSE DE LIVRAISON :Club: ..............................................................Nom: .............................................................Prénom: ........................................................Adresse: ...............................................................................................................................Code postal: .................................................Ville: ..............................………………………Pays: .....................……………………………

À ENVOYER À : CERCLE TISSIERpar courrier : Cercle Tissier

108 rue de Fontenay - 94300 VincennesPour tous renseignements : 06 03 24 76 49

lire-voir-écouter

LE FONDATEURDE L’AÏKIDOMORIHEI UESHIBALaurent Schang L’auteur nous raconte l’his-toire prodigieuse d’unhomme d’exception, MoriheiUeshiba, le fondateur del’Aïkido qui connut à traverssa longue existence toutesles métamorphoses majeuresde son pays. 200 pages.19,80€ - Pygmalion

SHINGONLe bouddhismetantrique japonaisMichel Coquet

L’écoleShingon dumaîtreKûkai estune voieparticulière-ment sen-sible à la

récitation des mantras. SelonKûkai, parvenir à l’état deBouddha ne requiert pointplusieurs vies mais peut êtreréalisé dans cette existencemême (sokushin jôbutsu). Ony parvient par la pratique destrois mystères à savoir : lajuste pensée (contemplationdes mandalas), la juste paro-le (récitation des mantras) etla juste action (exécution desmudrâs).336 pages, très illustré.29€ - Guy Trédaniel éditeur

SHIATSUManuel du praticienSaul Goodman

Le Shiatsuest unethérapienaturelleutiliséedepuis desmillénairespour main-tenir santé

et longévité. Par sa faculté àsoulager les symptômes phy-siques et psychiques, le Shiatsuapparaît comme un outil pré-cieux pour augmenter laconscience de notre corps aussibien que pour stimuler la communicationeffective à travers le toucher. Ce manuel du praticien duShiatsu s’appuie sur plus de 300photos et illustrations. Il com-prend entre autres :-des indications claires etdétaillées ;-les points de pression poursoulager des maux spécifiques ;-des exercices pour développersensibilité et toucher.260 pages.21€ - Guy Trédaniel Éditeur

Ô TSURUGIL’ÉPÉE REINEGoto Muraki etOlivier GaurinSous forme d’un conte roman-cé ce livre retrace l’histoireépique d’un sabre exceptionelet les aventures étonnantes deses différents protagonistes duJapon du XVIe siècle jusqu’àaujourd’hui.Les deux auteurs, de culturejaponaise et française ont suinsuffler à cette épopée uneâme humaniste qui ne laisseraaucun lecteur indifférent.698 pages.22 € - Éditions de l’Éveil

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point de vue

LLee pprriinncciippee dd''uunniiffiiccaattiioonnddee ll''eesspprriitt eett dduu ccoorrppss

QUI SUIS-JE POUR DEFI-NIR LE « KI » ?

Cette question d’un ancienélève de O Sensei Ueshiba, lorsd’un stage, est la cause d’uneréflexion personnel sur lanécessité ou non de définirl’Aïkido.Qu’est ce que définir ?Cataloguer, fixer pour l’éternité ?Est-ce bien raisonnable de défi-nir l’Aïkido un art martial del’époque des samouraï qui, enun siècle, est passé d’un art dela guerre à un art de paix ?…Mais essayons quand même.Traduire ce mot d’origine japo-naise choisi par O Sensei pourbaptiser son art ? Pourquoi pas ?Aï : union ou harmonie, Ki :energie, Do : chemin ou voie. « Le chemin de l’union desenergies ». Imaginons que latraduction soit, disons… correc-te. Encore faut-il en expliquerles termes.Chemin ou voie : en général unsentier tortueux bourré d’or-nières, de certitudes et dedoutes. D’ailleurs le mot che-min me gêne, il suppose undébut et une fin, plutôt un che-minement vers…Union : fusion, symbiose maisaussi camaraderie, amitié,entente… harmonie. Remplacerparfois, il faut le dire par : indif-férence, mésentente, antagonis-me sans parler des cas plutôtrares de superbe, arrogance etautre fierté mal placée.Energie : Les choses se compli-quent. L’union physique, disonsmécanique, entre tori et uken’est déjà pas facile… Alorscomment unir quelque chosequi ne se voit pas ?Expliquer ? on peut essayer.

À première vue, cette traductiondepuis le tatami, « le chemin del’union des énergies », ne repré-sente qu’un instant infimepuisque très vite tori captel’énergie d’uke pour la retournercontre lui. Expliquer c’est

détailler pour aider à com-prendre, c’est donner un sens.C’est aussi développer dans ledétail une technique en ladécomposant et revenir sibesoin est à la source, notam-ment au maniement des armes.Expliquer l’Aïkido c’est montrerl’exemple avec enthousiasmepour effectuer des milliers dechutes, des heures d’entraîne-ment et stages en tout genre.C’est une progression perma-nente, une école d’humilité, unart martial de défense et d’inté-gration, une quête de bien être,d’équilibre, une envie d’échan-ger de partager, de vivre en har-monie… d’être à l’écoute.Il y a le Ki de l’instant, c’est-à-dire la captation, l’union, et ceque j’appellerai « l’aïki attitude »,c’est à dire généraliser cet ins-tant d’union à un comporte-ment global positif en harmonieavec tout ce qui nous entoure…L’aïki deviendrait alors beau-coup plus qu’un cheminement,une voie, une option de vie, spi-rituelle, voir métaphysique…une aventure humaine endehors des sentiers battus,alors, de là à le définir.Mais soyons aussi honnêtes.Pendant combien d’années depratique plus ou moins assi-dues, l’Aïkido n’a-t-il été, pourla majeure partie d’entre nousqu’un sport de combat, qu’unemanière de mettre en reliefnotre ego ? Pendant combiend’années le muscle a-t-il primésur l’énergie ? Sans doute ladéfinition qui suit correspondaità cette époque…Définir ? Pour quoi faire ?Franchement si c’est pour rati-fier la définition du Petit Robert

Aïkido : « Art martial japonais,sport de combat à mains nuesutilisant principalement les clésaux articulations », très peupour moi. Voilà une définitionapproximative qui peut servirpour tous les arts martiauxd’origine nippone.Un délégué de l’Aïkikaï pour unpays européen se questionnaitpendant un stage sur le besoinet la nécessité de définir le « Ki ».Pourquoi enfermer le « Ki »dans le dogmatisme des mots ?Laissons le vivre pleinement,s’épanouir… Chercher à le loca-liser ou à le définir c’est l’enfer-mer dans le carcan sectaire d’unrecueil de mot, coincé entreaiguiser et ail... Le définir, c’estpenser qu’il n’y a qu’une seulevérité. Qui peu, mieux que lefondateur O’sensei, définir le « Ki ». L’a-t-il fait ? Je ne saispas… Mais, en tout cas il amontré l’exemple, ce qui estbeaucoup plus subtil. Pournous pratiquants, refuser de ledéfinir c’est déjà percevoir cequ’est le vrai Aïkido, puisquec’est éviter une source de conflitavec ceux qui pensent différem-ment…

Comment alorsdéfinir ce qui estimperceptible ?D’ailleurs le Ki ne s’apprendpas, pas plus qu’il ne s’achète…Une dure soirée m’attend, met-tez-moi un kilo de Ki !… Il ne setransmet pas non plus généti-quement ni verbalement, il faitsimplement partie de la naturehumaine. Il faut donc le décou-vrir, ou plutôt le ressentir. Maison ne part pas à la recherche deson ki comme on part à la

Le mystère du Ki n’a decesse de suciter bien des intérrogationschez les aïkidoka etmême plus largementdans l’universde toute pratique martiale. Comment l’expliquer,comment ledéfinir, quelleest son origine etc. ?OlivierRousselonnous livre sareflexion surcette mystèrieuseénergie à l’origine del’Aïki.

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recherche du dernier spécimend’une espèce en voie de dispari-tion pour le fixer une fois pourtoute sur la pellicule de notresavoir. Cela serait beaucouptrop simple. Ce n’est pas laquête du Saint-Graal, maispresque. D’ailleurs nous appar-tient-il vraiment ? Ne faut-ilpas, pour le deviner, être encommunion avec autrui, lanature ou l’univers ? Pourquoine serait-il pas tapi au fond demoi en attendant le déclic quil’activera. Quand ? Vaste ques-tion. Sans doute au moment oùon s’y attend le moins, aprèsdes années de pratique, dansun moment de relâchementtotal du corps et de l’esprit.Le définir c’est le privé de laliberté de grandir, de s’ébruiter,de se contagier peut être… C’esten même temps de la part dumaître qui fut élève pendantplusieurs années d’ O’sensei untémoignage d’humilité, desagesse, et de maturité.Qu’importe la localisation ou ladéfinition qu’en on observedans l’action cette captation etunion totale entre tori et uke.Reconnaître ses doutes n’est-cepas un premier pas vers laconnaissance ?L’union des énergies n’est pasquelque chose de nouveau en

soit. Des hommes et despeuples entiers ont mobiliséleurs énergies à certainesépoques, que ce soit leStakhanovisme russe ou lesGrands Travaux aux USA, ou,malheureusement certainesgrandes guerres. Mais personnen’a utilisé un art martial decombat pour en faire un art dela paix universelle commeO’sensei.

La recherche de l’HarmonieCar le principe de l’union desénergies AÏKI, peut s’utiliserdans des quantités de circons-tances, en dehors du tatami. Cedernier ne sert qu’à amortir leschutes. Ce n’est pas un mini ter-ritoire avec ces frontières bienmarquées, reservé à quelquesinitiés qui viendraient confron-ter la puissance de leur Ki, puisqui rentreraient chez eux satis-faits. Pour moi le territoire del’Aïkido, c’est celui que nouscotoyons tous les jours, c’est larecherche de l’harmonie, plusquelques heures d’entraîne-ment aux techniques de basespour aller plus loin dans la voie.Ma dernière réunion de forma-tion à la vente s’intitulait AÏKI.Surprise de l’assistance ! Lemarketing relationnel est deve-

nu de plus en plus importantpour se démarquer de laconcurrence et consiste à créerl’harmonie. En bref, l’harmonieavec soi même, puis avec sescollègues pour qu’il y ait unecohésion de groupe. Harmonieentre le personnel et la direc-tion, être à l’écoute. L’harmonieentre le personnel et le lieu detravail. Bien évidemment l’AÏKI,l’harmonie, avec la clientèle ettout ce que cela suppose, savoirgérer les conflits par exemple.En fait dans l’Aïkido, commedans cette formation, on faitl’union avec l’autre… pas audétriment de l’autre. Réussirprovoque une profonde satis-faction et une grande sérénité.Si on extrapole aux relationsnormales de chacun, cetterecherche d’harmonie est fina-lement universelle…Qui suis-je moi pour définir cequ’est l’Aïki ? Ne vaut-il pasmieux comprendre ce qui carac-térise et distingue l’Aïkido desautres disciplines d’arts mar-tiaux ? Aucun des arts tradition-nels, ni modernes d’ailleurs,comme le Judo ou le Karaté, quifurent sans doute des sourcesd’inspiration pour l’Aïkido,n’utilisent le principe aïki –har-moniser, unifier les « Ki » (éner-gie mentale et physique)-.Kimusubi, c'est-à-dire l’instantprécis pendant lequel, au lieude s’opposer à l’adversaire, onva s’unir à son mouvement.J’aurais tendance à expliquerque c’est une déterminationinébranlable d’un être vivant,en l’occurrence une personnehumaine, vers un objectif. Lorsde cette décision tous les senssont en éveil, le corps doit êtrerelâché pour que le Ki puissecouler. L’être entier participe.Pour unir son Ki avec celuid’uke, tori doit ressentir unevolonté totale, alors là il peut yavoir osmose, captation del’énergie du partenaire. Sanslutte ni contrainte. Il faut être àl’écoute, s’adapter et suivre,s’oublier soi même pour laisserla place au nouveau centre queconstitue l’union des énergies,l’axe dynamique.

Attention ! Il n’y a rien ici desurréaliste. Il ne s’agit pas nonplus d’un ballet et encore moinsd’un romantisme rêveur et idéa-liste. L’aïki qui se mérite et nousfascine nécessite un entraîne-ment rigoureux. Mais est-ill’apanage des seuls aïkidokas ?Je ne crois pas. Peut-on y arriveren pratiquant d’autres activitésou en empruntant des cheminsdétournés ? Pourquoi pas, onpeut toujours en débattre… uneautre fois.Dans le mot définir il y a le motfinir et le mot fin, or l’aïki n’estpour moi que le début… De quoi ? Vaste programme…

Olivier Rousselon

«…Pour unir sonKi avec celui

d’uke, tori doitressentir une

volonté totale, alors là il peut y avoir

osmose, captation del’énergie du partenaire.

Sans lutte nicontrainte.

Il faut être àl’écoute,

s’adapter etsuivre…»

Morihei Ushiba lors d’une démonstration duprincipe de l’aïki.

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aïkido

Qu’est ce que la CSDGE ?C’est la Commission Spécialisée des Danset Grades Équivalents, appellation officielledepuis la Loi sur le sport du 6 juillet 2000.Auparavant elle s’appelait CSGA.l’arrêté créant la CSDGE AIKIDO a étésigné le 23 septembre 2002.

Qu’est ce que la loi a changé ?La grande nouveauté est que cette commis-sion est composée pour moitié de représen-tants de l’Aïkido et pour l’autre moitié dereprésentants de fédérations multisports etde syndicats d’enseignantsLa nouvelle commission est composée,

c’est la loi qui l’exige, de 12 représentants :3 pour la FFAAA, 3 pour la FFAB, 4 pour lesfédérations multisports et 2 pour les syndi-cats d’enseignants en arts martiaux. Ainsiles fédérations d’Aïkido ne disposent quede la moitié des sièges et n’ont pas la majo-rité face aux représentants des multisportset des syndicats. La scission en deux fédé-rations de l’Aïkido français est ainsi un dan-ger pour la discipline, car en cas de mésen-tente entre les deux fédérations, les « non-aïkido » ont la majorité. D’ou l’ur-gence d’une fédération unique…

Pourquoi une telleCommission ?Pour bien comprendre, il faut faire un petitrappel sur la notion de grades.Dans une discipline où il n’y a pas d’autrevalorisation reconnue, le grade est le moyende se situer soi-même dans sa progressionmais aussi (surtout ?) de se situer par rap-port aux autres. Pourtant le « DAN » est aussi un niveau,comme celui d’une marche d’escalier quel’on monte que l’on descend, sauf qu’enAïkido, on ne descend jamais !Le grade le plus connu dans le monde est legrade « AÏKIKAÏ ». C’est le grade décerné,directement ou par l’intermédiaire d’expertsaccrédités, par l’école qu’est l’Aïkikaï deTokyo. Dans la mesure où la quasi-totalitédes pratiquants dans le monde a cette écolecomme référence, on pourrait imaginer qu’ilsoit seul reconnu.En France, cela n’est pas le cas.Depuis 1963 l’État délivre les grades DAN,aussi bien en judo, en Karate-do qu’enAïkido et dans toutes les disciplines mar-tiales reconnues.La raison en est simple. Cela permet decontrôler l’enseignement dispensé, notam-ment aux enfants et de limiter la multiplica-tion des écoles et des grades que certainss’attribuent eux-mêmes. Car c’est en étant titulaire de ce grade offi-ciel que l’on peut prétendre obtenir, par

examen en principe, un Brevet d’État per-mettant d’enseigner. Cette contrainte éta-tique peut paraître pesante mais on ne peuty échapper. Cela peut même être risqué des’y soustraire puisque « toute personne quise prévaut d’un dan ou grade équivalentqui n’aurait pas été délivré par la CSDGEs’expose à des sanctions pénales prévues àl’article L 433-17 du nouveau code pénal »(un an de prison et 15 000 € d’amende).La directrice des sports a adressé le 16 sep-tembre 2003 un courrier aux co-présidentsde la CSDGE leur recommandant d’êtreextrêmement attentifs au respect de cetteréglementation et de saisir en tant que debesoin les juridictions compétentes pourfaire sanctionner ces abus. Et c’est parce que l’État ne dispose pas desfonctionnaires compétents pour organiserles examens de grades DAN, qu’il délèguecette mission à la CSDGE, chargée d’orga-niser ces examens à sa place.

Comment la CSDGE fonctionne-t-elle ?Un règlement intérieur a été élaboré aprèsde nombreux mois de « négociations »entre la FFAAA, la FFAB et le Ministère.Il a lui aussi fait l’objet d’un arrêté ministérielpublié au Journal officiel du 3 mai 2004 :

Ce règlement modifie un certain nombre dechoses comme, par exemple :● Les candidats des fédérations multisportset les candidats libres peuvent désormais seprésenter aux examens ;● Les jurys ne sont plus composés que dedeuxjuges ;● Un carnet de grade UFA est créé qui ne sesubstitue pas au passeport mais qui devientle seul document attestant d’un grade Dan● Les juges doivent suivre régulièrementune formation ;● Ils doivent être titulaires du Brevet d’État ;● Ils doivent donner leur appréciation parécrit ;● Un conseil supérieur des hauts gradés estcréé pour donner des avis à la Commission.

CHACUN POUR SON GRADELa question délicate de l’attribution desgrades vient defaire l’objet d’unaccord entre laFFAAA, la FFAB etle ministère. Paul Lagarrigue,5e dan, vice-prési-dent de la FFAAA,co-président dela CSDGE, qui a été un des négociateurs pour la FFAAAnous présente les nouvelles dispositions qui désormais s’imposent à tous.

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Bien sûr, quelques unes de ces modifica-tions ne sont pas appréciées par certains,qui étaient habitués aux dispositions précé-dentes du règlement CSGA.La majeure partie de ces modifications nousa pourtant été imposée par le Ministère.Ce nouveau règlement préfigure surtout ceque sera la Commission des grades de laprochaine fédération unique dont les basesont été jetées par l’accord signé entre laFFAAA, la FFAB et le Ministère ennovembre 2003. À défaut de cet accord, leMinistère était déterminé à ne pas renouve-ler notre agrément ni celui de la FFAB.

Qui sont les juges ?Ce sont des juges UFA (Union desFédérations d’Aïkido). Ils ne sont que deuxpar Jury et il faut l’accord des deux jugespour être admis. Pour cette saison encore, àtitre transitoire, les deux juges sont issuschacun d’une fédération. La saison pro-chaine, ils seront désignés par tirage ausort, ainsi que le prévoit le règlement. Onaura ainsi la possibilité de voir deux jugesissus d’une même fédération évaluer uncandidat de l’autre fédération.Ceci est nécessaire pour aller vers l’uniondes fédérations exigée par le Ministère etsouhaitée par la FFAAA. Bien sûr, les juges seront formés pour avoirune vision la plus objective possible desprestations des candidats et leurs décisionsseront suivies avec soin par la Commission.Ils sont désormais tous au minimum 4e danpour les jurys régionaux et 5e ou 6e dan pourles autres, et sont tous titulaires d’un Brevetd’État.Tout ceci n’est en fait qu’une transition versla fédération unique qui doit être mise enplace en 2008 et dans laquelle, bien sûr, l’ap-partenance à un groupe n’aura plus de sens.

Comment se passent les examens ?Les examens se passent comme d’habitude,dans les régions pour les 1er et 2e dan, danssix centres inter-régionaux pour les 3e danet au niveau national pour les 4e dan.Les présidents de ligues déterminent lesdates de leur examen, en général deux ses-sions par an, en janvier ou février et en juin.Le grade obtenu est désormais inscrit sur uncarnet de grades UFA qui est le seul documentqui fera la preuve du grade, ce qui ne fait pasdisparaître le passeport qui reste un docu-ment indispensable pour le pratiquant puis-qu’il retrace tout son parcours d’aïkidoka.

Et au-delà du 4e DAN ?Ensuite on entre dans les grades de hautniveau. Les critères sont d’abord le respectdu règlement, notamment les délais entregrades.Ensuite l’avis des instances administrativesnationales est requis. Il porte surtout surl’aspect fédéral de l’activité du postulant.Enfin, vient l’avis des techniciens qui pren-nent en compte tous les autres aspects.Les présidents de ligues ont également,dans ce cadre, un rôle important à jouer. Cesont eux qui doivent détecter et proposerles pratiquants qu’ils jugent dignes d’obte-nir un grade. Mais bien sûr, leurs proposi-tions doivent être mesurées et conformesaux exigences du règlement.Enfin, les pratiquants eux-mêmes doiventse placer en situation d’être promus.

La CSDGE a nommé des 7e DAN ?La CSDGE a validé en septembre, tous les

grades passés sur examens entre juin 2000et juin 2004 puisqu’il n’y avait plus de com-mission officielle entre ces deux dates.Ce sont ainsi plusieurs milliers de gradesqui sont enfin devenus officiels.Sur l’ensemble des deux fédérations com-posant l’UFA, elle a aussi nommé 23 candi-dats au 6e dan et 57 au 5e dan.Quant aux 7e dan, la nomination de dixpostulants (5 FFAAA et 5 FFAB) a mis fin,du moins on peut le souhaiter, à un conten-tieux ancien entre la FFAAA et la FFAB.Il s’agit de Franck Noël, Claude Jalbert,Louis Clériot, Mariano Aristin et Paul Mullerpour la FFAAA et de Jean Paul Avy, ClaudePellerin, Jean Luc Fontaine, Gilbert Millat etRené Van Drogenbroek pour la FFAB.La commission a également attribué desgrades « sur dossier » selon une procédureprévue par son règlement soit 39 candidatsau 4e dan, 27 au 3e dan, 29 au 2e dan et 56au 1er dan pour les deux fédérations.Enfin nous avons « reconnu » un certainnombre de grades étrangers attribués pardes instances officielles.

En conclusion, la CSDGE représente unecharge très lourde, difficile à gérer car elleintervient sur le sujet le plus sensible et leplus convoité : le grade. Les amicales pressions et les récriminationsacerbes existent. Elles ne doivent, ni lesunes, ni les autres, altérer notre volonté degarder à tous les grades leur valeur, car ilssont la vitrine, aux yeux des non initiés, denotre discipline.Il faut aussi assurer l’équité des grades. Lerèglement élaboré avec le Ministère, par saprécision, même s’il est complexe, garantitcette nécessaire équité dans les examens.Pour les grades sur dossiers et de hautniveau, la marge d’erreur est plus considé-rable mais ces erreurs sont souvent initiées

par ceux qui pro-posent desgrades qui serévèlent sansc o n s i s t a n c e .Ainsi, tous lesresponsab lesadministratifs ettechniques ont-ils une part dansla recherche decette équité.

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Un art martial est unediscipline, au doublesens de ce qui recouvreun certain champs deconnaissances et de

pratiques et de ce qui imposeau pratiquant attention, ascè-se, rigueur. L’Aïkido est unediscipline martiale vivante,qui se nourrit à des principes,évolue et s’adapte commetout ce qui vit. La tensionentre rigueur technique etliberté de création est doncbien inhérente à l’essence del’Aïkido, sans rigueur tech-nique la discipline se dissoutet n’est plus que l’ombre d’el-le-même, sans liberté elle

s’assoupit et se fige en unsimulacre répétitif.Nous tenterons de montrercomment peut se com-prendre et se gérer cette ten-sion à deux niveaux : dans lapratique individuelle propre-ment dite et dans l’appréhen-sion que peut avoir un jury dela prestation d’un candidat àun grade dan.Dans une culture de l’egocomme la nôtre, la pratiquede l’Aïkido impose dans unpremier temps à l’individu unehumilité de facto. Confronté àl’apprentissage des bases, àla mémorisation et la réalisa-tion des techniques, le débu-

tant éprouve les commence-ments sous le signe de larigueur d’un enseignementqui ne laisse pas toujoursbeaucoup de place à la per-ception globale des mouve-ments et des formes. Maisquelques années plus tard sefait jour le désir, très, trop tôtvenu, de pratiquer « son »Aïkido au motif de ce que samorphologie, l’aura person-nelle de tel expert, voire tellelecture déterminent des pré-férences qui ne sont souventque des biais pour esquivertelle ou telle difficulté. Mêmesi on peut et doit le regretterl’isolement de certains ensei-

gnants favorise une « créativi-té » qu’un peu de confronta-tion et de partage remettraitfacilement en question.Il est clair que la liberté n’estpas l’errements et que fairevivre l’Aïkido n’est pas lerenier. D’ailleurs, le mot « création » ne doit pas noustromper : il n’y a pas de créa-tion ex nihilo, surtout pas enAïkido et il faut entendre par« création » la marque de l’in-dividualité dans un chemine-ment normé par la tradition etl’expérience.Mais il est tout aussi certainque la rigueur ne réside pasdans la répétition impeccabled’une norme technique intan-gible : la rigueur technique nedoit pas faire oublier que latechnique n’est qu’un moyenvers la compréhension deprincipes. On donnera doncune définition intériorisée dela rigueur technique commehonnêteté de la pratique enégard au niveau de compré-hension qu’on en a.La rigueur technique duShodan n’est pas celle duYondan parce que de l’une àl’autre doit s’opérer la transi-tion progressive de la maîtri-se formelle des techniques audébut de compréhension desprincipes qui régissentl’Aïkido. Au risque d’étonnernous situerons du coté devertus morales la possibilitéd’une conciliation entre lepôle de la rigueur et celui dela créativité.

L’ÉTAPE SUPÉRIEURE Le brevet d'Etat d'éducateur sportif du deuxième degré, option aïkido, confère à sontitulaire la qualification professionnelle nécessaire au perfectionnement technique et à laformation des cadres, dans la spécialité choisie à l'examen, ainsi qu'une qualificationapprofondie en gestion et promotion des activités physiques et sportives.Deux sujets étaient proposés à l’épreuve écrite du Brevet d’État spécifique Aïkido 2e degrépour la session novembre 2004.Voici la réponse d’Éric Bizot candidat au premier sujet à l’écrit de cet examen : Comment concilier rigueur technique et liberté de création en Aïkido ?

aïkido

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Entre stéréotypie et mégalo-manie il faut que le pratiquantprenne conscience que toutart martial est une simulation(il comporte des règles, unecodification) que vient sou-vent délimiter de l’extérieurl’épreuve de la compétition.L’Aïkido ne comportant pasde compétition, c’est à unenorme intérieure que doit seréférer le pratiquant. Sil’Aïkido est compréhension etréalisation de l’harmonie avecl’autre et avec le monde alorssa vertu première est l’humili-té. Il ne saurait donc jamais yavoir de la part du pratiquantune volonté de créationmarque d’une revendicationde l’ego contraire aux prin-cipes. L’individu sans cesseapprend et approfondit saconnaissance par la remise encause d’un niveau de pratiqueau profit d’une pratique supé-rieure. Les bases ne sontjamais définitivementacquises mais incessammentreprises et éprouvées. Irimi etAtemi sont ce par quoi le pra-

tiquant sans cesse se crée lui-même dans l’exercice d’unediscipline qu’il fait vivre et quile dépasse.

Ces considérations sur la pra-tique individuelle en généralont un retentissement sur laconsidération qu’un jury, paressence normatif et gardiende la rigueur technique, peutavoir pour ce que le candidat,et plus sûrement son profes-seur, peut considérer commerelevant de la liberté de créa-tion. Tel geste, telle techniquesont-ils aberrants ou spéci-fiques ? Il ne nous appartientbien sûr pas de trancher dansl’absolu sur ce qui seraitacceptable ou ne le serait pasmais nous nous permettronstoutefois les remarques sui-vantes :Le candidat, par sa presta-tion, se crée lui-même commepratiquant ; il montre ce qu’ilest, ce qu’il a compris. Il va desoi que cette compréhensionne peut être dans un premiertemps que formelle mais cela

toutefois a une importancepour le jugement que le jurydoit porter sur lui : le candi-dat doit être évalué positive-ment à l’aune de ce qu’il faitet pas exclusivement auregard de ce qu’il aurait dûfaire. Cette positivité du juge-ment, même si celui-ci doit setraduire par un refus, est lependant de l’idée que larigueur technique est lemoyen d’une construction.On assistera ainsi, au fur et àmesure de l’élévation desgrades, à un transfert pro-gressif dans la prépondéran-ce des critères d’évaluation.Si la connaissance formelle etla construction des tech-niques apparaissent fonda-mentales pour un Shodan,sans bien sûr que le principed’intégrité soit totalementnégligé, ce dernier, avec lamarge d’initiative qu’il autori-se dans la réalisation destechniques, prendra progres-sivement le pas. On passeraainsi progressivement de lagrammaire à la littérature, dela répétition d’une formeextérieure à l’intégration pro-gressive des principes.

En fait, quelque soit l’anglesous lequel on prenne le pro-blème de la conciliation entrerigueur technique et libertéde création, on s’aperçoitqu’il faut laisser du temps autemps, à la condition del’honnêteté et de l’humilité. Lepratiquant a d’abord la lourdetâche de se construire en seremettant sans cesse en ques-tion. S’il devient « créateur »au sens d’une évolution de ladiscipline elle-même, ce nepeut être que par une volontéd’approfondissement et nond’innovation. À ce stade, pourautant qu’il l’atteigne un jour,et bien peu peuvent y pré-tendre, il pourra montrer quec’est sa liberté qui manifestesa rigueur.

Eric Bizot 4° dan,professeur de

philosophie.

Les candidats de la FFAAA

aux diplômes du BE1 et

BE2 sous leur forme

« examens » ou « VAE »

(Validation des Acquis de

l’Expérience) sont invités

à suivre les 2 stages

nationaux de formation

des cadres organisés et

financés par la fédération :

Du 12 au 16 mai

à Narbonne animé par

Gilles Rettel, Gilbert

Maillot et Paul Muller.

Du 22 au 26 août à Dinard

animé par Franck, Noël,

Bernard Palmier

«Il est clair que la liberté

n’est pas l’errement et

que faire vivre l’Aïkido n’est pas le renier.

D’ailleurs, le mot

« création » ne doit pas

nous tromper :il n’y a pas de

création exnihilo, surtoutpas en Aïkido

et il fautentendre par « création » la

marque de l’individualité

dans un cheminementnormé par la

tradition etl’expérience. »

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rencontre avec

Une disponibilité à toutes épreuves

sylvia noll

Certaines nous montrent avec brio qu’il est possiblede concilier vie professionnelle et vie familiale... Sylvia Noll, 5e dan, nous prouve que l’on peut, à cesdeux existences, associer avec bonheur celle d’unepratiquante exigeante.

QUEL EST VOTRE PARCOURS EN AÏKIDO ?

En 1979, lorsque j’étais étu-diante à la Faculté de Droit deStrasbourg, je cherchais à prati-quer une activité sportive. Envenant assister au cours quePaul Muller dispensait au ClubUniversitaire, je dois avouerque j’ai été immédiatementséduite par la complétude desexercices proposés ; toutes lesparties du corps semblaient sol-licitées lors des mouvementsréalisés tant avec tonicité quesouplesse. J’ai été, dès le début, très assi-due à ses cours, surtout pen-dant les périodes d’examen où,

rapidement, la pratique del’Aïkido me semblait si essen-tielle pour retrouver un équi-libre physique et intérieur.En tant qu’élève de l’ÉcoleNationale de la Sécurité Socialeà Saint-Etienne, j’ai ensuitesuivi l’enseignement de l’Aïkidode Philippe Gouttard qui m’ainculqué un goût certain del’entraînement. En 1984, j’ai obtenu mon pre-mier emploi à Paris et, c’estsciemment, que j’ai choisi defixer mon domicile à proximitéde Vincennes, lieu du Dojo deChristian Tissier dont j’avaisdécouvert précédemment lapersonnalité et les principes

d’enseignement à l’occasion deplusieurs stages.Ce choix de résidence a étéalors privilégié, jusqu’à ce jour,afin de me donner le maximumde possibilités, quelles quesoient les contraintes de la vie,d’apprendre encore et de prati-quer l’Aïkido.Cette appétence pour cette dis-cipline m’a également amenée àélargir mon expérience en effec-tuant plusieurs séjours auJapon entre 1985 et 1993 afinde suivre les cours proposés àl’Aïkikaï.

LA MIXITÉ DANS LA PRATIQUE DEL’AÏKIDO EST-ELLE UN FACTEUR

FAVORABLE POURUNE BONNE PRO-GRESSION ?Je crois que lamixité homme-femme, quel quesoit le domainedans lequel elles’applique, estfacteur de progrèspour la commu-nauté concernée.La mixité dans lapratique del’Aïkido, mesemble-t-il, n’yéchappe pas. L’ouverture decette discipline àla gente fémininea d’abord permisde répondre à une

attente tout à fait légitime de lapart des pratiquantes. Depuis, les hommes des dojosont certainement dû adapter leurattitude générale et y ont finale-ment gagné dans leur proprepratique. Des mouvementsappliqués en s’appuyant surtoutsur la force naturelle ne leurrentaucun des deux partenaires.L’enseignement a nécessaire-ment dû évoluer et faire progres-ser la technique en tenantdavantage compte des capacitéset des aptitudes de ces élèvesbien différentes.Dans le cadre de la pratique del’Aïkido, la relation qui peut êtreétablie entre deux personnes desexe opposé n’est pas factice.Elle a du sens, sur le plan mar-tial, si chacun, de part et d’autre,développe une action sincère etadaptée aux qualités et auxcapacités de l’autre. Ce principe énoncé dépasse ladifférence de sexe pour s’appli-quer à toutes les différences (lesenveloppés et les maigres, lespetits et les géants, les adoles-cents et les seniors…).Aujourd’hui, les femmes sontbien présentes dans la pratiquede l’Aïkido ; certaines ensei-gnent, d’autres participent auxinstances fédérales et quasi-ment, dans tous les dojos, lesanciennes créent naturellementle lien social qui facilite l’intégra-tion des nouveaux pratiquants etla vie commune des membres du

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club. Elles favorisent d’autant lerayonnement de l’enseignant deleur club qui peut, ainsi, établirune relation d’apprentissagedans un cadre privilégié.

PEUT-ON OPPOSER LA « SOUPLES-SE » DE LA FEMME À LA « FORCE »DES HOMMES DANS LA RÉUSSITEDE CERTAINES TECHNIQUES ?La « réussite » de certainestechniques nécessite tant la dis-ponibilité physique et mentalequ’une détermination de tori.Sont donc sollicitées tant desqualités de flexibilité que cellescréant une impulsion dégageantde l’énergie. Celles-ci sont doncbien complémentaires.Les hommes comme les femmesdoivent donc tenter de trouver,

à l’occasion d’une chaque tech-nique à réaliser la meilleurealliance, entre leur souplesse etleur force qu’ils puiseront auplus profond d’eux-mêmes !

VOUS ÊTES UNE MAMAN COM-BLÉE PAR TROIS ENFANTS.COMMENT VOUS ÊTES –VOUSORGANISÉE POUR RENDRE TOUTÇA COMPATIBLE AVEC VOTRE PRATIQUE ?Il est vrai que la maternité avéritablement transformé monentraînement. Si j’ai voulu unarrêt total pendant la grossesse(notamment la première quiétait gémellaire), j’ai cependantrepris dès le mois suivant lanaissance des enfants. Maisdésormais, plus question d’y

passer plusieurs soirées parsemaine… Il y a donc moinsd’heures d’entraînementqu’avant, mais chaque coursest encore davantage appréciéet investi de manière différente. Le retour au dojo a été proba-blement facilité par l’expériencedéjà acquise (j’étais 4e danavant la naissance des enfants)mais il a fallu, dans un premiertemps, déjà me réappropriermon propre corps.La régularité de mes entraîne-ments m’a donc permis, égale-ment, de rester en contact avecla discipline qui est un artvivant et qui évolue selon larecherche de l’enseignant suivi,notamment Christian Tissier,qui propose à ses élèves desapproches très diversifiées et enpermanence renouvelées, ainsique les senseï qui reviennentrégulièrement en France.L’organisation au quotidien visedonc, comme toutes les mèresde famille, la recherche perma-nente d’une conciliation entrela vie familiale, professionnelleet sociale (cette dernièreincluant la pratique del’Aïkido). Cet équilibre fragileest sans cesse remis en causepar les évènements de la vie. Il

n’y a pas de recette, mais entout cas, l’enthousiasme pourcette discipline est toujours pré-sent en moi et constitue lemoteur principal.

L’AÏKIDO EST UN BUDO. PEUT-ILÊTRE RÉDUIT À UN SEUL ART DEDÉFENSE ? Si l’objectif de non-violence aprésidé à la conception des prin-cipes fondateurs de l’Aïkido,celui-ci est bien un art martial àpart entière. Au demeurant,quelquefois, la prise d’initiativeet la sollicitation de l’adversaires’avèrent être la meilleure formede défense.

VOUS ÊTES ACTUELLEMENTDIRECTRICE-ADJOINTE À LA CAISSED’ALLOCATIONS FAMILIALES ÀNANTERRE. EN QUOI, VOTRE PRA-TIQUE DE L’AÏKIDO, INFLUENCE-T-ELLE VOTRE MODE DE RELATIONSPROFESSIONNELLES ?J’ai longtemps pensé qu’il n’yavait aucun impact, hormis quemon besoin intarissable de pra-tiquer l’Aïkido devait largementrépondre à une impérieusenécessité de retrouver un équi-libre intérieur après des jour-nées de travail génératrices destress. Aujourd’hui, j’en suis

Pour Sylvia Noll, dans la pratique de l’Aïkido, la

maîtrise de la technique offredes réponses aux «conflits»

sur le tatami comme à l’extérieur du dojo.

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moins certaine et on peut consi-dérer que la forme de manage-ment de mes équipes ou le stylede négociations que j’emploies’appuient sur des principesqu’on retrouve en Aïkido ; uneécoute de l’autre dans la gestionde conflit, la construction d’uneréponse qui tient compte dupotentiel de l’autre, une capaci-té à décider de façon opportune.Probablement, la pratique del’Aïkido a participé, d’une

manière ou d’une autre, à mondéveloppement personnel enmilieu professionnel.

VOUS PRATIQUEZ ÉGALEMENT LEKARATÉ, EST-CE PAR MANQUE DECOMBAT EN AÏKIDO ?Non, je considère qu’il y a devraies sensations de combat enAïkido si les conditions requisessont réunies. L’Aïkido est un art martial com-plet, qui se suffit à lui-même. Lesystème d’éducation qu’il pro-pose est cependant très ambi-tieux et, par conséquent, trèsexigeant ; les attaques sont plusou moins stylisées mais corres-pondent souvent aux mises ensituation les plus difficiles.Je dois reconnaître que, sansl’apprentissage initial del’Aïkido, je n’aurais jamais sus-cité un intérêt pour le Karaté etje ne me serais jamais sentie encapacité d’aborder cette disci-pline. Grâce à l’approche globa-le de l’enseignement de l’Aïkidode Christian Tissier, cet éveil apu se produire et que j’ai ététentée d’explorer cet autre artmartial qui m’apparaissait, avecbeaucoup d’a prioiri, plus rudi-mentaire et radical et, doncd’autant moins accessible à unélément féminin.La pratique du Karaté relèveplutôt d’un parcours personnelet c’est en 1986, alors 2e dan

d’Aïkido et toujours assidue,que je m’y suis orientée demanière complémentaire.L’apprentissage du KaratéShotokan a donc été pour moi,une ouverture sur un mondequi s’est révélé particulièrementriche en termes de diversité depratiques et d’une variété infi-nie de techniques. Au delà, j’aipu accéder à l’enseignement desenseï parmi les plus grandsdont notamment Kase senseïqui utilise bien volontiers desattaques main ouverte et effec-tue, en application katas, desprojections impressionnantesavec lesquelles on peut trouverun lien avec certaines tech-niques d’Aïkido.L’exercice du kumité (combat)est, pour moi, simplement uneautre manière, de pratiquer unediscipline martiale. Il présente,entre autres, la vertu de tra-vailler davantage sur la relationavec son adversaire-partenairepar une gestion spontanée de ladistance, du rythme et du place-ment. En Aïkido, ces objectifspeuvent largement être atteintspar différentes formes de travail(Ju-Waza avec un ou plusieurspartenaires notamment). Ilsnécessitent, comme en Karaté,le respect de certaines règlessans lesquelles l’exercice nepeut s’effectuer.Cela dit, je ne conseille jamais

rencontre avec

La réussite de certainesapplicationstechniquesdemande une bonnedisponibilité mentale deuké commede tori.

sylvia noll

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aux pratiquants d’Aïkido defaire un détour par une autrediscipline car l’éparpillements’avère fréquemment nocif.D’autant plus, que nous avonsla chance d’avoir en France, unéventail d’enseignants de hautniveau à même de répondre auxattentes des élèves.

QUELLE PLACE DONNEZ-VOUSAUX ATÉMIS EN AÏKIDO ?En Aïkido, les atémis ont unefonction de dissuasion ou dedésorientation de l’adversairepour effectuer un déplacementsans laquelle il ne pourrait êtreréalisé. Ils peuvent aussi provo-quer un déplacement de uke,créant ainsi un déséquilibre àexploiter. Il s’agit donc de leseffectuer à bon escient, dans letemps et à la bonne distance.Leur usage requiert néanmoinsun éveil ou une éducation deson adversaire afin qu’ils créentune réaction juste et conformeaux principes de l’Aïkido.

VOTRE MARI, PIERRE BERTHIER, (7e DAN DE KARATÉ) EST UNMAÎTRE DE BUDO RECONNU. CELAFACILITE-T-IL VOTRE DÉVELOPPE-MENT PERSONNEL ?Mon mari, de part ses qualités

humaines, favorise indéniable-ment mon développement per-sonnel.Il a, par ailleurs, un regard trèspositif sur l’Aïkido et a suivipendant un an, l’enseignementd’Aïkido et de Ken-Jutsu deChristian Tissier, lui permettantnotamment de participer, enjuin 1987 à un stage dirigé parYamaguchi senseï qui l’a pleine-ment ébloui. De fait, en tantque budoka, il perçoit plus aisé-ment la place que peut avoir unart martial dans la vie quoti-dienne d’un pratiquant confir-mé, même s’il s’agit d’une prati-quante.En effet, si la société est aujour-d’hui plutôt indulgente vis-à-visdes femmes qui choisissent des’initier à un art martial, celadevient beaucoup plus com-plexe lorsqu’elles sont prati-quantes confirmées et, de sur-croît, mères de famille. Larecherche personnelle par unepratique régulière d’un art mar-tial est alors, de mon point devue, moins reconnue commelégitime dans l’opinionpublique. J’ai plusieurs foisremarqué qu’une partie de monentourage, s’étonnant de monobstination à encore fréquenter

des dojos, n’arrivaitpas à percevoir l’in-térêt que je pouvaistoujours y retirer.Avec Pierre, cetobstacle est levé.Au contraire, je saiset je constate fré-quemment qu’ilfacilite réellementdans ma vie quoti-dienne, l’exercicede l’Aïkido.

LE TRAVAIL AUXARMES VOUSSEMBLE-T-IL NÉCES-SAIRE POUR UNEMEILLEURE COMPRÉ-HENSION DEL’AÏKIDO ? AVEZ-VOUS UNE PRÉFÉ-RENCE POUR UNEARME PARTICULIÈRE,POURQUOI ?Les armes consti-tuent des supportsde travail qui enri-chissent l’appren-tissage de l’Aïkido.Ce travail spéci-fique permet deconcrétiser diffé-remment certainesmises en situation.Il facilite effectivement la com-préhension de l’Aïkido. Je suisdavantage attirée par l’appren-tissage du ken en raison de l’as-pect fulgurant et définitif quiémane de l’exécution des tech-niques.

IL VOUS ARRIVE D’ENSEIGNER,QUELS SONT LES POINTS ESSEN-TIELS DE VOTRE PRATIQUE QUEVOUS SOUHAITEZ FAIRE PASSER ?Je n’ai, jusqu’à présent, jamaisvéritablement enseigné ; dansun premier temps, parce que jeconsidérais plus l’Aïkidocomme une activité réaliséed’abord pour moi, sans devoiranimer un groupe ce que je suisappelée à faire quotidienne-ment dans mon travail. Ensuite,j’ai préféré utiliser le temps res-tant à une pratique du Karaté.Et, depuis plus de 10 ans, parl’absence de réelles disponibili-tés en raison de la priorité don-

née à l’éducation de mesenfants. Cependant, j’ai conscience d’unhandicap. L’enseignement estune étape indispensable danssa progression personnelle ; larelation d’apprentissage néces-site non seulement une rigueurtechnique et une faculté à trans-mettre à chaque élève le moyende s’approprier les principes decette discipline. Elle nourrit éga-lement une réflexion globale etpermanente sur le sens même etl’épanouissement de sa pra-tique. Ainsi, tôt ou tard, selonles opportunités, je viendrai àl’enseignement. Alors, je croisque mon objectif majeur, serasimplement, de donner l’enviede découvrir et pratiquerl’Aïkido. ❁

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entretien avec

Robert Hanns 4e dan pourrait se satisfaire d’être un enseignant comblé dans sonremarquable dojo alsacien. Mais non, il a tenu à s’engager plus encore dans la voiede l’harmonie, en assumant, avec discrétion et efficacité, les fonctions de présidentde ligue et de membre du Bureau Fédéral.

Une transmission

respectueuse

robert hanns

Comment le messagede Morihei Ueshiba

vous est-il parvenu ?Il me semblerait prétentieux d’affir-mer qu’un message de O’Sensei meserait parvenu ; en ce qui concerne« LE MESSAGE ». D’abord, y en a-t-il un ? Moi je ne suis pas un phi-losophe de l’Aïkido, je suis un pra-tiquant ; en tant que tel je ne suispas obsédé par un message qu’au-rait transmis O’sensei ; cela ne meparaît pas très intéressant parcequ’un message transmis ne peutêtre que conjoncturel (Adapté àson temps) ou sclérosant dans lamesure où il fige les valeurs qu’ilcontient ; maître Nishio, quandnous lui avons demandé, en 1990,pourquoi il n’a pas encore écrit unlivre sur l’Aïkido, nous a répondu :« Si j’écris un livre cela voudra direque je suis arrivé au bout de marecherche et que ma pratique ne vaplus évoluer ; or ma recherche n’est

pas terminée et j’ai peur de figer mapratique en la mettant par écrit » ;O’sensei nous a livré beaucoupplus qu’un message, il nous a don-ner l’Aïkido, ou plus précisément ilnous a indiqué le chemin, la voieque nous devons suivre pourdécouvrir, vivre et faire vivrel’Aïkido ; plus que philosopher, ilnous faut donc pratiquer ; prati-quer avec sincérité, générosité,honnêteté et constance, ainsi nousavons une chance de découvrir leou plutôt les messages de O’senseitels qu’ils s’insèrent dans notreépoque et notre vie.

Vous référez-vous à unsensei plus particulière-ment ?Si vous entendez par là, un senseijaponais, je dirai non ; pour lasimple et bonne raison que je n’enconnaît pas un particulièrement ;j’ai suivi des stages avec plusieurs ;

ceux que j’ai fréquentés plus assi-dûment sont les maîtres Tamura,Nishio et Yoshida ; tous, sansexception sont d’une granderichesse et leur apport est considé-rable ; plus ponctuellement, lesmaîtres Endo, Yasuno, Asaï,Saotome.Par contre je me réfère à mon pro-fesseur, Paul Muller, et, à traverslui à ceux qui l’ont formé,Nakasono, Noro, Tamura, Chiba ;Je pense aussi, que l’expression « se référer » n’a pas le même sensquand on est débutant et après 20ans de pratique ; bien sûr, commedébutant, pour « juger » monpropre travail je me réfère à l’imageque mon professeur me donne ; sije suis prétentieux (Qui ne l’a pasété dans ce domaine ?) je juge lesautres selon ce même critère ; maisau bout de plus de 20 ans de pra-tique le mot « référence » prend unsens différent ; mes références, jeles porte en moi, elles imprègnentmon comportement et guident mapratique, elles sont, avec mespropres valeurs, les fondations surlesquelles, avec mon tempérament,je construis mon édifice ; elles nesont plus le modèle « parfait » quej’essaie d’imiter.

La fidélité à un sensei ouà une école vous paraît-elle indispensable ?Par nature et (ou) par expérience,je me méfie plutôt des « fidélités » Et puis, c’est quoi, la fidélité ? Nefaudrait-il pas d’abord la définir, endessiner les contours ?

La fidélité dans le sens, respect dela vérité du maître, respect desengagements pris est certeslouable, mais ne me paraît pasessentielle pour la pratique del’Aïkido ; la fidélité à un sensei ouà une école, prise au sens d’uneconstance dans ses attachements,ou pire, au sens de fidèle : « Quipratique une religion », non seule-ment ne me semble ni indispen-sable, ni même utile pour la pra-tique de l’Aïkido, mais, de surcroît,ne serait pas sans danger pourl’évolution de la personnalité del’individu et de sa pratique. Cette fidélité peut être une solutionde facilité : « Je suis fidèle donc pasresponsable » ; cette fidélité là peuttendre à un enfermement, une atti-tude de repli sur soi : « En dehorsde mon maître pas de solution »,difficulté de s’ouvrir à d’autresvaleurs : « Je détiens la vérité » ;cette fidélité là , érigée en système,ne permet pas à une fédérationcomme nous la voulons, multifor-me et riche de ses diversités, de sedévelopper harmonieusement,d’être un lieu où chacun pourras’enrichir de la différence desautres, une fédération qui fait vivreensemble toutes les tendances,toutes les sensibilités de l’Aïkido etqui, pour cela, favorise l’expressionet l’épanouissement de toutes ; nonpas un champ clos où l’on juxtapo-serait des cellules imperméables oùl’on cultiverait la fidélité au maître,seul détenteur d’une vérité uniquejalousement gardée, un lieu sansconflits et sans drames, certes,

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mais un lieu sans vie et sans dyna-misme.Cependant, il existe une forme defidélité qui est indispensable, maisqui n’est pas propre à l’Aïkido, c’estla fidélité à un enseignement, à unedémarche pédagogique, elle estnécessaire pour tout enseignement ;je me rappelle de l’interview d’unevioloncelliste de renommée inter-nationale qui, parlant de sa forma-tion, disait : « Dans un premiertemps il faut suivre l’enseignementdu maître qu’on a choisi ; ensuite,quand on a acquis des basessolides, il faut travailler avecd’autres maîtres ; enfin, il faut cher-cher sa propre voie et développerson art » ; en Aïkido, comme dansn’importe quelle discipline, ladémarche doit être la même ; ellen’est en rien exceptionnelle, elleest, je pense, universelle :Acquisition du savoir, enrichisse-ment, recherche personnelle ; lafidélité qui s’inscrit dans ce schémaest indispensable, permanente,mais pas constante dans sa nature ;comme la vie, comme l’Aïkido elleévolue et se transforme ; mais,comme les références dont nousavons parlées plus haut, elle esttoujours présente en moi ; elle estexigeante pour l’élève qui ne reniepas l’enseignement de son maître

même si après un long travail il s’enétait éloigné ; nous connaissonstous des gens qui ont « oublié » quileur a donné les premiers rudimentsd’un art qu’ils prétendent exercercomme s’il leur était tombé dessuspar hasard un beau matin de prin-temps ; fidélité exigeante pour l’élè-ve, fidélité exigeante pour le maîtrequi doit l’accepter même s’il voitson élève grandir, progresser, voirele dépasser ; Einstein aussi a eu uninstituteur, c’est peut-être grâce àlui qu’il a pu devenir Einstein ???Fidélité donc, oui, mais vivante,généreuse, libre.

La pratique des armesvous semble-t-elle indis-pensable à la bonne maîtrise de l’Aïkido ?Indispensable ? Je ne sais pas, jeles ai toujours pratiquées ; utile ?Oui, toujours, certainement ; trèsutiles, même, quand, comme c’estle cas de l’enseignement de Nishiosensei, elle fait partie intégrante dela pratique de l’Aïkido, quand ellen’est pas traitée comme un exerci-ce à part.

Quels sont les aspectstechniques qui vousparaissent incontour-nables ?

Il est difficile de répondre à cettequestion sans avoir rapidementl’air d’être prétentieux.Yoshida sensei, lors de son récentséjour à Thonon a déclaré : « Iln’est pas nécessaire de connaîtreun grand nombre de techniques,l’essentiel est de pratiquer avecsincérité et générosité, de pratiquer« avec son cœur » pour un bonAïkido et un bon enseignement ».Avec ça on n’est pas sauvé !Je vais donc essayer de tricher unpeu ; je pourrais dire tout est incon-tournable et rien ne l’est ; on n’esttoujours pas plus avancé !Ce qui, je pense, est véritablementincontournable, c’est de travailler,de travailler et encore de travailler ;je dis souvent à mes élèves : « Çane sert à rien de discuter pendantdes heures, quelque agréable quepuisse être l’exercice, il ne sert àrien de dévorer des bouquins quitraitent savamment de l’Aïkido,malgré le réel intérêt que cela puis-se avoir, si vous ne travaillez pas ;il faut encore et encore mouiller dukimono ! Cela nécessite non seule-ment de nombreuses heures depratique, mais aussi une pratiqueintense, sincère et généreuse. Pourmoi c’est cela qui est incontour-nable : intensité, sincérité, généro-sité; les techniques ne sont que des

moyens, des instruments délivrésplus ou moins parfaitement, quipermettent de s’approcher au plusprès de ce qu’est l’Aïkido.

Vous paraît-il indispensablede pratiquer une autreforme d’art martial ?Indispensable ? Non ; utile sansdoute ; encore que, à mon avis ilvaut mieux avoir pratiqué un autre,ou d’autres arts martiaux avantd’arriver à l’Aïkido que de le faireconcomitamment sauf si on est arri-vé à un niveau très élevé, ce que jedécrivais plus haut comme la der-nière phase de la démarche pédago-gique ; je suis, en effet, persuadéque la pratique d’une autre discipli-ne martiale peut être perturbantepour un débutant en Aïkido ; ellerisque, à mon sens, de venir polluerla démarche pédagogique entrepri-se avec son professeur.Par ailleurs, j’ai souvent du mal àcomprendre les pratiquants quiabandonnent l’Aïkido pour uneautre discipline martiale ; j’ai ten-dance à penser qu’ils n’avaient pasvraiment compris ce qu’est l’Aïkido,qu’ils n’avaient pas encore perçuses valeurs et leur modernité ;Nishio sensei disait : « L’Aïkido estun art martial des temps modernes »et encore : « L’Aïkido comprend

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tous les arts martiaux, c’est pour-quoi il leur est supérieur ».Mais je peux aussi comprendreque, tout simplement, par leur tem-pérament, on peut avoir besoin deplus de défoulement, de confronta-tion, de compétition, toutes choseslouables quand elles s’exprimentdans un environnement de qualité.

Aujourd’hui vous êtes unenseignant reconnu, maisvous avez également desresponsabilités fédérales,quelles sont-elles ?Enseignant reconnu ? Je ne saispas ; c’est d’ailleurs sans grandeimportance ; ce que je sais c’estque j’aime partager le peu que saisde l’Aïkido, que j’aime mes élèveset, de ce fait, les accompagner dansleur progression en Aïkido est unplaisir.Je n’ai pas de responsabilité parti-culière au niveau de la fédération,en ce sens que je n’ai pas une fonc-tion cataloguée ; je suis, encoresimple membre du bureau.À part ça j’enseigne comme titulai-re dans mon club de Soufflenheim,comme remplaçant à Strasbourg, jesuis trésorier de mon club omni-sports et je suis aussi président dela ligue d’Alsace.

L’Aïkido est un art en

perpétuelle évolution,comme l’a voulu son fondateur. Cela vous convient-il ?C’est certain ; l’Aïkido est en per-pétuelle évolution parce quel’Aïkido vit ; c’est comme le langa-ge, une langue qui se pratique évo-lue ; nous ne parlons plus commeau 19e siècle (pour ne pas remon-ter trop loin) et dans cent ans on neparlera plus comme aujourd’hui :c’est une langue vivante ; l’évolu-tion de l’Aïkido est liée, je pense àdeux facteurs : Le travail personneldes plus anciens, des plus gradésqu’on pourrait appeler experts etqui ne se contentent plus de repro-duire à l’identique ce que leursprofesseurs leur ont enseigné et ladispersion de l’Aïkido à travers lemonde avec la multiplication despratiquants et des enseignants.Mais, vivre c’est prendre des risqueset en assumer la responsabilité ;l’Aïkido vit et de ce fait est exposé àtous les dangers de perversion, dedéviance, voire de détournement àdes fins pas toujours louables ; c’estpourquoi il est important de définirce qu’est l’Aïkido ; quels sont seséléments fondateurs. Mais il fautaussi une structure solide, organi-sée, capable de permettre à l’Aïkidode vivre et de s’épanouir, aux indi-vidualités de s’exprimer ; mais

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entretien avec

RRoobbeerrtt HHaannnnss,, pprraattiiqquuaanntt iiccii aavveecc YYoosshhiiddaa sseennsseeii,, rreessttee àà

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«…L’Aïkido est un art martial ; entant que tel il est exigeant, ne souffrepas la compromission et la tiédeur ;il exige une pratique rigoureuse,constante, humble et patiente ; il exige un engagement physiqueet mental total.La contrepartie nécessaire c’est lerespect ; c’est le respect qui doitpermettre de préserver « l’intégrité physique et mentale »des pratiquants…»

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aussi, capable de le protéger detoutes les dérives auxquelles il estexposé, de préserver son authentici-té et ses fondements.Bref il nous faut une fédérationdont les diverses composantestechniques et administratives tra-vaillent en harmonie pour unmême but, non pas une fédérationque chacun utiliserait pour satisfai-re ses propres égoïsmes ou sespropres ambitions ; il nous faut unefédération qui favorise l’expressionde la diversité des facettes del’Aïkido, non pas une fédérationqui exalterait la « pensée unique »et la monotonie technique.

Quels sont élémentsmajeurs de votre expé-rience que vous trans-mettez en priorité à vosélèves ?Que l’Aïkido est un art martial ; entant que tel il est exigeant, nesouffre pas la compromission et latiédeur ; il exige une pratique rigou-reuse, constante, humble et patien-te ; il exige un engagement phy-sique et mental total.La contrepartie nécessaire c’est lerespect. C’est le respect qui doitpermettre de préserver « l’intégritéphysique et mentale » des prati-quants. Mais le respect c’est aussine pas « sous-estimer » le parte-naire : « Vous devez considérer quevotre adversaire est au moins aussivaleureux, fort et intelligent quevous » (Gal Mac Arthur). Il convient

de pratiquer avec la même rigueur,le même engagement, la mêmeapplication que le partenaire soit 6e kyu ou 6e dan, qu’il soit uke ouqu’il soit tori, seule l’énergie expri-mée doit être adaptée à son niveau.Ce respect là, doit amener l’ancienà travailler avec le moins ancien, ledébutant à accepter l’expérience del’ancien.

Le respect de l’étiquettevous semble-t-il absolu-ment nécessaire à la pratique de l’Aïkido dansnotre époque moderne ?Il y a plusieurs niveaux de réponseà cette question.Pour moi, avant tout, l’étiquetteveut dire « politesse », veut dire « respect » ; en ce sens elle contri-bue à l’organisation de la vie encommun, dans un temps donné (lecours), dans un endroit donné (ledojo).Ces règles s’inscrivent dans uncadre spécial qui est la pratiquemartiale d’où un certain nombre degestes et d’attitudes plus ou moinscodés, plus ou moins stricts ; qui seréfèrent à une tradition martiale,d’ailleurs plus ou moins comprise !Mais, je pense que le plus impor-tant, ce qui est vraiment fonda-mental, c’est que l’étiquette doitfaciliter la pratique ; elle doit parti-ciper à la démarche pédagogique ;elle doit faciliter la concentration,l’écoute et l’assimilation. De tout temps, les hommes ont

ritualisé certaines pratiques, ontcodifié certaines attitudes phy-siques afin de mieux atteindre ladimension spirituelle ; Pascal nedisait-il pas : « Si vous voulez prier,commencer par vous mettre àgenoux » ; en cela l’étiquette estune notion intemporelle et lemonde moderne, où les sollicita-tions sont fortes et multiples, en apeut-être plus besoin qu’autrefois.Mais c’est comme en toute chose,si nous exécutons les quelquesgestes que nous impose l’étiquettemécaniquement ou simplementparce que le « prof » l’a dit, elle nenous sera pas d’une grande utilitési ce n’est la préservation d’uneimage destinée au spectacle. L’étiquette doit s’inscrire dans unedémarche pédagogique globaleC’est ainsi que le salut collectif, parexemple, s’inscrit dans la phase « prise en main » du groupe ; lesalut individuel doit exprimer, for-maliser le respect dont nous avonsparlé précédemment ; le silencedurant la pratique doit faciliter l’ac-quisition du savoir ; récemment enrentrant d’un cours à Strasbourgj’ai écouté une discussion de philo-sophe français contemporain qui,citant un philosophe chinois, disaiten substance : « Parler empêchel’écoute ».

Existe-t-il, à votresens, un travail del’Aïkido en dehors dudojo ?Je pense, en effet, qu’un entraîne-ment assidu, sincère dans le res-

pect des quelques principes quenous avons évoqués, ne manquerapas d’avoir une influence sur noscomportements ; par exemple,dans la mesure où l’Aïkido consis-te, entre autres, à résoudre desconflits artificiellement créés pourles besoins de la pratique, cet exer-cice, maintes fois répété, peut nousaider à gérer les conflits de toutessortes que nous rencontrons dansla vie de tous les jours, profession-nels, familiaux, etc.Mais je voudrais terminer en insis-tant sur le fait, c’est mon expérien-ce, que les gens qui viennent pourtrouver des solutions toutes faites,des recettes, pour résoudre leurproblèmes personnels, ne les trou-vent pas, que ceux qui viennent,uniquement attiré par les philoso-phies orientales, ne persévèrentpas, ceux qui viennent parce qu’ilspensent que l’Aïkido les rendrainvincibles, repartent très vite,carl’Aïkido est école d’humilité et depatience; mais tout cela et d’autreschoses encore comme la maîtrisede soi, une certaine efficacité faceaux adversités de toutes sortes,peuvent venir en « prime » d’unengagement physique généreux etsincère. Ce qui, par contre est cer-tain c’est que, en tout état de causel’Aïkido, est une activité physiqueextraordinairement équilibrée qui,bien conduite, peut être pratiquéetrès longtemps à tout niveau, avecdes partenaires de tout âge et detout sexe. ❁

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2020

Nous poursuivons ici la série d’articlesconsacrés aux bases de l’AÏKIBUDOavec ce deuxième volet sur l’étude dela difficile notion d’UKEMI WAZA, soitl’art de réceptionner son corps à l’occa-

sion d’une projection sur le sol, quelle soitvolontaire ou non. Cette partie fondamentale duprogramme n’est certes pas l’apanage de notreArt mais nécessaire pour notre intégrité, et seretrouve pour beaucoup dans la plupart des dis-ciplines martiales japonaises. Toutefois, l’ap-proche de l’UKEMI en Aïkibudo diffère dans lastratégie mise en œuvre et l’exploitation réalisteet utilitaire de cette partie du programme, dontla maîtrise permet, en sacrifiant volontairementsa propre verticalité d’exploiter pleinement larichesse des notions de SUTEMI WAZA et deKAESHI WAZA.

1°/ LA NOTION D’UKEMI :UKEMI peut être traduit par réception (UKE) ducorps (MI), et est improprement transcris enfrançais par le terme réducteur de « chutes ». Ils’agit en fait, par le biais d’un mouvement parti-

culier du corps de se réceptionner au sol à l’is-sue d’une perte de sa verticalité, consécutivesoit d’une projection de son partenaire, soitd’une volonté personnelle de se soustraire - laplupart du temps - à une contrainte articulaire,soit d’un sacrifice volontaire de sa station verti-cale, afin d’exploiter le déséquilibre ainsi créé,au travers de techniques supérieures issues duSUTEMI WAZA. Cette notion complexe tend àpermettre une parfaite maîtrise des mouvementsde son corps dans l’espace, à l’occasion d’uneaction qui rebute instinctivement le pratiquant :passer de la position « stable » sur ses deuxpieds, à celle inconfortable et potentiellementdangereuse « coucher » parterre, avec les aléasdu contact plus ou moins violent avec un « sol» pas toujours aussi « accueillant » qu’un tata-mi sur parquet suspendu !Nul progrès réel n’est possible si l’on ne parvientpas à maîtriser les différentes formes d’UKEMI,à coordonner et à automatiser les différentsmouvements qui permettent d’effectuer sanschoc ni douleur jusqu’aux « chutes » les plusraides. L’amélioration et la maîtrise de l’UKEMIlibèrent le pratiquant d’une appréhension légiti-

me qui aurait tendance à le raidir, avec pourconséquence de lui enlever toute possibilitéd’attaquer avec souplesse, rapidité et à propos.Cette étude rationnelle des diverses « chutes »se fait progressivement depuis les formes rou-lées et accompagnées jusqu’aux formes pla-quées de diverses hauteurs et formes. Le princi-pe de l’UKEMI consiste toujours à réceptionnerson corps lors d’une entrée en contact avec lesol, volontaire ou non, en veillant à réduire à laplus petite surface possible, et notamment enévitant au maximum que la tête ne soit encontact avec celui-ci. Il s’agit, autant que faire sepeut de mettre en contact avec le sol une lignequi partira de l’extrémité d’un bras jusqu’à l’ex-trémité de la jambe opposée (mae ukemi) etcette ligne se devrait d’être tangentielle à l’unedes vertèbres dans le dos. Le souci permanentde l’Aïkibudo reste, ici encore de maintenir l’in-tégrité physique tant de son propre corps, quede celui de son partenaire qui ne sera pas tou-jours aussi expérimenté que soi.

Quelle que soit la forme d’UKEMI, les principescommuns suivants doivent se retrouver :

aïkibudo

LES BASES DE L’AÏKIBUDO (II)

LA NOTION D’UKEMI

““EEnn tteemmppss ddee ppaaiixx,, ll’’eesssseennccee ddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxx cc’’eesstt ll’’eennsseeiiggnneemmeenntt.. DDaannss llee mmoott rryyuu iill yy aa ll’’iiddééee ddee ccoouurraanntt.. DDôô,,cc’’eesstt llaa vvooiiee,, cc’’eesstt qquueellqquuee cchhoossee qquuii ppaassssee.. SSii oonn aarrrrêêtteedd’’eennsseeiiggnneerr,, ccee nn’’eesstt pplluuss llaa vvooiiee,, cc’’eesstt sseeuulleemmeenntt uunnee tteecchhnniiqquuee.. LLaa tteecchhnniiqquuee mmaarrttiiaallee vviissee uunniiqquueemmeenntt àà ttuueerr,, aalloorrssqquuee llee bbuutt ddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxx eesstt ddee ffoorrmmeerr llaa ppeerrssoonnnnaalliittéé..””MMaaîîttrree MMiinnoorruu MMoocchhiizzuukkii..

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- Expiration dans le mouvement pour arrondir lecorps (inverse de l’inspiration), ce qui permet demettre la cage thoracique dans la dispositionidéale,- Plaquage systématique du menton sur le hautde la poitrine, ce qui là encore permet de placerla tête dans une position sécurisée, en proté-geant les vertèbres du rachis cervical,- Regarder dans la direction de l’UKEMI, pourappréhender la réception et la remise en garde,- Remise de garde (KAMAE) systématique(ZANSHIN)- KIME dans l’action de l’UKEMI (tonicité mus-culaire, pour tenir compte de l’élasticité naturel-le du corps (gainage et non relâchement carsinon risque de blessure).- Bras tonique en forme de cercle ;-Maîtrise et Contrôle de bout en bout del’UKEMI, qui devra être souple, silencieux, rondet indolore.

2°/ LES DIFFÉRENTESFORMES D’UKEMI :En Aïkibudo, nous distinguons trois famillesd’UKEMI qui se déclinent chacune en cinqformes adaptées selon des paramètres de lasituation :-Premièrement, l’UKEMI peut résulter d’une pro-jection volontaire, en phase d’étude et d’appren-tissage, sur un tatami, sans vitesse ni violenceexcessive, et parfaitement attendu de la part deSEME. Cette « chute » d’entraînement, en situa-tion idéale de sécurité (espace – temps d’action etde réaction – surface de réception) présente lemaximum de sécurité pour celui qui la subi, sansrisques réels : elle permet l’exécution de variantescomme la réception en garde basse à genoux.-Deuxièmement, l’UKEMI peut résulter d’uneprojection efficace portée dans une forme quasi-réelle, avec vitesse et détermination, sur un solinégal et non propice à cet exercice (extérieur),la plupart du temps non attendue par SEME.

Cette « chute » en situation réelle et stratégique(espace – temps d’action et de réaction – surfa-ce de réception) présente le maximum de dan-ger pour celui qui la subit, avec de sérieuxrisques de blessures : elle impose l’exécution deforme stratégique adaptée à la surface de récep-tion et une maîtrise parfaite.

- LA NOTION D’USHIRO UKEMI : (arrière)

Traditionnellement, il s’agit de la première formeenseignée aux débutants, de par son caractèrerelativement « confortable » (le pratiquent neregarde pas la direction de la chute) et riche auplan pédagogique. Plus prosaïquement, ellepermet de se dégager d’une poussée directe deface, en retrait de corps, puis remise en garde. Àla fin de la roulade, on doit se retrouver piedsjoints ou pieds décalés, pour se relever vertica-lement sur place, ce qui permet une parfaite dis-ponibilité pour la remise de garde, laquelle sefera toujours en arrière (recul de la jambe arriè-re) pour le cas où le partenaire nous aura suividans notre chute, après notre retrait devant sapoussée. La ligne de contact avec le sol part del’extrémité de la jambe arrière, passe par la fessecorrespondante, puis traverse le dos jusqu’àl’épaule du côté opposé avant de terminer à l’ex-trémité du bras correspondant. La main avantinitiale permet une protection de la nuque dansla chute, avant d’aider en poussant à se relever.

- LA NOTION DE MAE UKEMI : (avant)

Dans cette seconde forme d’UKEMI, il s’agitidéalement de se dégager d’une contrainte arti-culaire en se projetant vers l’avant, pour seréceptionner au plus loin, en reprenant unegarde. Elle correspond à l’action inverse de lachute arrière. La ligne de contact avec le sol partde l’extrémité du bras avant, puis le long decelui-ci jusqu’à l’épaule correspondante avant decroiser dans le dos jusqu’à la fesse opposée, puisjusqu’à l’extrémité de la jambe correspondante.

La principale difficulté dans cette forme résidedans l’appréhension importante qui résulte de lasensation de tomber dans le vide ; cette craintesalutaire devra être surpassée par une prise deconscience du danger somme toute relative, etde la maîtrise prudente mais certaine que cettetechnique apporte. Cette confiance mesurées’acquiert en quelques années de pratique…

- LA NOTION DE YOKO UKEMI : (latérale)

Dans cette ultime forme d’UKEMI, il s’agit de selibérer d’une contrainte particulière qui ne permetqu’une « chute » latérale, sur la ligne des épaules.La ligne de contact avec le sol part de l’extrémitédu bras avant, qu’elle suit le long des épaulesavant de rejoindre l’extrémité du bras opposé.Tout se passe comme si le corps était attaché,dans un plan vertical à une immense roue. Cettechute est difficile et nécessite de nombreusesannées de travail. Compte tenu de la vitesseimportante de rotations et de la verticalité dumouvement, la réception est particulière, et s’ef-fectue en croisant les deux jambes, la jambe arriè-re du départ devenant celle avant à la fin de laréception, dans une position bien connue despratiquants de KENJUTSU, le CHIDORI. Cetteposition permet un arrêt immédiat, en sécurité,puis une reprise de garde instantané en effec-tuant une rotation ENKA (pivot sur place).

Après l’apprentissage élémentaire de ces troisfamilles d’UKEMI, il restera au pratiquant àintégrer les cinq formes de chacune d’elle, à uti-liser selon les opportunités de travail et les cir-constances ; l’UKEMI pourra ainsi être :- En forme ROULÉE : la plus pratique, la plussécurisante, et permettant le moins de choc pos-sible. Elle permet en outre une reprise de gardeimmédiate en se relevant. Il convient de privilé-gier ce type de chute chaque fois que la situationle permet. Elle reste la moins traumatisante.- En forme PLAQUÉE : indispensable sur uneprojection violente et rapide, qui impose, une

Ushiro Ukemi par Cédric Giroux et Paul-Patrick Harmant.

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réception au sol, avec une frappe de la main lelong du corps fort, et un appui en pont desjambes, pour protéger la colonne vertébrale.Cette chute plus difficile, qui pourrait provoquerdes traumatismes importants, notamment sursol dur (extérieur) ou après un nombre impor-tant de répétitions. Il convient de limiter sonemploi aux seuls cas impératifs où la précéden-te n'est pas possible ou dans le cas de démons-trations techniques spécifiques.- En forme jambes de réception NONCROISÉES : Il s’agit de la chute roulée à partird'une garde à droite, par exemple, et de finirdans la même garde, dans ce cas, le genou de lajambe arrière entre en contact avec le sol. Cettechute correspond, soit à une sortie de projectiondont on peut se dégager ou soit encore à unestratégie de dégagement volontaire d’unecontrainte articulaire telle celle causée, parexemple, par Koté Gaéshi. Particulièrementsécuritaire, cette chute est celle quel’AÏKIBUDÔ privilégie, afin de permettre unereprise en garde immédiate et parfaitementcontrôlée :- En forme jambes de réception CROISÉES : Ils’agit de la chute roulée, ici, de partir dans unegarde et de se relever dans le même temps dansla garde inverse, ce qui induit de faire passerdans le mouvement d’UKEMI, la jambe arrièreen jambe avant. Ce type de chute permet de se

relever immédiatement. De plus, elle permetune reprise de distance par rapport à TORI, depar l’amplitude du mouvement. Cette forme deréception est particulièrement adaptée aux pro-jections de type judô, où l'on est retenu et nepeut se dégager pour rouler. On la retrouve éga-lement dans certains kata Traditionnel.- En forme CONTRARIEE : il s’agit de partird’une garde droite et de faire une chute àgauche, en vrillant son corps dans l’espace pourse replacer, au niveau du haut du corps, dans laposition de chute. Particulièrement difficile, ellepermet néanmoins de pouvoir se sortir instanta-nément d’une situation périlleuse. Elle restel’apanage des anciens, qui se doivent de la maî-triser pour pouvoir accéder sans danger à cer-taines techniques spécifiques telles les SUTE-MI. Sans elle, certaines parties du programmeAÏKIBUDO seraient difficiles d'accès.

3° / L’IMPORTANCE DE LAMAÎTRISE DE L’UKEMIWAZA :La maîtrise de l’UKEMI WAZA reste une étapefondamentale dans la vie d’un pratiquantd’AÏKIBUDO, dont l’apprentissage est seulgarant d’une pratique harmonieuse, efficace etsécurisée à long terme : tout blocage ou lacunesdans cette partie incontournable du programme

entraînera immanquablement un risque impor-tant de blessures, une incapacité technique àprogresser pour finir en un abandon définitif dela pratique.

Premièrement, elle lui permet une sécurité per-sonnelle en tant qu’UKE pour subir les tech-niques de l’ensemble du programme, mais éga-lement en tant que simple citoyen lors d’unechute inopinée dans la rue que ce soit à piedsou en deux roues par exemple, sans risque deblessures, et de se réceptionner efficacement surle sol, sans chocs inconsidérés susceptibles d’in-duire des blessures plus ou moins traumati-santes. Gage de sécurité dans la pratique, ellereprésente également une disponibilité impor-tante en tant que UKE, rôle particulièrementingrat et difficile à tenir. L’appréhension liée à lachute tendra à disparaître au fil du temps, ren-dant le partenaire particulièrement disponible. Ilfaut toutefois insister ici sur l’importance d’unevigilance personnelle (ZANSHIN) qui doit setraduire par une grande disponibilité mais éga-lement par un contrôle de son corps tonique etdynamique (gainage dans la chute) et une claireconscience des limites techniques et physiquesde son corps; il ne faudrait pas, sous prétexte dedisponibilité excessive, abandonner la gestionde l’ensemble des paramètres de la technique etde la chute qui l’accompagne, à TORI. UKE se

"LE SUTEMI WAZA CONSISTE, DANS UNE VOLONTÉ PERSONNELLE ET VOLONTAIRE DE SACRIFIER SA PROPREVERTICALITÉ (ET SON ÉQUILIBRE) EN SE JETANT SOI-MÊMEAU SOL, AFIN DE PORTER SUR SON PARTENAIRE UNE TECHNIQUE SPÉCIFIQUE DE PROJECTION. CELLE-CI N’ESTPOSSIBLE QUE PAR LE SACRIFICE VOLONTAIRE DE SONÉQUILIBRE, APRÈS AVOIR SAISI CORRECTEMENT LE PARTE-NAIRE, QUI NE PEUT ALORS PLUS FAIRE AUTREMENT QUE DEVOUS SUIVRE, DANS UNE CHUTE IMBRIQUÉE AVEC VOUS."

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aaïïkkiibbuuddoo

Yoko ukemi par Frédéric Fraisse.

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doit de contrôler l’évolution de son corps, souspeine de fort mauvaises surprises, volontairesou non de la part de TORI.

Deuxièmement, elle permet de part notre dispo-nibilité, une aisance de travail pour le partenaire(TORI) qui peut sans crainte réciproque, placerses techniques, avec un réalisme et une authen-ticité que seule cette maîtrise permet. TORIpourra alors rentrer ses techniques en tendantvers un réalisme le plus grand possible, dans leslimites de sécurité pour son partenaire (SEME)qui veut bien gentiment lui « prêter » son corps,le temps de la pratique. L’évidente concordemutuelle et respect de chacun imposent, bienévidement une attention particulière de TORI,pour ne pas dépasser les limites raisonnables(en sécurité) TORI pourra alors se rapprocherd’un réalisme toujours difficile à approcher.

Troisièmement, elle permet l’approche de lanotion de KAESHI WAZA qui se décompose endeux aspects: le premier qui consiste pourTORI, à l’issue d’une première technique non-maîtrisée sur laquelle SEME réagit de placerune seconde technique pour parvenir à projeterenfin SEME (notion de combinaison ou enchaî-nement de technique par Tori – Lenzoku waza)le second aspect consiste pour SEME, à parve-nir à « contrer » la technique imparfaite de Toriet de parvenir à lui faire subir une technique àson tour (notion de renversement de situationou de contre prises – Kaeshi waza)Il est évident que ces deux aspects complémen-

taires de la pratique, qui tendent à l’évidencevers un réalisme accru, se complètent et peuvents’interchanger dans la succession de mouve-ments de Tori et Seme. Cela impose alors unemaîtrise parfaite des techniques du programmeAÏKIBUDO, mais surtout une parfaite disponibi-lité dans l’UKEMI qui peut survenir, au momentle plus inattendu pour les deux partenaires !C’est pourquoi cet aspect de l’entraînement n’estabordé qu’à partir du grade de 3e DAN, soit auminimum après 8 années de pratique.

Quatrièmement, elle permet, dans la droite suitede la notion de Kaeshi waza d’aborder le pro-gramme spécifique du SUTEMI WAZA, directe-ment issu du programme de la composante his-torique du YOSEIKAN SHINTO RYU, dévelop-pé par feu Minoru MOCHIZUKI Senseï.

Le SUTEMI WAZA consiste, dans une volontépersonnelle et volontaire de sacrifier sa propreverticalité (et son équilibre) en se jetant soi-même au sol, afin de porter sur son partenaireune technique spécifique de projection. Celle-cin’est possible que par le sacrifice volontaire deson équilibre, après avoir saisi correctement lepartenaire, qui ne peut alors plus faire autrementque de vous suivre, dans une chute imbriquéeavec vous. Technique particulièrement difficile àréaliser compte tenu du temps d’action particu-lier et de la gestion particulièrement fine desnotions d’équilibres, de mises en déséquilibres(KUZUSHI, TSUKURI) afin de parvenir à uneprojection (KAKE) efficace. Le sutemi waza ne

demeure possible qu’avec des partenaires parti-culièrement sûrs de leur UKEMI, afin de bénéfi-cier d’une très grande disponibilité de leur parttout en maintenant une très grande sécurité dansle travail. C’est pourquoi ils ne sont abordés qu’àpartir du grade de 2e DAN également.

Paul-Patrick HARMANT

et Jean-Pierre VALLE

photos : CERA

Séminaire Brevet Fédéral et Préparation

au Brevet d’État Aïkibudo sous la

direction de Paul-Patrick Harmant,

conférencier Réglementation

Gérard Clerin.

Dojo de Mont Saint-Martin,

du 5 au 8 mai 2005.

Salle la Fraternelle,

rue Jeanne d’Arc.

54350 Mont Saint-Martin

Séminaire Monitorats Fédéraux

de Tenshin Shoden Katori Shinto ryu

sous la direction de M. Paul-Patrick

Harmant, assisté de Frédéric Floquet.

Grigny, les 9 et 10 avril 2005.

Dojo du Haricot,

Salle de la Fraternelle,

rue Jeanne d’Arc. 91350 Grigny

Inscriptions et renseignements :

03.90.23.16.17.(pro.)

Mae ukemi par Jean-Pierre Hirschy.

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