1 carnets de route cyclo-biblio 2016 · 8 carnets de route – cyclo-biblio 2016 programme de...
TRANSCRIPT
1 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
2 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Carnets de route Témoignages des participants
à Cyclo-biblio 2016 Toulouse-Bordeaux (1
er-7 juin)
3 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
4 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Table des matières Avant-propos et remerciements ......................................................................................................... 6
Programme de Cyclo-biblio 2016 ....................................................................................................... 8
Cyclo-biblio : une conférence informelle pour porter la voix des bibliothèques ........................ 10
Vers des bibliothèques participatives ? (Céline Smith) .............................................................. 12
Innover en bibliothèque : et si on commençait par l’organisation interne ? (Véronique
Doussot) ............................................................................................................................................... 16
De l’UX à Darwin (Emilie Barthet) .................................................................................................... 18
"Paris pour voir, Lyon pour avoir, Toulouse pour apprendre, et Bordeaux pour despendre
(dépenser)" (Anne-Lise Millan-Brun) ............................................................................................... 20
Chaque cyclobibliothécaire est un cocktail unique (Jean-Luc Prothet) ...................................... 22
Centre de ressources positives (Magali Paul) ................................................................................ 26
T’es caire ou quoi ? (Colette Gros) .................................................................................................. 30
Cyclo-biblio : le « Toubo » (1/6 – 7/6 2016) Toulouse – Bordeaux (Eddy Barbry) ................... 32
De la laine sous les ongles (Elodie Houde) .................................................................................... 34
Journal d’une Cyclo-thécaire (Isabelle Reber) .............................................................................. 38
Quelles actions mènent les bibliothèques pour valoriser leur patrimoine manuscrit et imprimé
? (Emmanuel Courtine) ...................................................................................................................... 42
Explorer les médiathèques et découvrir l'inattendu (Aude Windels) .......................................... 46
Le silence est d’or (Jean-François Caillot)...................................................................................... 50
Les rencontres professionnelles et l'interculturalité (Roseline Drapeau) ................................... 52
Les animations participatives en bibliothèque : quelques exemples (Elise Gravel) ................. 54
La fin des bibliothèques ? (Claude Berne)...................................................................................... 58
La belle aventure Cyclo-biblio ! (Marie Dardes) ............................................................................. 60
Photographier Cyclo-biblio ? (Jean-Hugues Morneau)................................................................. 64
Cyclo-biblio, le participatif au fil des chemins (Anne Réty, Magali Prieux et Michel Maugan) ............ 68
Cyclo-biblio Toulouse-Bordeaux ou l’aventure humaine en faveur des bibliothèques (Fanny
Lacaille) ................................................................................................................................................ 72
Cyclo-biblio 2016 en Brompton… (Marina De Ridder) ................................................................. 74
Cyclo-biblio : une édition communicative et communicationnelle (Emmanuelle Prévost) ...... 76
La rumeur du peloton (Gilles Russeil) ............................................................................................. 78
Le Toubo (Carmen de Miguel) .......................................................................................................... 80
Bravo la Mémo ! (Odile Fagot) ......................................................................................................... 84
Cyclo-biblio ou comment emmener un groupe de Toulouse à Bordeaux... (Elisabeth Canto-
Collin) .................................................................................................................................................... 86
Cyclo-biblio : du Design Thinking au Dreaming (Delphine Pillet) ................................................ 88
5 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
6 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Avant-propos et remerciements
Ce recueil d’articles est le témoignage des participants à Cyclo-biblio 2016. Cette édition a
mené plus de 50 bibliothécaires de Toulouse à Bordeaux du 1er au 7 juin. Chaque
participant était invité à rédiger un article sur son expérience lors de ces 6 jours. Réflexion
sur une problématique professionnelle, témoignage personnel sur l’aventure, compte-rendu
de la visite d’une ou plusieurs bibliothèques : ils étaient libres de choisir la forme qu’ils
souhaitaient.
Ce recueil est donc un instantané non-exhaustif et non-scientifique d’articles, souvent
élogieux, parfois étonnés ou descriptifs, mais toujours témoins de leur curiosité. La diversité
des formes des articles illustre la richesse des profils des bibliothécaires participants.
Que toutes les bibliothèques citées dans ce recueil soient remerciées de nous avoir ouvert
leurs portes et accueillis avec autant de bienveillance, dans un esprit de partage et
d’ouverture.
Nous exprimons également toute notre gratitude à l’ABF (Association des Bibliothécaires de
France) qui a soutenu une fois encore cette édition.
Lara Jovignot
Présidente de Cyclo-biblio
Ces textes n’engagent que leurs auteurs.
7 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
8 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Programme de Cyclo-biblio 2016
Mercredi 1 juin : Toulouse (30 km)
10h : Lancement officiel du Cyclo-biblio 2016 à la Médiathèque José Cabanis, Toulouse
Visite de la Bibliothèque d’Etude et du Patrimoine Visite des bibliothèques de l’Université Jean Jaurès (Campus du Mirail)
o Bibliothèque Universitaire Centrale o Centre de ressources des Langues
Visite de la Médiathèque Grand M Visite de la Cinémathèque de Toulouse
Jeudi 2 juin : Toulouse – Montauban (60 km)
Matinée d’ateliers à Médiathèque José Cabanis Visite de la Médiathèque de Montech Arrivée festive à la Mémo, la Médiathèque de Montauban
Vendredi 3 juin : Montauban – Moissac (40 km)
Visite de la Médiathèque de Montauban (Mémo) Présentation des Livres en liberté à l’Auberge du Fort (Montauban) Visite de la Bibliothèque de Moissac et du Centre d’art roman Visite guidée du cloître de Moissac
Samedi 4 juin : Moissac – Marmande (110 km)
Visite de la Médiathèque Lacépède d’Agen Visite de la Bibliothèque de Bruch
Dimanche 5 juin : Marmande – Bordeaux (110 km)
Plusieurs pauses mais pas de bibliothèques visitées
Lundi 6 juin : Bordeaux (10 km)
“Quel avenir pour Cyclo-biblio ?” Assemblée Générale de Cyclo-biblio. (Espace Darwin)
Présentation et visite de l’Espace Darwin Visite et ateliers à la Bibliothèque Mériadeck Découverte du Garage Moderne, atelier mécanique associatif
Mardi 7 juin : Bordeaux (15 km)
Visite de la Médiathèque Flora Tristan Action publique sur les quais de Bordeaux Arrivée festive et visite de La Source, la Médiathèque municipale du Bouscat
9 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
10 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio : une conférence informelle pour porter la voix des
bibliothèques
A l’origine était Cycling for libraries …
« Les grandes idées viennent du Nord » disait un philosophe, suédois sans doute. Le
mouvement Cycling for libraries (littéralement “pédaler pour les bibliothèques”) semble
confirmer cet adage. Créé en 2011 par des collègues finlandais, le concept avait de quoi
intriguer : réunir quelques bibliothécaires autour de deux piliers a priori sans rapport
particulier, le vélo et les bibliothèques. Pourtant ce mode de circulation doux, par le rapport
aux autres et au temps qu’il offre, a permis de réinventer les concepts d'événement et de
rencontre professionnels. Cycling for libraries a en effet imaginé une autre façon de les
construire : penser une rencontre réunissant de manière originale bibliothécaires et
amoureux des bibliothèques, l’organiser sur le principe de la conférence informelle et porter
la parole des bibliothèques par des actions de promotion et d’explication de leurs rôles et
missions.
Donc pas de Powerpoint, ni de longues présentations en amphithéâtre mais du mouvement,
des échanges, des visites, des expérimentations, tout cela bien sûr en se déplaçant, parfois
longtemps, à vélo. L’autre aspect essentiel et original de la manifestation est d’en faire une
opération d’advocacy pour les bibliothèques et les valeurs qu’elles défendent. Concept issu
du monde libéral anglo-saxon, l’advocacy est une activité de communication et de marketing
visant à influencer les politiques publiques et à faire entendre aux élus la nécessité d’une
cause1. Encore peu développée en France, elle consiste, dans le cadre de Cyclo-biblio, à
mener tout au long du parcours des actions de promotion à destination de multiples cibles :
élus, grand public, usagers, collègues bibliothécaires, médias... Parler de et défendre les
1 Pour en savoir plus sur le concept d’advocacy : Anthony Merle, L’advocacy des bibliothèques : vers
un modèle à la française, Enssib. 2012. Diplôme de conservateur des bibliothèques.
www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/60366-l-advocacy-des-bibliotheques.pdf
11 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
bibliothèques en profitant de la visibilité donnée par le mode de déplacement original choisi,
permet aussi de rendre les participants acteurs du projet.
De Cycling for libraries à Cyclo-biblio
En 2014, l’édition internationale de Cycling for Libraries s’est déroulée en France pour
accompagner le congrès annuel de l’IFLA : 85 bibliothécaires du monde entier de 15
nationalités différentes ont relié Montpellier à Lyon pour rejoindre le congrès de l’IFLA en
visitant en chemin de nombreuses bibliothèques et en échangeant à l’occasion des heures
passées sur la selle.
En 2015, Cycling for libraries poursuivant son aventure hors de nos frontières, Lara Jovignot,
bibliothécaire franco-suisse exerçant à Lausanne et quelques autres décidèrent de
poursuivre l’expérience en France et les pays francophones. Ce fut la naissance de la
déclinaison francophone du mouvement : Cyclo-biblio. Un petit groupe motivé de
bibliothécaires a depuis organisé deux éditions - Bâle-Strasbourg en 2015 et Toulouse-
Bordeaux en 2016 - et en prépare une nouvelle pour 2017 autour du Lac Léman.
12 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Vers des bibliothèques participatives ? (Céline Smith2)
Comment penser, partager et décider avec les usagers de nos bibliothèques, comment les
associer au fonctionnement de celles-ci ? Comment passer d’une coopération symbolique à
un engagement effectif des usagers ? Quelles complémentarités développer entre les
compétences des bibliothécaires et celles des usagers ? Comment parvenir à une
construction collective des savoirs ? Comment apprendre les uns des autres et comment
travailler ensemble dans le respect de nos différences ? Comment développer des relations
qui mêlent entraide, coopération et plaisir de contribuer à l’intérêt général ?
Toutes ces questions se sont bousculées dans ma tête avant de participer à mon premier
Cyclo-biblio entre Toulouse et Bordeaux du 1er au 7 juin et je me sentais impatiente de
pouvoir en discuter avec les autres participants et avec les collègues des bibliothèques et
médiathèques que nous avons visitées en chemin…Lors d’ateliers, de présentations plus
formelles ou tout simplement au fil de l’eau en pédalant le long du canal latéral, j’ai pu glaner
quelques éléments de réponses et continuer à nourrir ma réflexion sur le vaste thème de la
participation…
J’ai été particulièrement intéressée par les présentations sur Wikipédia : « Imaginez un
monde où chaque personne sur la planète aurait librement accès à la totalité du savoir
humain. » 3 Le témoignage de Christelle Molinié lors des ateliers organisés à la médiathèque
José Cabanis de Toulouse le matin du 2 juin m’a fait encore plus prendre conscience de
l’importance des sources d’information et de l’expertise des bibliothécaires en la matière...
D’ailleurs, cela a également été souligné par Sylvain Machefert le 6 juin à la médiathèque
Mériadeck de Bordeaux. Il nous a en effet parlé du projet #1Lib1Ref (un bibliothécaire, une
référence) porté par La Bibliothèque Wikipédia : « Imaginez un monde où chaque
bibliothécaire ajouterait une référence de plus à Wikipédia. » 4
Il s’agit entre autres de « créer des partenariats pour fournir un libre accès aux publications,
bases de données, universités et bibliothèques, sans avoir à payer » et de « promouvoir un
accès plus largement ouvert pour la publication et la recherche. » 5 Certains objectifs de ce
projet rejoignent donc ceux du mouvement international en faveur de l’Accès Ouvert 6…
C’est pourquoi ils ont retenu toute mon attention car ce sont mes préoccupations
quotidiennes au LAAS-CNRS où je suis chargée d’inciter les chercheurs à déposer leurs
travaux de recherche en libre accès sur l’archive ouverte nationale HAL 7 !
2 Céline Smith est documentaliste au LAAS-CNRS à Toulouse où elle est chargée de promouvoir l'archive
ouverte nationale HAL auprès des chercheurs afin de développer la mise en ligne et la consultation gratuite et immédiate de leurs travaux financés sur fonds publics. Elle s'intéresse aussi à la non-violence et participe activement aux actions de sensibilisations menées par le Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées où elle est bénévole depuis 2008. 3 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ef/Welcome2WP_French_WEB.pdf 4 https://meta.wikimedia.org/wiki/The_Wikipedia_Library/1Lib1Ref/fr 5 https://meta.wikimedia.org/wiki/The_Wikipedia_Library/fr 6 http://openaccess.inist.fr/?Initiative-de-Budapest-pour-l 7 https://hal.archives-ouvertes.fr/
13 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Au-delà des contributions des bibliothécaires à Wikipédia, certains d’entre eux ont aussi mis
en place des ateliers numériques pour inviter les usagers de leur bibliothèque à contribuer à
l’encyclopédie en ligne. C’est ce que j’ai lu dans le numéro de la revue Bibliothèque(s) sur
les pratiques participatives, paru en mars 2016 : « Plusieurs dizaines de personnes ont
découvert les subtilités du domaine public lors d’échanges avec les animateurs et appris à
modifier une fiche Wikipédia en donnant leurs références. Ils ont réalisé combien il était
minutieux de nourrir l’encyclopédie participative en respectant une écriture neutre et
structurée et pourquoi il était important d’avoir des références pour s’assurer de la véracité
de l’information sur internet.» 8
Dans la même revue, j’ai lu aussi, toujours à propos d’un atelier de sensibilisation à la
participation à Wikipédia, « Les bibliothèques ont ce rôle de médiation. L’idée est de se
positionner en tant que facilitateur d’échanges et de partages de savoirs en organisant dans
nos murs des rencontres et des ateliers ouverts à tous. Nous souhaitons ainsi favoriser le
développement de communautés engagées dans la diffusion des savoirs et des biens
communs de la connaissance. » 9 J’adhère complètement à cette idée ! Et puis plus loin,
« Tout est question d’organisation, de justesse, d’équilibre… d’altruisme et d’empathie,
osons le dire ! Cela peut paraître simpliste mais demande en l’occurrence une réelle
méthodologie de travail basée sur la mobilisation des connaissances, des compétences et
des personnalités de chacun et de chacune. » 10
Justement, apprendre à travailler ensemble, c’est aussi apprendre à s’écouter mutuellement,
apprendre à coopérer avec bienveillance… Alors, c’est tout naturellement qu’encouragée par
Lara, le 3 juin lors de notre halte à l’ancien carmel de Moissac, j’ai proposé une petite soirée
conviviale autour des jeux coopératifs, à laquelle une douzaine de personnes a participé.
Nous avons d’abord joué au Crayon Coopératif : 10 joueurs tiennent simultanément un
crayon via 10 cordes tendues et dessinent ensemble sur une feuille de papier… « Le crayon
coopératif est un instrument magique : dans les applications de type "parcourir un circuit", les
joueurs communiquent peu verbalement, mais fusionnent en un esprit de groupe qui déplace
le crayon. On dirait qu'une seule âme dirige 10 bras simultanément et c'est impressionnant ;
dans les applications de type "dessin imposé sans modèle", les joueurs au contraire
communiquent énormément, négocient la réalisation du dessin, coopèrent pour le réaliser.
Le crayon coopératif est donc, selon ses applications, un jeu de "fusion" ou de
"coopération". » 11 C’est la première application à laquelle nous avons joué et j’ai bien aimé
observer les réactions des joueurs qui sont passés de l’expression de leurs doutes à
l’enthousiasme d’avoir réussi à sortir du labyrinthe comme si le crayon avançait tout seul !
Nous avons aussi joué à Team Work où une équipe de 2 joueurs doit faire deviner une
notion à tous les autres joueurs par une périphrase. Pour cela, ils forment ensemble une
phrase grammaticalement correcte de 10 mots maximum en ajoutant alternativement à
chaque fois un mot. Bien évidemment, ces 2 joueurs ne se consultent pas avant de
structurer la phrase… Ce qui me plaît dans ce jeu, c’est qu’il faut accepter de faire des
concessions en allant dans la direction que l’autre a choisie et s’adapter pour faire deviner le
mot aux autres joueurs. Et puis, on peut intégrer autant de joueurs que l’on veut au cours de
8 Bibliothèque(s), n°83, mars 2016, p. 27-28 9 Bibliothèque(s), n°83, mars 2016, p. 39 10 Bibliothèque(s), n°83, mars 2016, p. 41 11 http://www.jeuxdenim.be/jeu-Crayoncooperatif
14 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
la partie et c’est ce qui s’est passé lors de la soirée ou quelques curieux ont commencé par
regarder et écouter avant de participer au jeu pour le plus grand plaisir de tous.
Enfin, nous avons terminé par Hanabi, un jeu où les joueurs œuvrent ensemble pour tirer de
beaux feux d'artifice. Mais comme les poudres, les mèches et les fusées sont complètement
mélangées, chaque joueur doit tenir ses cartes à l'envers… Personne ne voit son propre jeu
donc et il faut à la fois transmettre des informations pertinentes à ses coéquipiers et
mémoriser les informations reçues afin de poser les cartes de la bonne couleur dans le bon
ordre pour compléter les séries. C’est un jeu de déductions et de sous-entendus, où même
le non-dit est une information. Les joueurs doivent se faire confiance et s’entraider pour
réaliser un spectacle inoubliable... et réussir la partie ! En théorie, lors du tour d’un joueur,
ses coéquipiers n’ont pas le droit de faire des commentaires ou de l’influencer, mais en
pratique, lors de la soirée, nous avons un peu négligé cette règle du jeu…
Ce soir-là, j’en ai aussi profité pour présenter brièvement le Centre de ressources sur la
non-violence de Midi-Pyrénées où je suis bénévole depuis 2008 et pour laisser à la
disposition de tout un chacun les brochures de la collection « Culture de non-violence »,
Délégitimer la violence, Découvrir la non-violence, Henri David Thoreau, précurseur de la
désobéissance civile, Choisir la non-violence pour rendre possible un autre monde, Gandhi
sage et stratège de la non-violence, Le festival Camino – Agir pour la non-violence 12 ainsi
que le Dictionnaire de la non-violence de Jean-Marie Muller 13… Je me réjouis d’ailleurs que
l’édition 2017 de Cyclo-biblio ait lieu entre la France et la Suisse autour du lac Léman, car ce
sera peut-être aussi l’occasion d’aller faire un petit tour du côté du Centre pour l’action
non-violente de Lausanne ? 14 Pour terminer, je remercie tous les organisateurs et en
particulier Lara pour cette formidable aventure ainsi que tous les participants et le personnel
des bibliothèques qui nous ont accueillis pour les belles rencontres, la richesse et la densité
des échanges et pour la chaleur humaine !
12 http://www.non-violence-mp.org/category/documents/publications/ 13 http://nonviolence.fr/spip.php?article169 14 http://www.non-violence.ch/
15 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
16 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Innover en bibliothèque : et si on commençait par l’organisation
interne ? (Véronique Doussot15)
Quand on parle d’innovation en bibliothèque, on pense d’emblée volontiers à de nouveaux
services que les bibliothèques pourraient proposer au public. En revanche, on pense moins
à l’organisation de la bibliothèque dans sa dimension humaine.
Le départ de la 3ème édition de Cyclo-biblio donné à Toulouse le 1er juin dernier a été
l’occasion pour les quelques 50 participants de prendre le pouls d’une structure (la
médiathèque José Cabanis ouverte en 2004) qui, de prime abord, impose un geste
architectural. Avec pour thème « Vers des bibliothèques participatives ? », Cyclo-biblio a
permis de mettre à jour les interrogations d’une profession qui cherche un second souffle
dans une société numérique basée sur le changement permanent.
Comment favoriser les interactions entre collègues à l’heure où l’on nous demande de
réfléchir à la manière de favoriser les interactions avec le(s) public(s) ?
Début de réponse à la médiathèque José Cabanis :
Rien de révolutionnaire mais, et cela est déjà tellement primordial, une prise en compte
réelle de la dimension relationnelle dans la manière de manager. Et c’est par là, et la
seulement, que peut commencer la transformation des équipes. A Toulouse, les collègues
sont conviés à se réunir une fois par an pour une matinée-projet. Le but est de permettre aux
différents services du réseau des médiathèques de présenter aux collègues les projets qu’ils
ont pu mettre en place dans l’année. Un brainstorming collectif dont le mérite est de faire se
réunir l’ensemble du personnel autour d’un moment stimulant de réflexions et d’échanges
professionnels. Ajouté à cela une dimension conviviale (à Toulouse, c’est par un pique-nique
collectif que se clôt cette « matinée-projet ») et les ingrédients sont réunis pour favoriser la
dynamique de groupe !
Concrètement, les cyclo-bibliothécaires étaient conviés à se joindre au traditionnel rendez-
vous annuel des équipes de Toulouse. Répartis sur les 4 étages de la médiathèque José
Cabanis, plusieurs ateliers thématiques étaient proposés par les porteurs de projets. Ainsi,
au choix, nous pouvions aller écouter comment la grainothèque s’est mise en place depuis
novembre 2015. Mais aussi, le démarrage du prêt d’instruments de musique, les Cafés
Bricol’, l’atelier « Réparez vous-même votre Apple » etc.
Accompagnement du changement en interne
Cet exemple toulousain m’amène à une réflexion plus globale sur l’innovation managériale :
(re)créer du lien, de la proximité, mobiliser l’intelligence collective, autoriser chacun à
s’exprimer, à donner un avis et instaurer des moments de convivialité au sein de la structure
15
Véronique Doussot travaille dans le réseau des Bibliothèques-Médiathèques de Metz où elle est community manager et assure aussi la coordination de l’action culturelle musicale du réseau. La transformation numérique de la société, le retour du vinyle et la dématérialisation de la musique sont ses chevaux de bataille. Ajouté à cela un penchant non démenti pour le djaying, celui qui déniche des perles rares et les fait découvrir lors de sets dans des bars > https://www.mixcloud.com/Bellskinner/uploads
17 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
sont autant de préalables pour créer les conditions d’une dynamique de changement et
renforcer de ce fait le collectif. Il appartient à chacun d’entre nous, sans distinction de grade
ou statut, de sonder ses propres leviers de motivation pour tenter d’apporter un vent d’air
frais à l’intention collective. Ce n’est qu’à cette condition que les forces vives que nous
sommes pourront à leur tour favoriser au mieux la participation des publics !
Cyclo-biblio, un incubateur sur deux roues !
Cyclo-biblio est à ce titre un formidable levier de motivation car il permet d’aller à la
rencontre d’autres manières d’aborder la question de la nécessaire évolution du rôle et des
missions des bibliothécaires. Mais c’est aussi et avant tout un condensé de tout ce dont nos
établissements ont besoin pour évoluer (vraiment) et épouser le paradigme du numérique :
humaniser nos relations dans un esprit de « contribution », réfléchir ensemble,
s’accompagner, se transmettre, l’air de rien et avec son petit gilet jaune - qui abolit toute
notion hiérarchique - des savoirs (savoir-faire et savoir-être) qui peuvent aider à y voir plus
clair dans notre rapport à la (transformation de la ) société numérique en cours.
Découverte de l'écosystème Darwin (Bordeaux)
18 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
De l’UX à Darwin (Emilie Barthet16)
Quèsaco UX ? User experience, en anglais, l’expérience utilisateur. C’est-à-dire tous les
aspects d’une bibliothèque qui entrent en ligne de compte pour les usagers quand ils
l’utilisent. Quand on y regarde de plus près, cela concerne quasiment toutes nos actions : de
l’impression faite par le bâtiment, la lumière, la couleur, la chaleur, la propreté, en passant
par le confort des mobiliers, leur fonctionnalité, l’accueil des bibliothécaires, l’offre
documentaire et en allant jusqu’aux activités proposées, aux échanges par mail, téléphone,
aux supports de communication imprimés ou au site web.
Je venais donc voir comment d’autres bibliothèques et en particulier des bibliothèques
municipales faisaient pour améliorer cette expérience utilisateur.
Comment faisaient-ils aussi pour intégrer ce souci dans leurs pratiques professionnelles et
leur organisation. Avec une thématique sur les bibliothèques participatives, le Cyclo-biblio ne
pouvait donc que me donner envie.
Et puis, il y avait le vélo aussi.
Sur les chemins, j’ai rencontré de belles sources d’inspiration, comme la campagne de
communication des collègues de BU toulousains. J’ai rencontré, dans toutes les
bibliothèques visitées, des bibliothécaires et des élus qui se souciaient du confort et du bien-
être de leurs usagers. Pour en attester, les efforts dans les rénovations – et ma palme pour
Montech –, les efforts dans le choix du mobilier et la conception des espaces – et mon coup
de cœur pour la Médiathèque de Montauban.
Ce qu’il fallait regarder de plus près, c’est comment les bibliothécaires intègrent les besoins
des usagers, et la capacité à les recenser, dans leur mode de fonctionnement, dans leur
organisation. Et là, j’ai retrouvé des choses familières : boîtes à idées, questionnaires,
enquêtes, rencontres mais j’ai aussi trouvé des choses innovantes : des associations de
quartier qui viennent animer des ateliers de réparation ou de création, des habitants qui
viennent échanger des graines, des speed-booking où les lecteurs prennent la main et des
espaces qui s’adaptent à l’usage qu’en font les usagers. A la bibliothèque du Grand M à
Toulouse, j’ai vu une bibliothèque informée par le quartier qui la nourrit de son histoire, de sa
population, de sa diversité et une bibliothèque capable d’accueillir cette variété, de s’y
adapter et de la dépasser.
Et puis j’ai vu Darwin. Pas le scientifique évidemment mais un endroit dont il pourrait être
fier et qui a fait sienne sa devise « able to adapt », capable de s’adapter. Le Projet Darwin
est un lieu, implanté à Bordeaux dans d’anciens bâtiments militaires, devenu lieu hybride, de
loisir et de travail, de restauration, de recyclage et de logement. Un lieu qui s’adapte à son
public, un lieu vivant.
Le fonctionnement de ce type d’organisme "mutant" qui crée par capillarité et effet de hasard
m’a laissé rêveuse. Comment nous en inspirer en bibliothèque ? Ce qui frappe c’est
16
Emilie Barthet travaille dans les Bibliothèques universitaires Jean Moulin Lyon 3. Elle s’y occupe de communication, de projets de réhabilitation et essaie de penser à tout ça sous l’angle de l’expérience utilisateur.
19 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
l’hétérogénéité des profils de personnes qui y travaillent, qui s’y croisent et qui, par
rencontre, échange, inventent quelque chose de nouveau. Alors je me suis dit qu’il fallait
trouver les moyens de faire davantage de nos bibliothèques des lieux d’émulation, propices
à l'inventivité où primeraient la rencontre, la sérendipidité et la créativité.
Sur les chemins, finalement, j’ai rencontré cet embryon d’équipe de bibliothèque
protéiforme, aux profils variés, à la mixité des pratiques, aux préoccupations différentes mais
qui pédalait bien dans le même sens.
Pour aller plus loin : Expérience usager : http://uxlib.org/ , Projet Darwin : http://darwin.camp/
20 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
"Paris pour voir, Lyon pour avoir, Toulouse pour apprendre, et
Bordeaux pour despendre (dépenser)" (Anne-Lise Millan-Brun17)
Depuis maintenant 3 ans, je retrouve avec un plaisir renouvelé ces femmes et ces hommes
qui exercent le même métier que moi mais viennent de régions et d'univers professionnels si
variés. Pour quelqu'un qui travaille seul, c'est vital de pouvoir s'enrichir d'autres pratiques,
d'avoir l'occasion de prendre du recul sur son activité, de solliciter avis et conseils sur des
questions qui ne trouvent pas de réponses habituellement, faute d'interlocuteurs. Découvrir
par exemple qu'il n'est pas si rare que des bibliothécaires travaillent seul-e-s, parce que la
commune est toute petite. Ne négligeons pas non plus le gommage en douceur de nos
différences par la vertu de l'effort vélocipédique. Rien de tel qu'une bonne côte à 8 % pour
faire qu'un(e) magasinier(e) de catégorie C en remontre (assez logiquement étant donné les
différences d'âge) à une conservatrice ou un conservateur Hors Classe.
Cette année, les temps de trajet ont été probablement un peu moins « communiquant » que
les précédents, la faute à l'étroitesse des belles voies cyclables très fréquentées sur les
berges des canaux de l'Entre Deux Mers. Difficile de rouler à deux de front, et de fait, d'avoir
une conversation de fond avec la même personne pendant suffisamment longtemps. En
contrepartie, on a sans doute davantage joui du paysage, des odeurs des acacias et des
seringas en fleurs, du chant des oiseaux...
J'ai conforté ma prédilection pour tous les aspects patrimoniaux des bibliothèques, qu'il
s'agisse d'architecture, de leur histoire ou de leur fonds proprement dit. Sans doute parce
que je me sens un peu dépassée par les nouvelles technologies, la matérialité de la pierre,
du bois, du cuir, du papier me rassure. Passablement dubitative quant à la pérennité des
outils numériques18, je suis tout de même fascinée par l'inventivité dont font preuve les
bibliothèques pour retenir l'attention et la participation des lecteurs, en usant de toutes les
séductions de l'image, du son, de l'information immédiatement accessible. J'ai pris
conscience d'un fossé à enjamber entre la génération d'avant Internet et celle qui est née
avec une souris au creux de la main. Les médiathèques visitées, tout particulièrement, m'ont
parues à première vue peuplées de personnes d'âge plus ou moins mûr plongées dans des
livres « physiques », ou lisant la presse, à côté d'enfants ou d'adolescents jouant devant des
écrans.
En matière de visite du patrimoine, nous avons été gâtés : Bibliothèque d'Etudes et du
Patrimoine de Toulouse, cloître roman de Moissac, Pont Vieux de Montauban... sans oublier
17
Anne-Lise Millan-Brun travaille seule à la bibliothèque de l'Institut de Paléontologie Humaine, pour l'unité mixte de recherche du CNRS "Histoire naturelle de l'Homme préhistorique", elle a entrepris d'inventorier systématiquement ses fonds souvent très anciens, jamais explorés dans leur totalité, pour les porter à la connaissance de la communauté scientifique grâce au web. Cycliste militante, elle sillonne Paris et ses environs sur de vieilles bicyclettes, ses préférées. Fidèle des ateliers vélos associatifs où on ne refuse pas d'avoir les mains dans le cambouis, elle enseigne aussi tous les samedis l'art de se tenir en selle à des adultes qui ne l'ont jamais fait. 18
En cas de grave crise énergétique, continuera-t-on à faire tourner les gigantesques data center indispensables au stockage et au transport des données ? Ou bien la dernière goutte de pétrole sera-t-elle pour le dernier engin agricole ?
21 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
les anciens chemins de halage sur lesquels nous roulions, les ponts-canaux et leurs gros
galets qui nous secouaient sur nos selles, les écluses et leurs belles maisons fleuries.
J'ai particulièrement apprécié l'atelier sur les collections patrimoniales à la médiathèque de
Mériadeck, à Bordeaux, et j'ai admiré l'énergie déployée par tout un service pour rapprocher
son fonds et son activité de conservation d'un public a priori pas forcément réceptif :
gravures anciennes et tatouages, Michel de Montaigne superstar sur Facebook...
Mille mercis à l'équipe organisatrice, à nos très valeureu-ses-x capitaines de route qui n'ont
pas ménagé leur jus de mollets pour nous remettre dans le droit chemin, assurer la sécurité
aux intersections, stopper et dérider les automobilistes quand c'était possible, puis remonter
tout le cortège pour rejoindre la tête et recevoir les instructions de l'étape suivante. Il leur en
faut, du cœur et des poumons !
Je sais déjà que je vais tout faire pour maintenir ma forme physique pour pouvoir participer
de nouveau en 2017.
Souvenir du « bookcrossing » à Bordeaux, une élégante contemporaine bordelaise a choisi un livre sur l'Homme de Tautavel, vieux de 450 000 ans.
22 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Chaque cyclobibliothécaire est un cocktail unique (Jean-Luc Prothet19) [email protected]
Très vite, au contact de toutes ces belles personnes, ma curiosité, professionnelle et
humaine, a dominé ma "problématique" prédéfinie pour ce TouBo. La diversité naturelle des
participants est enrichissante, fascinante, excitante... exaltante !
Des jeunes motivé-e-s entrent dans le métier avec d'immenses espoirs, qu'il leur
appartiendra de concrétiser. Des ancien-ne-s y retrouvent une seconde jeunesse ! Les
"médians" se sentent bien entourés, au carrefour des solidarités professionnelles
spontanées.
Ceux qui l'auraient oublié se souviennent tout-à-coup qu'ils aiment follement leur métier... et
qu'ils ne sont pas les seuls à en tirer fierté.
Une autre diversité se dessine en observant que la moitié des participants à ce TouBo
n'avait pas fait le "BasTra" (Cyclo-biblio 2015 entre Bâle et Strasbourg), tandis que l'autre
moitié était celle de l'expérience dans cet exercice. Équilibre parfait.
Diversité encore quant à la familiarité avec les outils communicants aujourd'hui tellement
évolutifs, et la façon de les utiliser. Entre adeptes du papier-crayon, ou de la prise de notes à
la volée sur un écran et partage immédiat ou différé, publication immédiate de textes et
images signifiants sur les réseaux sociaux, coup d'œil aguerri et art subtil de la légende
d'une photo le soir à l'étape... Le tout - sauf pour la formule papier-crayon... sous le hashtag
#cyclobiblio. Et il faut saluer certain-e-s "geeks" capables, en pédalant et sans tomber dans
le canal, de tourner un petit film du long cortège de biblio-cyclistes dépassant tranquillement
un bateau de plaisanciers incrédules.
Diversité attendue, et celle-ci potentiellement perturbante : le rapport de chacun à un vélo.
Certains ne savent pas boire en roulant, d'autres savent changer un câble de dérailleur en
4'30" à la pause, donc sans retarder le groupe. Et malgré l'hétérogénéité cycliste du groupe,
les horaires prévus ont été respectés quasiment à la minute près, c'est important quand des
collègues ont préparé notre venue, et que la presse, des élus, ou une troupe de théâtre, ou
un orchestre, nous attendent pour une arrivée... en fanfare ! (au sens propre : un combo de
jazz a lancé ses premières notes au moment où arrivions sur le parvis de la Mémo à
Montauban. Inoubliable). Les regards lumineux à l'arrivée sont une belle récompense : les
regards de ceux qui nous attendent, mais aussi ceux des compagnons de route plus aguerris
("C'est la première fois que tu fais plus de cent kilomètres dans une journée ? Félicitations !")
; ou les regards reconnaissants des néophytes à l'adresse des "capitaines de route".
Une diversité probable aussi quant aux catégories hiérarchiques, mais Cyclo-biblio les efface
en habillant ses participants de cuissards, gilets fluos et transpiration universelle, de la
même façon que les blouses obligatoires dans l'école de la République effaçaient les classes
sociales il y a quelques générations. Ou les effacent encore aujourd'hui parmi les "gadzarts";
mais à la différence des écoles "Arts Et Métiers", Cyclo-biblio ne pratique aucun bizutage
pour intégrer les p'tits nouveaux. L'intégration est rapide, par l'effort en commun, par la
19
Jean-Luc Prothet est bibliothécaire musical à Caluire-et-Cuire (agglomération lyonnaise), vélotafeur soutenu, secrétaire de l'association "Cyclo-biblio".
23 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
passion commune pour les bibliothèques, et par la solidarité naturelle développée dans un
groupe de 50 personnes appelées à vivre ensemble 24h/24 (oui, même la nuit, en dortoirs
ou chambres triples !).
Enfin, au fil des visites et des kilomètres, au détour des repas et des soutiens technico-
psychologiques, la diversité des profils professionnels et socio-géographiques des
participants "motorisaient" les conversations. Une situation atypique découverte dans une
visite ou une conversation n'est pas abordée de la même façon par un bibliothécaire en BU,
une animatrice dans une structure moyenne, une bibliothécaire rurale, un bibliothécaire
musical d'une grande ville... ou un simple "usager-ami-des-bibliothèques" venu pédaler avec
nous.
Une question fondamentale abordée en pédalant nous révèle érudits ou candides, chacun
d'entre nous, tour à tour. Avides de comprendre ou de faire comprendre. Dopés au plaisir de
proposer des clefs et des chemins d'accès (c'est un peu notre métier, non ?). Et c'est ainsi
que des amitiés se nouent.
Nous avons tous dans nos établissements des points faibles et des points (parfois très) forts.
Et des usages et pratiques qui ne font plus débat. C'est pourtant souvent utile de les
remettre en débat, de fouiller au fond de sa mémoire pour argumenter en face d'une
question (faussement ?) naïve "Pourquoi tu fais ça / pourquoi tu fais comme ça ?". Ah oui,
pourquoi ? Généralement (!) on se rappelle pourquoi. Mais c'est bon et bien de le formuler,
de le soumettre à la question, et de consolider par le verbe sa propre pertinence !
J'ai par exemple pris conscience que les BU ont une connaissance fine de leurs publics,
tandis qu'a contrario les BM ont une connaissance fine de leurs collections. Bon départ
d'analyse de nos méthodes d'analyse des rapports d'activité annuels.
Autre exemple : j'ai été perplexe devant la variété des éléments de langage que les uns et
les autres convoquent spontanément dans les moments de "plaidoyer", d' "advocacy", dans
la rue pendant les bookcrossings, auprès des passants intrigués, ou encore en conversation
avec des voyageurs à vélo absorbés dans le groupe pendant quelques kilomètres, etc. Une
perplexité source de remises en cause bienvenues, relatives à l'accueil de nouveaux inscrits
en bibliothèque, voire parfois du vocabulaire employé à l'adresse de nos usagers peut-être
aguerris, mais pas forcément familiers de notre jargon.
J'ai découvert aussi que nous sommes nombreux à nous inquiéter d'une
déprofessionnalisation croissante dans nos bibliothèques, parfois dramatique au quotidien,
et, sournoisement, destructrice de l'image des bibliothèques, notamment au niveau de
l'accueil des usagers. L'amertume ou le ressentiment face à cette inquiétude reculent,
entourés de pros engagés : ceux qui pédalent avec Cyclo-biblio sont des pros, ou bien
paient de leur personne avec enthousiasme pour le devenir. C'est rassurant, et prometteur
pour l'avenir des bibliothèques.
24 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
25 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
26 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Centre de ressources positives (Magali Paul20)
Je me suis engagée pour ma première participation à Cyclo-biblio après une période de
doute professionnel. Je travaille à la bibliothèque de la cinémathèque de Toulouse, structure
atypique dans le monde des bibliothèques (et atypique aussi dans le domaine du cinéma
puisqu'il y a peu de cinémathèques en France). Le rôle de la bibliothèque de la
cinémathèque, sa place dans l'institution, sa légitimité, sont régulièrement questionnés, mais
elle a fortement été remise en question fin 2015, dans une période de difficultés budgétaires.
Résultat, pour 2016 les acquisitions ont été fortement réduites et gelées pour certains
documents. Globalement, les collections d'une cinémathèque sont constituées de films (le
cœur de la structure) et de « non film » (tout le reste). Dans le non film, on distingue
généralement les collections iconographiques (affiches, photos) d'une part, et la bibliothèque
d'autre part (avec des ouvrages, revues et fonds audiovisuels sur DVD ou offres
numériques). La bibliothèque est évidemment en lien avec les autres services des
collections, c'est d'ailleurs l'un des intérêts majeurs de mon poste, mais elle reste à part.
Géographiquement, elle n'est pas dans le centre de conservation et de recherche mais dans
la partie publique de la cinémathèque. En terme de conservation elle est ouverte sans
rendez-vous et sans magasins de conservation avec température et hygrométrie contrôlées.
Ce préambule pour situer la bibliothèque dans laquelle je travaille est utile pour définir mes
aspirations, mes questionnements, éventuellement mes doutes en abordant Cyclo-biblio. Car
en plus d'être à part dans la cinémathèque, la bibliothèque s'inscrit certes dans un réseau de
bibliothèques régionales mais reste singulière (pas de prêt, uniquement de la consultation
sur place, ouverte environ 20h par semaine, une programmation et une action culturelle liées
à la programmation plus générale de la cinémathèque).
Cyclo-biblio a commencé à Toulouse et nous avons visité 6 bibliothèques toulousaines. Je
les connaissais presque toutes mais ça a été une très bonne occasion de tisser ou de
réactiver des liens avec des bibliothèques voisines, d'envisager des projets, d'échanger avec
le pôle cinéma de la médiathèque Cabanis lors des ateliers par exemple. La visite du centre
de ressources de langues à l'université Jean Jaurès m'a ainsi permis d'envisager une visite
de notre bibliothèque pour le personnel de cette BU et d'échanger autour d'une nouvelle
formation sur le cinéma proposée à l'université à la prochaine rentrée. Le monde
universitaire est parfois difficile d'accès et Cyclo-biblio m'a donné l'opportunité de m'adresser
directement aux bons interlocuteurs, d'en comprendre un peu mieux le fonctionnement. J'ai
en outre été agréablement surprise de la modernité, du dynamisme et de la dimension de
lecture publique développée au Centre de Ressources de Langues.
De manière générale, les trois premiers jours de Cyclo-biblio (jusqu'à Montauban) laissaient
penser que les bibliothèques sont des lieux ouverts, novateurs, dynamiques. Je suis parfois
restée interrogative sur la place des documents et l'impression que ce ne sont finalement
pas les collections d'une bibliothèque qui définissent son identité mais prioritairement son
architecture, ses activités culturelles mais aussi sociales. Je ne crois pas du tout que la
conservation s'oppose à la valorisation et encore moins que la culture s'adresse à une partie
20
Magali Paul est documentaliste à la bibliothèque de la cinémathèque de Toulouse, chargée des collections audiovisuelles et à l’affût des représentations de vélo au cinéma.
27 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
privilégiée de la population. Comme toutes les personnes avec lesquelles j'ai eu l'occasion
d'échanger pendant Cyclo-biblio, je suis convaincue de l'utilité des bibliothèques sur le plan
culturel, intellectuel et social. Néanmoins, j'ai parfois eu l'impression que la focalisation sur
les usagers, et surtout sur les innovations, pouvait s'effectuer se faire au détriment d'un
travail de fond sur certaines collections moins spectaculaires ou vendeuses. Disons que la
recherche de satisfaction des publics peut faire rentrer dans une logique de « rentabilité »,
non pas économique mais de fréquentation, de consultation. Par exemple, la très
enthousiasmante médiathèque de Montauban, moderne, dynamique et même festive pour
notre arrivée, avec un superbe lieu d'exposition est scindée en deux. La partie fonds anciens
est restée dans l'ancien bâtiment et deux personnes seulement (un équivalent temps plein)
travaillent sur ces fonds. J'ai trouvé le contraste entre le dynamisme de la partie lecture
publique et le manque de moyens (humains du moins) dédiés au patrimoine saisissant.
Notre parcours révélait aussi un contraste entre les bibliothèques en ville et en milieu rural.
Les bibliothèques de Moissac et d'Agen pâtissaient de la comparaison avec les structures
précédemment visitées en termes de nouveautés et d'inventivité. La petite bibliothèque de
Bruch était tout de même un exemple d'une bibliothèque rurale soutenue et considérée par
la commune et qui semble avoir su créer un lieu de proximité ancré dans son territoire.
A Bordeaux, l'Espace Darwin et la médiathèque Mériadeck (particulièrement les actions
menées par l'équipe des fonds patrimoniaux) m'ont particulièrement enthousiasmée et
inspirée. L'espace Darwin n'est évidemment pas une bibliothèque mais propose un type de
lieu avec une grande diversité d'actions et de possibles, où cohabitent une multitude de
publics (d'usagers ?), né de manière marginale et illégale et qui est finalement devenu un
acteur essentiel dans l'équilibre environnemental, économique et social de la ville. On se
sent à l'Espace Darwin dans un lieu jeune, aux prises avec les problématiques sociétales
actuelles, propice aux initiatives individuelles et associatives. Un état d'esprit à ramener dans
chacune de nos structures ! Enfin, j’ai été très intéressée par les actions culturelles
proposées par l’équipe des fonds patrimoniaux de Bordeaux. Un tandem avec un tatoueur,
une exposition ludique et ambitieuse, une numérisation éditorialisée accompagnée d’un blog,
autant d’idées originales qui permettent d’ouvrir les fonds anciens à de nouveaux publics et
de désacraliser le patrimoine. Concrètement, j’aimerais organiser à la bibliothèque de la
cinémathèque une numérisation avec la création d’un univers autour d’un document ou
d’une collection, éventuellement par le biais d’un blog comme à Bordeaux.
L’intervention sur Wikipédia m’a également révélé un fonctionnement et des problématiques
qui me concernent et je suis revenue de Cyclo-biblio avec l’intention de me rapprocher de
contributeurs locaux à Wikipédia (ce qui me concerne plus à titre personnel sur mon temps
libre). J’ai survolé les besoins et les projets sur le cinéma et je pense que la bibliothèque de
la cinémathèque pourrait être une ressource précieuse pour enrichir, sourcer, créer et
développer des articles.
Mis à part ces apprentissages professionnels, Cyclo-biblio a été pour moi une aventure
humaine extraordinaire. Il y règne un état d’esprit général rare de solidarité, de bienveillance,
de bonne humeur, je suis revenue à mon travail ressourcée et motivée, avec le plein d’idées
mais aussi de confiance et d’enthousiasme. Le petit moment à interpeller les passants dans
la rue pour leur offrir des documents ou échanger avec eux à propos des bibliothèques, de la
lecture, du cinéma, correspondait totalement pour moi à l’attitude d’ouverture, de dialogue
développée tout au long de Cyclo-biblio et j’ai trouvé ça très formateur et indispensable dans
28 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
notre campagne de promotion des bibliothèques. Ça a aussi été pour moi une expérience
sportive, je ne l’envisageais pas du tout comme un défi sportif et pourtant j’ai flirté avec une
bonne fatigue qui m’a donné l’impression de m’être dépassée et j’étais assez fière d’être
arrivée au bout.
29 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
30 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
T’es caire ou quoi ? (Colette Gros21)
Les bibliothécaires se questionnent, expérimentent, doutent, s’indignent ou enfin, pédalent
avec Cyclo-biblio. Ce qui leur donne l'occasion de mettre en commun leurs expériences.
Moi, sur le trajet Toulouse – Bordeaux, j’ai plutôt donné la priorité au pédalage, pour ne pas
rester en rade derrière le groupe ! Ce qui ne m’a pas empêché de glaner ici ou là quelques
expressions de ravissement, de surprise ou de rejet qui m’ont fourni matière à réflexions.
Réflexions que je vous livre ci-dessous.
Les bibliothécaires s’appellent toujours « bibliothécaires » et ne parviennent pas à changer
leur nom tandis que leur environnement change de façon radicale. Nous restons attachés au
« biblio », le livre, qui fut l’essence de notre profession. Nous avons fait notre révolution
copernicienne et nous tâchons de mettre le public au cœur de notre activité, relativisant du
coup la place du document et de son traitement. A part quelques irréductibles gaulois, nous
avons bien intégré l’enjeu de faire de nos « médiathèques » un troisième lieu où le public se
doit d’être accueilli, perçu, écouté, intégré.
Nous avons élargi la palette des supports que nous proposons au point de ne plus connaître
de limites dans notre offre : tablettes, ukulélés, offre numérique en format epub, pdf, etc,
cravates, patrons de couture, graines ou même un « bibliothécaire » ! Ce qui relativise
encore la place du livre et rajoute aux tensions ressenties dans la profession. Notre activité
a-t-elle encore un sens, quelles sont ses finalités ? Allons-nous prêter des ballons,
trottinettes et services à thé ?
Dans ce « troisième lieu », émerge la notion de participatif puisque, conclusion logique, si
nous accueillons les gens pour qu’ils se sentent comme à la maison, ils auront envie de faire
comme à la maison. Nous avons accepté après moult débat, le café et les sandwiches, les
Jumbo bag et les séances de jeux vidéo. Et maintenant fablab, grainothèque et séances
tricot frappent à nos portes.
Les médiathèques vivent aussi une révolution administrative puisqu’elles font partie de
communautés de communes, d’agglomérations ou de métropoles de plus en plus larges.
Leur place citoyenne en est bouleversée : la relation avec les élus s’en trouve distendue, une
certaine mise à distance se fait avec les territoires sur lesquels elles sont implantées.
Souvent, elles ne sont plus autant impliquées dans la vie de la cité.
Sans compter les tensions sociales qui nous traversent : réduction des effectifs, horaires
élargis sans moyens supplémentaires, public de plus en plus dans la précarité…
Alors, alors… Nous voulons bien du changement, mais nous l’accepterons d’autant plus
facilement si nous pouvons lui donner un sens. Changer pour changer, non, changer pour
s’adapter, s’ouvrir, survivre oui. Remplir par peur du vide non, offrir d’autres possibles oui.
A la médiathèque de Romans nous proposons à notre public de compter les hérissons.
21
Colette Gros est responsable de la Médiathèque Simone de Beauvoir à Romans-sur Isère au sein du réseau de Lecture Publique de l’agglomération Valence – Sud Rhône-Alpes.
31 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Comment nous en sommes arrivés là ? !!!
Parce que c’est dans nos fondamentaux ! C’est participatif, de proximité, en lien avec l’action
d’une association sur notre territoire.
Dans une médiathèque, beaucoup de choses sont possibles si l’équipe en fait le choix ou
leur trouve du sens. Même si notre environnement se transforme en continu, si nous
sommes secoués dans nos missions, nous réussirons à garder le cap en conservant comme
repères quelques fondamentaux : fondamentaux que j’ai récoltés sur le chemin du
« Toubo ».
Nous sommes garants du service public et de son égalité de traitement : cela ne veut pas
dire le même règlement appliqué à tous mais chacun accueilli dans sa demande ou ses
besoins.
Nous cultivons un lien de proximité avec notre public et les partenaires associatifs ou
institutionnels du territoire puisque nous permettons ensemble l’occasion de belles
rencontres ou découvertes. Notre rôle de médiation s’exerce entre les supports et le public
mais aussi entre les publics pour harmoniser le vivre ensemble.
Nous sommes aussi des personnes ressources, de référence (à Romans-sur-Isère, chaque
année, le public nous fait confiance au point de se laisser emmener en voyage sur des lieux
inconnus le temps d’une soirée…).
Dans nos troisièmes lieux, nous proposons un espace de bienveillance, où chacun peut se
ressourcer ou retrouver quelque lien social souvent mis à mal dans notre société.
C’est en prenant en considération ces fondamentaux que nos activités prennent tout leur
sens et s’ancrent dans nos territoires.
En conclusion : ce que nous pouvons offrir à nos publics, la liberté des rencontres, l’égalité
des services (et leur pérennité) et la fraternité bienveillante de notre accueil, reflète
fidèlement notre devise républicaine.
32 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio : le « Toubo » (1/6 – 7/6 2016) Toulouse – Bordeaux (Eddy Barbry22)
Tout d’abord, quelques remarques : organisation impeccable, Lara et son équipe hyper
professionnelle, itinéraire très intéressant, visites variées et équilibrées, participant(e)s très
sympas et motivés – bref, une semaine inoubliable. Il faut de temps en temps s’évader,
s’ouvrir, passer les frontières, se laisser surprendre, embrasser la révolution, oui, la
vélorution.
Et puis quelques pensées.
1. La première surprise : la France est compliquée, en tous cas en ce qui concerne les
bibliothèques ! Abréviations, centralisation, l’importance des niveaux (hiérarchie),
concours, bureaucratie (inertie), communes – communauté de… - départements -
régions….
Bon, la Belgique n’est pas en reste sur ces sujets et rien n’y est simple non plus !
Et voici une autre raison de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs, regarder au-delà
des frontières et s’informer. J’aurais dû me renseigner un peu plus (entre
parenthèses, un certain niveau de français est quand même indispensable pour
vraiment comprendre les discussions, les introductions, et on est très loin souvent de
la langue apprise à l’école – non pas seulement à cause du jargon du métier.)
2. Deuxième surprise : un tiers des participant(e)s vient des bibliothèques universitaires
ou spécialisées. Or, « bibliothèque participative », library advocacy – pour moi
évoquait les bibliothèques publiques. Je ne comprenais pas la présence de beaucoup
de collègues venant des universités. Mais apparemment, les BU sont aussi en pleine
réforme et font face à des réorganisations. Elles ne sont plus seulement des centres
de recherche, d’étude ou de formation mais elles deviennent aussi des lieux de
participation, de création, de débat, de détente (et se rapprochent en ceci des
bibliothèques de lecture publique).
3. Ce qui n’était pas une surprise : les bibliothèques très grandes (Cabanis, Mériadeck)
sont impressionnantes et on y retrouve tout ce qu’on connaît des exemples des
Pays-Bas et de la Scandinavie. Mais on pouvait s’y attendre, non ? Donc, pour moi,
Toulouse et Bordeaux (Montauban aussi) étaient intéressants du point de vue de
l’architecture. Par contre, l’inspiration, l’énergie, la chaleur, la joie se trouvaient dans
les bibliothèques plus petites, voire minuscules. Là, on sent la créativité, la motivation
de chacun et aussi, en effet, la participation du public, des gens du quartier. L’impact
sur la société y est aussi plus visible.
4. Cyclo-biblio : bien sûr on a visité des bibliothèques, mais j’étais très content de faire
d’autres visites : Espace Darwin, Garage Moderne. Cela permet de découvrir d’autres
domaines et d’autres valeurs comme le partage, l’entraide, la durabilité. Aspects qui
font partie de la mission des bibliothèques et qui aujourd’hui ont encore plus de
poids.
22
Bibliothécaire (directeur) – bibliothèque publique à Ieper (Belgique). Fan de David Lankes.
33 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
5. Troisième surprise – ou pas vraiment ? Même dans ce groupe de cyclobibliophilistes,
il y a encore pas mal de différence d’idées. Le thème « vers des bibliothèques
participatives » ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. Et donc, il y a eu
des conversations très intéressantes.
6. Quatrième surprise : tout le monde ne faisait pas de vélo régulièrement. Chapeau
donc à tous – l’effort physique fût quand même considérable.
7. Et puis : en pédalant, on entre assez naturellement en discussion, en conversation
avec presque tout le monde – et des fois on se retrouve pour continuer et élargir le
sujet. Mais on se répète aussi souvent - peut-être devrait-on introduire dans la non-
conférence une demie journée de débats formels. Certains sujets, comme
l’interculturalité, ont été proposés mais n’ont pas reçu beaucoup d’attention. Il y a des
méthodes tout à fait intéressantes pour organiser des tables de discussions – genre
biblio-remix.
8. Cinquième surprise : les Belges sont partout, les blondes, les brunes, les ambrées…
Oui, les bières bien sûr.
9. En conclusion, Cyclo-biblio = une semaine qui dure une éternité – inspiration,
motivation, attitude, esprit de travail – oui, joie de vivre !
34 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
De la laine sous les ongles23 (Elodie Houde24)
Le fil rouge de ce Cyclo-biblio « TouBo » interrogeait la dimension participative des
bibliothèques. Participation du public, évidemment, mais aussi des équipes, des
partenaires… Comme souvent dans nos métiers, nous partons d’une idée, d’un concept,
d’une mission, et en tirant sur le fil, nous déroulons la pelote : faire participer le public oui,
mais… quel(s) public(s) ? Pour quels horaires ? Dans quels espaces ? Avec quelle équipe ?
Dans quel réseau ? Avec quelle communication ? Grâce à quels outils numériques ?
Chacun des lieux visités pendant notre parcours tentait – et souvent réussissait – de
répondre à sa manière, en tenant compte des spécificités des territoires, des budgets, de la
typologie des usagers, des espaces, des moyens disponibles, etc. à ce défi du demi-siècle :
rester fidèle aux missions traditionnelles des bibliothèques (acquisition, conservation,
patrimoine, mise à disposition) tout en se réinventant régulièrement pour coller au plus près
des besoins réels, supposés et à venir des usagers en particulier – et des individus en
général.
Nous avons rencontré des équipes motivées, portant des projets à mettre en résonance
avec nos propres établissements. Il s’agissait de communication pointue (pensons aux
signets et affiches du Centre de ressources de langues de Toulouse), de partenariat
audacieux (pensons à l’évènement tatouage et patrimoine à la bibliothèque Mériadeck de
Bordeaux), d’aménagement astucieux (le potentiel d’une grosse médiathèque dans les 60 m2
de Bruch)…
Un fourmillement d’idées à griffonner dans nos carnets, donc. Puis vient l’heure de la reprise
de note : il ne s’agirait évidemment pas d’opérer un copié-collé de certaines idées dans nos
structures, mais pour ma part de m’inspirer, autant que possible, de ces exemples
foisonnants pour laisser éclore de nouveaux projets – et améliorer l’existant – de la
bibliothèque dans laquelle je travaille.25 Vous en aviez lu la description dans ma
présentation. Pour rappel, et en tentant de faire court : environ 300 m2, 27 000 documents
papier, entre 10 et 80 visites quotidiennes, ouverture de 25 h par semaine pour un équivalent
temps-plein, et des catégories d’usagers diverses et particulières. Il s’agissait donc, crayon
en main, d’observer, d’analyser, et de poser les jalons de projets suffisamment humbles pour
être réalisables dans les règles de l’art.
En voici donc, pour les plus curieux d’entre vous, un échantillon :
23
Expression cycliste : « Avoir de la laine sous les ongles décrit la situation où un coureur reste juste derrière un autre pour profiter de son aspiration, comme s'il était accroché au maillot de celui qui le précède (les maillots étaient en laine à l'origine). "Source : http://justeunvoyage.e-monsite.com/pages/vocabulaire-cyliste/vocabulaire-des-cyclistes.html [blog d'un cycliste passionné]. 24
Elodie Houde travaille à la BU de Nancy ainsi qu’à la Bibliothèque Américaine de Nancy. 25
Bien que « j’officie » dans deux établissements très différents l’un de l’autre, ma réflexion portait plus sur la Bibliothèque Américaine que sur la Bibliothèque Universitaire de Droit.
35 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Adaptation de l’idée de la « Bataille de pouces » (José Cabanis) pour orienter les
choix de réabonnements de périodiques – une baisse de budget nous contraint en
effet à nous désabonner de quelques titres, reste à choisir lesquels.
Utilisation du terme « Imaginarium » (terme compréhensible aussi bien par les
anglophones que par les francophones) pour requalifier notre section « Littérature de
l’imaginaire », actuellement et à-tort nommée « Science-Fiction ». L’exemple ne vient
pas d’une bibliothèque visitée en particulier, mais la formulation m’est arrivée par
fulgurance pendant une visite.
Déplacement des collections « éducation et pédagogie » depuis le secteur
« documentaires » jusqu’au secteur « salle de lecture » à proximité des collections
« jeunesse ». Même contexte d’émergence d’idées, sans aucun doute liée au
bouillonnement occasionné par nos visites et rencontres.
Développement et valorisation de la collection « Apprentissage de la langue
française » (Médiathèque de Montauban + José Cabanis).
Accélération et valorisation les travaux de recotation en cours (preuve faite par le
CADIST Langues, Littératures et Civilisations de la Péninsule Ibérique, Toulouse).
Intégration/proposition d’un groupe de travail pour une harmonisation et une
complémentarité des politiques d’acquisitions avec la BU Lettres et la BUFR Langues
(idée née avant notre voyage, et confirmée au Centre de Ressources de Langues –
Toulouse).
Mise en place de visites et d’initiations à l’usage des différents services des
bibliothèques, profilées selon les besoins (idée germée à la Mémo). Par exemple :
« s’auto-former à la langue anglaise » ; « préparer mon agrégation », etc.
Mise en place d’un rendez-vous régulier sur la fanpage pour faire un point sur les
usages de la bibliothèque en s’inspirant de « La Question de la Semaine » du Centre
de Ressources Olympe de Gouges.
Exploration du champ de la didactique de l’apprentissage des langues (Centre de
ressources de langues, Toulouse) et évaluation de la possibilité de son application à
la bibliothèque.
Etude du système de classification de la Cinémathèque (Toulouse) pour résoudre –
peut-être – quelques questions encore insolubles à la bibliothèque américaine.
Amélioration du réaménagement de la section jeunesse – contrainte de place – grâce
aux exemples de la MéMo et de la Médiathèque de Bruch.
Aboutissement de l’aménagement d’un point « consultation sur place des documents
audiovisuels » (Médiathèque de Lacépède, Agen).
36 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Trois grands principes ont été évoqués lors de l’atelier Grainothèque à Cabanis :
« Confiance. Autogestion. Civisme ». J’en ai retenu qu’il était incontournable de questionner
ces notions en équipe, puis de les formuler en direction du public, dès qu’il s’agit d’inviter les
usagers à une participation active. En relevant la tête du guidon, il me semble que ces trois
piliers correspondent également très bien avec cette édition de Cyclo-biblio. Je prends la
liberté d’en ajouter tout de même un, interprétation toute personnelle au contact de la grande
majorité d’entre vous : Bienveillance (puisse-t-elle par ailleurs ne pas vous quitter à la lecture
de cette synthèse). Quatre points cardinaux que je vais m’empresser d’afficher au-dessus de
mon bureau, pour tenir le cap jusqu’à la prochaine !
37 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
38 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Journal d’une Cyclo-thécaire (Isabelle Reber26)
11 juillet 15 h41
Mince oh lalalala la synthèse pour le cyclo… C’était pour quand déjà… Je relis le mail de
Gilles…
Ah ben voilà pour le 14 juillet, pour un feu d’artifice, ça va en être un, rien écrit, rien du tout…
Ce n’est pas faute de ne pas avoir pensé à vous, à nous, à notre périple, à notre aventure…
non non… mais je sais pas par quoi commencer ou finir… non, pas finir, je ne veux pas que
ça s’arrête, je veux encore pédaler, parler, rencontrer, découvrir, m’épanouir, débattre, me
battre pour nos bibliothèques..
11 juillet 16h47
Bon allez Cyclo-biblio….
La première fois que je le vois écrit ce mot bizarre, c’est sur la page Facebook de la
médiathèque : je lis que des bibliothécaires un peu « fous » ont fait le pari de relier
Montpellier à Lyon à vélo pour défendre la cause des bibliothèques.
Je m’informe sur cet article, et de site en blog, je tombe sur « cycling for libraries », je suis
admirative, je trouve cela courageux, original et… courageux.
Et puis j’oublie !
Le quotidien prend le dessus, un peu de catalogage par ci, une animation par-là, ne pas
oublier la venue du conteur pour la crèche ce vendredi, préparer la lecture avec les
personnes âgées, faire un choix de documents pour les écoles…
Et l’année s’écoule !
La page Facebook de la médiathèque prend une grande importance, les usagers la
consultent pour prendre des nouvelles, pour s’informer des lectures, des rencontres et pour
voir un peu ce qu’il se passe quand la bibliothèque est fermée. Pour moi, elle est une
ouverture sur le monde, une belle toile d’araignée ou l’on peut tisser des liens entre
collègues, prendre des conseils, aller chercher des idées…
Les amis sont de plus en plus nombreux et parmi eux de nombreux bibliothécaires de
France et de Navarre Je me sens moins seule, moi la petite bibliothécaire d’Auvergne.
Et puis un jour, je vois repasser un article sur Cyclo-biblio, entre Bâle et Strasbourg, cette
fois… et dans ma tête, ça cogite… l’idée fait son petit bonhomme de chemin…
Entre temps, j’ai commencé personnellement le vélo (pour me recycler sportivement) et
professionnellement je m’essouffle, je doute… alors pourquoi pas…
26
Surnommée Zaz, je travaille seule à la médiathèque de Beauzac (Haute Loire), où je fais tout de A à Z et de 000 à 900. Parfois difficile de ne pas être en équipe alors sur nos petits territoires, on a développé des réseaux, mutualisé les savoirs faire. Passionnée par tous les publics, par la rando et le vélo, ma ligne de conduite c'est le partage et l'échange.
39 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Pour moi, c’est un sacré pari : je suis plutôt une solitaire et une timide qui a su un peu se
prendre en main (grâce à mon métier, je l’avoue).
Mais en pratique comment faire, je présente l’idée à mes élus mais ça ne va pas plus loin !
Prendre une semaine de congés, partir sur mes deniers… c’est à réfléchir en famille… et ce
sont eux qui me poussent, qui m’aident à franchir le pas… l’ultime pas car dans ma tête, je
m’y vois déjà !
L’inscription faite, le portrait envoyé, la révision du vélo effectuée, les bagages bouclés, le
petit mot pour les lecteurs préparé, l’attente est longue… et puis c’est le départ avec une
petite boule au ventre…
- Est ce que j’ai bien fait ? Pourquoi j’y vais ? Comment seront-ils ? Vais-je les intéresser ?
Des questions idiotes, des questions de filles… car au fond de moi, je suis persuadée de ce
que je vais trouver.
Et une fois mon vélo sur le sol Toulousain, tout est clair, limpide… je suis convaincue de moi,
de vous, de nous. Les premières secondes sont mémorables, les premières discussions sont
magiques… le temps s’arrête ou s’ouvre dans un autre espace-temps… Je découvre des
passionnés, des amoureux des livres, de la musique, de la culture, des médiathèques, des
hommes et des relations humaines…
Chaque visite, chaque atelier, chaque coup de pédale est plus riche que les autres !
Vers une bibliothèque participative ?
C’est là toute la question de ce cyclo… et bien je peux vous dire que les thécaires le sont,
eux, participatifs, collaboratifs…
Après 5 jours, 56 bibliothécaires à vélo, 370 km dont une étape de 120 km, une vingtaine de
bibliothèques, des ateliers, des tables-rondes, des discussions ouvertes et constructives, me
voilà de retour de mon « Toubo » Toulouse-Bordeaux !
Une bouffée d’oxygène, des idées, des conseils, des échanges, voilà ce que je suis allée
chercher !
Une leçon de vie, de l’énergie, des amitiés, encore plus de respect et d’amour pour mon
métier et pour ceux qui le pratiquent, voilà ce que je ramène !
Qu’est ce qu’une formation à vélo a de mieux qu’une formation derrière un bureau ?
TOUT !
Sur le vélo, pas de catégorie, pas de classe, pas de grade, pas de responsable, pas de petit
adjoint, nous sommes tous logés à la même enseigne face à l’effort !
Et du coup les langues se délient, les discussions vont bon train, on échange sur des
problématiques, on prend des conseils et on avale les kilomètres avec moins de difficulté !
Chaque visite de bibliothèque a été constructive, chaque rencontre avec les élus, les
employés ou les usagers a été riche : que ce soit des petites bibliothèques de 800 habitants
40 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
(ville de Bruch), des structures intercommunales (Ville de Montech) ou des médiathèques
hors norme pour la petite campagnarde que je suis (Toulouse et son agglomération et ses
440 agents), tous ces différents lieux culturels nous ont accueillis à bras ouverts, nous ont
montré leur travail, leur projet, leur manière de le faire vivre !
Le public, la population, les lecteurs et non lecteurs sont là et demandeurs de lieu d’échange
et de rencontre !
Au terme de mes 5 jours et pas mal de kilomètres, ce que je retiendrai c’est que les
médiathèques et les « thécaires » en général sont plein de ressources et que NON ce n’est
pas la fin des bibliothèques !
11 juillet 17h27
Je me relis… Je n’aurai répondu à aucune problématique dans cette synthèse mais j’ai fait le
bilan de mon cyclo, de mon TouBo.
Je vous remercie tous : Présidente, captains, thécaires de tous horizons !!!
A l’année prochaine pour de nouvelles aventures Cyclo, Biblio !!!!!!!!
41 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
42 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Quelles actions mènent les bibliothèques pour valoriser leur
patrimoine manuscrit et imprimé ? (Emmanuel Courtine27)
Visites de la bibliothèque d’études et du patrimoine de Toulouse et du Centre d'art roman
Marcel Durliat de Moissac
1. La bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse : valoriser son fonds par la
numérisation et l’action culturelle
Le fonds patrimonial de la bibliothèque du patrimoine et d’étude de Toulouse comprend
notamment 500 manuscrits médiévaux et 100 incunables imprimés à Toulouse, collection
complétée par des dons : fonds Pyrénées, fonds musical, fonds patrimonial de la jeunesse
(dont les croquis de la semaine de Suzette).
La bibliothèque veut rendre le patrimoine accessible à tous et pas seulement aux
chercheurs, grâce à la numérisation (Bibliothèque numérique Rosalis) et au partage d’une
sélection de photographies d’Eugène Trutat sur Flickr, appartenant au domaine public et
donc librement téléchargeables.
Le fonds musical (3e plus grand fonds musical ancien de France) est valorisé par la
numérisation (collection Agatange : 3 000 partitions musicales du XIIe siècle à nos jours) et
par l’action culturelle : des concerts ont lieu dans la salle de lecture.
Bibliothèque d’études et du patrimoine : www.bm-toulouse.fr
2. La création d’un Pôle mémoire à Montauban
La ville de Montauban a construit une nouvelle médiathèque en 2013, Mémo, et créé
l’année suivante un Pôle mémoire qui regroupe le fonds patrimonial de la bibliothèque (la
Mémo Patrimoine), les Archives municipales et le Musée de la résistance et des
combattants.
Le fonds patrimonial réunit des documents anciens, rares et précieux : 80 000 documents,
du XIIe siècle à nos jours, dont 500 manuscrits (une partie d’entre eux d’auteurs
montalbanais.
27
Emmanuel Courtine s’intéresse au catalogage du livre ancien et travaille à la Bibliothèque Inter-Universitaire Cujas.
43 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La médiathèque valorise son fonds patrimonial par la numérisation (bibliothèque numérique
Mémorabilia) et par le biais de la salle d’exposition permanente du Pôle mémoire (des
activités pédagogiques accompagnent la programmation).
Bibliothèque de Montauban : http://www.mediatheque-montauban.com/
3. La création du Centre d’art roman Marcel Durliat à Moissac
Le patrimoine du scriptorium de l’abbaye de Moissac (150 manuscrits), aujourd’hui conservé
à la Bibliothèque nationale, est inaccessible localement. C’est pourquoi, en 1995, la ville de
Moissac a soutenu la création du Centre d’art roman, pour faire découvrir aux milliers de
visiteurs de la ville, la production artistique moissagaise des XIe et XIIe siècles.
Ce centre détient environ 2000 reproductions couleur d’enluminures et des éditions en fac-
similé de manuscrits médiévaux. Les diapositives couleur ont été tirées sur papier et
numérisées. Des expositions présentent les éléments les plus représentatifs du fonds de la
photothèque au public scientifique, mais aussi au grand public grâce à une démarche
pédagogique à destination des scolaires.
4. La Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux communique autour de son patrimoine
La moitié du fonds de la bibliothèque provient du fonds patrimonial, riche de 500 000
documents, deuxième fonds le plus important de France après Lyon. La médiathèque n’est
cependant pas étiquetée « patrimoniale » mais « Bibliothèque de Bordeaux ». Elle a une
approche de lecture publique.
Le service du patrimoine a trois objectifs : communication – visibilité – diffusion. Il fait des
« zooms » sur le site de la bibliothèque autour de présentations de documents, et relaie ses
actions sur des sites Internet, comme Bordeaux.fr ou les sites Internet de la presse (Le
Parisien, Journal l’Alsace). Il tient un blog en rapport avec les évènements culturels organisé
par le service. La médiathèque dispose de 300 abonnés à Facebook, et des liens avec le
public se tissent grâce aux réseaux sociaux.
Cette action renouvèle la perception du patrimoine : sortir d’une approche institutionnalisée,
historique, du catalogage à la pièce, pour cataloguer et numériser suivant les évènements.
La Bibliothèque numérique de Bordeaux « Séléné » comprend 15 000 documents.
Depuis 2013, le service du patrimoine voulait changer son image de service « à part » : le
patrimoine n’est pas un domaine réservé. Le décloisonnement passe par des projets de
partenariat avec les personnes du fonds régional, par exemple. Pour l’exposition Montaigne,
le service du patrimoine collabore avec les autres services de la médiathèque. La vidéo du
comédien se déroule dans l’auditorium. Le service a eu recours pour ces vidéos « pastilles »
de 2 minutes sur la vie de Montaigne à des personnes extérieures à la bibliothèque : un
médecin, une éditrice, un philosophe. A partir de 2015, le service du patrimoine a
entreprisune politique « hors les murs ».
1. Demographus experience : une action « hors les murs » (octobre 2015)
Cette expérience de tatouages d’après les images des livres anciens de la bibliothèque, en
partenariat avec les tatoueurs du salon « L’Homme invisible », a fait découvrir les collections
à des personnes qui venaient pour la première fois à la bibliothèque. Les personnes
44 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
tatouées ont sélectionné dans le fonds iconographique une centaine d’images sur photos, et
trente tatouages ont été réalisés.
Présentation d’une action « hors les murs » du service du patrimoine de la bibliothèque
Mériadeck lors de notre visite le 6 juin 2016 : des tatouages basés sur des images issues
d’ouvrages du patrimoine
La visibilité du service du Patrimoine a été accrue par une exposition, par la diffusion des
images sur Facebook et l’annonce de cette exposition dans la partie « actualités » du site
web de la bibliothèque. Pendant les 40 ans à venir, les tatoués parleront de la bibliothèque !
Pour en savoir plus : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/chaud-pour-un-
tatouage-de-gravures-tirees-des-archives-de-la-bibliotheque/64192
2. Exposition Montaigne « super star » (20 septembre – 17 décembre 2016)
Cette exposition vise à satisfaire l’intérêt du public pour cette figure. Elle répond à la
question : « Qui était Montaigne ? » Elle s’adresse au grand public, jeunes adultes et
familles.
Cette exposition désacralise l’image de Montaigne et présente un regard décalé sur ce
personnage, qui avait lui-même un regard distancié sur son époque. La demeure de
Montaigne est présentée sous l’angle de Paris-Match. L’exposition cherche à démocratiser le
patrimoine par cette approche « iconoclaste ». Elle est datée avec un regard du 21e siècle
sur ce personnage du 16e siècle. Il s’agit de montrer comment Montaigne nous touche
encore, comment il est notre contemporain.
Montaigne est présenté comme une « superstar » et tient un compte Facebook . Il est
possible de parler à Montaigne lui-même. L’exposition donne l’occasion de numériser
l’exemplaire des Essais de Bordeaux : il sera feuilletable sur format numérique, disponible
sur Gallica et consultable sur table numérique. Il n’avait pas été exposé depuis 25 ans.
45 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Exposition Montaigne (20 septembre – 17 décembre 2016) : une superstar au XXIe siècle
(affiche du dessinateur Jul)
Compte Facebook de Montaigne : https://www.facebook.com/montaignesuperstar/
3. Le raffineur de Ste Croix : http://amoursucretrahison.wixsite.com/lefeuilleton
Ce roman, complètement tombé dans l’oubli, a été numérisé et illustré par des images de
presse. Il a été publié sous la forme d’un feuilleton de l’été, du 13 juillet au 29 août 2015,
sous format papier et numérique (sur Internet). Des textes sont lus par des comédiens. Le
titre du feuilleton, « Amoursucretrahison », s’apparente à un titre de Harlequin et rappelle le
crime passionnel. Cette série a connu un succès d’estime, avec 100 abonnés et le format
papier a été bien lu. Les collègues ont apprécié les rebondissements, l’aspect contemporain
du roman. Le blog accompagnait la série.
L’action culturelle vise à rendre le patrimoine accessible à un large public. Mais comment
concilier communication et visibilité pour le plus grand nombre et activités scientifiques en
matière de traitement et conservation des collections ? Cette politique culturelle s’inscrit
cependant dans un mouvement général des bibliothèques publiques.
Pour en savoir plus : http://bibliotheque.bordeaux.fr/
46 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Explorer les médiathèques et découvrir l'inattendu (Aude Windels28)
En passant près du parvis de la médiathèque, vous pouvez être cueilli par les notes d’un
jazz band qui vous fait chanter et vous déhancher. Puis assister à un spectacle de
marionnette (dans lequel une sauterelle géante vous parle littérature et bicyclette…) dans ce
qui était hier une salle de presse, mais qui a su se transformer grâce à l’ingéniosité d’un
architecte et à un mobilier modulable. Cette expérience vécue à la Mémo de Montauban,
révèle la capacité des médiathèques à être bien sûr des lieux de culture, mais aussi des
lieux de vie, de fête et de convivialité.
Vous pouvez pousser la porte et vous rendre compte que votre médiathèque est aussi une
ludothèque ! Avec un coin éveil pour les bébés, une dînette, des légos, des jeux de société
en tous genres, dans de vrais espaces dédiés au jeu, reconnu et promu comme objet
culturel à part entière. C’est le choix fait à la médiathèque de Montech qui mise ainsi sur la
complémentarité de l’offre et incite à la transversalité des pratiques culturelles.
Vous pouvez venir à la médiathèque pour emprunter un CD et repartir carrément avec une
guitare électrique, ou un ukulélé ! Emprunter un instrument de musique avec votre carte de
bibliothèque (et sans caution !), c’est l’un des nouveaux services offerts par la médiathèque
José Cabanis de Toulouse. L’opportunité pour tous d’entrer en contact avec un instrument,
c’est un premier pas pour mettre la pratique musicale à la portée du plus grand nombre. Et
c’est une initiative qui montre encore l’imagination dont savent faire preuve les médiathèques
pour diversifier leurs collections et leurs services.
28
Aude Windels est responsable de l'espace jeunesse de la bibliothèque municipale d'Olivet. Aime chanter, danser, pédaler et faire joyeusement parler des bibliothèques !
47 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
En circulant dans une médiathèque, vous pouvez rencontrer des personnes qui, cafetière ou
radio-réveil sous le bras, sont venues pour essayer ensemble de démonter et réparer des
appareils endommagés. Pour lutter contre le gaspillage et faire des économies, oui, mais
aussi par curiosité intellectuelle, pour comprendre le fonctionnement des objets qui nous
entourent et pour le plaisir de “faire ensemble”. C’est l’idée des Cafés bricol’ proposés à la
médiathèque Grand M de Toulouse : des ateliers qui permettent de partager gratuitement
des connaissances et des savoir-faire (les bases du bricolage en électronique, mécanique,
électrique…), de trouver et diffuser l’information scientifique et technique (sites internet,
tutoriels vidéo, manuels de réparation…), de mettre en contact des personnes d’âges et de
milieux différents, rappelant ainsi que les médiathèques sont plus que jamais des lieux
favorisant l’intégration et la mixité sociale.
Vous pouvez vous rendre à l’espace numérique de votre médiathèque (pour taper un CV ou
consulter votre compte Facebook ?) et voir pour la première fois une imprimante 3D en
action ! Les usagers de La Source, à la médiathèque du Bouscat, ont par exemple la chance
de pouvoir participer gratuitement à des ateliers de modélisation et de repartir avec leur chef
d’oeuvre en plastique tout chaud ! Ce genre d’entreprise illustre la volonté des médiathèques
de coller aux évolutions de la société, d’accompagner et de faciliter l’accès aux technologies
et aux outils innovants.
Et puis à la médiathèque vous pouvez aussi simplement tomber sur votre voisin, venu
déposer ses graines de courge dans la grainothèque et vous passerez quelques minutes à
papoter avec lui des bienfaits du paillage et de la meilleure façon de lutter contre le mildiou…
Et au moment de partir, en vous apercevant qu’il pleut des hallebardes, on peut vous
proposer d’emprunter... un parapluie ! En l’enregistrant simplement sur votre carte de
bibliothèque. Vous n’aurez qu’à le rapporter la prochaine fois en même temps que vos
documents. C’est l’un des petits services bien utiles offert par la bibliothèque Mériadeck de
Toulouse qui nous rappelle qu’une médiathèque doit prendre en compte les besoins (même
basiques !) de ses usagers. Une médiathèque ça doit rester simple, pratique, et connecté
aux réalités de la vie quotidienne (et si en plus c’est gratuit, comme à Bruch…)
Alors oui, venir à la médiathèque réserve bien des surprises. Mais parfois, vous n’avez
même plus besoin de pousser la porte pour bénéficier de certains services. Vous pouvez par
exemple vous connecter à un tchat, comme celui des bibliothèques universitaires de
Toulouse, poser une question, et un bibliothécaire (un vrai, en chair et en os !) vous répond
en direct !
Parce que même lorsque vous ne les fréquentez pas, les médiathèques tentent de trouver
des astuces pour venir à vous, à l’exemple des initiatives Biblio.sport et Bilio.plage du réseau
des médiathèques de Bordeaux, qui proposent des livres, des magazines, des jeux vidéo,
sur les lieux de détente, permettant ainsi de toucher des publics éloignés des pratiques
culturelles.
Et que dire des Troc-box, Gift-box, boîtes à livres, à CD, à magazines, à jeux ? Bref, boîtes
de tous acabits qui fleurissent partout dans les villes à l’initiative des médiathèques vous
donnant la possibilité d’être en contact avec des objets culturels au coin de la rue, à la plage
ou au parc. Parce que parfois la mission des bibliothécaires c’est aussi de se mettre en
retrait, de vous laisser échanger librement, de vous donner la possibilité de participer à la vie
culturelle de votre commune. D’être juste le facilitateur bienveillant d’actions citoyennes.
48 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Avec ce panel de possibilités découvertes en explorant le monde des médiathèques lors de
Cyclo-biblio, on comprend qu’une bibliothèque peut être bien plus qu’une histoire de livre.
Encore faut-il soutenir, entretenir et encourager la capacité des équipes et des
établissements à innover, à surprendre, à proposer de nouveaux services. Pas pour le plaisir
de la nouveauté, de l’innovation pour l’innovation, mais pour aller à la rencontre de leurs
publics et pour remplir toujours mieux leurs missions fondamentales d’accès à l’information
et à la culture pour tous. Cela nécessite aussi de faire des choix parmi tous les possibles
évoqués, car chaque territoire a ses spécificités, de s’engager sur un chemin et de renoncer
à d’autres directions... Mais les médiathèques semblent tenir la route et avoir les cartes en
main pour rester, selon la devise du Fort de Montauban “Des espaces pour apprendre, faire
et refaire le monde”.
49 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
50 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Le silence est d’or (Jean-François Caillot29)
« Dans le passé, les hommes d'Occident goûtaient la profondeur et les saveurs du silence.
Ils le considéraient comme la condition du recueillement, de l'écoute de soi, de la méditation,
de l'oraison, de la rêverie, de la création ; surtout comme le lieu intérieur d'où la parole
émerge ». Alain Corbin. Histoire du silence
Cyclo-biblio représente une occasion rare pour qui veut découvrir les bibliothèques et le
métier de bibliothécaire dans toute leur diversité. A l’occasion des visites que notre atypique
peloton a effectuées dans tout type d’établissement, j’ai pu constater que bien souvent les
personnels abordaient spontanément le problème de la gestion du bruit dans les salles de
lecture. Ceux-ci nous faisaient part de leur tentative pour le circonscrire, parfois de leur
désarroi face à des situations qu’ils maîtrisent difficilement.
Ces visites ne permettent pas de juger pleinement de l’efficacité des mesures prises, seul un
séjour de longue durée pourrait le déterminer. Cependant, quelques pistes se dégagent.
Tout d’abord, l’architecture du bâtiment est capitale. A cet égard, la bibliothèque de
Mériadeck à Bordeaux représente un contre-exemple. Ce bâtiment devait être à l’origine un
centre commercial, or c’est dès la conception d’un projet qu’il faut penser les problèmes
d’acoustique. Les étages en mezzanine de Mériadeck laissent monter le son vers les étages
supérieurs ; le hall d’entrée, lieu par nature bruyant, parasite le premier étage. Les escalators
ajoutent au bruit ambiant. On trouve une autre erreur de conception à la bibliothèque
municipale de Moissac. Le bureau du personnel est situé sur une mezzanine ouverte
surplombant une salle de lecture, usager et personnels s’y gênent mutuellement.
La bibliothèque de Montech, bien que située dans un bâtiment existant, une ancienne
fabrique de papier, a été pensée quant à elle avec le souci de réduire les nuisances sonores.
Cela passe notamment par l’utilisation de baffles acoustiques au plafond et l’emploi de
plaques du type Gyptone qui permettent de gêner la propagation du son en l’absorbant, en le
diffractant. L’atmosphère de la bibliothèque, crée notamment par l’utilisation du bois, la
douceur du lieu, les arbres et la pelouse visibles depuis les fenêtres, une grande terrasse ou
l’on peut emmener ses ouvrages, l’environnement général, la proximité du canal de la
Garonne, tout cela contribue au calme et à la sérénité que l’on ressent dans cette réalisation.
Plusieurs bibliothèques proposent à leurs lecteurs des bouchons d’oreille pour leur confort.
C’est là reconnaître implicitement que l’on n’a pas pu résoudre le problème du bruit, ainsi
que me la confié une responsable d’une bibliothèque universitaire.
La bibliothèque Flora Tristan à Bordeaux propose deux solutions pour limiter le bruit. Tout
d’abord des panneaux isolants entourant les photocopieurs, leur fonctionnement
représentant un gêne non négligeable, surtout quand il s’ajoute à d’autres sources de bruit.
Des carrels avec banquette, eux aussi dotés de panneaux isolants, permettent à ceux qui le
désirent de s’isoler et converser à voix basse.
29
Je travaille actuellement à Lyon 3, à la bibliothèque de la Manufacture. Je suis en poste au service de traitement des imprimés. Eté comme hiver, je roule sur mon vélo rouge.
51 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La médiathèque Grand M à Toulouse nous indique sans doute la meilleure solution pour
résoudre les nuisances sonores. Cela passe par la différenciation des lieux et de leur usage.
Les bibliothèques ont évolué et c’est heureux. Elles tiennent à accueillir un public le plus
large possible et proposent de nouvelles activités et de nouveaux services, parfois source
de bruit. Au cœur de cette bibliothèque est situé un espace isolé par des panneaux de verre,
dédié à l’étude, dans lequel le silence est requis. A l’extérieur de cette enceinte, les
contraintes sont moindres. Reste cependant la cohabitation parfois difficile des adolescents
avec les autres publics. Pour améliorer cette cohabitation, le personnel a modifié la
disposition du mobilier.
Pour conclure, je voudrais faire part de l’expérience d’une collègue ayant visité récemment la
bibliothèque universitaire d’Helsinki. Dans le bâtiment existe trois espaces différenciés,
désignés par un code de couleur. Un niveau vert, ou la conversation est permise, un niveau
orange ou l’on peut chuchoter, enfin le niveau rouge, ou l’on ne peut parler, où l’usage même
des PC n’est pas autorisé, afin que le bruit des touches frappées ne distraient pas le
lecteur…
Un article pour approfondir le sujet : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-04-0076-002
52 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Les rencontres professionnelles et l'interculturalité (Roseline Drapeau30)
Pédaler pour l'effort, pédaler pour papoter, pédaler pour se rencontrer : voilà le slogan que
j'aurais pu porter durant ce cyclo-biblio.
J'ai découvert cyclo-biblio un peu par hasard, grâce à un post de Jean-Luc [Prothet] sur le
groupe Facebook Musique en Médiathèque. Personnellement, cela faisait longtemps que je
souhaitais m'essayer au bike-trek. Mais je n’aurais jamais eu idée d’associer le bike-trek à
une rencontre professionnelle. Alors, quand j'ai lu le post, j'ai trouvé génial le fait d'associer
mon métier et le vélo.
Parce qu’en fait, pédaler c’est bien plus que pédaler. Pédaler, c'est s'accorder le temps de
découvrir, d'échanger, de discuter. De la même façon, le slogan de Cyclo-biblio rappelle
qu’une bibliothèque, c'est bien plus qu'une histoire de livres. Cyclo-biblio, c'est finalement
repenser aux concepts d’effort et de bibliothèque.
Le thème que j'avais choisi était l'interculturalité. C’est-à-dire les notions de rencontres
culturelles, de mélange des cultures, de confrontation d’identités culturelles.
Parce que je reçois un public multiculturel, parfois anglophone, qu’un seul lien réunit : la
musique.
Parce que le concept d’interculturalité, dans son idée de rencontre et de promotion
culturelles, est souvent mal compris et mal perçu par les publics.
Parce que l’interculturalité permet l'abattage de murs d'incompréhension humaine et que la
découverte des cultures est une bonne voie pour faire tomber les préjugés, les différences.
Les bibliothèques ont un rôle à jouer dans cette thématique sociale, qui trouve un écho dans
les vagues de migrations contemporaines. Aussi, il était intéressant de découvrir les outils
mis en place.
Sur la route, de kilomètre en kilomètre, j’ai pu parler avec plusieurs collègues de cette
thématique complexe. Certains m’ont parlé des projets mis en place dans leurs structures ;
d’autres m’ont fait découvrir des jeux de société participatifs ; visiter la médiathèque du
Grand M à Toulouse – médiathèque conçue pour être un lieu de rencontre entre 2 quartiers
voisins hostiles l’un à l’autre – a aussi été source de découvertes sur la mise en contexte et
la disposition des espaces.
Plus généralement, il a été très formateur d’écouter les conceptions des projets de
bibliothèques, qu’ils soient présentés par le Maire ou son adjoint à la culture, par le directeur
de la médiathèque ou de la BDP, ou encore par l’architecte. Comment se réfléchit une
bibliothèque, en termes d’espace et de collections ? Pour quels publics ? Tous ces choix
30
Roseline Drapeau est documentaliste scientifique spécialisée dans la musique, au sein de l'Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/ Musique (IRCAM - Centre Pompidou) à Paris. Elle était l'une des novices du peloton de cette édition 2016 et a relaté quotidiennement l'aventure TouBo sur la page facebook "Roseline roule pour le Cyclo-biblio 2016"
53 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
relèvent de politiques culturelles territoriales, propres à chaque commune traversée, à
chaque bibliothèque visitée.
Pour conclure, ma première édition de cyclo-biblio fut très enrichissante. Merci aux
capitaines de route, pour avoir sécurisé le peloton et un grand merci à l’équipe organisatrice,
qui nous a offert un tour impeccable, parfaitement préparé, sans accrocs ni anicroches.
Et quand même, nous avons pédalé 380 km et visité 15 médiathèques !
54 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Les animations participatives en bibliothèque : quelques exemples (Elise Gravel31)
Au fil de ce voyage TouBo, je me suis enrichie de multiples idées à réimplanter dans ma
petite médiathèque.
En ce qui concerne les animations participatives, j’en retiendrai cinq que j’ai glanées au
cours des visites ou des échanges :
1. Créer un jardin partagé à la suite d’une grainothèque
C’est au cours d’un atelier à la médiathèque José Cabanis de Toulouse que j’ai pu
comprendre plus précisément le fonctionnement et la manière d’implanter une grainothèque.
Cette collection participative et très peu coûteuse repose avant tout sur une bonne
communication en direction du public (avec des fiches explicatives sur la façon de procéder,
de partager, de planter…), mais surtout grâce au partenariat avec une association locale
telle que les jardins partagés, qui apporte son expertise et fait le don de graines à la base de
la collection. Il suffit, semble-t-il, de laisser germer cette grainothèque d’elle-même, qui se
nourrit des apports de chacun. Cette nouvelle collection devient le terreau d’une nouvelle
idée d’animation que je compte proposer : créer un jardin partagé dans la cour de la
médiathèque. Cela servirait à inaugurer cette collection atypique, mais surtout à démontrer
concrètement son utilité. L’association locale des jardins partagés pourrait transmettre ses
connaissances, et enseigner au public la façon de planter. Le public pourrait bien sûr choisir
les plantes qu’il souhaite introduire. Les bacs de plantations pourraient aussi être réalisés en
amont lors d’un atelier créatif participatif. Cette animation éducative et ludique permettrait
aussi d’associer le public au réaménagement de la cour. Forte de cette idée, je me suis déjà
31
Je travaille dans une médiathèque d’une petite ville de presque 6000 habitants. Je suis responsable des actions culturelles de toute la commune (fête de la musique, théâtre, concerts de l’été, expositions…) et outre ma participation à l’accueil du public et au fonctionnement général de la médiathèque, je m’occupe des acquisitions DVD, BD adultes, romans et documentaires adultes.
55 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
rapproché de l’association locale qui a accueilli le projet avec enthousiasme, et nous
devrions bientôt le réaliser !
2. Proposer un mur d’expression suivi d’un débat
En visitant la médiathèque du grand M, et lors d’un second atelier à la médiathèque José
Cabanis, j’ai abordé de plus près l’outil « mur d’expressions ». Il avait été proposé aux
usagers à la suite des attentats de Charlie Hebdo : certains avaient saccagé des pages du
journal satirique. La médiathèque du grand M s’était saisi de l’incident pour soulever le débat
et inviter le public, par le biais d’un mur d’expressions, à s’exprimer sur les thèmes soulevés
(le blasphème, la liberté d’expression, les attentats). Mais que faire de ces opinions variées
et contradictoires, qui servent aussi de défouloir ? L’idée a été d’inviter un médiateur qui
anime un débat à partir de ce mur d’expression. Une soirée fut alors proposée, avec une
projection pour nourrir la réflexion et instruire le public sur le sujet. Le médiateur a ensuite
utilisé des paroles du mur qu’ils avaient sélectionnées pour animer un débat. Ce type
d’animation nous intéresse en ces périodes d’actualité difficile et des débats qu’elle suscite.
Ici, la médiathèque est vraiment un lieu d’expression citoyenne, qui accueille les opinions
diverses, invite les gens à s’exprimer, et fait avancer les débats d’actualité grâce à un
animateur qui maîtrise le sujet.
3. Réaliser un carnet de voyage intergénérationnel
Isabelle, de la médiathèque La Parenthèse de Beauzac, m’a fait un très beau cadeau, qu’elle
a réalisé avec son public : un carnet de balade dans son village. Avec les personnes âgées
et des personnes du club de peinture, ils ont réalisé ce très bel ouvrage. Les usagers sont ici
créateurs, et chacun contribue selon sa spécificité, les anciens constituent la mémoire du
village et se plaisent à raconter les histoires, les artistes illustrent les textes… Cela me
donne envie de faire un carnet « intergénérationnel » en invitant aussi les jeunes à
s’exprimer : qu’est devenu ce lieu que décrit la vieille dame (par exemple) ? Les jeunes
pourraient aussi illustrer le carnet de photos, de collages… Ce type d’animation est essentiel
dans la création de lien et d’échange entre les bibliothécaires et les publics, qui apprennent à
mieux se connaître et à participer chacun selon leurs talents spécifiques.
4. Proposer une soirée ludique et participative en lien avec l’actualité
Les amis de la médiathèque de la Croix Rousse aiment créer l’évènement, et proposent de
vraies soirées conviviales. Avec la soirée spéciale Euro de football « Sans crampons ! », ils
invitent le public à une rencontre des plus ludiques, comme le montre leur annonce :
«Mesurez-vous aux champions de France de Baby-Foot avec le défi du champion,
découvrez le Subbuteo et le Buteur, des jeux de plateaux comme si vous étiez sur le
terrain (…), chantez le top 10 des chants de supporters et régalez-vous avec la cuisine
itinérante « De l’autre côté du pont » ! ». Cette initiative montre à quel point la médiathèque
est passeur, médiateur de tout sujet et sous toutes les formes : un évènement sportif est un
prétexte pour se rencontrer, jouer, regarder un film, partager des chants… Ici la médiathèque
est vraiment un lieu de rencontre et de vie sociale, et les bibliothécaires sont au même
niveau que le public. Cela contribue aussi à dépoussiérer notre image…
5. S’inspirer du public pour créer un spectacle
56 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Enfin, une dernière animation m’a inspiré : le spectacle créé pour notre venue à la
médiathèque de Montauban. Pour accueillir 54 cyclothécaires, la médiathèque avait
commandé un spectacle « sur mesure » crée pour l’occasion par une compagnie locale :
l’histoire d’une cigale qui raconte ses déboires avec les cyclistes. Ils ont eu l’idée judicieuse
d’inclure le public habituel de la médiathèque, qui nous a servi de comité d’accueil et qui a su
se mêler à nous pour profiter de l’animation. Créer un spectacle à partir du vécu d’un public
est encore une belle manière de l’associer. Bien sûr, si on voulait proposer davantage de
participation, on pourrait proposer au public d’écrire des répliques, d’assister aux répétitions,
d’intervenir sur scène… Les possibilités sont multiples pour un projet de ce type, et je
garderai cette initiative dans ma sacoche à idées.
57 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
58 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La fin des bibliothèques ? (Claude Berne32)
Ma problématique a très probablement évolué depuis le 13 mai 2016, date à laquelle je me
suis penchée sur cette question et où j’ai rédigé ceci (qui n’était pas très neuf en soi, mais
important à mes yeux) : La bibliothèque dans l’espace public, ce n’est pas quelque chose qui
va de soi, il faut sans cesse défendre cette idée-là, et travailler à la promotion des
bibliothèques, parce qu’il n’y a pas que Google dans la vie !
Plus explicitement ma question était de savoir à quoi servaient vraiment les bibliothèques et
les bibliothécaires. Dans une société de plus en plus numérique, quel serait leur avenir ? Je
craignais notre disparition !
Cyclo-biblio m’a beaucoup fait réfléchir... Qu’ai-je donc découvert ?
D’abord une bibliothèque universitaire (Toulouse) qui comme toutes les BU « s’accroche »,
accueille les étudiants, les informe, les forme, les oriente, les aide, leur achète de la
documentation papier, leur achète de la documentation électronique... Une bibliothèque qui
fait donc très bien ce qu’on attend d’elle et ce que toutes les BU font... mais cela ne suffit pas
à me rassurer.
32
Je travaille à la BU de l’université Jean Moulin Lyon 3, site de la Manufacture des tabacs, dans un service d’informatique documentaire. Je coordonne le service des thèses et suis également Webmestre pour la BU. Dans la vie, j’aime le vélo, le kayak et les bibliothèques.
59 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
C’est du côté des bibliothèque municipales que l’évolution est la plus perceptible.
D’abord les BM se font belles : même de petites structures comme Montech (magnifique
réhabilitation d’une ancienne papeterie) ou Bruch (minuscule bibliothèque au mobilier bien
pensé et très soigné) ont eu à cœur d’offrir à leur public un cadre très agréable. Nous avons
vu des établissements HQE (Médiathèque Grand M de Toulouse), des établissements qui
offrent un espace de lecture extérieur en terrasse (Montech), d’autres qui offrent des chaises
longues à leur public (Montauban)... Bref des bibliothèques qui ont compris ce qui était
important pour leur public !
Ce n’est pas tout, car du côté des « services » les choses évoluent également : nous avons
visité des BM qui proposent des prêts d’instruments de musique, des jeux, des bibliothèques
avec une « grainothèque » (échange de graines entre usagers), des bibliothèques qui
favorisent les échanges entre les personnes (échanges de livre, échanges de services...),
des bibliothèques qui accueillent des associations de « nounous », de personnes à la
recherche d’emploi, des bibliothèques qui prêtent des bibliothécaires (eh oui !), des
bibliothèques avec une programmation culturelle très riche, des bibliothèques où l’on peut
jouer du piano, écouter de la musique, faire du bruit...
Nous avons aussi vu des bibliothèques qui ne lâchent rien : des bibliothèques qui contribuent
à Wikipédia, parce qu’elles ont compris que plus personne n’ouvrait l’Universalis ; ces
bibliothèques-là contribuent et organisent des ateliers Wikipédia pour leur public.
Bref, tout bouge ! Et je l’ai bien compris, la bibliothèque ce n’est pas qu’une histoire de
livres !
Alors bien sûr, tout cela interroge... Ma problématique initiale évolue, se précise, peut même
se formuler sous forme de questions : Est-ce le rôle de la bibliothèque de « récupérer » tout
cela ? Est-ce le signe d’une défaillance des acteurs sociaux de la société ? Est-ce parce que
le livre est « dépassé » et qu’il faut bien faire quelque chose ?
Je n’ai pas la réponse, je dirais même que je reviens de Cyclo-biblio avec encore plus
d’interrogations. Mais j’ai surtout vu des collègues très motivés, soucieux d’éveiller les sens
et l’imaginaire, de faire découvrir l’inattendu, de favoriser l’esprit critique et l’intégration
sociale dans une société plurielle... tout ce qu’on attendait de la lecture finalement !
Tiens, tous ces mots, ça me rappelle quelque chose !
60 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La belle aventure Cyclo-biblio ! (Marie Dardes33)
Rentrée depuis un mois de Cyclo-biblio, je suis encore imprégnée de cette aventure… Et j’ai
l’impression que tout est fait pour que je n’oublie pas…
Les mails des uns et des autres qui défilent jour après jour, les posts sur Facebook, les
échanges de photos, le reportage radio et puis, à la maison, un autocollant qui traine par là,
au boulot, mon gilet jaune qui trône sur mon bureau… Bref, l’aventure Cyclo-biblio m’a
permis de découvrir une belle région, des médiathèques de toute taille, de faire la
connaissance de collègues venant de toute la France voire de l’étranger, de nouer des
amitiés inattendues. Mais Cyclo-biblio a aussi complètement chamboulé mes habitudes de
transport... Mon vélo est devenu mon meilleur allié en ville et le plan des pistes cyclables,
l’élément indispensable de mon sac !!
Parmi les bibliothèques visitées, j’ai trouvé celle de Montauban très chaleureuse. On avait
envie de rester et de s’installer… ce qui est bon signe ! C’est un projet qui a été pensé dans
le cadre de la rénovation urbaine de la ville. Au final, on a un bâtiment très agréable, les
espaces sont modulables et peuvent évoluer grâce à un mobilier sur roulette. L’équipe est
organisée en plusieurs pôles (collections, traitement du document, actions culturelles,
patrimoine) mais elle travaille en transversalité et on sent une vraie envie de réaliser au
mieux ses missions et de faire de cette médiathèque un vrai lieu de vie dans le quartier. Pour
cela, un travail de partenariat avec le tissu associatif local est mené. Parmi les actions
proposées par la médiathèque, il y a un temps réservé à l’accueil des femmes du quartier qui
fonctionne très bien. Ce sont des moments d’échanges, de conversations, des ateliers
lecture ou informatique qui ont permis à ces femmes de s’approprier la structure et d’y venir
33
Après de nombreuses années passées en section jeunesse, j'ai changé de cap et j'ai pris la responsabilité du service adulte de la médiathèque Emile Zola (réseau des médiathèques de la Métropole de Montpellier). Engagée dans le monde associatif, j'aime voyager et me lancer des défis (comme participer à Cyclo-biblio...!!).
61 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
régulièrement. C’est un bon exemple du rôle social des bibliothèques, surtout dans des
zones où une partie de la population se trouve en grande fragilité.
Dans le cadre de ma problématique « C’est quoi un bibliothécaire aujourd’hui ? », j’ai trouvé
à Montauban une vision du métier qui me semble en phase avec les enjeux actuels : un
bibliothécaire, c’est quelqu’un qui s’investit dans son quartier, sa ville, qui créé du lien et qui
provoque des rencontres !
Dans un autre genre, la bibliothèque du Grand M à Toulouse offre aussi un exemple de
bibliothèque insérée dans un quartier en difficulté. Elle est de plain-pied, très colorée et
remplie de jeunes qui viennent travailler, réviser, ou bien regarder un dessin animé. Sur un
des murs de l’espace jeunesse, on aperçoit un magnifique (et très grand) dessin de Laurent
Corvaisier et Nathalie Novi, illustrateurs jeunesse. C’est vivant, on est bien accueilli et on
ressent de bonnes ondes là encore !
Le réseau des médiathèques de Toulouse a eu la bonne idée de nous faire partager une
matinée d’ateliers. C’était l’occasion de glaner des idées, de discuter avec des collègues de
nos pratiques. J’ai suivi celui intitulé « Cabaret poétique ». Une très belle initiative menée en
partenariat avec une association locale « Partage Faourette » au moment du Printemps des
Poètes. Le temps d’une soirée, les mots sont à l’honneur et la médiathèque accueille un
public qui ne serait jamais venu de lui-même. Cette manifestation permet à la bibliothèque
de se faire connaître et aux habitants du quartier d’oser franchir les portes et de découvrir le
lieu de manière différente puisque tout se déroule en soirée. Le réseau de Toulouse multiplie
les initiatives innovantes. J’ai eu une impression de bouillonnement et ça m’a bien plu,
d’autant que le personnel semble très impliqué.
Durant cette semaine, nous avons aussi visité des bâtiments très différents : une
médiathèque tout neuve alliant bois, béton et brique comme celle de Montech, et à l’opposé,
une bibliothèque nichée dans de l’ancien comme celle de Moissac. Deux lieux que tout
oppose mais le même engouement de la part des élus d’un côté et du personnel de l’autre
pour nous faire découvrir leur structure et leur fonctionnement. Je n’oublierai pas la toute
petite bibliothèque de Bruch : tellement bien pensée, portée par un projet communal et le
soutien de la BDP. Une vraie volonté politique qui rend ces 60 m2 encore plus chaleureux et
atypique. Un espace modulable, accessible, organisé, géré par un salarié et une équipe de
bénévoles. Cette halte dans ce petit village montre que le dynamisme et l’innovation ne sont
pas seulement l’apanage des grandes villes et que le milieu rural se renouvelle, en partie
grâce au rôle très important des BDP.
Enfin, Bordeaux et son réseau. A Mériadeck, tout est démesuré : 26 000 m2 dont 9 000 m2
accessibles au public, des escalators, des scénographes. J’ai beaucoup aimé le « Loft », cet
espace pour ados, avec son style industriel et son mobilier très contemporain, j’ai apprécié
les banques d’accueil, réalisées par une association. Chaque espace est clairement identifié.
Lors des ateliers, la conservatrice nous a parlé d’organiser une « Nuit des bibliothèques » et
un « biblio-remix ». Des initiatives qui sont dans l’air du temps et qui donnent une image
dynamique des bibliothèques et des bibliothécaires. Mais, comment mettre en œuvre tout
cela et à quoi cela va-t-il aboutir ? En fait, ce n’est même pas la question, on sent bien que le
bibliothécaire est en pleine mutation, qu’il se cherche, qu’il teste, qu’il se questionne. Certes,
les préoccupations sont nombreuses mais les envies aussi…N’est-ce pas cela le plus
62 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
motivant ? Voilà ce que je retire de cette belle aventure à vélo et au contact de collègues de
tous horizons.
63 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
64 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Photographier Cyclo-biblio ? (Jean-Hugues Morneau34) [email protected]
Initialement, je prévoyais d’axer mes conversations sur le rôle que pouvaient (devaient ?)
jouer les bibliothécaires dans la promotion des archives ouvertes.
Alas, ce thème concerne à peu près exclusivement les bibliothèques universitaires,
minoritaires dans les établissements que nous avons visités entre Toulouse et Bordeaux. J’ai
interrogé une partie de mes compagnons de route sur ce thème, mais j’ai aussi réussi à
perdre le carnet dans lequel j’avais pris toutes mes notes ! Par conséquent, plutôt que de
rédiger un compte rendu de mémoire, inévitablement parcellaire et potentiellement inexact…
j’ai préféré sauter du coq à l’âne et parler d’un thème qui m’est cher : photographier Cyclo-
biblio.
Qu’est-ce que photographier Cyclo-biblio ? Photographier qui ou quoi ? Quels sujets ?
Les bibliothèques visitées (extérieur, locaux, services, mobilier…) ? Les bibliothécaires et
non bibliothécaires qui nous ont si gentiment accueillis tout au long du trajet ? Ou bien
encore les paysages traversés ?
Pour ma part, je me suis toujours senti plus attiré par la photographie des participants :
cyclistes, accompagnateurs, organisateurs. Ne comptez donc pas sur mes clichés pour
reconstituer une visite virtuelle des différentes bibliothèques au programme. Par contre, pour
vous faire une idée de la tête des participants, ils pourront vous être utiles :-)
Je ne suis pas photographe, et d’ailleurs, je ne connais à peu près rien à la photographie.
Mais, il y a quelques années déjà, j’ai suivi les conseils d’un ami photographe amateur qui,
peiné par la médiocrissime qualité des photos que je lui faisais suivre, m’a recommandé un
modèle qu’il utilisait alors. D’où l’achat d’un petit appareil Canon Powershot A630, équipé
d’un incroyable écran pivotant, qui permet de prendre des photos dans des positions tout à
fait étonnantes.
Muni de ce nouveau jouet, je me suis pris au jeu. L’appareil m’a accompagné en Équateur,
aux Galapagos, et surtout sur la route des différentes éditions de Cycling for Libraries et de
Cyclo-biblio auxquelles j’ai participé.
Le principal avantage de ce type d’appareil est de pouvoir prendre des photos sans avoir à
regarder dans le viseur. Grâce à l’écran orientable, on peut en effet photographier
discrètement à 90° à gauche ou à droite. Indispensable si on veut essayer (autant que faire
se peut) de saisir les gens dans une pose naturelle…
Le principale inconvénient de ce type d’appareil est que l’on peut vite être pris (par erreur,
bien sûr, mais l’erreur est humaine et les participants le sont également...) pour un paparazzi
cherchant à surprendre lesdites gens dans toutes sortes de situations pas toujours très
34
Jean-Hugues Morneau exerce à la bibliothèque universitaire de médecine - pharmacie de l'Université Grenoble Alpes. Il y gère le dépôt et la mise en ligne des thèses d'exercice et mémoires de sages-femmes, et s'intéresse beaucoup à la thématique du libre accès aux publications scientifiques ainsi qu'à l'application du web sémantique aux données catalographiques.
65 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
favorables ! En conséquence, le photographe amateur peut rapidement faire le vide autour
de lui, les sujets ayant tendance à le fuir par crainte de l’objectif.
Autre inconvénient : lorsqu’on essaie de photographier les participants tout au long de leurs
aventures, on risque de passer le plus clair de son temps la tête baissée et les yeux rivés sur
l’écran de l’appareil, et de passer à côté de conversations enrichissantes. C’est le prix à
payer…
Mais alors au final, le jeu en vaut-il la chandelle ?
Sur les quelques centaines de photos prises en cours de route, plus des trois quarts seront
éliminés dès le retour à la maison. Affichées sur un écran d’ordinateur, les photos montrent
immédiatement tous leurs défauts, qui passaient plus ou moins inaperçus sur le minuscule
écran de l’appareil : flous, mauvais cadrage, sujet grimaçant ou pas à son avantage, etc.
Rappelons-le : le but est de mettre en valeur les participants et les hôtes, de les présenter
sous leur meilleur jour. Dans l’espoir, peut-être très naïf, qu’ils retrouvent à leur tour dans
ces photos une parcelle de la beauté que le photographe a cru fixer dans ces rares clichés
qui ont survécu au nettoyage par le vide.
Petit aparté : au cours de mon année spéciale information-communication métiers du livre
(ICAS-ML pour les intimes) , l’un de mes meilleurs profs nous a déclaré : « Au risque de
vous choquer, le métier de bibliothécaire consiste avant tout à jeter des livres ». C’est sans
doute la chose la plus importante que j’ai retenu de mon année d’IUT, et je n’ai jamais cessé
d’en vérifier la justesse tout au long de ma carrière. L’expérience m’a en effet montré que
c’est la réticence ou l’impuissance à jeter des livres (désuets, usés, non pertinents…) qui
démasque immanquablement le non bibliothécaire... ou le bibliothécaire incompétent ;-)
Il en est de même pour les photographies. Je suis partisan d’une sélection impitoyable.
Après plusieurs écrémages, j’ai obtenu pour Cyclo-biblio TouBo une sélection de 72 photos.
Elles sont consultables à l’adresse suivante :
http://s873.photobucket.com/user/jh_morneau/slideshow/Cyclo%20biblio%202016
Pour les besoin de cet article, il m'a fallu en choisir une (seule!) en guise d'illustration.
J’espère qu’elle vous plaira.
66 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Jean-Hugues
Bibliothécaire sur deux roues & éternel photographe amateur
67 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
68 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio, le participatif au fil des chemins (Anne Réty35, Magali Prieux36 et Michel Maugan37)
Pour cette 3ème édition de Cyclo-biblio, l’équipe de la bibliothèque Lyon Croix-Rousse
(Magali Prieux, Anne Réty et Michel Maugan), est venue avec une problématique principale :
l’implication des usagers.
La question de l’implication des usagers dans la vie de la bibliothèque nous préoccupe
depuis plusieurs années et c’est pour cette raison que nous avons mis en place des cercles
de lecteurs acquéreurs afin que les collections musique et BD ados répondent réellement à
leurs attentes. Cette expérience très enrichissante nous pousse chaque jour à appréhender
notre travail différemment, à repositionner notre rôle car nous nous rendons compte que
nous avons besoin des lecteurs pour construire un fonds à leur image, qui réponde à leurs
goûts. Nous continuons à développer cette co-construction en faisant participer les usagers
aux animations, projets, outils de communication. Et nous pensons que nous pouvons
encore faire beaucoup de choses dans ce sens-là !
A Toulouse, nous avons repéré plusieurs projets susceptibles d’être reproduits au sein de
notre établissement.
Pouces sur la presse
La médiathèque José Cabanis dispose d’un budget de 900 euros pour l’achat du numéro 1
des nouvelles revues. Vérification est faite en amont que le numéro 2 d’une nouvelle revue
ne soit pas soumis à un financement participatif. Les n°1 sont laissés en consultation sur
place pendant 4 à 6 mois, pendant ce laps de temps les lecteurs peuvent s’exprimer via un
système de pouces up/vert ou down/rouge. Présentation des titres avec pouces en réunion
d'acquisition annuelle pour le réseau. Un Pinterest a également été créé pour les collègues
pour découverte à distance.
35
Je suis responsable des collections Arts & Loisirs et DVD fictions et documentaires et de la programmation culturelle, je compte trois participations à Cyclo-biblio à mon actif, un grade de Capitaine de route acquis à la force des mollets, et une folle envie d'y retourner pour échanger avec des collègues (et plus si affinités). 36
Je suis référente du secteur jeunesse, en charge des animations à destination du public enfant/ado, et de l’acquisition des albums et des bandes dessinées. J’ai adoré faire travailler mes mollets et mes neurones pendant Cyclo-biblio ! 37
Je suis référente du secteur jeunesse, en charge des animations à destination du public enfant/ado, et de l’acquisition des albums et des bandes dessinées. J’ai adoré faire travailler mes mollets et mes neurones pendant Cyclo-biblio !
69 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La revue Causeur a ainsi récolté beaucoup de pouces rouges et vert et suscité
l’intérêt/désintérêt du public. Suite à cela, l’abonnement a été pris.
Troc de presse
En France, en moyenne, chaque personne achète 30 magazines par an. Mise en place
d’une boîte d’échange. Mais cette boite est mal située. Cela dit, pas d’abus dans le sens où
les usagers ont plutôt tendance à se servir plutôt qu’à l’utiliser comme d’une annexe
d’Emmaüs ou de la déchetterie.
Vote de film / programmation collaborative
Dans le cadre d’une programmation culturelle 1 fois par mois.
Première tentative avec un système de coups de cœur donnés par le public, mais ce n’était
pas assez pertinent, aucun film commun ne se détachait. D’où l’idée de faire voter le public.
Une sélection de 5 à 10 titres est proposée, sur une thématique (Noir et Blanc, On fête
l'amour, Made in Asia, Festival de Cannes - la palme dog !).
Pour la programmation de janvier-février 2016, sur le Noir & Blanc, 263 votes exprimés (mais
votes multiples de la part de certains usagers !). Une urne est à disposition dans la salle
cinéma, avec la liste des films sélectionnés. L’équipe cherche de nouvelles idées pour
rendre davantage visible cette sélection et la possibilité de voter.
70 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Le film sélectionné est projeté dans le grand auditorium de Cabanis le dernier dimanche du
mois. Après quatre sessions de vote, le constat est fait que souvent ce n’est pas le film le
plus « cinéphile » qui est choisi.
Le département Musique s’est également lancé dans une programmation participative, ce
qui a modifié la politique d’acquisition. Les films documentaires musicaux sont à présent
achetés avec les droits de prêt ET de consultation.
La grainothèque
La mise en place de la grainothèque a particulièrement retenu notre attention. La
grainothèque a été lancée en partenariat avec une association (Graine de troc) qui a donné
les premières graines et a proposé des ateliers.
L’objectif : protéger le patrimoine végétal local, créer un espace de partage et encourager la
participation des lecteurs. Pas d’objectif de conservation des graines. Les lecteurs prennent
des graines et en déposent. Le dépôt peut se faire en décalé. La boite de graines est
accessible librement, installée au milieu des livres. Aucun contrôle n’est fait de la part des
bibliothécaires mais aucun abus des lecteurs : ils jouent bien le jeu. L’accueil de la part du
public a été très positif. 6000 sachets ont été échangés en 1 an.
A quoi ça ressemble ? Une caisse de vin en bois récupérée qui a été customisée pour mettre
les graines (Graine de troc propose des modèles de boites). De la documentation fournie par
l’association (sur comment récupérer des graines, comment et quand les planter, etc…) Et
une table de présentation avec des bouquins sur le sujet. Des petites enveloppes pour
déposer les graines pour les lecteurs qui n’auraient pas de contenant pour les graines qu’ils
apportent.
l’Espace jeux vidéo
Il connaît un vif succès, contrairement à celui de Mériadeck. Durant l’Euro, Cabanis s’est
associé avec la ville de Toulouse et ont obtenu des places pour l’Euro à faire gagner. Dans
le cadre d’une soirée autour de la poésie et du football, nous avons reproduit cette animation
avec grand succès également.
71 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
72 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio Toulouse-Bordeaux ou l’aventure humaine en faveur
des bibliothèques (Fanny Lacaille38)
Le « TouBo » est ma première participation à Cyclo-biblio. En en entendant parler par une
collègue l’ayant fait l’an dernier, j’ai été séduite par le concept. Après participation, je suis
enchantée d’avoir fait partie de cette aventure.
Que dire dans ce texte voué à la mémoire écrite de Cyclo-biblio ?
Tout d’abord la richesse des rencontres :
Pédaler avec des bibliothécaires venus de la France entière et d’Europe, de BU ou
de BM mais aussi des "non-bibliothécaires" a permis d’échanger sur nos pratiques et
surtout d’étendre le champ des possibles.
Rencontrer les personnes nous accueillant dans leur bibliothèque, souvent
passionnées et avec des projets concrets.
Sans oublier les personnes rencontrées sur le trajet lors d’échange de flyers ou de
livres et ceux intrigués (parfois énervés) de voir passer un convoi d’une cinquantaine
de cyclistes en gilet jaune.
Ensuite la diversité des bibliothèques : certaines innovantes et dynamiques, d’autres plus
dans leur quotidien. Beaucoup de visites ont été remarquables. Pour n’en retenir que trois, je
citerai :
la Médiathèque Cabanis de Toulouse, pour la richesse des échanges que nous
avons eu lors de la matinée professionnelle et ses pratiques innovantes (les
télévisions donnant accès au programme TV, l’avis des usagers pour les
abonnements des revues, le café bricole...).
La Mémo de Montauban pour son accueil exceptionnel : la musique à l’arrivée, le
spectacle (d’autant plus apprécié que nous étions installés dans les transats), le
buffet... et bien sûr la matinée du lendemain qui nous a permis d’apprécier le projet
d’établissement.
La petite bibliothèque de Bruch, charmante grâce au choix et à l’aménagement du
mobilier idéalement pensé pour cet espace précis.
Je ne peux m’empêcher de citer les bibliothèques de Moissac et Montech pour leur intérêt
architectural ; les bibliothèques de quartier récentes telles que la médiathèque Flora Tristan
de Bordeaux et la médiathèque du Grand M de Toulouse rappelant l’importance
géographique d’établissements culturels.
Enfin, comment ne pas finir en saluant la qualité de l’organisation des étapes,
l’investissement de l’équipe organisatrice et celle des capitaines de route !
38
Je travaille en bibliothèque depuis 5 ans. Je suis actuellement responsable de la section jeunesse de la bibliothèque Jacqueline de Romilly (Paris, 18e arrondissement).
73 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Plus personnellement, je garderais en tête la satisfaction d’avoir parcouru en deux étapes
230 km (étant novice en la matière), la beauté du canal bordé de peupliers, les vignobles, la
traversée des grandes villes parfois stressante
Passer une semaine avec des gens passionnés, investis, afin de promouvoir les
bibliothèques, est une expérience nécessaire par les temps actuels pour rappeler que les
bibliothèques ont un rôle important à jouer dans la société.
74 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio 2016 en Brompton… (Marina De Ridder39)
Un(e)premier(ère)...
Cyclo-biblio
Randonnée en vélo de plusieurs jours
En Brompton40
Avant :
Beaucoup d'admiration pour les bibliothèques françaises : souvent au centre de la
politique culturelle locale ; des lieux ouverts, diversifiés, avec de l'espace, des
approches des différents publics,...
Pour des bibliothécaires investis dans leur rôle de « facilitateur » de la lecture, de
médiateur des collections (papier, numérique, musicale,...)
une vision de la bibliothèque en constante évolution.
Pendant Cyclo-biblio :
Une merveilleuse aventure humaine : par le biais des conférences, chacun juché sur
son vélo, conférences informelles, à géométrie variable en fonction de son coup de
pédale, de son envie du moment, des affinités qui se découvrent un peu à la fois.
Que de belles découvertes : à chaque bibliothèque qui s'ouvre à nous, une surprise,
un émerveillement, un moment de partage.
Et puis quel accueil ! Je me sentais comme un coureur du Tour de France, à la fin de
chaque étape, reçu comme un héros des temps modernes.
Je n'ai jamais autant mangé ! On a été régalés.
L’intérêt des ateliers avec les bibliothécaires du réseau, que ce soit à José Cabanis
ou à Mériadeck, même si le temps imparti était très court. Ce sont des moments
riches d'échange qui m'ont beaucoup apporté.
Un plus : les différentes générations de bibliothécaires réunies dans cette aventure et
la solidarité qui s'est construite jour après jour. Merci aux capitaines de route et à
l'organisation sans faille pour nous avoir concocté un programme de qualité.
Après :
L'envie de partager toutes les bonnes idées, d'initier de nouveaux projets, d'impliquer
les collègues dans ces réflexions
39
Marina De Ridder est bibliothécaire gestionnaire d'une bibliothèque d'une commune de 50 000 habitants du nord-ouest de Bruxelles. Et aussi, depuis quelques années bénévole à la bibliothèque de la prison des femmes de Forest. 40
Marque de vélo pliable (http://www.brompton-france.com/)
75 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La satisfaction d'avoir participé, jusqu'au bout, sans douleur à cette aventure
physique
Je suis confortée dans l'envie d'aller plus loin encore dans les initiatives pour faire
participer le public à la vie de la bibliothèque, aux projets, envie de diversifier notre
offre de services (entre autres pour l'espace public numérique).
Je suis revenue avec des photos, des dépliants, signets, et autres documents comme
autant de signes de « la bibliothèque idéale »
Encore merci, à Lara, et à chacun des organisateurs, aux capitaines de route…
Je reviendrai volontiers l'année prochaine,... sur mon Brompton.
76 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio : une édition communicative et communicationnelle (Emmanuelle Prévost41)
J’avais choisi cette année pour thème les catégories, C, B, A, qui nous hiérarchisent dans
notre travail et constituent, à mon sens, un système sclérosé et sclérosant.
Cette question est assez difficile à aborder, car il ne s’agit pas d’une critique interindividuelle,
mais de doutes sur un système que chacun, à sa place, représente.
Cette question peut être aussi assez subjective, selon l’affect dont elle est chargée
(sentiment d’échec ou de réussite), et délicate, car la division en catégories correspond à
des pouvoirs et des moyens totalement différents.
J’ai finalement peu débattu mon thème cette année à vélo, l’entendant quelquefois venir
dans les conversations ; j’ai surtout participé à Cyclo-biblio dans la réceptivité.
D’ailleurs, comme me le soulignait l’un de nos « capitaines » : « Le vélo gomme les
distinctions socio-professionnelles, comme autrefois les blouses grises à l’école ».
Donc, roulons ! Et prenons-y plaisir.
Or, cette conférence à vélo, la deuxième pour moi, je l’ai trouvée extrêmement riche :
équilibre entre BU et BM, qualité de l’accueil et des ateliers organisés par les collègues-
hôtes, grand intérêt des bibliothèques, médiathèques, lieux atypiques visités, des villes de
départ et d’arrivée.
Je l’ai trouvée aussi extrêmement chaleureuse et solidaire.
Des bibliothécaires aux personnalités différentes s’exprimaient avec conviction et arguments,
vivacité et passion.
Très belle organisation, portée par des capitaines toujours disponibles, toujours efficaces,
toujours souriants. Très bel itinéraire, plaisir du vélo au bord de l’eau, plaisir des pauses, des
pique-niques et des dîners, des rencontres.
Bref, le bonheur.
En ce qui me concerne, je mettrais surtout l’accent sur ce qui a été une initiation pour moi : la
communication en mode actuel, instantané.
Sans smartphone, je me suis senti analphabète. (C’est résolu).
De par ma génération, je me tenais à distance des réseaux sociaux, j’ai découvert des
bibliothécaires en action, c’est-à-dire aussi des professionnels de la communication.
41
Je suis, depuis cinq ans, Bibliothécaire assistante à la BIUSanté, bibliothèque interuniversitaire de médecine et de pharmacie, Paris V. Je travaille à la conservation partagée des périodiques médicaux (travail en réseau, élaboration d’une carte documentaire régionale, mutualisation des moyens). J’aime lire (Yves Bonnefoy, Julien Gracq, Antonio Lobo Antunes…), écrire.
77 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Articles en ligne écrits et envoyés chaque jour à Livres-Hebdo, photos, dessins et
commentaires partagés sur le vif sur Facebook, émission radio à partir d’interviews, album
photos-vidéos en commun sur Flickr…
Je dirais de l’édition 2016 qu’elle fut particulièrement communicative et communicationnelle.
Et c’est donc aussi un bonheur partagé de voir le réseau Cyclo-biblio s’étendre, ses ondes
se propager.
78 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
La rumeur du peloton (Gilles Russeil42)
Le long du canal - Photo de Sophie Bib
Cette année, pour ma troisième participation à Cyclo-biblio, j’ai eu une vision décalée de
l’aventure puisque j’y participais en tant que chauffeur de la voiture suiveuse et chargé des
ravitaillements. Si j’ai pu profiter de la majorité des visites et diverses présentations offertes
par les bibliothèques nous recevant, je n’ai parcouru que très peu de kilomètres à vélo avec
le peloton : une quarantaine, entre Le Bruch et Marmande, un après-midi ensoleillé le long
du canal latéral à la Garonne.
Après 3 éditions, je considère ces moments comme parmi les plus précieux que l’on peut
vivre au cours d’un Cyclo-biblio. Loin d’être des temps morts, ces heures passées ensemble
à pédaler à une vitesse moyenne de 15 km/h entre deux bibliothèques, deux villes, deux
moments emplis de visites et de rencontres symbolisent ce qui fait pour moi la singularité de
Cyclo-biblio. Les conversations et les confidences qui s’échangent au sein du groupe
permettent bien sûr de découvrir les autres participants, de s’enrichir de leur vision
nécessairement unique des bibliothèques. Mais la multiplicité des provenances, des âges,
des catégories, des types d'établissement crée surtout un kaléidoscope, un melting-pot
unique que le caractère inhabituel de la situation (être en short, en pleine nature, avec des
collègues que vous ne connaissiez pas quelques jours auparavant) rend encore plus
enrichissant. Pendant ces quelques jours, nous sommes en effet dans une sorte de bulle où
nous constituons une communauté construite autour de notre métier et des valeurs de
42
Je travaille à l’Université Bordeaux Montaigne où je suis responsable des bibliothèques de Lettres et Sciences Humaines. J’aime les voyages lents, les tourteaux fromagers et Pierre Lapointe.
79 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
partage qu’il est censé promouvoir. Les frontières habituelles se brouillent. Les repères
vacillent. Et alors la conférence en pédalant peut révéler tout son potentiel.
Ce jour-là donc, lorsque j’ai emprunté la bicyclette d’une participante acceptant de me
remplacer quelques heures derrière le volant, j’ai rejoint le peloton et j’ai plongé dans la
ramage des multiples conversations en cours. J’en ai entretenu quelques-unes bien entendu
mais j’ai aussi ouvert toutes grandes mes oreilles et en remontant le peloton ou au contraire
en ralentissant pour m’y faire absorber puis légèrement distancer quelques kilomètres plus
loin. J’ai pu laisser traîner mes oreilles et recueillir des bribes de cette grande discussion
sans borne qu’est avant tout Cyclo-biblio. Des paroles de passionnés, d’inquiets,
d’enthousiastes, de blasés, de fatigués, d’affamés :
...Tu vois, j’ai l’impression que quoi que je fasse, mes chefs s’en foutent. Et beaucoup de
collègues aussi. L’innovation n’a pas bonne presse chez moi...
...L’année dernière j’ai fait la via Rhona et cet été je pense que je vais refaire la Loire à vélo
mais dans l’autre sens…
... On va mettre en place à la rentrée des commissions d’acquisition avec les lecteurs. On
m’a dit que tu as ça dans ta médiathèque. Ça marche ?
...T’as des infos toi sur le projet SGBM ? J’ai un peu perdu le fil ces derniers mois…
...J’espère que ce soir ce sera copieux et qu’on va pas manger trop tard, je mangerai un
cheval là...
...Vous utilisez quels logiciels dans ta bibliothèque pour votre bibliothèque numérique ?....
...Il paraît que demain y a une côte TERRIBLE en fin de matinée !
...Je suis bénévole dans une bibliothèque de prison et j’y ai fait des rencontres
extraordinaires…
…Lara elle dort quand selon toi ?
…On a mis en place une grainothèque avec l’aide de l’association des jardins ouvriers et
développé un rayon nature dans la médiathèque…
… C’est ce soir le buffet à volonté dis ? J’espère !
Et puis nous avons donc dû quitter le chemin ombragé longeant le canal latéral à la Garonne
pour une route plus passagère peu propice aux échanges, et la rumeur du peloton s’est tu
pendant quelques kilomètres. Mais le soir, au restaurant, les discussions ont pu reprendre.
Et je vous rassure, le buffet était assez copieux pour répondre à l’appétit des participants.
80 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Le Toubo (Carmen de Miguel43)
L’espace était le sujet choisi et j’ai trouvé au cours de cette semaine de nombreux espaces
de bibliothèque.
La question du bruit et le silence était mon « problème » et j’ai recueilli quelques
indications à propos de cela.
Le vélo était mon véhicule et mon très bon vélo m’a ravi pendant une semaine.
Les espaces: comment les autres usagers, ceux d’ailleurs, utilisent leurs bibliothèques ?
Pourquoi y vont-ils ?
J’ai visité des espaces et des ambiances tellement confortables que c’est un plaisir de
passer son temps dans la bibliothèque. Des salles lumineuses, de jolis fauteuils, toutes
sortes de chaises et de tables… J’ai apprécié les bibliothèques proposant un jardin.
Comment envisager le sujet “bruit/silence” pour favoriser l’étude ? Bien sûr, la plupart des
nouvelles bibliothèques utilisent des matériaux qui absorbent une partie du son, sur les
plafonds, sur les murs, la tapisserie, et on peut trouver aussi du mobilier enveloppant. En
plus, il y a toujours des salles avec des niveaux de bruit toléré différenciés : plus souple ou
plus calme.
43
Carmen de Miguel travaille à la Bibliothèque "Reina Sofía" de l'Université de Valladolid (Espagne). Ses deux passions, vélo et bibliothèques, se sont rejointes grâce à Cyclo-Biblio.
81 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Et quand on ne peut pas garantir le silence, on a toujours les boules Quiès!! J’ai déjà prévu
de les mettre en œuvre, puisque c’est tellement facile !!
Espace et activités : les bibliothèques aujourd’hui ne servent pas seulement à prêter des
documents imprimés, c’est sûr. J’ai découvert au cours de cette semaine des idées
d’activités comme le mur d’idées et le prêt d’instruments de musique dans les médiathèques
de Toulouse, ou la diffusion du patrimoine via les réseaux sociaux et la figure de Montaigne,
les dessins pour l’expo de Tatous et le web-feuilleton en web proposés par la Médiathèque
de Bordeaux. Ces exemples m’ont semblé très intéressants et je voudrais essayer de m’en
inspirer, bien que nous soyons moins de 10 personnes à nous occuper du patrimoine dans
ma bibliothèque.
82 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Espace et personnel : Dans la plupart des bibliothèques, l’équipe de travail est assez
nombreuse et quand ce n’était pas le cas, on fait tout ce qu’on peut avec ce qu’on a.
J’ai bien aimé la campagne publicitaire au Centre de Ressources de Langues à Toulouse, où
les bibliothécaires sont les modèles utilisés sur les photos.
Espace et participants: 24h/24 pendant 7 jours, cela fait pas mal d’heures à passer
ensemble ! Mais c’est sans compter sur les contacts avant le voyage, à l’intérieur du groupe
et sur ceux qui continueront après. C’est un vrai “networking”. Et c’est un réseau d’une
cinquantaine de bibliothèques dans d’autres villes que celles qu’on a visité, où l’on pourra
peut-être aller un jour. L’ambiance que j’ai trouvée à Cyclo-biblio m’a paru fantastique !
83 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
84 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Bravo la Mémo ! (Odile Fagot44)
Comme lors des précédentes éditions de Cyclo-biblio, j’ai beaucoup apprécié l’alternance
entre les échanges avec les collègues et les visites des médiathèques.
Certaines ont plus attiré mon attention. C’est le cas de la médiathèque de Montauban, la
Mémo, première de mon parcours, puisque j’ai rejoint le groupe là-bas.
J’ai ressenti une équipe soudée et impliquée. Nous étions attendus et avons été
merveilleusement accueillis. J’ai trouvé l’équipement bien adapté aux animations, aux
usages des publics, et les collections bien mises en valeur.
L’organisation entre les niveaux 1 et 2 a retenu mon attention :
- « Les mondes imaginaires » comprennent la fiction, les BD, jeux vidéo, la musique et
le cinéma. La cabane des contes, modulable, est accueillante, même si l’ensemble
de l’étage reste assez froid.
- « Tous les savoirs du monde » est l’espace réservé aux documentaires et à
l’informatique. On y trouve aussi le labo Fablab, l’atelier informatique, et les cabines
d’auto-formation.
Les animations sont nombreuses, et surtout très variées. La plaquette d’informations, créée
par un graphiste sur place, donne envie.
Parmi les activités participatives, j’ai retenu :
44
Je travaille dans le réseau des médiathèques de la communauté d’agglomération Porte de l’Isère. J’y ai plusieurs casquettes : responsabilité d’équipement, mise en valeur des fonds, programmation de l’université populaire. Depuis cyclo-biblio, je fais de plus en plus de vélo, et je me régale ! J’ai aussi découvert une nouvelle activité, moins accessible dans ma région, mais géniale : le kayak de mer !
85 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
- Les activités « Clubbing » avec « l’Open atelier » pour rencontrer d’autres usagers de
l’atelier informatique, les ateliers patchwork et tricot, le « Kikakwa » où l’on échange
et partage objets et services, les discussions avec l’association Colibris, et le club de
lecture.
- La fête du jeu, en partenariat avec la ludothèque, les tournois de jeux vidéo.
- Les « rdv du Fablab » qui permettent de bricoler ensemble.
- Les « coding goûters » pour jouer avec des outils de programmation en famille,
autour d’un goûter.
- Le « café philo » pour adultes, où chacun peut s’exprimer, « philo et carto », pour les
8-12 ans avec création d’un dessin collectif.
J’ai également été très sensible au partenariat avec l’association Montauban Services qui
permet de faire venir les femmes du quartier (d’origine étrangère) à la médiathèque pour des
ateliers lecture qui associent plaisir et partage.
Bravo la Mémo !
86 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio ou comment emmener un groupe de Toulouse à
Bordeaux... (Elisabeth Canto-Collin45)
Pour moi Cyclo-biblio était une belle aventure humaine et une démonstration grandeur
nature de la force d’un groupe. Il est vrai que notre groupe était très motivé car engagé dans
cette aventure de sa propre initiative. Cette équipée, au-delà des différences, montre en 7
points comment emmener un groupe hétérogène vers un objectif commun :
1. L’objectif commun est formalisé très clairement : partir de Toulouse, arriver à
Bordeaux tout en visitant 15 bibliothèques. Au cours du voyage l’idée est d’en profiter
pour faire passer des messages sur les bibliothèques mais aussi pour échanger entre
collègues dans le cadre d’une « non-conférence » ;
2. Avoir une organisation d’enfer grâce à une super Présidente et son équipe et trouver
quelques volontaires partageurs pour l’accompagner dans sa mission ;
3. Motiver et emmener d’autres personnes moins sûres d’elles mais motivées par cette
belle histoire ;
4. Préparer le projet par des actions individuelles ou collectives, communiquer et
partager sur la préparation ;
5. Et c’est parti, laisser les plus inquiets émettre des doutes quant à leurs capacités à y
arriver tout en les rassurant et en les aidant ; laisser des portes de sorties, avancer à
un rythme accessible à tous ;
6. Récompenser à la fin ;
7. Débriefer, communiquer (en externe et en interne) sur le résultat et sur le plaisir
d’avoir participé à l’aventure.
Avant de partir, je me posais la question de la revalorisation de l’image de notre métier de
bibliothécaire. Je dois dire que la démonstration s’est faite naturellement au cours des 7
jours, des 380 km, des nombreux échanges, de nombreux partages et quelques fous rires !!!
J’espère pouvoir motiver à mon tour des collègues pour partager la prochaine aventure.
Je reviens aussi de Cyclo-biblio avec des nouvelles pistes professionnelles mais aussi et
surtout avec de nouvelles amitiés !!!
45
Je travaille actuellement au SCD de Paris Descartes : je suis responsable de la BU STAPS et responsable du service accueil des publics pour notre réseau de 10 BU. Je tente d’harmoniser les pratiques d’accueil, de fédérer notre réseau, de mettre en place des nouveaux services… Pour ce faire je navigue entre les 10 BU situées dans le centre de Paris et dans la proche banlieue Sud Ouest en vélo…
87 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
88 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Cyclo-biblio : du Design Thinking au Dreaming (Delphine Pillet46)
Je conçois Cyclo-biblio comme une forme de pratique du Design thinking, hors les murs.
Chaque participant arrive avec sa propre problématique. Il dialogue avec les autres, énonce
ou reformule ce dont il a besoin, ce qu’il cherche à développer. A travers les rencontres, les
visites, les ateliers, chacun tente de trouver une solution. Cyclo-biblio se compose des
bibliothécaires qui pédalent et de ceux qui les accueillent.
Les ateliers organisés dans les grandes médiathèques comme José Cabanis à Toulouse ou
Meriadeck à Bordeaux, représentaient pour moi l’occasion parfaite de pouvoir tester un
concept. Plusieurs petits groupes qui se réunissent autour de différentes problématiques.
C’est un moment privilégié d’échanges d’idées, de points de vue, de ses propres
expériences ou échecs. J’ai participé à trois ateliers.
Mon premier atelier à la médiathèque José Cabanis, portait sur les « murs d’expression ».
J’ai choisi cette thématique car il s’agit d’un projet que ma bibliothèque universitaire envisage
de mettre en œuvre. Proposer aux étudiants, aux usagers de la BU, de pouvoir exprimer
librement leur satisfaction ou mécontentement, suggérer des idées, des achats. Nous avons
même imaginé de pouvoir dialoguer avec eux en leur répondant directement sur le mur.
Cette idée n’étant encore qu’à l’état de concept, j’ai donc saisi l’opportunité offerte par Cyclo-
biblio de suivre l’atelier sur les « murs d’expression » afin de comprendre ce que peut
représenter matériellement la mise en place de ce genre d’outils de communication.
Le 2e atelier de la médiathèque José Cabanis auquel j’ai pris part abordait la question
délicate d’« emprunter un bibliothécaire ». Cette thématique m’intéresse tout particulièrement
puisque je suis amenée très régulièrement à donner des formations aux ressources
documentaires aux étudiants, de manière collective et individuelle.
La problématique portait sur la communication du service. Il semblerait que l’expression
« empruntez un bibliothécaire » a déplu à l’ensemble des agents de la médiathèque.
Comment présenter l’offre sans qu’elle soit dégradante ? Seules deux bibliothécaires sur tout
le service ont accepté de se prêter au jeu. Selon elles, la plupart des réticences sont liées
au contact en tête à tête avec le public. Néanmoins cette solution intervient pour répondre à
un problème récurrent du service public. Les agents ont constaté que les usagers les
prennent souvent au dépourvu par leurs questions. De surcroît en les accaparant trop
longtemps, ils perturbent le planning du service public. L’avantage de cette prise de rendez-
vous, c’est la possibilité de préparer la réponse et de cadrer le temps de l’intervention.
La solution unanime apportée suite au brainstorming de 15 minutes sur la question, est de
revoir la communication autour de ce service, de la reformuler afin de remotiver les agents
susceptibles d’y participer.
46
Delphine Pillet travaille à la bibliothèque de l'université Paris Dauphine en tant que technicien de recherche et de formation (ITRF). La médiation documentaire, le service public et la formation des lecteurs constituent ses principales activités professionnelles. Elle aspire secrètement à devenir un jour Capitaine de route Cyclo-biblio.
89 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Le 3e atelier suivi à la bibliothèque de Meriadeck à Bordeaux, portait sur la gestion de
conflits entre agents et usagers. Malgré un atelier un peu court, 10 mn, l’ensemble du groupe
a ressenti la complexité des difficultés vécues par l’équipe. Ce qui a retenu mon attention,
c’est la question de l’autorité des agents dans l’enceinte de l’institution et de ce qu’elle
devient hors les murs. Malgré une population difficile et hétérogène, les agents ne doivent
jamais oublier la limite de leur pouvoir. Adopter une attitude posée et respectueuse semble
être le plus sage. Les agents auraient besoin d’être formé à la médiation. De plus, selon les
contextes et la gestion des moyens financiers, la relation entre les bibliothécaires et les
usagers n’est pas la même.
A l’université Jean Jaurès de Toulouse (UT2J), les bibliothécaires se prêtent au jeu de la
communication. Ils se mettent en scène et produisent eux-mêmes, grâce aux presses
universitaires de Toulouse, des flyers, des marques pages et des affiches à leur effigie. Ils
orientent et informent ainsi leur public de leurs activités. Les bureaux sont intégrés dans les
salles de lecture en espaces semi ouverts. Le bruit est toléré et un distributeur gratuit de
bouchons d’oreilles est mis à la disposition des usagers. Il est même permis de manger. Les
règles sont plus souples pour être mieux respectées.
J’ai trouvé finalement l’illustration de ce que je cherchais depuis longtemps à la dernière
étape du TouBo. La médiathèque municipale de La Source au Bouscat, propose un plan
atypique de ses collections. Il est représenté sur le mur au dessus du bureau d’information à
l’entrée de l’unique salle de lecture. Il est reproduit par des pointillés noirs en relief sur le sol
et mène aux collections. J’ai imaginé ce système il a plusieurs années déjà avec un collègue
lors d’un brainstorming. Nos étudiants ne comprenant pas toujours où se trouvent les livres
et semblant parfois incapables de lire les informations signalées sur les murs.
90 Carnets de route – Cyclo-biblio 2016
Je l’ai imaginé et Cyclo-biblio m’a aidé à le trouver ! Emue, je pense à l’art des aborigènes
d’Australie, une de mes passions, sujet de mes études d’Histoire de l’Art. Le chemin du
Dreaming est tracé là devant moi avec la découverte de cette bibliothèque étincelante, d’un
blanc immaculé, belle comme un musée d’art moderne. Et tout au fond de cet espace, des
cabines de feutres telles des œuvres de Joseph Beuys abandonnées là, insolites. Et dedans,
oh surprise, mes compagnons de route épuisés mais le sourire béat d’avoir accompli tout
cela. Etre partie sur les routes aux reliefs inconnus, avoir côtoyé au jour le jour des
bibliothécaires, bibliophiles en tout genre, je voulais être confrontée à la réalité d’autres
perspectives de ma profession. C’est bel et bien fait et c’est la fin du TouBo !