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Seute tes fleuves pénètrent la forêt amazonienne, si bien que la pirogue reste un moyen privilégié pour s'enfoncer dans le pays guyanais. Ici, ce sont des légionnaires de la 2e compagnie du 3e REI. Remarquez le fusil à pompe Mossberg tenu par le sous-officier au premier plan, une arme qui améliore grandement l'« ordinaire » en jungle.

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Seute tes fleuves pénètrent la forêt amazonienne, sibien que la pirogue reste un moyen privilégié pours'enfoncer dans le pays guyanais. Ici, ce sont deslégionnaires de la 2e compagnie du 3e REI.Remarquez le fusil à pompe Mossberg tenu par lesous-officier au premier plan, une arme qui amélioregrandement l'« ordinaire » en jungle.

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II y a souvent loin de lalégende à la réalité.Pourtant malgré toute larigueur et le sérieux de laLégion étrangère/ le3e régiment étrangerd'infanterie est une unitéoù se confondent routineet aventure.

Certes, nous sommes loin de l'imaged'Epinal, et le légionnaire ne trouvera pasderrière chaque arbre un jaguar ou un ana-conda. Cependant, durant son séjour sur leterritoire guyanais, il risque d'en côtoyer et ilvivra une expérience unique dans le cadregrandiose de la forêt équatoriale.

Le 3e REI, sous le commandement du colo-nel Lalanne Berdouticq, reste avant tout unredoutable instrument de combat et lerégiment le plus décoré de ia Légion. Seuleforce professionnelle de la zone Antilles-Guyane, le régiment aligne 38 officiers,116 sous-officiers et 583 légionnaires (880 enincluant la compagnie tournante de renfort).Plus de 50 nationalités sont représentées aurégiment, dont plus de 60 % sont non franco-phones. La moyenne d'âge est de vingt-cinqans et l'ancienneté de service de cinq ans.Autant dire que, dans cette région, un tel« matériel humain » représente une forcedissuasive sans pareille.

« De plus, ils savent tout faire ! », nousconfie le lieutenant-colonel Souvile, com-mandant en second et « vieux baroudeur >>qui a fait toute sa carrière à la Légion.

La principale implantation est fournie par lesuperbe quartier Forget, situé à Kourou etconstruit dans la grande tradition des légion-naires bâtisseurs à leur arrivée en 1973. Ontrouve également des éléments du 3e étran-ger à Régina et à Saint-Georges de l'Oyapock.

A régiment d'élite,mission de confiance I

Une des raisons majeures de la présencedu 3e REI en Guyane est bien sûr la défensedu Centre spatial guyanais (CSG). Si la pro-tection de l'enceinte intérieure est dévolue àla gendarmerie, la défense du périmètre exté-rieur et de ses abords est réservée à la Légion.Lors des tirs, les légionnaires patrouillent sansrelâche la vaste zone de marais, de jungle etde mangrove entourant le CSG. C'est ainsique leur titre de « gardiens de l'espace » n'estabsolument pas usurpé.

L'intervention opérationnelle est égalementune des grandes missions du régiment : rap-pelons que le 3e REI est la seule unité pro-fessionnelle de la zone Antilles-Guyane et quede ce fait il peut rapidement se déployer danstoute la région.

Le détachement Jaguar, qui est ungroupement opérationnel permanent de500 nommes, peut immédiatement être misen place par voie maritime, aérienne, routiè-re ou être héliporté.

Le 3e REI est tout à fait apte à conquérirune plage de débarquement ou une plate-forme aéroportuaire. Il peut contrôler une

Ci-contre.Exercice d'intervention sur le site du Centre

spatial guyanais de Kourou : un VAB débarqueune section de légionnaires d'une des

compagnies de combat.

ville de 10 000 habitants et ses compagniess'entraînent régulièrement au combat urbain.Sur le plan purement tactique, le 3e REI peutdétruire un ennemi de la valeur d'unecompagnie ou assurer un « freinage » desplus efficaces face à un bataillon motoriséadverse.

La présence aux frontières, en forêt et surles fleuves est aussi une des responsabilitésdu régiment qui détache en permanencequelques sections à Saint-Georges del'Oyapock. Chaque année, onze missions« profondes » sont exécutées par les sections

Ci-dessous.Bien que le fusil de tireur d'élite FR-F2 ne soit pasl'arme de jungle idéale, il peut cependant serévéler très efficace pour le tir à partir d'unelisière. Ici, un légionnaire est en position avec unFR-F2 doté d'une lunette IL.

En bas, à droite.La section a pris position afin de bloquer la route

d'accès aux tours de lancement. La protectiond'Ariane est la principale mission du 3e REI...

mission stratégique et « européenne »pour la Légion.

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Ci-dessus.Un légionnaire d'origine norvégienne s'est mis àcouvert au cœur de l'exubérante végétationguyanaise. Le 3e REI peut compter sur deslégionnaires de cinquante nations différentes.

Ci-dessous.Sous l'œil vigilant d'un instructeur commando,des jeunes appelés du 8e groupement dechasseurs passent les obstacles d'une pistecollective du CEFE de Régina.

des compagnies de combat dans le cadre desopérations de souveraineté.

Une des activités les plus médiatisées du3e REI reste l'instruction et l'entraînement aucombat en forêt dispensés par te centre com-mando de Régina. Autre mission, moinsconnue mais chère à la Légion, la formationpermanente de ses membres : chaque année.400 personnels du régiment acquièrent unequalification nouvelle.

Ci-contre.Les cheniIlettes BV-206 Hâgglunds, mises en

œuvre par une des sections de la 2e compagnie,représentent les seuls moyens permettant de

progresser dans les étendues marécageuses quientourent le centre spatial.

Enfin, pour terminer ce parcours de l'éven-tail des missions du 3e REI, nous pouvons direque (e régiment participe également au déve-loppement économique de la Guyane grâce

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LE 3e REGIMENTETRANGER D'INFANTERIE

Compagniede

renfort

2e compagnie 3e compagnie

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à sa participation à de nombreux chantiers,même si progressivement le RSMA (régimentdu service militaire adapté) prend le relais.

Les légionnaires« marins »

Pour assurer ces différentes missions, lerégiment dispose d'une CCS (compagnie decommandement et de soutien), d'une CEA(compagnie d'éclairage et d'appui) et des 2e

et 3e compagnies de combat. Une compagniede renfort, provenant en général de la Légion,renforce le 3e REI et partage tous les quatremois la vie et les activités du régiment.

Outre ses fonctions traditionnelles de com-mandement et d'administration, la CCS du3e REI gère également le camp Szuts deRégina où est implanté le CEFE ainsi que lecamp Caporal Bernet à Saint-Georges, pointde départ des missions fluviales.

Au sein de la Légion, la CCS du « 3 » dis-pose d'une petite unité unique : le GTMF ougroupement de transport maritime et fluvial.Cette formation comprend un chaland detransbordement maritime CTM et deux bargesTanguy. Une poignée de légionnaires« marins » barrent ces embarcations sur lesfleuves guyanais, qui sont ici de véritablesautoroutes de pénétration vers l'intérieur. Tra-dition oblige, le CTM est nommé Anne-Marieet les deux barges Monika et Véronika,

De nombreux reportages ont été réaliséssur le CEFE (centre d'entraînement en forêtéquatoriale) de Régina. Mais très souvent, lesjournalistes ont insisté sur le côté « boueux »des pistes, en occultant d'autres aspects toutaussi intéressants.

Créé en 1974, le CEFE est — au dire deson commandant, le capitaine Herique, qui aégalement « fait » Manaus1 — plus une éco-

En encadré.A la Légion, la garde se fait toujours en grandetenue. Ce légionnaire d'origine polonaise est enfaction devant le monument du 3e REI, à l'entréedu quartier Forget.

foi

.e SATCP Mistral est une des arrfies les plussophistiquées du 3e REI. Sa mission est bienla défense antiaérienne du CSG. Une à deuxl'an, la section Mistral part effectuer des tirs

réels à Siscarrosse.

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LE REGIMENT LE PLUS DECORE DE LA LEGION ETRANGERELe 3e REI est l'héritier du régiment de marche

de la Légion étrangère (RMLE) formé le15 novembre 1915 à partir des éléments res-capés du 1er et du 2e étranger décimés aprèsune première année de guerre. Avec la divi-sion marocaine à laquelle il appartient, leRMLE se couvre de gloire pendant toutela Grande Guerre : Belloy-en-Santerre,Auberive, Cumières, le bois de Hangard, lamontagne de Paris, autant de noms autant devictoires. Le RMLE parvient le 14 septembre1918 à percer la ligne Hindenburg. Cette dateest désormais célébrée par la « fête de la Four-ragère ». Le drapeau du RMLE sera décoréde la Légion d'honneur, de la Médaille militai-re et de la double fourragère aux couleurs dela Légion d'honneur et de la Croix de guerre.

Après la Première Guerre mondiale — quilui a coûté 66 officiers, 208 sous-officiers et1 891 légionnaires —, le régiment retourne auMaroc où il devient 3e REI. Soldats et bâtis-seurs, les légionnaires du 3e REI sont de tousles combats du Rif, mais percent égalementle fameux tunnel de Foum-Zabel.

En 1942, le 3e régiment étranger d'infante-rie de marche affronte \'Afrikakorps et se dis-

tingue au cours des combats de Zaghoan. Ilparticipe à la bataille de Colmar et aux durscombats d'Alsace. Après le passage du Rhinen mars 1945, le régiment entame unechevauchée qui le mènera jusqu'au col del'Alberg en Autriche.

Un an plus tard, le 3e REI débarque en Indo-chine. De la RC4 à Dien Bien Phu, le 3e REIprend part à presque toutes les opérations. Lafourragère aux couleurs de la Médaille mili-taire au titre des TOE récompensera les effortsdu régiment, qui a perdu 77 officiers, 364 sous-officiers et 3 396 légionnaires, un taux depertes plus important que celui de la GrandeGuerre.

Ce sont ensuite les opérations d'Algérie où,dans cette guerre sans nom, se distinguentune fois de plus les légionnaires du « 3 ».

Après la guerre d'Algérie, le 3e REI sera basépendant onze ans à Madagascar, avant derejoindre la Guyane où il deviendra le « gar-dien de l'espace ».

Avec trois fourragères, seize citations et unesérie de décorations étrangères, le 3e REI est.juste après le RICM, le régiment le plusdécoré de France, G

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Ci-dessous.Les principaux insignes du 3e régiment étrangerd'infanterie.1. L'insigne de poitrine du 3e REI.2. L'insigne de « vélite » ou légionnaire d'élitedu 3* REI.3. L'insigne de la CCS, variante selve.4. L'insigne de béret des légionnaires du 3e REI.

5. L'insigne de la CCS.6. Variante de l'insigne de la CEA.7. L'insigne de la 2? compagnie.8. L'insigne d'éclaireur de jungle du 3e REI.9. Variante de l'insigne de la 3* compagnie.10. L'insigne de la 3e compagnie.11. L'insigne de la CE A.

Ci-contre.Un des canons de 20 mm de la CEA en action. Le20 mm est bien entendu employé par la défenseantiaérienne du CSC, mais peut également êtremis en batterie pour contrer des objectifsterrestres... ou fluviaux. Bien camouflée dans lavégétation des berges d'une rivière, une pièce de20 mm peut se révéler mortelle pour uneembarcation.

le spécialisée qu'un centre commando. LeCEFE se divise en deux secteurs : le campSzuts, qui regroupe toute l'infrastructure de labase de vie pouvant accueillir 150 hommes,et la zone d'instruction. Cette dernière, placéedans une boucle du fleuve Approuague,s'étend sur plus de vingt kilomètres carrés dejungle et offre une grande variété d'espècesanimales et végétales.

Quelque 1 500 stagiaires, soit 55 sections,passent chaque année au CEFE, davantagequ'au centre national de Mont-Louis, le CNEC.Les stagiaires arrivent un lundi, passent unenuit au camp bâti et sont ensuite envoyés pourdouze jours dans la selve où ils effectuent lesdifférentes activités. Le douzième jour estconsacré à la remise des brevets et au recon-ditionnement.

Les trois grandes missions du CEFE peu-vent se définir ainsi : préparer les unités enstage à affronter les difficultés du combat enforêt amazonienne en mettant l'accent sur lesdéplacements et les activités nautiques ; réflé-chir aux diverses techniques de combat enjungle ; renforcer les connaissances tech-niques et militaires ainsi que la cohésion desunités grâce à un séjour dans une naturecontraignante.

On distingue quatre sortes de stages diffé-rents. Le stage d'aguerrissement est destinéaux élèves officiers de Saint-Cyr et à certainesunités métropolitaines. Le stage de perfec-tionnement est réservé aux forces étrangères(USMC, Canadiens, Vénézuéliens, etc.) ain-si qu'aux unités de combat de la zone Antilles-Guyane. Le stage de combat accueille lescompagnies du 3e REI ; il peut éventuellements'adapter aux demandes plus spécifiques desforces spéciales ou de l'armée de l'air.

Apprendre la vie et lecombat en jungle

Lapprentissage de la vie en forêt constituebien sûr une des principales activités. Nousretrouvons dans la zone « survie-pièges » unesection du 8e groupe de chasseurs. Sous ladirection d'instructeurs, des appelés appren-nent à confectionner un kaîouri, termebrésilien désignant un sac à dos fait de palmestressées. D'autres s'initient à l'usage du péco-nla, un cercle fait d'une branche souple recour-bée et permettant sans se fatiguer de monteraux arbres pour y chercher des fruits.Narcisse, un ancien seringuero brésilien quiconnaît parfaitement la forêt, donne des courssur les plantes et les baies comestibles. Sousun auvent de fortune, d'étranges poissonspéchés par les stagiaires et un cuissot de tapircuisent en dégageant une acre fumée. Ce serale repas du jour pour ces jeunes appelés quivivent ici une expérience inoubliable. L'après-midi sera consacrée aux fameuses pistes

1. Manaus est le célèbre centre de jungle brésilien. Trèspeu parviennent à réussir ce stage qui est un des plusdurs au monde. 23

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d'obstacles noyées dans la boue. A la fin dustage, ils franchiront la piste individuelle endix minutes et le long parcours d'obstaclescollectifs en quatre heures, performance oùle mot solidarité prendra toute sa signification.

Franchissement, tir sur layon ou à partir depirogue, piégeage, maniement d'explosifs outravail à la tronçonneuse sont également auprogramme. Les cadres bénéficieront ausside cours de transmissions, car les liaisonsradio en jungle sont difficiles. Grâce au CEFEde renommée internationale, la France est unedes seules nations européennes à pouvoir dis-penser à ses soldats des rudiments de survieet de combat en jungle2.

Les 2e et 3e compagnies de combat com-posent la « force de frappe » du régiment.Outre les missions de souveraineté et la pro-tection du CSG, on les retrouve quelquefois

A droite et au centre.Piloté de main de maître par

l'adjudant Santos y Morales, lePétrel est un moyen

d'observation idéal pour lesmissions de surveillance du

centre spatial. Remarquez quel'appareil qui survole ici le fleuve

Kourou est peint aux couleursrouge et verte de la Légion.

mais c'est souvent très dur. Lors de la der-nière, nous avons un jour évacué un légion-naire touché par un coup de palu et ce, avantla nuit. Pour regagner une zone d'hélitreuilla-ge, nous l'avons brancardé pendant cinqheures... pour couvrir huit kilomètres sur uneespèce de layon. Si la forêt avait été vierge,nous aurions mis deux fois plus de temps. »

Le sergent Ferreira — huit ans de service,trois « profondes » et qui porte également lepassant rouge de la 2e compagnie — nousconfirme ces dires : « Vue d'hélicoptère, laforêt a l'air toute plate. Pourtant, il y a defameuses côtes... nous les montons parfoisà quatre pattes tellement c'est glissant, et avecsur le dos une charge de 45 kg. De nos jours,on essaie de diminuer la durée des « pro-fondes » à trois semaines, mais j'en ai déjàfait une de trente-trois jours et en novembre,la pleine saison des pluies et du... palu ! »

Dej, un Russe très souriant, continue : « Durdur ! mais très intéressant. On voit relative-ment peu de gros gibier et les reptiles nousfuient. En revanche, les « petites bêtes » sontlégion. A 15 heures, il faut s'arrêter, laver satenue et installer le hamac-moustiquaire. A lasaison des pluies, la lechmaniose descend au

NT1QUEI

KOUROU^. ILES DU SALUT

SURINAM/

BRESIL

lors d'échanges avec des unités de Marinesaux Etats-Unis, ou à Aruba avec les Mariniersnéerlandais, et parfois même en Equateur.Chaque compagnie dispose d'une sectionde commandement et de quatre sections decombat à trente hommes. La 2e compagnie,commandée par le capitaine de Saint Salvy,possède en plus quatre chenillettes HàgglundsBV-206. Grâce à leurs larges chenilles et àleur poids réduit, ces véhicules de construc-tion suédoise sont capables de patrouiller lesnombreuses zones marécageuses autour dupas de tir d'Ariane. C'est au cours d'une deces patrouilles que nous croisons le légion-naire Janssen, un Norvégien qui nous racon-te son expérience de la jungle : « Les « pro-fondes » constituent un souvenir inoubliable,

2. Les Britanniques disposent d'un centre d'entraîne-ment en jungle à Brunei et de facilités à Belize. L'écolede jungle américaine est quant à elle implantée à Pana-

24 ma.

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à

Ci-dessous.Une patrouille fluviale. Pourbeaucoup de légionnaires, malgréles pénibles conditions de vie enforet et la rigueur del'entraînement, le séjour enGuyane laissera le souvenir d'uneaventure unique.

crépuscule de la canopée... gare au morceaude peau à l'air libre, car ce micro-organismes'y installe et creuse des cratères dans lachair. »

Lors des « profondes », tes légionnairescôtoient parfois des orpailleurs et leur seuleprésence rassure, car ici il n'est pas rare dedormir avec le revolver dans le hamac et lamain d'œuvre souvent clandestine est àsurveiller.

l/« aviation » du 3e REICommandée par le capitaine Faure, la CEA

constitue par sa diversité une unité uniqueau sein de la Légion étrangère. Forte de130 hommes répartis en six sections toutesdistinctes et ayant chacune une mission bienspécifique, la CEA est l'héritière de la com-pagnie d'équipement du 3e REI. C'est cetteunité qui avait « ouvert » la route de l'Est etdéforesté les abords du centre spatial deKourou.

Créée le 1er octobre 1986, la CEAcomprendune section d'éclairage et de renseignementsur P-4, et deux sections antiaériennes : l'unesur canons de 20 mm et l'autre sur missilesSATCP Mistral. On y trouve aussi la musiquerégimentaire, dont les membres sont égale-ment les servants de la section de mortiersde 81 mm...

La section de génie, quant à elle, fournit aurégiment l'aide à la mobilité et à la contre-mobi-lité sur le terrain. Quand on voit le gigantismede certains arbres, on peut facilement imagi-ner que cette section pourrait créer enquelques heures des abattis difficilement fran-chissables sur les rares axes routiers dudépartement.

Enfin n'oublions pas l'une des sections lesplus originales de la Légion : la section ULMattachée à la CEA. Sous le commandementde l'adjudant Santos y Morales assisté du ser-gent Bobeau, cette section met en oeuvre deuxULM du type Pétrel. Deux autres appareilssont de plus en commande.

Ladjudant Santos y Morales, qui pilote lui-même le Pétrel, ne tarit pas d'éloges sur l'uti-lisation de l'ULM : « Pour un excellent rapportcoût-efficacité, l'ULM est un moyen de sur-veillance exceptionnel. Nous sommes silen-cieux, nous avons une visibilité fantastique etnous tournons très court. Nous pouvons volerà 140 km/h et, en cas de problème, le Pétrelest amphibie. »

Lors de la recherche des débris d'Ariane 5,un légionnaire se perdit dans la forêt, et il nefut retrouvé que grâce au Pétrel. La sectionPétrel participe également à la lutte contrel'immigration clandestine au côté des vedettesrapides patrouillant sur l'Oyapock.

Enfin pour terminer ce tour d'horizon,mentionnons le centre de repos de l'île Saint-Joseph où, suivant une tradition propre à laLégion, les hommes exténués par une « pro-fonde » peuvent se remettre en condition dansun cadre agréable.

Au 3e REI, on travaille dur, on peut mêmey risquer sa vie — il y a parfois des accidentsà l'entraînement —, mais c'est hélas ! le prixà payer à une nature difficile. Surtout on vitavec honneur et fidélité une aventure peucommune en servant la France. O

L'auteur lient à remercier le colonel LalanneBerdouticq, chef de corps, le lieutenant-colonelSouvile, les capitaines Faure et Herique, ainsi que tousles officiers, sous-officiers et légionnaires du 3e REI. 25