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« LES ÉNIGMES DE L'UNIVERS »

Collection dirigée par Francis Mazière

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MARIANNE ANDRAU

FRANCHIR LA MORT

ÉDITIONS ROBERT LAFFONT PARIS

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© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1985 ISBN 2-221-04736-2

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« Voilà qu'il m'a de nouveau précédé de peu, en quittant ce monde étrange. Cela ne signifie rien. Pour nous physiciens croyants, cette séparation entre passé, présent et avenir ne garde que la valeur d'une illusion, si tenace soit-elle. »

Lorsque ALBERT EINSTEIN adressait, le 21 mars 1955, cette lettre à la sœur et au fils de son ami de toujours, Michel Besso, décédé quelques jours plus tôt, il ne lui restait lui-même qu'un peu moins d'un mois avant de dire adieu, lui aussi, à « ce monde étrange ».

Extrait de l'Esprit, cet inconnu. JEAN E. CHARON

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A V A N T - P R O P O S

POURQUOI ET COMMENT CE LIVRE A VU LE JOUR :

A mesure que j'avance en âge, je me dis : « Naturelle- ment, ma mort approche. » Mais ce n'est pas pour cela que j'ai entrepris d'écrire ce livre. C'est un vieux projet. Voilà une dizaine d'années que j'accumulais des documents le concernant.

Ce ne devait être d'abord qu'un relevé des façons curieuses dont la mort « par accident » advenait aux humains. Les faits divers des journaux fournissaient pour cela abondante moisson. Puis l'ambition me vint de faire « un grand livre sur la mort ». Très complet, étudiant ses différents aspects. J'aurais entrepris d'interroger tous ceux à qui leur mission ou leur destin en donne l'approche. Des infirmières aux croque-morts. Des médecins, des prêtres, aux embaumeurs, aux fabricants de cercueils ou de corbillards. Des couturières de « deuil » aux « loueurs » de draps mortuaires. Des gardiens de cimetière aux fossoyeurs. Des fleuristes aux fournisseurs de dalles funéraires. J'aurais été peut-être jusqu'aux assassins et à leurs victimes. Sans oublier les serveurs de repas d'enterre- ment. Cela faisait beaucoup de monde et m'aurait pris plus de temps que je ne pouvais en octroyer. J'ai renoncé devant l'ampleur d'une tâche que la nécessité de gagner ma vie avec ma plume écartait comme « sans rendement ».

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Dispensée maintenant de mes obligations alimentaires, j 'ai retrouvé (après une longue période de maladies et d'opérations), avec la masse de mes notes, la vigueur et le goût pour les tirer au clair. Le résultat, quant à l'étude de la mort, n'est pas celui prévu. Mais moi, j'ai découvert dans ce travail un regain d'activité et un intérêt nouveau pour l'existence. Depuis longtemps, j'avais affiché en grosses lettres dans mon bureau cet avertissement : « Ce jour est le premier de notre reste de vie. »

Il m'est revenu l'envie d'utiliser au mieux, à partir de chaque matin, ce temps de plus en plus précieux. D'autre part, à l'époque de Jean Carteret (cher à nos souvenirs de jeunesse), un groupe de jeunes philosophes avait discuté autour de lui, devant moi, d'un problème passionnant. L'un d'eux, parlant d'un écrivain qui venait de mourir jeune (je crois qu'il s'agissait d'Armel Guerne), avait déclaré péremptoirement : « S'il s'est laissé mourir, c'est qu'il n'avait plus rien à dire. »

Fraîchement émoulue alors de ma province natale et d'études de philosophie classique en Sorbonne, j'avais été quelque peu éberluée de cette affirmation audacieuse. Y réfléchissant plus tard, lorsque mes dispositions innées me tournèrent vers l'invisible, j 'adhérai à ce point de vue.

Cela pour dire qu'ayant atteint le 3 âge, je pourrais, au terme d'un livre sur la mort, nourrir la crainte superstitieuse de n'avoir plus rien à dire « après ». Ainsi finirais-je avec ma carrière d'écrivain, celle d'habitant de cette Terre. Si cela doit arriver, c'est que l'heure est venue, comme dit la Sagesse.

En fait, j'ai encore dans mes cartons plusieurs projets d'écrits (pour moi) passionnants. Le sujet sur la mort l'a emporté. Sans que je sache pourquoi. Nous verrons peut-être pourquoi. Du moins « vous » le verrez si je ne suis plus là. Ce serait que je n'avais donc plus rien à dire. Tout serait bien. E t même si j'éprouvais aujourd'hui une appréhension quelconque, ne pourrais-je me rassurer sur cette parole de l'abbé de Voisenon : « Il y aurait une grande mortalité si l'on cessait de vivre lorsqu'on n'a plus rien à dire ! »

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Après des années d'occultation du « grand sujet », il paraît que, brusquement, une floraison de livres sur la mort vient d'éclore. Un critique, chargé récemment par un magazine de faire l'analyse d'un certain nombre des derniers parus concluait : « Chacun devrait, au cours de sa vie, écrire un livre sur la mort. » Il semble que celui-ci sera le mien.

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I N T R O D U C T I O N

POSONS D'ABORD UNE QUESTION : QU'EST-CE QUE LA MORT ?

Quand nous pensons à la mort, ou que nous en parlons, nous croyons tous savoir à quoi correspond ce mot. Si on nous interrogeait, nous répondrions sans doute, après quel- que réflexion, qu'il s'agit là du phénomène advenu à un être préalablement vivant qui, soudain, a perdu définitivement le geste, la parole, le regard, le souffle, la chaleur que nous associons au mot « vie ». Ne demeure plus, étonnamment, qu'un bloc de chair inerte, glacé, muet qui, à partir de cet instant crucial, va se mettre à se décomposer.

De ce phénomène « mort », nous avons lu des descriptions, nous avons vu des images, à défaut de « réalités ». On nous a avertis que nous étions tous destinés, inexorablement, à en arriver là.

Pourtant, la mort reste profondément un mystère. Personne ne peut, aujourd'hui pas plus qu'hier, se vanter de savoir ce qu'elle est exactement.

Lorsque j'étais jeune j'avais lu, dans une revue 1 qu'un enfant avait posé cette question : « Où s'en va la lumière quand on souffle la bougie ? »

J'y ai souvent pensé devant le mystère de la mort. Encore que la réponse soit, ici, encore plus difficile à donner.

1. Qui, pourquoi, comment ?

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Nos scientifiques se reconnaissent ignorants

Nos savants ont progressé pour ce qui est de l'observa- tion, de la définition, de la mort matérielle. Ont été précisés, de mieux en mieux, les critères auxquels on peut faire confiance pour déclarer que toute « vie » a irrévocable- ment quitté un mourant. Cela n'est certes pas sans utilité. Seraient ainsi évités les cas d '« enterrés vivants », dont les sépultures anciennes nous apportent trop de preuves, et qui, paraît-il, étaient encore relativement nombreux au début de ce siècle. Mais pour ceux qui pensent qu'un être humain n'est pas seulement une combinaison d'éléments matériels avec laquelle il se décomposerait complètement, la « science » n'a encore rien révélé. Ce que nous pouvons appeler, d'un terme large, le « domaine invisible, ou spirituel » reste fermé.

Nos philosophes essaient de trouver...

Certains s 'expriment p a r des phrases sibyllines ; Platon : « Peut-être en réalité sommes-nous morts. Notre

vie présente, comme l'a dit Philolaüs, serait une mort et notre corps un tombeau. »

Euripide : « Qui sait si vivre est ce qu'on appelle mourir, et si mourir c'est vivre ? »

Feuerbach : « La mort est la mort de la mort ? »

Professeur Lecène : « J'ai toujours pensé que la mort était due à une inattention momentanée de la vie. La vie est naturelle à l'homme. S'il meurt, c'est au fond toujours de sa faute : s'il faisait suffisamment attention, il serait immortel. »

D'autres, bien sûr, font de vraies recherches.

La théorie de Max Scheler m'a particulièrement intéres- sée. Il fait une distinction entre la « personne » et ce que

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son corps en a exprimé dans les actes de sa vie, allant jusqu'à dire que s'il n'y avait, dans ces actes, aucun dépassement de « ce qui se voit », la personne vivante serait, en réalité, morte.

« De la mort, dit-il, on ne peut conclure que ceci : la scène où la personne s'exprimait, la façon dont son corps se "produisait" en une partie du monde physique se trouvent maintenant changées. On ne peut donc même pas conclure que les sentiments de la personne, qui s'exprimaient aupara- vant, ne s'expriment plus maintenant, car l'acte de s'expri- mer, à prendre la chose en principe et logiquement, pourrait avoir lieu aussi sans que " l'expression" soit "perceptible". »

« La seule conclusion légitime serait que l'expression et les actions de la personne nous sont devenues "inaccessibles" et, seulement pour cela, "incompréhensi- bles" . Car, en sa vie déjà, le corps, qui est maintenant en décomposition, n'était donné que comme le théâtre de son expression et de son action... Dès lors, que la personne après sa mort ne soit pas "visible" et "perceptible", cela prouverait-il quelque chose contre son existence ? Cela ne prouverait rien puisque, pendant sa vie, elle n'était pas visible et perceptible. Ce que nous voyions, alors, c'était ses jambes, ses muscles, sa tête, mais nous ne nous intéressons à cela que comme anatomistes, comme médecins. S'il existe des lois spirituelles autonomes, qui ne sont pas rattachées aux lois vitales par un lien d'essence mais seulement de facto, il faut admettre que les actes spirituels de la personne continuent à s'accomplir, même quand les lois biologiques déterminent la mort de l'organisme et que ces actes ne cessent point tant qu'un principe interne se trouvant dans la personne même ou l'intervention d'une puissance supérieure à la personne ne met pas fin à leur existence. Passer de vie à trépas est encore, en quelque sorte, une action de l'être vivant lui-même. »

Scheler rattache sa théorie à celles de deux autres philosophes :

Kant voit, devant lui, cette tâche morale infinie que pose l' impératif catégorique et, par suite, accepte comme une

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exigence rationnelle la nécessité d'admettre une survie personnelle pour que l'homme puisse satisfaire pleinement à ses obligations morales.

Goethe, lui, saisissant « l' excédent de force de son esprit », qui ne peut déployer son activité créatrice dans les limites de la vie terrestre, acquiert la conviction qu'il doit subsister après la mort. « Ceux qui n'espèrent pas en une autre vie sont déjà morts dans celle-ci. »

« J'ai la ferme conviction que notre esprit est d'une essence, d'une nature absolument indestructible. La convic-

tion de notre immortalité vient uniquement de l'idée d 'activité. »

Pour Goethe, la mort elle-même est un acte d'indépendance. « Le moment de la mort arrive à l'instant précis où la

monade principale relève de leur fidèle service celles qui ont été jusque-là ses subordonnées. »

Schopenhauer dit succinctement : « Le suicide ne dénoue rien, la mort n'étant pas un absolu anéantissement. »

Les Religions seules affirment détenir la vérité sur la mort.

Elles sont pour cela les détentrices de traditions orales ou écrites, ou même de « révélations » directes faites par leur Dieu, avec ou sans intermédiaire.

Unanimes, les religions rejettent l'hypothèse purement matérialiste. Pour tous les croyants, la mort consiste dans la séparation d'une âme (ou d'un esprit) qui abandonne le corps auquel elle était liée pendant la vie. Celui-ci pourrira, tandis que l'âme s'en va poursuivre « ailleurs » son existence.

LA MORT N'EST PAS PLUS MYSTÉRIEUSE

QUE LA NAISSANCE

Si nous voulons bien y songer, la naissance est aussi un mystère. Tout autant que cette mort à laquelle elle est

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indissolublement liée. Nous restons interloqués devant cha-

que disparition définitive d'un être vivant. Nous nous sentons alors obligés de nous poser bien des questions. Pourquoi, en revanche, à son apparition, sa « naissance », nous paraît-elle « naturelle », sans problèmes quant à son origine ?

Ici aussi, les scientifiques sont muets.

Serait-ce une explication suffisante (hors l 'ordre directe- ment matériel) que d'invoquer cette rencontre de deux cellules, mâle et femelle, ovule-spermatozoïde, pour ce qui advient ensuite ? Tout un organisme particulier va se développer « de lui-même », parasite seulement d 'un autre (la mère). Ainsi surgi (de quel « en deçà » ?) embryon, puis fœtus, un petit « humain » finalement apparaît à la lumière. Ayant seulement besoin de s'achever. Apte désormais à respirer seul, à crier, à se déplacer, réfléchir, aimer, agir, devenir « complet » : ce que nous appelons vivre. Pour, au bout d'un temps plus ou moins long, faire le chemin inverse, disparaître à l'envers (ce que nous appelons mourir).

Le moment de la naissance, avec l '« en deçà » de la vie, pose autant de questions que celui de la mort , avec son « au-delà ».

Or, sur l'« avant » de la naissance, les scientifiques ne semblent pas se poser de questions. Tout au plus cherchent- ils, uniquement dans le domaine matériel, quelques préalables. Les chromosomes, les gènes leur fournissent des indications sur l'hérédité paternelle et maternelle qui contribue aux caractéristiques de l'enfant. Ils parviennent à étudier les réactions du fœtus pour savoir si, dans le ventre de sa mère, il entend, il distingue déjà les voix, les musiques : s'il ressent des émotions. Mais, qui ressent tout cela ? E t quelle conscience ? E t où était-elle « avant » ? La science bute sur cet « en deçà ».

Pourtant, beaucoup de bons esprits y ont songé :

Marc Aurèle : « La mort, comme la naissance, est un mystère de la nature. » « Je n'ai pas eu conscience

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du moment où d'abord j'ai franchi le seuil de cette vie. »

« Quel fut le pouvoir qui m'a fait éclore à ce vaste mystère, comme une fleur s'ouvre à minuit dans la forêt ? »

« Lorsqu'au matin, mes yeux se sont ouverts à la lumière, j'ai aussitôt senti que je n'étais pas un étranger sur cette terre et que, sous la forme de ma mère, l'inconnaissable sans forme et sans nom m'embrassait. »

« Ainsi, de même dans la mort, le même inconnu m'apparaîtra, comme si je l'avais connu toujours. Et parce que j'aime cette vie, je sais que j'aimerai la mort aussi bien. »

« L'enfant gémit lorsque la mère le retire de son sein droit, pour un instant après trouver consolation dans le sein gauche. »

Goethe : « De même que la naissance, je considère la mort aussi comme un acte spontané de la monade principale (de l'être humain) dont l 'essence propre nous est complètement inconnue. Il va de soi que cet acte ne se produit pas arbitrairement, mais en conformité stricte avec des lois, et il est évident qu'il n'a rien à voir avec les actes volontaires. »

Maurice Maeterlinck : « Accoutumons-nous à considérer la mort comme une forme de vie que nous ne comprenons pas encore... Il est tout à fait raisonnable et légitime de se persuader que la tombe n est pas plus redoutable que le berceau. »

Douglas Home : « La mort est la seconde naissance de l'homme. »

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Première partie

QUI GOUVERNE NOTRE MORT ?

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I.

Q U I G O U V E R N E N O T R E M O R T P O U R L E S M E U R T R E S D E « D É T A I L »

UN PERSONNAGE FANTASQUE ?

Ne sachant comment définir la mort exactement, nous aimerions apprendre tout de même le maximum de choses au sujet de cet événement de « premier plan » de nos existences. Nous en venons à nous demander : qui en est responsable, qui la gouverne ? Il semble y avoir plusieurs réponses évidentes :

Dans les morts dites « naturelles », le responsable apparaît comme un processus mécanique ou physiologique.

Il y a deux sortes de morts naturelles. La première, la plus rare, est celle qui advient tout

simplement par usure, semble-t-il, apportant un terme, peut-être prévu dès sa construction, du « mécanisme humain ». C'est une mort, ainsi programmée, qui se passe généralement sans souffrances.

La deuxième sorte de mort naturelle, vient de ce qu'intervient, apparemment, un dérèglement dans la mécanique. Les maladies sont là pour expliquer des morts à mi-chemin ou à quart de chemin d'une « espérance normale » de vie (comme l'on dit maintenant).

Pour les esprits scientifiques il n'y a pas lieu, dans ces cas-là, de chercher plus loin. Pour les autres... ? Eh bien, les autres peuvent toujours s'amuser à trouver des responsables plus attrayants pour un phénomène qui ne l'est pas au premier abord.

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Si le responsable de notre mort était un personnage ? Fantasque ?

Les morts par accident frappent toujours l'imagination. Et nos journaux, les comptes rendus des faits divers, nous en détaillent volontiers les circonstances.

Intriguée, dès le premier abord, par un certain nombre de coïncidences, d'enchaînements imprévus, d'étrangetés dans les récits d'accidents, j'ai eu l'idée d'en réunir les documents, de les classer pour voir si quelque vérité inattendue, peut-être passionnante, ne sortirait pas de leur confrontation. Et c'est là que j'ai cru deviner dans la façon dont ces morts étaient conduites, réparties, une volonté extérieure, fantasque, qui menait les choses « à sa façon », et nous les « administrait » sans que nous nous en rendions compte. Un être plus puissant que nous (hélas !), mais vaguement à notre ressemblance, déciderait de notre fin suivant son humeur ?

L'antiquité a personnifié la mort

Elle figurait en personne, fille de la nuit et du sommeil parmi les dieux du Panthéon. Généralement féminine, bien qu'il y eût quelques exceptions, tel Thanatos, le célèbre génie ailé des Grecs. Atropos, l'aînée des trois Parques, chargée de couper le fil de la vie, était une belle jeune fille. Même lorsque Michel-Ange la peignait vieille et laide, elle restait femme. Chez les Scandinaves, Halya ou Hel, qui ramasse les morts, est encore une déesse.

La mort serait-elle donc féminine ?

Le fait que, dans nos langues européennes, le mot mort est féminin, influence évidemment notre façon de concevoir cet être mystérieux (si « être » il y a).

Nous parlons forcément d'« elle ». Nous l'appelons la dame de l'aube. Le grand vieillard barbu ou le squelette

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armé d'une faux (apparu dans l'imagerie du Moyen Age) n'est que son aide, Chronos, le Temps. Or, après avoir surveillé en cachette le comportement de notre mort-personnage, il semble que nous allons lui découvrir, en effet, ce que l'on définissait au siècle dernier comme le « véritable caractère féminin ». Nous la voyons changeante (en apparence tout au moins), prenant des déterminations successives, contradictoires. Elle peut sembler, certains jours, habile, hypocrite, calculatrice, voire cruelle. Mais, d'autres fois, fantasque, fantaisiste jusqu'à l'humour (noir, bien entendu). C'est tout juste si elle ne nous amuserait pas. On le lui pardonnerait lorsque, de façon inattendue, elle se montre miséricordieuse. Cependant, en accordant quelques défauts à une mort- femme, ne nous mettons pas immédiatement à dos les ligues féministes. Laissons le doute planer sur le sexe véritable de cet être que l'on a pu aussi appeler l'ange de la mort (ce qui n'apporte sur le point litigieux aucune certitude). Disons seulement que, pour la commodité de notre langage, nous restons obligés d'utiliser le féminin en parlant de la mort-personnage.

Souvenons-nous seulement que d'autres ont pu l'imaginer autrement :

Théophile Gautier en a dit : « La Mort est multiforme, elle change de masque et d'habit plus souvent qu'une actrice fantasque. »

En 1830, Grandville a publié un Voyage pour l'éternité, « service général des omnibus accélérés, départ à toute heure et de tous les points du globe ». La Mort y est représentée sous la forme et le costume d'un postillon, d'un horloger, d'un apothicaire, d'un cuisinier, d'une courtisane.

La mort est parfois aussi nommée la camarde parce que, en analogie avec le squelette dépourvu de nez, on veut l'imaginer avec un nez plat et écrasé.

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Ceux qui l'ont vraiment vue gardent leur secret :

Le prince de Ligne, sur son lit de mort, s'écria : « Fermez la porte, je la vois entrer ! » Et il se dressa, saisissant son épée.

Quatre jours avant sa mort, ma mère (95 ans), qui avait « perdu la tête », a soudain désigné un point, au milieu de sa chambre : « Vous la voyez, elle est là, la mort ! »

Tandis qu'on dérangeait le président Bouhier dans son agonie, il dit : « Chut ! j'épie la mort. »

Malheureusement, aucun d'entre eux n'a décrit ce qu'il voyait.

Bref, quelle que puisse être son apparence (si « elle » apparaît jamais), la mort « fantasque » semble trahir un caractère particulier et des intentions parfois bizarres à travers les circonstances étonnantes (révélatrices) des accidents, qui semblent provoquer, matériellement, notre mort.

Les faits divers des journaux suffisent à nous fournir dans ce domaine une solide documentation. Il m'a paru intéressant, après les avoir collectés, de les classer, de les analyser, d'essayer d'y découvrir quelques traces de cette vérité qui nous est cachée 1

1. Il n'était pas possible de reproduire, en un seul livre et dans tous leurs détails (noms, dates, heures, lieux), les exemples retenus au cours d'années d'observation. Mais pour les curieux, ou les sceptiques qui auraient le désir de se renseigner davantage, je garde à leur disposition tous les documents (en grande partie coupures de journaux) conservés dans mes dossiers.

Bien entendu, pour nous aider à conclure, il n'existe pas de statistiques sérieuses (pourrait-il en exister vraiment une qui ait relevé, sérié les cas ; les rattachant sans discussion à ce qui pourrait être une cause générale ?).

Malgré tout, dans les trouvailles de ce travail, il existe peut-être des occasions de s'attarder, de réfléchir, de comprendre un peu.

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LES SIGNES QUE NOUS FAIT LA MORT

a) PRENEZ-Y GARDE, JE M'ANNONCE :

Par des spécialistes (prédictions)

La mort, il est vrai, semble parfois faire à l'avance un signe qui devrait nous prévenir, si nous y étions attentifs. Cet avertissement s'adresse le plus souvent aux proches, plutôt qu'à celui directement menacé. De toute façon, reste-t-il, à ce moment-là, une possibilité de changer le programme ? Il ne le semble pas. La mort annoncée advient généralement malgré les précautions prises.

Pourtant, à toutes les époques, les humains, anxieux de leur destin, ont fait appel à des « professionnels » du futur. Ceux-ci étant (sont encore) censés « en savoir plus long », et découvrir la vérité cachée dans les symboles des tarots, du marc de café ou des étoiles.

Il ne faut pas nier que certains individus possèdent pour cela un « don ». Même si d'autres utilisent seulement une science rudimentaire pour soutirer de l'argent à leurs clients.

On y croit ou on n'y croit pas. Ils tombent juste, ou ils se trompent. Cependant, sans remonter jusqu'à Nostradamus (sujet à tant d'interprétations), on peut donner quelques exemples de prédictions de mort qui se sont réalisées :

L'astrologue Asclétérion osa prédire la mort prochaine de Domitien. Le tyran lui demanda s'il pouvait prédire la sienne. « Oui, je dois être dévoré par les chiens », répondit-il. Pour le faire mentir, Domitien ordonna qu'on le tue et qu'on brûle son corps. Or, un orage éclata, éteignit le bûcher, et le voyant fut mangé par des chiens affamés.

Lorsque Cinq-Mars fut exécuté, on pensa qu'une prédiction de Nostradamus s'était réalisée. La voici, fondée sur un jeu de mots :

« Quand bonnet rouge passera par fenestre A quarante onces (cinq marcs) on coupera la tête. »

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Agrippine, mère de Néron, consulta les devins sur le sort de son fils qu'elle voulait mettre sur le trône. Les devins lui dirent, paraît-il : « Néron régnera mais tuera sa mère. » Cela arriva.

Dans le dictionnaire de police de Des Essarts, on trouve l'histoire d'une jeune fille à qui une sorcière prédit qu'elle serait pendue. Cela lui fit un tel effet qu'elle en rêva et mourut l'année suivante.

Quelques exemples de nos jours :

Réjane, célèbre voyante du début de ce siècle avait prédit pour une date bien déterminée la mort de Churchill. Les faits lui donnèrent raison.

Un autre voyant, Mario de Sabato, avait annoncé de façon précise la mort de Martine Carol, et Anne Criss (la pythonisse de Jean Cocteau) avait aussi annoncé en décembre 1966 que Martine Carol mourrait en 1967.

La même annonça en janvier 1967 la fin tragique des cosmonautes américains.

Trois d'un coup. Aux USA, en 1966, une jeune fille de 23 ans, Jane, mourait à l'hôpital sans qu'on sût de quelle maladie elle souffrait et sans qu'on puisse la sauver.

A son médecin en qui elle avait confiance, elle a raconté : le jour de sa naissance, un vendredi 13, dans un hôpital local des marécages d'Okefenokee, un des coins les plus arriérés de la Floride, deux autres mamans avaient accouché chacune d'une petite fille. La sage-femme déclara : « C'est un jour maléfique. A cause de cela, vos enfants seront maudits. » Se tournant vers l'une des mères, elle déclara : « Votre fille mourra avant son 1 6 anniversaire. »

Et à la mère de Jane : « Elle ne terminera pas sa 2 3 année. »

Les filles grandirent. Leurs mères ne pouvaient oublier la terrifiante prédiction. Tandis que la première des filles

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approchait de la date fatidique, sa mère redoubla de p r é c a u t i o n s . V a i n e m e n t . L a v e i l l e d e s o n 1 6 a n n i v e r s a i r e ,

l a j e u n e f i l l e a c c e p t a d e s o r t i r e n v o i t u r e a v e c s o n a m i .

I l s e u r e n t u n a c c i d e n t , e l l e f u t t u é e .

L a d e u x i è m e c o n d a m n é e v é c u t d a n s l a t e r r e u r j u s q u ' a u

j o u r d e s o n 2 1 a n n i v e r s a i r e . C o n v a i n c u e q u e , c e j o u r - l à ,

l a m a l é d i c t i o n é t a i t l e v é e , e l l e d é c i d a d e f ê t e r l ' é v é n e m e n t .

E l l e s o r t i t a v e c u n d e s e s c a m a r a d e s . A l ' e n t r é e d u c a f é

o ù e l l e s e r e n d a i t , i l y a v a i t u n e r i x e . D e s c o u p s d e f e u

f u r e n t t i r é s . T a n d i s q u ' e l l e f u y a i t p o u r n e p a s ê t r e p r i s e

d a n s l a b a g a r r e , u n e b a l l e p e r d u e v i n t l a f r a p p e r e n p l e i n

f r o n t .

« M a i n t e n a n t , d i t J a n e a u m é d e c i n , c ' e s t m o n t o u r , c a r

j e v a i s a v o i r 2 3 a n s d a n s q u e l q u e s j o u r s . J e s a i s q u e j e v a i s

m o u r i r . » L e m é d e c i n a p p e l a à s o n s e c o u r s u n d e s e s

c o l l è g u e s q u i a v a i t é t u d i é l e s p r a t i q u e s v a u d o u a u N i g e r i a .

I l é t a i t c o n v a i n c u q u e l a j e u n e f e m m e m o u r r a i t d e p e u r

s o u s s e s y e u x , v i c t i m e d e t r a d i t i o n s a n c e s t r a l e s . I l t e n t a

d e c o n v a i n c r e l a m a l a d e q u ' e l l e n ' a v a i t r i e n à c r a i n d r e . E n

vain. Deux jours avant son 2 3 anniversaire, elle mourut à son tour. Prédiction accomplie.

Espoir prématuré. M. Marcel B.B., publiciste bien connu à Paris, a perdu sa fille dans des circonstances tragiques. Elle s'est tuée en voiture sur l'autoroute de l'Ouest le soir du 31 décembre alors qu'elle se rendait chez des amis pour réveillonner.

Or, son père, ce soir-là, lorsque les horloges sonnèrent minuit, poussa un grand soupir de soulagement. En effet, une cartomancienne lui avait prédit, pour l'année qui s'achevait, un très grand malheur. Au dernier coup de minuit, la nouvelle année commençait. La prédiction ne s'était donc apparemment pas réalisée. Hélas ! une demi-heure après, arrivait la nouvelle de la mort de la jeune femme. Elle s'était donc bien tuée durant l'année maudite.

A propos des prédictions « astrologiques » concernant la mort.

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Le savant philosophe Raymond Abellio a bien voulu répondre à des questions de Jean Cau (dans Match) :

Jean Cau : « Est-il possible de prédire (par les astres) la mort individuelle ? »

Raymond Abellio : « Cette prédiction pose à l'astrologie un problème tout à fait à part. C'est que les aspects dits "mortifères" sont innombrables, et que toute vie en connaît une importante suite avant que l'un d'eux devienne effectif. Prédire une mort individuelle cesse dès lors d'être un problème d'astrologie "scientifique" pour devenir un problème de voyance. Tout au contraire, je l'ai expliqué aussi dans mon roman, je suis persuadé que la mort collective (par exemple, la destruction atomique d'une grande ville) est, astrologiquement, par ordinateur, tout à fait prévisible. Il suffit de mettre dans l'ordinateur les dates de naissance d'un échantillon suffisamment stable de la population et de confronter cet ensemble aux situations astrales "mortifè- res". Ce qui, dans le cas des individus, n'est pas prévisible, devient statistiquement possible. »

Il y a des gens qui prédisent « juste » un peu « par hasard » ?

Coligny dit un jour à Henri IV, blessé, qu'il était un peu trop diplomate : « Aujourd'hui, vous n'avez trahi que de la bouche, quand vous trahirez du cœur, vous serez blessé au cœur. » A quelque temps de là, le roi était assassiné par le poignard de Ravaillac.

Népomucène Lemercier, académicien, avait déclaré : « Jamais je ne voterai pour Victor Hugo. » Dumas répliqua : « Prenez garde, vous ne lui avez pas donné votre voix, mais il y a une chose que vous serez obligé de lui donner quelque jour : c'est votre place. » La prédiction se réalisa : trois mois plus tard, Lemercier mourait et Hugo obtenait son fauteuil.

Le prêtre Claude Bernard, qu'on nommait en Bourgogne le « fou de Dieu », accompagnait les condamnés à leur

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Achevé d'imprimer le 25 juillet 1985 par Maury-Imprimeur S.A.

45330 Malesherbes

Dépôt légal : septembre 1985 N° d'édition L 361 - N° d'impression : B 85/16265