« l’accès à l’eau potable

169
« L’accès à l’eau potable dans les squats : Rendre visible l’invisible » Mémoire de recherche - Master 1 Gestion des Territoires et Développement Local Institut National Universitaire JF Champollion - Albi Membres du jury : Madame Lydie Launay (Maître de conférences en Sociologie, INU Champollion, membre du Cers) et Monsieur Mathieu Vidal (Maître de conférences en Géographie et Aménagement, INU Champollion, membre du LISST-Cieu). DUCOURNAU Lisa UE84 - Mémoire de recherche Année 2017-2018 Professeur référent : Madame Lydie Launay, Maître de conférences en Sociologie, INU Champollion, membre du Cers. Prise à Bègles le 23/05/18, Lisa Ducournau

Upload: others

Post on 20-Jun-2022

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: « L’accès à l’eau potable

« L’accès à l’eau potable

dans les squats : Rendre

visible l’invisible »

Mémoire de recherche - Master 1 Gestion

des Territoires et Développement Local

Institut National Universitaire JF Champollion - Albi

Membres du jury : Madame Lydie Launay (Maître de conférences

en Sociologie, INU Champollion, membre du Cers) et Monsieur

Mathieu Vidal (Maître de conférences en Géographie et

Aménagement, INU Champollion, membre du LISST-Cieu). DUCOURNAU Lisa

UE84 - Mémoire de

recherche

Année 2017-2018

Professeur référent :

Madame Lydie Launay,

Maître de conférences

en Sociologie, INU

Champollion, membre

du Cers.

Prise à Bègles le 23/05/18, Lisa Ducournau

Page 2: « L’accès à l’eau potable

1

Page 3: « L’accès à l’eau potable

2

SOMMAIRE

Remerciement .......................................................................................................................... 3

Avant-propos ............................................................................................................................ 4

Liste des acronymes ............................................................................................................... 5

Liste des figures et des cartes ............................................................................................... 7

Introduction ............................................................................................................................... 8

1. Choix du sujet et annonce de la problématique ..................................................... 8

2. Questionnement et annonce des hypothèses ......................................................... 9

3. Choix du terrain : Bordeaux et Bègles .................................................................... 10

4. Choix de la méthodologie ......................................................................................... 12

Partie I - Contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau potable et les oubliés de

l’eau en France, le cas de Bordeaux métropole ............................................................... 19

A. La gestion de l’eau au sein de Bordeaux Métropole ........................................... 19

B. Du concept d’accès à l’eau potable à sa distribution .......................................... 25

C. Rendre visible l’invisible : les oubliés de l’eau en France .................................... 29

Partie II - Axe de recherche : de la sociologie urbaine au cadre situationnel des

squats en milieu urbain ......................................................................................................... 33

A. Les difficultés de logement, entre précarité et exclusion sociale ....................... 33

B. Habiter en marge dans l’espace en milieu urbain, le cas des squats ................ 36

C. Les enjeux et conséquences de ce mode de vie sur les populations ............... 44

Partie III - Focus sur les populations immigrées : entre mobilisation et stratégies de

vie au quotidien ...................................................................................................................... 52

A. Le constat des conditions de vie dans les squats de Bordeaux Métropole ...... 52

B. Etre squatteur, d’une stratégie de vie au quotidien ............................................. 60

C. D’une volonté individuelle à la mobilisation collective ......................................... 69

Conclusion .............................................................................................................................. 76

Bibliographie ........................................................................................................................... 79

Annexes ................................................................................................................................... 83

Page 4: « L’accès à l’eau potable

3

Remerciement

Je tiens tout d’abord à remercier ma professeure référente Madame Lydie Launay,

maître de conférences en sociologie. D’une part, pour m'avoir notamment fourni de nombreux

conseils, puis d’autre part, pour m’avoir suivi tout au long du mémoire de recherche.

De même, je souhaite remercier Monsieur Mathieu Vidal, membre du jury et maître de

conférences en Géographie et Aménagement.

Je remercie également l’association Dynm’eau, avec Monsieur Théo Andrieux et Monsieur

Maxime Ghesquière, pour leur accueillent et pour avoir porté un intérêt particulier à cette

recherche.

Par ailleurs, je souhaite tout particulièrement remercier les structures, notamment Médecins

du Monde Aquitaine avec Monsieur Morgan Garcia, la Direction de l’eau avec Monsieur

Mickael Mora, le squat du Squid, ainsi que le GIP avec Madame Anna Kolibarova et Monsieur

Dadvid Dumeau, qui ont contribué à l’élaboration de recherche, qui m’ont accueilli et qui m’ont

transmise de nombreuses informations.

Je tiens aussi à remercier toutes les personnes m’ayant permis de mener à bien cette

recherche et plus particulièrement, les squatteurs que j’ai pu rencontrer dans les squats de la

Ruche, du Squid et aussi celui de Bègles..

Page 5: « L’accès à l’eau potable

4

Avant-propos

« Si l’eau est un droit, il faut assurer le respect du droit de tous à

l’eau qui dès lors est considérée comme faisant partie du patrimoine

commun de l’humanité. C’est le droit des gens qui passe avant tout.

Mais l’eau est aussi un besoin, elle devient une marchandise comme

les autres, quelque chose qu’on achète si on en a les moyens ; et

personne n’a de droit sur une marchandise. Le client satisfait son

besoin moyennant paiement. » En finir avec la guerre contre les

pauvres, Paul Muzard, Le temps des cerises, éditeurs, 2000.

Muzard dans cette citation met en avant le fait que l’eau est tout d’abord un droit pour

l’humain, ça fait aussi partie de notre terre. De plus, elle constitue pour l’humanité un

patrimoine, car nous le savons nous sommes tous dépendant de l’eau, elle nous compose à

près de 70%, c’est un besoin. A l’inverse, l’eau peut aussi créer des conflits et des tensions

au sein de nos sociétés alors nous sommes censés la partager. On peut parler dans ce sens

de l’eau « marchandise », l’appropriation et de l’accaparement de la ressource en eau. Celle-

ci peut provoquer aussi des mouvements de populations notamment dû à la sècheresse dans

certaines régions du monde. Ainsi, elle constitue et constituera à l’avenir un enjeu pour notre

planète. Cette recherche tente d’apporter un nouveau regard sur les squats et la situation des

occupants. De même, celle-ci tente de montrer que les ressources vitales, telles que l’accès à

l’eau potable, peuvent être un facteur aggravant de la condition, de la situation des occupants

dans les squats. Nous essaierons donc dans ce cadre, de travailler sur la problématique

suivante : « En quoi l’accessibilité inégale à l’eau potable des populations vivants dans les

squats constitue-t-elle un facteur aggravant de la précarisation et de l’exclusion dans la

métropole bordelaise ? Le cas des immigrés. » Ces pages vont donc témoigner de trois

aspects, l’un sur l’accès à l’eau potable et les oubliés de l’eau en France, le cas de Bordeaux

métropole. Un autre sur la sociologie urbaine jusqu’au cadre situationnel des squats en milieu

urbain. Puis le dernier sur les populations immigrées dans les squats : entre mobilisation et

stratégies de vie au quotidien.

Muzard in this quote emphasizes the fact that water is first and foremost a human right,

it is also part of our land. In addition, it is a heritage for humanity, because we know we are all

dependent on water, it makes us up to 70%, it is a need. On the other hand, water can also

create conflicts and tensions within our societies so we are supposed to share it. We can speak

in this sense of water "commodity", appropriation and grabbing of the water resource. This can

also cause population movements especially due to drought in some parts of the world. Thus,

it constitutes and will constitute in the future an issue for our planet. This research tries to bring

a new look at the squats and the situation of the occupants. Similarly, it tries to show that vital

resources, such as access to drinking water, can be a factor aggravating the condition, the

situation of occupants in squats. In this context, we will try to work on the following problem:

"In what way is the unequal access to drinking water of the living populations in the squats an

aggravating factor of precariousness and exclusion in the Bordeaux metropolis? The case of

immigrants. These pages will therefore testify to three aspects, one on access to drinking water

and the forgotten water in France, the case of Bordeaux metropolis. Another on urban

sociology to the situational framework of squats in urban areas. Then the last one about the

immigrant populations in the squats: between mobilization and strategies of daily life.

Page 6: « L’accès à l’eau potable

5

Liste des figures et des cartes

Figure 1 : Matrice CAPE des profils types d’acteurs « ressource » interrogés lors de l’enquête

qualitative. Inspiré des travaux de Vincent Piveteau (ENGREF).

Figure 2 : Tableau de l’évolution des politiques de l’eau de la fin du 19ème siècle à nos jours

(M1 GTDL).

Figure 3 : Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : une urgence humanitaire, éditions Johanet,

2012, Paris.

Figure 4 : Borne fontaine, rue du Puits Descazeaux à Bordeaux.

Figure 5 : Relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires (2016). The

Influence of Urbanization Modes on the Spatial Circulation of Flaviviruses within

Ouagadougou.

Figure 6 : Échelle de niveaux de service en eau potable (raccordé au réseau public), 2011.

Figure 7 : Typologie des différents « types » de publics invisibles accompagnée de leurs

facteurs explicatifs (2014). . Rapport final de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy et

Pauline Kertudo.

Figure 8 : Différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et

d’inclusion (2014). Source : Véronique Le Chêne et Pascal Plantard, « Les perspectives d’e-

Inclusion dans le secteur du handicap mental ».

Figure 9 : Tableau des poids des dépenses de logement au niveau national selon les revenus

en pourcentage. Source : Insee, enquêtes Logement © Observatoire des inégalités.

Figure 10 : Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre

appelle les candidats à agir » daté de 2012.

Figure 11 : Schéma du nombre de squats par communes sur la métropole de Bordeaux.

Réalisé le 05/06/18, M1 GTDL. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Figure 12 : Graphique des échelles du nombre d’individus vivant dans les squats de la

métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, M1 GTDL. Selon les données du collectif Action

Bord’eaux.

Figure 13 : Schéma des différents stades d’exclusion au sein de la société selon X. Emmanuelli

(fondateur du S.A.M.U.) en 2009.

Figure 14 : Répartition des immigrés résidant en France en 2012. Champ : France. Source :

Insee, recensement de la population, exploitation principale.

Figure 15 : Photographies illustrant l’état du squat de la Ruche (rue du Mirail, Bordeaux). Prise

le 20/04/18, M1 GTDL

Figure 16 : Photographies illustrant l’état du squat du Squid (rue C. Domercq, Bordeaux). Prise

le 02/05/18, M1 GTDL

Figure 17 : Photographies illustrant l’état du squat situé à Bègles (rue des deux Esteys). Prise

le 25/04/18, M1 GTDL

Page 7: « L’accès à l’eau potable

6

Figure 18 : Le long du périphérique parisien, en décembre. Photo Martin Colombet. Hans

Lucas. Issue d’un article de presse de Libération « Sur le mal-logement, une campagne

précaire » par Elise Godeau en janvier 2017.

Figure 19 : Graphique du pourcentage de squats ayant et n’ayant pas accès à un point d’eau

potable, dans la métropole de Bordeaux. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Figure 20 : Graphique du pourcentage de squats possédant des sanitaires et connectés un

système d’assainissement public, dans la métropole de Bordeaux. Selon les données du

collectif Action Bord’eaux.

Figure 21 : Graphique du pourcentage de squats ayant accès à l’électricité dans la métropole

de Bordeaux. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Figure 22 : Application Eaupen, le 17/05/18. Réseau de recensement des points d’eau en ville.

Partie « Accès à l’eau et à l’assainissement ».

Figure 23 : Campagne de sensibilisation de la Fondation Abbé Pierre, 2014. Crédits photos :

©Aurélien Chauvaud / BDDP Unlimited.

Figure 24 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°1 sur les inégalités d’accès à l’eau

potable en France (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).

Figure 25 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°2 sur les situations de précarité et

d’exclusion en milieu urbain (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).

Figure 26 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°3 sur les conditions de vie dans les

squats et la mobilisation sociale (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).

Figure 27 : Les acteurs de l’eau en France, Agence de l’eau (2015).

Figure 28 : Tableau de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité

professionnelle, dans la commune de Bordeaux (2014). Source : Insee RP 2009 et 2014.

Figure 29 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par

tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux. Source : Insee.

Figure 30 : Graphique de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité en

2014, dans la commune de Bègles. Source : Insee RP 2014.

Figure 31 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par

tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles. Source : Insee.

Figure 32 : Tableau de la méthodologie employée par F. Bouillon dans son étude sur « Les

mondes du squat ». Rapport de Florence Bouillon, Presses Universitaires de France, «

Partage du savoir », 2009.

Figure 33 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux Métropole, sur le prix

et la qualité des Services publics de l’eau et de l’assainissement, Direction de l’Eau - Pôle de

la Proximité, 2016.

Figure 34 : Tableau sur les chiffres du mal-logement. Issu du Rapport annuel 2018 de l’Etat

du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre.

Figure 35 : Liste des squats recensés lors de l’enquête qualitative. Source de création de la

liste : QGIS 2.4., mai 2018.

Figure 36 : Les squats et bidonvilles de Bordeaux Métropole, 2017.

Page 8: « L’accès à l’eau potable

7

Figure 37 : Schéma du procédé d’utilisation d’une borne fontaine monétique, avec carte

prépayée.

Carte 1 : Carte du périmètre du terrain de rechercher selon les squats cités lors des entretiens

qualitatifs.

Carte 2 : Carte des axes d’eau permanents, selon les données hydrologiques de la métropole

de Bordeaux.

Carte 3 : Carte du réseau de collecte des eaux usées ainsi que de la localisation des stations

d’épuration de la métropole.

Carte 4 : Carte de la localisation des squats cités par les acteurs « ressource » durant

l’enquête qualitative.

Carte 5 : Carte de la localisation des squats visités lors de l’enquête terrain, au niveau de la

métropole de Bordeaux.

Carte 6 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune

de Bordeaux.

Carte 7 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune

de Bègles.

Carte 8 : Carte de la localisation des squats de Bordeaux Métropole concernant l’accès aux

ressources nécessaires (eau, électricité, gestion des déchets) et leurs suivi par des acteurs

locaux.

Liste des acronymes

ARS : Agence régionale de la Santé

ASTI : Association de Solidarité avec tous les Immigrés

CNDH : Conseil National des Droits de l'Homme

DAL : Association Droit au logement

DDCS : Direction départementale de la cohésion sociale

IRC : Centre international de l'eau et de l'assainissement

MDM : Médecins du Monde

MDSI : Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONPES : Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale

PMI : Centre de Protection maternelle et infantile

SDAGE / SAGE : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux / Schéma

d’Aménagement et de Gestion des Eaux

UNICEF : United Nations International Children's Emergency Fund (Fonds des Nations unies

pour l'enfance)

Page 9: « L’accès à l’eau potable

8

Introduction

Ce mémoire de recherche a pour objectif de retracer toutes les tâches effectuées, ainsi

que les réflexions abordées lors de la réalisation de ma recherche. Le sujet de ce mémoire a

été choisi par l’étudiant avec les soutiens de ses professeurs, notamment de sa professeure

référente. De même, le sujet s’inscrit tout à fait dans la continuité de la formation dispensée

lors du Master 1 Gestion des Territoires et Développement Local d’Albi. Ainsi, ce dossier est

constitué de trois grandes parties essentielles à la réponse à la problématique étudiée. Par

ailleurs, cette partie « introduction », permet de contextualiser le cadre de la recherche et

permet de pouvoir la localiser sur un terrain précis. De même, la partie « annexes » joue un

rôle primordial quant à la compréhension de ce dossier, notamment lorsque l’enquête

qualitative est abordée.

1. Choix du sujet et annonce de la problématique

Le « manque d’eau se fait sentir dans diverses régions du monde » (G. Payen1, 2013).

Sont remises en cause, des inégalités de répartition de la ressource en eau. En parallèle, de

nombreux phénomènes viennent accentuer le manque d’eau sur terre : la croissance

démographique, les activités industrielles et agricoles. Par ailleurs, cette diversité des usages

est peu prise en compte au niveau des politiques publiques locales. Ainsi, l’accessibilité à la

ressource en eau reste un problème majeur pour tous les pays du monde, notamment dû à sa

disponibilité ou à son coût. Cette recherche traite donc de l’accessibilité à l’eau potable en

milieu urbain, et plus précisément dans la métropole de Bordeaux. Le sujet de recherche

s’intitule : « L’accès à l’eau potable dans les squats, rendre visible l’invisible ».

C’est également suite à la lecture de plusieurs articles de presse traitant de Bordeaux

Métropole, que le choix du sujet a été conforté. Différents articles (Cf. partie « Bibliographie »,

page 78) issus de Rue89 Bordeaux, du Monde, de 20 minutes ou de France Bleu évoquent

notamment les cas : des évacuations des squats ; du développement des squats en périphérie

; des demandeurs d’asile ; de l’accès à l’eau potable dans ces lieux. Selon ces articles, il existe

une trentaine de squats sur la métropole bordelaise où divers types de publics vivent ensemble

(étrangers, immigrés, résistants, marginaux, …). Ainsi, ils sont révélateurs du fait que c’est un

sujet d’actualité sur le territoire. Depuis une dizaine d’années les institutionnels, la presse et

les associations s’emparent et se mobilisent autour de ces thématiques. C’est aussi ce qui

motiva le choix de ce sujet.

Suites à diverses expériences professionnelles, notamment grâce à des stages 2ou à un

service civique, ce choix de sujet se précisa dans les domaines de l’accès à l’eau potable, de

la gestion de la ressource, des squats et des publics n’ayant pas accès à la ressource en

France. A travers un collectif appelé « Action Bord’eaux », plusieurs associations agissent

actuellement pour l’amélioration des conditions de vie des personnes défavorisées vivant dans

les squats, mais aussi pour l’accès aux ressources vitales. Cette recherche portée sur une

problématique liée à l’accès à l’eau et aux conditions de vie est donc une opportunité de mettre

à jour un nouveau regard sur la situation des occupants dans les squats. Ainsi, la

problématique est la suivante : « En quoi l’accessibilité inégale à l’eau potable des

populations vivants dans les squats constitue-t-elle un facteur aggravant de la

précarisation et de l’exclusion dans la métropole bordelaise ? Le cas des immigrés. »

1 G. Payen, dans son ouvrage « De l’eau pour tous. Abandonner les idées reçues et affronter les réalités », 2013. 2 Stage à l’Océanium de Dakar, Sénégal ; Stage à la Fondation Chol Chol, Chili ; Stage à l’association Dynam’eau,

Bordeaux ; Service civique à SPFM, au Maroc.

Page 10: « L’accès à l’eau potable

9

Par ailleurs, quelques particularités sont venues conforter le choix de terrain, de public et ont

permises de consolider le choix de sujet :

- Le choix du terrain d’étude : La zone de Bordeaux Métropole me permet de situer et

d’inscrire ma recherche dans un milieu urbain ;

- Le choix du public cible : Ma recherche sera ciblée sur un public en particulier, celui

des immigrés. La thématique de l’immigration constitue un sujet intéressant,

d’actualité, notamment concernant la gestion des territoires.

- La communication entre enquêteur/enquêtés : Ayant déjà travaillé en tant que

traductrice pour des projets dans des squats de la ville de Bordeaux, le fait de pouvoir

communiquer en espagnol et en arabe constitue un avantage pour mes enquêtes.

2. Questionnement et annonce des hypothèses Ce questionnements situé ci-dessous est principalement issu du choix du sujet et de

mes recherches bibliographiques. Ce sont ces mêmes interrogations, qui ont dirigé le

déroulement de la recherche et apporté une complémentarité aux hypothèses, tout au long du

mémoire. Dans un premier bloc, il parait intéressant d’explorer le contexte général de

l’accessibilité à l’eau potable et de sa gestion en France, voire plus particulièrement sur la

métropole bordelaise. Une question est particulièrement significative dans cette partie :

« Quels publics n’ont pas accès à l’eau en France ? »

Dans un second bloc, la thématique principale est celle de la ségrégation socio-spatiale, liée

au milieu urbain, à l’accès à l’eau potable et aux squats. Ainsi, elle met en avant des notions

et concepts liés à la sociologie urbaine. La question la plus révélatrice de ce bloc est la suivante

: « D’un point de vue social et spatial, quels facteurs peut-on retrouver dans les squats en

milieu urbain au sein de notre société ? »

Enfin, dans une troisième étape, le questionnement concerne la situation des conditions de

vie des squatteurs et plus précisément des immigrés dans les squats situés en zone urbaine.

Par ailleurs, il y a aussi une volonté de faire un lien avec l’accessibilité à l’eau potable dans

ces lieux de vie et plus généralement sur les ressources nécessaires aux occupants. Une

question évidente en ressort : « Quelles sont leurs stratégies quotidiennes (vie quotidienne),

afin de s’approvisionner en eau potable ? »

Nous pouvons voir que ce questionnement permet d’illustrer le raisonnement adopté au court

des premiers mois de recherche. Dans ce sens, la recherche s’est effectuée à travers une

approche hypothético-déductive. Ainsi, elle induit de traiter de différentes hypothèses,

accompagnées d’objectifs généraux et d’objectifs opérationnels. Afin de pouvoir répondre au

mieux aux attentes d’un mémoire de recherche, il a donc été nécessaire d’effectuer des

recherches bibliographiques qui ont permises de préciser la problématique, d’affiner le

questionnement et de formuler trois hypothèses.

L’hypothèse principale est la suivante : Les squats, en milieu urbain, sont sujets à des

inégalités d’accès à l’eau potable en France. Pour cette hypothèse, il est intéressant de

s’interroger sur les disfonctionnements et les publics qui n’ont pas accès à l’eau potable en

France. Par ailleurs, trois schémas situés en annexe résument les relations qu’il existe entre

l’hypothèse et les réponses pouvant être apportées à celle-ci (Cf. : partie « Annexes », page

82). La seconde hypothèse choisie est la suivante : Le fait de vivre dans un squat peut-être un

facteur de précarité et d’exclusion des individus qui y vivent, en particulier des immigrés. Dans

ce sens, il est pertinent de s’interroger sur la situation que possède les squatteurs, mais aussi

sur les facteurs de précarité et d’exclusion qui peuvent exister. Enfin, la troisième hypothèse

sélectionnée est la suivante : Les conditions de vie précaires dans les squats, entraînent les

individus à adopter une stratégie de vie particulière, notamment pour accéder à l’eau potable.

Page 11: « L’accès à l’eau potable

10

De même, les questions relatives aux stratégies de la vie quotidienne, à la mobilisation

individuelle ou collective dans ces lieux sont à étudier.

En parallèle, ces hypothèses contiennent des variables (situées dans le temps et l’espace) de

recherche à ne pas négliger. Ainsi, ces variables peuvent être intéressantes pour observer

l’évolution de divers phénomènes. De plus, elles nécessitent de mobiliser certains instruments

de mesures, afin de les observer :

- Présence de variables sur le terrain en soi, car les squats sont souvent sujets à des

évacuations ;

- Présence de variables concernant les types de public interrogés au sein des squats

(marginaux, immigrés, jeunes mineurs isolés, …) ;

- Présence de variables liées aux difficultés à interroger des individus vivant en squat,

ainsi qu’à photographier les squats ;

- Présence de variables concernant l’accès à l’eau potable et le coût de l’eau (exemples

: systèmes organisationnels ; politiques publiques de l’eau) …

3. Choix du terrain : Bordeaux et Bègles En ce qui concerne le choix du terrain, il paraissait évident d’étudier la métropole de

Bordeaux. Située en Gironde, dans la région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Métropole est

considérée comme la deuxième métropole de droit commun par sa population après celle de

Lille. Elle est issue de la loi MAPTAM3 et fût fondée en 2015. Avant 2015, ce pôle urbain était

appelé, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Cet EPCI est constitué de 28 communes

(cf. : carte 3, page 47, partie « Annexe »). Actuellement, la population s’élève à 749 595

habitants (2017). Bordeaux étant le siège de la métropole bordelaise. De plus, la superficie de

la métropole s’élève à 57 000 hectares. En parallèle, Bordeaux Métropole est comprise dans

l'aire urbaine4 de Bordeaux qui compte en 2015, environ 1 215 700 habitants. Voici quelques

caractéristiques de l’évolution de cette métropole :

- D’ici 2030, la métropole prévoit d’accueillir 200 000 individus supplémentaires ;

- Le territoire est séparé en quatre pôles territoriaux, (responsables des actions

déconcentrées) ;

- Intensification de l’étalement urbain principalement vers l'ouest (dû aux transports, à

l’offre d’emploi et de logement en périphérie de Bordeaux) ;

- Dynamisme démographique favorable et territoire attractif.

Le fait d’avoir choisi la métropole permet de situer cette recherche dans un milieu

urbain. C’est à cet effet, que le sujet s’inscrit donc dans le domaine du développement local

en milieu urbain. Le fait de posséder un réseau de contact sur le territoire, constitue aussi un

avantage dans l’élaboration de l’étude. Au niveau public, les acteurs suivants ont été

rencontrés au court de ces dernières années : la Métropole, la Mairie de Bordeaux et le LABB5.

De même, au niveau privé : le RADSI6, l’IFAID7, Dynam’eau, le Ceseau ou bien le collectif

Sherby (travaillant sur la thématique des squats). De plus, ces acteurs possèdent des contacts

et agissent au sein de Bordeaux Métropole, ce qui montre qu’ils ont des connaissances

précises sur le territoire. A cet effet, l’association Dynam’eau constitue une source clé dans

3 MAPTAM : loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (janvier 2014). 4 Aire urbaine : Selon l’INSEE, « c’est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois, et par des communes (périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle urbain. 5 LABB : Lieu des Associations et des Bénévoles Bordelais (laboratoire). 6 RADSI : Réseau Associatif pour le Développement et la Solidarité Internationale Nouvelle-Aquitaine. 7 IFAID : Institut de Formation et d’Appui aux initiatives de Développement.

Page 12: « L’accès à l’eau potable

11

l’élaboration du mémoire, notamment car elle fait partie d’un collectif appelé « Action Bord’eaux

» (composé de Médecins du Monde Aquitaine, France Libertés Gironde, Architectes Sans

Frontières, Dynam’eau). Dans ce collectif, plusieurs associations agissent pour l’amélioration

des conditions de vie des personnes défavorisées vivant dans les squats, mais aussi pour

l’accès aux ressources vitales pour l’homme.

Carte 1 : Carte du périmètre du terrain de rechercher selon les squats cités lors des entretiens qualitatifs.

Réalisée le 26/05/18, M1 GTDL.

Par la suite, il a été nécessaire de sélectionner un terrain d’études plus précis, car le territoire

de la métropole est vaste et comprend 28 communes. Un focus a donc été réalisé sur la

commune de Bordeaux et celle de Bègles, car c’est sur ce territoire que les squats sont le plus

nombreux.

Bordeaux est la préfecture du de la Gironde et le chef-lieu de la région Nouvelle-

Aquitaine. C’est la commune « siège » de la Métropole. Par ailleurs, cette ville est la neuvième

de France avec 249 712 habitants (2015). En 2010, la ville de Bordeaux compte 239 399

habitants. Dans ce sens, on observe une augmentation de près de 10 000 personne en 5 ans

(augmentation de 10% environ). Enfin, elle est divisée en huit quartiers administratifs sur une

superficie d’environ, 49,36 km². La part des Bordelais qui vit sous le seuil de pauvreté est

d’environ de 18%. Celle-ci est plus faible que celle observée au niveau des autres grandes

villes de France. Les personnes les plus touchées par la pauvreté sont les familles

monoparentales (27%) et les personnes seules (19%). La décision de mettre ces données en

avant montre qu’il y a un lien entre le choix du sujet de recherche sur les squat et la part de

population confrontée à la pauvreté sur le territoire, dans le sens où le squat serait une

alternative au mal logement. De même, il parait évident de faire le lien avec la part de chômage

sur ce territoire soit environ 11%, mais aussi la part de population inactive soit 31,2% en 2014

(Cf. partie « Annexes », page 85).

Bègles est commune périphérique à celle de Bordeaux (au Sud), située dans le

département de la Gironde et de la région Aquitaine. Elle fait partie de la Métropole de

Page 13: « L’accès à l’eau potable

12

Bordeaux. Les habitants et habitantes de la commune de Bègles sont appelés les Béglais et

les Béglaises. Les 24 999 habitants de la ville de Bègles vivent sur une superficie totale de 10

km2 avec une densité de 2 500 habitants par km2 et une moyenne d’altitude de 6 m. Depuis

le dernier recensement de 1999 à 2008, la population est passée de 22 538 à 24 999 et a

fortement augmenté de 10,92%. Les villes voisines sont Floirac, Villenave-d'Ornon, Talence,

Bordeaux, Bouliac. La grande ville la plus proche de Bègles est Bordeaux et se trouve à 4,48

kilomètres au sud-est. La Ville de Bègles s’est engagée, depuis de nombreuses années, dans

la mise en œuvre d’une politique volontariste en direction de certains quartiers en difficultés

dans les domaines de l’économie, du social et de l’éducation notamment. Dans cette

recherche, il parait intéressant de pouvoir faire le lien avec ces aspects de la politique des

villes. Bègles souhaite notamment développer une politique d’accompagnement des

populations, soutenue par l’Etat dans le cadre des dispositifs de la « Politique de la Ville ». De

même que pour Bordeaux, celle-ci possède un taux de chômage de 11,6% en 2014 (Cf. parte

« Annexes », page 86), ainsi qu’un taux de pauvreté à peu près similaire à celui de Bordeaux.

4. Choix de la méthodologie

Tout d’abord, le choix de décomposer cette recherche en trois phase a été fait. Ces

trois phases sont la préparation, le pilotage et le bilan. Pour ce qui est de la méthodologie,

celle-ci fait référence à la réflexion adoptée tout au long de la recherche. A cet effet, la

méthodologie qualitative a été privilégié au terrain d’étude (utilisation de techniques d’analyse

qualitatives). D’une part, il est primordial de faire des choix, et d’autre part, il est nécessaire

d’adapter la méthodologie choisie au terrain d’étude. On peut ainsi parler d’un travail de

recherche « exploratoire » (questionnaire, recherche bibliographique, analyse de données,

…). Les enquêtes constituent une partie essentielle du travail fourni lors du mémoire de

recherche. Dans ce sens, les informations recueillies ont été traité et analysé en fonction des

réponses apportées à la problématique. Le travail de récolte de données est alors important,

cependant il nécessite d’être efficace (au niveau de la gestion du temps), afin de traiter aux

mieux les informations. Cette méthodologie se divise en six phases, toutes liées entre elles.

Par ailleurs, certaines phases seront élaborées conjointement.

Phase n°1 : Recherches bibliographiques et monographie du terrain d’étude

(Du 01/04/18 au 15/04/18)

Avant de démarrer une démarche d’observation sur un territoire, il convient de décrire le territoire de référence afin de disposer d’éléments permettant d’apprécier le contexte et d’inscrire les évolutions relevées dans leur environnement. Cette restitution des données de terrain doit s’inscrire dans un modèle de référence pour les travaux de recherche. Il est en effet nécessaire de connaître les principales caractéristiques d’un territoire avant de s’intéresser à ses habitants.

Dans ce contexte, on peut parler d’une approche monographique dont les objets étudiés sont

d’ordre physique (un territoire), mais aussi d’ordre social (groupes sociaux en particulier). C’est

en quelque sorte, faire l’état des lieux d’un territoire donné tout en mettant en avant les usages

des groupes sociaux sur ce même territoire. La synthèse bibliographique ainsi que les

recherches théoriques effectuées en amont des recherches terrain, constituent un point central

de son déroulement. Elles vont venir orienter les recherches terrain et cadrer les résultats

obtenus au niveau théorique. Cependant, elle reste non exhaustive. De plus, il a été pertinent

d’accompagner cette veille bibliographique avec des articles de presse d’actualité abordant

les mêmes thématiques. Ainsi, cela pourra permettre aux lecteurs de cerner les thèmes

d’étude et les enjeux du territoire. Il s’agit dans ce contexte, d’identifier les notions et concepts

clés, les caractéristiques territoriales de Bordeaux et Bègles, ainsi que les faits sociaux

pouvant être liés à mon sujet de mémoire.

Page 14: « L’accès à l’eau potable

13

Objectifs de la monographie :

- S’interroger sur la construction du territoire, son histoire, ses principales

caractéristiques physiques, afin de planter le cadre. Non seulement au niveau

géographique mais aussi des sciences sociales en général. Trois échelles de territoire

au niveau local ont été privilégié : D’une part, sur les caractéristiques générales de

Bordeaux Métropole, et d’autre part, un focus sur les communes de Bordeaux et de

Bègles.

- Faire l’analyse interne (données liées au cadre de vie sur le territoire) et externe (sur

l’influence, la puissance de cette aire urbaine).

- Recenser les équipements, les dispositifs mis en œuvre, les acteurs de terrain et les

instances partenariales existantes (selon les communes étudiées notamment).

Afin d’affiner ces recherches et de les focaliser sur des squats en particuliers, le choix des

communes « focus » a été essentiel. Dans ce sens, il parait pertinent de focaliser ces enquêtes

terrain dans un premier temps, sur la commune de Bordeaux, puis dans un second temps, sur

celle de Bègles. Les deux critères principaux retenus pour la sélection sont celui du nombre

de squats sur leur territoire et celui des dispositifs mis en place par ces collectivités. En effet,

ce sont les communes qui comprennent le plus de squats, avec Mérignac, sur la métropole.

De plus, ce sont-elles qui ont mis en place le plus de dispositifs à l’égard de des thématiques

de l’accès aux ressources et au logement sur leur territoire. Domaines d’études :

- Données sur la métropole : caractéristiques principales ;

- Données sur l’eau et l’assainissement ;

- Données concernant la population ;

- Données sur l’habitat et le logement.

Phase n°2 : Création d’une enquête qualitative sous la forme d’un questionnaire

(Du 01/04/18 au 31/05/18)

La seconde tâche était d’effectuer une enquête qualitative à l’aide d’un questionnaire

semi-directif. Tout au long des mois d’avril et mai, l’objectif principal a été d’interroger des

acteurs « ressource » situés sur le territoire de Bordeaux, c’est-à-dire des professionnels

travaillant dans le domaine de l’eau, comme la Direction de l’Eau ; des associations travaillant

sur l’accès à l’eau, la santé et les squats (secteur privé : Le Squid, Dynam’eau et Médecins du

Monde) ; des institutions (secteur public : Eau Bordeaux Métropole et le GIP - Bordeaux

Médiation). A travers cette mission fixée, je souhaite étudier et comprendre : quels sont les

phénomènes sociaux ; comment sont perçus les squats ; quelles pratiques et usages pouvons-

nous retrouver dans ces lieux de vie ; quelles initiatives sont mises en place dans ces lieux,

notamment en faveur de l’accès à l’eau potable.

Afin de mener à bien cette enquête, l’objectif a été de faire ressortir l’avis de chaque acteur

sur la question de l’accessibilité à l’eau potable dans les squats en milieu urbain, sur leurs

visions et leurs représentations. Le guide d’entretien est ainsi en adéquation avec la méthode

IDPA (identification, diagnostic, prospective, action), afin de pouvoir traiter les informations de

manière logique et de permettre aux interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement possible

(même si certaines questions vont venir orienter les discussions entre enquêteur/enquêtés),

tout en leur faisant suivre une trame commune. C’est un outil pratique, sous forme de

questionnaire, servant à connaître les points de vue, mais aussi les phénomènes sociaux et

spatiaux du terrain. Cette méthode comprend quatre étapes : Identification ; Diagnostic ;

Prospective ; Action. Par la suite, deux techniques d’analyse ont été employées : L’analyse

Page 15: « L’accès à l’eau potable

14

citationnelle et la matrice CAPE de Vincent Piveteau8. A noter, une partie du dossier de

l’enquête qualitative et du guide d’entretien se trouve en « Annexes » (page 96).

Tout au long des mois d’avril et mai, six acteurs « ressource » situés sur le territoire de

Bordeaux Métropole ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. Ce sont principalement

des professionnels travaillant dans le domaine de l’eau. En ce qui concerne le secteur public,

c’est-à-dire les institutionnels et les services publics, les acteurs suivant ont été interrogés :

- La Direction de l’Eau - Bordeaux Métropole : Entretien avec le responsable du

Centre Eau Potable de Bordeaux Métropole, Monsieur M. Mora (M.M.). La Direction

est en charge de la gestion 2013, les services d’eau potable, d’assainissement collectif

et de gestion des eaux pluviales sur le territoire de 23 communes. Depuis, elle porte le

nom de « Eau Bordeaux Métropole ». Le délégataire de ces services sur le territoire

est SUEZ Eau France (contrat de concession). C’est un acteur interne, sont siège est

à Bordeaux et il intervient sur tout le territoire.

- Le GIP - Bordeaux Médiation : Entretiens avec une médiatrice, Madame A.

Kolibarova (K.A.), et un médiateur du GIP, Monsieur D. Dumeau (D.D.). Plus

précisément c’est le Groupement d'Intérêt Public (GIP) Bordeaux Métropole Médiation

et possède deux volet d’intervention, un sur les conflits de voisinage, et un autre sur

les squats. Les médiateurs ont pour mission d’accompagner les occupants des squats,

de favoriser l'accès aux droits et de favoriser l’intégration sociale et professionnelle des

individus. C’est un acteur interne, sont siège est à Bordeaux et il intervient sur tout le

territoire.

Il a été important, lors de cette enquête, de pouvoir interroger des acteurs institutionnels et

publics, car ce sont les premiers concernés par le développement et la transformation des

territoires, mais aussi par l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations.

Dans ce sens, la Direction de l’Eau est directement concernée par la distribution et la gestion

de l’eau potable sur le territoire de la métropole ce qui constitue un élément indispensable pour

cette recherche (mise en application de la politique de l’eau). De même, la vision que possède

l’acteur interrogé, en complément de celle des acteurs associatifs, viendra compléter l’analyse.

Pour ce qui est du GIP, il représente un intérêt, car c’est une structure publique, dans laquelle

des médiateurs travaillent au plus près des squats, sur le terrain. Ils possèdent donc des

relations avec certains squats et possèdent une vision globale de la situation dans ces lieux.

En ce qui concerne le secteur privé, c’est-à-dire les associations et autres organismes

informels, les acteurs suivant ont été interrogés :

- Le Squid (CSA) : Entretien avec un squatteurs présent depuis l’ouverture du squat

(décembre) et participant aux actions du site (Acteur anonyme défini par la lettre A.).

Le Squid, sous forme de collectif, est un Centre Social Autogéré situé à Bordeaux.

C’est un lieu destiné au logement, mais le centre propose aussi des ateliers, des

initiatives liées à l’échange, la solidarité, la lutte contre la précarité et l’exclusion. C’est

un acteur interne.

- L’ONG Médecins du Monde Aquitaine (délégation) : Entretien avec le coordinateur

de la Mission Squats, Monsieur M. Garcia (G.M.). Au niveau de Bordeaux Métropole il

existe deux volets d’actions, un centre d’accueil, de soins et d’orientation avec 91

bénévoles et 5 621 bénéficiaires, puis un volet sur les squats avec 23 bénévoles et 456

bénéficiaires. Ils effectuent des actions ponctuelles, accompagnent les occupants et

8 Vincent Piveteau : Directeur de l'ENSP.

Page 16: « L’accès à l’eau potable

15

réalisent des prises en charge médicales. C’est un acteur interne, sont siège est à

Bordeaux et il intervient sur tout le territoire.

- L’association Dynam’eau : Entretiens avec les salariés, un en charge des missions à

l’international, Monsieur M. Ghesquière (M.G.), et un en charge des missions squats

sur le territoire de Bordeaux Métropole, Monsieur T. Andrieux (A.T.). Créée en 2010,

cette association basée à Bègles œuvre pour l’accès à l’eau potable et à

l’assainissement pour tous et pour la protection de la ressource. C’est un acteur

interne, sont siège est à Bègles et il intervient sur tout le territoire.

Les acteurs privés, tels que les associations et les entreprises, constituent une source

importante pour cette enquête. La vision des association est primordiale, car ils se rendent sur

le terrain et sont en quelque sorte, les portes paroles de la lutte contre la précarité et l’exclusion

dans les squats. Dynam’eau et Médecins du Monde sont impliqués sur les questions d’accès

aux logements, aux ressources vitales et aux droits sur la métropole. De même, le Squid (qui

est un squat) peut constituer un élément précieux pour compléter les données et informations

des autres acteurs interrogés lors de cette enquête.

Par la suite, l’élaboration d’une matrice CAPE a permis d’analyser si les acteurs ont une vision

globale des enjeux étudiés et du contexte des squats et de l’accès à l’eau sur le territoire. Ces

données permettent de définir la situation géographique d’intervention des acteurs interrogés

et leurs rôles/implications sur le territoire. L’objectif est de rendre compte du positionnement

et de l’influence de ces acteurs par rapport au territoire (niveau local) et aux domaines abordés.

Un acteur peut être direct, c’est-à-dire qu’il agit physiquement et directement sur le territoire.

Il peut aussi être indirect, c’est-à-dire qu’il agit indirectement sur la gestion du territoire et

l’influence, par sa posture et ses choix.

La matrice comporte deux aspects à prendre en compte (caractères issus des acteurs) :

- Ce qui est interne (=direct) ou externe (= indirect) ;

- Ce qui est régulateur (agit en autonomie sur le territoire) ou non régulateur (observe

mais n’agit pas directement sur le territoire, des fois individuellement).

La matrice CAPE située ci-dessous, permet de dresser les différents profils d’acteurs

concernés par les thèmes des squats et de l’accès à l’eau, en fonction de leurs actions et leur

influence sur le territoire (leurs rôles).

Page 17: « L’accès à l’eau potable

16

Figure 1 : Matrice CAPE des profils types d’acteurs « ressource » interrogés lors de l’enquête qualitative, Lisa Ducournau, 03/06/18. Inspiré des travaux de Vincent Piveteau (ENGREF) qui a proposé une grille de lecture et de classification pour analyser le jeu des acteurs, appelé la matrice CAPE.

Le nombre d’acteurs concernés par ces questions est important et les contraintes de temps

de l’élaboration du mémoire ont limité la prise de rendez-vous dans l’optique de réaliser

l’enquête qualitative. Cependant, certains acteurs présentent des aspects intéressants tels

que le Cabinet Trajectoire (qui travaille sur l’étude des trajectoires individuelles) ; le collectif

Sherby (collectif militant) ; des habitants et des propriétaires situés sur les communes de

Bordeaux et de Bègles ; des entreprises et plus particulièrement SUEZ Eau France. De même,

il existe un nombre important d’associations travaillant sur ces thématiques, comme par

exemple France Liberté, les Compagnons Bâtisseurs ou bien EUROMS. Enfin, il aurait été

intéressant d’interroger d’autres acteurs institutionnels, tels que la Direction de l’Habitat, un

service d’urbanisme, des élus, mais aussi des communes et dans ce cas présent Bordeaux et

Bègles.

Phase n°3 : Réalisation cartographique (Du 15/04/18 au 30/04/18)

L’objectif suivant été de réaliser une représentation cartographique de la localisation

géographique de différents squats présents dans la métropole de Bordeaux, en fonction des

entretiens de l’enquête qualitative. Le thème des squats sera mis en avant par une

cartographie « thématique ». Il a été nécessaire avant de créer cette cartographie, de dégager

les orientations générales qui sont les piliers du choix de modèle de carte et qui ont servies de

cadre aux données récoltées. A travers le questionnaire des acteurs « ressource », un

recensement de la localisation des squats sur ce territoire a été élaboré, d’une part sous la

forme d’une carte de la localisation générale des squats (dans son ensemble), puis d’une

autre, sous la forme d’une carte focus (sur les communes de Bordeaux et de Bègles). C’est

pourquoi, j’ai décidé d’utiliser, durant les entretiens, une carte de Bordeaux Métropole sous

forme papier qui me permettra de localiser ces squats en collaboration avec les acteurs «

ressource ». Par ailleurs, la carte focus a pour finalité de préciser, de détailler le terrain de

recherche et de concentrer cette recherche sur deux ou trois squats en particulier. La sélection

de ces squats passe par divers critères : la localisation des squats ; le nombre et le type

Page 18: « L’accès à l’eau potable

17

d’individus qui y vivent ; leurs relations avec les associations locales et les institutions…

Cependant, cette partie de la méthodologie doit être concise, dû aux contraintes de temps de

la recherche. La carte réalisée dans la partie « choix du terrain » précise les limites du mon

terrain d’étude (Cf. : carte 1, page 10, partie « Introduction »).

Phase n°4 : Observation et utilisation de la photographie comme outil méthodologique

(Du 15/04/18 au 31/05/18)

Cette phase se divise en deux étapes. La première étape a consisté à observer le

terrain. A cet effet, l’observation « directe » fut privilégiée. Celle-ci permet notamment de

déchiffrer certains phénomènes rencontrés dans les squats. C’est par exemple, le fait de

s’intégrer dans des situations particulières afin de les observer (imprégnation du chercheur au

sein des objets étudiés). L’idée d’être au plus près des objets étudiés permet d’analyser plus

efficacement et plus objectivement les situations observées. Cependant, il est important de ne

pas participer aux actions des groupes observés. Dans ce sens, l’utilisation de cette

méthodologie ne sollicite pas d’employer une technique d’analyse particulière, mais de faire le

lien avec toutes les autres enquêtes effectuées. Ainsi, des fiches d’observation ont été créées

en tant qu’outil de recueil de données. La seconde étape a été d’utiliser la photographie

comme outil méthodologique. Le fait d’utiliser un appareil photographique encourage le

chercheur à « penser aussi avec les yeux » (Maresca9, 1996). Il y a ici un objectif de lier la

sociologie verbale et non verbale. Ces photographies vont venir illustrer les observations

effectuées sur le terrain d‘étude. En conséquence, le public cible fut informé de l’intention

d’utiliser la photographie dans cette recherche. Par ailleurs, l’utilisation d’images permet de

décrire et de représenter non seulement les squats (en tant qu’espace vécu), mais aussi les

phénomènes sociaux qui y résident (voire la situation des individus). Il s’agit en quelque sorte,

de la « photographie réflexive » et de la « photo-documentation ». Cette méthode a été

préalablement préparée et suit des objectifs opérationnels, notamment pour la prise de vue

(thèmes, objets, individus, lieux).

Phase n°5 : Elaboration d’une enquête qualitative sous la forme de témoignages

(Du 01/05/18 au 31/05/18)

Généralement, un témoignage est un récit oral ou écrit effectué par un individu qui a

assisté à un évènement, une circonstance, des paroles. Au sein de cette étude, il a été sollicité

auprès d’individus vivant en squat, pour rendre compte d’une ou plusieurs situations. Il s’agit

pour le témoin de rendre compte de sa propre expérience. Le fait de l’avoir vécue est essentiel.

L'observation peut aussi induire de faire appel au témoignage pour compléter l’analyse

observatoire, car le fait d'observer personnellement tous les phénomènes n’est pas évident.

Le témoignage a le potentiel de « défaire les préjugés et d’amplifier la voix et la visibilité de

groupes sociaux ». L’objectif est d’établir une vérité « tributaire » d’une enquête en faisant

notamment appel à des témoignages. Cependant, le choix d’orienter les discussions à partir

de deux ou trois questions a été fait, dans le but de cerner plus facilement les informations

nécessaires aux réponses apportées à la problématique de recherche. De plus, diverses

difficultés seront à prendre en compte, comme les difficultés liées à l’enregistrement du

discours des enquêtés ou bien les difficultés à communiquer avec les enquêtés (langues

utilisées : français, espagnol ou arabe).

Dans ce sens, il a été intéressant de s’inspirer des travaux de recherche de F. Bouillon sur les

squats. Dans une de ses études, la chercheuse a mis en avant la méthodologie qu’elle a

9 Maresca S. dans « La photographie, un miroir des sciences sociales », Paris, L’Harmattan, 1996, p. 267. // Maresca S. et Meyer M. dans « Précis de photographie à l’usage des sociologues », Questions de communication, 2014.

Page 19: « L’accès à l’eau potable

18

employée, sous la forme d’un tableau (Cf. partie « Annexes », page 87). Par ailleurs, les

témoignages sont anonymes et sont orientés sur : une question sur l’accès l’eau, une sur les

conditions de vie en squat, puis une sur les stratégies de vie qu’ils adoptent. En parallèle,

l’utilisation de la photographie a permis de décrire et illustrer les propos des enquêtés.

Par ailleurs, les citations situées tout au long de ce mémoire vont ainsi permettre d’agrémenter

et de soutenir les propos lors de l’écriture du rapport final. C’est connaître ce que vivent les

squatteurs, leur stratégie de vie et leur trajectoire de vie. Cependant, il a été difficile de pouvoir

parler avec les squatteurs pour qu’ils racontent leur histoire. Dans ce sens, il fut difficile de

pouvoir récolter des témoignages conséquents, notamment sur l’origine des individus.

Phase n°6 : Analyse des informations récoltées

(Du 15/05/18 au 10/06/18)

L’analyse des enquêtes est composée de différentes étapes. Chaque point souligné ci-

dessus ont été analysés. Dans ce sens, l’analyse passera par l’utilisation de différentes

techniques et différents outils d’analyse (respectifs à la méthodologie utilisée) qui me

permettront d’optimiser mon travail. L’enquête qualitative auprès d’acteurs « ressource »

passe par une analyse citationnelle ou bien la matrice CAPE par exemple. De plus, les

analyses ont été mises en commun afin d’apporter des réponses plus complète à la

problématique de recherche. Les résultats de l’enquête qualitative acteurs « ressource » se

trouve dans la partie « Annexes » (page 97).

A cet effet, ce rapport a pour but d’inscrire cette recherche dans un contexte «

scientifique » précis, qui soit valable. De même, il permet de cadrer les hypothèses et objectifs

de recherche, afin d’obtenir des résultats tangibles et acceptables. Ainsi, après avoir

contextualisé le sujet de la recherche et localiser le terrain d’étude. Il parait évident d’aborder

les thèmes principaux de cette recherche à travers les recherches théoriques et les résultats

terrains obtenus, sous la forme de trois grandes parties. La première partie concerne le

contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau potable et les oubliés de l’eau en France,

le cas de Bordeaux métropole. Dans ce sens, la construction de la gestion de l’eau potable, le

concept d’accès à l’eau potable, ainsi que les différents publics touchés par ces thématiques

seront abordés. La seconde partie porte sur l’axe de recherche : de la sociologie urbaine au

cadre situationnel des squats en milieu urbain. A cet effet, de nombreux concepts clés seront

abordés tels que celui de la précarité, de la ségrégation ou bien de l’exclusion par exemple.

Par ailleurs, le cas des squats sera abordé dans une dernière sous-partie. Enfin, la troisième

partie met en exergue un focus sur les populations immigrées dans les squats : entre

mobilisation et stratégies de vie au quotidien. Dans ce sens, les notions de conditions de vie,

de stratégies de vie au quotidien et de mobilisation seront abordés.

Page 20: « L’accès à l’eau potable

19

Partie I - Contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau

potable et les oubliés de l’eau en France, le cas de Bordeaux

métropole

Les services de l’eau potable en France travaillent principalement en collaboration avec

des délégataires (contrat de concession). Dans ce sens, on peut dire que l’autorité publique

en charge de la question de la gestion de l’eau potable possède le « monopole ». Néanmoins,

et au même titre que l’agriculture ou la gestion d’une autre ressource par exemple, les

communes en chargent de cette gestion doivent respecter des directives internationales. A cet

effet, cette partie met en exergue la construction de la gestion de l’eau en France et plus

particulièrement en métropole, mais aussi le concept d’accès à l’eau potable.

A. La construction de la gestion de l’eau en France à partir du 19ème

siècle

Selon G. Payen, dans son ouvrage « De l’eau pour tous. Abandonner les idées reçues

et affronter les réalités » (2013), le manque d’eau dans certaines régions du monde se fait

sentir. On parle d’une inégale répartition de la ressource en eau. Sont notamment mis en

cause : la croissance démographique, les activités industrielles et agricoles. Par ailleurs, cette

diversité des usages est peu prise en compte au niveau des politiques publiques au niveau

local. L. Baechler dans « L’accès à l’eau. Enjeu du développement durable » (2015), ajoute

que l’eau constitue un enjeu de développement durable. Elle est devenue peu à peu un droit

fondamental pour l’humanité. Pour L. Baechler, c’est au niveau local que les difficultés et les

solutions émergent.

En parallèle, R. Barbier et A. Roussay, dans « Les territoires de l’eau potable. Chronique d’une

transformation silencieuse 1970 à 2015 » (2016), affirment que la distribution de l’eau potable

en France au niveau local pose de réelles difficultés. En effet, elle s’effectue selon un maillage

d’une grande envergure sur les territoires communaux. C’est réellement à partir du XIXème

siècle que la gestion de l’eau à vue le jour à travers notamment la création de la politique de

l’eau sur tout le territoire national. Ainsi, ce service complexe voit de nouveaux enjeux

apparaître comme celui de la « sécurité en eau » que ce soit au niveau de son accessibilité

pour tous, mais aussi de la préservation. Dans ce sens, la gestion de la ressource se doit

d’être pluridisciplinaire, afin d’apporter de la cohérence et un certain équilibre dans sa

distribution et son utilisation. À travers ses travaux, G. Payen met en exergue les freins liés à

la prise de décision et la mise en œuvre d’action sur l’accessibilité à l’eau potable sur les

territoires : la méconnaissance des enjeux et des instruments, la difficulté de compréhension

des processus parfois très technique et le manque d’investissement (dans la mise en place

d’équipements) sont remis en cause. Il met aussi en évidence les préjugés qui entravent les

actions dans ce domaine, mais aussi les solutions permettant de palier les freins et les enjeux

engendrés par ces déséquilibres, ce qui montre une volonté politique de mettre en place des

politiques publiques adaptées sur les territoires en matière d’accès à l’eau. Un exemple est

cité dans son ouvrage, celui de la mise en place de politiques tarifaires adaptées pour assurer

l’entretien des réseaux d’adduction dans des conditions sociales acceptables et la volonté

politique de lutter contre la pollution de l’eau.

À partir de la fin du 20ème siècle, de nouveaux instruments de l’action publique et un

nouvel agencement territorial sont mis en place. Actuellement, de nouvelles réformes vont

venir accentuer et renforcer ce processus, notamment dans les pôles urbains, les grandes

Page 21: « L’accès à l’eau potable

20

villes et les intercommunalités. Ce sont à ces instances de conjuguer « sécurité en eau » et

rationalisation, selon R. Barbier et A. Roussay. A cette même période, nous avons fait face à

un phénomène de « recomposition des services publics de l’eau potable ». En parallèle, il y a

une apparition de nouveaux acteurs qui interviennent dans le but de rationaliser l’eau potable

sur les territoires. Ce processus en lien avec les politiques locales est porté par différents

acteurs comme ceux « des services de l’État, des départements, des bassins versants ou bien

des régions » (selon les chercheurs).

Pour S. Ghiotti, dans « Les territoires de l’eau et la décentralisation. La gouvernance de bassin

versant ou les limites d’une évidence » (2006), la distribution et la gestion de la ressource en

eau passe par la mise œuvre d’une politique territoriale de l’eau en France. Elle est au cœur

de l’aménagement et du développement des territoires. Il parle notamment « d’une approche

fonctionnaliste par bassin versant ». Avec le temps, « les politiques de l’eau sont

progressivement devenues de moins en moins sectorielles et de plus en plus globales ». En

parallèle, la multiplicité des centres de pouvoir et la diversité des échelles d’intervention

participent à la généralisation de la contractualisation au niveau de la gestion de l’eau. À partir

de 1960, le modèle traditionnel se transforme, notamment avec la création de la loi sur l’eau

au niveau national puis local (1964) et avec l’instauration du Schéma d’Aménagement et de

Gestion des Eaux (SAGE) en 2000 à l’échelle européenne. Les travaux de S. Ghiotti mettent

en avant divers exemples permettant de montrer que ces logiques de décentralisation et de

privatisation participent à la construction de territoires de l’eau multiples (ASH, Département,

Bassins Hydrographiques…). Le schéma ci-dessous nous permet ainsi de visualiser les points

forts qui ont marqué la construction des politiques de l’eau en France, dans son ensemble.

Figure 2 : Tableau de l’évolution des politiques de l’eau de la fin du 19ème siècle à nos jours (créé par Lisa Ducournau).

Dans un même temps, les Agences de l’eau ont été créées depuis la loi de 1964 et font part

à l’évolution organisationnelle de la gestion de l’eau en France. Le principal tournant se

manifeste ainsi à partir des années 90 au niveau de toutes les échelles territoriales, selon S.

Ghiotti. Les politiques de l’eau intègrent désormais le phénomène « d’impératif milieu » ce qui

bouleversa les approches en termes de gestion. C’est l’apparition des « références

systémiques » et des bassins versants. Ces « politiques se sont construites autour des

principes de la trans-territorialité et de la trans-sectorialité », selon Ghiotti, avec le SDAGE et

le SAGE par exemple. À cette période, « l’approche par bassin apparaît comme une réponse

à la complexité territoriale à l’œuvre ». Cependant, les liens entre eau et développement

Page 22: « L’accès à l’eau potable

21

montrent que les bassins versants se trouvent rattrapés par une logique pluridisciplinaire avec

des influences politiques, administratives, environnementales et socio-économiques. Les

bassins sont issus d’une « approche fonctionnaliste traditionnelle » qui s’est renforcée par une

recomposition organisationnelle et politique dans l’espace. Dans ce sens, les collectivités

mettent en place des stratégies afin d’optimiser les services de l’eau sur leur territoire.

Cependant, d’autres collectivités souhaitent devenir indépendantes en matière de gestion de

l’eau, nous pouvons alors supposer qu’elles ont les moyens pour sa mise en œuvre. « À côté

DU territoire de l’eau (ré)émergent ou se constituent DES territoires de l’eau » (Ghiotti). Le

territoire possède un nouveau statut. Il y a ici, une mise en évidence du rôle central de l’eau

par le biais du processus de territorialisation, c’est « l’ensemble des procédures à travers

lesquelles un territoire se forme et évolue » (Turco10, 1997). Ce rôle influe sur l’organisation,

l’appropriation de l’espace, les représentations et la structuration des relations socio-

économiques au niveau local. De plus, la territorialisation encourage notamment les territoires

à s’approprier cette ressource. La gestion territoriale de l’eau se manifeste alors sous formes

multiples, avec des échelles et des découpages spatiaux divers. Dans ce sens, on peut

conclure que le droit de l’eau est constitué d’un ensemble de politiques publiques, qui

n’existaient pas il y a quelques décennies. A cet effet, nous avons assisté à l’émergence de

nombreux textes de loi, de directives et de codes officiels, par exemple. Le tableau ci-dessous

permet de dresser une liste (non exhaustive) de quelques textes de loi ayant contribués à la

construction de la gestion de l’eau et des politiques publiques. Ce tableau a été élaboré par B.

Drobenko, dans son ouvrage « Le droit à l’eau : une urgence humanitaire » (2012). Par ailleurs,

d’autres évènements vont venir marquer cette construction, comme la Déclaration Universelle

des Droits de l’Homme ou bien sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992). Ainsi, le

tableau ci-dessous témoigne de quelques-uns de ces évènements.

Tableau de la liste des textes et conventions abordant les thèmes du droit, de l’accès

à l’eau potable et à l’assainissement, au niveau international.

1977 Conférence des Nation Unies sur l’eau à Mar del Plata

1979 Convention Internationale sur le droit des femmes, article 14

1989 Convention relative aux droits de l’enfant

1990 Charte de Montréal

1996 Conférence de Vancouver, Habitat

1997 Convention de New York, article et point 59

2004 Résolutions du Conseil de l’Europe

2006 Convention relative aux droits des personnes handicapées, article 28

2010 Déclaration de la Haute Représentante, Catherine Ashton, au nom de l’Union Européen, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau

2010 Résolution des Nations Unies, article A/RES/64/292

2011 Conférence d’Istanbul Nation Unie Figure 3 : Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : une urgence humanitaire, éditions Johanet, 2012, Paris. Source : www.editions-johanet.com

Dans le cadre de cette recherche, il est alors important de faire un état des lieux de la

gestion de l’eau sur le territoire de Bordeaux Métropole. L’objectif est notamment de cerner

plus facilement les orientations et les capacités que possède la métropole en ce qui concerne

la gestion de l’eau et l’assainissement. Le service de l’eau est assuré par Bordeaux Métropole

en collaboration avec le délégataire SUEZ Eau France (auparavant appelée la Lyonnaise des

eaux). La Direction de l’eau est chargée par la métropole de s’occuper de l’organisation du

service et s’assurer du bon fonctionnement du réseau (maîtrise d’ouvrage), en

complémentarité, SUEZ se charge de la distribution et de la maintenance du réseau public

10 A. Turco, dans son ouvrage « Aménagement et processus territoriaux : l’enjeu sémiologique », 1997.

Page 23: « L’accès à l’eau potable

22

d’eau (exploitation du service). Les revenus issus des abonnements des consommateurs sont

destinés à SUEZ. Dans ce sens, Bordeaux Métropole (la Direction de l’eau) ne bénéficie

d’aucun revenu du service de l’eau, mais finance des projets. Ce fonctionnement est issu d’un

contrat de concession. Celle-ci travaille sur vingt-trois communes de la métropole à travers la

« marque Eau Bordeaux Métropole ». Cependant, cinq communes ne sont pas desservies par

le réseau car elles font toujours parties de certains syndicats comme le syndicat d'alimentation

de Carbon-Blanc (Bassens, Ambarès-et-Lagrave, Carbon-Blanc, Artigues-près-Bordeaux) le

syndicat intercommunal de Saint-Jean-d'Illac-Martignas (SIAEA). Dans ce contexte, la carte

située ci-dessous permet de mettre en évidence les capacités de réserve d’eau sur le territoire

de la métropole. Par ailleurs, ces données sont mises en lien avec la topographie Hydrologique

de la métropole, c’est-à-dire l’eau de type : Fleuve, Ruisseau, Canal, Lac, Bassin public,

Bassin de rétention...

Carte 2 : Carte des axes d’eau permanents, selon les données hydrologiques de la métropole de Bordeaux.

Réalisée le 08/04/18, Lisa Ducournau.

Seul les cours d’eau permanents et les eaux de surfaces sont représentés sur cette carte, les

données sur les axes du réseau d’eau potable ne sont pas diffusées. De même, pour les

données sur l’accès à l’eau potable, selon le Responsable du Centre eau de la Direction de

l’eau. Dans ce sens, il parait évident de définir ce qu’est l’eau potable. Selon l’OMS, l'eau

potable est « celle dont la consommation est sans danger pour la santé. Pour que l'eau soit

qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives aux paramètres organoleptiques

(odeur, couleur, turbidité, saveur), physico-chimiques (température, potentiel d'hydrogène

(PH) etc.), microbiologiques (coliformes fécaux et totaux streptocoques fécaux etc.), des

substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites, arsenic, plomb, hydrocarbures etc.). »

De plus, des limites de contenances ont été mises en place afin de rendre l’eau potable. En

parallèle, nous pouvons remarquer que Bordeaux et Bègles se trouvent à proximité du fleuve

de la Garonne qui est l’axe principal du territoire. Il constitue notamment une source de

captage et de lieu de rejet d’eaux usées après traitement. De plus, on peut remarquer que ces

communes possèdent moins de cours permanents sur leurs territoires, que les autres

communes de la métropole. Pour ce qui est de l’ensemble du territoire de la métropole, les

Page 24: « L’accès à l’eau potable

23

équipements compris dans le réseau public d’eau (Cf. partie « Annexes », page 88) sont les

suivants :

- 13 châteaux d’eau ;

- 15 réservoirs au sol ;

- 3000 km de canalisations ;

- 100 captages d’eau potable ;

- 170 000 m3 d’eau distribués en moyenne chaque jour ;

- 55 millions m3 d’eau emmagasinées sur le territoire par an ;

- 41 millions m3 d’eau consommées par an ;

- Prix de l'eau au m3 : 1,56€ (soit 0,00156€/L) ; - Prix de l'abonnement annuel : 58,81€ ; - Prix de l'assainissement au m3 : 1,48€ (soit 0,00148€/L).

Par ailleurs, les aménagements des quais de la Garonne ont conduit à une réappropriation du fleuve par les populations. Cet espace est au cœur de la vie des bordelais. Dans ce sens, la métropole assure l’entretien et l’aménagement de 32 km de berges dont elle est propriétaire. Ainsi, la fréquentation de plus en plus forte des berges de la Garonne montre que l’eau est enjeu pour la métropole, notamment dans le montage de projets.

Dans ce contexte, le responsable du centre eau potable de la Direction de l’eau explique que

leur « mission est d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de

l’eau potable. » (2-M.M.) Ce contrat de concession montre que la Direction de l’Eau, n’est pas

seule à travailler sur ces thématiques. Il faut que ces structures puissent s’accorder avant

d’entreprendre une action, une mise à l’agenda. Cependant, à partir de 2022, l’autorité

organisatrice sera la Direction de l’Eau et le fonctionnement du service de l’eau va évoluer.

On parle d’un contrat d’affermage. De même, elle travaille en collaboration avec l’Agence de

l’Eau Adour-Garonne « qui possède des compétences quant au financement de projet,

d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. » (3-M.M.)

Depuis 2015, les compétences de la métropole quant à la gestion concentrée et la politique

de l’eau avec la loi MAPTAM. Concernant la consommation de l’eau sur la métropole, deux

chiffres sont à retenir : Prélèvement de 50/55 millions de m3 d’eau par an ; Consommation 41

millions m3 par an sur le territoire.

Pour ce qui est de l’assainissement, il existe deux volets selon la Direction de l’eau, un sur

l’assainissement collectif et un autre sur l’assainissement individuel. L'assainissement est un

processus de traitement des eaux usées (venant de tous les usagers de l’eau), après ce

traitement ces eaux sont ensuite rejetées dans les milieux naturels. Sans assainissement

décent et de base, les populations sont plus vulnérables aux maladies notamment dû au milieu

dans lequel elles vivent et aux conditions sanitaires insalubre. Cette partie ne fera l’objet que

d’un bref constat sur le système d’assainissement pour des raisons de contraintes de temps

et par manque d’informations (transparence des données auprès du public, des usagers). On

peut remarquer sur la carte ci-dessous, que le réseau de collecte des eaux usées est

principalement concentré sur la commune siège de la métropole qui est Bordeaux et sur les

communes voisines, comme Bègles par exemple. De même, pour les stations d’épurations.

Ces données sont notamment en lien avec le volume de consommation d’eau sur le territoire

et sur la concentration urbaine située sur la commune centrale et les communes avoisinantes.

Page 25: « L’accès à l’eau potable

24

Carte 3 : Carte du réseau de collecte des eaux usées ainsi que de la localisation des stations d’épuration de la

métropole. Réalisée le 08/04/18, Lisa Ducournau

Par ailleurs, l’espace urbain de la métropole comprend 87 toilettes publique et quelques bornes

fontaines, selon Dynam’eau, ce qui montre que le territoire est équipé et possède des

possibilités. Cependant, ils sont en nombre insuffisant alors que le nombre de personnes

n’ayant pas de logement augmente chaque année. «

Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-

douches sur les communes de la métropole. En revanche, ils sont

en nombre insuffisant » (15-G.M.) Ces phénomènes font

actuellement polémiques et sont des enjeux pour les territoires. Il y

a « une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de

la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables

actions. » (15-G.M.) Les institutions prennent en considération

certaines sollicitations, mais il y en a peu. De même, les services

publics rencontrent des difficultés quant à l’entretien de ces

équipements publics. Néanmoins, les communes de Bordeaux,

Mérignas et Bègles semblent être les plus impliquées et motivées

dans ces thématiques : « Constructions de trois établissements

prioritaires d’insertion […] ; mise en place d’actions sociales […] ;

élaboration de réunions multi acteurs […] » (17-A.T.). Cependant,

elles focalisent leurs efforts sur un certain type de public (jeunes

mineurs isolés, population Rome et Bulgare), selon Dynam’eau. De

même, on remarque que les services de l’eau, tels que SUEZ ou la

Direction de l’Eau sont plus flexibles quant aux raccords au réseau

public sur une propriété privée. Il y a donc une réelle volonté des

institutions et des services de l’eau d’améliorer les conditions de vie des populations. Ainsi, de

plus en plus d’acteurs commencent à s’intéresser à ces thématiques. Nous pouvons prendre

l’exemple du collectif Action Bord’eaux créé par Médecins du Monde Aquitaine, Dynam’eau,

France Libertés Gironde, etc. Ce collectif souhaite notamment garantir l’accès à l’eau potable

pour tous, améliorer l’accès aux bornes fontaines et l’offre de toilettes publiques. Cependant,

le manque de financements et de soutiens vient freiner la mise en place d’actions. Les

Figure 4 : Borne fontaine, rue du Puits Descazeaux à Bordeaux. Prise le 10/05/18, Lisa Ducournau

Page 26: « L’accès à l’eau potable

25

interventions dans les squats sont limitées, « Dynam’eau a besoin de soutiens, de

financements, de temps et de compétences […]. » (16-G.M.) Il existe une cinquantaine de

squats sur la métropole et l’accompagnement des associations est difficile à couvrir par

manque de moyens et de compétences. « Il y a encore plusieurs centaines de personnes […]

qui n’ont toujours pas accès à l’eau. » (16-G.M.) De même, le soutien des institutions est

nécessaire.

On peut alors supposer que ce territoire est sujet à des dérives quant à l’accès à l’eau potable,

notamment par l’utilisation de branchements sauvages. Comme expliqué plus haut, les

branchements aux bouches à incendie sont le plus couramment utilisées par les squatteurs.

L’avantage selon la Direction de l’Eau, vient de la facilité à se raccorder au réseau. Concernant

les toilettes publiques, celle-ci estime que ces équipements sont en nombre insuffisant au sein

de l’espace urbain. C’est donc une réalité, d’une part, car il y a la possibilité de développer ces

équipements, de les multiplier, et d’autre part, car il y a une réelle demande et que les acteurs

locaux ont consciences des besoins qui existent.

La gestion de l’eau reste difficile à mettre en place pour les services publics, d’une part

car c’est une ressource « primaire » qu’il faut entretenir, elle est renouvelable à un certain

seuil, puis d’autre part car c’est un droit fondamental pour l’humanité. Dans ce sens, les

services et délégataires doivent travailler ensemble, en concertation, afin d’améliorer et de

rendre plus efficace le réseau d’eau public. Dans ce sens, la gestion de l’eau implique

nécessairement de penser à l’accessibilité et la distribution de la ressource en eau sur les

territoires. Néanmoins, un facteur essentiel vient freiner l’amélioration de l’accès à l’eau, son

coût. De plus, il est lié à d’autres facteurs, tous transversaux.

B. Du concept d’accès à l’eau potable à sa distribution

L’accessibilité à la ressource en eau reste un problème majeur pour tous les pays du

monde entier, notamment dû à sa disponibilité ou à son coût. Pour ce qui est du coût, le prix

de l’eau varie en fonction du pays, du territoire, de la ville, etc. L’accès à l’eau potable est

défini, selon l’OMS, comme « la plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder à

une source d'eau potable. Il se décline en termes de disponibilité de la source, de permanence,

de distance qui sépare le ménage de son point d'eau, soit moins de 200m. » (OMS, 2003)

Certains freins peuvent aussi compromettre la potabilité de l’eau comme les rejets d’eaux

usées en milieu naturel, l’utilisation de pesticide au niveau agricole, le mode d'accès ou les

conditions de stockage par exemple. Par ailleurs, l’OMS et l’UNICEF (2007) explique que ce

concept fait référence à « la proportion de la population ayant accès de façon durable à une

source d’eau améliorée (zones urbaines et rurales) est le pourcentage de la population qui

utilise l’un quelconque des types d’équipements suivants d’approvisionnement en eau de

boisson : eau courante, fontaine publique, forage ou pompe, puits protégé, source protégée

ou eau de pluie. Ne sont pas considérées comme des sources d’eau améliorées, l’eau fournie

par un vendeur, l’eau en bouteille, l’eau fournie par un camion-citerne ou les puits et sources

non protégés. » En résumé, il s’agit du fait qu’une population puisse se rendre et utiliser un

point d’eau se retrouvant en adéquation avec toutes les normes en vigueurs concernant la

potabilité de l’eau. Dans ce sens, le schéma ci-dessous F. Fournet11 illustre d’une manière

simple les relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires, en particulier au

niveau individuel.

11 Dr. Florence Fournet, Université de Ouagadougou, 2006-2007.

Page 27: « L’accès à l’eau potable

26

Figure 5 : Relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires. Source : Fournet, Florence. Rican, Stéphane. Vaillant, Zoé. Roudot, Anna. Meunier-Nikiema, Aude. Kassié, Daouda. Dabiré, Roch. Salem, Gérard. (2016) The Influence of Urbanization Modes on the Spatial Circulation of Flaviviruses within Ouagadougou (Burkina Faso). International Journal of Environmental Research and Public Health, 13. DOI: 10.3390/ijerph13121226. Source: http://journals.openedition.org/eps/1519#quotation

Dans ce sens et depuis les années 2000 environ, on remarque une volonté d’améliorer l’accès

à l’eau potable et à l’assainissement de la part de certains organismes, de même cet aspect

figure parmi les objectifs de développement durable. D’après un rapport commun de l’OMS et

de l’UNICEF, « 2,1 milliards de personnes, soit 30 % de la population mondiale, n’ont toujours

pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable et 4,4 milliards, soit 60 %,

ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité » (2017). Au même

titre, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels stipule que « le

droit à l’eau implique un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût

abordable, d’une eau saine et de qualité pour tous les usagers » (1976). De plus, le droit à

l’eau induit de parler du droit à l’assainissement. Dans ce sens, nous pouvons retrouver cet

aspect dans les droits fondamentaux de l’humanité, au même titre que le droit à la vie et à la

dignité, le droit au logement ou bien le droit à la santé par exemple. Ce sont notamment ces

évènements, Assemblée générale des Nations Unis, la Commission des Nations Unis et la

Conférence de Rio, qui ont marqué la construction de ce concept. C’est aux institutions et donc

aux gouvernements, de mettre en place des règlements, de la législation, de la politique et

des stratégies, afin d’assurer la mise en œuvre du droit à l’eau sur le territoire. Dans ce sens,

le droit à l’eau peut être mise en œuvre de différentes manières, cependant, il doit faire l’objet

d’une définition des droits et obligations de chaque partie prenantes en direction de tous les

usagers. Par ailleurs, Baechler12 parle « d’accès à l’eau comme un défi quotidien » (dans le

sens d’un accès décent à des sources améliorées d’eau potable pour tout ménage vivant sur

le territoire français). Selon l’auteur, cela constitue non seulement une nécessité vitale pour

les populations, mais c’est aussi un droit pour l’être humain.

« Le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement

acceptables par tous institué en France par la loi sur l’eau et les milieux

aquatiques du 30 décembre 2006 constitue un enjeu majeur. Les élus

locaux, de par leur proximité avec les citoyens, peuvent porter une

attention particulière aux personnes les plus démunies, qu’il s’agisse de

personnes rencontrant des difficultés pour payer leur facture d’eau ou de

celles privées d’une desserte en eau : sans-abri ou en logement précaire,

gens du voyage, forains mais aussi, plus largement, touristes et

promeneurs. Cependant, malgré leur bonne volonté, des difficultés

normatives et techniques contraignent parfois les élus à fermer des

fontaines d’eau potable ou des toilettes publiques. » Jacques Pélissard,

12 Baechler L. dans « L’accès à l’eau, enjeu majeur du développement durable », 2017.

Page 28: « L’accès à l’eau potable

27

président de l’Association des maires de France / Odile Gauthier, directrice de

l’eau et de la biodiversité.

Cette citation de J. Pélissard est particulièrement intéressante, dans le sens où il représente

l’association des maires de France. En effet, les institutionnels en collaboration avec des

délégataires, jouent un rôle important dans la construction et la gestion du réseau d’eau public

et donc indirectement de l’accès à l’eau potable. Il y a une volonté de la part de ces acteurs,

cependant des facteurs peuvent freiner les initiatives d’amélioration de l’accès à l’eau potable

pour tous, en milieu urbain. Par ailleurs, cela peut générer des enjeux sur le territoire, que ce

soit au niveau social, sanitaire ou bien environnemental. Certains facteurs sont notamment

cités, les « difficultés normatives et techniques » des services publics, mais nous pouvons

aussi penser aux contraintes financières.

Le fait d’exercer une fonction au sein d’un service public impose de suivre des directives, des

politiques et des orientations politiques, ce qui peut contraindre le montage d’actions (ex :

installation d’un compteur pour des populations en situation de précarité). Dans le cadre de

l’enquête qualitative, la Direction de l’Eau expliquait que le « principe d’égalité, d’équité entre

les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout

le monde. » (1-M.M.) Dans ce sens, l’eau à un prix et n’importe quel usager doit assurer son

paiement. De plus, le service de l’eau utilise des offres tarifaires dissuasives selon des

tranches de consommation d’eau. Pour l’acteur interrogé, « les thématiques de l’accès à l’eau

et des squats ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la

ressource et la politique de l’eau […], la compétence de défense extérieur contre l’incendie »

(1-M.M.). Ce qui montre que ces phénomènes doivent être pris en compte par les institutions,

car ce sont elles qui influent le plus directement sur le territoire et mettent en place les

politiques publiques. On peut notamment penser à l’amélioration des conditions et du cadre

de vie des habitants de la métropole. Un exemple illustre bien ces phénomènes, celui de

l’utilisation sauvage des bornes à incendie : « c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas

comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon

fonctionnement, […] » (1-M.M.) Ces branchements sauvages sont ainsi qualifiés d’illégaux

pour le service de l’eau. Afin de pallier l’absence de paiement des factures par les usagers les

plus précaires, la Direction de l’Eau a notamment mis en place des chèques Eau (conditions

d’éligibilité). Au niveau social, on remarque que le service de l’eau met en place des aides

auprès de certains usagers ayant un abonnement (critère d’éligibilité). Dans ce sens, elle

bénéficie d’un budget de 400 000 euros afin de porter des initiatives concernant la lutte contre

la précarité. Cependant, « c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes13

eau. » (2-M.M.) De plus, il finance des projets de solidarité internationale et de coopération

décentralisée. Cependant, ces projets ne sont pas destinés aux habitants de la métropole. «

[…] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les

prendre en compte aujourd’hui. » (3-M.M.)

Comme le stipule le règlement du service de l’eau, « […] si un usager souhaite avoir accès à

l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. » (8-M.M.) Dans ce sens,

les usagers doivent payer les factures pour avoir accès à l’eau potable. Selon la Direction de

l’Eau, il n’existe pas d’autres solutions que celle-ci. D’autres alternatives existent comme la

construction de toilettes mobiles ou de borne fontaine à proximité, par l’aide d’associations par

exemple. « […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est

mieux que de vivre dans la rue. » (8-M.M.) Selon les services de l’eau, le fait de maintenir ces

squats n’est pas une solution pour les occupants, cependant, c’est plus sécurisant pour eux

de vivre dans la rue. L’acteur interrogé est aussi celui qui s’occupe des dossiers squat pour ce

13 Loi Brottes de 2013 : Interdit les coupures d’eau potable en cas de factures impayées, dans le cas où la personne a souscrit à un abonnement (article L115-3 du Code de l’action sociale et des familles).

Page 29: « L’accès à l’eau potable

28

qui est l’accès à l’eau. D’autres services peuvent être sollicités au niveau de Bordeaux

Métropole, comme celui de l’habitat. Selon le responsable du centre eau potable, le fait de

mener des actions est issue d’une décision politique. Ces problématiques sont récentes. « […]

je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est

aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit

acter de ces orientations. » (10-M.M.) Au même titre que les propos de Dynam’eau, l’inscription

de ces questions auprès de décisionnaires n’existe que depuis trois ans environ. Il est

important d’impliquer les politiques, les élus dans ces thématiques, afin que tout le monde

puisse travailler ensemble, mais aussi aller vers l’amélioration des conditions de vie dans les

squats et pour les populations de la métropole.

Dans ce sens, il parait intéressant de pouvoir identifier les individus ayant accès à l’eau et

ceux n’ayant pas accès à cette ressource. Dans ce contexte, un outil d’évaluation des services

d’eau a été créé par WashCost et le Centre international de l'eau et de l'assainissement (IRC).

Cette application permet depuis 2008 à certains acteurs, comme des entreprises, des

donateurs et des associations par exemple, de pouvoir évaluer les services d'assainissement

et d'eau du coût de l’eau et d’échelle. Ces différentes échelles correspondent à différents

niveau (d’ordre qualitatif et non quantitatif) de progression d’accès à l’eau et de service auprès

des usagers. Ainsi, cela pourrait permettre d’adapter les actions de chaque acteur vers une

préservation et un accès à la ressource raisonné.

Figure 6 : Échelle de niveaux de service en eau potable (raccordé au réseau public)

Cependant, cette application peut être contestable, car elle ne prend en compte que des

aspects techniques simples. Le fait de rencontrer plusieurs facteurs peut influencer le niveau

d’accès à l’eau des individus, mais aussi la qualité de l’eau, et ces facteurs sont notamment

sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques. Dans ce sens, son utilité se retrouve

dans la définition des niveaux de services. Par ailleurs, le Global Water Supply and

Assessment Report de 2000 soutien le fait d’introduire un quotas minimum d’eau par individu,

dans la définition du concept d’accès à l’eau, en voici un extrait : « disponibilité de 20 litres par

tête et par jour à une distance inférieure à 1 000 mètres ». La notion de disponibilité est alors

mise en avant, alors que les précédentes définitions parlaient plutôt de qualité et de quantité

(concernant l’utilisation de l’eau). Pour résumer, l’accès à l’eau potable concerne la part de la

Page 30: « L’accès à l’eau potable

29

population pouvant avoir accès, dans de bonnes conditions, à un approvisionnement suffisant

en eau potable, au domicile ou à proximité de celui-ci (moins de 200 mètres). En France,

certains organismes nationaux comme le CNE (Comité National de l’Eau), ont la volonté de

tendre vers l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour les population en situation de

précarité. Selon André Flajolet, président du Comité national de l’eau (CNE), « La loi sur l’eau

et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 a introduit le droit à l’eau dans notre législation.

Ce principe a été complété par l’adoption de diverses mesures pour faciliter l’abonnement aux

services d’eau, comme l’interdiction des dépôts de garantie ou des demandes de caution.

Mais, face à des situations d’urgence, d’autres mesures s’imposent pour permettre à chacun,

notamment aux personnes en grande précarité, de disposer d’un minimum vital d’eau potable

et d’équipements pour l’hygiène. Car, parmi tous les services essentiels, l’eau est celui dont

on peut le moins se passer. » (2012) Au même titre, nous pouvons citer la Loi (n° 2011-156)

du 7 février 2011, relative à la solidarité dans les domaines l’eau potable et de

l’assainissement. Par ailleurs, en juin 2011, le comité national de l’eau a émis l’avis suivant

concernant l’accès à l’eau des personnes qui en sont exclues : « Le Comité national de l’eau,

ayant pris connaissance du rapport et du projet d’avis préparé par le Comité consultatif sur le

prix et la qualité des services d’eau et d’assainissement, […] constate que l’accès à l’eau et à

l’assainissement n’est pas garanti pour les personnes sans domicile identifié, les gens du

voyage et sans-abri, […] souhaite qu’un guide des pratiques en matière d’accès à l’eau et à

l’assainissement des exclus soit mis à disposition des collectivités d’ici 2012 afin

d’accompagner les collectivités désireuses de s’investir sur la question de l’accès à l’eau pour

les personnes qui en sont exclues. » (Délibération n° 2011-02) Dans ce sens, on peut

remarquer que certains publics n’ayant pas un « domicile identifié » n’ont pas accès à l’eau de

façon permanente.

En France, le fait d’avoir accès à l’eau peut impliquer d’avoir un logement, or pour

certaines populations en situation de précarité ce n’est pas le cas. Elles sont souvent

contraintes de trouver d’autres alternatives. Par ailleurs, le fait de penser « accessibilité à l’eau

potable » a d’abord impliqué de parler de la qualité et de la quantité d’eau. Cependant, d’autres

facteurs sont à prendre en compte notamment au niveau des équipements, des besoins des

populations et de la distance à parcourir pour avoir un point d’eau. De même, l’offre

d’équipement et de points d’eau dans l’espace public est insuffisant au sein de la métropole,

sont notamment remis en cause le manque d’intérêt des services et le manque de

financements.

C. Rendre visible l’invisible : les oubliés de l’eau en France

Selon F. Poupeau, dans « Les frontières de la métropolisation, Inégalités socio-

spatiales d’accès à l’eau et indicateurs de pauvreté à La Paz en Bolivie » (2009), les grandes

villes, les inégalités d’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont souvent liées aux

inégalités sociales, mais aussi au coût de l’eau, à sa qualité et aux risques environnementaux.

Pour G. Blouin Genest, F. Julien et S. Paquerot, dans l’ouvrage « L’eau en commun. De

ressource naturelle à chose cosmopolitique » (Québec, Presses de l’Université du Québec,

2012), on assiste actuellement à l’émergence d’une crise de l’eau, qui freine les conditions de

la mise en commun de cette ressource. Ainsi, la lutte contre l’inégalité spatiale et temporelle

de la ressource doit passer par différents échelons, national comme international. À ce jour,

un contexte particulier y est aussi lié, celui de la solidarité territoriale au niveau local et/ou de

l’intégration.

À l’échelle de la ville, on observe de nombreuses transformations de l’espace et de

l’organisation urbaine, notamment des services publics. Dans le texte « Eau des villes :

Page 31: « L’accès à l’eau potable

30

repenser des services en mutation » (2010), S. Jaglin et M. H. Zérah affirment que

l’amélioration des services en eau passe par l’amélioration de la productivité urbaine, des

conditions de services, ... Ils parlent d’équité sociale et territoriale au niveau de l’offre de

services. En 1980 la gestion des services publics se transforme, ces changements se

traduisent par l’efficacité des entreprises privées agissant pour le public, par la multiplication

des partenariats public/privé, etc. C’est aussi l’un des processus à l’origine des décisions en

matière de gestion de l’eau (aussi issu de facteurs politiques). Selon les auteurs, la « nature

principale du problème est d’ordre politique : c’est celle de la construction sociale des services

d’eau et de leur prise en charge collective » (Coing14, 2010). Dans ce sens, le fonctionnement

des services d’eau dépend de variables définies en dehors d’eux, que l’on peut retrouver dans

la conduite des politiques ou des structures sociales par exemple. On pourrait alors penser

que les dysfonctionnements viennent de ces systèmes organisationnels. Afin de pallier les

demandes insatisfaites, des entreprises interviennent dans le système conventionnel, ce sont

des offres alternatives (extension des services de l’eau). Comme cité plus haut, les chercheurs

parlent d’une « généralisation des offres décentralisées conduisant à la création de normes

d’accès » dans les villes. Pour eux, « les usages sont intégrés dans des réseaux sociaux et

marchands qui assurent une qualité des eaux et des services ». Dans ce sens, les services

marchands comprennent des opérateurs locaux privés, des formes de privatisation

communautaire dans les « quartiers précaires » (Jaglin15 et Bousquet, 2011) et des offres

alternatives. Ainsi, la gestion de l’eau est liée au processus décisionnel de l’action collective

en ville. On remarque alors qu’il existe une diversité des modes de productions (avec un

monopole public) et de gestion (publique/privée) des services d’eau.

G. Blouin Genest, F. Julien et S. Paquerot prennent position sur la question de la mise en

commun (condition du « vivre ensemble ») de l’eau par le biais du cosmopolitisme, c’est-à-

dire la mise en avant d’une solidarité face à un destin commun face à l’ouverture à un monde

où les frontières et les États. Dans ce sens, la notion « cosmopolitisme » ferait référence à

celle de « citoyen du monde » et permettrait de décrire tout ce qu’il y a en commun dans les

pays ou dans un pays. C’est en quelque sorte considérer que la question de l’eau se retrouve

partout à l’échelle mondial et nous concerne tous. Pour eux, cette mutation est entravée par

le passage d’une gouvernance « États-nations » à une gouvernance dite mondiale. Cette

nouvelle conception de l’organisation de la gestion de l’eau peut alors aller à l’encontre de la

création de nouveaux principes, car ils ne répondent pas aux attentes de la gouvernance

mondiale. L’exemple du GIRE (principes de la Gestion intégrée des ressources en eau) basé

sur la demande avant l’offre de la ressource en eau est cité dans ce document. Dans ce sens,

les auteurs concluent que la mise en œuvre de ces principes dans une vision de « l’eau comme

bien commun de l’humanité » par l’écocitoyenneté ne va pas de pair avec la souveraineté des

États, ce pourquoi la mise en commun ne peut s’appliquer. Par ailleurs, d’autres principes ne

peuvent voir le jour : non appropriation à l’échelle de l’état ou du bassin ; reconnaissance de

la ressource comme élément vital ; hiérarchisation des usages ; suppression des permis à

polluer, voire à détruire la ressource. Dans ce sens, cet ouvrage m’amène notamment à

m’interroger sur la portée d’un tel intérêt pour la souveraineté des États et nos conceptions

habituelles de la mise en commun.

En parallèle un autre ouvrage m’a particulièrement interpellé, celui de H. Aubry (directrice de

la collaboration) « Les autres voix de l’eau. Les enjeux du Forum alternatif mondial de l’eau »

(2012). Il fut rédigé dans le cadre du sixième FAME (Forum Alternatif Mondial de l’eau) de

2012 basé à Marseille. Divers acteurs été présents ce jour-là : associations, mouvements,

14 Coing H. et Montano I., dans « La gestion de l’eau potable dans le tiers monde », 1986. 15 Jaglin S. et Bousquet A., dans « Conflits d’influence et modèles concurrents : l’essor de la privatisation communautaire dans les services d’eau d’Afrique subsaharienne », 2007-2011.

Page 32: « L’accès à l’eau potable

31

syndicats, ONG, citoyens et autorités locales de différents pays. Le FAME a pour but de

« Proposer des solutions alternatives afin de donner de l’eau à ceux qui en ont besoin ;

Promouvoir la reconnaissance de l’eau comme bien commun ; Rendre effectif l’accès à l’eau

potable comme un droit pour l’humanité ; Défendre les services publics et les citoyens ;

Contester la légitimité du forum des marchands de l’eau ». Le forum a été créé en opposition

à la privatisation des services de l’eau dans certains pays comme l’Italie, la Colombie, la

France, etc. Les individus ayant participé à la construction de l’ouvrage dénoncent notamment

« l’emprise des multinationales de l’eau sur sa gestion (avec l’exemple de la France) et la

libéralisation des services de l’eau (engagée dès 1990) dans les pays où la privatisation est

majoritaire ». De plus, les collaborateurs de l’ouvrage soutiennent que « les grands contrats

de partenariat public-privé, signés par Suez ou Veolia avec les collectivités locales des cinq

continents n’ont pas tenu leurs promesses. La mobilisation populaire dénonce notamment la

mainmise des actionnaires des entreprises multinationales sur les marchés de l’eau ».

Enfin, selon C. Pezon dans le chapitre « Accès à l’eau potable et développement : Le

rôle des libertés dans la conversion de l’accès à l’eau en développement » (ouvrage « Eaux,

pauvreté et crises sociales », 2009), sur « les dernières décennies, l’amélioration de l’accès à

l’eau potable et à l’assainissement est mentionnée dans les directives du développement

durable ». Un exemple est soulevé, celui de la diminution du nombre de personnes n’ayant

pas d’accès « adéquat » à l’eau potable et à l’assainissement. Cependant, pour la chercheuse

« si le taux de desserte a réussi à se maintenir malgré une croissance démographique

soutenue, l’accès de ce service de base ne s’est pas amélioré pour les populations qui en

étaient traditionnellement exclues ». Depuis les années 2000, les autorités locales ont dû

transformer l’organisation et la gestion de leurs services d’eau pour devenir plus efficace, sont

ainsi remis en cause les nouvelles réformes territoriales, la privatisation (de la gestion par

exemple) et la régulation (contrôle des opérateurs privés). C. Pezon aborde aussi la

problématique du coût de l’eau dû entre autres, à « l’incapacité des ménages (des individus)

visés à honorer leurs factures », les dimensions économiques et politiques rentrent alors en

jeu. Les acteurs locaux et plus particulièrement les associations et les ONG, parlent de

l’importance de la « complémentarité, au moins durant une phase de transition, entre

différentes formes d’approvisionnement en eau sur un même territoire (points d’eau

traditionnels, eau du réseau) selon l’usage, pour améliorer l’accès à l’eau potable des

populations vivants dans les quartiers péri-urbains » de grandes villes. L’accessibilité à l’eau

potable en France, passe donc par le fait que les individus n’arrivent pas à couvrir les coûts

de la ressource (prix de l’eau selon le ménage) ou bien par l’inadéquation des réseaux de

distribution avec leur lieu de vie. Plus généralement, les individus en situation d’exclusion et/ou

en situation de précarité sont les premiers touchés par cette inaccessibilité à la ressource en

eau.

En parallèle, une notion peut venir renforcer ces situations de précarité et d’exclusion des

individus, c’est l’invisibilité des publics dans la société. Une étude de l’ONPES a souhaité

datant de 2014, traite de la question de l’invisibilité des publics pauvres, des formes que revêt

cette invisibilité et de ses causes. Ainsi, une typologie a été construite autour de diverses

auditions, nous pouvons observer dans le tableau ci-dessous cinq « types » d’invisibilité,

proposé par l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale, ainsi que les

différents facteurs pouvant expliquer l’invisibilité des publics pauvres. Ces différents types sont

liés les uns aux autres, ils sont fortement corrélés.

« Types » d’invisibilité de nature différente

Facteurs pouvant expliquer cette invisibilité

Page 33: « L’accès à l’eau potable

32

- Une invisibilité politico-médiatique ;

- Une invisibilité sociale ; - Une invisibilité

institutionnelle ; - Une invisibilité scientifique ; - Une invisibilité recherchée

par les publics eux-mêmes.

- Du côté des publics : souhait de ne pas se rendre visible (situation illégale par exemple) ; isolement géographique (faible accessibilité à un service par exemple) ; isolement social et relationnel ; distance vis-à-vis des institutions…

- Du côté de l’action publique : absence de volonté politique ; inadaptation des modalités de comptage statistique ; insuffisance des moyens de repérage ; situations aux marges des dispositifs publics ; fin de prise en charge…

Figure 7 : Typologie des différents « types » de publics invisibles accompagnée de leurs facteurs explicatifs. Rapport final de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy et Pauline Kertudo. Champ : France, mai 2014. Source : Etude sur la pauvreté et l’exclusion sociale de certains publics mal couverts par le statistique publique - ONPES/FORS recherche sociale. Source : http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/RAPPORT_ONPES_Publics_invisibles.pdf

Dans cette typologie de l’ONPES sur l‘invisibilité des publics, nous pouvons remarquer

que les publics n’ayant pas accès à l’eau potable ou bien nous pouvons supposer que les

publics vivants en squat, sont sujets à différents types d’invisibilité. Dans ce sens, il est

intéressant de citer : l’invisibilité politico-médiatique ; l’invisibilité sociale ; l’invisibilité

institutionnelle ; l’invisibilité recherchée par les publics eux-mêmes. De plus, nous observons

que ces formes d’invisibilité sont, soit subis par les individus, soit il y a une volonté de ces

individus d’être dans cette situation. Par ailleurs, divers acteurs locaux peuvent être impliqués

dans ces phénomènes, comme des acteurs institutionnels et publics par exemple. L’ONPES

soutient par ailleurs, qu’il y a une volonté de ces acteurs de tenir à l’écart ces populations,

notamment pour ne pas nuire à l’image de la ville.

Page 34: « L’accès à l’eau potable

33

Partie II - Axe de recherche : de la sociologie urbaine au cadre

situationnel des squats en milieu urbain

Par la suite, la seconde partie traite des individus en situation de précarité et/ou

d’exclusion vivants dans les squats. Le terrain d’étude étant celui de la métropole de Bordeaux,

il parait évident de focaliser la recherche sur deux communes en particulier : Bordeaux et

Bègles. A cet effet, une carte de la localisation des squats au sein de la métropole a été

réalisée. Afin d’affiner cette recherche et de respecter la durée de réalisation du mémoire, il

était nécessaire de pouvoir sélectionner quelques squats à observer. Les facteurs suivants ont

été essentiels à cette sélection : leurs localisations ; le nombre et le type d’individus qui y

vivent ; leurs relations avec les associations locales et les institutions) dans le but d’affiner mes

recherches et de master première année.

A. Le mal-logement : les effets de la ségrégation socio-spatiale, de la

précarité et de l’exclusion sociale

Cette partie fait l’objet d’une analyse de la ségrégation socio-spatiale, liée au milieu

urbain, à l’accès à l’eau potable et aux squats. F. Poupeau, dans ses travaux sur « les

frontières de la métropolisation, Inégalités socio-spatiales d’accès à l’eau et indicateurs de

pauvreté à La Paz en Bolivie (2009) », explique que l’analyse des inégalités à partir de

l’indicateur d’accès à l’eau montre l’importance des dimensions spatiales et sociales des

formes de ségrégation urbaine. Pour lui, les difficultés des quartiers situés en périphérie de la

métropole renvoient souvent au processus de métropolisation16. Les conflits ne relèvent pas

seulement de divergences économiques, mais aussi à des différences de condition, de style

de vie et d’aspirations sociales. Dans ce sens, plusieurs publics sont touchés par

cette « désaffiliation », cette exclusion et ségrégation (les ménages en situation précaire, les

sdf, les immigrés, les étrangers, et même, les personnes âgées par exemple). Afin de

percevoir plus facilement la différence entre ces processus (particulière ceux de la

ségrégation, de l’exclusion et de l’intégration), le schéma17 suivant constitue une référence

intéressante (utilisé notamment par So’Lille, V. Le Chêne et P. Plantard).

16 Métropolisation : « Mouvement de concentration de populations, d’activités, de valeur dans des ensembles urbains de grande taille », selon le site Géo confluences (Ens-lyon.fr). Fait aussi référence à un projet politique qui vise à rénover la façon de rendre un service public de qualité aux habitants de l'agglomération. 17 Schéma des différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et d’inclusion. V. Le Chêne et P. Plantard, « Les perspectives d’e-Inclusion dans le secteur du handicap mental » (2014).

Page 35: « L’accès à l’eau potable

34

Figure 8 : Différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et d’inclusion. Source : Véronique Le Chêne et Pascal Plantard, « Les perspectives d’e-Inclusion dans le secteur du handicap mental », Terminal [En ligne], 115 | 2014, mis en ligne le 15 mai 2014, consulté le 01 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/terminal/419 ; DOI : 10.4000/terminal.419

Pour mettre en évidence ces populations il est alors important de prendre en compte, non

seulement des dimensions de pauvreté (au sens de précarité), d’exclusion, mais aussi de

construire des indicateurs socio-spatiaux. D’après S.Tissot et F. Poupeau, dans « La

spatialisation des problèmes sociaux » (2005), la question de la pauvreté semble ne plus

pouvoir se discuter qu’à travers un registre spatial et à l’aide de catégories territoriales. On

peut prendre l’exemple « d’exclus », « d’immigrés », qui sont toujours associés à leurs lieux

d’habitation, les « banlieues », les « squats » … Une politique a par exemple été créée afin

d’administrer les « quartiers sensibles » et d’intervenir sur leur peuplement en vue d’équilibrer

socialement la population, selon les quartiers, c’est la politique de la ville. Alors que les classes

populaires sont soumises aux effets des transformations du marché du travail, du système

scolaire et de l’habitat (chômage, logements, précarisation, stigmatisation des immigrés, etc),

ces phénomènes peuvent s’apparenter à la notion de « misérabilise » (que je souhaite éviter

dans le contexte de ma recherche). Pour eux, trois moments historiques marquent ces

recompositions : la réforme de l’État ; la « gauche » française ; la colonisation.

Pour Y. Grafmeyer et J. Y. Authier, dans leur ouvrage « Sociologie urbaine » (2011),

la ville est perçue comme « territoire », comme une unité de vie collective. La sociologie

urbaine se définit alors comme l’analyse de la dimension urbaine des principaux aspects de la

vie sociale. Pour les chercheurs, la ville est un lieu de rencontre et d’échange, un lieu dans

lequel on se rapproche (résultat d’un mouvement). Par ailleurs, l’École de Chicago parle aussi

d’une mosaïque territoriale où coexiste des populations diverses (interdépendance) et c’est

aussi la figure de la centralité. Enfin, ces concepts font aussi référence à la sociologie urbaine,

qui est une partie intégrante de la structure sociale. Il y a ici un lien avec la notion de « milieu

de vie » (Durkheim) et à des enjeux de lutte pour son appropriation (Bourdieu). La ville est

alors perçue comme un fondement du processus de socialisation et d’intégration (ce sont les

processus et politiques qui ont pour objet de faciliter sa mise en œuvre). De même, les

individus en situation de précarité ont un avantage à vivre en ville du fait de la proximité des

services urbains et de l’emploi. Dans ce sens, mener une politique visant une perspective

d’intégration consiste à définir et développer des actions pour maintenir la cohésion sociale au

niveau local comme national, de sorte que chacun puisse vivre « normalement » dans le

respect des lois et l’exercice de ses droits et de ses devoirs. Face à cela un concept apparaît,

celui de la ségrégation socio-spatiale, qui permet notamment d’analyser comment se forme la

division sociale de l’espace, par le biais des configurations spatiales et des positions sociales.

En parallèle, les notions d’appropriation de l’habitat et de la ville influencent le phénomène de

Page 36: « L’accès à l’eau potable

35

ségrégation socio-spatiale. On peut alors se demander si les types d’habitats influencent les

relations entre individus ? Dans ce sens, la question du foncier, du logement rentre en jeu,

c’est par cette approche que les squats sont pris comme exemple. On remarque que les

pratiques des migrants s’inscrivent dans des logiques distinctes de celles des structures

sociales au niveau local. Ainsi, pour les auteurs, la socialisation est considérée comme une

intériorisation de normes et de valeurs, mais aussi de formes de relations entre individus.

En parallèle, dans « La ségrégation : une injustice sociale ? » (2009), de S. Lehman-Frish.

L’auteur explique que la ségrégation est souvent abordée en géographie et en sciences

sociales. De nombreux chercheurs associent ce processus à de « l’injustice spatiale ». Selon

Roncayolo18 (1972), la notion de ségrégation s’apparente au phénomène de division sociale

de la ville. Actuellement, elle est aussi assimilée à une « forme spatiale d’injustice urbaine »

(Fol19, 2005). Dans ce sens, elle se lie avec la division sociale de l’espace qui est, selon

Grafmeyer (1994), « à la fois le produit, le reflet et un des enjeux de la différenciation sociale ».

Ces notions, me permettent ainsi de faire un lien entre division socio-spatiale (avec des

individus étant en situation d’exclusion au sein d’un espace urbain) et ségrégation socio-

spatiale. De plus, selon Lehman-Frisch20, un autre type de ségrégation rentre en jeu, celui

résultant des inégalités de ressources et de la position sociale des habitants. Henri Lefèbvre21

parle aussi de « projection sur le sol des rapports sociaux ». Dans ce sens, « espace,

ressource et ségrégation » vont de pair. Par ailleurs, la ségrégation n’est parfois pas une

contrainte (exemple des politiques publiques discriminantes ou des forces économiques

structurelles), cela peut aussi émaner d’une volonté et « résulte de décisions individuelles

discriminatoires » (résulte d’une perception). L’auteur ne qualifie alors pas le phénomène

d’injuste, elle parle de « mouvement d’agrégation ». En France, le terme d’injustice n’apparaît

pas en tant que phénomène dans les textes constitutionnels, il est plutôt apparenté à l’égalité.

Au niveau urbain, selon les questionnements des chercheurs la mixité pourrait alors être le but

à atteindre pour devenir une société juste. Ainsi de nombreux experts (urbanistes, architectes,

élus politiques…) s’attachent à prendre en considération la mixité socio-spatiale. Enfin, selon

S. Lehman-Fisch, « la ville juste ne peut être réduite à sa forme ou à la question de la mixité,

et la condition nécessaire de son avènement est bien la mise en œuvre d’un système politique

démocratique permettant l’expression libre et respectée des différents groupes citadins ».

En comparaison, dans son article « Pour une approche critique de la mixité sociale.

Redistribuer les populations ou les ressources ? » (2009), E. Charmes défend une approche

de la mixité sociale, notamment à travers des sujets comme l’éducation, le logement ou la

politique de la ville. Pour l’auteur, « les habitants les plus pauvres souffrent ainsi d’un accès

dégradé aux services publics et aux équipements urbains ». Ils subissent aussi d’autres

inégalités comme celles de l’accès à l’éducation, à l’égalité des chances. À long terme, « la

ségrégation menace les politiques de la vie urbaine, les villes perdant leur capacité à créer du

lien social ». Pour lutter contre ce phénomène, le chercheur parle du concept de mixité dans

les quartiers d’habitation. D’après A. Bourdin dans « Urbanisme et quartier » (2003), la notion

de quartier d’habitation peut faire référence « à l’habitat, à la convivialité, à l’animation et à

l’idée d’un espace maîtrisé par ceux qui l’occupent », c’est ainsi que la mixité peut être

appréhendée. Pour d’autres, cela peut être aussi le cadre dans lequel se développe un ordre

social correspondant à une collectivité, une communauté. Cependant, certaines critiques

18 Roncayolo M. (1972), dans « La division sociale de l’espace urbain : méthodes et procédés d’analyse », in Bulletin de l’Association des Géographes Français. 19 Fol S., Lehman-Frish S., Morange M., dans « Ségrégation et justice spatiale » (2013), Presses universitaires de Paris Ouest, col. « Espaces et justice » p.352. 20 Lehman-Frish S., dans « La ségrégation : une injustice sociale ? » (2009). 21 Lefèbvre H., dans « Le Droit à la Ville » suivi par « Espace et Politique », Paris, Ed. Anthropos-Economica (2009

[1968]).

Page 37: « L’accès à l’eau potable

36

émergent comme avec les politiques de dispersion et des regroupements affinitaires. En effet,

cela pourrait permettre de faciliter la construction de liens de solidarité et la production de

diverses ressources, cependant l’interaction avec autrui est créatrice de distance et détruit le

lien social. Selon E. Charmes, l’expérience des espaces publics peut être celle de la

domination et peut aussi produire un sentiment d’exclusion. L’objectif de mixité empêche de

prendre en considération des politiques qui pourraient traiter plus efficacement les problèmes

posés par la ségrégation socio-spatiale. De même, renforcée par le discours sur la nécessité

de lutter contre le communautarisme, le recours à la notion de mixité nourrit une représentation

des quartiers populaires comme lieux qu’il faut détruire et éviter plutôt que comme lieux à

valoriser, à développer, notamment pour ce qui est de la diversité culturelle et de la solidarité

qui y résident.

En résumé, c’est à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en France, que des

difficultés de logement voient le jour, provoquant notamment des phénomènes de ségrégation,

de discrimination et d’exclusion pour les populations. Par ailleurs, ces effets sont issus de

différents facteurs comme celui de la précarité et de la pauvreté. On parle d’une « crise du

logement ». Selon M. Mouillart22, « alors que les besoins en logement restent élevés, de l’ordre

de 500 000 chaque année, le nombre de logements mis en chantier sera de l’ordre de 300 000

en 2014. Cela signifie que compte tenu du nombre actuel de ménages et de son évolution, on

aura construit cette année […] moins de 11 logements pour 1000 ménages, alors qu’il en

faudrait près de 70% de plus. » Et alors souvent remis en cause la décision des pouvoirs

publics ainsi que les politiques publiques mises en place. De nombreuses dimensions sont

alors remises en question, comme les dimensions historiques, sociales, économiques,

environnementales, immobilières et territoriales.

B. Habiter en marge l’espace en milieu urbain, le cas des squats

Cette recherche a nécessité de se focaliser sur un seul type de public en situation

d’exclusion, dû en partie au phénomène de ségrégation socio-spatiale. Par la problématique

du logement et du foncier, il y a un choix de travailler sur des individus vivant dans les squats,

vivants dans des lieux « sans droit, ni titre ». Sachant, que nous pouvons rencontrer divers

types de publics dans ces lieux de vie. De plus, je me suis attachée à garder un fil conducteur

à ma réflexion qui tournera autour de l’accessibilité à l’eau potable. Actuellement, l’habitat est

considéré comme la première source de dépense pour les ménages, selon l’urbaniste J.C.

Driant, « en moyenne 25% des dépenses des ménages sont conférés au logement. » A travers

ce chiffre, on remarque que cette part de dépense est très élevé, ce qui peut engendrer des

répercutions sur le mode de vie des individus, mais aussi sur les conditions dans lesquelles

ils vivent. On remarque sur le tableau situé ci-dessous qu’en 2013, les 10% des ménages les

plus pauvres en France dépensaient environ 42,1% de leurs revenus, dans le logement, ce

qui est important alors que le salaire moyen pour un employé en France s’élève à environ

1630 euros net par mois (source : Insee et DADS, données 2015 publiées en 2017) et que le

salaire minimum s’élève à environ 1 1500 euros net par mois en 2017 (source : SMIC-

Horaire.com - Site d'information dédié au SMIC). Nous pouvons alors supposer que nombreux

facteurs peuvent contribuer au mal logement en France, notamment les facteurs liés à la part

des dépenses des ménages dans le logement.

22 M. Mouillart : Professeur d’économie et du logement à l’université Paris-X Nanterre.

Page 38: « L’accès à l’eau potable

37

Figure 9 : Tableau des poids des dépenses de logement au niveau national selon les revenus en pourcentage. Source : Insee, enquêtes Logement - © Observatoire des inégalités. www.inegalites.fr/Les-menages-modestes-ecrases-par-le-poids-des-depenses-de-logement

Par ailleurs, la Fondation Abbé Pierre estime que le mal-logement s'est « profondément

enraciné » en France, notamment dû à l’offre de logement sur le marché de la location

immobilière par exemple. Selon l’Abbé Pierre en 2008, « étant donné l’insuffisance de l’offre

par rapport à la demande, les candidats à la location, surtout s’ils disposent de ressources

modestes ou précaires, vivent à la recherche de logement comme un véritable parcours du

combattant. » Comme cité ci-dessus le fait d’être en situation de précarité, qu’elle soit minime

ou grande peut contraindre les individus à trouver un logement décent. Par ailleurs, selon

Christophe Robert, membre de la délégation générale de la Fondation23, « le logement est

devenu une vraie machine à exclure et à produire des inégalités ». Dans ce sens, en il y avait

8,2 millions de mal-logés en France, selon le rapport 2018 sur l’état du logement en France

de la fondation (Cf. partie « Annexes », page 88). A cet effet, deux autres chiffres nous

intéressent :

- 2 278 000 individus en France vivent dans des conditions très difficiles, notamment

dû au cadre de vie, c’est-à-dire au confort, mais aussi au nombre de personnes vivant

dans le logement.

- 90 962 individus occupent un logement sans droit en France.

Dans ce contexte, on peut remarquer qu’un nombre relativement important d’individus

possèdent une situation difficile pour se loger. Dans ce sens, les squats peuvent être une

alternative au mal-logement, comme l’indique le deuxième chiffre. Certaines personnes se

retrouvent parfois privées de logement, ce qui les contraint parfois à vivre dans la rue

(personne sans domicile), à vivre dans un squat, à vivre dans une chambre d’hôtel (payée et

trouvée par la personne), à vivre dans un habitat de fortune ou bien d’être hébergées par un

tiers.

23 Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre appelle les candidats à agir » daté de 2012. Source : http://www.leparisien.fr/societe/mal-logement-la-fondation-abbe-pierre-appelle-les-candidats-a-agir-01-02-2012-1840171.php

Page 39: « L’accès à l’eau potable

38

Figure 10 : Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre appelle les candidats à agir » daté de 2012. Source : http://www.leparisien.fr/societe/mal-logement-la-fondation-abbe-pierre-appelle-les-candidats-a-agir-01-02-2012-1840171.php

Le fait d’avoir accès à un logement décent, à un habitat, est un droit pour l’être humain.

Cependant, lorsque ces populations n’ont pas l’opportunité d’occuper un logement de manière

légale, elles le font illégalement afin de trouver une alternative. Dans ce sens, certaines

personnes occupent des lieux abandonnés, vides, et parfois avec le soutien d’associations.

On peut alors penser aux squats. Dans sa recherche « Le squat : problème social ou lieu

d’émancipation » (2011), F. Bouillon appréhende le squat comme un logement « contraint »,

cependant ce n’est pas toujours le cas. Dans ce sens, les squats d’habitation adoptés par

nécessité sont perçus comme un problème social. Par ailleurs, ils peuvent être des lieux

d’activités adoptés par conviction (moyen d’émancipation et vision d’un habiter « profiteur »24).

Souvent, selon la chercheuse, les politiques sur les squats sont formulées indirectement à

travers des questions telles que le logement, le droit de propriété ou la santé par exemple.

D’après elle, la plupart des squatteurs sont souvent mal logés et ce logement induit de

l’exclusion, ainsi qu’un mode de vie angoissant.

Le terme « squat » existe depuis le 17ème siècle et est apparu en Angleterre (« to squat »),

avec l’accaparement des terres paysannes par exemple. En France, ce phénomène n’apparait

qu’après la Seconde Guerre Mondiale, suite à de nombreuses contestations lors de la période

de l’après-guerre. Le fait squatter l’espace s’apparente au fait d’occuper un bâtiment ou un

terrain vague sans posséder l’autorisation du propriétaire (public ou privé). Dans ce sens, il

n’existe pas de redevance envers le propriétaire des lieux, comme un loyer à payer par

exemple. Ce phénomène est alors qualifié d’illégal. Cependant, le squat constitue un lieu de

vie, un refuge pour les gens qui y vivent. On pourrait alors penser que le squat peut

s’apparenter à un nouveau modèle économique alternatif et donc comme une alternative au

logement. Il peut être à la fois une forme de lutte contre le modèle économique actuel

(logement voulu), mais aussi une forme de logement contraint pour les individus qui y vivent.

24 Bouillon F. et Muller F. dans « Squats un autre point de vue sur les migrants », 2009.

Page 40: « L’accès à l’eau potable

39

Pour F. Bouillon et F. Muller, dans l’ouvrage « Squats un autre point de vue sur les migrants »

(2009), le fait d’« occuper l’espace, se l’approprier, est un acte de résistance s’il en est un,

lorsque l’oppression se fonde justement sur le droit à être là, à être présent ». Ils utilisent aussi

l’expression « sans droit ni titre ». Diverses directives et textes de loi permettent de fonder la

liste des droits foulés au pied de notre « État de droit ». (« Squats un autre point de vue sur

les migrants », p.136) Quelques exemples : Déclaration des droits de l’Homme et du

citoyen (1789) ; Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948) ; Loi Besson (1990) ;

Décision du Conseil constitutionnel (1995) ; Directives européennes (2003) ; Loi sur le droit au

logement apposable (2007). En parallèle, la mobilisation et la solidarité au sein des squats ont

peu à peu construits les « fondements de la lutte en faveur du droit au logement ». Une autre

expression citée dans cet ouvrage m’a interpellé, c’est « rendre visible l’invisible », ce qui

montre aussi que la plupart des squatteurs ont conscience des facteurs qui détériorent leur

situation, néanmoins c’est pour eux une volonté (« ils préfèrent vivre en squat que vivre

dehors »). Selon les auteurs, les squatteurs ne souhaitent qu’une chose, « c’est vivre comme

tout le monde » (on parle d’une normalisation du logement). Pour les squatteurs, ces lieux

possèdent à leurs yeux énormément de qualités, telles que la solidarité. Il peut être aménagé,

il est sécurisé et on peut y faire la cuisine par exemple. « Habiter c’est aussi exercer

l’hospitalité. » Selon Bouillon, ces lieux procurent à ces individus un sentiment de « maîtrise

de l’espace », intégrant parfois une perception d’identité, d’intimité. L’auteur, ajoute que ces

phénomènes peuvent se traduire par de l’appropriation morale de l’espace permettant de

mutualiser les moyens, de générer de l’entraide et d’être en réciprocité. « C’est un miroir, où

se reflètent une pluralité de problèmes sociétaux et une forme d’habiter, doté de plusieurs

dimensions positives ». Pour F. Bouillon, ces processus sont différents selon la localisation du

squat. S’il est établi dans un centre urbain, il permet aux individus de bénéficier des avantages

de cette situation (proximité, anonymat, insertion urbaine, accès aux services de la ville par

exemple).

En parallèle, lors de l’enquête qualitative, il a été décidé de focaliser la recherche sur

les squats localisés en métropole, en pôle urbain. Tout en liant cet aspect à l’accessibilité à

l’eau potable. L’objectif a été d’observer les conditions de vie dans deux squats,

présélectionnés en amont par la réalisation d’une cartographie générale de la localisation des

lieux de squats dans la Métropole de Bordeaux. Les critères de choix de la sélection sont les

suivants : la localisation du lieu (dans la commune de Bordeaux et non en zone périurbaine

comme Gradignan) ; le nombre d’individus occupant le lieu ; le type de population occupant le

lieu (voire la catégorie) ; les relations qu’il possède avec le monde extérieur (comme les

associations locales, les institutions, le propriétaire des lieux s’il y en a un) ; son niveau d’accès

à l’eau potable (selon s’il a déjà ou pas accès à l’eau). Par ailleurs, il a été important de

focaliser cette recherche sur un public « type », qui est celui des personnes en situation

d’immigration. Dans ce cadre, il a été décidé de réaliser une carte permettant de recenser les

différents squats cités, par les acteurs « ressource », lors de cette enquête.

Page 41: « L’accès à l’eau potable

40

Carte 4 : Carte de la localisation des squats cités par les acteurs « ressource » durant l’enquête qualitative.

Réalisée le 25/05/18, Lisa Ducournau

On remarque que les squats sont tous situés à Bordeaux et à Bègles, ce qui suppose que ces

zones concentrent un nombre important de logements de ce type. Voici la liste de divers squats

cités lors des entretiens (Cf. partie « Annexes », page 90), donc connus par ces personnes et

dans lesquels, les acteurs interrogés interviennent :

- Le squat du Quai des Champs (Bordeaux) où vivent 300 saharaouis ;

- Le squat du collectif Sherby (Lormont) avec des familles venant de Bulgarie et de

Roumanie ;

- Un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes d’origine Albanaise et

Kosovar ;

- Un autre squat à Bègles occupé par la communauté Roms ;

- Le squat de la Ruche (Bordeaux) qui accueille des jeunes mineurs isolés, environ une

vingtaine (venant principalement du continent africain) ;

- Un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine roumaine ;

- Le squat de l’ancien Bootleg à Bordeaux qui rencontre des difficultés et qui est

insalubre. Affluence d’individus face locaux non raccordés à l’eau et l’électricité

(approvisionnement aux toilettes publiques) ;

- Le squat du Squid à Bordeaux qui abrite environ une vingtaine de personnes (où

logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF) ;

- Le squat de la Vida Loca à Cestas Gazinet (ancien centre de loisir) ;

- Le squat des sahraouis à Pessac situé dans une ancienne ehpad (locaux appartenant

au CHU de Arnozan).

Les individus privilégient les squats de logement situés dans Bordeaux Métropole, car ils

savent qu’il y en a. Le fait que ce soit situé au sein d’une métropole peut constituer des

avantages pour les squatteurs, notamment concernant les service de proximité ainsi que

l’insertion sociale et professionnelle. Un aspect revient dans les discours celui des squats

Page 42: « L’accès à l’eau potable

41

contraints, plutôt que voulu. « Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix » (1-

A.). Dans ce sens, le squat du Squid existe depuis début décembre. C’est un squat où

n’importe quel individu peut venir se loger, dans ce sens on peut considérer que c’est un

logement contraint, car ces personnes n’ont d’autre choix que de vivre dans un lieu comme

celui-ci. Ce squat veut faire véhiculer des valeurs de solidarité et de partage. Dans ce sens,

les principes véhiculés dans ce squat sont voulus, tels que le principe de solidarité ou de

partage. De plus, le fait de squatter un lieu en milieu urbain offre l’opportunité aux squatteurs

d’être à proximité de tout, voire des services publics et urbains. « Nous sommes à côté de

toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public » (3-A.). Ils

s’insèrent donc plus facilement dans la vie urbaine. Nous pouvons notamment l’apercevoir en

regardant la façade du bâtiment du squat du Squid.

Un constat d’Action Bord’eaux est mis en avant lors de deux entretiens : « plus de 1

200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ

une quarantaines de squat sur la métropole, […] » (6-M.G.). Ce recensement a été élaboré

par un collectif d’associations. Cependant, selon les données de la Préfecture, « […] il y avait

environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. » (5-K.A. ).

Le GIP, qui fait partie d’Action Bord’eaux (collectif), ne possède pas les mêmes données et

pense que les données de la Préfecture ne sont pas représentatives. Ces données sont depuis

quelques années en constante augmentation ce qui inscrit ce problème comme un enjeu de

territoire, de même cela induit de parler de logements contraints et non voulus par les

occupants. Ils mettent aussi en avant le fait que les squats accueillent et hébergent de plus en

plus d’individus, les publics sont variés et ils ne sont que de passage. Dynam’eau a travaillé

avec 13 de ces squats, ce qui d’une part montre l’ampleur de ces problématiques au niveau

métropolitain, et d’autre part, montre que chaque association ne peut intervenir sur l’ensemble

des squats de la métropole par manque de moyens. La Direction de l’Eau, quant à elle, a

principalement travaillé cette dernière période sur le camp des sahraouis (Quai Deschamps),

notamment en raison de l’actualité et de l’incendie qui s’est passé récemment. Pour ce qui est

du GIP, les médiateurs interviennent actuellement auprès de 934 personnes, contre 806 en

février. Ces données sont révélatrices de l’évolution et de la multiplication du nombre de

squatteurs. Selon la médiatrice interrogée, les facteurs principaux de cette évolution sont le

nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances…

En parallèle, les acteurs interrogés soulignent qu’il est primordial de prendre en compte les

particularités de chaque squat : « le squat du Quai des Champs […]. Nous avons dû arrêter,

car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu

et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture » (6-M.G.). A cet effet, une carte permettant

de localiser certains squats situés sur la métropole a été créée en 2017 par Médecins du

Monde, le GIP et Dynam’eau. Ainsi, le collectif avait pu recenser 52 squats sur le territoire. Il

y a un intérêt de la part de ces structures, de mutualiser leurs compétences et leurs moyens,

afin de recenser le plus efficacement possible les squats de la métropole. Un triptyque étudié

revient souvent : accès à l’eau et l’assainissement, accès à l’électricité, gestion des déchets.

Ils étudient ces caractéristiques, car elles sont liées et permettent de déterminer dans quelles

conditions vivent les occupants des squats. Cependant, après avoir consulté la carte, certains

points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux adresses mentionnées). De plus, il est

difficile pour ces associations de recenser tous les squats du territoire, car ils sont pour la

plupart « éphémères » et nombre de squats varie. Par ailleurs, le manque de moyens contraint

les associations à sélectionner, selon les recensements que le collectif a élaborés, les squats

avec lesquels elles travaillent.

Page 43: « L’accès à l’eau potable

42

A partir des données récoltées par le GIP, Médecins du Monde et Dynam’eau, l’objectif

est de mettre en évidence les caractéristiques des squats recensés. Le nombre total de squats

recensés dans Bordeaux Métropole s’élève à 50.

Figure 11 : Schéma du nombre de squats par communes sur la métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Grâce à ce graphique, on peut remarquer que trois communes se détachent. La commune de

Mérignac avec 14 squats, celle de Bègles avec 13 et Bordeaux avec 12. Celles-ci possèdent

le plus grand nombre de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Ces données ont

notamment influencé le choix du terrain de recherche (Bordeaux et Bègles).

1

12

1

13

14

1

1

1

1

2

1

1

1

Communes abritant les squats

33185 Le Haillan

33100 Bordeaux

33440 Saint Vincent de Paul

33130 Begles

33700 Merignac

33290 Blanquefort

33320 Eysines

33160 Saint Médard en Jalles

33310 Lormont

33150 Cenon

33400 Talence

33140 Villenave d Ornon

33600 Pessac

0 2 4 6 8 10 12 14 16

Communes abritant des squats (selon le nombre de squats)

Série1

Page 44: « L’accès à l’eau potable

43

Figure 12 : Graphique des échelles du nombre d’individus vivant dans les squats de la métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Nous pouvons remarquer que les squats possèdent moins de 25 individus (soit 10 squats),

mais aussi entre 51 et 75 individus (soit 26 squats) sont les plus nombreux, soit 36 squats sur

50. Le total d’individus vivant en squats (tout confondu) s’élève à 1770, soit en moyenne 38

individus par squat (arrondi à l’unité).

Dynam’eau travaille principalement avec des squats créés à des fins de logement, c’est un de

leur principe car elle milite pour l’accès aux ressources vitale, au logement et à l’eau. Les

acteurs font notamment une distinction : « Un squat peut être un logement contraint […] ou

bien un logement voulu […] » (8-A.T.). Ces logements sont soit voulus, dans le sens où c’est

volontaire de la part des individus, ou bien contraints, dans le sens où ils n’ont eu d’autres

choix que de vivre dans ce lieu face à la rue. De même la Direction de l’eau, a affirmé que ce

sont des populations vivants en logement contraints. De plus, Médecins du Monde travaille

aussi sur « des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui

privilégient des démarches de mise à l’abri plutôt que d’acte politique. » (7-G.M.) Pour ce qui

est du Squid, (environ 10 à 30 squatteurs chaque soir) cet immeuble près de la gare de

Bordeaux a été investi, afin de loger des individus ne possédant pas de logements, « c’est un

squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] » (5-A.).

L’immeuble appartient à la commune de Bordeaux et anciennement à la SNCF. Ce qui traduit

une volonté de partage, de vivre ensemble, de soutien et aussi de créer un lieu d’hébergement

solidaire, de la part des occupants et de ceux qui ont ouvert ce squat. Au même titre, le GIP

accompagne des squats de logements contraints, qui ne sont pas destinés à des fins de

militantisme. « […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie,

dans une situation contraignante. […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique

de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour

accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative. » (6-D.D.) Ces populations, pour

eux, vivent en squat dû au manque de logement et pour des questions de sécurité. Cependant,

à long terme la situation des individus peut s’aggraver et ils peuvent se retrouver en situation

de précarité. « Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats, car ils ont perdu leurs

logements. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] Il y a

des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […]

certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » (6-K.A.) Ex : Cabinet Trajectoire. Ainsi,

l’appropriation de l’espace et l’intérêt économique de certains peuvent entraver l’amélioration

26

10

5

3

33

Nombre d'individus dans les squats (selon le nombre de

squats)

Moins 25 Entre 26 et 50 Entre 51 et 75 Entre 76 et 100 Plus de 101 Non renseigné

Page 45: « L’accès à l’eau potable

44

de la situation d’un squat et créer des conflits, des tensions. Le fait qu’il existe des aides et un

accompagnement des associations peut favoriser, d’une part les conditions de vie des

occupants, et d’autre part, l’insertion sociale et professionnelle.

Dynam’eau suit actuellement trois squats, deux sont situés dans des « bâtiments en mauvais

état », un dans un immeuble et un autre dans un château inhabité et « insalubre ». Dans le

troisième, les populations vivent dans des « caravanes délabrées. Elles ne sont pas neuves

et ils vivent dans des conditions de vie difficile » (8-A.T.). Le fait d’étudier le bâti des squats

pourrait donc permettre de déterminer le niveau d’insertion de ces squats dans l’espace urbain

(type et façade du bâtiment par exemple). En parallèle, plus le squat est petit plus les chances

d’avoir accès à l’eau et l’électricité sont importantes, selon le GIP. Tout dépend aussi du type

de logement (logement vacant, bâtiment abandonné, caravane, tente). Un hangar ou une

maison peuvent être équipés alors que sur un terrain vague il n’y a pas de compteur

préexistant. « Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un

hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A

Mérignac, […] le squat est dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a

pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les

gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h. » (5-D.D.)

En ce sens, dans les milieux urbains, les squats sont sujets aux politiques publiques et

aux transformations des villes. Cependant, les squats possèdent de réelles capacités, afin de

s’adapter. C’est en quelque sorte une solution alternative au mal-logement, qui résulte de

certaines difficultés sociales et économiques. Les conséquences pour les individus sont

multiples, notamment au niveau de la recherche d’emploi, de l’insertion dans le monde

administratif (en faisant référence au droit commun) ou bien de leur santé par exemple. Seul

deux rapports ont été rédigés par l’Etat par le biais du recensement de certaines préfectures

de France. Ces rapport ont été publiés en 2000 et 2005. Or ces rapports ne sont pas

représentatifs, notamment dû au fait que ces publics soient qualifiés « d’invisibles » et que

cela concerne différents types de publics. Dans ce sens, on peut parler de marginalité urbaine

en particulier liée au logement.

C. Les enjeux et conséquences de ce mode de vie sur les populations

L’un des phénomènes principalement lié au mal logement pour les individus, peut donc

s’apparenter à celui de la précarité. Dans un sens, ce phénomène est en lien avec les

phénomènes d’exclusion que les squatteurs subissent tous les jours, en milieu urbain. Le fait

de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins peut aussi engendrer des difficultés d’insertion et

d’intégration. Or selon la citation de N. Darmon, les facteurs qui influencent ces situations n’ont

pas les mêmes répercutions et la même intensité.

« Les personnes soumises à de fortes contraintes budgétaires cumulent de

nombreuses difficultés. Pour elles, la notion de santé à long terme est

abstraite, reléguant souvent l’alimentation au second plan, derrière d’autres

préoccupations immédiates plus importantes (logement, emploi, etc.). » DARMON N. (2009)

Cette citation de N. Darmon (chercheur en nutrition), nous permet d’illustrer certains facteurs

de l’aggravation des phénomènes de précarité et d’exclusion pour une partie de la population.

Il parait alors évident de définir ces deux concepts. Celui de la précarité sera abordée plus

tard.

Page 46: « L’accès à l’eau potable

45

Pour ce qui est du concept d’exclusion, ce terme est considéré comme la phase finale de la

précarité, comme le point de « non-retour vers la société ». Il y a ici un aspect de mise à l’écart

de ces personnes pour diverses raisons, parmi lesquelles on peut citer, des raisons culturelles,

raciales, de handicap, de religion ou des raisons économiques. Une citation de M. Foucault

interpelle : « On a longtemps transformé les fous en exclus et maintenant on tente de ranger

les exclus chez les fous ! » (Foucault25, 1972). Certains individus évoquent même le terme de

« hors société ». Sont notamment remis en cause des facteurs environnementaux et sociaux.

En d’autres termes, c’est une conséquence de la précarité qui provoque son aggravation et

plonge l’individu dans une situation de très grande précarité. Ce terme est régulièrement

utilisé, dans diverses situations, et génère des incompréhensions quant à sa signification.

C’est notamment à partir de 1950 que Michel Foucault l’emploi. Cependant, il n’est employé

qu’à partir de la fin des années 60 au niveau de l’action publique. L’Organisation Internationale

du Travail définit l’exclusion sociale comme « un état de pauvreté qui empêche les individus

d’accéder aux conditions de vie qui leur permettraient à la fois de satisfaire leurs besoins

essentiels (nourriture, éducation, santé, etc…) et de participer au développement de la société

dans laquelle il vit » (In Smelser, 2001). Cependant, R. Castel dans « Vie sociale » (2013)

privilégie son concept de « désaffiliation sociale au terme d’exclusion », à partir de 1990

‘correspond à la dissociation du lien social). Il fait référence à la désaffiliation comme « le

décrochage par rapport aux régulations à travers lesquelles la vie sociale se reproduit et se

reconduit ». Le chercheur nous montre « qu’il y a une homologie de positions entre les

vagabonds des sociétés préindustrielles, les prolétaires des sociétés du capitalisme et les

précaires de nos sociétés libérales et que les désaffiliés sont à l’aboutissement d’un processus

dont l’origine est à rechercher au centre des sociétés ». C’est en quelque sorte pour lui, « une

situation dans laquelle les individus se trouvent écartés des réseaux producteurs de la richesse

et de la reconnaissance sociale ». De plus, Dynam’eau évoque (entretien lors de l’enquête

qualitative), le fait que ne pas avoir accès aux ressources vitales peut conduire les populations

à être exclues au niveau économique (ils n’ont pas les moyens d’assurer le maintien de la

ressource en eau sur le site) et social (face aux autres habitants du territoire). « Les squatteurs

vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital » (23-A.T.).

La question de la normalité est alors intéressante à aborder : Qu’est-ce qu’un logement dit

« normal » ? Qu’est-ce qui rentre dans la normalité d’un habitant type de la métropole ?

Qu’est-ce qui est nécessaire d’acquérir pour ces populations afin qu’elles vivent dans de

meilleures conditions de vie ?

En parallèle pour Castel, la notion d’exclusion est difficile à définir, elle fonctionne comme un

« mot-valise » qui permet à la fois des usages divers (politiques, médiatiques et académiques),

mais aussi permet de nommer une diversité de situations en gommant leurs spécificités. Dans

ce sens, Castel distingue trois zones de la vie sociale : une « zone d’intégration » (dont font

partie en général des personnes ayant un travail régulier et des supports de sociabilité

suffisamment fermes) ; une « zone de vulnérabilité » (regroupant les personnes ayant un

travail précaire et des situations relationnelles instables) ; une « zone d’exclusion » (dans

laquelle certains des vulnérables et même des intégrés basculent). Par ailleurs, Xavier

Emmanuelli, fondateur du S. A. M. U. Social, passe par une classification simple dans l’intérêt

de définir les différents types d’exclus. Les schémas situés ci-dessous en témoignent. Cette

classification est simple à mettre en œuvre et se révèle selon lui, assez représentative. De

plus, elle fait partie des documents fondateurs du S. A. M. U. Social (Paris). Cet acteur emploi

aussi un schéma composé de quatre cercles, avec chacun un stade. Dans ce sens, la

classification met en évidence différentes phases d’exclusion, selon un degré de gravité. Dans

25 Foucault Michel, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972. DOI 10.14375/NP.9782070295821

Page 47: « L’accès à l’eau potable

46

ce sens, les squatteurs pourraient s’inscrire dans le deux et trois du schéma situé à gauche,

puis dans le un, deux et quatre du schéma situé à droite.

Figure 13 : Schéma des différents stades d’exclusion au sein de la société selon X. Emmanuelli (fondateur du S.A.M.U.) en 2009.

Enfin, cette partie fait aussi l’objet d’une analyse non exhaustive de la situation et des

conditions des individus et plus précisément des immigrés dans les squats situés en zone

urbaine, mais aussi à l’accès à l’eau potable dans ces lieux de vie. En lien avec ces

phénomènes, l’ouvrage de F. Bouillon (« Squats un autre point de vue sur les migrants »,

2009) permet de s’interroger sur les conditions des immigrés en France, aujourd’hui.

L’immigration est « l’action et l’effet d’immigrer ». On peut parler de personnes qui

« arrivent/rentrent dans un pays/une région qui n’est pas le/la leur pour s’y installer,

généralement pour des raisons économiques, politiques ou académiques ». À cet effet, il m’a

paru évident de mettre en évidence la différence entre un individu étranger et individu immigré.

« Un immigré (4,2 millions en 1990) est une personne née à l’étranger résidant en France et

qui peut avoir obtenu la nationalité française (1,3 millions en 1990) ». Il ne faut pas faire la

confusion entre « immigrés », « étrangers » et « sans-papiers ». D’après l’INSEE, c’est le

critère de nationalité qui montre si une personne est étrangère ou ne l’est pas. La population

immigrée se conçoit selon deux critères : la nationalité et le lieu de naissance. Ainsi, une

personne immigrée peut être étrangère et avoir obtenue la nationalité française. En 1990, 69

% des immigrés sont étrangers. Par ailleurs l’immigration est liée à un rapport économique

inégal. De plus, « L’immigration n’est pas n’importe quel mouvement de population. Le mot

désigne souvent, aujourd’hui, un transfert Nord-Sud ou Est-Ouest vers les pays riches et les

plus démocratiques. » (J. Costa-Lascoux26). D’après les données du recensement de 2010,

« la France comptabilise 3,7 millions d’étrangers, soit 5,9 % de la population totale résidant

dans ce pays, tandis que les immigrés, au nombre de 5,4 millions, représentent 8,6 % de celle-

ci ». Par ailleurs, dans l’introduction de l’ouvrage « Les immigrés en France » (La

Documentation française, 2014), J. Y. Blum Le Coat et M. Eberhard expliquent que « c’est au

cours des années 1990 que la catégorie statistique "immigré" a été instituée pour désigner,

selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’intégration en 1991, une « personne née

étrangère à l’étranger et résidant en France ». Aujourd’hui, les immigrés les plus nombreux

26 Costa-Lascoux J. dans son ouvrage « De l’immigré au citoyen », Paris, La Documentation française, 1989.

Page 48: « L’accès à l’eau potable

47

sont originaires de l’Union Européenne. Viennent ensuite, les personnes venant du Maghreb,

d’Asie et de Turquie (Cf. tableau situé ci-dessous).

Figure 14 : Répartition des immigrés résidant en France en 2012. Champ : France. Source : Insee, recensement de la population, exploitation principale. Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/immigration/definition.shtml#

En même temps, la politique migratoire et les lois ne cessent de se succéder pour durcir les

conditions d’entrée et de séjour sur le territoire, comme avec la loi Pasqua en 1993 par

exemple. Elle relève de trois ordres : les autorisations de travail, le contrôle du séjour des

étrangers et le processus d’intégration. Nous pouvons alors supposer, selon la citation située

ci-dessous, que ces populations qui sont en situation de mobilité se trouvent désavantagées

à l’étranger et dans ce cas-ci en France. Le fait d’appartenir à une CSP précise dans son pays

d’origine ne garantit pas de la conserver dans un autre pays. Dans ce sens, ces populations

peuvent se trouver en situation de précarité, selon D Poisson. Elles doivent alors s’adapter

pour vivre dans de bonnes conditions de vie et pouvoir s’insérer au sein de la société.

« La migration forcée économique ou politique plonge les individus et les

familles dans des situations précaires en particulier quand elles sont

accompagnées de déclassement socioprofessionnel. C’est donc le revenu

et le niveau d’éducation qui vont conditionner les nouvelles pratiques

alimentaires et favoriser plus ou moins rapidement les mutations et les

adaptations. » POISSON D. (2008)

Page 49: « L’accès à l’eau potable

48

F. Bouillon expose aussi, dans ses travaux, différentes facettes de la condition des immigrés

en France face à des mécanismes de mise à l’écart, voire d’exclusion. Pour elle, deux facteurs

sont révélateurs des types de population qui vivent dans squats en milieu urbain, d’une part,

« à la discrimination dont font l’objet des descendants colonisés issus de la couche populaire

», et de l’autre, la « pénurie entretenue de logements sociaux ou au renchérissement des

loyers alors que la population demandeuse se paupérise ». Par ailleurs, ces recherches ont

été dirigées dans le but de rendre compte de témoignages afin de rendre visible ce qui est

invisible dans ces lieux, souvent localisés en ville.

Concernant les publics vivants en squat, ce sont majoritairement des migrants, des

immigrés et des individus venant de l’Europe de l’Est, selon la Direction de l’Eau. Ces publics

en question, sont défavorisés, en situation de précarité et d’exclusion. Cependant, l’acteur

interrogé ne s’est jamais rendu dans un squat, ce qui montre que cet acteur n’a pas une vision

d’ensemble des publics et des conditions de vie dans les squats. Ce sont principalement, selon

la Direction de l’Eau, des réfugiés politiques. Pour le GIP, les individus occupent ces lieux à

des fins de logement. Les publics varient en fonction des lieux occupés. « Il y a des militants,

des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des

demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des publics « sans droit ni titre » […].

» (16-D.D.) Le GIP se focalise essentiellement sur la communauté Roms, les bulgares et les

roumains. Cependant, il rencontre des exceptions, notamment lorsqu’un membre vie par

affiliation avec la communauté.

En parallèle, Médecins du Monde travaille auprès de différents types de publics : demandeurs

d’asile, des saharaouis, des populations bulgares ou roumaines. Selon eux, les types de

publics peuvent varier. Nous pouvons néanmoins observer que différents publics peuvent être

associés à une période historique : « Dans les années 50/60, […] des personnes venant de la

Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, des personnes qui venaient plutôt du Maghreb

(Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, […] des personnes originaires de

l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées.

[…] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie

et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs

d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation

irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. » (17-G.M.)

La notion de temporalité joue alors un rôle important dans la mobilité des gens et concernant

l’évolution de leurs situations. De mêmes, les acteurs associent ces types de publics aux

concepts d’exclusion ou de précarité. Pour eux, ce sont des individus qui se trouvent

régulièrement en situation de précarité, qui n’ont pas accès aux ressources vitales, à un

logement décent et qui n’ont pas d’emplois, voire d’exclusion sociale et professionnelle, du fait

de cette situation de précarité, du lieu dans lequel ils vivent ou de leurs origines par exemple.

Par ailleurs, le fait d’étudier ces populations induit de faire le lien avec le concept de

précarité. Selon J. Wresinski27 dans son rapport au « Conseil économique et social français »,

c’est « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant

aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales,

et de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte

plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances

de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir

prévisible. » Comme cité dans le dictionnaire Robert, c’est une « situation instable sans

garantie synonyme d'incertitude et de provisoire. » C’est à partir des années quatre-vingt que

ce concept voit le jour à travers un rapport du Père Wresinski (1987). Par la suite à la fin des

27 Rapport Wresiniski « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », 1987, de J. Wresinski.

Page 50: « L’accès à l’eau potable

49

années quatre-vingt-dix, le Haut Comité de Santé Publique ajoute que « la précarité ne

caractérise pas une catégorie sociale particulière, mais est le résultat d’un enchaînement

d’événements et d’expériences qui débouchent sur des situations de fragilisation économique,

sociale et familiale ». L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des

conséquences plus ou moins graves et définitives.

Pour I. Parizot, la précarité se perçoit comme « un ensemble hétérogène de situations

instables génératrices de difficultés diverses. Bien souvent, elles n'ont en commun que la

forme de leur trajectoire, marquée par un cumul de handicaps et une dissociation progressive

des liens sociaux. Ainsi, faut-il envisager la pauvreté non comme un état, mais comme un

processus multidimensionnel ». Dans ce sens, la notion de temps est pertinente. C’est un

phénomène mobile, éphémère et qui dépend aussi des particularités de chaque individu. Elle

conduit à la grande pauvreté, « quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle

devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de

reconquérir ses droits par soi-même dans un avenir prévisible » (Wresinski, 1987). Pour

l’auteur, l’amélioration progressive de l’accessibilité à l’eau doit aller de pair avec le

développement des populations et donc l’amélioration de leurs situations. A cet effet, il parait

intéressant de mettre une citation de Thomas Aguilera28 en avant, « Toute expulsion ne fait

que briser des trajectoires ».

Dans ce contexte la précarité peut être retrouvée dans de multiples domaines, comme l’emploi,

le social, la santé ou bin l’éducation. De plus, ces effets sur les individus peuvent être plus ou

moins visibles. Selon I. Parizot, la précarité touche donc « des individus issus de tous les

milieux sociaux ou professionnels, mais frappe plus fortement les catégories les plus démunies

de la population qui accumulent des handicaps successifs (chômage récurrent ou de longue

durée, faibles ressources, absence de logement ou logements insalubres, isolement, solitude

extrême, absence de solidarités familiales, incertitude totale vis-à-vis de l’avenir, maladie,

fragilisation psychique) jusqu’à atteindre le seuil de l’exclusion. » Par ailleurs le Haut Comité

de la Santé Publique (1998), affirme que les effets de la précarité sont liés à l’absence d’argent

de la part des individus, ce qui génère « des déséquilibres de l’alimentation, […] une débrouille

perpétuelle entre les huissiers et les banques, de la violence au sein du monde du travail, une

menace perpétuelle de chômage, un éloignement de l’environnement familial ou social, un

environnement urbain dégradé, le poids de situation d’échecs scolaires et de déqualification

sociale. » De plus, cela peut affecter les images que véhiculent ces individus. En parallèle,

Sabine Fortino, Benjamín Tejerina, Beatriz Cavia, José Calderón, dans « Crise sociale et

précarité », considèrent la précarité vitale comme « une situation caractérisée par une

restriction, une impossibilité ou une limitation d’accès aux conditions, exigences et ressources

considérées comme nécessaires pour pouvoir envisager et mener une vie autonome ». Celle-

ci ne se limite pas à la précarité socio-économique, mais rend compte de cette nouvelle

précarité au sein de nombreuses trajectoires individuelles. On peut alors faire le lien avec des

enjeux de socialisation, pour ces individus en situation de précarité. Ces deux éléments

permettent d’observer comment l’individu se comporte face à la société, comment il agit dans

le temps, etc.

28 Thomas Aguilera : Docteur en science politique à Sciences Po Rennes.

Page 51: « L’accès à l’eau potable

50

Homme, 25 ans, originaire inconnue (Squat du Squid)

« J’étais chez des amis à Marseille et je suis arrivé à Bordeaux hier, dans

ce squat. C’est bien ici. J’espère pouvoir rester pour trouver du travail.

Imprimer des CV et aller dans chaque coin où je peux postuler. »

Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau

Selon Bourdieu, ces phénomènes sont à l’origine des pratiques futures des individus. On peut

alors faire référence au concept d’habitus. Dans ce sens, de multiples facteurs sont inhérents

à la notion de trajectoire individuelle, comme la temporalité et le contexte historique,

notamment concernant les structures sociales et les épreuves rencontrées tout au long de la

vie. Selon un acteur du Squid, les squatteurs « partent vivre dans d’autres villes comme Paris.

Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils

reviennent sur Bordeaux » (14-A.).

Homme, 22 ans, originaire du Sénégal (Squat du Squid)

« Je viens du Sénégal. Mon père est de Dakar, parce qu’il travaille là-bas,

et ma mère est de Tambacounda. Je suis arrivé en France, il y a trois

semaines et depuis, je suis ici dans ce squat. Mais je fais l’aller-retour pour

dormir dans un autre squat à quelques rues d’ici. Je préfère le Squid parce

que c’est grand, qu’il y a l’eau et l’électricité. Alors que là où je dors il n’y a

pas d’eau. »

Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau

Dans ce sens, nous pouvons conclure que le fait d’être en situation de mal-logement.et

par conséquent de vivre en squat, génères des enjeux pour les populations qui y vivent. Afin

de mettre plus facilement en évidence ces enjeux, ils ont été classés par domaines :

• Enjeux sociaux : Le logement est bénéfique à l’insertion des populations dans la

société, notamment en milieu urbain. Le fait de vivre à proximité des services urbains

et surtout, d’occuper un logement décent peut ouvrir des portes aux individus,

notamment quant à la valorisation de leurs droits. De même, ils peuvent obtenir des

aides sociales qu’ils n’auraient pas eus s’ils vivaient dehors ou dans un squat par

exemple. Cela suppose non seulement qu’il existe des enjeux liés au logement, mais

aussi à l’intégration sociale, l’insertion des individus.

• Enjeux sur la santé : Le fait d’être en situation de mal-logement, pour certaines

populations, peut nuire à leur santé, en particulier chez les enfants et les personnes

âgées. Un logement insalubre et dépourvu d’équipement peut signifier que ce lieu n’est

pas raccordé à l’eau et à l’électricité. Dans ce sens, cela peut provoquer des problèmes

des santés (maladies, épidémie, …) si les individus utilisent de l’eau qui n’est pas

potable. De même, le fait de ne pas avoir d’électricité en hiver est aussi un facteur

pouvant influer sur la santé des squatteurs. Par ailleurs, l’insalubrité du logement peut

aussi aggraver cette situation.

Page 52: « L’accès à l’eau potable

51

• Enjeux économiques : Le mal-logement est souvent lié aux notions de pauvreté et de

précarité. Les populations sont contraintes de vivre dans un logement insalubre, par

contraintes budgétaires comme nous l’avons vu plus haut. De même, cette situation

peut s’accentuer au cours du temps si ces populations n’ont pas la volonté de s’en

sortir, voire cela peut aller jusqu’à l’exclusion sociale de ces personnes. Dans ce

contexte, on remarque que cet aspect constitue un enjeu essentiel pour ces

populations.

• Enjeux sur l’emploi : Si ces populations sont aptes à travailler (à l’inverse des

personnes en situation de handicap, étrangères ou immigrés), elles peuvent

néanmoins éprouver des difficultés quant à la recherche d’emploi ou bien à préserver

son emploi. Par ailleurs, certaines n’ont pas l’autorisation de travailler sur le territoire

français (ex : immigrés). En effet, ces populations sont mobiles, car elles ne possèdent

pas de logements « permanents ». De plus, le fait de ne pas avoir accès à l’eau, peut

entraver à l’image de ces individus lors d’une recherche d’emploi. La mauvaise hygiène

peut être un facteur d’exclusion supplémentaire, tant socialement que

professionnellement. Elle implique des risques sanitaires pour la personne.

• Enjeux sur l’environnement : Le fait de vivre dans un squats insalubre peut provoquer

des dégradations au niveau de la santé, mais aussi au niveau environnemental, si le

lieu n’est pas entretenu. Dans ce sens, on peut assister à une aggravation de la

situation et des conditions de ces individus.

En complémentarité, les enjeux des squats, identifiés par Dynam’eau, sur le territoire

et sur les populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les

riverains » ; « Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine

» (3-A.T.). Ainsi, nous pouvons voir que ces questions sont très transversales et touchent

différents domaines qui sont néanmoins liés. Cependant, certains acteurs ont la volonté

d’améliorer les conditions de vie des individus dans les squats. Selon un rapport29 du Ministère

de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, l'article30 11

« prévoit, dans l'hypothèse de l'occupation d'une propriété privée par des tiers ne justifiant

d'aucun droit ni titre, de poursuivre l’alimentation en eau de la propriété et ce malgré la

demande de résiliation d'abonnement formulée par le propriétaire ». Temps qu’une décision

n’ait pas été initiée par les pouvoirs publics, les squats peuvent continuer à s’alimenter en eau,

si les individus ne dégradent pas les lieux. Certaines communes mettent parfois en place des

« conventions d’abonnement exceptionnelles » permettant au squatteur de pouvoir bénéficier

de l’accès à l’eau. Dans ce sens, on peut supposer que les publics sont tous différents

(principalement en situation de précarité), cela peut aller des sans-abris, aux immigrés ou bien

des nouveaux « européens » aux familles en difficultés, voire aux jeunes mineurs isolés ou

aux personnes âgées par exemple.

29 Rapport du Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les plus démunis, exemples de bonnes pratiques. Source : www.developpement-durable.gouv.fr 30 Loi n° 2011-156 du 7 février 2011 relative à la solidarité dans les domaines de l’alimentation en eau potable

et de l’assainissement.

Page 53: « L’accès à l’eau potable

52

Partie III - Focus sur les populations immigrées dans les squats

: entre stratégie de vie au quotidien et mobilisation sociale

Afin d’affiner cette recherche, il a été essentiel de se focaliser sur un type d’individus

en particulier, celui des immigrés. De même, il est intéressant d’observer que les conditions

de vie ainsi que la capacité à s’adapter (stratégies de vie) pour ces populations, montrent que

chacun agit différemment en fonction de sa culture, de ses origines par exemple.

A. Le constat des conditions de vie dans les squats de la métropole de

Bordeaux

La plupart du temps l’étude des conditions de vie passe par l’analyse de certains

facteurs influant le niveau de vie des populations, ces indicateurs sont principalement d’ordre

économique (indicateurs de pauvreté, de revenu et de précarité). Dans le dictionnaire Robert,

les conditions de vie sont définies comme « l'ensemble des facteurs économiques et sociaux

caractérisant la vie d'un groupe social. » Plus généralement, cette notion regroupe l’ensemble

des moyens matériels et immatériels d’une société et qui lui permettent d’exister dans un cadre

de vie « favorable » à son bien-être et sa santé. Par ailleurs, l’environnement peut affecter les

conditions de vie, notamment au niveau du cadre de vie. De même, le parcours et la trajectoire

des individus peuvent influer sur cet aspect. Dans ce sens, l’étude de cette notion est complexe

et difficile à appréhender. Dans le cadre de cette recherche, il est alors intéressant de pouvoir

observer les conditions de vie des occupants en squat. Le fait d’étudier la situation des

individus vivant en squat implique automatiquement d’évoquer les notions de précarité,

d’exclusion, mais aussi les conditions dans lesquelles ils vivent. L’objectif étant de déterminer

les facteurs aggravants de la situation de ces individus, notamment à travers l’accès à l’eau

potable et à l’électricité. De même, les conditions de vie dans les squats peuvent impacter la

santé des occupants. Dans ce sens, l’occupation d’un lieu « sans droit ni titre » peut faire

l’objet d’un problème d’ordre public, voire de santé publique. Afin de visualiser plus simplement

les conditions de vie que possèdent les populations dans les squats sur la métropole de

Bordeaux, l’objectif a été de sélectionner un échantillon de trois squats, comme expliqué en

introduction. Par conséquent, ils ont fait l’objet de visites et d’observations tout au long des

recherches terrains.

Page 54: « L’accès à l’eau potable

53

Carte 5 : Carte de la localisation des squats visités lors de l’enquête terrain, au niveau de la métropole de

Bordeaux. Réalisée le 25/05/18, Lisa Ducournau

La carte située ci-dessus, présente les squats visités lors de cette recherche (CF. Annexe,

Fiches d’observation, page 90). De même, ces squats ont aussi été cités par les acteurs

« ressource » lors de l’enquête qualitative. Ces trois squats sont situés dans les communes

de Bordeaux (commune siège) et de Bègles. Par ailleurs, il a été remarqué qu’il y avait aussi

un lien avec le fait que les sièges des principales associations travaillant auprès des squats,

étaient dans ces communes (Médecins du Monde à Bordeaux et Dynam’eau à Bègles). De

plus, ces lieux se trouvent sur les trois communes les plus actives sur ces questions avec

Mérignac, au sein de la métropole. La carte met aussi en évidence les squats visités à

Bordeaux (échelle communale) : le squat de la Ruche et celui du Squid. Pour chaque squat il

parait important de rendre compte d’une brève présentation du squat, des conditions de vie

dans ces lieux, ainsi que de leurs caractéristiques.

Carte 6 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune de Bordeaux.

Réalisée le 05/05/18, Lisa Ducournau

Page 55: « L’accès à l’eau potable

54

- Le squat de la Ruche (Bordeaux-Victoire) - 20/04/18

La visite de ce squat a été organisée par l’association Dynam’eau, lors de leurs

interventions dans le but de réparer des fuites d’eau aux toilettes et à la salle de bain. Ce squat

a été investi par cinq étudiants en décembre 2017, avec l'aide d'associations, dans un bâtiment

vacant du Conseil Régional. L’objectif est d'accueillir une vingtaine de mineurs non pris en

charge par l'aide sociale à l'enfance. Il accueille donc actuellement entre une vingtaine et une

trentaine d’individu dans un immeuble de type haussmannien de deux étages. Les différents

types de publics vivant dans ce lieu sont : jeunes immigrés, réfugiés ou jeunes mineurs isolés.

De même, les étudiants vivent aussi dans le squat. Par ailleurs, une ordonnance d’expulsion

a été publié et autorise les squatteurs à rester dans ces lieux jusqu’en juillet.

Figure 15 : Photographies illustrant l’état du squat de la Ruche (rue du Mirail, Bordeaux). Prise le 20/04/18 à 14h, Lisa Ducournau

Le bâtiment est dans un été Moyen, voire délabrés. La présence d’humidité est très marquée

avec 5 m3 d’eau gaspillée (fuites) et des fissures aux murs. Au rez-de-chaussée l’espace est

aussi délabré avec des encombrants. De plus, l’immeuble est anciennement raccordé à

l’électricité par un compteur déjà existant, mais actuellement cela ne fonctionne pas. A

contrario, le squat est raccordé à l’eau potable et au système d’assainissement collectif (un

évier dans la cuisine et la salle de bain, ainsi qu’une douche)., ce système est raccordé au

réseau d’eau des services publics. Par ailleurs, il y a de multiples fuites dans l’immeuble

notamment au deuxième étage, avec une fuite à la douche, une aux toilettes et une à l’arrivée

d’eau. La salle de bain est très délabrée notamment dû aux fuites, l’eau s’écoule aussi au 1er

étage, dans le salon.

Quatre acteurs sont mobilisés autour de ce squat : Association étudiante, Dynam’eau,

Médecins du Monde et la ville de Bordeau (voire l’équipe d’Action Bord’eaux). Ils interviennent

ponctuellement, une à deux fois par mois. Voici quelques actions mises en place :

Page 56: « L’accès à l’eau potable

55

Accompagnement des jeunes mineurs isolés ; Réhabilitation des lieux et des pièces de vie ;

Entretien du système d’approvisionnement en eau…

- Le squat du Squid (Bordeaux-Saint Jean) - 02/05/18

Ce squat a été cité par deux acteurs « ressource ». Etant ouvert à tous, il fut facile de

le visiter en compagnie des occupants. L’immeuble est de type haussmannien et se compose

de deux étages. C’est à partir du 2 décembre que ce squat a été investi, avec le soutien de

plusieurs associations, par un collectif de militants dans un bâtiment appartenant à Bordeaux

Métropole. Il accueille chaque semaine, entre vingt et trente individus. Ces publics sont

principalement de type : immigrés, réfugiés ou jeunes mineurs isolés. Le Squid est un centre

social autogéré. En plus d’être un lieu d’habitation, « Le Squid se veut un espace où on peut

expérimenter des nouvelles formes d’entraide, d’auto-organisation et de lutte contre toute

forme de domination (racisme, sexisme, homophobie…). Un lieu de partages et de

convergence entre toutes les volontés qui souhaitent œuvrer ou qui militent déjà pour plus de

justice sociale, d’autonomie et de solidarité ». (LE SQUID, Centre Social Autogéré, 2018.

Source : https://squid.frama.site/)

Figure 16 : Photographies illustrant l’état du squat du Squid (rue C. Domercq, Bordeaux). Prise le 02/05/18 à 10h, Lisa Ducournau

Les conditions de vie dans ce squat sont bonnes pour les individus qui y vivent. Le bâtiment

est en bon état et il n’y a pas de fuite à ce jour. De plus, l’immeuble est raccordé au réseau

public d’électricité sur un compteur qui était déjà existant. De même, les occupant ont accès à

l’eau potable et à l’assainissement grâce au réseau d’eau des services publics, mais aussi

d’eaux usées. Dans ce sens, les équipements d’eau sont les suivants : un évier dans la cuisine

ainsi qu’une baignoire dans la salle de bain, puis deux sanitaires, un au rez-de-chaussée et

un à l’étage. Selon les observations effectuer, nous pouvons en déduire que ce squat évolue

dans de bonnes conditions, les équipements sont en bon état de fonctionnement et les

Page 57: « L’accès à l’eau potable

56

occupants possèdent tous ce qui est nécessaire afin de subvenir à leurs besoins. « Je dirais

que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où

j’ai vécu. » De même, le squat possède tous les équipements nécessaires au confort des

individus. « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec

les moyens du bord. […] » (16-A.).

Par ailleurs, ce squat est suivi par certaines associations, les acteurs sont alors mobilisés

autour de ce lieu de vie. Actuellement, ils sont accompagnés par la CIMADE, Médecins du

Monde Aquitaine, la commune de Bordeaux, ainsi que Bordeaux Métropole. Les actions

suivantes sont mises en place au sein du squat du Squid : Création d’un espace informations

et conseils concernant la réinsertion des individus ; Ateliers de découverte (self défense et

photographie) ; Création d’un free shop (vêtements et livres) ; Récupération dans les

marchés…Les interventions de ces structures sont très ponctuelles, voire elles ne viennent

qu’une fois sur les lieux, voire pas du tout, ce qui est le cas de la métropole et de la commune

de Bordeaux. De plus, il est intéressant de souligner que le propriétaire de l’immeuble est la

métropole de Bordeaux (racheté à la SNCF). Cependant, un ordre d’évacuation des lieux a

été déclaré pour le mois de juillet.

Suite au recherches terrain, on remarque que les squats situés à Bordeaux sont

principalement situés dans des logements vides, des bâtiments appartenant, à la commune,

la métropole ou bien à un propriétaire privé. Etant la commune siège on peut alors supposer

que le développement urbain se retrouve relativement restreint, il y a peu de terrain vagues.

A contrario, la commune de Bègles est plus étalée, d’une part elle possède un parc foncier

important, et d’autre part, elle a des possibilités de se développer, s’étaler, car de nombreux

terrains vagues sont situés sur son territoire.

Carte 7 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune de Bègles. Réalisée

le 05/05/18, Lisa Ducournau

Page 58: « L’accès à l’eau potable

57

- Le squat de Bègles (Parc Mussonville) - 25/04/18

La visite de ce squat s’est effectuée grâce à l’aide de l’association Dynam’eau qui a

installé une douche et des toilettes démontables dans ce lieu avec l’aide d’une partie des

occupants, ainsi que les Compagnons Bâtisseurs. Ce squat est essentiellement occupé par

des familles venant d’Albanie et du Kosovo et ce sont essentiellement des réfugiés, des

« nouveaux européens » (environ 70 personnes). Il existe depuis environ deux ans, or ils

habitaient sur le terrain vague situé à 50 mètres de celui-ci il y a cinq mois. Par ailleurs, une

cinquantaine de caravanes sont situées sur ce site. « Choisi pour ses facilités techniques de

raccordement au réseau, le site a été équipé d’un premier prototype de sanitaires mobiles au

début du mois d’avril et devant le succès rencontré, Dynam’eau a choisi d’y installer un second

équipement » (Elsa Provenzano, 29/04/18. Source : www.20minutes.fr). En effet, ce terrain

est propice à l’accès à l’eau potable et à l’électricité, ce qui a facilité les actions des

associations intervenantes.

Figure 17 : Photographies illustrant l’état du squat situé à Bègles (rue des deux Esteys). Prise le 25/04/18 à 14h, Lisa Ducournau

Ces caravanes datent des années 80, voire 2000, et sont en mauvais état. Elles sont rouillées

et délabrées. De plus, le terrain n’est pas entretenu et de nombreux déchets, d’encombrants

sont abandonnés au milieu des caravanes. Néanmoins, ils sont raccordés à l’électricité par

branchement sauvage au bâtiment d’un ancien Lidl, mais certaines caravanes ne sont pas

reliées au réseau. De même, ils ont accès à l’eau potable par des tuyaux reliés à toutes les

caravanes (réseau public). Un point d’eau général avec un robinet est situé au centre du

terrain. Cependant, le fait d’amener l’eau pour chaque caravane induit de faire des raccords

qui possèdent aujourd’hui beaucoup de fuites. En parallèle, de toilettes publiques sont situées

à proximité et les occupants achètent parfois des bouteilles d’eau. Deux cabines de toilettes

mobiles ont aussi été construites sur le site, avec l’aide de deux associations. Ces toilettes

sont reliées au système d’évacuation des eaux usées situé derrière les cabines.

Enfin il existe une réelle mobilisation de certains acteurs associatifs autour de ce squat. Nous

pouvons citer, Dynam’eau, Médecins du Monde et les Compagnons Bâtisseurs. Tous font

Page 59: « L’accès à l’eau potable

58

partie du collectif Action Bord’eaux et interviennent ponctuellement dans ce lieu. L’objectif est

d’accompagner et suivre les populations qui y vivent (ex : installation de toilettes).

Ces observations ont permis d’avoir une vision partielle des conditions de vie et de

l’accès aux ressources vitales dans les squats. Ainsi, les témoignages et les entretiens de

l’enquête qualitative vont permettre de compléter ces propos. Lors d’un entretien, la Direction

de l’Eau a affirmé que « les gens possèdent une situation très précaire où les conditions

sanitaires laissent à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi

d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. » (15-M.M.)

Généralement, les squatteurs investissent des locaux déjà existants. Cela représente divers

avantages pour eux, notamment au niveau de la localisation ou du fait qu’il soit déjà construit.

De même, on remarque que ce sont souvent des bâtiments appartenant à la métropole ou à

une commune, telle que Bordeaux, Bègles ou Mérignac par exemple. Néanmoins, les tentes

et caravanes représentent une alternative si le terrain n’est pas construit.

Figure 18 : Le long du périphérique parisien, en décembre. Photo Martin Colombet. Hans Lucas. Issue d’un article de presse de Libération « Sur le mal-logement, une campagne précaire » par Elise Godeau en janvier 2017. Source : http://www.liberation.fr/politiques/2017/01/31/sur-le-mal-logement-une-campagne-precaire_1545428

Pour Dynam’eau, « tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi),

des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont » (20-A.T.). D’après Dynam’eau,

chaque squat est différent et ne possède pas les mêmes spécificités. Ces types de logements

sont donc considérés comme provisoire pour les individus. « Chaque squat possède une

identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent.

Cela peut être un logement contraint, […] » (19-A.T.). Par ailleurs, le fait que ce soit un

logement temporaire renforce l’impression de précarité du lieu. Ce sont des logements qui

répondent à une « crise » de logement, à la pauvreté, etc. « Ces publics vivent souvent dans

des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas

d’illettrisme aussi […] » (19-A.T.). Selon Médecins du Monde Aquitaine, lors de l’enquête

qualitative toujours, cela peut aller d’un logement où « les conditions sont précaires, mais plus

ou moins digne » (18-G.M.) à un logement qui « n’est pas un lieu prévu pour l’habitat » (18-

G.M.), insalubre, ou les conditions de vie sont très difficile, « il n’y a pas d’isolation, c’est

humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les

roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. » (18-G.M.) De même,

l’accumulation de déchets sur le site peut accentuer ces conditions de vie difficile et nuire à la

santé des occupants. Certaines communes en ont pris conscience et mettent en place

certaines actions. « A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris

conscience des conditions d’hygiène dans les squats. » (18-G.M.) C’est aussi un avantage

Page 60: « L’accès à l’eau potable

59

pour les communes et la préfecture qui doivent gérer les expulsions et les évacuations. En

parallèle, le coordinateur de Médecins du Monde Aquitaine souligne que « ce sont souvent de

petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. » (7-G.M.) Les

associations sont parfois en communication avec les ouvreurs de squats et communiquent

avec les occupants. En 2017, « On communiquait avec des ouvreurs de squats […]. On

orientait une cinquantaine de personnes » (7-G.M.), ce qui montre qu’il y a une demande de

la part des populations et que des problématiques liées au logement se posent. Par ailleurs,

les conditions de vies dans les squats sont qualifiées de précaires, au risque de créer de

l’exclusion pour les populations qui y vivent. « Bien que la France possède un très bon réseau

de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats

et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et

sociale » (22-G.M.).

En parallèle, le GIP fait une distinction entre un squat et un bidonville, pour eux il existe ces

deux types de lieux dans la métropole. « Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des

déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30

à 150 personnes, ça entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur

d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés.

» (17-D.D.) Les conditions de vie peuvent varier d’un squat à un autre, cependant le nombre

d’occupant influe sur les facteurs de dégradation du lieu et les conditions de vie en

l’occurrence. De plus, la durée de l’occupation d’un lieu peut affecter les conditions de vie des

individus, avec l’accumulation de déchets par exemple. Il est possible de rencontrer différentes

situations sur un même site, ce qui peut créer des écarts de conditions de vie. Selon un

médiateur du GIP lors d’un entretien, « le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si

c’était les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour

répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif

[…]. » (17-D.D.) En parallèle, les conflits pouvant être engendrés par l’appropriation d’un point

d’eau ou de toilettes, peut aggraver la situation de certains occupants sur le site (violence,

départ d’individus, déscolarisation des enfants, etc.). Le médiateur donne l’exemple du squat

Alexis Labro à Bègles où « l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes

[…]. » (17-D.D.) La médiatrice du GIP quant à elle, insiste sur le fait que les caractéristiques

de ces lieux influent sur les conditions de vie. « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes

selon, la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou

public, […]. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace

urbain, […]. » (17-K.A.) Cela peut aller d’un squat insalubre et délabré (dégradation de la santé

par exemple) à un squat parfaitement entretenu. De plus, l’insertion du squat (façade par

exemple) dans l’espace urbain peut être représentatif de la situation des squatteurs. Un

élément est aussi à prendre en compte, celui du discours tenu par les occupants. Il peut varier

selon l’interlocuteur qu’il a en face. Le discours des occupants, selon l’individus auquel ils

parlent, peut changer par méfiance et par peur d’une évacuation du squat par exemple.

Ainsi, les conditions de vie des squatteurs vont de pair avec leurs situations. A cet effet,

ces individus ont développé une réelle stratégie de vie afin de s’adapter aux conditions dans

lesquelles ils vivent. Les squats sont non seulement des lieux de refuge, mais ils sont aussi

sujet à du « bricolage », des innovations… Dans ce sens, certains ont la volonté d’améliorer

leurs conditions de vie, tandis que d’autres non.

Page 61: « L’accès à l’eau potable

60

B. Etre squatteur, une stratégie de vie au quotidien

Dans ce contexte, la notion de stratégie de vie correspond aux comportements, aux

attitudes, adoptées par les populations vivants en squat, dans le but de trouver des solutions

afin de répondre à leurs besoins. Dès lors, nous pouvons penser aux stratégies privilégiées

pour avoir accès à l’eau potable, à l’électricité ou bien de trouver de la nourriture. Les domaines

de la santé et de l’économie peuvent être aussi associés à cette notion. Nous pouvons aussi

prendre l’exemple du squat du Squid, dans lequel les occupants vivent ensemble, sous forme

de centre autogéré. Dans ce sens, les squatteurs doivent respecter des règles de vie, ce qui

peut représenter une stratégie de vie afin d’améliorer les conditions de vie et le vivre ensemble,

dans un lieu tel que celui-ci. Il y a, dans ce cas-ci, un esprit de partage, de solidarité au sein

de ce lieu. Par ailleurs, les stratégies que les squatteurs adoptent peuvent influer l’image que

véhiculent ces phénomènes au sein de la société. Ainsi, on peut supposer que le fait d’adopter

certaines stratégies vient du fait qu’il y a une « tentative d’habiter » l’espace de la part de ces

publics (F. Bouillon, 2009).

Dans un autre ouvrage (« Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat précaire », 2009),

F. Bouillon dresse une étude anthropologique des mondes du squat et de leurs habitants.

Celle-ci évoque notamment la notion de « mise en tension de l’image de la dégradation

sociale ». Il a pour objet principal de mettre en avant diverses typologies des usages des

squats et des modes de relations à l’œuvre afin de dépasser le découpage habituel entre squat

alternatif et squat de pauvreté, voire plus largement de déconstruire les catégorisations qui y

sont faites. Dans ce sens, il a été pertinent de s’appuyer sur ce document afin d’analyser ses

méthodologies d’enquête et la manière dont se sont déroulés ses travaux par exemple.

L’objectif est de renseigner sur cette classification en vue d’observer si elle peut être adaptable

à mon terrain d’étude, sur la métropole de Bordeaux. L’auteur établie une classification des

squatteurs en fonction de la pauvreté : « les migrants discriminés, les mal-logés et les jeunes

en difficultés (isolés) ». Certains refusent de se rendre dans un foyer ou de vivre dans la rue.

Ainsi, le squat apparaît comme une alternative plus acceptable, pour F. Bouillon : « Par ses

potentialités d’appropriation, d’intimité et de citadinité […] le squat révèle également de la

tentative d’habiter. » (p.89) A cet effet, le terme « d’habiter (construction d’un chez soi) permet

de dire que le squat n’est ni un profit, ni une fatalité subie (éviter d’autres habitats précaires) ».

Le squat est perçu comme un lieu d’identité et de continuité. Selon elle, « il s’agit de prouver

que l’on subit la marginalité et que l’on ne représente pas un danger pour la collectivité ».

Comme conséquence de la vulnérabilité (notamment lié à l’habitat) de ces individus, les squats

apparaissent comme une solution. « Ils font partie des multiples manifestations de vulnérabilité

des hommes et des femmes victimes de discriminations. Privés d’accès au travail, aux

services publics, de protection sociale, étrangers et immigrés sont à mille lieues de bénéficier

d’un droit au logement effectif » (Bouillon). C’est le « symbole et la matérialisation de

l’exclusion au logement ». Cependant, les squats possèdent une mauvaise image qui

stigmatise ceux qui y vivent.

Par ailleurs, le squat est le produit de la spéculation immobilière et des insuffisances du droit

au logement. Loin de n’être qu’un logement illégal, il constitue selon F. Bouillon, un refuge, un

espace de solidarité et d’entraide. Pour elle, les squatteurs « s’avèrent capables de mobiliser

des compétences relationnelles, cognitives et urbaines insoupçonnées ». Il y a ici, une

articulation entre processus de désaffiliation et dynamiques sociales. « Au cœur de

l’interaction se jouent alors des histoires individuelles et collectives dans toute leur densité »

(Bouillon, 2009). En effet, les squatteurs, couramment décrit comme « inutiles au monde »,

s’avèrent capables de mobiliser des compétences relationnelles et urbaines insoupçonnées,

notamment pour ce qui est de se nourrir ou d’avoir un « toit » pour dormir en sécurité. On peut

Page 62: « L’accès à l’eau potable

61

notamment penser à la notion de stratégie de vie, de stratégie individuelle. Les occupants

s’adaptent à leur lieu de vie et cherchent des solutions afin de posséder de meilleures

conditions de vie et un cadre de vie plus favorable.

Par la suite, il parait pertinent de mettre en évidence les stratégies adoptées par les

individus, concernant l’accès aux ressources vitales dans les squats. Un triptyque en ressort,

celui de l’accès à l’eau potable et l’assainissement, de l’accès à l’électricité et de la gestion

des déchets dans les squats. Dans ce contexte, un recensement d’environ cinquante-deux

squats sur la métropole de Bordeaux a été élaboré par le collectif Action Bord’Eaux. Ces

données traite essentiellement de ce triptyque, ainsi que du suivi de chaque squat par des

acteurs locaux. Ce recensement a été effectué dans le cadre du projet les « Toilettes se

bougent le Q ». L’objectif de ce collectif est d’améliorer les conditions de vie dans les squats

et favoriser l’échange dans ces lieux, ainsi qu’entre les squatteurs et les parties prenantes.

Les structures suivantes font partie de ce collectif : Dynam’eau, le GIP, Médecins du Monde,

Architectes sans Frontières, France Libertés, Tri Potes et Mascagne, et les Compagnons

Bâtisseurs Aquitaine. De plus, elles sont soutenues financièrement par Bordeaux Mécènes

Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. Cette carte rend donc compte du recensement des

squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Par ailleurs, l’association Dynam’eau souligne

lors de l’entretien (enquête qualitative), que « nous avons mis au point, en collaboration avec

Médecin du monde et le GIP, une carte sur « framacarte » qui nous permet de recenser tous

les squats dans lesquels nous intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. Je

vous enverrai le lien par mail. » (5-A.T.)

Carte 8 : Carte de la localisation des squats de Bordeaux Métropole concernant l’accès aux ressources

nécessaires (eau, électricité, gestion des déchets) et leurs suivi par des acteurs locaux. Réalisée à partir du

28/04/18, Lisa Ducournau

Après avoir consulté cette carte, certains points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux

adresses mentionnées dans la base de données). De plus, il est difficile pour ces associations

Page 63: « L’accès à l’eau potable

62

de recenser tous les squats du territoire, car ils sont, pour la plupart, relativement « éphémères

» et les individus ne sont que de passage. Ces données sont donc issues du travail de trois

structures : Dynam’eau, Médecins du Monde et le GIP (utilisation des données avec leur

autorisation). Dans le cadre de cette recherche, l’objectif a donc été de réaliser une carte

possédant des similarités avec la carte de recensement élaborée par le collectif afin de pouvoir

actualiser les informations et la mettre à jour. Les données issues de l’année 2018, ont aussi

été rajoutées. Cette carte sera ensuite transmise à ces associations afin qu’elles puissent

l’utiliser et modifier les données si elles le souhaitent. Les couleurs sont indispensables pour

comprendre comment la carte, située ci-dessus, a été pensée :

- Bleu foncé : Squats n’étant pas suivis par ces structures. Celles-ci ont néanmoins

connaissances de leurs géolocalisations et du type de squat en question.

- Bleu : Squat suivis par ces structures dans le cadre du projet les « Toilettes se bougent

le Q ».

- Bleu ciel : Squats non suivis par ces structures. Cependant elles ont connaissances

du fait qu’ils sont sans accès à l’eau potable et/ou sans assainissement (sans toilettes

par exemple).

En parallèle, il a été intéressant de pouvoir mettre en évidence les informations issues des

bases de données du collectif. Les trois graphiques suivants peuvent en témoigner. Le premier

graphique traite de l’accès à l’eau potable dans les squats recensés (soit 52 squats). Le

second met en évidence les données liées à l’assainissement et la présence de sanitaires

dans les squats. Enfin, le troisième présente des données liées à l’accès à l’électricité dans

les squats.

Figure 19 : Graphique du pourcentage de squats ayant et n’ayant pas accès à un point d’eau potable, dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Le graphique, situé ci-dessus, nous permet de visualiser le nombre de squats possédant un

accès à l’eau (point d’eau potable) et ceux ne possédant pas d’accès. Dans ce sens, 64% (soit

32 squats) ont l’eau, face à 18% (soit 9) n’ayant pas d’eau. Nous pouvons ainsi conclure que

plus de la moitié des squats de Bordeaux Métropole possèdent un accès à l’eau (soit environ

trois quarts des squats). Les squats de la métropole sont majoritairement équipés d’un point

et raccordé à une arrivée, soit d’une légale (ex : abonnement et raccordé au réseau d’eau

potable public) ou bien d’une manière illégale (ex : branchement sauvage à une bouche à

64%

18%

18%

Squats possédant l'accès à l'eau potable (en

pourcentage)

Oui Non Non renseigné

Page 64: « L’accès à l’eau potable

63

incendie). De plus, les squats suivis par les associations du collectif sont branchés au réseau

public.

Figure 20 : Graphique du pourcentage de squats possédant des sanitaires et connectés un système d’assainissement public, dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Pour ce qui est de l’assainissement et de la présence de toilettes en état de fonctionnement

dans les squats recensés, 22% possèdent l’assainissement et des toilettes (soit 11 squats)

contre 8%, c’est-à-dire quatre squats. Néanmoins, on remarque que pour 70% de squats (soit

35), les associations n’ont pas récolté de données concernant cet aspect. Ces structures sont

peu informées à ce sujet. Les squats possèdent souvent des toilettes et un réseau

d’assainissement, ce qui qui permet aux occupants de pour les réhabiliter afin qu’ils soient en

bon état de fonctionnement. Par ailleurs, ils peuvent aussi privilégier des toilettes publiques,

de café ou de station essence, s’il en existe à proximité.

Figure 21 : Graphique du pourcentage de squats ayant accès à l’électricité dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.

Enfin, ce graphique montre que 56% des squats possèdent l’électricité (soit 28 squats), ce qui

est équivalent aux données concernant l’accès à l’eau. A contrario, 30% des squats n’ont pas

accès à l’électricité (soit 15). Par ailleurs, il est intéressant de préciser que généralement les

22%

8%

70%

Squats possédant un système d'assainissement et des

toilettes (en pourcentage)

Assainissement et toilettes à eau Pas d'assainissment et/ou toilettes sèches Non renseigné

56%30%

14%

Squats possédant l'accès à l'électricité (en

pourcentage)

Oui Non Non renseigné

Page 65: « L’accès à l’eau potable

64

squats possédant l’accès à l’eau, possèdent aussi l’électricité, ce qui n’est pas toujours le cas

concernant l’assainissement et les toilettes. Dans ce sens, on peut observer qu’en majorité les

squats possèdent un accès à l’eau et à l’électricité. Moins fréquemment ces lieux peuvent être

équipés de toilettes. Ainsi, on peut alors supposer que ces squats possèdent de meilleures

conditions de vie que d’autres. Néanmoins, d’autres facteurs sont à prendre en compte, la

localisation, la superficie du squat, le nombre d’occupants, etc.

Concernant les résultats de l’enquête qualitative, les squatteurs adoptent diverses

stratégies pour accomplir les tâches de la vie quotidienne. Comme expliqué plus haut, « c’est

du système D ». Ils s’approvisionnent grâce à un raccord au réseau public ou ils vont chercher

l’eau à des points d’accès situés à proximité du squat. De même, ils vont se doucher et faire

leurs besoins, soit dans des douches et toilettes construites sur le lieu de squat, ou bien dans

des toilettes publiques et bains-douches à proximité. Pour ce qui est de l’alimentation, ils

bénéficient aussi d’aides de certaines associations (« la Croix Rouge, Médecin du Monde, la

Banque alimentaire »). En parallèle, « […] les populations les plus défavorisées […] achètent

de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine.

» (16-M.M.) Ce moyen d’approvisionnement est aussi couramment employé dans les squats,

dû à la culture et à la qualité de l’eau (méfiance, peur). Celui-ci insiste sur le fait de sensibiliser

les populations, car pour lui l’eau du robinet est sûre pour la santé. En ce qui concerne les

bains-douches, la gestion appartient aux communes et non au service de l’eau. Dans ce sens,

les communes doivent s’acquitter des factures de consommation dans ces lieux. De même

pour les fontaines à eau qui sont souvent munies de compteurs. L’installation de ces

équipements est issue d’une demande et d’une décision politique. Afin d’éviter une utilisation

fréquente et incontrôlées des bouches à incendie, les communes ont aussi installé des bornes

de puisage monétiques, soit environ une soixantaine sur le métropole ce qui est peu (Cf. partie

« Annexes », page 95). La Direction insiste aussi sur le fait que tous les usagers sont tenus

de s’acquitter des factures d’eau, et il cite : « […] il y a aussi des services communaux qui se

branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les

collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle

n’est pas facturée. » (16-M.M.)

Homme, 25 ans, originaire du Burkina Faso (Squat de la Ruche)

« Avant j’étais dans un squat où il n’y avait rien, pas d’eau ni d’électricité.

Ici, dans ce squat, nous avons la chance d’avoir l’eau grâce aux étudiants

et aux associations, même s’il y a des fuites. De l’eau froide juste, pas

d’eau chaude ni d’électricité. C’est ce qui nous manque le plus je pense.

Malheureusement, nous allons devoir chercher un autre squat en juillet. »

Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.

Selon les entretiens effectués lors de l’enquête qualitative, il existe donc deux manières d’avoir

accès à l’eau : se brancher au réseau public ce qui implique de posséder un abonnement

(papier d’identité et RIB) ou se raccorder par des branchements sauvages à une bouche à

incendie, voire une borne fontaine. Selon Médecins du Monde, « les personnes le plus souvent

se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas

destinée à l’alimentation. » (1-G.M.). Les conséquences peuvent être lourdes notamment sur

la santé (virus, d’épidémie) et peut provoquer des risques d’incendie. Les pompiers ne peuvent

plus intervenir, car ils sont branchés à la bouche à incendie. Le fait qu’elle ne soit pas potable

Page 66: « L’accès à l’eau potable

65

peut aussi contraindre les occupants à aller chercher de l’eau ailleurs, voire à la payer. Pour

le coordinateur de Médecins du Monde Aquitaine, « la condition des individus est souvent liée

aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes.

» (1-G.M.). Dans ce sens, les squats ont majoritairement accès à l’eau potable comme celui

situé à Villenave-D’ornon, « ils sont effectivement branchés à une borne à incendie » (8-G.M.).

Selon une nouvelle loi, il n’est plus indispensable de prévenir le propriétaire du terrain en cas

de souscription à un abonnement, mis à part si cela nécessite des travaux conséquents. Dans

ce sens, « les abonnements sont accordés aux propriétaires (ou à leurs mandataires), aux

usufruitiers, aux représentants légaux de copropriétés ou d'immeubles, aux locataires ou

occupants de bonne foi, sous réserve de nous transmettre, au moment de la souscription, un

titre justifiant leur occupation légale des lieux pour lesquels l'alimentation en eau potable est

demandé (notamment titre ou attestation notariée de propriété, bail). » (Issu des

règlementations de SUEZ Eau France et du règlement du service de l’eau de Correns).

De même, la Direction de l’Eau affirme que le moyen d’approvisionnement le plus couramment

utilisé par les squatteurs est celui du branchement à une borne à incendie, ce qui est contraire

aux règlementations émises par les services de l’eau. Selon elle, ces raccords illégaux vont à

l’encontre du principe d’égalité et d’équité. L’acteur donne l’exemple du Quai Deschamps.

Parfois, certains squats ont un tiers identifié et donc un abonnement. « […] pour moi c’est un

branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le

système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. » (7-M.M.) Cependant, il est

stipulé dans le règlement du service de l’eau que « tout raccordement au réseau public sans

contrat d'abonnement ou tout puisage effectué sans notre accord préalable est interdit. Le

non-respect de ces conditions peut entraîner la fermeture de l'alimentation en eau, la résiliation

de votre contrat, des pénalités financières et, le cas échéant, des poursuites judiciaires. » (Issu

des règlementations de SUEZ Eau France et du règlement du service de l’eau de Correns).

Ainsi l’accès à l’eau dans un squat peut dépendre de différents facteurs, comme celui du

terrain, des possibilités d’installation ou d’achat et de la culture des populations. Pour la

médiatrice du GIP, des points d’eau sont situés dans la majorité des squats et les individus

privilégient la souscription à un abonnement au réseau public. Lorsqu’il n’y a pas de point

d’eau, la plupart du temps, ils se raccordent alors à une bouche à incendie. Pour l’alimentation,

certains achètent de l’eau en bouteille (culture et méfiance sur la qualité de l’eau du réseau

public). Pour l’hygiène, ils utilisent de l’eau non potable. « Au-delà de la partie technique, il

faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les

factures, etc. » (7-K.A.) Pour éviter les conflits, il est nécessaire de penser à l’avant, mais aussi

à l’après « action ». Mener à bien un projet, passe non seulement pas sa construction, sa mise

en œuvre, mais aussi son évaluation.

Homme, 34 ans, originaire de France (Squat du Squid)

« Ce squat est assez spécial. Avant nous étions en périphérie de

Bordeaux, mais maintenant c’est mieux nous sommes proches de la gare.

En fait ce squat vient d’être installé et peu d’associations suivent ce

mouvement pour l’instant… Ce qui est cool, c’est qu’au rez-de-chaussée il

y a un centre d’accueil et de solidarité, c’est comme une partie collective

du bâtiment. Tout le monde s’y retrouve. En revanche, aux étages vous ne

pouvez pas y aller, ce sont les parties privées. Là où les gens dorment.

Dans ce squat il y a l’eau et l’électricité, on a ce qu’il faut. »

Page 67: « L’accès à l’eau potable

66

Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.

Pour ce qui est de Dynam’eau, les trois squats qu’elle suit possèdent un point d’accès à l’eau

potable et des sanitaires. Les caractéristiques sont les suivantes :

- Squat de la Ruche : système branché au réseau public. Dynam’eau intervient pour

entretenir les équipements et le système. « Nous sommes intervenus afin de réparer

d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment » (9-A.T.) ;

- Squat à Bègles : système branché au réseau public et tuyaux raccordés à chaque

caravane. Présence d’une cabine avec toilettes, mais « il y a des fuites au niveau du

branchement (raccordements) » (9-A.T.) ;

- Squat de Villenave-d’Ornon : branché à une borne à incendie.

On remarque, dans les deux premiers cas qu’il y a des fuites conséquentes et récurrentes

liées aux équipements et aux branchements (5 et 25 m3, soit 5000 et 25000 L par jour). Selon

Médecins du Monde, lorsqu’il n’y a pas de point d’eau dans le squat, les individus vont

s’approvisionner « à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport

par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche. » (9-G.M.). Ces points d’eau ne sont

pas recensés par les services de l’eau et les populations n’ont donc pas accès à ces

informations sur le territoire. Dans ce sens, une application appelée « Eaupen » a été créée

en 2011 sous forme participative, afin de recenser ces lieux. Cette application est gratuite et

tout individu peut y accéder.

Figure 22 : Application Eaupen, le 17/05/18. Réseau de recensement des points d’eau en ville. Partie « Accès à l’eau et à l’assainissement ». Source : www.eaupen.net

Eaupen est un réseau qui a été créé afin de mettre en évidence les points d’eau existant dans

chaque ville, en France. Ainsi, cette carte issue de google maps et tout le monde peut

contribuer à la localisation des points d’eau. Par ailleurs, les villes peuvent participer à identifier

ces points et profiter de la visibilité de ces données afin de les rendre visible pour tous les

usagers. On peut notamment parler d’OpenData, qui certifie ces données comme publiques.

Dans ce contexte, Bordeaux Métropole et la Direction de l’Eau ont l’opportunité de pouvoir

travailler en collaboration avec les habitants sur la localisation des points d’eau de la

métropole, par le biais de cette application. Les différents types de point d’eau recensés dans

cette application sont les suivants : « les fontaines publiques, les lieux publics (bibliothèque,

musées, …) et les lieux privés inscrits sur le réseau (restaurants, cafés, boutiques, …) » (selon

Page 68: « L’accès à l’eau potable

67

le site Eaupen). Cependant, cette application est toujours en phase d’expérimentation sur la

métropole de Bordeaux, les données ne sont pas exhaustives et seulement trois points sont

recensés sur la métropole. De plus, la localisation des points d’eau reste approximative.

Néanmoins, cette application révèle qu’il y a eu une demande afin de recenser ces points

d’eau et permet aux populations d’être informées. Les squatteurs privilégient donc des points

d’accès à proximité, tels que des toilettes publiques, des bornes fontaines ou des bain-

douches par exemple. Dynam’eau évoquent aussi le fait que les squats sont souvent

raccordés à un système d’accès à l’eau (branchement sauvage). « C’est du système D, donc

dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […]

» (10-A.T.). Or il existe des exceptions, certains squats comme celui du Quai Wilson est

contraint de s’approvisionner grâce à des bornes ou bien achète de l’eau en bouteille. « Ces

personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de pack » (9-G.M.), nous

pouvons alors penser qu’il y a un sentiment de méfiance quant à la qualité de l’eau ou bien au

fait que c’est une habitude (d’ordre culturel). Pour ce qui est du squat du Squid, selon l’acteur

interrogé, il est raccordé au réseau d’eau des services publics et au réseau d’électricité, par le

biais d’une autorisation de la commune de Bordeaux. Celui-ci est équipé de deux toilettes en

état de fonctionnement.

A l’inverse, le GIP affirme que les individus ne se rendent pas fréquemment aux toilettes

publiques et privilégient les toilettes de stations essence, de restaurants ou de cafés. Dans ce

sens, l’application Eaupen prend son sens, afin de permettre aux usagers de pouvoir trouver

rapidement un point d’eau à proximité d’eux. L’exemple du réseau Paul Bert ou du réseau de

solidarité sont cités par les médiateurs. De même, les occupants peuvent aller

s’approvisionner à des robinets dans les parcs ou les cimetière. Selon le médiateur du GIP, «

sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du

site qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par

certaines personnes. » (8-D.D.) Si absence d’un point d’eau, certains construisent aussi leur

propre WC et douche. Il y a un souhait d’autonomisation de la part des populations vivants en

squat. « Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. » (8-K.A.) La plupart,

du temps il n’y a pas d’assainissement collectif, mais il peut y avoir des exceptions. Parfois,

cela peut aussi poser des problèmes quant à l’évacuation des eaux et aux conditions

sanitaires. « Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre

[…] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » (9-K.A.)

Concernant les toilettes mobiles, les associations interviennent principalement lorsqu’il y a un

réseau d’assainissement à proximité. Certaines ont les moyens de fournir du matériel et de

l’aide afin de construire ces installations. De plus, il est possible de trouver des toilettes en état

de fonctionnement dans des locaux, tels qu’un immeuble, une maison ou un hangar. Dans ce

sens, ils seront réhabilités avec l’aide d’une association (installer des cabines de toilettes ou

bien réhabiliter les toilettes déjà existantes) et en l’occurrence de Dynam’eau qui est

spécialisée dans l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

Femme, environ 40 ans, originaire d’Albanie (Squat de Bègles)

« It is nice to have bathrooms because we don’t have any in the caravans.

That way, there is no bad smell. »

Traduction : C’est bien d’avoir des WC parce qu’on en a pas dans les caravanes. Il

n’y a pas de mauvaises odeur comme ça.

Page 69: « L’accès à l’eau potable

68

« We are coming from far away and we are in France since more than

seven years. »

Traduction : Nous on vient de loin et ça fait plus de sept ans qu’on est en France.

Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.

Par ailleurs, les acteurs associatifs doivent prendre en compte les besoins des populations

pour installer des sanitaires dans un squat (toilette à eau ou sèche selon leur culture par

exemple), les contraintes financières, « ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque

caravane » (11-A.T.) et aussi les contraintes terrains (présence du réseau public d’accès à

l’eau et du réseau d’eaux usées par exemple). Si le système est existant, les associations

peuvent intervenir. En revanche, plus le squat est grand moins il y a de chance qu’il y ait des

toilettes en état de fonctionnement. Les individus peuvent parfois faire le choix de se déplacer

pour se rendre dans des toilettes à proximité (toilettes publiques, toilettes de petits commerces,

…). « J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil

roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […].

Alors, il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce

chemin. » (10-G.M.) Ces individus parcourent souvent de longues distances avant de trouver

des sanitaires ouverts au public. En parallèle, d’autres problématiques se posent comme les

rejets d’eaux usées dans les squats. Les services de l’Eau ont déjà rencontré des problèmes,

tels que l’infiltration des eaux usées provenant de squats se situant à proximité des zones de

captage d’eau potable. « […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a

pas de système d’assainissement collectif. […] était reversé dans le milieu naturel, mais dans

une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. » (5-M.M.)

De même pour l’électricité, les individus n’ont pas d’autre choix que de se brancher au réseau

public, « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un

bâtiment, ou par l’initiative d’une association » (12-A.T.). Au même titre que pour le raccord à

l’eau potable, Dynam’eau parle de branchement sauvage « branché au système de l’ancien

bâtiment du Lidl » (12-A.T.). Concernant l’électricité, les situations peuvent aussi varier selon

le lieu. Certains squats comme ceux de Bègles ou Villenave-d’Ornon n’y ont pas accès. Peu

de squats souscrivent à un abonnement, mis à part dans les logements vacants ou les

bâtiments abandonnées, car le compteur est préexistant. Deux autres solutions sont

envisagées pour eux, ils peuvent se raccorder à un poteau avec un branchement sauvage ou

posséder un groupe électrogène. Cependant, ces branchements sauvages peuvent être

dangereux pour la santé. Par ailleurs, des conflits peuvent apparaitre, selon le GIP. « […] les

relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverains ou avec une autre famille

qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si

tu as ton propre abonnement. » (10-D.D.) Dans ce sens, le GIP affirme qu’il y a plus de squats

possédant l’électricité que l’eau sur la métropole. En parallèles, certaines mairies comme celle

de Bègles, propose de construire des points d’accès afin de limiter les branchements

sauvages. Ainsi, les médiateurs travaillent principalement avec des squats Roms, possédant

l’électricité. Dans ces squats, ils privilégient les branchements au réseau public (par

abonnement) ou les branchements sauvages (illégaux).

A cet effet, nous remarquons donc que les situations précaires des squatteurs et la

dégradation des conditions de vie, ne sont pas seulement dû au mal-logement, mais nous

pouvons aussi penser à l’accès aux ressources nécessaires à l’homme, telles que l’eau ou

l’électricité ; aux lieux dans lesquels ils vivent ; à la mobilisation sociale ; etc. Ce sont des lieux

de vie particuliers, à part entière. Ils ne sont pas seulement perçus comme un logement

Page 70: « L’accès à l’eau potable

69

contraint, mais aussi comme des lieux de vie collective, qui peuvent véhiculer des valeurs de

partage et de solidarité. De plus, ils impliquent de s’adapter, d’adopter une organisation

particulière. On peut alors penser au squat du Squid qui a construit un centre social autogéré.

Ces facteurs influent ainsi sur les conditions de vie des squatteurs. Pour certains, il y a une

volonté de s’approprier l’espace, d’adopter des stratégies de vie adaptées. Ainsi, indirectement

ils contribuent à améliorer leurs conditions de vie et le cadre de vie dans lequel ils vivent.

C. D’une volonté individuelle à la mobilisation collective

Il y a une volonté de certains individus d’améliorer leurs conditions de vie et de pouvoir

s’insérer au sein de la société. Cependant, ils ont peu de moyens pour subvenir à leurs

besoins. A cet effet, il est intéressant de voir que certains acteurs locaux, qu’ils soient publics

ou privés, se mobilisent autour de ces questions. Ainsi, cette partie expose principalement les

résultats obtenus dans le cadre de l’enquête qualitative et montre que la plupart des acteurs

interrogés soutiennent la lutte contre le mal-logement ou l’amélioration des conditions de vie

des personnes en ville.

Dynam’eau intervient en tant qu’intermédiaire entre occupants et les services publics. De plus,

leur présence est ponctuelle. Les salariés se chargent du suivi des squat au niveau de l’accès

à l’eau potable et à l’assainissement (entretien des équipements, etc.). « L’objectif est de voir

si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installés ou réparé en bon état

et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie » (1-A.T.). Il y a un intérêt pour eux,

de rencontrer les populations afin de cerner comment vivent-ils et leurs besoins en eau. Le fait

de mettre en avant le principe de solidarité est essentiel pour eux, les squats en sont des

représentations. De plus, les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux font l’objet du

deuxième volet d’actions de Dynam’eau. Actuellement, ils ont mis en place un système d’arrivé

d’eau pour 13 squats, soit environ 400 personnes. Ces données montrent l’importance qu’ils

accordent à ces thématiques, mais aussi inscrivent ces phénomènes comme récurrents en

milieu urbain, voire de priorité publique.

L’association a évolué (de même que leurs actions) depuis huit ans et recense de plus en plus

de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Avant de travailler à Dynam’eau, l’acteur

interrogé ne soupçonnait pas qu’il existait autant de squats, ce qui traduit que ce phénomène

est récent et fait l’objet d’une réalité. Pour eux, les squats existent dans les milieux urbains en

particulier. Cependant, ils sont souvent invisibles au regard de la société et ils peuvent se

fondre dans l’espace urbain. « Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des

lieux de vie qui ne se voient pas trop » (5-A.T.). De plus, le public varie régulièrement et chaque

squat est différent. Les spécificités de chaque squats sont importantes pour comprendre les

besoins des occupants et dans quelles conditions ils vivent. Les acteurs locaux doivent

s’adapter pour trouver des solutions. Selon lui, des problèmes politiques et d’individualisme

viennent freiner l’amélioration des conditions de vie des squatteurs.

En parallèle, une autre association influe sur ces problématiques, c’est Médecins du Monde

Aquitaine (MDM). Celle-ci intervient (organisation médicale et de santé) dans les domaines de

l’accès aux soins, aux droits et à la prévention, avec pour cible des personnes en situation de

précarité. En ce qui concerne les squats, elle intervient plus particulièrement afin d’améliorer

les conditions de vie et à la santé des occupants. Médecins du Monde existe depuis plus de

30 ans en Aquitaine et possèdent de nombreuses connaissances sur la métropole de

Bordeaux. Ainsi, on peut remarquer que cette structure passe par deux formes d’intervention

: en centre d’accueil ou sur le terrain. Ils ont d’abord construit un CASO (centre d’accueil, de

soin et d’orientation) et mettent en place « des actions mobiles auprès de personnes en

situation de précarité et en habitats précaires, […]. » (3-G.M.) Par ailleurs, l’acteur interrogé

Page 71: « L’accès à l’eau potable

70

connait bien ces problématiques, car il est coordinateur de la Mission Squat au sein de l’ONG.

De plus, l’association travaille avec différents types d’acteurs sur le territoire (associations,

institutions, …).

Selon Médecins du Monde, l’action publique doit jouer un rôle primordial quant à l’accès à

l’eau sur son territoire, mais aussi à la santé. De nombreux textes de lois peuvent en

témoigner, « Un certain nombre d’articles de lois […] ont été ratifiés par la France comprenant

des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait avoir accès à l’eau

potable. » (2-G.M.) Les « lieux occupés sans droit ni titre » doivent être pris en compte dans

les questions liées au territoire, de même que la précarité pouvant se traduire sous différentes

formes (logement, accès aux ressources, à la santé, aux services, …). Il y a une volonté de

faire changer les pratiques, les consciences pour eux. Dans ce sens, Médecins du Monde

souhaite montrer les avantages que peuvent tirer chaque acteur de ces problématiques. Par

ailleurs, il y a un souhait de la Direction de l’Eau d’introduire ces problématiques dans la

politique de l’eau à l’avenir, car depuis trois ans ces questions émergent dans les sphères

publiques et politiques. En revanche, l’acteur affirme que les branchements sauvages existent

depuis longtemps avec le cas des gens du voyage et depuis peu de temps de nouvelles

populations occupent l’espace urbain, comme les squatteurs. Cependant, certains freins

peuvent venir entraver la mise en œuvre d’actions sur le territoire. Le service de l’eau ne fait

pas preuve de transparence quant aux données cartographiques sur l’accès à l’eau potable

sur son territoire, ce qui induit une méconnaissance du réseau et un désintéressement des

habitants sur ce sujet. Nous l’avons notamment évoqué en parlant de l’application Eaupen. Il

y a un effort à faire de la part des services publics, afin de sensibiliser les populations et de

les mobiliser sur ces questions.

En parallèle, la Direction de l’Eau met en avant les efforts fournis par certaines associations

locales, telles que Dynam’eau ou Médecins du Monde. « On a été amené à travailler avec

elles, sans réel succès, parce qu’on s’heurte […] toujours au même problème, qui est celui du

principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que

j’applique. » (4-M.M.) La politique de l’eau et les directives limites les institutions dans

l’exercice de leur fonction. Dans ce sens, les associations viennent pallier l’absence des

institutions sur le terrain et concernant les actions mises en œuvre. Il explique que si la

politique changeait, ils évolueraient. De même, les occupants et les associations doivent

penser aux répercutions de l’installation dans un squat d’un point d’accès à l’eau peut

engendrer, comme l’exemple des conflits et tensions entre occupants.

En collaboration avec Bordeaux Métropole, un autre acteur, le GIP travaille dans les secteurs

de de l’action sociale et de la médiation. Automatiquement selon les acteurs interrogés, le fait

de parler d’amélioration des conditions de vie, induit de parler d’accès aux ressources vitales,

telles que l’eau potable. Cette structure est donc touchée directement ou indirectement par les

thématiques étudiées dans cette recherche. En 2014, un service de médiation a été créée au

sein de Bordeaux Métropole, ce qui révèle qu’il y a une demande de la part des institutions et

des populations concernant l’amélioration des conditions et du cadre de vie sur le territoire.

Les médiateurs ont pour mission de « […] faire remonter les besoins de ces populations auprès

des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. » (1-D.D.) De plus, un

phénomène a marqué la création de ce service : « la ville était impactée par un gros bidonville

sur le squat de Thiers Benauge. » (1-D.D.) Ce phénomène montre que ces questions sont

d’actualités, qu’elles affectent l’état de la métropole et freinent son « développement » vers

une amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, les acteurs du GIP ne

suffisent pas à porter un plaidoyer, tous les acteurs locaux doivent travailler ensemble. Le rôle

de cette structure dans les squats, est d’accompagner les occupants et de les mettre en

relation avec des associations ou des institutions, « la médiation dans les squats peut prendre

Page 72: « L’accès à l’eau potable

71

différentes formes selon, la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation

du groupe. […], ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. » (1-D.D.) Un aspect de

développement local est mis en avant dans ce discours, les acteurs locaux doivent travailler

ensemble sur ces questions afin de trouver des solutions pérennes sur le territoire. En

parallèle, le GIP organise aussi des formations et des animations. Il y a encore ici, une volonté

d’accompagner les structures et institutions qui soutiennent ces causes, notamment en faisant

le lien avec des enjeux du territoire et les politiques. « […] Il y aussi la question de la pérennité

des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque

de financement. » (2-K.A.) Le territoire d’intervention du GIP s’étend sur toute la métropole,

d’une part à travers une mission sur les conflits de voisinage et d’autre part, à travers une

mission sur les squats de populations bulgares et roumaines essentiellement. Ce choix est

issu du fait que ces individus sont considérés comme « nouveaux européens », mais aussi

que les services d’urgences comme le 115 sont saturés. De plus, cette part de la population a

doublé, notamment sur les communes de Mérignac, Bordeaux et Bègles selon l’acteur

interrogé, « soit environ 95% des squats de la métropole » (2-D.D.). En 2017, les acteurs

associatifs ont recensé plus 52 squats sur la métropole, soit environ 1200 occupants. Selon

un médiateur, « il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents

projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. » (5-D.D.) En parallèle, il

est intéressant d’observer que les squats évoluent en fonction de la « mutation de la ville ».

Les espaces urbains se vident et se transforment, en fonction de ce phénomène et des

évacuations, les squats se déplacent, ils sont mobiles.

La mission des médiateurs du GIP touche ainsi « deux axes : l’amélioration des conditions de

vie dans les squats et l’accès au droit. » (1-K.A.) Chaque intervention est différente, en fonction

« du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » (1-K.A.) mais aussi en fonction

des demandes (élus, riverains, propriétaires, …). Cela montre que chaque squat possède ses

spécificités, selon sa localisation, les relations qu’il existe par exemple. Il est alors nécessaire

de pourvoir travailler en concertation auprès de divers acteurs pour pouvoir mener à bien des

actions adaptées aux lieux. Cette mission permet de faire reconnaitre la situation des squats

comme fait d’actualité, de favoriser l’échange et les relations, mais aussi d’accompagner les

populations vers des conditions de vie meilleure. « Le rôle du GIP est d'accompagner au

quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour

l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. » (3-K.A.) Le

fait que cela fasse « sens d’un point de vue démocratique et économique » inscrit ces

questions comme problème de société et sert à mobiliser les populations, les citoyens. Selon

le GIP, deux facteurs font que ces questions sont révélatrices d’un problème sociale, celui de

la lutte contre la discrimination et l’exclusion, mais aussi celui de la reconnaissance d’une

culture, faisant partie de l’Union Européenne. Au niveau économique, l’accès à l’eau, à

l’électricité, donc aux ressources vitales et un logement décent sont plutôt étudiés.

Par ailleurs, le fait de voir et d’observer les conditions de vie dans les squats fait prendre

conscience de différents faits influe sur les pratiques des individus, notamment ceux qui

travaillent en collaborations avec les squats. « […] nous nous rendons dans des squats

régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça

nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas, ne pas le dire aux gens

[…]. » (4-D.D.) Dans ce sens, certains individus commencent à prendre conscience que l’eau

est payante et souscrivent à des abonnements. Il y a une volonté d’entamer une démarche de

participation et de mobilisation. Cependant, cette part est actuellement minime et un des

objectifs du GIP est de diminuer les branchements sauvages au réseau public. « Maintenant

on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau

potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les

sensibiliser et les accompagner, […]. » (4-K.A.) Par conséquent, le manque de mobilisation

Page 73: « L’accès à l’eau potable

72

dans les squats est fréquent, selon l’acteur interrogé. « Il faudrait qu’ils prennent conscience

du gaspillage qui est fait, […]. Une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va

faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions

de vie. […], tu les amènes à se responsabiliser. » (4-D.D.)

Dynam’eau a pour volonté de favoriser l’accès aux ressources vitales et d’améliorer

les conditions de vie des populations défavorisées, mais aussi d’accompagner (exemple :

formation) les squatteurs et les acteurs locaux vers une gestion participative des squats sur le

territoire. L’objectif pour eux est de « permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des

actions réalisées » (13-A.T.). Il y a une volonté d’impliquer les individus dans leur projet, afin

qu’ils puissent le générer selon, leurs besoins et le pérenniser. En complément de Dynam’eau,

Médecins du Monde n’intervient pas directement sur les questions liées à l’eau. Celle-ci

possède un rôle d’intermédiaire, de médiateur et travaille principalement en relation avec les

populations et les institutions. Elle intervient en tant que plaidoyer auprès des services publics.

Les actions de Médecins du Monde sont mobiles et sont liées : « à l’information et l’orientation

; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé

; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. »

(13-G.M.) De plus, l’ONG possède un nombre important de bénéficiaires, soit 456 en 2018

pour le volet « squat ». Selon le GIP, « Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser

les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir

des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions. […] tu peux

bouleverser un certain équilibre social. » (14-D.D.) Avant de pouvoir mettre en place des

actions dans un squat, il faut pouvoir identifier les besoins de celui-ci. Le fait de collaborer

entre acteurs permet de mutualiser les compétences, afin d’éviter les conflits et les tensions.

Par ailleurs et à l’inverse des services publics, le GIP envoie ses médiateurs sur le terrain. Ils

sont les premiers témoins, avec les associations, des conditions de vie des individus dans les

squats. « C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les

populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit

commun. » (11-K.A.) Les médiateurs considèrent que les occupants ont les mêmes droits que

les habitants de Bordeaux Métropole et parlent de droit commun. En complément des services

publics, les médiateurs ont un rôle d’intermédiaire. Ils accompagnent aussi certaines actions

et ont pour mission d’animer ce réseau de médiation. Par ailleurs, ils travaillent en priorité dans

les squats situés sur un terrain « […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou

institutionnel. » (12-K.A.) C’est pour ces raisons qu’ils ont un rôle de relais. Puis, ils

interviennent sur des terrains « appartenant à des propriétaires privés, à la demande des

communes, des associations, du propriétaire, […]. » (12-K.A.) Ainsi, ces interventions sont

issues d’une demande sur le territoire. Ce sont les mairies et les voisins les plus impactés par

ces phénomènes, car ils doivent partager l’espace urbain avec les squatteurs.

De plus, certaines associations comme Dynam’eau ont le soutien d’autres acteurs comme des

mécènes, le service de l’eau, Bordeaux Mécènes Solidaires ou la Fondation Abbé Pierre par

exemple. « Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par

le biais d’Action Bord’eaux. » (15-A.T.). Dans ce sens, les associations rencontrent des

difficultés à financer leurs actions.

Page 74: « L’accès à l’eau potable

73

Figure 23 : Campagne de sensibilisation de la Fondation Abbé Pierre, 2014. Crédits photos : ©Aurélien Chauvaud / BDDP Unlimited. Source : http://www.fondation-abbe-pierre.fr/nos-actions/sensibiliser-au-mal-logement/lemploi-ne-garantit-plus-un-logement-decent

Les acteurs s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais on observe que les

financements sont insuffisants. Cependant, un nombre important d’acteurs publics et privés

sont mobilisés autour de ces thématiques, comme : « Bordeaux et de Bègles, Bordeaux

Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la

Lyonnaise des eaux. […] France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les

Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipe du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde

Aquitaine, 3P&M, etc. » (16-A.T.). L’ONG Médecins du Monde, quant à elle, travaille en

collaboration avec des acteurs associatifs tels que : « le CASI (Comité d'Action Sociale) […]

avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de

l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières.

[…] Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe

(Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui

cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité

[…] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. » (14-G.M.) Par ailleurs,

cette structure travaille aussi avec des acteurs publics comme « les MDSI (Maisons

Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et

Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et

de la région. » (14-G.M.) Il y a une volonté de ces associations de travailler en concertation

entre acteurs (privés et publics), afin d’améliorer les conditions de vie des individus. Il y a un

souhait d’instaurer un espace d’échange entre acteurs concernés et de les impliquer plus

fortement dans la mise en œuvre de politiques, mais aussi d’actions par exemple.

Page 75: « L’accès à l’eau potable

74

Lorsque l’on parle des services de l’Eau, il implique de parler de deux acteurs, le délégataire

SUEZ Eau France et Bordeaux Métropole avec la Direction de l’Eau. Divers acteurs publics

sont cités par la Direction de l’Eau, comme l’ARS (santé, alimentation et qualité de l’eau),

services de secours (Santé et urgences), la Préfecture (Sécurité des biens et des personnes),

le département (Compétences sociales et financement d’actions) « Sur les sahraouis, c’est

eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. » (12-M.M.), la région

(financement d’actions) et les collectivités locales (pouvoir décisionnaire et compétences

sociales). Les données récoltées sont nécessaires pour ces acteurs, afin qu’ils puissent mettre

en place des mesures et des actions.

Par ailleurs, le GIP insiste sur le fait que ces questions soient pluridisciplinaires (logement,

santé, social, éducation, …) et que le fait d’être médiateur implique d’avoir des compétences

dans ces divers domaines. « Nous accompagnons certaines associations […], comme

Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. […] ils interviennent avec

nous sur le terrain contrairement aux instances départementales et régionales. » (13-D.D.)

Travailler sur le terrain est un avantage pour comprendre les besoins et échanger entre acteurs

locaux. De même, les acteurs publics doivent travailler en collaboration afin de mettre en place

des actions. Le médiateur donne l’exemple d’une mairie, de Bordeaux Métropole (Direction de

l’Eau et de l’Habitat) et d’un CCAS. D’autres acteurs publics travaillent sur ces questions. «

Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la

Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la

Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les

PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de

collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Pellegrin, les services de police et

de secours sont souvent impliqués […]. » (14-D.D.)

Le GIP travaille en collaboration avec plusieurs acteurs venant de différents secteurs (public,

privé, …) et domaines (logement, social, santé, …). Concernant le collectif Action Bord’Eaux

(Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE, GIP), le GIP n’exploite pas

toutes les données transmises par les autres associations, car il travaille avec la communauté

Roms. Concernant la communauté Roms, les médiateurs travaillent en collaboration avec

EURROM (en collaboration avec le CNDH), le Collectif Roms Chakaraka, l’association ASTI

(Association de Solidarité avec tous les Immigrés), etc. En ce qui concerne l’éducation, ils

travaillent aussi avec des éducateurs spécialisés et des écoles de la métropole. Plusieurs

acteurs institutionnels collaborent avec le GIP sur ces questions, comme les mairies de Bègles

et Mérignac, la cité municipale de Bordeaux, Bordeaux Métropole, le département et la région.

On peut voir que certains acteurs publics sont impliqués dans ces questions, le médiateur

donne l’exemple de Bègles et Mérignac qui installent des compteurs dans les squats. Pour

eux, « Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. » (15-K.A.) Que ce

soit des acteurs associatifs ou des parties prenantes, chaque acteur doit être impliqué dans

cette mise en œuvre d’actions pour éviter les conflits, les tensions et les oppositions face au

développement, à la transformation du territoire. C’est échanger, présenter les actions, inviter

les parties prenantes à se rendre sur le terrain ou à des réunions et bien sûr communiquer.

Selon le GIP, le fait que les squats évoluent, soient mobiles et ponctuels implique de

transformer les politiques et les actions au fur et à mesure. « Le fait de travailler auprès de

400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […]. » (15-D.D.) Au même titre, la

Direction de l’Eau soutien que la mobilisation des associations et la sensibilisation qu’elles

portent sont primordiales dans l’émergence de ces questions. Non seulement il est nécessaire

d’avoir des acteurs sur le terrain (techniciens et associations), mais les pouvoirs publics

doivent aussi être concernés et impliqués dans ces questions, notamment dans le sens où il

existe un budget. « […] dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel

portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il faut vraiment une

Page 76: « L’accès à l’eau potable

75

politique sociale dans les communes et la métropole, […]. » (13-M.M.) Nous pouvons

remarquer que peu d’actions publiques sont menées au niveau social, notamment concernant

les personnes en situation de précarité et l’accès à l’eau potable, seul le chèque Eau existe. «

[…], au niveau social des choses méritent d’être développées, car nous en sommes encore

au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce

n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde.

» (13-M.M.)

Le squat du Squid quant à lui, possède quelques particularités, car il n’est pas reconnu comme

une structure influente sur les politiques de la métropole, de même ce n’est pas une structure

associative. Cependant, cette structure est intéressante, dans le sens où c’est un squat avec

un centre social autogéré qui accueille des individus à des fins de logement. Les occupants

du Squid qualifient ce squat de communauté. Par ailleurs, les publics vivants dans ce lieu ont

la volonté d’améliorer leurs conditions de vie et de donner une bonne image de ce lieu aux

habitants, aux associations et aux institutions. Ce qui soutient les propos du GIP : « d’un côté

des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu

as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à

mettre la vie d’autrui en danger. » (15-D.D.) Dans ce sens, ces parcours de vie peuvent

témoigner des trajectoires de vie, de la mobilisation et du soutien de certains individus.

Quelques occupants ont la volonté de se réinsérer alors que d’autres non, ils profitent de leur

situation par intérêt (notamment économique) et ne cherche pas à améliorer leurs conditions

de vie, mais aussi leurs droits. Certaines associations soutiennent ce squat, comme la

CIMADE et Médecins du Monde. De plus, la commune de Bordeaux autorise l’occupation de

ce lieu, car elle est propriétaire du bâtiment. Néanmoins, des projets de la ville ont dû être

modifiés avec l’occupation de ce lieu, comme le projet Euratlantique par exemple. Le fait

d’avoir autorisé l’accès à ce squat a permis aux populations de vivre dans de bonnes

conditions, car ils ont accès à l’eau et à l’électricité. De même, les locaux sont en bon état. «

La ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller

seul […] » (11-A.). Selon la personne interrogée, des points d’eau potable sont installés à

proximité, au bord de la Garonne par exemple (environ 300 mètres). De plus en plus

d’individus sont confrontés à des problèmes de logement. Les actions sont, selon lui,

insuffisantes et il souhaiterait que des actions sociales soient mises en place.

Depuis, une dizaine d’années nous pouvons remarquer l’émergence d’une certaine

mobilisation sociale autour de ces lieux de vie, les squats. En plus médiatisé, ils sont

aujourd’hui au centre de l’actualité dans les grandes villes, telle que la métropole de Bordeaux.

Dans ce sens, les autorités publiques s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais

pennes à mettre en place une action publique adéquate. En parallèles, certaines structures,

telles que des associations, font preuve de soutien, de mobilisation et possèdent un rôle de

plaidoyer. Cependant, elles manquent de moyens afin de rendre plus efficaces leurs actions

et qu’elles soient en adéquation avec les besoins des populations.

Page 77: « L’accès à l’eau potable

76

Conclusion

Pour conclure, les services de l’eau potable en France travaillent principalement en

collaboration avec des délégataires (contrat de concession), tel que SUEZ par exemple. Dans

ce sens, on peut dire que l’autorité publique en charge de la question de la gestion de l’eau

potable possède le « monopole ». Néanmoins, et au même titre que l’agriculture ou la gestion

d’une autre ressource par exemple, les communes en chargent de cette gestion doivent

respecter des directives internationales. A cet effet, la gestion de l’eau reste difficile à mettre

en place pour les services publics, d’une part car c’est une ressource « primaire » qu’il faut

entretenir, elle est renouvelable à un certain seuil, puis d’autre part car c’est un droit

fondamental pour l’humanité. Dans ce sens, les services et délégataires doivent travailler en

collaboration, en concertation, afin d’améliorer et de rendre plus efficace le réseau d’eau

public. Par ailleurs, la gestion de l’eau implique nécessairement de penser à l’accessibilité et

la distribution de la ressource en eau sur les territoires. Néanmoins, un facteur essentiel vient

freiner l’amélioration de l’accès à l’eau, son coût. Les individus peuvent avoir des difficultés à

assurer le paiement des factures d’eau. Ainsi, le coût est lié à d’autres facteurs, tous

transversaux, tels que le mal-logement, la pauvreté, la santé, le chômage, etc.

En France, le fait d’avoir accès à l’eau peut impliquer d’avoir un logement et donc un compteur

d’eau (abonnement), or pour certaines populations en situation de précarité ce n’est pas le

cas. Néanmoins, si celles-ci sont en situation de mal logement, elles peuvent faire le choix ou

bien sont contraintes de vivre en squat. Par ailleurs, certains squats peuvent être encore

équipés d’un compteur d’eau si les locaux sont en bon état. Elles sont souvent forcées de

trouver d’autres alternatives. Selon les acteurs interrogés, deux solutions s’offrent alors à elles,

les branchements sauvages sur une bouche à incendie ou bien un point d’eau à proximité. Par

ailleurs, le fait de penser « accessibilité à l’eau potable » a d’abord impliqué de parler de la

qualité et de la quantité d’eau. Cependant, d’autres facteurs sont à prendre en compte

notamment au niveau des équipements, des besoins des populations et de la distance à

parcourir pour avoir un point d’eau. L’offre d’équipement et de points d’eau dans l’espace

public est insuffisant au sein de la métropole de Bordeaux, sont notamment remis en cause le

manque d’intérêt des services et le manque de financements. Dans ce sens, nous pouvons

supposer que c’est un facteur contraignant pour ces individus, en situation de précarité. De

même, cela peut être révélateur d’un phénomène d’exclusion de la part des services publics

(fait de ne pas entretenir et multiplier les points d’eau dans l’espace public).

Il parait alors évident de parler de « l‘invisibilité des publics » (ONPES), ainsi les publics

n’ayant pas accès à l’eau potable et/ou vivants en squat, sont sujets à différents types

d’invisibilité. Dans ce sens, il est intéressant de citer : l’invisibilité politico-médiatique ;

l’invisibilité sociale ; l’invisibilité institutionnelle ; l’invisibilité recherchée par les publics eux-

mêmes. De plus, ces formes d’invisibilité sont, soit subis par les individus, soit il y a une volonté

de ces individus d’être dans cette situation. Par ailleurs, divers acteurs locaux, privés comme

publics, peuvent être impliqués dans ces phénomènes. Cependant, l’ONPES soutient par

ailleurs, qu’il y a une volonté de ces acteurs de tenir à l’écart ces populations, notamment pour

ne pas nuire à l’image de la ville.

C’est à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en France, que des difficultés

de logement voient le jour, provoquant notamment des phénomènes de ségrégation, de

discrimination et d’exclusion pour les populations. Par ailleurs, ces effets sont issus de

différents facteurs comme celui de la précarité et de la pauvreté. On parle d’une « crise du

Page 78: « L’accès à l’eau potable

77

logement ». Selon M. Mouillart31, « alors que les besoins en logement restent élevés, de l’ordre

de 500 000 chaque année, le nombre de logements mis en chantier sera de l’ordre de 300 000

en 2014. Cela signifie que compte tenu du nombre actuel de ménages et de son évolution, on

aura construit cette année […] moins de 11 logements pour 1000 ménages, alors qu’il en

faudrait près de 70% de plus. » Et alors souvent remis en cause, la décision des pouvoirs

publics ainsi que les politiques publiques mises en place. De nombreuses dimensions sont

ainsi remises en question, comme les dimensions historiques, sociales, économiques,

environnementales, immobilières et territoriales.

En ce sens, dans les milieux urbains et dans ce cas précis dans la métropole de Bordeaux,

les squats sont sujets aux politiques publiques et aux transformations des villes. Cependant,

ils possèdent de réelles capacités, afin de s’adapter. C’est en quelque sorte une solution

alternative au mal-logement, qui résulte de certaines difficultés sociales et économiques. Les

conséquences pour les individus sont multiples, notamment au niveau de la recherche

d’emploi, de l’insertion dans le monde administratif (en faisant référence au droit commun) ou

bien de leur santé par exemple. Seul deux rapports ont été rédigés par l’Etat par le biais du

recensement de certaines préfectures de France. Ces rapports ont été publiés en 2000 et

2005. Or ils ne sont pas représentatifs, notamment dû au fait que ces publics soient qualifiés

« d’invisibles » et que cela concerne différents types de publics. Dans ce sens, on peut parler

de marginalité urbaine en particulier liée au logement.

En parallèle, les enjeux des squats, identifiés par Dynam’eau, sur le territoire et sur les

populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les riverains » ; «

Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine » (3-A.T.). Ainsi,

nous pouvons voir que ces questions sont très transversales et touchent différents domaines

qui sont néanmoins liés (social, économique, habitat, santé, éducation, etc.). Nous pouvons

aussi le voir, l’accès aux ressources (accès à l’eau et à l’électricité) joue un rôle primordiale

dans l’intégration de ces individus. Certains acteurs ont la volonté d’améliorer les conditions

de vie des individus dans les squats. Selon un rapport32 du Ministère de l'Écologie, du

Développement durable, des Transports et du Logement, l'article33 11 « prévoit, dans

l'hypothèse de l'occupation d'une propriété privée par des tiers ne justifiant d'aucun droit ni

titre, de poursuivre l’alimentation en eau de la propriété et ce malgré la demande de résiliation

d'abonnement formulée par le propriétaire ». Temps qu’une décision n’ait pas initiée par les

pouvoirs publics, les squats peuvent continuer à s’alimenter en eau, si les individus ne

dégradent pas les lieux. Certaines communes mettent parfois en place des « conventions

d’abonnement exceptionnelles » permettant au squatteur de pouvoir bénéficier de l’accès à

l’eau. Dans ce sens, on peut supposer que les publics sont tous différents (principalement en

situation de précarité), cela peut aller des sans-abris, aux immigrés ou bien des nouveaux

« européens » aux familles en difficultés, voire aux jeunes mineurs isolés ou aux personnes

âgées par exemple. Ces publics vivent à l’écart et en situation de précarité. Le fait de ne pas

avoir accès aux ressources nécessaires peut contraindre les squatteurs à s’insérer dans la

société (au niveau administratif notamment), à rechercher un emploi, à être en bonne santé,

voire cela peut les exclure encore plus de la société. Dans ce sens, il est évident que le fait de

ne pas avoir accès à l’eau potable dans un squat par exemple, peut être un facteur aggravant

de la précarité et de l’exclusion de ces individus au sein de la société.

31 M. Mouillart : Professeur d’économie et du logement à l’université Paris-X Nanterre. 32 Rapport du Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les plus démunis, exemples de bonnes pratiques. Source : www.developpement-durable.gouv.fr 33 Loi n° 2011-156 du 7 février 2011 relative à la solidarité dans les domaines de l’alimentation en eau potable et

de l’assainissement.

Page 79: « L’accès à l’eau potable

78

Ainsi, les conditions de vie des squatteurs vont de pair avec leurs situations. A cet effet,

ces individus ont développé une réelle stratégie de vie afin de s’adapter aux conditions dans

lesquelles ils vivent, en particulier pour avoir accès à l’eau potable. Les squats sont non

seulement des lieux de refuge, mais ils sont aussi sujet à du « bricolage », des innovations…

Dans ce sens, certains ont la volonté d’améliorer leurs conditions de vie, tandis que d’autres

non. Il y a une volonté de certains individus d’améliorer leurs conditions de vie et de pouvoir

s’insérer au sein de la société. Cependant, ils ont peu de moyens pour subvenir à leurs

besoins. A cet effet, il est intéressant de voir que certains acteurs locaux, qu’ils soient publics

ou privés, se mobilisent autour de ces questions. Ainsi, cette partie expose principalement les

résultats obtenus dans le cadre de l’enquête qualitative et montre que la plupart des acteurs

interrogés soutiennent la lutte contre le mal-logement ou l’amélioration des conditions de vie

des personnes en ville.

Depuis, une dizaine d’années nous pouvons remarquer l’émergence d’une certaine

mobilisation sociale autour de ces lieux de vie, les squats. En plus médiatisé, ils sont

aujourd’hui au centre de l’actualité dans les grandes villes, telle que la métropole de Bordeaux.

Dans ce sens, les autorités publiques s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais

pennes à mettre en place une action publique adéquate. En parallèles, certaines structures,

telles que des associations, font preuve de soutien, de mobilisation et possèdent un rôle de

plaidoyer. Cependant, elles manquent de moyens afin de rendre plus efficaces leurs actions

et qu’elles soient en adéquation avec les besoins des populations.

Page 80: « L’accès à l’eau potable

79

Bibliographie

Ouvrages et articles de recherche

AUBRY Hanna (dir.), Les autres voix de l'eau. Les enjeux du Forum alternatif mondial de l'eau,

Paris, La Dispute, 2012, ISBN : 978-2-84303-232-5. Monté par un collectif. URL:

https://www.decitre.fr/livres/les-autres-voix-de-l-eau-9782843032325.html

BAECHLER, Laurent. L’accès à l’eau, enjeu majeur du développement durable, 2017.

Collection Planète enjeu et édition Deboeck supérieur. URL :

https://www.decitre.fr/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/8/0/7/3/9782807302280.pdf

BARBIER Rémi, ROUSSARY Aurélie, CAILLAUD Kevin, CANNEVA Guillem, GHIOTTI

Stéphane, et d’autres coordinateurs. Les territoires de l’eau potable : Chronique d’une

transformation silencieuse (1970-2015). Quae, pp.144, Edition 2016. URL :

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01491172

BELAIDI Nadia, EUZEN Agathe. « De la chose commune au patrimoine commun. Regards

croisés sur les valeurs sociales de l'accès à l'eau », Mondes en développement, 2009/1 (n°

145), p. 55-72. DOI: 10.3917/med.145.0055. URL: https://www.cairn.info/revue-mondes-en-

developpement-2009-1-page-55.htm

BERGEON Céline et HOYEZ Anne-Cécile. « Etre migrant et vivre en squat », L’Espace

Politique [En ligne], 26 | 2015-2, mis en ligne le 23 juillet 2015, consulté le 14 juin 2018. URL

: http://journals.openedition.org/espacepolitique/3517 ; DOI : 10.4000/espacepolitique.3517

BLOUIN GENEST Gabriel, JULIEN Frédéric et PAQUEROT Sylvie. L’eau en commun. De

ressource naturelle à chose cosmopolitique (2012). Bethemont, J. (2012). Québec, Presses

de l’Université du Québec, 164 p. (ISBN 978-2-7605-3239-7). Cahiers de géographie du

Québec, 56(158), 494–495. DOI :10.7202/1014557ar. URL :

http://www.puq.ca/catalogue/livres/eau-commun-2081.html

BLUM LE COAT Jean Yves et EBERHARD Mireille. Les immigrés en France. La

Documentation française, 2014, Les Etudes, N°5392-93. URL :

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/3303331953920/index.shtml

BOUILLON Florence et MULLER Freddy. Squats un autre point de vue sur les migrants, 2009.

Editions Alternatives. Domaine : Espaces et Sociétés. ISBN : 978-286227-582-6

BOUILLON Florence. Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat précaire, Paris,

PUF/Le Monde, 245 p., Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Revue de livres,

2009. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/22773

BOUILLON Florence. « Conférence » Le squat : problème social ou lieu d'émancipation ?

2011. ISBN : 9782728836666. Éditeur : Éditions Rue d'Ulm. « La Rue ? Parlons-en ! », p. 5-

76. URL: https://www.cairn.info/le-squat-probleme-social-ou-lieu-d-emancipation--

9782728836666-page-5.htm

BOUILLON Florence. « Comment habiter dans un squat collectif ? », dans Les mondes du

squat. Sous la direction de Bouillon Florence. Paris, Presses Universitaires de France, «

Partage du savoir », 2009, p. 19-40. URL : https://www.cairn.info/les-mondes-du-squat--

9782130573296-page-19.htm

Page 81: « L’accès à l’eau potable

80

BOURDIN Alain. « Urbanisme et quartier », Terrain [En ligne], 41 | septembre 2003, mis en

ligne le 11 septembre 2008, consulté le 01 mars 2018. URL :

http://journals.openedition.org/terrain/1681 ; DOI : 10.4000/terrain.1681

CASTEL Robert. « Robert Castel (1933-2013) », Vie sociale, 2013/1 (N° 1), p. 7-9. DOI :

10.3917/vsoc.131.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2013-1-page-7.htm

CAILLAVET F., DARMON N., LHUISSIER A., REGNIER F. L'alimentation des populations

défavorisées en France : synthèse des travaux dans les domaines économique, sociologique

et nutritionnel. In : Les travaux de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion

sociale 2005-2006. Paris : La documentation française, 2006 : 279-322.

CHARMES Éric. Pour une approche critique de la mixité sociale. Redistribuer les populations

ou les ressources ? La Vie des idées, 10 mars 2009. ISSN : 2105-3030. URL :

http://www.laviedesidees.fr/Pour-une-approche-critique-de-la-mixite-sociale.htmlF.

CLEMENCEAU Benjamin. « Où en est le droit des êtres humains à l’eau et à l’assainissement

depuis l’adoption de la résolution n° 64/292 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 28

juillet 2010 ? », La Revue des droits de l’homme [En ligne], 13 | 2017, mis en ligne le 29

novembre 2017, consulté le 17 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/revdh/3651 ;

DOI : 10.4000/revdh.3651

DONZELOT Jacques et MONGIN Olivier. De la question sociale à la question urbaine, No.

258 (Novembre 1999), pp. 83-86. Published by: Editions Esprit Stable URL:

http://www.jstor.org/stable/24278386».

GHIOTTI Stéphane. Les Territoires de l’eau et la décentralisation. La gouvernance de bassin

versant ou les limites d’une évidence. Développement durable et territoires [En ligne], Dossier

6 | 2006, mis en ligne le 10 février 2006, consulté le 17 février 2018. URL :

http://journals.openedition.org/developpementdurable/1742 ; DOI :

10.4000/developpementdurable.1742

GRAFMEYER Yves et AUTHIER Jean Yves. Sociologie urbaine, 2008. Domaines et

approches, Armand colin. Réf : Yves Grafmeyer, Jean-Yves Authier, Sociologie urbaine,

Armand Colin, coll. « 128 », 2008, 126 p., EAN : 9782200354282. URL :

http://journals.openedition.org/lectures/825

JAGLIN Sylvy, ZERAH Marie-Hélène. Eau des villes : repenser des services en mutation.

Introduction, Revue Tiers Monde, 2010/3 (n° 203), p. 7-22. DOI : 10.3917/rtm.203.0007. URL

: https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2010-3-page-7.htm

PARIZOT Isabelle. Soigner les exclus. Identités et rapports sociaux dans les centres de soins

gratuits. Presses Universitaires de France, « Le Lien social », 2003, 308 pages. ISBN :

9782130534174. DOI : 10.3917/puf.paris.2003.01. URL : https://www.cairn.info/soigner-les-

exclus--9782130534174.htm

PAYEN, Gérard. De l’eau pour tous, abandonner les idées reçues, affronter les réalités, 2013.

Edition Armand Colin. URL: http://www.armand-colin.com/de-leau-pour-tous-abandonner-les-

idees-recues-affronter-les-realites-9782200271893

PEZON, Christelle. Accès à l’eau potable et développement : Le rôle des libertés dans la

conversion de l’accès à l’eau en développement In : Eaux, pauvreté et crises sociales [en

ligne]. Marseille : IRD Éditions, 2009 (généré le 14 février 2018). Disponible sur Internet :

<http://books.openedition.org/irdeditions/4867>. ISBN : 9782709917667. DOI :

10.4000/books.irdeditions.4867

Page 82: « L’accès à l’eau potable

81

POISSON Dominique. L’alimentation des populations modestes et défavorisées. Etat des lieux

dans un contexte de pouvoir d’achat difficile. Texte exclusif de D. Poisson, Responsable du

programme Alimentation, Santé et Budget du CNIEL (Centre National Interprofessionnel de

l’Economie Laitière) - Mise en ligne : 19 novembre 2008. URL : www.lemangeur-ocha.com

POUPEAU Franck. Les frontières de la métropolisation, Transcontinentales [En ligne], 7 |

2009, document 5, mis en ligne le 24 mars 2011, consulté le 17 février 2018. URL :

http://journals.openedition.org/transcontinentales/368

TISSOT Sylvie, POUPEAU Franck. La spatialisation des problèmes sociaux, Actes de la

recherche en sciences sociales, 2005/4 (no 159), p. 4-9. DOI : 10.3917/arss.159.0004. URL :

https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2005-4-page-4.htm

WRESINSKI J., « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », Paris, Journal officiel,

1987, p. 14.

Sources des figures

Relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires. Source : Fournet, Florence.

Rican, Stéphane. Vaillant, Zoé. Roudot, Anna. Meunier-Nikiema, Aude. Kassié, Daouda.

Dabiré, Roch. Salem, Gérard. (2016) The Influence of Urbanization Modes on the Spatial

Circulation of Flaviviruses within Ouagadougou (Burkina Faso). International Journal of

Environmental Research and Public Health, 13. DOI: 10.3390/ijerph13121226. URL :

http://journals.openedition.org/eps/1519#quotation

Différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et d’inclusion.

Source : Véronique Le Chêne et Pascal Plantard, « Les perspectives d’e-Inclusion dans le

secteur du handicap mental », Terminal [En ligne], 115 | 2014, mis en ligne le 15 mai 2014,

consulté le 01 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/terminal/419 ; DOI :

10.4000/terminal.419

Typologie des différents « types » de publics invisibles accompagnée de leurs facteurs

explicatifs. Rapport final de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy et Pauline Kertudo.

Champ : France, mai 2014. Source : Etude sur la pauvreté et l’exclusion sociale de certains

publics mal couverts par le statistique publique - ONPES/FORS recherche sociale. Source :

http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/RAPPORT_ONPES_Publics_invisibles.pdf

Répartition des immigrés résidant en France en 2012. Champ : France. Source : Insee,

recensement de la population, exploitation principale. URL :

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/immigration/definition.shtml#

Méthodologie employée par F. Bouillon dans son étude sur « Les mondes du squat ». Rapport

de Florence Bouillon, Presses Universitaires de France, « Partage du savoir », 2009. Source

: Chapitre 2 Une appréhension institutionnelle ambiguë, une intervention sociale fragmentée ;

Ouvrage « Les mondes du squat ». Source : http://www.cairn.info/les-mondes-du-squat--

9782130573296-page-107.htm

Séances des 10 et 11 février 1987 GRANDE PAUVRETÉ et PRÉCARITÉ ÉCONOMIQUE et

SOCIALE - RAPPORT présenté AU NOM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL par M.

Joseph WRESINSKI (Question dont le Conseil économique et social s'est saisi par décision

de son bureau en date du 12 février 1985 en application de l'article 3 de l'ordonnance n° 58-

1360 du 29 décembre 1958 modifiée. Portant loi organique relative au Conseil économique et

social).

Page 83: « L’accès à l’eau potable

82

Précarité socio-économique et vulnérabilité : Précarité économique, sentiments d’intégration

et vulnérabilité psychologique, F. Sordes-Ader & P. Tap

Sitographie

Bordeaux : évacuation de deux squats, plus de 100 Bulgares reconduits :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/26/bordeaux-evacuation-de-deux-squats-plus-

de-100-bulgares-reconduits_1839382_3224.html

Grand ménage d’automne dans les squats de Bordeaux Métropole :

https://rue89bordeaux.com/2016/09/grand-menage-dautomne-dans-les-squats-de-bordeaux-

metropole/

La Ruche, le squat qui dit oui aux enfants exilés : https://rue89bordeaux.com/2017/09/ruche-

squat-dit-oui-aux-enfants-exiles/

Bordeaux: Les squats sont repoussés de plus en plus en périphérie :

https://www.20minutes.fr/bordeaux/2228447-20180302-bordeaux-squats-repousses-plus-

plus-peripherie

Bordeaux : le squat pour mineurs exilés pourra rester : http://www.sudouest.fr/2017/10/10/le-

squat-pour-mineurs-po-urra-rester1-250-jeunes-en-un-an-3848816-1318.php

Législatives à Bordeaux : des candidats des ZAD, des SDF et des squats :

http://www.lemonde.fr/elections-legislatives-2017/article/2017/06/08/legislatives-a-bordeaux-

des-candidats-des-zad-des-sdf-et-des-squats_5140684_5076653.html

60 Roms évacués d'un squat près de Bordeaux : http://www.aqui.fr/societes/60-roms-

evacues-d-un-squat-a-bordeaux,10178.html?rss

En immersion dans les squats de Bordeaux : https://www.francebleu.fr/infos/societe/en-

immersion-dans-les-squats-de-bordeaux-1508258343

Un millier d’habitants de Bordeaux Métropole vivent sans accès à l’eau :

https://rue89bordeaux.com/2017/03/millier-habitants-bordeaux-metropole-sans-acces-eau/

Dynam’eau agit pour les mineurs isolés étrangers : http://www.club-presse-

bordeaux.fr/communiques/dynameau-agit-mineurs-isoles-etrangers/

Bordeaux : Dynam’eau, de l’eau pour retrouver un peu de dignité :

http://www.sudouest.fr/2018/01/08/bordeaux-dynam-eau-de-l-eau-pour-retrouver-un-peu-de-

dignite-4092014-2780.php

Bordeaux : ces demandeurs d’asile sans droit à un toit :

https://rue89bordeaux.com/2016/02/bordeaux-ces-demandeurs-d-asile-sans-droit-a-un-toit/

http://dynameau.org/projets-girondains/bidonville/

http://www.bordeaux-metropole.fr/Espace-presse/Bureau-de-Bordeaux-Metropole-Squats-

roms-la-creation-d-espaces-temporaires-d-insertion-a-l-etude

http://www.bordeauxmecenes.org/projets-2017/acces-mobile-a-leau-squats

https://www.youtube.com/watch?v=7du9nKXfSZo

https://www.youtube.com/watch?v=lURoCbZkAco

https://www.youtube.com/watch?v=iS0WuipzksU

Page 84: « L’accès à l’eau potable

83

Annexes

Annexe n°1 : Schémas de la formulation des hypothèses

Hypothèse n°1

Figure 24 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°1 sur les inégalités d’accès à l’eau potable en France (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.

Hypothèse n°2

Figure 25 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°2 sur les situations de précarité et d’exclusion en milieu urbain (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.

Page 85: « L’accès à l’eau potable

84

Hypothèse n°3

Figure 26 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°3 sur les conditions de vie dans les squats et la mobilisation sociale (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.

Annexe n°2 : Schéma de la liste des différents acteurs liés à la gestion de l’eau

en France

Figure 27 : Les acteurs de l’eau en France, Agence de l’eau (2015). Source : http://www.eaurmc.fr/pedageau/la-gestion-de-leau-en-france/les-acteurs-de-leau-en-france.html

Page 86: « L’accès à l’eau potable

85

Ce schéma permet de constater qu’il existe de multiple acteurs pouvant jouer un rôle dans la gestion de l’eau en France, sur tous les domaines concernés par la gestion de la ressource.

Annexe n°3 : Tableau/Graphique des types d’activité et des taux de pauvreté

dans la commune de Bordeaux

• Population de 15 à 64 ans par type d'activité, dans la commune de Bordeaux :

Figure 28 : Tableau de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité professionnelle, dans la commune de Bordeaux (2014). Source : Insee RP 2009 et 2014.

Ce tableau permet de visualiser la part des individus inactifs sur le territoire de Bordeaux en 2014. Il porte un intérêt dans ce contexte, c’est le fait que ces données puissent être en lien avec les phénomènes de précarité et d’exclusion sur le territoire. Ainsi, on peut supposer que certains individus, étant inactifs, peuvent se retrouver à vivre dans un squat dû coût des logements sur la commune.

• Taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux :

Figure 29 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux. Source : Insee.

Par ailleurs, ce graphique présente un intérêt dans cette recherche car il rend compte du taux

de pauvreté des individus vivant dans la commune de Bordeaux en 2014. Dans ce sens, nous

Page 87: « L’accès à l’eau potable

86

pouvons remarquer que la tranche d’âge sur représentée est celle des moins de 30 ans. La

seconde tranche est celle des 40 à 49 ans. Dans ce sens, on peut constater (en lien aves les

observations terrain effectuées) que ce sont effectivement les moins de 30 ans les plus

touchés par la pauvreté. Dans les squats, la majorité des individus ont aussi moins de 30/35

ans.

Annexe n°4 : Graphiques des types d’activité et des taux de pauvreté dans la

commune de Bègles

• Population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2014, dans la commune de Bègles :

Figure 30 : Graphique de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2014, dans la commune de Bègles. Source : Insee RP 2014.

Ce graphique créé en 2014, nous permet de rendre compte plus facilement la de chômeurs et « d’autres inactifs » sur le territoire, ce qui nous permet de faire un lien avec le sujet de recherche. La part de chômeurs est de 11,6%, celle-ci est plus élevé que sur le territoire de Bordeaux.

• Taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles :

Figure 31 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles. Source : Insee.

Page 88: « L’accès à l’eau potable

87

Au même titre que Bordeaux, ce graphique présente un intérêt dans cette recherche car il rend

compte du taux de pauvreté des individus vivant dans la commune de Bègles en 2014. Dans

ce sens, nous pouvons remarquer que la tranche d’âge sur représentée est celle des moins

de 30 ans. La seconde tranche est celle des 30 à 39 ans, ce qui inscrit les jeunes comme la

part la plus pauvre de la population de la commune. Dans ce sens, on peut constater (en lien

avec les observations terrain effectuées) que ce sont effectivement les moins de 30 ans les

plus touchés par la pauvreté et ce sont aussi eux qui sont le plus représentés dans les squats.

Annexe n°5 : Tableau de la méthodologie de recherche sur les squats abordée

par F. Bouillon

Figure 32 : Tableau de la méthodologie employée par F. Bouillon dans son étude sur « Les mondes du squat ». Rapport de Florence Bouillon, Presses Universitaires de France, « Partage du savoir », 2009. Source : Chapitre 2 Une appréhension institutionnelle ambiguë, une intervention sociale fragmentée ; Ouvrage « Les mondes du squat ». Source : http://www.cairn.info/les-mondes-du-squat--9782130573296-page-107.htm

Page 89: « L’accès à l’eau potable

88

Annexe n°6 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux

Métropole, sur le prix et la qualité des Services publics de l’eau et de

l’assainissement

Figure 33 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux Métropole, sur le prix et la qualité des Services publics de l’eau et de l’assainissement, Direction de l’Eau - Pôle de la Proximité, 2016. Source : www.bordeaux-metropole.fr

Page 90: « L’accès à l’eau potable

89

Annexe n°7 : Les chiffres du mal logement en France, selon la Fondation Abbé

Pierre

Figure 34 : Tableau sur les chiffres du mal-logement. Issu du Rapport annuel 2018 de l’Etat du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre.

SOURCES :

(1) Enquête Sans-domicile, Insee. Les sans-domicile, au sens de cette enquête, peuvent être sans abri,

en habitation de fortune, en hébergement collectif, à l’hôtel, en CADA ou hébergés dans un logement

associatif.

(2) ENL 2013, calculs FAP. Il s’agit ici de chambres trouvées et payées par les personnes elles-mêmes,

pas d’hébergement institutionnel.

(3) Recensement de la population 2006. Certaines personnes en habitations de fortune sont également

comptées parmi les sans-domicile.

(4) ENL 2013, calculs FAP. Ce groupe comprend un noyau dur (personnes de 17 à 59 ans hébergées

par des personnes sans lien de parenté direct, qui n’ont pas les moyens de décohabiter) ainsi que les

plus de 25 ans contraints, après une période de logement autonome, de revenir habiter chez leurs

parents ou grands-parents faute de logement autonome, et les personnes de plus de 60 ans hébergées

chez un tiers sans lien de parenté direct. À ce périmètre, semblable à celui des éditions précédentes

défini par l’Insee, sont ajoutés les enfants non-étudiants de plus de 25 ans chez leurs parents qui n’ont

encore jamais décohabité, souhaiteraient le faire mais n’en ont pas les moyens.

(5) ENL 2013, calculs FAP. Comprend les logements remplissant au moins un de ces critères : pas

d’eau courante, douche, WC intérieurs, coin cuisine, ou moyen de chauffage ou façade très dégradée.

Notre définition de la privation de confort a évolué et n’est pas comparable à celle de l’édition

précédente.

Page 91: « L’accès à l’eau potable

90

(6) ENL 2013. Ménages auxquels manquent deux pièces par rapport à la norme de peuplement. La

norme de peuplement est la suivante : une pièce de séjour pour le ménage ; une pièce pour chaque

couple ; une pièce pour les célibataires de 19 ans et plus ; et, pour les célibataires de moins de 19 ans

: une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de sept ans ; sinon, une pièce

par enfant.

(7) FNASAT, « Ancrage et besoins en habitat des occupants permanents de résidence mobile », juin

2016.

(8) Cilpi. Résidents déclarés des foyers de travailleurs migrants en attente de traitement.

(9) ENL 2013, calculs FAP. Il ne s’agit ici que des copropriétaires déclarant habiter dans une copropriété

rencontrant des difficultés (impayés nombreux et fréquents, copropriété décrite comme fonctionnant

très mal, absence de travaux d’entretien), et non des locataires. Cette définition n’est pas comparable

à celle de l’édition précédente.

(10) ENL 2013, calculs FAP.

(11) ENL 2013, calculs FAP. Personnes appartenant à des ménages des trois premiers déciles de

niveau de vie auxquels manque une pièce par rapport à la norme de peuplement, à l’exclusion des

ménages d’une personne.

(12) ENL 2013, calculs FAP. Il ne s’agit ici que des personnes appartenant aux trois premiers déciles

de niveau de vie et déclarant avoir eu froid au cours de l’année pour des raisons liées à la précarité

(privations financières, logement mal isolé ou mal chauffé).

(13) ENL 2013, calculs FAP. Personnes subissant un taux d’effort net supérieur à 35 %, leur laissant

un reste-à-vivre inférieur à 650 euros par mois et par UC.

Annexe n°8 : Liste des squats cités par les acteurs « ressource » lors des

entretiens qualitatifs

Figure 35 : Liste des squats recensés lors de l’enquête qualitative. Source de création de la liste : QGIS 2.4., mai 2018. Lisa Ducournau

Page 92: « L’accès à l’eau potable

91

Selon les propos des acteurs interrogés lors de l’enquête qualitative, quatorze squats ont été

cités. Nous pouvons remarquer, que les communes de Bègles et de Bordeaux sont les

principales touchées par ce phénomène.

Annexe n°9 : Fiches d’observation des squats visités lors de l’enquête terrain

1. Le squat de la Ruche (Bordeaux-Victoire)

La visite de ce squat a été organisé par l’association Dynam’eau. Ce squat a été investi

par cinq étudiants, avec l'aide d'associations, dans un bâtiment vacant du Conseil Régional

afin d'accueillir une vingtaine de mineurs non pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. De

même, les étudiants vivent aussi dans le squat. Une ordonnance d’expulsion a été publié et

autorise les squatteurs à rester dans ces lieux jusqu’en juillet.

Fiche d’observation n°1 : Squat de la Ruche Lisa Ducournau Date de visite du squat : 20/04/18 M1 GTDL

Généralités et population vivant dans le squat

Localisation Quartier de la Victoire 51 rue du Mirail, Bordeaux

Surface au sol du squat 133,1 m²

Date d’investissement du lieu Décembre 2017

Nombre d’individus dans le squat Entre 20 et 30 individus chaque semaine

Type de public Immigrés, Réfugiés, Jeunes mineurs isolés et SDF

Origines des individus Principalement venant d’Afrique de l’Ouest, d’Algérie et de France

Type de ménages Principalement des individus célibataires

Logement ou locaux dans le squat

Nombre de locaux et de logements 1 immeuble

Type de locaux et de logements Immeuble en dur de type haussmannien

Nombre d’étages, si existants 2 étages

Nombre de chambres, si existantes 6, toutes partagées (deux aménagées dans deux salons)

Nombre et type de pièces existantes 7 sans compter la salle de bain et les sanitaires

Etat des locaux et des logements Moyen, voire délabrés et présence d’humidité avec 5 m3 d’eau gaspillée

(fuites) et des fissures aux murs

Etat des extérieurs (terrain délimité) Pas de jardin, mais garage au rez-de-chaussée transformé en « salon ». Espace délabré avec encombrants

Accès à l’électricité dans le squat

Système d’électricité existant Non, mais avant oui (il y a environ 2 mois)

Type de système Anciennement raccordé au réseau public

Si existant, raccord à la totalité des logements et des locaux

Anciennement oui et présence de luminaires

Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat

Point d’eau potable dans le squat Oui, avec un évier dans la cuisine et la salle de bain, ainsi qu’une douche

Si non, point de raccordement à proximité --

Page 93: « L’accès à l’eau potable

92

Si non, où vont les individus pour s’approvisionner

--

Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics

Nombre de sanitaires existants 1 WC au 2ème étage

Type de sanitaires Toilettes avec un système à eau, fuite à la chasse d’eau.

Etat de fonctionnement des sanitaires Etat moyen

Si les sanitaires ne fonctionnent pas, où vont-ils

--

Nombre de salles de bain 1 salle de bain au 1er étage

Type d’équipements existants Douche et évier. En plus, machine à laver et chauffe-eau mais ils ne

fonctionnent car pas d’électricité

Etat de(s) salles de bain Pièce humide avec des fuites au niveau du pommeau de douche. Etat moyen

Mobilisation au sein du squat

Nombre d’acteurs suivants le squat 4 acteurs environ : Association étudiante, Dynam’eau, Médecins du Monde et la ville de Bordeau (voire

l’équipe d’Action Bord’eaux)

Fréquence d’intervention Intervention ponctuelle, une à deux fois par mois si besoin.

Actions mises en œuvre au sein du squat - Accompagnement des jeunes mineurs isolés ;

- Réhabilitation des lieux et des pièces de vie ;

- Entretien du système d’approvisionnement en eau…

2. Le squat du Squid (Bordeaux-Saint Jean)

C’est en interrogeant les acteurs ressource que l’existence de ce squat s’est confirmée.

Etant ouvert à tous, j’ai pu le visiter avec des individus vivant dans ce squat depuis décembre.

C’est à partir du 2 décembre que ce squat a été investi, avec le soutien de plusieurs

associations, par un collectif de militants dans un bâtiment appartenant à Bordeaux Métropole.

Le Squid est un centre social autogéré.

Fiche d’observation n°2 : Squat du Squid CSA (centre social autogéré) Lisa Ducournau Date de visite du squat : 02/05/18 M1 GTDL

Généralités et population vivant dans le squat

Localisation Quartier de la gare Saint-Jean 10 rue Charles Domercq, Bordeaux

Surface au sol du squat 202,2 m²

Date d’investissement du lieu 2 décembre 2017

Nombre d’individus dans le squat Entre 20 et 30 individus

Type de public Immigrés, réfugiés et jeunes mineurs isolés

Origines des individus Principalement d’origine de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Burkina Faso) et

d’origine française

Page 94: « L’accès à l’eau potable

93

Type de ménages Principalement des individus célibataires et quelque fois des familles

Logement ou locaux dans le squat

Nombre de locaux et de logements 1 immeuble

Type de locaux et de logements Immeuble en dur de type haussmannien

Nombre d’étages, si existants 2 étages

Nombre de chambres, si existantes Environ 8 chambres (dont deux espaces au rez-de-chaussée

aménagés en chambres)

Nombre et type de pièces existantes 10 pièces

Etat des locaux et des logements Bon état et pas de fuites

Etat des extérieurs (terrain délimité) Petit jardinet en bon état et entretien du palier de l’immeuble

Accès à l’électricité dans le squat

Système d’électricité existant Oui

Type de système Raccordé au système d’électricité public

Raccord à la totalité des logement et locaux Oui

Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat

Point d’eau potable dans le squat Oui, avec un évier dans la cuisine ainsi qu’une baignoire dans la salle de bain

Si non, point de raccordement à proximité --

Si non, où vont les individus pour s’approvisionner

--

Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics

Nombre de sanitaires existants 2 sanitaires, un au rez-de-chaussée et un à l’étage

Type de sanitaires Sanitaires équipés d’un système à eau

Etat de fonctionnement des sanitaires Bon état

Nombre de salles de bain 1 salle de bain

Type d’équipements existants 1 baignoire

Etat de(s) salles de bain Bon état et pas d’humidité

Mobilisation au sein du squat

Nombre d’acteurs suivants le squat Environ trois : la CIMADE, Médecins du Monde et la commune de Bordeaux

Fréquence d’intervention Interventions ponctuelles (environ une fois par mois)

Actions mises en œuvre au sein du squat Création d’un espace infos et conseils concernant la réinsertion des individus ;

Atelier de découverte (self défense et photographie) ; Création d’un free shop

(vêtements et livres) ; Récupération dans les marchés

3. Le squat de Bègles (Parc Mussonville)

La visite de ce squat s’est effectuée grâce à l’aide de l’association Dynam’eau qui a

installé une douche et des toilettes démontables dans ce lieu avec l’aide d’une partie des

occupants… Ce squat est essentiellement occupé par des populations d’Albanie et du Kosovo

(environ 70 personnes). « Choisi pour ses facilités techniques de raccordement au réseau, le

site a été équipé d’un premier prototype de sanitaires mobiles au début du mois d’avril et

Page 95: « L’accès à l’eau potable

94

devant le succès rencontré, Dynam’eau a choisi d’y installer un second équipement » (Elsa

Provenzano, avril 2018. Article de presse issue du 20 minutes).

Fiche d’observation n°3 : Squat de Bègles Lisa Ducournau Date de visite du squat : 25/04/18 M1 GTDL

Généralités et population vivant dans le squat

Localisation Proche du Parc Mussonville Rue des deux Esteys, Bègles

Surface au sol du squat 1706,7 m²

Date d’investissement du lieu Depuis 2 ans, environ depuis Avril 2016

Nombre d’individus dans le squat Environ 70 individus

Type de public Immigrés et réfugiés

Origines des individus Originaire d’Albanie et du Kosovo

Type de ménages Principalement des familles

Logement ou locaux dans le squat

Nombre de locaux et de logements Une cinquantaine de caravane sur le site

Type de locaux et de logements Caravanes des années 80, voire 2000

Nombre d’étages, si existants --

Nombre de chambres, si existantes --

Nombre et type de pièces existantes --

Etat des locaux et des logements Chaque famille possède une ou deux caravanes, elles sont rouillées et

délabrées

Etat des extérieurs (terrain délimité) Terrain vague avec des déchets et des encombrants

Accès à l’électricité dans le squat

Système d’électricité existant Oui

Type de système Branchement sauvage au bâtiment d’un ancien Lidl

Raccord à la totalité des logement et locaux Certaines caravanes ne sont pas raccordées

Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat

Point d’eau potable dans le squat Oui, branchement par tuyaux pour toutes les caravanes et point d’eau

général avec un robinet. Fuites à chaque raccord

Si non, point de raccordement à proximité --

Si non, où vont les individus pour s’approvisionner

Toilettes publiques à proximité et achat de bouteilles

Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics

Nombre de sanitaires existants 1 cabine et une autre en construction

Type de sanitaires Toilettes avec un système à eau et tuyau de douche (avec pommeau). Evacuation des eaux usées située

derrière les cabines

Etat de fonctionnement des sanitaires Bon état

Nombre de salles de bain Pas dans toutes les caravanes

Type d’équipements existants --

Etat de(s) salles de bain Mauvais état

Mobilisation au sein du squat

Page 96: « L’accès à l’eau potable

95

Nombre d’acteurs suivants le squat Oui, comme Dynam’eau, Médecins du Monde et les Compagnons Bâtisseurs

Fréquence d’intervention Interventions ponctuelles (environ une fois par mois)

Actions mises en œuvre au sein du squat L’objectif est d’accompagner et suivre les populations qui y vivent (ex :

installation de toilettes)

Annexe n°10 : Carte réalisée par le Collectif Action Bord’eaux

Figure 36 : Les squats et bidonvilles de Bordeaux Métropole, 2017. Source : https://framacarte.org/fr/map/squats-et-bidonvilles-de-bordeaux-metropole_5993#14/44.7973/-0.5742

Cette carte, réalisée sur framacarte, est issue d’un fond de carte Google maps. Trois acteurs

ont joué un rôle important quant à la création de cette carte, Dynam’eau, Médecins du Monde

Aquitaine et le GIP-Bordeaux Médiation. Celle-ci permet principalement de localiser et

d’identifier les squats suivis par ces structures, mais aussi elle permet d’informer les acteurs

locaux sur les caractéristiques de chaque squat.

Légende :

- Bleu : Squats n’étant pas suivis pas le collectif, mais qui sont connues par la structure ;

- Rouge : Squats n’ayant pas accès à l’eau potable et/ou ne possédant pas de toilettes,

mais suivis par le collectif ;

- Vert : Squats suivis par le collectifs et qui font l’objet d’un projet, « les toilettes se

bougent le Q ».

Page 97: « L’accès à l’eau potable

96

Dossier d’enquête qualitative et guide d’entretien

« L’accès à l’eau potable dans les squats : Rendre visible l’invisible »

Table des matières

1) Présentation du guide d’entretien ................................................................... 96

2) Présentation de la méthode d’analyse .......................................................... 100

3) Analyse citationnelle des entretiens .............................................................. 100

4) Retranscriptions intégrale des entretiens ...................................................... 136

1) Présentation du guide d’entretien

Le guide d’entretien sera en adéquation avec la méthode IDPA (identification,

diagnostic, prospective, action), afin de pouvoir traiter les informations de manière logique et

de permettre aux interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement possible (même si

certaines questions vont venir orienter les discussions entre enquêteur/enquêtés), tout en leur

faisant suivre une trame commune. C’est un outil pratique, sous forme de questionnaire,

servant à connaître les points de vue, mais aussi les phénomènes sociaux et spatiaux du

terrain. Cette méthode comprend quatre étapes :

- Identification : de l’acteur, de sa structure et de son environnement ;

- Diagnostic : de ce qui est mis en place dans la structure, notamment par rapport à la

thématique abordée ;

- Prospective : comment l’acteur voit la situation, quel est son opinion et quels sont les

enjeux pour lui ;

- Action : vise souvent le changement de pratiques, la initiatives pouvant être mises en

place. Ex : Quel avenir, quelles solutions, de quelle manière opérer.

Le but des entretiens qualitatifs est d’obtenir des réponses larges, ce pour quoi il est important

d’établir des questions ouvertes et non à choix multiples. L’objectif était de faire ressortir l’avis

de chaque acteur sur la question de l’autonomie énergétique, sur leurs visions et leurs

représentations. Le questionnaire suit la méthode IDPA (identification, diagnostic, prospective,

action) afin de pouvoir traiter les informations de manière logique et de permettre aux

interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement, tout en leur faisant suivre une trame

commune. Cette méthode reprend alors :

- Diagnostic : de ce qui est mis en place dans la structure, notamment par rapport à la

thématique abordée ;

- Prospective : comment l’acteur voit la situation, quel est son opinion et quels sont les

enjeux pour lui ;

- Action : vise souvent le changement de pratiques, la proposition d’actions. Quel avenir,

quelles solutions, de quelle manière opérer, voir quels projets possibles ;

- L’identification : de l’acteur, de sa structure et de son environnement.

Page 98: « L’accès à l’eau potable

97

Dans ce sens, la méthode IDPA est un outil pratique permettant de faciliter l’élaboration du

guide d’entretien. Par ailleurs, elle permet de connaître les points de vue et les initiatives des

différents acteurs du territoire dans le but d’élaborer une analyse pouvant être appréhendée

comme un outil de ma recherche. Le guide d’entretien se base sur les cinq thèmes suivants :

- Identification de l’acteur ; rapport avec les squats et les individus (opinion et point de

vue) ;

- Etat des lieux de l’accès à l’eau potable dans les squats ;

- Situations, conditions et stratégies des individus dans ces lieux ;

- Intérêt et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux services

urbains (en lien avec le territoire).

Le guide d’entretien envisagé compte actuellement 30 questions « ouvertes ». Les tableaux

ci-dessous permettent de visualiser le déroulement des entretiens à travers différentes

questions et sous-questions aidant à guider les discussions tout en laissant l’opportunité aux

acteurs de s’exprimer (selon les thèmes identifiés ci-dessus) :

Diagnostic

Thèmes ➢ Sous-thèmes

Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance

Rapport individuel et professionnel avec les

squats/les publics (en lien avec mon sujet de recherche)

1. Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ?

2. Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau et des squats ?

Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)

3. Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…)

4. Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ?

Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?

Prospective

Thèmes ➢ Sous-thèmes

Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance

Un constat : l’accès aux ressources nécessaires dans les squats, le cas de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à

l’électricité

5. Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ?

Je souhaite réaliser une cartographie de la localisation de certains squats sur le territoire de Bordeaux Métropole, dans le cadre de ma recherche (sachant que tous les squats sont difficiles à localiser dû à la mobilité). Mon objectif est de rendre compte de quelques squats notamment sur les communes centrales de la métropole afin de pouvoir

Page 99: « L’accès à l’eau potable

98

affiner mes recherches.

6. Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme

papier)

7. Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…)

Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ? Les locaux dans lesquels ils vivent sont-ils en dur ? (Locaux en dure, en taule, tentes…) 8. Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous

travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ?

Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes

d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour

boire, cuisiner, se doucher et où vont-ils pour faire leurs besoins

?

9. Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à

quel point d’accès se rendent-ils pour accéder à cette

ressource ? (Toilette publique, bain-douche)

Sous question : Quels points d’accès privilégient-ils ?

10. Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ?

Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ? 11. Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? Sous question : Si oui, par quel moyen ?

Actions de la structure

Thèmes ➢ Sous-thèmes

Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance

Intérêts et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux ressources et aux services urbains (publics)

12. En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier)

Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation population, communication, aides financières…) 13. Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un

lien avec cette thématique ? (En tant qu’employé…) Sous question : Si oui, lesquelles ? 14. Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles

structures et critères d’éligibilité) 15. Quelles sont vos partenaires associés à ces projets ?

(Quelles structures et critères d’éligibilité)

Page 100: « L’accès à l’eau potable

99

16. Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ?

Sous question : Si oui, lesquelles ? 17. Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services

publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ?

18. Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur

votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ?

Prospective

Thèmes ➢ Sous-thèmes

Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance

Situations/conditions/stratégies des individus dans les squats

19. Selon vous, quel type de public vivent dans ces lieux ? (Immigrés, militants…)

20. Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les

individus dans ces squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus)

Identification de l’acteur

21. Nom de la personne : 22. Contact (tel, mail) :

23. Parcours personnel (formation…) et

professionnel : 24. Quelle structure ? 25. Depuis combien de temps ?

26. Lieu de travail (voir secteur

d’intervention) : 27. Acteur interne ou externe à Bordeaux

Métropole ?

2) Présentation de la méthode d’analyse

Afin d’analyser au mieux les entretiens, ainsi que les retranscriptions, j’ai fait le choix

en classe entière d’employer une méthode d’analyse basée sur les citations clés des acteurs.

Cette analyse me permettra de mettre en évidence les points soulevés par les acteurs à

travers, d’une part, une retranscription intégrale des entretiens, puis d’autre part, une synthèse

de données de chaque entretien. Mon objectif sera de sélectionner préalablement les citations

me paraissant les plus essentielles (par thèmes), pour d’ensuite les analyser dans une grille

conjointe. De plus, la numérotation des citations me permettra de croiser les données plus

aisément. L’objectif est de mettre en avant dans la grille d’analyse, les points communs et les

différences d’opinion des acteurs. Dans ce sens, toutes les données n’auront pas la même

place et certaines données disparaîtront complètement. Dans ce sens, l’analyse sera issue

d’une hiérarchisation des données selon leur importance explicative et leur force. Quelques

idées d’étapes : en faisant d’abord un travail de classement des données de terrain ; en faisant

un travail soigné de retranscription des entretiens par rapport aux observations et aussi de

Page 101: « L’accès à l’eau potable

100

reformulation des principales idées (reprendre certaines de ses hypothèses dans la grille

d’analyse) ; enfin en cherchant à mettre en relation les données et leurs contextes (lier les

données entre elles, les liées aux différents contextes etc.). Questions à se poser : Qu’allons-

nous utiliser ? - Comment allons-nous les utiliser ? - Quelle pertinence par rapport à la

thématique ? etc. Les données ne doivent pas seulement faire l’objet d’un classement ou d’une

analyse individuelle (point de vue subjectif), mais d’une mise en relation avec la thématique et

les propos des autres acteurs interrogés (positionnement objectif). C’est “confronter les

différentes données pour leur donner corps et finalement les inscrire dans la dynamique de la

recherche sur les squats et l’accès à l’eau”.

Par la suite, je souhaite lier cette analyse avec la technique d’analyse de la matrice CAPE qui

me permettra d’évaluer leur importance et leur impact sur le territoire. Exemple : S’ils sont

régulateurs ou non régulateurs ; s’ils agissent à l’intérieur de mon terrain d’étude ou à

l’extérieur. Ces techniques d’analyse me permettront alors de mettre en avant les principaux

résultats de cette enquête qualitative, mais aussi d’analyser la place des acteurs « ressource

» sur leur territoire d’intervention (selon les activités qu’ils effectuent et leur importance).

3) Analyse citationnelle des entretiens

Le tableau situé ci-dessous permet de mettre en évidence l’analyse citationnelle des

entretiens effectués durant l’enquête qualitative. Cette méthode permet de faciliter le travail

d’analyse, par la sélection de citations clés à analyser. Il y a un intérêt de comprendre ces

citations clés pour pouvoir en dégager les éléments les plus marquants (leurs significations, le

contexte et les enjeux). De même, un travail de mise en relation (analyse croisée) de ces

citations a été effectué afin de finaliser l’analyse générale. Ce tableau est constitué d’une

première colonne faisant référence aux thèmes abordés durant les entretiens. La seconde

colonne met en évidence les citations clés de chaque acteurs interrogé selon les thèmes et

sous-thèmes abordés. Enfin, la troisième colonne fait l’objet de l’analyse des citations clés

sélectionnées.

Thèmes Citations selon le guide

d’entretien (sous-thèmes) Grille d’analyse

Diagnostic des actions de la structure et

impressions des acteurs

Rapport individuel et professionnel avec les squats/les

publics

• Dynam’eau 1-A.T. : « On intervient ponctuellement dans les squats […]. L’objectif est de voir si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparé en bon état et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie. […] C’est aller sur le terrain, rencontrer les gens et faire des actions dans des domaines que je ne connaissais pas auparavant. » 2-A.T. : « Dynam’eau œuvre pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, mais aussi pour la protection de la ressource, […]. Nous aidons et accompagnons les populations dans un

1-A.T. : Intervention de l’association en tant qu’intermédiaire et leur présence est ponctuelle. Ils se chargent du suivi des squat au niveau de l’accès à l’eau et à l’assainissement (entretien des équipements, etc.). « L’objectif est de voir si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparé en bon état et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie » (1-A.T.). Intérêt pour eux, de rencontrer les populations afin de cerner leurs besoins en eau. 2-A.T. : Domaines d’intervention en lien avec le sujet de recherche : l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le fait de mettre en avant le principe de solidarité

Page 102: « L’accès à l’eau potable

101

esprit de développement durable de la solidarité internationale. […] » 3-G.M. : « Nous avons pour objectif de favoriser l’accès à l'eau potable et l’assainissement dans les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux. A ce-jour, nous avons réalisé la mise en eau de 13 squats et bidonvilles, limitant ainsi les fuites et permettant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 400 personnes de l’agglomération bordelaise. […] Nous avons dû, afin de mettre en place nos actions, distinguer les squats situés sur une propriété privée ou sur un terrain appartenant à une collectivité. »

4-A.T. : « Elle a été fondée en juin 2010 […]. Depuis, nous avons vu l’association évoluer très rapidement. Cette association […] a pour but d’aider au développement humain et matériel. »

5-A.T. : « Je ne connaissais pas le monde des squats il y a peu de temps. Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop. J’ai aussi découvert que chaque squat ne sont pas identiques. De même, ils ne touchent pas les mêmes publics selon le type de squat habité. Il y a un souci d’individualisme et des problèmes politiques autour de ces thématiques, […]. Les solutions ne peuvent être uniques, elles doivent s’adapter à chaque squat. »

• Squid 1-A. : « […] Je suis venu sur Bordeaux car je savais qu’il y avait possibilité de loger dans des squats. Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix. »

2-A. : « Je vis sur Bordeaux depuis 18 ans. Et le squat du Squid qui a été créé et ouvert précisément le 2 décembre 2017. […] optique de solidarité et pour tous. Pour tous ceux qui n’ont pas de toit, qui ne savant pas où aller, même s’il n’y a pas trop de place ici. »

3-A. : « Nous sommes à côté de toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public. Il a été

est essentiel pour eux, les squats en sont des représentations. 3-A.T. : Les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux font l’objet de leur deuxième volet d’actions. Actuellement, ils ont mis en place un système d’arrivée d’eau pour 13 squats, soit environ 400 personnes. Ces données montrent l’importance qu’ils accordent à ces thématiques, mais aussi inscrivent ces phénomènes comme récurrents en milieu urbain, voire de priorité publique. 4-A.T. : L’association a évolué depuis 8 ans et recense de plus en plus de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Elle a pour objectif d’aider au développement humain et matériel. 5-A.T. : Avant de travailler à Dynam’eau, l’acteur interrogé ne soupçonnait pas qu’il existait autant de squats, ce qui traduit que ce phénomène est réel. Il existe dans les milieux urbains en particulier. Cependant, ils sont souvent invisibles au regard de la société. « Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop » (5-A.T.). De plus, le public varie régulièrement et chaque squat est différent. Les acteurs doivent s’adapter pour trouver des solutions. Selon lui, des problèmes politiques et d’individualisme viennent freiner l’amélioration des conditions de vie des squatteurs. 1-A : Les individus privilégient les squats de logement situé dans Bordeaux Métropole car ils savent qu’il y en a. Revient à parler des squats contraints, plutôt que voulu. « Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix » (1-A.). 2-A : Le squat du Squid existe depuis début décembre, soit environ 5 mois. C’est un squat où n’importe quel individu peut venir se loger. Ce squat veut faire véhiculer des valeurs de solidarité et de partage. 3-A : Le fait de squatter un lieu en milieu urbain offre l’opportunité aux squatteurs d’être à proximité de tout, voire des services publics

Page 103: « L’accès à l’eau potable

102

racheté à la SNCF par Bordeaux Métropole. […] nous soyons expulsés en juillet, […]. »

• Médecins du Monde (MDM) 1-G.M. : « Mission squat de MDM cherche à améliorer l’accès aux soins, aux droits et à la prévention des personnes qui sont en habitats précaires [...]. On intervient sur certaines squats […] on a fait le constat que les conditions sanitaires déplorables […] avait un effet néfaste sur la santé de nos patients. […] Concernant les conséquences de l’absence de point d’eau et d’un système d’assainissement, les personnes le plus souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas destiné à l’alimentation. Tu imagines les contraintes […] ça veut dire parfois prendre un véhicule pour aller chercher de l’eau, remplir des bidons qui sont extrêmement lourds. […] Se pose aussi le risque d’incendie lorsqu’il n’y a pas d’eau. […] et ça a une incidence sur la santé, notamment sur la propagation de virus, d’épidémie. Il y a très peu de documentations sur le sujet […] car la condition des individus est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes. » 2-G.M. : « Nous on cherche à réfléchir le positionnement de l’action publique sur la question de l’accès à l’eau dans les lieux occupés sans droit ni titre. Un certain nombre d’articles de lois […] ont été ratifiés par la France comprenant des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait avoir accès à l’eau potable. […] Le rôle de MDM est de faire changer les pratiques pour que ces personnes puissent avoir accès à l’eau. En développant des connaissances, en montrant la plus-value pour les collectivités, pour les propriétaires, […]. MDM est une organisation médicale et sanitaire qui intervient auprès de personnes en situation de précarité. La précarité pour nous est protéiforme. On va travailler en lien avec des associations et des institutions […], mais on peut aussi

et urbains. « Nous sommes à côté de toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public » (3-A.). Ils s’insèrent donc plus facilement dans la vie urbaine. Nous pouvons notamment l’apercevoir en regardant la façade du bâtiment du squat du Squid. 1-G.M. : Intervention de Médecins du Monde (organisation médicale et de santé) dans les domaines de l’accès aux soins, aux droits et à la prévention, avec pour cible les personnes en situation de précarité. Intervention dans les squats, afin d’améliorer les conditions de vie et à la santé des occupants. Selon eux, « les personnes le plus souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas destiné à l’alimentation. » (1-G.M.). Les conséquences peuvent être lourdes notamment sur la santé (virus, d’épidémie) et les risques d’incendie. Les pompiers ne peuvent plus intervenir car ils sont branchés à la bouche à incendie. Le fait qu’elle ne soit pas potable peut aussi contraindre les occupants à aller chercher de l’eau ailleurs, voire à la payer. Pour Médecins du Monde, « la condition des individus est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes. » (1-G.M.). 2-G.M. : Pour eux, l’action publique doit jouer un rôle primordial quant à l’accès à l’eau sur son territoire, mais aussi à la santé. De nombreux textes de lois en témoignent. Les « lieux occupés sans droit ni titre » doivent être pris en compte dans les questions liées au territoire, de même que la précarité pouvant se traduire sous différentes formes (logement, accès aux ressources, à la santé, aux services, …). Il y a une volonté faire changer les pratiques, les conscience pour eux. Dans ce sens, Médecins du Monde souhaite montrer les avantages que peuvent tirer chaque acteur. L’ONG travaille

Page 104: « L’accès à l’eau potable

103

avoir des plaidoyers concernant l’accession au logement. »

3-G.M. : « MDM est présent en Aquitaine depuis 1986. Nous avons créé le premier CASO (centre d’accueil, de soin et d’orientation) de la région. […] Il existe d’autres dispositifs comme les PAS (Programme d’accès aux soins et à la santé) […]. Actuellement, le CASO est toujours ouvert (deux ans plus tard). Et le nombre de patients augmente sans cesse chaque année. MDM mène aussi des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité et en habitats précaires, […]. »

4-G.M. : « Ça fait longtemps que j’ai un pied dans les squats. J’avais connaissance de ces problématiques avant de travailler à MDM, car j’ai fait du bénévolat […]. »

• Direction Eau - Bordeaux Métropole

1-M.M. : « […] N’ayez pas une vision de ma part qui s’oppose au squat et à l’accès à l’eau de ces populations, […]. Il y a donc un principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde. […] il y un principe tarifaire dissuasif […] pour inciter à moins consommer qui repose sur des tranches tarifaires selon la consommation comptabilisée. […], les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau. […], ça a un lien avec d’autre compétence du service de l’eau, notamment concernant la compétence de défense extérieur contre l’incendie et à ce titre là ça veut dire que l’on est propriétaire […] de tous les équipements de lutte contre l’incendie sur le territoire. […] quand quelqu’un se branche sur ces bornes à incendie, c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, […]. […], il existe des branchements sauvages. […], mais ils prélèvent de l’eau illégalement sur le réseau public. Depuis 2013, dans le contrat de concession un dispositif existe qui est le chèque Eau par le biais des CCAS, qui vise à accompagner les usagers […], dans le paiement de leurs factures et de leurs

avec différents types d’acteurs sur le territoire (associations, institutions, …). 3-G.M. : Médecins du Monde intervient depuis plus de 30 ans en Aquitaine et possèdent de nombreuses connaissances sur la métropole de Bordeaux. Deux formes d’intervention : en centre d’accueil ou sur le terrain. Ils ont d’abord construit un CASO (centre d’accueil, de soin et d’orientation) et mettent en place « des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité et en habitats précaires, […]. » (3-G.M.) 4-G.M. : Par ailleurs, l’acteurs interrogé connait bien ces problématiques car il est coordinateur de la Mission Squat au sein de l’ONG. 1-M.M. : Le fait d’exercer une fonction au sein d’un service public impose de suivre des directives, des politiques et des orientations politiques. Peur eux, le « principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde. » (1-M.M.) Dans ce sens, l’eau à un prix et n’importe quel usager doit assurer son paiement. De plus, le service de l’eau utilise des offres tarifaires dissuasives selon des tranches de consommation d’eau. Pour l’acteur interrogé, « les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau […], la compétence de défense extérieur contre l’incendie » (1-M.M.). Ce qui montre que ces phénomènes doivent être pris en compte par les institutions. Deux exemples sont cités, celui de l’utilisation des bornes à incendie : « c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, […] » (1-M.M.) et celui des branchements sauvages sur le réseau public (illégal). Afin de pallier l’absence de paiement des factures par les usagers les plus précaires, ils ont

Page 105: « L’accès à l’eau potable

104

consommations. […] Certains squatteurs payent leurs abonnements, on en connait. […] un aspect de solidarité internationale avec des appels à projet et de coopération décentralisée […]. » 2-M.M. : « On a pour mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. Le contrat est délégué à SUEZ Eau France et se clôtura le 31 décembre 2021. Il est de type concession, […] SUEZ assure à la fois les investissements des équipements, la maintenance […] et la distribution de l’eau. Dans ce sens, SUEZ se rémunère sur la base des factures d’eau auprès des usagers. Concernant l’assainissement collectif […] en contrat de type affermage, dans lequel la collectivité est l’autorité organisatrice […]. Tandis que la gestion et le contrôle du service est confié à un prestataire privé. […], à partir de 2022 le service de l’eau va passer sous un contrat d’affermage, c’est-à-dire que la collectivité, […] reprendrai la maitrise d’ouvrage de tous les investissements […]. Notre rôle est de veiller au bon fonctionnement des équipements du service de l’eau et justement de veiller à ce qu’ils soient toujours en état de marche […]. […] dans le cadre de la lutte contre les situations de précarité et de pauvreté, nous bénéficions d’un budget de 400 000 euros, même si la totalité du budget n’est pas dépensé. […] c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. » 3-M.M. : « La métropole se compose de 28 communes […]. On est sous la marque Eau Bordeaux Métropole avec l’eau potable, l’eau industrielle, l’assainissement collectif et non collectif. Concernant, le service de l’eau, il relit 23 communes et 5 communes ne sont pas concernées par ce service. […] On se trouve dans le Bassin Versant Adour-Garonne, qui est une Agence de l’eau et qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. […], les projets doivent aussi respecter les directives du SDAGE et du SAGE, […]. La loi MAPTAM sur les métropoles a contribuée aussi au renforcement des compétences des métropoles en 2015. […], c’est plus de 100 captages d’eau

mis en place des chèques Eau (conditions d’éligibilité). Au niveau social, on remarque que le service de l’eau met en place des aides auprès de certains usagers, ayant un abonnement. De plus, il finance des projets de solidarité internationale et de coopération décentralisée, n’étant donc pas destinés aux habitants de la métropole. 2-M.M. : La Direction de l’eau travaille en collaboration avec SUEZ Eau France afin d’assurer l’achat d’équipements, la maintenance et la distribution de l’eau. Dans ce sens, elle a pour « mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. » (2-M.M.) Ce contrat de concession montre que la Direction de l’Eau, n’est pas seule à travailler sur cette thématique. Il faut que ces deux structures puissent s’accorder avant d’entreprendre une action, une mise à l’agenda. Cependant à partir de 2022, l’autorité organisatrice sera la Direction de l’Eau et le fonctionnement du service de l’eau va évoluer. De même, elle bénéficie d’un budget de 400 000 euros afin de porter des initiatives concernant la lutte contre la précarité, le chèque Eau en est un exemple. Cependant, « c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. » (2-M.M.) 3-M.M. : La Direction de l’Eau travaille sur 23 communes de la métropole à travers la marque Eau Bordeaux Métropole. 5 communes ne sont pas desservies par le réseau car elles font toujours parties de certains syndicats mixtes. De même, elle travaille en collaboration avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne « qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. » (3-M.M.) A partir de 2015, les compétences de la métropole quant à la gestion concentrée et la politique de l’eau avec la loi MAPTAM. Quelques chiffres :

Page 106: « L’accès à l’eau potable

105

potable. On prélève autour de 50/55 millions de m3 d’eau par an et en sont consommés 41 millions m3. […], Bordeaux Métropole a créé une politique de l’eau depuis 2011, ce qui est innovant. […] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les prendre en compte aujourd’hui. […] il existe des bases de données cartographiques sur internet. On essaie de limiter les bases de données relatives à l’eau potable, parce que c’est […] très sensible et que surtout vous avez le contexte ambiant. […] On ne communique pas sur l’implantation des sites de production d’eau potable, sur les captages et les réservoirs. » 4-M.M. : « […] la question des squats et de l’accès à l’eau dans ces lieux, on en parle que très récemment. Je ne dirai pas plus de trois ans. Après, les branchements sauvages sur des bornes à incendie, on en a toujours eu, avec par exemple les gens du voyage […]. […] depuis trois/quatre ans d’autres populations vivant en ville, dans des hangars ou des logements abandonnés […]. Je pense au squat des sahraouis (Squat du Quai Deschamps) qui a été évacué récemment, […]. Il y avait déjà eu un incendie dans ces locaux en 2016, puis un second a eu lieu. […] le fait d’être brancher à un poteau à incendie pouvait empêcher les secours d’intervenir. […], on a été sensibilisé par des associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On a été amené à travailler avec elle, sans réel succès, parce qu’on se heurte […] toujours au même problème, qui est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que j’applique. […] Demain, s’il y avait une politique différente basée sur un réel accompagnement des populations défavorisée, […] je serai le premier à la mettre en application. […] Si l’on refuse d’installer avec SUEZ, un branchement dans un squat, c’est que les services de l’eau ne peuvent pas, car il faut qu’une personne souscrive à un abonnement, […]. Si je n’ai pas un tiers bien identifié […] je ne peux pas créer de branchement. Je suis conscient que ce type de réponse peut hérisser le poil. […], de notre côté nous on atteint assez rapidement nos limites. […] cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme

- 100 captages d’eau potable ; - Prélèvement de 50/55 millions

de m3 d’eau par an - Consommation 41 millions m3

par an sur le territoire. « […] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les prendre en compte aujourd’hui. » (3-M.M.) Il y a un souhait de ce service, d’introduire ces problématiques dans la politique de l’eau. Cependant, le service de l’eau ne fait pas preuve de transparence quant aux données cartographiques sur l’accès à l’eau potable qu’il possède, ce qui induit une méconnaissance du réseau et un désintéressement des habitants du territoire. C’est pour eux, un sujet délicat à aborder avec les acteurs locaux. 4-M.M. : Ces questions sont très récentes dans l’actualité. En revanche, l’acteur affirme que les branchements sauvages existent depuis longtemps avec le cas des gens du voyage et depuis peu de temps de nouvelles populations occupent l’espace urbain, comme les squatteurs. En parallèle, les institutions ont remarqué les efforts fournis par les associations telles que Dynam’eau ou Médecins du Monde. « On a été amené à travailler avec elle, sans réel succès, parce qu’on se heurte […] toujours au même problème, qui est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que j’applique. » (4-M.M.) La politique de l’eau et les directives limites les institutions dans l’exercice de leur fonction. Il explique que si la politique changeait, ils évolueraient. Cependant, pour eux, une personne doit souscrire à un abonnement pour avoir accès à l’eau potable (principe d’égalité et d’équité). « Cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme un tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs […]. » (4-M.M.). De même, les occupants et les associations doivent penser aux répercutions

Page 107: « L’accès à l’eau potable

106

un tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs […]. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°1 1-D.D. : « Depuis 2014, je suis médiateur social pour le GIP, Bordeaux Métropole Médiation. […] Ma mission est née à Bordeaux, […] la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. […] Notre rôle […] faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. Aujourd’hui la Direction de l’Eau va te gérer les questions d’accès à l’eau jusqu’au compteur et l’après compteur n’est pas géré, nous on n’est pas habilité […] (compétences et légitimité). De plus, on ne peut pas porter seul un plaidoyer […], la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, où vivent 30 personnes à 150 personnes, ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. Ainsi il y a toujours en amont, une identification des spécificités des squats et des situations. […] Par exemple, il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. […], nous intervenons plus en tant qu’intervenant socio-éducatif, qu’en tant que médiateur. […] temps de bureau et sur des temps de terrain. […] temps d’accueil à la cité municipale de Bordeaux et à la mairie de Mérignac. […] On va vers le publics et on l’accompagne vers les institutions, mais aussi on accompagne les institutions pour qu’elles apprennent à accueillir ce public-ci. » 2-D.D. : « On intervient sur toute la métropole, à travers une mission sur les quartiers prioritaires […], une autre sur les conflits de voisinage dans la commune de Bordeaux, puis une autre mission sur les squats bulgares et roumains de la métropole. Le GIP n’intervient pas sur l’ensemble des squats […], mais sur une population ciblée. Ce choix de public vient du fait que c’est une réalité. D’une part, avec les difficultés de logement et de la phyl’activ du 115 qui était de 500 personnes à peu près et qui aujourd’hui a doublé, mais aussi […] ils sont aussi considérés

que l’accès à l’eau dans un squat peut engendrer, comme des conflit entre individus. 1-D.D. : En 2014, un service de médiation a été créée au sein de Bordeaux Métropole, ce qui révèle qu’il y a une demande de la part des institutions et des populations concernant l’amélioration des conditions et du cadre de vie sur le territoire. Les médiateur ont pour mission de « […] faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. » (1-D.D.) De plus, un phénomène a marqué la création de ce service : « la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. » (1-D.D.) Cependant, ces acteurs ne suffisent pas à porter un plaidoyer, tous les acteurs locaux doivent travailler ensemble. Leur rôle dans les squats est d’accompagner les occupants et de les mettre en relation avec des associations ou des institutions, « la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, où vivent 30 personnes à 150 personnes, ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. » (1-D.D.) Un aspect de développement local est mis en avant dans ce discours, les acteurs locaux doivent travailler ensemble sur ces questions afin de trouver des solutions pérennes. 2-D.D. : Le territoire d’intervention du GIP s’étend sur toute la métropole, d’une part à travers une mission sur les conflits de voisinage et d’autre part, à travers une mission sur les squats de populations bulgares et roumaines essentiellement. Ce choix est issu du fait que ces individus sont considérés comme « nouveaux européens », mais aussi que les services d’urgences comme le 115 sont saturés. De plus, cette part de la population a doublé, notamment sur les communes de Mérignac, Bordeaux et Bègles selon l’acteur

Page 108: « L’accès à l’eau potable

107

comme « nouveaux » européens. […] nous remarquons que la population a quasiment doublé. […] Ces populations sont principalement réparties sur […] Bordeaux, Bègles et Mérignac, soit environ 95% des squats de la métropole. Il y avait environ 52 sites pour 1200 personnes en 2017. De plus, il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. […] De plus, les partenaires possèdent un rôle […] au niveau de leurs postures. Les territoires les plus collaboratifs sont souvent ceux où il existe une dynamique associative, mais aussi où les mairies sont le plus engagées dans ces compétences. » 3-D.D. : « Le Groupement d'Intérêt Public Bordeaux Médiation existe depuis 2014. […], elle est spécialisée dans le secteur d'activité de l'action sociale et de la médiation. […] Je sais que le GIP accueille aussi des médiateurs bénévoles, […]. » 4-D.D. : « C’est d’abord un besoin issu du territoire et une utilité. […] fait sens du point de vue démocratique, économique, etc. Je pense que c’est ça aussi qui mobilise. […] les publics doivent devenir acteur des initiatives qu’ils entreprennent. Il faut que les gens soient leur propre avocat. Le financement de cette mission est d’environ 60 000 euros. […] nous nous rendons dans des squats régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens […] Il y a aussi des problèmes liés à une mauvaise alimentation, mais aussi à la santé dans les squats. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, […] soient sensibilisés sur ce sujet. […] une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie. […], tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement et sur leur projet. »

interrogé, « soit environ 95% des squats de la métropole » (2-D.D.). En 2017, les acteurs associatifs ont recensé plus 52 squats sur la métropole, soit environ 1200 occupants. Selon lui, « il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. » En parallèle, il est intéressant d’observer que les squats évoluent en fonction de la « mutation de la ville ». Les espaces urbains se vident et se transforment, en fonction de ce phénomène et des évacuations, les squats se déplacent, ils sont mobiles. 3-D.D. : Le GIP travaille dans les secteurs de de l’action sociale et de la médiation, il est donc touché directement ou indirectement par les thématiques étudiées. 4-D.D. : Le médiateur qualifie ces questions d’essentielle au bon développement du territoire, c’est un besoin pour certaines populations. Le fait que cela fasse sens d’un point de vue démocratique et économique marque ces questions comme un problème de société et sert à mobiliser les populations, les citoyens. Par ailleurs, le fait de voir et d’observer les conditions de vie dans les squats fait prendre conscience de réalités actuelles dans notre société et parfois influe sur les pratiques des individus, notamment ceux qui travaille en collaborations avec les squats. « […] nous nous rendons dans des squats régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens […]. » (4-D.D.) De même, le manque de mobilisation dans les squats est fréquent, selon l’acteur interrogé. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, […] soient sensibilisés sur ce sujet. « […] une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie.

Page 109: « L’accès à l’eau potable

108

• GIP - Bordeaux Médiation n°2 1-K.A. : « Il y a le fait de lutter contre les discriminations et l’exclusion […]. On travaille avec des roumains et bulgares, mais ils sont principalement issus de la communauté Roms. Il y a aussi le fait de faire reconnaitre une culture aux institutions, aux habitants. Avec Dynam’eau, ces thématiques sont mieux prises en compte auprès des institutions qu’avant. Il n’y avait pas un tel intérêt avant […]. Je suis médiatrice sociale depuis 2014 […]. Ma mission tourne autour de deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. Nous intervenons en fonction des besoins et des sites de squats, mais notre intervention ne sera pas la même […]. Tout dépend du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » 2-K.A. : « Le fait de faire de la médiation et de travailler sur l’amélioration des conditions de vie, impliquent de travailler sur l’accès à l’eau potable […]. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau […] en collaboration avec des professionnels. Notre intervention […] est issue de la demande des élus, du public et des riverains. […] première étape est d’identifier les familles, de travailler sur les ressources vitales pour ces populations, mais aussi d’évaluer les besoins, etc. Le fait de travailler avec des acteurs spécialisés dans l’eau, nous permet un peu de soulever quelques enjeux du territoire (priorité) et de mettre en place des politiques liées à l’accès à l’eau potable (mise à l’agenda). […] il y aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. » 3-K.A. : « Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. […] il y a de la médiation sociale dans les squats, mais aussi dans les quartiers des communes de Bordeaux Métropole, notamment sur les conflits du voisinage […]. »

[…], tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement. » (4-D.D.) 1-K.A. : Selon le GIP, deux facteurs font que ces questions sont révélatrices d’un problème sociale, celui de la lutte contre la discrimination et l’exclusion, mais aussi celui de la reconnaissance d’une culture, faisant partie de l’Union Européenne. Au niveau économique, l’accès à l’eau, à l’électricité, donc aux ressources vitales et un logement décent sont plutôt étudiés. La mission de la médiatrice touche « deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. » (1-K.A.) Chaque intervention est selon elle différente, en fonction « du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » (1-K.A.) mais aussi en fonction des demandes (élus, riverains, propriétaires, …). 2-K.A. :Automatiquement selon les acteurs interroger, le fait de parler d’amélioration des conditions de vie, induit de parler d’accès aux ressources vitales, telles que l’eau potable. Le GIP organise aussi des formations et des animations. Pour le GIP, il y a une volonté d’accompagner les structures et institutions qui soutiennent ces causes, notamment en faisant le lien avec des enjeux du territoire et les politiques. « […] il y aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. » (2-K.A.) 3-K.A. : La mission des médiateur permet de faire reconnaitre la situation des squats comme fait d’actualité, de favoriser l’échange et les relations, mais aussi d’accompagner les populations vers des conditions de vie meilleures. « Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une

Page 110: « L’accès à l’eau potable

109

4-K.A. : « L’une des évolutions, c’est surtout le fait que certaines familles prennent l’initiative d’ouvrir des abonnements, […] elles commencent à payer leur facture d’eau. L’objectif c’est de réduire […] les branchements sauvages. […] ils sont peu nombreux à payer leur facture, c’est deux cas sur trente […]. Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, […]. »

intégration sociale et professionnelle. » (3-K.A.) 4-K.A. : Certains individus commence à prendre conscience que l’eau est payante et souscrivent à des abonnement. Il y a une volonté d’entamer une démarche individuelle et de mobilisation. Cependant, cette part est actuellement minime. Il y a un objectif de diminuer les branchements sauvages au réseau public. « Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, […]. » (4-K.A.)

Prospective : visions et

représentations des acteurs

Constat : l’accès aux ressources nécessaires dans les squats,

(accès à l’eau potable, assainissement et électricité)

• Dynam’eau 6-M.G. : « […] les équipes du collectif Action Bord’eaux estiment à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, […]. En 2016, nous avons travaillé principalement avec le squat du Quai des Champs où 300 saharaouis vivent. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture. […] un lieu de revendication politique d’après moi. Puis nous avons aussi travaillé dans un squat en périphérie de Bordeaux en collaboration avec le collectif Sherby. Ce squat comprenait essentiellement des familles venant de Bulgarie et de Roumanie (avec des enfants). Actuellement, nous travaillons dans différents squats, un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes exclusivement Albanaise. Il y a aussi le squat de la Ruche en plein centre de Bordeaux qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine de personnes. […] accueil des jeunes venant principalement du continent africain. Puis, nous accompagnons aussi un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine

6-M.G. : Constat d’Action Bord’eaux qui estime que « plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, […] » (6-M.G.). Ils mettent aussi en avant le fait que les squats accueillent et hébergent de plus en plus d’individus, les publics sont variés et ils ne sont que de passage. Dynam’eau a travaillé avec 13 de ces squats. Ce qui montre l’ampleur de ces problématiques au niveau métropolitain. Ce recensement a été élaboré par un collectif d’associations. Liste de quelques squats :

- Le squat du Quai des Champs (Bordeaux) où vivent 300 saharaouis ;

- Le squat du collectif Sherby (Lormont) avec des familles venant de Bulgarie et de Roumanie ;

- Un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes d’origine Albanaise et Kosovar ;

- Le squat de la Ruche (Bordeaux) qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine (venant principalement du continent africain) ;

Page 111: « L’accès à l’eau potable

110

Roumaine, ce sont des populations Rome. Ensuite, je connais un squat situé sur le site de l’ancien Bootleg (4-6 rue Lacornée) à Bordeaux. C’est un squat qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Il y a de plus en plus de monde, […]. Je sais qu’il y a l’électricité, mais il me semble qu’il n’y a pas d’eau. Ils doivent aller en chercher aux toilettes publiques. Il existe aussi le Squid (10 rue Charles Domercq) à Bordeaux. C’est un squat où logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF. Enfin, il y a aussi la Vida Loca, un squat situé dans un ancien centre de loisir à Cestas. »

7-A.T. : « Nous avons mis au point, en collaboration avec Médecin du monde et le GIP, une carte […] qui nous permet de recenser tous les squats dans lesquels nous intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. »

8-A.T. : « […] nous œuvrons avec des squats dédiés au logement. Un squat peut être un logement contraint […] ou bien un logement voulu […]. Le squat investi par les jeunes mineurs est situé dans un bâtiment appartenant aux services publics […]. Ce bâtiment est en mauvais état. Le squat de Bègles est en extérieur et ne compte que des caravanes assez délabrées. Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles ; Le squat de Villenave est sur un ancien domaine. Les populations vivent dans un vieux château qui est insalubre. […] Certains sont en dur comme celui de Bordeaux et de

- Un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine Roumaine ;

- Le squat de l’ancien Bootleg à Bordeaux qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Affluence d’individus face locaux non raccordés à l’eau et l’électricité (approvisionnement aux toilettes publiques) ;

- Le squat du Squid à Bordeaux qui abrite environ une vingtaine de personnes (où logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF) ;

- Le squat de la Vida Loca à Cestas Gazinet (ancien centre de loisir).

En parallèle, les acteurs interrogés soulignent qu’il est primordial de prendre en compte les particularités de chaque squat : « le squat du Quai des Champs […]. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture » (6-M.G.). 7-A.T. : Une carte permettant de localiser certains squats situés sur la métropole a été réalisé par Médecins du Monde, le GIP et Dynam’eau. Cependant, après avoir consulter la carte, certains points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux adresses mentionnées). De plus, il est difficile pour ces associations de recenser tous les squats du territoire car ils sont, pour la plupart, relativement « éphémères ». 8-A.T. : L’association travaille principalement avec des squats créés à des fins de logement, c’est un de leur principe car elle milite pour l’accès aux ressources vitale, au logement et à l’eau. Les acteurs font notamment une distinction : « Un squat peut être un logement contraint […] ou bien un logement voulu […] » (8-A.T.). Pour ce qui est des squats qu’ils suivent actuellement, deux sont situés dans des « bâtiments en mauvais état », un dans un immeuble et un

Page 112: « L’accès à l’eau potable

111

Villenave-d’Ornon. Certaines populations vivent aussi en caravanes, comme c’est le cas à Bègles. […] des gens vivent en tente comme celui du Quai des Champs (environ une centaine de tentes réparties dans deux hangars). Tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont. »

9-A.T. : « Pour ce qui est du squat de la Ruche, nous sommes intervenus afin de réparer d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment (5 m3 par jour de gaspiller) et nous intervenons toujours afin de […] maintenir le système d’eau en état de marche. Au squat de Bègles, il y a l’eau et des toilettes ont été ajoutées […]. La population est raccordée par des tuyaux venant du système d’eau publique jusqu’à chaque caravane. En revanche, il y a des fuites au niveau du branchement (raccordements) et ils gaspillent environ 25 m3 d’eau par jour. Enfin, le squat de Villenave-d’Ornon […] ils se sont branchés (avec l’autorisation du propriétaire et des pompiers) sur une borne à incendie proche du bâtiment […].Pour boire comme pour la cuisine : ils vont soit dans des toilettes publiques à proximité […] soit vers des bornes fontaines ou ils se raccorde par branchement […], ils ont des tuyaux, des robinets, voire des douches. Ces branchements proviennent du réseau d’eau publique, de citernes ou de bornes à incendie. Pour ce qui est de leur besoins, ils ont soit des toilettes dans le squat, soit ils vont dans des toilettes publiques ou sinon dans la nature autour du squat. Ils font comme ils peuvent. Pour la cuisine, ils utilisent des plaques ou un feu par exemple. C’est souvent du système D. Après, ils ont pas mal d’aide pour ce qui est de l’alimentation […] la Croix Rouge, Médecin du Monde, la Banque alimentaire, etc. »

autre dans un château inhabité et « insalubre ». Dans le troisième, les populations vivent dans des « caravanes délabrées. Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles » (8-A.T.). Généralement, les squatteurs investissent des locaux déjà existant. Cela représente divers avantages pour eux, notamment au niveau de la localisation ou du fait qu’il soit déjà construit. Néanmoins, les tentes et caravanes représentent une alternative si le terrain n’est pas construit. Pour Dynam’eau, « tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont » (20-A.T.). 9-A.T. : Les trois squats qu’ils suivent actuellement possèdent un point d’accès à l’eau potable et des sanitaires.

- Squat de la Ruche : système branché au réseau public. Dynam’eau intervient pour entretenir les équipements et le système. « Nous sommes intervenus afin de réparer d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment » (9-A.T.) ;

- Squat à Bègles : système branché au réseau public et tuyaux raccordés à chaque caravane. Présence d’une cabine avec toilettes, mais « il y a des fuites au niveau du branchement (raccordements) » (9-A.T.) ;

- Squat de Villenave : branché à une borne à incendie.

On remarque, dans les deux premiers cas qu’il y a des fuites conséquentes et récurrentes liées aux équipements et aux branchements (5 et 25 m3, soit 5000 et 25000 L par jour). Les squatteurs adoptent diverses stratégies pour accomplir les différentes tâches quotidiennes. Comme expliqué plus haut, « c’est du système D ». Ils s’approvisionnent grâce à un raccord au réseau public ou ils vont chercher l’eau à des points d’accès situés à proximité. De mêmes, ils vont se doucher et faire leur besoin soit dans des douches et toilettes construites sur le lieu

Page 113: « L’accès à l’eau potable

112

10-A.T. : « […] ils vont s’approvisionner dans des toilettes et des fontaines publiques. Après, ils vont […] à des bain-douches s’il y en a à proximité. […] c’est du système D, donc dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […] il y a un squat Quai Wilson qui n’a pas d’eau, ils remplissent soit des bidons, soit ils achètent des bouteilles d’eau. »

11-A.T. : « Dans le squat de la Ruche à Bordeaux, […] Il y a des toilettes, mais elles sont en mauvaises état et la chasse d’eau fuit régulièrement. A Villenave-d’Ornon, nous avons installé des toilettes sèches car il n’y avait pas d’assainissement, mais la gestion du compost reste difficile. En ce qui concerne le squat de Bègles, […] Nous avons déjà installé depuis mars une cabine, c’était un prototype. […] nous installons une cabine de plus, mais je sais qu’ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque caravane. »

12-A.T. : « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association que c’est possible. Le squat de Bègles par exemple est branché au système de l’ancien bâtiment du Lidl (situé à côté). De même, le squat de Villenave possède l’électricité. En revanche le squat des jeunes mineurs à Bordeaux avait l’électricité, mais je me suis aperçu qu’elle avait été coupée. »

de squat ou bien dans des toilettes et bain-douches à proximité. Ils privilégient donc deux choix : celui d’être branché directement dans le squat ou bien celui de se rendre au point d’eau le plus proche du squat. Pour ce qui est de l’alimentation, ils bénéficient aussi d’aides de certaines associations (« la Croix Rouge, Médecin du Monde, la Banque alimentaire »). 10-A.T. : Les squatteurs privilégient des points d’accès à proximité tels que des toilettes publiques, des bornes fontaines ou des bain-douches par exemple. Ils évoquent aussi le fait que les squats sont souvent raccordés à un système d’accès à l’eau (branchement sauvage). « C’est du système D, donc dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […] » (10-A.T.). Or certains comme le squat Quai Wilson est contraint de s’approvisionner grâce à des bornes ou bien achète de l’eau en bouteille. 11-A.T. : Pour ce qui est des sanitaires dans les squats, l’association intervient afin d’installer des cabines de toilettes ou bien vient réhabiliter les toilettes déjà existantes. Cependant, les acteurs doivent prendre en compte les besoins des populations pour installer les WC (toilette à eau ou sèche selon leur culture par exemple), les contraintes financières, « ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque caravane » (11-A.T.) et aussi les contraintes terrain (présence du réseau public d’accès à l’eau et du réseau d’eaux usées par exemple). 12-A.T. : De même pour l’électricité, les individus n’ont d’autre choix que de se brancher au réseau public, « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association » (12-A.T.). Dynam’eau parle de branchement sauvage « branché au système de l’ancien bâtiment du Lidl » (12-A.T.). Cependant, dans certains cas comme celui de la Ruche, les

Page 114: « L’accès à l’eau potable

113

• Squid 4-A. : « Oui quelques-uns comme la Vida Loca à Cestas ou la Ruche destinée aux jeunes mineurs isolés à côté de la Victoire. »

5-A. : « C’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] entre 10 et 30 personnes. Les idées que l’on veut véhiculer sont celles de la solidarité, du vivre ensemble et du partage. »

6-A. : « Oui on est raccordé au réseau d’eau potable public. Il n’y a pas de fuites à ma connaissance. Et on a l’eau chaude aussi, mais […] il n’y en a pas pour tout le monde. Après on a eu une autorisation. » 7-A. : « Il y en a deux toilettes, […]. Elles fonctionnent et il n’y a pas de fuites. »

8-A. : « Pareil, on a l’électricité vu que c’est un immeuble appartenant à l’Etat. »

• Médecins du Monde (MDM) 5-G.M. : « On a fait un recensement des squats sur Bordeaux Métropole d’ailleurs tu peux voir trois cartes […]. Une sur l’accès à l’eau potable dans les squats, une sur l’existence ou non de toilettes, une autre concernant le ramassage des déchets, puis une sur l’électricité. […] nos ressources ne nous permettent pas d’intervenir partout donc on va intervenir sur ceux qui ont le plus de besoins, de nécessités. […] manœuvre sur sollicitation de partenaires ou en cas d’urgence. » 6-G.M. : « On intervient auprès de demandeurs d’asile, des saharaouis qui ont été expulsés […]. Ils se sont déplacés sur la commune de Pessac. On intervient aussi à Bègles auprès de populations Bulgares dans un hangar sur une zone commerciale. On va également dans un « bidonville » à Villenave-d’Ornon où vivent des personnes originaires de

squatteurs n’ont plus l’électricité même s’ils sont équipés pour. 4-A. : Le squatteur interrogé connait deux squats, celui de Cestas est qualifier de logement « voulu ». Connaissance de la Ruche qui montre que ce squat est connu par les squatteurs et les publics. 5-A. : Le Squid (environ 10 à 30 squatteurs chaque soir) a été conçu afin de loger des individus, « c’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] » (5-A.). Ce qui traduit une volonté de partage, de vivre ensemble, de soutien et aussi de créer un lieu d’hébergement solidaire. 6-A. : Ce squat est raccordé au réseau d’eau des services publics et au réseau d’électricité, par le biais d’une autorisation de la commune de Bordeaux. 7-A. et 8-A. : Celui-ci est équipé de deux toilettes en état de fonctionnement. De plus, c’est aujourd’hui Bordeaux le propriétaire de l’immeuble. 5-G.M. : Diverses associations ont décidé de mutualiser leurs compétences et leurs moyens, afin de recenser le plus efficacement possible les squats de la métropole. Les structures les plus actives sont Dynam’eau, Médecins du Monde et le GIP. Un triptyque étudié revient souvent : accès à l’eau et l’assainissement, accès à l’électricité et gestion des déchets. Ils étudient ces caractéristiques car elles sont liées et permettent de déterminer dans quelles conditions vivent les occupants des squats. De plus, le manque de moyens contraint les associations à sélectionner les squats avec lesquels elles travaillent. 6-G.M. : MDM travaille auprès de différents types de publics : demandeurs d’asile, des saharaouis, des populations Bulgares ou Roumaines. Les principaux squats dans lesquels ils interviennent sont situés à Bègles,

Page 115: « L’accès à l’eau potable

114

Roumanie. […] dans le parc qui ceinture une demeure bourgeoise du 19ème siècle et les personnes vivent dans des cabanes. » 7-G.M. : « […] Ce sont souvent de petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. Après on est très en lien avec les « ouvreurs de squats », les militants, dans la mesure où ces personnes peuvent ouvrir des lieux dans l’optique de loger des personnes […]. En 2017, pour te donner une idée, on orientait une cinquantaine de personnes. […] sont tous des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. Les saharaouis sont aujourd’hui dans un ancien ehpad sur la commune de Pessac dont le propriétaire est le CHU X. Arnozan […]. » 8-G.M. : « Souvent les squats privilégient les branchements dits sauvages au réseau public ou à des bornes. […] à Bègles, il n’y a pas d’accès à l’eau. Pour ce qui est de Villenave-D’ornon, ils sont effectivement branchés à une borne à incendie. Si dans l’habitation il y a un compteur, les personnes vivant dans le lieu, même sans bail, peuvent souscrire à un abonnement sans l’autorisation du propriétaire en fournissant un RIB et leur identité. […] En revanche le fait d’installer des canalisations sur le terrain ne peut se faire sans l’accord du propriétaire. » 9-G.M. : « Pour ce qui est de l’eau de boisson, très souvent ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de pack. Pour ce qui concerne l’eau de toilette, de lessive, ces personnes vont soit se brancher à une borne à incendie, soit ils vont aller chercher l’eau dans des toilettes publiques, à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche […]. Il s’agit de personnes en situation de grande précarité ou des touristes. En revanche les bornes fontaine ne le sont pas, l’application Eaupen permet de recenser ces

Pessac et Vellenave-d’Ornon. Les logements sont principalement situés dans des bâtiments, des hangars, des caravanes ou des cabanes. 7-G.M. : Pour l’acteur interrogé, « ce sont souvent de petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. » (7-G.M.) Les associations sont parfois en communication avec les ouvreurs de squats. En 2017, « on orientait une cinquantaine de personnes » (7-G.M.), ce qui montre qu’il y a une demande de la part des populations et que des problématiques liées au logement se posent. Ainsi, MDM travaille majoritairement sur « des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. » (7-G.M.) 8-G.M. : Selon les entretiens, il existe deux manière d’avoir accès à l’eau : se brancher au réseau public ce qui implique de posséder un abonnement (papier d’identité et RIB) ou se raccorder par des branchements sauvages à une bouche à incendie, voire une borne fontaine. Les squats ont majoritairement accès à l’eau potable comme à Villenave-D’ornon, « ils sont effectivement branchés à une borne à incendie » (8-G.M.). Selon une nouvelle loi, il n’est plus indispensable de prévenir le propriétaire du terrain en cas de souscription à un abonnement, mis à part si cela nécessite des travaux conséquents. 9-G.M. : Lorsqu’il n’y a pas de point d’eau dans le squat, les individus vont s’approvisionner « à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche. » (9-G.M.). Ces points d’eau n’étant pas recensés, l’application Eaupen a été créée sous forme participative. Ces données ne sont pas exhaustives et seulement trois points sont recensés sur la métropole. Par ailleurs, « ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de

Page 116: « L’accès à l’eau potable

115

équipements, mais c’est participatif et c’est loin d’être exhaustif […]. » 10-G.M. : « C’est très variable, on a des squats dans lesquels il y a des toilettes, en général ce sont des logements vacants […]. On arrive à mettre l’eau car en général les toilettes sont en état de fonctionner. De manière générale pour les grands squats il n’y a pas de toilettes […] ils construisent des latrines sommaires avec une cabane ou en creusant un trou dans le sol, […]. Après en fonction de la situation géographique, il y a des personnes qui vont se rendre dans des toilettes publiques. J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […]. Alors il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. » 11-G.M. : « Dans le squat situé dans l’ancien ehpad à Bègles, il n’y a pas non plus d’électricité. De même à Villenave-d’Ornon, ils n’ont pas d’électricité. C’est très rare qu’il y ait sur les lieux un compteur et qu’ils aient un abonnement, […]. Dans le cas où c’est un logement vacant on arrive souvent, à le brancher au compteur avec un abonnement car il est existant. Souvent les personnes installent des groupes électrogènes […]. Et parfois ils fabriquent des branchements de fortune relié au réseau via des lampadaires par exemple. »

• Direction Eau - Bordeaux Métropole

5-M.M. : « Je vous ai cité celui des sahraouis. Il y en avait un […] dans un immeuble vers Lucien Faure […] ils provoquaient des nuisances chez les voisins et notamment des inondations. Il y en avait un sur Bègles, dans un hangar […]. […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système d’assainissement collectif. Ça veut dire que tout était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. Le squat auquel moi

pack » (9-G.M.), nous pouvons alors penser qu’il y a un sentiment de méfiance quant à la qualité de l’eau ou bien au fait que c’est une habitude (d’ordre culturel). 10-G.M. : Pour ce qui est des toilettes, ce sont des données qui peuvent varier d’un squat à un autre. Cela peut dépendre du lieu d’occupation (exemple : les logements vacants). Si le système est existant, les associations peuvent intervenir pour les réhabiliter. En revanche, plus le squat est grand moins il y a de chance qu’il y ait des toilettes en état de fonctionnement. Les individus font aussi le choix de se déplacer pour se rendre dans des toilettes à proximité (toilettes publiques, toilettes de petits commerces, …). « J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […]. Alors il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. » (10-G.M.) 11-G.M. : Concernant l’électricité, les situations peuvent aussi varier selon le lieu. Certains squats comme ceux de Bègles ou Villenave-d’Ornon n’y ont pas accès. Peu de squats souscrivent à un abonnement, mis à part dans les logements vacants. Deux autres solutions sont envisagées pour eux, ils peuvent se raccorder à un poteau avec un branchement sauvage ou posséder un groupe électrogène. 5-M.M. : La Direction de l’Eau a principalement travailler cette dernière période sur le camp des sahraouis (Quai Deschamps), notamment en raison de l’actualité et de l’incendie qui s’est passé récemment. En parallèle, les services de l’Eau ont déjà rencontré des problèmes, tels que l’infiltration des eaux usées provenant de squats se situant à proximité des zones de captage d’eau potable. « […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système

Page 117: « L’accès à l’eau potable

116

j’ai eu affaire, avec l’actualité aussi qui y joue, est le camp des sahraouis, |…] suite à l’incendie. » 6-M.M. : « […], ce sont des squats où on retrouve des réfugiés politiques comme les sahraouis, mais aussi des populations qui ont fuient le régime de leur pays, […]. […] ce sont des logements contraints où des réfugiés vivent. » 7-M.M. : « A l’intérieur des squats ils ne possèdent pas de points d’eau, cependant ils sont souvent raccordés par des branchements à des bornes à incendie. […], celui du Quai Deschamps ne possédaient pas de raccordement à l’eau potable et pour y remédier ils se sont branchés à une bouche à incendie, […] il y a peut-être Bègles qui lui était branché, il y avait un tiers identifié […]. […], pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°1 5-D.D. : « On a travaillé sur 52 sites l’an passé. Nous avons une liste des principaux squats […] avril 2018, il y a 934 personnes avec 290 enfants environ contre 806 en février. Il y a environ 130 personnes de plus en deux mois. Dans ce sens, un groupe peut passer de 15 personnes à 280. […] il y a pleins de facteurs qui font que l’effectif peut varier et fluctuer, comme le nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances, etc. Ensuite, souvent l’eau fait partie du triptyque […] avec la gestion des déchets et de l’électricité, au même titre que les données de Médecins du Monde ou Dynam’eau. Ce sont les trois choses que l’on essaie d’identifier. […] nous travaillons sur des sites très petits avec 3 personnes où il y a l’accès à l’eau, l’électricité et vivent dans des maisons. Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, […] squat dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé

d’assainissement collectif. […] était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. » (5-M.M.) 6-M.M. : Selon la Direction de l’eau, ce sont des populations vivant en logement contraints. Ce sont principalement, selon l’acteur interrogé, des réfugiés politiques. 7-M.M. : Pour la Direction de l’Eau le moyen d’approvisionnement le plus couramment utilisé par les squatteurs est le branchement à une borner à incendie. L’acteur donne l’exemple du Quai Deschamps. Par ailleurs, il affirme que certains squats ont un tiers identifié et donc un abonnement. « […] pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. » (7-M.M.) Pour lui, ces raccords illégaux vont à l’encontre du principe d’égalité et d’équité. 5-D.D. : Le GIP avec l’aide de Médecins du Monde et Dynam’eau ont mis en place une base de données des squats recensés sur la métropole. Cette carte a été créée en 2017 et n’est pas exhaustive, dû au nombre de squats qui varient. En 2017, il y avait 52 squats. Actuellement, le GIP travaille auprès de 934 personnes, contre 806 en février. Ces données sont révélatrices de l’évolution et de la multiplication du nombre de squatteurs. Les facteurs principaux de cette évolution sont le nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances… Selon eux, plus le squat est petit plus les chances d’avoir accès à l’eau et l’électricité sont importantes. Tout dépend aussi du type de logement. Un hangar ou une maison peuvent être équipé alors que sur un terrain vague il n’y a rien. « Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, […] le squat

Page 118: « L’accès à l’eau potable

117

de 23h à 5h sinon ils vont utiliser un groupe électrogène. Après la carte que vous a transmise l’association Dynam’eau […] est intéressante, mais elle n’est pas complète et comporte quelques erreurs. […] Ce sont des données qui varient beaucoup. […] ces structures interviennent sur une quinzaine de squats, de même pour nous. » 6-D.D. : « Nous travaillons avec des squats de logement contraint, ce ne sont pas des actes militants. […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante, […]. Des professionnels nous disent, « mais ils aiment vivre en communauté ». […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative au logement, […] qui est à moindre coût. Il peut aussi y avoir des gens qui ont dégringolé due à l’insalubrité du logement, […] qu’ils sont en situation de précarité. Après le discours évolue selon l’acteur que tu as en face. L’assistante sociale va avoir un discours avec eux et toi tu vas en avoir un aussi, mais ce ne sera pas le même […]. » 7-D.D. : « […] beaucoup de squats possèdent un point d’eau potable. Après il y a plein de cas de figure, j’ai déjà vu un voisin tirer un tuyau d’arrosage […]. Il y a d’autres squats qui se branchent à des bornes à incendie […]. Il me semble aussi que les populations d’Europe de l’est, il est courant qu’elles achètent l’eau de consommation en bouteille. Après ils ont des habitudes selon leur culture […].» 8-D.D. : « Les gens ne vont pas forcément dans des toilettes publiques […]. Ils privilégient des lieux qui offres des services, comme les stations essences, les restaurants rapides, etc. Je sais qu’il y a le réseau Paul Bert […]. Ils ne vont pas aller forcément dans des bains-douches classique mais plutôt à des relais de solidarité, chez des proches, dans des écoles, […]. Après il y aussi le système D, […]. Les cimetières sont souvent aussi équipés de robinet voir parfois de toilettes. […] Sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du site

est dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h. » (5-D.D.) 6-D.D. :Le GIP accompagne des squats de logements contraints et non à des fins de militantisme. « […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante. […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative. » (6-D.D.) Ces populations, pour eux, vivent en squat dû au manque de logement et pour des questions de sécurité. Cependant, à long termes la situation des individus peut s’aggraver et ils peuvent se retrouver en situation de précarité. Un élément est aussi à prendre en compte, celui du discours tenu par les occupants. Il peut varier selon l’interlocuteur qu’il a en face. 7-D.D. : Pour ce qui est de l’accès à l’eau dans les squats tout dépend, du terrain, des possibilités et de la culture des populations. Cependant, la majorité des squats possèdent l’eau. Les moyens d’approvisionnement les plus courants sont : les bouches à incendie, les branchements sur le réseau public, l’eau en bouteille. Des voisins aident aussi certains squats avec des tuyaux d’arrosage par exemple. 8-D.D. : Le GIP affirme que les individus ne se rendent pas fréquemment aux toilettes publiques et privilégient les toilettes de stations essence, de restaurants ou de cafés. Exemple du réseau Paul Bert ou du réseau de solidarité. De même, ils peuvent aller s’approvisionner à des robinets dans les parcs ou les cimetière. Le médiateur qualifie cela de système D. « Sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du site qui ne les

Page 119: « L’accès à l’eau potable

118

qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par certaines personnes. […] comment le public s’en saisie. » 9-D.D. : « La plupart du temps il existe déjà des toilettes […]. Dans une maison, un immeuble et parfois même dans un hangar c’est possible qu’il existe des toilettes à eau en état de fonctionnement. Mais parfois ils ne marchent plus et l’intervention d’un technicien est nécessaire, je pense à Dynam’eau. » 10-D.D. : « Les squats ont souvent l’électricité, par un abonnement ou par branchement sauvage. […] Ils sont plus dépendants de l’électricité. Il faut aller chercher l’eau alors que l’électricité, il y en a sur le premier lampadaire de la rue. Après il y en a aussi qui réussissent à se procurer un groupe électrogène. C’est branchement sont souvent dangereux pour la sécurité […]. Des gens installent même un disjoncteur à l’entrée de leur cabane ou caravane […]. Certaines populations arrivent à se passer beaucoup plus facilement de l’électricité que d’autres. […] les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverain ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. […] je pense aux communes […] qui peuvent construire des points d’accès pour éviter les branchements sauvages. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°2 5-K.A. : « […] à la préfecture, ils nous ont dit qu’il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. Et ça ne me paraît pas très réaliste car nous avons déjà recensé environ 1000 personnes et nous sommes loin du compte. » 6-K.A. : « Certaines personnes ne l’ont pas voulu, mais il y en a d’autres où c’est volontaire […] ils viennent de la même

utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par certaines personnes. » (8-D.D.) 9-D.D. : Pour ce qui est des toilettes dans les squats, il est possible d’en rencontrer en état de fonctionnement dans des locaux, tels qu’un immeuble, une maison ou un hangar. Dans ce sens, ils seront réhabilités avec l’aide d’une association et en l’occurrence de Dynam’eau. 10-D.D. : Il existe trois alternatives pour avoir l’électricité dans un squat, grâce à un abonnement (présence d’un compteur), grâce à l’installation d’un groupe électrogène ou bien grâce à un branchement sauvage (sur un poteau électrique ou un lampadaire). Cependant, ces branchements sauvages peuvent être dangereux pour la santé. Par ailleurs, des conflits peuvent apparaitre, « […] les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverain ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. » (10-D.D.) Dans ce sens, le GIP affirme qu’il y a plus de squats possédant l’électricité que l’eau sur la métropole. En parallèles, certaines mairie comme celle de Bègles, propose de construire des point d’accès afin de limiter les branchements sauvages. 5-K.A. : Selon la Préfecture, « […] il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. » (5-K.A. ) Cependant, le GIP ne possède pas les mêmes données et pense que les données de la Préfecture ne sont pas représentatives. 6-K.A. : Ces logements sont parfois considérés comme voulus (dans le sens où c’est volontaire de la part des individus) ou contraints (dans le sens où ils n’ont eu d’autres choix que de vivre dans ce lieu face à la rue). « Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats car ils ont perdu leurs logements. Quelques-uns peuvent

Page 120: « L’accès à l’eau potable

119

communauté par exemple. Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats car ils ont perdu leurs logements. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Je pense au Cabinet Trajectoire qui a travaillé sur la trajectoire et la sortie de squat de ces gens. Il y a des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […] certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » 7-K.A. : « Dans la plupart des cas, il y a un point d’eau dans les squats […]. Lorsque c’est un point d’eau situé dans le squat, c’est souvent par le biais du réseau public d’eau potable. Quand c’est à l’extérieur ils se branchent à une bouche à incendie […]. Il y a même des gens qui achètent de l’eau en bouteille […]. Quant à l’hygiène, ils prennent de l’eau non potable. Après le partage peut être souvent source de conflit […]. Lorsqu’il y a un abonnement et des paiements à effectuer […] ça créé des tensions. Il faut qu’ils s’organisent pour partager équitablement l’eau, […]. Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. » 8-K.A. : « À Mérignac ils sollicitent souvent le relais de solidarité où il y a de l’eau, […]. Après il y en a qui vont parfois dans des stations essence, dans les espaces détentes. Quelquefois ils construisent aussi leur propre salle de bain […]. Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. Dans un squat du Haillan, une enquête a été faite […] nous pouvions retrouver le fait que les gens n’ont pas envie de partager leur toilette, leur douche et donc, se l’approprient […]. » 9-K.A. : « […] S’il n’y a pas de toilettes, les gens en construisent, parfois avec des associations. Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils

aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Il y a des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […] certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » (6-K.A.) Ex : Cabinet Trajectoire. L’appropriation de l’espace et l’intérêt économique de certains peut entraver l’amélioration de la situation d’un squat et créer des conflits, tensions. Le fait qu’il existe des aides et un accompagnement des associations peu favoriser, d’une part les conditions de vie des occupants, et d’autre part, l’insertion sociale et professionnelle. 7-K.A. : Pour la médiatrice, des points d’eau sont situés dans la majorité des squats. Les individus privilégient la souscription à un abonnement au réseau public. Lorsqu’il n’y a pas de point d’eau, la plupart du temps, ils se raccordent à une bouche à incendie. Pour l’alimentation, certains achètent de l’eau en bouteille. Pour l’hygiène, ils utilisent de l’eau non potable. « Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. » (7-K.A.) Pour éviter les conflits, il est nécessaire de penser à l’avant, mais aussi à l’après « action ». 8-K.A. et 9-K.A: Si absence d’un point d’eau, certains construisent aussi leur propre toilettes et douche. « Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. » (8-K.A.) La plupart, du temps il n’y a pas d’assainissement collectif, mais il peut y avoir des exceptions. Cependant, cela peut poser des problèmes quant à l’évacuation des eaux et aux conditions sanitaires. « Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre […] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » (9-K.A.) Les associations interviennent

Page 121: « L’accès à l’eau potable

120

en creusent un autre […] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » 10-K.A. : « Pratiquement tous les squats avec lesquels nous travaillons ont l’électricité. Les gens se branchent soit sur le compteur électrique et payent un abonnement, sinon il se branchent illégalement sur un poteau […]. Il existe plus de branchement sauvages pour l’électricité que pour l’eau. »

principalement lorsqu’il y a un réseau d’assainissement à proximité. Certaines ont les moyens de fournir du matériel et de l’aide afin de construire ces installations. 10-K.A. : Le GIP travaille principalement avec des squats Roms, possédant l’électricité. Dans ces squats, ils privilégient les branchements au réseau public (par abonnement) ou les branchements sauvages (illégaux).

Actions de la structure en lien avec les thèmes

abordés

Intérêts et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux ressources et

aux services

• Dynam’eau 13-A.T. : « Nos priorités sont de : Garantir un accès effectif à l’eau potable pour tous ; Accompagner les individus à une gestion durable des équipements sanitaires ; Proposer des formations sur la gestion et l’accompagnement des squats auprès d’acteurs professionnels ; Créer des bornes fontaines dans les lieux publics ; Ouvrir des bains douches et créer des toilettes mobiles. Il y a une volonté commune […] d’impliquer les populations et acteurs du territoire dans une démarche participative pour trouver des solutions pérennes. […] nous souhaitons par exemple : Réduire les risques épidémiques ; Diminuer les tensions avec les riverains ; Faciliter l’intégration des populations ; Respecter la dignité humaine. En plus, l’association met en place des formations, d’une part au près des squatteurs (hygiène) et d’autre part, auprès d’acteurs professionnels, d’associations et d’institutions, […]. L’objectif est de permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées dans leur lieu de vie, […]. Dynam’eau créée des comités afin de suivre les actions réalisées dans les squats et assure le financement de certains équipements sanitaires en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux. Diverses initiatives […] comme par exemple, le chemin des transitions […] et les toilettes se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles qui pourront suivre les déplacements des populations vivants en squats et bidonvilles au fil de leurs expulsions). De plus, Dynam’eau

13-A.T. : L’association a pour volonté de favoriser l’accès aux ressources vitales et d’améliorer les conditions de vie des populations défavorisées, mais aussi d’accompagner (exemple : formation) les squatteurs et les acteurs locaux vers une gestion participative des squats sur le territoire afin de trouver des solutions et de créer des projets. L’objectif pour eux est de « permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées » (13-A.T.). Les enjeux, identifiés par Dynam’eau, des squats sur le territoire et sur les populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les riverains » ; « Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine ». En parallèle, les financements sont nécessaires pour mettre en place des actions. Elle met donc en place des comités en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux. Quelques actions sont à retenir : « le chemin des transitions […] et les toilettes se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles […]). De plus, Dynam’eau accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au Président de Bordeaux Métropole […]. » (13-A.T.)

Page 122: « L’accès à l’eau potable

121

accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au Président de Bordeaux Métropole […]. »

14-A.T. : « Au sein de l’association, nous sommes deux salariés […], je travaille principalement sur le cas des squats sur la métropole bordelaise. […] »

15-A.T. : « Les aides sont souvent ponctuelles. […] appui du département de la Gironde. Nous avons reçu des financements provenant du trophée de l’Agenda 21 de Bordeaux (1300 euros), mais aussi de la région Nouvelle-Aquitaine [...]. Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. De plus, les formations peuvent être sources de financement. […] soutenus financièrement aussi par Bordeaux Mécènes Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. »

16-A.T. : « Nous travaillons avec des acteurs publics comme les communes de Bordeaux et de Bègles, Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la Lyonnaise des eaux. […] certaines associations : France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. »

17-A.T. : « […] il existe 87 toilettes publiques sur la métropole, […], je pense qu’elles ne sont pas toutes en service. Concernant les fontaines au final, elles ne sont ouvertes que la moitié de l’année, l’hiver elles sont fermées. En revanche, les communes de Bordeaux et Bègles se penchent de plus en plus sur ces thématiques, vous avez les exemples de : - La construction de trois

établissements prioritaires d’insertion

exclusivement dédiés aux immigrés

Bulgares et Roumains ;

- La mise en place d’actions sociales

au travers différents centres

d’accueil ;

- La Lyonnaise des eaux, quant à elle,

fait preuve de plus de flexibilité. C’est-

à-dire que pour un raccord au réseau

14-A.T. : Le principal acteur interrogé est en charge du volet « squat et bidonvilles sur la métropole de Bordeaux », ce qui constitue un élément essentiel dans la récolte de données. 15-A.T. et 16-A.T. : Les financements viennent principalement d’acteurs institutionnels comme : - La région Nouvelle Aquitaine ; - Le département de la Gironde ; - Les communes de Bordeaux et

de Bègles… Néanmoins, l’association reçoit aussi des dons et des sources de financement de leurs formations. « Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. » (15-A.T.). Elle a le soutien de mécènes, du service de l’eau, de Bordeaux Mécènes Solidaires et de la Fondation Abbé Pierre. Dynam’eau possède quelques difficultés à financer leurs actions. Cependant, un nombre important d’acteurs publics et privés sont mobilisés autour de ces thématiques, comme : « Bordeaux et de Bègles, Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la Lyonnaise des eaux. […] France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. » (16-A.T.). 17-A.T. : L’espace urbain de la métropole comprends 87 toilettes publique, ce qui montre que le territoire est équipé. Il y a une volonté d’améliorer l’offre. Les institutions prennent alors en considération des questions. Cependant, il existe des divergences quant à l’entretien de ces équipements publics. Les communes de Bordeaux et Bègles semble impliqués dans ces thématiques : « Constructions de trois établissements prioritaires d’insertion […] ; mise en place d’actions sociales […] ; élaboration de réunions multi acteurs […] » (17-A.T.). De même, les services de l’eau tels que la Lyonnaise des

Page 123: « L’accès à l’eau potable

122

public l’autorisation du propriétaire du

logement n’est plus nécessaire ;

- L’élaboration de réunions multi

acteurs, d’une part sur les conditions

de vie dans les squats à Bègles, et

d’autre part, sur l’amélioration des

points d’accès à l’eau publique à

Bordeaux (en collaboration avec

SUEZ, le LIR et Dynam’eau) ;

- L’offre et l’installation de fontaines et

de toilettes publiques.

[…] les trois communes les plus touchées par les squats et les bidonvilles sont Bordeaux, Bègles et Mérignac. En général les institutions et plus particulièrement Bordeaux Métropole à tendance à déléguer ces questions auprès d’autres acteurs locaux […]. »

18-A.T. : « Je pense que c’est en bonne voie. Quelques communes commencent à s’y intéresser […] de plus en plus d’associations s’intéressent à ces thématiques. La preuve, nous venons de créer le collectif Action Bord’eaux. […], il nous faut plus de financements […] et plus de soutien par exemple. »

• Squid 9-A. : « […] Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités comme de la photo, du self défense, de l’informatique ou des initiations aux instruments de percussions. Mais ça n’a pas trop marché […] on propose plus que self défense et photo. Après, on a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement, à tous ce qui est administratif et professionnel. Puis on fait pas mal de récup au marché des MIN et dans divers endroits, ce qui nous permet de nourrir tout le monde et de maintenir le lieu en bon état. »

10-A. : « Ce squat est organisé sous forme de communauté […] doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. […] ne pas avoir de problèmes avec les voisins ou la commune. […] mon rôle est de garder les lieux en « sécurité », […]. Nous ne voulons pas que ce lieu devienne mal sain, où les gens se droguent, boivent et ou la convivialité n’est pas possible. »

11-A. : « […] Des associations comme la CIMADE et Médecin du Monde nous rendent visite et nous transmettent

eaux est plus flexible quant aux raccords au réseau public. Les trois communes comprenant le plus de squats sont Bordeaux, Bègles, puis Mérignac et ce sont aussi elles les plus actives. Il y a donc une réelle volonté des institutions et des services de l’eau d’améliorer les conditions de vie des populations. Cependant, elles focalisent leurs efforts sur un certains types de public (jeunes mineurs isolés, population Rome et Bulgare), selon Dynam’eau. De plus, elles ont « tendance à déléguer » pour que ça ne devienne pas un sujet faisant polémique. 18-A.T. : De plus en plus d’acteurs commencent à s’intéresser à ces thématiques. Depuis 2016, des associations mettent en œuvre des actions afin d’améliorer les conditions de vie dans les squats, comme l’équipe du collectif Action Bord’eaux. Cependant, le manque de financements et de soutien vient freiner la mise en place d’actions. 9-A. : Le Squid organise diverses actions afin favoriser le partage, la solidarité et l’insertion. « Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités […].On a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement, à tous ce qui est administratif et professionnel. Puis on fait pas mal de récup au marché […] » (9-A.). De plus, certaines stratégies comme la récupération au marché leur permettent d’améliorer leurs conditions de vie.

10-A. :L’acteur interrogé qualifie ce squat de communauté. Les publics vivant dans ce lieu ont la volonté d’améliorer les conditions de vie et de donner une bonne image de ce lieu aux habitants et institutions. « Ce squat est organisé sous forme de communauté […] doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. […] » (10-A.). 11-A. : Certaines associations soutiennent ce squat, comme la

Page 124: « L’accès à l’eau potable

123

quelques infos […] la ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller seul […]. » 12-A. : « […] il y a des toilettes publiques le long des quais de la Garonne et des toilettes dans la gare. Je sais qu’il y a des bains douches et bornes fontaines (sur les quais par exemple). » 13-A. : « […] beaucoup de gens qui vivent dans la rue et dans les squats. […] monter des programmes de réinsertion, voire des squats comme le nôtre. »

• Médecins du Monde (MDM) 12-G.M. : « Sur ces questions-là on ne bosse pas avec les gens, on a plus un rôle d’intermédiaire, […]. Nous lançons actuellement une démarche participative. On intervient sur place par des entretiens individuel avec les gens […]. Nous faisons aussi de l’information collective comme des focus groupes […]. Le cœur de nos activités va vraiment être de plaidoyer en direction de SUEZ, du service de l’eau, de la préfecture et des institutions par exemple (selon leurs responsabilités). » 13-G.M. : « […] Ces actions sont souvent ponctuelles et mobiles. Je pense à des actions : liée à l’information et l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. Nous effectuons environ quatre visites par semaine dans les squats […] pour 23 bénévoles, il existe 456 bénéficiaires dans les squats environ. Nous avons même une adresse mail dédiée à cette mission […]. » 14-G.M. : « […] actions conjointes avec le CASI (Comité d'Action Sociale) […] avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières. On est très en lien avec les MDSI (Maisons

CIMADE et Médecins du Monde. De plus, la commune de Bordeaux autorise l’occupation de ce lieu. Elle est propriétaire du bâtiment. Le fait d’avoir autoriser l’accès à ce squat a permis aux populations de vivre dans de bonnes conditions, car ils ont accès à l’eau et à l’électricité. « La ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller seul […] » (11-A.). 12-A. : Selon la personne interrogée, des points d’eau potable sont installés à proximité, au bord de la Garonne par exemple (environ 300 mètres). 13-A. : De plus en plus d’individus sont confrontés à des problèmes de logement. Les actions sont, selon lui, insuffisantes et il souhaiterait que des actions sociales soient mises en place. 12-G.M. : Médecins du Monde n’intervient pas directement sur les questions liées à l’eau. L’association possède un rôle d’intermédiaire, de médiateur et travaille principalement en relation avec les populations et les institutions. Elle intervient en tant que plaidoyer auprès des services publics. 13-G.M. : Comme cité plus haut, Médecins du Monde n’intervient pas régulièrement dans les squats, leurs actions sont mobiles et sont liées : « à l’information et l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. » (13-G.M.) De plus, l’ONG possède un nombre important de bénéficiaires, soit 456. 14-G.M. : Médecins du Monde travaille en collaboration avec des acteurs associatifs tels que : « le CASI (Comité d'Action Sociale) […] avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières. […] Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe

Page 125: « L’accès à l’eau potable

124

Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et de la région. […] exemple de Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe (Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité. […] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. Enfin, on a interpelé un certain nombre d’élus sur ces questions […]. » 15-G.M. : « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant et une partie de notre plaidoyer consiste à demander que ces types de structures soient multipliés. […] Les services publics sont très peu proactifs et on n’a pas le sentiment qu’ils nous tendent la main […]. Il y a une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. » 16-G.M. : « Non car nous intervenons […] sur seulement quelques squats. Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences […]. Elle est loin de pouvoir couvrir tous les besoins. Pour ce qui est de MDM, c’est un peu la même chose […] nous ne sommes pas disponible tout le temps et nous ne pouvons pas couvrir tous les squats. Quant aux pouvoirs publics, on a réussi à les faire avancer […]. Pour ce qui est des gros squats, où le nombre d’occupants est important, on est toujours loin du compte. Il y a encore plusieurs centaines de personnes […] qui n’ont toujours pas accès à l’eau. »

• Direction Eau - Bordeaux Métropole

8-M.M. : « […] si un usager souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. […] il faut pouvoir communiquer les informations nécessaires pour que

(Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité […] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. » (14-G.M.) Par ailleurs, cette structure travaille aussi avec des acteurs publics comme « les MDSI (Maisons Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et de la région. » (14-G.M.) 15-G.M. : Selon les acteurs il existe des équipements et points d’eau sur l’espace public. Cependant, ils ne sont pas bien entretenus et sont en nombre insuffisant alors que le nombre de personnes n’ayant pas de logement augmente chaque année. « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant » (15-G.M.) Ces phénomènes font actuellement polémiques et sont des enjeux pour les territoires. Il y a « une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. » (15-G.M.) 16-G.M. : Les interventions dans les squats sont limitées, « Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences […]. » (16-G.M.) Il existe une cinquantaine de squats sur la métropole et l’accompagnement des associations est difficile à couvrir par manque de moyens et de compétences. « Il y a encore plusieurs centaines de personnes […] qui n’ont toujours pas accès à l’eau. » (16-G.M.) De même, le soutien des institutions est nécessaire. 8-M.M. : « […] si un usager souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. » (8-M.M.) Dans ce sens, les usagers

Page 126: « L’accès à l’eau potable

125

l’usager puisse s’acquitter du montant des factures d’eau. […] Il n’existe pas aujourd’hui, […] d’autres moyens que la création d’un branchement d’eau potable. On pourrait aussi évoquer le fait d’installer des bornes fontaines à proximité des squats ou […] d’installer des toilettes mobiles, c’est un projet initié d’ailleurs par Dynam’eau (Action Bord’eaux). […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est mieux que de vivre dans la rue. […] pas de moyens, pas d’équipements, pas de structures à déployer, qui existeraient au service public de l’eau potable à destination de ces populations. » 9-M.M. : « Il se trouve que c’est moi sur ce dossier, […] on est peu nombreux. Après, […] la direction de l’Habitat à la métropole peut également mener des actions auprès de ces populations par décision politique. » 10-M.M. : « Notre intérêt pour ces questions sont récentes. […], faute de prise de conscience par la collectivité je dirai, je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. […] Il faut pouvoir offrir des solutions dans des conditions sanitaires satisfaisantes et dans le respect de la condition de ces familles. […] aujourd’hui on n’a rien à proposer. […] temps que le poil à gratter, ne grattera pas suffisamment fort il n’y aura rien. » 11-M.M. : « Quand on parle du service de l’eau on parle de la métropole, mais aussi de son délégataire, SUEZ. Elle peut également mener des actions […] de solidarité internationale. Nous avons aussi quelques entreprises qui se veulent innovante sur l’accès à l’eau sur l’espace public. […], mais elles font rarement du social et c’est toujours à but lucratif. […] je pense que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer […]. C’est ici qu’il faut taper à la porte […]. C’est aussi louable le rôle que possèdent […] Dynam’eau ou Médecins du Monde […]. » 12-M.M. : « Il y a l’ARS (Agence Régionale de la Santé) parce qu’elle travaille sur des sujets tels que la santé,

doivent payer les factures pour avoir accès à l’eau potable. Selon la Direction de l’Eau, il n’existe pas d’autres solutions que celle-ci. D’autres alternatives existent comme la construction de toilettes mobiles ou de borne fontaine à proximité, par l’aide d’associations par exemple. « […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est mieux que de vivre dans la rue. » (8-M.M.) Selon les services de l’eau, le fait de maintenir ces squats n’est pas une solution pour les occupants, cependant, c’est plus sécurisant pour eux de vivre dans la rue. 9-M.M. : L’acteur interrogé est aussi celui qui s’occupe des dossiers squat pour ce qui est l’accès à l’eau. D’autres services peuvent être sollicités au niveau de Bordeaux Métropole, comme celui de l’habitat. Selon lui, le fait de mener des actions est issue d’une décision politique. 10-M.M. : Ces problématiques sont récentes. « […] je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. » (10-M.M.) De même, l’inscription de ces questions auprès de décisionnaires n’existe que depuis trois ans environ. Il est important d’impliquer les politiques, les élus dans ces thématiques, afin que tout le monde puisse travailler ensemble, mais aussi aller vers l’amélioration des conditions de vie dans les squats et pour les populations de la métropole. 11-M.M. : Les services de l’Eau implique de parler de deux acteurs, le délégataire SUEZ Eau France et Bordeaux Métropole. La Direction de l’Eau est l’autorité organisatrice de ce réseau. SUEZ met aussi des actions solidaire et environnementale. Sont citées aussi, les entreprises spécialisée dans l’eau. Cependant, elles ne font pas d’initiatives sociales et solidaires. 12-M.M. : Divers acteurs publics sont cités par la Direction de l’Eau,

Page 127: « L’accès à l’eau potable

126

[…] vigilants sur les modes d’utilisation de l’eau et sur tout ce qui est alimentaire. Je pense aux bouches à incendie où l’eau n’est pas potable, […]. Je pense aussi aux services de secours qui sollicitent les bouches à incendie pour des urgences […], il faut qu’ils aient cette information-là. […] il y a les services de la préfecture qui sont garant de la sécurité des biens et des personnes. Nous avons aussi le département, qui a travers leur compétence sociale peuvent intervenir. Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. […] Cependant, ça n’a pas été le cas. […] la région finance aussi quelques projets. Après quand je parle de collectivités locales, je pense au politique […]. » 13-M.M. : « Je pense que cette sensibilisation portée par des associations locales est importante et il faut qu’elle dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il y a des budgets prévus pour cela et on sait faire des choses, environ 400 000 euros. […] il faut vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, […]. Il y a aussi des choses très bien qui existent, notamment sur […] la solidarité internationale ou la coopération, […] il y a beaucoup de choses qui ont été faites. […], au niveau social des choses méritent d’être développées car nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. […] c’est un élément indissociable pour réponde à la précarité […] pas réduire ces difficultés à l’aspect de l’accès à l’eau potable, c’est un tout. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°1 11-D.D. : « Il y a un objectif de mettre en place une amélioration possible des conditions de vie dans les squats, mais aussi d’accompagner les individus. […] à partir de 2014 que la métropolisation a impliqué de faire de la médiation […] dans un principe d’intérêt public. On est à la fois sur les questions du travail sur

comme l’ARS (santé, alimentation et qualité de l’eau), services de secours (Santé et urgences), la Préfecture (Sécurité des biens et des personnes), le département « Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. » (12-M.M.) (Compétences sociales et financement d’actions), la région (financement d’actions) et les collectivités locales (pouvoir décisionnaire et compétences sociales). Les données récoltées sont nécessaires pour ces acteurs, afin qu’ils puissent mettre en place des mesures et des actions. 13-M.M. : Selon la Direction de l’Eau, la mobilisation des associations et la sensibilisation qu’elles portent sont importantes. Non seulement il est nécessaire d’avoir des acteurs sur le terrain (techniciens et associations), mais les pouvoirs publics doivent aussi être concernés et impliqués dans ces questions, notamment dans le sens où il existe un budget. « […] dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il faut vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, […]. » (13-M.M.) Nous pouvons remarquer que peu d’actions sont menées au niveau social concernant les personnes en situation de précarité, seul le chèque Eau existe. « […], au niveau social des choses méritent d’être développées car nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. » (13-M.M.) Le fait que ce soit inscrit dans l’actualité montre qu’il y a une volonté de divers acteurs locaux de travailler sur ces questions. 11-D.D. : Depuis 2014, le GIP a pour objectif d’accompagner les occupants dans la valorisation de leurs droits et de favoriser l’amélioration des conditions de vie (intérêt public). Leur rôle est

Page 128: « L’accès à l’eau potable

127

les conditions de vie ou sur l’accès aux droits ; comment on travaille pour ce qui est animation du réseau, […]. Nous faisons la navette entre les publics et les acteurs locaux. De plus, on ne peut pas porter seul un plaidoyer […] la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, […] pas les mêmes besoins et les mêmes dynamiques. […] identification des spécificités des squats et des situations. Nous on observe des besoins, […] il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. […] nous intervenons plus en tant qu’intervenant socio-éducatif, qu’en tant que médiateur. » 12-D.D. : « La nature du site et ce qu’on va pouvoir y faire, c’est différent. Un cas typique, une maison est squattée et il y a une arrivée d’eau, pareil pour le compteur électrique. […] le fait que ce soit un petit groupe peut permettre d’avoir accès à l’eau […]. Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions entre les occupants. […] tu peux bouleverser un certain équilibre social. […] important de prendre en compte les besoins des populations […]. Il faut qu’ils s’approprient le point d’eau tout en le partageant. » 13-D.D. : « Ça peut être varié et c’est pluridisciplinaire, c’est-à-dire au logement, à l’éducation, à la santé, etc. […] ce sont des acteurs intervenant principalement sur la valorisation des droits et l’amélioration des conditions de vie. […] l’accès au droit va toucher le domaine social, l’économie, la santé, l’éducation, etc. Nous accompagnons certaines associations […], comme Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. Ces acteurs sont relativement impliqués car ils interviennent avec nous sur le terrain

principalement de mettre en relation les pouvoirs publics, les acteurs locaux et les squatteurs. « […] la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, […] pas les mêmes besoins et les mêmes dynamiques. » (11-D.D.) Le fait que les squats soient différents implique que les médiateur doivent s’adapter aux conditions de chacun des squats et aux spécificités qui y résident. Non seulement ces acteurs sont médiateurs mais ils peuvent parfois endosser une fonction plus sociale, un exemples est cité : « […] il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. » (11-D.D.) 12-D.D. : Pour les médiateurs, un petit nombre de squatteurs sur un site peut permettre d’avoir plus facilement accès à l’eau ou l’électricité. Dans ce sens, le lieux et les spécificités d’un squat sont des facteurs influant sur l’accessibilité à une ressource vitale. « Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions. […] tu peux bouleverser un certain équilibre social. » Avant de pouvoir mettre en place des actions dans un squat, il faut pouvoir identifier les besoins de celui-ci. Le fait de collaborer entre acteurs permet de mutualiser les compétences, afin d’éviter les conflits et les tensions. 13-D.D. : Ces questions sont pluridisciplinaires (logement, santé, social, éducation, …), donc le fait d’être médiateur implique d’avoir des compétences dans ces divers domaine. « Nous accompagnons certaines associations […], comme Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. […] ils interviennent avec nous sur le terrain contrairement

Page 129: « L’accès à l’eau potable

128

contrairement aux instances départementales et régionales. » 14-D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. Une mairie ne peut pas porter seule une problématique […], il y a des acteurs de droit commun […], comme des CCAS, des mairies ou quelqu’un de la métropole pour la gestion des déchets par exemple. Il y a aussi la Direction de l’Eau et de l’Habitat. Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Arnozan, les services de police et de secours sont souvent impliqués […]. » 15-D.D. : « […] il y a des choses vraiment bien et des deux côtés, d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. Le parcours des familles témoigne […] de leur trajectoire et de leur mobilisation, voire soutien. D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. […] le nombre de squats évolue sans cesse et à cet effet il faut aussi transformer les politiques, […]. Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […].Une mairie ne peut pas porter seule une problématique de ce type. […] il y a peu de chose qui sont mis en place dans l’accueil et le logement de personnes européennes précaires. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°2 11-K.A. : « Nous sommes principalement les seuls qui mettons les pieds dans les

aux instances départementales et régionales. » (13-D.D.) Travailler sur le terrain est un avantage pour comprendre les besoins et échanger entre acteurs locaux. 14-D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. » De même, ces acteurs publics doivent travailler en collaboration afin de mettre en place des actions. Le médiateur donne l’exemple d’une mairie, de Bordeaux Métropole (Direction de l’Eau et de l’Habitat) et d’un CCAS. D’autres acteurs publics travaillent sur ces questions. « Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Arnozan, les services de police et de secours sont souvent impliqués […]. » (14-D.D.) 15-D.D. : « d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. » (15-D.D.) Dans ce sens, ces parcours de vie peuvent témoigner des trajectoires de vie, de la mobilisation et du soutien de certains individus. Quelques occupants ont la volonté de se réinsérer alors que d’autres non, ils profitent de leur situation par intérêt (notamment économique) et ne cherche pas à améliorer leurs conditions de vie, mais aussi leurs droits. Le fait que les squats évoluent, soient mobile et ponctuel implique de transformer les politiques et les actions au fur et à mesure. « Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […]. » (15-D.D.)

Page 130: « L’accès à l’eau potable

129

squats, contrairement aux services publics […]. C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. » 12-K.A. : « Nous travaillons donc sur l’amélioration des conditions de vie et des droits des individus. […] un rôle de médiation, donc nous accompagnons des projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, […] formation et animation du réseau. La priorité sera basée sur les sites occupés […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou institutionnel. En second lieu, le médiateur intervient dans les squats de biens appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des associations, du propriétaire, […] si ces squats impactent les relations de voisinage ou soulèvent des questions d'hygiène, de salubrité ou de sécurité publique (déchets, risque incendie). » 13-K.A. : « C’est très transversal, chaque spécialiste vient contribuer à l’amélioration des conditions de vie […]. Nous travaillons avec […] Dynam’eau et Médecins du Monde. On se transmet aussi toutes les cartes que nous réalisons, […] nous ne traitons pas de toutes les données […] car nous travaillons uniquement auprès de la communauté Roms. […]. Il y a le Collectif Action Bord’eaux composé de Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE. Ensuite comme l’a dit mon collègue, il y a aussi des associations qui se focalisent sur la communauté Roms, comme celle de EURROM (en collaboration avec le CNDH), mais aussi le Collectif roms chakaraka. Après, il y a

11-K.A. : A l’inverse des service publics, le GIP envoie ses médiateurs sur le terrain. Ils sont les premiers témoins, avec les associations, des conditions de vie des individus dans les squats. « C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. » (11-K.A.) Pour les médiateurs, les occupants ont les mêmes droits que les habitants de Bordeaux Métropole. On parle de droit commun. 12-K.A. : En complément des services publics, les médiateurs ont un rôle d’intermédiaire. Ils accompagnent aussi certaines actions et ont pour mission d’animer ce réseau de médiation sur le territoire. « […] nous accompagnons des projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, […]. » (12-K.A.) Ils travaillent en priorité dans les squats situés sur un terrain « […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou institutionnel. » (12-K.A.) C’est pour ces raisons qu’ils ont un rôle de relais. Puis, ils interviennent sur des terrains « appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des associations, du propriétaire, […]. » (12-K.A.) Cette intervention est issue d’une demande sur le territoire. Ce sont les mairies et les voisins les plus impactés par ces phénomènes, car ils doivent partager l’espace urbain avec les squats. 13-K.A. : Le GIP travaille en collaboration avec plusieurs acteurs venant de différents secteur (public, privé, …) et domaines (logement, social, santé, …). Concernant le collectif Action Bord’Eaux (Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE, GIP), le GIP n’exploite pas toutes les données transmises par les autres associations, car il travaille avec la communauté Roms. Concernant la communauté Roms, les médiateurs travaillent en collaboration avec EURROM (en collaboration avec le CNDH), le

Page 131: « L’accès à l’eau potable

130

l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les Immigrés) […] les éducateurs spécialisés, les écoles et quelques bailleurs sociaux. » 14-K.A. : « […] avec la mairie de Bègles et celle de Mérignac. Après nous travaillons aussi en collaboration avec la cité municipale de Bordeaux. De plus, c’est Bordeaux Métropole qui nous a sollicité pour travailler avec la communauté Roms. […] aides du département et de la région. » 15-K.A. : « Selon moi, on peut féliciter certaines actions, […] la mairie de Bègles met à disposition des compteurs. Sur Mérignac aussi il y a quelques actions intéressantes. Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. »

Collectif Roms Chakaraka, l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les Immigrés), etc. Un nombre important d’acteurs associatifs interviennent auprès des publics vivant en squat, ce qui montre qu’il y a une demande et des besoins sur le territoire. En ce qui concerne l’éducation, ils travaillent aussi avec des éducateurs spécialisés et des écoles de la métropole. 14-K.A. et 15-K.A. : Plusieurs acteurs institutionnels collaborent avec le GIP sur ces questions, comme les mairies de Bègles et Mérignac, la cité municipale de Bordeaux, Bordeaux Métropole, le département et la région. On peut voir que certains acteurs publics sont impliqués dans ces questions, le médiateur donne l’exemple de Bègles et Mérignac qui installent des compteurs dans les squats. Selon eux, ces initiatives sont néanmoins peu nombreuses sur le territoire, même s’il existe une certaine volonté de la part de ces acteurs. Pour eux, « Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. » (15-K.A.)

Prospective : situation et

stratégies des squatteurs

Situations/conditions/stratégies des individus dans les squats

• Dynam’eau 19-A.T. : « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent. Cela peut être un logement contraint, […]. Ce sont par exemple des immigrés, des réfugiés, des jeunes mineurs isolés, des familles, des étrangers, des SDF, etc. Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme aussi […]. Mais ça peut être aussi un logement voulu, […]. Ce sont par exemple des militants, des résistants, des SDF ou des zadistes. »

20-G.M. : « […] On estime à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes

19-A.T. : Chaque squat, selon Dynam’eau, sont différents et ne possèdent pas les mêmes spécificités. De même pour les publics qui ne sont que de passages. Ils ont aussi des besoins différents. Ces types de logement sont donc considérés comme temporaire et provisoire pour les individus. « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent. Cela peut être un logement contraint, […] » (19-A.T.). Par ailleurs, le fait que ce soit un logement temporaire renforce l’impression de précarité du lieu. Ce sont des logements qui répondent à une « crise ». « Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme aussi […] » (19-A.T.). 20-G.M. et 21-A.T. : Selon Dynam’eau, le fait de ne pas avoir

Page 132: « L’accès à l’eau potable

131

de vivre en squats et bidonvilles. […] Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et sociale. »

21-A.T. : « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital. […] Mais certains sont aussi mieux lotis que les autres […]. »

• Squid 14-A. : « […] principalement des SDF, des jeunes mineurs isolés, des immigrés ou des réfugiés. C’est un lieu de passage […] ils partent vivre dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux. » 15-A. : « […] un endroit qui n’est pas insalubre, mais un peu délabré. […] il y a toujours de la place. Aux étages des gens vivent en permanence dans ce squat, ils le gardent en bon état. Et au rez-de-chaussée, nous avons deux chambres avec des lits superposés […]. Tout est en état de marche, il y a l’eau et l’électricité. […] Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où j’ai vécu. »

16-A. : « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec les moyens du bord. […], il y a les toilettes qui sont en bonnes état et la chasse d’eau fonctionne, […] salle de bain avec une grande baignoire et de l’eau chaude. »

• Médecins du Monde (MDM) 17-G.M. : « […] Les publics sont très variés. Dans les années 50/60, c’était essentiellement des personnes venant de la Péninsule Ibérique. Dans les

accès aux ressources vitales peut conduire les populations à être exclue au niveau économique (ils n’ont pas les moyens d’assurer le maintien de la ressource en eau sur le site) et social (face aux autres habitants du territoire). « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital » (21-A.T.). La question de la normalité est alors intéressante à aborder. Dans ce sens, les conditions de vies dans les squats sont précaires pour les populations qui y vivent. « Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et sociale » (20-G.M.). 14-A. : Différents types de publics vivent au Squid. Concernant la trajectoire des individus, les squats sont qualifiés de logements temporaires dans le sens où les individus sont de passage. « Ils partent vivre dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux » (14-A.). 15-A. : Ce squat est, selon lui, en mauvais état, cependant il ne représente aucun risque pour la santé et la sécurité des individus. « Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où j’ai vécu. » 16-A. : « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec les moyens du bord. […] » (16-A.). Ainsi, le squat possède tous les équipements nécessaires au confort des individus. 17-G.M. : Selon Médecins du Monde, les types de publics peuvent varier. Nous pouvons néanmoins observer que différents publics peuvent être associés à une période historique : « Dans les

Page 133: « L’accès à l’eau potable

132

années 60/70, c’était des personnes qui venaient plutôt du Maghreb (Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, ce sont plutôt des personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées. […] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. C’est très variable et ce sont souvent des personnes exclues de leur ancien logement. […] elles sont contraintes de le faire pour éviter de dormir dehors. » 18-G.M. : « […] les situations sont très diverses. On a des squats où il y a déjà des toilettes reliées au réseau ou bien des latrines sont construites. Il y a d’autres squats où les toilettes sont absentes, pareil pour l’électricité ou les déchets. Quand il s’agit de logement, les conditions sont précaires mais plus ou moins digne. […] un entrepôt n’est pas un lieu prévu pour l’habitat, pourtant des personnes ont construites des cabanes à l’intérieur. […] De même, il n’y a pas d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. Pourtant la Cour Européenne des droits de l’Homme considère ces lieux comme des « domiciles », mais bon ils ne sont pas prévus pour l’habitat […]. Il y a même des familles qui habitent dans des vestiaires d’un stade de foot. Les personnes lorsqu’elles le peuvent, achètent des caravanes délabrées (mauvaise état, pas de roues, plus étanche, etc.) […]. Pour ce qui est des déchets, c’est une compétence de la métropole. Nous interpelons Bordeaux Métropole pour passer ramasser les déchets issus des squats. A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. D’un point de vue économique, il était pertinent de ramasser les déchets

années 50/60, […] des personnes venant de la Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, des personnes qui venaient plutôt du Maghreb (Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, […] des personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées. […] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. » (17-G.M.) De mêmes, les acteurs associent ces types de publics aux concepts d’exclusion ou de précarité. 18-G.M. : La situation peut varier d’un squat à un autre, cela peut aller d’un logement où « les conditions sont précaires mais plus ou moins digne » (18-G.M.) à un logement qui « n’est pas un lieu prévu pour l’habitat » (18-G.M.), insalubre, ou les conditions de vie sont très difficile « il n’y a pas d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. » (18-G.M.) De même, l’accumulation de déchets sur le site peux accentuer ces conditions de vie difficiles et nuire à la santé des occupants. Certaines communes en ont pris conscience et mettent en place certaines actions. « A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. » (18-G.M.) C’est aussi un avantage pour les communes et la préfecture qui doivent gérer les expulsions et les évacuations.

Page 134: « L’accès à l’eau potable

133

car lors des expulsions il y a moins de déchets à évacuer […]. »

• Direction Eau - Bordeaux Métropole

14-M.M. : « […], sont essentiellement des migrants comme les sahraouis, sinon ce sont des populations très défavorisées. […] peut-être aussi issus des pays de l’est de l’Europe. Je ne possède pas une bonne visibilité de ces populations-là. Après, hors squat il y a aussi les gens du voyage […]. Les centres d’accueils sont une solution. […] des gens qui n’ont pas accès à l’eau car c’est un choix, parce qu’ils vivent dans des zones rurales éloignées ou pour une question de coût. […] » 15-M.M. : « […] je ne suis jamais rentré dans un squat, […]. Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. Ce sont souvent des lieux qui ne sont pas dédiés à l’habitation où ont été peut-être entreposés auparavant des éléments inflammable, dangereux pour la santé souvent […]. » 16-M.M. : « Je pense que le point privilégié est celui de la bouche à incendie. C’est un équipement qui est facile à ouvrir et auquel il est simple de se brancher. Après […] il y a les toilettes publiques, mais je ne suis pas sûr qu’il y en ait en nombre suffisant sur le territoire. […] souvent les populations les plus défavorisées […] achètent de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. Ils ont peur de boire de l’eau du robinet. […] les sensibiliser sur ces aspects et ça peut faire partie du message à véhiculer. Pour ce qui est des bains-douches, […] ce sont des

14-M.M. : Concernant les publics vivant en squat, ce sont majoritairement des migrants, des immigrés et des individus venant de l’Europe de l’Est. Ces publics en question, sont défavorisés, en situation de précarité et d’exclusion. Cependant, le Direction de l’Eau ne s’est jamais rendu dans un squat, ce qui montre que cet acteur n’a pas une vision d’ensemble des publics et des conditions de vie dans les squats. 15-M.M. : Le fait de ne pas aller sur le terrain, montre qu’une certaine part d’acteurs n’a pas une représentation globale de la situation des individus dans les squats. De même, ils n’ont pas l’habitude de travailler avec ces populations. Concernant les conditions de vie, « Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. » (15-M.M.) Néanmoins, le fait de travailler en collaboration avec d’autres acteurs peu permettre d’avoir une vision partielle de la situation de ces individus. 16-M.M. : Selon l’acteur interrogé, les branchements aux bouches à incendie sont le plus couramment utilisées par les squatteurs. L’avantage selon lui, vient de la facilité à se raccorder au réseau. Concernant les toilettes publiques, la Direction de l’Eau estime qu’elles sont en nombre insuffisantes dans l’espace urbain. C’est donc une réalité, d’une part car il y a la possibilité de développer ces équipements, de les multiplier, et d’autre part, car il y a une réelle demande et que les acteurs locaux ont consciences des besoins qui existent. En parallèle, « […] les populations les plus défavorisées […] achètent de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. »

Page 135: « L’accès à l’eau potable

134

équipements communaux, […] ce sont les agents communaux qui assurent l’entretien de ces équipements. Cela étant, il y a de l’eau, donc un compteur, et c’est la commune qui paye. […] les fontaines à eau c’est pareil, c’est de l’eau potable, mais je ne saurai même pas vous les situer […]. Il y a toujours un compteur derrière donc c’est une prise en charge de la commune. […] c’est une décision politique, notamment pour l’emplacement et la facturation. […] l’eau paye l’eau. Ce sont les usagers de l’eau potable qui payent le service d’eau potable. […]les poteaux à incendie et les bornes de puisage monétiques. Ce sont des équipements […] pour palier l’utilisation des bouches à incendie. Il faut savoir que sur les bouches il n’y a pas de compteur, […] il y a aussi des services communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. Pour […] limiter ce vol d’eau, on a installé une soixantaine de bornes à puisage monétiques […]. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°1 16-D.D. : « Ce sont des personnes sans logement. Il y a des militants, des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des public « sans droit ni titre » un peu. » 17-D.D. : « Cela peut aller du squat au bidonville. Il y a des squats où tu dois enlever tes chaussures quand tu rentres […] puis il y a d’autres situations où ça peut être qualifié de bidonvilles. Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30 à 150 personnes,

(16-M.M.) Ce moyen est aussi couramment employé dans les squats, d’une part dû à la culture, et d’autre part, dû à la qualité de l’eau (méfiance, peur). Celui-ci insiste sur le fait de sensibiliser les populations, car pour lui l’eau du robinet est sûre pour la santé. En ce qui concerne les bain-douches, la gestion appartient aux communes et non au service de l’eau. Dans ce sens, les communes doivent s’acquitter des factures de consommation dans ces lieux. De même pour les fontaines à eau qui sont souvent munies de compteurs. L’installation de ces équipements est issue d’une demande et d’une décision politique. Afin d’éviter une utilisation fréquente et incontrôlées des bouches à incendie, les communes ont aussi installé des bornes de puisage monétiques, soit environ une soixantaine sur le métropole ce qui est peu. La Direction insiste aussi sur le fait que tous les usagers sont tenus de s’acquitter des factures d’eau, et il cite : « […] il y a aussi des services communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. » (16-M.M.) 16-D.D. : Pour le GIP, les individus occupent ces lieux à des fins de logement. Ce sont donc des logements contraints, dans lesquels se retrouvent des publics variés. « Il y a des militants, des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des public « sans droit ni titre » […]. » (16-D.D.) 17-D.D. : Le GIP fait une distinction entre un squat et un bidonville, pour eux il existe ces deux types de lieux dans la métropole. « Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30 à 150 personnes, ça

Page 136: « L’accès à l’eau potable

135

ça entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. […] un peu le même style que les pirates dans Astérix et Obélix qui vont s’aborder eux même car ils savent que c’est perdu d’avance. […] il y a des squats qui durent et les gens vivent dans de mauvaises conditions, voire dans leurs déchets. […] Parfois les différences de conditions de vie peuvent se faire sur le même terrain, une caravane peut être très bien entretenue tandis qu’à 30 mètres l’autres caravane est délabrée. Après le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si c’étaient les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif […]. Dans le squat Alexis Labro à Bègles, l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes, […] ce qui a entraîné une situation de conflit et de violence, puis engendré le départ d’un certain nombre de personnes. Il y a eu ensuite un bouleversement de l’équilibre de ces familles qui avaient scolarisé leurs enfants […]. La question de l’eau a été en quelque sorte l’étincelle, car il existait auparavant certaines tensions entre les groupes. […] Il y a donc des personnes qui peuvent aggraver les conditions de vie d’autres personnes dû à leur comportement violent. […] dépend du public, s’il est légitime ou pas, mais aussi de la mobilisation sociale qui existe dans le lieu. »

• GIP - Bordeaux Médiation n°2 16-K.A. : « Nous travaillons avec la communauté Roms comme […]. Après certains squats accueillent aussi des bulgares turcophones. Ce sont des communautés qui se mélangent peu, cependant il peut y avoir des exception […]. Il doit y avoir un lien, une affiliation entre eux. » 17-K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, […]. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, […]. Des voisins n’ont même pas conscience qu’il y avait un squat là. Et ça peut aussi passer par des squats, où ont

entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. » (17-D.D.) Les conditions de vie peuvent varier d’un squat à un autre, cependant le nombre d’occupant influe sur les facteurs de dégradation du lieu et les conditions de vie en l’occurrence. De plus, la durée de l’occupation d’un lieu influe sur les conditions de vie des individus, avec l’accumulation de déchets par exemple. Par ailleurs, il est possible de rencontrer différentes situations sur un même site, ce qui peut créer des écart de conditions de vie. Selon un médiateur du GIP, « le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si c’étaient les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif […]. » (17-D.D.) En parallèle, les conflits pouvant être engendrés par l’appropriation d’un point d’eau ou de toilettes, peut aggraver la situation de certains occupants sur le site (violence, départ d’individus, déscolarisation des enfants, etc). Le médiateur donne l’exemple du squat Alexis Labro à Bègles où « l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes […]. » (17-D.D.) 16-K.A. : Le GIP travaille essentiellement avec la communauté Roms, les bulgares et les roumains. Cependant, il rencontre des exceptions, notamment lorsqu’un membre vit par affiliation avec la communauté. 17-K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, […].Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, […]. » (17-K.A.) La médiatrice insiste sur le fait que les caractéristiques de ces lieux influent sur les conditions de vie, de même que pour le nombre

Page 137: « L’accès à l’eau potable

136

voient les conditions de vie se dégrader, de même pour la santé des occupants. […] Le squat de la ruche c’est différent et les gens sont bien accompagnés. »

d’occupants. Cela peut aller d’un squat insalubre et délabré (dégradation de la santé par exemple) à un squat parfaitement entretenu. De plus, l’insertion du squat (façade par exemple) dans l’espace urbain peut être représentatif de la situations des squatteurs.

4) Retranscriptions intégrale des entretiens

a) Retranscription entretien avec Dynam’eau

Date : 19/04/18 à 14h30 au bureau de l’association (120 av. Maréchal Leclerc, Bègles)

Nom de la personne : Théo Andrieux et Maxime Ghesquière

Statut : Deux salariés et coordinateurs de projet)

Quelle structure ? Association Dynam’eau

Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Bègles, mais intervention sur tout le territoire

de la Métropole de Bordeaux, mais aussi actions au niveau international (Maroc, Togo, etc.)

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteurs internes, siège à Bègles et

intervient sur tout le territoire

__________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à

l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »

A.T. : « On intervient ponctuellement dans les squats que nous suivons. L’objectif est de voir

si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparer en bon état

et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie des squatteurs, à travers certaines

initiatives. Au final, ce que j’aime dans cette association, c’est aller sur le terrain, rencontrer

les gens et faire des actions dans des domaines que je ne connaissais pas auparavant,

travailler sur des questions qui touchent notre société et qui seront peut-être primordiale dans

le futur. »

2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau

et des squats ? »

Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la

précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)

A.T. : « Dynam’eau œuvre pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, mais

aussi pour la protection de la ressource, que ce soit au niveau international (Maroc et Togo)

ou local (Bordeaux Métropole). Nous aidons et accompagnons les populations dans un esprit

de développement durable de la solidarité internationale. Actuellement, notre association

concilie développement économique et social et préservation de l’environnement. »

G.M. : « Depuis 2016, nous avons pour objectif de favoriser l’accès à l'eau potable et

l’assainissement dans les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux. A ce-jour, nous

avons réalisé la mise en eau de 13 squats et bidonvilles, limitant ainsi les fuites et permettant

Page 138: « L’accès à l’eau potable

137

l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 400 personnes de l’agglomération

bordelaise. Pour nous, le fait d’occuper illégalement un terrain ne prive pas les occupants de

leurs droits fondamentaux et de leur droit à la dignité. Nous avons dû, afin de mettre en place

nos actions, distinguer les squats situés sur une propriété privée ou sur un terrain appartenant

à une collectivité. »

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates,

nombre de salariés…) »

A.T. : « Elle a été fondée en juin 2010 par des techniciens et des ingénieurs travaillant dans

l’eau et des personnes sensibles aux questions liées à l’eau (issus Lyonnaise des Eaux).

Depuis, nous avons vu l’association évoluer très rapidement, passant d’un projet en 2010 à

quatre en 2016 (toujours d’actualité).

Cette association de loi 1901, a pour but d’aider au développement humain et matériel.

L’association est reconnue d’intérêt général (sa fiscalité est reconnue d’intérêt public, car l’eau

est une ressource essentielle à la vie humaine). »

4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats notamment, ont-

elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »

Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?

A.T. : « Oui, car je ne connaissais pas le monde des squats il y a peu de temps. Pour moi, il

n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop.

Dynam’eau m’a ouvert les yeux sur certaines problématiques existantes sur la métropole et

pour moi, l’eau représente le minimum vital avec l’assainissement auquel n’importe quelle

population devrait avoir accès. J’ai aussi découvert que chaque squat ne sont pas identiques.

De même, ils ne touchent pas les mêmes publics selon le type de squat habité. En plus, je

trouve qu’il y a un souci d’individualisme et des problèmes politiques autour de ces

thématiques, car les décisions doivent venir du haut, cependant il n’en existe pas. Sachant

que les solutions ne peuvent être uniques, elles doivent s’adapter à chaque squat. »

5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? »

M.G. : « Sur le territoire de Bordeaux Métropole, les équipes du collectif Action Bord’eaux

estiment à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles.

Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, mais cela peut varier de jour

en jour. En 2016, nous avons travaillé principalement avec le squat du Quai des Champs où

300 saharaouis vivent. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les

toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur

culture. Ce squat est aussi devenu un lieu de revendication politique d’après moi. C’est pour

ça que par la suite, nous avons choisi de travailler en fonction des besoins des individus. Puis

nous avons aussi travaillé dans un squat en périphérie de Bordeaux en collaboration avec le

collectif Sherby. Ce squat comprenait essentiellement des familles venant de Bulgarie et de

Roumanie (avec des enfants).

Actuellement, nous travaillons dans différents squats, un squat situé à Bègles qui compte

environ 70 personnes exclusivement Albanaise. Il y a aussi le squat de la Ruche en plein

centre de Bordeaux qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine de

personnes. Il a été construit par un groupe d’étudiant et accueil des jeunes venant

principalement du continent africain. Puis, nous accompagnons aussi un squat à Villenave-

d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine Roumaine, ce sont des populations Rome.

Page 139: « L’accès à l’eau potable

138

Ensuite, je connais un squat situé sur le site de l’ancien Bootleg (4-6 rue Lacornée) à

Bordeaux. C’est un squat qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Il y a de plus en

plus de monde, le public est très varié. Je sais qu’il y a l’électricité, mais il me semble qu’il n’y

a pas d’eau. Ils doivent aller en chercher aux toilettes publiques. Il existe aussi le Squid (10

rue Charles Domercq) à Bordeaux. C’est un squat où logent principalement des immigrés, des

jeunes mineurs isolés et des SDF. Il y a un centre d’accueil et de solidarité. D’ailleurs, c’est le

collectif Sherby qui gère ce centre. Enfin, il y a aussi la Vida Loca, un squat situé dans un

ancien centre de loisir à Cestas. En revanche, je ne sais pas combien de personnes vivent

dans ces squats. »

6. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »

A.T. : « Nous avons mis au point, en collaboration avec Médecin du monde et le GIP, une

carte sur « framacarte » qui nous permet de recenser tous les squats dans lesquels nous

intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. Je vous enverrai le lien par mail. »

Cf. carte de la localisation des squats connu par les acteurs ressource.

7. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au

militantisme…) »

Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ? Les locaux dans

lesquels ils vivent sont-ils en dur ? (Locaux en dure, en taule, tentes…)

A.T. : « Au sein de l’association, nous œuvrons majoritairement avec des squats dédiés au

logement. Un squat peut être un logement contraint, dans le sens où la personne préfère être

dans ce squat plutôt que de vivre dehors, ou bien un logement voulu, cela provient de son

propre choix de se retrouver dans ce squat.

- Le squat investi par les jeunes mineurs est situé dans un bâtiment appartenant aux

services publics, dans un immeuble vers la victoire. Ce bâtiment est en mauvais état ;

- Le squat de Bègles est en extérieur et ne compte que des caravanes assez délabrées.

Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles ;

- Le squat de Villenave est sur un ancien domaine. Les populations vivent dans un vieux

château qui est insalubre.

Nous avons vu tout type de squat pour ce qui est des locaux. Certains sont en dur comme

celui de Bordeaux et de Villenave-d’Ornon. Certaines populations vivent aussi en caravanes,

comme c’est le cas à Bègles. Les caravanes ne sont pas en état d’ailleurs. Il y a aussi des

squats où les gens vivent en tente comme celui du Quai des Champs (environ une centaine

de tentes réparties dans deux hangars). Mais les gens s’abritent et s’installent quand même

dans les hangars abandonnés du lieu (ancienne zone industrielle et ancien lieu de stockage

de produits chimiques). Tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat

(choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont. »

8. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-

ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »

Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ?

Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se doucher et où vont-ils pour faire

leurs besoins ?

A.T. : « Pour ce qui est du squat de la Ruche, nous sommes intervenus afin de réparer

d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment (5 m3 par jour de gaspiller) et nous intervenons

toujours afin de remettre à niveau les toilettes et la salle de bain, mais aussi maintenir le

Page 140: « L’accès à l’eau potable

139

système d’eau en état de marche. Au squat de Bègles, il y a l’eau et des toilettes ont été

ajoutées (actuellement deux cabines). La population est raccordée par des tuyaux venant du

système d’eau publique jusqu’à chaque caravane. En revanche, il y a des fuites au niveau du

branchement (raccordements) et ils gaspillent environ 25 m3 d’eau par jour. Enfin, le squat de

Villenave-d’Ornon ne possède pas de système dans les locaux, mais ils se sont branchés

(avec l’autorisation du propriétaire et des pompiers) sur une borne à incendie proche du

bâtiment. Nous avons notamment pour objectif d’installer une cabine de douche. Cependant,

il y a certaines personnes qui ont peur de boire l’eau venue du réseau d’eau publique, avec

les canalisations ou les bornes. Pour boire comme pour faire la cuisine : ils vont soit dans des

toilettes publiques à proximité (voire bain-douche s’il y en a), voit vers des bornes fontaines

ou ils se raccorde par branchement comme je vous l’ais dit avant. Dans ce cas, ils ont des

tuyaux, des robinets, voire des douches. Ces branchements proviennent du réseau d’eau

publique, de citernes ou de bornes à incendie. Pour ce qui est de leur besoins, ils ont soit des

toilettes dans le squat, soit ils vont dans des toilettes publiques ou sinon dans la nature autour

du squat. Ils font comme ils peuvent. Pour la cuisine, ils utilisent des plaques ou un feu par

exemple. C’est souvent du système D. Après, ils ont pas mal d’aide pour ce qui est de

l’alimentation et certains bénéficient des aides sociales. Je pensais à la Croix Rouge, Médecin

du Monde, la Banque alimentaire, etc. »

9. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point

d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-

douche) »

Sous question : Quels points d’accès privilégient-ils ? Combien de fois par semaine s’y

rendent-ils ?

A.T. : « La plupart du temps, s’ils n’ont pas accès à l’eau dans le squat ils vont s’approvisionner

dans des toilettes et des fontaines publiques. Après, ils vont aussi de temps en temps à des

bain-douches s’il y en a à proximité. Après comme je te l’ai dit c’est du système D, donc dès

qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. En

parlant de ça, je me rappelle qu’il y a un squat Quai Wilson qui n’a pas d’eau, ils remplissent

soit des bidons, soit ils achètent des bouteilles d’eau. »

10. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de

toilettes ? »

Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ?

A.T. : « Dans le squat de la Ruche à Bordeaux, nous intervenons pour maintenir le système

d’eau en état de marche (cuisine, salle de bain, WC). Il y a des toilettes, mais elles sont en

mauvaises état et la chasse d’eau fuit régulièrement. A Villenave-d’Ornon, nous avons installé

des toilettes sèches car il n’y avait pas d’assainissement, mais la gestion du compost reste

difficile. En ce qui concerne le squat de Bègles, il n’y avait pas de toilette. Nous avons déjà

installé depuis mars une cabine, c’était un prototype. Actuellement, avec les familles, nous

installons une cabine de plus, mais je sais qu’ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque

caravane. Or nous avons quelques difficultés, il y a des dégradations sur les équipements

comme le système de rejet des eaux usées. »

11. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »

Sous question : « Si oui, par quel moyen ? »

A.T. : « Peu de squats ont accès à l’électricité et c’est souvent par le biais d’un branchement

sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association que

c’est possible. Le squat de Bègles par exemple est branché au système de l’ancien bâtiment

Page 141: « L’accès à l’eau potable

140

du Lidl (situé à côté). De même, le squat de Villenave possède l’électricité. En revanche le

squat des jeunes mineurs à Bordeaux avait l’électricité, mais je me suis aperçu qu’elle avait

été coupée. »

12. D.L. : « En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions,

quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures,

sensibilisation, communication, atelier) »

Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…)

A.T. : « Depuis 2016, Dynam’eau s’intéresse à ces questions. Nos priorités sont de :

- Garantir un accès effectif à l’eau potable pour tous ;

- Accompagner les individus à une gestion durable des équipements sanitaires ;

- Proposer des formations sur la gestion et l’accompagnement des squats auprès

d’acteurs professionnels (professionnels, institutions, associations) ;

- Créer des bornes fontaines dans les lieux publics ;

- Ouvrir des bains douches et créer des toilettes mobiles.

Il y a une volonté commune d’agir sur ces problématiques en accompagnant et soutenant les

populations. C’est impliquer les populations et acteurs du territoire dans une démarche

participative pour trouver des solutions pérennes. A cet effet et par ces actions nous

souhaitons par exemple :

- Réduire les risques épidémiques ;

- Diminuer les tensions avec les riverains ;

- Faciliter l’intégration des populations ;

- Respecter la dignité humaine.

En plus, l’association met en place des formations, d’une part au près des squatteurs (hygiène)

et d’autre part, auprès d’acteurs professionnels, d’associations et d’institutions, comme par

exemple le GIP ou Médecin du monde (hygiène et santé). L’objectif est de permettre aux

squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées dans leur lieu de vie, mais aussi

de répondre au mieux aux besoins de ces populations.

Dynam’eau souhaite être un acteur intermédiaire des actions mises en place, dans le but

d’intervenir ponctuellement dans les squats. Il faut que les squatteurs ne soient pas dépendant

de cette association pour vivre dans ces lieux. Dans ce sens, Dynam’eau créée des comités

afin de suivre les actions réalisées dans les squats et assure le financement de certains

équipements sanitaires en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux.

Diverses initiatives sont actuellement en cours de réalisation comme par exemple, le chemin

des transitions (nouvelle émission de Dynam’eau) sur la Clé des Ondes (90.1) et les toilettes

se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles qui pourront suivre les déplacements des

populations vivants en squats et bidonvilles au fil de leurs expulsions). De plus, Dynam’eau

accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au

Président de Bordeaux Métropole sur change.org, dans le but de mettre en œuvre des

solutions afin de redonner à ces personnes toute leur dignité. »

13. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec cette

thématique ? (En tant qu’employé…) »

Sous question : Si oui, lesquelles ?

Page 142: « L’accès à l’eau potable

141

A.T. : « Au sein de l’association, nous sommes deux salariés outre le bureau. Maxime

s’occupe principalement de la partie internationale, car nous sommes en collaboration avec

des associations dans certains pays du continent africain. Et moi je travaille principalement

sur le cas des squats sur la métropole bordelaise. C’est le deuxième volet d’intervention de

l’association. »

14. D.L. : « Quelles sont vos partenaires associés à ces projets ? (Quelles structures

et critères d’éligibilité) »

A.T. : « Les aides sont souvent ponctuelles dans ces domaines. Il n’y en a pas assez et nous

devons en rechercher régulièrement. Or nous avons le soutien financier et l’appui du

département de la Gironde. Nous avons reçu des financements provenant du trophée de

l’Agenda 21 de Bordeaux (1300 euros), mais aussi de la région Nouvelle-Aquitaine à hauteur

de 4000 euros environ. Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services

de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. De plus, les formations peuvent être sources de

financement. Enfin, nous sommes aussi soutenus financièrement par Bordeaux Mécènes

Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. »

15. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs

concernés par ces questions sur le territoire ? »

Sous question : Si oui, lesquelles ?

A.T. : « Oui nous travaillons avec un nombre important d’acteurs sur le territoire de Bordeaux

Métropole. Il est difficile de prendre en charge, seul, ces sujets lourds et complexes. Nous

travaillons avec des acteurs publics comme les communes de Bordeaux et de Bègles,

Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. Ensuite, il

y a aussi des acteurs privés spécialisés dans les services de l’eau, comme SUEZ et la

Lyonnaise des eaux. Puis nous avons d’autres acteurs qui nous soutiennent comme certaines

associations : France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons

Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. »

16. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en

matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau

de la ou des communes ? »

A.T. : « Il paraitrait qu’il existe 87 toilettes publiques sur la métropole, mais il ne me semble

pas. En tout cas, je pense qu’elles ne sont pas toutes en service. Concernant les fontaines au

final, elles ne sont ouvertes que la moitié de l’année, l’hiver elles sont fermées. En revanche,

les communes de Bordeaux et Bègles se penchent de plus en plus sur ces thématiques, vous

avez les exemples de :

- La construction de trois établissements prioritaires d’insertion exclusivement dédiés

aux immigrés Bulgares et Roumains ;

- La mise en place d’actions sociales au travers différents centres d’accueil ;

- La Lyonnaise des eaux, quant à elle, fait preuve de plus de flexibilité. C’est-à-dire que

pour un raccord au réseau public l’autorisation du propriétaire du logement n’est plus

nécessaire ;

- L’élaboration de réunions multi acteurs, d’une part sur les conditions de vie dans les

squats à Bègles, et d’autre part, sur l’amélioration des points d’accès à l’eau publique

à Bordeaux (en collaboration avec SUEZ, le LIR et Dynam’eau) ;

- L’offre et l’installation de fontaines et de toilettes publiques.

Page 143: « L’accès à l’eau potable

142

D’après, les analyses que nous avons réalisé les trois communes les plus touchées par les

squats et les bidonvilles sont Bordeaux, Bègles et Mérignac. On peut notamment le remarquer

sur la carte que je vous ai transmise. En général les institutions et plus particulièrement

Bordeaux Métropole à tendance à déléguer ces questions auprès d’autres acteurs locaux

comme des professionnels ou des associations. »

17. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire

d’intervention sont-elles suffisantes ? »

A.T. : « Je pense que c’est en bonne voie. Quelques communes commencent à s’y intéresser

car ça touche aussi leurs habitants et de plus en plus d’associations s’intéressent à ces

thématiques. La preuve, nous venons de créer le collectif Action Bord’eaux. Mais je trouve que

ce n’est pas suffisant, il nous faut plus de financements venant des institutions et plus de

soutien par exemple. »

18. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans ces lieux ? (Immigrés,

militants…) »

A.T. : « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, de même pour

les populations qui y vivent. Le public est très varié et tourne souvent (population mobile). Cela

peut être un logement contraint, destiné souvent au logement, car des populations n’ont pas

d’autres choix que de dormir dans ces lieux. Elles préfèrent même dormir dans des squats

plutôt que dehors, pour des raisons de sécurité par exemple. Ce sont par exemple des

immigrés, des réfugiés, des jeunes mineurs isolés, des familles, des étrangers, des SDF, etc.

Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté.

J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme car ils n’ont pas accès à l’éducation et qu’ils ne

peuvent pas travailler (notamment les immigrés). Mais ça peut être aussi un logement voulu,

ayant un intérêt de revendication pour les gens qui y vivent. Ce sont par exemple des militants,

des résistants, des SDF ou des zadistes. »

19. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus

dans ces squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et

environnemental des individus) »

G.M. : « Des milliers de personnes n’ont toujours pas accès à cet élément vital et à ce droit

fondamental. On estime à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats

et bidonvilles. La plupart de ces personnes n’ont pas un accès à l’eau potable et/ou à un

assainissement décent. Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et

d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en

sont exclues. Au-delà des conséquences sanitaires, le manque d’accès à l’eau contraint les

individus à une exclusion économique et sociale. »

A.T. : « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au

minimum vital. On peut parler de pauvreté aussi. Mais certains sont aussi mieux lotis que les

autres. Par exemple, le squat de Bègles est insalubre, avec des déchets partout. Quand il

pleut, ça doit être difficile. »

b) Retranscription entretien avec le Squid

Date : 25/04/18 à 10h30 au squat le Squid (10 rue Charles Domercq, Bordeaux)

Nom de la personne : Alex (homme, environ 35 ans)

Contact (tel., mail) : Se rendre à l’adresse n’importe quand.

Page 144: « L’accès à l’eau potable

143

Statut : Possédant un rôle au sein du squat mais pas structuré en association (sécurité)

Quelle structure ? Squat du Squid

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteurs internes, car situé dans la

commune de Bordeaux (quartier de la gare Saint-Jean)

________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à l’eau

potable en France vous intéresse ? »

A. : « Je suis à la rue depuis longtemps et du coup je suis venu sur Bordeaux car je savais

qu’il y avait possibilité de loger dans des squats. Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas

trop le choix. »

2. D.L. : « Dans quel squat vivez-vous ? »

Sous question : Savez-vous à quelle fin ce squat a été créé ? Réalisez-vous des actions

en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité au sein de ce lieu ? (Dans les

domaines cités ci-dessus)

A. : « Je vis sur Bordeaux depuis 18 ans. Et le squat du Squid qui a été créé et ouvert

précisément le 2 décembre 2017. Du coup il a été créé dans une optique de solidarité et pour

tous. Pour tous ceux qui n’ont pas de toit, qui ne savant pas où aller, même s’il n’y a pas trop

de place ici. »

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de ce squat ? (Dates, nombre

de salariés…) »

A. : « Depuis décembre, nous investissons ce lieu. Nous sommes à côté de toutes commodités

ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public. Il a été racheté à la SNCF par

Bordeaux Métropole. Il est prévu que nous soyons expulsés en juillet, car cet immeuble est

voué à la destruction pour réaliser un hôtel. Avant ils devaient y avoir les locaux du projet

Euratlantique. C’est un quartier qui se développe de plus en plus au niveau touristique. »

4. D.L. : « Connaissez-vous d’autres squats sur le territoire de Bordeaux Métropole

? »

A. : « Oui quelques-uns comme la Vida Loca à Cestas ou la Ruche destinée aux jeunes

mineurs isolés à côté de la Victoire. »

5. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »

Cf. carte de la localisation des squats connu par les acteurs ressource.

6. D.L. : « Selon vous, le squat du Squid est de quel type ? (Lié au logement, au

militantisme…) »

A. : « C’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de

passage et chaque jour différentes personnes viennent loger ici. Nous sommes à chaque fois

entre 10 et 30 personnes. Les idées que l’on veut véhiculer sont celles de la solidarité, du vivre

ensemble et du partage. Comme tu peux le voir, c’est un immeuble en dur. Il n’est pas

insalubre, même s’il mériterait d’être rénové. »

7. D.L. : « Ce squat est-il muni d’un point d’accès à l’eau potable ? »

Sous question : Si oui, quel est le système d’accès à l’eau existant ?

Page 145: « L’accès à l’eau potable

144

A. : « Oui on est raccordé au réseau d’eau potable public. Il n’y a pas de fuites à ma

connaissance. Et on a l’eau chaude aussi, mais bon pour vingt personnes il n’y en a pas pour

tout le monde. Après on a eu une autorisation. »

8. D.L. : « Le bâtiment dans lequel est organisé ce squat, est-il muni de toilettes ? »

Sous question : Si oui, dans quel état est-il ?

A. : « Il y en a deux toilettes, une au rez-de-chaussée à côté de la salle de bain et une à l’étage.

Elles fonctionnent et il n’y a pas de fuites. »

9. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »

Sous question : Si oui, par quel moyen ?

A. : « Pareil, on a l’électricité vu que c’est un immeuble appartenant à l’Etat. »

10. D.L. : « En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions,

quels moyens, procédés, intervenez-vous au sein du squat ? (Infrastructures,

sensibilisation, communication, atelier) »

Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…)

A. : « On met en place pas mal d’activités et nous proposons aussi quelques services (aide à

la personne par exemple). Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités comme

de la photo, du self défense, des ateliers massage, de l’informatique ou des initiations aux

instruments de percussions. Mais ça n’a pas trop marché du coup on propose plus que self

défense et photo. Après, on a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement,

à tous ce qui est administratif et professionnel (recherche d’emploi). C’est comme un espace

dédié au conseil. Ensuite on a créé un free shop avec des vêtements et des livres. Puis on fait

pas mal de récup au marché des MIN et dans divers endroits, ce qui nous permet de nourrir

tout le monde et de maintenir le lieu en bon état. »

11. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, quel est votre rôle au sein de ce lieu ? »

Sous question : « Si oui, lesquelles ? »

A. : « Ce squat est organisé sous forme de communauté donc chacun à un rôle à jouer. Tout

le monde doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. C’est essentiel

pour que ça fonctionne et pour ne pas avoir de problèmes avec les voisins ou la commune. Je

dirai que mon rôle en particulier est de garder les lieux en « sécurité », un peu comme de la

surveillance. Nous ne voulons pas que ce lieu devienne mal sain, où les gens se droguent,

boivent et ou la convivialité n’est pas possible. »

12. D.L. : « Ce squat est-il accompagné par des acteurs concernés par ces questions

sur le territoire ? »

Sous question : Si oui, lesquelles ?

A. : « Oui de temps en temps mais ce n’est pas permanent. Des associations comme la

CIMADE et Médecin du Monde nous rendent visite et nous transmettent quelques infos pour

l’espace conseil par exemple. Après bien sûr la ville de Bordeaux nous autorise aussi à vivre

dans ce lieu jusqu’au mois de juillet. Mais en règle générale, ils nous laissent nous débrouiller

tout seul. Des voisins de temps en temps viennent nous rendre visitent aussi et nous donnent

des vêtements, de la nourriture. »

Page 146: « L’accès à l’eau potable

145

13. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en

matière d’accès à l’eau près du squat, ou plus généralement au niveau de la ou

des communes ? »

A. : « Vu qu’on a l’eau ici, on en a pas besoin. Après il y a des toilettes publiques le long des

quais de la Garonne et des toilettes dans la gare. Je sais qu’il y a des bains douches dans

Bordeaux et quelques bornes fontaines (sur les quais par exemple). »

14. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur Bordeaux

Métropole sont-elles suffisantes ? »

A. : « A mon avis non car il y a beaucoup de gens qui vivent dans la rue et dans les squats.

Ce qui serai bien peut-être, serai de les sortir de la rue et de monter des programmes de

réinsertion, voire des squats comme le nôtre. »

15. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans ce lieu ? (Immigrés,

militants…) »

A. : « Un peu de tout, mais principalement des SDF, des jeunes mineurs isolés, des immigrés

ou des réfugiés. C’est un lieu de passage donc quelquefois on voit des gens qui partent vivre

dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont

difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux. »

16. D.L. : « Comment faites-vous pour boire, cuisiner, se doucher et pour faire vos

besoins ? »

A. : « L’immeuble a tout ce qu’il faut. Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons

meublé et équipé avec les moyens du bord. En face de la cuisine, il y a les toilettes qui sont

en bonnes état et la chasse d’eau fonctionne, pareil en haut. Puis, on a aussi une salle de bain

avec une grande baignoire et de l’eau chaude. Donc nous n’avons pas à nous plaindre. »

17. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus

dans ce squat ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et

environnemental des individus) »

A. : « Nous vivons dans un endroit qui n’est pas insalubre, mais un peu délabré. Certes les

gens tournent et le nombre de personnes dans ce squat peu varier, mais il y a toujours de la

place. Aux étages des gens vivent en permanence dans ce squat, ils le gardent en bon état.

Et au rez-de-chaussée, nous avons deux chambres avec des lits superposés où des gens en

galère de logement peuvent venir une, deux, trois nuits par exemple. Tout est en état de

marche, il y a l’eau et l’électricité. Nous avons pas mal de meubles grâce aux récups, donc

c’est équipé. Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport

aux autres squats où j’ai vécu. »

c) Retranscription entretien avec Médecins du Monde

Date : 16/05/18 à 11h00 au bureau de l’association (2 rue Charlevoix de Villiers, Bordeaux)

Nom de la personne : Morgan Garcia

Statut : Salarié, Coordinateur mission squat

Quelle structure ? ONG Médecins du Monde (travaille dans la structure depuis 7 ans)

Page 147: « L’accès à l’eau potable

146

Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de la région :

« Médecins du Monde Aquitaine » et plus particulièrement à Bordeaux Métropole

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et

intervient sur tout le territoire

__________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à

l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »

M.G. : « Mission squat de MDM cherche à améliorer l’accès aux soins, aux droits et à la

prévention des personnes qui sont en habitats précaires sur la Métropole de Bordeaux. On

intervient sur certaines squats et bidonvilles et on a fait le constat que les conditions sanitaires

déplorables que l’on à rencontré les plus souvent, avait un effet néfaste sur la santé de nos

patients. L’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement sont des éléments majeurs de la

santé et c’est à ce titre que l’on s’intéresse à ces thématiques. Concernant les conséquences

de l’absence de point d’eau et d’un système d’assainissement, les personnes le plus

souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat pour s’alimenter en eau

de vaisselle, de machine à laver, de toilettes, etc. C’est une eau qui n’est pas destiné à

l’alimentation. Tu imagines les contraintes que représentent le fait de na pas avoir d’eau à son

domicile ça veut dire parfois prendre un véhicule pour aller chercher de l’eau, remplir des

bidons qui sont extrêmement lourds. Souvent ce sont les femmes et les enfants qui le font,

mais ça peut être aussi dangereux lorsque la borne à incendie de l’autre côté de la route par

exemple. Se pose aussi le risque d’incendie lorsqu’il n’y a pas d’eau. Puis ça impacte

directement l’hygiène, lorsqu’on est rationné en eau on se lave moins souvent les mains, on

fait sa toilette moins souvent, etc. et ça a une incidence sur la santé, notamment sur la

propagation de virus, d’épidémie. Après, il y a très peu de documentations sur le sujet et sur

ces données épidémiologiques complexes, car la condition des individus vivant en bidonville

est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres

facteurs exogènes. »

2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau

? »

Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la

précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)

M.G. : « Nous on cherche à réfléchir le positionnement de l’action publique sur la question de

l’accès à l’eau dans l’es lieux occupés sans droit ni titre. Un certain nombre d’articles de lois

en droit national dans le code l’environnement, dans le droit général des collectivités

territoriales mais aussi dans des textes, des traités internationaux qui ont été ratifiés par la

France comprenant des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait

avoir accès à l’eau potable. Dans les faits, malheureusement on compte beaucoup de

personnes qui n’ont pas accès à ce droit fondamental. Le rôle de MDM est de faire changer

les pratiques pour que ces personnes puissent avoir accès à l’eau. En développant des

connaissances, en montrant la plus-value pour les collectivités, pour les propriétaires, etc.,

afin que les choses bougent petit à petit. On à pas mal progressé sur la question avec

Dynam’eau. Pour ce qui est de la précarité, MDM est une organisation médicale et sanitaire

qui intervient auprès de personnes en situation de précarité. La précarité pour nous est

protéiforme. On va travailler en lien avec des associations et des institutions pour tout ce qui

concerne les compétences, mais on peut aussi avoir des plaidoyers concernant l’accession

au logement. »

Page 148: « L’accès à l’eau potable

147

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates,

nombre de salariés…) »

M.G. : « MDM est présent en Aquitaine depuis 1986. Nous avons créé le premier CASO

(centre d’accueil, de soin et d’orientation) de la région. Et c’est à l’époque que l’on a montré

que certaines personnes n’avaient pas accès à la santé et qu’on avait porter la preuve qu’il y

a des réponses adéquates. Il existe d’autres dispositifs comme les PAS (Programme d’accès

aux soins et à la santé) mais qui ne sont pas en nombre suffisant. Actuellement, le CASO est

toujours ouvert (deux ans plus tard). Et le nombre de patients augmente sans cesse chaque

année. MDM mène aussi des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité

(prostitution, drogue, exclusion) et en habitats précaires, c’est l’évolution de la mission ROME

ouverte en 2012. »

4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la

ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette

structure ? »

Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?

M.G. : « Ça fait longtemps que j’ai un pied dans les squats. J’avais connaissance de ces

problématiques avant de travailler à MDM, car j’ai fait du bénévolat dans cette ONG et ensuite

je suis parti travailler à Mayotte au niveau international. »

5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole

? Sachant qu’il existe une carte sur framacarte… »

M.G. : « On a fait un recensement des squats sur Bordeaux Métropole d’ailleurs tu peux voir

trois cartes affichées au mur, avec chacune une légende. Une sur l’accès à l’eau potable dans

les squats, une sur l’existence ou non de toilettes, une autre concernant le ramassage des

déchets, puis une sur l’électricité. On a recensé un nombre important de sites, mais nos

ressources ne nous permettent pas d’intervenir partout donc on va intervenir sur ceux qui ont

le plus de besoins, de nécessités. Après on garde une marche de manœuvre sur sollicitation

de partenaires ou en cas d’urgence. »

6. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »

M.G. : « Aujourd’hui on intervient auprès de demandeurs d’asile, des saharaouis qui ont été

expulsés du lieu qu’ils occupaient au 53 rue Deschamps. Ils se sont déplacés sur la commune

de Pessac. On intervient aussi à Bègles auprès de populations Bulgares dans un hangar sur

une zone commerciale. On va également dans un « bidonville » à Villenave-d’Ornon où vivent

des personnes originaires de Roumanie. Ce n’est pas exactement dans un château le squat,

c’est dans le parc qui ceinture une demeure bourgeoise du 19ème siècle et les personnes vivent

dans des cabanes. »

7. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au

militantisme…) »

Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ?

M.G. : « Nous on cherche à favoriser l’accès aux soins, aux droits et à la prévention donc on

va aller à la rencontre de personnes qui sont éloignées. Ce sont souvent de petits squats où

les personnes peuvent être en situation de précarité. Après on est très en lien avec les

« ouvreurs de squats », les militants, dans la mesure où ces personnes peuvent ouvrir des

lieux dans l’optique de loger des personnes qui sont dépourvues de logements. En 2017, pour

te donner une idée, on orientait une cinquantaine de personnes. Sachant que ceux que j’ai

Page 149: « L’accès à l’eau potable

148

cité tout à l’heure sont tous des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères,

donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. Les

saharaouis sont aujourd’hui dans un ancien ehpad sur la commune de Pessac dont le

propriétaire est le CHU X. Arnozan de Bordeaux. Il avait déjà fait l’objet de tentative de

réquisition par des militants et les sahraouis sont en contact avec eux. »

8. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-

ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »

Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ?

M.G. : « Souvent les squats privilégient les branchements dits sauvages au réseau public ou

à des bornes pour avoir accès à l’eau. Dans le squat à Bègles, il n’y a pas d’accès à l’eau.

Pour ce qui est de Villenave-D’ornon, ils sont effectivement branchés à une borne à incendie.

Si dans l’habitation il y a un compteur, les personnes vivant dans le lieu, même sans bail,

peuvent souscrire à un abonnement sans l’autorisation du propriétaire en fournissant un RIB

et leur identité. Aujourd’hui à SUEZ il y a une politique d’acceptation de ces demandes. En

revanche le fait d’installer des canalisations sur le terrain ne peut se faire sans l’accord du

propriétaire. »

9. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point

d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-

douche) »

Sous question : Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs

besoins ?

M.G. : « Ça dépend de quel type d’eau on parle. Pour ce qui est de l’eau de boisson, très

souvent ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de packs. Pour ce

qui concerne l’eau de toilette, de lessive, ces personnes vont soit se brancher à une borne à

incendie, soit ils vont aller chercher l’eau dans des toilettes publiques, à des robinets dans les

parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques

bain-douche qui sont prévues pour recevoir des personnes qui n’ont pas accès à des douches.

Il s’agit de personnes en situation de grande précarité ou des touristes. On a aussi là une

mixité des publics qui est parfois difficile à gérer pour les collectivités donc ces structures sont

recensées. En revanche les bornes fontaine ne le sont pas, l’application Eaupen permet de

recenser ces équipements, mais c’est participatif et c’est loin d’être exhaustif. Après, pour ce

qui est des robinets dans les cimetières par exemple, il me semble qu’ils ne sont pas

recensés. » http://www.eaupen.net/liberons-les-robinets/

10. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de

toilettes ? »

Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ?

M.G. : « C’est très variable, on a des squats dans lesquels il y a des toilettes, en général ce

sont des logements vacants avec un petit nombre d’occupants, voire familiale. On arrive à

mettre l’eau car en général les toilettes sont en état de fonctionner. De manière générale pour

les grands squats il n’y a pas de toilettes malheureusement. Ce qu’on constate c’est qu’ils

construisent des latrines sommaires avec une cabane ou en creusant un trou dans le sol,

après ils rebouchent et en refont un à côté, mais aussi parfois des défécations à l’air libre.

Après en fonction de la situation géographique, il y a des personnes qui vont se rendre dans

des toilettes publiques. J’ai à l’esprit la situation d’une personne qui était inscrite à MDM qui a

été empoté des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. Il

était obligé d’utiliser des toilettes à proximité du squat or il allait dans un bar à Saint-Michel et

Page 150: « L’accès à l’eau potable

149

il devait y aller en fauteuil roulant alors que c’est de l’autre côté de la Garonne. Alors il essayait

de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. »

11. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »

Sous question : Si oui, par quel moyen ?

M.G. : « Dans le squat situé dans l’ancien ehpad à Bègles, il n’y a pas non plus d’électricité.

De même à Villenave-d’Ornon, ils n’ont pas d’électricité. C’est très rare qu’il y ait sur les lieux

un compteur et qu’ils aient un abonnement, comme c’est le cas au squat Quai de la Souys à

Bordeaux et dans d’autres squats plus petits. Dans le cas où c’est un logement vacant on

arrive souvent, à le brancher au compteur avec un abonnement car il est existant. Après

souvent les personnes installent des groupes électrogènes s’ils ont les moyens d’en acheter

un pour avoir un minimum d’électricité. Et parfois ils fabriquent des branchements de fortune

relié au réseau via des lampadaires par exemple. »

12. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus,

par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ?

(Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »

Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…)

M.G. : « Sur ces questions-là on ne bosse pas avec les gens, on a plus un rôle d’intermédiaire,

de plaidoyer en direction des décideurs. Nous lançons actuellement une démarche

participative. Aujourd’hui, on intervient sur place par des entretiens individuel avec les gens à

travers des consultations sociales, de prévention et médicales. Nous faisons aussi de

l’information collective comme des focus groupes pour certains sujets comme l’accès à l’eau

et l’hygiène. Le cœur de nos activités va vraiment être de plaidoyer en direction de SUEZ, du

service de l’eau, de la préfecture et des institutions par exemple (selon leurs responsabilités). »

13. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec ces

thématiques ? »

Sous question : Si oui, lesquelles ?

M.G. : « Donc je suis Coordinateur de la Mission Squat au sein de MDM. Dans ce projet on

intervient donc uniquement sur les squats et les bidonvilles du territoire, que ce soit sur la

question des soins, de la santé ou bien de l’accès à l’eau. »

14. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et

critères d’éligibilité) »

M.G. : « Pour ce qui est des squats quelques actions me viennent à l’esprit. Ces actions sont

souvent ponctuelles et mobiles. Je pense donc à des actions : liée à l’information et

l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique (ex : aide dans les démarches

administratives) ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ;

au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. Nous effectuons environ quatre

visites par semaine dans les squats avec lesquels nous travaillons. Actuellement pour 23

bénévoles, il existe 456 bénéficiaires dans les squats environ. Nous avons même une adresse

mail entièrement dédiée à cette mission : [email protected]. »

15. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs

concernés par ces questions sur le territoire ? »

Sous question : Si oui, lesquelles ?

Page 151: « L’accès à l’eau potable

150

M.G. : « Donc pour les squats nous avons des actions conjointes avec le CASI (Comité

d'Action Sociale) notamment sur la santé et la sexualité. On échange énormément avec le GIP

Bordeaux Médiation et notamment leurs deux médiateurs. On travaille ensuite avec la LDH

(Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau

éducation sans Frontières. On est très en lien avec les MDSI (Maisons Départementales de la

Solidarité et de l'Insertion) pour ce qui est du volet social. On est aussi en lien avec les

Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes comme celle

de Bordeaux. Nous avons aussi le soutien du département et de la région. On travaille avec

beaucoup de partenaires. Je peux donner l’exemple de Dynam’eau et du collectif Action

Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe (Architectes sans Frontières, France

Liberté). Puis on travaille également avec l’association Tripote et Mascagne qui cherche à

améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité. On travailler

aussi avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. Enfin, on a interpelé

un certain nombre d’élus sur ces questions car cela rentre dans leur champ de compétences. »

16. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en

matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau

de la ou des communes ? »

M.G. : « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les

communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant et une partie de notre

plaidoyer consiste à demander que ces types de structures soient multipliés.

Malheureusement pas ou de manière insuffisante, lorsqu’on les interpelle ou qu’on les invite à

des réunions ils peuvent dépêcher des représentants. Cependant, ils sont très peu proactifs

et on n’a pas le sentiment qu’ils nous tendent la main sur ces questions-là. C’est nous qui

devons les solliciter. Les choses ont beaucoup changé depuis qu’on a commencé à travailler

sur ces thématiques. Il y a une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la

part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. »

17. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire

d’intervention sont-elles suffisantes ? »

M.G. : « Non car nous intervenons avec Dynam’eau sur seulement quelques squats.

Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences qui leurs font

actuellement défaut. Elle est loin de pouvoir couvrir tous les besoins. Pour ce qui est de MDM,

c’est un peu la même chose car nous fonctionnons avec une équipe de bénévoles, ce qui fait

que nous ne sommes pas disponible tout le temps et que nous ne pouvons pas couvrir tous

les squats. Au-delà de l’accès à l’eau, il y a d’autres sujets qui nous préoccupent. Quant aux

pouvoirs publics, on a réussi à les faire avancer sur un certain nombre de questions. Pour ce

qui est des gros squats, où le nombre d’occupants est important, on est toujours loin du

compte. Il y a encore plusieurs centaines de personnes sur le territoire qui n’ont toujours pas

accès à l’eau. »

18. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès

à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »

M.G. : « Je pourrai te montrer les graphiques CSP issus de notre base de données. Les publics

sont très variés. Dans les années 50/60, c’était essentiellement des personnes venant de la

Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, c’était des personnes qui venaient plutôt du

Maghreb (Maroc et surtout Algérie). A partir de la fin des années 80/90, ce sont plutôt des

personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de

nationalités représentées, comme la Jungle de Calais par exemple. Ce sont des personnes

originaires de différents continents et à Bordeaux, les populations les plus représentées sont

Page 152: « L’accès à l’eau potable

151

originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de

d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants

communautaire, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes

seules, des familles ou de personnes âgées. C’est très variable et ce sont souvent des

personnes exclues de leur ancien logement. Si elle se retrouvent en squat, c’est parce qu’elles

sont contraintes de le faire pour éviter de dormir dehors. »

19. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus

dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et

environnemental des individus) »

M.G. : « Il n’y a pas de squats type. S’ils sont légendés, c’est que les situations sont très

diverses. On a des squats où il y a déjà des toilettes reliées au réseau ou bien des latrines

sont construites. Il y a d’autres squats où les toilettes sont absentes, pareil pour l’électricité ou

les déchets. Quand il s’agit de logement, les conditions sont précaires mais plus ou moins

digne, après ça peut être catastrophique. Voici quelques photos qui en témoignent... Par

exemple, un entrepôt n’est pas un lieu prévu pour l’habitat, pourtant des personnes ont

construites des cabanes à l’intérieur. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. De même, il n’y a pas

d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques

chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. Pourtant la Cour

Européenne des droits de l’Homme considère ces lieux comme des « domiciles », mais bon

ils ne sont pas prévus pour l’habitat car ce sont des baraquements de fortunes. Il y a même

des familles qui habitent dans des vestiaires d’un stade de foot. Enfin, les personnes

lorsqu’elles le peuvent, achètent des caravanes délabrées (mauvaise état, pas de roues, plus

étanche, etc.) ce qui permet de récupérer leurs affaires le jour où elles se font expulser. Pour

ce qui est des déchets, c’est une compétence de la métropole. Nous interpelons Bordeaux

Métropole pour passer ramasser les déchets issus des squats. A Bordeaux on est plutôt bien

loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. D’un

point de vue économique, il était pertinent de ramasser les déchets car lors des expulsions il

y a moins de déchets à évacuer (cela coûte des dizaines de milliers d’euros). En général, on

arrive à obtenir que des bennes à ordures soient installées à l’entrée des squats, sauf lorsque

le squat se trouve sur un terrain privé car il faut l’accord du propriétaire. »

d) Retranscription entretien avec la Direction Eau - Bordeaux Métropole

Date : 16/05/18 à 14h00, bâtiment de la direction de l’eau, Tour d’Aquitaine

Nom de la personne : Mickael Mora

Statut : Responsable du centre eau potable à la Direction de l’eau de Bordeaux Métropole

depuis 11 ans

Quelle structure ? Direction de l’eau Bordeaux Métropole

Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et

intervient sur tout le territoire

__________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »

Page 153: « L’accès à l’eau potable

152

M.M. : « Dans les réponses que je vais vous faire il y aura peut-être parfois des choses que vous ne voudrez pas entendre. N’ayez pas une vision de ma part qui s’oppose au squat et à l’accès à l’eau de ces populations, car ils en ont besoin. Je ne tape pas sur le dos des gens qui ouvrent des squats, qui les gèrent et qui accueillent des d’autres personnes. Aujourd’hui, notre structure doit faire respecter un règlement de service « eau potable » et c’est aussi la loi. L’eau doit être comptabilisée et doit être facturée pour tout le monde, pour toutes les usagères et tous les usagers. Il y a donc un principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde (pas de prix différents). Cependant, il y un principe tarifaire dissuasif sur la métropole pour inciter à moins consommer qui repose sur des tranches tarifaires selon la consommation comptabilisée. Donc effectivement, les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau. D’autre part, ça a un lien avec d’autre compétence du service de l’eau, notamment concernant la compétence de défense extérieur contre l’incendie et à ce titre là ça veut dire que l’on est propriétaire et responsable de tous les équipements de lutte contre l’incendie sur le territoire. Ces équipements sont destinés au service de secours et quand quelqu’un se branche sur ces bornes à incendie, c’est une utilisation vertueuse. D’une part, elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, cela peut mettre la vie des gens qui sont à proximité. Je parle de ça et j’insiste, car lorsque l’on parle d’accès à l’eau sur la métropole, il existe des branchements sauvages. Ce n’est pas du tout péjoratif car je suis sensible à ces thématiques, mais ils prélèvent de l’eau illégalement sur le réseau public. Puis, ça me concerne aussi sur le volet social, car on a quand même une vision sociale dans ce service. Depuis 2013, dans le contrat de concession un dispositif existe qui est le chèque Eau par le biais des CCAS, qui vise à accompagner les usagers quels qu’ils soient, dans le paiement de leurs factures et de leurs consommations. Ces personnes doivent être éligibles pour bénéficier du chèque. Certains squatteurs payent leurs abonnements, on en connait, il y en a. Il y a aussi un autre volet, comprenant plus un aspect de solidarité internationale avec des appels à projet et de coopération décentralisée dans le cadre d’accords et d’un échange avec le Mexique, le Maroc, le Brésil, etc. Après là je m’éloigne un peu des squatteurs de Bordeaux Métropole car ça dépasse nos frontières. Il y a donc des volets sociaux auprès de toutes les populations vivant sur la métropole et même à l’international. »

2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau sur la métropole de Bordeaux ? »

Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »

M.M. : « On a pour mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. Le contrat est délégué à SUEZ Eau France et se clotura le 31 décembre 2021. Il est de type concession, à l’intérieur duquel SUEZ assure à la fois les investissements des équipements, la maintenance (gestion des services) et la distribution de l’eau. Dans ce sens, SUEZ se rémunère sur la base des factures d’eau auprès des usagers. Concernant l’assainissement collectif sur la métropole nous sommes en contrat de type affermage, dans lequel la collectivité est l’autorité organisatrice et assure les financements du service. Tandis que la gestion et le contrôle du service est confié à un prestataire privé, en l’occurrence SUEZ. Pour info, à partir de 2022 le service de l’eau va passer sous un contrat d’affermage, donc c’est-à-dire que la collectivité, autorité organisatrice, reprendrai la maitrise d’ouvrage de tous les investissements et confira à une entreprise privée la gestion du service (maintenance et distribution). Notre rôle est de veiller au bon fonctionnement des équipements du service de l’eau et justement de veiller à ce qu’ils soient toujours en état de marche selon les critères de débit pression qui répondent à une norme et qui est attendu pour les service de secours, pour les techniciens des villes de la commune par exemple. Puis, nous travaillons sur un service d’eau destiné à l’industrie en utilisant une eau de substitution à l’eau potable. Après, pour ce qui est des volets sociaux rentrant donc dans le cadre de la lutte contre les

Page 154: « L’accès à l’eau potable

153

situations de précarité et de pauvreté, nous bénéficions d’un budget de 400 000 euros, même si la totalité du budget n’est pas dépensé. On est loin du compte parce que c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. »

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? »

M.M. : « La métropole se compose de 28 communes aujourd’hui. Le fournisseur d’eau sur la métropole, c’est Bordeaux Métropole. On est sous la marque Eau Bordeaux Métropole avec l’eau potable, l’eau industrielle, l’assainissement collectif et non collectif. Concernant, le service de l’eau, il relit 23 communes et 5 communes ne sont pas concernées par ce service. Il y a à la fois la collectivité (Bordeaux Métropole) et les délégataires quand il y en a. On se trouve dans le Bassin Versant Adour-Garonne, qui est une Agence de l’eau et qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. Dans ce sens, les projets proposés doivent toucher à des domaines précis tels que l’assainissement, la solidarité, etc. Par ailleurs, ils doivent aussi respecter les directives du SDAGE et du SAGE, ce sont des documents cadres. Nos compétences ont énormément évolué depuis la moitié du 20ème siècle. La loi MAPTAM sur les métropoles a contribuée aussi au renforcement des compétences des métropoles en 2015. Le service d’eau de Bordeaux Métropole en quelques chiffres, c’est plus de 100 captages d’eau potable. On prélève autour de 50/55 millions de m3 d’eau par an et en sont consommés 41 millions m3 d’eau environ. Par ailleurs, Bordeaux Métropole a créé une politique de l’eau depuis 2011, ce qui est innovant. Je vous en parle car ce sont des questions assez proches, l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, qu’il faut encore plus prendre en compte aujourd’hui, c’est une évidence. Vous avez raison d’insister sur le fait qu’il existe des bases de données cartographiques sur internet. On essaie de limiter les bases de données relatives à l’eau potable, parce que c’est quand même un sujet très sensible et que surtout vous avez le contexte ambiant. On limite au maximum le type et le nombre d’informations que l’on publie à ce sujet. On ne communique pas sur l’implantation des sites de production d’eau potable, sur les captages et les réservoirs. »

4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la

ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »

Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »

M.M. : « Pour être tout à fait honnête avec vous la question des squats et de l’accès à l’eau

dans ces lieux, on en parle que très récemment. Je ne dirai pas plus de trois ans. Après, les

branchements sauvages sur des bornes à incendie, on en a toujours eu, avec par exemple les

gens du voyage et petit à petit on a vue d’autres populations s’alimenter à partir de ces

équipements. C’était vraiment associer avant, aux gens du voyage, qui organisaient par

exemple de grands rassemblements (lorsque les centres d’accueil sont trop petits).

Effectivement depuis trois/quatre ans d’autres populations vivant en ville, dans des hangars

ou des logements abandonnés par exemple, se branchent sur le système d’eau public. Je

pense essentiellement au squat des sahraouis (Squat du Quai Deschamps) qui a été évacué

récemment, ça a fait les gros titres. Il y avait déjà eu un incendie dans ces locaux en 2016,

puis un second a eu lieu il n’y a pas longtemps. J’ai eu peur car le fait d’être brancher à un

poteau à incendie pouvait empêcher les secours d’intervenir dans le squat. Puis, pour ce qui

est de notre perception (je ne suis pas tous seul dans l’équipe), on a été sensibilisé par des

associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On a été amené à travailler avec elle,

sans réel succès, parce qu’on se heurte assez rapidement et toujours au même problème, qui

est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers auquel j’ai du mal à déroger.

Moi je suis agent public de la métropole, il y a une politique qui existe et que j’applique. Cette

politique aujourd’hui est basée sur ce principe d’égalité. Demain, s’il y avait une politique

Page 155: « L’accès à l’eau potable

154

différente basée sur un réel accompagnement des populations défavorisée, telles que les

populations vivant en squat, ce dispositif serai pris en charge par l’investissement des services

publics et je serai le premier à la mettre en application. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, quand

Dynam’eau ou Médecins du Monde nous invitent et que l’on est autour d’une table. Si l’on

refuse d’installer avec SUEZ, un branchement dans un squat, c’est que les services de l’eau

ne peuvent pas, car il faut qu’une personne souscrive à un abonnement, qu’elle soit solvable

et qu’elle signe un contrat. Si je n’ai pas un tiers bien identifié et si j’envoie les factures d’eau,

il n’y a personne qui existe derrière et donc je ne peux pas créer de branchement. Je suis

conscient que ce type de réponse peut hérisser le poil à des associations comme celles que

j’ai cité. Cependant, de notre côté nous on atteint assez rapidement nos limites. Pour autant,

cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme un

tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs ou

concernant la répartition d’eau par individus. »

5. Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? M.M. : « Je vous ai cité celui des sahraouis. Il y en avait un il me semble dans un immeuble vers Lucien Faure qui a été évacué récemment, parce qu’ils provoquaient des nuisances chez les voisins et notamment des inondations. Il y en avait un sur Bègles, dans un hangar ou une ancienne discothèque je ne sais plus exactement. Je ne sais pas s’il existe encore, mais il y en avait un qui était situé proche d’un lieu de captage d’eau potable. C’est-à-dire qu’outre la problématique de l’accès à l’eau, il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système d’assainissement collectif. Ça veut dire que tout était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, on peut imaginer des pollutions assez rapides de l’eau. Cette problématique-là était aussi assez sensible. Voilà les squats que j’identifie rapidement dans ma mémoire. On parlait de celui de Bègles, si ça se trouve il n’existe plus aujourd’hui. Le squat auquel moi j’ai eu affaire, avec l’actualité aussi qui y joue, est le camp des sahraouis, Quai Deschamps. Effectivement il a fait l’objet d’une évacuation il y a deux semaines je crois suite à l’incendie. »

6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »

Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » M.M. : « Ceux que je connais, ce sont des squats où on retrouve des réfugiés politiques comme les sahraouis, mais aussi des populations qui ont fuient le régime de leur pays, voire une guerre. C’est essentiellement ça, à ma connaissance. Donc on peut dire effectivement que ce sont des logements contraints où des réfugiés vivent. »

7. D.L. : « Les squats que vous connaissez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »

Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer leur type ? » M.M. : « A l’intérieur des squats ils ne possèdent pas de points d’eau, cependant ils sont souvent raccordés par des branchements à des bornes à incendie par exemple. Pour faire la différence, celui du Quai Deschamps ne possédaient pas de raccordement à l’eau potable et pour y remédier ils se sont branchés à une bouche à incendie, avec la problématique que j’ai évoqué tout à l’heure. Sinon, il y a peut-être Bègles qui lui était branché, il y avait un tiers identifié comme la personne redevable de l’abonnement. Après les autres, il ne me semble pas. Quand je parle de point d’accès à l’eau potable, pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Sinon, le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. »

Page 156: « L’accès à l’eau potable

155

8. D.L. : « De même, possèdent-ils l’électricité au sein des locaux ? »

Sous question : « Si oui, par quel moyen ? » M.M. : « Je ne sais pas s’ils possèdent l’électricité. »

9. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »

Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…) »

M.M. : « Encore une fois, que ce soit dans un squat ou n’importe où ailleurs, si un usager

souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement.

Toujours est-il, qu’il faut pouvoir communiquer les informations nécessaires pour que l’usager

puisse s’acquitter du montant des factures d’eau. Faute d’absence de tiers, on ne délivre pas

d’eau potable. Il n’existe pas aujourd’hui, pour le service public de l’eau potable, d’autres

moyens que la création d’un branchement d’eau potable. On pourrait aussi évoquer le fait

d’installer des bornes fontaines à proximité des squats ou bien peut-être le fait d’installer des

toilettes mobiles, c’est un projet initié d’ailleurs par Dynam’eau (Action Bord’eaux). Aujourd’hui

nous n’avons pas ce genre d’équipements à proposer pour répondre à ces besoins

ponctuels. Un squat qui est définitif, ce n’est pas une solution, mais bon je ne suis pas non

plus spécialiste dans ce type de structure. Je me dis que faire pérenniser un squat, ce n’est

pas une solution non plus, même si c’est toujours mieux que de vivre dans la rue. Donc pas

de moyens, pas d’équipements, pas de structures à déployer, qui existeraient au service public

de l’eau potable à destination de ces populations. »

10. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec ces thématiques ? »

Sous question : « Si oui, lesquelles ? »

M.M. : « Il se trouve que c’est moi sur ce dossier, on est peut-être deux, mais on est peu

nombreux. Après, là on ne parle que de la problématique eau dans les squats, pour autant on

peut aussi parler de logement, donc de la direction de l’Habitat à la métropole qui peut

également mener des actions auprès de ces populations par décision politique. »

11. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité) »

M.M. : « Notre intérêt pour ces questions sont récentes. Aujourd’hui, faute de prise de conscience par la collectivité je dirai, je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions sur ces problématiques, mais c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. C’est bien quand même qu’il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. Parce qu’attention il ne s’agit pas, demain, de ramener une citerne à eau, de mettre un robinet et servez-vous. Il faut pouvoir offrir des solutions dans des conditions sanitaires satisfaisantes et dans le respect de la condition de ces familles. Ce n’est pas une solution satisfaisante et aujourd’hui on n’a rien à proposer. Puis, temps que le poil à gratter, ne grattera pas suffisamment fort il n’y aura rien. »

12. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ? »

Page 157: « L’accès à l’eau potable

156

Sous question : « Si oui, lesquelles ? »

M.M. : « Quand on parle du service de l’eau on parle de la métropole, mais aussi de son

délégataire, SUEZ. Elle peut également mener des actions de son côté, comme par exemple

des actions de solidarité internationale. Nous avons aussi quelques entreprises qui se veulent

innovante sur l’accès à l’eau sur l’espace public. Je pense au point d’eau public, à des

équipements comme des bornes fontaines par exemple, mais elles font rarement du social et

c’est toujours à but lucratif. On trouve rarement des entreprises qui montent ce genre d’action.

Après ça ne colle pas forcément au sujet, enfin de loin. Encore une fois, je pense que les

pouvoirs publics ont vraiment un rôle à jouer là-dedans et ce sont les premiers concernés par

ces thématiques. C’est ici qu’il faut taper à la porte bien sûr. Mais c’est aussi louable le rôle

que possèdent des associations, comme Dynam’eau ou Médecins du Monde, sur ces sujets. »

13. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par d’autres acteurs institutionnels sur le territoire, en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ? »

M.M. : « Il y a l’ARS (Agence Régionale de la Santé) parce qu’elle travaille sur des sujets tels

que la santé, l’aspect sanitaire de l’eau et du territoire. Ils sont vigilants sur les modes

d’utilisation de l’eau et sur tout ce qui est alimentaire. Je pense aux bouches à incendie où

l’eau n’est pas potable, alors qu’ils l’utilisent. Je pense aussi aux services de secours qui

sollicitent les bouches à incendie pour des urgences alors que les squatteurs s’en servent. S’ils

ont à intervenir sur un feu, il faut qu’ils aient cette information-là. Après c’est la solution la plus

facile pour eux. Puis, il y a les services de la préfecture qui sont forcément garant de la sécurité

des biens et des personnes. Nous avons aussi le département, qui a travers leur compétence

sociale peuvent intervenir. Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la

consommation d’eau. Un compteur avait été installé notamment par l’association Dynam’eau.

Dans ce sens il devait me donner les index de consommation pour que je l’ais transfert au

département et inversement pour qu’il y ait un retour. Cependant, ça n’a pas été le cas. Puis,

la région finance aussi quelques projets. Après quand je parle de collectivités locales, je pense

au politique qui a forcément un rôle à jouer sur ces questions. »

14. D.L. : « Selon vous, les actions engagées sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ? »

M.M. : « Je pense que cette sensibilisation qui est portée par des associations locales, elle est

importante et il faut qu’elle dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel

portage politique pour que ce soit suffisant. Donc il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique

pour que les choses avancent. En plus comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il y a des budgets

prévus pour cela et on sait faire des choses, environ 400 000 euros c’est pas rien. Après, il faut

vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, pour mettre en place des

moyens d’intervention efficaces. Je ne vais pas vous faire le couplet bateau de dire qu’il faudrait

peut-être régler des problèmes à l’origine pour éviter le déplacement de certaines populations

et créer des situations précaires comme on peut en observer. On enfonce des portes ouvertes

quand on dit ça. Il y a aussi des choses très bien qui existent, notamment sur tout ce qui existe

concernant la solidarité internationale ou la coopération, par le biais de métropole. On a un bon

retour d’expérience et depuis maintenant une dizaine d’années, il y a beaucoup de choses qui

ont été faites. Plus localement, au niveau social des choses méritent d’être développées car

nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. Et puis pour les squats, on a vraiment

beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les

pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. Je trouve que c’est un élément

indissociable pour réponde à la précarité mais il ne faut pas réduire ces difficultés à l’aspect

de l’accès à l’eau potable, c’est un tout. »

Page 158: « L’accès à l’eau potable

157

15. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »

M.M. : « Pour moi les gens vivant dans les squats, sont essentiellement des migrants comme

les sahraouis, sinon ce sont des populations très défavorisées. Je pense qu’ils sont peut-être

aussi issus des pays de l’est de l’Europe. Je ne possède pas une bonne visibilité de ces

populations-là. Après, hors squat il y a aussi les gens du voyage qui n’ont pas forcément accès

à l’eau. Les centres d’accueils sont une solution. Je pense aussi à des gens qui n’ont pas

accès à l’eau car c’est un choix, parce qu’ils vivent dans des zones rurales éloignées ou pour

une question de coût. Dans ce sens, le réseau de distribution est trop éloigné. »

16. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus) »

M.M. : « Encore une fois, je ne suis jamais rentré dans un squat, mais pour moi c’est un choix

de vie. Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à

désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut

devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, car il y a souvent des incendies comme au

Quai Deschamps. Ce sont souvent des lieux qui ne sont pas dédiés à l’habitation où ont été

peut-être entreposés auparavant des éléments inflammable, dangereux pour la santé souvent.

Donc il peut y avoir des risques pour ces gens. »

17. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans les squats : Savez-vous à quel point d’accès se rendent les individus pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-douche) »

Sous question : « Quels points d’accès privilégient-ils ? »

M.M. : « Je pense que le point privilégié est celui de la bouche ou du poteau à incendie. C’est

un équipement qui est facile à ouvrir et auquel il est simple de se brancher. Après pour tout ce

qui est de l’alimentation et de la cuisine par exemple, il y a les toilettes publiques, mais je ne

suis pas sûr qu’il y en ait en nombre suffisante sur le territoire. Chose qui est assez

contradictoire, c’est que souvent les populations les plus défavorisées c’est aussi celles qui

achètent de l’eau en bouteille alors que cela coûte plus cher que l’eau du robinet. Je pense

que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. Ils ont peur de boire de l’eau du

robinet (manque de confiance). En termes d’accompagnement, c’est un point à soulever. Peut-

être les sensibiliser sur ces aspects et ça peut faire partie du message à véhiculer. L’eau du

robinet est un produit de consommation très contrôlé. Pour ce qui est des bains-douches, je

ne sais pas parce que pour moi ce sont des équipements communaux, donc c’est les

communes, c’est la mairie de Bordeaux, etc. Pour moi, ce sont les agents communaux qui

assurent l’entretien de ces équipements. Cela étant, il y a de l’eau, donc un compteur, et c’est

la commune qui paye ces consommations. Cependant, il y en a très peu sur Bordeaux et

encore moins dans les communes périphériques. Ensuite, les fontaines à eau c’est pareil, c’est

de l’eau potable, mais je ne saurai même pas vous les situer sur la métropole. Il y a toujours

un compteur derrière donc c’est une prise en charge de la commune. J’insiste sur le fait que

c’est une décision politique, notamment pour l’emplacement et la facturation de ces

équipements. C’est la commune qui va payer l’eau, pour les populations défavorisées et donc

l’eau paye l’eau. Ce sont les usagers de l’eau potable qui payent le service d’eau potable. Les

seules choses qu’on peut trouver sur l’eau potable sont les bouches à incendie, les poteaux à

incendie et aussi les bornes de puisage monétiques. Ce sont des équipements sur le domaine

public qui existent pour palier l’utilisation des bouches à incendie. Il faut savoir que sur les

bouches il n’y a pas de compteur, je n’accuse pas les squatteurs, car il y a aussi des services

Page 159: « L’accès à l’eau potable

158

communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique par exemple. Ils ne paient

rien à personne et ça s’appelle du vol d’eau, donc même les collectivités ou les professionnels

se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. Pour ce faire

et limiter ce vol d’eau, on a installé une soixantaine de bornes à puisage monétiques dont

l’utilisation est règlementée. Vous utilisez ces bornes avec une carte monétique qui est

prépayée qui donc délivre de l’eau pour tout ce qui est utilisation par les services publics. »

e) Retranscription entretien n°1 avec le GIP - Bordeaux Médiation

Date : 23/05/18 à 11h30, bâtiment de la Cité Municipale, Bordeaux

Nom de la personne : David Dumeau

Statut : Médiateur social au GIP Bordeaux Médiation

Quelle structure ? GIP Bordeaux Médiation (service de Bordeaux Métropole)

Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et

intervient sur tout le territoire

__________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »

D.D. : « Depuis 2014, je suis médiateur social pour le GIP, Bordeaux Métropole Médiation. Je travaillais avant cela, pour la ville de Bordeaux. Ma mission est née à Bordeaux, dans le sens où à l’époque la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. C’est à partir de là que la mairie de Bordeaux et vu qu’il y avait un principe de réalité, mais aussi pour travailler le plus en amont possible des évacuations. Notre rôle vraiment c’est de faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. Aujourd’hui la Direction de l’Eau va te gérer les questions d’accès à l’eau jusqu’au compteur et l’après compteur n’est pas géré, nous on n’est pas habilité à travailler sur ce thème (compétences et légitimité). Notre activité se découpe à la fois sur des temps de bureau et sur des temps de terrain. Par ailleurs, nous avons des temps d’accueil à la cité municipale de Bordeaux et à la mairie de Mérignac. L’idée est vraiment de faciliter les liens avec les services publics et les professionnels spécialisés dans ces domaines. On va vers le public et on l’accompagne vers les institutions, mais aussi on accompagne les institutions pour qu’elles apprennent à accueillir ce public-ci. »

2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau ? »

Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »

D.D. : « On intervient sur toute la métropole, à travers une mission sur les quartiers prioritaires (médiation sur les quartiers), une autre sur les conflits de voisinage dans la commune de Bordeaux, puis une autre mission sur les squats bulgares et roumains de la métropole. Le GIP n’intervient pas sur l’ensemble des squats sur la métropole, mais vraiment sur une population ciblée. Ce choix de public vient du fait que c’est une réalité. D’une part, avec les difficultés de logement et de la phyl’activ du 115 qui était de 500 personnes à peu près et qui aujourd’hui a doublé, mais aussi depuis 2011 ils sont aussi considérés comme « nouveaux » européens. Aujourd’hui, avec la médiation nous remarquons que la population a quasiment doublé. En

Page 160: « L’accès à l’eau potable

159

2017 à un instant T, nous avons travaillé auprès d’environ 800 personnes, dont un tiers d’enfants. Ces populations sont principalement réparties sur trois communes qui regroupent le plus de squats sont Bordeaux, Bègles et Mérignac, soit environ 95% des squats de la métropole. Il y avait environ 52 sites pour 1200 personnes en 2017. De plus, il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines sur le territoire. C’est intéressant de voir comment les squats témoignent de la mutation de la ville. Des friches se libèrent et représentent des espaces refuges pour ces personnes. De plus, les partenaires possèdent un rôle dans ces médiations, notamment au niveau de leurs postures. Les territoires les plus collaboratifs sont souvent ceux où il existe une dynamique associative, mais aussi où les mairies sont le plus engagées dans ces compétences. »

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…) »

D.D. : « Le GIP, Groupement d'Intérêt Public Bordeaux Médiation existe depuis 2014 environ. La structure est installée à Bordeaux, d’une part dans ses locaux et d’autre part, à la cité municipale. Donc, elle est spécialisée dans le secteur d'activité de l'action sociale et de la médiation. Il me semble qu’il y a environ une quinzaine de salariés, dont la plupart sont des médiateurs. Je sais que le GIP accueille aussi des médiateurs bénévoles, notamment pour ce qui est des conflits de voisinage. »

4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »

Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »

D.D. : « C’est d’abord un besoin issu du territoire et une utilité. Pour moi c’est un métier qui fait sens du point de vue démocratique, économique, etc. Je pense que c’est ça aussi qui mobilise. Il y a aussi le fait que les publics doivent devenir acteur des initiatives qu’ils entreprennent. Il faut que les gens soient leur propre avocat. Le financement de cette mission est d’environ 60 000 euros. Nous on est souvent en première ligne et nous nous rendons dans des squats régulièrement. D’un côté c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens et même dans certains codes culturels. Il y a aussi des problèmes liés à une mauvaise alimentation, mais aussi à la santé dans les squats. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, que les enfants et aussi les adultes soient sensibilisés sur ce sujet. Et dans un squat où il y a une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie. Parfois c’est peut-être plus facile d’aborder ces questions-là de cette manière, plutôt que d’arriver et d’imposer aux gens de faire ça ou ça. Dans ce sens, tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement et sur leur projet. »

5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? » D.D. : « On a travaillé sur 52 sites l’an passé. Nous avons une liste des principaux squats où nous travaillons. Depuis le 20 avril 2018, il y a 934 personnes avec 290 enfants environ contre 806 en février. Il y a environ 130 personnes de plus en deux mois. Dans ce sens, un groupe peut passer de 15 personnes à 280 facilement. Il y a pleins de facteurs qui font que l’effectif peut varier et fluctuer, comme le nombre d’emplois sur le territoire (vendanges), les fêtes religieuses, les vacances, etc. Ensuite, souvent l’eau fait partie du triptyque étudié dans nos listes avec la gestion des déchets et de l’électricité, au même titre que les données de Médecins du Monde ou Dynam’eau. Ce sont les trois choses que l’on essaie d’identifier quand on va dans un squat. Parfois nous travaillons sur des sites très petits avec 3 personnes où il y a l’accès à l’eau, l’électricité et vivent dans des maisons. Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, dans des cabanes ou des caravanes. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, il y a un

Page 161: « L’accès à l’eau potable

160

squat dans un terrain vague avec des caravanes délabrées sur lesquelles il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie la plus proche ou bien à une autre beaucoup plus loin. De même pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h du matin ou sinon ils vont utiliser un groupe électrogène. La carte que vous a transmise l’association Dynam’eau est pas mal, elle est intéressante, mais elle n’est pas complète et comporte quelques erreurs. Puis, comment tu tiens à jour les données, comment tu les utilises, quel secteur tu choisis. Ce sont des données qui varient beaucoup. La difficulté aussi sur la centaine de squats de la métropole, c’est que ces structures interviennent sur une quinzaine de squats, de même pour nous. »

6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »

Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » D.D. : « Nous travaillons avec des squats de logement contraint, ce ne sont pas des actes militants et politiques. Et parfois, il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante, voire d’enrichissement économique. Souvent des professionnels nous disent, « mais ils aiment vivre en communauté ». C’est plus complexe que ça, c’est que la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. C’est plus sécurisant que de dormir dans la rue. De même, le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative au logement, voire un projet économique qui est à moindre coût (faire des économies pour envoyer à la famille par exemple). Parfois, il peut aussi y avoir des gens qui ont dégringolé dû à l’insalubrité du logement, au fait qu’il n’y ait pas d’accès à l’eau ou l’électricité et qu’ils sont en situation de précarité. Après le discours évolue selon, l’acteur que tu as en face. L’assistante sociale va avoir un discours avec eux et toi tu vas en avoir un aussi, mais ce ne sera pas le même alors que cela touche le même sujet. »

7. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »

Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs besoins ? » D.D. : « Tout dépend si le squat est isolé, sachant que beaucoup de squats possèdent un point d’eau potable. Il y a plein de cas de figure, j’ai déjà vu un voisin tirer un tuyau d’arrosage pour fournir le squat. Il y a d’autres squats qui se branchent à des bornes à incendie qui peuvent se situer à 30 mètres comme à 3 kilomètres du lieu. Il me semble aussi que les populations d’Europe de l’Est, il est courant qu’elles achètent l’eau de consommation en bouteille. Ils ont des habitudes différentes selon leur culture. Il y a aussi des comportements qui sont antérieurs à leur arrivée en squat.»

8. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point

d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-

douche)

D.D. : « Les gens ne vont pas forcément dans des toilettes publiques situées à proximité du

squat ou dans des bains-douches. Ils privilégient des lieux qui offrent des services, comme les

stations essences, les restaurants rapides, etc. Je sais qu’il y a le réseau Paul Bert qui propose

des douches et des hammams. Cependant, ils ne vont pas aller forcément dans des bains-

douches classiques mais plutôt à des relais de solidarité, chez des proches, dans des écoles,

des vestiaires. Il y a aussi le système D, c’est-à-dire à l’eau chaude dans une bassine. Les

cimetières sont souvent aussi équipés de robinet voir parfois de toilettes. Parfois tu peux avoir

Page 162: « L’accès à l’eau potable

161

des toilettes existantes, mais la non volonté de les partager avec le reste du groupe. Sur le

squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes sur le site et on avait

quand même la moitié du site qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou

d’appropriation de l’espace par certaines personnes. Dans ce sens, les projets doivent être

bien pensé afin d’optimiser l’utilisation des équipements tout en partageant avec tous les

occupants. Il faut voir comment le public s’en saisie. »

9. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ? »

Sous question : « Si oui, dans quel état sont-ils ? » D.D. : « La plupart du temps il existe déjà des toilettes dans les locaux, s’ils sont préexistants. Dans une maison, un immeuble et parfois même dans un hangar c’est possible qu’il existe des toilettes à eau en état de fonctionnement. Mais parfois ils ne marchent plus et l’intervention d’un technicien est nécessaire, je pense à Dynam’eau. »

10. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? » Sous question : « Si oui, par quel moyen ? » D.D. : « Les squats ont souvent l’électricité, par un abonnement ou par branchement sauvage. Souvent ils sont même plus raccordés à l’électricité qu’à l’eau. Ils sont plus dépendants de l’électricité. Il faut aller chercher l’eau alors que l’électricité, il y en a sur le premier lampadaire de la rue. C’est une facilité pour eux. Il y en a aussi qui réussissent à se procurer un groupe électrogène. C’est branchement sont souvent dangereux pour la sécurité des gens qui vivent autour, il y en a qui sont plus ou moins conscients de ça. Des gens installent même un disjoncteur à l’entrée de leur cabane ou caravane alors que d’autres non. Le fait de trouver de l’électricité implique donc qu’il faut que ce soit stable, sécurisé, mais aussi toléré. De plus, certaines populations arrivent à se passer beaucoup plus facilement de l’électricité que d’autres, comme la Roumanie par exemple. En fonction des groupes il n’y a donc pas le même rapport avec ces ressources. Pour accéder à une ressource dans un squat, je pense aussi que les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverains ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. De même, cela peut dépendre des acteurs qui accompagnent les squats, je pense aux communes plus particulièrement qui peuvent construire des points d’accès pour éviter les branchements sauvages. »

11. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »

Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…) »

D.D. : « Il y a un objectif de mettre en place une amélioration possible des conditions de vie

dans les squats, mais aussi d’accompagner les individus et comprendre les situations. C’est

vraiment à partir de 2014 que la métropolisation a impliqué de faire de la médiation sur tout

son territoire, dans un principe d’intérêt public. On est à la fois sur les questions du travail sur

les conditions de vie ou sur l’accès aux droits ; comment on travaille pour ce qui est animation

du réseau, selon ses compétences. Nous faisons la navette entre les publics et les acteurs

locaux. »

12. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité) »

Page 163: « L’accès à l’eau potable

162

D.D. : « La nature du site et ce qu’on va pouvoir y faire, c’est totalement différent. Un cas typique, une maison est squattée et il y a une arrivée d’eau, pareil pour le compteur électrique. Pourtant, le fait que ce soit un petit groupe peut permettre d’avoir accès à l’eau potable grâce à un abonnement. C’est vrai que Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. Cependant, ça peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau entre les gens du squat et créer des tensions entre les occupants. Alors que tu as apporté des choses, tu peux aussi bouleverser un certain équilibre social. Il est aussi important de prendre en compte les besoins des populations afin qu’ils utilisent au mieux les points d’eau. Il faut qu’ils s’approprient le point d’eau tout en le partageant. »

13. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ? »

Sous question : « Si oui, lesquelles ? »

D.D : « Ça peut être super varié et c’est pluridisciplinaire, c’est-à-dire au logement, à

l’éducation, à la santé, etc. C’est un gros panel. Mais ce sont des acteurs intervenants

principalement sur la valorisation des droits et l’amélioration des conditions de vie. Par

exemple, l’accès au droit va toucher le domaine social, l’économie, la santé, l’éducation, etc.

Nous accompagnons certaines associations dans les squats, comme Dynam’eau, INTERMED

GIRONDE (solidarité des réfugiés), IPPO (prostitution) ou Médecins du Monde. Ces acteurs

sont relativement impliqués, car ils interviennent avec nous sur le terrain contrairement aux

instances départementales et régionales. »

14. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ? »

D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. Une mairie ne peut pas porter seule une problématique de ce type sur le territoire. Au niveau de la métropole, il y a des acteurs de droit commun qui travaillent sur ces thèmes, comme des CCAS, des mairies ou quelqu’un de la métropole pour la gestion des déchets par exemple. Il y a aussi la Direction de l’Eau et de l’Habitat. Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région, nous avons très peu de collaboration, après nous avons l’ARS, qui est peu impliquée selon moi. Enfin, le CHU Pellegrin, les services de police et de secours sont souvent impliqués dans ces thématiques. »

15. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ? »

D.D. : « C’est intéressant de voir qu’en fait il y a des choses vraiment bien et des deux côtés, donc d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui nous énervent, ils ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. Le parcours des familles témoigne de quelque chose d’intéressant, de leur trajectoire et de leur mobilisation, voire soutien. On remarque que sur le territoire, le nombre de squats évolue sans cesse et à cet effet il faut aussi transformer les politiques, les orientations, etc. Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 personnes, notamment pour ce qui est du logement. Tous les acteurs doivent s’impliquer. Il y a peu de chose qui sont mis en place dans l’accueil et le logement de personnes européennes précaires. »

Page 164: « L’accès à l’eau potable

163

16. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès

à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »

DD : « Ce sont des personnes sans logement. Il y a des militants, des personnes en situation

de grandes précarités, voire en exclusion sociale. Nous avons aussi des demandeurs d’asile

et des mineurs isolés aussi. Ce sont des publics « sans droit ni titre » un peu. »

17. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus) »

D.D. : « Cela peut aller du squat au bidonville. Il y a des squats où tu dois enlever tes

chaussures quand tu rentres et c’est plus propre que chez moi, puis il y a d’autres situations

où ça peut être qualifié de bidonvilles. Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets,

mais aussi des produits dangereux pour leur santé et avec lesquels ils auront des séquelles à

termes. Puis, un groupe qui passe de 30 à 150 personnes, ça entraîne une dégradation des

conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion, tout est lié. Parfois aussi, les gens

n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. Certains ne font pas

d’efforts. C’est un peu le même style que les pirates dans Astérix et Obélix qui vont s’aborder

eux même, car ils savent que c’est perdu d’avance. Finalement, il y a des squats qui durent et

les gens vivent dans de mauvaises conditions, voire dans leurs déchets. Un exemple, les

cabanes de gens qui sont partis ne sont pas détruites et au lieu de jeter les poubelles, ils

mettent les déchets dans les cabanes abandonnées. Parfois les différences de conditions de

vie peuvent se faire sur le même terrain, une caravane peut être très bien entretenue tandis

qu’à 30 mètres l’autre caravane est complètement délabrée. Après le squat de la ruche c’est

différent oui, il ne serait pas pareil si c’était les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient

ouvert. Ce n’est pas le cas, ce sont des étudiants qui ont fait un acte militant pour répondre à

un besoin social, ouvrir le lieu et loger des jeunes mineurs isolés. C’est intéressant à voir mais

c’est peu représentatif des conditions de vie dans les squats, car ils sont plus insalubres. Les

conditions de vie ne sont pas du tout les mêmes. Dans le squat Alexis Labro à Bègles, l’arrivée

d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes, une interlocution d’un groupe à un

autre pour utiliser la fontaine, ce qui a entraîné une situation de conflit et de violence, puis

engendré le départ d’un certain nombre de personnes. Il y a eu ensuite un bouleversement de

l’équilibre de ces familles qui avaient scolarisé leurs enfants dans l’école du secteur ou juste

par le simple fait devoir retrouver un logement, car la cohabitation n’était plus possible. Même

si au début il y a eu des actions permettant d’améliorer les conditions de vie de ces gens, c’est

vite devenu un problème pour eux. La question de l’eau a été en quelque sorte l’étincelle, car

il existait auparavant certaines tensions entre les groupes. Pour eux, c’était, on va se servir de

ça pour alimenter le conflit, ça a été instrumentalisé. Il y a donc des personnes qui peuvent

aggraver les conditions de vie d’autres personnes dû à leur comportement violent. Enfin tout

dépend du public, s’il est légitime ou pas, mais aussi de la mobilisation sociale qui existe dans

le lieu. »

f) Retranscription entretien n°2 avec le GIP - Bordeaux Médiation

Date : 23/05/18 à 11h30, bâtiment de la Cité Municipale, Bordeaux

Nom de la personne : Anna Kolibarova

Statut : Médiatrice sociale au GIP Bordeaux Médiation

Page 165: « L’accès à l’eau potable

164

Quelle structure ? GIP Bordeaux Médiation (service de Bordeaux Métropole)

Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole

Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et

intervient sur tout le territoire

__________________________________

1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »

K.A. : « Il y a le fait de lutter contre les discriminations et l’exclusion de certaines populations. Certes on travaille avec des roumains et bulgares, mais ils sont principalement issus de la communauté Roms. Il y a aussi le fait de faire reconnaitre une culture aux institutions, aux habitants. Avec Dynam’eau, ces thématiques sont mieux prises en compte auprès des institutions qu’avant. Il n’y avait pas un tel intérêt avant pour ces questions et chacun à un rôle à jouer. Je suis médiatrice sociale depuis 2014 et j’interviens auprès des publics bulgares et roumains, dans les squats sur la métropole. Ma mission tourne autour de deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. Nous intervenons en fonction des besoins et des sites de squats, mais notre intervention ne sera pas la même si on va sur un site sur Bègles ou un site sur Mérignac. Tout dépend du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires. On peut bien avoir un squat sur une commune qui ne sollicite pas la médiation, car ils sont autonomes. »

2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau ? »

Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »

K.A. : « Le fait de faire de la médiation et de travailler sur l’amélioration des conditions de vie, impliquent en quelque sorte de travailler sur l’accès à l’eau potable dans ces lieux. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau pour travailler sur ces questions en collaboration avec des professionnels. Notre intervention dans les squats est notamment issue de la demande des élus, du public et des riverains. Dans ce sens, la première étape est d’identifier les familles, de travailler sur les ressources vitales pour ces populations, mais aussi d’évaluer les demandes, les besoins, etc. Le fait de travailler avec des acteurs spécialisés dans l’eau, nous permet de soulever quelques enjeux du territoire (priorité) et de mettre en place des politiques liées à l’accès à l’eau potable (mise à l’agenda). On a vue des associations et collectifs qui avaient un objectif bien précis, mais leurs actions n’ont pas porté leur fruit. Donc il y a aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. »

3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…) »

K.A. : « Les missions que nous effectuons sont organisées dans le cadre du GIP, du Groupement d’intérêt public. Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. Cette structure intervient principalement pour de la médiation sociale dans les squats, mais aussi dans les quartiers des communes de Bordeaux Métropole, notamment sur les conflits du voisinage. Ainsi, les médiateurs du GIP peuvent intervenir sur toutes les communes de la Métropole. »

4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »

Page 166: « L’accès à l’eau potable

165

Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »

K.A. : « L’une des évolutions, c’est surtout le fait que certaines familles prennent l’initiative d’ouvrir des abonnements pour avoir accès à l’eau. C’est assez particulier et elles commencent à payer leur facture d’eau. L’objectif c’est de réduire ou voir disparaître les branchements sauvages, illégaux. Cela étant, ils sont peu nombreux à payer leur facture, c’est deux cas sur trente dans la métropole. Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerna l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, pour tout ce qui est consommation, gaspillage, sécurité, etc. »

5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? » K.A. : « Je me rappelle qu’à la préfecture, ils nous ont dit qu’il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. Et ça ne me paraît pas très réaliste car nous avons déjà recensé environ 1000 personnes et nous sommes loin du compte. »

6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »

Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » K.A. : « Certaines personnes ne l’ont pas voulu, mais il y en a d’autres où c’est volontaire et ils souhaitent se regrouper, car ils viennent la même communauté par exemple. Il y en a qui ont été un peu malmenés et qui se retrouvent dans des squats, car ils ont perdu leurs logements. Ce n’était pas du tout prévu pour eux. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. Ils profitent et créés la situation, car c’est économiquement rentable. C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Je pense au Cabinet Trajectoire qui a travaillé sur la trajectoire et la sortie de squat de ces gens. Il y a des gens qui partent après un an, cinq ans ou même vingt de vie en squat, en bidonville. Des tremplins existent et des aides aussi. Le fait de vivre en squat peut devenir un mode de vie à long terme et certaines personnes y trouvent un certain équilibre. »

7. Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ?

Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs besoins ? » K.A. : « Dans la plupart des cas, il y a un point d’eau dans les squats que ce soit à l’intérieur du site ou à proximité. Lorsque c’est un point d’eau situé dans le squat, c’est souvent par le biais du réseau public d’eau potable. Quand c’est à l’extérieur ils se branchent à une bouche à incendie ou bien dans un autre squat par exemple. Il y a même des gens qui achètent de l’eau en bouteille en supermarché pour tout ce qui est alimentation. Quant à l’hygiène, ils prennent de l’eau non potable. Après le partage peut être souvent source de conflit notamment pour ce qui est de la facture d’eau. Lorsqu’il y a un abonnement et des paiements à effectuer c’est autre chose et derrière ça créé des tensions. Il faut qu’ils s’organisent pour partager équitablement l’eau, dans le sens où moi j’ai quatre enfants, toi tu n’en as pas ; moi je fais la cuisine toute la journée, toi non ; etc. Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. »

8. Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point d’accès se

rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-douche)

Page 167: « L’accès à l’eau potable

166

K.A. : « Sur Mérignac ils sollicitent souvent le relais de solidarité où il y a de l’eau, des douches

et des toilettes. Après il y en a qui vont parfois dans des stations essence, dans des espaces

détentes. Quelquefois ils construisent aussi leur propre salle de bain qui peut être soit

connecté au réseau public ou bien il faut utiliser des bassines. Tout dépend du lieu, ils

s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. Dans un squat du Haillan, une enquête a été faite

auprès des occupants dans laquelle nous pouvions retrouver le fait que les gens n’ont pas

envie de partager leur toilette, leur douche et donc, se l’approprient. Dans ce contexte, ils se

sont regroupés par famille. »

9. Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ?

Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ? K.A. : « Je reprends ce qu’a dit David, s’il n’y a pas de toilettes et que le squat est situé sur un terrain, les en construisent, parfois avec des associations. Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre par exemple. Ou sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. »

10. Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? Sous question : Si oui, par quel moyen ? K.A. : « Pratiquement tous les squats avec lesquels nous travaillons ont l’électricité. Les gens se branchent soit sur le compteur électrique et payent un abonnement, sinon ils se branchent illégalement sur un poteau ou un lampadaire. Le squat Quai de la Souys avec plus d’une centaine de personnes, possède l’électricité car un compteur existait déjà dans ce lieu. D’ailleurs, il existe plus de branchement sauvages pour l’électricité que pour l’eau. »

11. En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier)

Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation

population, communication, aides financières…) »

K.A. : « Nous sommes principalement les seuls qui mettons les pieds dans les squats,

contrairement aux services publics et les professionnels. C’est important de pouvoir faire le

lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble

des aides qui peuvent leur être accordées. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. »

12. Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité)

K.A. : « Nous travaillons donc sur l’amélioration des conditions de vie et des droits des

individus dans les squat. Nous avons un rôle de médiation, donc nous accompagnons des

projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, comme l’a

dit mon collègue. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau. La priorité sera basée

sur les sites occupés illégalement (bâtiments ou terrains) appartenant au patrimoine

métropolitain, communal ou institutionnel. En second lieu, le médiateur intervient dans les

squats de biens appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des

associations, des riverains, du propriétaire, et si ces squats impactent les relations de

voisinage ou soulèvent des questions d'hygiène, de salubrité ou de sécurité publique (déchets

Page 168: « L’accès à l’eau potable

167

ménagers, accès à l'eau, risque incendie, etc.). »

13. Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ?

Sous question : Si oui, lesquelles ?

K.A. : « C’est très transversal, chaque spécialiste vient contribuer à l’amélioration des

conditions de vie et des droits dans les squats. Nous travaillons en collaboration avec quelques

associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On se transmet aussi toutes les

cartes que nous réalisons, donc il peut nous arriver d’utiliser les donner de certaines cartes de

Médecins du Monde et inversement. Après nous ne traitons pas de toutes les données

contrairement à ces associations, car nous travaillons uniquement auprès de la communauté

Roms. De plus, Dynam’eau travail avec d’autres structures pour compléter leur base de

données, pour leurs cartes, et aussi travailler en collaboration. Il y a le Collectif Action

Bord’eaux composé de Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE par

exemple. Ensuite comme l’a dit David, il y a aussi des associations qui se focalisent sur la

communauté Roms, comme celle de EURROM (en collaboration avec le CNDH), mais aussi

le Collectif roms chakaraka. Il y a l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les

Immigrés) qui est très impliquée, mais aussi les éducateurs spécialisés, les écoles et quelques

bailleurs sociaux. »

14. Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ?

K.A. : « Comme l’a dit mon collègue, nous travaillons effectivement avec la mairie de Bègles et celle de Mérignac. Après nous travaillons aussi en collaboration avec la cité municipale de Bordeaux. De plus, c’est Bordeaux Métropole qui nous a sollicité pour travailler avec la communauté Roms. Et sinon il y a quelques financements et aides du département et de la région. »

15. Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ?

K.A. : « Selon moi, on peut féliciter certaines actions, comme le fait que la mairie de Bègles met à disposition des compteurs. Sur Mérignac aussi il y a quelques actions intéressantes. Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs. Certaines mairies doivent aussi prendre exemple. »

16. Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…)

K.A. : « Nous travaillons principalement avec la communauté Roms comme on vous l’a dit

précédemment et surtout des bulgares et roumains. Après certains squats accueillent aussi

des bulgares turcophones. Ce sont des communautés qui se mélangent peu, cependant il peut

y avoir des exceptions lors des mariages par exemple. Il doit y avoir un lien, une affiliation

entre eux. »

17. Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus)

K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon, la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, les spécificités ne seront pas les

Page 169: « L’accès à l’eau potable

168

mêmes. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, où les gens vivent normalement. Des voisins n’ont même pas conscience qu’il y avait un squat là. Et ça peut aussi passer par des squats, où ont voient les conditions de vie se dégrader, de même pour la santé des occupants. Cela peut aller du tout au tout. Le squat de la ruche c’est différent et les gens sont bien accompagnés. »