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S O M M A I R E Novembre 2016 n° 117 Sommaire Un hiver sous très haute tension........... p.12 Après la tenue de la COP21 à Paris en décembre dernier, Marrakech a accueilli du 07 au 18 novembre la 22ème conférence de l’ONU sur les changements climatiques. Les 195 pays présents à la conférence de Paris se sont re- trouvés pour discuter des suites de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre. Habitué de l’évènement, le CMA y était présent dans le cadre de la Chaire Modélisation prospective au service du Développement Durable. Il y a organ- isé avec l’ASEED (Association of Sustainable Ecological Engineering Development) un side event sur le change- ment climatique dans les pays africains et méditerranéens ainsi que dans le Moyen-Orient. Dans le paysage éner- gétique français, la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires d’EDF jugés non conformes suite à un contrôle de l’ASN, soulève de nombreuses questions notamment les conséquences de ces arrêts sur la continuité de la four- niture d’électricité au cours de cet hiver. Nous vous proposons dans ce numéro de découvrir une revue de ces évènements ainsi qu’une sélection d’actualités en lien avec le Mastère spécialisé OSE et le domaine de l’énergie. Bonne lecture. EDITORIAL NF’ SE Les actualités p.2 Affiche de la COP22 à Marrakech sources : www.cop22.ma Le complexe thermo-solaire NOOR ......................... p.5 Le seisme Trump..................... p.7 Le train à hydrogène ....................... p.10

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SOM

MAI

RE

Novembre 2016 n° 117

Sommaire

Un hiver sous très haute tension........... p.12

Après la tenue de la COP21 à Paris en décembre dernier, Marrakech a accueilli du 07 au 18 novembre la 22ème conférence de l’ONU sur les changements climatiques. Les 195 pays présents à la conférence de Paris se sont re-trouvés pour discuter des suites de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre. Habitué de l’évènement, le CMA y était présent dans le cadre de la Chaire Modélisation prospective au service du Développement Durable. Il y a organ-isé avec l’ASEED (Association of Sustainable Ecological Engineering Development) un side event sur le change-ment climatique dans les pays africains et méditerranéens ainsi que dans le Moyen-Orient. Dans le paysage éner-gétique français, la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires d’EDF jugés non conformes suite à un contrôle de l’ASN, soulève de nombreuses questions notamment les conséquences de ces arrêts sur la continuité de la four-niture d’électricité au cours de cet hiver. Nous vous proposons dans ce numéro de découvrir une revue de ces évènements ainsi qu’une sélection d’actualités en lien avec le Mastère spécialisé OSE et le domaine de l’énergie.

Bonne lecture.

EDITORIAL

NF’ SE

Les actualités p.2

Affiche de la COP22 à Marrakechsources : www.cop22.ma

Le complexe thermo-solaire

NOOR ......................... p.5

Le seisme Trump..................... p.7

Le train à hydrogène ....................... p.10

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Actualités

INF’OSE Novembre 2016 n° 117 2

Actualités

La pollution atmosphérique en Inde, et plus particulièrement à New Delhi, n’est pas un

phénomène nouveau. Pourtant, depuis la fin du mois de septembre, la population étouffe dans un brouillard marron chargé de particules fines qui s’est épaissi suite au nouvel an indien. Cette pollution record (20 fois supérieure aux recommandations de l’OMS) a obligé le gouvernement à enclencher des mesures d’urgence, et force les habitants à rester calfeutrés chez eux.Face à ce phénomène récurrent, la ville souhaite déployer une solution basée sur des purificateurs d’air extérieurs comme à Pékin ou à Hong-Kong, mais celle-ci laisse de nombreux experts sceptiques car elle ne résoudrait pas le problème.

New Delhi, capitale de la pollution

La promotion 2016 a choisi de donner un petit coup de jeune au logo du Mastère Spécialisé. Après 16

ans de bons et loyaux services, le fameux logo OSE cède sa place à une version que nous espérons plus moderne, et qui vous accompagnera désormais. Cette version reprend les codes graphiques de l’Ecole des Mines. Avec un peu d’attention, vous pouvez aussi distinguer les initiales O-S-E dans la sphère à gauche.

Un nouveau logo pour le MS OSE

Associé aux conférences sur le climat depuis 10 ans, le Centre de Mathématiques Appliquées, à travers

sa Chaire Modélisation prospective au service du développement durable, a participé à la COP22 qui s’est déroulée à Marrakech du 7 au 18 novembre dernier. Nadia Maïzi, Directrice du centre mais également chef de la délégation ParisTech accréditée par les Nations Unies en tant qu’ONG, a ainsi co-organisé un side event le 7 novembre 2016 sur les moyens de lutter contre le changement climatique dans les pays méditerranéens, africains et au Moyen-Orient. Cet évènement a permis de réunir autour de ce thème majeur Nadia Maïzi et Edi Assoumou du CMA, Youba Sokona d’AREI (Africa Renewable Energy Initiative), Samir Amous d’APEX Conseil, Jui Wen CHEN d’ASEED (Association of Sustainable Ecological Engineering Development) et Jean Charles Hourcade du CIRED. Ont été évoqués les enjeux d’un transfert technologique vers les pays en développement, les projets en matière d’énergies renouvelables envisagés sur le continent africain (dont le projet marocain NOOR évoqué dans un article de cet Inf’Ose), ainsi que les modalités de financement des contributions nationales.

Le CMA à la COP22

Le CMA a participé à la COP22 à Marrakech

Grâce à un accompagnement transparent des acteurs du recyclage et une simplification

de la REP (Responsabilité Elargie du Producteur), l’éco-organisme français Léko souhaite rompre le monopole d’Eco-Emballages dans ce domaine en obtenant l’agrément pour la période 2018 – 2022. Avec un taux actuel de recyclage en France de 67%, sa stratégie repose sur l’intention forte d’augmenter ce taux à 75%, c’est-à-dire au niveau initialement prévu suite au Grenelle de l’environnement pour 2012.

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Actualités

INF’OSE Novembre 2016 n° 117 3

Un nouvel éco-organisme pour concurrencer Eco-Emballages

Sale temps pour le nucléaire : à l’arrêt contraint d’une dizaine de réacteurs sur les 58 français

(cf. article dans ce numéro), s’ajoute un rapport réalisé par le cabinet d’analyse financière indépendant AlphaValue (rapport commandité par Greenpeace), qui met le doigt sur la fragilité financière d’EDF (« au bord de la faillite »). Le rapport indique que la modernisation des centrales et les grands projets d’investissement de Flamanville et de Hinkley Point mettent l’opérateur historique dans une situation délicate, tandis que les provisions faites dans la perspective du démantèlement des plus anciennes centrales et du traitement des déchets seraient sous-évaluées de plus de 50 milliards d’euros. L’opérateur historique dément formellement ces conclusions.

Le nucléaire aux aguets

La Programmation Pluriannuelle de l’Energie est enfin parue au Journal Officiel fin octobre, plus de

dix mois après la tenue de la COP21. Ce document doit permettre la mise en œuvre de la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, adoptée en août 2015. La PPE fixe des objectifs pour la période 2015-2018 et des perspectives pour 2018-2023. Elle intègre les objectifs de la loi TECV en termes de diminution de consommation d’énergie (12% en 2023 et 50% en 2050) et de hausse des renouvelables dans cette consommation (23% en 2020 et 32% en 2030), et définit des paliers autour de 2020. Pour atteindre le second objectif, la PPE prévoit de passer de 41GW en 2014 à plus de 70GW de capacité électrique d’origine renouvelable en 2023. De même, l’installation de centrales à charbon sera désormais conditionnée à la présence de dispositifs de captage ou de valorisation du CO2. Néanmoins, la feuille de route en termes de réduction de la part du nucléaire, principale raison du retard de la publication du texte selon certains, reste floue. Seule la fermeture de Fessenheim est réaffirmée, mais reportée après la fin du quinquennat de l’actuel Président de la République. Pour rappel, la loi TECV prévoit de baisser la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% en 2025 contre 75 % actuellement. Sur cette question, le document donne d’ailleurs à EDF un délai de 6 mois pour établir un plan stratégique.

Publication de la PPE

Bilan de la PFEsources : MEEM

Sources : • Impact of Foreign Direct Investment and Trade on Economic Growth , Shiva S. Makki The World Bank ,Agapi

Somwaru ,Economic Research Service, USDA • http://www.leko-organisme.fr/• http://www.graphiline.com/article/24264/leko-nouvel-organisme-compte-detroner-eco-emballages• http://www.usinenouvelle.com/article/leko-veut-concurrencer-eco-emballages.N456282• http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/inde-new-delhi-la-ville-la-plus-polluee-sur-terre-aujourd-

hui?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1478591342

La présentation, fin novembre, par la Commission Européenne de propositions de textes visant à mettre

en œuvre le « paquet climat-énergie 2030 » suscite inquiétudes et interrogations chez les professionnels des énergies renouvelables, les associations et les partis écologistes. Certains détails suggèrent que ces nouvelles dispositions pourraient insidieusement favoriser les énergies fossiles. Euractiv et Le Monde citent ainsi la fin de la priorité d’accès au réseau pour l’électricité d’origine renouvelable, la généralisation des mécanismes de capacité sans limitation de rejet de CO2 (ce qui pourrait permettre à des pays comme la Pologne de subventionner ses centrales à charbon), la non répartition par pays de l’objectif de porter la part des énergies renouvelables dans la consommation à 27%, ou encore la mise en œuvre d’appels d’offre

UE : une ambition climatique remise en question

Actualités

généralisés pour l’installation de production d’énergie renouvelable, sans distinction technologique et sur le seul critère du prix (ce qui mettrait à mal la capacité des pays membres à se doter d’un mix renouvelable varié). De son côté, l’Agence Internationale de l’Energie a publié mi-novembre son édition annuelle du World Energy Outlook, qui prévoit qu’à l’horizon 2040, 80% de la hausse de la demande en énergie sera couverte par les énergies renouvelables (notamment éolien et solaire) ainsi que par le gaz naturel. Cette projection dépend néanmoins des politiques qui seront menées par les états. Une nuance non négligeable quand on sait que, comme le souligne l’AIE, 70% des investissements du secteur de l’énergie depuis 2000 ont été réalisés dans les énergies fossiles. Raison de plus pour s’interroger sur la mise en œuvre du paquet climat-énergie 2030 de l’UE.

Just Another Newsletter TitleINF’OSE Novembre 2016 n° 117 4

Léa TATRYApolline FAURE

Le complexe thermo-solaire NOOR de Ouarzazate (Maroc)

Articles

Just Another Newsletter TitleINF’OSE Novembre 2016 n° 117 5

Centrale Solairesources : AFP

Alors que la COP22 vient de s’achever à Marrakech, nous avons souhaité faire un focus sur un important

projet en matière d’EnR développé dans le pays. Début 2016, le Maroc a ainsi inauguré la première tranche du gigantesque complexe thermo-solaire NOOR (Lumière en français), qui, après achèvement de toutes ses tranches, sera la plus grande centrale de ce type au monde. Le projet NOOR est implanté dans le désert marocain à quelques kilomètres de la ville de Ouarzazate, célèbre pour ses studios de tournage cinématographique de grands films et séries (Game of Thrones, Babel, Prince of Persia,…). Le potentiel solaire de 2636 kWh/m2/an explique le choix de la région pour l’implantation de ce grand projet, développé et exploité par le groupe saoudien ACWA Power, à la suite d’un appel d’offres lancé par l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN).

NOOR I, la première partie du projet NOOR, est actuellement la 7ème centrale solaire

thermodynamique au monde, après celles des Etats-Unis et de l’Espagne. Elle a une capacité de production d’électricité de 160 MW, basée sur la technologie thermo-solaire à concentration (Concentrated Solar Power CSP). NOOR I est construite sur un champ de 480 hectares et est constituée de 500 000 panneaux cylindro-paraboliques. Elle produira 600 GWh/an, l’équivalent de la consommation de 630 000 habitants au Maroc. La centrale est également dotée d’une capacité de stockage de 3 heures grâce au concept des sels fondus.

En plus des miroirs cylindro-paraboliques, NOOR I est composée d’un réservoir d’eau brute de 6 800 m3, de

stations de traitement produisant l’eau déminéralisée nécessaire pour la production de la vapeur, d’une station de pompage HTF constituée de 6 pompes assurant la circulation du fluide dans tout le parc solaire, d’une turbine et d’un alternateur produisant une tension de 15 KV, et de tours de refroidissement pour condenser la vapeur à la sortie de la turbine. Enfin, un transformateur 15kV/225kV est placé à la sortie de la centrale.

Dans l’objectif de réduire les émissions des GES de 13% en 2020 et 32% en 2030, conformément aux

engagements pris par le ministère marocain de l’Environnement lors de la COP21 à Paris, et dans le but d’atteindre une production de sources renouvelables couvrant 42% des besoins du pays en 2020 et 52% en 2030, le Maroc a déjà lancé le démarrage de la réalisation des deux autres tranches II et III du projet NOOR. Il vient également de signer le contrat de réalisation de la dernière tranche NOOR IV.

Centrale NOOR www.noorouarzazate.com

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Léa TATRYApolline FAURE

Just Another Newsletter TitleINF’OSE Novembre 2016 n° 117 6

Articles

NOOR II, qui est aussi basée sur la technologie thermo-solaire avec capteurs cylindro-paraboliques, devrait

commencer à être exploitée en 2018. NOOR II sera d’une puissance électrique de 200 MW pour une surface de 680 hectares, avec une capacité de stockage de 8 heures. NOOR III utilisera, quant à elle, la technologie du thermo-solaire avec tour, pour délivrer une puissance de 150 MW, et sera également dotée d’une capacité de stockage de 8 heures. La dernière tranche du

projet, NOOR IV, sera une centrale photovoltaïque de petite taille, qui produira une puissance de 80 MW.

A son achèvement, le projet NOOR de Ouarzazate, avec ses 4 unités solaires de différentes technologies, sera

le plus grand site thermo-solaire au monde avec une capacité de 580 MW, et s’étendra sur 3 093 hectares de superficie, une surface équivalente à la ville de Rabat.

Sources :

• Site officiel de la centrale NOOR : www.noorouarzazate.com 2006, 109p.• Reportage de la SNRT (Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision) : https://www.youtube.com/

watch?v=0MbuN5lXYRc • Article de Charles Gautier sur lefigaro.fr - Publié le 05/02/2016 : http://www.lefigaro.fr/

conjoncture/2016/02/05/20002-20160205ARTFIG00014-le-maroc-inaugure-la-premiere-tranche-d-une-cen-trale-solaire-geante.php

• Résumé de l’étude d’impact environnemental et social – du Groupe de la banque africaine de développement: http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Environmental-and-Social-Assessments/Maroc_-_Projet_centrale_solaire_d%E2%80%99Ouarzazate_II_-_R%C3%A9sum%C3%A9_EIES.pdf

Amine EL MOUSSAOUI

Position des sites NOORsources : Masen (Agence marocaine de l'énergie solaire)

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Promotion 2015

Le séisme Trump : quelles répercussions sur le climat ?

Séisme politique le 8 novembre dernier outre Atlantique. Donald Trump est élu à la Maison Blanche, faisant de

lui l’homme le plus puissant du monde. Le businessman sans expérience politique a déjoué tous les experts et sondages. Candidat républicain anti « establishment », il a battu Hillary Clinton en raflant 290 grands électeurs contre 232 pour sa rivale démocrate. Donald Trump, c’est l’incarnation du conservatisme à l’américaine, mais c’est aussi l’incarnation d’un climato-scepticisme décomplexé qui s’impose en pleine COP22. Mais alors, quels sont les projets du nouveau président américain en matière d’énergie ? Quelles seront les répercussions sur le climat et sur l’Accord de Paris ? Ce qui est sûr, c’est que nous entrons dans une période d’incertitudes politiques dans laquelle les rapports de force diplomatiques se recomposent autour d’un président hors norme.

Articles

Dans la rubrique Energie du site de campagne de Donald J. Trump, les propositions sont minces. La ligne

directrice de son programme énergétique est le recours à la création massive d’emplois grâce au développement des énergies fossiles et à la consolidation de l’indépendance énergétique totale des Etats-Unis notamment vis-à-vis des pays de l’OPEP et des pays hostiles aux intérêts américains. Donald Trump promet notamment d’arrêter le plan climat de son prédécesseur qui visait à réduire l’activité énergétique liée au charbon, pour engager à l’inverse une relance de l’investissement dans l’extraction de charbon, du pétrole et du gaz de schiste. Notons que les États-Unis sont déjà les premiers producteurs mondiaux de charbon.

Selon son programme, D. Trump réduira et éliminera tous les obstacles qui s’opposeraient à une

« production énergétique responsable », promettant de créer au moins un demi-million d’emplois par an et de mettre en place un prix de l’énergie moins cher. D’après son site de campagne, l’industrie du pétrole et du gaz représente actuellement 10 millions d’emplois sur le territoire américain. M. Trump prévoit de créer 400 000 emplois de plus par an dans ce secteur. Il faut dire que ces promesses ont eu de forts échos notamment dans les états producteurs de pétrole et de gaz comme la Louisiane, le Texas et l’Alaska où D. Trump a réalisé des

records de vote : il a obtenu, par exemple, en Louisiane plus de 58% des votes contre 38% pour Hillary Clinton.

Le candidat républicain a promis lors de ses meetings de campagne une sortie pure et simple de l’Accord

de Paris sur le climat issu de la COP21. Ses prises de position climato-sceptiques répétées lors des meetings et sur les réseaux sociaux ont fait mouche. Il qualifie, en effet, le réchauffement climatique sur tweeter d’un vaste « canular inventé par les chinois pour rendre l’industrie américaine non compétitive ».

Son programme et ses déclarations en matière d’énergie

sources : http://edition.cnn.com/videos/us/2015/11/03

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INF’OSE Novembre 2016 n° 117 8

Promotion 2015Articles

Les Etats-Unis ont ratifié l’Accord de Paris, le 3 septembre 2016 et cet accord est entré en vigueur le 4 novembre

dernier. Une sortie en l’état actuel des choses serait une violation du droit international de la part des États-Unis. A la suite de l’élection de Donald Trump, François Hollande a déclaré à Marrakech, lors de la COP22 le 16 novembre 2016, que l’Accord de Paris est « irréversible en droit ». Le lendemain du résultat de l’élection présidentielle américaine, Ségolène Royal déclarait au micro de RTL : «A l’heure où je vous parle, 103 pays ont ratifié, représentant 70% des émissions de gaz à effet de serre. Il ne peut pas, contrairement à ce qu’il a dit, dénoncer l’Accord de Paris ». D. Trump est-il alors contraint d’abandonner son projet de sortie de l’Accord de Paris ? Pas tout à fait. En réalité, il existe deux moyens auxquels le nouveau président américain peut avoir recours pour faire son « Parexit ». L’article 28, alinéa 2 de l’accord permet à chaque pays de le dénoncer « à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date de son entrée en vigueur » afin de s’y soustraire. Il précise également que « la dénonciation prend effet une année après le début de la demande de retrait ». Cela nous indique donc que si les États-Unis souhaitent sortir de l’Accord de Paris, cela prendrait 4 ans et ramènerait ce Parexit à 2020, fin du premier mandat de Donald Trump.Un autre moyen beaucoup plus rapide mais aussi beaucoup plus radical serait une sortie des États-Unis de la Convention-Cadre des Nations Unis, en un an. Ce processus écarterait l’Amérique de toutes négociations internationales sur le climat.

En attendant ces recours, l’Accord de Paris présente une grande faiblesse : il est non contraignant. Rien

n’empêche donc les pays signataires de ne pas respecter leurs engagements puisqu’ils ne risquent aucune sanction. Cet accord, dans un but de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a été pensé de façon à ce que chaque pays propose un objectif chiffré dans la mesure de ses moyens et dans la limite du volontariat. C’est d’ailleurs cette spécificité qui a fait la grande réussite de la COP21 l’année dernière, évitant ainsi le fiasco de l’Accord de Kyoto qui se voulait contraignant. D’ailleurs, les États-Unis ont toujours eu un rapport particulier au droit international : ils ne se sont jamais engagés dans un accord contraignant.

Outre une accélération effrénée des émissions de gaz à effet de serre, conséquence directe de la politique

énergétique fortement carbonée de Donald Trump, une sortie des États-Unis de l’Accord de Paris pourrait bien faire échouer les négociations sur le climat. En effet, si un pays aussi puissant que les États-Unis s’extrait de cet accord inédit (de par sa réussite), on peut s’attendre en répercussion au désengagement d’autres pays signataires. Effectivement, il est difficilement imaginable que la Chine se laisse dépasser économiquement par les États-Unis, qui se seraient désengagés de leurs contributions à la COP21. Les États-Unis et la Chine sont les deux plus gros pollueurs, représentant à eux seuls 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre . Si ces deux pays se désengagent, il y aurait alors un risque d’effet domino sur les autres pays signataires sachant que la Russie et l’Arabie Saoudite n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris.

Il sera également extrêmement difficile de mettre en place un processus de contrôle et de vérification des

pays participants, tel que prévu par la COP22. Il existe dès lors un risque pour que l’Accord de Paris tourne au fiasco général si M. Trump maintient ses positions.

Tout l’enjeu de cette phase post-électorale est de savoir si le nouveau président américain maintiendra

ses positions. Sont-elles des positions électoralistes ou réalisables ? La question se pose car au lendemain de son élection, D. Trump a supprimé de son site de campagne la proposition consistant à sortir de l’Accord de Paris sans donner plus de précisions. L’incertitude se dessine autour de l’avenir de cet accord sur le climat et de la politique énergétique et diplomatique que D. Trump va imposer au monde.

Le premier clash avec la communauté internationale a porté sur la question du climat. Le 15 novembre,

François Hollande a réagi à l’élection de D. Trump : « Les Etats-Unis, première puissance économique mondiale et deuxième émetteur de gaz à effet de serre, doivent respecter l’accord », affirmant que la France mènerait le dialogue avec les États-Unis avec « exigence et détermination ». Quant au président de l’ONU, Ban Ki-moon, il a exprimé son « espoir » que Donald Trump « comprenne l’urgence » de l’action contre le réchauffement climatique.

Peut-il vraiment sortir de l’Accord de Paris ?

Quels seraient les risques d’une sortie de l’Accord de Paris par les États-Unis ?

Le monde plongé dans l’incertitude

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INF’OSE Novembre 2016 n° 117 9

Promotion 2015Articles

Le phénomène Trump libère la parole climato-sceptique aux États-Unis mais aussi à l’échelle internationale.

Au-delà de l’élection américaine, il existe une lame de fond populiste climato-sceptique en Europe. La position de la Pologne vis-à-vis du climat abonde dans ce sens, Janusz Lewandowski, le commissaire européen chargé du budget, ayant déclaré en 2011 qu’il était opposé aux objectifs de l’UE sur le climat et que la politique européenne de fermeture progressive des centrales au charbon était une “catastrophe” pour la Pologne . Plus récemment, le gouvernement britannique post-vote-Brexit a été constitué avec des personnalités qui ont remis en cause l’implication de l’Homme dans le changement

climatique . En France, Nicolas Sarkozy a déclaré en septembre dernier : «Cela fait 4 milliards d’années que le climat change. Le Sahara est devenu un désert, ce n’est pas à cause de l’industrie. Il faut être arrogant comme l’Homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat » . On peut se demander si dans l’avenir, l’élection de D. Trump aura une capacité d’entrainement des populistes, qui décomplexerait la parole climato-sceptique en Europe. C’est notamment ce que nous allons observer le 4 décembre prochain, avec l’élection présidentielle en Autriche qui place dans les sondages le populiste Norbert Hofer du FPÖ en tête face à l’écologiste Alexander Van der Bellen .

L’élection de D. Trump ouvre une période d’incertitude sur l’avenir de l’Accord de Paris mais aussi sur les

futures négociations sur le climat. La montée d’un populisme climato-sceptique en Europe risque d’affaiblir l’élan qu’avait suscité le succès de la COP21 l’année dernière. Cependant, les actions climato-sceptiques de D. Trump seront limitées, notamment dans son propre pays, puisque la politique énergétique des États-Unis relève du pouvoir des Etats et non du pouvoir fédéral. D’ailleurs, la Californie avait respecté seule l’Accord de Kyoto et se positionne comme un état exemplaire dans le déploiement des énergies renouvelables et dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à la COP22 le 14 novembre 2016

Sources :• http://edition.cnn.com/videos/us/2015/11/03/donald-trump-ben-carson-gop-update-dnt-murray-tsr.cnn/video/

playlists/donald-trump/• http://www.alterecoplus.fr/programme-economique-de-donald-trump-sept-themes-cles/00012567• https://www.donaldjtrump.com/policies/energy/• http://edition.cnn.com/election/results/states/louisiana#president• https://twitter.com/realdonaldtrump?lang=fr• http://www.bbc.com/afrique/37987907• http://www.rtl.fr/actu/politique/segolene-royal-est-l-invitee-de-rtl-du-mercredi-9-novembre-7785668595• http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/12/trump-peut-demolir-l-accord-sur-le-climat_5030031_3232.html• http://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/0211254280442-climat-la-chine-ratifie-laccord-de-par-

is-2024582.php• http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0211495449636-cop22-lonu-rappelle-a-

lordre-trump-sur-le-climat-2042912.php• http://www.usinenouvelle.com/article/a-la-cop22-la-chine-et-l-onu-lancent-un-appel-a-donald-trump.N464378• http://www.euractiv.fr/section/affaires-publiques/news/le-commissaire-europeen-polonais-refute-la-these-du-

rechauffement-climatique/• https://www.euractiv.fr/section/royaume-uni-en-europe/news/brexit-campaign-leadership-dominated-by-cli-

mate-sceptics/• http://www.huffingtonpost.fr/2016/09/14/nicolas-sarkozy-a-t-il-rejoint-le-camp-des-climato-sceptiques/• http://www.rtl.fr/actu/international/la-presidentielle-en-autriche-prochain-match-entre-le-peuple-et-les-

elites-7785764999

Les climato-sceptiques ont le vent en poupe

Geoffrey ORLANDO

Just Another Newsletter TitleINF’OSE Novembre 2016 n° 117 10

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Le train à hydrogène : solution écologique au développement du transport ferroviaire à bas

coût ?

Le 20 septembre dernier, Alstom a présenté le Coradia iLint, sa nouvelle génération de train qui ne

nécessite ni infrastructure électrique ni combustible fossile, et pour cause: il fonctionne à l’hydrogène.

Présenté comme une révolution dans le monde du transport ferroviaire, et plébiscité par les médias et

les défendeurs de la cause environnementale, le train à hydrogène a de nombreux atouts. Tout d’abord, il promet les mêmes performances que les anciennes locomotives diesel que ce soit en vitesse avec 140 km/h ou en autonomie avec 600 km. Il propose également les mêmes capacités de transport que les anciens trains.Au final, il se distingue de sa version diesel par le fait de n’émettre aucun bruit en opération, ce qui est fortement apprécié par les usagers et surtout par aucune émission de gaz d’échappement, donc aucune pollution locale.

D’un point de vue économique, le développement d’un train ne nécessitant aucune infrastructure électrique

est très intéressant. En France, les derniers investissements qui ont été effectués par Réseau Ferré de France (Nantes - La Roche sur Yon) pour l’électrification des voies s’élèvent à environ 53 millions d’euros / 100 km de voie [1]. Ce qui

représente un coût très important et qui peut expliquer que les opérateurs allemands aient préféré miser sur un train ne nécessitant pas de modernisation de l’infrastructure. Par ailleurs, Wolfram Schwab, vice-président régional plateforme produit et innovation chez Alstom Transport, estime que le train à hydrogène disposerait d’un avantage compétitif par rapport au diesel d’ici 5 ans[2].

Cette estimation prend en compte le coût d’achat de la locomotive, les coûts de maintenance et de

combustible. Si l’on raisonne seulement au niveau du combustible : sachant qu’actuellement une locomotive diesel brule environ 330L/100km avec un rendement diesel d’environ 35% cela représente une énergie nécessaire à la traction de 0,83 MWh/100km. A énergie équivalente, avec un rendement de pile à combustible de 50%[3], les 330L de diesel pourrait être remplacés par environ 62 kg d’hydrogène. De là, il devient possible de comparer les deux combustibles. Au cours d’aujourd’hui, 62 kg d’hydrogène se vendent à 310€ contre 235€ pour 330L de diesel. Cette courte analyse ne prend pas en compte les frais de transport et de stockage du combustible qui peuvent être importants, notamment pour la filière hydrogène. Mais aux premiers abords, il apparait que

Articles

Figure 1 : Le train à hydrogène Coradia iLint ©Alstom

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l’hydrogène s’avère être un choix plus onéreux que le diesel, et cela pourrait freiner son développement.

Écologiquement le bilan semble également contrasté. Même si à l’utilisation le « Hytrain »

ne produit aucune pollution localement ce qui présente de nombreux avantages d’un point de vue sanitaire, il faut remonter la chaine de production de l’hydrogène pour se rendre compte que le « Hytrain » n’est peut-être pas si écologique que ça. En effet, aujourd’hui dans le monde, 90% de l’hydrogène est produit par vaporéformage[4]. Ce procédé s’effectue en 4 étapes comme le montre l’image figure 2.

Figure 2 : Procédé de vaporéformage [5]Il prend du méthane en entrée et suivant la réaction (1) le méthane est décomposé en Oxyde de Car-bone et hydrogène, ensuite l’Oxyde de Carbone est recombiné pour produire de l’hydrogène et du CO2 comme montré par la réaction (2).

(1)

(2)

Au final, le méthane est décomposé en hydrogène et CO2. On estime qu'une tonne d'hydrogène

produite est responsable de neuf tonnes d'émissions de CO2 [4]. Si l'on reprend l'exemple précédent, on produira 558 kg de CO2 par 100 km parcourus com-paré à 858 kg de CO2/ 100 km pour le diesel. On peut donc considérer que cette technologie prônant Zéro émission, demeure assez loin des objectifs affichés. Cependant, comment raisonner à court terme sur une technologie qui se veut futuriste et qui est faite pour s'intégrer dans la société de demain ? Déjà de nom-breux acteurs de la filière hydrogène conscients de la pollution de leurs procédés de production ont prévu de verdir leur hydrogène dans un horizon assez proche. Le leader Air liquide, via sa démarche Blue Hydrogen, a prévu de produire d'ici 2020 la moitié de son hydrogène sans émission de CO2. D'un autre côté, un rapport pub-lié par la NREL a montré que l'hydrogène pourrait être la solution de demain face aux défis du stockage d'énergie auxquels les électriciens sont confrontés ac-tuellement. En effet, l'intégration des énergies renouv-elables dans notre mix énergétique crée des tensions sur le réseau qui aboutissent à des situations inédites où il y a davantage d'offre électrique que de demande, ce qui entraine des prix négatifs. L'idée serait de consom-mer le surplus d'électricité issu des EnR via des électrol-yseurs qui produiraient au passage de l'hydrogène qui serait stocké et consommé ulterieurement par le Hy-

train. Cela permettrait au réseau électrique de retrouver une certaine stabilité tout en faisant chuter le prix de l'hydrogène sur le marché à environ 1 - 0.5 $/ kg [6] [7].Ces perspectives n’ont pas échappé à certains Etats et le Danemark, la Norvège et les Pays-bas ont déjà mani-festé leur intérêt pour le Hytrain. La France, paradoxale-ment, n’est pas un marché visé étant donné la forte élec-trisation de son réseau ferroviaire. Par ailleurs, devant les avantages de cette nouvelle technologie, c’est une opportunité pour Alstom de se différencier de son prin-cipal concurrent : Bombardier. En prenant la tête de la course à la mobilité ferroviaire propre, Alstom met une option sur le renouvellement des parcs mondiaux de locomotives diesel avec en première ligne les USA. Le train à hydrogène jouera donc sur plusieurs plans. Tout d’abord, il permettra de réduire la pollution aux parti-cules fines et la pollution sonore dans les gares. Ensuite, sous condition que l’hydrogène soit produit avec des énergies renouvelables, il rendra ce mode de transport réellement « zéro émission », et disposera des mêmes arguments écologiques que le train électrique. Enfin, au niveau des réseaux électriques, il jouera, indirectement, un rôle important dans la stabilisation de l’offre et de la demande d’ énergie électrique, qui est aujourd’hui un des challenges majeurs des énergies renouvelables.

« une tonne d’hydrogène produite est responsable de neuf tonnes d’émissions de CO2 »

Baptiste CALMETTE

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Un hiver sous très haute tension ?

L’inquiétude grandissante de RTE sur l’approvisionnement électrique de la France en cette période hivernale témoigne d’une crise inédite de notre système électrique.

Près de 20% des tranches nucléaires françaises sont à l’arrêt depuis des semaines pour procéder aux vérifications exigées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

Articles

Sources :• [1] Setra, “Modernisation des infrastructures ferroviaires,” 2010.• [2] F. Guernalec, “Alstom présente son train zéro émission,” 2016. [Online]. Available: http://www.mobilicites.

com/011-5415-Alstom-presente-son-train-zero-emission.html.• [3] Air-Liquide, “Pile à combustible - ses avantages.” [Online]. Available: http://www.planete-hydrogene.com/

fr/lhydrogene-energie/pile-a-combustible/ses-avantages.html.• [4] Afhypac, “3.1.1 - Mémento de l’Hydrogène - PRODUCTION D’ HYDROGENE A PARTIR DES PRO-

CEDES DE REFORMAGE ET D’ OXYDATION PARTIELLE,” pp. 1–15, 2011.• [5] F. Giroudi and L. E. Gall, “Production des gaz de synthèse par vaporeformage Production des gaz de syn-

thèse par vaporeformage,” Tech. L’ingénieur, vol. 33, no. 0, 2016.• [6] S. Edelstein, “Hydrogen cost could equal 50-cent gasoline, with renewable energy: study,” 2016. [Online].

Available: http://www.greencarreports.com/news/1105642_hydrogen-cost-could-equal-50-cent-gasoline-with-renewable-energy-study.

• [7] NREL, “Hydrogen Production Cost Analysis.” [Online]. Available: http://www.nrel.gov/hydrogen/produc-tion_cost_analysis.html.

Des anomalies ont été détectées sur les générateurs de vapeur de 18 tranches de centrales nucléaires.

Ces anomalies sont dues à une concentration élevée en carbone du fond primaire de ces générateurs de vapeur, qui pourrait les fragiliser, alors que cette pièce en acier est soumise à des pressions et des températures extrêmes [1]. Ces réacteurs ont pour certains été fabriqués dans l’usine du Creusot d’Areva et pour d’autres par la société japonaise JCFC [2]. Ce défaut a d’abord été découvert sur la cuve de l’EPR de Flamanville : l’ASN a alors exigé des contrôles sur tous les réacteurs nucléaires en service en France.

Six des 18 réacteurs concernés ont pu redémarrer, cependant 7 des 58 réacteurs nucléaires du pays

sont à l’arrêt depuis fin octobre. Ces réacteurs devaient être remis en fonctionnement au mois de décembre

mais les tests durent plus longtemps que prévu. « Nous attendions des compléments d’informations pour mi-novembre mais nous n’avons pas tout reçu », annonce Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire [3]. Après recueil de toutes ces informations, l’intéressé aura un mois pour donner à EDF l’autorisation d’exploiter à nouveau ces unités de production. La remise en route de ses réacteurs prendra à l’énergéticien 2 semaines, et ne sera donc effectuée dans le meilleur des cas que début janvier. Dans le même temps, EDF arrêtera 4 autres réacteurs entre le 10 et 23 décembre. Ce n’est alors pas moins de 12 réacteurs qui seront indisponibles en ce début d’hiver comme le montre la carte suivante. [4]

La production nucléaire au ralenti, mais que se passe-t-il ?

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Figure 1 : Carte des centrales nucléaires à l’arret. [4]

Quelles conséquences ?

Avec 20% du parc nucléaire français à l’arrêt pendant au moins une dizaine de jours, il va être difficile pour

RTE d’assurer de façon sereine l’équilibre offre/demande cet hiver. Les 58 réacteurs assurent les trois quart de la production française. Cependant, avec la réduction attendue, la part du nucléaire dans notre mix énergétique sera cet hiver au plus bas depuis 10 ans avec 11 000 MW de capacité en moins [5]. Cette insuffisance n’est pas sans risque. Du simple incident sur le système électrique au blackout en passant par des délestages partiels, nous connaitrons certainement cet hiver des dommages plus ou moins graves sur notre approvisionnement électrique. A l’approche de cette période de froid, la demandeélectrique devient plus importante notamment au mois de décembre, janvier et février, comme nous l’indique la figure suivante.

En effet, un degré de moins représente une consommation supplémentaire de 2 400 MW [7]. Si une forte chute des températures intervient durant ces deux prochains mois, les réacteurs nucléaires encore en service ne suffiront donc pas à satisfaire une trop forte demande

Figure 2 : Cycle annuel de consommation d’électricité en France [6]

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électrique même avec l’apport électrique des énergies renouvelables. La situation la plus délicate pour RTE sera d’assurer l’approvisionnement électrique lors du pic de consommation du soir. Si le gestionnaire du réseau ne peut palier cette demande qui risque de créer un déséquilibre de l’offre et de la demande électrique, RTE sera contraint de mettre en place son plan de défense de la sureté du système électrique qui est décomposé en plusieurs étapes [8] :

- Dans un premier temps, EDF devra mettre en fonctionnement les TAC (turbines à combustion) qui par leur possibilité de démarrage rapide, permettront de disposer rapidement d’un apport de puissance réactive. Cependant, l’utilisation des TAC coûte très cher et celles-ci sont très polluantes. - Si cela ne suffit pas, EDF devra faire fonctionner ses réacteurs et turbines hydrauliques à leur maximum et ainsi perdre toute réserve de puissance.

- Si un écroulement en tension intervient, RTE abaissera l’intensité des lignes HTA de 5%.

- Si une rupture de synchronisme intervient, RTE aura recours à la séparation des réseaux régionaux afin de séparer les réseaux fragilisés de ceux qui seront encore sains.

- Si ces actions ne parviennent pas à rétablir une situation d’équilibre, les groupes thermiques seront automatiquement mis en îlotage sur leurs auxiliaires de façon à être en mesure de procéder à la reprise du service ultérieurement.

- Enfin en ultime recours, RTE déclenchera son plan de délestage de la clientèle afin de procéder à des effacements. Plusieurs niveaux de délestage existent et obéissent à une priorité de délestage. On déconnectera en premier les quartiers résidentiels et en dernier les établissements stratégiques qui assurent un service public tels que les préfectures, les hôpitaux, les aéroports, gares… - Si ces délestages partiels ne suffisent toujours pas à stabiliser les réseaux, le scénario cauchemar du black-out, lourd de conséquences notamment économiques pour la France interviendra sur l’ensemble du territoire. Il faudra alors plusieurs heures à EDF pour remettre en fonction ses unités de production dans le cadre de la mise en place du plan de reconstitution du réseau par RTE. Mais pas de panique, des solutions existent afin d’éviter cette situation de crise…

Une production nationale insuffisante engendrera de fortes importations. Cependant, l’importation

maximale d’électricité en provenance d’Allemagne, de Suisse, d’Espagne, d’Italie et de Grande Bretagne représente 12 000 MW [9]. Si l’Europe connait une vague de grand froid, il sera difficile de compter sur la totalité de cette capacité d’importation. Le recours à des importations coûte, par ailleurs, très cher surtout lors des pics de consommation notamment la pointe du soir. Sur la figure suivante extraite du site de RTE, le prix spot de l’électricité du 9 novembre dernier à 18h00 avait atteint un niveau extrêmement élevé à829,79 € le méga watt heure, le prix le plus cher d’Europe [10].

Hormis les solutions de dernier recours telles que l’importation et le délestage, RTE compte lancer

un appel sur la base du volontariat aux 21 industriels particulièrement électro-sensibles à s’effacer en cas de crise, ce qui pourrait représenter 1 500 MW d’appel de puissance économisée [11]. Il manque alors encore près de 6 000 MW pour passer un pic de consommation équivalent à celui du 8 février 2012 à 19 heures où la demande avait alors dépassé les 102 GW [12].RTE appelle aussi à la responsabilité citoyenne de ses clients

Une facture très salée

Figure 3 : Prix spot électricité du 15 novembre 2016 [10]

Appel à la responsabilité citoyenne

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particuliers pour réduire leur consommation électrique grâce au « dispositif d’alerte citoyen » lancé le 5 décembre sur leur application mobile Eco2mix [13]. Ainsi, les citoyens pourront prendre plusieurs mesures telles qu’éviter de recourir aux équipements électro-ménagers lors des heures de pointe, éteindre les appareils en veille, abaisser le chauffage des logements d’un ou deux degrés…

Rappelons qu’en période de fêtes de fin d’année, la demande d’électricité reste assez faible en France

notamment du fait du ralentissement de l’activité industrielle comme en témoigne la courbe de la

consommation d’électricité ci-dessus. L’arrêt de ces 12 réacteurs s’établira sur cette période pour une durée de 10 jours. Un recours au délestage reste donc très peu probable. De plus, les records de la consommation électrique en France interviennent historiquement au mois de février. D’ici-là, la totalité des réacteurs aura retrouvé un rythme de fonctionnement habituel. Le recours aux différentes actions du plan de défense de la sureté du système électrique de RTE et le recours aux importations et à l’appel citoyen des consommateurs minimisent, par ailleurs, le risque du black-out. Ce scénario catastrophe fait vendre, le buzz est lancé et les tribunes racoleuses dans les grands journaux s’enflamment. Restons réalistes, et faisons confiance aux ingénieurs de RTE, dans l’état actuel des choses, rien ne laisse présager que la France connaitra cet hiver un black-out généralisé.

Pas d’affolement, le risque de black-out n’est cer-tainement qu’un produit médiatique.

Geoffrey ORLANDO

Sources :

• [1] http://www.industrie-techno.com/nucleaire-quand-12-reacteurs-sont-a-l-arret-a-cause-d-un-surplus-de-carbone.46755

• [2] http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/areva-le-creusot-edf-arreterait-cinq-nouveaux-reacteurs-nu-cleaires-1049351.html

• [3] http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/edf-des-risques-sur-l-approvisionnement-pour-les-fetes-1059306.html

• [4] http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0211405738590-nucleaire-les-arrets-forces-de-reacteurs-dedf-se-multiplient-2036045.php

• [5] http://www.la-croix.com/Economie/France/La-France-pourrait-renouer-avec-coupures-cou-rant-2016-11-08-1200801681

• [6] http://www.temoignagefiscal.com/comprendre-lelectricite-4eme-partie/• [7] http://www.rte-france.com/fr/article/encourager-une-consommation-plus-flexible• [8]https://eco2mix.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/publications-annuelles/memento_surete_2004_

complet__.pdf• [9] http://www.connaissancedesenergies.org/reseau-electrique-une-vigilance-de-rigueur-cet-hiver-161109• [10] http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/donnees-de-marche• [11] http://www.usinenouvelle.com/article/six-armes-de-rte-pour-eviter-une-penurie-d-electricite-cet-hiver.

N461237• [12] http://www.rte-france.com/sites/default/files/rex_vague_froid-2012.pdf• [13] http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix

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MaquettisteMichael CHAN

JournalistesTous les élèves du MS OSE

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